Écopolis un concept novateur en flandre

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Les Cahiers nouveaux N° 78 Août 2011 43 43-47 Erik Rombaut 02 Hoger Architectuurinstituut Sint-Lucas Enseignant Étienne Christiaens 01 Service public fédéral de Programmation – Intégration sociale Politique des Grandes Villes Attaché Écopolis Un concept novateur en Flandre Une ville selon le modèle de l’«Écopolis» est une ville auto-suffisante qui ne produit pas de déchets et où chaque produit est repris dans un cycle fermé. 03 Elle est constituée de trois caracté- ristiques fondamentales. 1. Comme ville responsable, elle gère des flux (déchets, eaux…), 2. comme ville vivante et attractive pour tous les organismes vivants, elle gère des lieux et 3. comme ville participante, elle mène des actions vers les acteurs. Le modèle ultime est la ville en forme de lobes avec un centre, des coulées vertes, de l’eau et des liaisons où le centre (la gare centrale) est acces- sible en ¼ heure à vélo. Le concept d’«Écopolis» Le concept d’«Écopolis» développé par le pro- fesseur Sybrand Tjallingii de Delft 04 , à partir de 1992, adopte une posture de base différente de la posture classique ainsi qu’un certain nombre de principes directeurs pour une transition vers une société fondée sur l’écologie. Suivant une approche éco-systémique plutôt que socio-éco- nomique, les principes adoptés recoupent les trois piliers du développement durable (environ- nement, économie et social) et sont celles d’une ville responsable, vivante et participante. Pour offrir le plus de potentialités à une telle ville, de nombreuses recherches ont démontré que la forme urbaine la plus adaptée est celle de la ville en forme de lobes. 05 Introduction Le projet d’«Ecopolis-Vlaanderen» a été réa- lisé entre janvier 2008 et décembre 2009 par le Vlaams Instituut voor Bio Ecologisch bouwen en Wonen (VIBE vzw). Il s’intègre dans un pro- gramme initié par le Ministère de l’Environnement de la Communauté flamande, appelé DuLoMi (Duurzaam Lokaal Milieubeleid ou Politique lo- cale de l’Environnement durable). Il vise à stimuler les aménageurs tels que les architectes, les urba- nistes, etc. et les pouvoirs locaux à faire les bons choix en matière d’aménagement de l’espace. Ce projet part d’une vision intégrée du concept d’«Écopolis» et formule des réponses concernant les problèmes spatiaux, sociaux et économiques du territoire flamand. Concrètement VIBE vzw a réalisé avec l’aide d’un groupe d’experts 06 les ins- truments nécessaires, tels qu’un «Manuel pour un urbanisme durable en paroles et en images» via un site web 07 et un document, un livre 08 richement illustré. Ces experts ont également accompagné une petite dizaine de projets en préparation dans diverses villes et communes de Flandre, dont Ypres, Anvers, Peer… Posture de base : La ville durable comme un éco-système plus que comme un système socio-économique Pour réaliser une ville durable, il y a lieu d’articu- ler le développement de la ville aux règles de la nature. L’ancienne image d’une nature comme un phénomène qui doit être maîtrisé montre chaque jour ses limites. Cette image sera abandonnée au profit d’une approche plus humble qui consiste à adapter les actions humaines aux règles de la nature. L’écologie, définie comme la relation entre des organismes vivants et leur environne- ment, jouera un rôle plus actif lors de la planifica- tion et la conception des projets. La ville n’est plus perçue seulement comme un système socio-économique, mais plutôt comme un éco-système où tout est en relation, où tout est interdépendant. L’approche holistique et intégrée où l’ensemble est supérieur à la somme des parties, sera préférée à celle d’une approche purement sectorielle 09 ou catégorielle. 10 L’approche traditionnelle envisage la ville et la campagne à partir de la polarité classique nature- culture. La nature commence où la ville se ter- mine. Les écologues ne s’occupent pas de la ville, les urbanistes ne s’occupent pas de la campagne. La nature et l’homme sont deux choses diffé- rentes. La nature est un objet à avoir, à protéger, à maîtriser ou à conquérir -et donc à perdre-. En 01 Ir. Architecte Urbaniste, Boulevard Albert II, 30 B-1000 BRUXELLES – tél. +32 2 508 85 82 – fax +32 2 508 86 10 – mail : etienne.christiaens@ mi-is.be - www. politiquedesgrandesvilles. be 02 Biologiste. Il enseigne à la Hoger Architectuurinstituut Sint-Lucas - Hoogstraat 51, B-9000 Gent - tel. +32 (0)9 2251000 fax + 32 (0)9 2258000 - Paleizenstraat 65-67, B-1030 Brussel - tel +32 (0)2 2420000 fax + 32 (0)2 2451404 et à la Katholieke Hogeschool Sint-Lieven - Departement Sint-Niklaas, Hospitaalstraat 23 - B-9100 Sint-Niklaas - tel + 32 (0)3 7764348 fax +32 (0)3 7663462 - erik.rombaut@ scarlet.be 03 Selon le principe dit de «cradle to cradle». Ndlr : La marque de certification C2C (Cradle to Cradle, littéralement «Du berceau au berceau») distingue les produits dont tout le cycle de vie procède d’une conception respectueuse de l’environnement. Voir le site : http://www.wipo.int/ wipo_magazine/fr/2009/02/ article_0010.html 04 TJALLINGII, 1992, 1996. 05 «Lobbenstad/ lobe-city». 06 Els Huigens (paysagiste, Fris in het Landschap), Trui Maes (urbaniste, Centrum voor Duurzame Ontwikkeling - UG), Etienne Christiaens (ir.

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Page 1: Écopolis Un concept novateur en Flandre

43Les Cahiers nouveaux N° 78Août 2011

43

43-47Erik Rombaut02 Hoger Architectuurinstituut Sint-LucasEnseignant

Étienne Christiaens01 Service public fédéral de Programmation – Intégration socialePolitique des Grandes VillesAttaché

Écopolis Un concept novateur en Flandre

Une ville selon le modèle de l’«Écopolis» est une ville auto-suffisante qui ne produit pas de déchets et où chaque produit est repris dans un cycle fermé.03 Elle est constituée de trois caracté-ristiques fondamentales. 1. Comme ville responsable, elle gère des flux (déchets, eaux…), 2. comme ville vivante et attractive pour tous les organismes vivants, elle gère des lieux et 3. comme ville participante, elle mène des actions vers les acteurs.Le modèle ultime est la ville en forme de lobes avec un centre, des coulées vertes, de l’eau et des liaisons où le centre (la gare centrale) est acces-sible en ¼ heure à vélo.

Le concept d’«Écopolis»

Le concept d’«Écopolis» développé par le pro-fesseur Sybrand Tjallingii de Delft04, à partir de 1992, adopte une posture de base différente de la posture classique ainsi qu’un certain nombre de principes directeurs pour une transition vers une société fondée sur l’écologie. Suivant une approche éco-systémique plutôt que socio-éco-nomique, les principes adoptés recoupent les trois piliers du développement durable (environ-nement, économie et social) et sont celles d’une ville responsable, vivante et participante. Pour offrir le plus de potentialités à une telle ville, de nombreuses recherches ont démontré que la forme urbaine la plus adaptée est celle de la ville en forme de lobes.05

Introduction

Le projet d’«Ecopolis-Vlaanderen» a été réa-lisé entre janvier 2008 et décembre 2009 par le Vlaams Instituut voor Bio Ecologisch bouwen en Wonen (VIBE vzw). Il s’intègre dans un pro-gramme initié par le Ministère de l’Environnement de la Communauté flamande, appelé DuLoMi (Duurzaam Lokaal Milieubeleid ou Politique lo-cale de l’Environnement durable). Il vise à stimuler les aménageurs tels que les architectes, les urba-nistes, etc. et les pouvoirs locaux à faire les bons

choix en matière d’aménagement de l’espace. Ce projet part d’une vision intégrée du concept d’«Écopolis» et formule des réponses concernant les problèmes spatiaux, sociaux et économiques du territoire flamand. Concrètement VIBE vzw a réalisé avec l’aide d’un groupe d’experts06 les ins-truments nécessaires, tels qu’un «Manuel pour un urbanisme durable en paroles et en images» via un site web07 et un document, un livre08 richement illustré. Ces experts ont également accompagné une petite dizaine de projets en préparation dans diverses villes et communes de Flandre, dont Ypres, Anvers, Peer…

Posture de base : La ville durable commeun éco-système plus que comme un systèmesocio-économique

Pour réaliser une ville durable, il y a lieu d’articu-ler le développement de la ville aux règles de la nature. L’ancienne image d’une nature comme un phénomène qui doit être maîtrisé montre chaque jour ses limites. Cette image sera abandonnée au profit d’une approche plus humble qui consiste à adapter les actions humaines aux règles de la nature. L’écologie, définie comme la relation entre des organismes vivants et leur environne-ment, jouera un rôle plus actif lors de la planifica-tion et la conception des projets.

La ville n’est plus perçue seulement comme un système socio-économique, mais plutôt comme un éco-système où tout est en relation, où tout est interdépendant. L’approche holistique et intégrée où l’ensemble est supérieur à la somme des parties, sera préférée à celle d’une approche purement sectorielle09 ou catégorielle.10

L’approche traditionnelle envisage la ville et la campagne à partir de la polarité classique nature-culture. La nature commence où la ville se ter-mine. Les écologues ne s’occupent pas de la ville, les urbanistes ne s’occupent pas de la campagne. La nature et l’homme sont deux choses diffé-rentes. La nature est un objet à avoir, à protéger, à maîtriser ou à conquérir -et donc à perdre-. En

01Ir. Architecte Urbaniste, Boulevard Albert II, 30 B-1000 BRUXELLES – tél. +32 2 508 85 82 –fax +32 2 508 86 10 –mail : [email protected] - www.politiquedesgrandesvilles.be

02Biologiste. Il enseigne à la Hoger Architectuurinstituut Sint-Lucas - Hoogstraat 51, B-9000 Gent - tel. +32 (0)9 2251000 fax + 32 (0)9 2258000 - Paleizenstraat 65-67, B-1030 Brussel - tel +32 (0)2 2420000 fax + 32 (0)2 2451404 et à la Katholieke Hogeschool Sint-Lieven - Departement Sint-Niklaas, Hospitaalstraat 23 - B-9100 Sint-Niklaas - tel + 32 (0)3 7764348 fax +32 (0)3 7663462 - [email protected]

03Selon le principe dit de «cradle to cradle».

Ndlr : La marque de certifi cation C2C (Cradle to Cradle, littéralement «Du berceau au berceau») distingue les produits dont tout le cycle de vie procède d’une conception respectueuse de l’environnement. Voir le site : http://www.wipo.int/wipo_magazine/fr/2009/02/article_0010.html

04TJALLINGII, 1992, 1996.

05«Lobbenstad/ lobe-city».

06Els Huigens (paysagiste, Fris in het Landschap), Trui Maes (urbaniste, Centrum voor Duurzame Ontwikkeling - UG), Etienne Christiaens (ir.

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Plus que le concept des trois piliers interpéné-trant du développement durable, ce sera celui des trois anneaux concentriques qui sera privilégié : la dimension environnementale enchâsse le social qui à son tour enchâsse l'économique. Autrement dit, l’économique est au service du social qui lui-même est au service de l’environnemental (voir schéma ci-contre).

Les trois objectifs stratégiques de l’Écopolis

Le modèle d’«Écopolis» est fondé sur trois piliers importants qui requièrent une attention égale et simultané :1. Dans une «Écopolis», l’idée est de réduire le débit de flux nuisibles ou gênants de circulation, matériaux, énergie, eau… Les flux entrants et sortants d’un bâtiment, d’un quartier, d’une ville doivent être réduits afin que la ville prenne sa responsabilité face à la campagne d’où viennent la plus grande part des flux de ressources et vers où arrivent le plus souvent les flux de déchets.2. Dans une «Écopolis» la conception d’une qualité attractive de l’environnement urbain, de l’intérieur du bâtiment au domaine public, et même plus large-ment, est importante afin d’attirer des personnes de tout âge et de toute condition de vie vers la ville afin de favoriser la diversité sociale et de créer en même temps les conditions pour la réparation d’une biodi-versité urbaine. Le mot d’ordre est la «ville vivante».3. Les deux piliers précédents ne peuvent pas être réalisés sans la collaboration des personnes ou des acteurs. C’est la raison pour laquelle une «Écopolis» attache beaucoup d’importance à la participation des habitants et des usagers pour la réalisation d’une réelle «ville participante».

architecte urbaniste, Service Politique des Grandes Villes), Guido Stegen (architecte-urbaniste, enseignant ISURU), Evert Lagrou (emeritus Sint-Lucas Architectuur, Brussel), Luc Eeckhout (EVR-architecten) Erik Rombaut (docent Sint-Lucas Architectuur Gent, Brussel).

07Voir: www.ecopolisvlaanderen.be

08Rombaut & Heuts, 2010.

09Les secteurs d’activités économiques, comme l’agriculture, l’industrie, le commerce, le logement, etc.

10Les catégories sociales : cols blancs/bleus, les jeunes, les actifs, le troisième âge, les propriétaires/locataires, etc.

11D’après TJALLINGII, 2000.

12En Anglais, on parle des trois P : People, Profit et Planet.

revanche, dans une approche alternative, les pro-cessus écologiques fonctionnent partout et tout le temps et donc aussi dans la ville. L’eau, le sol et le climat influencent les organismes autant à la campagne qu’en ville. La planification de la ville démarre avec la compréhension des processus écologiques qui sont en œuvre et intègre la nature et ses lois. Lorsque ces lois sont intégrées, il est possible de créer les conditions pour la rendre attractive pour tous les organismes vivants : les plantes et les animaux, mais aussi les hommes. Les hommes ne sont pas séparés de la nature, ils font partie de la nature. La nature est un proces-sus qu’il y a lieu d’appréhender et qui nous guidera dans notre action. L’urbanisme et l’écologie durables s’occuperont à créer les conditions éco-logiques adéquates dans le but de préserver ou de réparer la biodiversité mais aussi et en même temps, la diversité sociale.11

Le développement durable prend en compte les be-soins de la génération actuelle sans mettre en dan-ger ceux des générations futures. Il repose sur trois piliers12 : le social, l’économique et l’environnemen-tal. Le développement durable vise un usage plus équilibré des trois formes de capital dont la société dispose : le capital humain, le capital économique et le capital environnemental. Quoi qu’il en soit, le développement durable construit des ponts :

— entre aujourd’hui et demain. Il s’agit des be-soins des personnes d’aujourd’hui mais aussi des générations futures ;

— entre ici et là bas. Il s’agit d’une collaboration mondiale. Le monde est notre village ;

— entre des personnes, la situation de la planète et notre bien-être économique.

Le développement durable prend en compte : le social (People), l’économique (Profit) et l’environnemental (Planet).12

SOCIÉTÉ

ÉCONOMIE

ÉTAT

JUSTICE

SANTÉ

EFFICIENCE

ENVIRONNEMENT

Schéma des trois anneaux concentriques.

ENVIRONNEMENT

SOCIAL

ÉCONOMIQUE

Les trois points de vue sur un plan, les trois piliers d’un projet Écopolis (d’après TJALLINGII, 2009).

Dans une «Écopolis», trois niveaux sont importants : 1. La gestion des flux (déchets, eau…), 2. La gestion des lieux et 3. Les actions vers les acteurs (participation) (d’après TJALLINGII, 2009).

PLAN

VILLEPARTICIPANTE

VILLEVIVANTE

VILLERESPONSABLE

PLAN

ACTEURS

LIEUX

FLUX

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L’«Écopolis» veillera à ce que la ville, le quartier, l’immeuble résolve autant que possible ses problèmes de flux à un niveau local de sorte à ne pas les reporter14 dans d’autres territoires voisins ou vers les générations futures. Ainsi elle veillera à réduire les problèmes en amont et en aval. La ville, tout comme le quartier et l’immeuble, est responsable de la planète. Elle ne se conten-tera pas à gérer l’espace, mais sera également conscient des flux liés aux activités humaines et elle adoptera le principe des cycles courts.

Un des indicateurs les plus couramment utilisés pour évaluer le degré de prise de responsabilité de la ville, est celui de l’empreinte écologique.La notion d’«empreinte écologique» est définie comme la surface de terre et d’eau biologique-ment productive qui est nécessaire – en termes de matières premières, énergie, eau…– pour satisfaire les besoins – produire les biens de consommations et éliminer les déchets – d’une personne, d’une ville, d’un pays, bref, d’une population donnée. Ainsi, pour satisfaire les besoins des Bruxellois, il faudrait consommer 70 fois la surface de Bruxelles. Autre exemple. Si l’on veut atteindre le standard de vie des États-Unis, il faudrait consommer deux ou trois fois le globe terrestre.

Afin d’appliquer ce principe, une stratégie en trois étapes appelée aussi «trias ecologica» sera adoptée pour chaque projet, programme ou plan au niveau spatial, de l’eau, de l’énergie, des maté-riaux et de la circulation :1. d’abord : prévenir ou éviter l’usage inutile des ressources naturelles en réduisant la demande ou en recherchant la sobriété ;2. puis, avoir recours aux ressources renouvelables ;3. et enfin, utiliser intelligemment ou de façon optimale les ressources non-renouvelables.

La ville vivante est attractive et bio-diversifiée

L’exode urbain est pour une grande part lié à la perte d’attractivité de la ville.Une ville vivante gère son espace de façon optimale de sorte à ce que les humains – tant les habitants qui y vivent que ceux qu’on y accueille

– mais également les plantes et les animaux la trouvent assez attractive pour y vivre. Un maillage d’éléments verts et bleus est introduit via des doigts bleu-vert15 jusque dans le cœur de la ville et les abords du logement – avec les intérieurs d’îlots, les rues verdurées, les jardinets…– sont valorisés, sans perte d’espace habitable.Adopter le principe de base de la multifonc-tionnalité ou la mixité sociale et fonctionnelle augmente la diversité d’usagers et d’usages et renforce l’animation et l’attractivité de la ville.

La ville participative est mixte socialementet diversifiée culturellement

Les problèmes tels que la congestion, l’insécurité, le vandalisme, le bruit, la dégradation, les déchets… sont souvent liés à un manque d’implication des citoyens – tant les habitants, que les usagers) dans leur environnement physique et social.

La ville responsable réduit les fluxet protège le climat

On peut considérer une ville -tout comme un quartier ou un immeuble- comme une boîte noire13, dans laquelle rentrent des flux d’énergie, d’eau et de matériaux qui provoquent des problèmes à la source comme l’épuisement des ressources, et de laquelle s’en vont des flux de déchets, dont p.e. la pollution. Plus grands sont les débits entrants en ville, plus grands seront les problèmes à la source (voir premier schéma ci-dessus).

Exemples de problèmes en amont : — l’extraction de gravier a des conséquences sur la nature et les paysages de la vallée de la Meuse en province du Limbourg ;

— l’abattage de bois tropicaux a des consé-quences sur les forêts tropicales et sur le climat.Exemples de problèmes en aval :

— les déchets de matériaux lorsqu’on démolit des bâtiments ;

— le réseau d’égouttage ;— les émissions dans l’air liées à la combustion des carburants.

13Modèle d’ecodevice après VAN WIRDUM 1979 ; SCHROEVERS, 1982.

14Appelée en néerlandais «niet-afwentelings principe».

15Appelés aussi «blauwgroene vingers».

16Ou les «doigts verts et bleus».

Le modèle ecodevice appliqué aux problèmes environnementaux urbains (d’après TJALLINGII, 1996).

source

épuisementperturbation

RURAL URBAIN

problèmes internes

effet nuisible sur la santé humaine et les fonctions urbaines

RURAL

sortie

pollution

La gestion des flux à différentes échelles, commence au niveau du bâtiment (d’après TJALLINGII, 1996).

immeuble

quartier

ville

région

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énergie

plan de structure

eau

lotissement

matériaux

abords d’habitat

circulation

construction durable eturbanisme écologique

bâtiment

déchets

intérieur

administrateursfonctionnaires

concepteursréalisateurs

constructeurshabitants

FLUX

LIEUX

ACTEURS

Pour développer une politique durable, la ville a tout intérêt à concerner tous les groupes de la société et à les mobiliser pour un engagement général pour le climat et pour la bio-diversité.Des stratégies seront développées pour impli-quer tous les acteurs -économiques, publics, sociaux- issus du marché privé, de l’État ou de la société civile, dans un processus de gouver-nance urbaine basée sur la subsidiarité et les citoyens habitants/usagers dans un processus participatif de co-gestion de leur environnement quotidien. Il s’agira d’être à l’écoute des besoins spécifiques et changeants de tous ces groupes et de les confronter aux principes de responsabilité pour la planète en visant une empreinte écolo-gique soutenable.

La ville en forme de «lobes»

La ville en lobes est le modèle urbanistique qui a été développé dans la première partie du 20e siècle comme réaction à la croissance concentrique des villes qui était ressentie comme étouffante. Pour le centre, un penta-gone ou hexagone est la meilleure forme en termes d’investissement en infrastructure et frais de gestion. Vers la périphérie, la structure radiale en lobes bâtis se fait le long des axes de transport public. Les lobes bâtis sont séparés par des coulées vertes ou bleues16 en lien avec le maillage vert et bleu hors de la ville. Ces coulées qui pénètrent jusqu’au centre ville, sont attractives pour héberger des fonctions récréa-tives et pour accueillir des sentiers piétons ou cyclistes. Les doigts verts et bleus ont une influence posi-tive sur le climat urbain : ils produisent un effet «îlot de chaleur urbain». Les lobes bâtis ont une température plus élevée et donc une pression atmosphérique inférieure que les doigts verts et bleus. Ceux-ci restent plus frais et plus humides avec une pression atmosphérique plus élevée. Une circulation fraîche et humide est générée par convection de ces sites verts vers la ville.

Le manuel pour un urbanisme durableen paroles et en images(E. ROMBAUT & E. HEUTS, 2010)

Le manuel se réfère à une cinquantaine de projets exemplaires. Cinq projets parmi ceux-ci ont été développés plus largement parce qu’ils regrou-pent toutes les dimensions du concept «Écopolis». Il s’agit :

1. des écoquartiers «Loretto-Areal» et «Französches Viertel» dans le Südstadt de la commune de Tübingen en Allemagne ;2. du quartier écologique EVA-Lanxmeer dans la commune de Culemborg aux Pays-Bas ;3. des écoquartiers de «Vauban» et «Am Schlierberg» de la commune de Freiburg im Breisgau en Allemagne ;4. de l’écoquartier site GWL d’Amsterdam aux Pays-Bas ;5. de l’écoquartier «Västra Hamnen/o01» de la commune de Malmö en Suède.

Dans une «Écopolis», l’attention pour les flux, les lieux et les participants (acteurs) simultanément est nécessaire. Ce n’est qu’alors que la construction durable et l’urbanisme écologique deviennent possibles. (d’après DUYVESTEIN, 1996).

Lobes urbains construits de façon compacte, séparés par des doigts bleus et verts.

Traduction :— habitations, petites entreprises, services, centre— vert— entreprises, bureaux— eau

— gare— gare de marchandises— train— tram, trolley— piste cyclable— route pour automobiles, trafic nécessaire

Page 5: Écopolis Un concept novateur en Flandre

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Bibliographie

DUYVESTEIN K., Duurzame stedenbouw. Waar zit de grootste milieuwinst, Referaat, 1996, 10 p. (SEV congres Duurzame Stedenbouw: trendbreuk of modegril. 29 oktober 1996, Utrecht).

GIELING S., Stadsvorm (lobbenstad) Amsterdam, Plan Amsterdam jaargang 12 (1) feb 06, Dienst ruimtelijke ordening A’dam, Amterdam, 2006, 36 p. (http://www.dro.amsterdam.nl/Docs/pdf/PLAN%201%202006.pdf)

REES W.E., The ecological footprints of cities. Toward Urban sustainability. Presentation in Brussels, 2004 (Saint-Luc, 4 dec 2004).

ROMBAUT E. & HEUTS E., ‘Duurzame Stedenbouw’ in woord en beeld. Gids met praktijkvoorbeelden voor de transitie naar een ecopolis, Boek samengesteld voor VIBE vzw en ABLLO vzw (i.s.m. KaHo Sint-Lieven dep. Sint-Niklaas en het departement voor architectuur en stedenbouw Sint-Lucas Gent/Brussel), Uitgeverij Die Keure, 2010, 164 p. ill. (www.ecopolisvlaanderen.be)

SCHROEVERS P.J. (red.), Landschapstaal. Een stelsel van basisbegrippen voor de landschapsecologie, Wageningen, Pudoc, 1982, 109 p.

TJALLINGII S., Ecologisch verantwoorde stedelijke ontwikkeling, IBN-DLO Rapport nr 706, Wageningen, 1992, 129 p.

TJALLINGII S., Ecopolis: stromen, gebieden en actoren, 2009 (Lezing in Antwerpen op 11 dec 2009).

VAN WIRDUM G., Ecoterminologie en grondwaterregime, dans Mededeling werkgemeenschap landschapsoecologisch onderzoek, 6 (1979), p. 19-24.

WACKERNAGEL M. & REES W., Our ecological footprint : reducing human impact on the earth, New society publishers, 1996.

TJALLINGII S., Ecological conditions. Strategies and structures in environmental planning, IBN Scientific contributions 2, Wageningen, 1996, 320 p. (Doctoral Delft University of Technology thesis).

TJALLINGII S., Ecology on the edge. Landscape and ecology between town and country, dans Landscape and urban planning, 48 (2000), p. 103-119.

TJALLINGII S., Carrying Structures. urban development guided by water and traffic networks, dans HULSBERGEN E., KLAASEN I.& KRIENS I. (eds.), Shifting Sense, Techne Press, Amsterdam, 2005, p. 355-369.

1. Processus, coalitions et esprit ouvert pour une vision sur les structures principales1.1. Un processus intégré, un cycle itératif et une

surveillance de la qualité1.2. Des coalitions et un esprit ouvert : participa-

tion, engagement et autoproduction2. Optimalisation de l’espace2.1. Envisagez d’abord la rénovation des bâti-

ments, l’assainissement des friches et la régénération du tissu urbain existant

2.2. Stop à l’extension insensée des villes2.3. Construisez intelligemment en hautes densités2.4. Envisagez l’usage spatial multifonctionnel2.5. Recherchez un équilibre entre les lobes bâtis

et les coulées vertes/bleues2.6. La stratégie des deux réseaux (à dynamique

haute et à dynamique basse)2.7. De la ville en lobes vers la ville jardin et vers la

ville compacte et concentrique3. Vitalité et sécurité3.1. Démarrez par une bonne structure et suffi-

samment de densité3.2. Une mixité et une diversité de fonctions3.3. Concevez l’espace public comme un lieu d’in-

teractions sociales3.4. Concevez une gradation réfléchie du public

vers le privé pour la réparation de la biodiver-sité et la cohésion sociale

3.5. Veillez à une diversité sociale et à des loge-ments durables et abordables

4. Accessibilité et mobilité4.1. Recherchez la bonne localisation pour la

bonne fonction à l’échelle correcte4.2. Utilisez la marche à pied et les déplacements

à vélo comme point de départ4.3. Créez un réseau de transport public à la por-

tée de tous4.4. Ne tolérez la voiture que comme toute der-

nière option

5. Sol, nature et paysage5.1. Préservez les qualités du sol, les éléments

paysagers de valeur et les espèces animales et florales et utilisez les potentialités locales

5.2. Créez un maillage écologique vert et bleu, urbain et rural

5.3. Stimulez la production alimentaire locale propre dans les quartiers

6. Gestion intégrale de l’eau6.1. Utilisez l’eau comme principe d’aménagement

et rétablissez sa fonction d’éponge6.2. Scindez l’évacuation des eaux ménagères

(noires/grises) et des eaux de pluie propres (blanches)

6.3. Utilisez l’eau de pluie, retenez-la (espaces tampons) et laissez la s’infiltrer

6.4. Assainir l’eau usée peut se faire de façon décentralisée

7. Gestion rationnelle de l’énergie du plan jusqu’au bâtiment7.1. Une construction compacte et une bonne iso-

lation crée des potentialités pour les sources d’énergie renouvelables et décentralisées

7.2. Une bonne orientation est importante7.3. Une combinaison chauffage – force motrice

et une production collective de chaleur par le chauffage urbain

8. Utilisation rationnelle des matières premières et des matériaux8.1. Prévenez et réduisez un usage inutile ou

superflu8.2. Adoptez des matériaux sains et écologiques

issus de matières premières non-fossiles9. Confort et santé9.1. Nuisances lumineuses9.2. Nuisances acoustiques9.3. Pollutions de l’air et rayonnement9.4. La verdure est bonne pour la santé9.5. Des bâtiments sains

Le manuel pour un urbanisme durableen paroles et en images(E. ROMBAUT & E. HEUTS, 2010) aborde les thèmes suivants :