coronavirus l’inspq fait son mea-culpa...2020/05/12  · mea-culpa la publication de scénarios...

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Avis légaux.............B7 Édito.......................A6 Grille TV..................B2 Idées.......................A7 Météo.....................B6 Mots croisés...........B6 Sudoku...................B6 INDEX CORONAVIRUS À l’école des Berges, à Québec, les enfants devaient passer par la station de désinfection des mains avant d’entrer dans l’école. RENAUD PHILIPPE LE DEVOIR L’INSPQ fait son mea-culpa La publication de scénarios inquiétants pour Montréal vendredi en fin d’après-midi a causé de la frustration dans l’entourage du premier ministre Rentrée scolaire hors de l’ordinaire Environ 55 % des élèves du primaire ont retrouvé amis et enseignants dans une école transformée ISABELLE PORTER MARCO FORTIER LE DEVOIR Bien qu’étrange et un peu tristounette, la rentrée que beaucoup redoutaient s’est plutôt bien déroulée, lundi. Joint en fin de journée, le directeur de l’école des Berges, Kino Métivier, était plutôt satisfait de la journée. « No- tre système fonctionnait assez bien », a-t-il dit. Le matin, il n’a fallu que 10 minutes pour faire entrer tous les en- fants et leur désinfecter les mains. « Le plus gros défi », ajoute-t-il, c’est la distanciation au préscolaire. « À cinq ans, les enfants ont besoin d’un lien ma- ternel. Jouer à deux mètres, ce n’est pas simple. » Pour compenser, les ensei- gnantes ont créé un signe non verbal qui veut dire câlin, raconte-t-il. D’ailleurs, à certains endroits, des enseignantes qui avaient décidé de ne pas porter le masque ont changé d’idée lundi, rapporte Josée Scalabrini, de la Fédération des syndicats de l’en- seignement (FSE-CSQ). « Elles se sont rendu compte qu’avec les tout-petits, il n’est pas réaliste de penser qu’on sera toujours capables de respecter la dis- tance de deux mètres. » À l’école des Berges, 43 % des élèves étaient attendus lundi matin, soit 178 sur les 410 qu’accueille normalement l’établissement. À la grandeur du Qué- bec, environ 55 % des élèves étaient présents en classe lundi, selon les esti- mations de Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des direc- tions d’établissement d’enseignement. « Il y aura des ajustements à faire, mais les équipes-écoles et les enfants étaient prêts. Il faudra rester très vigilants pour ne pas que ça se relâche dans une se- maine ou deux », souligne-t-il toutefois. Chacun son taille-crayon À l’école l’Arc-en-ciel aussi, le bilan était positif en fin de journée. « Ça a été un beau retour », a expliqué Ma- rie-Claude Tardif, professeure de troi- sième année. « Le personnel se sentait prêt. » Vendredi dernier, elle était déjà très enthousiaste. On attendait peu d’enfants, le tout dans une école mo- derne avec beaucoup d’espace et une vaste cour, idéale pour assurer la dis- tanciation lors de la récréation. Malgré tout, l’expérience a pu être un peu décevante pour les jeunes, remarque- t-elle. « Les enfants étaient souriants quand ils sont arrivés. On voyait qu’ils étaient prêts à revenir. Mais quand ils ont mis les pieds dans l’école, ils ont vu l’am- pleur des changements : le marquage dans les corridors, la réorganisation… Pour certains, les sourires ont disparu à VOIR PAGE A 4 : I Le cardiologue Joaquim Miró a été infecté dès sa pre- mière journée en CHSLD. MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR LISA-MARIE GERVAIS LE DEVOIR pie en avril, jamais il n’aurait pensé que c’était au Québec qu’il allait faire sa prochaine mission. « Ce que j’ai vu, ce sont des gens qui mouraient par manque de soins, qui mouraient littéralement de soif. Ce sont des personnes qui, au bout de leur route, ont décidé de se laisser al- ler. La crise humanitaire, c’était ici aussi », dit le cardiologue de l’hôpital Sainte-Justine, visiblement touché. Il avait levé la main pour aller aider en CHSLD, ayant senti le désespoir dans les appels aux renforts répétés du premier ministre. Mais c’est quand il l’a VOIR PAGE A 4 : Mission humanitaire à la maison Habitué des champs de bataille, le cardiologue Joaquim Miró est monté au front, en CHSLD l a vu l’horreur et la mort en face. En Afghanistan, où il a opéré dans des hô- pitaux clandestins, au Moyen-Orient, où il a soigné sous les missiles Scud pendant la guerre du Golfe, au Nicara- gua, au Sri Lanka, dans le Cambodge des Khmers rouges… Avec Médecins sans frontières, le cardiologue pédiatri- que Joaquim Miró a enchaîné pendant sept ans les missions humanitaires avant de poursuivre son travail au sein de l’organisme Sainte-Justine au cœur du monde, qu’il a cofondé il y a 15 ans. Alors qu’il devait repartir pour l’Éthio- VOL CXI N O 105 / LE MARDI 12 MAI 2020 / 1,52 $ + TAXES = 1,75 $ WWW.LEDEVOIR.COM ACTUALITÉS Un vaccin à coup sûr contre le coronavirus ? A 8 MONDE Le virus revient à sa source : Wuhan, en Chine B 4 CULTURE La science dictera le répertoire des orchestres MYLÈNE CRÊTE MARIE-MICHÈLE SIOUI CORRESPONDANTES PARLEMENTAIRES À QUÉBEC LE DEVOIR Le premier ministre François Legault s’est vu contraint lundi de défendre l’indépendance de la Santé publique, deux jours après la publication de scé- narios de déconfinement pour Montréal qui ont causé la frustration de son en- tourage — et qui semblent être le résul- tat de bêtes « erreurs techniques ». Stratégie de communication ou co- médie d’erreurs ? La diffusion de scé- narios inquiétants pour la grande ré- gion de Montréal, à 16 h 59 vendredi par l’Institut national de la santé publi- que du Québec (INSPQ), a eu un effet retentissant. D’abord sur les titres des journaux, qui ont évoqué le « pire » samedi, à savoir des scénarios de 150 décès quo- tidiens en juillet, en excluant les CHSLD. Puis chez les membres de l’entou- rage du premier ministre, qui n’étaient « pas contents » de voir les manchettes. « Il n’est plus question que ça arrive », a déclaré un proche conseiller de M. Legault. « La pro- chaine fois, si ça vous va, on pourrait faire un briefing technique », a aussi suggéré le directeur national de san- publique, Horacio Arruda, en point de presse. L’INSPQ s’est aussi engagée à procéder différemment à l’avenir, en définissant à l’avance le jour et l’heure prévus pour la sortie des données. VOIR PAGE A 2 : La prochaine fois, si ça vous va, on pourrait faire un briefing technique HORACIO ARRUDA »

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Page 1: CORONAVIRUS L’INSPQ fait son mea-culpa...2020/05/12  · mea-culpa La publication de scénarios inquiétants pour Montréal vendredi en fin d’après-midi a causé de la frustration

Avis légaux.............B7Édito.......................A6Grille TV..................B2Idées.......................A7Météo.....................B6Mots croisés...........B6Sudoku...................B6

INDEX

CORONAVIRUS

À l’école des Berges, à Québec, les enfants devaient passer par la station de désinfection des mains avant d’entrer dans l’école. RENAUD PHILIPPE LE DEVOIR

L’INSPQ fait sonmea-culpaLa publication de scénarios inquiétants pour Montréal vendredi en fin d’après-midia causé de la frustration dans l’entourage du premier ministre

Rentrée scolairehors de l’ordinaireEnviron 55 % des élèves du primaire ont retrouvé amis et enseignants dans une école transformée

ISABELLE PORTERMARCO FORTIERLE DEVOIR

Bien qu’étrange et un peu tristounette, la rentrée que beaucoup redoutaient s’est plutôt bien déroulée, lundi.

Joint en fin de journée, le directeur de l’école des Berges, Kino Métivier, était plutôt satisfait de la journée. « No-tre système fonctionnait assez bien », a-t-il dit. Le matin, il n’a fallu que 10 minutes pour faire entrer tous les en-fants et leur désinfecter les mains.

« Le plus gros défi », ajoute-t-il, c’est la distanciation au préscolaire. « À cinq ans, les enfants ont besoin d’un lien ma-ternel. Jouer à deux mètres, ce n’est pas

simple. » Pour compenser, les ensei-gnantes ont créé un signe non verbal qui veut dire câlin, raconte-t-il.

D’ailleurs, à certains endroits, des enseignantes qui avaient décidé de ne pas porter le masque ont changé d’idée lundi, rapporte Josée Scalabrini, de la Fédération des syndicats de l’en-seignement (FSE-CSQ). « Elles se sont rendu compte qu’avec les tout-petits, il n’est pas réaliste de penser qu’on sera toujours capables de respecter la dis-tance de deux mètres. »

À l’école des Berges, 43 % des élèves étaient attendus lundi matin, soit 178 sur les 410 qu’accueille normalement l’établissement. À la grandeur du Qué-bec, environ 55 % des élèves étaient

présents en classe lundi, selon les esti-mations de Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des direc-tions d’établissement d’enseignement. « Il y aura des ajustements à faire, mais les équipes-écoles et les enfants étaient prêts. Il faudra rester très vigilants pour ne pas que ça se relâche dans une se-maine ou deux », souligne-t-il toutefois.

Chacun son taille-crayonÀ l’école l’Arc-en-ciel aussi, le bilan était positif en fin de journée. « Ça a été un beau retour », a expliqué Ma-rie-Claude Tardif, professeure de troi-sième année. « Le personnel se sentait prêt. » Vendredi dernier, elle était déjà très enthousiaste. On attendait peu d’enfants, le tout dans une école mo-derne avec beaucoup d’espace et une vaste cour, idéale pour assurer la dis-tanciation lors de la récréation.

Malgré tout, l’expérience a pu être un peu décevante pour les jeunes, remarque-t-elle. « Les enfants étaient souriants quand ils sont arrivés. On voyait qu’ils étaient prêts à revenir. Mais quand ils ont mis les pieds dans l’école, ils ont vu l’am-pleur des changements : le marquage dans les corridors, la réorganisation… Pour certains, les sourires ont disparu à

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LISA-MARIE GERVAISLE DEVOIR

pie en avril, jamais il n’aurait pensé que c’était au Québec qu’il allait faire sa prochaine mission.

« Ce que j’ai vu, ce sont des gens qui mouraient par manque de soins, qui mouraient littéralement de soif. Ce sont des personnes qui, au bout de leur route, ont décidé de se laisser al-ler. La crise humanitaire, c’était ici aussi », dit le cardiologue de l’hôpital Sainte-Justine, visiblement touché.

Il avait levé la main pour aller aider en CHSLD, ayant senti le désespoir dans les appels aux renforts répétés du premier ministre. Mais c’est quand il l’a

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Mission humanitaire à la maisonHabitué des champs de bataille, le cardiologue Joaquim Miró est monté au front, en CHSLD

l a vu l’horreur et la mort en face. En Afghanistan, où il a opéré dans des hô-pitaux clandestins, au Moyen-Orient, où il a soigné sous les missiles Scud pendant la guerre du Golfe, au Nicara-gua, au Sri Lanka, dans le Cambodge des Khmers rouges… Avec Médecins sans frontières, le cardiologue pédiatri-que Joaquim Miró a enchaîné pendant sept ans les missions humanitaires avant de poursuivre son travail au sein de l’organisme Sainte-Justine au cœur du monde, qu’il a cofondé il y a 15 ans. Alors qu’il devait repartir pour l’Éthio-

VOL CXI NO 105 / LE MARDI 12 MAI 2020 / 1,52 $ + TAXES = 1,75 $WWW.LEDEVOIR.COM

ACTUALITÉSUn vaccin à coup sûr contre le coronavirus ?A 8

MONDELe virus revientà sa source : Wuhan, en ChineB 4

CULTURELa science dictera le répertoiredes orchestres

MYLÈNE CRÊTEMARIE-MICHÈLE SIOUICORRESPONDANTES PARLEMENTAIRESÀ QUÉBECLE DEVOIR

Le premier ministre François Legault s’est vu contraint lundi de défendre l’indépendance de la Santé publique, deux jours après la publication de scé-narios de déconfinement pour Montréal qui ont causé la frustration de son en-tourage — et qui semblent être le résul-tat de bêtes « erreurs techniques ».

Stratégie de communication ou co-médie d’erreurs ? La diffusion de scé-narios inquiétants pour la grande ré-gion de Montréal, à 16 h 59 vendredi par l’Institut national de la santé publi-que du Québec (INSPQ), a eu un effet retentissant.

D’abord sur les titres des journaux, qui ont évoqué le « pire » samedi, à savoir des scénarios de 150 décès quo-tidiens en juillet, en excluant les CHSLD.

Puis chez les membres de l’entou-rage du premier ministre, qui n’étaient « pas contents » de voir les manchettes. « Il n’est plus question que ça arrive », a déclaré un proche conseiller de M. Legault. « La pro-chaine fois, si ça vous va, on pourrait faire un briefing technique », a aussi suggéré le directeur national de san-té publique, Horacio Arruda, en point de presse. L’INSPQ s’est aussi engagée à procéder différemment à l’avenir, en définissant à l’avance le jour et l’heure prévus pour la sortie des données.

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