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Page 1: Correction de la dissertation « Quels sont les effets de l ... · PDF fileCorrection de la dissertation « Quels sont les effets de l’internationalisation des échanges sur l’emploi

Correction de la dissertation« Quels sont les effets de l’internationalisation des échanges sur l’emploi dans les pays industrialisés ? »

Analyse du sujetPremière remarque : l’expression « internationalisation des échanges » semble centrer le sujet sur l’un des trois aspects de la mondialisation. La mondialisation, vous le savez, c’est l’essor du commerce international (importations et exportations), l’internationalisation des processus productifs (les stratégies internationales des entreprises), et la globalisation financière. A première vue, « l’internationalisation des échanges » concerne uniquement le commerce. Mais il serait difficile de traiter les questions relatives à l’emploi sans inclure aussi dans le sujet les stratégies internationales des entreprises. Nous allons donc faire le choix – risqué mais raisonnable – d’inclure les stratégies internationales des entreprises dans le sujet, en considérant que quand une entreprise du Nord achète du travail dans un pays du Sud, par exemple, c’est un échange international. Le document 5 nous y autorise : les stratégies internationales des entreprises « constituent simplement une nouvelle manifestation du développement des échanges entre pays industrialisés et pays émergents ».Deuxième remarque : puisqu’on me demande « quels sont les effets, etc. », je dois caractériser ces effets. On sent bien en effet que d’un côté la mondialisation crée des emplois, alors que de l’autre elle en détruit. Mais on sent bien aussi que les emplois créés ne sont pas les mêmes que les emplois détruits. Deux couples de mots viennent en tête : destruction / création d’emplois d’une part, effets qualitatifs / quantitatifs d’autre part.On tient d’emblée l’amorce d’un plan : l’internationalisation des échanges a des effets quantitatifs ambigus, mais des effets qualitatifs à peu près clairs. Effets quantitatifs ambigus, puisque la mondialisation crée des emplois d’un côté, en détruit de l’autre. Effets qualitatifs à peu près clairs de l’autre, puisque l’internationalisation des échanges pousse les pays industrialisés à se spécialiser dans la production d’activités à haute valeur ajoutée réclamant des emplois qualifiés, au détriment des emplois peu qualifiés, en particulier dans l’industrie. Il faudra nuancer cependant : les pays du Nord créent également de l’emploi non qualifié dans les services : ces emplois ne sont pas délocalisables.

Analyse des documents

Document 1Une remarque préalable : la note nous indique que le « Sud », dans ce document, inclut la Chine et l’Inde, les deux géants émergents.Les deux informations principales fournies par ce document sont les suivantes. Elles se nuancent mutuellement :

- Ce sont les exportations des pays du Sud vers les pays du Nord qui ont le plus fortement augmenté : +9,7% par an en moyenne entre 1995 et 2002. Parmi ces exportations, on a certes les matières premières que les pays du Nord ne produisent pas : celles-là ne menacent pas l’emploi dans les pays du Nord. Mais on a aussi les biens manufacturés produits par la Chine, par exemple : peu coûteux en main d’œuvre, ils viennent concurrencer les entreprises industrielles du Nord, ce qui peut détruire des emplois.- Mais le commerce international reste largement un commerce Nord / Nord : les exportations des pays du Nord vers les pays du Nord (55,8% du commerce mondial) sont presque trois fois plus importantes que les exportations des pays du Sud vers les pays du Nord (20,2% du commerce mondial). Ce chiffre suggère l’autre face de l’internationalisation des échanges : elle étend les marchés des pays du Nord, ce qui est favorable à l’emploi.

→ Idée fournie par ce document : l’internationalisation des échanges expose les entreprises des pays industrialisés à la concurrence internationale, en particulier à celle des pays à bas coût de main d’oeuvre, ce qui peut détruire des emplois / mais l’internationalisation des échanges étend le marché des entreprises des pays du Nord, ce qui peut créer des emplois.

Document 2Ce document consacré à l’innovation fournit deux idées.Premièrement, il invite implicitement à distinguer compétitivité-prix et compétitivité-produit. Dans certains secteurs, pas d’autre choix que de s’aligner sur les prix pratiqués par la concurrence : c’est le cas de l’industrie de la chaussure. Dans d’autres secteurs, l’innovation permet une compétitivité-produit. Quel rapport avec le sujet ? Dans les secteurs industriels traditionnels, les entreprises des pays du Nord sont moins compétitives-prix → l’internationalisation des échanges détruit des emplois. Dans les secteurs innovants, au contraire les entreprises des pays du Nord sont compétitives-produits → l’internationalisation des échanges ne détruit pas d’emplois, et peut même en créer puisqu’elle étend les marchés.Il s’agit là d’effets quantitatifs sur l’emploi. Mais la fin du document suggère des effets qualitatifs : la recherche de la compétitivité-produit par l’innovation appelle des emplois de conception, qualifiés et flexible.→ Notre intuition lors de l’analyse du sujet est confirmée : destructions d’emplois d’exécution, peu qualifiés, de type fordiste / création d’emplois de conception qualifiés, flexibles.

Document 3Ce document prolonge et confirme donc la fin du précédent. L’industrie perd des emplois (-0,35% par an en moyenne entre 1998 et 2003), en particulier l’industrie traditionnelle, comme le textile (-4,36%). Il s’agit là au moins en partie d’un effet de la concurrence des pays du Sud, beaucoup plus compétitifs-prix sur ce genre de produits, grâce à un bas coût du travail peu qualifié. Au contraire, les services marchands gagnent des emplois (+2,74%), notamment les services liés aux NTIC (télécommunications, +2,6%) → destruction d’emplois quand la concurrence porte sur les prix, création d’emplois dans les secteurs innovants qui peuvent jouer la carte de la compétitivité-produit.Une autre idée, en filigrane : les emplois dans les services sont moins exposés à la concurrence que les emplois dans l’industrie. Pourquoi ? Parce que la production des services est plus difficile à délocaliser que celle des biens.

Document 4Lecture des données : au dessus de 100, le taux de couverture est positif. Cela signifie que les exportations l’emportent sur les exportations. En dessous de 100, les importations l’emportent sur les exportations. Autrement dit, au dessus de 100, on a les secteurs à qui l’internationalisation des échanges est profitable, et en dessous de 100, ceux qui flanchent.Ce document prolonge le précédent : en 2006, les exportations françaises de services de télécommunication sont 1,8 fois supérieures aux importations ; au contraire, à la même date, les exportations de l’industrie textile ne représentent que 75% des importations. Certains secteurs profitent des échanges internationaux, d’autres en pâtissent → effets quantitatifs ambivalents, mais effets qualitatif confirmés : les emplois créés le

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sont dans les secteurs innovants qui échappent à la concurrence par les prix et profitent de l’extension des marchés ; les emplois détruits le sont dans les secteurs traditionnels qui n’ont pas d’autre choix que la compétitivité-prix.

Document 5Ce document énumère tous les mécanismes par l’intermédiaire desquels l’internationalisation des échanges qui, en apparence, menace l’emploi dans les pays du Nord, est susceptible en réalité d’en créer :

- Baisse des prix des produits importés → hausse du pouvoir d’achat des consommateurs du Nord en ce qui concerne les tous les autres produits.- Baisse des coûts de production des entreprises du Nord (soit parce que les matières premières sont moins chères, soit parce que les emplois délocalisés coûtent moins cher) → possibilités d’augmenter les salaires des emplois non délocalisés.- Achat de biens et de services aux pays du Sud → création d’une demande solvable dans les pays du Sud.

Le dernier paragraphe nuance cet optimisme : les destructions d’emploi sont particulièrement douloureuses dans les pays du Nord parce qu’elles sont concentrées géographiquement (régions de tradition industrielle) et socialement (groupes sociaux à faible capital économique et culturel).

Document 6Phrase de lecture : sur 100 emplois détruit entre 2002 et 2004 en Europe, 5 l’ont été par des délocalisations.Les délocalisations ne représentent donc qu’une petite part des destruction d’emploi. Mais cela ne veut pas dire que l’internationalisation des échanges ne détruit pas des emplois. Sur 3 emplois, 4 sont détruits dans le cadre de plan d’une restructuration interne. Or qu’est-ce qu’une restructuration interne ? C’est une stratégie de réduction des coûts de production afin de maintenir la compétitivité-prix, dans une situation de concurrence internationale accrue. Si on additionne les emplois détruits par la délocalisation, la sous-traitance, et les restructurations, l’internationalisation des échanges est responsable de 83% des destructions d’emploi dans les pays européens !

Plan possible

I. L’internationalisation des échanges a des effets quantitatifs ambivalents sur l’emploi dans les pays industrialisés

A. En exposant les entreprises à une concurrence accrue, elle détruit des emplois - Les exportations des pays du Sud vers les pays du Nord augmentent fortement : +9,7% par an en moyenne entre 1995 et 2002. Ces exportations sont très compétitives sur les prix, grâce à de bas coûts de main d’oeuvre : elles viennent concurrencer les produits des entreprises du Nord. (document 1)- Les entreprises du Nord cherchent à réduire leurs coûts de production, en particulier leurs coûts salariaux, pour faire face à cette concurrence. Trois solutions, qui mènent toutes à des destructions d’emplois : restructuration (75% des emplois détruits en Europe entre 2002 et 2004), délocalisation (5%), sous-traitance internationale (3%). (document 2)

B. Grâce à l'extension des marchés et à la division internationale du travail, elle crée des emplois- L'internationalisation des échanges permet l'extension des marchés des entreprises du Nord. Demande accrue → production accrue → création d'emploi.- L'internationalisation des échanges permet une division internationale du travail. Description : pays du Nord = biens manufacturés à haute valeur ajoutée, pays du Sud = matières premières, pays émergents = biens manufacturés simples. Cette DIT a deux effets positifs sur l'emploi :

- Elle crée des emplois dans l'industrie à haute valeur ajoutée.- Baisse des prix des matières premières importées importés → réduit les coûts de production des entreprises, plus compétitives.- Baisse des prix des produits manufacturés importés → hausse du pouvoir d’achat des consommateurs, qui peuvent dépenser plus en produits manufacturés à haute valeur ajoutée.

II. En revanche, l’internationalisation des échanges a des effets qualitatifs assez clair sur l’emploi dans les pays industrialisés

A. Elle déverse les emplois de l’industrie vers les services et élève leur qualification- La compétitivité-prix n’est pas le seul moyen, pour les entreprises du Nord, de résister à la concurrence des pays du Sud : compétitivité produit, notamment par l’innovation. (document 2)- Les emplois créés le sont dans les secteurs innovants qui échappent à la concurrence par les prix par l’innovation (NTIC notamment) et profitent de l’extension des marchés (exemple : télécommunications) ; les emplois détruits le sont dans les secteurs industriels traditionnels qui n’ont pas d’autre choix que la compétitivité-prix (exemple : textile, chaussure). (document 2, 3 et 4)- Les emplois créés sont des emplois de conception qualifiés, en particulier dans les services. Les emplois détruits sont des emplois d’exécutions peu qualifiés, principalement dans l’industrie. (document 2)

B. Elle accroît la flexibilité de l’emploi- Les faits : transformation de l’emploi dans les pays du Nord, plus flexible (connaissance : chapitre coût du travail).- L’internationalisation des échanges en est un facteur :

- La flexibilité qualitative interne, favorable à l’innovation, permet d’améliorer la compétitivité-produit (document 2 + connaissances chapitre organisation du travail + chapitre innovation et progrès technique)- La flexibilité quantitative externe, qui réduit les coûts d’ajustement de la main d’oeuvre, permet d’améliorer la compétitivité-prix (connaissances : chapitre coût du travail)