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CONSULTATION MONDIALE DE LA SOCIÉTÉ CIVILE SUR LA MIGRATION ET LE DÉVELOPPEMENT LOCAL RAPPORT DE SYNTHÈSE DANS LE CONTEXTE DU 3 ÈME FORUM MONDIAL DES MAIRES SUR LA MOBILITÉ HUMAINE, LA MIGRATION ET LE DÉVELOPPEMENT

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CONSULTATION MONDIALE DE LA

SOCIÉTÉ CIVILE SUR LA MIGRATION

ET LE DÉVELOPPEMENT LOCAL

RAPPORT DE SYNTHÈSE DANS LE CONTEXTE DU 3ÈME FORUM

MONDIAL DES MAIRES SUR LA MOBILITÉ HUMAINE, LA

MIGRATION ET LE DÉVELOPPEMENT

2

Contributeurs

Le présent document a été rédigé par Joanne Irvine, Experte en gestion des connaissances à l’initiative conjointe pour la Migration et le Développement (ICMD), un programme global inter-agences mis en œuvre par le PNUD en partenariat étroit avec l’OIM, le CIF-OIT, l’ONU Femmes, le HCR, le FNUAP et l’UNITAR. L’ICMD est co-fondatrice du Forum Mondial des Maires sur la Mobilité Humaine, la Migration et le Développement.

Le présent document est directement basé sur les contributions de 70 organisations de la société civile.

Le processus de rédaction a été entrepris en étroite coopération avec les organisations de la société civile Global Coalition on Migration et Migrant Forum in Asia.

3

Table des Matières

Remerciements………………………………………………………………………………………………………………………………….4

Introduction………………………………………………………………………………………………………………….…………………..7

Partie 1 : Informations de base – pourquoi le niveau local ?………….……………………………………….……….10

Partie 2 : Questions posées aux fins de la discussion………………………….……………......…………………………13

Partie 3 : Résultats de la consultation………………………………………………………………………..………………….…15

Comment la société civile peut-elle aider les villes à assurer l’inclusion et la protection

des migrants et des réfugiés vulnérables en vue de renforcer la résilience et le

développement ……..…………………………………………………………………………………………………………..16

Le rôle joué par la société civile pour aider les autorités locales et régionales à toucher

et à engager la diaspora .…………………………………………...……………………………………………….……..22

Comment la société civile et les villes peuvent-elles travailler ensemble pour lutter

contre la xénophobie et la violence afin de garantir la cohésion sociale ?....………………….……27

Comment la société civile et les villes peuvent-elle travailler ensemble pour surmonter leur

marginalisation par rapport à l’élaboration des politiques nationales et internationales

en matière de migration et de protection des réfugiés ?.…………………....................................32

Principaux facteurs de succès pour assurer un partenariat multipartite de confiance

entre les acteurs de la société civile et les villes dans le cadre de leurs initiatives visant

à travailler ensemble en vue d’exploiter le potentiel de développement de la migration.....36

Le rôle joué par la société civile dans la préparation et la réponse aux besoins des

migrants dans les pays en situations de crise...……………..………..…….…………………………………...39

Partie 4 : Recommandations à l’intention des villes concernant les services pouvant être assurés

par les OSC……………………………………………………………………………….…………………….…………..………42

Annexe 1 : Liste des sources d’informations complémentaires fournies par les participants à la

consultation mondiale de la société civile………………………………………………………………………………………..52

4

Remerciements

Des remerciements tout particuliers sont adressés à la Direction suisse du Développement et de la

Coopération (SDC), l’UNITAR, le KNOMAD de la Banque Mondiale, l’OIM et l’initiative conjointe pour

la Migration et le Développement (ICMD) pour leur appui financier et technique qui a permis la

création du Forum mondial des maires sur la mobilité humaine, la migration et le développement,

ainsi que pour le dévouement dont ils ont fait preuve pour en assurer le succès.

Nous remercions également particulièrement le Global Coalition on Migration et le Migrant Forum in

Asia, des organisations de la société civile (OSC) qui ont joué un rôle stratégique de coordination et

d’appui pour garantir la participation de la société civile au 3ème Forum mondial des maires sur la

mobilité humaine, la migration et le développement.

Nous sommes par ailleurs reconnaissants à Quezón city, dans le grand Manille aux Philippines, pour

avoir accueilli le 3ème Forum mondial des maires et d’avoir facilité la session en assurant aux OSC un

espace commun leur permettant pour la première fois d’interagir avec les maires et les dirigeants

locaux au cours du Forum. Des remerciements sont également adressés à la Commission des Philippins

à l’étranger (Commission for Filipinos Overseas ou CFO) pour avoir remarquablement appuyé Quezón

city.

Enfin, le présent rapport n’aurait pas été possible sans la participation active de plus de 70 OSC qui

ont pris le temps de partager leurs expériences et expertises au cours des diverses consultations

organisées. Nous adressons donc nos plus sincères remerciements à toutes les organisations

énumérées ci-dessous :

Liste des organisations ayant participé aux consultations de la société civile

Action Pour la Promotion du Développement, Congo (APRODEV-ONGD)

Alianza Americas

Alliance of Progressive Labor-Sentro ng mga Nagkakaisa at Progresibong Manggagawa (APL

SENTRO)

American Federation of Labor and Congress of Industrial Organizations (AFL-CIO)

Amnesty International

Asia Pacific Refugee Rights Network (APRRN)

Asociacion de Desarrollo Economico Local de Morazan, Oxfam, El Salvador

Asylum Access

Atikha Overseas Workers and Communities Initiative

Bar Council Malaysia

Bureau de la Croix-Rouge, UE

Caritas Internationalis

Cash Learning Partnership

Center for Migrant Advocacy (CMA)

Centre d’information sur les banques multilatérales de développement (BIC)

Columbia University

Comision Argentina para los Refugiados y Migrantes (CAREF)

Commission internationale catholique pour les migrations (CICM)

Commission internationale catholique pour les migrations (CICM) et Migration and

Development Civil Society Network (MADE)

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Commission on Filipinos Overseas (CFO)

Coordination des Associations Sénégalaises en Catalogne (CASC)

Cuenca (Batangas, Philippines) OFW Group

Development Action for Women Network (DAWN)

Diaspora Matters, Irlande

Economic Resource Center for Overseas Filipinos (ERCOF)

Education International

Ensemble c’est pos6ble, France

Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR)

Forum Algérien pour la Citoyenneté et la Modernité

Foyer don Bosco Porto-Novo, Bénin

Fundacion Cepaim, Espagne

GK Partners

Global Coalition on Migration (GCM)

Global Migration Policy Associates (GMPA)

Gouvernement du Bangladesh

Gouvernement de Katmandou

Harvard FXB Center

Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH)

Initiative conjointe pour la migration et le développement (ICMD)

Initiative Migrants dans les pays en crise, OIM Genève

Immigrant Refugee Citizenship Canada (IPCC)

Initiative pour un Développement Économique Alternatif Local en Afrique (IDEAL Afrique),

Sénégal

Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR)

Instituto para las Mujeres en la Migración (IMUMI)

International Detention Coalition (IDC)

Internationale des services publics (ISP)

International Gain for Peace & Reconciliation

Kanlungan Center for Migrant Workers Foundation

KNOMAD, Banque mondiale

Loretto Community / NGO Committee on Migration

Migrant Forum in Asia (MFA)

Mission allemande

Mission suisse

Municipalité de Commune de Marsassoum, Sénégal

National Network for Immigrant & Refugee Rights (NNIRR)

NGO Committee on Migration

Open Society Foundations (OSF)

Organisation internationale pour les migrations (OIM)

Organisation mondiale pour l’éducation préscolaire (OMEP)

Oxfam International

Philippine Migration Research Network (PMRN)

Philippine Migrants Rights Watch (PMRW)

Plateforme pour la coopération internationale concernant les sans-papiers (PICUM)

Programme des Nations Unies pour le développement en Moldova, Projet migration et

développement local

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Région de Murcie, Espagne

Service d’aide aux primo-arrivants (SAMPA), Belgique

SOS Children Villages Mexico

The African Foundation for Development (AFFORD), Royaume-Uni

The Global Coalition on Migration (GCM), Suisse

The International Catholic Migration Commission (ICMC) and Migration and Development

Civil Society Network (MADE)

Transnational Migrant Platform (TMP)

UNICEF

United Methodist Global Ministries (UMGM)

United Methodist Women (UMW)

University of the Philippines Center for Integrative and Development Studies (UP-CIDS)

Unlad Kabayan Migrant Services Foundation

WARBE Development Foundation

Women in Migration Network (WIMN)

7

Introduction

“Le présent rapport constitue

l’aboutissement de trois processus

de consultation menés en vue de

collecter et de consolider les bonnes

pratiques, les enseignements tirés

et l’expertise de plus de 70

organisations de la société civile et

associations de migrants dans le

monde sur le thème de la gestion de

la migration en faveur du

développement local.”

8

Introduction

Le présent rapport constitue l’aboutissement de trois processus de consultation menés à bien en vue de collecter et de consolider les bonnes pratiques, les enseignements tirés et l’expertise de plus de 70 organisations de la société civile et associations de migrants dans le monde sur le thème de la gestion de la migration en faveur du développement local. Ce processus de consultation s’est déroulé dans le cadre du processus préparatoire du Forum annuel Mondial des Maires sur la Mobilité Humaine, la Migration et le Développement.

Si c’est aux niveaux national et international qu’ont lieu le dialogue et l’élaboration des politiques en matière de gestion de la migration et du développement, c’est au niveau local, par le biais des réponses pragmatiques et novatrices apportées par les villes, que les conséquences positives et négatives de la migration sont véritablement traitées. Si de nombreuses villes assument ce rôle avec succès, d’autres peuvent se heurter à un manque de capacités, de savoir-faire et de ressources fiscales et humaines, ce qui est susceptible d’entraver gravement leur capacité d’action. Sur la base de ce constat, la communauté internationale apporte de manière croissante un appui direct aux administrations municipales en vue de les aider à renforcer les capacités requises pour répondre aux défis induits par une plus grande diversité. C’est dans ce contexte que l’Initiative conjointe pour la migration et le développement (ICMD)1, l’UNITAR, l’OIM, le KNOMAD de la Banque Mondiale et la Direction suisse du Développement et de la Coopération sont les moteurs du Forum mondial des Maires sur la Mobilité Humaine, la Migration et le Développement depuis 2013.

Le Forum des Maires est une réunion annuelle de maires et de dirigeants de villes visant à promouvoir le dialogue politique au niveau global, à favoriser l’échange d’expériences en matière de gestion de la migration, et à formuler des stratégies sur la manière de travailler collectivement, de maintenir l’implication et d’obtenir un soutien national et international en faveur de leurs politiques et activités liées à la promotion du développement économique dans un contexte de diversité. Il a également pour objectif d’appuyer des approches novatrices en termes de gouvernance urbaine dans des contextes de plus grande diversité ainsi que de favoriser le dialogue entre les différents niveaux de gouvernance, de manière à ce que les fruits des échanges entre les villes soient pris en considération dans les dialogues intergouvernementaux tels que le Forum mondial sur la migration et le développement et Habitat III.

Les acteurs de la société civile ont un rôle clef à jouer pour appuyer les villes à cet égard, dans la mesure où leurs activités couvrent tout l’éventail de la gouvernance en matière de migration, depuis la fourniture des services jusqu’à la promotion de l’inclusion sociale. Reconnaissant pleinement ce fait, le troisième Forum mondial des maires sur la mobilité humaine, la migration et le développement a décidé de consacrer une session spécifique au rôle de la société civile à cet égard, dans le cadre de laquelle le présent rapport a été présenté et partagé. Ce forum a été organisé les 29 et 30 septembre 2016 par la ville de Quezón, dans la région métropolitaine de Manille, aux Philippines.

1 L’initiative conjointe pour la Migration et le Développement (ICMD) est un programme global inter-agences mis en œuvre

par le PNUD en partenariat étroit avec l’OIM, le CIF-OIT, l’ONU Femmes, le HCR, le FNUAP et l’UNITAR, grâce aux

financements de l’Union européenne et de la Direction suisse du Développement et de la Coopération (DDC). Elle se focalise

sur la dimension locale de la contribution des migrants au développement et vise à maximiser le potentiel de la migration

en faveur du développement local. Pour ce faire, l’ICMD fournit un appui technique et financier en vue de développer les

initiatives existantes dirigées localement sur la migration et le développement dans le cadre de 15 projets menés à bien dans

huit pays cibles : Costa Rica, le Salvador, Équateur, Maroc, Népal, Philippines, Sénégal et Tunisie. L’ICMD œuvre également

au renforcement des capacités des partenaires de projets et aide une large communauté de praticiens à entrer en contact

les uns avec les autres, à partager leurs connaissances et à les connecter aux dialogues nationaux et internationaux portant

sur la migration et le développement par le biais de sa plateforme de connaissances en ligne

www.migration4development.org ainsi qu’au travers de manifestations internationales sur la migration et le

développement.

9

Partie 1 :

Informations de

base - pourquoi le

niveau local ?

“Les villes sont devenues des

laboratoires importants

d’apprentissage et d’application,

au sein desquels des partenariats

novateurs sont en

train d’être mis en place avec les

acteurs non-étatiques, sur la base

desquels un nouveau paradigme

pragmatique de la gestion de la

migration peut être bâti.”

10

Partie 1 : Informations de base – pourquoi le niveau local ? L’émergence du Forum des maires sur la mobilité humaine, la migration et le développement reflète le contexte mondial actuel marqué par une urbanisation, une décentralisation et une mobilité humaine croissantes, qui donnent aux villes et aux autres autorités locales et régionales un rôle de tout premier plan dans la gestion des effets positifs et négatifs de la migration et des déplacements. La migration et les déplacements sont en effet principalement un phénomène urbain. On considère qu’environ 60% des 14,4 millions de réfugiés et 80% des 38 millions de personnes déplacés internes habitent dans des zones urbaines. Le nombre de migrants et de réfugiés vivant dans des zones urbaines a de plus augmenté de 8% au cours des trois dernières années. Il n’est pas surprenant dans ces conditions que les villes soient les principaux points d’entrée des migrants, celles-ci fournissant les opportunités économiques nécessaires et les réseaux sociaux désirés.2 Les villes sont devenues des laboratoires importants d’apprentissage, au sein desquels des partenariats novateurs sont en train d’être mis en place avec les acteurs non-étatiques, sur la base desquels, un nouveau paradigme pragmatique de la gestion de la migration peut être bâti. Certaines villes vont ainsi au-delà de la gestion traditionnelle de la migration, se tournant vers des approches novatrices et inclusives, non seulement en vue d’intégrer des migrants aux niveaux économique, social et culturel, mais aussi de tirer parti de la diversité qu’ils amènent avec eux pour transformer leurs villes en des centres internationaux prospères, attractifs et dynamiques. Le Forum mondial des maires sur la mobilité humaine, la migration et le développement fournit ainsi aux dirigeants des villes une plateforme leur permettant de partager leur expertise dans le cadre d’une approche de pair à pair visant à renforcer le rôle stratégique des dirigeants des villes en tant que premiers intervenants sur les questions de migration et de déplacements. Ce forum appelle ainsi à la reconnaissance et au soutien de ce rôle aux niveaux national et international. Le premier Forum, organisé par la ville de Barcelone, a eu lieu en juin 2014. L’Appel de Barcelone3, signé par tous les participants y a été lancé, appelant à la reconnaissance et au soutien aux niveaux national et international du rôle des villes, en tant que premières intervenantes sur les questions de migration et de déplacement. Le deuxième Forum a eu lieu en novembre 2015 à Quito, en Équateur. Il a conduit à l’élaboration du Programme local de Quito4, qui stipule la manière dont les villes peuvent contribuer, et contribuent, à la mise en œuvre des objectifs liés à la migration stipulés dans les nouveaux Objectifs de Développement Durable au travers de 11 domaines d’action. Le troisième Forum des maires s’est tenu les 29 et 30 septembre 2016, et a porté sur deux thématiques : (i) assurer l’inclusion des migrants et des personnes déplacées vulnérables en vue de véritablement garantir que personne ne soit laissé pour compte et (ii) discuter la manière de collaborer avec succès auprès des diasporas et des associations de migrants afin de tirer parti de l’extraordinaire potentiel de développement que celles-ci offrent. En outre, si la société civile a toujours été la bienvenue et présente lors des forums des maires précédents, une session spéciale sur le rôle joué par la société civile pour aider les villes et les autres autorités locales et régionales à mieux gérer la migration et les déplacements en faveur du développement a été organisée le 30 septembre 2016 à 11h30 dans le cadre du troisième Forum des maires. Au cours de cette session plénière présidée par l’organisation de la société civile Migrant

2 ICMD, de la migration au développement : enseignements tirés de l’expérience des autorités locales (2010). Disponible sur : http://www.migration4development.org/content/migration-development-lessons-drawn-experience-local-authorities. 3 Voir http://www.migration4development.org/sites/m4d.emakina-eu.net/files/call_of_barcelona_-_mayoral_forum_on_mobility_migration_and_development_1.pdf 4 Voir http://www.migration4development.org/sites/default/files/en_-_quito_outcome_document_-_final_revised_version_0.pdf

11

Forum in Asia, le contenu du présent rapport a été présenté puis discuté par la société civile, les villes et les organisations internationales. Le présent rapport est le résultat des trois consultations organisées antérieurement avec la société civile. La première a eu lieu à New York, le 19 juillet 2016, sous la houlette du Global Consortium on Migration, ainsi que de l’ICMD et l’UNITAR, grâce à l’appui et au financement du KNOMAD de la Banque mondiale. Cette réunion a vu la participation de quelque 40 acteurs de la société civile et organisations internationales actives dans le domaine de la migration et du développement. Cette manifestation a également permis de lancer une consultation mondiale en ligne hébergée par l’ICMD via la plateforme de son réseau en ligne M4D sur la migration pour le développement. Cette consultation, qui a eu lieu du 26 juillet au 16 septembre 2016, a permis à 17 acteurs supplémentaires de la société civile autour du monde, de partager leurs connaissances et bonnes pratiques. Une troisième manifestation a enfin été organisée le 13 septembre 2016 à Quezón City, aux Philippines. Celle-ci a réuni 22 participants issus de 11 organisations de la société civile basées aux Philippines, dont des syndicats et des groupes de familles migrantes. Cet événement a été animé par le Migrant Forum in Asia et l’ICMD, en partenariat avec l’Université des Philippines.

12

Partie 2 : Questions posées

aux fins de la discussion

“Les discussions ont porté sur le rôle joué

par la société civile pour aider les villes à

réaliser leurs objectifs, par le biais de six

questions liées aux principaux domaines

thématiques du prochain Forum mondial

des maires sur la mobilité humaine, la

migration et le développement.”

13

Partie 2 : Questions posées aux fins de la discussion Les discussions organisées autour de ces trois consultations se sont focalisées sur les deux principaux domaines thématiques du troisième Forum des maires : (i) assurer l’inclusion des migrants et des personnes déplacées vulnérables en vue de véritablement garantir que personne ne soit laissé pour compte et (ii) discuter la manière de collaborer avec succès auprès des diasporas et des associations de migrants afin de tirer parti de l’extraordinaire potentiel de développement que celles-ci offrent. Plus spécifiquement, les discussions ont tourné autour du rôle joué par la société civile pour aider ces villes à réaliser ces objectifs, sur la base de six questions. La section suivante du présent rapport rend ainsi compte des réponses collectées et des discussions qui se sont tenues au fil de ce processus de consultation. La partie 3 du rapport est ainsi divisée en plusieurs sections, qui correspondent chacune aux questions susmentionnées et exposées ci-dessous. 1. Comment la société civile peut-elle aider les villes à assurer l’inclusion et la protection des migrants et des réfugiés vulnérables en vue de renforcer la résilience et le développement ? Quelles sont les bonnes pratiques et les enseignements tirés à cet égard ?

2. Quel rôle la société civile peut-elle jouer pour aider les autorités locales et régionales à toucher et à engager la diaspora ? - par exemple, en vue de renforcer son soutien en faveur de l’intégration, de favoriser la protection sociale, de promouvoir les droits du travail et d’encourager le transfert des connaissances, l’entreprenariat et l’investissement en faveur du développement local. Veuillez fournir des exemples. 3. Comment la société civile et les villes peuvent-elles travailler ensemble afin de lutter contre la xénophobie et la violence, et assurer la cohésion sociale ? Quelles sont les bonnes pratiques et les enseignements tirés à cet égard ? Veuillez fournir des exemples. 4. Les villes tout comme les acteurs de la société civile ont tendance à être tenus à l’écart de l’élaboration des politiques nationales et internationales concernant la migration et la protection des réfugiés, en dépit du fait que de telles politiques ont souvent un impact au niveau local. Cela peut être dû à un manque d’appui, au fait qu’elles n’ont pas voix au chapitre et ne sont pas associées aux consultations au niveau national, ainsi qu’à un manque de compétences, de moyens et/ou de volonté politique. Quels obstacles à cette collaboration avez-vous rencontré dans le cadre de votre travail ? Comment les villes et la société civile peuvent-elles travailler de concert pour surmonter cette situation ? Veuillez fournir des exemples. 5. Quels sont les principaux facteurs de réussite pour assurer un partenariat multipartite de confiance entre les acteurs de la société civile et les villes dans le cadre des efforts qu’ils déploient pour travailler ensemble afin de tirer parti du potentiel de développement de la migration ? Quels obstacles peuvent entraver de tels partenariats ? Comment peuvent-ils être surmontés ? Veuillez fournir des exemples. 6. Alors que de nombreux pays ont été affectés ces dernières années par des conflits ou des

catastrophes naturelles, nous avons vu que les migrants vivant, travaillant, étudiant, voyageant ou

transitant dans ces pays ont été touchés de manière disproportionnée. Quel est le rôle de la société

civile dans la préparation et la réponse aux besoins des migrants vivant dans des pays en proies aux

crises ? Merci de fournir des exemples sur la manière dont la société civile peut aider à sauver des

vies, protéger la dignité et les droits des migrants et à soulager leurs souffrances, en particulier au plus

fort au plus fort de ces crises.

14

Partie 3 : Résultats

des consultations

La présente section de ce

rapport rend compte des

réponses et du dialogue qui a

eu lieu au fil du processus de

consultation. Ceux-ci sont

structurés en six sections

correspondant aux questions

servant à orienter la discussion,

qui ont fourni la base des

consultations.

15

Comment la société civile peut-elle

aider les villes à assurer l’inclusion et

la protection des réfugiés et des

migrants vulnérables en vue de

renforcer la résilience et le

développement ?

16

Comment la société civile peut-elle aider les villes à assurer l’inclusion

et la protection des réfugiés et des migrants vulnérables en vue de

renforcer la résilience et le développement ?

Les participants ont unanimement convenu que les organisations de la société civile (OSC) occupent

une position privilégiée entre les citoyens et les municipalités et peuvent ainsi souvent agir comme

médiateurs et facilitateurs entre les deux, en vue de répondre efficacement aux besoins des migrants

et des réfugiés. Cela est dû à leur proximité avec les citoyens, et en particulier avec les plus vulnérables

et marginalisés d’entre eux. Dans le même ordre d’idées, ils peuvent également faire office de

médiateurs entre les locaux d’une part, les migrants et personnes déplacées d’autre part, afin de

réunir ces derniers dans le cadre d’activités visant à promouvoir la sensibilisation, la compréhension

et la cohésion sociale. A titre d’exemple, le fait de réunir des jeunes locaux et des jeunes migrants

peut permettre de faire comprendre les problèmes et les intérêts partagés, faciliter l’intégration des

jeunes migrants, et accroître la compréhension et la prise de conscience des jeunes locaux.

Cette proximité signifie aussi que les OSC sont les mieux placées pour mener à bien des analyses des

besoins des nouveaux arrivés, ainsi que pour donner aux villes des conseils sur le type de réponses

nécessaires à mettre en place.

Les OSC ont également souvent accumulé des années d’expérience et de savoir-faire, dont il est

possible de tirer parti afin de renforcer les capacités des municipalités et des autres acteurs, par le

biais de formations ou d’ateliers de travail. Lorsque les municipalités n’ont pas les capacités

suffisantes, les OSC ont la capacité d’assurer et assurent, directement la fourniture de ces services.

Figurent au nombre des services assurés par les OSC une large palette d’aides directes, la fourniture

des infrastructures, la coordination, l’information, la sensibilisation et le renforcement des capacités.

Les participants ont mis en évidence certains services dans lesquels les OSC jouent un rôle

particulièrement déterminant, comme celui d’aider, par exemple, les migrants et leurs associations à

mener des activités de lobbying et à défendre leurs droits, tout en s’assurant que les migrants sont

également conscients de leurs propres responsabilités et de la culture du territoire d’accueil. Il a

également été souligné que les OSC ont une expérience solide au niveau de la fourniture d’abris et de

services de protection.

Par ailleurs, la grande proximité des OSC ainsi que leur neutralité sont des facteurs qui permettent en

outre de faciliter l’accès aux groupes de migrants eux-mêmes et de favoriser leur autonomisation.

De par leurs connaissances culturelles et leurs capacités à réduire la barrière de la langue, les CSO

peuvent s’avérer des acteurs essentiels pour faire participer ces groupes aux efforts d’intégration. Cela

a été jugé particulièrement important en vue d’assurer aux migrants et aux personnes déplacées

vulnérables des soins efficaces et de qualité, dans des domaines tels que l’assistance aux enfants

placés dans des familles d’accueil.

Les OSC ont également souligné le rôle qu’elles jouaient dans la promotion de la sensibilisation, la

compréhension et le savoir-faire concernant la gestion de la migration et ses liens avec le

développement dans les municipalités et les villes. Elles ont également mis en avant que le succès

des actions de sensibilisation et de lobbying s’appuyait généralement sur un plaidoyer basé sur les

faits, dans le cadre duquel il est essentiel de présenter les bonnes pratiques et enseignements tirés

ainsi que de formuler des propositions concrètes en vue d’assurer la traduction des idées en actes.

Grâce à un tel renforcement des capacités, et lorsqu’elles ont une présence nationale et

17

internationale, les OSC peuvent également mettre à profit leurs expertises et connaissances pour

autonomiser et renforcer le leadership des villes et des autres autorités locales et régionales, au

travers d’activités de plaidoyer et d’un positionnement stratégique aux niveaux national et

international. Dans le même temps, les OSC travaillant au niveau national ou international peuvent

nouer des liens avec différentes municipalités pour partager des connaissances et s’appuyer

mutuellement, en vue de renforcer leurs capacités et leur efficacité en matière de gestion de la

migration. Cela doit être réalisé en partenariat avec les organisations internationales, les autorités

étatiques et les réseaux de ville à mêmes d’appuyer de tels établissements de réseaux et de systèmes

d’appui de pair à pair.

Les OSC ont aussi souligné la nécessité d’assurer ces services en vertu d’une approche basée sur les

droits, dans la mesure où les migrants et les personnes déplacées sont vulnérables en raison du fait-

même que leurs droits ne sont pas respectés. Si les droits des migrants et des personnes déplacées

sont généralement définis au niveau national, les villes et les autres autorités locales et régionales

peuvent mettre en place des mécanismes locaux et s’appuyer sur les OSC pour contribuer à les faire

respecter. Dans le même temps, il convient d’inscrire tous les services et la gestion de la migration

dans le cadre d’une approche de développement à long terme qui assurera une intégration plus

efficace, et permettra de renforcer l’impact sur le développement. Le rôle des OSC est crucial à cet

égard, puisque ces dernières ne sont pas affectées par les changements auxquels sont soumises les

administrations et peuvent garantir une mémoire institutionnelle et un déploiement cohérent des

services.

Les droits des migrants liés au travail et à l’inclusion économique ont été jugés extrêmement

importants, ces derniers donnant aux migrants et aux personnes déplacées les moyens de subvenir à

EXEMPLE DE SOUTIEN APPORTÉ PAR LA SOCIÉTÉ CIVILE POUR AUTONOMISER LES VILLES : Le

programme MADE a mené à bien au Honduras un projet de financement pilote coordonné par

l’organisation non-lucrative Comisión de Acción Social Menonita (CASM), qui visait à assurer la

réintégration des jeunes migrants de retour dans leur pays d’origine. Malgré le manque de soutien

que la société civile reçoit de la part du gouvernement national dans cette région, la CASM a, grâce à

ce projet, réussi à organiser, avec d’autres organisations de la société civile de la région, des réunions

avec les maires de neuf municipalités de la Vallée de Sula, afin que ces derniers intègrent la migration

dans leurs plans de développement. Les réunions ont abouti à l’élaboration d’une lettre

d’engagement signée par les municipalités ayant accueilli favorablement l’initiative. Cette action

constitue une étape positive pour le développement de la région.

EXEMPLE DE LA MANIÈRE DONT LES VILLES PEUVENT PROTÉGER LES DROITS DES MIGRANTS, DES

PERSONNES DÉPLACÉES ET DES RÉFUGIÉS AU NIVEAU MUNICIPAL : La ville de New York a créé une

carte d’identité gratuite pour tous les citoyens vivant à New York, quel que soit leur statut migratoire.

Cette carte donne aux citoyens un moyen de s’identifier eux-mêmes face aux autorités, et garantit

l’accès aux services municipaux uniquement accessibles aux personnes disposant d’une identification

valide. Cette carte d’identité favorise ainsi l’inclusion au sein de la société des personnes

particulièrement vulnérables, y compris les migrants sans papiers.

18

leurs propres besoins et à ceux de leurs familles en leur permettant d’accéder au travail et aux services

financiers. Une fois encore, si ces droits sont officiellement réglementés par la législation nationale,

les municipalités et les OSC peuvent travailler ensemble en vue de promouvoir l’accès au travail, ou à

la certification des qualifications, et d’assurer le rapprochement de l’offre et de la demande de main-

d’œuvre. Il a également été proposé de signer symboliquement la Convention internationale sur la

protection des droits des travailleurs migrants, en tant que moyen additionnel par lequel les villes

peuvent promouvoir cela. La mise en place de processus de rapprochement de l’offre et de la

demande de main-d’œuvre, la promotion de résolutions municipales pour protéger les travailleurs

migrants et le fait d’assurer l’accès au marché du travail vont également dans ce sens. Les OSC ont un

rôle à jouer en se mobilisant à cette fin et en appuyant les programmes à venir.

S’il semble qu’il existe un consensus parmi les participants sur le fait que ce sont les multipartites

impliquant les OSC, les autorités locales et diverses autres parties prenantes clefs qui permettent de

gérer efficacement la migration pour le développement local, la discussion a également porté sur les

acteurs spécifiques et le rôle qu’ils peuvent jouer. L’intérêt qu’il y a à travailler avec des bénévoles,

issus tant des populations migrantes que des populations locales, a par exemple été décrit comme

une ressource clef à ne pas ignorer. Le bénévolat est ainsi récemment redevenu populaire dans les

villes européennes en raison de l’afflux actuel de réfugiés. Les volontaires qui travaillent aux côtés des

principaux acteurs d’accueil et d’intégration représentent une valeur ajoutée importante. Le

bénévolat peut en outre être un moyen puissant pour promouvoir l’intégration et les changements

sociaux bénéficiant à la société dans son ensemble, ainsi qu’aux réfugiés ou migrants vulnérables

au niveau individuel. Le volontariat peut en effet également assurer la participation d’un nombre

encore plus important de membres de la société aux activités, exposant et informant ainsi un plus

grand nombre de personnes aux besoins et aux réalités de la migration et du développement. Il a

toutefois été également souligné que les services offerts par les bénévoles, s’ils partent d’une bonne

intention, peuvent aussi conduire à certaines vulnérabilités. En essayant par exemple d’aider les

réfugiés et les migrants à s’intégrer dans le marché du travail, les bénévoles peuvent agir de manière,

trop hâtive, sans tenir compte de leurs compétences et expériences professionnelles, ou sans étendre

leur soutien au-delà de la période initiale consacrée à les orienter sur un poste particulier. Le fait que

certains bénévoles ne soient pas totalement qualifiés pour fournir certains services constitue une

autre vulnérabilité. Pour atténuer ces risques, il est possible de faire le lien entre ces services et une

organisation de la société civile expérimentée. Qui plus est, il est nécessaire que les autorités locales

s’assurent que les services fournis soient conformes aux normes municipales.

19

Parmi les nombreux acteurs impliqués, les migrants et leurs associations sont des acteurs cruciaux

qui peuvent clairement apporter une valeur ajoutée en tant que médiateurs culturels. En vue d’avoir

accès à des groupes particulièrement vulnérables, il est extrêmement important d’impliquer les

groupes de migrants organisés qui sont à la fois profondément intégrés dans la communauté et dans

une situation plus stable pour leur permettre de répondre aux défis. Ceci permet en effet également

de mieux comprendre leurs besoins et d’être ainsi en mesure d’identifier les réponses les plus

efficaces. Ces groupes ont en outre tendance à mener à bien leurs missions de la manière la plus

durable possible. Les OSC et les villes peuvent ainsi capitaliser sur ces valeurs ajoutées et les aider à

améliorer leur travail et développer leurs capacités. Parmi les exemples concrets que les associations

et groupes de migrants peuvent entreprendre figurent : la mobilisation en faveur d’un financement

municipal et national pour fournir des services juridiques aux enfants et familles cherchant refuge, le

plaidoyer en faveur de résolutions municipales en vue de promouvoir l’intégration dans les différents

secteurs, et la fourniture d’une assistance directe aux nouveaux arrivants. Il convient enfin de passer

d’une approche d’« un travail pour » à une approche d’« un travail avec » susceptible de favoriser

l’autonomisation des migrants en tant que contributeurs à la société, plutôt que comme des membres

passifs de la société uniquement capables de recevoir de l’aide.

Les écoles ont également été identifiées comme des acteurs importants pour faire face à la

désinformation, à la peur et aux préjugés. Les villes et les OSC peuvent donc travailler ensemble pour

toucher toutes les écoles, qu’elles reçoivent ou non des migrants, en vue de préparer les jeunes en

leur donnant des informations exactes et en favorisant la compréhension sur les questions de la

migration et des droits de l’homme. Dans le même ordre d’idées, les institutions et dirigeants

religieux peuvent également jouer un rôle moteur pour accueillir les migrants et les personnes

déplacées et promouvoir le dialogue entre les religions et la cohésion sociale. Un grand nombre de

ces institutions investissent en apportant aux programmes officiels d’intégration des ressources et des

activités additionnelles.

EXEMPLE D’EXPLOITATION DU POTENTIEL DES VOLONTAIRES : Au Danemark, la Fédération

internationale de la Croix-Rouge soutient le programme « Friends Pave the Way », qui met en lien

des réfugiés qui se sont vus accorder un permis de résidence avec des camarades bénévoles. Ces

derniers, qui font notamment office de traducteurs, donnent également aux nouveaux arrivés des

conseils pratiques sur la manière d’interagir avec la communauté d’accueil, les aident à créer un

réseau et à se familiariser avec la culture danoise afin de faciliter leur insertion dans la société

d’accueil. Ces camarades bénévoles sont formés par les coordinateurs volontaires de la Croix-Rouge

de leur communauté. Les coordinateurs appuient, supervisent et recrutent les camarades bénévoles

parmi la population locale, et sont eux-mêmes soutenus et formés par des professionnels de la Croix-

Rouge danoise. Ce processus s’effectue en coordination avec les municipalités, les associations de

bénévoles et d’autres organisations, par le biais d’un mécanisme de coordination pour

l’établissement des rôles et la mise en commun des ressources. Grâce à un partage systématique des

informations entre les municipalités et la société civile, on assure que chaque réfugié se voit affecter

un camarade bénévole peu après son arrivée. Ce programme est actuellement mis en œuvre dans

plus de 45 municipalités. La Croix-Rouge, le Conseil danois pour les réfugiés et d’autres organisations

de volontaires développent à l’heure actuelle ce système et l’élargissent à l’ensemble des

municipalités.

20

Les participants ont également mis en exergue le besoin d’adopter une approche communautaire de

la gestion de la migration pour le développement, qui s’efforce de bénéficier à la communauté toute

entière afin d’éviter les tensions susceptibles de surgir entre, les populations de migrants qui reçoivent

un soutien, et d’autres personnes vulnérables qui n’en reçoivent pas. Pour les OSC et les villes, cela

peut notamment se faire en nouant des liens entre les migrants et leurs associations et d’autres

groupes communautaires, ainsi qu’en menant des campagnes de plaidoyer sur des préoccupations

communes. Cela peut même améliorer l’efficacité de leurs efforts. Au-delà de cela, le fait d’assurer

que les migrants soient effectivement présents dans d’autres organisations de la société civile ou

groupes locaux, favorise également la compréhension de la part des locaux ainsi que l’intégration des

migrants dans la société civile.

EXEMPLE D’UNE ENTITÉ RELIGIEUSE APPUYANT L’INCLUSION : Membre du réseau SHARE,

l’archidiocèse de Cologne a lancé l’initiative « Action pour les nouveaux voisins » (Aktion Neue

Nachbarn) en collaboration avec Caritas, qui s’appuie sur des valeurs fondamentales que sont la

compassion, l’acceptation et la détermination à aider les réfugiés, et la conviction que « les contacts

et les échanges permettent de transformer les étrangers en voisins ». Action pour les nouveaux

voisins soutient ainsi les initiatives locales d’accueil et de bienvenue proposées par les paroisses

individuelles, concernant par exemple la fourniture d’un logement, l’apprentissage de la langue et la

sensibilisation. Cette initiative complète les structures et programmes existants d’accueil et

d’intégration des réfugiés en favorisant l’accueil, en élargissant le type et la nature de l’intégration

soutenue, en renforçant les capacités et les ressources des paroisses locales pour assurer des

activités d’accueil et en augmentant les opportunités de bénévolat offertes aux résidents locaux via

leurs paroisses respectives.

EXEMPLE D’UNE APPROCHE COMMUNAUTAIRE POUR LA PROMOTION DE L’INCLUSION DES

MIGRANTS : Dans la ville de New York, la mobilisation d’une coalition de groupes de migrants et de

non-migrants et leur travail de plaidoyer a permis de réduire le profilage racial effectué dans le cadre

de la législation de « contrôles et de fouilles » de la police, qui ciblait à près de 80% des personnes

de couleur. Les groupes de migrants se sont particulièrement intéressés à cette question, dans la

mesure où de telles fouilles se soldaient souvent par la remise de migrants sans papiers aux

fonctionnaires de l’immigration. Cette coalition a joué un rôle déterminant dans l’élection du maire

actuel, qui a finalement été en mesure de faire cesser cette politique.

21

Le rôle joué par la société civile

pour aider les autorités locales et

régionales à toucher et à engager

avec la diaspora

22

Le rôle joué par la société civile pour aider les autorités locales et

régionales à toucher et à engager la diaspora

Le rôle joué par les OSC pour aider les villes à toucher et à engager la diaspora dépend de leurs

capacités à favoriser et à fournir des informations fiables, ainsi que des connaissances et une

expertise pratiques qui aident les villes à comprendre l’importance qu’il y a à travailler avec cette

communauté. Pour ce faire, les OSC peuvent jouer un rôle de médiation entre les deux, en particulier

celles qui ont une présence internationale dans le territoire d’origine que de destination. Un manque

de confiance peut exister entre les organisations de la diaspora et les autorités nationales et locales

impliquées. Les OSC peuvent aider à instaurer cette confiance en veillant à ce que le temps et les

ressources nécessaires y soient consacrés avant de travailler sur des projets communs. Les OSC

peuvent par exemple mettre en place des « réseaux de proximité », tels que celui utilisé par l’OSC

IDEAL Afrique en vue de renforcer la sensibilisation et les contacts entre les deux parties par le biais

des médias sociaux et d’autres plateformes.

Cette présence dans les deux territoires peut en outre faciliter la mise en place de partenariats de

coopération décentralisée entre les autorités municipales pour une meilleure gestion de la

migration tout au long du cycle migratoire. L’efficacité et l’impact sur le développement peuvent se

trouver renforcés lorsque cette démarche s’accompagne d’une étroite coopération et d’un soutien

mutuel de la part des organisations de la diaspora.

Les OSC dotées d’une présence nationale peuvent en outre appuyer la collecte et la consolidation

des bonnes pratiques et des enseignements tirés, et conseiller les villes sur la manière de renforcer

les initiatives dans d’autres secteurs urbains ou même dans d’autres villes.

Les OSC peuvent également appuyer les organisations de la diaspora elles-mêmes, en travaillant avec

ces dernières afin de renforcer leurs capacités et de s’assurer que leurs actions soient conformes aux

plans de développement nationaux et locaux, ou aux politiques d’engagement vis-à-vis de la

diaspora. Ce soutien peut permettre aux organisations de la diaspora d’obtenir la confiance et l’appui

des autorités nationales et locales en vue d’une coopération durable, puisque ces groupes de migrants

seront perçus comme des contributeurs directs de à leurs programmes et services. Dans les cas où il

n’existe pas d’organisations de la diaspora, les OSC sont les mieux placées pour autonomiser et

organiser celles-ci compte tenu de leur expérience à cet égard. Les OSC peuvent ainsi appuyer la

création de comités locaux de migrants, de réseaux de jeunes, de réseaux de migrants de retour dans

leur pays d’origine, de mouvements sociaux, etc. Les OSC peuvent également aider les associations

EXEMPLE DE LA VALEUR AJOUTÉE DES ORGANISATIONS DE LA DIASPORA : À New York, les

professionnels de la santé nigériens ont créé un syndicat des infirmiers nigériens. Par le biais de ce

réseau, une enquête a pu être menée auprès de tous les infirmiers et sages-femmes nigériens de la

ville. Une délégation d’infirmiers et de sages-femmes a ensuite été constituée et envoyée au Nigéria

pour une courte période afin de transférer leurs connaissances en tant que bénévoles des soins de

santé. Ce moyen s’est révélé extrêmement efficace pour tirer parti du potentiel des communautés

transnationales, compte tenu du manque de confiance dont les gouvernements nationaux font

l’objet sur le plan de l’utilisation des financements ou des transferts de fonds.

23

de la diaspora et de migrants à nouer des liens avec des associations professionnelles thématiques,

le monde universitaire ainsi que d’autres organisations de la société civile, en vue de leur apporter

davantage d’appui et de légitimité. A titre d’exemple, des Sierra-Léonais vivant au Royaume-Uni ont

noué des liens avec l’ONG AFFORD en vue de mettre en place des jumelages entre des villes.

Les participants ont également confirmé qu’un facteur clef du succès en matière d’autonomisation

des organisations de la diaspora était l’identification de leaders d’opinion locaux clés issus de la

communauté, et agissant comme éléments moteurs pour l’action. Néanmoins, les enseignements

tirés d’un projet de la diaspora qui avait précédemment échoué mettent en évidence le risque quant

à identifier et à collaborer exclusivement avec une seule et même personne - considérée comme un

« champion » ou un leader au sein de la communauté transnationale – plutôt que d’investir dans les

processus et les capacités d’auto-organisation. Les participants ont également souligné la nécessité

de faire preuve de prudence lors de la conclusion d’un partenariat financier avec la diaspora, des

tensions étant susceptibles d’émerger lorsque les modalités d’accès et de mise en œuvre de celui-ci

ne sont pas claires. Une communication claire et une parfaite transparence sont cruciales pour réduire

ce risque.

Les participants ont également discuté des difficultés rencontrées, et notamment du fait que l’intérêt

et l’engagement des organisations de la diaspora peuvent s’émousser en raison de la longue durée

nécessaire avant que leurs efforts ne portent leurs fruits. Il convient d’assurer une communication

claire et de gérer les attentes pour faire face à ce problème.

Les organisations de la diaspora peuvent également se lasser de voir leurs ressources exploitées sans

avoir leur mot à dire sur la manière dont celles-ci sont dépensées et affectées. En vue d’assurer leur

appropriation et un engagement accru, il convient donc de s’assurer que les organisations de la

diaspora soient autant que possible impliquées dans l’élaboration et la mise en œuvre des

politiques.

Une autre approche, qui a été très peu explorée, est la relation entre la diaspora et les OSC d’une part,

et le secteur privé d’autre part. Etant donné que les OSC et les administrations des villes disposent

de ressources limitées et qu’elles sont soumises à des exigences budgétaires, les entreprises

peuvent prendre le relai et de fournir les ressources et les services techniques nécessaires afin de

mieux tirer parti du potentiel de développement de la migration. Les villes sont les mieux placées

pour mettre ces acteurs en avant et promouvoir leur implication. De leur côté, les OSC et les

organisations de la diaspora peuvent contrôler et assurer la transparence et la cohérence par rapport

aux objectifs de développement. La participation du secteur privé peut aussi prendre la forme

d’efforts entrepreneuriaux déployés par la diaspora elle-même. En effet, la diaspora et les migrants

jouent un rôle significatif dans l’entreprenariat, l’investissement et la création d’emplois, au niveau

des petites et moyennes entreprises (PME) majoritairement. Le secteur des PME étant souvent

appuyé au niveau local par les municipalités, les OSC peuvent les aider à élaborer des plans de

développement local qui stimulent le secteur localement tout en impliquant également les

entrepreneurs et investisseurs issus de la diaspora et de la population de migrants, en les aidant

notamment à apporter une valeur ajoutée au secteur en créant des emplois et en assurant un travail

décent. Pour renforcer cette action, les OSC peuvent également travailler avec les autorités locales et

régionales en vue de renforcer l’accès de la diaspora et des migrants aux contrats et achats publics

dans les pays d’origine.

24

Les OSC peuvent alors directement aider les municipalités à appuyer les entrepreneurs migrants -

ou les coopératives de migrants - qui manquent généralement de capitaux financiers ou de

connaissances au niveau de la gestion des affaires pour lancer leurs entreprises. Les municipalités

peuvent également être entravées par les procédures administratives en raison des formalités

requises à la création et à la gestion d’une entreprise, comme les permis, l’enregistrement en tant

qu’entrepreneur, les impôts, etc. L’appui doit donc être adapté aux besoins et aux capacités des

personnes en vue d’en assurer l’efficacité et le succès. Cet appui doit également se poursuivre après

le lancement de l’entreprise en question. De nombreuses entreprises sont en effet susceptibles de

décrocher au cours des premiers mois. Les OSC sont les mieux placées pour apporter un tel appui,

puisqu’elles sont plus accessibles et ouvertes depuis plus longtemps. Ces initiatives peuvent en outre

être maintenues ou appuyée par les municipalités, donnant une légitimité à ce soutien et une

assurance aux migrants.

Les transferts de fonds émanant des organisations ou des membres de la diaspora sont également

des ressources clés dont les villes peuvent tirer parti, avec l’aide des OSC, à des fins de

développement général de la communauté. Les OSC peuvent par exemple fournir une aide technique

pour mettre en œuvre différents instruments d’investissement de la diaspora ou obligations

municipales, des fonds de développement de la diaspora, des fonds de la diaspora et des

communautés de migrants pour les entreprises sociales et des fonds d’investissement, etc. Les OSC

peuvent également appuyer la collecte de fonds et les mécanismes de microcrédit en mettant les

diasporas en contact avec leurs territoires d’origine, actions qui peuvent être renforcées grâce à

l’appui des municipalités. Cela peut prendre la forme de plateformes en ligne, de réseaux sociaux, etc.

Les OSC peuvent également aider les communautés et les familles comptant des expatriés parmi leurs

membres à mieux gérer les transferts de fonds, grâce à des formations en matière financière ainsi que

du soutien à la création d’entreprise et à l’économie familiale. Ces actions peuvent permettre

d’obtenir des résultats plus productifs, et d’éviter les tensions entre les foyers qui reçoivent des

transferts de fonds et ceux qui n’en reçoivent pas.

La migration est avant tout un phénomène local, puisque la migration se produit d’un territoire vers

un autre, et les migrants ont tendance à s’identifier davantage avec le territoire ou la ville d’origine ou

de destination qu’avec un État nation. On peut ainsi de même estimer que le concept de diaspora n’a

pas nécessairement trait à « un pays » mais à « un endroit ». Une communauté vivant dans une région

spécifique dans un nouvel état ou le même état et éprouve une affinité pour cette région peut ainsi

également constituer une diaspora « par affinité ». Les étrangers ayant vécu dans différentes villes et

ressentant une affinité à l’égard d’une ou de plusieurs de celles-ci, mais qui ont déménagé dans une

autre communauté ou pays, peuvent également constituer une diaspora par affinité à l’égard de cette

ou de ces villes. Cette diaspora par affinité constitue donc un potentiel inexploité dont les villes

peuvent tirer parti.

EXEMPLE D’AIDE APPORTÉE PAR LES OSC POUR UN ENGAGEMENT AVEC LE SECTEUR PRIVÉ: Par le

biais des travaux d’AFFORD sur son projet ABC (Centre d’affaires d’AFFORD) en Sierra Leone, une

formation aux contrats et achats publics a été proposée en conjonction avec la Haute Commission de

Sierra Leone au Royaume-Uni pour les Sierra-Léonais et autres membres de la diaspora africaine.

25

Il convient enfin également de se mobiliser et d’assurer que les politiques nationales d’engagement

de la diaspora tiennent compte de la dynamique de leurs systèmes de gouvernance locale, en vue

de s’assurer que de telles stratégies soient mises en œuvre à l’échelle locale.

En vue d’assurer un engagement efficace de la diaspora, les participants ont souligné à de

nombreuses reprises que les organisations de la diaspora doivent être activement impliquées dans

la conception, l’application, le contrôle et l’évaluation de l’intégration et de la planification du

développement. Cela permet de renforcer leur appropriation et leur engagement, et assure que leurs

actions sont dans la droite ligne des priorités nationales et locales. Leur étroite participation, avec

celle des OSC en général, permet également d’améliorer la mise en place des projets et de s’assurer

que les politiques sont mises en œuvre, dans la mesure où les villes sont souvent susceptibles de

manquer des capacités ou des ressources. L’appui apporté par la diaspora et les OSC se révèle ainsi

crucial à cet égard.

EXEMPLE D’ENGAGEMENT DE LA DIASPORA PAR AFFINITÉ : Compte tenu de la mobilité croissante

du secteur éducatif à l’échelle mondiale, les villes attirant depuis longtemps les étudiants

internationaux sont en train de développer des idées novatrices afin de maintenir un lien avec cette

diaspora par affinité tout au long de leur progression de carrière. Le récent projet d’ambassadeurs

GREAT de l’Université de Sheffield, qui a été appuyé par l’UKTI (United Kingdom Trade and

Investment), en est un exemple parlant. Ce programme offre des opportunités de développement de

carrière aux étudiants chinois diplômés de l’Université de Sheffield, dans des entreprises basées au

Royaume-Uni actives sur le marché chinois, ou cherchant à le pénétrer. Cette forme de diplomatie

commerciale et culturelle devient de plus en plus une caractéristique majeure de l’engagement de la

diaspora. Figurent au nombre des exemples antérieurs le programme African Diaspora Marketplace

qui était géré par USAID, Western Union, Deloitte et d’autres partenaires. L’optique de ces initiatives

dépasse celle qui définit la plus grande partie de l’engagement de la diaspora, et œuvre en faveur de

l’intégration des communautés de la diaspora en apportant un appui dans des domaines tels que

l’entreprenariat, l’investissement, la création d’emploi et le développement de carrière.

EXEMPLE D’ENGAGEMENT RÉUSSI DE LA DIASPORA EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT LOCAL : L’OSC

Diaspora Matters est à l’origine de la création d’une des plateformes de création d’emplois engageant

la diaspora irlandaise les plus novatrices d’Irlande - Connect Ireland. Le succès de Connect Ireland -

une plateforme d’investissement direct de la diaspora centrée sur la création d’emplois et

fonctionnant en vertu d’une méthodologie d’orientation et de récompense - a permis la création

d’emplois sur toute l’île. Les communautés de la diaspora ont régulièrement affiché leur volonté

d’aider leur territoire local en vertu d’un programme à l’échelle nationale.

26

Comment la société civile et les

villes peuvent-elles travailler

ensemble pour lutter contre la

xénophobie et la violence afin de

garantir la cohésion sociale ?

27

Comment la société civile et les villes peuvent-elles travailler ensemble

pour lutter contre la xénophobie et la violence afin de garantir la

cohésion sociale ?

L’ensemble des participants ont clairement jugé nécessaire que les OSC et les villes travaillent de

concert dans tous les domaines de la gestion de la migration, estimant que cela apportait une véritable

valeur ajoutée. C’est toutefois dans le domaine de la lutte contre la xénophobie et la violence au profit

de la cohésion sociale que l’importance du travail en commun a été particulièrement mise en exergue.

Les participants ont ainsi affirmé le besoin de réunir les forces et les ressources pour lutter contre la

xénophobie et le racisme, compte tenu de leurs conséquences désastreuses, ceux-ci pouvant

plonger toute une communauté dans la haine et la violence. Il s’avère en effet que si elles détiennent

l’expertise nécessaire, les OSC accusent souvent un défaut de financement, alors que de leur côté,

les autorités locales et régionales (ALR) disposent souvent du financement mais souffrent d’un

manque d’expertise. En outre, le fait de ne pas lutter contre la discrimination et la violence raciste au

sein de l’administration constitue un grave obstacle à la coopération avec la société civile. Cela

compromet le bien-être et la capacité d’intégration des migrants, et, par conséquent, leurs capacités

à contribuer au développement.

De plus, les efforts visant à faire face à la xénophobie et à lutter contre le racisme et la discrimination

doit s’enraciner dans des valeurs fondamentales, des lois et des politiques (municipales) de non-

discrimination/égalité des traitements et d’opportunités pour tous, ainsi que dans des lois politiques

et pratiques antiracistes. Cela peut être mis en œuvre par le biais de règles et réglementations

spécifiques qui doivent s’appliquer aux employeurs et aux fournisseurs de services sur tout le territoire.

Ceux-ci doivent inclure toutes les formes interdites de discrimination et de harcèlement, sous forme

d’effort coopératif entre la direction et la main-d’œuvre, en stipulant les règles lors des réunions,

ateliers de travail et divers autres cadres. Les OSC peuvent alors aider les villes à faire respecter ces

règles et à assurer des mécanismes de signalement et d’accès à la justice lorsque ceux-ci font défaut.

Il peut souvent y avoir des niveaux différents de discrimination à l’égard de populations de migrants

différentes ou entre les populations urbaines et les populations rurales issues de l’immigration. En

outre, si les territoires d’origine considèrent avec bienveillance les départs - s’engageant aux côtés de

leur diaspora et attendant que leurs compatriotes soient traités de manière équitable - la réciproque

est rarement appliquée à l’endroit des immigrants s’installant sur leur propre territoire. Il convient

donc de dénoncer cet état de fait et de faire en sorte qu’un soutien soit apporté par le biais d’un

travail de sensibilisation, d’activités de lobbying et de collecte d’informations factuelles en vue de

lutter contre les stéréotypes. Les citoyens doivent comprendre que leurs attentes par rapport à la

manière dont leurs concitoyens sont traités à l’extérieur, sont les mêmes que celles qu’espèrent les

immigrants arrivés dans leurs territoires d’accueil.

Un appel a également été lancé en faveur d’un changement du modèle d’inclusion sociale

traditionnel, en vue d’abandonner le modèle d’« assimilation», qui exige que les migrants s’adaptent

eux-mêmes aux territoires d’accueil et adoptent l’identité de ces derniers. Dans le contexte actuel de

mondialisation, où les sociétés et les populations vivent et travaillent de manière transnationale dans

plusieurs territoires, il convient plutôt de bâtir une société basée sur des identités partagées. La

diversité génère en effet un nouveau scénario social dans lequel les groupes minoritaires porteurs

d’une seule identité se retrouvent opprimés par la majorité. Plutôt que de contraindre un groupe de

s’adapter à l’autre, il convient de célébrer et de promouvoir de nouvelles identités sociales portant les

caractéristiques de plus d’une culture. Si les OSC peuvent appuyer le renforcement des capacités et

28

renforcer la compréhension des autorités, les villes doivent clairement intégrer cela dans toutes les

prises de décisions, en vue d’assurer qu’un tel modèle soit adopté dans tous les secteurs. La création

d’un Pacte local pour la promotion de la cohésion sociale et l’amélioration du vivre ensemble

impliquant une myriade d’acteurs, y compris les autorités, les OSC et tous ceux qui peuvent contribuer

à cet objectif en fonction du rôle qui leur est assigné, est un des exemples d’initiatives possibles à cet

égard. De plus, des initiatives peuvent également être déployées pour que le territoire soit « labellisé »

comme socialement responsable, et des campagnes de sensibilisation peuvent être menées de

concert par les citoyens (locaux et étrangers) en vue de renforcer leur appropriation par la société et,

donc, leur efficacité.

La nécessité de travailler à renforcer la sensibilisation des médias et des réseaux sociaux a également

été soulignée. Ce point est crucial, compte tenu du rôle que ceux-ci jouent dans l’articulation du

discours autour de la migration et de la diversité. Les médias et réseaux sociaux peuvent en effet être

également utilisés pour promouvoir des sentiments anti-migrants et populistes, par la diffusion de

fausses vérités et informations. Les OSC peuvent jouer un rôle pour assurer la sensibilisation et la prise

de conscience des médias et des réseaux sociaux tout en aidant les villes qui sont les mieux placées à

encourager les médias à tenir un discours de vérité positif et socialement responsable sur ce thème.

Conformément à ce qui précède, toute action ou lutte contre la xénophobie doit être basée sur le

« savoir » et la « compréhension » en vue de combattre la « peur de l’autre », généralement due à un

manque de connaissances ou de contact avec une autre culture ou d’autres peuples. En ce sens,

l’éducation est essentielle pour venir à bout des stéréotypes et instaurer la confiance. Celle-ci peut

prendre la forme de forums, de conférences de presse, de communications informant les migrants et

les locaux sur les faits avérés, et sur les raisons et bénéfices de la migration, justifiant ainsi la réponse

favorable des municipalités par rapport à l’accueil. Les OSC ont un rôle particulier à jouer en ce sens,

en vue de garantir que les violations des droits des migrants, la discrimination générale et les

comportements xénophobes soient identifiés et dénoncés. S’il leur est difficile d’assurer l’information

et l’accès à la justice, les OSC sont à même de promouvoir un environnement de confiance à cette fin

en faveur des victimes. Elles sont ainsi en mesure d’informer les ALR sur les besoins et réalités, ainsi

que d’orienter ces dernières dans leurs réponses.

La qualité des informations est cruciale pour informer de manière appropriée les médias, assurer une

éducation basée sur la confiance et la compréhension, et garantir une prise de décisions efficace. C’est

en effet sur la base des faits que des discours politiques puissants et positifs peuvent être tenus en

faveur de l’acceptation et de la célébration de la diversité. Il convient en effet de travailler

collectivement avec le monde universitaire, les donateurs, les dirigeants locaux, les organisations

internationales (OI) et les OSC - assurant ainsi de nouvelles pistes de connaissances en vue de faire

reculer les interprétations régressives, mal informées et populistes du phénomène migratoire.

29

Le rôle des jeunes volontaires bénévoles et des entités religieuses a une fois encore été mis en

exergue comme étant extrêmement important pour lutter contre la xénophobie. Dans les territoires

où les dirigeants et organisations religieuses peuvent grandement appuyer la compréhension entre

les religions et les initiatives de médiations des OSC et des ALR, les groupes mixtes de jeunes

volontaires bénévoles issus des populations migrantes et locales peuvent visiter les écoles, interagir

avec leurs pairs et promouvoir une culture de la non-violence et de la paix.

EXEMPLE D’INITIATIVES DE SENSIBILISATION LANCÉES PAR DES OSC EN FAVEUR DE LA COHÉSION

SOCIALE :

La Commission internationale catholique pour les migrations (CICM) pour l’Europe et le Forum des

Organisations de Solidarité Internationale issues des Migrations (FORIM) ont mis en place, en

collaboration avec l’OSC CONCORD, un nouvel outil de sensibilisation « Démystification : démolir 10

mythes à propos de la migration et du développement » en vue de déboulonner 10 mythes communs

et persistants au sujet de la migration, qui encouragent les attitudes négatives infondées à l’égard des

migrants et des diasporas. En confrontant les affirmations fausses ou trompeuses avec des

informations et faits solides ainsi que des témoignages de migrants, cette publication vise à dynamiter

les idées reçues en s’attaquant, entre autres, aux idées fausses portant sur la migration, la pauvreté,

l’aide au développement et le marché du travail.

EXEMPLE D’INITIATIVES DE SENSIBILISATION MENÉES PAR LES OSC DANS LES ÉCOLES : Le projet

« On the Run » lancé en Suède organise des jeux de rôles dans le cadre desquels les enfants des écoles

reconstituent le périple de la migration. Destinés à susciter l’empathie et à sensibiliser sur les

épreuves que les migrants doivent traverser, ces jeux de rôles permettent d’augmenter le niveau

d’acceptation des jeunes gens des communautés d’accueil. La Croix-Rouge suédoise gère le projet,

dans le cadre duquel les jeunes des écoles interprètent des scénarios migratoires lors d’ateliers

organisés par les bénévoles. Les jeux de rôle visent à accroître la prise de conscience chez les jeunes

suédois sur les réalités de la migration forcée, en vue d’accroître leur empathie et leur niveau

d’acceptation des migrants. Pour être réalistes et émotionnellement probants, les jeux de rôles sont

basés sur les récits de véritables migrants, simulant les situations rencontrées lorsqu’on fuit un pays.

Les participants sont confrontés à une série de choix difficiles, et les décisions prises lors de la

simulation peuvent avoir de graves conséquences. Les jeux de rôles aident les participants à

comprendre d’une manière plus tangible ce que ressentent les personnes déplacées. Les participants

jouent le rôle de migrants et interagissent avec les instructeurs qui se mettent dans la peau des

personnes rencontrées par les migrants au cours de leur migration. La session s’achève par une

séance d’information et une discussion sur les flux migratoires dans le monde, et met en exergue le

droit d’asile. Cette méthode est un moyen de renforcer la prise de conscience sur ce que cela signifie

d’être en fuite ainsi que sur le travail en faveur du genre humain et des droits de l’homme. En 2015,

un nombre total de 3.593 jeunes ont participé à ces ateliers. Entre janvier et mai 2016, 2.136 jeunes

gens y ont participé.

30

Les participants ont enfin convenu qu’un solide leadership politique local est nécessaire, grâce auquel

les représentants politiques peuvent jouer un rôle essentiel, en informant les résidents locaux sur les

projets et activités concernant l’accueil des migrants et des réfugiés, et adopter un discours positif et

de confiance permettant d’atténuer les peurs, et de promouvoir la compréhension et la cohésion

sociale. Un tel discours peut être renforcé par la prise d’engagements en faveur du respect des droits

des réfugiés ou en devenant membre des réseaux de villes pertinents. Les villes sont également les

mieux placées pour s’assurer de l’engagement durable des principaux fournisseurs de services, dans

le cadre des programmes locaux d’accueil et d’intégration. Les villes sont aussi les plus à mêmes de

garantir que la gestion de la migration soit inscrite à l’agenda de toutes les politiques publiques et de

la fourniture de services et ce, d’une manière respectueuse et appropriée par rapport au contexte

local. Il arrive toutefois malheureusement que les autorités locales et les maires favorisent des

messages négatifs et nationalistes, qui aiguisent les sentiments anti-migrants et pouvant entraîner des

violences et des crimes de haine. Dans ce cas, les OSC ont un rôle encore plus important à jouer sur le

plan de la sensibilisation et de l’éducation des municipalités, afin de faire changer ce discours.

EXEMPLE D’ENTITÉ RELIGIEUSES FAVORISANT LE DIALOGUE ET LA COMPRÉHENSION ENTRE LES

RELIGIONS : Au Royaume-Uni, InterFaith network UK, en collaboration avec les communautés et les

gouvernements locaux, organise chaque année une semaine interconfessionnelle faisant participer

des groupes interconfessionnels et pluriconfessionnels de tout le pays. Ceux-ci reçoivent de l’aide

pour organiser des manifestations rassemblant différentes communautés confessionnelles et

agnostiques.

31

Comment la société civile et les

villes peuvent-elles travailler

ensemble pour surmonter leur

marginalisation par rapport à

l’élaboration des politiques

nationales et internationales

en matière de migration et de

protection des réfugiés ?

32

Comment la société civile et les villes peuvent-elles travailler ensemble

pour surmonter leur marginalisation par rapport à l’élaboration des

politiques nationales et internationales en matière de migration et de

protection des réfugiés ?

Les participants ont convenu que la réussite des programmes et des politiques nationales en matière

de gestion de la migration dépend de l’engagement, de la capacité et des partenariats des autorités

locales et régionales. Ces derniers sont ceux qui pâtissent le plus souvent d’un manque de ressources

humaines ou fiscales, de soutien, de capacités et de compétences pour ce faire, tandis que les OSC

sont confrontées à cette même marginalisation à tous les niveaux, y compris dans les villes. Et pourtant,

l’expertise des OSC est riche, et les initiatives et programmes peuvent se révéler moins efficaces si

l’on n’assure par un dialogue et une coopération transparente avec elles. Exemple en est, au niveau

international, que plusieurs Etats membres ont bloqué la participation de différentes ONG au cours du

Sommet de haut niveau pour les réfugiés et les migrants récemment organisé le 19 septembre 2016.

Dans le cas de l’Europe, par exemple, si de nombreuses villes détiennent les compétences pertinentes

pour gérer la migration pour le développement, on a vu, avec le récent afflux de réfugiés, que les droits,

devoirs et ressources inadéquats conférés à différents niveaux gouvernementaux sont en train de

limiter les capacités de certaines villes européennes à répondre de manière significative aux

demandes accrues de logement, de soins de santé, de services sociaux et autres nécessités entraînées

par l’arrivée des réfugiés. Les réfugiés arrivés peuvent par exemple être centralement envoyés en

nombre relativement important dans certaines localités sans que les ressources additionnelles

adéquates soient nécessairement assurées par les gouvernements centraux ou régionaux.

Outre un manque de financement pour exercer les compétences, il existe dans certaines villes un

manque de transparence et de compréhension sur la nature des fonds qui existent et peuvent être

utilisés, ainsi que sur la manière d’y accéder. Il convient donc de travailler avec les OSC en vue de mieux

comprendre ces compétences et les domaines où les OSC peuvent apporter un appui direct, ainsi que

d’explorer d’autres possibilités de recueillir des fonds auprès d’autres acteurs et donateurs, et

d’obtenir leur appui.

La communication insuffisante entre tous les acteurs impliqués est également une cause de

préoccupation pour les OSC. Il convient donc d’établir des mécanismes de communication et de

coordination clairs et fonctionnant bien afin d’assurer que les politiques et programmes nationaux

peuvent être mis en œuvre au niveau local et en partenariat avec les OSC et d’autres acteurs

pertinents.

33

Ce manque de communication est encore aggravé lorsqu’on est confronté également à un manque

de politiques nationales ou locales en matière de migration et de développement. Ce déficit

entraîne un manque d’appui ou de directives claires pour les villes et les OSC. Les OSC peuvent

apporter leur appui au niveau des activités de lobbying et élaborer des plans de travail et des directives

ou même des lois, mais ces tâches peuvent prendre plusieurs années ou se solder par un échec. Le

fait de s’appuyer sur les OSC pour établir des évaluations et propositions basées sur les besoins pour

les plans et politiques locales permettrait d’apporter une réponse locale.

C’est dans ce contexte que les OSC appellent à l’inclusion des villes et des OSC en tant que

partenaires à part entière lors de la planification, de la mise en œuvre, du contrôle et de l’évaluation

de toute politique ou programme national en matière de gestion de la migration. Cela est

particulièrement important au moment de décider des priorités sur la manière d’allouer les

ressources, compte tenu des connaissances et de l’expertise détenues par ceux-ci. Cela permettra

d’apporter des réponses adaptées aux besoins réels au niveau de la communauté. Cela encouragera

par ailleurs l’appropriation par les villes et les OSC afin que ces derniers assument pleinement leurs

rôles pendant la mise en œuvre.

Les participants ont également reconnu que le nombre de personnes impliquées et le partage des

connaissances font la force. Il convient donc de poursuivre et de renforcer les partenariats existants

et les opportunités de dialogue par le biais de programmes tels que, entre autres, l’Initiative conjointe

pour la migration et le développement, le Forum mondial des maires sur la mobilité humaine, la

migration et le développement, le Forum mondial sur la migration et le développement ainsi que le

Forum politique sur le développement. Ces programmes et espaces ne servent pas seulement à

EXEMPLE DE COORDINATION RÉUSSIE À NIVEAUX ET PARTIES PRENANTES MULTIPLES : Le travail

de la municipalité de Naga dans la région de Bicol aux Philippines fournit l’exemple d’une

coordination verticale efficace entre tous les niveaux de gouvernance, afin de renforcer la gestion de

la migration pour le développement. Avec l’appui de l’ICMD, dans le cadre du projet « Intégrer de

manière transversale la migration et le développement dans la gouvernance des autorités locales de

la région de Bicol », cette dernière a réussi à intégrer la migration dans sa planification du

développement ainsi qu’à la promouvoir au niveau local dans ses municipalités, avec l’appui et

l’approbation des autorités nationales. Pour ce faire, un mécanisme de coordination a été mis en

place entre les niveaux national, régional et local. Au niveau local, des centres et conseils locaux sur

la migration et le développement ont été mis en place, avec le budget et le personnel correspondants,

en vue de mener à bien les principales activités dans chacune des municipalités. Des groupes de

travail techniques ont également été créés au niveau local en vue de recueillir l’expertise et l’appui

des différents acteurs clés pour superviser l’intégration transversale de la migration dans leur

planification du développement local. Naga City joue un rôle de coordination et d’appui au niveau

régional (Bicol) par le biais d’un Conseil de la migration et du développement afin de renforcer les

capacités et d’apporter un appui technique au niveau local. Au niveau national, la ville de Naga a noué

un partenariat avec l’État via la Commission des Philippins à l’étranger, et favorise la coordination, le

dialogue, le partage des connaissances mutuel et l’appui entre les niveaux local et national. Tout cela

a permis de localiser le processus de gestion de la migration, tout en demeurant aligné et soutenu au

niveau national, ce qui permet de renforcer son efficacité et sa portée en faveur de l’appui aux

migrants et à leurs familles of migrants de même qu’à la communauté toute entière.

34

rassembler les OSC locales et les villes ainsi que d’autres autorités locales et régionales pour renforcer

les partenariats et les capacités mutuelles, mais appuient également l’émergence d’une forte voix

susceptible d’influencer la réflexion et la prise de décision nationale et mondiale sur la migration et le

développement.

Les villes peuvent, en outre, apprendre des autres villes en nouant des accords de coopération ou en

rejoignant des réseaux de villes en mesure d’appuyer l’apprentissage et l’établissement de réseaux de

pair à pair. Le fait de faire front et de se mobiliser pour le soutien et la reconnaissance, conjointement

avec des homologues maires et dirigeants de villes, peut renforcer la visibilité et autonomiser les villes.

EXEMPLE DE VILLES SE MOBILISANT COLLECTIVEMENT POUR FAVORISER UNE MEILLEURE GESTION

DE LA MIGRATION AUX NIVEAUX NATIONAL ET INTERNATIONAL : Dans le contexte du Sommet des

Nations Unies pour les réfugiés et les migrants et du Sommet des dirigeants sur les réfugiés du

Président Obama organisés respectivement les 19 et 20 septembre 2016, les maires de Londres, Paris

et New York ont pris conjointement position par le biais d’une déclaration commune publiée dans

différents journaux (voir http://www.nytimes.com/2016/09/20/opinion/our-immigrants-our-

strength.html?_r=0) qui appelle les dirigeants mondiaux à « prendre des mesures décisives pour

apporter assistance et protection aux réfugiés fuyant les conflits et aux migrants fuyant des conditions

économiques difficiles, et de soutenir ceux qui se consacrent déjà à cette tâche ».

35

Principaux facteurs de succès pour

assurer un partenariat multipartite

de confiance entre les acteurs de la

société civile et les villes dans le

cadre de leurs initiatives visant à

travailler ensemble en vue

d’exploiter le potentiel de

développement de la migration

36

Principaux facteurs de succès pour assurer un partenariat multipartite

de confiance entre les acteurs de la société civile et les villes dans le

cadre de leurs initiatives visant à travailler ensemble en vue de tirer

parti du potentiel de développement de la migration

Les partenariats multipartites peuvent se révéler extrêmement efficaces pour gérer la migration en

faveur du développement local. La planification et la coordination sont toutefois essentielles pour

en garantir le succès. Assurer des mécanismes pour la résolution commune des problèmes et créer

un forum destiné aux acteurs locaux pour évaluer et améliorer conjointement leurs pratiques

comptent au nombre des actions possibles à cet égard. La planification et le partage commun des

tâches sont également cruciaux, assurant la clarté des rôles et des attentes. Une telle planification

doit être également accompagnée d’un budget suffisant.

En vue d’assurer la durabilité des programmes et actions communes, et dans la mesure où les

administrations des villes sont soumises à de fréquents changements, il convient d’institutionnaliser

les accords et la dynamique de la coopération par le biais d’espaces dédiés et permanents, des

mécanismes tels que les tables rondes ou les commissions thématiques. Ces structures doivent se

voir allouées des tâches ainsi que des ressources humaines et financières spécifiques en vue de

fonctionner correctement, et doivent s’efforcer d’assurer une participation inclusive et équitable de

tous les secteurs pertinents de la société concernés ayant un intérêt dans la migration et le

développement.

Dans les cas où les autorités locales ne possèdent pas les capacités techniques ou ressources

nécessaires, mais disposent toutefois de la volonté politique de traiter les questions liées à

l’intégration des migrants, des actes simples mais efficaces peuvent être mis en place. Cela peut se

traduire par la fourniture d’espaces physiques où les OSC pourraient mettre en place des activités

d’information aux migrants, et où les bénéficiaires, volontaires bénévoles et médiateurs culturels

pourraient se rencontrer. D’autres types d’accords peuvent par exemple assurer l’accès aux abris et à

un hébergement de courte durée aux catégories de personnes particulièrement vulnérables, telles

que les victimes de la traite humaine. Les centres communautaires pourraient être utilisés pour

promouvoir les initiatives conjointes destinées aux communautés d’accueil et hébergées, dont les

jeunes.

En vue d’assurer l’appropriation et la durabilité des initiatives, il est crucial d’assurer la participation

pleine et égale de tous les acteurs impliqués à toutes les étapes, de la conception à l’évaluation des

initiatives. Figurent bien entendu au nombre de ces acteurs les migrants, les personnes déplacées et

leurs organisations, ce qui permet d’assurer que les activités répondent véritablement aux besoins,

sont appropriées et sont acceptées par la population bénéficiaire. Le fait d’intégrer les initiatives

locales menées à bien par les citoyens en matière d’intégration des réfugiés permet en outre de

promouvoir l’accueil et d’instaurer la confiance, et favorise la plus grande durabilité des programmes

locaux. Le faire d’inclure les initiatives locales dans les programmes locaux peut élargir de manière

significative «l’offre d’intégration» en faveur des réfugiés dans leurs nouveaux quartiers, favorisant

un environnement local accueillant et donnant aux réfugiés et aux résidents locaux des occasions de

se rencontrer.

37

La question de la confiance entre les acteurs doit être abordée, tant il est vrai qu’un déficit de

confiance peut gravement entraver les partenariats et les initiatives. L’expérience de certains

participants montre que plus le nombre de partenaires travaillant ensemble est important, plus ces

derniers sont en mesure d’instaurer la confiance et de se fier les uns aux autres.

Les OSC et les groupes de migrants peuvent également faire le lien entre leurs gouvernements

locaux et les pays/communautés d’accueil, ou entre leurs gouvernements locaux et leurs

fonctionnaires diplomatiques et consulaires à l’étranger. De tels accords de coopération

décentralisés peuvent être renforcés et facilités si les deux autorités locales parviennent à un accord

de coopération intégrant l’aspect de la mobilité humaine. Cela peut ainsi renforcer l’efficacité de la

gestion de la migration, permettant d’appuyer les migrants et leurs associations tout au long du cycle

migratoire dans son ensemble. À titre d’exemple, lors de la célébration du centenaire de la migration

des Philippins aux Etats-Unis d’Amérique, différents accords de jumelage entre des villes des

Philippines et des autorités locales étrangères ont été approuvés dans des domaines tels que le

commerce, l’éducation et les échanges culturels. Tout cela a été facilité par les OSC et les groupes de

migrants.

De tels partenariats à parties prenantes multiples peuvent faire naître des occasions de renforcer

les capacités. Les OSC ont un rôle essentiel à jouer pour renforcer les capacités des différentes parties

prenantes impliquées, telles que les fonctionnaires des autorités locales, les enseignants, les forces de

police locales, etc.

Dans le même temps, les OSC peuvent être confrontées à des défis internes, en raison d’un manque

de capacités, de ressources ou d’information, et ont également besoin d’un appui à la fois technique

et financier. Compte tenu du rôle essentiel joué par les OSC dans l’appui aux LRA, ces dernières

doivent reconnaître ce fait et accorder des ressources financières en vue d’assurer la durabilité de

l’organisation, de ses connaissances et des services fournis. Cela peut permettre aux OSC de se

concentrer non plus sur leur survie mais sur leurs activités, et d’être ainsi plus efficaces. Le soutien

accordé par les OSC plus importantes en vue de renforcer les capacités ou de recueillir des fonds est

également un élément clé à examiner. Les ALR ont également les moyens de faciliter cela.

EXEMPLE D’EFFETS POSITIFS SUR L’INSTAURATION DE LA CONFIANCE : Dans le cadre des projets

appuyés par l’ICMD au Népal visant à aider les acteurs et gouvernements locaux à tirer parti du

potentiel de développement de la migration avec l’appui de la diaspora, et grâce à la fourniture

directe de services et la promotion de l’entreprenariat, il a été nécessaire de réunir de nombreux

acteurs autour de la table. Si les relations furent froides et empruntes de suspicion au départ, le fait

de devoir se réunir régulièrement pour s’attaquer à ces questions a permis aux gouvernements

national et local, à la société civile et au secteur privé de former une équipe fonctionnant bien, qui a

même pu briser les barrières hiérarchiques des castes existantes au Népal.

38

Le rôle joué par la société civile

dans la préparation et la réponse

aux besoins des migrants dans les

pays en situation de crise

39

Le rôle joué par la société civile dans la préparation et la réponse aux

besoins des migrants dans les pays en situation de crise

En vue de mettre en œuvre des plans d’alerte rapide et d’urgence appropriés, il est important de

disposer de données et d’informations sur les personnes présentes dans le pays, y compris sur les

communautés de migrants. Les participants ont affirmé que les OSC bénéficient souvent d’un accès

plus facile aux données sur les populations vulnérables en temps de crise, compte tenu de leur

présence locale et de leur neutralité politique. Cela signifie qu’il est essentiel que les acteurs des OSC

soient les premiers à répondre, à suivre et à établir des rapports sur les populations mobiles dans le

besoin dans les territoires d’origine, de transit et de destination. Les plus vulnérables peuvent en outre

être les plus marginalisés, en particulier les migrants sans papiers et en situation irrégulière. Les OSC

sont souvent en mesure de toucher de tels groupes et d’assurer que les autorités sont en mesure de

leur fournir l’aide nécessaire et de leur apporter une assistance directe.

Il existe toutefois un risque que cette information soit recueillie et utilisée à d’autres fins, telles que le

retour forcé. Dans d’autres cas, les migrants ne font tout simplement pas confiance aux autorités, ne

savent pas comment les approcher, sont confrontés à la barrière de la langue ou ont peur de leur

donner des détails sur eux-mêmes en raison de leur situation migratoire. Dans les cas où des

informations sensibles sur les migrants doivent être traitées, la société civile peut jouer le rôle de

« tampon » ou sauvegarder ces informations jusqu’à ce qu’elles soient nécessaires pour une

intervention d’urgence. La société civile peut en général faire office de « pont constitué de nombreux

blocs » entre les autorités et les communautés de migrants. La culture, la langue, la bureaucratie et

d’autres obstacles qui s’avèrent déjà difficilement surmontables en temps normal peuvent s’avérer

bien pire dans les moments d’urgence. Les OSC peuvent aider les populations vulnérables à le faire.

Les OSC et les villes peuvent également nouer des partenariats avec les ambassades et les consulats

en vue de mettre en place des plans d’urgence ou de crise, en consultation avec les autorités locales

(tant dans les territoires d’origine que d’accueil), afin que le contexte et la situation locale soient inclus

dans la préparation et la mise en œuvre de tels plans.

Compte tenu du fait que les migrants et les personnes déplacées ont également tendance à être les

populations les plus touchées et les plus vulnérables, les OSC ont un rôle majeur à jouer pour

cartographier les violations des droits de l’homme et mener à bien des activités de lobbying afin

que ces droits soient respectés dans les situations de crise. Les OSC peuvent également signaler les

disparités observées au niveau de l’appui fourni ou le traitement infligé à certains migrants par rapport

à d’autres sur la base de la religion, de la nationalité, du sexe, etc.

Les OSC peuvent aussi être les acteurs les mieux placés et les plus fiables pour ce qui est d’assurer un appui et une aide aux populations touchées par une crise et pour fournir des services

EXEMPLE DE CAPACITÉS DES OSC À RÉPONDRE AUX CRISES : Lorsque la crise libyenne a laissé les

travailleurs migrants népalais dans une situation extrêmement dangereuse, les OSC ont été en mesure

d’entrer en contact avec eux et ont pu compter sur d’autres organisations de la société civile de Libra

pour recueillir des informations sur leur localisation et leur situation, autant de renseignements qui

ont été cruciaux et ont permis au gouvernement et à d’autres acteurs d’organiser leur sauvetage.

40

directement. A cette fin, les OSC détiennent une expérience solide dans de nombreux domaines tels que la gestion des évacuations et le retour des populations en toute sécurité et de manière ordonnée ; l’appui au retour volontaire durable et à la réintégration ; la lutte contre la traite grâce aux services de protection, l’évaluation et le contrôle ; la mise en place de numéros d’urgence pour relier les familles et fournir des informations ; la sensibilisation sur les droits des migrants et la cartographie de leurs violations ; l’appui à la réunification des familles ; et la fourniture d’une aide logistique pour le transit et la réinstallation.

41

Partie 4 :

Recommandations à

l’intention des villes et

services pouvant être

assurés par les OSC

42

Partie 4 : Recommandations à l’intention des villes et services pouvant

être assurés par les OSC

La présente section rassemble et met en exergue un certain nombre de recommandations politiques

et pratiques à l’intention des villes sur la manière de traiter efficacement les thèmes qui ont été

abordés au travers des questions des consultations. Elle comporte en outre une liste non exhaustive

de services et de types d’appui que les OSC peuvent fournir aux villes, en vue de mieux illustrer

l’expertise des OSC et le rôle clé qu’elles jouent pour appuyer les villes dans leurs initiatives. Ceux-ci

ont été structurés selon les mêmes domaines thématiques qui sont abordés dans les six questions

traitées lors des consultations.

Comment la société civile peut-elle aider les villes à assurer l’inclusion et la protection

des réfugiés et des migrants vulnérables5 en vue de renforcer la résilience et le

développement ?

Recommandations politiques et pratiques

Les villes doivent s’engager à comprendre l’importance des liens entre la migration et le développement local, ainsi que le rôle clé qui est le leur dans cette gestion ;

Les actions menées à bien pour promouvoir l’inclusion doivent s’inscrire dans une approche

basée sur les droits de l’homme, dans la mesure où les migrants et les personnes déplacées

touchées sont vulnérables du fait-même que leurs droits ne sont pas respectés ;

Dans le cadre d’une approche basée sur les droits, les villes doivent fournir un espace

permettant aux OSC de cartographier les violations des droits de l’homme et de les signaler ;

L’inclusion des réfugiés, migrants et personnes déplacées vulnérables doit s’inscrire dans le

cadre d’une approche de développement à long terme en vue d’assurer une intégration

réussie et de renforcer l’impact sur le développement ;

L’inclusion des migrants, des personnes déplacées et des réfugiés doit également être

considérée dans le cadre d’une approche englobant l’ensemble de la communauté, et

s’efforçant de bénéficier à la communauté toute entière, afin d’éviter les tensions susceptibles

de surgir entre, les populations de migrants qui bénéficient d’un appui, et d’autres personnes

vulnérables qui n’en bénéficient pas. Cela implique de :

o Établir un partenariat multipartite impliquant les OSC et diverses autres parties

prenantes clés en matière d’élaboration des politiques et de mise en œuvre, afin d’en

renforcer l’efficacité ;

o Assurer la participation des migrants et des personnes déplacées dans tout le

processus d’élaboration des politiques et de leur mise en œuvre. En effet, sans leurs

connaissances et leur capacité à toucher les plus vulnérables, les réponses peuvent

s’avérer inadéquates ou inappropriées, et se solder par un échec ;

Dans le cadre d’une approche multipartite, il convient de tirer parti de la valeur ajoutée

apportée par tous les acteurs qui sortent du cadre traditionnel, par exemple les bénévoles.

5 S’il est fait référence aux réfugiés et des migrants vulnérables plus particulièrement, l’ensemble des recommandations et des services mis en exergue ici sont également applicables à tous les types de migrants, personnes déplacées et réfugiés.

43

L’inclusion des migrants et des personnes déplacées dans l’élaboration des politiques et leur

mise en œuvre doit être envisagée non plus selon une approche de « travailler pour » mais de

« travailler avec », qui favorise l’autonomisation des migrants en tant que contributeurs à la

société, plutôt qu’en tant que membres passifs d’une société, uniquement capables de

recevoir de l’aide.

Services pouvant être assurés par les OSC

Appui aux villes

Recueillir des données sur la migration ;

Promouvoir l’implication des associations de migrants dans les initiatives communautaires ;

Appuyer le codéveloppement et la coopération décentralisée entre les territoires en vue d’assurer les services et l’appui tout au long du cycle migratoire ;

Appuyer l’autonomisation et le renforcement du leadership des autorités locales grâce au renforcement des capacités, au plaidoyer et au positionnement stratégique dans le cadre du dialogue aux niveaux national et international.

Services directs aux migrants, aux personnes déplacées et aux réfugiés

Organiser des sessions de langues et d’intégration ;

Répertorier les cas de violation des droits de l’homme ;

Fournir une formation professionnelle en vue de l’insertion professionnelle ;

Recueillir des données sur la migration ;

Réaliser des analyses des besoins des nouveaux arrivés et orienter les villes sur le type de

réponses nécessaires ;

Assurer des services de recherche des familles ;

Fournir des soins médicaux et un soutien psychosocial à ceux qui souffrent d’un traumatisme;

Mettre en place des centres d’accueil et des abris à l’intention des personnes vulnérables telles que les victimes de la traite humaine ;

Aider les migrants et leurs associations à mener des activités de lobbying et à défendre leurs

droits, tout en assurant que les migrants sont également conscients des responsabilités qui

sont les leurs dans le territoire d’accueil et qu’ils connaissent sa culture ;

Mener des activités de plaidoyer pour autonomiser les villes et les autres autorités locales ;

Dispenser des services juridiques aux enfants et aux familles demandeurs d’asile ;

Compte tenu de la grande proximité des OSC et de la neutralité qui est la leur, faciliter la prise

de contact avec les groupes de migrants eux-mêmes ainsi que leur autonomisation ;

Agir comme médiateurs et facilitateurs entre les populations de migrants et de personnes

déplacées et les villes, en vue d’assurer l’efficacité de la réponse apportée aux besoins des

migrants et des réfugiés ;

Agir en tant que médiateurs entre la population locale d’une part, les migrants et les

personnes déplacées d’autre part, et les réunir dans le cadre d’activités visant à promouvoir

la sensibilisation, la compréhension et la cohésion sociale ;

44

Le rôle joué par la société civile pour aider les autorités locales et régionales à toucher

et à engager la diaspora

Recommandations politiques et pratiques

Les villes doivent activement impliquer les OSC et travailler avec ces dernières pour atteindre

la diaspora et l’engager, les OSC pouvant fournir aux villes des informations et un appui utiles

pour élaborer les stratégies d’engagement de la diaspora et faire le lien avec les organisations

de la diaspora ;

Les villes doivent activement faire participer les membres de la diaspora et les organisations

de migrants à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques de développement local, et

ce, afin de renforcer leur appropriation et engagement et d’éviter qu’ils ne se lassent d’être

« exploitées » pour leurs seules ressources;

Les villes doivent également activement faire participer les membres et les organisations de

la diaspora à l’élaboration et la mise en œuvre des politiques et programmes en vue d’assurer

que leurs initiatives sont conformes aux priorités nationales et locales en matière de

développement, ce qui permet ainsi d’éviter le chevauchement du travail ou des entités

travaillant en silo ainsi que de renforcer l’efficacité ;

Les villes doivent travailler avec les OSC afin d’identifier les principaux leaders d’opinion locaux

issus de la communauté de la diaspora et susceptibles de devenir des forces motrices pouvant

appuyer l’engagement réussi de la diaspora ;

Les villes doivent établir un lien entre les OSC et les organisations de la diaspora et le secteur

privé, en vue de renforcer le partage et l’efficacité des ressources ;

Les villes doivent assurer l’inclusion des entreprises et investissements de la diaspora dans

l’appui général aux petites et moyennes entreprises, en vue de renforcer le développement

économique local et la croissance des affaires, ce qui est susceptible d’apporter une valeur

ajoutée au secteur en créant des emplois et en assurant un travail décent d’une manière

inclusive ;

Lorsqu’elles exploitent les ressources de la diaspora, les villes doivent le faire dans le cadre

d’une approche englobant l’ensemble de la communauté et visant à bénéficier à celle-ci dans

son ensemble afin de prévenir les tensions susceptibles de surgir ;

Les autorités nationales doivent impliquer les villes et les autres autorités locales et

régionales, ainsi que la diaspora et les associations de migrants, dans l’élaboration des

stratégies nationales concernant la diaspora, en vue de s’assurer qu’elles soient mises en

œuvre au niveau local, et qu’elles soient conformes aux priorités et contextes du

développement local.

Services pouvant être assurés par les OSC

Appui aux villes

Fournir des informations fiables, des connaissances pratiques et une expertise à même d’aider

les villes à comprendre qu’il est important de nouer un lien avec la diaspora et de s’engager

avec elle, et à savoir comment le faire ;

Faire office de médiateur entre les villes et la diaspora en vue d’instaurer la confiance et

d’assurer la communication dans les territoires de destination ;

45

Appuyer l’établissement d’une dynamique de la coopération décentralisée entre les autorités

des villes en vue de renforcer la gestion de la migration, associée à une étroite coopération et

un appui mutuel de la part des organisations de la diaspora ;

Appuyer la collecte et la consolidation des bonnes pratiques et des enseignements tirés, et

conseiller les villes sur la manière de développer les initiatives dans d’autres secteurs des villes

ou mêmes dans d’autres villes ;

Contrôler et assurer la transparence et la cohérence chez tous les acteurs participant aux

initiatives relatives à la migration et au développement ;

Appuyer la localisation des stratégies nationales sur la diaspora en aidant à mettre en place

une planification stratégique locale, et en favorisant l’inclusion des villes dans les processus de

prise de décisions sur l’élaboration de stratégies nationales d’engagement de la diaspora.

Services directs aux migrants, aux personnes déplacées et aux réfugiés

Établir un « réseau de proximité » en vue de renforcer la sensibilisation et les contacts entre

les deux par le biais des réseaux sociaux et autres plateformes ;

Appuyer les organisations de la diaspora à renforcer leurs capacités et à assurer que leurs

actions sont en phase avec le développement national et local ou les politiques d’engagement

de la diaspora, afin d’en assurer l’efficacité ;

Appuyer la création et l’autonomisation de comités locaux de migrants, de réseaux de jeunes,

de réseaux de migrants de retour dans leur pays, de mouvements sociaux, etc. ;

Établir des liens entre la diaspora et les associations de migrants d’un côté, et les associations

thématiques professionnelles, le monde universitaire et les autres organisations de la société

civile de l’autre, en vue de les soutenir davantage et de renforcer leur légitimité ;

Renforcer l’accès de la diaspora et des migrants aux contrats et achats publics dans les pays

d’origine ;

Fournir un appui aux entrepreneurs migrants ou aux coopératives de migrants susceptibles

de manquer des connaissances nécessaires en matière de gestion des affaires ou de capital

financier pour lancer leur entreprise ;

Fournir une aide technique pour la mise en œuvre d’instruments d’investissement diversifiés

destinés à la diaspora, comme des obligations municipales, des fonds de développement de

la diaspora, des fonds communautaires de la diaspora et des migrants en faveur des

entreprises sociales et des fonds d’investissement, etc. ;

Appuyer la collecte de fonds et les mécanismes de microcrédit en établissant un lien entre les

diasporas et leurs territoires d’origine, ce qui peut être favorisé en apportant un soutien aux

municipalités ;

Aider les communautés et les familles comptant des migrants expatriés parmi leurs membres

à mieux gérer les transferts de fonds en vue d’obtenir des résultats plus productifs, par le biais

de la formation financière et sur la création d’entreprise et l’économie familiale.

46

Comment la société civile et les villes peuvent travailler ensemble pour lutter contre la

xénophobie et la violence, afin de garantir la cohésion sociale ?

Recommandations politiques et pratiques

Si les OSC peuvent fournir un appui important à cet égard, ce sont les administrations des

villes qui possèdent véritablement la capacité à lutter contre la xénophobie et la violence, et

à assurer la cohésion sociale. Les OSC demandent instamment aux villes d’assumer cette

responsabilité. Ne pas le faire dans le cadre de l’administration constitue un obstacle

important à la coopération avec la société civile. Cela entrave en outre le bien-être général

des migrants et leur capacité à s’intégrer, et, par voie de conséquence, à contribuer au

développement ;

Un puissant leadership politique local est nécessaire, en vertu duquel les représentants

politiques peuvent jouer un rôle essentiel pour informer les résidents locaux sur les plans et

activités concernant l’accueil des migrants et réfugiés, et pour adopter un discours positif et

de vérité qui atténue les peurs et favorise la compréhension et la cohésion sociale ;

Les villes doivent fonder leur travail de lutte contre la xénophobie et le racisme et la

discrimination sur les valeurs fondamentales, la loi et la politique (municipale) de non-

discrimination/égalité de traitement et d’opportunités pour tous ainsi que sur les lois,

politiques et pratiques antiracistes ;

Les villes doivent s’écarter du modèle traditionnel d’intégration basé sur «l’assimilation», qui

exige que les migrants s’adaptent eux-mêmes au territoire d’accueil et adoptent l’identité du

territoire, et favoriser un modèle de société basé sur des identités partagées en vue d’être

en phase avec le contexte actuel de la mondialisation, dans lequel les sociétés et les peuples

vivent et travaillent entre plusieurs territoires, de manière transnationale ;

Les villes doivent travailler avec les médias et les réseaux sociaux, et renforcer la

sensibilisation de ces derniers, compte tenu du rôle qu’ils jouent pour façonner le discours

autour de la migration et de la diversité ;

Les villes doivent assurer que les politiques sont basées sur une collecte d’informations et de

données exactes, dans la mesure où c’est sur cette base de données factuelles que des

discours puissants et positifs peuvent être tenus en faveur de l’acceptation et de la

célébration de la diversité ;

Les villes doivent veiller à ce que de tels faits et données soient intégrés dans les programmes

scolaires, afin de déconstruire les stéréotypes et d’instaurer la confiance entre les

communautés ;

Les villes doivent aller au-delà du travail avec les acteurs traditionnels et tirer parti des

ressources et du soutien des autres OSC ou acteurs clés, y compris les dirigeants et les

organisations religieuses, ce qui peut grandement appuyer la compréhension entre les

religions et les efforts de médiation des OSC et des ALR. Les groupes de jeunes bénévoles

mixtes issus des populations de migrants et locales peuvent efficacement promouvoir une

culture de la non-violence et de la paix dans les écoles et les groupes de jeunes.

47

Services pouvant être assurés par les OSC

Appui aux villes

Sensibiliser et éduquer les villes sur la diversité, en vue de faire évoluer les discours politiques

négatifs et anti-migrants aux niveaux local et national ;

Aider les villes à faire respecter les règles et réglementations relatifs à la lutte contre la

xénophobie et mettre en place des mécanismes d’établissement de rapports et d’accès à la

justice quand ceux-ci font défaut ;

Promouvoir le renforcement des capacités et la compréhension des autorités des villes sur la

manière de bâtir une société basée sur des identités partagées, et intégrer cette démarche

lors de l’élaboration des politiques en vue d’assurer qu’un tel modèle soit adopté dans tous

les secteurs ;

Promouvoir la sensibilité et la compréhension des médias et des réseaux sociaux tout en

aidant les villes qui sont les mieux placées à inciter les médias à tenir un discours positif, de

vérité et socialement responsable sur ce thème ;

Cartographier les violations des droits de l’homme et les dénoncer, de même que les

comportements discriminatoires et xénophobes ;

Assurer un environnement de confiance dans lequel les victimes de crimes de haine et de

discriminations peuvent signaler ces derniers en toute sécurité et avoir accès à la justice ;

En raison des contacts étroits avec les populations de migrants, partager les besoins et

réalités avec les villes, et orienter leurs réponses en vue de réduire la xénophobie.

Services directs auprès de la population

Recueillir des informations factuelles en vue de lutter contre les stéréotypes ;

Diffuser ces informations aux citoyens afin de renforcer leur compréhension et sensibilisation

par le biais de manifestations telles que des forums, des conférences de presse et des

communications donnant aux migrants et aux populations locales des informations dignes de

foi et présentant les raisons et les bénéfices de la migration, et justifiant ainsi l’accueil

favorable que les municipalités réservent aux migrants.

Comment la société civile et les villes peuvent-elles travailler ensemble pour

surmonter leur marginalisation par rapport à l’élaboration des politiques nationales et

internationales en matière de migration et de protection des réfugiés ?

Recommandations politiques et pratiques

Les OSC doivent être incluses en tant que partenaires à part entière lors de la planification, de

la mise en œuvre, du contrôle et de l’évaluation de toute politique ou programme national et

local sur la gestion de la migration, en vue d’une efficacité renforcée ;

Les villes et les OSC doivent également travailler ensemble pour associer leurs forces et

connaissances en vue de mobiliser en faveur de l’appui et de la reconnaissance aux niveaux

national et international ;

Les villes et les OSC peuvent également travailler ensemble à la mise en œuvre de

programmes de gestion de la migration efficaces, ainsi que répertorier les bonnes pratiques

48

et les enseignements tirés, afin de les mettre en exergue au niveau national et de susciter un

soutien et une adhésion en leur faveur.

Les organisations internationales et les donateurs doivent poursuivre et renforcer les

partenariats et opportunités de dialogue existants par le biais de programmes tels que

l’Initiative conjointe pour le migration et le développement, le Forum mondial des maires sur

la mobilité humaine, la migration et le développement et le Forum mondial sur la migration

et le développement, ce qui est susceptible de renforcer les capacités des OSC et des villes et

de renforcer leur visibilité aux niveaux national et international ;

Les villes peuvent également apprendre d’autres villes en établissant des accords de

coopération ou en rejoignant des réseaux de villes à même d’appuyer l’apprentissage et

l’établissement de réseaux de pair à pair. Le fait de prendre position et de se mobiliser en

faveur du soutien et de la reconnaissance avec d’autres maires et dirigeants de villes peut

renforcer la visibilité et autonomiser les villes ;

Les OSC et les villes doivent se mobiliser afin que les autorités nationales reconnaissent la

pertinence des niveaux local et régional pour faire face aux défis et opportunités liés à la

migration ;

Les OSC et les villes doivent se mobiliser afin que les autorités nationales créent des

mécanismes, tant formels qu’informels, en vue de promouvoir et d’appuyer le dialogue entre

les niveaux national et local, ainsi que chez les acteurs dans tous leurs territoires ;

Les OSC et les villes doivent se mobiliser afin que les autorités nationales appuient les

mécanismes de décentralisation visant à autonomiser les autorités locales dans leur rôle de

décideurs politiques, afin de pouvoir faire face aux opportunités et défis qui se présentent

dans leur territoire d’une manière contextualisée, conformément aux politiques et normes

nationales ;

Les OSC et les villes doivent se mobiliser afin que les autorités nationales mettent en place

une communication, une coordination et des mécanismes de financements clairs et

fonctionnant de manière appropriée, en vue d’assurer que les politiques et les programmes

nationaux puissent être mis en œuvre au niveau local et en partenariat avec les OSC et les

autres acteurs pertinents.

Services pouvant être assurés par les OSC

Appui aux villes

Fournir un appui aux activités de lobbying et élaborer des plans de travail, des directives et

même des lois au niveau national sur la gestion de la migration pour le développement

quand celles-ci n’existent pas ;

Aider les villes à clarifier et à localiser les plans nationaux, ou à créer des propositions de

plans locaux uniques pour les plans et politiques locales, ce qui permet d’apporter une

réponse locale en phase avec les priorités nationales ;

Aider les villes à collecter des informations factuelles et à répertorier les bonnes pratiques

et les enseignements tirés en matière de gestion de la migration pour le développement au

niveau local, en vue de pouvoir les mettre en exergue aux niveaux national et international ;

Aider les villes à utiliser de telles informations pour obtenir l’adhésion et l’appui requis aux

niveaux national et international.

49

Principaux facteurs de succès pour assurer des partenariats multipartites de confiance

entre les acteurs de la société civile et les villes dans le cadre de leurs initiatives visant

à travailler ensemble en vue d’exploiter le potentiel de développement de la

migration

Recommandations politiques et pratiques

Les villes doivent s’efforcer de réunir tous les acteurs dans le cadre de partenariats

multipartites qui, pour être efficaces, doivent se fonder sur une planification et une

coordination stratégique solides ;

Les villes doivent veiller à ce que la planification commune et l’affectation des tâches dans ce

cadre assurent la clarté des tâches et des attentes et permettent d’éviter les tensions ou les

impasses ;

De manière à assurer la durabilité des programmes et actions communes, et compte tenu du

fait que les administrations des villes sont sujettes à de fréquents changements, les villes

doivent s’attacher à institutionnaliser les accords et la dynamique de coopération, en mettant

en place mécanismes tels que des tables rondes ou des comités thématiques, et en s’assurant

que des ressources humaines et financières suffisantes leur sont consacrées.

En vue d’assurer l’appropriation et l’efficacité des initiatives, les villes doivent garantir la

pleine et égale implication et participation de tous les acteurs impliqués à toutes les étapes

de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques, en particulier pour ce qui est des

migrants, des personnes déplacées et de leurs organisations elles-mêmes, afin d’assurer que

les activités répondent à des besoins réels et sont acceptées et appropriées par la population

bénéficiaire ;

Dans les cas où les villes ne possèdent pas les capacités où compétences requises pour agir,

les villes doivent assurer que les OSC et les autres acteurs peuvent œuvrer en fournissant un

espace et en facilitant la coordination et l’affectation des rôles et activités entre eux ;

Les villes doivent s’attacher à établir des partenariats de coopération décentralisés entre les

villes à travers les canaux migratoires en vue de renforcer l’efficacité de la gestion migratoire

tout au long du cycle migratoire ;

Les villes doivent s’efforcer d’apprendre les unes des autres, et de renforcer les capacités des

OSC à améliorer l’efficacité du travail commun.

Services pouvant être assurés par les OSC

Appui aux villes

Aider à mettre en place des mécanismes pour la résolution conjointe des problèmes et la

création de forums à l’intention des acteurs locaux leur permettant d’évaluer et d’améliorer

leurs pratiques en commun ;

Appuyer l’institutionnalisation des partenariats de gestion de la migration en participant et en

appuyant des accords, et en organisant des tables rondes ou comités thématiques ;

Appuyer la mise en place de partenariats de coopération décentralisée dans l’ensemble des

territoires et établir un lieu entre ceux-ci et les associations de migrants et de la diaspora, en

vue d’assurer que la gestion de la migration soit intégrée dans de tels partenariats.

50

Le rôle joué par la société civile dans la préparation et la réponse aux besoins des

migrants dans les pays en situations de crise

Recommandations politiques et pratiques

Afin de garantir des plans d’alerte rapide et d’urgence appropriés, les villes doivent s’efforcer

de disposer de données et informations précises sur les populations présentes dans le pays, y

compris sur les communautés de migrants, et de donner aux OSC les moyens et la mission de

les recueillir et de les fournir lorsque cela est nécessaire ;

Les villes doivent assurer que les besoins et la situation des migrants et autres personnes

vulnérables sont pris en compte lors de l’élaboration des plans d’intervention d’urgence. Le

fait de travailler avec les ambassades et consulats, et les OSC, et de s’appuyer sur leurs

connaissances, peut assurer que c’est le cas et que les actions répondent à des besoins réels ;

Les villes doivent s’efforcer d’assurer les droits des migrants et des personnes déplacées dans

les territoires touchés par les crises, en garantissant l’accès sur un pied d’égalité aux services

et la fourniture d’un appui et de services spécifiques chaque fois que nécessaire.

Services pouvant être assurés par les OSC

Appui aux villes

Suivre les populations mobiles dans les territoires d’origine, de transit et de destination,

répondre à leurs besoins et faire rapport de ces mouvements, compte tenu de la proximité

que les OSC entretiennent avec ces populations et la confiance qu’elles leur accordent par

rapport aux autorités ;

Lors de la collecte de telles données et de la réalisation des évaluations des besoins, jouer le

rôle de « tampon » ou de gardien de ces informations jusqu’à ce que la réponse d’urgence

l’impose, afin d’assurer que de telles informations ne sont pas utilisées au détriment des

personnes concernées ;

Cartographier les droits de l’homme et mener des activités de lobbying pour assurer leur

respect en situations de crise. Les OSC peuvent également signaler les différences d’appui ou

de traitement fourni aux migrants selon leur religion, nationalité, sexe, etc. ;

Atteindre les groupes les plus vulnérables et marginalisés et garantir que les autorités soient

en mesure de leur fournir l’aide nécessaire, ou leur apporter cette aide directement ;

En particulier en temps de crise, il arrive souvent que les populations vulnérables fassent

davantage confiance aux OSC qu’aux villes. Les OSC sont donc souvent les mieux placées pour

fournir une aide directe aux populations touchées par les crises.

51

Annexe 1 : Liste des

sources d’information

complémentaires

fournies par les

participants à la

consultation mondiale

de la société civile

52

Annexe 1: Liste des sources d’information complémentaires fournies

par les participants à la consultation mondiale de la société civile

1. Comment la société civile peut-elle aider les villes à assurer l’inclusion et la protection des réfugiés et des migrants vulnérables en vue de renforcer la résilience et le développement ?

Central American Resource Centre DC (CARECENDC) Voir <http://www.carecendc.org/> pour consulter un exemple de coopération interinstitutions visant à répondre à l’afflux d’enfants salvadoriens et honduriens dans la région de MDDCVA et engagements pris par les écoles et agences locales pour y répondre. Central American Resource Centre San Francisco (CARECENSF) Voir <http://www.carecensf.org/> pour consulter un exemple d’obtention de fonds municipaux et étatiques en vue de fournir des services juridiques à des enfants et des familles demandeurs d’asile. Central American Resource Centre Los Angeles (CARECENLA) Voir http://www.carecen-la.org/ pour consulter un exemple d’obtention de fonds municipaux et étatiques en vue de fournir des services juridiques à des enfants et des familles demandeurs d’asile. Centro Presente Voir <http://cpresente.org/> pour consulter des exemples de résolutions municipales visant à appuyer la saine intégration des enfants immigrants au Massachussetts City University New York (CUNY) Voir <http://www.cuny.edu/about/administration/offices/sa/specialprograms/CunyDREAMERS/ FAQ.html> pour consulter des informations sur l’adoption d’une loi « DREAM Act » qui élargit les frais de scolarité à l’intérieur de l’Etat aux étudiants sans papiers allant au lycée dans l’Etat de New York. CICM Europe « Building a resettlement network of European cities and regions », Bruxelles: CICM Europe, 2015, accessible sur : <http://www.icmc.net/sites/default/files/documents/building-a-resettlement-network-of-cities-and-regions.pdf> Cette publication décrit la manière dont le projet SHARE a permis de mettre en place un réseau européen de réinstallation de régions et de leurs partenaires de la société civile pour la protection et la réinstallation des réfugiés, une culture de l’accueil et une capacité renforcée de planifier et de coordonner la réception des réfugiés et les programmes d’intégration dans les villes et les régions en Europe. Carte d’identité de New York Voir <http://www1.nyc.gov/site/idnyc/benefits/benefits.page> pour consulter des informations sur les cartes d’identité de la ville de New York accessibles à tous les citoyens de New York quel que soit leur statut migratoire. Réseau MADE Voir <http://madenetwork.org/pilot-fund-honduras> pour consulter un exemple de projet-pilote de fonds au Honduras coordonné par l’organisation non lucrative Comisión de Acción Social Menonita (CASM) visant à assurer la réintégration des jeunes migrants de retour dans leur pays grâce au programme MADE.

53

Migrants in Countries in Crisis Initiative (MICIC) « Report: Civil society consultation », Genève, 2016, accessible sur : <https://micicinitiative.iom.int/ sites/default/files/document/Consultation%20Report_1.pdf> Plateforme pour la coopération internationale concernant les sans-papiers (PICUM) « Access to health care for undocumented migrants in Europe: The key role of local and regional authorities », Bruxelles, 2014, accessible sur : <http://picum.org/picum.org/uploads/publication/ PolicyBrief_Local%20and%20Regional%20Authorities_AccessHealthCare_UndocumentedMigrants_Oct.2014.pdf> Fournit un certain nombre d’exemples où les autorités locales et régionales ont utilisé leurs capacités comme décisionnaires politiques ou fournisseurs de services, souvent en coopération avec les organisations de la société civile, pour augmenter le niveau de services fournis aux migrants sans papiers. Plateforme pour la coopération internationale concernant les sans-papiers (PICUM) « Protecting undocumented children: Promising policies and practices from governments », Bruxelles, 2015, accessible sur : <http://picum.org/picum.org/uploads/publication/Protecting %20undocumented%20children-Promising%20policies%20and%20practices%20from%20 governments.pdf> Met en exergue des exemples d’application par les gouvernements de lois et pratiques visant à protéger les droits des enfants sans papiers, par exemple à travers l’éducation, les soins de santé, le protection contre la violence et la non détention. Plateforme pour la coopération internationale concernant les sans-papiers (PICUM) « The sexual and reproductive health rights of undocumented migrants: Narrowing the gap between their rights and the reality in the EU », Bruxelles, 2016, accessible sur : <http://picum.org/picum.org/ uploads/publication/Sexual%20and%20Reproductive%20Health%20Rights_EN_FINAL.pdf> Met en exergue les pratiques des gouvernements et de la société civile de plusieurs pays européens travaillant ensemble à protéger la santé sexuelle et procréative des migrants. San Francisco Immigrant Legal Defence Collaborative (SFILDC) « SFILDC Annual Activity Report » 2016, accessible sur : <http://www.carecensf.org/uploads/ 3/6/1/2/3612603/sfildc_year_1_report.pdf> Décrit les activités que le SFILDC mène pour assurer la défense juridique aux enfants et familles de migrants récemment arrivés et soumis à des procédures de refoulement devant le tribunal de l’immigration de San Francisco. SHARE Network Voir <http://www.resettlement.eu/page/welcome-share-network> pour consulter différents exemples d’initiatives des OSC. The Hague Centre for Strategic Studies au nom du Global Parliament of Mayors et de la municipalité

de La Hague, « ’Cities of arrival’: Migrants and refugees », La Hague, 2016, accessible sur :

<https://gsc3.city/UserFiles/pdf/Background_Papers_Global_Parliament_of_Mayors.pdf>

Ce document rassemble une large base de connaissances sur des questions telles que : Quelles sont les

intentions des villes aujourd’hui au niveau du défi mondial de la migration ? Que peuvent-elles réaliser

sur la base de leur expérience, que ce soit avec les migrants économiques ou les réfugiés de guerre ?

Qu’est-ce qui a été déjà fait ?

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2. Le rôle joué par la société civile pour aider les autorités locales et régionales à toucher et à engager la diaspora

AFFORD UK

Voir <www.afford-uk.org> pour consulter différents exemples du travail réalisé par cette OSC pour

engager et appuyer l’engagement de la diaspora et les initiatives de développement menées par la

diaspora.

MADE Network

Voir <http://madenetwork.org/global-diaspora-day> pour consulter des informations sur la « Journée

internationale de la diaspora », un projet visant à sensibiliser sur le rôle et les contributions positives

apportées par la diaspora et les migrants en faveur du développement de l’origine et de la résidence,

en particulier au niveau de la création d’emplois et de l’entreprise.

MADE Network, « Myth busting: Deconstructing 10 myths about migration and development », 2016, accessible sur : <http://www.madenetwork.org/sites/default/files/Deconstructing %2010%20myths%20about%20migration%20and%20development_ENweb.pdf> Ce document est un exemple d’outil de sensibilisation visant à déconstruire 10 mythes communs et persistants au sujet de la migration, qui conduisent souvent à une négativité mal placée envers les migrants et la diaspora.

3. Comment la société civile et les villes peuvent-elles travailler ensemble pour lutter contre la xénophobie et la violence afin de garantir la cohésion sociale

Site Internet d’Allianza Americas, accessible sur : <http://www.alianzaamericas.org/somos-we-are-national-art-contest/> Campagne visant à établir des liens de personne à personne autour du racisme et de la xénophobie. Ce projet utilise les œuvres artistiques des enfants comme point d’entrée pour la conversation communautaire. MADE Network, site Internet « Pilot Fund Morocco » accessible sur : <http://madenetwork.org/pilot-fund-morocco> Ce projet a visé à assurer l’application de cadre de protection existants, de faciliter l’intégration des migrants au Maroc et de sensibiliser sur la promotion et la protection des droits des migrants. Mark-Viverito, M., 2016, « Young women’s initiative – programs for empowering women of color », Black Star News, accessible sur : <http://www.blackstarnews.com/ny-watch/politics/young-womens-initiative-programs-for-empowering-women-of-color.html> Décrit une initiative visant à autonomiser les femmes de couleurs à New York. Site Internet de la campagne « Save me » accessible sur : <http://www.save-me-kampagne.de/> Une initiative locale basée sur les villes qui a été fondée à Munich en 2008 et compte désormais plus de 50 succursales dans des villes et villages partout en Allemagne. Elle a joué un rôle significatif dans la promotion du programme allemand de réinstallation qui a permis de recevoir 2501 réfugiés iraquiens réinstallés sur une base ad-hoc en 2009-10.

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4. Comment la société civile et les villes peuvent-elles travailler ensemble pour surmonter leur marginalisation par rapport à l’élaboration des politiques nationales et

internationales en matière de migration et de protection des réfugiés ? Site Internet de Ciudades Interculturales, voir : <http://www.ciudadesinterculturales.com/> La RECI regroupe 11 villes des quatre coins du territoire espagnol qui se sont engagées à promouvoir des politiques de gestion de la diversité fondées sur l’interculturalité. Ces villes partagent ainsi des méthodologies, des outils et des bonnes pratiques, et sont impliqués ensemble dans des projets destinés à promouvoir la culture de la diversité. Forum mondial sur la migration et le développement (GFMD), 2016, Lettre au Président actuel du gouvernement du GFMD, accessible sur : <http://madenetwork.org/sites/default/files/Civil%20society%20ISC%20letter GFMD_with%20signatories.pdf> Lettre signée par plus de 150 organisations de la société civile, demandant officiellement à être invitée aux tables rondes gouvernementales, suivant le modèle adopté par les gouvernements au cours du Dialogue de haut niveau sur la migration et le développement de 2013. Site Internet d’Inter-Faith Week, accessible sur : <http://www.interfaithweek.org/> Au Royaume-Uni, l’InterFaith Network UK, en collaboration avec les communautés et le département du gouvernement local, organisent chaque année une semaine interconfessionnelle, à laquelle participent des groupes interconfessionnels et multiconfessionnels de tout le pays. Un appui est accordé à ces derniers pour organiser des manifestations rassemblant différentes communautés confessionnelles au cours de cette semaine particulière. MADE Network, 2015, « Achieving migration and development goals” », accessible sur: <http://www.madenetwork.org/sites/default/files/background-documents/GFMD-2015-Recommendations-booklet-EN-1.pdf> Aux termes de deux recommandations, le GFMD 2015 a suggéré à la société civile de travailler avec les autorités locales et contribuer à leur formation sur le développement de la sensibilisation autour des droits des migrants. La société civile doit également mener des actions de plaidoyers pour que les migrants puissent voter sur les questions locales. La société civile et les villes peuvent en outre travailler ensemble pour assurer l’inclusion sociale des migrants dans les sociétés, en assurant un accès aux services publics, à la formation linguistique, aux droits de vote aux élections locales et aux voies vers la citoyenneté. Site Internet de Red Ciudades Inteligentes, voir : <www.redciudadesinteligentes.es> Le Réseau Espagnol de Villes Intelligentes (Red Española de Ciudades Inteligentes, RECI), composé de 65 villes, a pour objectif de favoriser les échanges d’expériences, de permettre de travailler conjointement pour développer un modèle de gouvernance durable, et ainsi d’améliorer la qualité de vie des citoyens, en s’intéressant en particulier aux questions des économies d’énergies, de la mobilité durable, de l’administration électronique, des services aux citoyens et de la sécurité. Site Internet de Red Iniciativas Urbanas, voir : <http://www.rediniciativasurbanas.es/RIU/lang_ castellano/> Le Réseau des Initiatives Urbaines (Red Iniciativas Urbanas, RIU) est le principal mécanisme de coordination en matière de développement urbain et fonds communautaires en Espagne. C’est un instrument essentiel afin de pouvoir intégrer la nécessaire dimension urbaine dans la gestion et la programmation des fonds européens. Il s’agit ainsi d’un forum ouvert permettant d’échanger des expériences et des bonnes pratiques urbaines qui ont reçu un financement communautaire. Il vise aussi à analyser et trouver des solutions aux problèmes éventuels et dissiper les doutes suscités par

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l’application de la norme européenne en matière de fonds européens destinés au développement urbain.

5. Principaux facteurs de succès pour assurer un partenariat multipartite de confiance entre les acteurs de la société civile et les villes dans le cadre de leurs initiatives visant à

travailler ensemble en vue d’exploiter le potentiel de développement de la migration

Site Internet de Ciudades Interculturales, voir : <http://www.ciudadesinterculturales.com/> La RECI regroupe 11 villes des quatre coins du territoire espagnol qui se sont engagées à promouvoir des politiques de gestion de la diversité fondées sur l’interculturalité. Ces villes partagent ainsi des méthodologies, des outils et des bonnes pratiques, et sont impliqués ensemble dans des projets destinés à promouvoir la culture de la diversité.

6. Le rôle joué par la société civile dans la préparation et la réponse aux besoins des migrants dans les pays en situations de crise

AlJazeera, 2015, “Zimbabweans leave South Africa after xenophobic attacks”, accessible sur : <http://www.aljazeera.com/news/2015/04/zimbabweans-leave-south-africa-xenophobic-attacks-150421090720956.html> Dans cet exemple, le rôle clé joué par la diaspora zimbabwéenne pour diffuser des informations sur la détresse des Zimbabwéens en Afrique du Sud après les attaques xénophobes en 2015 est mis en exergue. Article « Ciudades Refugio », voir : <http://www.andaluciasolidaria.org/noticias/item/578 ciudades-refugio-municipios-solidarios-sin-cobertura-para-actuar> Cet article liste des initiatives mises en œuvre par différentes villes andalouses, qui, inspirées par les exemples de Barcelone et Valence, ont décidé de faire preuve de solidarité et d’accueillir des populations réfugiées, et ce malgré les multiples obstacles venus du niveau national.

Site Internet de La iniciativa Caravana a Grecia, voir : <http://caravanaagrecia.info/> Cette caravane est un voyage solidaire et revendicatif de 10 jours jusqu’en Grèce, qui a rassemblé plus de 300 participants provenant de 20 villes espagnoles, et dont l’objectif était de dénoncer l’accord entre l’UE et la Turquie sur les réfugiés. Tout au long du voyage, les participants ont visité divers camps et ont organisé des manifestations pour dénoncer les conditions qu’endurent les migrants. Initiative Migrants dans les pays en crise (MICIC), 2016, « Guidelines to protect migrants in countries experiencing conflict or natural disaster » accessible sur : <https://micicinitiative.iom.int/sites/default/ files/document/MICIC_Guidelines_web.pdf> Met en exergue les directives et les meilleures pratiques sur la manière de protéger les migrants dans les situations de conflits ou de catastrophes naturelles. Pétition sur la Plateforme Change.org sur la crise des réfugiés, voir : <https://www.change.org/t/refugiados-2?source_location=homepage> La plateforme Change.org permet à chacun de signer des pétitions relatives à la crise des refugies. Sur les trois pétitions proposées sur ce thème, deux ont déjà réussi à contribuer à la réussite de leurs objectifs. La dernière pétition demande la libération d’un refugié palestinien en Arabie Saoudite condamné pour athéisme.

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Sources d’informations générales Daff, A. B. S., 2012, « La portabilité des droits des migrants en Europe au cœur de la question sociale », accessible sur : <http://www.dakaractu.com/La-portabilite-des-droits-des-migrants-en-Europe-au-coeur-de-la-question-sociale_a34129.html> Cet article offre une réflexion sur la situation des migrants en Europe, et dénote une hypocrisie réelle entre une Europe qui a dans les faits besoin de cette « force de travail » et les discours anti-immigration de certains décideurs. Il exprime de réelles inquiétudes vis-à-vis de la préservation des acquis en matière de droits compte tenu de la montée de gouvernements de droite et d’extrême droite en Europe, ce qui risque d’amoindrir voire de phagocyter les apports socio-culturels et à la bulle économique des migrants.

Bureau du maire, ville de Chicago, « Mayor Emanuel introduces amendment to strengthen welcoming city ordinance », Chicago: Bureau du maire, accessible sur : <https://www.cityofchicago. org/content/dam/city/depts/mayor/Press%20Room/Press%20Releases/2016/September/WelcomingCityOrdinance.pdf> Communiqué de presse annonçant un amendement à l’ordonnance municipale d’accueil de Chicago, qui s’appuie sur les initiatives visant à faire de Chicago la ville la plus accueillante à l’égard des migrants de tout le pays. L’amendement ajoute une nouvelle section qui donne mandat aux employés de la ville de traiter les migrants avec ou sans papiers avec respect et dignité.

Plateforme pour la coopération internationale concernant les sans-papiers (PICUM) 2015, « Guide to the EU victims’ directive: Advancing access to protection, services and justice for undocumented migrants », Bruxelles : PICUM, accessible sur : <http://picum.org/picum.org/uploads/publication/VictimsDirective_EN.pdf> Fournit des indications sur la « Directives des victimes » de l’Union européenne, un outil visant à s’attaquer à l’impunité pour les crimes perpétrés contre les migrants sans papiers et pour promouvoir leur accès à la protection, aux services et à la justice.