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N°551 • samedi 5 décembre 2009 • 1,5€ Régionales Gros plan sur les régions Franche-Comté et Poitou-Charentes Actualités Le Parti contre le Sida Tour de France du projet Étape à La Seyne-sur-Mer Copenhague 2009 Pour une solidarité écologique

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N°551 • samedi 5 décembre 2009 • 1,5€

Régionales � Gros plan sur les régions Franche-Comté et Poitou-Charentes

Actualités � Le Parti contre le Sida � Tour de France du projet � Étape à La Seyne-sur-Mer

Copenhague 2009Pour une solidarité

écologique

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L’HEBDO DES SOCIALISTES � 5 DÉCEMBRE 2009

Les rendez-vous ■ DU PARTI

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L’hebdo des socialistes•10, rue de Solférino 75333 Paris Cedex 07 • Tél. : 01 45 56 78 61•Fax: 01 45 56 76 83(Pour obtenir vos correspondants, composez d’abord le 01 45 56 ou écrire à : [email protected]) DIRECTRICE DE LA PUBLICATION : Laurence Girard

• DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : Benoît Hamon • RÉDACTRICE EN CHEF: Ariane Gil (78.61) • RÉDACTION: Bruno Tranchant (77.33). Damien Ranger (76.37), Ariane Vincent(76.20), Fanny Costes (76.32). • SECRÉTAIRE DE RÉDACTION: Élisabeth Philippe (76.27) • MAQUETTE: Patrick Decroi (78.92) et Florent Chagnon (77.16)

• PHOTO : Philippe Grangeaud (76.00) • SECRÉTARIAT: Odile Fée (78.61) • COMPTABILITÉ : Michèle Boucher (79.04) • ABONNEMENT : Sabine Sebah (78-57)• FLASHAGE ET IMPRESSION : PGE (94) Saint-Mandé • ROUTAGE: Inter Routage - 93300 Aubervilliers. N° commission paritaire : 0114 P 11 223)

• ISSN : 12786772 “L’hebdo des socialistes” est édité par Solfé Communications. Ce numéro a été tiré à 205 000 exemplaires.

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�Lundi 7-mardi 8 décembreCongrès du PSE à Prague.

�Samedi 12 décembreConvention nationale, ratification deslistes aux régionales et présentation dela campagne. Parc des expositions-Tours.

aGenDa Du ParTi

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■ ÉDITO

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Pour les 50 ans à venir, nous n’avons qu’une seule certi-tude: il fera plus chaud sur la planète. Tout l’enjeu, etc’est celui du sommet de Copenhague, est de savoir sinous parviendrons à contenir le réchauffement endeçàde 2degrés. Jusqu’à 2degrés, l’être humainpeut s’adap-ter, mais au-delà, cela ne passera plus! Fonte de lacalotte glaciaire, augmentation du niveau des mers etsubmersion de côtes ou d’îles. Ici, avant étaient lesLandes et là,Montpellier, apprendront les écoliers dontles rythmes scolaires seront réorganisés selon un capri-cieux calendrier des tempêtes et des canicules.Dans les régionsdéjà lespluspauvresduglobe,ladéser-tification, le manque d’eau et les typhons générerontdesmillions de déplacés climatiques.Dans un tel chaos,il est improbable que les démocraties progressent.Face à un tel scénario, l’émotion est partagée et lavolonté de réduire drastiquement nos émissions de gazà effets de serre semble consensuelle.C’est déjà un progrès. À Kyoto, les Etats-Unis, bien quesignataires,ont refusé de ratifier le protocole et de s’en-gager dans un tel processus. Cependant, commentallons nous y parvenir? L’objectif sera difficile à attein-dre sinousnechangeonspasdeparadigme.Lemodedeproduction, de consommation et de répartition desrichesses quenous connaissons actuellement, fondé surle goût de l’enrichissement rapide et la dictature ducourt termen’est pas compatibleavec le respect des res-sourcesnaturelles,leurégalaccèspour touset le sensdulong terme qu’exige le développement durable.Voilà le défi que les socialistes doivent relever. Élaboreret promouvoir un nouveaumodèle de développementéconomique, social et écologique.C’est le socialisme duXXIe siècle!

Dossier Copenhague 2009Jean Jouzel, grand témoin p. 7 à 9Les enjeux du sommet p. 10 à 13L’engagement pour la planète de l’IS et du PSEp. 14 à 15RégionalesFocus sur la Franche-Comté et le Poitou-Charentesp. 16 à 23Tour de France du projetLes débats de La Seyne-sur-Mer p. 24 à 25HistoireLe chaud et le froid au cours du temps p. 26 à 27

■ sommaire

Laurence Rossignolsecrétaire nationale àl’Environnement

Changer de paradigme

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SociétéPauvreté concentrée

L e r a p p o r t d el'Observatoire national

des zones urbaines sensibles(Onzus), rendu public le30 novembre, est accablant.Dans ces zones abritant4,5 millions de Français,44,3% des mineurs vivent endessous du seuil de pau-vreté. Et l’écart avec le restedu territoire est flagrant :33,1 % des habitants des ZUSvivent en dessous du seuil depauvreté (908 euros men-suels pour vivre) contre 12 %pour le reste du territoire.

TerritoiresMauvaise foi

Xavier Bertrand, secrétairegénéral de l’UMP, a assuré

le 29 novembre que la droiten’augmenterait pas les impôtslocaux dans les régions qu’elleaurait remportées, et ce pourla durée du mandat soit sixans. Cette annonce démagogiqueest de « mauvaise foi », a sou-ligné le PS. « Si la réforme descollectivités locales proposéepar Nicolas Sarkozy passe,

doit-on rappeler qu’elles nepourront plus faire évoluerleur taux d’imposition, a ren-chéri Benoît Hamon, porte-parole du PS. Si les impôts ontaugmenté dans les collectivi-tés locales ces dernièresannées, c’est en raison destransferts de charges opérésmassivement par l’État. Lemontant total des investisse-ments des collectivités localesest deux fois supérieur au plande relance de l’État. Sans lesrégions de gauche, la situationserait pire sur le plan écono-mique ».

Suisse Un vote inquiétant

Le 29 novembre, les Suissesétaient appelés à se pro-

noncer pour ou contre laconstruction de minarets dansleur pays. Une consultationinquiétante, voire conster-nante pour le Parti socialistefrançais. « Quand un gouver-nement laisse les populistesfaire campagne sur un telsujet alors qu’en face lesgrands partis démocratiquesn’apportent pas de réponse àla crise sociale, cette stratégiedu bouc émissaire porte. Et ilest regrettable de voir que lesecrétaire général de l’UMPembraye sur ces positionsconsidérant qu’on n’avait pasbesoin de minarets pour prati-quer l’islam en France ».

TunisieLa répressionse poursuit

L’élection présidentiellepassée, le pouvoir tunisien

continue de chasser lesopposants. Taoufik Ben Brik,journaliste, est l’un des der-niers à en avoir fait les frais.Il vient d’être condamné à sixmois de prison, après avoircouvert les élections pour lesmédias français. Ben Brik aété condamné sans procès etsans avoir pu rencontrer sonavocat. Ces atteintes répé-tées aux droits de l’hommeet à la liberté de la pressedoivent cesser. Le PS« demande au gouverne-ment français une réactionplus ferme face à cette viola-tion flagrante des libertés ».

Page réaliséepar Fanny Costes

Actualités ■ INTERNATIONALE

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52 400 nouveaux demandeurs d’emploi sontvenus grossir les rangs du Pôle emploi en octo-bre. Sur un an, cela constitue une hausse de25% du nombre de chômeurs. « Les salariésvictimes d’un licenciement économique bénéficiant d’un contrat de transi-tion professionnelle ou d’une convention de reclassement personnaliséen’apparaissent pas dans ces chiffres puisqu’ils sont étrangement considé-rés comme « stagiaires de la formation professionnelle », rappelle le PS.

52 400Le cHiFFre

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EN IMAGE ■ Actualités

Le PS se mobilise dans la lutte contre le Sida.La maladie a fait 2 millions de victimes en 2008.

Depuis l’apparition de la maladie, 25 millions de personnessont mortes du Sida dans le monde.

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Onze jours pour sauver la planète. Le sommet de Copenhague réunira du 7au 18 décembre les chefs d’État et des experts du monde entier. L’enjeu estde taille, il s’agit de s’entendre sur une réduction partagée, différenciée etchiffrée des émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffementclimatique. Diviser par trois ces émissions d’ici 2050 serait le meilleurcompromis à trouver. Il permettrait de s’engager dans un nouveau modèlede développement, celui d’une société sobre en carbone.

Copenhague 2009 :l’indispensablesolidarité écologique

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« Nous devrons forcémentadopter un modèlede développement différent »La plupart des décideurs politiques de la planète fait actuellement des discours sur leréchauffement climatique. Mais les mesures prises pour limiter les émissions de gaz àeffet de serre, principales responsables du réchauffement, sont très insuffisantes, selonJean Jouzel, climatologue membre du GIEC (1). Le sommet de Copenhague, du 7 au18 décembre, soulève de nombreuses attentes. Sans propositions ambitieuses, les pays dusud compteront parmi les premières victimes du tout carbone.

Comment définir l’urgence climatique ?Jean Jouzel : Le diagnostic établi par la com-munauté scientifique est clair. Si nous conti-nuons à émettre des gaz à effet de serre(GES) sans aucune contrainte, nous pour-

rions multiplier ces émissions par trois, d’icià la fin du siècle. Nous irions alors vers unréchauffement climatique qui pourraitatteindre les 4 degrés en moyenne globale.Ce qui est considérable. Il semblerait que lesscientifiques aient convaincu les décideurspolitiques. Ils ont d’ailleurs signé, au som-met de Rio de Janeiro en 1992, la Conventionclimat qui stipule que tout doit être faitpour stabiliser l’effet de serre et donc notreclimat. Ce texte a été signé par tous les pays de laplanète. Mais il ne dit pas à quel niveau il estraisonnable de fixer les limites d’émissionspour espérer s’adapter au réchauffement cli-matique. Aujourd’hui, les hommes et lesfemmes politiques savent que tout doit êtrefait pour que le réchauffement climatiquen’excède pas 2 degrés par rapport au climatque nous avions il y a deux cents ans, soit1,5 degrés par rapport au climat actuel. Si on arrive à limiter dans cette optique, leréchauffement, en prenant des mesures, surle plan industriel par exemple, il sera ensuiteplus facile de vivre, même si d’autres ques-tions importantes comme l'élévation duniveau de la mer resteront posées. C’est unvrai défi. Car les émissions de GES n’ontjamais autant augmenté que ces dix der-nières années. Pour être en mesure de lesAF

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diviser par trois d’ici 2050, il faut qu’en 2020, auplus tard, le pic d’émissions soit derrière nous.Le sommet de Copenhague est donc essentiel :si dans la prochaine décennie, nous n'arrivonspas à maîtriser les émissions, le climat seramodifié avec des impacts plus ou moins gravessur l’environnement et les populations.

Quel sera l’impact sur les pays en voie de déve-loppement ? J.J. : C’est presque un cas d’école dans la dyna-mique de développement durable : la questionnord-sud est patente. Pour les pays du sud, leréchauffement climatique est un peu la doublepeine. Il existe un fossé considérable entre lesémissions des pays développés et celles despays en voie de développement, excepté pourles pays émergents comme la Chine. Ce sont donc les pays les plus vulnérables quisubissent les premières conséquences descomportements des pays les plus riches. Sur lecontinent africain par exemple, les problèmespotentiels sont nombreux. L’Afrique se déve-loppe mal pour beaucoup de raisons, mais l’uned’entre elles est que de nombreuses régionsafricaines sont à la limite de leurs possibilitésde développement en raison de leur climat peupropice. En Afrique sub-saharienne notam-ment, l’accès à l’eau est un vrai problème. Et encas de réchauffement climatique de deuxdegrés et plus, il y aura encore moins de préci-pitations dans certaines régions. Outre les émissions de GES, l’urgence clima-tique est aussi due aux inquiétudes provo-quées par l’élévation du niveau de la mer. Et làencore, les pays du sud sont très vulnérables.C’est notamment le cas du Bangladesh, maisaussi des régions très peuplées d’Inde, du

Vietnam, de la Thaïlande, ou du delta du Nil,sans parler des petites îles. Les chiffres retenuspar le GIEC, qui évoque 20 à 60 centimètresd'élévation, sont considérés comme conserva-teurs. Étant donné la fonte des glaciers encours au Groënland en particulier, des scienti-fiques attirent l’attention sur la possibilité,qu’à la fin du siècle, l’élévation atteigne unmètre, voire plus. Une élévation de 40 centimè-tres provoquera la migration de plus de 200millions d’habitants qui devront quitter l’en-droit où ils vivent. Ce sont d'ailleurs des popu-lations habitant des régions pauvres la plupartdu temps. Dans ces considérations, le change-ment climatique a une véritable dimensionnord-sud. C’est pourquoi la lutte contre la pau-vreté et la lutte contre le réchauffement clima-tique doivent être menées en parallèle.

La question nord-sud doit aussi être abordéeconcernant l’alimentation…J.J. : Selon les spécialistes de la question ali-mentaire, un réchauffement limité à deuxdegrés, modéré donc, n’affecterait pas trop laproduction agricole. Certaines régions seraient amenées à perdreen productivité, d’autres au nord y gagneraienttoutefois. Au-delà de deux degrés en revanche,on tire la sonnette d’alarme : les régions tropi-cales et équatoriales commenceraient à êtreaffectées. Et au-dessus de trois degrés, nosrégions pourraient également être touchées.Une vraie perte de productivité agricole seraitalors envisageable à mesure que le réchauffe-ment climatique serait important et rapide.D’ailleurs cette dimension fait partie inté-grante des arguments pour limiter le réchauf-fement à deux degrés.

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Dans ce processus de lutte contre le réchauf-fement climatique, la Chine, et les États-Unisont toujours montré beaucoup de retenue.Que pouvons-nous attendre d'euxaujourd'hui? J.J. : Ce sont les deux plus gros émetteurs degaz à effet de serre. De quoi rêverait le cli-matologue ? Pour aller vers un réchauffe-ment à moins de deux degrés, l’effort doitêtre différencié et partagé. Les pays dévelop-pés doivent, d'ici 2020, diminuer leurs émis-sions de 25 à 40% par rapport à leur niveaude 1990. Les pays en voie de développementou émergents doivent s’engager dans unediminution par rapport à leurs tendancesactuelles, avec des développements comprisentre 10 et 30% à l’horizon 2020.Aujourd’hui, on est loin du compte. Même l’Europe, qui veut prendre un certainleadership sur ce sujet, n’a affiché qu’un butde moins 20%. Les États-Unis parlent demoins 20% mais ils se réfèrent à 2005 quiest à peine mieux que 1990. C’est très insuffisant. Quant aux pays émer-gents, les avancées sont minimes. Rien deconcret n'est sorti des discussions entre lesprésidents américain et chinois. La Chine aquelque peu évolué, en s’engageant à uneamélioration de son intensité énergétiquede l’ordre de 40%. Ce qui placerait leur pic deproduction avant 2030. On voit bien quec’est trop tard.Si Copenhague devait se contenter des pro-positions qui sont actuellement sur la table,on irait probablement vers un doublementde la quantité de gaz carbonique émise dansl’atmosphère, et donc vers un réchauffe-ment stabilisé plus proche de trois degrés.

L’urgence climatique appelle donc un nou-veau modèle de développement...Bien entendu. Nous devrons forcémentadopter un modèle de développement diffé-rent. Car aujourd’hui on demande non seu-lement de diviser par trois les émissions degaz à effet de serre d’ici 2050, mais encorede continuer par la suite dans le même sens.Les objectifs sur plusieurs décennies sont, enréalité, de diviser par dix les émissions parrapport à ce qu’elles seraient si aucun effortn’était réalisé. Concernant le modèle de développement, jen’aime pas le terme de décroissance, je pré-fère celui de sociétés sobres en carbone.Techniquement c’est possible. C’est plutôtun problème d’inertie du système. La lenteurdes investissements rend cette évolutiondifficile aujourd’hui. En France, une applica-tion correcte et rapide des recommanda-tions du Grenelle de l’environnement, ce quin’est pas encore le cas aujourd’hui, pourraitpermettre d’aller vers moins 30% d’émis-sions de GES d’ici 2020. De telles évolutionspourraient relocaliser beaucoup d’emplois.Certains nous accusent de proposer un ave-nir limité aux populations. C‘est la fin d‘undéveloppement basé sur le charbon bonmarché oui, mais ce n’est pas la fin du déve-loppement.

Propos recueillispar Fanny Costes

(1) Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolu-tion du climat. Le GIEC a obtenu le prix Nobel de laPaix en 2007.

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Copenhague :des enjeux globauxL’ouverture du sommet de Copenhague le 7 décembre est un événement très attendu.Depuis l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto en 2005, la question climatique n’acessé de prendre de l’ampleur. Scientifiques et décideurs politiques s’accordentaujourd’hui sur la nécessité d’agir pour éviter un réchauffement climatique trop rapide,dangereux pour les hommes et leur environnement. Mais les enjeux de ce sommet sonttels qu’ils demandent l’implication de tous pour aller vers un monde plus sobre en car-bone.

Difficile de passer à côté des analyses etdes discours sur l’urgence climatique cesderniers mois. Car le sommet de

Copenhague (7-18 décembre) n’est pas seule-ment une réunion de chefs d’Etat et d’experts.Les décisions qui en sortiront devraient en effetengager l’ensemble des pays du globe dans uneréduction chiffrée des émissions de gaz à effetde serre (GES), dont le carbone est l’un des prin-cipaux contributeurs. Pour les socialistes, l’enjeude ce sommet réside dans la nécessaire transi-tion vers une économie sobre en carbonedevant le risque d’un réchauffement dévasta-teur. Les réformes à engager sont considéra-bles : les politiques énergétiques, industrielles,urbaines et l’usage des sols doivent être modi-fiés en profondeur. Mais, alors que ce sommetclimatique mondial doit apporter les réponsesclaires et rigoureuses pour engager un tel chan-

gement, il ne pourra être couronné de succèsque si l’effort est global.

Des réponses partagéesmais différenciées

« La réponse au réchauffement climatique estnécessairement globale, mais les responsabili-tés vis-à-vis du problème, et les capacités pour yrépondre sont différenciées », estime le PS. À cetégard, les pays en voie de développement (PVD)ne peuvent pas payer pour les plus gros émet-teurs de GES situés, le plus souvent, dans l’hémi-sphère nord. Ils doivent pourtant, dèsaujourd’hui, anticiper la réduction de leursémissions. « Ils ont besoin pour cela d’un sou-tien financier et technologique pour ne pasprendre du retard sur leurs objectifs de dévelop-pement », affirme le PS. Le nécessaire concoursdes pays émergents (Chine, Inde, Brésil, Afriquedu Sud) se justifie au regard des évolutionsactuelles. En effet, selon les perspectives, lespays développés ne seraient responsables quede 20% des émissions de GES à l’horizon 2050,pour que l’accord ait un impact, il s’agit doncd’intégrer les pays émergents dans la lutte.

Établir un budgetde transition équitable

Le coût du passage à une société sobre en car-bone n’est pas à minimiser. Copenhague ne doitAF

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pas faire l’impasse sur cette question, car lesétats et leurs représentants politiques ne l’ou-blieront pas au moment de mettre en place lesmesures. Il faut donc établir un budget carbone. Déjà évo-qué, il inquiète encore une fois, les pays en voiede développement car il se doit d’être équitable.À l’heure actuelle, les pays développés sont res-ponsables des trois quarts des GES émis depuis1850. Pour le calcul, la base d’une limitation duréchauffement à 2 degrés est essentielle.Pour aider, les pays en voie de développement,« il semblerait que la création d’un Fonds vertinternational (proposition mexicaine) fasse deplus en plus consensus », explique le PS. Fondsauquel tous les pays, exceptés les pays les moinsavancés (PMA contribueraient en fonction deleur produit intérieur brut (PIB), de leurs émis-sions et de leur population. La France soutient cette initiative, et pousse éga-lement pour la création d’une taxe internatio-nale sur les transactions financières, sur leséchanges de devises, sur les actions et obliga-tions. Avec un taux de 0,01%, cette taxe pourraitdégager près de 20 milliards de dollars par an,estimation effectuée d’après le plan Borloo. Mais des divisions persistent au sein de l’Unioneuropéenne sur le montant à apporter pour sou-tenir les PVD et la répartition par état membre.Selon la Commission européenne, les pays envoie de développement vont avoir besoin de100 milliards d'euros par an d’ici 2020 s'ils veu-lent s’associer aux efforts de lutte contre lesémissions de GES (atténuation et adaptation). Lerapport Stern, publié en 2006, estimait que sirien n’était fait pour lutter efficacement et rapi-dement contre le réchauffement, le coût globalpourrait atteindre 5 500 milliards d'euros. Il estclair que plus les pays attendront, plus la factures’alourdira.

«C’est la première fois quenous avons l’opportu-

nité de voir l’Histoire vécuecomme une aventure com-mune. Évidemment je ne suispas naïf, mais on peut surmon-ter les contradictions nord-sud. Le réchauffement clima-tique global pose de nombreuxproblèmes. C’est le cas pour la

région arctique par exemple, quand la Russie prône sasouveraineté sur la région. Pour le Darfour également, quiconnaît une sécheresse dramatique en même tempsqu’un grave conflit. Mais cela peut être l’occasion dedonner une impulsion nouvelle au monde. Aujourd’hui,quand on pense développement durable, on peut penseraux emplois verts par exemple. Il s’agit en fait d’ouvrir denouvelles opportunités dans une nouvelle société à basniveau de carbone. La priorité est avant tout de réduire lesémissions de gaz à effet de serre. Il y a, pour les pays,obligation de présenter des objectifs chiffrés. Mais il fautétablir un budget précis pour y parvenir. En ce sens, il fautse demander comment aider les pays les plus pauvres àfinancer les technologies nécessaires pour mettre enplace une société sobre en carbone. C’est un deuxièmeenjeu. Car des pays comme la Somalie ou Haïti ne sontpas responsables des émissions. Mais ils ont besoin des’adapter pour un autre développement, durable celui-ci.Enfin, dans un pays comme le mien, le Brésil, la questionde la déforestation se pose comme un enjeu majeur. Maisla situation est réversible, on le démontre depuis 2004.Nous avons réduit la déforestation à 4 000 km2 par anpour, à l’avenir, tendre vers zéro. Mais là encore, leBrésil a besoin d’aide. Rappelons-nous que l’Amazonieest importante pour le monde entier. »

Fernando Gabeira Député fédéral de Rio de Janeiro

(Parti vert-Brésil)

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Dossier � COPENHAGUE 2009

L’HEBDO DES SOCIALISTES � 5 DÉCEMBRE 2009

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Lutter contre la déforestation

La réduction des émissions passe égalementpar la lutte contre la déforestation, les forêtsconstituant d’importants réservoirs de carbone(les arbres en croissance captent et stockent duCO2). Selon le Réseau action climat (RAC),13 millions d’hectares de forêts disparaissenttous les ans (ce qui correspond à la taille de laGrèce, 96 % de la déforestation ayant lieu dansles régions tropicales), ce qui représente envi-ron 20 % des émissions mondiales de CO2.La lutte contre la déforestation passe par uneétude précise des déterminants de la défores-tation, comme la conversion des forêts en plan-tations, l’expansion de l’élevage, les agro carbu-

«L’Afrique doit dans unpremier temps déci-

der d’une position com-mune et concertée. Et au-delà du continent africain,les pays du sud doivent seconsulter sur les questionsqui les concernent au pre-mier chef. Parallèlement, ilfaut une réduction fortedes émissions de gaz à

effet de serre de la part des pays industrialisés. Ils sontquand même les principaux responsables de la situa-tion actuelle. Entre l’Afrique et les pays industrialisés, laproblématique est commune mais différenciée.L’Afrique doit faire un effort pour diminuer ses propresémissions, mais elle doit être aidée pour adapter sondéveloppement. Le transfert de technologies est néces-saire vers les pays en voie de développement, quandpar ailleurs on prône l’utilisation d’énergies de substi-tution comme l’éolien ou le solaire. Actuellementl’Afrique n’a pas les moyens de financer cette adapta-tion à elle seule. Comme elle émet peu de GES, elle peutnormalement attendre une aide, financière, de la partdes pays les plus pollueurs, qui sont également les plusriches. C’est une question de volonté politique. La ques-tion environnementale, la question sociale, la questionclimatique, tout est lié. Les effets des émissions de GESont des conséquences sur le niveau des mers, les éco-systèmes, l’agriculture ou la santé. Une vision globaleest indispensable, ainsi qu’une gestion commune duproblème. Il faut que Copenhague aille plus loin que desimples déclarations généreuses et débouche sur desmesures fortes et précises ».

Ousmane Tanor DiengSecrétaire général du Parti socialiste

sénégalais et vice-président del’Internationale socialiste.

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rants, l’exploitation forestière illégale, la filièrebois énergie, etc.« La forêt ne doit pas être réduite à son rôle de« réservoir de carbone », soulignent les socia-listes français, la biodiversité, les services renduspar les écosystèmes, le droit des populationsindigènes, doivent également être protégés ».

Impliquer les États-Unis

La Chine est passée devant les États-Unis entermes de part sur le total mondial des émis-sions de GES. Néanmoins les Etats-Unis occupela deuxième place en matière d’émissions degaz à effet de serre. À ce titre, ils doivent impéra-tivement faire partie du processus et accepterles contraintes partagées par les autres partici-pants au sommet. « Le rôle de l’UE est clé »,explique le PS. En faisant un geste, elle serait ledéclencheur de l’implication de chacun. « Si laposition sur le financement est claire, 100 mil-liards par an, dont 30 milliards venant de l’UE,les PVD pourraient sans doute faire un effort enacceptant, sinon des objectifs contraignants à

long terme, du moinsun droit de regard. Cequi forcerait alorsles USA à prendre posi-tion. » Problème, l’UEn’accepte, pour lemoment, que de met-tre entre 2 et 15 mil-liards sur la table. La position américainea toutefois largementévolué. Alors que Bushavait refusé de signer leprotocole de Kyoto,Barack Obama aannoncé vouloir se ren-dre à Copenhague et

proposer des objectifs chiffrés. Il évoque unebaisse de 17% des émissions d’ici 2020 mais surla base de 2005. Si ce chiffre est très en deçà decelui qui est avancé par les scientifiques. Ce pre-mier pas pourrait toutefois faire deCopenhague un rendez-vous pour l’avenir de laplanète.

Pages réalisées par F.C

Ratifié par 181 pays en janvier 2009 (à l’exceptionnotable des États-Unis), ce premier traité interna-

tional de lutte contre les changements climatiques estentré en vigueur en 2005. Il prévoyait une réductiondes quantités de gaz à effet de serre émises par lespays industrialisés d’au moins 5,2 % d’ici à 2012, parrapport à 1990. Le traité de Kyoto arrive à expirationfin 2012. Le nouvel accord international devraitconcerner la période 2013-2017, avec des précisionsjusqu’en 2050.

Le protocole de Kyoto

AFP/

PETE

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Dossier � COPENHAGUE 2009

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Créée en 2007, la Commission del’Internationale socialiste pour une sociétémondiale durable a réuni des acteurs socia-

listes de tous les continents, des personnesissues du monde scientifique ou de la sociétécivile. Le constat est clair. « Le réchauffement cli-matique est un fait indiscutable, a rappeléGordon Brown en novembre 2007 lors de la pre-mière réunion de la Commission à Londres.L’impact de l’activité humaine sur l’état de dété-rioration de l’atmosphère terrestre est égale-ment indéniable ». Les solutions à mettre enœuvre doivent être partagées. Dès le départ,l’Internationale a opté pour des propositions enaccord avec sa pensée politique : envisager lesefforts à fournir à l’échelle du globe les plus équi-tables possibles. Pas question donc d’empêcherle développement de pays déjà handicapés pardes conditions climatiques mauvaises et desniveaux de vie extrêmement bas.

Taxer … Mais pas seulement

Dans son rapport de septembre 2009, la com-mission de l’Internationale socialiste donne despistes pour passer d’une économie à hauteteneur en carbone vers une société à faibleteneur en carbone. Pour elle, « L’enjeu principalest de mettre en place une politique énergétiquemondiale. Mettre un prix approprié sur les émis-sions de carbone, et garantir son paiement estfondamental ». Dans ce cadre, des taxes carbonedoivent être envisagées. Les bourses d’échangesd’émissions, mises en place en Europe notam-ment, n’ont pas montré leur efficacité. Il faut pré-voir les prix de l’énergie mais aussi stimulerl’émergence d’une « technologie d’énergie pro-pre ». « Les revenus des taxes carbone pourraientêtre reversés au public à travers des dividendesou taxes progressives pour protéger les foyerspauvres et aider les familles à utiliser moinsd’énergie. Les pays en développement qui optentpour la taxe pourraient recevoir un pourcentagedes revenus de la taxe carbone des paysdéveloppés ». Dans le rapport, les membres de la commissionécrivent qu’une approche sectorielle pourraitpermettre d’être plus efficace et d’élaborer dedémarches plus proactives. Ils ne manquent pasde souligner que la lourdeur des dispositifs àmettre en oeuvre ne peut être assumée qu’avecle concours des gouvernements et du secteurpublic. Car répondre aux défis environnemen-taux c’est aussi répondre aux défis sociaux etéconomiques, en inventant un développementdifférent, plus sobre et plus juste.

Fanny Costes

Les socialistes n’ont pas attendu le sommet de Copenhague pour réfléchir aux défis envi-ronnementaux que l’ensemble des pays du monde doivent aujourd’hui relever. Au sein del’Internationale socialiste, ils ont dégagé des propositions en vue d’élaborer une visionsocial-démocrate commune de la société de demain.

Pour une sociétémondiale durable

Jean Jouzel, Philippe Martin, Ousmane Tanor Dieng,Sandrine Mathy et Martine Aubry entourentle globe terrestre de glace réalisé à l’occasion duBN extraordinaire du 1er décembre, sur Copenhague.

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Une politique européenneambitieuse et autonomeLe Parti socialiste européen (PSE) a également apporté sa contribution pour engager unelutte efficace contre le réchauffement climatique. Pour lui, les actions futures de l’Unioneuropéenne doivent répondre à trois priorités : une politique de développement indépen-dante, un financement pour s’adapter au changement climatique, et la mise en œuvred’une action cohérente pour lutter contre la pauvreté.

RRéunis en marge du Conseil des affairesgénérales et des relations extérieures le17 novembre, les ministres du PSE char-

gés du développement et de la coopérationont souligné la nécessité de promouvoir, à l’oc-casion du sommet de Copenhague, un réeldéveloppement durable en agissant à la foissur l’enjeu climatique et sur la questionhumaine. Le PSE estime que trois priorités sedégagent pour que l’Union joue pleinementson rôle, dans un monde globalisé où les situa-tions requièrent des réponses communes:

- Garantir l’autonomie de l’UE, dans le cadred’un « service unique pour le développementau sein de la Commission, sous la tutelle d’uncommissaire chargé de la coopération au déve-loppement et des affaires humanitaires ». LePSE rappelle à ce titre que le traité de Lisbonnea identifié la politique de coopération et dedéveloppement comme une compétence pro-pre et indépendante de l’UE.- Un financement indépendant pour les effortsd’adaptation et d’atténuation du changementclimatique. Ce financement doit « venir s’ajou-ter aux fonds destinés à l’aide publique audéveloppement (APD) ». La déclaration sou-ligne également que la Conférence sur lechangement climatique de l’ONU àCopenhague doit « arrêter un plan à longterme pour un nouveau régime environne-mental qui s’appliquera à la planète dans sonensemble ».Pour financer les réductions d’émissions auniveau international, les ministres socialistes

de l’UE ont proposé d’explorer des méca-nismes financiers innovateurs, comme lesimpôts sur les transactions financières et l’uti-lisation de droits de tirage spéciaux (panier dedevises du FMI). Entre-temps, l’impact de lacrise économique sur les pays en développe-ment exige des pays industrialisés qu’ils main-tiennent leurs engagements en matière d’aidepublique au développement (APD) sans enchanger les règles, sous peine de se détournerde l’objectif premier visant à éradiquer la pau-vreté.

- L’importance d’une cohérence et d’une coor-dination politique dans tous les domaines sus-ceptibles d’avoir un impact sur les pays endéveloppement. Toutes les politiques doiventrester cohérentes par rapport à la politique dedéveloppement et par rapport à ses objectifs.

F.C avec communiqué du PSE

COPENHAGUE 2009 � Dossier

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Régions � LE BILAN 2004-2010

CONSEIL RÉGIONALFRANCHE-COMTÉ

Depuis la pre-mière électiondu Conseil régio-nal au suffrageuniversel en1986, la Franche-

Comté n’avait été dirigéeque par des présidents dedroite. En 2004, les Francs-comtois se sont reconnusdans la démarche de change-ment que leur proposaientles socialistes. Six ans plustard, sous l’impulsion deRaymond Forni, puis deMarie-Guite Dufay, laFranche-Comté a bel et bienchangé.

Rapprocher le Conseil régionaldes préoccupations desFrancs-comtois, réveiller cette« belle endormie » qu’étaitalors la Franche-Comté et enrévéler tous les talents étaientles objectifs majeurs fixéspour le mandat 2004-2010.Un mandat pendant lequel il afallu préparer l’arrivée de laligne à grande vitesse (LGV)

Rhin-Rhône et boucler, en par-ticulier, le financement de lapremière tranche du projet.Raymond Forni, puis Marie-Guite Dufay s’y sont impliquéspleinement. « 200 millionsd’euros, c’est une contributionconsidérable pour une collecti-vité de notre taille, indiqueMarie-Guite Dufay, qui bri-guera un nouveau mandat en2010, mais cet effort consentipar le Conseil régional est à lahauteur de l’enjeu d’avenir quela LGV Rhin-Rhône représentetant pour notre territoire, quepour les déplacements nord-sud à l’échelle européenne. Ellea aussi été une formidableopportunité pour l’emploipuisque nous avons travailléavec la SNCF pour que plus de 1200 personnes éloignées dutravail puissent en bénéficier ».Le chantier de la LGV est main-tenant une réalité en Franche-Comté. Parallèlement, untravail important est menéavec les autres collectivitésrégionales pour anticiper et

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Lesrégions

qu’onaime

FRANCHE-COM TL’AFFIRMATION P

Superficie : 16 202 km2

Départements :Doubs (25), Jura (39), Haute-Saône(70), Territoire de Belfort (90)

Population : 1 145 900 habitantsDensité : 71 hab./km2

Budget 2009510 millions d’euros�Éducation, formation,apprentissage : 37%�Transports et développementdurable : 25,7%�Développement économique :9,8%

Les régionales sont le prochain enjeu éla vague rose de 2004 qui avait permis dUne carte recolorée de rose. Comment cQuelles ont été les grandes initiatives sNouvelles étapes dans ce tour des régions : F

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accompagner les consé-quences sur le monde écono-mique de l’arrivée de cetteinfrastructure.

Priorités

L’action du Conseil régionaldans les transports s’est aussitraduite par un engagementsans précédent dans l’effica-cité du réseau TER. Unegamme de tarifications trèsattractive a été mise en placeavec un effort particulier pourles étudiants et les personnesayant de faibles ressources. Larénovation accrue des ramesde TER et un cadencementadapté aux besoins ont permisd’augmenter de manièreimportante la fréquentationdes TER en Franche-Comté etde réduire les charges dedéplacement pour ceux qui lesutilisent.Les politiques d’éducation etde formation ont égalementété des priorités fortes dumandat. La Région a assumé

pleinement son rôle dans l’en-tretien et l’équipement desétablissements. Elle a égale-ment su élargir son actionpour se rapprocher des préoc-cupations des familles et allé-ger les coûts qui pèsent surelles. Ainsi, la gratuité desmanuels scolaires a été miseen place pour les lycéensconcernés de Franche-Comté.Les familles des jeunes fré-quentant les lycées profes-sionnels et les CFA n’ont pasété oubliées avec la gratuitédu premier équipement et dela première tenue. La Région aégalement choisi d’aider lesfamilles les plus en difficultéen période de crise : elle a ainsifinancé un fond social pour lescantines.« Le rôle fondamental d’uneRégion, insiste Marie-GuiteDufay, c’est de préparer l’ave-nir. Cela passe évidemmentpar la meilleure formationpossible pour les jeunesFrancs-comtois, mais aussi parun soutien accru à notre uni-

M TÉ :N PAR L’ACTION

.../...

u électoral du Parti socialiste. Il s’agit dès à présent de relanceris d’emporter 20 des 22 régions françaises.t ces régions ont-elles évolué en six ans de présidence socialiste ?s sur ces territoires ? Que signifie avoir sa région à gauche ?: Franche-Comté et Poitou-Charentes.

Emploi

ConsolidationLe dispositif Tremplin Solidarités aété mis en place par le Conseilrégional pour soutenir l’emploi desplus fragiles et les emplois de ser-vices. En 2009, il a permis deconsolider plus de 1 400 postes detravail dans les domaines de l’aideà domicile des personnes âgées ethandicapées et de l’insertion parl’activité économique. Outre le sou-tien à des emplois de services sou-vent indispensables, ce dispositifétait accompagné de clausessociales qui ont permis d’accroîtrela professionnalisation des salariésembauchés sur ces emplois et deréduire les temps partiels. « Lesemplois tremplins solidarité ont étéun réel atout pour la réduction de laprécarité de l’emploi dans le sec-teur de l’aide à domicile » préciseMarie-Guite Dufay. En parallèle, laRégion a rempli l’objectif fixé dansle projet pour 2004 : financer 1 000emplois tremplins dans le secteurassociatif.

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Lesrégions

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versité et à l’émergence d’acti-vités économiques inno-vantes». Le Conseil régional adonc pris une place croissanteaux cotés de son universitépour en accompagner les pro-jets, pour améliorer la vie étu-diante et l’accès à des thèsesfinancées, mais aussi pouranticiper l’université dedemain.Dans le domaine économique,toutes les aides aux entre-prises ont été refondues etréorientées pour les aider àaccroître leur potentiel d’inno-vation. La Franche-Comté estde plus engagée dans quatrepôles de compétitivité dans les

domaines des microtech-niques, du véhicule du futur,de la plasturgie et de l’agroali-mentaire. Tous ces pôles sontactivement soutenus via lefonds régional d'aide à l'inno-vation. Enfin, le Conseil régio-nal a décidé d’assumer la maî-trise d’ouvrage d’un grandlaboratoire public dans lesdomaines des microtech-niques et nanotechnologiespour en accélérer sa réalisa-tion. Ce laboratoire sera àterme le plus grand de larégion.« Innovante, responsable ethumaine, telles sont lesvaleurs que je souhaite pour�

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DU MONDE SUR LES BANCS PUBLICSChaque été depuis 2005, les Francs-comtois sont invités à découvrir la nouvelle programmation du festival BancsPublics, totalement gratuit, initié et financé par le Conseil régional. Pendant quinze jours, le patrimoine franc-comtoisest l’objet de tous les regards et devient scène de spectacles. En 2009, plus de 21 000 places ont été offertes auxFrancs-comtois sur des sites couvrant l’ensemble du territoire régional. « Outre l’aspect festif qui convient bien à lapériode estivale, la force de Bancs-Publics, indique Marie-Guite Dufay, est qu’il est, pour plus de la moitié des spec-tateurs qui s’y rendent, le seul spectacle vivant que certains pourront aller voir pendant l’année… Ce festival jouedonc bien un rôle social réel en amplifiant l’accessibilité à la culture pour tous. »

Culture

Régions � LE BILAN 2004-2010

Marie-Guite Dufay

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construire la Franche-Comtéde demain et poursuivre sur lavoie ouverte depuis 2004 »,indique Marie-Guite Dufay,comme sens de son engage-ment futur pour sa région.

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Effacer les empreintesPlan basse énergie, Agenda 21, circuits courts dans les lycées, politique detransport orientée vers une plus grande utilisation de moyens respectueuxde l’environnement, développement de la production d’énergies renouve-lables (éolien, solaire, géothermie, bois…) Beaucoup de projets ont été

lancés depuis 2004 pour contribuer à une meilleure prise encompte de l’impact environnemental des activitéshumaines. « Si nous ne faisons rien, notre modèle actuel dedéveloppement nous conduit droit dans le mur, souligneMarie-Guite Dufay. Il y a urgence à construire une sociétéplus responsable à tous points de vue : économiquement,socialement, et au niveau environnemental. Sur ce dernierpoint, je pense que la priorité est de réduire notreempreinte environnementale : la voie des économiesd’énergies me semble une des solutions à explorer… ».Ainsi, depuis 2009, les politiques régionales mettent l’ac-cent sur l’incitation aux économies d’énergie. Le pro-gramme EFFILOGIS permet d’aider les particuliers, maisaussi les petites collectivités locales et les bailleurssociaux, dans les études et les travaux permettant de ren-dre l’habitat conforme au label de Bâtiment à BasseConsommation d’Energie. Parallèlement, un Pôle Energiea été créé. Il aura pour vocation de sensibiliser lesacteurs de terrain, de développer la formation, deconseiller les professionnels, de valoriser les métiers etles bonnes pratiques, d’accompagner l’innovation et dedévelopper de nouveaux métiers pour renforcer l’emploiet la qualification dans le secteur du bâtiment.

Environnement

ACTION PRÉVENTIVELa crise économique et sociale a fragilisé le tissu industriel du territoire franc-comtois. Pour Marie-Guite Dufay, il étaitimportant que les politiques menées soient réactives : « Nous avons amplifié notre soutien économique et notre inves-tissement : en 2009, l’intervention du Conseil régional dans l’économie Comtoise a été sans précédent. J’ai égalementsouhaité qu’un effort spécifique soit fait pour aider les Francs-comtois qui souffrent le plus de la crise, et en particu-lier les salariés menacés dans les entreprises en difficulté en utilisant le levier de la formation professionnelle ». Àl’initiative de la Région, un protocole (associant le MEDEF, la CGPME, la CFDT, la CFTC, l’UPA, la CGT, FO, la Région etl’État) a ainsi été signé pour ouvrir des possibilités nouvelles d’expérimentations dans les entreprises permettant àcelles-ci de former leurs salariés pendant les périodes de chômage partiel en garantissant un maintien maximal dusalaire. Au total, plus de 12 000 salariés francs-comtois dans près de soixante dix entreprises ont bénéficié de ce dis-positif innovant.

Formation

Pages réalisées par Gaëtane Candau, photos Conseil régional de Franche-Comté

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Régions � LE BILAN 2004-2010

CONSEIL RÉGIONALPOITOU-CHARENTES

La victoire de lagauche en Poitou-Charentes a eu, en2004, une valeurhautement symbo-lique. Ségolène

Royal et son équipe ont« pris » la région à une droitedont la tête de liste n’étaitautre qu’un Premier minis-tre, Jean-Pierre Raffarin.Bernard Grasset, vice-prési-dent aux finances, etJean-François Macaire, vice-président à l’économie,reviennent sur le nouveauvisage, « social et vert », dece territoire.

Vice-président à l’économie,Jean-françois Macaire tient àvaloriser le mandat et le travailde son équipe. Dans « Unerévolution silencieuse », le livrequ’il a écrit sur l’aventure dumandat socialiste en Poitou-Charentes, il explique la pro-fondeur des réformesmises enplace.

Vert et solidaire

Les projets menés se sontconcentrés sur deux axes, l’ex-cellence environnementale et

la prise en compte des besoinsdes moins aisés. Du vert et dusocial donc, pour une sociétésolidaire et consciente desdéfis économiques du déve-loppement durable.Aujourd’hui, plus de 600entreprises de la région ontadhéré au pôle des « éco-industries ».C’est donc une véritable forceverte économique qui se meten place. Pour une région qui, ily a encore quelques années, netransformait pratiquementpas ses productions et seconcentrait majoritairementsur des exploitations tradition-nelles, agricoles et métallur-giques, la mue est remarqua-ble. Il en est de même avec lesecteur des transports. Làencore, l’excellence environne-mentale a guidé le choix poli-tique. Avec la voiture verte,mais aussi avec le développe-ment du rail, via les TER.Cette politique « verte » est àmettre en perspective avec lavolonté de rompre avec lesorientations budgétaires pas-sées. Pour Jean-FrançoisMacaire, la région était victimed’une gestion « clientéliste ».« Remettre à plat l’ensemble

Lesrégions

qu’onaime POITOU-CHARESOCIALEMENT

Superficie : 25 809 km2

Départements :Charente (16), Charente-Maritime(17), Deux-Sèvres (79), Vienne (86)

Population : 1 743 000 habitantsDensité : 67,53 hab./km2

Budget 2009685 millions d’euros�Éducation, formation,apprentissage : 46,63%�Transports et développementdurable : 15,30%�Développement économique etemploi : 9,09%

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des dépenses nous a permis dedonner un accès prioritaire auxressources du Conseil régionalpour les personnes les plus fai-bles. Faire ainsi que chaque eurodépensé soit un euro utile »affirme l’élu, reprenant un argu-ment de la candidate socialiste àl’élection présidentielle de 2007.Ainsi, que ce soit par la gratuitédes livres scolaires, par la multi-plication des postes d’éduca-teurs ou, par la valorisation del’insertion des jeunes, la Régionest devenue un acteur influentdans l’aide aux familles. Il en estd’ailleurs de même concernantla bourse régionale à l’enseigne-ment supérieur.

Identité

« Le Poitou-Charentes est enfinconsidéré comme une entité, etnon comme une machine à dis-tribuer des subventions ».Bernard Grasset, en charge desfinances à la Région, ne cachepas sa fierté, après cinq annéesde socialisme au Conseil régio-nal. « Il est évident que notreaction tient à la personnalité dela Présidente, mais il seraitbiennaïf de ne croire qu’à ça. Nousavons avancé sur tous les ter-

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E NTES :DURABLE

.../...

Rouler au vert31 janvier 2008, à Angoulême chez l'équipementier automobile Saft,Ségolène Royal lance le défi de développer dans la région un véhicule élec-trique grand public, écologique et à bas coût, afin de soutenir une filièreautomobile en crise et demande que le prototype soit exposé au salon del'automobile à l'automne 2008. Trois entreprises, parmi les douze candi-dates, sont retenues à l'issue d'un appel à projet: Heuliez, Eco et Mobilité etDiedre Design.Le véhicule à énergie électrique propre et à bas coût s'inscrit dans l'enga-gement régional visant à respecter le protocole de Kyoto et, par conséquent,à réduire sur le territoire de Poitou-Charentes les émissions de gaz à effetsde serre de 800 000 tonnes d'ici 2010. Il s'agit pour la Région d’accompa-gner l’innovation et le développement de modes de production économes etrespectueux de l’environnement, tout en étant durables et compétitifs. Ils’agit également, grâce à une consommation en énergie dix fois moindre età son coût, d'aider les ménages en difficulté notamment face à l'augmenta-tion du prix des carburants. En novembre 2009, Eco et mobilité lance la miseen production d'une partie des véhicules dans ses ateliers, à Chauvigny(Vienne). Il s’agit des modèles Simplicity et Simply-up. Heuliez New Worldlancera, dès 2010, la production à échelle industrielle de la SymplyCity,développée par Eco et Mobilité, ainsi que la Friendly qu'elle a elle-mêmedéveloppée.

Automobile

SimpliCity, la voiture électrique d’Eco & Mobilité

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rains. Les Picto-charentais res-sentent aujourd’hui le fruit dece travail dans leur vie quoti-dienne » ajoute l’élu, particu-

lièrement loquacesur les 7 500b o u r s e s« désir d’entrepren-dre ».Celles-ci ont eneffet permis lacréation de com-merces ou d’en-

treprises qui ne connaissentpas, ou peu, la crise. Un tauxd’échec inférieur à la moyennedont la région peut se félicitergrâce à un suivi personnaliséefficace. Dans sa ville, àRochefort, Bernard Grassetprend deux exemples, celuid’un caviste et d’un petit res-taurant qui connaissent, tousdeux, une croissance honnêteen ces temps difficiles. Larégion Poitou-Charentes a

CONTRE LES ACCIDENTSDE PARCOURSCréée en septembre 2008, cette mesure permet de sécuri-ser les parcours professionnels des salariés licenciés quis'engagent dans un parcours de formation qualifiante.La Région s'engage à compléter leur niveau de revenupour atteindre 90 % de leur salaire net antérieur.Les objectifs du Contrat régional de sécurisation des parcours professionnels seront de sécuriser les carrières dessalariés licenciés pour motif économique afin d'éviter les conséquences négatives de ces accidents de parcours.Il s’agira également de renforcer les modalités d'accompagnement des salariés licenciés en mobilisant toutes lesressources nécessaires : formation, conseil professionnel, démarche de VAE, stages en entreprise... En leur garantis-sant la pérennité de leurs revenus jusqu'à l'obtention d'une qualification reconnue sur le marché du travail.Les salariés licenciés sont encouragés à engager immédiatement les démarches nécessaires à leur reconversionprofessionnelle en leur proposant de signer le Contrat dans les trois mois suivant le point de départ de leur indem-nisation par l'Assedic au titre de l'assurance-chômage. Le Contrat limitera au maximum l'impact social des licencie-ments tout en cherchant à réduire les tensions sur le marché du travail en accompagnant les salariés en reconver-sion vers les secteurs professionnels porteurs d'emploi.Ce dispositif régional a notamment servi pour la Camif, l'entreprise KPI à Rochefort ainsi que l'entreprise Heuliez.Pour cette dernière, le Contrat Régional de Sécurisation des Parcours Professionnels a permis de placer 220 salariésen formation avec un salaire, dans l'attente que le véhicule électrique régional monte en puissance.

Formation

Lesrégions

qu’onaime

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TOUT PUBLICÀ l'heure où le gouvernement met à mal les services publics, celui de la formation professionnelle n'échappe pas à larègle avec le démantèlement de l'Afpa. Poitou-Charentes est ainsi devenue la première région de France à mettre enoeuvre un service public de formation professionnelle.Plus de 3 000 places de formation sont ainsi destinées aux personnes dépourvues de toute qualification profession-nelle ou ayant une qualification obsolète. Elles concernent ainsi les populations les plus fragiles sur l'ensemble du ter-ritoire régional, particulièrement dans le contexte de crise économique mondiale.Combattre les inégalités d'accès à la formation, lever les freins à l'acquisition d'une qualification, proposer un par-cours de formation complet et individualisé, sans sélection à l'entrée, telles sont les missions du service public régio-nal de formation professionnelle.Afpa, GRETA, lycées agricoles, mais aussi organismes de formation privés, ce sont plus de 60 organismes qui ont étéretenus sur l'ensemble du territoire régional pour offrir un parcours complet de formation. Considérant que les aspectspratiques sont inséparables de la possibilité pour chacun d'entrer en formation, l'accès à l'hébergement et à la res-tauration sera facilité pour les bénéficiaires du service public régional de formation professionnelle.Ce service public, essentiel pour les habitants de Poitou-Charentes, est la garantie d'un premier niveau de qualifica-tion pour tous, mais surtout d'une qualification professionnelle reconnue sur le marché du travail.

Formation

Pages réalisées par Gaëtane Candau

ainsi matérialisé le symbole dela victoire face à la droite enactes concrets.

FIN DE L’ANGOISSELa Région Poitou-Charentes a décidé de mettre en place lePass'contraception destiné aux jeunes lycéennes. Ce dispositif comprendun chèque pour une consultation médicale, un chèque pour une prise desang, un chèque pour des analyses médicales et un chèque pour une pilulecontraceptive pendant 6 mois. Les infirmières scolaires sont chargées d'enassurer la distribution.Cette décision est le résultat d'un travail continu de prévention et d'éduca-tion à la sexualité mené au niveau régional depuis 2004 afin d'éviter unegrossesse non désirée ou le traumatisme d'un avortement chez les adoles-centes.Malgré l'élaboration participative de ce dispositif avec les professionnels

de santé (infirmières scolaires, médecins, pharma-ciens), les représentants des parents d'élèves, leMouvement pour le Planning familial et les servicesdu rectorat, le ministère de l'Éducation Nationale adécidé de ne pas autoriser la mise en place duPass'contraception pour des raisons encore inexpli-quées à ce jour. La décision a donc été prise de sepasser de l'accord de l'Éducation Nationale, pourque les jeunes filles ne soient pas privées de cetaccès gratuit et anonyme à la contraception.

Ségolène Royal,candidate àsa propresuccession

en 2010

Adolescence

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Actualités � TOUR DE FRANCE DU PROJET

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P lus qu’un constat, undrame. En France, unefemme meurt toutes

les 55 heures sous les coupsde son compagnon. Difficiledans ces conditions, d’occul-ter le débat. En déplacementà La Seyne-sur-Mer, pour unenouvelle étape du Tour deFrance du projet, MartineAubry a donc pris part à unediscussion sur le sujet, à l’in-vitation du maire, MarcVuillemot, et de ses adjoints.

Acteurs associatifs, méde-cins, travailleurs sociaux etjuristes ont exprimé leurdésarroi. Parfois même leurrévolte. Tous ont ainsi exigéune obligation de soins,l’éloignement du domicileconjugal pour les hommesviolents, l’interdiction faiteaux accusés de contacter ànouveau leurs victimes.Accompagnée de GaëlleLenfant, secrétaire nationaleadjointe aux Droits desfemmes, et de PascaleGérard, secrétaire nationaleen charge de la Formationprofessionnelle et de laSécurité sociale, la Premièresecrétaire a observé, écouté,pris des notes. Elle a ainsipointé, au détour d’unephrase, la « crise morale »qui frappe durement le pays,avant d’appeler au « res-

pect » mutuel et à la « soli-darité ».« L’activation des réseaux estencore le meilleur moyend’apporter des réponsesappropriées », témoigne unepsychologue. « Il nous fautclairement chasser lestabous et entamer un travailde reconstruction, en accom-pagnant les victimes dansleurs démarches », expliqueun thérapeute. Françoise,juriste et procureure de laRépublique, détaille les ver-tus du travail de proximité,seul moyen, assure-t-elle, de« conduire les victimes versl’autonomie ».Investir dans les soins,certes. Mais il importe ausside trouver des logementsd’urgence, en concertationavec les partenaires locaux. « Les collectivités territo-riales doivent souvent sesubstituer à un État défail-lant, incapable d’assumerses fonctions régaliennes,déplore Martine Aubry. Cesfemmes, cassées, perdentpeu à peu confiance en elles.Le processus est bien connu,mais rien ne change. Face àla crise morale qui touche lepays, il est plus que tempsde changer le cours du des-tin ».

Bruno Tranchant

Lever les tabousÀ l’occasion de son déplacement à La Seyne-sur-Mer (83), avant dernière étape du Tour deFrance du projet, Martine Aubry a pris part, le 25 novembre, à un débat sur les violencesconjugales faites aux femmes. Arrêt en images.

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TOUR DE FRANCE DU PROJET � Actualités

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La France qu’on aime estcelle qui se tourne résolu-ment vers l’avenir, valorise

les acteurs associatifs et syndi-caux. Cette France est ce mer-credi soir l’objet de toutes lesattentions. Six cents personnesont pris place dans la salle dessports de La Seyne-sur-Mer,dans le Var, pour discuter avecMartine Aubry. Loin du Sarko-circus qui fait finalement peu decas de la détresse morale etfinancière qui accablent lesFrançais.Le micro va de main en main.Parfois avec emphase, le plussouvent avec émotion, lesFrançais se livrent. Émilie, 35 ans,contient difficilement seslarmes. Depuis dix ans, elle mul-tiplie les contrats précaires.Comment les politiques peu-vent-ils aider les jeunes à se

construire ? « La France qu’onaime n’est pas celle du toutsécuritaire. C’est celle qui sereconnaît pleinement dans letriptyque « Liberté, Égalité,Fraternité ». Celle de tous lespossibles », affirme Louise,enseignante en ZEP.Bruno, 50 ans, invite MartineAubry et le Parti à plancher surl’aide à la création pour confor-ter le réseau de PME et aider lessans-grade à « sortir de lagalère ». À l’autre bout de lasalle, une infirmière décrit un« hôpital en souffrance » où le« patient est perçu comme unclient. »Durant la soirée, il est questionde solidarité, d'entraide, d'espoirfinalement. Marie-Hélène s’in-quiète ainsi de la hausse de laprécarité. « Quelle peut bienêtre la tenue morale et intellec-

tuelle d’un pays où le présidentment, se complait à supprimerles subventions et les postesd'éducateurs ? », interroge-t-elle. « Quelle est cette sociétéqui marginalise ses aînés etignore à ce point les jeunes »,renchérit la Première secrétaire,avant d’appeler à la réhabilita-tion de l’impôt et à la créationd’une allocation spécifiquejeunes. « La logique commandeune meilleure répartition desgains et des richesses, l’accèsuniversel aux soins et à la santé,déclare-t-elle. L’économie nepeut plus être perçue commeun tout ».La France qu’on aime « c’estcelle qui bouge, qui se défendpour ses droits, vole au secoursdes plus démunis », affirmeSamir, étudiant. À charge, pourles socialistes, de « rompre avecla logique du marché qui sévitjusqu’au cœur de nos entre-prises, au nom de la rentabi-lité ». Et de privilégier ce modèlesocial et écologique. « Ne lais-sons pas Sarkozy casser notremodèle démocratique, conclutMartine Aubry. Il faut un projet,de grandes réformes, une Francetournée vers la culture, la solida-rité, les droits de l’Homme. Oùl’on crée du lien, où chacun s’oc-cupe de l’autre, où l’on prendsoin de l’avenir, autour devaleurs universelles ».

Bruno Tranchant

Une France qui souffreMartine Aubry a enchaîné les débats lors de cette septième étape, après une table-rondesur les violences faites aux femmes, place au débat général à la rencontre des Français et dela France qu'ils aiment.

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Histoire � CLIMAT

Du Moyen Âge à nos jours, l’histoire du climat se conjugueau pluriel. Du XIVe siècle au réchauffement contemporain,le climat souffle le froid et le chaud, jusqu’à nos jours.L’historien Emmanuel Le Roy-Ladurie a exploré les capricesdu temps mettant en avant les périodes de refroidissementet de réchauffement, dans un cycle sans fin et non sansconséquences sur les évolutions de la société.

Histoire du temps

« Dans mes recherches, lesdates de vendanges ontelles aussi une grandeimportance : si vous avezune vendange précoce,cela veut dire que le prin-temps et l’été ont étéchauds, si les vendangessont tardives, cela signifieque le printemps et l’étéont été plus frais. EnFrance, les dates de ven-danges ont été recenséesdepuis 1370. C’est un ins-trument de mesure assezcommode, même si cesdates n’ont pas l’exacti-tude d’un thermomètre! »Dans les pas de FernandBraudel, son maître à pen-ser, Emmanuel Le Roy-Ladurie, professeur titu-laire de la chaire d’Histoirede la civilisation moderneau Collège de France, adécortiqué les fluctua-tions et autres caprices dutemps, qui ont contribuéaux variations de tempé-rature dans le pays, depuisl’époque médiévale.De ses investigations, ilressort que depuis laseconde moitié du XVIIIesiècle, les températuresont remonté dans le ther-

momètre, et ont fait recu-ler les glaciers alpins, latendance s'est accentuéeaprès 1900. « L’importantest de noter qu’entre 1303et 1859, les glaciers onttoujours été plus grosqu’en 1880-2005 »,résume-t-il.

Mêmes causes,mêmes effets

Un petit âge glaciaireapparaît donc au cours del’hiver 1303. Il a d'ailleursdes conséquences directessur la grande famine de1314-1316, sur fond dedépressions estivales. « Lefoin ne sèche pas, les char-rues s’embourbent, lesanguilles se répandent horsde leurs étangs, lessemailles d’automne et deprintemps sont ratées, lesrendements du blé sontmisérables, les chevaux per-dent leurs quatre fers dansla boue, et l’on a de grossesfamines avec des proces-sions d’hommes nus pouressayer de réagir », notel’historien.S’ensuit une succession depetits réchauffements

dans la première moitiédu XVe siècle, en pleineguerre de Cent ans. Ceréchauffement se traduitpar des vendanges pré-coces et de beaux étés, quisont parfois si chaudsqu'ils engendrent de mau-vaises récoltes et d’impor-tantes famines.De 1500 à 1560, on note unrecul des glaciers alpins.La fraîcheur n’en est pour-tant pas moins présenteentre 1526 et 1531. Unephase cyclonique dépres-sionnaire se dessine alors,apportant avec elle son lotde mauvaises récoltes etde disettes. Des émeutesde la faim éclatent. À par-tir de 1560, les tempéra-tures sont à nouveau à labaisse. En pleine guerrereligieuse, les vendangessont tardives et lesdisettes se multiplient. Lapeste sévit un peu partout

Fumées d’usines (photo Roger Viollet)

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en France, voire au-delà.L'association complexe cli-mat-famine-peste-guerreassombrit considérable-ment le tableau.

Fluctuations

Les XVIIe et XVIIIe sièclessont soumis aux mêmesfluctuations. Avec despériodes de pointe (1640-1650), marquées par unrafraîchissement sensibledans la moitié nord duroyaume, une successionde moissons difficiles, desproblèmes frumentaireset des émeutes de subsis-tance dans le Sud-ouest(1640-43). C’est dans cecontexte qu’éclate laFronde, au cœur de l’hiver1648. La fin du siècleconnaît une suite quasiincessante d’hivers gla-cials et d’étés dégradés.L'année 1709 fut toutefois

la pire, connue pour être lapériode la plus froidequ'ait connue l’Europedepuis le XVIe siècle.Il faut attendre ensuite leprintemps brûlant de 1788et les mauvaises récoltesconsécutives à des oragesviolents pour voir surgirde nouvelles émeutes.Jusqu’à celle, décisive, du14 juillet 1789 dont onconnaît les conséquencespour le pays. Plus rienensuite, ou pas grand-chose n'est à signaler. Lecalme avant la tempête dumilieu du XIXe siècle oul’histoire s’accélère sousl’effet du recul des gla-ciers. Il a pour consé-quence d’incessantes pré-cipitations et une succes-sion d’étés chauds, aucours des années 1860 et1890.« Les glaciers alpins sontbel et bien en débâcle pro-gressive depuis 1860 »,déplore Emmanuel Le Roy-Ladurie. Mais le change-ment climatique n’inter-vient véritablement qu’àpartir de 1903. Preuve quela période qui suit laRévolution industrielle estpropice au réchauffementet à l’effet de serre quin’ont cessé d’alimenter lachronique depuis lesgrands étés de 1976 et de2003.

Bruno Tranchant

Pascal Acot, Histoire du climat,Perrin, collection Tempus, 2009.

Jean-Claude Duplessy, Quandl'océan se fâche, Odile Jacob, 1996.Jean-Claude Duplessy et PierreMorel, Gros temps sur la planète,Odile Jacob,1990.

Jean-Marc Jancovici, L'Avenirclimatique : Quel temps ferons-nous ?, Seuil, 2002.Jean-Marc Jancovici, Le change-ment climatique expliqué à ma fille,Seuil, 2009.

Jean-Marc Jancovici et AlainGrandjean, C'est maintenant ! :3 ans pour sauver le monde, Seuil,2009.

Sylvie Jousseaume, Climats d’hierà demain, CNRS Éditions, 1999.Robert Kandel, L'incertitude desclimats, Hachette, 1998.Jacques Labeyrie, L'homme et leclimat, Seuil, 1985, ré-éd 1993.Gérard Lambert,La Terre chauffe-t-elle ?, EDP Sciences, 2001.Emmanuel Le Roy-Ladury, Histoirehumaine et comparée du climat,Éditions Fayard, t. 1 Canicules etglaciers XIIIe-XVIIIe siècles, 2004 ;t. 2,Disettes et révolutions, 2006 ; t.3, Le réchauffement de 1860 à nosjours (avec le concours deGuillaume Séchet), 2009.

Emmanuel Le Roy-Ladury, Histoirede France des régions : la périphé-rie française, des origines à nosjours, Seuil, 2005.Emmanuel Le Roy-Ladury, Histoiredu climat du Moyen Âge jusqu'ànos jours, DVD, 2007.

BIBLIOGRAPHIE

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Signez l’appel del’ultimatum climatique

surwww.copenhague-2009.com/appel

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