contexte historique et géographique de l’œuvre · forme technique signification usage tableau...

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ANIMATION PEDAGOGIQUE : JULIE BROSSIER-DUCLOS 1 Tableau de Raymond ESBRAT Louis Napoléon Bonaparte à la ferme du Coudray, Brinon (Cher) le 22 avril 1852 Exposé au Musée de Sologne (dépôt du Musée des Beaux-Arts d’Orléans) Contexte historique et géographique de l’œuvre Circonstance de la scène : Ce tableau immortalise la visite de Louis-Napoléon Bonaparte (futur Napoléon III) à la ferme du Coudray à Brinon, lors d’un circuit en Sologne le 22 avril 1852. Avant d’arriver dans cette ferme, Napoléon III était passé dans les communes de Lamotte- Beuvron, Vouzon, Souvigny et Chaon. Ce voyage en Sologne avait pour but pour le Prince-Président de montrer son intérêt pour la Sologne et sa volonté politique d’améliorer ce territoire longtemps délaissé et fortement touché par la pauvreté, en raison des difficultés rencontrées par la population pour cultiver ses terres.

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ANIMATION PEDAGOGIQUE : JULIE BROSSIER-DUCLOS

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Tableau de Raymond ESBRAT

Louis Napoléon Bonaparte à la ferme du Coudray, Brinon (Cher) le 22 avril 1852

Exposé au Musée de Sologne (dépôt du Musée des Beaux-Arts d’Orléans)

Contexte historique et géographique de l’œuvre

• Circonstance de la scène :

Ce tableau immortalise la visite de Louis-Napoléon Bonaparte (futur Napoléon III) à la ferme

du Coudray à Brinon, lors d’un circuit en Sologne le 22 avril 1852.

Avant d’arriver dans cette ferme, Napoléon III était passé dans les communes de Lamotte-

Beuvron, Vouzon, Souvigny et Chaon.

Ce voyage en Sologne avait pour but pour le Prince-Président de montrer son intérêt pour la

Sologne et sa volonté politique d’améliorer ce territoire longtemps délaissé et fortement

touché par la pauvreté, en raison des difficultés rencontrées par la population pour cultiver

ses terres.

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• La Sologne sous le Second-Empire :

La Sologne fut longtemps délaissée par les pouvoirs publics et connu une longue période de

stagnation et de misère avant le Second Empire se traduisant par une extrême pauvreté des

habitants.

Dès le XVIIIème siècle des tentatives avaient été lancées par certains grands propriétaires

pour améliorer la Sologne, tel que le boisement de pins.

Néanmoins la Sologne du milieu du XIXème siècle était encore composée de vastes plaines

de bruyères et de terres peu fertiles avec beaucoup d’étangs marécageux. Le sol était difficile

à cultiver car il était desséché en été et humide et spongieux le reste de l’année à cause de

l’argile. De plus l’absence presque totale de calcaire entraînait une grande acidité du sol.

D’autre part l’isolement des villages auxquels on accédait par des chemins en bourbiers

impraticables était un des grands handicaps de la Sologne du début du XIXème siècle.

A l’époque l’activité paysanne principale en Sologne était l’élevage d’ovins grâce à la

présence des landes. On élevait surtout les moutons solognots, une race locale de petite

taille à tête rousse et à la laine assez fine. Cette matière première permettait une abondante

production de drap de laine dans le territoire et en particulier à Romorantin.

Face à cette situation difficile, des solutions devaient être trouvées pour d’une part améliorer

le sol ce qui permettrait de produire d’avantage, et d’autre part en développant les moyens

de communication praticables en toutes saisons.

• L’intérêt de Napoléon III pour la Sologne

Napoléon III avait des racines solognotes.

Sa mère Hortense-Eugénie de Beauharnais faisait partie de la famille de Beauharnais qui

appartenait à la bourgeoisie locale depuis le XIVème siècle.

La famille de Beauharnais possédait plusieurs propriétés en Sologne notamment sur les

communes de Villechauve, Sennely et Vouzon.

Napoléon III voulait racheter le domaine de la Ferté-Beauharnais qui avait été vendu par son

oncle en 1825. Mais comme celui-ci n’était pas à vendre, il acheta la Grillière à Vouzon et

surtout le château de Lamotte-Beuvron.

• L’opinion des Solognots pour Napoléon III

Napoléon III n’était pas indifférent aux difficultés des solognots.

A l’époque Napoléon III est considéré comme le bienfaiteur des communes où sont situés ses

châteaux, et en particulier à Lamotte-Beuvron. Il participera financièrement au

développement et à l’embellissement monumental de Lamotte. En effet grâce à ses dons on

envisage la construction d’un important ensemble monumental comprenant la mairie, l’école

et une maison de justice de paix.

A Vouzon on restaure l’église grâce à sa générosité, et à Souvigny on construit une école.

Il fera également crédit à plusieurs communes pour l’achat de matériel scolaire ou de

médicaments (ex : Huisseau, Fontaines en Sologne, Yvoy-le-Marron, Loreux, Thoury, Chaon,

Vouzon, St Cyr-en-Val).

Toute la Sologne profite de la générosité impériale, ce qui explique l’attachement des

solognots à l’Empereur, dont témoignent les « Fête de l’Empereur » organisées notamment à

la Ferté-St-Aubin et à Lamotte-Beuvron.

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Ce sentiment de reconnaissance des solognots envers Napoléon III se traduira également

dans les élections avec par exemple 97% de votes favorables au retour de l’Empire à

Lamotte-Beuvron.

• Les résultats de l’action menée en Sologne au Second Empire sous l’influence de Napoléon

III

A l’époque l’Etat souhaitait améliorer la Sologne par plusieurs moyens :

� On envisage d’une part la création d’un canal traversant la Sologne reliant la Loire et

le Cher. Celui-ci permettrait :

� d’assainir le pays marécageux et ainsi réduire la mortalité

élevée due au paludisme

� d’irriguer les prairies artificielles

� de transporter la marne1 pour améliorer les terres agricoles

et le bois de chauffage.

� On imagine la construction de « routes agricoles » afin de mieux desservir les

villages, d’éviter l’isolement rural et de développer les axes de communication pour

le développement économique de la région.

� Enfin l’Empereur souhaite installer des fermes modèles en Sologne, mais ce concept

ne rencontrera pas le succès escompté.

On abandonnera le projet de canal de Sologne car celui-ci s’avère trop onéreux et de plus en plus

obsolète face au développement du chemin de fer. On préfèrera investir dans la réalisation des

routes agricoles en bon état qui permettent à la Sologne de prendre sa part de la prospérité générale

du second empire.

Napoléon III met en place plusieurs organismes spécifiques pour favoriser l’amélioration de

la région :

� Le Service Spécial de la Sologne est chargé de diriger des travaux publics et agricoles

comme le boisement de la Sologne et les grands travaux d’assainissement avec le

drainage des cours d’eau et la construction du canal de la Sologne. Il doit aussi

assurer la création du réseau de routes agricoles et œuvrer pour l’amélioration des

sols cultivables.

� Le Comité Central Agricole de la Sologne est une assemblée sans pouvoirs réels, qui

joue le rôle d’autorité morale et une société savante locale distribuant des médailles

aux agriculteurs méritants.

� Les Comices Agricoles sont des associations privées de propriétaires ruraux et de

riches cultivateurs regroupés en arrondissements. Leur but est de favoriser le

développement de l’agriculture par l’organisation de concours et la distribution de

récompenses sous-forme de médailles ou de primes d’argent.

1 La marne est une roche sédimentaire contenant du calcaire et de l'argile. Le marnage est une technique agricole consistant à rendre un sol plus calcaire en y ajoutant de la marne. Ceci permettait de remonter le pH des sols acides et les rendre plus propices à l'activité agricole.

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La Sologne a beaucoup progressé en 20 ans grâce à l’action de l’Empereur (même plus que certaines

régions voisines) mais ceci n’a pas vraiment permis un recul significatif de la mortalité au niveau

local.

Etude de l’œuvre pour le public scolaire

Analyse selon 4 critères

Forme Technique Signification Usage Tableau

grand format

H. 1,30 m

L. 1,95 m

Huile sur

toile

Louis-Napoléon Bonaparte à la

ferme du Coudray, Brinon

(Cher) dans le cadre de sa visite

en Sologne le 22 avril 1852.

Cette visite illustre la volonté de

Napoléon III devenir constater

sur place les besoins de la

Sologne afin de mettre en place

plusieurs mesures permettant

de moderniser ce territoire et

de sortir la population

solognote de la misère qu’elle

subit depuis de nombreuses

années.

Ce tableau a été exposé au salon

de 1853, et fut ensuite déposé

par l’Etat au Musée des Beaux-

arts d’Orléans.

Il est actuellement exposé dans la

salle évoquant « la vie de

château » au Musée de Sologne,

où il a été mis en dépôt depuis

1995.

Ce tableau ayant été exécuté

dans l’année qui suivi cette visite

de l’Empereur en Sologne, et

ensuite exposé dans un salon

officiel à Paris, on peut supposer

qu’il avait pour but de

promouvoir l’action positive des

autorités de l’époque en

direction de ce territoire si

longtemps délaissé.

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Analyse détaillée de l’œuvre

Détail de l’œuvre Description Interprétation

La famille

solognote :

Père, Mère,

Grand-père et

enfants

Epoque où les foyers

solognots regroupaient

souvent plusieurs

générations.

La bergère et

son troupeau

de moutons

solognots

L’élevage de mouton pour la

laine est longtemps resté une

source importante de revenus

dans l’économie solognote.

La race de Moutons Solognots

se caractérise par une petite

taille et une tête et des pattes

marron.

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Le couple de

solognots en

habits

traditionnels

L’homme porte des sabots, un

pantalon en droguet, une

biaude (longue et large

chemise bleue permettant

des mouvements amples) et

un chapeau noir à larges

bords.

La femme porte des sabots,

une longue jupe recouvert

d’un tablier de travail, un

châle sur ses épaules croisé

sur le devant et une coiffe de

tous les jours appelée un

bonnet.

Le curé du

village

Epoque où la religion

catholique a un poids très

important en Sologne.

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La foule

acclamant

l’Empereur.

Illustre l’accueil chaleureux

réservé à l’Empereur le 22

avril 1852 lors de sa visite en

Sologne et la reconnaissance

de la population locale pour

les actions de modernisation

menées sur ce territoire par

Napoléon III.

Napoléon III et

les officiels.

Evoque les projets de

modernisation de la Sologne

sous le Second Empire, qui

devaient s’appuyer sur le

développement de

l’agriculture et des réseaux de

communications. Napoléon III

prévoyait trois grands

projets :

- la création d’un canal

traversant la Sologne

- La construction de routes

agricoles

- Installation de fermes

modèles.

Les personnages regardant les

cartes peuvent aussi évoquer

le circuit que Napoléon III

effectua en Sologne ce 22

avril 1852.

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Les architectes

et les

ingénieurs de

l’Empereur

avec les plans

de la Sologne.

Les éleveurs

avec leur

troupeau de

vaches

s’abreuvant

dans un étang.

L’étang dans lequel le

troupeau boit, illustre le

caractère très humide de la

Sologne de l’époque. Les

premiers étangs avaient été

creusés en Sologne dès le

Moyen-âge pour canaliser

l’eau des sols marécageux

(cause de maladies comme le

paludisme).

Les calèches et

les chauffeurs

du convoi

officiel.

Détail qui évoque cette

journée de visite de Napoléon

III en Sologne, ponctuée de

nombreux arrêts dans les

villages et les fermes.

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Les fermes à

pans de bois à

toiture de

chaume et de

tuiles

artisanales

Ces bâtiments évoquent

l’architecture Solognote

jusqu’au milieu du XIXème

siècle, composée

traditionnellement de maison

à pans de bois et torchis, à

toiture de chaume.

Ce n’est que vers les années

1850 que les tuileries se

multiplient en Sologne,

correspondant au nouvel élan

apporté par le Second Empire.

Ceci ce traduira par une très

importante utilisation des

matériaux en terre cuite

comme la tuile et la brique

dans l’habitat solognot,

encore aujourd’hui

caractéristiques du

patrimoine architectural local.