contact : mémoire vive

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'ai longtemps considéré que la montée et la présence de l'extrême droite étaient du passé, de l'histoire qu'on pouvait étudier mais que l'on ne vivrait plus. En tant qu'étudiante lyonnaise, j'ai très rapidement été confrontée aux grou- puscules identitaires lyonnais lors des mouvements sociaux qui ont eu lieu ces dernières années. J'en ai vite compris l'ampleur. Rassemblés sous le nom de «Jeunesses Identitaires», ces groupes véhiculent racis- me, antisémitisme, xénophobie et prônent la violence pour arriver à leurs fins. Leur discours, orienté autour de la question de la race et de la pureté, entre en résonance avec les théories eugénistes des années 1930-40. L’organisation de leurs propos autour de l'identité leur permet de contourner les accusations de racisme et de parler impunément : ils parlent de «résistance» et de «défense» de l'identité française. Nous ne pouvons qu'être outrés de l’utilisation abusive de ces termes, qui est totalement opposée à la notion de Résistance en France. Bien que la région lyonnaise soit le coeur de ce mouvement, ils sont présents dans de nombreuses villes de France. Le décès de Clément Méric suite à une aggression le 5 juin dernier, est la tragique illustration de ce que les membres des groupes «identitaires» sont prêts à faire. Depuis 2010, plus de 40 agressions et 500 jours d'Arrêt de Travail ont été attri- bués à la violence de ces groupes dans la région lyonnaise. Il s'agit donc bien d'actes violents commis en connaissance de cause et dans un but «politique» sans que la municipalité ou les pouvoirs publics ne se saisissent de la question. Lyon est le centre de ces groupes depuis 2002, notamment avec l'organisation réunions nationales et régionales ou de manifestations publiques. Depuis 2011, ils disposent même d'un local au centre de Lyon, dans le quartier St Jean, et certaines personnes du mouvement «anti-fascite» lyonnais ne peuvent plus se rendre dans cette zone sans prendre le risque d'être passées à tabac. En février 2010, 3 militants ont été agressés car ils étaient connus, chacun a eu plusieurs jours d'ITT à la suite de cela. Les identitaires lyonnais ont également organisé une manifestation avec un groupe «apparenté néo-nazi»* en 2011. Ce groupe avait également un local dans Lyon, et ses membres n'hésitent pas à faire le salut nazi lors de manifestations publiques. On a assisté à plusieurs reprises à des manifestations sauvages de plusieurs jeunes qui portaient des armes telles que des barres de fer, marcher dans les rues de Lyon sans que la police n'intervienne à chaque fois. L'ensemble de ces faits sont rapportés par le Collectif Vigilance 69, collectif qui milite pour la fermeture des locaux, la dissolution des groupes et l'intervention de la justice contre les propos et les actes de cette mouvance. Il est révoltant de voir que les «Jeunes identitaires» puissent agir sans être inquiétés la plupart du temps. Cela nous montre que l'intolérance et les discours de haine associés à la violence sont encore présents en France et qu'il est toujours nécessaire de lutter contre ces idées révoltantes. S.H. *http://www.lesinrocks.com/2011/06/06/actualite/identitaires-skins-la-face-noire-de-lyon-1114223/ Source : http://collectifvigilance69.over-blog.com/ Contact : Yvette Ducastel 91, av. Joliot Curie Apt 408 92000 NANTERRE tél. 01 47 25 02 72 n ° 52 Juillet 2013 Mémoire Vive la lettre de l’association des 45000 et des 31000 d’Auschwitz-Birkenau La raison d’être de notre association est de développer, à partir de la connaissance des convois des 45000 et des 31000, une mémoi- re militante qui suscite l’analyse, la compré- hension des mécanismes qui peuvent engen- drer des dangers pour la démocratie et pour la République. Depuis plusieurs années, les éléments alarmants s’accumulent : discrédit du politique, crise économique, montée des intégrismes, amalgames historiques, remise en cause des acquis sociaux … et le Front National de Madame Le Pen s’installe tran- quillement comme un acteur parmi d’autres de la vie politique en France. L’actualité récente autour du «Mariage pour tous» nous a fait assister à un déferlement de propos en totale résonance avec le «travail, famille, patrie» qui a dans la période pétainiste pris le pas sur les fondements de notre répu- blique : Liberté, Égalité, Fraternité. Le Front National affiche aujourd’hui claire- ment une stratégie de conquête du pouvoir et s’organise en conséquence au mieux dans une indifférence coupable voire dans des stratégies d’alliance avec une partie de la droite. Que faut-il de plus pour que nous tous, poli- tiques, citoyens nous nous réveillions massi- vement avant qu’il ne soit trop tard ? Que faut-il de plus pour que les médias qui trai- tent le politique comme des faits divers au lieu de susciter l’analyse et ouvre leurs antennes à Madame Le Pen et à ses lieute- nants plutôt qu’à ceux qui veulent alerter sur les dangers qui nous menacent, prennent conscience de leurs responsabilités ? Que faut-il de plus pour que les dirigeants euro- péens rompent enfin avec leurs préoccupa- tions libérales et construisent une Europe politique et sociale de solidarité ? Que faut-il de plus pour que les instances internationa- les comme le FMI, dont les politiques succes- sives ont mené tant de pays à la faillite, ces- sent de mener le monde à la catastrophe ? Que faut-il de plus pour que nous refondions les bases d’une société plus juste, seule base solide de la lutte contre le fascisme ? Tout est sous nos yeux et nous ne pouvons pas plaider l’ignorance des conséquences pos- sibles des mécanismes qui se mettent en place. N’attendons pas qu’il soit trop tard. Nous publions le témoignage d’une jeune adhérente de Mémoire Vive de Lyon qui illustre à quel point les mouvements identi- taires ont aujourd’hui pignon sur rue. Il est de la responsabilité de chaque citoyen de ne pas le prendre à la légère. ÉDITORIAL Calvados : le travail de Mémoire se poursuit . . . . . . . . . . . . . 2 & 3 Montreuil : mobiliser sur la mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 à 6 Ouvrages et DVD en vente auprès de Mémoire Vive . . . . . . . . 7 En région : le combat pour la dignité humaine . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Stalingrad . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Hommage aux 31000 à La Rochelle et Tronget . . . . . . . 10 & 11 Vie de l’association . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 - 1 -

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Memoire vive n. 52 v2_Mise en page 1'ai longtemps considéré que la montée et la présence de l'extrême droite étaient du passé, de l'histoire qu'on pouvait étudier mais que l'on ne vivrait
plus. En tant qu'étudiante lyonnaise, j'ai très rapidement été confrontée aux grou- puscules identitaires lyonnais lors des mouvements sociaux qui ont eu lieu ces dernières années. J'en ai vite compris l'ampleur. Rassemblés sous le nom de «Jeunesses Identitaires», ces groupes véhiculent racis- me, antisémitisme, xénophobie et prônent la violence pour arriver à leurs fins. Leur discours, orienté autour de la question de la race et de la pureté, entre en résonance avec les théories eugénistes des années 1930-40. L’organisation de leurs propos autour de l'identité leur permet de contourner les accusations de racisme et de parler impunément : ils parlent de «résistance» et de «défense» de l'identité française. Nous ne pouvons qu'être outrés de l’utilisation abusive de ces termes, qui est totalement opposée à la notion de Résistance en France. Bien que la région lyonnaise soit le coeur de ce mouvement, ils sont présents dans de nombreuses villes de France. Le décès de Clément Méric suite à une aggression le 5 juin dernier, est la tragique illustration de ce que les membres des groupes «identitaires» sont prêts à faire. Depuis 2010, plus de 40 agressions et 500 jours d'Arrêt de Travail ont été attri- bués à la violence de ces groupes dans la région lyonnaise. Il s'agit donc bien d'actes violents commis en connaissance de cause et dans un but «politique» sans que la municipalité ou les pouvoirs publics ne se saisissent de la question. Lyon est le centre de ces groupes depuis 2002, notamment avec l'organisation réunions nationales et régionales ou de manifestations publiques. Depuis 2011, ils disposent même d'un local au centre de Lyon, dans le quartier St Jean, et certaines personnes du mouvement «anti-fascite» lyonnais ne peuvent plus se rendre dans cette zone sans prendre le risque d'être passées à tabac. En février 2010, 3 militants ont été agressés car ils étaient connus, chacun a eu plusieurs jours d'ITT à la suite de cela. Les identitaires lyonnais ont également organisé une manifestation avec un groupe «apparenté néo-nazi»* en 2011. Ce groupe avait également un local dans Lyon, et ses membres n'hésitent pas à faire le salut nazi lors de manifestations publiques. On a assisté à plusieurs reprises à des manifestations sauvages de plusieurs jeunes qui portaient des armes telles que des barres de fer, marcher dans les rues de Lyon sans que la police n'intervienne à chaque fois. L'ensemble de ces faits sont rapportés par le Collectif Vigilance 69, collectif qui milite pour la fermeture des locaux, la dissolution des groupes et l'intervention de la justice contre les propos et les actes de cette mouvance. Il est révoltant de voir que les «Jeunes identitaires» puissent agir sans être inquiétés la plupart du temps. Cela nous montre que l'intolérance et les discours de haine associés à la violence sont encore présents en France et qu'il est toujours nécessaire de lutter contre ces idées révoltantes.
S.H. *http://www.lesinrocks.com/2011/06/06/actualite/identitaires-skins-la-face-noire-de-lyon-1114223/ Source : http://collectifvigilance69.over-blog.com/
Apt 408 92000 NANTERRE tél. 01 47 25 02 72
n° 52 Juillet 2013
Mémoire Vive la lettre de l’association des 45000 et des 31000 d’Auschwitz-Birkenau
La raison d’être de notre association est de développer, à partir de la connaissance des convois des 45000 et des 31000, une mémoi- re militante qui suscite l’analyse, la compré- hension des mécanismes qui peuvent engen- drer des dangers pour la démocratie et pour la République. Depuis plusieurs années, les éléments alarmants s’accumulent : discrédit du politique, crise économique, montée des intégrismes, amalgames historiques, remise en cause des acquis sociaux … et le Front National de Madame Le Pen s’installe tran- quillement comme un acteur parmi d’autres de la vie politique en France. L’actualité récente autour du «Mariage pour tous» nous a fait assister à un déferlement de propos en totale résonance avec le «travail, famille, patrie» qui a dans la période pétainiste pris le pas sur les fondements de notre répu- blique : Liberté, Égalité, Fraternité. Le Front National affiche aujourd’hui claire- ment une stratégie de conquête du pouvoir et s’organise en conséquence au mieux dans une indifférence coupable voire dans des stratégies d’alliance avec une partie de la droite. Que faut-il de plus pour que nous tous, poli- tiques, citoyens nous nous réveillions massi- vement avant qu’il ne soit trop tard ? Que faut-il de plus pour que les médias qui trai- tent le politique comme des faits divers au lieu de susciter l’analyse et ouvre leurs antennes à Madame Le Pen et à ses lieute- nants plutôt qu’à ceux qui veulent alerter sur les dangers qui nous menacent, prennent conscience de leurs responsabilités ? Que faut-il de plus pour que les dirigeants euro- péens rompent enfin avec leurs préoccupa- tions libérales et construisent une Europe politique et sociale de solidarité ? Que faut-il de plus pour que les instances internationa- les comme le FMI, dont les politiques succes- sives ont mené tant de pays à la faillite, ces- sent de mener le monde à la catastrophe ? Que faut-il de plus pour que nous refondions les bases d’une société plus juste, seule base solide de la lutte contre le fascisme ? Tout est sous nos yeux et nous ne pouvons pas plaider l’ignorance des conséquences pos- sibles des mécanismes qui se mettent en place. N’attendons pas qu’il soit trop tard. Nous publions le témoignage d’une jeune adhérente de Mémoire Vive de Lyon qui illustre à quel point les mouvements identi- taires ont aujourd’hui pignon sur rue. Il est de la responsabilité de chaque citoyen de ne pas le prendre à la légère.
ÉDITORIAL
Calvados : le travail de Mémoire se poursuit . . . . . . . . . . . . . 2 & 3 Montreuil : mobiliser sur la mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 à 6 Ouvrages et DVD en vente auprès de Mémoire Vive . . . . . . . . 7 En région : le combat pour la dignité humaine . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Stalingrad . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Hommage aux 31000 à La Rochelle et Tronget . . . . . . . 10 & 11 Vie de l’association . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
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l’invitation de la mairie de Caen et de notre association, un hommage a été
rendu aux déportés et fusillés victimes de la répression vichyste et nazie, en présence de Madame Corinne Féret, première adjointe au maire de Caen, d’un représentant du préfet du Calvados, de Madame Marie Dominique Frigout conseillère régionale et de Monsieur Jean-Pierre Richard, conseiller général. Notre association, forte- ment impliquée dans le travail de Mémoire réalisé dans le Calvados, était représentée par ses responsables du Calvados, Fernand Devaux, rescapé du convoi des 45000 (45472), Yvette Ducastel et Jean Matheron, membres du bureau de Mémoire Vive.
Les frères Colin, deux patriotes engagés contre le nazisme
Tout d’abord un hommage a été rendu aux frères Colin à la plaque de la rue qui porte leur nom, située à l’angle de la rue Emmanuel Desbiot, autre 45000 Caennais. En présence de Jean-Claude Colin, frère de Marcel (45379) et Lucien (45378), Yves Lecouturier, historien, a retracé l’histoire de ces deux patriotes qui ont engagé leur vie pour lutter contre le nazisme et le Vichysme. «Marcel était né en 1920 à Saint-Brieuc et Lucien à Lamballe en 1923. Ils étaient les fils du directeur de l’école primaire supé- rieure de Caen. Marcel, l’aîné, est étudiant en pharmacie, et Lucien, étudiant en médecine. Tous les deux sont des patriotes et mani-
festent devant le siège caennais de la LVF (Légion des Volontaires français contre le bolchévisme) en 1941, ce qui leur vaut d’être une première fois arrêtés par la poli- ce française. Ils récidivent et fleurissent le 11 novembre 1941 avec d’autres étudiants le monument aux morts de la ville de Caen : ils sont de nouveau arrêtés par la police française. Cette fois, ils passent en jugement devant le tribunal de police et sont relaxés. Mais ces deux arrestations leur valent d’être désormais fichés. Quand surviennent les deux attentats d’Airan contre les trains de permission- naires allemands, des otages sont arrêtés : parmi eux Lucien et Marcel Colin.
Lucien Colin écrit : «Le jeudi 7 mai 1942 à 10 h 15 du soir, deux Allemands de la Feldgendarmerie sont venus nous arrêter, mon frère et moi, en notre domicile pro- visoire, 34 rue Barbey d’Aurevilly à Caen». Internés au Petit lycée, ils sont transférés le 9 mai au camp d’internement de Compiègne-Royallieu avec les autres Calvadosiens arrêtés
au début du mois de mai. Ils y demeurent trois mois, partageant leur chambre avec le doyen René Musset. Les journées sont à peine distraites par des lec- tures ou la chorale. Les colis envoyés au doyen Musset améliorent la soupe aux choux. Des libérations ponctuelles entre- tiennent leur moral. La vie au camp est «une école de patience et de résignation» écrit Lucien. Le 1er
juillet, Lucien fête ses 19 ans au camp : «quel joyeux anniversaire» note-t-il avec dérision. Le 2 juillet, Lucien rêve de vacances et de soleil, de la place de Jullouville … Le 4 juillet, il envoie son journal à sa famil- le : «ce journal, je l’envoie à mon papa et à maman avec mes plus gros baisers, ainsi que ceux de Marcel … Confiance, courage,
nous reviendrons, nous l’espérons». Deux jours plus tard, le 6 juillet, ils quittent Compiègne-Royallieu pour le camp d’ex- termination d’Auschwitz-Birkenau. Marcel meurt le 4 novembre 1942, son frère Lucien ayant obtenu de l’assister dans ses derniers instants. À son tour, Lucien meurt le 16 janvier 1943. En 1959, Lucien et Marcel Colin rece- vaient à titre posthume la Croix de Combattant Volontaire de la Résistance.
L’assistance nombreuse s’est ensuite rendue devant la stèle dédiée aux Calvadosiens victimes de la répression vichyste et nazie située place Louis Guillouard. Fernand Devaux est intervenu au nom de Mémoire Vive : «Le 27 janvier 1945, les troupes soviétiques libéraient le camp d’Auschwitz ; entre le 24 avril et le 8 mai, les troupes américaines, anglaises et françaises libéraient l’ensemble des autres camps.
Réduire les déportés à s’entre-déchirer Les libérateurs découvrent des milliers de cadavres, des survivants, femmes hommes, enfants, à l’aspect famélique dans ces lieux inhumains, sans hygiène, sans nourriture. Le Monde se trouvait face à l’œuvre des- tructrice de l’idéologie nazie qui avait voulu dominer le Monde par le racisme, l’antisémitisme, allant jusqu’au génocide des juifs et Tziganes, l’élimination des pri- sonniers de guerre soviétiques, polonais et Résistants de toute l’Europe. Le mélange de peuples aux langues, tradi- tions, religions, idées politiques différentes, ainsi que le poids des conflits antérieurs, seront utilisés par les SS pour créer des
C a l v a d o s : l e t r a v a i l d e
Le 2 mai 2013
Fernand Devaux (45472)
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conditions de haine raciale, antisémite et nationaliste. Ils voulaient ainsi, à l’intérieur même des camps, faire des déportés des loups qui s’entre-déchirent. Pour faire obstacle à cette entreprise démentielle, les groupes de Résistants de diverses nationalités vont s’unir pour lutter contre l’antisémitisme et le nationalisme par la solidarité alimentaire et morale, conditions de la survie. Chaque vie sauvée a été une victoire sur le nazisme. Les victoires de Stalingrad, Smolensk, le débarquement en France, ont été des sou- tiens inestimables au moral des déportés les aidant à tenir encore pour être présents à la défaite de la bête immonde et de ses sou- tiens vichystes. En pensant à ces victimes, peut-on accep- ter que victimes et bourreaux deviennent, selon le projet de la mémoire partagée, des vétérans de la guerre, qu’ils aient été Résistants ou SS ? N’est-ce pas pure et simple banalisation de l’idéologie nazie ? Mais c’est aussi dénaturer les combats de la Résistance et des alliés, donc falsifier l’Histoire. Notre mémoire n’est pas un simple souvenir du passé ; elle est un appel à la vigilance, au combat, car aujourd’hui, nos sociétés produisent de plus en plus l’exclusion et la pauvreté, terrains propices au développement de l’idéologie fasciste. Berthold Brecht a dit « le ventre de la bête immonde est encore fécond », faisons en sorte qu’il n’accouche pas dans quelque État que ce soit». Claude Doktor, au nom de la FNDIRP a retracé l’histoire des déportés et fusillés du Calvados dont les noms se trouvent sur la stèle, le contexte de la politique des otages dans lequel ils ont été arrêtés et la collabo- ration du « gouvernement non républicain » de Vichy à la politique de répression des nazis.
Mes camarades Jean Frémont de Mémoire Vive, lira ensui- te un poème de Gisèle Guillemot, résistante du Calvados disparue le 4 février 2013 (1). Ce poème, écrit à la prison de Fresnes en 1943, exprime sa douleur après le départ pour le peloton d’exécution de certains de ses camarades de combat. Plusieurs articles de presse ont relaté l’évé- nement et Fernand Devaux a été inter- viewé par le journal Ouest France. (1) Voir l’article dans le bulletin n° 51 de Mémoire Vive
Il s’agit d’une nouvelle initiative du collè- ge d’Évrecy et du lycée Paul Verlaine de Caen. Les lecteurs habituels de notre bulle- tin savent combien ces deux établisse- ments, sous l’impulsion de François Legros ont accompli un remarquable travail de Mémoire. Cette année le club Europe du lycée Verlaine et le collège d’Évrecy ont choisi comme thème de travail la Pologne. Les élèves ont notamment reçu Edouard Podyma, pilote de char ayant com- battu dans la 1ère DB polonaise, dans la «poche» de Falaise (Calvados), pen- dant la seconde guerre mondiale. Ils ont réalisé différents travaux qui seront présentés au collège d’Évrecy le 20 juin. Sous l’impulsion de Nicole Bouet et avec le soutien de Mémoire Vive, les élèves sont venus à Paris le 18 avril où ils ont visité différents lieux liés à l’histoire de la Pologne. Ils ont égale- ment rendu hommage aux côtés de Mémoire Vive et en présence de Mme Magdalena Ryszkowska, représentante de l’ambassadeur de Pologne en France, de
Monsieur Edouard Podyma et de Monsieur Paul Golunsky représentant la Garden Peace Fondation, aux combattants polonais engagés dans la défense et la libé- ration de la France en déposant une gerbe au monument qui leur est dédié Place de Varsovie à Paris. Fernand Devaux qui représentait Mémoire
Vive, aux côtés de Yvette Ducastel, Jean Matheron, Jean-Marie Dusselier, a pronon- cé quelques mots pour saluer le travail de Mémoire réalisé par les enseignants et les élèves. Il a rappelé ce que l’idéologie nazie a coûté aux peuples d’Europe. Il a évoqué le souvenir de ses camarades d’origine polonaise qui se trouvaient dans les convois des 45000 et des 31000.
M é m o i r e s e p o u r s u i t
Normandie 1940 – 1944 Caen et Dives sur Mer sous l’occupation
Un travail minutieux d’historien réalisé par Claude Doktor En mars 1941, le commandant militaire en France détermina ses ennemis, à savoir, les Judéo-bolcheviks, juifs, communistes, anar- chistes, asociaux et personnes proches du milieu des coupables de sabotages ou d’atten- tats effectués contre l’armée d’occupation, mais avec une méconnaissance du mouvement et des actions gaullistes. L’ordonnance allemande du 30 septembre 1941, connue sous le nom de «Code des otages», légalisa les sanctions collectives, sans respect de la convention internationale de La Haye. Dans le Calvados, la répression s’intensifia en 1942. L’arrestation d’otages, qui furent exécu- tés ou déportés vers l’Est, s’effectua dans l’har- monie de la collaboration de l’administration de Vichy avec l’occupant. Dives-sur-Mer, à l’heure allemande de l’occu-
pation, qui a débuté pour cette ville le 20 juin 1940, allait donc rapidement subir la répres- sion … avec une longue attente de la libération du 21 août 1944.
Claude Doktor, fils d’Isaac Doktor (46316), médecin retraité né dans l’Orne, est arrivé dans le Calvados en 1939. Il a vécu à Caen la période d’occupation et du débarquement. Médecin pédiatre de formation, il a exercé durant 36 ans sur la «côte fleurie» normande. Son intérêt pour l’Histoire de la seconde guerre mon- diale fut orienté par l’épreuve vécue par sa famille dès l’année 1942. Il s’agit de son 6ème ouvrage. Membre de l’association des Écrivains Combattants de Paris, de la Société des Écrivains Normands et du groupement des Écrivains médecins.
Ouvrage sur commande auprès de Claude Doktor - 38 avenue Pasteur 14160 Dives sur Mer 12 euros + 5 euros de frais d’expédition
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a tout d’abord évoqué la mémoire de Madeleine Odru et Lucien
Ducastel : «Ce n’est pas sans une grande émotion que je prends la parole devant vous aujourd’hui. En effet, je me revois 2 ans en arrière, ici même, entouré par deux grands amis de Mémoire Vive, disparus aujourd’hui, à qui je dédis cette interven- tion, salut à toi Madeleine, salut à toi Lucien. Il a ensuite rappelé la nature de l’engagement des 45000 et des 31000 et la cible qu’ils représentaient pour l’occupant et ses complices : «Le crime de ces hommes et de ces femmes est d’avoir défendu leurs idéaux faits de solidarité, de pacifisme et de la farouche volonté d’un monde meilleur. Pour l’occu- pant nazi, ses complices de Vichy, un cer- tain patronat, une cer- taine police, une droi- te pour ne pas dire extrême, une certaine gauche qui sur fond de renoncement et d’acceptation drama- tique des volontés d’Hitler mena droit à la guerre avec les accords de Munich qui voulaient com- battre et détruire l’URSS, symbole de la victoire sur le capitalisme. Il fallait éradi- quer en France les valeurs héritées de la révolution de 1789, de la Commune de Paris et du Front Populaire.» (…) C’est pour toutes ces raisons que pour les 45000 et les 31000, leur déportation et pour beaucoup leur mort est la conséquence de leur engagement volontaire et librement consenti. Même s’il faut se méfier des parallèles his- toriques regardons les années 1930. Elles
sont marquées par une terrible crise éco- nomique, sociale et morale assez identique à celle que nous vivons aujourd’hui. À l’identique nous pouvons comparer une crise générale du système représentatif et parlementaire dans laquelle le peuple ne se reconnaît plus ce qui a pour résultat la montée des réflexes nationalistes, xéno- phobes et racistes (…). Au niveau du parlement européen, on a vu le lobbying forcené du député libéral sué- dois et Göran Lindblad qui a participé le 6 juin 2004 à 11 h 45, à Riga, aux cérémo- nies rendant hommage aux SS Lettons et a même fleuri la stèle qui leur est dédiée, pour que soit votée une condamnation internationale des régimes totalitaires et autoritaires et que le 23 août, en référence
au pacte Germano soviétique soit instaurée une date annuelle de commémoration. Je citerai simplement Winston Churchill qui déclara à l’issue de la signature du pacte germano-soviétique : «les gouvernements français et britannique ont traité avec une telle désinvolture les Soviets que j’aurai agi comme Staline et signé l’acte du 23 août 1939». (…) Un certain nombre de députés européens français n’hésitèrent pas à mêler leurs voix à l’extrême droite européenne,
citons Golnisch et Carl Lang du FN, Alexandra Mussolini, petite fille de qui vous savez, Jean Claude Toubon soi-disant gaulliste de l’UMP, Jean-Marie Cavanna, ci-devant journaliste et élu du MODEM. Mais d’autres encore Vincent Peillon pour le PS, Daniel Cohn Bendit et Alain Lipietz pour les Verts. Revenons à 1943, les survivants de nos deux convois apprennent que l’armée alle- mande est défaite et a capitulé à Stalingrad, le 2 février, un espoir immense naît, leurs libérateurs vont arriver et ce sera la fin des massacres et des ignominies. Ils vont pou- voir reprendre la lutte, forts de l’expérien- ce vécue. Hélas leur libération n’intervien- dra que 2 ans après. 1943 c’est aussi en France le 17 avril la signature des accords du Perreux réunifiant la CGT, c’est le 27 mai la création sous l’égide de Jean Moulin, du CNR, qui à la Libération rassemblera tous les Français, en toute indépendance de la pax america, pour créer une politique qui rassemblera, donnera un système social à tous et une vue commune du pays. Qu’en est-il aujourd’hui ? Nous avons tous en mémoire les propos de Kessler, défen- seur d’une politique libérale, sur la nécessi- té de détricoter systématiquement le pro- gramme économique et social du CNR. Mais nous sommes étonnés d’entendre une musique, peut-être un peu plus douce, mais similaire de gens dits de gauche. Comme l’écrit l’économiste Bernard Maris, membre du Conseil de la Banque de France dans son livre «plaidoyer (impos-
M o n t r e u i l : m o b i l i s e r
Montreuil - 27 avril 2013
Jean Menant, au nom de Mémoire Vive, a remercié tous ceux qui ont aidé notre association à organiser cette cérémonie et tout particulièrement le Foyer des Anciens Combattants et Victimes de guerre de Montreuil.
Il a salué la présence de Razzy Hammadi, député, Patrick Bessac, conseiller régional, Belaïde Bedreddine, conseiller général, Jean-Pierre Brard, député,
maire honoraire de Montreuil et des représentants de la FNDIRP et du monde combattant
Jean Menant
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sible) pour les socialistes», ils se sont enlisés dans l’économisme, se glorifient d’avoir appris à gérer, ils ne sont que les ménagères du capitalisme, alors qu’ils veulent humani- ser le système, ils ne font qu’essayer d’ar- rondir les angles du capitalisme et restent face au libéralisme triomphant un social libéralisme consentant. A-t-il raison ? Que voit-on aujourd’hui au niveau européen ? Une politique globale d’austérité, sociale et salariale, des cadeaux au patronat, rien que pour la France 20 milliards d’euros, sans contrepartie qui vont aller gonfler les poches des actionnaires, c’est la fameuse ANI qui déréglemente complètement le Code du Travail, dont les 45000 et 31000 ont été le fer de lance du combat d’avant et après-guerre. Aujourd’hui, c’est le refus de l’amnistie judiciaire pour les travailleurs en lutte qui se battent pour leur emploi et leur dignité. Cette crise du capitalisme brouille les repères, l’avenir est en panne et remet en questions la vie de millions de femmes et d’hommes. L’enjeu est énorme, c’est pour- quoi les atteintes aux libertés politiques, publiques et syndicales ne doivent être tolérées. La société se radicalisant à tous ses niveaux, il ne faudrait pas que, par dépit et fatalisme nous revivions un vote chemises brunes qui nous le savons n’amènera que haine, xénophobie, racisme et guerre. C’est pour toutes ces raisons que le combat des 45000 et 31000 est le nôtre, leur histoire, leurs expériences, nous donnent des outils pour analyser et pour construire un monde meilleur. La transmission de la mémoire n’est pas une démarche compassionnelle, elle doit permettre de comprendre les mécanismes, les choix politiques qui doivent permettre de nous émanciper et surtout de ne pas revivre certaines périodes ; le temps n’effa- ce pas les blessures. Nous, adhérents de Mémoire Vive, nous avons la responsabilité pressante de mettre en évidence ce qui s’est réellement passé.
Jean Menant
atrick Bessac, conseiller régional, après avoir rappelé le combat des 45000 et
des 31000 et le contexte dans lequel il s’est inscrit a également souligné les dangers de la situation actuelle, la crise de confiance de
nos concitoyens dans le système de repré- sentation politique et les expressions de racismes qui traduisent aujourd’hui une grande désespérance sociale. «La chasse à l’homme, la chasse aux com- munistes et aux résistants c’est ce qui s’est passé pour arrêter les hommes qui allaient constituer le convoi des 45000 et les femmes qui allaient composer celui des 31000. La France de Vichy illustra sa servi- lité à l’occupant nazi, en contri- buant largement à leur arrestation. C’est la même France de Vichy qui promulgua le statut des juifs. Les 45000 et les 31000 étaient des lutteurs. Ils avaient participé au Front Populaire et pour certains au soutien de la jeune répu- blique espagnole. C’était des ouvriers des instituteurs, des «gens de peu», comme on dit, qui donne- ront tout pour une grande idée, la liberté. Hier j’étais dans une réunion de militants. Chacun parlait de son engagement. J’ai parlé du mien. À 16 ans, j’ai découvert dans mes livres d’histoire et avec mes professeurs la seconde guerre mondiale, la Shoah et les causes qui ont mené à cette catastrophe. Ce qui fait mon engagement politique à 18 ans, c’est la conviction que pour que cela
ne se reproduise pas, il fallait que les condi- tions qui avaient mené à la catastrophe soient changées, les conditions d’injustice qui avaient conduit les nations à s’opposer les unes aux autres. J’ai en tête les échanges que nous avons tous eus avec des résistants et qui nous disent : «Faites attention, vous qui vous croyez tranquilles ; dans les années 30, beaucoup n’y ont pas cru et pourtant c’est arrivé». Quelle est notre responsabili- té aujourd’hui ? Dans une cité de Montreuil où je fais beaucoup de porte-à-porte en ce moment, je rencontre des gens minés par le racisme qui nous disent aussi qu’ils ne peuvent plus se faire soigner. Je rencontre des jeunes qui se sont formés et qui par leur couleur de peau et leur origine sociale sont victimes de ségrégation à l’embauche. Alors il faut arrêter les beaux discours. Quand nos pères ont créé le Conseil National de la Résistance, ils ont pensé construire une France dans laquelle le monde de la finance ne prendrait plus jamais le contrôle sur la démocratie et sur nos vies. Ce qui se passe aujourd’hui est intolérable. Quand on demande au peuple
de payer la crise provoquée par d’autres, il ne faut pas s’étonner de voir monter le racisme. Quand on refuse l’amnistie à des ouvriers qui se sont battus pour défendre leur emploi, il ne faut pas s’étonner de voir monter la colère. Nous avons une responsabilité, il nous faut retrouver le sens de la Mémoire, notam- ment à Montreuil, et ensemble nous pou- vons y arriver».
s u r l a m é m o i r e
Patrick Bessac, Conseiller régional
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Jean-Pierre Brard, député-maire honoraire de Montreuil
Jean Pierre Brard, après avoir rappelé le rôle de Madeleine et Louis Odru dans la création de lieux de Mémoire à Montreuil a exprimé son indignation devant le refus
de la ville de Montreuil de leur dédier une rue. Il a rappelé que les 45000 et les 31000 se sont levés et organisés pour combattre l’idéologie nazie au moment ou d’autres préféraient attendre ou s’abstenir. Il a sou- ligné la violence des attaques des milieux économiques et financiers allemands contre les droits sociaux et les libertés syn- dicales en France. «Au moment où le tabou du programme national de la résistance a sauté et où les peuples d’Europe sont plon- gés dans la récession et le chômage, le seul gagnant est le parti de Madame Le Pen.» Devant une telle situation, il a affirmé que chacun devait mettre en accord ses actes et ses paroles et prendre ses responsabilités. En conclusion il a invité à réfléchir à la décla-
ration de Marie-Claude Vaillant-Couturier qui lors du 50ème anniversaire du départ des 45000 de Compiègne a déclaré : «Nous n’étions pas nombreux au début de la Résistance. Il fallait beaucoup de confian- ce, de ténacité et de courage pour croire en la victoire. C’est nous qui avions raison».
Razzy Hammadi, député Razzy Hammadi, député de Seine-Saint- Denis, après avoir invité les citoyens à se souvenir de tous les Résistants et victimes du nazisme a alerté sur les dangers que révèle l’actualité. «Nous venons de connaître la stigmatisa- tion, volontaire ou non, d’une partie de nos concitoyens, à l’occasion d’une extension d’un droit, l’ouverture du mariage à toutes les personnes de même sexe. Lorsque les positions de chacun se retrouvent sur la place publique pour mieux exprimer le rejet, c’est toute la République qui en pâtit. Cette opposition a dérivé vers des agressions, des dérapages ciblés et aveugles, des écarts aux exi- gences de la démocratie. Face à ces dérives, nous, parlemen- taires, avons dû passer par les nuits blanches et les agressions physiques et verbales. 70 ans après les déportations d’homosexuels, les médias nous ont offert le spectacle, parfois grossi de la haine, occultant le décès de François
Jacob, résistant et prix Nobel de médecine. Cette déferlante d’infor- mations, portée par une forte cou- verture média- tique des événe- ments et des non événements, fait peser sur chacun, et notamment sur les plus jeunes,
l’ombre de l’oubli fatal. Cet oubli représenterait une seconde mort pour les victimes, puisqu’il marquerait la
fin de la transmission indispensable. Et c’est moins le résis- tant que le poète Eluard qui nous souf- flait «Si l’écho de leur voix faiblit, nous péri- rons». N’attendons pas l’affaiblissement, n’at- tendons pas l’amenui- sement de la voix de ceux qui, année après année, jour après jour, portent la flamme de la mémoire. Ce combat ne doit jamais s’arrêter et nous serons toujours
à vos côtés pour le mener. Les percées récentes des idées ultranationa- listes, homophobes et populistes en France et en Europe doivent nous alerter sur la nécessité des valeurs humanistes qui sont le fondement d’une véritable cohésion socia- le. C’est notamment le sens des cours de morales civiques proposés par Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale. La démocratie que nous voulons, c’est celle où chacun a les mêmes droits. La France que nous souhaitons, c’est celle du partage et de la solidarité. La République que nous appelons de nos vœux, c’est une République exemplaire. Vive cette démocratie, vive cette République, vive cette France !
M o n t r e u i l : m o b i l i s e r s u r l a m é m o i r e
Razzy Hammadi, député
Jean-Pierre Brard, député, maire honoraire de Montreuil
Fernand Devaux (45472) et Pierre Odru, fils de Madeleine Odru (31660)
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E n v e n t e
Claudine Cardon Hamet Triangles Rouges à Auschwitz Le convoi politique du 6 juillet 1942 22,95 euros
Laurent Lavefve Mille et neuf jours René Besse, la force d’un Résistant déporté 20 euros
Roger Colombier Aincourt le camp oublié 20 euros
Thomas Fontaine Déportation et génocide L’impossible oubli 14,90 euros
Les oubliés de Romainville 29 euros
Charlotte Delbo Le convoi du 24 janvier 15 euros
Aucun de nous ne reviendra 12 euros
Une connaissance inutile 12 euros
Mesure de nos jours 12 euros
Yves Jegouzo Madeleine dite Betty Déportée Résistante à Auschwitz-Birkenau 22,50 euros
Maurice Cling Un enfant à Auschwitz 21 euros
Christiane Lauthelier Lucien Dupont, 21 ans, la trop courte vie d’un homme en résistance 10 euros
Collège Paul Verlaine d’Évrecy De Caen à Auschwitz 21,50 euros
Résistance au féminin 22 euros
Trois films, réalisés par Gilbert Lazaroo et Danick Florentin, sont à votre disposition sur DVD
Voyage à Auschwitz-Birkenau - juillet 2011 Les gens du voyage Ce film a été réalisé lors du dernier voyage orga- nisé par notre association à Auschwitz- Birkenau. Il présente des témoignages de Fernand Devaux et Lucien Ducastel dans le camp, des interviews de participants au voyage. Il fait vivre avec beaucoup d’intensité le chemi- nement du groupe dans le Camp. 10 euros
Les 45000 et les 31000 Deux convois de Résistants à Auschwitz Témoignages Film réalisé à partir de témoignages de resca- pés des deux convois recueillis à partir de 1995. Il en existe une version longue d’une durée de 1 heure 18 et une version courte de 40 minutes. La version courte peut être utilisée pour introduire un débat que ce soit dans un établissement scolaire ou avec des associations ou des comités d’entreprise. Version longue : 12 euros Version courte 10 euros
Résistance 31000 Film réalisé à partir de témoignages qui retra- cent l’engagement des 31000 jusqu’à leur arri- vée à Auschwitz-Birkenau 10 euros
Les prix s’entendent hors frais de port. Contact : Yvette Ducastel - 01 47 29 02 72 ou [email protected]
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ous sommes rassemblés pour nous souvenir que du mois de janvier à fin
mai de l’année 1945, résonnèrent les noms d’Auschwitz, de Buchenwald, de Dachau, de Ravensbrück, de Mauthausen, de Treblinka, des noms, des lieux qui allaient à jamais ensevelir la vie humaine dans une indicible industrie de mort. Un jour de 1937, un officier allemand qui voulut provoquer Picasso s’exclama devant son tableau Guernica : «C’est vous qui avez fait ça ?» Et le peintre de répondre : «Non, c’est vous !». Un jour de marché, dans cette commune du pays basque espagnol, la légion d’aviation hitlé- rienne Condor, tuera 1650 civils en une journée. Que raconter, que pou- voir dire du voyage vers les camps ? (…) C’est en 1933 que le premier des camps de concentration s’ouvre, à l’initiative d’Himmler, un camp presque «improvisé», monté dans une usine désaffectée, d’abord destiné aux militants communistes, puis aux opposants politiques, puis aux juifs allemands. Viendront très vite des construc- tions plus sophistiquées, pour mettre en œuvre un véritable plan de destruction massive du genre humain qui portera le nom effroyable de solution finale. Hitler, profitant de la crise politique et économique de l’époque, mettra en place son régime qui aboutira à un plan systéma- tique d’extermination des juifs d’Europe, à une traque criminelle des minorités les plus diverses, à la déportation de tous ceux qui résistaient. Mais le pire n’aurait pu se produire sans la complicité, la complaisan- ce et le silence de nombre de ceux qui,
dans ces années-là, avaient en charge la vie politique, morale ou religieuse dans le reste de l’Europe. En France, la police des ques- tions juives est créée par arrêté ministériel le 19 octobre 1941. La collaboration de Vichy ira même jusqu’à devancer les demandes des nazis et se charger en direct des opérations pratiquées à l’encontre des
juifs. Les préfectures décidaient de la qualité de juif ou de non juif des personnes. Mais au-delà, cette traque concernait tous ceux qui s’élevaient et résis- taient d’une façon ou d’une autre ... ils subi- ront le même sort parce qu’ils étaient communistes résis- tants, militants syndi- caux ou politiques, gaullistes républicains espagnols ... parce
qu’ils étaient comme chacun d’entre nous. À Gentilly, dénoncés par leur patron puis livrés aux policiers de Vichy, neuf ouvriers de l’usine Sanders, qui n’avaient commis que de réclamer plus de pain pour la can- tine, seront internés puis déportés à Auschwitz (1). (…) D’autres comme Marie-Claude Vaillant- Couturier qui témoignera lors du procès de Nüremberg en novembre 1945, dira : «le convoi dans lequel je me trouvais, fut le pre- mier convoi de femmes déportées en janvier 1943, le seul de non juives. Arrivé à Auschwitz-Birkenau il comptait 230 déte- nues, deux mois plus tard, nous n’étions plus que 70». Aujourd’hui, 68 ans après que les portes des camps se soient refermées sur nuit et brouillard, des haines surgissent sur le ter- reau de la misère, d’une crise profonde qui laisse tant d’individus dans la précarité et la
difficulté. Bon sang, ne laissons pas s’insi- nuer dans le débat politique, en les banali- sant, les discours qui trompent la colère du peuple et qui en divisant notre commu- nauté humaine finiraient par la broyer. (…) En commémorant ce 28 avril, nous pro- longeons le devoir de Mémoire, pour que ces pages sombres de l’histoire de l’huma- nité ne soient ni oubliées, ni déformées, ni minimisées, pour que la lucidité et la clair- voyance de ce qui en a été le ferment puis- sent garder nos consciences en éveil. Il y a 70 ans, face à l’opération de liquida- tion par les nazis du ghetto de Varsovie, Annie Wilmer, peu avant sa mort déclara : «Nous ne voulons pas sauver notre vie, per- sonne ne sortira vivant d’ici, nous voulons sauver la dignité humaine». Voilà le sens de notre cérémonie, voilà le sens de notre engagement, le sens de notre vie. (1) Pour plus d’informations notre bulletin n° 49
L e c o m b a t p o u r l a d i g n i t é h u m a i n e
Gentilly, le 28 avril 2013
Nous reproduisons des extraits du discours prononcé par Patricia Tordjman, maire de Gentilly lors de la Journée de la Déportation.
Il décrit de manière remarquable et avec passion le sens de notre engagement dans le travail de Mémoire.
L’AFMD 51 accueille l’exposition de Mémoire Vive
Dans le cadre de la semaine de lutte contre les discriminations, l'association AFMD 51 a reçu Claudine Cardon-Hamet pour une conférence sur les convois des 45000 et des 31000 dans les salons de la ville de Reims ainsi que la présentation de l'exposition de Mémoire Vive sur ces deux
convois spécifiques, prêtée pour l'événement. Ensuite l'exposition a été confiée au conseil général de la Marne puis au collè- ge Jean-Baptiste Drouet à Sainte Menehould.
Patricia Tordjman
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n aurait pu s’autoriser à penser qu’en 2013 le combat Est/ Ouest n’existait
plus, le mur de Berlin, la «fin» du commu- nisme et surtout que combattre toutes les guerres, génocides et extrémismes aurait permis de regarder l’histoire et de l’analyser avec sérénité. Il ne semble pas que ce soit le cas. En effet, il est très étonnant que février 1943 ne parle qu’à très peu de gens, encore moins aux médias. Est-ce une amnésie ou de la rétention mémorielle ? Que penser ? À la libéra- tion 57 % des Français considéraient que c’est face à l’URSS que les Allemands avaient perdu la guerre. Qu’en est-il aujourd’hui ? La transmission de la mémoire ne peut et ne doit pas être à géométrie variable. Février 1943 c’est la capi- tulation des armées alle- mandes et de leurs affidés à Stalingrad, c’est Koursk en juillet 1943 où les divisions Panzers ont été définitive- ment écrasées. Peut-on oublier que pendant 4 ans, du 22 juin 1941 au 9 mai 1945, le front germa- no/soviétique fut le principal de la secon- de guerre mondiale, l’Armée Rouge affrontant seule l’Allemagne hitlérienne et ses hordes fascites. Les bilans globaux de ces affrontements, confirmés par les historiens, sont de 480000 tués pour l’Armée Rouge, entre 250000 et 800000 civils, sans compter la mort programmée pour les 3,3 millions de prisonniers de guerre soviétiques dans les camps de déportation et d’extermination, ni les milliers «d’Oradour sur Glane», en Russie, Biélorussie, Ukraine et ailleurs. Ce sont également 491 divisions sovié- tiques, sans compter les groupes de Partisans, qui sont engagés dans ce combat, alors que l’offensive les troupes Alliées, en juin 1944 représente 139 divisions. Il ne s’agit pas ici d’une opinion, mais de faits historiques peu connus aujourd’hui
mais aisément vérifiables. Bien qu’il semble nécessaire à certains de dénoncer la «période du stalinisme», il est primordial de rappeler que l’URSS a lar- gement contribué à la défense de la démo- cratie mondiale, à la liberté et aux droits de l’homme.
N ’oub l i on s pas qu’Hitler voulait bâtir son empire raciste et capi- taliste pour 1000 ans de l’Atlantique à l’Oural. N ’oub l i on s pas non plus que Harry Tr u m m a n , alors sénateur a m é r i c a i n déclarait : «Si nous voyons que l’Alle- magne gagne, nous devons aider la Rus- sie, mais si la
Russie gagne, nous devons aider l’Allemagne et qu’ils s’entretuent le plus possible.» Rappelons simplement le message du haut commandement allemand, Wehrmacht comprise, aux troupes parties conquérir l’Est : «Supprime en toi toute compassion et pitié, tue tous les russes, les soviets, n’épargne ni vieillard, ni femme, ni garçon, ni fille, tue.». Il est important de rappeler que le second front à l’Ouest promis par les Alliés, qui devrait s’ouvrir en 1942, ne sera réalité qu’en 1944 et que seuls les mouvements de Résistance nationaux luttaient directement pour la libération. Il n’est pas question de faire le florilège de l’Armée Rouge, mais tout simplement de rappeler certaines réalités. Que représente Stalingrad pour les dépor- té(e)s d’Auschwitz et en particulier les 45000 et 31000 sinon l’espoir de la libéra- tion qui leur permettra de reprendre et
poursuivre leur combat, avec encore plus de détermination et de certitudes. Les 31000 n’avaient-elles pas reçu des chemi- nots de Compiègne à travers les portes des wagons de déportation cet encouragement : «Courage, Stalingrad va être reprise». L’an prochain, pour le 70ème anniversaire du débarquement de Normandie, la recon- naissance, les drapeaux, les cérémonies seront légion. Nous reverrons à la télévi- sion «Le jour le plus long», «Il faut sauver le soldat Ryan», «Pearl Harbour» et d’autres encore ? Mais sûrement pas «Hiroshima mon amour» …. Alors sans cesse rappelons que la mémoire doit être partagée sans ostracisme, ni omis- sion, même si depuis toujours la vérité ne plaît pas à tous.
Jean Menant
S t a l i n g r a d
Illustration extraite de la couverture du journal Vaillant du 1er juin 1945
Lu dans le Patriote Résistant
(...) Les Éditions Fayard redonnent vie à un ouvrage, dont l’édition originale date de 1946, dont l’auteur anglais parlant cou- ramment allemand et russe a été le cor- respondant de guerre de la BBC dans l’ex-Union soviétique. Et ce journaliste, qui fut l’un des premiers à se rendre à Stalingrad dans les premiers jours de février 1943, a pu interviewer de nom- breux protagonistes de la bataille, y com- pris des prisonniers allemands encore étonnés d’avoir été vaincus par des pay- sans russes qu’ils jugeaient incapables. Cet auteur, Alexander Werth, a aussi éplu- ché la presse de l’époque, citant ainsi un article du Berliner Börsenzeintung de novembre 1942 : «Jamais auparavant une ville n’avait autant résisté jusqu’à la dernière pierre. Paris et Bruxelle ont capitulé. Même Varsovie a accepté de capituler. Mais dans cette bataille, en dépit de notre supériorité numérique, nous n’avons pas réussi à atteindre à ce jour le résultat escompté». Poursquoi les Allemands n’ont-ils pas réussi à obtenir le résultat escompté et pourquoi n’y parviendront-ils pas ? C’est à cela que répond page après page Alexander Werth qui écrit à chaud et ne masque pas sa certitude que «s’il y eut jamais un moment décisif durant la Seconde Guerre mondiale ce fut indubitablement la bataille de Stalingrad». Un livre qui n’a rien perdu de sa force, même 66 ans après sa première publica- tion. Alexander Werth : Stalingrad, 1942 (annoté et préfacé par Nicolas Werth, tra- duit de l’anglais par Evelyne Werth), Éditions Fayard, 2013, 250 pages, 19 euros
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outes les femmes dont je vais parler furent des 31000 que j’ai bien
connues. Je suis le fils d’Annette Epaud, gazée à Auschwitz en février 1943. Je ne suis ni un héros, ni un martyr de la résis- tance. Dans ma 85ème année, je témoigne simplement. Il y a 70 ans, postée de Laon, nous recevions une enveloppe conte- nant un billet : «Département de l’Aisne, le 26 janvier 1943 Monsieur, Je me fais un devoir de vous transmettre le papier joint, lancé entre Laon et Reims d’un train qui se rendait en Allemagne. Pour la première fois de ma vie, je ne pourrai signer une lettre. Mais je voudrais, Monsieur, que vous puissiez agir et transmettre les sentiments de vive compassion que j’éprouve pour votre exilée et pour les siens. Des inconnus penseront à elle et à vous et partageront votre espoir de la revoir bientôt. S’il arrive que nous nous fassions connaître, ce ne sera pas pour recevoir des remer- ciements, mais pour apprendre l’heureuse nou- velle de son retour et partager votre joie.» Cette lettre n’est pas signée, mais en oppo- sition totale avec les lettres anonymes qui dénonçaient à cette époque, juifs et com- munistes. Nous n’avons jamais reçu de nouvelles de l’auteur de la lettre». Voici le billet :
«Prévenir ou envoyer à M. Moreau, 4 rue Amelot à La Rochelle. Sommes déportées en Allemagne ou en Pologne, prévenir famille Durand chez Champion, bourrelier rue du Brave Rondeau. Notre cœur reste en France avec
vous. Je te confie mon petit Claude - Annette Paula.» Dans la marge de droite : 20 femmes dans le wagon, dans la marge de gauche : «je t’embrasse mon Claude, veillez sur nos parents». Ce billet est signé Annette Paula. Annette c’est maman,
Paula, c’est Paula Rabeaux, morte au revier en mars 1943. Son mari Raymond a été fusillé à Souge en septembre 1942. Raymond avait un logement de fonction à l’Union Française, il travaillait et logeait dans cette usine avec mon oncle. Nos familles étaient très proches. Raymond était un excellent nageur des Tritons rochelais. Il faut citer Noemie Durand, gazée à Auschwitz en février 1943, épouse de Louis Durand fusillé à Souge en octobre 1941. Quand elle reçut la dernière lettre de son mari, Noemie trouva un peu de récon- fort auprès de notre famille, elle m’a lu des passages de cette lettre d’adieux. Il faut citer également sa sœur, Rachel Fernandez, morte au revier de Birkenau en
mars 1943. Pour témoigner de nos proches, je dois citer Margot Valina, morte à Birkenau en février 1943. Son mari Lucien fusillé à Souge en septembre 1942. Lucien, était un ancien des Brigades Internationales, un des premiers responsables FTP de la région. Je passais mes vacances dans leur famille à Cognac Saint Jacques lors de la grande arrestation de juillet 1942. Il y a 20 ans, j’assistais à Romainville au 50ème anniversaire du départ des 31000. J’y ai rencontré Marie-Claude Vaillant- Couturier qui témoignant au procès de Nuremberg a retracé les dernières heures de maman à Auschwitz. Parmi les dernières survivantes de l’époque, j’ai retrouvé Félicienne Bierge, son mari Raymond a été fusillé à Souge en septembre 1942. Elle m’a reparlé du portrait dessiné, en janvier 1943, par Jean Sabail qui sera fusillé au Mont Valérien en octobre de cette même année, son épouse Léonie est morte à Birkenau en mars 1943. Félicienne avait
récupéré ce portrait dans les affaires de maman quand elle a disparu. C’est une reproduction de ma photo à l’âge de 12 ans. Ce portrait l’a suivie pendant tout son martyre à Auschwitz, à Ravensbrück et Mauthausen, elle a conservé ce portrait en prenant de gros risques pour nous le rendre à la libération. Que l’on ne puisse jamais oublier leurs sacrifices».
H o m m a g e s
La Rochelle, 26 janvier 2013
Nous reproduisons ici le témoignage de Claude Epaud, fils d’Annette (31724), envoyée à la chambre à gaz pour avoir donné à boire à une femme mourante.
Elle a été jugée pour cet acte de solidarité. Elle est partie, avec Noemie Durand (31727) en chantant la Marseillaise
et en criant «Danielle, je te confie mon fils». Claude avait 14 ans.
Annette a été distinguée par l’État d’Israël comme Juste parmi les Justes.
Marcel, Claude et Annette Épaud. Collection Claude Épaud.
Claude Épaud, par Jean Sabail. Dessin passé clandestinement par les KL Birkenau, Ravensbrück et Mauthausen. Collection Claude Épaud. Droits réservés.
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n effet, il y a 18 ans exactement, durant toute la soirée et la nuit du 3 février
1995, dans 154 communes de France, 320 comédiennes ont lu publiquement les bio- graphies des déportées du convoi et les paroles de la trilogie. Cette nuit du 3 février fut organisée à l’initiative de la compagnie Bagages de Sable, relayée en Auvergne par la compagnie l’Œil Ecoute. Les artistes furent des passeurs, rendant au public, émotions et sensations. La commu- ne du Montet, appartenant à l’arrondisse- ment du Tronget, fut choisie pour accueillir Betty, Lucienne Langlois de son nom de Résistance, comme citoyenne d’honneur pour cette nuit de lecture. La lecture fut prolongée par une marche dans les monts du Bourbonnais à la rencontre du soleil puis, relayée par des lectures au collège du Tronget, tout proche de là. Ainsi naquit la relation particuliè- re entre le collège et la femme de théâtre et de lettres, résistante, déportée dans le convoi des 31000. En 1998, le collè- ge reçut le nom de Charlotte Delbo par la volonté des élèves et de l’équi- pe pédagogique. Depuis, tous les deux ans, l’équipe pédago- gique organise des initiatives autour de la mémoire de la Résistance et de la Déportation durant une semaine, à la fin du mois de mai. Ainsi, le collège Charlotte Delbo entretient le devoir mémoire depuis près de 18 ans. Il est aujourd’hui le seul éta- blissement scolaire en France à porter le nom de Charlotte Delbo. Les dernières journées Charlotte-Delbo furent organi- sées en 2010. À leur issue, il fut décidé d’at- tendre l’année du centième anniversaire de
la naissance de Charlotte Delbo (1913- 1985) pour organiser les suivantes. Cette remarquable continuité est le résultat de l’engagement de toute l’équipe pédago- gique et, plus particulièrement, de Laurent Montpellier, professeur d’histoire et archi- tecte des «Journées Charlotte-Delbo». La semaine dédiée à ces journées est la conclusion de toute une année scolaire. Dans ce cadre, les enseignants du collège proposent des activités pédagogiques variées afin de sensibiliser l’ensemble des élèves au devoir de mémoire. L’atelier «Chorale» prépare les chants de la cérémo- nie de clôture, sous la direction de Mme Besson, professeur de Musique. L’atelier «Affiche», comprenant des élèves de 4° et animé par Mme Gronier, professeur d’Arts plastiques, a créé l’affiche officielle des Journées. L’atelier «Lecture», sous la direc-
tion de Mme Ferrandon, professeur de Lettres classiques et composé d’élèves des différents niveaux, a préparé la mise en scène des lectures de textes sur la Résistance et la Déportation des hommes, des femmes et des enfants. Et, les élèves de l'IDD (Itinéraire de découverte) «Théâtre» travaillent depuis le début de cette année scolaire à la préparation des Journées Charlotte Delbo, choisissant d'interpréter l'acte II de la pièce "Le Docteur Knock" de Jules Romains, pièce montée par Louis
Jouvet, directeur du Théâtre de l’Athénée. Un double hommage à Louis Jouvet et à Charlotte Delbo. En effet, Charlotte fut la secrétaire de l’homme de théâtre pendant plusieurs années, avant et après la Seconde Guerre Mondiale. Cette expérience fut déterminante pour la femme de théâtre et de lettres. Enfin, un Concours «Charlotte Delbo» est organisé à l’intérieur du collè- ge, à l’initiative de MM. Montpellier et Lehours (professeur de Mathématiques). Ce concours est ouvert à l’’ensemble des élèves volontaires du collège. Enfin, plu- sieurs élèves de 3° ont participé au Concours départemental de la Résistance. La Cérémonie de clôture des Journées a été organisée dans l’après-midi du vendre- di 24 mai, en présence d’élus du départe- ment, du représentant départemental de l’ONAC et de François Demaegdt de l’AFMD. Notre camarade Robert Fallut, président de l’ADIRP de l’Allier, avait tenu à être présent malgré son état de santé. Nos camarades, Robert Créange, Secrétaire général de la FNDIRP, et Génia Obeuf, présidente de l’ADIRP de la Nièvre, avaient tenu à faire le déplacement dans l’Allier. Jacqueline Bourgeade, ancienne principale du Collège, était présente et représentait Claudine Collet, légataire de Charlotte Delbo. Je représentais Mémoire Vive et, avec Jacqueline, les Amis de Charlotte Delbo. La Cérémonie a été ouverte à 16 heures par la libre découverte de l’exposition : «Le département de l’Allier dans la seconde guerre mondiale» (exposition proposée par les Archives départementales de l'Allier). Puis se sont enchaînées les représentations des diffé- rents ateliers du Collège : les lectures choi- sies, la représentation théâtrale, les chants de la chorale. Enfin, cette première partie s'est conclue par la remise des prix du concours «Charlotte Delbo» par les per- sonnalités présentes. En début de soirée, les élèves, les professeurs et le public se sont retrouvés au Collège pour se recueillir devant la vitrine mémorielle du collège, suivi d’une minute de silence. Un vin d’honneur convivial, servi au restaurant du collège, a clôturé cette cérémonie.
Yves Jégouzo, Co-Président de Mémoire Vive,
Fils de Betty Jégouzo (31668)
a u x 3 1 0 0 0
Collège de Tronget (Allier)
Le collège de Tronget a été baptisé collège Charlotte Delbo suite aux lectures de la trilogie Auschwitz et après de Charlotte Delbo,
faites dans toutes les communes de naissance des femmes du convoi du 24 janvier.
Les élèves de l'IDD «Théâtre» avec Jean-François Pérès
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Le mot de Josette Marti, notre trésorière
222 adhérents en Juin 2013… Cette année nous avons battu les records d’adhésions, et l’année n’est pas terminée, venez nous rejoindre ! Merci à tous pour votre participation à la vie de notre association.
Vos dons nous permettent de veiller à la préservation de la mémoire, par des actions, des expositions, des photos, des films, des spectacles théâtraux, des voyages à Auschwitz- Birkenau…
La cotisation minimum reste à 25 €, sachez que toute somme supérieure à 25 € fera l'objet d'une attestation de don à four- nir avec votre déclaration d'impôt et donnant droit à une réduction de 66 % du montant de votre versement. Nous comptons sur votre soutien financier.
Adhésions et dons sont à envoyer à l’adresse figurant sur la carte ci-contre
Nouvelle carte adhérent
V i e d e l ’ a s s o c i a t i o n
À adresser à Josette MARTI - 10, square Etienne Martin - 77680 ROISSY EN BRIE
NOM : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Date de naissance : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Profession : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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