courbatures, crampes… personne n’est épargné

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35 pratique thérapeutique Actualités pharmaceutiques n° 492 Janvier 2010 Crampes, courbatures, traumatismes sportifs, toutes ces plaintes et maux relèvent du conseil officinal lorsqu’ils s’avèrent bénins. Le pharmacien, qui est très souvent sollicité pour prodiguer les premiers soins, peut soulager la douleur par des gestes simples et des médicaments de première intention, sans toutefois négliger certaines complications. L es pathologies consécutives à un effort musculaire violent ou prolongé sont principalement retrouvées chez les patients sportifs. Cependant, en raison de la démocratisation de certaines pra- tiques sportives tout comme du déve- loppement des loisirs, le nombre de cas de personnes affectées par des cram- pes, courbatures et autres traumatismes sportifs s’est accru ces dernières années. Le pharmacien est ainsi de plus en plus confronté à ces problèmes. Trois types de pathologies musculaires peuvent être distingués : – les courbatures, définies comme des affections douloureuses secondaires à une concentration élevée d’acide lactique dans les muscles ; – les contractures et les crampes, affec- tions douloureuses liées à une contraction musculaire anormale ; – les plaies et les contusions musculaires, lésions anatomiques provoquées par des agents exogènes ; – les élongations, claquages, déchirures musculaires, lésions endogènes provo- quées par des contractions violentes. Les courbatures, crampes et contrac- tures sont le plus souvent considérées comme des contusions bénignes, réver- sibles, n’engageant pas la fonctionnalité du muscle. Leur prise en charge médicale n’est pas indispensable, mais peut dans certains cas accélérer la rémission. Les claquages et déchirures mus- culaires ne doivent en aucun cas être négligés. Ces lésions provoquent une impotence fonctionnelle immédiate et, en l’absence de prise en charge rapide, peuvent s’aggraver et entraîner des complications invalidantes dans le futur : hématome compressif, thrombose veineu se, claquages récidivants par mauvaise cicatrisation… La qualité des premiers soins conditionne le pronos- tic d’évolution. En général, une prise en charge médicale s’impose. Les élongations guérissent le plus sou- vent spontanément dès lors que certains conseils stricts sont respectés. En revan- che, en cas de mauvaise prise en charge, elles peuvent constituer un terrain favori- sant le claquage ou la déchirure, de symp- tomatologie plus ou moins discrète. Face à ce type de lésion, un examen médical est donc impératif. Les courbatures L’apparition des courbatures survient dans les 24 à 76 heures suivant l’effort. Elles sont ressenties généralement durant 2 à 3 jours mais leur durée et leur intensité varient en fonction de l’exercice. Ainsi, la condition physique de la personne et l’habi- tude qu’elle a à produire un type d’effort particulier sont des facteurs importants. Les courbatures peuvent être dues à une déplétion énergétique et à la libération de métabolites anaérobies dont l’acide lactique qui, produit par la fermentation lactique, s’accumule dans le muscle et génère une douleur. Courbatures, crampes … personne n’est épargné © Fotolia.com/Andres Rodriguez Bien s’échauffer avant, adapter son effort à sa condition pendant et réaliser une séance d’étirements après l’exercice physique, trois conseils clés pour éviter ou limiter l’intensité et la durée des courbatures.

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Page 1: Courbatures, crampes… personne n’est épargné

35 pratique

thérapeutique

Actualités pharmaceutiques n° 492 Janvier 2010

Crampes, courbatures,

traumatismes sportifs,

toutes ces plaintes et maux

relèvent du conseil officinal

lorsqu’ils s’avèrent bénins.

Le pharmacien, qui est très

souvent sollicité pour

prodiguer les premiers

soins, peut soulager

la douleur par des gestes

simples et des médicaments

de première intention,

sans toutefois négliger

certaines complications.

Les pathologies consécutives à un effort musculaire violent ou prolongé sont principalement retrouvées chez

les patients sportifs. Cependant, en raison de la démocratisation de certaines pra-tiques sportives tout comme du déve-loppement des loisirs, le nombre de cas de personnes affectées par des cram-pes, courbatures et autres traumatismes sportifs s’est accru ces dernières années. Le pharmacien est ainsi de plus en plus confronté à ces problèmes.Trois types de pathologies musculaires peuvent être distingués :– les courbatures, définies comme des affections douloureuses secondaires à une concentration élevée d’acide lactique dans les muscles ;– les contractures et les crampes, affec-tions douloureuses liées à une contraction musculaire anormale ;– les plaies et les contusions musculaires, lésions anatomiques provoquées par des agents exogènes ;– les élongations, claquages, déchirures musculaires, lésions endo gènes provo-quées par des contractions violentes. Les courbatures, crampes et contrac-

tures sont le plus souvent considérées

comme des contusions bénignes, réver-sibles, n’engageant pas la fonctionnalité du muscle. Leur prise en charge médicale n’est pas indispensable, mais peut dans certains cas accélérer la rémission. Les claquages et déchirures mus-

culaires ne doivent en aucun cas être négligés. Ces lésions provoquent une impotence fonctionnelle immédiate et, en l’absence de prise en charge rapide, peuvent s’aggra ver et entraîner des complications invalidantes dans le futur : hématome compressif, thrombose veineu se, claquages récidivants par mauvaise cicatrisation… La qualité des premiers soins conditionne le pronos-tic d’évolution. En général, une prise en charge médicale s’impose. Les élongations guérissent le plus sou-

vent spontanément dès lors que certains conseils stricts sont respectés. En revan-che, en cas de mauvaise prise en charge, elles peuvent constituer un terrain favori-sant le claquage ou la déchirure, de symp-

tomatologie plus ou moins discrète. Face à ce type de lésion, un examen médical est donc impératif.

Les courbatures L’apparition des courbatures survient

dans les 24 à 76 heures suivant l’effort. Elles sont ressenties généralement durant 2 à 3 jours mais leur durée et leur intensité varient en fonction de l’exercice. Ainsi, la condition physique de la personne et l’habi-tu de qu’elle a à produire un type d’effort particulier sont des facteurs importants.Les courbatures peuvent être dues à une déplétion énergétique et à la libération de métabolites anaérobies dont l’acide lactique qui, produit par la fermentation lactique, s’accumule dans le muscle et génère une douleur.

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Bien s’échauffer avant, adapter son effort à sa condition pendant et réaliser une séance d’étirements après l’exercice physique, trois conseils clés pour éviter ou limiter l’intensité et la durée des courbatures.

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36pratique

thérapeutique

Actualités pharmaceutiques n° 492 Janvier 2010

La prise en charge des courbatures peut relever du conseil officinal si l’on est certain d’avoir écarté l’hypothèse de troubles plus graves, comme une élon-gation, qui nécessitent un avis médical. Afin d’éviter ou de limiter l’intensité et la durée des courbatures, il est conseillé de bien s’échauffer avant l’exercice, d’adap-ter son effort à sa condition physique et de réaliser une séance d’étirements après la séance.Un bain chaud détend les muscles et apaise les douleurs. L’application locale de chaleur – sous forme de sachets chauf-fants ou d’un coussin électrique – sou-lage relativement bien. Par ailleurs, un massa ge, à l’huile d’arnica par exemple, peut détendre la musculature et contribuer ainsi à la disparition des courbatures.En cas de douleurs intenses, la prise d’antal gi ques par voie orale (ibuprofène, aspirine, paracétamol) peut être conseillée sur un temps relativement court. Ces médicaments peuvent être associés ou non à la prise de décontracturants tels que la méphénésine (Décontractyl®).Des applications locales de baumes antal-giques et anti-inflammatoires (Algésal Baume®, Curomal Baume®) ou à base de camphre et/ou de menthol (Lumbalgine®, Baume Aroma®) peuvent également être conseillées.

La crampe musculaire Les troubles hydroélectrolytiques

associés, entre autres, à une déshy-dratation, une déperdition sodée, une hypo- et une hyperkaliémie sont à l’origine de la crampe musculaire.Une crampe se définit comme une téta-nisation musculaire avec contraction maximale et involontaire à l’origine d’une douleur intense, mais brève. Cette douleur apparaît, le plus souvent, pendant l’effort ou immédiatement après et perdure de

quelques secondes à quelques minutes, générant une impotence fonctionnelle tant qu’elle est présente. Les crampes peuvent récidiver si l’effort est maintenu. D’autres facteurs peuvent en favoriser

la survenue :– la grossesse ;– la contraception ;– la dialyse au cours de l’insuffisance rénale chronique ;– l’abus d’excitants (café, thé) ;– les conduites addictives et, en particu-lier, les toxicomanies ;– le froid.Si les crampes sont très souvent bénignes, il convient, lorsqu’elles sont fréquentes, invalidantes, de localisation inhabituelle ou de durée prolongée, de rechercher d’autres symptômes évocateurs d’une maladie sous-jacente :– les pathologies neurologiques tou-chant les nerfs périphériques (tétanie, sclérose latérale amyotrophique, sclé-rose en plaques , poliomyélite, maladie de Parkinson , atteinte nerveuse succé-dant à la prise de certains médicaments, d’alcool ou à l’exposition à certains toxiques) ;– certaines maladies hormonales telles que le myxœdème, la maladie d’Addison, le diabète ;– certaines pathologies cardiovasculai-res à type de cardiopathie, varices des membres inférieurs, artérites, maladie de Raynaud ;– des causes infectieuses comme des maladies virales (grippe), le tétanos…– des causes orthopédiques telles que crampes sous plâtre, crampes surve-nant lors de la rééducation, déchiru-res musculaires, fractures, luxations ou rhumatismes. Le traitement des crampes a pour

objectif de faire disparaître la douleur le plus rapidement possible, en fai-

sant céder la contraction musculaire. Cette manœuvre n’a de sens que si elle est réalisée rapidement, au cours de la phase paro xystique de la douleur. Ainsi, un étirement progressif et maximal du muscle pendant au moins 30 secon-des, suivi d’une friction profonde à l’aide d’un gel à propriétés relaxantes (Lumbal-gine®) ou révulsives (Inongan®) peuvent être conseillés.

En cas de récidivesSi, malgré ces différents conseils, les crampes et/ou les courbatures sont réci-divantes et douloureuses après chaque effort physique (ou en l’absence d’effort), des traitements médicamenteux peuvent être conseillés. Parmi les traitements décontractu-

rants, la méphénésine (Décontractyl®) est le plus ancien. Parfois responsable de somnolence, de nausées, de vomisse-ments et d’éruption cutanée, cette molé-cule reste cependant très utilisée. Différents traitements homéopathi-

ques peuvent être utilisés en préventif ou en curatif. Ainsi, des comprimés à croquer de Sporténine® peuvent être conseillés à raison d’un toutes les heures après l’effort jusqu’à disparition complète des douleurs. D’autres spécialités présentent des indi-cations similaires : Arnica complexe n° 1® et Bio-sélénium®. Des massages à base d’huiles essen-

tielles peuvent également être réalisés et des huiles de lavandin, romarin à camphre, laurier, wintergreen peuvent être délivrées et associées pour réaliser, après l’effort, des massages à visée curative. �

Nicolas Clere

Pharmacien, Angers (49)

[email protected]

Crampes musculaires : quels conseils hygiéno-diététiques ?Des règles hygiéno-diététiques peuvent être rappelées aux personnes sportives présentant des

crampes de façon chronique. Ainsi, l’eau doit être consommée modérément durant l’effort, puis de façon

plus importante après l’exercice physique. Une alimentation riche en oligo-éléments, en particulier

en calcium (produits laitiers notamment) et en magnésium (barres de céréales chocolatées, fruits secs...),

permet de limiter l’apparition de ces phénomènes douloureux.

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