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ÉditionoriginalepubliéeparAudreyCarlan

Tousdroitsréservés,ycomprisledroitdereproductiondecelivreoudequelquecitationquecesoit,sousn’importequelleforme.

Celivreestunefiction.Touteréférenceàdesévénementshistoriques,despersonnagesoudeslieuxréelsserait utilisée de façon fictive. Les autres noms, personnages, lieux et événements sont issus del’imagination de l’auteur, et toute ressemblance avec des personnages vivants ou ayant existé seraittotalementfortuite.

Copyright©2015WaterhousePress

OuvragedirigéparBénitaRollandTraduitparRobynStellaBligh

Photodecouverture©GettyImagesCouverture:RaphaëlleFaguer

Pourlaprésenteédition

©2017,HugoetCompagnie34/36,rueLaPérouse

75116-Pariswww.hugoetcie.fr

ISBN:9782755627800

CedocumentnumériqueaétéréaliséparNordCompo.

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SOMMAIRE

Titre

Copyright

CHAPITREPREMIER

CHAPITRE2

CHAPITRE3

CHAPITRE4

CHAPITRE5

CHAPITRE6

CHAPITRE7

CHAPITRE8

CHAPITRE9

CHAPITRE10

ÀPROPOSDEL’AUTEUR

RETROUVEZMIATOUTAULONGDEL’ANNÉE!

CalendarGirljuin-Extrait

CHAPITREPREMIER

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CHAPITRE2

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CHAPITREPREMIER

C’est le pire voyage de tous les temps ! Je suis partie de Boston, j’ai fait escale à

Chicago puis à Denver, où je remercie le Ciel d’avoir mis mes bottes de moto, aussiconfortablesquedespantoufles,parcequejemeretrouveàtraverserl’aéroportencourant.Jesuisàdeuxdoigtsde ratermonvolpourLasVegas,mais j’yparviensà temps. Je suis cettepersonnequimettoutlevolenretardetqu’ondétestedevoirattendre.Lorsquejemontedansl’avion et que je cherche ma place en traînant mon bagage à main, trois cents yeux mefusillentduregard.Hélas,leschosesnes’arrangentpas,carjesuisassiseentreunhommetrèsenrobé et unegaminedehuit ans terriblement curieuse, qui voyage seule. Ses parents sontdivorcés,etelleadésormaisdeuxfamilles.Elledétestelanouvelle«sorcière»desonpèreetsafilleplusâgéequ’elledécritcommeétantunebrute.

Elle retourne chez samère, qui est strip-teaseuseàVegas.De toute façon, les gensquiviventàVegasmêmetravaillentsoitdanslescasinos,soitdanslesrestaurants,soitauprèsdestouristes.Ceuxquihabitentendehorsdelavilleontd’autrestypesd’emplois.J’apprendstoutçade lapetiteChasteté,parcequ’elleadécidédemeraconter toutcequ’ilyaà savoir surelle.Tout.Jesaisquesacouleurpréféréeestleviolet,maispaslefoncé,leplusclair;celuiqu’on appellerait lavande. Les animaux sont son truc, surtout les chevaux. Ce qu’il y a demieuxàDenver,chezsonpère,c’estleterrainetlesanimaux,parfaitpourunegaminedehuitans.Ledésavantage,c’estqu’ilyalasorcièreetqu’ellegâcheletempsqu’ellepasseavecsonpère.Etpuis…ilyalaculpabilité.LamèredeChastetéatrèspeud’amisetaucunefamille.Lapetitefilleconsidèredoncqu’ilestdesondevoirdetenircompagnieàsamère,parceque«Personneneveutêtreseul.Lesgensontbesoindesgens».

Lorsque le pilote annonce que nous atterrissons dans vingt minutes, je prie pour queChasteté et samère trouvent unmoyen d’être heureuses. Je prends aussi unmoment pour

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remercierlarecherchescientifiqued’avoirinventélacontraception.Toutcetempspasséavecune môme de huit ans a renforcé mon sentiment que je suis loin d’être prête à procréer.D’ailleurs,peut-êtrequejen’auraijamaisd’enfants.Touteslesfemmesnesontpasfaitespourêtremères,etj’aidéjàl’impressiond’avoirélevéMaddy,mapetitesœur.

Auretraitdesbagages,jerécupèremonénormevaliserempliedevêtementsauxcouleursdesRedSox,de jeansetde fringueshautecoutureque je traînedepuisChicago.Je laisseraitout chez Papa, et Mads pourra choisir ce qu’elle préfère entre les tenues de princessed’HectoroulaversionplusbranchéeproposéeparRachel.

Unesériedesonneriesretentissentlorsquejerallumemontéléphone.

À:MiaSaundersDe:MasonMurphyTa lettre est cool,madouce,mais ç’aurait été encoremieuxque tunousdises au revoir en

personne. Rach et moi voulions t’emmener à l’aéroport. Elle est vexée. Je suis déçu. Trouve unmoyendeterattraper.;-)

Cen’estpaslapremièrefoisqu’unclient,ouplutôtqu’un«ami»,n’aimepasmafaçonde fairemes adieux. SiWes l’avait anticipé et qu’Alec était resté aussi cool qued’habitude,Hector avait pleuré comme une madeleine. Il m’avait laissé un message dans lequel ilm’expliquait en sanglotantque j’avais ruiné lesadieuxparfaits.Apparemment, il avait vuçadansunfilmet ilavait toutprévu, jusqu’à l’envoldescolombesblanches.Tonyavaitensuitesaisiletéléphonepourmegronderparcequejel’avaisabandonnéavecunfiancéenlarmes.

LemessagesuivantvientdemonamieGinelle.

À:MiaSaundersDe:MaSalopeChérieYo.Suisdehors.Jefaisdestours.Nem’obligepasàm’arrêteretàprendreunbilletpourta

saletronche.

J’éclatederire.J’aperçoissaHyundaidehors.Jeluifaisungrandsignedelamainetelles’arrêtedanslazonededéposeminuteenfaisantcrissersespneus.

—C’est parti,map’tite pute ! s’écrie-t-elle pendant que je hissemon énorme valise etmonbagageàmainsurlesiègearrièredesavoiture.

Lorsquejemejettesurlesiègepassager,sesbouclesblondesrebondissentsursesépaulesetunchewing-gumvertapparaîtentresesdentsblanchesquandellesourit.

—Salutmachérie,mercid’êtrevenuemechercher,jedisd’untonmielleux.D’uncoupdepoignet,ellesortentrombedesaplacedeparkingetelles’insèredansle

trafic de l’aéroport. Ginelle n’a jamais eu une conduite souple, d’ailleurs je pense qu’ellepourraitgagnerdesrallyes.Sesmanœuvressemblenttoujourspresséesetsaccadéesetellea

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le chic pour prendre des décisions de dernière seconde. Elle compte énormément sur lachancequi,jusqu’àprésent,neluiapasfaitdéfaut.Entoutcas,c’estcequejemerépèteenm’accrochantàlapoignéeau-dessusdelaportière.

Lorsque nous arrivons sur l’autoroute, je reprends lentement ma respiration et je medétendsenprofitantdusilence.Ginelleetmoin’avonspastoujoursbesoindeparler,etc’estpourcelaqu’ons’entendaussibien.Ilestimportant,dansuneamitié,d’apprécierlessilences.Je l’écoute claquer ses bulles de chewing-gum, je sens son shampoing au citron et j’en aipresqueleslarmesauxyeux,parcequejesuisenfinàlamaison.C’esticiquej’aigrandi.Jenevivraipeut-êtrepasicitoutemavie,maisj’aimecelieudetoutmoncœur.

Ginellesembledevinerquejesuisenpleineréflexionnostalgiqueetellenecherchepasàcomblerlesilence.Cependant,ellemeregardetendrementàplusieursreprisesetelleprendmamain, tout simplement.Une solidaritéde sœurs.Nousne sommespas liéespar le sang,maisc’esttoutcomme.Cen’estquelorsquejeluichuchotequejel’aimequejeréaliseàquelpoint jesuisd’humeurémotive.Ellemeregarde, levisagepleind’amour,et j’attendsqu’ellemedisequ’ellem’aimeaussi.

—Jesais,dit-ellesimplement.J’éclate de rire et je la remercie une fois de plus de savoir que c’est de rire que j’ai

besoin.Lajournéeaétélongue:j’aipristroisavions,j’aiditadieuàmondernierclientqueje considère désormais comme un frère, et je ne suis ici que trois petits jours avant dereprendrel’avionpourrencontrermonprochainclient.JesuisrestéeàBostondeuxjoursdeplus.D’habitude, jeresteenvironvingt-quatre jourschezunclientafind’avoirsix jourspourm’occuperdemesaffairespersonnellesetdeuxpourmerendred’unendroitàunautre.JenesuispasrentréeenCaliforniedepuisjanvier,etvoilàquedanstroisjoursnousseronsenmai.Unautremois,unautrechèquedecentmilledollarspourBlaine.

Jetendsjustementl’enveloppeàGinelle.—Tupeuxdéposerçaàl’accueildel’hôtel?Çam’éviteradepayeruntimbre.—Biensûrmapoule,dit-elleenprenantl’enveloppe.Ellelarangedanssonsacensegarantdevantmamaisond’enfance.—Tudoisavoirfaim.Madsprépareundînerderetrouvailles.Dupaindeviande,dela

purée,dumaïs,etlafameusetarteauxcerisesetauchocolatdetonpère.Ellefaitletourdelavoiturepoursortirunpackdebièreducoffre.—Jet’aimevraiment,tusais,jerépète.Je regarde la bièredans sesmains, puismaminusculemaisondélabréedont le porche

minusculeestéclairéparune simpleampoule.Derrière les rideauxendentelle, jevoismonadorable petite sœur mettre la table, pour moi, parce que je rentre à la maison. Tout estparfait.

Ginmeprendparlesépaulesetmetireverslamaison.

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—Sans déconner,meuf, je sais que tum’aimes. Tu nem’as pas entendue la premièrefois?dit-elleenlevantlesyeuxauciel.

Jesecouelatêteetlaserrecontremoi.Lorsquej’ouvrelaporte,jesuisassaillieparunedélicieuseodeurdeviandecuite,delégumesetd’ail.

—Mads!Jesuislà!j’annonceenposantmonsacàmainsurlapetitetabledel’entrée.J’attendssoncriaigu,carMaddyhurletoujourscommeunefillettequandelleestexcitée,

et elleneme fait pas fauxbond. Le cri vientd’abord, puismapetite sœurdéboulepour sejeterdansmesbras.

—Mapetitepuce!Tum’asmanqué!Je la serre fort contremoi.Ça faitpresquedeuxmoisque jene l’aipasvueet j’aidéjà

l’impression qu’elle a plus de courbes qu’avant, elle perd sa maigreur d’adolescente pourdevenirdavantage commemaman.Cequi est certain, c’estqu’elleaplusdepoitrineetqueseshanchessemblentplusformées.Jerespiresonparfumd’amandeetdeceriseunedernièrefoisetjereculepourlaregarderdanslesyeuxalorsqu’ellesouritjusqu’auxoreilles.

—Laplusbellefilleaumonde,maisseulementquandellesourit.C’estlaphrasequejeluiairépétéeduranttoutesonenfance.Elle rougit enme regardant tendrement et elle me reprend dans ses bras, me serrant

beaucoupplusfort,cettefois-ci,commesiellenevoulaitplusmelâcher.—Qu’est-cequinevapas? jedemandeenprenantsonvisagedansmesmainseten la

regardantdanslesyeux.Maddysecouelatête,faisanttomberunemèchesursonfront.—Rien,jesuissuper-contentequetusoislà.J’aipréparétonrepaspréféré.—Oui,jelesens!jerépondsensouriant.C’est lemoment que choisit mon estomac pour gargouiller, informantma sœur etma

meilleureamiequejemeursdefaim.—Ledînerestprêt,ditMaddyenprenantmamainpourm’emmenerdanslacuisine.Ouais.C’estparfait.J’avaisvraimentbesoinderentreràlamaison.

***

—OnvaàHawaii?!s’écrieGinelled’unevoixsiaiguëquejesuissurprisequelesverresn’éclatentpas.

—Bonsang,calme-toi,tuveux?jerépondsenmecouvrantlesoreilles.—Tu te fousdemoi?JevaisàHawaii?Jene suis sortieduNevadaqu’une foispour

venir te voir en Californie, et maintenant je vais traverser un océan plein de baleines, depoissonsetdejenesaisquoi?Putain,jevaisàHawaii!crieGinelle.

Elleprendunnouveauchewing-gumavantdeboireuneénormegorgéedebière.Beurk.Cedoitêtredégoûtant,mais jenedis rienparceque jesuis tropheureusequ’ellenesesoit

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pasremiseàfumer.—Respire,Gin, jedisenbuvantmoiaussiunegorgée.Oui, jevousemmènetoutes les

deuxàHawaii.Ilnevousresteplusqu’àtrouverlemeilleurmomentpourvenir.Prévoyezunesemaineoudeux,vouspourrezresterdansmonbungalow.Mais,jedisenlevantlamainpourqu’ellesnem’interrompentpas, jenesaispasdansquellesconditionscesera.Il faudrapeut-êtrequ’ondormetouteslestroisdanslemêmelit.

—Ons’enfout,putain!Jeveuxbiendormirparterresic’estàHawaii!—EhGin,tupeuxtecalmersurlesputainsquandMaddyestlà?— Roh, ça va, je ne suis plus une petite fille, Mia. D’ailleurs, depuis le week-end

dernier…jesuisofficiellementunefemme,ditMaddyd’untonhautain.Waouh, cen’est absolumentpas ceque j’ai envied’entendrede labouchedemapetite

sœur.Jefermelesyeuxetjerenversesansfaireexprèsmabouteilledebière.Heureusement,Ginellelarattrapeavantqu’ellenesedéversepartout.

—Mads…jechuchote.Ellesourittimidementetpromènesondoigtsurlatable.—Onpeutparlerdeçaplustard?demande-t-elleenregardantbrièvementGinelle.Ginelleabeauêtrepourmoiunesecondesœur,Maddyetellenesontpasaussiproches.

Elless’aiment,maisellesneseconfientpastousleurssecretscommeMaddyetmoilefaisons.Ginelleregardeouvertementsamontre.—Ehbienvoyez-vousça,ilestl’heuredepartir!s’exclame-t-elle.Ilsembleraitquej’aie

desmaillotsdebainàacheterdemain.Ah,etonarendez-vousàl’institutdebeautéàtreizeheures,touteslestrois,c’estok?

—Gin…merci.Pourtout.Tusaisque…Comme d’habitude,Ginelle ne se vexe pas queMaddy veuilleme parler seule à seule.

Elle passe un bras autour de moi et me serre brièvement contre elle, puis elle embrasseMaddysurlatêteavantd’ébouriffersescheveux.

—Àdemain,messalopes!Maddyetmoirépondonsàl’unisson:—Ciao!Un silence de plomb s’abat sur la pièce, mais il n’est ni pesant ni gênant. C’est

simplementlegenredesilencequiprécèdeuneconversationimportante.— Je n’avais pas prévu que ça arriverait… commenceMaddy, les larmes aux yeux. Je

voulais t’enparlerd’abord,maisonest tellementbienensembleet ilm’aimetellement…Jel’aime,et…

Jeposemamainsurlasienneetjelaregardedanslesyeux.—Et…c’étaitcomment?Elleselècheleslèvresetbaisselatête.

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—Çaa faitmal, audébut. J’aiunpeu saigné,mais il a vraimentpris son temps, à telpointqu’iltremblait,d’ailleurs.Maisladouleurestpartiepeuàpeu.

Jesouriset jesuistoutémuemoiaussideréaliserquemapetitesœurestdevenueunefemme.

—Çat’aplu?Ellesecouevivementlatête.—Onl’afaitdeuxfoisdepuis,dit-elleenriant,etc’était…unmilliondefoismieux!Jerisethochelatête,conscientedecequ’elleveutdire.—Etvotrerelation?Commentçasepasse?C’esttoujoursaussibien?Sonregards’illuminecommeungâteaud’anniversaireentièrementrecouvertdebougies.— Il est tellement cool, Mia. Il me dit tous les jours que je suis la plus belle fille au

monde,etqu’ilm’aime,etqu’unjouronsemariera.Ellejointsesmainssursapoitrine.— Il est tout,Mia. Tout ce dont j’ai rêvé chez un homme. Tout ce que tum’as dit de

trouveravantdefranchircecap.Jenepourraispasêtreplusheureuse.Jerapprochemachaisedelasienneetjelaprendsdansmesbras.—Jesuisraviequeçasesoitbienpasséetquel’hommeavecquituest’aimepourquitu

es. C’est le cas, n’est-ce pas ? Il t’aime pour toute ta beauté intérieure et pas seulement labeautédetonvisage?

Maddyhochelatêtecontrelamiennealorsquejeluicaresselescheveux.—Jecrois,oui. Ilme ledit tout le temps.D’ailleurs, ilvoudrait teparler. Je luiaidit

quecen’étaitpaspossiblecesoir,maisquepeut-êtredemaintuvoudraisbiendîneravecsesparents?Ilsveulentrencontrermafamilleet…tueslaseulequej’ai.

Soudain, jeme sens coupabledenepasavoirété là.Cependant, je suisaussi encolèrecontrenotremèredenousavoirabandonnées,ettristequenotrepèren’aitpasétéassezfortpour être là durant les grandes étapesdenotre vie.AumoinspourMaddy, c’est elle qui lemérite.

J’attrapelevisagedemapetitesœuretjel’embrassesurlabouche.—Jeserairaviederencontrerlesparentsdetoncopainetdediscuteraveclui.Unefoisdeplus,sonvisagerayonne.Elleselèvepouralleràlacafetièreetjelaregarde

ymettredeuxcuilleréesdedécaféinéensetortillantenrythmeavecunechansondanslatête.—Çamériteunefêtechocolatée!s’exclame-t-elle.—Tuasraison,mapuce.Tusais,jerêvedecettetartedepuisladernièrefoisquetul’as

faitepourmonanniversaire.Nouspassons la soirée àparlerde sœurà sœur, à se raconternos vies. Je lui parlede

chacundemes clients en lui avouant jeme suis attachéeà chacund’entre eux.En tant quedigne fandesRedSox, elle demande surtout que je lui parle deMason et je sais qu’elle va

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adorer le t-shirt, la casquette et la photo que j’ai fait dédicacer par lui et tous les autresjoueurs.

Lorsque nous en arrivons à parler deWes, je lui raconte tout dans le moindre détail,commesij’avaisbesoind’enparler.

—Quelconnard!s’indigne-t-ellelorsquejeluidisquelastardesonfilmavaitdécrochésontéléphoneetqu’ilavaitadmisqu’ilselatapait.

—Tuesmignonnedelepenser,etcrois-moi,j’aieulamêmeréactionaudébut.Maisenfait, réfléchis une seconde : est-ce queWes devrait attendre sagement enCalifornie que jerèglemesproblèmesetquejem’éclateavectouslesmecsquejeveux?

—Non,ceneseraitpastrèsjuste,dit-elle.—Exactement.Jenedispasquejen’enaipassouffertpendantunebonnesemaine,mais

enfindecompte,jelecomprends.Enplus,quelquesjoursplustard,j’airetrouvéAlecet…tusais…unechoseenentraînantuneautre…

Maddyfroncelessourcils.—Commentça,unechoseenentraînantuneautre?Commentilsavaitquetuseraisen

ville?Jeregardeauloinensirotantmoncafé.—Euh…jenesaisplus,lesdétailssontflous…—N’importequoi!Tul’asappelépourbatifoler,c’estça?s’exclame-t-ellesuruntonàla

foisaccusateuretamusé.—Batifoler?Qu’est-cedonc? Je croisque le termeofficiel estunplancul,Maddy,et

crois-moi,cemecaundesplusbeauxculsquej’aievusdetoutemavie.Jereculedansmachaiseensouriant,plutôtfière,etjecontinuededévorerladélicieuse

tartedemasœur.Maddyrouspète,outrée,et jeris.Elleestsi jeune,sinaïve.J’espèrequesoncopainest

un mec bien et qu’il ne profitera pas d’elle. Je suppose que je le découvrirai demain soirquandjerencontreraisesparents.Unfrissond’angoisseparcourtmondosetjemedemandesic’est ce que ressentent tous les parents lorsqu’ils rencontrent la belle-famille de leur enfantpourlapremièrefois.Aprèstout,cen’estpascommes’ilsallaientsemarier;c’estunsimplerepas.C’estcequefontlesfamillesnormales,non?

Jen’enaipaslamoindreidée.Plus tard, lorsque jeme couche enfin, je sorsmon téléphone pour contacter Angie, la

sœur de Tony.Nous sommes devenues très proches à Chicago, et s’il y a une personne quisauratoutdelarencontredesbeaux-parents,c’estelle.

À:AngelinaFasanoDe:MiaSaundersSalutAngie,c’estMia.Désoléepourl’heure.J’aiunequestion.Quandlesparentsd’ungarçon

invitentlesparentsdesacopineàdîner,est-cequec’estunegrosseaffaire?

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Montéléphonesonnepresqueimmédiatementetjeregardel’heure.Ilesttroisheuresdu

matinici,donccinqheureschezelle.

À:MiaSaundersDe:AngelinaFasanoSalutmabelle.Questionbizarre,mais ouais, c’est assez formel. Ils veulent s’assurer que la

filleestassezbienpourleurfilsenrencontrantsafamille.Pourquoi?

Merde.J’appelleraiHectordemainpoursavoirquoimettre. Ilsaura, lui.Premièrement,jedois avoir l’air d’unegrande sœurnormale et responsable. Jenepeuxpasparlerdemontravail, bien évidemment. Je ne dois pas non plus parler du fait que mon très cher pèrealcooliqueestdansuncentredeconvalescencepayépar l’Étatparcequemonex-copain,unusurier,l’atabasséàmort.Bonsang,çaal’airsacrémenttordu,mêmepourmoi.

JepousseungrognementetjerépondsàAngie.

À:AngelinaFasanoDe:MiaSaundersC’estlepremiervraicopaindemasœur.Beurk.

À:MiaSaundersDe:AngelinaFasanoHa!J’aimeraispasêtreàtaplace!Lol.

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CHAPITRE2

Madernièreenvie,aprèsavoirpassélajournéeàmefairebichonnercommeunereine

avecGinetMaddy,c’estdepasser la soiréeavecdesétrangers.Cependant, j’ai surtoutpeurquecesétrangersmejugentinférieureàeux,cequiexpliquepourquoijegrognenon-stopenmepréparantpourlegranddînerdecesoir.Quantàmapetitesœur,ellevolettejoyeusementdans la maison, s’arrêtant ici et là pour se regarder dans un miroir, lissant sa robe d’été,rangeantdesmèchesinvisiblesdanssaqueue-de-cheval.

Elleal’airjeune,insoucianteetmagnifique.IlfaitsuffisammentbonàLasVegasàlafindumoisd’avrilpourmettrecetterobelégèrequi,surelle,estcarrémentélégante.Jem’arrêtepourl’observeretjemedisqu’elleestl’incarnationparfaitedelagirlnextdoor 1avecseslongscheveux blonds et ses grands yeux verts, le seul trait que nous avons en commun. Je saisqu’elle fera une épouse parfaite et qu’elle rendra un homme très heureux. D’ailleurs, pourautantquejemesouvienne,elleatoujoursvoulusemarier,avoiruneribambelled’enfantsetvivredansunebanlieuecalme.Toutl’inversedemesrêves.

—Alors,quelleestlaspécialisationdeMatt?jedemandeenbouclantladernièremèchedemeslongscheveuxnoirs.

—Lasciencedesplantes,tutesouviens?Elles’assiedsurlelitetjointsesmainsdevantelle,jecroisesonregarddanslerefletdu

miroir.—Et toi, tuasdécidé?Jesaisqu’ilyaquelquesmois tu t’intéressaisauxsciences, toi

aussi.Dansmatête,jelasuppliesurtoutdenepasdevenirmédecinlégiste.S’ilteplaît,Maddy.

J’entendsdéjà lesquestions.Quefait tasœur,dans lavie?Oh,elledécoupe lesmorts.Unegrimace surgit surmon visage,mais jeme dépêche de la cacher. J’ai beau vouloir prendre

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touteslesdécisionsimportantesàsaplace,jesaisquejedoislalaisservivre.Mapetitesœurestadulte,etilesttempsquejelatraitecommetelle.

Elleinspirelentementetglissesonpiedsoussesfesses.—Ehbenoui.J’aimeraismespécialiserenbiochimie.Jeme tourne vers elle en réfléchissant. La biochimie… ça doit être lié à la biologie…

maisçaneveutpasdirequec’estdumédico-légal,si?Pourvuquenon…—D’accord,etqu’est-cequetuferaisexactementaveccegenredediplôme?Maddyselècheleslèvresetselance.Pluselleparle,plussonvisages’anime.Ellesourit

jusqu’aux oreilles, et ses joues rougissent alors que son regard s’illumine. J’ai honte de direquejen’écoutepastoutcequ’elledit,parcequ’ellesemetàparlergeeketquemonfiltreestallumé.

— … donc, en gros, les biochimistes étudient les différents aspects du systèmeimmunitaire, l’expression des gènes, et ils peuvent isoler, analyser ou synthétiser différentsproduits. Je pourrais travailler sur les mutations du cancer, gérer un labo ou diriger uneéquipederecherche.Lesoptionssontinfinies!

Jesourissigrandenentendanttouteslespossibilitésquiseprésententàellequej’enaimalauxjoues.

—Jesuissuper-fièredetoi,Mads.Labiochimieal’airdifficile,maisçasemblefaitpourtoi.Combiend’annéesd’étudesvas-tufaire?Tuvisestoujourslemaster,n’est-cepas?

Ellesemordlalèvreetbaisselesyeux.—Maddy,jesaisquetut’inquiètespourtesfraisdescolarité,maistunedevraispas.J’ai

déjàpayétoninscriptioncetteannée,enplusdecequ’ilrestaitdel’andernier.Elleécarquillelesyeuxetmeregarde,bouchebée.—D’ici la fin de l’année, j’aurai sauvé les fesses de Papa et j’aurai assez d’argent pour

payerlasuitedetesétudes.Jeneveuxpasquetufassesdeconcessions,Maddy.Compris?Pas comme moi, je me retiens d’ajouter. Cependant, je dois accepter que ma vie est

incertaine.Pourl’instant,jegagnel’argentnécessaireàlasurviedemafamille.Maddy se lève brusquement pourme serrer dans ses bras et elleme regarde avec des

larmesauxyeux.— Je t’aime.Quand je serai riche, je t’achèterai unemaison juste à côté de lamienne

pourquetusachestoujoursquetamaisonestprèsdemoi.Jecaresselecôtédesatêteetelleembrassematempe.—Maintenant, ne t’inquiète pas. Je vais également postuler à des bourses, parce que

pouralleroùjeveuxdanscedomaine,ilvamefalloirundoctorat.Undoctorat.Lespoilsdemesbrassehérissentetjedevienshystérique.—Undocteur!jem’exclamesuruntonpleindefiertéetd’émerveillement.Maddylèvelesyeuxauciel.—Jeneseraipasdocteur,Mia.J’auraisimplementundoctorat.Enscience,ricane-t-elle.

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—Jem’enfous!Mapetitesœurvaêtredocteuretscientifique!C’estleplusbeaujourdemavie!

Je secoue la tête en pensant à l’avenir, et j’imagine Maddy sur scène, obtenant sesdiplômesenétantmajordesapromo,ouprenantunpostedansuneentrepriseoùelleporterauneblouseblanche.Mapetitesœuraunebellecarrièredevantelle,etjevaistoutfairepourque tous ses rêves soient réalisés.Mon regard se perd au loin, et je sursaute quandMaddychatouillemonbras.

—Jemesuisditqueceprojetteplairait.Onpeutyaller,maintenant?J’aihâtedevoirMatt.

Matt.Lecopain.Celuiavecquiellevientdeperdresavirginité.Ilaintérêtàlamériter,sinonilauraaffaireàmoi.Rienn’empêcheraMaddyderéussir.Rien.

***

LesparentsdeMattsontcegenredeparentsqu’onvoitàlatélé,quetoutlemondeveutmaisquepersonnen’a.MattRainsalesparentsparfaits.Samère,Tiffany,estgrandeavecdescheveux bruns et des yeuxmarron. Son pèremesure une tête de plus qu’elle et il est brunégalement,mais avec des yeux bleus très clairs.Matt, le jeune homme quema petite sœurregardeavecdesétoilesdanslesyeux,estcanon.Ilestvêtud’unechemisecintréequimontreses épaulesmusclées, révélant qu’il prend soin de lui et qu’il fait de lamuscu. Ses cheveuxbruns sont ondulés et coiffés de sorte à ne pas cacher son visage, et il porte des lunettes àbordsrectangulairesetnoirsquiluidonnentunairgeeketchic.Ilalesmêmesyeuxbleusquesonpère,etlessiensn’ontpasquittémasœurdepuisledébutdurepas.

— Mia, j’ai cru comprendre que votre père était à l’hôpital ? demande Trent Rainslorsquenouspassonsaudessert.

—Oui, il a eu un accident. Cela fait plusieursmois qu’il est dans le coma,mais nousprionschaquejourpourqu’ilseréveille.

LestraitsdeTiffanys’adoucissentetelleposeunemainsurmonépaule.— Je suis désolée de l’entendre. Ce doit être dur pour deux jeunes femmes de se

retrouverseules.Elle secoue la tête, attristée, et je dois me retenir de lui rétorquer que je suis seule

depuisque j’aidixansetque jem’ensors trèsbien,merci.Cependant, j’arriveàravalermaremarqueacerbe, car ils essaient seulementd’êtregentils.Au lieudemecomporter commeune garce, je souris et je sirotemon décaféiné. Bon sang,même leur café estmeilleur queceluiquenousavonsà lamaison.Ilsachètentsansdouteunemarquechicqu’il fautmoudretouslesjours.

—Bon,toutlemonde,j’aiuneannonceàfaire,ditMattenselevantetentenantlamaindemasœurquileregardeamoureusement.

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Merde,cegenrededéclarationn’est jamaisbonne.Horrifiée, jevoisMattserapprocherdemasœur,enlaserrantfortcontrelui,unpeutropàmonavis.Ilbaisselatêteetlaregardeavecunedévotiontotale.

—J’aidemandéàMadisondem’épouser,etelleaaccepté !dit-ilensouriant jusqu’auxoreilles.

Sa mère pousse des cris de joie et son père frappe dans ses mains. Quant à moi… jen’arriveplusàrespirer.

Putaindebordeldemerde.Jen’ai jamaisvuMaddyaussisourianteetradieuse.Toutefois, lorsqu’elle tourne latête

versmoi,sonsourires’effaceaussitôt.Salèvretrembleetdeslarmesremplissentsesyeux.—S’ilteplaît,Mia…jel’entendschuchoter.Je secoue la tête, jeme lève et je sorsme réfugier sur le porche, face au désert, pour

respirer l’air fraisde la soirée.Si j’étais restéeassiseà table, j’auraispétéuncâble. J’auraisarrachémasœurdesgriffesdecettebanlieuepropretteetjenemeseraisarrêtéequequandelleauraitlaissétomberpourdeboncetteidéeabsurdequ’ellevasemarier…àdix-neufans.Putain!

Jefais lescentpassousleporche,bouillantedecolère,etdesperlesdesueurcouvrentmonfrontetledessusdemalèvre.JeréfléchisàunmoyendekidnapperMaddysanspasserpour la vilaine sœur quand j’entends la porte d’entrée se refermer. Je me tourne et je meretrouve nez à nez avecMatt. Il semble avoir des remords,mais pas assez pourme laissercroirequ’ilvaretirersonannonce.

—Jesuisdésolédenepast’avoirdemandéavant,maisaprèsleweek-enddernier…— Tu veux dire quand tu as dépucelé ma petite sœur ? je hurle d’une voix qui ne

ressemblepasàlamienne.OndiraituneBanshee 2.Ilreculecommesijevenaisdelegifler.— Non pas que ça te regarde, mais Madison est une adulte. Une adulte que j’aime

énormément.Cequ’ellem’adonnéestuncadeau,etjelechériraitoutemavie.Ettantquejesuisenvie,c’estuncadeauquejeveuxqu’aucunautrehommenetouche.

Ilparleavecunetelleassurancequ’ilsetientpresqueplusdroitlorsqu’ilafini.Toutefois,s’ilpensem’avoirconvaincue,ilsetrompe.Ilnesaitpasàquiilaaffaire.

— Qu’est-ce qui te fait penser que tu dois l’épouser ? Tout de suite ! je demande enm’adossantàlarambarde.

Ilfaitunpasversmoi.—Pastoutdesuite;onvad’abordobtenirnoslicences.C’estdansplusdedeuxans.Mapeurs’apaiseaussitôtetmacolèredevientplusgérable.—C’estl’engagementquejevoulais.Jeveuxqu’ellesachequejesuisàelleetqu’elleest

àmoi.Etjeveuxqu’elleaitquelquechosedeconcret,parcequ’onal’intentiond’emménager

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ensemble…bientôt.Mafrustrationredoubled’intensité.—Tuplaisantes?jegrogne.—Pasdu tout.Jen’aimepasoùellevit, surtoutparcequ’elleyest touteseule.Quand

ellen’avaitpasdevoiture, jedevenaisdinguedesavoirqu’elle traversaitcequartier lanuit.Puistuluiasachetéunevoitureetc’étaitsuper,maistonpèren’estpaslà,Mia.Ettoi,tun’espaslànonplus.

Sadernièrephrasemefaitl’effetd’unedouchefroide,etlevisagedeMattdevientdur.—Elle est toute seule.Sansprotection.C’est inacceptable, ajoute-t-il en sedonnantun

airbeaucoupplusâgé.Je relâche les épaules, vaincue. Il n’apas tort. Il amême raison, en fait. Jen’aimepas

queMaddysoitseule,moinonplus.Jedétesteça.C’étaitunesourcedestresspermanentcesderniersmois.C’estpourcelaqueGinellepassedevantlamaisontouslessoirsenrentrantduboulot,pours’assurerquetoutvabien.

Jerespirelentementparlenezpourcalmermonrythmecardiaque.—Tuasraison,Matt.Lequartierestcraignos.Ilhochelatête,maisrestesilencieux,et je luisuisreconnaissantedemelaisserdirece

que j’ai à dire, deme permettre de lui faire part demes inquiétudes. Nous sommes à LasVegas, ilsauraientpus’enfuiret semarierdansn’importe laquelledesmillionsdechapellesdelaville.

—C’estsimplementquejeneveuxpasqu’ellefassed’erreur.Vousêtestellementjeunes.— Mais on va prendre notre temps, Mia. On va d’abord habiter ensemble, pour voir

comment ça se passe. On va se soutenir durant nos études et on obtiendra nos licencesensemble.Ilnousresteencoredeuxannéesaprèscelle-ci.

Jebondissurl’occasion,parcequecequ’ilditn’estplusvraipuisqueMaddyveutfaireundoctorat.Lapremièredelafamille!

—EtMaddyveutallerenmaster,puisendoctorat.Tuvaslasoutenirquandvousserezmariés?

Matthochevigoureusementlatête.—Absolument,c’étaitmonidée!Elleestpremièredesaclasse.Elleadebienmeilleures

notes que moi alors que je travaille comme un malade. Ses capacités naturelles et sonintelligencesontdujamais-vudanscetteuniversité.Ellevadevenirunechercheusecélèbre,etc’estmoilechanceuxquiseraiàsescôtéslorsqu’ellerécolterasesprixetqu’elleferatouscessuperbesdiscours.C’estmoiquiseraiàsescôtéspourl’encourager,etelleenferademêmepourmoi,biensûr.

Mattposesamainsurmonbrasetmeregardedanslesyeux.—Onneprendpasleschosesàlalégèreetonn’estpasbêtes.Maisonestamoureux,et

jeneveuxpasrisquerdelaperdre.

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Son regardest sidéterminéque jenepeuxplus rester en colère.Toutefois, jeme sensvidéeàprésent.

—Est-cequejepeuxsortir,maintenant?demandelapetitevoixdeMaddyàtraverslaporte.

—Oui,mapuce,viens.Montre-moi labague, jedisenm’efforçantdeparaîtreenjouée.J’espèrequ’ilyaunebague,aumoins!j’ajouteenfronçantlessourcils.

LorsqueMaddy sort de lamaison en sautillant et enme tendant samaingauche, jenepeuxmeretenirdesourire.Labaguen’estpasénorme,maisellen’estpaspetitenonplus.

—Elle était àmagrand-mère.Mamanme l’adonnée le jouroù j’ai amenéMaddyà lamaison,ditMattenriant.

—Elleestsuperbe.Je lève la tête pour regarderma petite sœur, qui a soudain l’air nerveuse et pleine de

doutes.Bonsang, j’espèrequeMattpourra luiapprendreàavoirconfianceenelle.Celadit,s’ilpeutaffronterlasœurtaréequejesuis,ildoitbienpouvoirinsufflerunpeud’assuranceàmapetitepuce.

—Jesuistellementheureuse,Mia,ditMaddy,etdeslarmescoulentsursonbeauvisage.Jet’ensupplie,soisheureusepourmoi.Jenesupportepasdetedécevoir.

Depuisqu’elleestpetiteetquenotremèreestpartie,jesuissaseuleinfluenceféminine.Aufildutemps,elleademoinsenmoinssupportédepenserqu’ellem’avaitdéçueoublesséed’unemanièreoud’uneautre.Cettefillepréféreraitmarchersurdescharbonsardentsplutôtquedevoirquejen’approuvepasunedesesdécisions.

—Oh,mabelle,tuesbête!Viensici,jedisenlaprenantdansmesbras.Ellepleuredoucementcontremoi, libérantsapeuretsonstressalorsque jechantonne

sachanson.Aprèsledépartdemaman,papaaécouté«ThreeLittleBirds»,deBobMarley,enboucle,etjel’aiappriseparcœur.Ilécoutaitsurtout«NoWomanNoCry»quandilétaitivre,mais c’est la première que j’ai retenue parce qu’elleme laissait penser que les chosesiraientbien…unjouroul’autre.

Maddyrelèvelatête,etj’essuieseslarmesavecmespouces.—Jesuisdésoléed’avoirréagicommeça.Tesparentsdoiventpenserquejesuisfolle,je

disenregardantMatt.—Non,net’enfaispas.Jecroisqu’ilscomprennentnotreimpulsivitéetaussitaréaction.

Ilssesontmariéstroismoisaprèss’êtrerencontrés,alorspoureux, jesuissimplementaussispontanéqu’ils l’ont été.Mais je t’assureque jene le suispas,Mia.Nousallons finir l’écoled’abord,promis.Jeveuxjustequ’elleportemabagueetqu’ellesoitensécuritéchezmoi,enfacedelafac.

—Tuhabitesenfacedelafac?Moncôtématernelressortquandils’agitdemapetitesœur,etcequevientdedireMatt

meréjouit.

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IlsouritethochelatêteenprenantMaddydanssesbras.—Çava,monsoleil?ilchuchoteassezfortpourquejel’entende.J’observel’attentionaveclaquelleiltouchemasœuretl’inquiétudequ’ilapourelle,etje

medisqu’ilal’aird’êtreunbongars.—DumomentqueMiavabien,alorsmoiaussi,dit-elleenmeregardant.—Trèsbien,jerépondsengrognant.Jevousdonnemabénédiction.Fidèleàelle-même,Maddypousseuncridejoiestri-dentetsautillesurplacecommeune

adolescente.Jeleurfaisuneoudeuxleçonsdemoralesupplémentaires,puisnousretournonsdansle

salonoùTiffanyetTrentnousattendentpatiemment.— Mon fils prendra bien soin de votre sœur, je vous le promets, dit monsieur Rains

fièrement. Ila la tête sur lesépaules,maisonn’arrêtepasunhommeamoureux.Quand lesRains tombent amoureux, la chute est rapide et elle dure toute la vie, dit-il en prenant safemmeparlataille.C’estunfait!ajoute-t-iljoyeusement.

Jem’assiedsetregardelesdeuxcouplesheureuxdevantmoi.—Maddyetmoin’avonspaseuuneenfancefacile,voussavez.Nousn’avonspucompter

quel’unesurl’autre.Donc…quandj’aientenduquemapetitesœurallaitépouservotrefils,àdix-neuf ans…quelque chose enmoi a craqué. Jen’ai pas trèsbiengéré la situationet j’ensuisnavrée.

Tiffanyselèvepours’asseoiràmescôtés.—Nevousinquiétezpas.Nousavonsétéchoqués,nousaussi,lorsqueMattnousaparlé

desesintentionsendébutdesemaine.Enfin,noussavionsqu’ill’aimait,biensûr.Aprèstout,celafaitdeuxmoisqu’ilsnesesontpasquittés.

Deuxmois. Ils sont ensembledepuis deuxmois, et ils sont fiancés. Jen’arrive pas à lecroire.

—Çasembletellementrapide…— Ce genre de chose arrive, dans la famille Rains, dit Tiffany en souriant jusqu’aux

oreilles.Elleposesursonmariunregardpleind’amour,dedévotionetdeloyauté,etjesouhaite

quemasœurconnaissecela,elleaussi.Peut-êtrequeceseralecasenfaisantpartiedecettefamille.J’espèreseulementqueceseraunefoisqu’elleaurasalicence.

Tiffany passe sa main dans mon dos et le frotte de haut en bas, un geste tendre etmaternelquejen’aipasconnudepuisdesannées.

— Tout ira bien. Ils vont attendre d’avoir leur diplôme, et ce n’est qu’après que nousprévoironslemariage.Nousavonsletemps.

Letemps.J’ail’impressionquec’estjustementcequimemanque,cesjours-ci.

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***

Je ne vois pas le reste de mon séjour à Vegas passer. Bien évidemment, Gin trouvel’annoncedesfiançaillesdeMaddyhilarante.Cettegarcesaitquoifairepourm’agaceretellene cessede le faire jusqu’à la findemon séjour,disantqueMatt etMaddy s’enfuirontpourêtremariésparunsosied’ElvisPresley,oubienqueMaddyseraenceinted’iciquelquesmois.C’estcettedernièreblaguequimepousseàavoirunepetiteconversationavecmasœurafinqu’elle comprenne l’importance de ne jamais oublier sa pilule. Elle me promet qu’elle neratera jamais un jour et qu’elle la prend tous les soirs avant de se coucher. Après cetteconversationgênante–pourelle,paspourmoi–,jel’obligeàmepromettre«juré-craché»qu’ellenesemarierapassansmoi,carc’estmonseulmoyendem’assurerque leschosessedérouleront comme prévu. Durant nos dix-neuf ans ensemble, jamais l’une d’entre nous n’arompuunepromesseaprèsquenousavonscraché.

Unefoisinstalléedansl’avion,jerepenseàlamanièredontj’airéagiàl’annoncedeleursfiançailles.Est-cequec’estparcequemapetitesœurvaavoirsoncontedeféesavantmoi?C’est ce que Gin a dit, pour plaisanter. Cependant, je ne crois pas que ce soit la raison,puisquejen’aijamaisvoululesmêmeschosesqu’elle.

Envérité, si je creuse suffisamment, la réponseest simple : c’estparceque jenepeuxpaslaperdre.

Je suis responsable de Maddy depuis toujours. Le fait qu’elle vive avec un homme etqu’ellecomptesursonsoutienn’estquelapremièreétape.Safamillem’aditqu’ilspayaientleloyerdeleurfilsetqueMaddyn’auraitbesoinqued’argentdepoche.Apparemment,ilssontravisd’augmenter lebudget«courses »de leurfilsparcequ’ilsconsidèrentdéjàqueMaddyestdesleurs.C’estaussisimplequeça.Masœurfaitdésormaispartiedeleurfamilleetilslasoutiennentfinancièrement.

Lanourrir,l’habillerpourqu’ellen’aitpasfroid…cesontmesresponsabilités,etcelafaitdix-neufansqu’elleslesont.Jenesaispascommentgérerlasituation.

Jevaiscontinueràpayerleloyerdepapaetjevaisenvoyerdel’argentàMaddypoursessorties,sesfournituresettoutcedontellepeutavoirbesoin.Ellelemérite,masœurtravailledurpoursescoursetjeneveuxpasqu’ellesoittentéedechercheruntravailenplus.Jeveuxqu’elle ait toutes ses chances d’accomplir ses rêves. À présent, je dois simplement accepterquec’estMattRainsquiluitiendralamain.

Heureusement, nos vacances à Hawaii sont toujours à l’ordre du jour. Matt a eu l’airanéantiquandelleluiadit,etsecrètement,j’aiétéravie.Jesuisvraimentunegarce,maisjen’ai aucun remords. D’après Maddy, il comprend notre besoin de passer du temps « entrefilles », surtout après leur annonce qui m’a choquée. Il semblerait qu’à la fin de leurconversation, ce petit conme félicitait d’avoir eu cette idée et me donnait sa bénédiction.

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Comme si j’en avais besoin. Il est drôle, celui-là, mais il apprendra vite qui est le patron.J’espèreseulementqu’enfindecompte,ceseraencoremoi.

1. « La fille d’à côté  »  : archétype culturel et sexuel américain qui désigne une femme à la féminité modeste et nonprétentieuse.

2.Créaturefémininesurnaturelledelamythologieceltiqueirlandaisequisemetàcrierquandquelqu’unestsurlepointdemourir.

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CHAPITRE3

Des traits d’encre noire s’enroulent autour de muscles robustes et bronzés. Les

tatouagestribauxcommencentsurl’épaulegauche,descendentsursonbicepsetlelongdesacage thoracique, puis de sa taille, et disparaissent dans le paréo noué sur ses hanches. Leslignes noires dévalent ensuite ses cuisses énormes et ses mollets découpés pour s’arrêterbrusquementsurseschevilles.

Jenesenspaslesablebrûlerlaplantedemespiedstantjesuisfascinéeparlasuperbecréature que j’ai sous les yeux. La créature en question se tourne légèrement etm’offre unaperçudesondostrapu.Ilal’airassezfortpourmejeter,moietdeuxautresfemmesdemataille,dansl’océanquis’étendauloin.

Soudain,ledemi-dieumereluque.Ouplutôt,ilcherchemonregardmalgréladizainedemètres qui nous séparent. Ses yeux couleur café semblent pétiller en découvrant lentementmon corps, brûlant chaque centimètre qu’ils caressent.Mon sang s’embrase et j’éventemonvisage.Ledéclencheurdel’appareilphotonecessedecliqueretunevoixàl’accentitaliencriequelques ordres. Monsieur Tatouage tourne enfin la tête, brisant aussitôt l’emprise qu’ilexercesurmoi.

J’ai beau être libérée, je ressens une sensation étrange qui ressemble à un manque,commesijevenaisdeperdrequelquechose.Cethommem’appelait,sesyeuxétaientcommeunphare incitantmondésiràvenirse jeteràsespieds,et laréactiondemoncorpsnes’estpasfaitattendre,puisquej’aidéjàunesensationmouilléeentrelesjambes.

—Finito!Perfetto,ditlephotographeenfendantl’airavecsonbras.Je parviens non sans mal à détourner mon regard du demi-dieu tandis que le

photographese tourneversmoi. IlporteunchapeauFedoraenpaille,unbermudabeigeetune chemise en lin blanc qui n’est fermée que par un bouton, révélant un corps mince et

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musclé. Je reste figée près de la tente blanche, où le chauffeur de la limousine m’a ditd’attendrequandils’estgaré,m’apprenantquemonbossétaitderrièrel’appareilphoto.Jenepensais pas que mon client serait le photographe de la campagne publicitaire, mais ça nechange rien. Le travail, c’est le travail, et du moment que j’ai mon chèque de cent milledollarsàlafindumois,jesuissatisfaite.

Monpatronserapprocheetjedécouvreunsourireamical,desdentsblanches,quelquesridesauxcoinsdesesyeuxbleusetdesabouche,descheveuxpoivreetselquidépassentdesonchapeau.

—Belladonna, dit-il enme prenant par les épaules avant deme faire la bise. Je suisAngelD’Amico,ettuesencoreplusbellequejelepensais.C’estmafemmequiainsistépourquetusoisl’égériedenotrecampagne.

Àpeinea-t-ilmentionnésafemmequ’unegrandebruned’originelatinesortdelatente.Sapeaumarron contraste avec leparéoAubadeà fleurs qui est drapé sur elle, et ses longscheveuxvolentautourdesonvisagecommesielle sedéplaçaitavecsonpropreventilateur.Angelfrappedanssesmainstandisqu’ellevientversnous.

—Ah,voilàmafemme.Elleestàcouperlesouffle,n’est-cepas?Jehochelatête,carelleréellementsibellequ’onenoublieraitderespirer.Unimmensesourires’étendsurseslèvres.—Mia,nous sommes ravisque tu fassespartieduprojet,dit-elle en souriant jusqu’aux

oreilles.Ellem’embrasseet,deplusprès, jevoisqu’elleporteelleaussi les tracesdu temps, ce

qui ne la rend pasmoins belle. TanteMillie m’a dit que le couturier et sa femme avaientenvironcinquanteans,maisilsparaissentplusprochesdelaquarantaine.

—Jem’appelleRosa,jesuislafemmed’Angel.Onesttrèsexcitésquetusoisici.Jeremontemonsacsurl’épauleetdégagelescheveuxdemonfront.—Jesuisravied’êtrelà,moiaussi.Lepeuquej’aivudel’îleenvenantdel’aéroportest

magnifique.—Ellel’est.Tuvaspouvoirprofiterdesdeuxprochainsjourspourlavisiter.Onvientde

terminerlesphotosdeTaïetondoitlesretravailleravantdepasserauxportraitsdetoi.Angel regardepar-dessus son épauleMonsieurTatouage vider une bouteille d’eau, puis

prendreunechemisedesmainsd’unhommequisembleêtreunassistant.—Taï,vientrencontrertapartenaire,luilancelephotographe.Partenaire ?Millienem’apasdit que j’auraisunpartenaire. Je suis sur lepointde lui

demandercequ’ilveutdireparlà,maisTaïvientversnouset,soudain,touslesbruitsautourde nous semblent disparaître. Plus rien n’existe sur cette terre en dehors de cet hommeenvoûtant.Lesmusclesdesescuissesgéantessebandentetsesabdossecontractentàchacundesespas.Lorsqu’ilnousrejoint,jedoismeretenirdefaireunpasenarrièretantsapostureetsataillesontimpressionnantes.Laplagesembletroppetitepouruntelmagnétismeanimal.

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—TaïNiko, jeteprésenteMiaSaunders,ditAngelentendant lebrasversmoi.Ellevarésiderdanslebungalowàcôtédutienetelleferatouteslesphotosdecoupleavectoi.Vousallezincarnerlecoupledestropiquespournotrecampagne«Labeauténesemesurepas».

Taïcroisemonregardetlèchesalèvrecharnueavantdelamordre.Jefaisdemonmieuxpournepasm’évanouir,maislachaleurquedégagecethommeestcommeunmurdefeu.Ilinspire lentement,et sesnarinessedilatentalorsqu’ilmereluquedespiedsà la tête.Jenedisrien.Jesuisincapabledebougerouderespirersoussonregarddebraise.

—Tuesrayonnante,Mia.Jevaisaimertetravailler.Son regard sous-entend qu’il a l’intention de faire bien plus que travailler avec… Zut,

qu’est-cequ’ilvientdedire?—Tuveuxdiretravailleravecmoi?jeclarifieenhaussantlessourcils.Il baisse la tête en souriant et regardemes pieds, et ce n’est qu’à cemoment-là que je

remarque qu’il n’a presque pas de cheveux, juste un petit duvet sur la tête, un peu commeDwayneJohnson.D’ailleurs,plusjeleregarde,plusjeréalisequ’ilressembleàl’acteur.Ilesténorme, avec une peau chocolat au lait et des tatouages. La seule différence, c’est que lesoriginessamoanesdeTaïsontplusmarquéesquechezl’acteur.

—Non,cen’estpascequejevoulaisdire,répondTaïavecunsourireencoin.Zut, j’aicommel’impressionquecemoisàHawaïvaêtreunesacréeaventure.Avecun

peudechance,jevaispasserlaplupartdemontempssurousousledemi-dieusamoanquisetientdevantmoi.

***

Unrayondesoleilsefaufileentrelesrideauxetatterritsurmonvisage,m’arrachantauxgriffesd’unrêvemerveilleuxdanslequeljefaisaisunstrip-twisteravecuncertainHawaïen.Jeme lève et grignote des morceaux d’ananas pendant que mon café coule. Situé au sud deHonolulu, sur la plage deDiamondHead, le bungalow quem’ont fourni les D’Amico est legenred’endroitoùlesgensrêventdepasserleursvacances.Quandjedissurlaplage,jeveuxdirequelorsquej’ouvrelabaievitrée,jen’aiquedeuxpasàfairepouravoirlespiedsdanslesable et j’ai une vue imprenable sur l’océan. J’ouvre les portes pour laisser entrer la briseocéaneetécouterlebruitdesvagues.

Je ne peux attendre plus longtemps, alors j’enfile un bikini blanc, j’empoigne uneservietteetjefileauborddel’eau.Celafaitbientroplongtempsquejenesuispasalléeàlaplage.Ladernièrefois,c’étaitavecWes.

Wes.Zut, jenepeuxpaspenserà lui.Lorsque je suisarrivéeà l’aéroport,àLasVegas,GinaDeLucafaisaitlauned’untabloïde,avecletitre«LenouvelamourdeGina».Ilyavaitunephotod’elleendessous,àtableavecunhommequin’étaitautrequemonWes.Enfin,pasmonWes.Celadit,c’estmoiquil’aieulapremière,doncilestunpeuàmoi,non?Enmême

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temps,c’estellequil’auraeulepluslongtemps,alors…Bref.Wesn’estpasplusàmoiquejenesuisà lui. Ildétientpeut-êtreunmorceaudemoncœur,maispasmoncœur toutentier.Nousavonsbeauavoirdes sentiments l’unpour l’autre,nousavonsdécidédès ledébutquenouslesmettionsdecôtépourmenerchacunnotrevie.Etc’estbiencequej’ail’intentiondefaire.

Vivremavie.Jeposemaservietteàunedizainedemètresdel’océanetjeregardeàl’horizon,au-delà

de l’eau transparente, là où elle devient plus profonde et plus sombre. Au loin, un surfeursolitaireen shortdebainnoirprendde sacréesvagues. Je le regardeunmoment,envoûtéeparsesmouvements.Ilprendquelquespetitesvaguesavantdefaireun360etdeserecouchersursaplanchepourrepartiraularge.Deuxminutesplustard, ilestdenouveaudeboutet ils’engouffredansunsuperbetube,letraversantcommeunpro.

Peude tempsaprès, il vientdansmadirectionen surfantunevagueet j’ai l’impressionquelascènesedérouleauralenti.Destourbillonsnoirscouvrentsoncorpsdepuissonépauleàsachevilleetmesyeuxremontentsurlasurfacemouilléeetlissedutorselepluslargequej’aievudetoutemavie.Tony,deChicago,étaitlepluspuissantjusqu’àmaintenant,maiscen’est rien à côté de ce géant. Malgré mon mètre soixante-quinze et mon beau trente-huitquarantesionprendencomptemesseinsénormesetmonculrebondi,jemesensminusculeàcôtéd’unhommecommeTaïNiko.J’aimemesentiraussipetite.

Lorsqu’ilatteint laplage, ildescenddesaplancheavecunsautparfait,puis il sebaissepourlaramasseretillaportesoussonénormebras,commesiellenepesaitriendutout.

—Salut,haole,dit-il.Noteàmoi-même,chercherlasignificationdehaolesurWikipedia.—Jenesavaispasquec’étaittoi,là-bas.Tuesbon,jedisenhochantlatêteendirection

del’océan,cherchantunmoyendenepasbaverenregardantsontorse.—J’espèrebien,jedonnedescourslesjoursoùjenesuispasmannequinetoùjenefais

paslesspectaclesavecmafamille,répond-ilensouriant.—Tuesprof?—Ouais.Pourquoi,tuveuxquejet’apprenne?demande-t-ild’unevoixsensuellequeje

prendscommeuneinvitationàflirter.—Maisiln’yapasquesurlaplanchequejeveuxm’allonger,jerépondsavecunsourire

lourddesous-entendus.Seslèvressepincentetsonregardsepromènesurmescourbes.—Tupeuxt’allongeroùtuveux,aussilongtempsquetuleveux,frangine,répond-il.Hmmm.Çadoitêtreuntrucd’Hawaïen.Celadit,«frangine»n’ariendemignondanssa

bouche. Il le grogne, en insistant sur le « r », avec un ton possessif, comme si nous nousconnaissionsdéjàetquejeluiappartenais.Mesorteilsserecroquevillentdanslesableetmonbas-ventremechatouillelégèrement.

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—Ahoui?Onparletoujoursdeplanchedesurf? jedemandesuruntonenjoué,alorsquej’imaginedéjàuntasd’autresmoyensdem’amuseraveclui.

—Àtonavis?Sonregarddevientnoirdedésiret,intérieurement,malibidosautedejoieàl’idéequeje

flirte avec cet homme magnifique. Je décide de tenter le tout pour le tout. Je n’ai rien àperdreettoutàgagner.

—Bébé,avectoi,jem’allongeraioùtuvoudras.LesnarinesdeTaï sedilatentet il inspirebrusquement.Saplancheatterrit sur le sable

avecunbruit sourdet ilpasseunemainénormedansmondospourmeplaquercontre sontorse. Il s’empare sauvagement de ma bouche et nous nous dévorons l’un l’autre, nousmordillant, nous léchant, goûtant à l’autre, explorant nos bouches. Sans un mot, sansdemandermapermission,Taïempoignemesfessesetmesoulèvedanssesbras.Jepassemesjambesautourdesatailleetjem’accrocheàlui,incapablederomprecebaiserenvoûtant,neserait-ce qu’une seconde, pour regarder où nous allons. Ce n’est que lorsque mon haut demaillotdisparaîtetquej’atterrissurunesurfacemoelleusequejeréalisequenousnesommesplus sur laplage. Jeme fiched’oùnous sommes. La seule chosequi compte, c’est quemondésirsoitassouvi.

Taïmordillemontétonetjetienssatêtesurmapoitrine,plantantmesonglesdanssoncrânechauve,ylaissantmesmarques.Monagressiviténeledérangepaspuisqu’ill’estencoreplusquemoi,m’arrachantuncrilorsqu’ilplantesesdentsdansmonsein.Illelibèreetsouritd’unairdiaboliqueavantdejetersondévolusursonjumeau.Sesmainssontpartoutsurmoncorps,ellespalpentmonautresein,massentmesfesses,puisellessaisissentmanuquequandil s’empare de nouveau de ma bouche. Il semblerait qu’avec Taï, tout soit question depossession.

—Jevaisd’abord teprendreviolemment,puisdoucement,et jevais finirquelquepartentrelesdeux.Ensuite,jevaisrecommencer,grogne-t-il.

Ilroulesurlecôtéetouvreletiroirdesatabledechevetpourensortirunecapote.Dieumerci, il a encore les idées claires, car mon cerveau est embourbé dans un brouillard deplaisirsiépaisquejenepenseplusqu’aumomentoùcethommeplongeraenmoi,sifortquej’enoublieraicommentjem’appelle.

Le short de Taï disparaît et jeme dresse surmes coudes pourmieux voir ce spectaclesplendidequialimenterasansdoutemesfantasmespourlesdixansàvenir.Ils’avèrequesontatouagen’épargnepassatailleetqu’ilcouvretoutlecôtégauchedesoncorps,formantdesboucles et des symboles dont je ne connais pas la signification. Taï me fait un souriremachiavélique avant de prendre sa queue énorme dans samain pour la branler lentement.Quandjedisénorme,jeveuxdirequejesaisquejevaisavoirmallapremièrefoisqu’ilvamepénétrer. Cependant, je sais aussi que c’est le genre de douleur que l’on accepte sans se

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plaindreetdontonsevanteaprès,etqu’onredemandeencoreetencore,carplus jamaisonn’aural’impressiond’êtrecomblée.

—Waouh.Tuesgrand…departout,jedisenécarquillantlesyeuxdevantsaverge.Ilme regarde gigoter et remuermonbassin pendant que la températuredemon corps

augmentedangereusement,aussivitequemachattemouilleetquemonclitodurcit.—Enlèvetonmaillot,ordonne-t-il.Son ton devrait sans doute me gêner, mais je suis tellement excitée que je lui obéis,

tirantsurlesficellesdemaculotteetlalaissanttomberentremescuissesouvertes.—Plus.Jeveuxvoirtafleurouverteetmouillée.Taïvidetoutl’airdesespoumonsavecunsifflementlorsquejem’exécuteetquej’écarte

davantage les jambes.Mongestepourrait êtreavilissant,maisavec lui, cela semble interditet…chaud,etcelamedonneencoreplusenviedelui.

Il continuedesebranlerenmeregardant,et jeme lèche les lèvres lorsqu’uneperledeliquideapparaîtsursongland.

—Tuveuxgoûter,frangine?propose-t-il.Savoixgravedéclencheunenuéedefrissonsquiparcourentmondos,etjenetrouvepas

demotspour luirépondre.Plusrienn’existeàpart luietmonbesoindeplaquermoncorpscontrelesien.Jehochelatête,etilcesselemouvementdesamain.

—Lèche-moi.Goûtel’effetquetumefais.Je rampedevant lui à quatre pattes et j’approchemon visage. Lorsquemes lèvres sont

suffisammentprèspourqu’ilsentemonsoufflechaudsursaverge,jelèvelatêteverslui.Sonregard est noir comme la nuit et il semord la lèvre. Sans le quitter des yeux, je lèche sonessence d’un coup de langue. Son goût acidulé et salé me fait mouiller de plus belle et ilpousseungrognement.

— Je sens ta fleur, frangine. C’est comme un soleil liquide. Je vais dévorer ton corpsjusqu’àcequetut’évanouissesdefatigue,c’estçaquetuveux?

Aulieuderépondre,j’enfoncesonsexedansmaboucheetjeleglissedansmagorge.Samains’enfouitdansmescheveux,sanslestirer,maisilmassefermementmoncrânependantquejelesuce.Jelèveunemainpourempoignerlabasedesaverge,carilestbientropgrospour que je le prenne entièrement dans ma bouche, moi qui me vante d’avoir la gorgeprofonde.Or,jenepeuxleprendrequ’àmoitié,etl’idéequecettebitevas’enfoncerenmoimefaitaccélérerlemouvement.

—Ralentis,frangine,dit-ilenretirantsaqueuedemabouche.Ils’allongesurlelit,étendusousmesyeuxcommeundélicieuxbuffet.Jenesaispasce

quejeveuxgoûterensuite,uneautrebouchéedesaqueueouundesesdélicieuxpectoraux.—Chevauche-moi. Je veux te bouffer pendant que tum’avales, et tu n’en laisseras pas

unegoutte.

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Letondesavoixesttoujoursaussidominant,maisjedoisadmettrequeçam’excite.Jechevauche ses larges épaules et il saisit mes hanches. Je n’ai pas le temps d’abaisser monbassinqu’illèvelatêtepourplongersalanguedansmachatte.

—Putain,Taï!Il appuie derrièremes cuisses pourme faire écarter davantage les jambes, et je frotte

mon sexe sur sa bouche, oubliant complètement de lui renvoyer l’ascenseur. Taï est lechampion dumonde du cunni, clairement dansmon Top 3, aux côtés deWes et d’Alec. Ladifférence,c’estqueTaïmesucecommes’ilavaitpassédixansenprisonetqu’ilavaitutilisétoutcetempsàrêverdemachatte.

Quelquesminutesplustard,jejouisdéjàsurluietcelasemblel’exciterencoreplus,carilsemetàparlerengrognant.

—Dusucre.—Trempée.—Hmm.—Toutelajournée.—Tebouffertoutelajournée.C’estladernièrechosequej’entendsavantderedescendresurterreaprèsmonorgasme,

m’étendant sur Taï,manquantm’éborgner sur sa bite dure comme fer lorsque je posemonvisagesursacuisse.Jelèvefaiblementlatêteetjeprendssaqueuedansmabouche,soudainélectrisée lorsque je redécouvre son goût. Je le lèche, le suce, lemordille et le caresse, luiaccordanttoutemonattention,sansrelâche.

Savergedevientpourpre,puissesveinesgonflentsousmalangue,m’indiquantqu’ilestsur lepointd’exploser,et jemedélectede luioffrir lemêmeplaisirdivinqu’ilmeprocure.Quand il plonge deux doigts en moi, je me contracte des orteils à la tête, sentant que lemoindre mouvement pourrait me faire jouir de nouveau. Les gros doigts de Taï saventprécisément quoi faire et ils trouvent tout de suite mon point le plus sensible. Il le titilleencoreetencore,etjesuissiexcitéequejesucesavergeaussifortquepossible,commesimavieendépendait.

Taïmefouilleprofondémentavecsesdoigtset ilsoulèvesonbassinpours’enfouirdansmabouche.Unevaguedeplaisir infernaldéferle soudaindansmesveineset je jouis sursesdoigtsetsabouche.Sonessencejaillitdansmagorgeetjel’avalejusqu’àcequ’ilneluiresteplus rien. Il finitparenlever sesdoigts etnous soupirons tous lesdeux, épuiséspar tantderéjouissances.

Ilm’aideàmeretournerpourm’allongeràsescôtésetilmetientfortcontrelui.— La prochaine fois, on se servira de ça, dit-il d’une voix enjouée enmemontrant la

capote.—Çamarche,jerépondsenriant.

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Jemeblottiscontreluietjerespiresonparfumd’océan,desexeetdemoi,unmélangedélicieux.

Jeconnaisunautrehommequisenttoujoursl’océan,maisjefermelesyeuxenessayantdenepaspenseràlui.Jeviensdem’envoyerenl’air,etj’aibientôtl’intentionderemettrelecouvert,cen’estpaslemomentdepenseràWes.ProfitedetonHawaïensexytantquetupeux.

Taïpromènesesmainsdansmondospuisdansmescheveuxpourmassermoncrâne,etjecroisquejeronronnecommeunchaton.

—Tuaimesçahein,haole?Jeposemonmentonsur son torseet je retraceduboutdesdoigts l’encrequi recouvre

soncœur.—Qu’est-cequeçaveutdire,haole?Il sourit et se penchepour embrassermon front.C’est un geste infiniment tendre pour

quelqu’unqui vientdememanipuler commeundominantdansun clubBDSM.Enfin,peut-êtrepas,carjeneconnaisrienàcestyledevie,maiscequiestsûr,c’estqu’ilassumesoncôtédominateur.

—Haoleveutdireétranger.—Hmm,jepréfèrefrangine,jegrommelleavantdeléchersontéton.Il éclate d’un rire tonitruant, me faisant trembler de la tête aux pieds, et je sens une

pointededésir renaîtreenmoi rienqu’àentendre sonrire.Bonsang, je suisdansdebeauxdraps.

—C’estnoté,frangine,dit-il.Il lève ma tête et m’embrasse fougueusement sur la bouche. Je crois que Taï ne fait

jamaisrienàmoitiélorsqu’ils’agitdedonnerduplaisir.

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CHAPITRE4

En findecompte,nousn’avonspasutilisé cette capote,parcequ’aumomentoùnotre

baiseracommencéàs’enflammer,Taïareçuuncoupdefil,puisunautre,puisunautre,etencore un autre. Apparemment, la famille Niko prend le dîner du dimanche soir très ausérieux.C’estainsique,alorsquejeneconnaisTaï–etsurtoutsabite–quedepuisunjour,jesuissurlepointderencontrersafamille.Toutesafamille.

—Bon,Mia,mafamilleestcool.Vraiment.Maistuesblancheettuviensducontinent.Donc,s’ilsfontuncommentairesurlefaitquetuesunehaole,laissecouler.Notrepeupleesttrès fier de sa culture, de son héritage et de sa généalogie. Ils te traiteront bien ett’accueillerontàbrasouverts…dumomentqu’ilsnepensentpasquetoietmoisommesdansunerelationsérieuse.

—Çadevraitêtrefacileàfaire,puisqu’onnel’estpas.Jeresteiciunmoispourbosser,point final. Je serai ravie de le confirmer à ta famille. Si on s’amuse un peu pendant notretempslibre…c’estdubonus,n’est-cepas?jedemandeenluimettantunpetitcoupdecoude.

Unsouriresexys’étendsurseslèvres,etjemeursd’enviedeledévorer.— Exactement, frangine. Allez, viens chezmoi, on rencontremon père avant tous les

autres.Ensuite,turencontrerasmesfrères,puismamère.—Pourquoitamèreladernière?jedemandeenhaussantlessourcils.—Parcequ’ilfautgarderlemeilleurpourlafin,répond-il.Je le soupçonne de répondre cela pour éviter de prendre un coup de pied entre les

jambes.Nous arrivons à destination et je me sens bête, car je m’attendais à une propriété

beaucoupplustribale.Or,lademeurecolonialedesparentsdeTaïestgrande,peinteenbleuazur, avec des finitions blanches et un porche qui en fait tout le tour.Une allée de gravier

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mène au perron et, de part et d’autre, une pelouse luxuriante s’étend jusqu’aux limites dujardin.Unevingtainedevoituressontdéjàgarée.Vingt.Pourunrepasde famille.S’il fallaitquetoutemafamilleserendeàundîner,noustiendrionstousdansuneTwingo.

Nous approchons à pied et je suis surprise par un brouhaha de voix qui résonnentpartout, à l’intérieur de la maison, mais également au loin, comme si elles venaient dederrière lamaison.Jesuissurtoutébahiepar lesriresquinecessentderetentir.La joiequirègneencelieumefrappedèsquenouspassonslaported’entrée.

Sansunmot,Taïmeprend lamainalors quenous traversons lespiècesbondéesde lamaison.Toutlemondelèvelatêteetnousregardepasserensouriantjusqu’auxoreilles.Jenesenspaslamoindretracedejugement,rienqu’unelégèrecuriosité.Nousparvenonsenfindel’autrecôtédelamaison,danslejardinarrière,oùsedéroulevraimentlafête.

—C’estunrepasdefamilleouuneréunion?Taïéclatederire,etplusieurspersonnestournentlatêteversnous.— Mia, c’est comme ça tous les dimanches soir. Ma famille est très proche. Tout le

mondeparticipeenapportantunplatquiestassezgrospournourrirdequaranteàcinquantepersonnes.C’estsimple.

—Maisonn’arienapporté,nous,jedisenserrantplusfortsamain.Jememordslalèvre,soudaininquiètedenepassuivreleprotocolesamoan.—Biensûrquesi.Pourquoitucroisquetueslà?—Moi?Jefroncesifortlessourcilsqu’unedouleurviveéclatedansmonnez.Ilm’attirecontreluietjepassemesbrasdanssondos,justeau-dessusdesesfesses.Bon

sang, jepourraisplantermesdentsdans ce cul. Je regrette sincèrementquenousayonsétéinterrompus avant de passer aux choses sérieuses. Cela dit, j’aurais sans doute eu dumal àmarcherjusqu’ici.

Taïselècheleslèvresetappuiesonfrontcontrelemien,parlantd’unevoixsibassequej’enressenslesvibrationsjusquedansmonsexe.

—Neme regarde pas comme si tu voulaisme baiser, frangine, sinon je vais devoir teplaquercontrelemurleplusproche.Jemefichequ’ont’entendeet,crois-moi,ont’entendra.Il n’y a rien de mieux que de faire hurler de plaisir une femme en étant enfoui jusqu’auxcouillesdanssafleur.

Je ledévisage, sansvoix, jusqu’à cequeTaï s’arrêtedevantunautregéant.Celui-ci esttorsenu,vêtud’unsimpleshortdebain.Jeregardeautourdenousetjeremarquequetoutlemondeesthabilléentenuedeplage,contrairementàTaïquiporteunbermudabeigeetunpolo blanc, un look qu’Hector, mon meilleur ami gay de Chicago, décrirait comme « golfchic».Celadit,Taïpourraitportern’importequoi–voireriendutout–,ilauraitl’airtoutaussidélicieux.

—Tama,ditTaïensamoanpourannoncernotreprésence.

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Jesupposequecelaveutdire«père»ou«papa».Ilbaisselesyeuxetj’enfaisdemême,neconnais-santpasleprotocole.—Fils,quias-tuemmenédansnotremaison?répondsonpèred’unevoixchaleureuse.—Tama, je te présenteMia Saunders, dit Taï en souriant.Mia, voicimonpère,Afano

Niko.Miatravailleavecmoisurunecampagnepublicitaire.JeluitendsmamainetmonsieurNikolaserreenhaussantlessourcils.—Unautremannequin?Jecroyaisquetuavaisapprisdetadernièreerreur,grogne-t-il

d’unevoixinquièteetmécontente.—Mian’estpasmacopine,Tama.C’estsimplementuneamieproche.Ellen’estsurl’île

quepourunmois.Ensuite,ellerepartira.Celasembleégayerlechefdefamille,quifrappeledosdesonfilsetluiserrel’épaule.— Eh bien tant mieux, c’est bien. Dans ce cas, elle devrait manger et parler avec la

famillepourapprendrenotreculture.—C’estjustementcequejemedisais,répondTaïensouriant.Je rencontre ensuite les frères de Taï, qui sont tous immenses, beaux, et qui ont une

version légèrement différente du tatouage de Taï. Le soleil sur son épaule, dont les rayonsdescendent sur sonbraset le longde son torse, est lemêmequeceluide sonpère.Tao, lefrèreaînédeTaï,alamêmetortuequelui,etdeuxautresdesesfrèresontlesmêmesbandesd’encrenoiresurlesbrasetlesjambes.Jedécouvrequ’ilyadesdizainesdemotifsquejen’aipaseuletempsd’observerlorsquenousnoussommesdépêchésdenoushabillerpourvenir.

Lorsquechacundestroisfrèresm’adraguéeets’estmoquédemoi,nousretournonsdanslamaison. J’aimondeuxième cocktail à lamain,un « Lilikoï Passion » qui, apparemment,veutdire«passiondufruitdelapassion».C’estdélicieuxetcelaréchauffemonventretouten libérantma tête.Ladernière foisque j’ai tropbu, j’ai finiau litavecmondernierclient,MasonMurphy.Mêmes’ilnes’estrienpassé,carMasonestcommeunfrèrepourmoi,çan’apaspluàsacopinequandellenousaretrouvéslelendemainmidiensous-vêtements.Commetoujours lorsque je bois de l’alcool, jememets à penser à tous les gens avec qui je devraisreprendrecontact,commemesamisHectoretTony,MaceetRachel,ouJennifer,àMalibu,qui est enceinte de quelques mois, maintenant. Bien sûr, il y a Wes, aussi. Nous avonséchangéquelquesmessages, etpour l’instant, ça suffit. Jen’aipas spécialementenviede luiparler depuis que j’ai vu les photos de lui et Gina en couverture demonmagazine peoplepréféré.JesuisàHawaïpourtravailleretm’amuser.Leboulotnecommencequedemain,etjem’éclatedéjàdanslesbrasdemon«TheRock1»personnel.

Taïs’arrêtedevantuneminusculefemmeauxlongscheveuxnoirstressésquiestentrainderemuerquelquechosedansunegrandecasserole.Elleestvêtued’unparéoorangequiluiarriveauxchevillesetd’undébardeurassortirecouvertd’unt-shirtblancencrochet.Elleadûmettre ce dernier par pudeur, car les jeunes femmes de la famille n’ont aucun scrupule àmontrerleurpeau.Celadit,ellespeuventsepermettredesepromenerenmaillotdebaincar

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ellessont toutesminces.Jecroisque je suis la femme laplushabilléede lasoirée,or jeneporte qu’un short blanc et un débardeur vert.Mon seul point commun avec elles, c’est quemescheveuxnoirssontondulésetbrillantsavecl’humidité.

—Tina,ditTaïavantdebaisserlesyeuxcommeavecsonpère.Cedoitêtreunemarquederespect,carj’airemarquéquetoutlemondeagitainsifaceà

quelqu’undeplusâgé. Jene sais si c’estune traditionhawaïenneou familiale, jeposerai laquestionàTaïplustard.

—Mongarçon,moncœurpuretsincère,dit-elleensouriant.Elletapotesoncœur,puiselletiresursanuquepourqu’ilbaisselatêteetellel’embrasse

surlesjouesetsurlefront.Sesyeuxmarronsont lesmêmesqueceuxdeTaïetpleinsd’amourmaternel.Jeneme

souvienspasdeladernièrefoisquej’aivuuntelregardchezmamère.Peut-êtren’ai-jejamaisconnuça.

—Tina,voiciMiaSaunders,uneamiedutravail.Jeluifaisvisiterl’îleetjeluiapprendsnotreculturependantqu’elleestlà.Mia,jeteprésentemamère,Masina.

—Jepensaisqu’elles’appelaitTina?Ils éclatent tousdeuxde rire, et celuideTaïparcourtmes veines eny embrasantmon

sang.—Tina veut dire «mère » en samoan, expliqueMasina.Mes enfants emploient cette

languelorsqu’ilss’adressentàquelqu’undenotreculture.—Oh,pardon,jem’empressededireenmesentantrougir.Taïestlapremièrepersonne

quejerencontrequiparlesamoan.Jesuisraviedefairevotreconnaissance,MadameNiko.Je lui tends la main, mais elle ne la prend que pour m’attirer dans ses bras et

m’embrassersurlesjouesetsurlefrontcommeelleafaitavecsonfils.Ensuite,elleposesesmainssurmesjouesetcaressemestempesavecsespouces.

—Tuesperdueaucœurd’ungrandvoyage.Maisn’aiejamaispeur.Cetteexpérienceteprocureraunegrandejoieettufiniraspart’engageréternellement.

La moindre brise légère pourrait me faire tomber. Je suis face à elle, immobile, sansrépondre.Lemieuxquej’arriveàfaireestun«Oh».

—Tina…grondeTaïavantdem’attireràsescôtés.Mamèreaquelquechosedespirituelenelle.Ellealedondevoyance.

—Devoyance?jerépèteenm’accrochantàluietendévisageantsamère.Ilhochelatêteetserremonépaule.—Toutseracommeilsedoit,Mia.Nelaissepasmongarçonmêlertonéternelausien.

Hélas,lesdeuxnesontpasliés,dit-elleenfronçantlessourcils.Tuaspeudetemps,profites-en,ajoute-t-elleavantdesourirejusqu’auxoreilles.

—Mian’estpasmacopine,soupireTaï.Noussommesamisetnousallonspasserunmoisensembleettravailler.

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—Jesais,cœurpur,répondMesina.Net’attendspasàplus,carcen’estpaspourtoi,dit-elled’untonferme.Maintenantouste,j’aibeaucoupàfairepourledessert.

Taïmeguidedanslecouloiralorsquejevidelerestedemonverre.J’aivraimentbesoind’unautre.Nousallonsjusqu’aubaroùsontalignéeslescarafesdudivinliquide.

***

De retour au bungalow, après bien trop de Lilikoï Passion, nous sommes assis sur laplage, lesorteilset les fessesdans le sable.Leseulbruitnousvientdesvaguessombresquis’écrasent sur le sable en reflétant la belle lune jaune. L’océan semble sans fin et ses eauxprêtesànousengloutiràtoutmoment.Jecroisquej’aimel’océanautantquejelecrains,jelerespecteetjamaisjenesous-estimesapuissance.

Je m’allonge sur le dos, le buste relevé sur mes coudes, et je croise les chevilles enregardantl’hommetorsenuàmescôtés.

—Qu’est-cequ’ilsveulentdire,toustestatouages?—Ilsontchacunleursignification,frangine.Lequelaretenutonattention?Ses yeux sont aussi sombres que l’océan,mais bienmoins effrayants, et jeme noierais

dansleursméandres.Jem’assiedsetjesuisdudoigtlestraitsdusoleilcaressantchacundesesrayons,laissant

derrièremacaresseunenuéedechairdepoule.—Ça,c’étaitmonpremier,unhonneurincroyable.Dansmaculture,lesoleilreprésente

la richesse, la lumière, la grandeur et la qualité d’unmeneur. Pourmoi, la façon dont lesrayonstraversentmoncœurmontremondésirdedirigeravecjustesse.Jeveuxêtrericheenamour, comme mon Tama. Et un jour, j’espère être un grand homme à la tête de monentreprise et de ma famille, comme mon Tama, encore une fois. C’est pour cela que j’aidemandéàmonpèredelepartageravecmoi.

—Wouah,c’esttrèsspécial.Taïgonflesespoumonsavantd’enexpirertoutl’air.—ChezlesSamoans,pouravoiruntatau–l’encre–,ilfautlemériter.Etilfautqu’un

membredetafamillelepartageavectoi.Commeça,tavieestàjamaisliéeàlasienne.Taïselèveetbaissesonshortsurseschevilles,seretrouvantcomplètementnu.Ilsemet

deprofiletjedécouvresasemi-érection–rienàvoiraveclataillequ’ilpeutatteindrequandilestvraimentexcité.Samainparcourtsacagethoraciquejusqu’àuneformedecroissantdelunerenfermantunmoulinàventenpapier.

—J’aireçucelui-làdemonfrère,Tao,quisouhaitaittrouverlebien-êtredanssavie.Ilsedisputaitbeaucoupavecnosparents,moi,nossœurs,nosfrères,lesautresenfantsàl’école.Quandilaenfintrouvéledroitchemin,ilavouluquejesoisàsescôtéspourl’emprunter.

Jeramènemesgenouxsousmonmentonetlesserredansmesbras.

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—Etlatortue?Il sourit jusqu’aux oreilles et promène sa main sur ses abdos. Enfin, ce ne sont pas

vraimentdesabdos–jediraisplutôtquecesontdescarrésdedésir.Chaqueabdomedonneenviedelelécheretdelemordre,decouvrirsontorsedebaisers,decoupsdelangueetdemorsures.

—C’estuneautredemesrequêtes.Jelapartageavecmonplusjeunefrère.Latortueestlesymboledelalongévité,delasantéetdelapaix.C’estcequejesouhaitepourmafamilleetmoi.

—Etlesvaguesetlestourbillons?Ilyaunesignificationouc’estjustepourremplir?Ilrit,puisilretracelestraitssursoncorps.Savergeadurcietjesuisprêteàmettreles

histoires de côté pour ce soir. Cependant, je suis curieuse de savoir pourquoi il n’a tatouéqu’uncôtédesoncorps.

— Dans notre culture, l’océan a une place prédominante. D’une part, parce qu’il nousentoure et que nous sommes à samerci, d’autre part parce que, historiquement, le peuplesamoanpensaitquec’étaitlàqu’onallaitlorsqu’onmourait.Commejesurfeetquemacultureveutquej’ensoistoujoursproche,jeluiaidonnéuneplacedansl’histoiredemavieetcelledemafamille.

Il continueàmemontrerd’autresdessinsqui sontpourdes cousins, sonautre frère, etainsidesuite. Ilamêmeenfreint larègleense faisant tatouer lamêmefleurquetoutes lesfemmesdesafamillesurlepied.

Jel’airemarquéaurepasdefamille,maisjen’airiendit.J’aitrouvéunpeuétrangequetouteslesfemmesaientunefleursurlepied,maisjecomprends,maintenant.C’estainsiqueles femmes expriment leur respect pour la famille, en marquant leur corps de façonpermanente.

—C’estmadernièrequestion,promis!Illèvelesyeuxaucielets’assiedsurlaserviettequenousavonsapportée.Jememords

lalèvreendévorantdesyeuxcetteérectionquejerêved’avoirenmoi.—Vas-y,frangine,pose-moitaquestion.Maisdéshabille-toienmêmetemps.Lentement.Jeregardeautourdenous,commesiquelqu’unallaitdébarquersurnotreplageprivée,

commeparmagie. Enmême temps, j’ai grandi à Las Vegas, où on ne sait jamais quand unperversvasurgirdederrièreunbuisson.Bienévidemment,iln’yapasdebuissonsici.Ilyaseulementdeskilomètresdeplageetdepalmiers.Jemelèveetj’enlèvemondébardeuravantdedéboutonnermonshort,lesjetanttousdeuxdanslesable.

—Continue,grogneTaï.—Maquestionoumondéshabillage?—Lesdeux,répond-ilenhaussantlessourcils.Jedégrafemonsoutien-gorge,maisjeletienssurmesseins.

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— Pourquoi tout le côté droit de ton corps est-il vierge de tatau ? je demande enm’essayantausamoan.

Ilsourit,j’aidûleprononcercorrectement.Cool!—Lesmelons.—Quoi?—Jeveuxvoirtesmelons.Lâchetonsoutien-gorge.Je luiobéis, laissanttombermesseinsquirebondissent joyeusement.Jesuisassezfière

qu’ils soient aussi fermes pour des bonnets D. J’en prends un dans chaque main et je lestripotesansgêne.Taïpousseungrognementets’appuiesursesmainsenécartantlesjambes.

—Tuvoisça,frangine?dit-ilensecouantlatête,faussementindigné.—Jevois,oui.Maintenantréponds-moi,histoirequ’onpuisseclorecettesoiréecommeil

sedoit.Il me fait signe de venir à lui avec son index, et je secoue la tête. Il recommence et,

incapabled’ignorermachattesoudainmouilléeetledésirbrûlantquicouledansmesveines,j’avanceverslui.Ilm’attirebrusquementsursescuisseset,sansunmot,ilplongedeuxdoigtsdansmon sexe, aussiprofondquepossible, tout en frottantmonclitoris avec sonpouce. Jepenchelatêteenarrièreetjemecambre,luioffrantmesseins,cedontilnemanquepasdeprofiter.

Je rebondis sur ses cuisses et ilme baise demanière exquise avec ses doigts. Lorsqu’ilmord fermementmon tétonetqu’il augmente lapression surmonclitoris, je jouisde façonspectaculaire.

Jeretrouvepeuàpeumesespritsetils’emparedemabouche,m’embrassantlonguementetfermement.Lorsqu’ilreculelatête,jemesensencoreplussaoule,maismaintenantc’estluiquim’enivre.

—Jeveuxqu’uncôtédemoncorpsrestepurpourmoi.Cecôtéestpourmavie,etjenele partagerai qu’avec ma femme et mes enfants. Puis, quand le moment sera venu, jepartagerailestataudemesfils,puisdeleursfils.

Mescheveuxtombentcontresesjouesquandj’appuiemonfrontcontrelesien,effleurantsaboucheaveclamienne.

—Tun’espassérieux,jechuchote.Aucunhommen’estaussialtruiste.—Mabelle,jesuisloind’êtrealtruiste,etj’ailafermeintentiondetelemontrerquand

jeferaicequejeveuxdetoncorpssublime.—Oui,s’ilteplaît.Surce,ilempoignemesfesses,mesoulèveetmeramèneàmonbungalow.

1.Personnagequ’aincarnéDwayneJohnsonlorsqu’ilétaitcatcheur.

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CHAPITRE5

La queue de Taïme laisse une sacrée impression. Hier soir, il était insatiable. Ilm’a

prise tellement de fois que ma chatte a fini par se sentir vide, incapable de ressentir laplénitudequesonsexeluiprocuraitaudébut.C’estunenuitàgraverdanslesannales.C’étaitune nuit de sexe cochon et libéré, le genre dont les femmes rêventmais qu’elles n’ont querarement.

Je souris jusqu’aux oreilles en gravissant lesmarches de la superbe villa où se déroulemonpremiershootingphotopourlacampagne«Labeauténesemesurepas».Jesuissurlepointdefrapperlorsquelaportes’ouvre,etjesuisaccueillieparunhipsterrachitique.

—Dieumerci, tues là.TuesMia,n’est-cepas?demande-t-ilenmefaisantsignedelesuivreàl’intérieur.

Jeprofitequ’ilsoitdevantmoipourobserversonapparence.Ilporteunjeanskinnynoirqui semble collé aux bâtons qui lui servent de jambes, et un t-shirt noir, méthodiquementdébraillé,quirévèlequelacirconférencedesonventrefaitlatailledemacuisse.J’aidumalàlesuivreavecmesclaquettes.

—Elleestlà,dit-illorsquenousarrivonsdansunsalon.Destêtessetournentversnous,maisriendeplus.Le salon de cette villa a été transformé en espace de travail pour le maquillage, la

coiffureetl’habillage.Desportantspleinsdemaillotsdebainetderobesdeplagesontalignésle long d’unmur, alors que celui d’en face est recouvert demiroirs et de fauteuils, commedansunsalondecoiffure.D’ailleurs,lamusiqueestlamêmeaussi.

L’hommequim’aouvert,etquines’esttoujourspasprésenté,frappeledossierd’unsiègeenmeregardant.

—Assieds-toilà.

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Je lui obéis, parce que je ne sais pas quoi faire d’autre. Je regarde par la baie vitréeouvertequidonnesuruneimmensepiscineetunjardin,oùAngeletunphotographesontentrain demettre lematériel en place en donnant des ordres aux assistants. Quand j’ai posépourAlec,nousétionssouventseuls,touslesdeux,et iln’yavaitpasgrand-choseentermesdecoiffureetdemaquillagecariln’étaitpasquestiondeçadanssonart.Ceshootingmefaitpenseràceuxdespubsque j’ai faites lorsdemabrève tentativepourdeveniractrice,avantd’êtreescort.

—JesuisRaul, tonstyliste, tonmaquilleuret toncoiffeur, les troisenun,dit-ilenmefaisantunclind’œil.

Jeregardesoncorpsmaigrichonenpriantpourqu’ilnesoitsurtoutpasnutritionnisteàses heures perdues. Sa seule couleur provient de ses cheveux violets, rasés sur le côté etgonfléspuiscoiffésenarrièresurledessus.Vulalongueurdesescheveux,jemedemandes’ilse fait parfois des mohawks. Il s’occupe d’abord de me maquiller, avec une vitesseimpressionnante,puisils’attaqueàmescheveuxetnousdiscutonsplaisamment.

Rauldonnequelquesordresàdesassistantsetunejeunefemmeincroyablementmaigrerevientavecunmaillotdebain.Illaregardedespiedsàlatête,puisdelatêteauxpieds,selècheleslèvresetlaremercie.Ellesepavaneunpeu,puiselletournelestalonspouraiderunautrestyliste.

—C’esttacopine?jedemandealorsqu’ilmetlatouchefinaleàmacoiffure.—Pasencore,mais j’y travaille.Elle est timide. Jeneveuxpas lui fairepeur,maison

sortensembleceweek-end.—Cool!jem’exclameensouriant.Il sourit à son tour, puis il gonfle mes cheveux et y met de la laque pour s’assurer

qu’aucunemèchenes’échappedesacoiffure.Ildéclarealorsqu’ilaterminé,etlorsquejemeregardedans lemiroir, j’aidumalàmereconnaître.Jeretiensmonsouffleavecuncriaigutant je suis canon ! Mes cheveux sont brillants, volumineux, et des anglaises soyeuses sebalancentdegaucheàdroitecommedesressortslorsquejetournelatête.Sonmaquillageestun chef-d’œuvre. Mes yeux verts paraissent immenses et irradient de lumière, et ma peausemble fraîchement bronzée et naturelle, sauf qu’il a fallu trenteminutes et des tonnes demaquillagepourobtenircette«beauténaturelle».

—Tuesungénie,Raul.—Jesais,répond-ilenmetendantunmaillotdebainnoirbrillant.Lehautestuntankiniquisenouedansledosetlebassenouesurleshanchesavecdes

ficellesblanches. Il est plus couvrantque lesbikinis que j’ai l’habitudedeporter, cequi estplutôtsympapourmonpremiershooting.

—Vatechangerlà-bas,aveclesautresfilles.Lorsque j’entredans lapièce, jedécouvredes femmesde toutes les formesetde toutes

lestaillesentraindesedéshabiller.Desassistantesdéambulentparmielles,mettantduspray

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surleurpeauouajustantleurmaillotdebain.Unefemmenoireavecdescourbesgénéreusesavanceversmoi.Elleporteunmaillotunepièceblancavecdeslanièresquisecroisentsurlesseins avant de descendre pour couvrir son ventre. Le tissu laisse un espace ouvert sur seshanchespuisilfinitenshortsursesfesses.Surelle,avecsonphysiqueetsapeauchocolat,lemaillotestcanon.

—Salut,jem’appelleMichelle.—Mia,jerépondsenluiserrantlamain.Jeregardeautourdemoiensouriant,etlesautresfemmesmesaluentdelamain.Michellepassesonbrasautourdemesépaules.—Écoute-moi.Lablondecanonlà-bas,quifaitunpeupétasse,c’estTaylor,dit-elle.Elle désigne une femme qui est en train de scotcher ses gros seins à sonmaillot. Ses

cheveux blonds sont magnifiques et tombent sur ses fesses généreuses. Elle doit faire duquarante-huitouduquarante-six,orelleest superbedanssonbikininoir.Taylorme faitunsignedelamain.

—Elle,c’estLindsay.C’estmapote,poursuitMichelle.Ellepointedudoigtunebrunedontlescheveuxcoupésaucarrésontplaquésenarrière,

dontleslèvressontpeintesenrougevif,etquidoitfaireunetailledemoinsqueTaylor.J’avancedans la pièce avecMichelle, quimeprésente ensuite àdes jumelles vêtuesdu

mêmemaillot,maisdecouleursdifférentes.Leurscheveuxauburnsontparcourusdemèchescaramel et sont coiffés dans des chignons complexes dont desmèches s’échappent de façonstratégique.

—Salut,disent-ellesenmêmetempsavantdegloussercommedesados.En fait, plus je les regarde, plus j’ai l’impression qu’elles sont en effet des ados avec

beaucoupdemaquillage.— Misty et Marcia sont les plus jeunes, ici, alors on prend toutes soin d’elles et on

s’assurequ’ellesne s’attirentpasd’ennuis.Onneveutpasqu’ellesdeviennent les salopesdel’île,n’est-cepaslesfilles?

Ellesgloussentdenouveau,etellesmefontpenseràMaddy.Ellessontaussiconsidéréescommedesgrandestailles,orellesdoiventfaireduquarante-deux,àpeuprès.Jenesuispasbeaucoupplusfinequ’elles.

Michellem’emmènedansuncoinetelletientmonmaillotpendantquejemedéshabille,toutencontinuantsontoposurlesmannequins.

—Lesjumellesn’ontqueseizeansetellessontlàsansleurfamille.L’agenceaengagéunchaperon pour les surveiller pendant qu’elles sont sur l’île,mais ce connard n’est jamais là.Leurpèreestcélibataireetiltravailledurpoursubveniràleursbesoins,maiscommetupeuxlevoir,ellessontcanonetellesontétéchoisiessanspasserdecasting.C’estuneoccasionenorpourellesetçavaserviràpayer leursétudesà la fac.C’est laseuleraisonpour laquelleleurpèrelesaautoriséesàvenir.

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Une foisenmaillot,uneassistantevientmemettreduspray sur les fessesaucasoù laculotte remonterait durant le shooting, et elle scotche le haut àmes seins. Ensuite, elle seversede l’huile sur lesmainset elle l’étalepartout surmoipour fairebrillermapeau,puiselle passe à Michelle qui, elle, écarte les bras et les jambes comme lors d’une fouille àl’aéroport.

Quelqu’unfrappeàlaporteetnousnoustaisonstoutesimmédiatement.—MiaetMichelle,c’estàvous!annonceunevoixtonitruante.—Quelespectaclecommence!ditMichelle.Angelestunphotographeetunêtrehumainincroyable,etjem’éclateàtravailleraveclui

pourlapubquis’appellera«YinetYang».Michelleetmoinousallongeonssurledos,tête-bêche,courbantnoscorpspourdessineruncerclealorsqu’ilnousprendenphotodedessus.Àunmomentdonné,ilnousdemandedetenirlachevilledel’autreetdenousétirerdansunepositioncompliquée.Ilnousmontrelerésultat,etjesuissurprisededécouvrirunephotoquidonneàréfléchir.

Lorsquenousavonsfini,Michelleetmoitraînonsaveclesautresfillesautourdepizzas.Cen’estprobablementpaslerepasidéalpourdesmodèles,maisMichellemefaitremarquerqu’ilyadesépinards,desartichauts,destomates,despoivronsverts,desolivesetdupouletsurlespizzas,etquecenesontquedeschosessaines.Sonexplicationnoussatisfait,etnousconcluonsquenoussommesdesmannequinsgrandetaille,detoutefaçon,etquenousavonseuceboulotgrâceànoscorps,paspourlataillequelasociétévoudraitquel’onait.

***

Jepasselesdeuxjoursquisuiventàfairedesphotosdegroupeetdesportraitsaveclesfilles.Hélas,jen’aipasleplaisirdetravailleravecTaï.Jecommenceàl’aubeetjenefinisquelorsque je ne tiens plus debout. Le mannequinat est loin d’être de tout repos. Jamais jen’auraispenséquec’étaitunboulotaussidur.C’estmarrantaudébut,jusqu’àcequeçafasseuneheurequejepointemonorteil,quejecambremapoitrineetquejeserrelesfessespournepasavoirl’aird’unestrip-teaseuse,ouquejerépètedelégersajustementsàmaposture,enplus des retouches aux cheveux et aumaquillage. J’ai une crampepermanente dans le pieddroitàforced’essayerd’imiterlepieddeBarbie– ladifférenceavecelle,entreautres,c’estquej’aidelavraiechairetdesvraisos.

Aujourd’hui, je revoisTaï, et je souris non-stop enpensant à ce corps ferme, bronzé etdélicieuxquejevaispouvoircollercontrelemien.Jepensaisquenouspasserionslajournéeàpoilchezmoi,or ilestdéterminéàmefairevisiter l’île,et jenepeuxpasdirenonàuntelguidetouristique.

Ilm’emmèned’abordauPaliLookout,nonloindeHonolulu,ausuddel’île,oùl’onpeutprofiter d’une vue panoramique de la côte d’Oahu. Le vent est si puissant, en haut de la

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montagne, que Taï finit par me donner sa casquette pour empêcher mes cheveux de nousfouetterlevisageàtouslesdeux.

—C’estgénial,non?dit-ilenregardantlavuemagique.—C’estsuperbe.Jamaisjenel’oublierai.J’apprends que c’est là qu’a eu lieu une des batailles les plus meurtrières de l’histoire

d’Hawaï.Alorsqu’ilsdéfendaientOahucontreKamehameha Ier,presquequatre cents soldatsontétéprisaupiègedanscettevalléeetilsontfiniparêtrepousséspar-dessuslafalaise.

—C’esttellementtriste,jedisalorsquenousretournonsàsavoiture.Taïreprendsacasquette,etmescheveuxretombentencascadedansmondos.—Siça,çat’arenduetriste,onvapeut-êtreéviterPearlHarbor.—Bonneidée.—Tuasfaim?—Oui!—Tuaimeslabièrehawaïenne?—Est-cequ’ilyadesgensquin’aimentpas?Il m’emmène à la Kona Brewing Company, une brasserie située dans un centre

commercial,cequimefaitpenserqueçanevapasêtreaussibonqueTaïledit.Cependant,jesuisravied’avoireutort.

Noussuivonslaserveuseàtraversunrestaurantlambdajusqu’àl’arrière,oùuneterrassesurplombelabaieetleportdeplaisance.Taïm’expliquequelesgenspeuventamarrerleursbateauxenbasetgravirlesescaliersentrelesrocherspourvenirdîner.Lavueestaussibellequ’àPaliLookout,maistrèsdifférente.Ellen’offrepaslemêmepanorama,puisquedechaquecôtédurestaurants’étendunechaînedemontagnes.Deséclatsdevert,jaune,marron,violet,bleu et toutes les autres couleurs de l’arc-en-ciel donnent au paysage un air de tableauimpressionniste.Jecomprends,àprésent,pourquoitantdegensontpeintcesmontagnes,ilsontvoulutransmettrelesentimentdepaixqu’ellesinspirent.

Nouscommandonsunebièreetdiscutonsdelaviesurl’île,delaculturesamoane,maisaussidemavieenCalifornie,du surf etde l’avenir.Taïboitunebièreblondequi s’appelleTheBigWave1 etmoiunebière fruitée, laCastaway 2. Étrangement, lesnomsdenosbièressemblent coller à la réalité de nos vies. Je suis comme une naufragée qui flotte dans ladirectionqueluiimposelecourant,s’échouanticioulà,etTaïestconstammentenrecherchedelagrandevaguequicompléterasavie.Secrètement,jecroisqu’ilnesesentiraentierquelorsqu’ilchoisiraunepartenaire,maispour lemoisàvenir, jesuiscontented’être la femmedesavie.

— Bon, tu es allée au belvédère, tu as goûté à la bière et à la nourriture locale, quedirais-tudenourrirtonâme,àprésent?

—Monâme?Tucroisquetupeuxnourrirmonâme?

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Ilsouritjusqu’auxoreillesetnousremontonsenvoiture.Nousroulonspendantplusd’unedemi-heure,mais le trajet ne semble durer que quelquesminutes tant jemeperds dans lespaysagesquidéfilentàtraverslavitre.

Nous suivons un panneau pour la Valley of the TemplesMemorial Park, le long d’uneroutequitraverseuncimetière.Cependant,celan’arienàvoiraveclestombesenbétonfroidetlesplaquesdebronzequenousvoyonsauxÉtats-Unis.Ici,degrandscarrésenmarbrenoirs’érigentà laverticaleavecdesgravuresdorées, ils ressemblentàdessentinellesprotégeantlesmortscouchésàleurspieds,prouvantlavénérationqu’ontlesHawaïenspourleursmorts.Alorsquelelieudevraittristeetfroid,jesuisprised’unsentimentdecompassionetd’amourpourcesgensquipartagentavecmoil’endroitoùilssontvenusreposerenpaix.

Taïsegaresurunparkingetnousdescendonsdevoiture.Ilmetientlamainetmeguidesurlecheminquimèneàunepetitegrottedécoupéedanslamontagnedanslaquellesedresseuntemplerouged’architecturejaponaise.

—Voici le Byodo-In Temple, chuchote-t-il. C’est un temple bouddhiste, où les gens detoutes les fois sont les bienvenus pour venir prier, méditer ou simplement profiter del’environnement.Viens,ilfautquetulevoiesdeplusprès.

Je suis tellement surprise et fascinée que Taï doitme tirer par lamain. Le temple estnichéaupieddel’immensemontagne.D’uncôtésedéploieuneforêtdebambous,del’autrelecimetière.C’estl’endroitleplusbeauquej’aivudetoutemavie,maisjen’aipaslesmotspourexpliquerlesentimentdeplénitudequienvahitmonespritetmonâme.Laquiétudeetl’humanitéquirègnentencelieuremplissentmesyeuxdelarmes.

—Jen’aijamaisvuunechosepareille,jedisenmetournantversTaï,quisebaissepourm’embrassertendrement.

—Tantmieux,parcequetun’aspasvulemeilleur.Nousparcourons lessentiersbordésd’arbresauxbranchesbassesennousarrêtantpour

admirerlescarpeskoïsdanslesnombreuxbassins.Prèsdel’entréedutemplesontsuspenduesuneclochegéanteetunebûche.Quandjedisunebûche, jeveuxparlerd’untronçond’arbrequi est attaché au plafond par deux cordes. L’idée est que les visiteurs tirent la bûche enarrièrepoursonnerlacloche.Bienévidemment,jenepeuxm’empêcherd’essayer.Toutefois,j’aisipeudeforcequeletroncbougeàpeine,effleuranttoutjustelacloche.

—Attendsuneseconde,frangine,ditTaï.IldonnesontéléphoneàuncoupledeJaponaisquiattendentleurtouraveclacloche,et

l’homme se prépare à prendre la photo. Taï passe son bras sur mon ventre, attrapantégalementlacorde,puisilnoustiretouteslesdeuxavecsaforcesurhumaine.Letroncd’arbrereculeets’écrasesurlaclocheavecundongassourdissantavantderebondiretdelafrapperdenouveau,unpeumoinsfort,etderecommencerunetroisièmefois.

Jesautillesurplaceenfrappantdansmesmains,puisjemejettesurTaïpourl’embrasserlangoureusementenguisederemerciement.Ilmeserredanssesbrasetdévoremaboucheen

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suçant ma langue comme s’il essayait d’avaler toute ma joie. Quelqu’un se racle la gorgederrièrenousetjevoislafemmejaponaiseleverlespoucesderrièreledosdesonmari.Jemecouvrelaboucheenfaisantdemonmieuxpournepasm’esclaffer.

Taïremerciel’hommeetrangesontéléphonedanssapoche.Ilreprendmamainetnousgravissons les marches jusqu’à la porte d’entrée. Taï enlève ses chaussures et je l’imite,m’accrochant au dos de son t-shirt dans la pénombre. Je n’entends personne d’autre àl’intérieurdutemple.Nousavançonsjusqu’àuneimmensestatuedeBouddhadetroismètresdehaut,assisdansuneposeméditativesurunefleurdelotus.

—C’est laplusgrande statuedeBouddhaendehorsduJapon,expliqueTaï.ElleaétésculptéeparMasuzoInui,unartistecélèbre.J’aimequ’ilsoitassisdansunefleurdelotus.

— Pourquoi est-elle dorée ? je demande en balayant la statue du regard, essayant degraverlemoindredétaildansmamémoire.

—Pourmettreenvaleursabeauté.Elleestcouvertedetroiscouchesdepeintured’or,puisd’unecouchedefeuillesd’or.Tuvoistouteslessilhouettesquil’entourent?demande-t-ilenlesdésignant.

Jehochelatête,essayantdem’approcherautantquepossiblesansdépasserlacorde.—Ilyacinquante-deuxBoddhisattvas 3autourdelui,desêtres«illuminés»quiflottent

surdesnuages,jouentdelamusiqueoudansent.IlsreprésententlacultureFujiwara 4.Lorsque la leçon d’histoire est finie, nous allumons des bâtons d’encens que nous

déposonsaupieddelastatue.— Maintenant, fais une prière ou un vœu, ou envoie de la lumière et de l’amour à

quelqu’unquienabesoin,selontoi.Taïs’assiedentailleurdevantlastatue,etencoreunefois,jel’imite.Ilpressesespaumes

demainl’unecontrel’autreetlesrapprochedesontorse,commepouruneprière.Ensuite,ilfermelesyeuxetbaisselatête.Jefermeégalementlesyeuxetbaisselatête,maisaulieudechoisirentreprier,faireunvœuouenvoyerdel’amour,jefaislestrois.

Jet’ensupplie,Dieu,nelaissepasmourirmonpère.JesouhaitequeMaddyobtiennetoutcequ’elleveutdanslavie.Bouddha, jevoudraisenvoyerde la lumièreetde l’amouràWes,pourqu’ilne se senteplus

jamaisseullorsqu’ilestdansunepiècerempliedegens.

1.LaGrandeVague.

2.LaNaufragée.

3.Danslareligionbouddhiste,êtreshumainsoudivinscherchantàatteindre« l’éveil »etàdevenirBouddhasàleurtour.

4.FamilledenoblessejaponaisedontdenombreuxdescendantsontétérégentsdesempereursduVIIIeauXII

e siècle.

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CHAPITRE6

Taï passe le reste de la soirée à me promener autour de l’île. Nous nous arrêtons à

North Shore pourmangermexicain, et je découvre que cela n’a rien à voir avec ce que jemangedansmonrestomexicainhabituelenCalifornie.Cependant,laseulechosequicompteestquelesplatssontchaudsetépicés,carc’estcedontj’aibesoinaprèsunesoiréeàregarderlesplagesdéfiler sousmesyeux.Jepasse lamainpar lavitreet je joueunmomentavec levent, pendant que Taï tientmamain gauche en conduisant.Une doucemusique hawaïennepasseàlaradio,dontlamélodiem’apaise,mêmesijenecomprendspaslesparoles.

—Quandpenses-tumettrefinàtaviedecélibataire?jedemande.Ilpenchelatêtesurlecôtéetseslèvressepincent.—J’enrêvetouslessoirs,maisjen’aipasderéponse,déclare-t-ilavecunvisageinquiet

quimeditquec’estunsujetquiletravailleénormément.Taïestundeceshommesqu’une femmepourraitdéciderd’épouser toutde suiteaprès

l’avoir rencontré. Entre nous, il n’est question que de sexe et d’amitié, pas d’amour etd’engagement,orjesaisquec’estcetengagementqueTaïdésireavecunefemme.

—Quedittamère?jedemandeenserrantplusfortsamain.Tuasditqu’ellevoyaitlefutur.Quantàcequ’elleaditsurmoi,ehbien…j’espèrequ’ellearaison.

—Tinaditquejerencontreraimapartenairequandjenem’yattendraipas,soupire-t-ilenbaissantlatêtetimidement.

Illarelèvelentementetmeregardeavecdesyeuxpleinsd’admiration.—Audébut,j’aipenséquec’étaitpeut-êtretoi.Jesecouevivementlatête.—Jesais,jesais.Noussommesfaitspourêtreamis.Detoutefaçon,Tinaseseraitjetée

sur toi si tuavaisété la femmedemavie. Je suis frustréd’attendre. J’ai l’impressiondene

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vivrequ’unemoitiédeviealorsquel’autreestseuledanslanature,sansmoi.MonDieu,cethommeestunsaintet ilmérited’obtenir toutcequ’ilsouhaite.Lesgens

aussigentilsquelui,aussibonsetquiviennentdefamillesaussisolidess’ensortenttoujours.—Tulatrouveras,j’ensuissûre.—Tinam’adonnéquelquesindices,enfait.J’écarquillelesyeuxetjemetournedansmonsiègepourmieuxlevoir.—Dis-moitout!jem’exclameenluimettantunpetitcoupdepoingdanslebras.Ilrit!—Allez,qu’aditMesinasurl’amourdetavie?Ilfrottesamainsursoncrâne.—Elle adit que ses yeuxauraient la couleurde l’herbe fraîchement tondueetque ses

cheveuxseraientdoréscommelesoleil.—Alors,onchercheuneblondeauxyeuxverts?C’estgénial!jedisenriant.—Ouais,maisçaveutdirequ’elleneserapashawaïenne,dit-ilenfronçantlessourcils,

cequemafamilleauradumalàaccepter.Jecaressesonépauleetjemerapprochepourm’appuyercontrelui.—L’amoursincèrel’emportetoujours,jeréponds.Jecroissimplementqu’ilfautaffronter

lesépreuvesetréussirlestestspourparveniràsafinheureuse.—Tucrois?—Jelesais,jerépondsensouriantetenembrassantsonépaule.—Enattendant, jecompteprofiterunmaximumdelabellebrunequivientde laterre

ferme,grogne-t-ilenremontantsamainentremescuisses.—Çamesembleuneexcellenteidée,jerépondsd’unevoixpleinededésir.

***

AulieudetournerversHonoluluetlaplageDiamondHeadoùsontnosbungalows,Taïtourneàgauchesuruneroutesinueusequiserpenteàtraverslesboisetsemblenousmenerenhautdelacolline.

—Onvaoù?—Tuverras.Fais-moiconfiance,répond-il.Jeboudeenfronçantlessourcils.—Eh,oùestpassétonbeausourire,frangine?—Tuleverraissionétaitàlamaisonentraindebaiser,jerétorque.—Crois-moi,çaenvautlapeine,répond-ilalorsquesonregards’embrase.— Ce serait mieux qu’un orgasme signé Taï Niko ? J’en doute, je grommelle d’un ton

enjoué.

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Ça fait plusieurs jours que je n’en ai pas eu et je commence à être sérieusement enmanque.

TaïfinitparsegarerdansunpréoùlesseuleslumièresproviennentdeHonoluluetdelalune. La vue est époustouflante, comme partout àOahu, et je dois reconnaître qu’elle vautlargement le détour quenous avons fait. Taï étendune serviette deplagedans l’herbe et ilm’assieddessusavantderetourneràlavoiturepourbaisserlesvitresetaugmenterlevolumede lamusiquehawaïenne.Lanuit est chaudeethumide,maispasaupointque jeme sentevisqueuse.Lorsqu’ilrevient,Taïtientunebouteilledechampagnedanslesmains.

—D’oùtusorsça?jedemande.—Lesvraishommesontdessecretsqu’ilsnepartagentpasavecleurfemme.J’éclatederireenprenantleminusculegobeletencartonqu’ilmetend.—Alors,jesuistafemme?Commel’aditsamère,Taïnepeutpascraquerpourmoi,etjenepeuxpascraquerpour

lui.Notrerelationestfunetamicaleetellenepeutpasallerau-delà.— Eh bien, pendant les dix-sept prochains jours, oui. Ensuite, ce sera à un autre

malheureuxdetesupporter.—Espèced’enfoiré!jem’exclameenriant.—Tusaisbienquejeplaisante,répond-il.Nousrestonsàboireduchampagneunmoment, jusqu’àcequejesoisunpeupompette

etdésinhibée,commetoujoursaveclechampagne.Ducoindel’œil,jeregardeTaï,plussobrequemoipuisqu’il vadevoir conduireau retour,àmoitiéallongé,appuyé sur sesavant-bras,admirant lavue.Jemetournedecôtéet j’effleuresamâchoireduboutdudoigt, lui faisanttournerlatête.

Je lèchemes lèvresencaressant les siennes,et leboutdesa languesortpourmouillermondoigt.Illemord,etjeretiensmonsouffle.Jenesavaispasqu’undoigtpouvaitêtreaussisensible,orc’estcommesisaboucheétaitsurmonclitoris.Ilcontinuedelesuceretjesensmaculottedevenirdeplus enplusmouillée. Je refermemes jambeset je serremes cuissespourexercerunepressionàl’endroitoùjedésiretantlesentir.

—Tafleurestmûre,ditTaïenpromenantunemainsurmesseins.Ilsoulèvemajupe,etsesdoigtsseruentsurmonclito,tournantautouravantdeplonger

entremeslèvres,etjem’allongesurledosalorsqu’ilmefouilledesamainexperte.—Jesenstonnectar,frangine,susurre-t-ilenajoutantundoigt.Jepeuxlegoûter?Ici,

enpleinenature?Jehochevivementlatêteenagrippantsesépaules.—Oui,jet’ensupplie,jegémisquandilrajouteuntroisièmedoigtentremesjambes.—Etsi jetedéshabillaiscomplètementetquejetebaisaisici?Ont’adéjàprisesurle

capotd’unevoiture,Mia?—Seulementsurunemoto,jerépondsd’unevoixtremblanteensecouantlatête.

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Jepenchelatêteenarrièrequandilaccélèrelemouvementdesesdoigts.—Ahbon?Tumeraconterasçaplustard,grogne-t-il.Ilretiresamainpourmemettredeboutdevantlavoiture,puisilbaissemaculotteetla

rangedanssapoche.Ilpassemont-shirtpar-dessusmatête,j’enlèvesachemisepoursentirsapeau parfaite sur mes tétons pointus, et je plaque violemment ma bouche sur la sienne.Cependant, ilromptlebaiserpourmefairereculeretmesouleversurlecapotencoretièdedelavoiture.

—Allonge-toi.JeveuxtevoirallongéeàpoilsurlecapotdemaJeep.Jeluiobéis,brûlantededésir,impatientequ’ilmetouche…n’importeoù.—Occupe-toidetesseins,moi jemechargedeta fleuretdetonnectarquicouledéjà

entretesfesses.MonDieu,sesparolesonttoujourspoureffetdem’exciterdavantage,etlespulsationsde

monclitoriss’intensifient.Jem’emparedemes seins, je les palpe lentement et je suis sur le point de pincermes

tétons quandTaï plonge sa langue enmoi. Il grogne et je gémis, et jeme dis qu’à tous lesdeux,nouspourrionspasserpourunemeuted’animauxsauvagesentraindesebattredanslaforêt.LorsqueTaïfaituncunni,c’estcommes’ilgoûtaitauplussavoureuxdesdessertspourlapremièrefoisdesavie.Illèche,ilsuce,ilmord,etilappuiepartoutoùilfaut.Ilplaqueseslèvrescharnuessurmonclitorisetiltournesalangueautourtoutenécartantdavantagemesjambes. Il lève ses yeux noirs et nos regards se croisent. Il serre fortmes cuisses, ouvre laboucheetposesalangueàplatsurmonboutondechairpourlefrotter.Jegémisetlesupplieduregarddemefairejouir.J’essaiedesoulevermonbassin,maisjesuisàsamerci.Lorsquesabouchemequitteuneseconde,jesuisàdeuxdoigtsdepleurer.Leslarmesmemontentauxyeux et mon corps se met à trembler sous la pression qui s’accumulait et qui n’a plusd’échappatoire.

—Nefermepaslesyeux.Regarde-moitefairejouir,grogne-t-il.Il suffit d’un dernier coup de langue pour que je me contracte des orteils aux épaules

tandisqu’unorgasmepuissantparcourtmesveines.Jenepeuxplusbouger.Sesmainsvirilesetexpertesont immobilisémes jambes.Auboutd’unmoment, jenepeuxplussupporterdejouir ainsi et je pose mes mains sur sa tête pour le repousser. Ses lèvres quittent monbourgeon rouge et enflé comme une cerise bienmûre. Je n’ai pas la force de le repousserdavantage,maisTaïdécided’enfoncersalanguedansmachatte.Ilneperdpasunegouttedemonessence,s’acharnantàtoutavaler,jusqu’àcequejesoisdenouveausurlepointdejouir.Il décide alors de reculer pour enlever son short, laissant surgir sa queue qui sembledouloureusement gonflée. Je me redresse pour la prendre dans ma bouche et lui renvoyerl’ascenseur,maisilsecouelatête.Ilmetendunecapote,quej’ouvreaveclesdentsavantdeladéroulersursonénormeverge.

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Taï saisitmes genoux et les ramène brusquement sur ses pectoraux, si fort que je doisplaquermespaumessurlecapotpourtenirassise.Ilpositionnesonsexesurlemien,puisilmepénètre violemment,m’arrachantun cri strident.Cethommeest véritablement énorme.Quelquessecondesplustard,iltientplusfortmesgenouxpourallerplusprofondencore,etjem’accrocheautantquepossibleàsesépaulesetàsoncou.

Soudain,ilseretireetilmeretournepourquejesoisagenouilléesurlecapot.J’allongemon torse sur la tôleet jem’accrocheauniveaudesessuie-glacesalorsqu’il tiremes fessesverslui.Ilécartemeslèvres,puisilmetranspercedenouveau,atteignantdespointsdemonvaginrestésviergesjusque-là.

—Jeveux laisserma traceen toipourquemaqueue temanquequand tupartiras, tum’entends,frangine?

—Oui,jegémis.Songlandexplorelemoindrerecoindemonsexe,etdesfrissonsdeplaisirseprécipitent

dansmesveines,parcourantmoncorpsdansunecourseeffrénéetandisquelesparoisdemachattecommencentàsecontracter.

—Mabitetemanquera?—Putainoui.Baise-moi,Taï!jem’écrie.Il ramènemon bassin à lui et jem’accroche de toutesmes forces au capot. Il garde le

mêmerythmeenragétoutenposantsonpiedsurlepare-chocsdelaJeep.Samaindescendàl’endroitoùnoscorpsserejoignentetilmassemonclitoris.Quelquessecondessuffisentpourmefairejouirdenouveauaveclamêmeintensité.

Je m’élève et m’envole, légère comme la brise, alors que quelque part sur terre, Taïcontinuedemeprendre commeune rock star,mepunaisant au capotde sa Jeep jusqu’à cequ’iljouisseluiaussidansunrugissementassourdissant.

***

Lorsque je me réveille le lendemain, je ne me souviens pas du trajet du retour ni dem’êtrecouchéedansmonlit.CommeTaïl’aannoncé,monminouestdouloureuxetsensibleau toucher. Mêmema culotte irrite ce qu’il appellerait mes « pétales ». Je souris sous ladouche, laissant l’eau chaudeapaisermapeau.Toutefois, lorsque je baisse la tête, un juronm’échappe. Quatre petits bleus ronds, de la taille d’une pièce de dix centimes, décorent ledevantdemescuisses,etundernierunpeuplusgroslesimiteàl’arrière.

Bordeldemerde.Commentjesuiscenséeexpliquerçaàundesignerdemaillotsdebain?«EuhsalutAngel,j’aibaiséàcielouvert,enhautd’unemontagne,surlecapotd’unevoiture,hier soir.Et… tu sais, leSamoangéantque tuasembauché?Ehbien, lesbleus sontde safauteparcequ’ils’estunpeuemballéenbroutantmonminou.»

Jevaismefairevirer.

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Lorsque j’arrive au shooting qui, heureusement, se déroule sur la plage près de nosbungalows,jenemesuispasencorecalmée.Taïsouritjusqu’auxoreillesquandilmevoit.

—Salutfrangine,tuasl’air…Il ne termine pas sa phrase car je le fusille du regard. Je pose mon sac à main et je

l’ignore.Jesaisquec’estuneattitudepuérile,maisj’aitrophontedecequiestsurlepointdesepasser.Jen’aivraimentpashâted’expliqueràAngelD’Amico,cetextraordinairedesignerquetoutlemondes’arrache,qu’ilvadevoirretouchersesphotosdemoipourcacherlesbleussurmescuisses.Taïposesamainénormesurmonépaule,quej’enlèvebrusquementavantdeluilancerunnouveauregardassassin.

—Que s’est-il passé entre le moment où je t’ai couchée et maintenant ? demande-t-ild’unevoixinquiète.

—Cequis’estpassé?C’est toi !Avectesgrossesmains ! j’aboieensoulevantmarobepourluimontrerlesdixtracesdedoigtssurmapeau.

Jelèvelatête,m’attendantàlevoirpleinderemords,orilsecouvrelabouche,essayantdecachersonrire.

—Tutefousdemoi?jechuchote,indignée.Jesuis follederage,mais jeveuxresterprofessionnelle, jeneveuxpasêtrecettenana

quifaitdesscandalesàsesshootings.Raulapparaîtànoscôtés,vêtuentièrementdeblanccettefois-ci.J’aiapprisqu’iln’était

pas gothique, en fin de compte. C’est simplement que lorsqu’il choisit une couleur pour lajournée, il laportedespiedsà la tête.Aujourd’hui, c’est leblanc.MêmesesConverses sontdanslethème.Lescheveux,eux,restentviolets,quelquesoitlejour.

—Quelestleproblème?—Rien,jerépondsendévisageantTaï.—Elleadesbleussurlescuisses,admetlecoupable.Si j’avaiseuuncouteauàportéedemain, jecroisque je le luiauraisplantédans l’œil,

maislespinceauxàmaquillagenesontpasunmauvaisplanB.—Ons’estunpeuemballéshiersoir,situvoiscequejeveuxdire,poursuit-ilenprenant

Raulparl’épaule.Tucroisquetupeuxréparerça?—Faites-moivoir,répondlestyliste.Je lève les yeux au ciel en remontantma robe. Raul s’agenouille, tientmes jambes et

regardemesbleusdeprès.—Ilmefautdixpetitescuillèresaucongélateur.Toutdesuite !crie-t-ilpar-dessusson

épaule.— Jem’en occupe ! s’écrie la nana avec qui il sort depuis dix jours en se levant d’un

bond.—Net’enfaispas,mabelle,ditRaul.Jevaiséclaircirlesbleusaveclescuillèresfroides,

puisjevaislescacher.

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—Oh,Dieumerci.J’auraisdétestéqu’Angeldoiveretoucherlesphotos.LeregarddeRauldevientnoirtandisqu’ilserelève.—Mabelle,AngelD’Amiconeretoucheraitpaspluslaphotod’unmannequinportantun

de ses maillots qu’il ne tromperait sa superbe femme. C’est un artiste, avant tout. Il necorrigeraitjamaissesphotos.C’estimportantpourluiquelaphotosoitoriginale.

—Ah, ok.Mais tu peuxm’aider, n’est-ce pas ? je lui demande en lui faisantmon plusbeauregard.

Ilm’inviteàm’asseoirdansunfauteuil.—Pourtoi,jeferaisn’importequoi,répond-ilensouriant.—MerciRaul,jedisenmerelevantpourl’embrassersurlajoue.—Etmoi?C’estmoiquiluiaidemandé,râleTaïdansmondos.Jegrimaceetrejettemescheveuxpar-dessusmonépaule.—Ouais,maisc’esttoiquit’esacharnésurmescuissesavectesmainsdeCroMagnon!Taïaenfinl’airdésolé,maisçanedurequ’uneseconde.—Tusais, jen’aiaucunremords.D’ailleurs, si j’enavais l’occasion, je recommencerais.

Tuvasmedirequeturegrettescequis’estpasséhiersoir?Quandt’étaisàpoilsurlecapotdemavoiture,lesseinsàl’air,mouilléecomme…

— Putain… grogne Raul en s’immobilisant, tenant un peigne au-dessus de ma tête, leregardvoiléetlesjoueslégèrementroses.

—Merde,j’aioubliéquetuétaislà,s’excuseTaïd’unevoixsincère,cettefois-ci.—Euh,cen’estrien.Etsitumedisaisplutôtoùtut’esgaré?demandeRaul.—Biensûr,mec,onenreparleplustard.Onsevoitdansl’eau,medit-il.Aujourd’hui,on

faitlapubdescouplessexyquisetrifouillentsurlaplage,dit-ilenjouantdessourcils.—Tuessérieux?—Absolument.Jevaispouvoirtetripotertoutelajournée.—Ceneserapasunepremière,jerouspète.—Etceneserapasnonplusunedernière,frangine.

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CHAPITRE7

Angel D’Amico est un génie. Grâce à lui, Taï et moi avons l’air d’un couple qui est

ensembledepuisdesannées.Lalumière,ledécoretlesmaillotsdebainsonttoutsimplementcanon.Avecsesmodèles,dontjesuislaplusfine,puisquelesautresfontduquarante-deuxaucinquante, il présente au monde une nouvelle façon pour les femmes de voir leur corps.Touteslesmannequinsontdesformesgénéreusesdontellessontfières,etellesontraisondel’être.Cesontdesfemmessuperbesavecdevraiscorpsdefemmes.

—Allez les filles, rapprochez-vousdubeaugosse, ditAngel.Taï, poseunemain sur lafessedeTayloretl’autresurlahanchedeMichelle.Mia,mabelle,turestessurlecôtéettulesregardesd’unair…commentdire…dégoûté.

Rosa,safemme,positionneTayloretMichellecommeleveutAngel.—Miachérie,viensici.Metstesmainssurteshanches,voilà.Tulesregardesavecunair

digne,superbe,maisencolère.MarciaetMisty,venezici,mespoussins.Lesjumellesarriventencourant,leurscheveuxauburnvolantderrièreelles.—Oh,si,si,jevois,monamour.Jevois!Tuesungénie,tuméritesquejemeprosterne

devanttoi,ditAngelàsafemme.—Quandneteprosternes-tupasàmespieds,monamour?répond-elleensouriant.Ilposeunemainsursoncœuret,pendantplusieursminutes,regardesafemmeavecdes

yeuxpleinsd’amour.—Autravail,luidit-elleenrecoiffantlesjumelles.—Si,si.Donc,Taï, tu t’es faitprendre lamaindans le sac.Mais tu regardes les jeunes

fillesaussi,etMissMiatesurprend.D’accord?TaïhochelatêteetempoigneMichelleetTaylor.Unéclatdejalousiesaisitsoudainmes

entrailleslorsquejelevoisplantersesonglesdansleurchair.Touteslesfemmesprennentla

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poseetjem’exécuteégalement.Jen’aiaucunmalàavoirl’airencolère,tirantmafrustrationdes bleus laissés par Taï, du sentiment d’impuissance vis-à-vis de mon père et de monirritationàavoirvuencoreunautremagazinemontrantWesetGinaentraindes’embrasser.«Cen’est pas sérieux » – monœil, oui ! J’ai pris lemagazine enphotopour les regarderchaquefoisquejemesenslégèrementcoupable.

—C’estbien,Mia,tuprojettesbeaucoupdecolèreetdefrustration,ditAngelenprenantdixphotosparseconde.

Soudain, Taï improvise et s’éloigne des autresmannequins qui ont l’air surprises, et iltombeàgenouxdevantmoi.

—Si,Taï,perfetto!Ilsepenchepourembrassermacuisse,puisilsaisitmeshanchesetlèvelatêteversmoi

comme s’il était sincèrement désolé. Je caresse sa tête et il sourit, confiant de m’avoirreconquise, mais je repousse ses épaules pour le faire tomber sur les fesses. Je me tourneensuitefaceàlacaméra,jemedéhancheetjefaisunclind’œilàl’objectif.

Angeléclatederireenlaissanttomberlatêteenarrière.—C’esttrop!Celle-làserapourlebêtisier!Tout lemonde suit son exemple et, lorsque nous recouvrons notre sérieux, nous nous

remettons au boulot. C’est une belle journée de travail. Bien évidemment, Taï etmoi nousrabibochons grâce au travail d’équipe et à la bonne humeur ambiante. Nous partons maindans lamain sur la plage pour regagner nos bungalows.Demain,ma sœur etmameilleureamiearrivent.J’aihâte.

***

Letaxis’arrêtedevantmonbungalow,oùTaïetmoiattendons,assissurleseuil.Jemelèved’unbondquandGinelleouvrelaportière.Ellecourtversmoi,puisellesejettedansmesbras,nousfaisanttombertouteslesdeuxdansl’herbe.

—Espècedegarce!Jen’arrivepasàcroirequetuvisauparadissansmoidepuistoutcetemps!Maisjesuislàmaintenant,masalope!

Elle couvremonvisagedebaisers et j’entendsMadsglousserderrièrenous.DeuxpiedsbronzésetunmolletcouvertdetatouagesapparaissentdanslechampdevisiondeGinelle,etellelèvelatête,encoreetencore.

— JésusMarie Joseph. D’où vient cette belle bête ? Bon sang ! C’est ton client ? medemande-t-elle.

Jesecouelatête,etelleregardedenouveauTaï.—J’espèrequetutetapescedemi-dieu,poursuit-elled’unairtrèssérieux.Jehochevivementlatête.—Alors,jen’aiaucunechancedeglissersurcettevaguehawaïenne,moi?

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Taïritsifortquejesuissurprisedenepasvoirlespalmierstremblerautourdenous.Jesecouelatêteenfronçantlessourcils.—C’esttoiquiastouslesmecs,c’estinjuste!rouspète-t-elleavantdeselever.—Aloha,ditTaïenluitendantlamain.TudoisêtreGinelle.—Tuasparlédemoi?répond-elleenm’interrogeantduregard.Enbien,j’espère!—Je l’ai surtoutmisengarde, jedisenprenant lamaindeTaïpourqu’ilm’aideàme

lever.Aussitôtdebout,jemetsuncoupdehancheàGinpouratteindremonadorablesœur.—VoiciMadison,Maddy.Mapetitesœur,etlafiertédemavie.Maddy,voiciTaï.Maddysouritjusqu’auxoreillesenrougissant.—Tuvois?Qu’est-cequejet’avaisdit,Taï?jedisendésignantlevisagedemasœur.—Laplusbellefilledumonde,répond-il.Aloha,Madison.—Exactement!jem’exclameenl’attirantdansmesbras.Commenttuvas,sœurette?Jereculepourétudiercesyeuxvertsquiressemblenttantauxmienset jesuissatisfaite

devoirqu’ilsontl’airheureux.— Je vais bien. Super-bien,même si jem’inquiète pour papa, il n’a personne pendant

qu’onestici.MaisMattetsafamillevontpasserlevoir.Bien évidemment, parce que c’est la meilleure famille de l’univers. J’ai envie de les

détester tant ils sontparfaits,mais commemasœurva rejoindre leurcland’icideuxans, jedoisêtreindulgente.Parailleurs,jenepeuxpasleurreprocherd’êtredesgensbien,si?

—C’estgentildeleurpart,jedisenlaprenantparlataille.Est-cequ’ilyadunouveau?MaddyfaitnondelatêtealorsqueTaïprendleurssacs,tousleurssacs.Enunefois.Des

frissonsdedésirmeparcourentàlavuedesavirilitéetdesaforce.Jemelècheleslèvresenadmirantsonsuperbedosquandilnousprécèdedansmonbungalow.

—J’aimeraisquepapaseréveille,admetMaddyens’asseyantsuruntabouretdebar.Je fais le tourde lacuisine, sortant tout l’alcoolet les jusde fruit,ainsique lemixeur,

carlesvacancessontsynonymesdecocktails.—Est-ceque lesmédecins saventpourquoicen’estpas lecas?Soncorpsestpourtant

guéri.Ginécarquillelesyeuxdevanttoutl’alcoolàdisposition.— Les toubibs disent qu’il se réveillera quand son corps l’aura décidé. Mais ils disent

qu’avecletraumatismecrânienqu’ilaeu,onnedoitpassefairetropd’espoir.—Jesuisdésoléelesfilles,ditGinelle.Jesaisquevousangoissez.Maddyse lèvebrusquementpourouvrir labaievitrée,et labriseocéaniques’engouffre

danslapièce,chassantlamauvaiseambiance.Çavamemanquerquandjeseraipartie.J’étudie les possibilités de cocktails et je choisis mes ingrédients. Ayant bossé comme

serveuseetbarmaidpendantquelquesannées,jem’yconnais.J’attrapelavodkaaucitron,leschnapsà lapêche, le triplesec,puis les jusd’orange,d’ananasetdecitronvert.Jeremplis

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quatreverresdeglaçonssousleregarddeTaï,appuyésurlebar,lesbrascroiséssursontorsemassif,unairattentifsurlevisage.Ginelleneseprivepasdelemater,cequinesemblepasledéranger,avecuncorpscommelesienetlesmétiersqu’ilfait,ildoitêtrehabituéàsefairereluquer.

—Gin,sansrire,arrêtedeledévorerdesyeux!Elle fait la moue et regarde ailleurs, mais deux secondes plus tard, ses yeux sont de

nouveausurmonbeauSamoan,attiréscommepardesaimants.—Gin!jem’exclamelorsqu’elleselècheleslèvres.Ellefermelesyeuxetappuiesesdoigtssursespaupières.—Désolée,jesuisdésolée!C’estjustequeçafaitlongtempsquejen’aipasvuunsibel

homme.Tuesvraimentcanon,Taï.Ilbaisseunpeulatêteensouriant.— Tu n’es mal non plus, minus, dit-il d’une voix si basse et sexy que je mouille ma

culotte.QuantàGin,ellesembleseliquéfier,d’ailleursellefaitsemblantdetomberenpâmoison

etjemetsuncoupdecoudedanslescôtesdeTaï.—Aïe!Qu’est-cequej’aifait?s’exclame-t-il.—Tul’encourages!jerépondsenlefusillantduregard.Iléclatederirealorsque je finisdepréparernoscocktails,puis je lesdistribueetnous

levonstousnosverrespourtrinquer.—Aufun,ausoleil…etàHawaï!jeclameavantdetrinqueretdeboireunegorgée.—Vousêtesprêtespourlaplage?demandeTaï.—Ahoui, les filles, il y a desmaillots de bain pour tout lemondedansma chambre.

Vousallezêtrefollesquandvousallezvoirtoutcequej’aicollectéauboulot!MaddyetGinpoussentdescrisstridentsetellespartentencourantdanslachambre.—Tuvasvraimentleurdonnerlesmaillotsqu’ellesveulent?Ilssonthautecouture, ils

valentsansdoutequelquescentainesdedollarschacun.—Etalors.J’aimecesfillesplusquetout,etsurtoutplusquel’argentetlesfringuesde

luxe.Ilfautpartagersesrichesses,n’est-cepas?jedis,parcequec’estjustementcequ’ilfaitavecsafamille.

Aufonddupetitcouloir, j’entendslescrisdejoiedemasœuretdemameilleureamie.Cependant, cela semble vite déraper en bataille de chiffonnières commeentrede véritablessœurs.

—Tuestropgrandepourcelui-là!—Tais-toi,rétorquemasœur.Tuesjustejalouseparcequetuesminuscule.—Toi, tais-toi ! C’est toi qui es jalouse parce que je suis format pocket et que tout le

mondeaimecequiestpetit!Taïm’attiredanssesbrasetappuiesonfrontsurlemien.

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—Frangine,tafamilleesttarée.—Inutiledemeledire,jelesaisdéjà,jerépondsenriant.Je l’embrasse tendrement et notre baiser dure unmoment. Nos langues dansent et ses

mainsdescendentsurmesfessespourlesempoigner.Ilappuiesonérectioncontremonventreetjepousseungrognement.

—Onfinitçaplustardquandledécalagehorairerattraperalesfilles?Cheztoi?—Avecplaisir.

***

Le lendemain,Taï etmoiavonsunautre shootingphoto,maisnous finissonsenmilieud’après-midietnousretrouvonsGinetMaddyquiontpassélajournéeàbronzer.Cesoir,Taïnous emmène à un luau où lui et sa famille font un spectacle. Cela va bientôt faire troissemainesquejesuislà,etjen’aitoujourspasvuTaïetsadansedecouteauxdefeu.J’aihâte.Jen’aipaslamoindreidéedecequec’est,maisçaal’airexotiqueetexcitant.

Gin,Maddyetmoi sommes toutes les troisvêtuesde robes longuesetamplesdansdescouleurs différentes, et nous laissons toutes les trois nos cheveux lâches, décorés des fleursque Taï nous a apportées. J’ai trouvé son geste adorable et digne d’un gentleman – toutl’opposédelamanièresauvagedontilm’aprisehiersoircontrelemurdesonsalonpuissurlatabledesacuisine.Apparemment,jeluiavaismanqué.

Nousarrivonsà l’hôtelcinqétoilesoùsedéroule lespectaclepourlequelTaïnousaeudesbillets.Lorsquenouslesdonnonsàl’entrée, jesuissurprisededécouvrirquenotretableestaupremierrang.

Lesserveursnousapportentunevariétédeplatspolynésiens, tousplussublimes lesunsque les autres. Je découvre le véritable poulet teriyaki, je goûteun lau laudeporc, dupoïhawaïen,deslégumesvertssautés,desrouleauxdetaro,etnousfinissonsparunplateaudesplusbeauxfruitsfraisexotiques.Lesfruitsd’Hawaïsontlesmeilleursaumonde–etjedisçaalors que j’habite en Californie, où nous sommes gâtés dans ce domaine. Or je sacrifieraisn’importequoipourmangerdesmangueshawaïennesfraîchestouslesjours.

—C’estdélicieux,ditMaddyenavalantunénormemorceaud’ananas.Jen’arriveplusàm’arrêter.

—Jesais,c’estdingue.Gin,Maddyetmoidînonstranquillementetdiscutonsaveclesgensàcôtédenoustout

enregardantlesoleilsecoucher.Lascèneest installéedevantlaplageet l’océanafinquelepublic profite de la vue tant qu’il fait jour. Ce n’est qu’à la nuit tombée que le spectaclecommence.C’estalorsquedestamboursretentissent,résonnantjusquedansmapoitrine.

Afano, lepèredeTaï,arrive sur scène,vêtud’unminusculeparéoqui cacheàpeine savirilité. Ses tatouages sontmagnifiques et des bracelets d’herbe sont attachés à sesmollets,

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pendantsursespieds.Noussommestellementprèsde lascèneque j’entends lebruissementdel’herbeàchacundesespas.

Il présente les batteurs, alignés sur le côté de la scène, et ceux-ci se lancent dans unedémonstration de prouesses rythmiques qui réjouit le public. Il remercie les spectateurs des’initieràlaculturesamoane,puisilprésentelepremierspectacle.

Je suis surprise de voir toutes les femmesde sa famille, y comprisMasina, lamèredeTaï,venirsurscène.Plusâgéequelesautres,elleestvêtued’unparéonouésursapoitrine,alorsquelesplusjeunesn’ontunparéoquesurlescuisses,avecdesnoixdecocosurlesseins.

Lamusiquecommenceetlesfemmesenchantentlepublicavecleurchorégraphie.Jen’aivucegenrededansequ’enfilm,etlehulamérited’êtredécouvertenlive.LesfemmesNikolèvent les bras au-dessus de leur tête et se tournent d’un côté et de l’autre, se déhanchantgracieusementavecdepetitspaslégerssouslesyeuxfascinésdesspectateurs.

Après encore deux danses – encore plus compliquées – elles demandent desvolontaires,etGinetmoilevonslebrasmaigrichondeMaddy,àsongranddésarroi.Masinameregardeenmefaisantunclind’œil,jejoinsmesmainsdevantmoicommepourprieretjebaisse la tête pour la remercier. Les volontaires apprennent à danser et Maddy semblecomprendre tout de suite. Cela dit, je ne devrais pas être surprise car ma petite sœur estdouée pour tout ce qu’elle entreprend, y compris la danse.Masina lance lamusique, et lesvolontairessuiventleursprofesseurs.Trèsvite,Maddysouritjusqu’auxoreilles,levantlesbrasenl’aircommesielleavaitfaitçatoutesavie.Jesuisfolledejoiedelavoiraussiheureusesurscène,conscientequec’estmoiquiluioffrecesouvenir.C’estlapremièrefoisqu’ellesortdu Nevada, et c’est avec moi, pour aller à Hawaï. Elle s’en souviendra longtemps et ellepourra en parler à ses enfants, plus tard.MonDieu, faites que ce soit dans de nombreusesannées. La musique s’arrête, et le public acclame les danseuses, volontaires commeprofessionnelles.

Lesspectaclescontinuentets’enchaînent,etplusletempspassesansqueTaïn’aitfaitsonapparition, plus je deviens nerveuse. Les dernières démonstrations sont souvent les plusdangereuses,non?

Lorsqu’Afano revient sur scène, il est vêtud’uncostumedifférent– qui révèle toujoursautantdepeau.

—Etmaintenant,voicivenulemomentquevousattendeztous.Ilfautavoirlecœurd’unguerrier pour manipuler les couteaux, et mes fils… dit-il en frappant son poing sur sapoitrine…mesfilsontlescœurslespluspurs.Ilsontfaitlevidedansleursesprits,etilssontprêtspourvousprésentercetaspectdenotreculture.Fils!rugit-il.

Taï et ses trois frères arrivent sur scène, vêtus de paréos rouge sang et de bandeauxd’herbe sur lesmollets et sur les coudes, tenantdans leurmainun longbâton.Taï seplacedevant, avec son père, et les trois autres se positionnent derrière eux. Masina revient surscèneavecune torcheen feu, vêtue cette fois-cid’une longue robeblanchequi voledans la

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brise.Elleallumelesdeuxboutsdesbâtons,tapoteleurs jouesunparun,etretournesurlecôté de la scène. Les bâtons en feu illuminent les visages d’Afano et de ses fils, et ils sepréparent,écartantlesjambespoursebaisserunpeu.

—Mon Dieu, comment suis-je censéeme contrôler lorsque j’ai toute cette chair viriledevantmoi?chuchoteGin.

—Tiens-toibien,jerépondsenluimettantuncoupd’épaule.—Jenepeuxrienpromettre.Nous éclatons de rire, mais je ne quitte pas Taï des yeux. Mon cœur bat la chamade

quandAfanocrieunordre.Les cinqhommescrientquelquechosequi ressembleà «Hut »et frappent leurspieds

par terre.Puis ils font tourner lesbâtonsàboutdebras.Les couteauxde feu. Je suis sur lepointdemourird’angoisse,déjàpersuadéequ’ilsvonttoussebrûlerquandilsjettentenl’airlesbâtons. Ils lesrattrapentaisément,puis ilsserpentent lesunsentre lesautressanscesserde faire tourner les torches dans leurs doigts. Je les regarde sans respirer, unemain sur labouche,l’autreferméesurmescuisses,mortedetrouille.

Cependant,ilsnes’arrêtentpaslà.LepèreetlesfrèresdeTaïreculentjusqu’aufonddela scène et tiennent les bâtons au-dessus de leur tête comme pour éclairer la nuit. Lestambours retentissent et chaque boom résonne dans ma poitrine. Taï, seul au milieu de lascène,jettesonbâtonàunedizainedemètresau-dessusdelui.Ilfaitunsautpérilleuxavantde le rattraper et de le passer autour de sa taille puis entre ses jambes et dans son os. Sesbandeauxd’herbepourraient prendre feu à toutmoment. Il roule le couteaude feu sur soncouetdanssanuque,lefaittournercommeunbâtondemajorette,puisillèveunbras,mainouverte.Derrière lui,Afano jette sonbâton.Taï s’agenouille, ungenou relevé, et attrape lebâtondans samain. Je retiensmon souffle en fermant les yeux.Quand je les rouvre, il faittournoyer les deux dans ses mains. Je le dévisage, abasourdie, alors qu’autour de moi lepublicl’applauditvivement.

Taï passe quelques minutes à faire différentes figures avec les bâtons – toutes plusdifficileslesunesquelesautres–etlebruitdestamboursdevientdeplusenplusoppressant.Puislesfrèrescrient«Hut»àchaquepasqu’ilsfontversTaï,frappantlesolavecleurspieds,et,chacunleurtour,ilslancentleurbâtondanslesairs.Taïfaitunflipsurledos,jambesenl’air.Ilrattraped’abordlesbâtonsaveclaplantedesespieds,puisillespassedanssesmains.Lorsqu’il a rattrapé les cinq bâtons, il se lève en les tenant de sorte à dessiner un «H » –deuxdanschaquemain,àlaverticale,etledernieràl’horizontaleentresespouces.ChaquefrèreprendalorsTaïdanssesbras,éteintlesflammesetsaluelesspectateurs.

Lepublicentier–composédeplusieurscentainesdepersonnes–selèvepourapplaudiretsifflerlesNiko.Afanofaitrevenirtoutesafamillesurscènepoursaluerlesspectateurs.LeregarddeTaïestrivésurmoietleslarmescoulentsurmesjouesalorsquej’applaudissifort

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quej’enaimalauxmains.Ildégainelesourirequifaitfondrelecœuretlaculottedetouteslesfemmesquilecroisent,etunevoixdanslemicroannoncequeleluauestfini.

—Tonmecdemaiauntalentdedingue,ditGinelleenmetirantcontreelle.Monmecdemai.Jesupposequec’estcequ’ilest,oui–commeAlecaétémoncopaindefévrieretWes

celuide janvier.Laplupartdes femmesn’ontpasplusieurscopainsdans l’année, commeça,maisiln’yapasd’autremoyend’appelerunerelationmonogamed’unmois,avecdesrencardsetlarencontredesfamilles.Sijenepeuxpasdirequeceshommesàquijeconfiemesrêvesetmessecrets,etauxcôtésdequijem’endorstouteslesnuits,sontmespetitsamis,alorsjenesaispascequ’estladéfinitiond’uncopain.

—Oui,jesais.Allonsleremercierpourlesbillets.Nous allons en coulisse où je trouveTaï vêtud’un short de bain – et riend’autre – le

torsehuilé,cequimetenvaleurtoussesmuscles.—Tucroisquejepeuxavoirundesfrères?demandeGinenregardantlestroishommes

occupésàlareluquer.Tao, le frère aîné,mateGin comme si elle était unmorceaude viande juteuse et qu’il

étaitaffamé.ÀvoirGinelle,lesentimentestréciproque.—Fonce,mapute.Fais-luiperdrelatête.—Bon sang, vousme faites regretterMatthew, soupireMaddyalorsqueTaï vientvers

nous.—Tuasaimélespectacle?demande-t-il.Jehochelatêtesansunmot.Jesuissiexcitéequemonsangboutdéjàdansmesveines

etquemaculotteest trempée.Jeme jettedanssesbraset ilmeserrecontre luiquandmabouche s’écrase sur la sienne. Il pousse un grognement et suce mes lèvres alors que je ledévoresauvagementenfrottantmonsexecontresonérection.

—Frangine,grogne-t-il.Cen’estpaslelieupourça.Maisnet’enfaispas,oncontinueraàlamaisonquandlesfillesserontcouchées.Jevaistetorturerettefairehurlerdeplaisirpourm’avoirfaitbandermaintenantalorsquejenepeuxpasteprendre.Prépare-toiàenflammerlesdraps,promet-il.

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CHAPITRE8

—MonDieu,non!Jenepeuxplus,stop…je…putain!Prends-moi!jehurle.

JepressemeshanchessurlabouchedeTaïetjetienssatêtedansmesmainsalorsqu’iltientmes fesses. Ilm’arracheunénièmeorgasme, ceque jenepensaispaspossible. J’ai cessédecompterlenombredefoisqu’ilm’afaitjouiravecsalangue.Toutcequejesais,c’estques’ilnemetpasbientôtsavergeépaisseenmoi,jevaiscéderàl’épuisementetjevaism’évanouir.

Taïpousseungrognementrauque,commeunanimal.Jeconnaisdésormaislebruitqu’ilfaitquandilestsurlepointdeperdrelatêteetdeplongersonsexeenmoi.Ilmeretournesurleventreetsoulèvemeshanchespourmemettreàquatrepattes.

—Accroche-toiàlatêtedelit.C’esttroptard.Ilfautquejetebaise,etçanevapasêtrejoli.

Il saisit ma taille, appuie son gland à l’entrée de ma chatte trempée et il me pénètrelentement, centimètre par centimètre. Je retiens mon souffle, m’attendant à ce qu’il sedéchaînesurmonsexe,maisjesuissurprisequecenesoitpaslecas.

—C’estça,toutdoucement,mouillemabiteavectonminoujuteux,susurre-t-il.Sesallers-retourssont lents,et j’enprofitepourcalmermarespiration.Jebaisse latête

pour voir la capote couverte de mon essence, puis je touche l’endroit où nos corps serejoignent.

—Oui,frangine.Tuaimesmesentirdéchirertafleur,hein?C’estlaplusbellechosesurterre.

Il remonte unemain surmon sein pour le palper et titiller un téton, et je reculemonbassinpourrencontrerlesien.

—Quoi?Qu’est-cequetuveux?Tudoismeledemander,haole.

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Jedétestequ’ilm’appelleétrangèreet il lesait,etc’estpourçaqu’il leditpendantquenousfaisonsl’amour.Celadit,onnepeutpasvraimentdirequeTaïetmoifassionsl’amour.Pasuneseulefoisnousn’avonsprisnotretempsavecdesbougies,deschocolatsoucegenredeclichéromantique.Lemomentquis’enrapprocheleplusaétélasemainedernièrequandilm’aprise sur lecapotde saJeepaprèsqu’onavaitbuduchampagne.Doncnon,Taïetmoibaisons,etceavecunabandontotal.C’estunechosequej’adorechezlui.Noussommesamis,et nous le resterons après que je l’aurai quitté pour ma prochaine aventure, mais pourl’instant,jeprofitequ’ilmepunaiseàsatêtedelitavecsaqueueénorme.

— Baise-moi avec ta grosse bite hawaïenne ! je grogne en reculant les hanches pourm’empalersursaverge.

—Tuesprêteàmarcherbizarrement,demain,frangine?—Est-ce quemon cul est blanc ? je réponds en frétillant des fesses et en le regardant

par-dessusmonépaule.Sesyeuxsontrivésdessus,etilresserresapoignesurmataille.—Ohqueoui!dit-ilens’enfonçantdavantageenmoipouratteindrecepointqueseule

saqueuepeuttoucher.—Alors,neposepasdequestionsidiotes,jeréponds.Bonsang,leshommesposenttoujoursdesquestionsidiot…—Putain!Machatteseresserresurluialorsqu’illapulvérise.Jepousseuncri,maisaucunsonne

sort.Sescouillesfrappentmachairenfléeàchaquealler-retour,ajoutantunelégèredouleurquiestsidélicieusequejemeredresseetmecambre.Taïdescendsamainsurmonventreetpincemonclitoentresesdoigts,donnantlieuàunepressionsiintensequejefinisparcéderetpar jouirviolemment, tremblantde toutmoncorps.Sesmainsme tiennent contre lui, letempsqu’ilatteigneluiaussilenirvanaenpoussantunrugissementdigned’unlion,sifortquejeneseraispassurprisequ’ilréveilleGinetMaddydanslamaisonmitoyenne.

C’estladernièrechoseàlaquellejepenseavantdem’évanouir.Lorsque je reprendsconnaissance, il esten traind’essuyermonsexeavecungantd’eau

tiède.—Jet’aifaitmal?demande-t-ilavecunregardfroidetvide.Jesecouelatête.—Tuveuxretournerdanstonlit?Jesecouedenouveaulatête,n’ayanttoujourspasretrouvémavoix.—Tuessûre?ilinsisted’unevoixtremblantequim’inquiète.Ils’assiedsurlelitàmescôtésetjerampejusqu’àluipourmeblottirdanssesbras.—Tunem’aspasfaitmal,Taï.—Tut’esévanouie,dit-il.

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Savoixestsipleined’émotionquejequittelachaleurdesesbraspourleregarderdanslesyeux.Jeprendssonvisagedansmesmainsetjel’obligeàmeregarderpourqu’ilvoiequejesuissincère.

—Taï,j’airarementprisautantdeplaisiretjem’ensouviendraijusqu’àmamort.Tunem’aspasfaitmal.Jemesuisarrêtéedecompteràsixorgasmes.Six.C’estinouï.

Jeneluidispasquejeconnaisdeuxautresmecsquiseraientcapablesd’untelscore,caravecTaï,c’estvéritablementunique.L’intensitéestdifférente,lesmembresaussi,lesparoles,lespensées.ToutcequenousvivonsaulitestgénialetspécifiqueàTaï.

—Mia,j’aiperdulecontrôle,dit-ilenplongeantsamaindansmescheveux.Jesecouelatêteetluirépondsensouriant.—Ons’esttouslesdeuxemballés.Tuasditquej’allaismettrelefeuauxdraps,non?Eh

bien,jecroisqu’onpeutdirequejelesaienflammés,pastoi?Ilpenchelatêtesurlecôtéetrespireprofondément.—Dumomentquetuvasbien…— Chéri, je vais mieux que bien. Laisse-moi dormir et je serai prête à remettre le

couvert.Maiscettefois…c’estmoiquiseraidessus!Taï éclate de rire, m’allonge dans les draps frais et me tient contre son corps chaud.

Épuisés,noussombronsimmédiatementdansunprofondsommeil.Lorsque jeme réveille le lendemain, le soleil brille dansmes yeux et j’entends le bruit

desvagues.Jesuiscaresséepar labriseocéaniqueet j’ai latêted’unbeauSamoanentre lesjambes.

Hawaï.C’estleplusbeaumoisdetoutemavie.

***

Heureusement, mon walk of shame1 n’est pas très long puisque Taï et moi sommesvoisins.J’entrechezmoipiedsnus,messandalesàlamain,etjetombesurMaddyquisesertuncaféenmeregardant.Oups.

—Tuaspasséunebonnenuit?Jesourisetjesensunevaguedechaleurrecouvrirmesjoues.— Ma Mia rougit ? Wouah. Serait-ce d’avoir crié « Baise-moi avec ta grosse bite

hawaïenne»quetusourissigrandcematin?Jerestebouchebéesilongtempsquejepourraisavalertouteslesmouchesdel’île.—Oui, grande sœur, j’ai tout entendu.Savais-tuque la chambred’amipartageunmur

avec…lelitdeTaï?Maddyritsifortquesonvisageendevientrougecramoisi.—Euh…je…jenesaispastropquoidire.

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—Ilafalluquej’ailledormirdanstonlit.Bonsang,j’aihâtedebaisercommeçatoutelanuit.Parcuriosité,est-cequetuasmalàlachatte?

Jem’assiedssuruntabouret,posemessandalessurlebaretmesersunetassedecafé.—Tuveuxvraimentparlerdeça?jedemandeengrimaçantalorsqu’ellehochelatête.

Danscecasoui,jesuiscourbaturée,maiscen’estquedubonheur.JeposeunemainsurmonfrontetjemassemestempestandisqueMaddypromèneson

doigtsurledessusdesatasse.—Mattetmoiavonsfaitl’amourunedizainedefoisetçan’ajamaisétécommeça,dit-

elleenrougissantsansleverlesyeux.Jenedispasquecen’estpasbien,aucontraire,maisjenecriejamaiscommeça.Peut-êtrequejefaisquelquechosemal?

—Ohnon,machérie,non,jerépondsenposantmamainsurlasienne.—Maisjen’aijamaisentenduMatthurlerdeplaisir,nonplus.D’habitude,ilmeditjuste

qu’ilm’aimeetilgrogneunpeu.Jeme penche pour cogner plusieurs foismon front sur le plan de travail. La dernière

chose dont j’ai envie, c’est de parler de sexe avecma petite sœur. C’est dans desmomentscomme celui-ci que je déteste encore plus ma mère. C’est elle qui devrait avoir cetteconversationavecsafille,pasmoi.

Toutefois,jemeredresse,jelèvelementonetjejettemescheveuxenarrière,prêtepourune conversation qui promet d’être gênante,mais qui est néanmoins nécessaire.Mads veutsavoir comment donner du plaisir à sonmec. Je suis sa seule influence féminine, je vais laguiderdanslabonnedirection.QueDieumevienneenaide.

—Allonsnousasseoirsurlaterrasse.Elleselèved’unbond,prendl’assiettedefruitsqu’elleadûcouperhier,etl’emportesur

la table de jardin.Heureusement,mes lunettes de soleil y sont encore, alors je lesmets etj’étends mes jambes sur la chaise en face de la mienne. Maddy s’assied en face de moi,attendantpatiemmentpendantquejecherchequoiluidire.

Jegonflelentementmespoumons,puisjelesvideavantdemelancer.—Ok.Ce que j’ai appris, c’est que les hommes aiment que leur partenaire soit active.

Donc,netecontentepasderesterallongéesur ledos.Touche-le,embrasse-le, faiscequitesemblenaturel.

Ellehochelatête,silencieuse.—Est-cequevousavezessayéautrechosequelapositiondumissionnaire?jedemande.Jepousseungrognementetjemeremontelemoralenlevantlatêtepourlaisserlesoleil

réchauffermonvisage.—Non,dit-elleenfronçantlessourcils.Maisj’aimeraisbien.Commenttuleurdisquetu

veuxessayerautrechose?Ouf,unequestionfacile.

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—Parle-luienquandvousêtesseulsmaisquevousne faitespas l’amour.Parexemple,aprèsmanger.Assieds-toiavecluietparle-luidetesdésirs.

—Maisjenesaispasquelssontmesdésirs.Jememordslalèvreetjegonflemapoitrine.Jepeuxlefaire.—Ehbien…quandvousêtessurlecanapé,mets-toiàchevalsurlui,etpuis…tusais…

chevauche-le.J’ai un haut-le-cœur violent et je ravalema bile. Bon sang, c’est affreux.Des perles de

sueurcouvrentmonfrontetjemeurssoudaind’enviedemejeterdansl’océanetdemelaisseremporterparlesvagues.

—Leshommesaimentça?Qu’unefemmes’asseyesureux?Jehochelatête.—Ouais.Ceserabonpourtoi,aussi,maisvas-ydoucementparcequec’estplusprofond

commeça.—Plusprofond!s’exclame-t-elleenécarquillantlesyeux.J’aidéjàl’impressionqueMatt

medéchireendeux!Eh bien, au moins, son prochain coloc est bien loti. Quand elle s’habituera à faire

l’amour,ceseraunpointdepluspourlebonvieuxMatt.—Quoid’autre?demande-t-elle.—Bonsang,tuneregardesjamaisdefilmsporno?jegrogne.Ellesecouelatête.— Très bien, alors… essaie la levrette. Tu temets à quatre pattes et il te prend par-

derrière.Essayezça.Sielleavaitunstyloetunpapiersurelle,elleauraittoutnoté.Masœurprendtoujours

desnotesetelleabordetoujoursunenouvellesituationdemanièrescientifique.—Et…qu’est-cequeturessens?demande-t-elle.Mesépaulesserelâchentetjesoupire.—C’estbon.Trèsbon.C’est commeçaqueTaïmeprenaithier soirquandon s’estun

peuemportés.Ellesourittimidement,puisrougitdenouveau.—Tusais,vousavezjustebesoindevousexplorerl’unl’autre.Faitescequivoussemble

bienetnevousinquiétezpasdecequefontlesautres,decommentilslefontnidesavoirs’ilsfont plus de bruit que vous dans la chambre. Ce qu’il y a entreMatt et toi ne regarde quevous,etàl’évidenceçaluiplaîtpuisqu’ilt’apassélabagueaudoigt!jem’exclameenriant.

Sonsourireestsirayonnantquej’auraispresquebesoind’unedeuxièmepairedelunettesdesoleil.

—C’estvrai,répond-elle.—Alors,ne t’en faispas.Mattet toi trouverezvotre façonde faire.Tun’aspasbesoin

que je tedisecommentdonnerduplaisiràunmec. Iln’yaque toiquipeux savoir cequ’il

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aimeetcequ’iln’aimepas.Soishonnêteaveclui.Parle-luideschosesauxquellestupensesetdetesfantasmes.Etpourl’amourdeDieu,lisdesbouquinssexyouquelquechosecommeça–jesuismortedehonte!

Maddysemetàgloussercommelajeunefemmededix-neufansqu’elleest,etjeréalisesoudainqu’ellene l’est pluspour longtemps.Mince, quel jour sommes-nous ? LesHawaïensontleurproprerythmedevieetlesjourspassentsansquel’ons’enrendecompte.

—Onestqueljour?—Ledix-neufmai,répond-elleensouriant.Merde.Elleavingtansdemain.—Ilfautqu’ont’organiseuneméga-fête!— J’ai hâte d’avoir vingt ans, répond-elle en gigotant sur sa chaise, même siMatt est

dégoûtédenepaspouvoirfêterçaavecmoi.—Oh,net’en faispas, ilaura tous tesautresanniversaires.Tonvingtièmeest lemien,

commetouslesautres,avant.S’il y a une chosedont jeme suis toujours assuréedurant l’enfancedeMaddy, c’est de

fêter sonanniversaire comme il sedoit.Notremère est partie quandelle avait cinq ans, etmêmesijen’avaisqueonzeans,j’aifaittoutcequej’aipupourquesonsixièmeanniversaireetlessuivantssoientaussibeauxquepossible,mêmesinousn’avionspasbeaucoupd’argent.Il faut que je parle à Taï de ce que l’on peut faire. Je veux qu’elle se souvienne de sonvingtièmeanniversairetoutesavie.

J’entendslaportes’ouvrirderrièremoi.Pensantquec’estTaï,jemetourneenluifaisantun signede lamain.Cependant, c’estGin qui est, là vêtuede lamême robequ’elle portaithiersoirauluau.Cettegarcefaitsonproprewalkofshame,génial!

— Salut Gin !Moi qui pensais que tu dormais encore, je dis d’une voix réjouie tandisqu’elles’assiedàcôtédemoi,sescheveuxblondsbrillantausoleil.

Elleprendmatassedecaféets’empressedelaboire.J’enprofitepourétudiersonvisageet son corps : je vois desmarques rouges dans son décolleté et dans son cou, ainsi qu’unsuçonsoussonoreille.Quantàsabouche,ellesembleavoirdoublédetaille.

—Tuaspasséunebonnenuit?demandeMaddy,répétantlaquestionqu’ellem’aposéeilyaquel-quesminutes.

—Quoi?grogneGinensecouvrantlesoreilles.Vousêtesobligéesdeparlersifort?MonDieu,c’estmerveilleux!Ellealagueuledebois,enplus?J’adore!Jemeredressedansmachaiseetjeramènemongenousousmonmenton.—Alors,cen’estpaspourrienquetuasl’aird’avoirétébaiséecommeunereine?Ginjouedessourcilsavantdes’étirerensouriant.—Ohquenon!répond-elle.SitonTaïestcommesonfrèreTao…waouh,soupire-t-elle

ens’éventant. Ilm’aprisedesix façonsdifférentesavantde recommenceràzéro.Jamaisde

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ma vie… Je ne veux plus jamais partir. Je veux rester à Hawaï pour devenir son esclavesexuelle.Jelaveraisamaisonetjeluiferaiàmanger,etilpeutmepayeravecsabite.

Jeluireprendsmatasse,etellefaitlamoue.—Bonsang,Gin,faisgaffeàcequetudis,tuveux?jegrondeendésignantMaddy.—T’essérieuse,Mia?rétorquemasœur.Aprèslaconversationqu’onvientd’avoir?—Quelleconversation?demandeGin.—Ehbien,Miaapasséunenuitsimilaireàlatienne.Saufquej’entendaistoutcequ’elle

disait.Ouplutôt,qu’ellecriait.—Espèced’hypocrite!s’exclameGinenmefusillantduregard.—Tais-toi!Jenesavaispasqu’elleentendait!Jecroiselesbrassurmapauvrepoitrineendolorie,etmestétonshurlentdedouleur.Taï

aétéunvéritableaspirateur,hiersoir.MaddycontinuedeparlerpendantqueGinetmoinouschamaillons.Elleyesttellement

habituéequeçaneladérangepaslemoinsdumonde.—Alors, j’ai demandé àMia des conseils pour satisfaire unmec. Tu sais,Matt etmoi

n’avonsfaitl’amourqu’enmissionnaire,alors…ellem’adonnédesastuces.Ginelle trouvecelaparfaitementhilarantetelleéclatede rireendonnantdescoupsde

pieddanslevideetenagitantlesbras.Deloin,onpourraitcroirequ’elleapprendànager.—Etcommenttuasgéréça?demande-t-elleencherchantmonregard.Jepariequetu

préféreraistefaireharponnerparuntisonnierbrûlantqued’avoircetteconversation,dit-elleenriantetencaressantmonbras.

—Jetedéteste,jerépondsendégageantsamain.—Arrête,jesaisquetum’aimes!s’exclame-t-elleenlevantmamainetenfaisantmine

demordremonbras,demonpoignetjusqu’àmonépaule.Jenepeuxm’empêcherderireetjelarepoussegentiment.Jenepourraijamaisresteren

colère contre Gin. Il n’y a personne que je préférerais avoir àmes côtés pour traverser lesobstaclesdansmavie.

—Tusais,tupeuxmedemander,Mads.Jeserairaviedetefaireconnaîtrelesmerveillesdusexe.Jepeuxt’expliquercommentsucerunmecsibienqu’il tesupplieradefairepreuved’indulgence…

Maddyécarquille lesyeuxet rapprochesachaisede la table,commesielleétait sur lepointdedécouvrirunsecret.

—C’esthorsdequestion!jegronde.—Oh,allez…Nefaispastarabat-joie,Mia.IlfautbienqueMaddyapprenneàsucersi

elleveutgardersonhomme.GinellesetourneversMaddyetprendsamain.—Machérie,laisse-moitediretoutdesuitequeleshommesadorentquetuavales.Ça

ne lesgênepasque tu craches,mais il yaquelquechosedans le faitde tevoiravaler leur

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semencegluantequilesexcite.JemelèveetjecouvrelamaindeGinelleavecmamain.—Ginellevaarrêterdediren’importequoi.Ilesttempsd’allersedoucher,maintenant.Jelatiredesachaiseetjesoulèvesoncorpsminusculedansmesbras.—Sérieusement.Mets-toi à genoux et prends la queue deMatt aussi loin que tu peux

danstagorge,poursuitGinalorsquejel’emmèneversl’océan.Maddydoitnoussuivre,parcequemameilleureamienesetaittoujourspas.—Quoid’autre?glousseMaddy.—Prendsseshanchesetlaisse-letetirerunpeulescheveuxpourbaisertabouche.Mais

quoiquetufasses,rentrelesdents…C’est ledernier conseil qu’elle offre àmapetite sœur avant que je la jette à l’eau.Elle

émergeenriantetencrachant l’eausaléepuis, flottantà lasurface,elle laisse lesvagues larapprocherdelaplage.

—Viens,onvapetit-déjeuner,jedisenprenantMaddyparlebras.—Tupensesqu’ellevabien,demandemasœurenregardantpar-dessusmonépaule.—Laisse-larefroidirunpeu,elleiramieuxaprès.Au loin, alors que nous traversons la plage pour rentrer à la maison, nous entendons

Ginelleriretouteseuleenéclaboussantl’eaucommeuneenfant.

1.Marchedelahonte :expressionquifaitréférenceaufaitdenerentrerchezsoiquelelendemaind’unesoiréeaprèsavoirpassélanuitavecuninconnu.

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CHAPITRE9

Un océan de verdure s’étend à perte de vue dans la vallée. De chaque côté, les

montagnessontsihautesquejedoispencherlatêteenarrièrepourenvoirlessommets.Lebrouillard et les nuages tourbillonnent dans les coins les plus humides, comme du cotonaccrochéàunscratch.NoussuivonsTaïetTaojusqu’aucœurdelavallée,puisnouscouponslemoteur de nos quads. Tout est beau à Hawaïmais, ici, j’ai l’impression de découvrir unjoyau de la nature, caché du reste dumonde et sans doute un des rares endroits sur terrepréservésdel’homme.

Assis sur son quad, Tao sort un petit ukulélé de son sac à dos et commence à jouer«Drob,Baby,Drop»deManaoCompany,fredonnantl’airavecsagrossevoixdebaryton.Jeneconnaissaispascettechansonjusqu’àl’autresoir,quandTaïl’apasséedanssachambre.

Jene suis pas la seule à être apaisée par le cadre et lamusique.Maddy se balancedegauche à droite, assise sur son véhicule, mais elle rompt le charme lorsqu’elle glousse.Apparemment,mapartiepréféréedumorceauest aussi la sienne : « Je t’aime commeunemangue»chanteTao.

Taïprendalorsmamainetmetirecontrelui.—Tu pars dans deux jours, chuchote-t-il enme serrant dans ses bras et enme faisant

valserdoucement.—Oui,jerépondsenportantsamainàmabouchepourl’embrasser.—Et si jene veuxpas que tupartes ?demande-t-il d’une voix chargéed’émotionqu’il

emploiepeusouvent.—Tusaisquejenepeuxpasrester,jedisenfrottantmonnezcontresoncou,respirant

sonodeurd’océan,defeuetdebois.Iladûrépétersachorégraphiecematin.

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—Maisc’estbiendesavoirquejeveuxqueturestes,non?Mêmesitunepeuxpas?dit-ilenappuyantsonfrontcontrelemien.

—Oui,biensûr.Jeneveuxpaspartirnonplus,Taï.Mais tusaisquenousnesommespasfaitspourêtreensemble.

Ilsoupireetm’embrassetendrementettristement,regrettantlefuturquenousn’auronsjamais ensemble. Il me serre plus fort contre lui et j’en fais de même, voulant graver cemoment dans mamémoire. Ce n’est pas par amour que nous nous accrochons ainsi l’un àl’autremaisparamitié,pardésir,etaussiparfacilité.AvecTaï,leschosessontsimples.C’estlemoislepluspaisiblequej’aipasséavecunhomme.

—Tusais,unjour,unhommetomberaàgenouxàtespiedsetilsupplieraleCieldetegarderàsescôtésàjamais.

—Jel’espère,oui.Ettoi,tunepensespasquel’amourdetavieestaucoindelarue?Ilnichematêtedanssoncouetnouscontinuonsàdanser,commesinousétionsseulsau

monde,bercésparlamusique.—Parfois,jemedisquejenetrouverail’amourquedansuneautrevie,chuchoteTaï.Jereculelevisageetjeprendslesiendansmesmains.—Nedispasça.Tuletrouveras.Jetelepromets.

***

Aprèsnotrebaladeenquad,TaïnousemmèneauKualoaRanchoùAkela,sonami,nousdonnedes chevaux. Il nous fait une visite de sondomaine qui s’étend sur presquequarantemillehectares.

Maddyad’abordunpeudemalàguidersoncheval,maisellefinitparyarriver.Quantàmoi, je traiteBoutond’Oravecautantde tendressequeSuzi,mamoto. Je la caresse, je luichuchote à l’oreille et je tresse sa crinière pour qu’elle me ressemble. Chaque fois que jeregardeTaï et qu’ilme voit faire des papouilles à la jument, il ferme les yeux et secoue latête. Peu importe. Je n’ai jamais eu d’animaux et, perchée sur ma monture, je suis aussiheureusequ’unegaminelematindeNoël.

—Laisse-moitranquille,jegrogneavantdecaresserBoutond’Orentrelesoreilles.J’explique ensuite à l’équidé que Taï a beau être un des hommes les plus canon de la

terre, cela ne lui donnepas la permissionde faire tout ce qu’il veut. Je la préviens ensuitequ’elledoitseméfierdesbeauxgossestatouésetfaireattentionparcequejevoisquelebelétalonnoirluifaitdel’œil.

Ginellearriveentrottantsursonchevalcommesielleavaitfaitçatoutesavie.—Quoi?demande-t-elle lorsque je la regarded’unair impressionné.Jenevoispasde

différence avec les hommes. C’est avec ses cuisses qu’on exerce le contrôle, n’est-ce pas,Bébé?dit-elleentapotantlacroupedesoncheval.

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—Jepeuxattesterdecequ’elledit,ricaneTaoenarrivantàsescôtés.Tupourraiscasserdesnoixdecocoentretescuisses.

Elleluisouritetjouedessourcils.—Vousêtesdégoûtants,jegrogneenlevantlesyeuxauciel.— C’est vrai, ça ! s’exclame-t-elle. Je parie que je peux ouvrir des noix de coco ! On

devrait essayer, ce soir, tune croispasmongrand? susurre-t-ellealorsque je faisminedevomir.Quoi?IlfaudraitquetusoislaseuleàavoirunbeauSamoanentrelesjambes?C’esthorsdequestion!Jevaischevauchercethommecommejechevauchecetétalon!

—Quellesalope,Gin!— C’est toi qui dis ça ? Alors que tu étais au pieu avec Taï un jour après l’avoir

rencontré?Jelafusilleduregardenrepoussantmanattedansmondos.—Commenttusaisça,toi?—Ha!Je lesavais!s’exclamemameilleureamieenécarquillant lesyeux.Tuesaussi

chaude que moi, avoue-le ! Je n’ai aucun scrupule à admettre que j’ai sauté sur cettedélicieuse occasion, dit-elle en dévorant Tao des yeux. D’ailleurs, j’ai envie de baiser rienqu’en le regardant, pas toi ? ricane-t-elle. Sérieusement, Tao, j’ai vraiment envie de baiser,susurre-t-elle.

Elle soupèse ses seins puis elle les masse pour faire rire Taï. Je frappe son bras,manquantlafairetomberdesoncheval.

—Meuf,arrête,ondiraitunechatteenchaleur.Ellecommenceàpeineàouvrirlabouchequejesaisqu’ellevafaireuncommentairesur

sachatte,etjem’empressedel’arrêter.—Jeneveuxriensavoirdetonminou!Ellefermelaboucheetfaitlamoue.—T’espasdrôle.Je secoue la tête, puis je trotte jusqu’à Maddy et Akela. Ma petite sœur l’écoute

attentivementparlerduranch,delaterre,desarbresetdestournagesdefilmsquionteulieuici. Apparemment, Jurassic Park en fait partie ! Fascinée, Maddy lui pose des questions,commentecequ’ilditetrelatecequ’elleaapprisdanssescoursdebotanique.Unsentimentde fierté extrêmem’envahit en l’entendant parler et je suis épatée qu’elle connaisse le nomd’autant de plantes ainsi que ce qu’elles font, d’où elles viennent, en plus de savoir leursusagesmédicinauxetainsidesuite.

—Tasœuresttrèsinstruitepourquelqu’und’aussijeune,ditTaï.—Oui ! Jeme suis assurée qu’elle ne fasse qu’étudier après son bac avec lameilleure

notedu lycée.Moi, je l’aieude justesseparceque j’avaisdeuxboulotspendantque j’étaisàl’école.

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—Jecomprends.Mafamillefaitdesspectaclesdepuisquejesuistoutpetit,maisTinaatoujoursveilléàcequecelanegênejamaisnotrescolarité.Ellevoulaitquesesenfantsaientle choix. Cela dit, aucunde nous n’a jamais quitté l’île ni pour travailler nimêmepour lesvacances.Jecroisqu’aucundenousneveutsauterlepas.Nousvivonspourêtreensemble.

—Moi, je vis et je travaille pour elle, je réponds en désignantMaddy.Mais j’aimeraistrouverquelquechosequisoitàmoietàmoiseule.Je te lediraisiçaarrive, jerajouteenricanant.Tun’asjamaispeurquetapartenairen’habitepassurl’îleetquetunelarencontresjamais?

—Si,toutletemps,répond-ilenbaissantlatête.SurtoutdepuisqueTinam’aditquemafemmeseraitblondeauxyeuxbleus.CenesontpasdestraitscommunsàHawaï.

Ilaraison,lesHawaïens,lesSamoansetlaplupartdesPolynésiensquisontnésdanslesîlesontplutôtlestraitsfoncés,lapeau,lesyeux,lescheveuxsombres.C’esttoutl’inversedecequ’adécritMasina.

—Peut-êtrequec’estunetouriste.Qu’est-cequisepasserasijelarate?—Tunelarateraspas.Cequidoitarriverarrivera,Taï.Laisse-toiporter.—Jemelaisseporter,répète-t-ild’untonpensif.

***

Plus tard,Akelanousemmène suruneplageprivée. Il ouvre son sacàdos etdistribuedes sandwichs à la dinde et au fromage ainsi que des bouteilles d’eau, et chacun trouve uncoinpours’installeretmanger.

Maddyestdeboutfaceàl’océanetjevaisverselle,passantunbrasautourdesesépaules,rapprochantdélicatementnostêtesl’unecontrel’autre.

—Est-cequetuaimestonanniversaire,machérie?—C’estleplusbeaudetoutemavie,répond-elleensouriant.Nousdéjeunonsen regardant l’eau turquoiseànospiedsoùdepetitspoissons frétillent

danslesvagues.—JepensequeMattetmoiviendronsicipournotrelunedemiel.J’aimeraisluimontrer

touscesendroits.—Ouais?jedemandeenessayantdegarderuntonpositif.Toutefois, l’idéequemapetite sœurde vingt ans soit déjà fiancéeme fait angoisser au

plushautpoint.Ellen’apasencoreassezvécupourprendreuntelengagement!—Oh!s’exclame-t-elle,etsonregards’illumine.Peut-êtrequ’onpourraitsemarierici!

Je n’ai pas beaucoup de famille et seulement quelques amis. Ça pourrait être chouette !Qu’est-cequetuenpenses?

Jel’aitoujoursimaginéerejoindresonprinceàl’autel,vêtued’unelonguerobeblanche.—Tuneveuxpasungrandmariageavecunebellerobeblanche?

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— Tu sais, la blouse blanche m’a toujours plus fait rêver que la robe, répond-elle enhaussantlessourcils.

C’est là que je réalise que Maddy a deux objectifs dans sa vie dorénavant. Elle veut,toujourscetteblouseblanche,etsarelationavecMattn’ychangerien.Pourelle,lefaitdesemariern’estqu’unplus.Elleveutpartagersavieavecquelqu’un,toutenpoursuivantlerêvepourlequelelleatanttravaillé.

—Pourêtrehonnête,Mads,jesuisraviedetel’entendredire.Sij’aieupeur,quandj’aisuquetuacceptaislademandeenmariagedeMatt,cen’estpasàcausedeluioudetonâge.C’estunmecgénialetilal’airfoudetoi.

—C’estvrai,ill’est.—Jesais.J’ai justeflippé,parcequej’aipenséquetuallaispeut-êtrevouloirmettrede

côté ta carrière pour devenirmère et épouse, plutôt que docteur. Tu auras le temps d’êtremèreaufoyersituleveux,maistudoisfairetondoctorattantquetuesjeune,sinontuneleferasjamais.

Maddymeserrefortcontreelleetmeregarded’unairsérieux.—Riennem’éloignerademesobjectifsdecarrière,Mia.Mattm’encourageà faire tout

ceque jedésire.C’est justequemaintenant j’aiquelqu’unavecqui lepartager,endehorsdetoi.

Quelqu’unendehorsdetoi.Ses paroles me font l’effet d’une lame froide plantée en plein cœur. Je sais qu’elle ne

pensepasàmaletquejedoislaissermapetitesœurprendresonenvol,maisbonsang,qu’est-cequeçafaitmal!

—Iln’ya toujourseuquenousdeux, jedisenravalantmes larmesetenrangeantunemèchederrièresonoreille.

Maddy soupire, et j’ai l’impression que le poids de mon amour l’écrase au lieu de luiservirdemarchepied.

— Je l’aime et je veux être avec lui,mais je ne veux pas qu’on s’éloigne non plus. Turesteras toujours ma sœur, Mia. Qu’est-ce que je dis, tu es plus une mère qu’une sœur.Cependant,ilesttempsquejeprennemoi-mêmemesdécisions,quejecommettedeserreursetquejeprennedesrisquesquinet’impliquentpas.

—Toutcequetufaism’implique,jerépondsautomatiquement.—Çanedevrait pas être commeça,Mia. Il faut que tu vivespour toi,maintenant. Je

vaisbien!J’aiencorebesoind’aidepourpayer la fac,biensûr,etun jour jepourrai tout terembourser…

—Horsdequestion!jem’énerve.Lefaitdepouvoirm’occuperdetoietdetonavenirestlaplusbellechosequej’aieaccomplie.Tunepeuxpassavoircombienjesuisfièredesavoirquetuvasréussirlàoùj’aiéchoué.

—Çamerendtriste.Tuméritesmieux.

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Jeprendsuneprofondeinspiration,neparvenantplusàrespireralorsqueleslarmesmemontentauxyeux.Jel’attireàmoietjelaserrefortdansmesbras.

—Tuestoutpourmoi,Maddy.—Jesais.Maismaintenant, jevaisêtre toutpourMatt,et ilvaêtre toutpourmoi.Tu

doistrouverça,toiaussi.Lesparolesdemapetitesœurmelaissentperplexe.Elleveutque jetrouveunnouveau

« tout ».Comment suis-je censée changer ceque je suis ? Jene suispas certained’en êtrecapable. Où que je sois, quoi que je fasse, je m’inquiéterai toujours pour elle. Je penseraitoujoursàelleetellememanqueratoujours.Jenepeuxpasimaginercequeseraitmaviesitoutesmesdécisionsnetournaientpasautourdemapetitesœur.

J’aidoncbesoind’unnouveau«tout».Maddys’inquiètepourmoi.—Jevaisessayer,machérie.Jevaisessayer.—C’esttoutcequejetedemande.—Allezviens,onn’apasfinidefêtertonanniversaire!Jeprendssamainetnousmarchonssurlaplageenbalançantnosmainscommelorsque

nous étions petites et que nous rentrions de l’école. Je finissais une heure plus tôt et jel’attendaisdevantsasalledeclassepourlaraccompagneràlamaison.Or,mapetitesœurestgrande,maintenant.Elleestàlafac,elleavingtansetelleestfiancée.Ellen’apasbesoin–etellen’apasenvie–quesasœurs’occuped’elleenpermanence.

Qu’est-cequejevaisfaire,maintenant?

***

Après notre longue randonnée à cheval, Taï et Tao nous emmènentChezDuke’s, sur laplageWaikiki.Nousdînonsenterrasse,et jemange lemeilleurburgerdetoutemavie.Desflambeaux éclairent le jardin et illuminent nos visages d’une lumière chaleureuse. Nousregardonslesoleilsecoucheràl’horizonetlorsqu’ilfaitnuitetquenousavonsfinidedîner,nousrentronsdanslebaretallonsàl’étage,oùilyadelamusiquelive.

Gin,Maddyetmoidansons commedes folles sous les regards fascinésdesdeux frères.Celafaitlongtempsquenousnesommespassortiestouteslestrois.

J’enprofitepourtoutlâcher:matristessededevoirquittercetteîleetdedireaurevoiràTaï,monangoisseàproposdeWesetGinaetdelapossibilitéqueleurrelationsoitdevenuesérieuse,monstressàproposdumariagedemasœuretdesesétudes.Cependant,jeréalisequetoutçaesthorsdemoncontrôle.Jenepeuxpasfairegrand-chose,àpartappliquermoi-mêmeleconseilquej’aidonnéàTaïplustôt.

Laisse-toiporter.C’est donc ce que je décidede faire tant que je suis sur l’île et durant le restedemon

année. Je suis déterminée à sauver mon père, déterminée à aider Maddy à finir la fac et

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déterminéeàtrouvermondestin.J’aipassésipeudetempsàpenseràmesenvies,mesrêvesetmesdésirsquejenesaismêmepascequ’ilssont.Pendantsixmois,j’aicruquejevoulaisêtreactriceet jenem’ensuispas tropmalsortie.Cependant, jecrois surtoutquec’étaitunmoyen de fuir le Nevada et tous les hommes qui m’y avaient fait du mal ainsi que lapossibilitéd’échapperàmonpère.Ilabeauavoirfaitdesonmieux,iln’ajamaisprissoindenousetils’estdéchargédesesresponsabilitéssurmoi.

Maddyaraison.Jedoisdécouvrircequ’estmon«tout».Àquoiçaressemble?Qu’est-cequej’aienviedefairedemavieàlafindecetteannée?C’estcommesijemeposaislamêmequestionqueposenttouslesadultesauxenfants:qu’est-cequetuveuxfairequandtuserasgrande?

Jevaisavoirvingt-cinqansetjen’aipaslamoindreidéedecequejeveuxfairedanslavie.

Ilesttempsd’yréfléchirsérieusement.

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CHAPITRE10

JerejoinsMaddydanssachambreoùellefinitdefairesavaliseenattendantqueletaxi

arrive.—Tiens.Jeluitendsunepetiteboîteenboissurlaquelleestgravéunparadisier.—Qu’est-cequec’est?Encoreuncadeaud’anniversaire?—Ehbien,techniquement,jenet’aipasoffertdecadeauquetupeuxtenirdanslamain.

Maisjevoulaist’offrirquelquechosepourmarquertesvacancesici.Elleouvrelaboîte,quirenfermeunboutdecorailrosequej’aitrouvéenmarchantsurla

plage, hier. Au fond, enveloppé dans du papier tissu, il y a aussi un bracelet en or blancauquelestaccrochéuncharme 1enformedecœursurlequelj’aifaitgraverquelquechose.

—Sister?demande-elleensouriant.Elle regarde le bracelet à la lumière où il scintille, et je luimontremonpoignet où je

portelemême.—Maintenant,quandjetemanquerai,ouquandtuvoudraspenseràtagrandesœur,tu

n’auras qu’à mettre ce bracelet et tu sauras que moi, je pense toujours à toi. En plus, onpourraajouterdescharmesaubracelet,touteseuleoùensemble.

Ellem’attiredanssesbras,deslarmescoulentsursesjoues.—Jelemettraitouslesjours,parcequetumemanquestouslesjours.Jet’aime,Mia.Tu

eslaseulepersonnesansquijenepeuxpasvivre.—Moinonplus,Maddy.Nousnousséparonsaumomentoùunevoitureklaxonnedevant lebungalow.Jeprends

savalise,etnousnousdirigeonsverslaported’entrée.JeserreGinetMaddydansmesbrasunedernièrefoisetjelesregardemonterdansletaxietdisparaîtredanslarue.

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Jen’aiplusqu’unjoursurl’îleavecTaï.Ilfautquej’enprofite.

***

Jesuisentraindemepréparerpourmadernièresoiréequandmonportablesonne.—Allô?—Bonjourpoupée!dittanteMillie.Jesouffledanslemicrodutéléphonepourm’assurerqu’elleentendmafrustration.—Ehbien,cen’estpastroptôt!J’aieupeurderetourneràLasVegasouenCalifornie.—Désoléedenepast’avoirappeléeavant,mais jenet’avaispasréservéepour lemois

dejuinavantaujourd’hui.Son aveume fait soudain paniquer, parce que je ne peux pasme permettre de ne pas

travaillerpendantunmois.SijenepaiepasBlaine,iltueramonpèreavantdes’enprendreàMaddy.

—Tumefaispeur,Millie.Qu’est-cequetuveuxdire?Tonderniermaildisaitquej’étaisréservéetoutel’année.

—Oui,toutel’année,saufjuin.Maisjen’étaispasinquiète,j’auraisappeléunoudeuxdetes anciens clients et ils t’auraient embauchée avecplaisir. TonFrenchie,Alec,m’adit qu’ilprendraitn’importequelmoisoùtuauraisuneannulation.

—Ahbon?Ilvafalloirquej’entoucheunmotàAlec.— Tu es surprise ? Ce n’est pas le seul, tu sais. Le premier, celui dont tu étais gaga,

Weston,m’aditdel’appelersituavaisdesproblèmesfinanciersousituavaisbesoind’aide.C’estintéressantdevoirquetesdeuxpremiersclientsveulents’assurerquetuvasbien.

Intéressant,eneffet,maisjepréfèrenepastropypenser.—Alors,jevaisoùcettefois-ci?jedemandeenfinissantd’appliquermonmascara.Millierestesilencieusequelquessecondes.—Ehbien, c’est lepointnégatif.C’est loind’êtreaussi exotiquequ’Hawaïet,hélas, ce

client-ci n’est pas un beau gosse. La situation va peut-être te paraître bizarre, mais je teprometsquetun’espasobligéedecoucheravecluietqu’ilestvraimentsympa.

—Ilestsivilainqueça?Soudain,j’imagineunhommeimmenseavecunbideàbièreetunehaleineaffreuse.—Non,pasdutout,jeletrouvetrèsbeau,enfait.Moi,jen’auraisaucunscrupuleàme

jetersurlui!— Attends, tu te jetterais sur lui ? Tu n’as jamais dit ça d’un demes clients. Tum’as

souventditdemelesfairepourgagnervingtmilledollarsdeplus,maistun’as jamaissous-entenduquetuenferaisdemême.Qu’est-cequisepasse?

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Çafaitlongtempsquejen’aipasétéaussinerveuse.JefiledanslacuisineoùjemesersunshotdeMalibu,puis jemordsdansunetranched’ananasfrais.Délicieux.Jemelèche leslèvresetmesersundeuxièmeshot.

—Tuvasparler,oujedoisliredanstespensées?—Ehbien…disonsqu’iln’estpasaussifringantquetesclientshabituels.Ohnon!Jepousseungrognementet jevidemondeuxièmeverreavantdeterminer la

rondelled’ananas.Lerhumfaitsonjobetjemesenslégèrementplusdétendue.—Crachelemorceau,TanteMillie.—Combiendefoisjedoistediredem’appelerMissMilan?—Tuchangesdesujet…—Etsijet’envoyaisçaparmail?dit-elledesavoixmielleuse.—Et si tume disais ce que j’ai besoin de savoir tout de suite, avant que je prenne le

prochainvolpourLosAngelesetquejemepointesurlepasdetaporte?—Trèsbien,çava…Ilestplusvieux,c’esttout.—Ilmefautunchiffre,Millie.Quarante?Cinquante?J’entendsmatanteinspirerprofondémentàl’autreboutdufil.—Lasoixantaine.Peut-êtreunpeumoins,peut-êtreunpeuplus.—Beurk!Tuessérieuse?C’estunpervers,c’estça?Bon sang, je commençais tout justeàadorer ceboulot, etmaintenant jedoispasserun

moisavecunvieuxlibidineux.—Çacraint,TanteMillie.—Jesais, jesais.Maisilétaittrèsagréableautéléphone.Ilabesoind’unenanadeton

calibre pour aller à des dîners professionnels. Apparemment, quand on est un hommed’affaires de Washington DC, il faut avoir une femme trophée. Il doit séduire plusieurssénateurs et des investisseurs, et il lui faut une jolie nana à ses côtés. D’après ce que j’aicompris, il travaille sur un projet de restauration de bâtiment historique et il a besoin deréunirdessoutiens,bla-bla-bla.C’estvraimentimportant?

—Non,pasvraiment,j’aijustebesoindefric.Dumomentqu’ilnes’attendpasàcequejecoucheavec lui, ça ira.Tuasété claireavec lui sur cepoint,n’est-cepas?Bon sang, il estplusvieuxquemonpère!jem’exclamesoudain.

—Enfait,c’estluiquiaétéclairavecmoi.Iladitqu’ilnesavaitpasquelgenred’escorttuétais,maisqu’ilnevoulaitaucunservicesexuel.

—Tum’envoisravie,jedis,sarcastique.Enréalité, je suisplusquesoulagée.Jesuisunpeudéçuedepasserunmoissanssexe,

bien sûr, mais je survivrai. J’espère. Il faut que je pense à recharger les batteries de monvibro.

—Ok,jet’envoielesdétailsparmail.Ils’appelleWarrenShipley.—Tiens,sonnommeditquelquechose.

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—C’estnormal,sonfilsestsénateurdeCalifornie.—Ah,oui!Tuvois,lui,ilestcanon.Ilatrente-cinqansetc’estleplusjeunesénateurde

l’histoire,c’estça?—Toutàfait,poupéeEtauxdernièresnouvelles…ilestcélibataire.Voilàquirouvrelechampdespossibles.Jemesouviensd’avoirmisunecroixàcôtéde

sonnomauxdernièresélections.Etpasseulementparcequ’ilestcanon,mêmesic’estvrai.Ilestgrand, lescheveuxblondfoncé,avecdesyeuxmarronchaleureux. Ilétait tellementsexydanssoncostumequej’avaismêmeimaginédeuxoutroismanièresdeledéshabillerenmoinsdedixsecondes.

—Envoie-moilesinfosparmail,jeparsdîneravecTaï.—Taï?Quiest-ce?demande-t-elled’unevoixconfuse.—UndesSamoanslesplussexydel’île.Ciao,Tatie!

***

Taïprendmamain lorsqu’ilvientmechercherchezmoiet il la tient jusqu’à lavoiture,puisdanslerestaurant,mêmelorsquenousnousasseyonsàtable.Apparemment,ilaunpeudemalàlâcherprise.

—Eh,mongrand,jepeuxrécupérermamain?Il la lâchebrusquementcommes’ilvenaitdesebrûleret jemepenchepourcaressersa

cuissemusclée.—Net’enfaispas.Toutirabien,Taï.— Comment tu peux dire ça ? demande-t-il en secouant la tête. Alors que tu pars

demain!—Oui,exactement.Alors,profitonsdenotredernièresoirée,tuveuxbien?Ilfermelesyeuxengonflantsespoumons.Lors-qu’illesrouvre,ilconcentresonattention

surmoi.—Mia, c’est juste que… je n’ai jamais rencontré de femme comme toi. Jamais. Tu es

drôle,intelligente,magnifique…Ilsepenchesurlatablepourchuchoterdansmonoreille.—…tuesunetigresseaupieu…Sonregardseremplitderegrets,etilsecouelatête.—Jenesaispascommentdirecequejeressens.—Tusais, tuvasmemanquer, toiaussi.Plusque jeneveuxbien l’admettre, jedisen

prenantsamain.—Oui,exactement,admet-il.—Maisonvaresterencontact!Ons’appelleraetons’écriradesmessagesetdesmails.

Tume raconteras ce qui se passe dans ta famille tarée, au travail et avec les spectacles. Et

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envoie-moidesvidéosdesnouveauxtoursquetuapprendsavectescouteauxdefeu.Quantàmoi…ehbien…jenesaiscequejet’enverrai.Sansdoutedesselfiesdemoientraindefairedestrucsstupidesdansdesendroitsimprobables.

Iléclatederire,etcerireremplitmoncœurde joie.J’avancevers luipour l’embrassersurlajoue.

—Onresteraamis?ildemanded’unevoixhésitante.—Meilleursamis,jeréponds.Surce,monbeaugéantfrappedanssesmainsetreculesachaise.—Jevaischercherduchampagne.Jeveuxfêternotredernièrenuitensemble!Ilreculebrusquementsachaisepourselever,etcelle-citombeenarrière,atterrissantau

sol aumoment où une serveuse passe avec un plateau de verres de vin. Son pied se prenddansunbarreaudelachaiseetellevoleenavant,précédéeparsonplateau.Taïlarattrapedejustesseetilstombenttousdeuxparterre,luisurledos,elleallongéesurlui.

D’où je suis, jenevoisqu’unechaise cassée,unebelleblondeet lesmainsbronzéesdeTaïautourdesataille.Elleseredresseetsajuperemontesursescuisses.Taïposesesmainssursescuissespourqu’elleneperdepasl’équilibre,etjesuissurlepointdel’aiderlorsquejevois son visage.Elle est face àmoi etTaï est allongépar terre, la tête levée vers elle. Ellerougit,dumentonjusqu’auxsourcils,etjeremarquesoudainsesgrandsyeuxverts.Unepetitetache de sang perle sur sa lèvre inférieure à l’endroit où elle s’estmordue, et Taï lève unemainpourappuyerundoigtsursalèvre.

Il passe un longmoment à contempler son visage. La serveuse ne bouge pas d’un iota,concentrée sur lui, et lui seul. Le restaurant pourrait exploser, ni l’un ni l’autre ne leremarquerait.C’estcommes’ilsétaiententranse.Taïposeensuiteunemainsursajoueetelles’yfrotte,commesic’étaitlachoselaplusnaturelleaumonde.

—Est-cequeçava,Sunshine 2?Sunshine.DouxJésus,c’estsanana!Lescheveuxblonds,dorésparlesoleil,lesyeuxvertscomme

del’herbefraîchementcoupée…Etill’aappeléeSunshine!Jenefaispasunbruit,raviederegarderlascènesedéroulerdevantmoi.—Euh,pardon?répond-elled’unevoixgênée.—Tusaignes,dit-ilsansenleversonpouce.Elle se lèche la lèvre et finit par lui lécher le doigt. Ils retiennent tous les deux leur

souffle avec un cri aigu, mais celui de Taï est plus viril et animal. Je vois son regards’enflammeretellenelequittepasdesyeux.J’ail’impressiond’êtredevantunfilm,maisenmieuxpuisquec’estenlive.Zut,siseulementj’avaisdupop-corn!

Lajeunefemmefinitparsecouerlatêteetessayerdesemettredebout.Taïselèveenlatenantcontrelui,sifortquelorsqu’ilestenfindebout,elleglisselelongdesoncorpsjusqu’àcequesespiedstouchentdenouveau lesol. Ilpousseungrognementque jeneconnaisque

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tropbien,etj’aienviedetaperdespiedsparterretellementjesuisexcitée.Personnenepeutignorerl’attirancequilesliel’unàl’autre.

Aprèsquelques secondes supplémentairespasséesà se tenir l’un l’autre, la serveuse faitunpasenarrièreetbaisselatête.

—Merde, s’exclame-t-elle en constatant les dégâts à ses pieds. J’aurais dû regarder oùj’allais.Jevaismefairevirer,dit-elle.

Salèvresemetàtrembler,etleslarmesluimontentauxyeux.Jemeressaisisetjepasseàl’action.

—Merci infiniment,Mademoiselle, je dis enme levant. Pardon d’avoir renversé votreplateau.Nouspaieronspourtouslesverresquenousavonsrenversés.

Sonmanagerarriveàcemoment-là,l’airtrèsagacé.—Monsieur,vousêteslà,Dieumerci.Cettefemmeaévitéàmonamid’êtretrempéde

vin.Cegranddadaisesttellementmaladroit,parfois,n’est-cepasTaï?Ils’estlevétropviteetilarenversésachaiseaumomentoù…

Jedésignelaserveusepourqu’elleseprésente.—Amy.—…oùAmyestpassée.Elleauraitpublesserquelqu’unsiellen’avaitpasétésihabile.

Jenesaispascommentelleafaitpournetacheraucunclient.Celarelèvedel’exploit.Nousrecommanderonsvotreétablissementàtousnosamis.

—Ah, ehbien, oui.Merci.Nousn’embauchonsque lesmeilleurs.Amy, bonboulot. Jevaisenvoyeruncommisnettoyertoutçapendantquetut’occupesdetestables.

Amymetendlamain.—Merci,dit-elle.Sonregardestpleinderemords,orsic’estlafautedequelqu’un,c’estbiencelledeTaï.—Iln’yapasdesouci.JesuisMia,etcebeaujeunehommecélibataireestTaïNiko.—Alors,vousn’êtespasensemble?demande-t-elleavantdecouvrirsabouche.Àl’évidence,ellen’avaitpasprévudedireça.JesourisetjeregardeTaï,dontlesyeuxsontscotchéssurMademoiselleAmy.—Non.Mais nous sommesde très bons amis, et je retourne auxÉtats-Unis demain. Il

auraitbienbesoind’unenouvelleamie,d’ailleurs.Tuhabitesicidepuislongtemps?—Non,j’aiemménagécettesemaineavecmonpère.Jenevoulaispasqu’ilvienneseul.

Iln’yaquenousdeux,alors…mevoilà.Jeneconnaispersonne,pourlemoment.Ellesebaissepourramassersonplateauetquelquesboutsdeverreenattendantquele

commisarrive.—Ehbien,maintenant,vousvousconnaissez.Tuastontéléphonesurtoi?Elle fronce les sourcils et sortun iPhonede sapoche. Je le lui prends, j’ajouteTaï aux

contactsetjeluienvoieunmessage.LetéléphonedeTaïvibreetillesortàsontour.—Maintenant,Taïatonnuméro.Ilt’appellerademain.

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Taïouvrelabouche,maisjelefusilleduregardpourl’empêcherdedireunebêtise.Amynousregardetouràtour.

—Est-cequetuaimeslesurf?jeluidemande.—Jen’aijamaisessayé,répond-elleenhaussantlesépaules.Jesourisjusqu’auxoreillesetjelaprendsparlesépaulespourlatirercontremoi.—Taï,n’est-cepashorrible?Amyn’ajamaissurfé.Tunesaispaslemeilleur,Amy?Taï

estprofdesurf!—Çaal’airchouette,entoutcas,dit-elleenépoussetantsajupeetenlissantsontablier

sousleregardfascinédeTaï.Ilfautquej’yaille.Jeseraisravied’avoirunnouvelami.Jesuisvraimentdésoléedet’êtrerentréededans.

Ilplongesesmainsdanssespochesetsebalanced’avantenarrière,passantdesestalonssursesorteils,prenantunaircool.

—Situveux,tupeuxtefairepardonnerendînantavecmoidemainsoiraprèsquej’auraidéposéMiaàl’aéroport.

Bien évidemment, Taï ne sait pas quemon départ n’implique pas des adieux en tête àtête.

—J’aihâtequetum’appelles,Taï,dit-elleenrougissant,maissonregardpétille.—Ah,Amy, jedisquandellecommenceàtournerlestalons,unedernièrechose:que

penses-tudestatouages?Ellevientàmoietchuchotedansmonoreille.Puisellemeremercieetellepartaubar

pourseprocurerdenouveauxverres.Dieumerci,noussommesàHawaïetpasdansunrestoBCBG de New York, où nous aurions été insultés d’avoir une conversation en plein milieud’une flaque de vin et de verre brisé. Ici, àHawaï, les gens s’occupent de leurs affaires, secontentantdecontournerlesdégâts.

Taïetmoinousrasseyonsenfin.—Alors,champagne?jeluirappelle.Sonregards’assombritetilgrogne.—Qu’est-cequ’ellet’adit?—Àproposdestatouages?—Non,àproposdupape!Biensûr,destatouages.Ila l’airaffreusementnerveux,cequiestgénial,parcequedepuisque je l’ai rencontré,

Taï a toujours eu l’airmerveilleusement sûrde lui, sans compter lanuit où ilm’a fait jouirtantdefoisquejemesuisévanouie.

Je m’appuie sur la table avec un air mystérieux, puis je regarde autour de nous pourm’assurerquepersonnenenousentend.

—Elleadore.Elleditqueçal’excite.Etcen’estpastout…Taïserapprocheencore,etmeslèvreseffleurentsonoreille.

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—…toutlecôtégauchedesondos,jusquesursesfesses,esttatoué.Maiscen’estpasuntribal.

Jereculedansmachaisepourmieuxprofiterdesonregarddebraise.—Sontatouagereprésentelesbranchesd’uncerisierenfleurs,c’estcanon,tunetrouves

pas?Sesnarinessedilatentetsarespirationdevientpluslourde.—Ouais,canon.—Jemesuisditqueçateplairait,jedisenjouantdessourcils.—Etc’esttoiquim’arrangeslecoup,c’estpasunpeubizarre?—Pourquoi?—Parcequeçafaitunmoisqu’onbaise.Je comprends son raisonnement, mais je ne vois pas les choses ainsi. Taï a besoin de

quelqu’un, et vite. Par ailleurs, je suis convaincue qu’Amy est la femme dont Masina lui aparlé.

— Ouais, mais après ce soir, ce sera fini. Tu vas me dire adieu avec une nuit que jen’oublieraijamaiset,demain,tucommencerastanouvellevie.Tun’aspasvusescheveux,sesyeuxetsoncorps?C’estlafemmedetavie!

—Tun’ensaisrien.—Tuvasmedire que tun’as rien ressenti quand elle t’est rentréededans ?Et que tu

avaistesmainssursescuisses,sataille,sesjouesetseslèvres?—Non…Si,biensûrquej’airessentiquelquechose.J’éclatederire,etilsouritenfin.—Jesuistellementcontentepourtoi!jem’exclameensautillantsurmachaise.Etsion

sautaitlerepasetqu’onpassaitdirectementaudessertetauchampagne?—C’esttasoirée,frangine.Demain,unenouvelleviecommencepourtoi.

***

Heureusement,j’aifaitmesvalisesavantd’allerdînerhiersoir,carjen’auraispaspulesfaireenrentrant.Taïpensequemonavionpartcesoirpuisqueje luiaiditqu’ildécollaitàvingtheures.Enréalité,jeparsàhuitheuresdumatin.Jen’aimevraimentpaslesadieux.

Jesorsdutiroirlepetitcadeauquejeluiaiachetéetjeleposesurlebar.Lorsquejesuissortie de la bijouterie où j’ai acheté le bracelet de Maddy, l’autre jour, une artiste localepeignaitdes imageset je luiaidemandésielleconnaissait lesymbolesamoanpourl’amitié.Elle m’a répondu que oui et elle l’a peint. Pour moi qui n’y connais rien, on dirait un Lmajusculeenécriturecursive.Endessous,j’aidessinéuncœuraufeutrenoiretj’aiécritmonprénomàcôté,puisjel’aimisdansunpetitcadreenbois.

Jesorsmonpapieràlettresetjem’installesurletabouretpourécriremonmotàTaï.

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Taï,monSamoandiaboliquementsexy…Mercidem’avoiroffertundesplusbeauxmoisdemavie.Tuasremplimonmonded’unejoie

immense,de rires etdeplaisir. Jen’arriverai jamaisà t’oublier,nonpasque j’enauraisun jourenvie. Lorsque je suis venue ici, beaucoup de choses m’attristaient : ma famille, mes relationsamoureuses,mon travail.Tuas changé tout cela. Il t’a suffid’unclind’œil etd’un sourirepourchasserlesténèbresquim’enveloppaientetlaisserentrerlalumièreenmoi.

Durantmon séjour ici, j’ai appris à profiter de la vie, quoi qu’elle apporte. De simplement«melaisserporter»etd’apprécierlemomentprésent.Sincèrement,celafaisaitlongtempsquejenem’étais pas autant amusée. Tum’as rappelé que je suis jeune et que j’ai encore beaucoup detempspourdéciderquiseraavecmoi«àjamais».Jesaisquetuashâtedetrouverlafemmequisera à tes côtés pour toujours, et du fond du cœur, je crois que tu l’as trouvée. Appelons celal’intuition féminine. Les choses n’arrivent jamais par hasard. C’est simplement que, parfois, laraisonnenousparaîtpasévidente.

Jesuisraviedet’avoirrencontrélorsdemonpremierjoursurl’île.Chaquemomentavectoiaétéunenouvelleexpérience,uneaventure.Mercidem’avoiroffertcela.Jesuistristedepartirettuvasterriblementmemanquer.Resteencontact,s’ilteplaît.

Tafrangine,Mia

Commeàmonhabitude, jemesuisglisséehorsdulit, j’aiécritmalettre, j’ai laisséson

cadeauetjesuismontéedansletaxisansréveillermonbeauSamoan.Jemedemandecequim’attendàWashingtonavecmonsieurWarrenShipley, hommed’affaires et politicien. Peut-êtrevais-jerencontrersonbeaufiston,lejeuneAaronShipley.Sinon,ehbientantpis,onmepaiecentmilledollarspouravoirl’airbelleaubrasd’unvieuxquineveutpasdesexe.Maispeut-être que ce sera comme avec Tony etHector, et qu’il est secrètement gay ? Ce seraitgénial!Maisnon,ilyaforcémentquelquechosedelouchepourqu’ilembaucheuneescort.Mêmes’ilestvieux,ilestbeauetriche,ilyadesdizainesdevipèresquiseraientprêtesàsetaperunvieuxschnockgratos.

Unefoisencore,jedécidedemelaisserporter.Jereculedansmonsiègealorsquenousdécollonset jem’endors immédiatement. Je rêvedemarchesenmarbreblanc,de symbolesphalliquesdanslecieletdelastatueenmarbred’unprésidentdéfunt,assisdanssonfauteuil,surveillantunevillebétonnée 3.

1.Pendentif.

2.Soleil.

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3.MiarêvedesmonumentspharedeWashington  : lesmarchesmenantauLincolnMemorial, l’obélisqueduWashingtonMonumentetl’immensestatued’AbrahamLincoln.

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ÀPROPOSDEL’AUTEUR

AudreyCarlanvitdanslabelleCaliforniaValleyensoleillée,àdeuxheuresdelavilleet

delaplage,aumilieudesmontagnesetdesvignesmerveilleuses.Elleestmariéeàl’amourdesaviedepuisplusdedixans,etelleadeuxjeunesenfantsquiméritenttouslesjoursleurtitrede«monstresenfolie».Lorsqu’ellen’écritpasdeshistoiresd’amourérotiques,qu’ellenefaitpasdu yogaouqu’ellene sirotepasun verrede vin avec ses « âmes sœurs » – trois voixuniquesetincroyablementdifférentesdanssavie–,onlatrouveplongéedansunlivre.Plusprécisémentunromanchaudetpleind’amour!

Elleapprécietousvosretours,alorsn’hésitezpasàlacontacterauxadressesci-dessous.

E-mail:[email protected]:facebook.com/AudreyCarlanSiteweb:www.audreycarlan.com

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RETROUVEZMIATOUTAULONGDEL’ANNÉE!

CalendarGirljanvierparule5-1-2017CalendarGirlfévrierparule2-2-2017CalendarGirlmarsparulele2-3-2017CalendarGirlavrilparule6-4-2017CalendarGirlmaiparule4-5-2017CalendarGirljuinàparaîtrele1-6-2017CalendarGirljuilletàparaîtrele6-7-2017CalendarGirlaoûtàparaîtrele6-7-2017CalendarGirlseptembreàparaîtrele7-9-2017CalendarGirloctobreàparaîtrele5-10-2017CalendarGirlnovembreàparaîtrele2-11-2017CalendarGirldécembreàparaîtrele7-12-2017

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ÉditionoriginalepubliéeparAudreyCarlan

Tousdroitsréservés,ycomprisledroitdereproductiondecelivreoudequelquecitationquecesoit,sousn’importequelleforme.

Celivreestunefiction.Touteréférenceàdesévénementshistoriques,despersonnagesoudeslieuxréelsserait utilisée de façon fictive. Les autres noms, personnages, lieux et événements sont issus del’imagination de l’auteur, et toute ressemblance avec des personnages vivants ou ayant existé seraittotalementfortuite.

Copyright©2015WaterhousePress

OuvragedirigéparBénitaRollandTraduitparRobynStellaBligh

Photodecouverture©GettyImagesCouverture:RaphaëlleFaguer

Pourlaprésenteédition©2017,HugoetCompagnie

34/36,rueLaPérouse75116 - Paris

www.hugoetcie.fr

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CHAPITREPREMIER

Lorsque je sors de l’aéroport, je découvre un ciel gris, pas du tout ce à quoi je suis

habituée après unmois à Hawaï. L’air est oppressant et si humide quemes vêtements mecollentcommeunesecondepeau.

Je balaie des yeux la rangée de voitures noires garées le long du trottoir et je vois unhommequitientunepancartesurlaquelleestécritmonnom.

—JesuisMiaSaunders,dis-jeenluiserrantlamain.— Je suis James, votre chauffeur. C’est moi qui vous conduirai où vous le souhaitez

durantvotreséjourchezlesShipley.Ilprendmavaliseetlametdanslecoffreavantd’ouvrirmaportière.Jegrimpedansla

voitureenfaisantdemonmieuxpourquemescuissesensueurnelaissentpasdetracessurlecuir. La jupe ample que j’ai choisie pour voyagerm’a paru une bonne idée sur lemoment,maisj’auraismieuxfaitdemettremonlegginghabituel.J’essuiemesmolletsavecmesmains.

—Il fait toujoursaussihumideaumoisde juin? jedemandeensortantmontéléphonedemonsacpourl’allumer.

— Il faut s’attendreà tout. Ilpeut faire trente-cinqdegréset lourd commeaujourd’hui,pleuvoirdescordes,oubienlamétéopeutêtreparfaite.Vousaurezsansdoutedroitàunpeudetoutcemois-ci.Celadit,ilfaitanormalementchaudcetteannée.

Montéléphones’allumeetsemetàsonneravectouslesmessagesquej’aireçuspendantlevol.

À:MiaSaundersDe:SamoanSexyFrangine,fautquetum’expliques.Tum’asplanté.Pascool.

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Je lis les messages suivants, découvrant que Taï ne s’est pas calmé après son premier

message.

À:MiaSaundersDe:SamoanSexyToncadeau…jesuissansvoix.

À:MiaSaundersDe:SamoanSexyJesuisfurieuxdenepasavoireudebaiserd’adieu.

Jem’empressedeluirépondre.À:SamoanSexyDe:MiaSaundersEmbrasselafemmedetavie,elleguériratoustesmaux.

Je ricanede façon très peu féminine, et le chauffeurme regardedans le rétroviseur. Il

hausselessourcils,maisjesecouelatêteetmeconcentresurmesautresmessages.

À:MiaSaundersDe:WesChanningTuvasmereparlerunjour?Çafaitunmois.Nem’obligepasàtecouriraprès.

Endeuxsecondes,jerédigelemessageleplusdésinvolteetfroidquej’aiejamaisécrit.

À:WesChanningDe:MiaSaundersJe suis certainequeGinaa su t’occuper. Je vousai vus vous roulerdespelles en couverture

d’unmagazinepeople.

Après vingt minutes passées à ressasser mon irritation et à regarder mon téléphonetoutes les deux secondes, il répond enfin. Par « il », je veux dire Wes, pas Taï, mais jel’ignore,m’efforçantderestercool,préférantrepenseràmonSamoansexy.

TaïdoitêtreentraindesepréparerpoursonpremierrencardavecAmy.Moncœurbatplusfortenrepensantàlamanièredontleurscheminssesontcroisés…littéralement.Amyacarrémentatterrisursesgenoux!Bonsang,j’espèrequec’estbienlabonne.JeprendraidesnouvellesdeTaïdansunesemainepoursavoiroùilsensont.Quelquechosemeditqu’Amyest l’amourde savie.Quantàmoi, jene saispasquand je vais trouver lemien.Cequi estcertain,c’estqueceneserapasavantlafindecetteannée.

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Hélas,penseràTaïetàl’avenirnem’aidepasàoublierlemessagedeWesquim’attend.

À:MiaSaundersDe:WesChanningTuesjalouse?

Est-ilpossibledecastrerunhommeàdistance?Peut-être,si j’engagequelqu’unpourle

faire ? Après tout, j’ai de l’argent de côté, jeme dis en ricanant, réalisant que si j’ai assezd’économiespourluicouperlabite,c’estparcequej’aibaiséaveclui.

Àquoiiljoue,bonsang?Est-cequejedoisluirépondreoulelaisserruminertoutseul?Àl’évi-dence,iln’apasaiméquejeluiimposeunsilenced’unmois.Maistantpispourlui.Ilafait lacouverturedesmagazinespeopleavec lasublimeGinaDeLuca,moi j’aiprismonpiedavecunsuperbeHawaïen.

Ça.N’a.Pas.D’importance.Hélas, j’ai beau me répéter ces paroles en boucle, le résultat est le même. Il m’est

impossible de ne pas être affectée par ce que fait Wes. Je tiendrai toujours à lui et je nesupportepasdenepassavoircequ’ilfaitetavecquiilest…Çameronge.

Taïétaitunediversionfabuleuse.Jem’amusaiset il faisaitensortequechaque journéesoitplusbellequelaveilleetchaquenuitpluschaudequelaprécédente.Jen’aieuaucunmalàoubliermesproblèmesavecWes,parcequej’occupaismonespritavectoutcequ’unejeunefemmedevingt-quatreansestcenséefaire,s’éclater.Hélas,maintenant,çanemarchepas.

—Est-cequenousenavonsencorepourlongtemps?jedemandeàJames.—Quarante-cinqminutes environ. Je suis navré,Mademoiselle,mais la circulation est

affreuseàcetteheure-ci.Quarante-cinqminutes.C’estbienassezdetemps.SiWesveutparler,alorsqu’ilparle!

Aprèstout,techniquement,noussommesamis.Jesorsmontéléphoneetjetentedemecalmer.—Elleestvivante!s’exclameWesavecsavoixrauqueetsonaccentcalifornien.—Haha.Trèsdrôle.C’estquoi,cettehistoiredejalousie?Tusaistrèsbienquejenele

suispas.Jemens,biensûr.Wesrespirelentementetsoupire.J’entendslebruitdel’océanderrièrelui,peut-êtreest-

ilàlaplage,prêtàsurfer,etjeregretteimmédiatementdenepasêtreaveclui.—Jemesuisditquesijeteprovoquais,tum’appelleraisimmédiatement.—Wes,c’estquoitondélire?jedemanded’unevoixdepesteagressive,cequin’estpas

dutoutcequej’avaisprévu.—À toi deme le dire. Tu t’es éclatée àHawaï ? rétorque-t-il sur lemême ton que le

mien.

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Je pense à Taï et à ses tatouages tribaux que j’ai tant aimé lécher depuis son épaulejusqu’àsacuisse.Çaaétémonpasse-tempspréférédurantlemoisdemai,etun«oui»suavem’échappeavantquej’aiepuleretenir.

Wesgloussedoucement.—Tantqueça,hein?C’étaitunclientoutuaschoisiunautochtone?Latensionentrenousdisparaîtmomentanément.—C’estimportant?jerépondsenfermantlesyeux.—Toutcequitetoucheestimportant,Mia.Tunel’aspasencorecompris?Son ton est sincère,mais plein de regrets. Il essaie de se la jouer cool,mais il échoue

misérablement,nouslesavonstouslesdeux.—Wes…Jel’entendsretenirsonsouffleavantderépondre.—Non,Mia. Jenevaispas faireminedenepas êtredégoûtéque tuaiesbaiséqui tu

voulaisàHawaï,alorsquetuneteprivespasdemedirequetunesupportespasquejefasselamêmechoseavecGina.

Iln’apastort.Toutefois,lecœurasesraisons…Wesabeaudirelavérité,çanechangepasqueçameblessedelesavoiravecGina.Énormément.Nousnousfaisonstouslesdeuxdumal,etaucundenousnetrouvedemoyendel’éviter.

Magorgemesemblesoudainserréequandjeréponds.—Écoute,Wes,jesuisdésolée.Jecomprendscequetudis,ettuasraison.—Çaveutdirequetuvasrentreràlamaison?demande-t-ild’unevoixpleined’espoir.Rentreràlamaison.Oùestmamaison?EnCalifornie,dansmonminusculestudiooùje

n’aipasmislespiedsdepuiscinqmois?ÀLasVegas,danslamaisonpourrieoùj’aigrandi?ÀMalibu,danslesbrasd’unhommesuperbequidétientprobablementunplusgrosmorceaudemoncœurquejenesuisprêteàl’admettre.

Jemelècheleslèvresetrouspète.—Wes,tusaisquejenepeuxpasfaireça.Ilpousseunesériedegrognementslégers,etchacunmefaitl’effetd’uncoupdepoignard

dansleventre.—C’estfaux.Tupeux.Tuneleveuxpas.Jesecouelatêteenessayantdedémêlertouteslesémotionsquisebousculentenmoi.—Jenepeuxpastelaisserpayerlafoutuedettedemonpère.—Encoreunefois,soupire-t-il,tupeux,maistuneleveuxpas.Ilme semble soudain fatigué, comme si chaquemot lui pesait, et tout cela est dema

faute.C’estmoiquilefaissouffrir,quinousfaissouffrir.Cesconversationssontplusduresàchaque fois, et je dois encore tenir sixmois. Dieu sait où nous en serons à la fin de cetteannée.Pourl’instant,notreamitién’estpasautop.Noussommessansarrêtentraindenousfairedumal,mêmesanslevouloir.

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Unlongsilences’installe.Jecherchequoidire,netrouvantpaslesmotspourarrangerlasituation.

—Quandest-cequejepeuxterevoir?demande-t-il.Ilveuttoujoursmevoir?Jenecomprendspascemec.Celadit,jenecomprendspasla

plupartdesmecs,maiscelui-làencoremoinsquelesautres.—Euh, je ne sais pas. Je viensd’atterrir àWashingtonoù jedois faire la jolie aubras

d’unhommequial’âgedemonpère.Weséclatederire.—Un vieux ? Aumoins, je sais que tu ne vas pas coucher avec un papi qui prend du

Viagra!— C’est pas sympa, je gronde d’une voix amusée. Et puis, il a un fils canon qui est

sénateur.Tusaisl’effetquemefontleshommesdepouvoir…LeriredeWess’évanouitinstantanément,etlatensionentrenousredevientpalpable.—Tuplaisantes?—Pasdutout.—Bonsang,tuneveuxpasplutôtcoucheravecmoi?Ilneratejamaisuneoccasion.—Avecplaisir,jerépondssansréfléchir.—Quand?—Laprochainefoisquejeteverrai,bêta.—Etceseraquand?Mince,jenesuisplusvraimentcertainequenousplaisantions.—Jenesaispas.Jesupposequejeteverraiquandjeteverrai,jeréponds.—Pourquoimoi?demande-t-ild’unevoixgraveetfrustrée,commes’ilregardaitleciel

pours’adresseràDieu.Pourquoijemesuisentichéd’unetaréecommetoi?Iléclatederire,etmoncœurbatplusfort.Cerire.J’adorecerire.—Siledestintedistribuelesmauvaisescartes,pariecontreledealer.Salut,Wes.Jen’attendspasqu’ilrépondepourraccrocheretjetentedemecalmer.Ilesttempsdete

concentrersurtonprochainclient,Mia.

***

Ce n’est pasWarren Shipley quim’accueille à l’entrée de sa demeure. L’homme qui setientenhautdesmarchesenpierre,adosséà lacolonneenmarbreblanc,sembletoutdroitsortidumagazineGQ.C’estAaronShipley,lesénateurdémocratedeCalifornie.J’aifréquentémonlotdebeauxgossesaucoursdemavie.J’aiégalement fréquentédeshommescapablesde fendre du bois de leurs mains nues. Cependant, je n’ai encore jamais vu d’hommes quiportentaussibienuncostume.

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Letissugrisanthracitemouleparfaitementseslargesépaules,sataillefineetseslonguesjambes.Ilasansdouteétéfaitsurmesure.SesyeuxsontcachéspardeslunettesdesoleilRayBan,etsescheveuxblondfoncésontcoiffésfaçon«sautdulit »,cequi luivaparfaitementbien.Ila l’airapprêtéavecunetouchedefantaisie,unecombinaisonmortellepourunefillecommemoi.Etsansdoutepourtouteslesfillesdelaplanète.

Ildescendlentementlesmarches,uneàlafoiscommeunfélin,jusqu’àl’alléedegravier.Laplupartdesfemmesiraientàsarencontre,maisjenesuispascommetouteslesfemmesetiln’estclairementpascommetous leshommes.Jeprofiteduspectacleenregardantchacundesesgestes.Unaird’autoritéluicolleàlapeaucommeunparfumdistingué.Ilvientàmoiavecunegrâce,uneagilitéetunetellepuissancequejemanquefondresurplace.L’humiditéquim’asurprisetoutàl’heuren’estplusrien,maintenantquejesenslasueurperlerdansmanuque, chaque goutte ruisselle dans mon dos, me chatouille et me fait presque frissonnermalgrélachaleur.

—VousdevezêtreMademoiselleSaunders,dit-ild’unevoixfermeetchaleureuse.Il me tend la main et à peine nos doigts se touchent-ils qu’une décharge électrique

remontelelongdemonbras.J’essaiederetirermamain,maisillatientplusfort.—C’estétrange,jesensrarementl’essencedequelqu’unennefaisantqueletoucher.—Monessence?Unsouriremystérieuxsedessinesurseslèvresdélicieuses.Ellesnesontnitropfinesni

trop charnues, parfaites pour lesmiennes. Il n’a toujours pas lâchémamain qu’il retournedanslasienne.Cesimplecontactmefaitsaliveretrêverqu’onailleplusloin.Ilremonteseslunettes sur sa tête avec un geste bien trop cool pour un homme politique. Les hommescomme lui sont censés être ennuyeuxetneparler quede lois etdugouvernement et…Sesyeuxmarronplongent soudaindans lesmiensetme transpercent. Je soupire tandisquesonpoucefrotteledessusdemamain.

— Votre essence est votre force de vie, votre magnétisme. Quand nous nous sommestouchés,j’aisentiunedéchargeélectrique.Vousaussi?

Jehoche la tête, la langueengourdie,perduedans ses iris chocolat, concentrée sur sonnezdroit,sespommetteshautesetsamâchoiresaillante.

— Quand j’appuie nos paumes l’une contre l’autre, l’énergie est plus forte, dit-il enserrantnosmains.

Il hausse les sourcils, et son regard se pose sur ma bouche. Mes genoux se mettent àtrembleretjefaisuneffortsurhumainpourgardermalangueoùelleest.

—Venez,dit-il.Cen’est qu’unmot,mais jeme sensdenouveauélectrocutée.Or, cette fois-ci, tous les

frissonsconvergententremescuisses.Ilditautrechose,maisjesuisperduedansmespensées,ouplutôtdansmondésir.Illâchemamainpourcaressermajoue,etj’enailachairdepoule.

—Mia,est-cequeçava?

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Sonregardinquietbalaiemonvisageetilfroncelessourcils.—J’aidit,venez,Pèrevousattend.Jecligneplusieursfoisdesyeux,m’obligeantàrevenirsurterre.— Ah oui, pardon, je réponds en secouant la tête. La journée a été longue. J’étais à

Hawaïetjesuisvenuedirectementici,avecquelquesescales.Jen’aipasdormidelanuit.Les escalesm’ont obligée à courir d’une porte à une autre pour ne pas ratermes vols.

J’aurais pu tuer Tante Millie de ne m’avoir laissé que quarante-cinq minutes pour changerd’avion.Jen’aimêmepaseuletempsd’allerauxtoilettesentredeuxvolset il fautattendred’être à une certaine altitude pour pouvoir détacher sa ceinture. C’est loin d’avoir étémonmeilleurvoyage.

Aaronsecouelatête.— C’est terrible, je vais vous présenter à Père, puis je dirai à James de vousmontrer

votrechambrepourunepetitebaise.—Quoi?jedemandeenm’arrêtantnetenhautdesmarches.— J’ai dit que j’allais vous présenter à Père et vous montrer votre chambre où vous

pourrezvousmettreàl’aise.—Ah,memettreàl’aise,jerépèteenmeretenantderire.—Qu’aviez-vouscompris?Ilsourit,révélantdesdentsparfaites.Ilauraitsaplaceencouverturedesmagazines.Ah

zut,c’estdéjàlecas,c’estvrai.Peuimporte.—Jepensaisquevousaviezparlédebaise,jerépondsenriant.Cettefois-ci,c’estluiquis’arrêtenetdevantlaporte.—Ehbien, commence-t-il en sourianten coin, celapeut s’arranger,même si jene suis

pas certain quemon père apprécie que je couche avec vous avant de vous avoir invitée aurestaurant.

Il me lance un clin d’œil et reprend ma main. Une nouvelle décharge électrise nospaumes,remuantnotreénergiemagnétique.Aaronmeregardeencoinenmeguidantdanslehalld’entrée.

—Vouslasentez,vousaussi?Bon sang, si seulement je ne sentais rien…Plutôt que dementir, je ferme les yeux, je

retiensmarespirationetjehochelatête.

***

Depuis l’extérieur, l’immensemaisondemaître est impressionnante,mais cen’est rien,comparé à l’intérieur.Dans le hall d’entrée, un double escalier couvert d’un tapis jaunemerappelle laroutedebrique jaunesur laquelleDorothéesautillegaiement.Si jen’étaispassifatiguée, je sautilleraismoiaussi.Cettedemeureestplus luxueuseque toutes cellesque j’ai

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vues jusqu’àprésent.Pourtant, lamaisondeWesestsuperbe,confortableetvautsansdouteune fortune. L’atelier d’Alec était impressionnant, le penthouse de Tony etHector branché.Or, le propriétaire de cette baraque doit être la personne la plus riche que j’aie jamaisrencontrée.QuandTanteMilliem’aditqueWarrenétaitunhommed’affaires,jenesavaispasàquoim’attendre.Jemesuisditqu’ilvivraitdansunendroitsympa,orj’ail’impressiond’êtrechezlareined’Angleterre.Lesmurssontarrondispouraccueillirl’escalier,ilyadesmouluresau plafond, et les fenêtres immenses sont bordées de lourds rideaux bordeaux. Mes piedss’enfoncent dans unemoquette épaisse qui semble simoelleuse que je rêverais d’ymarcherpiedsnus.

—C’estincroyable.Aaronsouritetregardeautourdenous,l’airlégèrementblasé.—Mamèreavaitunvraitalentpourladécoration.—Ah?Elledoitêtretrèsfière,c’estmagnifique.— Elle nous a quittés il y a longtemps, mais elle appréciait les compliments et les

magazinesdedécoquisontvenusfairedesphotos.Elleenafaitlacouvertureplusd’unefois.Cettemaisonétaitsafiertéetsajoie,conclut-il.

JesuisAaronensilence,observanttoutelasplendeurquim’entoure,jusqu’àcequenousarrivions devant une double porte en chêne. Des rires retentissent de l’autre côté. Aaronfrappe fort sur leboismaisn’attendpasderéponse,ouvrant laportecommes’ilenavait ledroit.

—Aaron, fiston, viens, entre.Kathleenetmoidiscutions justementde ladébâclede lasemainedernière,danslacuisine.

Ildésigneune femmevêtued’une jupecrayonbleumarineavecun tablierblancetunechemisebeigeboutonnéejusqu’aucou.

—Vois-tu,letraiteurdelasemainedernièrepensaitquejevoulais…—Père…Aaronl’interromptbrusquement,cequejetrouvetrésimpoli.Soudain,jeletrouvemoinsexcitant.—…MademoiselleSaundersestlà.Ilm’inviteàavanceretjemeretrouvefaceàunecopieplusâgéedujeuneShipley.—Ehbien,vousêtesencoreplusbelleenpersonnequesurvotreprofil.CetteMissMilan

saitcequ’ellefait.Elleseraparfaite,tunecroispas,Aaron?Aaronmereluquedespiedsàlatête.—Si,c’estlacandidateidéalepourattirerl’attentiondetesconfrères.— Venez ici, mon enfant, je suis Warren Shipley, me dit-il d’une voix enjouée en me

prenant dans ses bras comme le ferait un père. Vous n’êtes pas du tout ce à quoi jem’attendais,déclare-t-ilenreculantpourmeregarderdanslesyeux.

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Un vieux pervers regarderait plutôt mes seins, dans cette position. Apparemment, matantem’aditlavérité.Jenel’intéressepasdecettefaçon.

— Merci d’être venue. La situation est unique, mais Miss Milan m’a assuré que vousseriez une superbe candidate. Rien qu’à vous regarder… je sais déjà qu’ils vontmemangerdanslamain.

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CHAPITRE2

—Commentça,«rienqu’àmeregarder»?jedemandeenfronçantlessourcils.

Aaronsoupirederrièremoi,puisilposesamainenbasdemondos…trèsbas.Assezbaspoursentirlacourbedemesfessesàtraversmajupe.Ensuite,iltapotemesfessesetilvientdevantmoi,croiselesbrasets’assiedsurlebureaudesonpère,commesiderienn’était.

Jesuissurlepointdeluiencollerunequandilexpliquelasituation.—Pèrevousaengagéeparcequevousêtesmagnifique, jeune,etquevousserezcanon

dansunerobedesoirée.Vousconnaissezl’expression«femmetrophée»,n’est-cepas?Ils’arrêtepourmereluquerdenouveau,etj’aienviededétesterl’effetqu’ilmefait,mais

jenepeuxpas.C’estquelquechose,d’êtreouvertementadmiréeparunhommedesonstatut.—Alors, je dois faire semblant d’être votre…quoi,Monsieur Shipley ? je demande au

père.WarrenregardeKathleen,dontlesyeuxparaissentinfinimenttristes,soudain.—Mieuxvautquejevouslaissediscuterdevosaffaires,dit-elled’unevoixtremblante.Elle marche d’un pas si léger que je ne l’entends même pas sortir. Apparemment,

lorsqu’ontravailledanscegenredemaison,onapprendànepasfairedebruit.Warrenlèvelamainpourluidirequelquechose,maisAaronlasaisitetlareposesurlebureau.

—MachèreMia,leshommesquejefréquentefonttouspartieduclubdesUnPourCent,commemoi-même.Ilsontplusd’argentquedesmilliersdegensn’enaurontbesoinaucoursdeleurvieetilss’enserventpourcontrôlerdegrossesentreprises.Etmoi,jefaissemblantdejouerleurjeu.

Je suis légèrement confuse, car le seul club nomméUnPourCent que je connaisse estuneassociationdemotardsdélinquantsdanslarégiondeLasVegas.

Jeposemesmainssurmeshanchesetpenchelatêtesurlecôté.

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—Çan’expliquepaspourquoijesuislà.Warren se racle la gorge et passe sa main sur sa barbe naissante. Il semble

incroyablementgênéparcetteconversation.—Vousêteslàpourincarnerlaputedemonpère,déclarefroidementlesénateur.Jereculecommesil’onvenaitdemegifleretjecroiselesbras.—Jevousdemandepardon?Jenecoucheavecmesclientsquesij’enaienvie.—Non,non,non,machère. Jeneveuxpas ça…s’empressede rectifierWarren,quia

l’airaussimalàl’aisequemoi.IlregardeAaron,cherchantsonaide,etcelui-ciselèveenlevantlesyeuxauciel.—Mia, ces hommes ont tous une femme à leur bras, dont la plupart sont des salopes

chercheuses d’or. Elles ne sont là que pour être belles, prendre autant d’argent qu’elles lepeuventetbaiseravecleshommesoùetquandilsleveulent.

—Bonsang,fiston,tudoisvraimentparleraussicrûment?Warrenselèveetvientversmoiavecunregardlégèrementhonteux.—Mia,jenevaispasmalvoustraiter,maisj’aibesoinderesterdansleursbonnesgrâces

pour faire avancer l’élaboration demon nouveau programme. Ils sont tous accompagnés defemmes jeunes et superbes, ce que je n’approuve pas. Cependant, je dois jouer selon leursrègles si jeveuxquemonprojetaboutisse, carpourcela, j’aibesoindusoutiendeplusieurshommeshautplacés.Sanseux,monprogrammetomberaàl’eau.

—J’ail’impressionquevousavezbeaucoupréfléchiàlaquestion.—J’yaiinvestibeaucoupdetempsetd’argenteneffet.Plusquejeveuxbienl’admettre,

confirme-t-il.Aaronsecouedenouveaulatête.—Pèreestunpeu leBatmandes tempsmodernes. Il construit le sièged’unorganisme

qui apportera des services médicaux à des pays du tiers-monde. Il va commercialiser desvaccins à une fraction du prix habituel et, donc, il doit créer de nouveaux échanges entrecertainspays,maisaussis’adresserauxdifférentsgouvernementspourobtenir l’immunitédupersonnelqu’ilvaenvoyerauprèsdescommunautés locales.LegouvernementdesÉtats-Unisvaégalementdevoirpasserdesdécretspourautoriserl’entréeetlasortiedel’associationduterritoire. Ce sera un peuunmélange de laCroix-Rouge, du LionsClub International et deMédecinsSansFrontières.

—Vousvoulezaideràsauverdesgensdansdespaysdutiers-monde?Jenecomprendspaspourquoi ce seraitunproblème.Est-ceque lesmembresdugouvernementnedevraientpassejetersurl’occasiondelefaire,surtoutsiçanecoûterienauxcontribuables?

Warrenposesesmainssurmesjouesetplongesonregarddanslemien.Sesyeuxmarronsontchaudsetpleinsdegentillesse.

—C’est le casde certains,Mia.Mais il y adenombreuses barrières, plus que vousnepouvezl’imaginer.

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Illaissetombersesmainsetreculepours’appuyerdenouveaucontrelebureau.—Pourfairetombercesbarrières,j’aibesoindusoutiendequelqueshommespuissants,

dontcertainsdemandentquemafamilleleuraccordedesfaveurs,cequenousrefusons.WarrenregardeAaronquisoupireetbaisselatête.Warrennesemblepasprêtàmettre

enpérillacarrièrepolitiquedesonfilspourfaireavancersonprojet.C’estalorsquejedécidequeWarrenShipleyestunhommebien.Quantàsonfils…onverra.

—Alors,quedois-jefaire?jedemande.Aaronvientversmoietposesamainchaudesurmanuquepourlaserrerlégèrement.— Vous irez à divers événements avecmon père, vous aurez l’air jolie, vous sourirez,

vousserrerezmonpèrecommesivousétiezsonnouveaujouet,etc’esttout.—Etvous?jedemandeenmeléchantleslèvres.Ilsuitlemouvementdemalangueavecuneintensitéquimeplaît.Sisonpèren’étaitpas

là,jesuissûrequejeseraisplaquéecontrelemurleplusprocheetquesaboucheseraitsurlamienne.

Ungémissementretentitaufonddesagorge,quejeressensjusqu’àlapointedespieds.Ilapproche son visage dumien, si près que je sens son souffle surma joue lorsqu’il chuchotedansmonoreille.

—Moi?Ehbien,j’auraileprivilègededivertirlenouveaujouetdemonpèreenprivé,répond-ilenhaussantlessourcils.

Ilreculeetmefaitunclind’œil.—Oncommencequand?jedemande.

***

Le lendemain soir, après avoir dormi presque vingt-quatre heures, jeme retrouve à ungalade levéede fondsavecmonsieurShipley.Je regardeautourdemoicommeunegazellequiasentil’odeurd’unchasseur.Lorsquej’aiaccompagnéWesàcegenred’événement,ilétaitlàpourmemettreàl’aise.Cen’estpaslecas,cettefois-ci,etjedoispuiserdansmaconfianceenmoipournepasperdredevuecequejefaisici.JebalaielapièceduregardetjerepenseauxsoiréesguindéesdeMalibu,ladifférence,c’estquelesinvitésquim’entourentcesoirsontclairementplus riches.Ma roben’apasde sequins cette fois-ci. Jeporteunmodèledessinépar Dolce & Gabanna spécialement pour monsieur Shipley. Elle est entièrement ouvertedepuislanuquejusqu’auxfesses,maisellenemontreriendevant.Lorsqu’ilm’avue,Warrenarougi et n’a rien dit du placard rempli de vêtements haute couture qui se trouve dansmachambre. J’ai tout pris en photo et je les ai envoyées à Hector, mon meilleur ami gay deChicago. Sa réponsedisait quelque chosedu genre «Chica, tu es la reine de l’univers.Quedois-jefairepouravoirunbilletpourleparadis?».

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Enobservantlafoule,jesuischoquéeparlenombred’hommesdeplusdecinquanteansaccompagnés de femmes assez jeunes pour être leurs filles, voire leurs petites-filles. Je sorsdiscrètement mon téléphone pour prendre des photos de la salle de bal géante et de sesinvités.Noussommesàunelevéedefondspourl’undes«amis»deWarren,quialui-mêmeadmisquetrèspeudesmembresduUnPourCentétaientréellementamisetquecesamitiésallaient rarement au-delà du prochain accord commercial. En bref, si l’accord ne rapprochepas les deux personnes de leur but ou qu’il ne leur rapporte pas la montagne d’argentescomptée, l’amitié est jugée comment n’ayant plus aucune valeur. Honnêtement, ça medégoûte,mais je suis payéepour être là, alors… je travaillerai surmamauvaise conscienceplustard.

À:MaSalopeChérieDe:MiaSaundersDevineletitredelaphoto.

À:MiaSaundersDe:MaSalopeChérieFacile!C’estlajournéepère-filleauCapitole1!

Jesuisàdeuxdoigtsd’éclaterderireetjedoisfaireunteleffortpourmeretenirqueje

finisparm’étouffersurmonchampagneenvacillantsurmestalonsaiguilles.Bonsang,j’adorecettefille.

—Toutdoux,ditunhommegrisonnantenattrapantmonbraspourquejeretrouvemonéquilibre.Vousvousétouffezsurde l’or liquide.Mais jesupposequ’ilyadepires façonsdepartirqu’ens’étouffantsurduchampagneàcinqcentsdollarslabouteille.

Ilricanetandisquejecrachelagorgéeencoredansmabouchedanslaplantedevantmoi.Je toussesèchement,et l’hommesaisitunverred’eausur leplateaud’unserveur.Je leboislentement,rinçantlechampagnequiestpasséparlemauvaistrou.

—Jesuisvraimentdésolée,dis-jeenmeraclantlagorgepuisenfaisantlamoue.L’homme, qui doit avoir au moins soixante-cinq ou soixante-dix ans, secoue la tête et

tapotemajouecommesij’étaissontoutoupréféré.—Pasdesouci,mapetite.Quiesttonpapa?Bonsang,ilestpasséenunriendetempsdupapigâteauauvieuxpervers.—Jenesuispascertainedevouscomprendre,jerépondsenhaussantlessourcils.—Nefaispasl’idiote.Quis’occupedetoi?Il lècheses lèvresgercéesetrespire laboucheouverte,m’asphyxiantavecsonodeurde

cigareetdewhisky.Jedéglutispourmeretenirdevomir.Quelqu’unseraclelagorgederrièrelui.— Tu sembles avoir trouvé quelque chose qui m’appartient, dit Warren Shipley en

lançantauvieuxunregardglaciallorsqu’ilremarquesamainposéesurmonbras.

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—Warren,jenesavaispasquetuavaisenfinadoptéunpetitagneau,répondl’autreensouriant,toutenmereluquant.Etqueljolipetitanimal!Tuleprêtes?ajoute-t-ild’unevoixmielleuse.

J’aideplusenplusdemalàravalermabile.Warrenéclatederiresuffisammentfortpourquetoutelapièceentende.—Jecrainsquenon,Arthur.Jemefaisunpeuégoïsteavecl’âge,monvieilami.Arthurlâchemonbraset,instinctivement,jelefrotteàl’endroitoùilavaitposésamain.

Warren remarque mon geste, et sa mâchoire se crispe. Il avance vers moi et me prenddélicatementparlataille.

—JeteprésenteMia,maprotégée.Mia,voiciArthurBroughton.Warrenpincelégèrementmataille,etjetendsmamainàArthur.—C’estunplaisir,MonsieurBroughton.JemerapprochedeWarrenpourêtreplusconvain-cante,etcederniermeserrecontre

luiavantdem’embrassersurlatempe.—Mia,tuasl’airassoiffée.Vatechercheràboire,jeterejoinsdansuninstant.Jehochelatête,etilmemetunetapesurlesfesses.C’estléger,mêmesionnepeutpas

dire que ce soit amical, comme lorsque Mason, mon ancien client, me mettait une fesséechaquefoisquejepassaisdevantlui.Aumoins,Warrennemetripotepascommecelasembleêtrelanormepourcesvieillards.

Jemefaufileparmilesvieuxauxquelssontagrippéesdebellesjeunesfemmes.Dansmatête, jevisualisedepetitesmenottesquigardentcespauvresfemmesligotéesauportefeuilledeceshommes.Beurk.

Lebarmanm’offreunecoupedechampagnequejeboisculsec.Jereposelacoupevideetj’endemandeuneautre.

—Doucement,ma belle, si tu t’affiches bourrée, tu ruineras l’image demon père, ditAaronens’installantsurletabouretàcôtédumien.

—Jenecomprendspascequejefaislà,jerépondsensecouantlatêteetenfronçantlessourcils.

—Tu le faisdéjà,pourtant.Tues jolie,donc tumontresàcesvieuxschnocksquemonpèreestl’und’entreeux.TulevoisparleravecArthurBroughton?

Jegrimaceenentendantlenomdeceluiquim’aempoignéeparlebras.— Arthur est propriétaire des ports par lesquels Père veut faire entrer et sortir les

médicaments.Tous lesgérantsdeportsduglobesontdanssapoche,etPèreabesoindeluipouramarrersesnavires.

—Maispourquoi?Cequ’ilfaitestbien,c’estdel’aidehumanitaire!Aaronricane,puissourit.— Oui, mais ça ne rapporte pas d’argent et c’est dangereux d’envoyer des Américains

danscespays,mêmepourmonterdescliniques.Etquandjedis«cliniques»,cesontsurtout

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desbunkers.Maiscen’estqu’uneseuleétape,etçan’arriveraquesiArthuracceptedelaisserlesbateauxentreretsortir,sachantqu’ilperdral’argentqu’ilgagneraitavecd’autresbateaux.Ce n’est pas une tâche facile. Père doit ensuite convaincre les entreprises de cargos, lesmédecins, les missionnaires, les forces armées, et ainsi de suite. C’est un véritable projetd’envergure.

Waouh ! Alors, Warren est vraiment un Batman des temps modernes. Il apporte lamédecineauxpaysdutiers-mondeetilprenddesrisquespourlebiendel’humanité.Pourunefois,jesuisfièredecequejefaispourmonclient.

—Alors,commentjepeuxaider?Aaronlèveunemainetcaressemajoueduboutdupouce.—Détends-toi,toutlemondeavusonbeaujouettoutneuf.Rienquepartaprésence,tu

l’aidesàfairepartiedesgrands.J’écarquillelesyeuxetlefusilleduregard.—Nonpasquemoi,jecroiequetuesunjouet.Waouh,tuessusceptible!Jelèvelesyeuxauciel.—Désolée. Peut-être un peu, oui. Cette situation est différente de celles auxquelles je

suishabituée.Ilserapprochedemoietjesenssonparfumauxsaveursdepommeetdesantal.—Àquoies-tuhabituée,alors?demande-t-ild’unevoixdeséducteur.Jelèveuneépauleetregardepar-dessusenbattantdescils.—C’estdifférentpourchaqueclient.—Ahoui?Etsi…tantquetueslà…jevoulaisprofiterdecettedifférence…çapourrait

t’intéresser?Avecmoi,pasmonpère.Je retiensmon souffle et penche la tête sur le côté pour étudier l’homme qui se tient

devant moi. Il n’est pas timide, c’est certain. Il me regarde avec un mélange de désir,d’égoïsmeetdepossessivitéquifaitnaîtredesfrissonsdeplaisirentremesjambes.Ilposesamain sur mon genou et dessine de petits cercles sur ma peau nue. Mon excitation setransformeenunemarmited’énergiebouillante.Ilsembleraitqu’AaronShipleyaimecepetitjeudeséduction,entoutcas,ilsaits’yprendre,carjesuislargementséduite.

Heureusement,Warrenrevientavantquejeneperdelatêteetquejemordeunebouchéedudélicieuxspécimendevantmoi.

—Champagne,s’exclame-t-ilensouriant jusqu’auxoreilles.Nousavonsquelquechoseàfêter!annonce-t-ilalorsquelebarmanluitendunecoupe.

—Ahbon,Père?Raconte-nous.L’attente…commence-t-ilenmetoisantduregard,estterrible.

Warrenpasselademi-heurequisuitànousexpliquerl’accordqu’ilaconcluavecArthurBroughton. Il s’avère qu’Arthur a besoin d’une déduction fiscale et de redorer l’imagemédiatiquedesonentrepriseaprèsqueseséchangesavecl’Asieontétélourdementcritiqués.

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Il ne peut pas laisser passer l’occasion de faire savoir au public que ses ports servent àimporter lematérielmédical et lesmédecins qui sauvent certaines des populations les pluspauvresdumonde.

—Merci,Mia.Tum’aidesdéjààfaireavancermonprojet.Jesecouelatêteenfronçantlessourcils.—Jenevoispascomment.—Ehbien vois-tu,Arthurm’évitait parce qu’il pensait que je n’approuvais pas l’accord

qu’il a conclu avec un des concurrents de Shipley Inc., qui est d’ailleurs parfaitementapocryphe.

Aaron hoche la tête, et je faismine de savoir ce que veut dire apocryphe. Sans douteveut-ildirequel’accordestdouteux,ouquelquechosecommeça.

—Tum’asdonnél’occasiondecommenceruneconversationaveclui.Nousavonsd’abordparlédetoi,puisnoussommespassésauxaffaires.Çaamarchécommesurdesroulettes,dit-ilensouriantetenvidantsacoupe.

Jenepeuxriendiredeplus,cescénarioestendehorsdemazonedeconfort.Ilvafalloirquejemefieàmoninstinct,toutsimplement.

—Danscecas,jesuisravied’avoiraidé!dis-jeenlevantmonverreetenriant.Jevidemacoupeàmontour,puisWarrendécidequ’ilesttempsderentrer.Lasoiréeaétélongue,lesconversationsennuyeuses.Lessemainesàvenirvontêtreaussi

peu amusantes que la section « histoire » d’une bibliothèque. Je ne vais avoir pourdivertissementquedesvieillards,desaccordscommerciauxetdesnanaschercheusesd’or. Ilvafalloirquejetrouveunmoyend’êtreplusutile.

Plustarddanslanuit,jeréfléchisàlaquestionenparcourantlescouloirsdelademeure,à la recherchede la cuisine, tarddans lanuit. Il yadesœuvresd’artde toutes lesépoquestouslestroismètresetj’aiplusl’impressiond’êtredansunmuséequedansunemaison.Iln’yapasdephotosde familleaccrochéesauxmursnide souvenirsde l’enfanced’Aaron.Cenesontquedesantiquitésetdesartefactsprécieuxsanslamoindrevaleurpersonnelle.Cesontclairementdesreliquesdupasséquiontétéoubliéesparleshabitantsdelamaisonouquineserventquecommedémonstrationd’opulence.Celamerendtriste,carcesontdevéritablesjoyaux qui devraient être mis en avant, pas utilisés pour combler les espaces dans uneimmensemaisonvide.

Aufondducouloir,jetrouveunevastecuisineavecunimmensefrigoauxportesvitrées.Derrière l’une, du lait, du fromage, des fruits et des légumes, riend’anormal pourun frigo.Derrièrelesautres,desfleursdetouteslessortes.

—Oh,jenevousavaispasvue,ditunevoixdouceàmescôtés.JetournelatêteetdécouvreKathleen,l’employéedemaison,surlepasdelaporte.—Jen’arrivaispasàdormir, jerépondsensouriant.Jenemesuispasencorehabituée

audécalagehoraire.

Page 111: Copyright © 2015 Waterhouse Pressekladata.com/uCBiA0CYhj0kPfjB4mJUEciLpWs.pdfle chic pour prendre des décisions de dernière seconde. Elle compte énormément sur la chance qui,

Elleentredanslacuisine,ouvreunplacardetsortdeuxassiettes.—Vousvoulezunsandwich?—Avecplaisir.Çafaitdeuxjoursquenousnemangeonsqu’aurestaurantetjerêved’un

bonvieuxjambon-fromage.Parcontre,jen’acceptequesitumetutoies.—Çamarche,répond-elle.Ellesourittendrement,maissa joien’atteintpassesyeux.Ellenecessedemeregarder

du coin de l’œil en préparant les sandwichs et je devine sans mal que quelque chose latracasse.

— Tu sais, tu peux me demander ce que tu veux, je répondrai sincèrement. J’ail’impressionquetunesaispaspourquoijesuisici.

Ellesecouelatêteetjointsesmainssurlaceinturedesarobedechambre.—Jesuisuneescort,Warrenapayémesservices.Kathleenécarquillesesgrandsyeuxbleusetelleposeunemainsursoncœurensetenant

auplandetravail.—Jevois.Je n’ai pas pum’en empêcher. Il est évident qu’il se passe quelque chose entre elle et

MonsieurShipleySenior.—Cen’estpascequetupenses…jecommence,alorsqu’ellereculejusqu’aufrigo.— Peu importe ce que je pense. Je suis, euh… je ne suis qu’une employée, dit-elle en

fronçantlessourcils.J’appuieunehanchecontrelecomptoiretj’attendsqu’ellemeregarde.Lorsqu’ellelèvela

tête,sesyeuxsontremplisdelarmes.—Jenecouchepasaveclui,Kathleen.—Maistuesuneescort.Tuviensdedireque…—Jesuissonescort,etilm’aengagéepourl’accompagneràdessoiréesmondaines,pour

avoir l’air jolie à son bras. Pas pour dormir dans son lit, à l’évidence il a déjà assez decompagniecommeça,j’ajouteensouriant,lafaisantrougir.

— Je ne vois pas de quoi tu parles, dit Kathleen en resserrant les pans de sa robe dechambresursapoitrine.

—Biensûrquesi.Entoutcas,c’esttrèsclairàmesyeux.Lesdeuxsandwichsqu’elleapréparéssontencore

surlatable,etl’unestbienplusgrosquel’autre.—Pourquiestlesandwich?—J’aitrèsfaim,répond-elleenrougissantdeplusbelle.—Ouais,moiaussi j’aisouventfaimaprèsunebonnepartiedejambesenl’air.Apporte

sonsandwichàtonhomme.Tonsecretserabiengardéavecmoi,promis.Je prends l’assiette avec le plus petit sandwich et je m’apprête à retourner dans ma

chambre,oùlatélém’attend.

Page 112: Copyright © 2015 Waterhouse Pressekladata.com/uCBiA0CYhj0kPfjB4mJUEciLpWs.pdfle chic pour prendre des décisions de dernière seconde. Elle compte énormément sur la chance qui,

—Mia,ilneveutpasqueçasesache.Çaluiferaitdumal.—Dumal?Pourquoi?jedemandeenmetournantverselle.—C’estmoiquiaiélevéAaronaprèslamortdesamère,etilnecomprendraitpas.Son

pèreetmoinoussommesmisd’accordpournerienluidire.Etpuis,nousnevenonspasdumêmemilieu.Moi,jenesuispersonne.

Jetendslamainpourprendrelasienne,maisellereculevivement.—C’estrien,çava.C’estmoiquil’aichoisi.Sijen’étaispasamoureusedelui, jeserais

déjàpartie.Jepréfèrel’avoirdansl’obscuritédelanuitquepasdutout.Bienévidemment, jenesuispasdutoutd’accordaveccequ’elledit,maisquandj’ouvre

labouchepourrépondre,elleserapprochedemoietserremonbras.—Mercidet’inquiéter,maistunenousconnaispas.Nousapprécieronstadiscrétionàce

sujet.Elleattendensilencetandisquejecherchemesmots.—Bien,sic’estcequevousvoulez.—Oui,merci.Àdemainmatin.MonsieurShipleym’aditqu’ilyavaituncertainnombre

d’événements auxquels il voulait t’emmener. Je suis soulagée de savoir pourquoi tu es là.Mercipourtonhonnêteté,Mia.C’estuntraitdecaractèrerafraîchissant,danscescontrées.

Ellem’offre ce sourire timideque jen’ai vuquedeux foisdepuis que je l’ai rencontréedanslebureaudeWarren,puisellepart,melaissantdanslacuisineavecmonsandwichetunnouveauprojet.Biensûr,ilfautquejesachesimonclientpartagelesmêmessentimentsquelabelleemployéedemaison.Ilfautaussiquejesachecequ’AaronpensedeKathleen.

J’ai lesentimentque le jeuneShipleynevapasêtreuneaffaire facile,mais il fautbienque quelqu’un s’y colle. Je ricane dans ma barbe en m’enfonçant de nouveau dans lelabyrinthedecouloirspourregagnermachambre.Demainestunautrejour.

ÀSUIVRE…

1.BâtimentquisertdeCongrèsauxÉtats-Unis.(NdT,ainsiquepourtouteslesnotessuivantes.)