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CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET METIERS PARIS MEMOIRE présenté en vue d'obtenir le DIPLOME D'INGENIEUR CNAM SPECIALITE : Energétique OPTION : Thermique du bâtiment par Stéphane LERAY ___________________ Contexte et enjeux de l’hydroélectricité Diagnostic énergétique d’une ancienne installation hydroélectrique de basse chute (Pont-Rolland, Côtes d’Armor) par simulation numérique Soutenu le 29 Avril 2019 _________________ JURY PRESIDENT : Christophe MARVILLET Professeur du Cnam MEMBRES : Florine GIRAUD Maître de conférences Issa JAFFAL Maître de conférences Jacques GUILPART Directeur MF Conseil Serge BRESIN Directeur Conditionair

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  • CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET METIERS

    PARIS

    MEMOIRE

    présenté en vue d'obtenir

    le DIPLOME D'INGENIEUR CNAM

    SPECIALITE : Energétique

    OPTION : Thermique du bâtiment

    par

    Stéphane LERAY

    ___________________

    Contexte et enjeux de l’hydroélectricité

    Diagnostic énergétique d’une ancienne installation hydroélectrique de basse

    chute (Pont-Rolland, Côtes d’Armor) par simulation numérique

    Soutenu le 29 Avril 2019

    _________________

    JURY

    PRESIDENT : Christophe MARVILLET Professeur du Cnam

    MEMBRES : Florine GIRAUD Maître de conférences

    Issa JAFFAL Maître de conférences

    Jacques GUILPART Directeur MF Conseil

    Serge BRESIN Directeur Conditionair

  • A propos de ce mémoire

    En Septembre 2016, j’ai présenté un premier travail d’étude sur le stockage d’électricité par

    STEP, pour l’Unité d’Enseignement ENG229 « Information et communication pour

    l’ingénieur en énergétique » du CNAM. J’ai sélectionné des articles scientifiques que j’ai

    résumés dans un rapport d’études, avec soutenance orale. Avant de choisir les STEPs, je

    m’étais intéressé à la remise en exploitation des moulins pour l’hydroélectricité mais j’avais

    trouvé trop peu d’articles scientifiques sur la petite hydro. J’ai ensuite repris ces thèmes et

    découvert encore beaucoup de choses passionnantes et complexes pour aboutir aujourd’hui

    à ce mémoire, même s’il reste encore beaucoup à ajouter sur l’hydroélectricité !

    Remerciements

    Je remercie le CNAM et ses professeurs pour les connaissances variées acquises au cours de

    cette formation d’ingénieur. L’ensemble des modules constitue un équilibre intéressant entre

    les matières techniques (théoriques ou plus pratiques) et la connaissance des entreprises en

    général. J’ai apprécié cette forme moderne d’enseignement à distance (par internet) qui

    permet d’être en permanence alimenté en cours, TD et vidéos, d’échanger si nécessaire avec

    les professeurs et d’organiser son temps à son propre rythme, loin de Paris.

    Je remercie Mr Christophe Marvillet pour avoir encadré ce travail de fin d’études et pour

    avoir été jury, déjà, lors de mon oral pour l’UE ENG229. J’ai apprécié la grande liberté dont

    j’ai bénéficié pour traiter ces sujets, ainsi que les conseils avisés (par exemple celui de

    contacter Mr Vidil).

    Je remercie Mr Roland Vidil (Hydro 21) et Mr Dominique Raison (ENERCOOP Bretagne)

    qui se sont intéressés à ce travail et m’ont mis en contact avec Mr Reiller et Mr Laffont.

    Je remercie Mr Patrick Laffont pour sa lecture et ses remarques intéressantes ; j’ai pu

    bénéficier de ses connaissances du barrage de Pont-Rolland au cours d’une longue et riche

    discussion.

    Je remercie enfin Mr Jean-Philippe Reiller (Alpes Hydro) pour sa lecture, sa liste de

    remarques précises et pertinentes et les nombreux compléments d’informations qu’il m’a

    apportés.

    Coordonnées

    Stéphane Leray, email : [email protected] , téléphone : 06.51.14.65.82

    mailto:[email protected]

  • 3

    Glossaire et abréviations

    (les mots et les sigles suivis du symbole ˟ -à leur première utilisation- sont définis ici)

    Sigle, terme Nom complet et/ou définition.

    ADEME Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie www.ademe.fr

    AFB Agence Française de Biodiversité www.afbiodiversite.fr

    Agence de l’eau Etablissement public de gestion d’un bassin (ressource, milieu, …).

    www.lesagencesdeleau.fr

    Amphibiotique Les organismes amphibiotiques (ou amphihalins) changent de milieu, entre eau

    salée et eau douce (poissons : saumon, truite de mer, alose, anguille, …)

    Anthropique Un élément anthropique est d’origine d’humaine

    Banque Hydro Banque de données sur l’hydrologie des cours d’eau français

    http://www.hydro.eaufrance.fr

    Bassin Versant Territoire qui alimente un cours d’eau, délimité par les lignes de partage des eaux

    Batardeau Ouvrage provisoire pour détourner ou contenir les eaux pendant des travaux

    fluviaux

    BE Bureau d’études

    Bief Un barrage sépare un cours d’eau en 2 plans d’eau appelés biefs (bief amont, bief

    aval)

    BNPE Banque de données sur les prélèvements en eau en France

    http://www.bnpe.eaufrance.fr

    BRGM Bureau de Recherche Géologique et Minière

    CA Chiffre d’affaires

    Canal Structure artificielle qui permet la navigation ou le transport de l’eau

    CARMEN CARtographie du Min. de l’ENvironnement (données environnementales, accès

    aux cartes des SDAGE, des DREAL, …) http://carmen.naturefrance.fr/

    CBFR Comité Français des Grands Barrages http://www.barrages-cfbr.eu

    CE Code de l’Environnement. www.legifrance.gouv.fr/

    CEnergie Code de l’Energie www.legifrance.gouv.fr/

    CEMAGREF Centre national du machinisme agricole, du génie rural, des eaux et des forêts (nom

    obsolète, l’organisme est devenu l’IRSTEA en 2011)

    CETMEF Centre d’Etudes Techniques Maritimes et Fluviales

    Charge d’une

    turbine Rapport entre le débit (actuel) et le débit d’équipement

    CNPN Conseil National pour la Protection de la Nature www.conservation-nature.fr

    Consignes

    d’exploitation

    Consignes de gestion pour réguler le niveau d’eau et les réserves d’eau, gérées

    manuellement et/ou automatiquement, pour les situations normales et critiques

    (crues, étiages) [VNF]

    CRE Commission de Régulation de l’Energie www.cre.fr

    Crue Augmentation de débit ou de hauteur d’eau pouvant provoquer un débordement et

    une inondation [VNF]

    DCE

    Directive-Cadre sur l’Eau (EU, 2000) fixant notamment des objectifs de qualité de

    l’eau des rivières à atteindre. English : WFD -Water Framework Directive. Texte EU : http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=celex:32000L0060

    Transposition en droit FR : http://www.eaufrance.fr/comprendre/la-politique-

    publique-de-l-eau/la-directive-cadre-sur-l-eau

    DD Développement Durable

    DDT(M) Direction Départementale des Territoires (et de la Mer)

    Débit réservé Débit réglementaire qu’un ouvrage hydraulique doit laisser passer à son aval

    immédiat

    Dévalaison Déplacement des poissons vers l’aval

    http://www.ademe.fr/http://www.afbiodiversite.fr/http://www.lesagencesdeleau.fr/http://www.hydro.eaufrance.fr/http://www.bnpe.eaufrance.fr/http://carmen.naturefrance.fr/http://www.barrages-cfbr.eu/http://www.legifrance.gouv.fr/http://www.legifrance.gouv.fr/http://www.conservation-nature.fr/http://www.cre.fr/http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=celex:32000L0060http://www.eaufrance.fr/comprendre/la-politique-publique-de-l-eau/la-directive-cadre-sur-l-eauhttp://www.eaufrance.fr/comprendre/la-politique-publique-de-l-eau/la-directive-cadre-sur-l-eau

  • 4

    Digue Ouvrage artificiel qui retient l’eau (rivière, canal) au-dessus du terrain naturel et/ou

    limite l’expansion des crues

    DPF Domaine Public Fluvial

    DREAL Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement

    Eclusée Une installation hydroélectrique est ‘à l’éclusée’ lorsqu’elle dispose d’une retenue

    amont qui peut stocker de l’eau pour quelques heures/jours de production.

    Effaçable Un barrage mobile est effaçable s’il peut être ouvert en cas de crue pour ne plus

    opposer d’obstacle à l’écoulement de l’eau

    EnR Energies renouvelables

    ENTSO-E European Network of Transmission System Operators for Electricity (association

    de gestionnaires des réseaux de 34 pays)

    Etiage En hydrologie, c’est la période de l’année (statistiques sur plusieurs années) où le

    niveau d’eau est le plus bas (basses eaux) [eaufrance.fr]

    Evacuateur de

    crue

    Organe hydraulique d’un barrage-réservoir destiné à assurer le transit des crues

    [CBFR]

    Facteur de

    charge

    Rapport entre l’énergie produite et l’énergie qu’aurait pu produire une installation

    si cette dernière fonctionnait à sa capacité maximale [RTE]

    Fréquence La fréquence au dépassement d’un évènement est la probabilité que cet évènement

    soit atteint ou dépassé chaque année [eaufrance.fr]

    GES Gaz à effet de Serre

    GIEC Groupe Intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (IPCC en anglais)

    www.ipcc.ch

    Harmoniques La marée peut être représentée par un ensemble de fonctions harmoniques

    (sinusoïdes) caractérisées par une amplitude et un déphasage

    Hauteur de

    chute brute Différence de niveau d’eau entre l’amont et l’aval d’un ouvrage

    Hauteur de

    chute nette

    Différence de niveau entre l’amont et l’aval, diminuée des pertes de charges de

    l’installation (exprimées en m)

    hc, hp, hpointe Période en heures creuses (hc), heures pleines (hp) ou heures de pointe (hpointe)

    Holobiotique Les poissons holobiotiques restent dans le même milieu au cours de leur vie (truite,

    ombre, brochet, gardon, …)

    IHO International Hydrographic Organisation. www.iho.int

    Intervalle de

    confiance

    Paramètre qui indique que la valeur d’une grandeur a statistiquement x % de

    chance de se situer entre une borne supérieure et une borne inférieure

    INPN Inventaire National du patrimoine Naturel (géré par le Muséum d’Histoire

    Naturelle). https://inpn.mnhn.fr

    IOTA Installations, Ouvrages, Travaux et Activités

    IRENA Agence internationale de l’énergie renouvelable www.irena.org

    IRSTEA

    Institut de Recherche en Sciences et Technologies pour l’Environnement et

    l’Agriculture www.irstea.fr

    Base de données des stations hydro et des bassins versants :

    https://webgr.irstea.fr/activites/base-de-donnees/

    LCOE Coût de l’énergie (Levelized Cost of Energy)

    LCOS Coût du stockage (Levelized Cost of Storage)

    LEMA Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques (Fr, 2006)

    Loi TECV Loi relative à la Transition Energétique pour la Croissance Verte (17 Aout 2015)

    avec notamment 2 objectifs pour 2030 : -30% de GES, 32% EnR.

    Module Le module, ou débit moyen interannuel, est la moyenne des débits annuels sur une

    période suffisamment longue pour être représentative [eaufrance]

    Marnage

    Fluctuation du niveau de l’eau, notamment employée pour les marées (différence

    de niveau entre la marée haute et la marée basse) et pour les retenues d’eau

    d’usines hydroélectriques (différence entre les niveaux extrêmes d’exploitation)

    M€ Million d’euros

    http://www.ipcc.ch/http://www.iho.int/https://inpn.mnhn.fr/http://www.irena.org/http://www.irstea.fr/https://webgr.irstea.fr/activites/base-de-donnees/

  • 5

    Md€ Milliard d’euros

    Mm³ Million de m³

    Montaison Déplacement des poissons vers l’amont

    NOAA National Oceanic and Atmospheric Administration (USA) www.noaa.gov

    ONEMA Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques (intégré dans l’AFB)

    PCH Petite Centrale Hydroélectrique

    Période de

    retour

    La période de retour est l’inverse de la fréquence, c’est la récurrence de

    l’évènement [eaufrance.fr]

    PLAGEPOMI Plan de gestion des poissons migrateurs (à l’échelle régionale)

    PPE

    Programmation Pluriannuelle de l’Energie, pour piloter les actions publiques

    énergétiques https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/programmations-

    pluriannuelles-lenergie-ppe

    PPI Programmation Pluriannuelle des Investissements de production électrique, à

    caractère informatif

    Productible Le productible est la production électrique

    Récolement Contrôle après construction d’un ouvrage autorisé par décision administrative

    Règlement

    d’eau

    Arrêté préfectoral qui décrit l’installation et instaure des objectifs et des modes

    d’exploitation (débit réservé, …) [eaufrance.fr].

    RES Renewable Energy Source (directive européenne sur les EnR)

    RN (Retenue

    Normale)

    Il s’agit du niveau réglementaire qu’un ouvrage doit assurer en exploitation

    normale, ou de la cote maximale en exploitation normale hors crue [VNF].

    ROE Référentiel des Obstacles à l’Ecoulement (base de données)

    http://carmen.carmencarto.fr/66/ka_roe_current_metropole.map

    SAGE

    Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (document d’orientation pour la

    politique locale de l’eau, qui s’impose à toute décision administrative).

    http://www.gesteau.fr/sage

    SANDRE Service d’Administration National des Données et Référentiels sur l’Eau

    SDAGE Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (planification de la

    gestion de l’eau par bassin) http://www.gesteau.fr/consulter-les-sdage

    SHOM Service Hydrographique et Océanographique Maritime www.shom.fr

    SOeS Service de l’Observation et des statistiques (Ministère de l’Environnement)

    Soutien d’étiage Action d’augmenter le débit d’un cours d’eau en période d’étiage˟ à partir d’un

    ouvrage hydraulique [eaufrance.fr]

    SPE Service de Police de l’Eau

    SRCAE Schéma Régional Air Climat Energie (loi Juillet 2010), contenant notamment des

    engagements d’EnR pour 2020

    SRCE Schéma Régional de Cohérence Ecologique

    STEP Station de Transfert d’Eau par Pompage

    Surcote Désigne ici l’augmentation de la marée due aux conditions météorologiques

    TCC Tronçon Court-Circuité : partie de la rivière entre la prise d’eau d’un barrage

    hydroélectrique et la restitution

    UICN Union Internationale pour la conservation de la Nature www.iucn.org

    US DOE US Department of Energy

    US EIA US Energy Information Administration

    Volume utile

    C’est le volume instantané utilisable pour la finalité de la retenue d’eau [CBFR].

    Le volume utile maximal est défini par la différence entre le niveau maximal et le

    niveau minimal d’exploitation.

    Znieff Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique

    https://inpn.mnhn.fr/zone/znieff/listeZnieff

    http://www.noaa.gov/https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/programmations-pluriannuelles-lenergie-ppehttps://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/programmations-pluriannuelles-lenergie-ppehttp://carmen.carmencarto.fr/66/ka_roe_current_metropole.maphttp://www.gesteau.fr/sagehttp://www.gesteau.fr/consulter-les-sdagehttp://www.shom.fr/http://www.iucn.org/https://inpn.mnhn.fr/zone/znieff/listeZnieff

  • 6

    Table des matières

    Glossaire et abréviations ........................................................................................................ 3

    Table des matières ................................................................................................................. 6

    Introduction ......................................................................................................................... 11

    I LES INTERVENANTS, LES ACTEURS .................................................................................................. 13

    I.1 L’UNION EUROPEENNE ................................................................................................................. 13

    I.2 LES ACTEURS PUBLICS EN FRANCE ................................................................................................ 13

    I.3 EDF, RTE ET ENEDIS ................................................................................................................. 17

    I.4 LES ACTEURS PRIVES ET ASSOCIATIFS ........................................................................................... 18

    I.5 LA BANQUE MONDIALE ................................................................................................................ 19

    II L’EAU, LA RESSOURCE EN EAU ......................................................................................................... 20

    II.1 INTRODUCTION ......................................................................................................................... 20

    II.2 LA COMPOSITION DE L’EAU ...................................................................................................... 20

    II.3 LE CYCLE DE L’EAU .................................................................................................................. 20

    II.3.1 L’eau liquide ....................................................................................................................... 21

    II.3.2 L’eau dans l’atmosphère ..................................................................................................... 21

    II.3.3 L’eau solide ........................................................................................................................ 21

    II.3.4 L’infiltration ....................................................................................................................... 22

    II.3.5 L’évaporation ...................................................................................................................... 22

    II.3.6 La fonte des glaces .............................................................................................................. 22

    II.4 LES USAGES DE L’EAU .............................................................................................................. 22

    II.4.1 L’usage total pour l’homme ................................................................................................ 23

    II.4.2 L’usage domestique ............................................................................................................ 24

    II.4.3 L’industrie ........................................................................................................................... 24

    II.4.4 L’agriculture ....................................................................................................................... 25

    II.4.5 L’hydroélectricité................................................................................................................ 25

    III L’EAU, LE COURS D’EAU, LES MILIEUX AQUATIQUES ...................................................................... 26

    III.1 INTRODUCTION ......................................................................................................................... 26

    III.2 L’ETUDE HYDROLOGIQUE D’UN COURS D’EAU ......................................................................... 26

    III.2.1 Les stations hydrométriques ........................................................................................... 28

    III.2.2 Les crues ........................................................................................................................ 30

    III.2.3 Les étiages et la sécheresse ............................................................................................ 33

    III.3 ELEMENTS DE MORPHOLOGIE D’UN COURS D’EAU .................................................................... 34

    III.4 LES USAGERS DU COURS D’EAU ................................................................................................ 35

    III.4.1 Les loisirs, la pêche ........................................................................................................ 35

    III.4.2 Le transport fluvial ......................................................................................................... 35

    III.5 ELEMENTS D’ENVIRONNEMENT ................................................................................................ 35

    III.5.1 Histoire (accélérée) de la protection de l’environnement ............................................... 35

    III.5.2 Quelques problèmes ....................................................................................................... 37

    III.5.3 Quelques principes ......................................................................................................... 38

    III.5.4 La santé .......................................................................................................................... 39

    III.5.5 L’eau .............................................................................................................................. 39

    III.5.6 Le milieu aquatique ........................................................................................................ 40

    III.5.7 Les milieux humides ...................................................................................................... 41

    III.5.8 La biodiversité................................................................................................................ 41

    III.5.9 Les aires de protection ................................................................................................... 44

  • 7

    III.6 LA GESTION DE L’EAU ET DES COURS D’EAU ............................................................................ 46

    III.7 LA GESTION DES PROJETS IMPACTANT L’EAU ET UN COURS D’EAU ........................................... 49

    IV LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ....................................................................................................... 51

    IV.1 INTRODUCTION ......................................................................................................................... 51

    IV.2 LA CAUSE : LES GES ................................................................................................................ 52

    IV.3 LES EFFETS ............................................................................................................................... 53

    IV.3.1 L’augmentation de température ..................................................................................... 53

    IV.3.2 Les effets sur la glace, la neige et le niveau des mers .................................................... 56

    IV.3.3 L’impact sur l’évaporation ............................................................................................. 57

    IV.3.4 L’impact sur les précipitations ....................................................................................... 57

    IV.3.5 L’impact sur le ruissellement ......................................................................................... 58

    IV.3.6 L’impact sur les débits ................................................................................................... 58

    IV.3.7 L’impact sur les sols ...................................................................................................... 61

    IV.3.8 L’impact sur les végétaux .............................................................................................. 62

    IV.3.9 L’impact sur les animaux ............................................................................................... 62

    IV.3.10 L’impact sur les hommes ............................................................................................... 62

    IV.4 LA LUTTE CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE .................................................................... 64

    IV.4.1 L’atténuation des changements climatiques ................................................................... 64

    IV.4.2 L’adaptation aux changements climatiques ................................................................... 65

    IV.4.3 Equilibre entre atténuation et adaptation aux changements climatiques ........................ 65

    V L’HISTOIRE DE L’ENERGIE HYDRAULIQUE ...................................................................................... 67

    V.1 INTRODUCTION ......................................................................................................................... 67

    V.2 LA VIS D’ARCHIMEDE .............................................................................................................. 67

    V.3 LE MOULIN A EAU ..................................................................................................................... 67

    V.4 LA VALORISATION DE L’ENERGIE HYDRAULIQUE ..................................................................... 69

    V.4.1 La roue hydraulique verticale ............................................................................................. 69

    V.4.2 La roue hydraulique horizontale ......................................................................................... 71

    V.4.3 Les turbines hydrauliques ................................................................................................... 73

    V.5 LES PREMIERES INSTALLATIONS HYDROELECTRIQUES ............................................................. 77

    VI L’ELECTRICITE ................................................................................................................................ 78

    VI.1 INTRODUCTION ......................................................................................................................... 78

    VI.2 LA CONSOMMATION ELECTRIQUE ............................................................................................. 79

    VI.2.1 La consommation électrique en France .......................................................................... 79

    VI.2.2 La consommation électrique en Europe ......................................................................... 82

    VI.2.3 La consommation électrique dans le monde .................................................................. 82

    VI.3 LES FILIERES DE PRODUCTION ELECTRIQUE .............................................................................. 83

    VI.4 LA CAPACITE ELECTRIQUE ........................................................................................................ 85

    VI.4.1 La capacité électrique en France .................................................................................... 85

    VI.4.2 La capacité électrique dans le monde ............................................................................. 89

    VI.5 LA PRODUCTION ELECTRIQUE ................................................................................................... 91

    VI.5.1 La production électrique en France ................................................................................ 91

    VI.5.2 La production électrique en Europe ............................................................................... 92

    VI.5.3 La production électrique dans le monde ........................................................................ 93

    VI.6 L’EQUILIBRE ENTRE PRODUCTION ET CONSOMMATION ............................................................ 94

    VI.6.1 L’infrastructure de transport électrique .......................................................................... 94

    VI.6.2 Le stockage .................................................................................................................... 96

    VI.6.3 L’ajustement de l’offre ................................................................................................... 97

    VI.6.4 Le prix de l’électricité .................................................................................................... 99

  • 8

    VII LES INSTALLATIONS HYDROELECTRIQUES ............................................................................... 103

    VII.1 CLASSIFICATIONS ................................................................................................................... 103

    VII.1.1 Classification selon le temps de remplissage ............................................................... 103

    VII.1.2 Autres classifications techniques ................................................................................. 103

    VII.1.3 Les classifications administratives ............................................................................... 106

    VII.1.4 Les types de contrat de revente de l’électricité ............................................................ 108

    VII.2 ELEMENTS ENVIRONNEMENTAUX ........................................................................................... 110

    VII.2.1 Le classement du cours d’eau ...................................................................................... 110

    VII.2.2 Les passes à poissons ................................................................................................... 110

    VII.2.3 Les turbines bridables .................................................................................................. 111

    VII.2.4 Le démantèlement des barrages ................................................................................... 111

    VII.3 ELEMENTS TECHNIQUES (DEBITS, CHUTE, POTENTIEL, PUISSANCE, PRODUCTIBLE) ................. 118

    VII.3.1 Le débit du cours d’eau et ses variations ...................................................................... 118

    VII.3.2 La hauteur de chute et ses variations ............................................................................ 118

    VII.3.3 La courbe de tarage ...................................................................................................... 119

    VII.3.4 Le débit d’équipement.................................................................................................. 119

    VII.3.5 Le débit d’armement .................................................................................................... 120

    VII.3.6 Le volume exploité ....................................................................................................... 120

    VII.3.7 Le potentiel hydro ........................................................................................................ 121

    VII.3.8 La puissance ................................................................................................................. 121

    VII.3.9 La production annuelle ................................................................................................. 122

    VII.3.10 La durée annuelle de fonctionnement .......................................................................... 123

    VII.4 DESCRIPTION DU SITE ET DE L’INSTALLATION ........................................................................ 123

    VII.4.1 Le site ........................................................................................................................... 123

    VII.4.2 Le barrage .................................................................................................................... 123

    VII.4.3 La retenue d’eau ........................................................................................................... 127

    VII.4.4 La prise d’eau ............................................................................................................... 127

    VII.4.5 Les canaux, la conduite forcée ..................................................................................... 127

    VII.4.6 Quelques organes ......................................................................................................... 128

    VII.5 ELEMENTS SUR LES MOTEURS HYDRAULIQUES ....................................................................... 129

    VII.5.1 Les turbines classiques ................................................................................................. 129

    VII.5.2 La vis hydrodynamique ................................................................................................ 132

    VII.5.3 Les autres types de moteurs hydrauliques .................................................................... 134

    VII.5.4 Le choix de la turbine ................................................................................................... 136

    VII.5.5 Les fabricants de turbines............................................................................................. 136

    VII.6 ELEMENTS ECONOMIQUES ...................................................................................................... 136

    VII.6.1 Le coût ......................................................................................................................... 136

    VII.6.2 La recette brute............................................................................................................. 138

    VII.6.3 La recette nette ............................................................................................................. 138

    VII.6.4 Le temps de retour brut ................................................................................................ 139

    VII.6.5 Les impôts .................................................................................................................... 139

    VII.6.6 Les flux financiers ........................................................................................................ 139

    VII.6.7 La rentabilité financière ............................................................................................... 140

    VII.6.8 Le modèle économique des STEP ................................................................................ 140

    VII.7 MONTAGES JURIDIQUES ET FINANCIERS ................................................................................. 141

    VII.8 LES AVANTAGES ET LES INCONVENIENTS DE L’HYDROELECTRICITE ....................................... 143

    VIII LA CAPACITE, LA PRODUCTION ET LE POTENTIEL HYDROELECTRIQUE ................................. 145

    VIII.1 EN FRANCE ............................................................................................................................ 145

  • 9

    VIII.1.1 La capacité ................................................................................................................... 145

    VIII.1.2 La production ............................................................................................................... 146

    VIII.1.3 La valeur économique et sociale .................................................................................. 147

    VIII.1.4 Le potentiel à développer ............................................................................................. 147

    VIII.1.5 Les objectifs de développement de la capacité ............................................................ 150

    VIII.2 EN EUROPE ............................................................................................................................. 151

    VIII.2.1 La capacité et la production ......................................................................................... 151

    VIII.2.2 La valeur économique et sociale .................................................................................. 152

    VIII.2.3 Exemples de quelques pays .......................................................................................... 152

    VIII.2.4 Le potentiel, les objectifs ............................................................................................. 154

    VIII.3 DANS LE MONDE ..................................................................................................................... 155

    VIII.3.1 La capacité ................................................................................................................... 155

    VIII.3.2 La production actuelle .................................................................................................. 156

    VIII.3.3 La valeur économique et sociale .................................................................................. 157

    VIII.3.4 Exemples de quelques pays .......................................................................................... 157

    VIII.3.5 Le potentiel hydroélectrique mondial .......................................................................... 159

    IX LES IMPACTS DES INSTALLATIONS HYDROELECTRIQUES ............................................................. 161

    IX.1 INTRODUCTION ....................................................................................................................... 161

    IX.2 PRENDRE DU RECUL POUR L’EVALUATION DES IMPACTS ........................................................ 161

    IX.3 LES IMPACTS SUR L’EAU ......................................................................................................... 162

    IX.4 LES IMPACTS SUR L’AIR .......................................................................................................... 164

    IX.5 LES IMPACTS SUR LES SEDIMENTS .......................................................................................... 165

    IX.6 LES IMPACTS SUR LES SOLS .................................................................................................... 165

    IX.7 LES IMPACTS SUR LA VIE AQUATIQUE ..................................................................................... 166

    IX.8 LES IMPACTS SUR LES ZONES HUMIDES ................................................................................... 167

    IX.9 LES IMPACTS SUR LES HOMMES .............................................................................................. 167

    IX.10 CONCLUSION .......................................................................................................................... 170

    X UN PROJET HYDROELECTRIQUE .................................................................................................... 171

    X.1.1 Le Type de projet .............................................................................................................. 171

    X.1.2 L’emplacement ................................................................................................................. 173

    X.1.3 L’élaboration du projet d’une petite centrale hydroélectrique .......................................... 173

    X.1.4 Les études techniques ....................................................................................................... 175

    X.1.5 L’étude d’impact ............................................................................................................... 177

    X.1.6 L’évaluation socio-économique et environnementale....................................................... 178

    X.1.7 La Demande d’autorisation unique et son instruction ....................................................... 178

    XI CREATION D’UN OUTIL NUMERIQUE DE CALCUL DE LA PRODUCTION HYDROELECTRIQUE ........ 180

    XI.1 INTRODUCTION ....................................................................................................................... 180

    XI.2 UN NOUVEL OUTIL NUMERIQUE .............................................................................................. 181

    XI.2.1 Le principe et les caractéristiques de l’outil ................................................................. 181

    XI.2.2 Les objectifs ................................................................................................................. 182

    XI.2.3 Les avantages et inconvénients de l’outil ..................................................................... 182

    XI.2.4 Les utilisateurs-cibles de l’outil ................................................................................... 183

    XI.3 LES ENTREES DU LOGICIEL ..................................................................................................... 184

    XI.3.1 Les constantes .............................................................................................................. 184

    XI.3.2 Les lois d’évolution ...................................................................................................... 185

    XI.3.3 Les fichiers de débit Q(t).............................................................................................. 185

    XI.3.4 La hauteur de chute ...................................................................................................... 187

    XI.3.5 La hauteur de la marée ................................................................................................. 188

  • 10

    XI.3.6 Les paramètres d’exploitation ...................................................................................... 189

    XI.4 LES SORTIES DU LOGICIEL ...................................................................................................... 190

    XI.4.1 Rapport d’exécution (fichier F8) .................................................................................. 190

    XI.4.2 Fichier F1 d’évolution des variables (H,Q,V…) .......................................................... 192

    XI.4.3 Fichier F12 de production électrique ........................................................................... 192

    XI.4.4 Fichier F2 de ‘log’ de traitement (fichier technique) ................................................... 192

    XI.5 QUELQUES DETAILS SUR LE PROGRAMME ............................................................................... 192

    XI.6 LES LIMITES DE L’OUTIL, LES FUTURS DEVELOPPEMENTS ....................................................... 193

    XII LES INSTALLATIONS DE PONT-ROLLAND ................................................................................. 196

    XII.1 LE SITE ................................................................................................................................... 196

    XII.2 L’HYDROLOGIE ...................................................................................................................... 199

    XII.2.1 Le Gouessant à Andel .................................................................................................. 200

    XII.2.2 L’Evron à Coëtmieux ................................................................................................... 204

    XII.2.3 Le Gouessant au barrage de Pont-Rolland ................................................................... 205

    XII.3 LES USAGES DE L’EAU ............................................................................................................ 211

    XII.4 LA CONSOMMATION ELECTRIQUE REGIONALE ........................................................................ 214

    XII.5 LA PRODUCTION ELECTRIQUE REGIONALE ET LOCALE ............................................................ 214

    XII.6 L’INSTALLATION DE PONT-ROLLAND..................................................................................... 216

    XII.7 LA SECURITE DU BARRAGE ..................................................................................................... 222

    XII.8 L’ENVIRONNEMENT ................................................................................................................ 224

    XII.9 QUELQUES ELEMENTS D’EXPLOITATION ................................................................................. 228

    XII.10 LES MODES D’EXPLOITATION ............................................................................................. 233

    XII.11 LES CYCLES D’EXPLOITATION ............................................................................................ 235

    XII.12 LES PERFORMANCES TECHNIQUES ..................................................................................... 241

    XII.13 LES ELEMENTS FINANCIERS ............................................................................................... 251

    XIII UNE NOUVELLE INSTALLATION A PONT-ROLLAND ? ............................................................... 253

    XIII.1 CONTEXTE .............................................................................................................................. 253

    XIII.2 LES CHANGEMENTS IMPOSES .................................................................................................. 254

    XIII.3 LES CHANGEMENTS NECESSAIRES .......................................................................................... 255

    XIII.4 QUELQUES SIMULATIONS ENERGETIQUES ............................................................................... 256

    Conclusion ......................................................................................................................... 263

    Bibliographie ..................................................................................................................... 265

    Table des annexes .............................................................................................................. 271

    Annexe 1 Exemple de compte-rendu d’exécution de l’outil ............................................. 272

    Annexe 2 Le Rhône et ses aménagements......................................................................... 277

    Annexe 3 La Durance et ses aménagements ..................................................................... 279

    Annexe 4 Le barrage de Petit-Saut (Guyane) .................................................................... 282

    Annexe 5 Le Colorado et ses aménagements .................................................................... 288

    Annexe 6 Le Mékong et ses aménagements ...................................................................... 292

    Annexe 7 La STEP de Grand-Maison ............................................................................... 293

    Liste des figures ................................................................................................................. 295

    Liste des tableaux .............................................................................................................. 298

  • 11

    Introduction

    L’énergie hydraulique a été la première énergie mécanique massivement utilisée et elle

    a permis l’essor économique, social, artisanal puis industriel du Moyen-Age au XIXe siècle.

    Cette énergie a ensuite servi à produire de l’électricité, d’abord de façon décentralisée par des

    milliers de petites turbines, puis de façon de plus en plus centralisée par de grands barrages et

    des installations puissantes. Dans les années 1960, les ouvrages hydrauliques produisaient plus

    de la moitié de l’électricité en France mais la part de l’hydraulique a baissé régulièrement pour

    atteindre, ces dernières années, entre 10 et 15 % de la production électrique en France (selon

    les précipitations annuelles), et environ 16 % dans le monde.

    Malgré ses performances et son haut niveau de maturité, pourquoi l’hydroélectricité ne

    progresse-t-elle plus en France ? Pourquoi la filière hydraulique ne bénéficie-t-elle pas du fort

    développement actuel des énergies renouvelables ? Pourquoi les projets hydrauliques sont-ils

    si nombreux dans le monde, notamment dans les pays en voie de développement, et si peu

    nombreux en France et en Europe ?

    La première partie (chapitres I à VI) de ce mémoire présente le contexte et les enjeux

    de l’hydroélectricité : le chapitre I présente les acteurs en France, les chapitres II et IV donnent

    des éléments sur la ressource en eau et les effets du changement climatique sur cette ressource,

    le chapitre III traite de l’aspect environnemental de l’eau et de la rivière, le chapitre V apporte

    des éléments historiques sur l’énergie hydraulique et le chapitre VI fait un panorama du secteur

    et du marché de l’électricité en France.

    La seconde partie (chapitres VII à X) décrit l’hydroélectricité, son intérêt et ses défauts,

    son utilisation et ses développements. Le chapitre VII présente les installations

    hydroélectriques, le chapitre VIII indique les capacités, la production et le potentiel

    hydroélectriques en France, en Europe et dans le monde ; le chapitre IX liste les impacts des

    installations hydroélectriques et le chapitre X donne des informations pour le lancement d’un

    projet hydroélectrique. Les annexes 2 à 6 décrivent des exemples en France et dans le monde

    d’équipements hydroélectriques pour illustrer les impacts positifs et négatifs des barrages

    hydroélectriques.

    La dernière partie (chapitres XI à XIII) constitue le projet personnel. Le Chapitre XI

    présente un nouvel outil numérique de simulation de la production hydroélectrique d’un

    barrage à l’éclusée à partir de séries temporelles de débit Q(t) et des caractéristiques du site, de

    la configuration technique et de l’exploitation. Un exemple de rapport de simulation est

  • 12

    disponible en Annexe 1. Dans le chapitre XII, l’installation de Pont-Rolland dans les Côtes

    d’Armor, exploitée à partir de 1936 et mise en vente par l’Etat en 2018, est décrite en détail et

    sa production électrique passée est comparée à la production simulée par l’outil numérique.

    Les calculs sont faits pour plusieurs volumes utiles et trois modes d’exploitation: démarrage et

    arrêt des turbines en fonction de la hauteur amont (hauteur d’eau dans la retenue), ou en

    fonction de la tarification (heures pleines, heures creuses) ou encore en fonction de la hauteur

    aval (affectée par les marées de la Manche). Le chapitre XIII propose enfin quelques scénarios

    pour une poursuite de l’exploitation hydroélectrique à Pont-Rolland et chiffre la production

    électrique attendue pour ces scénarios.

  • 13

    PARTIE 1 : le contexte de l’hydroélectricité

    I Les intervenants, les acteurs

    La présentation des acteurs est simplifiée à leurs principaux liens avec l’hydroélectricité.

    I.1 L’Union Européenne

    L’énergie et l’environnement sont des compétences partagées de l’UE, définies dans les traités.

    Les priorités énergétiques de l’UE sont la sécurité de l’approvisionnement, la compétitivité et

    la durabilité. La directive SER (Source d’énergies Renouvelables, RES, 2001) encourage la

    production d’électricité renouvelable (objectif : 20% du marché en 2020, 27% en 2030) et l’UE

    finance des projets.

    Les priorités environnementales de l’UE sont la protection de la nature, la croissance verte, la

    santé et les ressources naturelles. Les directives « oiseaux » (1979) et « habitat, faune, flore »

    (1992) engagent au maintien et/ou à la restauration des espèces sauvages d’intérêt

    communautaire, notamment les plus menacées.

    La DCE˟ (Directive Cadre sur l’Eau, 2000) définit la gestion et la protection des eaux par

    bassin (non-dégradation des ressources et des milieux, réduction des pollutions) et fixe un

    objectif de résultat : atteindre un bon état des masses d’eau. Toutes les eaux sont concernées :

    cours d’eau, plans d’eau, nappes souterraines, estuaires et eaux côtières. La DCE fonctionne

    par cycle de 5 ans, pour 12 zones en France (7 bassins en Métropole et 5 outre-mer), avec un

    état des lieux initial, des actions à mettre en place (SDAGE˟), des consultations publiques, une

    mesure des actions, puis un nouveau cycle. Le cycle actuel fixe l’objectif de 37% de cours

    d’eau de bonne qualité en 2021. La directive demande aussi d’ouvrir le cercle de décision aux

    acteurs de l’eau et au public pour améliorer la transparence.

    Avec le programme Life-Eau, l’UE aide les régions à investir dans la qualité des eaux.

    I.2 Les acteurs publics en France

    Les compétences des services de l’état sont réparties entre de nombreux services et

    interlocuteurs, rendant parfois difficile la gestion des dossiers hydroélectriques. Certains

    services suivent le découpage administratif classique (national, régional et départemental),

    alors que d’autres sont organisés par bassin hydrographique, ou répartis entre les différents

    niveaux.

    L’état

    Les textes de loi concernant l’énergie sont regroupés dans le Code de l’Energie. L’état élabore

    la PPE˟ (Programmation Pluriannuelle de l’Energie) qui fixe les objectifs et les priorités

    d’actions : favoriser les EnR˟, le stockage, les sources locales, l’autoproduction, la sécurité de

    l’approvisionnement, … Le PPE a un volet économique, social et environnemental. L’état peut

    lancer des appels d’offres pour atteindre les objectifs d’EnR. Le rapport « panorama énergie-

    climat » présente les enjeux de la transition énergétique. La DGEC (Direction Générale

    Energie et Climat) élabore et met en œuvre la politique de l’énergie (production, priorités, suivi

    du marché, …) et gère les aspects énergétiques de la filière hydroélectrique (délivrance des

    autorisations d’exploiter, …). La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte

    https://europa.eu/european-union/topics/energy_frhttps://europa.eu/european-union/topics/environment_frhttp://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/ALL/?uri=CELEX%3A32009L0028http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=celex:32000L0060https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/direction-generale-lenergie-et-du-climat-dgec#e3https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/direction-generale-lenergie-et-du-climat-dgec#e3

  • 14

    (TECV˟, 2015) fixe des objectifs de réduction des GES˟ et de production d’EnR et modifie la

    gestion des concessions.

    Le Code de l’environnement contient une partie sur l’eau et les milieux aquatiques avec

    description des usages, des autorisations nécessaires, des limitations, des sanctions… Les

    aspects environnementaux de l’hydroélectricité sont gérés par la DEB (Direction de l’Eau et

    de la Biodiversité, au Ministère de l’Environnement). L’état fixe les règles de protection des

    lieux (parcs naturels, réserves, monuments, classement des sites, milieux…) et des espèces

    menacées (avec les Plans Nationaux d’Actions, documents non opposables qui définissent les

    actions nécessaires à la conservation et la restauration des espèces les plus menacées).

    En règle générale, l’usage de l’eau pour toute fin est interdit sans autorisation. La politique de

    l’eau est articulée autour de 4 lois et encadrée par la DCE :

    - 1964 : découpage du territoire en bassins versants, création des agences de l’eau

    - 1992 : organisation de la gestion et la planification de l’eau, création des SDAGE

    (Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux), obligation de faire une

    demande d’autorisation (ou de déclaration) pour les projets impactant l’eau

    - 2004 : transposition de la DCE en droit français, avec objectifs de qualité des eaux à

    reporter dans le SDAGE avec les mesures appropriées

    - 2006 (loi LEMA˟) : modification de la tarification de l’eau, création de l’ONEMA˟,

    début de la prise en compte du changement climatique sur l’eau

    L’état est propriétaire des voies navigables, des canaux de navigation, des ouvrages et du

    Domaine Public Fluvial (DPF) qui borde ces voies, mais il en délègue la gestion, l’exploitation

    et l’entretien. L’état peut aussi transférer la propriété, la gestion et l’exploitation des cours

    d’eau, du DPF, des lacs et des canaux aux régions, départements ou communes.

    L’agence de l’eau˟ / le comité de bassin

    Les agences de l’eau sont des établissements publics créés en 1964, placés sous la tutelle des

    ministères de l’environnement, de l’industrie et des finances. Elles regroupent 50 % d’élus

    (état, région, départements, collectivités), 40% d’usagers de l’eau (agriculture, industrie,

    hydroélectricité, batellerie, pêche, associations de sauvegarde de l’environnement, tourisme),

    et des experts et des fonctionnaires de l’état (13 ministères différents concernés) et de la

    préfecture. Elles exécutent les décisions du comité de bassin, perçoivent les taxes de

    prélèvement d’eau, protègent la ressource et les milieux aquatiques (restauration de la

    continuité écologique), suivent, équilibrent et planifient l’utilisation de l’eau. Le territoire

    métropolitain est découpé en 6 agences selon la géographie des principaux bassins de France ;

    l’agence Loire-Bretagne, par exemple, gère une surface de 155.000 km² impliquant 10 régions,

    36 départements et 7400 communes, avec un budget de 300 M€.

    Le comité de bassin fixe les orientations de gestion des ressources en eau, avec concertation et

    consultation régulière du public. Il élabore et adopte le SDAGE à partir des avis des

    commissions territoriales, avec l’aide des DREAL˟, de l’AFB˟ et du BRGM˟.

    Les agences publient des études de potentiel hydroélectrique (voir par exemple les études

    Adour-Garonne et Seine-Normandie, disponibles sur internet). Elles peuvent aussi, sous

    conditions, financer 50% de la construction de passes à poissons.

  • 15

    Le Conseil régional

    L’eau n’est pas une compétence régionale mais certaines régions mènent des politiques

    volontaristes sur la gestion de la ressource, la restauration et l’aménagement des cours d’eau

    (participation aux SAGE -Schéma d’Aménagement et Gestion des Eaux-), la prévention des

    inondations,… Le développement économique, la valorisation de l’énergie et l’environnement

    sont des compétences régionales et les régions organisent le suivi local des politiques

    européennes sur la transition énergétique (FESI, Fonds Européens Structurels et

    d’Investissement, qui soutiennent la transition énergétique, le climat ou l’environnement).

    En Bourgogne Franche-Comté, la région accompagne les porteurs de projets EnR pour les

    phases d’études et de travaux. La région Midi-Pyrénées a fait en 2016 un appel à projet pour

    soutenir des coopératives de production d’EnR (financement de 1 € de la région par euro investi

    par les citoyens) et favorise le rapprochement entre entreprises privées et établissements

    d’enseignement ou de recherche sur des projets innovants d’énergie. La région Rhône-Alpes a

    créé avec l’ADEME un observatoire Energie et environnement (OREGES) qui liste notamment

    les productions d’énergie par commune et par département.

    Les régions (ou les départements, parfois) mettent en place les SRCAE (Schéma Régional du

    Climat, de l’Air et de l’Energie) qui présentent la situation et les objectifs des territoires, avec

    des horizons à 2020 et 2050, après concertation avec les acteurs locaux et consultation

    publique. En termes d’hydroélectricité, le SRCAE fait une synthèse du potentiel (avec carte

    des rivières et sites), des enjeux, des problèmes qui limitent son développement, …

    La région entretient et exploite les cours d’eau domaniaux non navigables, les plans d’eau et

    le DPF dont elle a obtenu le transfert. La région Bretagne, par exemple, a obtenu cette

    compétence et elle en a confié la gestion à des départements ou à des syndicats dédiés. La

    région peut aménager et exploiter des installations d’EnR.

    La DREAL

    La Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement gère la

    politique nationale du développement durable, notamment l’énergie, l’écologie,

    l’aménagement et les risques. L’organisme pour l’Ile de France est la DRIEE (D.R. et

    Interdépartementale de l’Environnement et de l’Energie).

    La DREAL gère des stations hydrométriques sur son territoire et les données sont publiées sur

    le site national www.eaufrance.fr, elle met aussi à disposition des données cartographiques

    (eau, zones naturelles protégées, …), gère les concessions hydroélectriques et contrôle les

    ouvrages hydrauliques (digues et barrages). Elle met aussi en place avec RTE les schémas de

    raccordement aux réseaux des EnR (S3REnR).

    Le département

    Le conseil départemental a un rôle sur l’aménagement durable du territoire, dont la gestion de

    la ressource en eau, la biodiversité... Il assiste les collectivités notamment pour développer des

    unités de production d’EnR ou prévenir les inondations ; il entretient et exploite les cours d’eau

    domaniaux non navigables, les plans d’eau et le DPF dont il a obtenu le transfert et il peut

    aménager et exploiter des installations d’EnR.

    Le CODERST (Conseil Départemental de l’Environnement et des Risques Sanitaires et

    Technique, composé de représentants de l’état, d’élus locaux, de professionnels techniques –

    http://www.eaufrance.fr/

  • 16

    hydrogéologue, …- et d’usagers de l’eau et de la nature) est consulté par le préfet pour les

    décisions liées à l’environnement et aux risques, après l’enquête publique.

    La DDT

    La DDT(M) (Direction Départementale des Territoires –et de la Mer pour les départements des

    façades maritimes) met notamment en œuvre les politiques liées au développement durable. La

    DDT dispose de larges compétences environnementales : ressource en eau, police de l’eau et

    des milieux aquatiques, biodiversité, zones Natura 2000˟, gestion des nuisances, … Elle

    règlemente la petite hydro (autorisation, renouvellement, contrôle) et gère la mise en

    conformité des aménagements (débit réservé˟, continuité écologique˟).

    Le SPE (Service de la Police de l’Eau) s’exerce au niveau départemental, au sein de la DDT,

    sous l’autorité de la DREAL, et coordonne tous les domaines liés à l’eau : les captages d’eau

    de surface et d’eau souterraine, les aménagements sur les cours d’eau (dont 2.300 installations

    hydroélectriques), les risques d’inondations, … La police administrative (sous l’autorité du

    préfet) fait des contrôles et vérifie le respect du régime administratif tandis que la police

    judiciaire (sous l’autorité du procureur de la République) s’occupe des infractions à la loi

    pénale (accidents, signalements, contrôles inopinés). En 2014, ces 2 services ont effectué

    79.000 contrôles (2/3 d’administratifs et 1/3 de judiciaires) –peu concernent les ouvrages

    hydroélectriques-. En 2010, les contrôles administratifs étaient à 38 % non conformes et ce

    taux a baissé en 2014 pour atteindre 19% de non-conformité [E06]. Les contrôles judiciaires

    ont un taux de non-conformité assez stable de 35% environ depuis quelques années. En 2017,

    la transaction pénale a été mise en place pour accélérer les procédures, notamment pour non-

    respect du débit réservé [DDT Isère].

    Les communes, les intercommunales

    Les EPCI (Etablissement Public de Coopération Intercommunal) doivent disposer d’un

    PCAET (Plan Climat Air Energie Territorial) qui fait un diagnostic et fixe une stratégie

    (notamment sur l’atténuation et l’adaptation au changement climatique), un plan d’actions

    (notamment sur l’augmentation de la production d’EnR) et un plan de suivi des actions. Les

    petits EPCI (moins de 20.000 habitants) ont jusqu’à fin 2018 pour produire ce document.

    Les communes peuvent aménager et exploiter des installations d’EnR. Il y a un siècle, les

    centrales hydroélectriques étaient souvent détenues par des villes pour l’éclairage public. Un

    certain nombre de communes françaises détiennent encore des droits d’eau datant d’avant

    1919, non révocables, qu’elles utilisent encore parfois.

    La CLE (Commission Locale de l’Eau)

    Cette commission créée par le préfet rassemble des collectivités locales, des établissements

    publics locaux, des représentants de l’état, des usagers (agriculteurs, industriels, …) et des

    propriétaires. Elle élabore le SAGE (définition des étapes, validation, arbitrage), veille à

    l’application des préconisations/prescriptions et suit la mise en œuvre des actions [Gest’eau].

    C’est le lieu du débat autour des enjeux locaux de l’eau et sa représentation est donc cruciale :

    pour la Vire (Normandie) par exemple, la filière hydroélectrique locale a attendu 2011 pour

    intégrer la CLE et peser aux décisions [D64].

    L’AFB

  • 17

    L’Agence Française de la Biodiversité reprend les activités de l’ONEMA (Office National de

    l’Eau et des Milieux Aquatiques) créé par la loi LEMA de 2006 avec pour missions de

    surveiller et de prévenir la dégradation des milieux aquatiques, de contrôler les usages et

    d’appuyer les services de l’état aux niveaux départemental, régional et national. Un projet

    hydroélectrique est suivi par l’AFB (débit réservé, passe à poissons, …).

    L’ADEME

    L’ADEME est un EPIC (Etablissement Public à Caractère Industriel et Commercial) sous la

    tutelle croisée des ministères de l’environnement, de l’énergie, de l’éducation nationale, de

    l’enseignement supérieur et de la recherche. Cet établissement met en œuvre les politiques

    publiques de DD concernant l’énergie, les déchets et la pollution de l’air ; il informe le public,

    propose un accompagnement technique aux élus et aux collectivités territoriales et finance des

    projets. L’ADEME prend en charge 50 à 70% du coût des études hydroélectriques, publie des

    guides sur les EnR ([A10]-[A13]) ou l’hydroélectricité ([D01], [D04]). L’antenne régionale

    Bourgogne Franche-Comté aide à mener des projets hydroélectriques ([D07], [D08]).

    La CRE

    La Commission de Régulation de l’Energie a été créée à l’ouverture des marchés de l’énergie

    à la concurrence (2000). C’est une autorité administrative indépendante qui surveille et régule

    le marché français ; elle intervient dans des dispositifs de soutien à certaines filières et pour les

    appels d’offre aux producteurs d’électricité.

    Voies Navigables de France

    VNF est un établissement public administratif (Ministère des Transports) qui gère, exploite et

    développe une grande partie du réseau fluvial navigable français (6.700 km de voies d’eau,

    80.000 ha de Domaine Public Fluvial, 500 barrages de navigation) pour le compte de l’état.

    VNF facilite la navigation fluviale, délivre des Conventions d’Occupation Temporaire pour les

    constructions installées sur le DPF et perçoit des taxes sur l’utilisation de cet espace public.

    Ce réseau a un potentiel hydroélectrique certain. Le siège de VNF développe depuis 2016 des

    partenariats avec des entreprises privées (recrutées par une procédure d’AMI – Appel à

    Manifestation d’Intérêt) pour construire et exploiter des turbines sur des barrages ou dans

    d’anciennes écluses. Les établissements régionaux permettent à des tiers d’exploiter une

    cinquantaine d’usines hydroélectriques sur des barrages VNF.

    I.3 EDF, RTE et ENEDIS

    EDF, hydroélectricien

    EDF est le 1er producteur européen d’EnR : 42 TWh hydrauliques en 2016, 433 centrales

    hydrauliques et 622 barrages. EDF gère le Rhin français (seuils, écluses, trafic fluvial, stations

    hydrométriques) et 75% des réserves en eau de surface de France.

    L’entreprise a investi 1 Md€˟ en R&D pour l’hydroélectricité entre 2008 et 2018. Les études

    portent sur 3 sujets principaux : l’environnement, la sûreté et l’optimisation de la production.

    Pour l’environnement, EDF souhaite améliorer la dévalaison˟, détourner les poissons des prises

    d’eau et mieux gérer les sédiments (évolution des aménagements pour restaurer le transport

    naturel des sédiments). En termes de sûreté, des dispositifs d’alerte (notamment la génération

    d’une vague d’alerte) sont mis en place avant des lâchers d’eau, des évacuateurs de crue sont

    reconstruits et des dissipateurs d’énergie sont installés pour mieux réguler les variations de

  • 18

    débit. EDF augmente la production en remplaçant ses turbines par des modèles plus puissants,

    plus efficaces et à vitesse variable (pour les STEP˟) [D42]. Plusieurs STEP marines sont en

    projet à la Réunion, à la Guadeloupe et en Martinique.

    EDF-OA

    EDF-OA (OA pour Obligation d’Achat) gère une mission de service public : racheter, dans des

    conditions fixées par l’état, l’électricité produite par les petits producteurs des filières solaire,

    éolienne, hydroélectrique, mais aussi cogénération, biogaz, biomasse et incinération. EDF-OA

    établit des contrats d’obligations d’achat avec ces producteurs, voir www.edf-oa.fr.

    RTE

    RTE transporte l’électricité depuis la production jusqu’à la distribution. L’entreprise a pour

    clients une cinquantaine de producteurs, des négociants en électricité, des entreprises clientes

    (industrie, transport ferroviaire), et des distributeurs comme ENEDIS. Une grosse installation

    hydroélectrique raccordée à un réseau de plus de 50 KV fixe avec RTE une convention ou un

    contrat d’accès au réseau (CART).

    ENEDIS

    ENEDIS (anciennement ERDF) a une mission de service public : la distribution d’électricité à

    chaque usager (particuliers, entreprises …). ENEDIS définit un contrat CARDi (Contrat

    d’Accès au Réseau de Distribution en injection) avec les petits producteurs qui délivrent leur

    électricité directement sur cette partie du réseau.

    I.4 Les acteurs privés et associatifs

    Les associations/fédérations d’exploitants hydroélectriques

    SHF Société Hydrotechnique de

    France

    Produit chaque année un guide & un annuaire,

    publie la revue ‘La Houille Blanche’

    UFE Union Française de l’électricité

    SER Syndicat des EnR

    FHE France Hydro Electricité

    www.france-hydro-

    electricite.fr

    Syndicat national représentant la petite hydro.

    Carte des 570 sites hydro des adhérents (puissance

    cumulée de 4.350 MW)

    EAF Electricité Autonome Française

    www.federation-eaf.org

    Représentation nationale des producteurs indé-

    pendants et des porteurs de projet hydroélectriques,

    mais aussi des BE et des fabricants de matériel.

    Mhylab Label européen des machines

    hydrauliques

    CFBR Comité Français des Barrages

    et Réservoirs

    FDMF Fédérations des Moulins de

    France

    Fédération de 90 associations, des entreprises et

    10.000 adhérents, qui promeut la remise en service

    des moulins dans leur activité initiale (farine,

    huiles, …) mais aussi la valorisation en électricité.

    FFAM Fédé. F. des Associations de

    sauvegarde des Moulins

    Fédération de 110 associations et 10.000 adhérents.

    www.moulinsdefrance.org

    Les bureaux d’études, les entreprises de génie civil, les fabricants de turbines

    De nombreux BE conçoivent des installations hydroélectriques (voir leurs coordonnées sur le

    site de FHE). D’autre BE spécialisées en études environnementales et des consultants (environ

    http://www.edf-oa.fr/http://www.shf-hydro.org/http://ufe-electricite.fr/http://www.france-hydro-electricite.fr/http://www.france-hydro-electricite.fr/http://www.federation-eaf.org/http://www.mhylab.com/home.phphttp://www.barrages-cfbr.eu/http://www.fdmf.net/http://www.moulinsdefrance.org/

  • 19

    600, dont quelques dizaines connaissent bien les impacts des PCH˟ [D01]) interviennent sur la

    rédaction des études d’impact. Les entreprises de génie civil qui travaillent sur des projets

    hydroélectriques et les fabricants de turbines hydrauliques (voir VIII.9) sont aussi référencées

    sur les sites de SHF ou FHE.

    Les exploitants d’usines hydroélectriques

    Voici les deux plus gros producteurs d’électricité hydraulique en France après EDF :

    SHEM Société

    hydroélectrique du

    Midi (1929)

    Filiale d’ENGIE, exploite 12 grands barrages et beaucoup de

    petites installations dans le Sud-Ouest (786 MW, 1,8 TWh).

    CNR Compagnie Nationale

    du Rhône (1933)

    Deuxième producteur d’électricité en France (15 TWh),

    créée pour l’aménagement hydroélectrique du Rhône,

    aujourd’hui filiale d’ENGIE. L’activité s’est diversifiée vers

    l’éolien (38 parcs), le solaire et la construction et la gestion

    de plateformes multimodales autour du transport fluvial.

    Les vendeurs d’électricité

    De nouveaux acteurs sont apparus sur le marché de la vente d’électricité récemment (Total,

    Casino, ...).

    Enercoop, par exemple, rachète de l’électricité d’origine renouvelable (90% d’hydraulique en

    2016) à un tarif plus élevé qu’EDF, sur des contrats de 30 ans, pour la revendre à ses clients.

    En 2017, la faible production hydraulique a obligé la coopérative à racheter 4% de son

    électricité sur le marché de gros. Depuis 2017, Enercoop veut donc diversifier et renforcer ses

    approvisionnements et annonce qu’elle veut acheter 33% d’électricité verte non hydraulique

    en 2019 [Alternatives Economiques, Nov. 2018].

    I.5 La Banque Mondiale

    Créée en 1944 pour la reconstruction après la guerre, la Banque Mondiale encourage le

    développement économique durable et lutte contre la grande pauvreté. Elle finance de grands

    projets dans les domaines de l’énergie, de l’irrigation, de l’éducation en général, des ressources

    en eau et en alimentation, des transports, …Parmi les 12.000 projets soutenus, la banque a aidé

    au financement de grandes usines hydroélectriques pour un montant global de 75 Md$ [C07].

    Pour lutter contre le réchauffement climatique, l’institution investit dans de nouvelles capacités

    de production d’EnR (30 GW supplémentaires d’ici 2020).

    Jusqu’au début des années 90, beaucoup de projets de la Banque Mondiale ont accumulé les

    critiques. L’institution a pris conscience des problèmes et a interrompu les crédits entre 1993

    et 2003 pour refonder ses principes d’investissement et définir un cahier des charges plus

    contraignant en termes d’environnement et de délocalisation des populations.

    La Banque Mondiale présente un certain nombre d’études sur l’hydroélectricité, et notamment

    sur l’impact du changement climatique sur les installations hydroélectriques des pays en

    développement. Voir https://openknowledge.worldbank.org/.

    http://www.shem.fr/fr/http://www.cnr.tm.fr/https://openknowledge.worldbank.org/

  • 20

    II L’eau, la ressource en eau

    II.1 Introduction

    L’eau est à la fois une ressource et un milieu ; le milieu aquatique est le milieu primordial qui

    a permis l’apparition des premiers organismes sur Terre. L’eau est présente à toutes les échelles

    (de la cellule à l’atmosphère terrestre), changeant sans cesse de phase, se déplaçant en

    permanence.

    A l’échelle d’un être vivant, l’eau est un constituant essentiel : un corps adulte humain en

    contient par exemple 55%. L’eau circule dans tout l’organisme, traverse les parois des cellules,

    véhicule les minéraux et les substances organiques, élimine les déchets, catalyse des réactions

    chimiques. L’eau n’est pas stockée dans l’organisme, elle est éliminée et doit donc être

    renouvelée sans cesse. Pour les animaux à sang chaud, l’eau transporte la chaleur et régule les

    excès de chaleur par la transpiration.

    A l’échelle des espaces naturels, l’eau est un solvant qui ronge et érode les matériaux les plus

    durs, dissout les sels, s’écoule en surface (entrainant avec elle des matériaux légers ou lourds)

    et en profondeur (à travers le sol). L’eau des pluies, des rivières et des océans façonne les

    paysages et engendre des milieux variés, riches en espèces animales et végétales.

    A l’échelle de la planète, sous forme liquide ou gazeuse, l’eau capte, stocke et transporte de la

    chaleur solaire dans de grands mouvements océaniques et atmosphériques. La vapeur d’eau

    participe à l’effet de serre naturel et rend la surface de la terre plus propice à la vie.

    Grâce à ses propriétés et sa disponibilité, l’eau est une ressource très utilisée pour des activités

    humaines domestiques ou professionnelles. Ce chapitre décrit rapidement l’eau, le cycle de

    l’eau, la ressource et les principaux usages.

    II.2 La composition de l’eau

    L’eau de surface contient des molécules H₂O, des gaz dissous (oxygène, dioxyde de carbone,

    azote, méthane, …), des substances minérales dissoutes (dont des ions calcium, magnésium,

    sodium, potassium), des substances minérales en suspension (limon, argile, sable…), des

    substances organiques (ammoniac, nitrates, sulfates, chlorures, carbonates, …) provenant de la

    dégradation de la matière organique et de l’activité humaine, …La composition de l’eau varie

    beaucoup selon le bassin mais aussi au cours du temps, elle est déterminante pour le milieu

    aquatique.

    II.3 Le cycle de l’eau

    L’eau sur la planète représente environ 1,4 milliard de km³ d’eau, dont 33 millions de km³

    (2,5%) sur les continents, 0,2 million de km³ dans les lacs et rivières et 13.000 km³ dans

    l’atmosphère [C15]. Elle parcourt un cycle animé par l’énergie du rayonnement solaire, avec

    des mouvements dans toutes les directions de l’espace, dans tous les milieux (air, rivière, océan,

    sols), avec des changements de phase… Ce cycle est complexe (étude nécessaire des flux, des

    stocks, des phénomènes généraux et locaux, des boucles quotidiennes, saisonnières ou

    interannuelles, …) et n’est pas figé (voir chapitre IV).

    L’eau est semi-renouvelable, son cycle complet s’effectue sur une échelle de temps géologique,

    et la gestion de l’eau doit donc, elle-aussi, se placer sur le long terme.

  • 21

    II.3.1 L’eau liquide

    L’eau douce ‘flux’

    L’eau flux, c’est l’eau des précipitations et des rivières. Dans le cycle de l’eau, la pluie (par

    condensation de la vapeur d’eau) et l’écoulement de la rivière sont des étapes très courtes (l’eau

    de rivière atteint la mer en une semaine, en moyenne). L’utilisation de cette eau-flux ne pose

    pas de problème de soutenabilité lorsque les différents usages sont respectés. La distribution

    d’eau-flux n’est pas homogène, elle dépend des précipitations, de l’évaporation, du relief, de

    la végétation, des vents…L’eau de pluie entraine des substances de l’air (polluants, pollen, …)

    vers le sol, elle lessive et s’enrichit de ce qu’elle rencontre, ce qui lui donne une qualité

    incertaine et variable.

    L’eau douce ‘stock’

    L’eau-stock est contenue dans plusieurs types de nappes : les nappes phréatiques, les plus

    superficielles (quelques mètres sous la surface du sol), se rechargent en quelques semaines ou

    années tandis que les nappes les plus profondes se rechargent sur des millénaires. L’usage de

    l’eau souterraine se banalise : en France, 2/3 de l’eau potable est produite à partir d’eau

    souterraine ; en Chine, certains prélèvements s’effectuent à plus de 1000 m de profondeur.

    La qualité de l’eau est plus stable et généralement meilleure qu’en surface (filtrée par les sols,

    minéralisée) et un forage coûte en général moins cher, pose moins de contraintes

    administratives et moins de problèmes techniques qu’une prise d’eau en rivière.

    L’utilisation de l’eau souterraine pose des problèmes de soutenabilité et des experts estiment

    que l’eau souterraine devrait être uniquement exploitée comme stock de secours. La

    surexploitation des nappes entraine parfois un affaissement du sol (de 10 à 20 cm par an dans

    certains endroits de Californie) et la salinisation progressive de l’eau souterraine (des arrivées

    d’eau de mer se mélangent à l’eau douce). De plus, les nappes souterraines peu profondes

    jouent un rôle important dans le soutien d’étiage˟ des rivières. L’idée même d’eau vue comme

    un stock est parfois dénoncée, en rappelant le caractère cyclique de l’eau [D07].

    L’eau salée

    Le volume d’eau de mer est d’environ 1,36 milliard de km³ [C15]. Cette phase du cycle de

    l’eau est particulièrement longue (environ 4.000 ans).

    II.3.2 L’eau dans l’atmosphère

    L’atmosphère contiendrait 13.000 km³ d’eau (98% sous forme de vapeur et 2% sous forme

    condensée, dans les nuages) à une concentration moyenne de 3 ‰. Environ 80% de la pluie

    retombe sur les continents (40.000 km³/an). La phase atmosphérique de l’eau est courte (de 1

    à 2 semaines dans l’atmosphère avant de se condenser et de retomber en pluie), et les 2/3 de

    l’eau de pluie en France s’évaporent rapidement (voir tableau 1).

    II.3.3 L’eau solide

    L’eau douce solide représente environ 2% de l’eau, stockée sous forme de glaces aux pôles et

    dans les glaciers. L’eau stockée dans les glaces peut être très ancienne, parfois des milliers

    d’années, avant de changer d’état et de repartir dans le cycle de l’eau.

  • 22

    II.3.4 L’infiltration

    L’infiltration dépend notamment de la géologie (le sous-sol granitique de la Bretagne limite

    l’infiltration) et de la qualité de la terre (une terre dure et sèche limite l’infiltration et augmente

    le ruissellement).

    II.3.5 L’évaporation

    L’évapotranspiration désigne à la fois l’évaporation de l’eau à la surface du sol et la

    transpiration des plantes. Comme indiqué ci-dessous, l’évapotranspiration est très importante

    en France : 2/3 de l’eau de pluie (320 km³/an) repart dans l’atmosphère et seulement 1/3 de

    l’eau de pluie (186 km³/an) part vers les rivières et les nappes souterraines.

    En milliards

    de m³ par an

    (ou km³/an)

    Précipitations

    (A)

    Evapo-

    transpiration

    (B)

    Flux entrant

    (eau de

    surface)

    (C)

    Ressources

    en eau

    (D)=(A)-(B)

    +(C)

    Flux sortant

    (E)

    France 501 321 11 186 168

    Roy.-Uni 288 127 6,5 173 171

    Espagne 346 235 0 111 111

    Allemagne 307 190 75 188 182

    Suède 342 170 13,6 186 186

    Portugal 82 43,6 35 74 34

    Norvège 471 112 12,3 393 393

    Suisse 61 21 13 52 53

    Danemark 38 22 0 16 2 Tableau 1 : Les ressources en eau de plusieurs pays européens [Eurostat].

    Evaporation et précipitations sont liées : lorsque l’évaporation augmente, les précipitations

    augmentent aussi ; à l’opposé, l’évapotranspiration et les précipitations diminuent ensemble

    dans une zone récemment déboisée. L’évaporation mondiale est estimée à 470.000 km³/an. La

    majeure partie de cette évaporation provient des océans (où l’évaporation l’emporte sur les

    précipitations), complétée par 70.000 km³/an des continents [E01].

    II.3.6 La fonte des glaces

    Les glaciers continentaux régulent le débit des cours d’eau : les précipitations hivernales en

    altitude sont en grande partie stockées sous forme solide tandis que les températures douces du

    printemps et de l’été permettent la fonte naturelle lente d’une partie du stock de glace (soutien

    d’étiage).

    II.4 Les usages de l’eau

    Les usages de l’eau sont nombreux et variés : certains usagers prélèvent et rejettent l’eau dans

    la rivière après emploi (industrie, eau potable), d’autres usagers pompent l’eau sans la rendre

    à la rivière (irrigation). Certains usagers prélèvent de façon variable, d’autres de façon

    continue. Certains usages modifient la composition chimique (eau de nettoyage) ou la

    température de l’eau (eau de refroidissement d’équipements industriels).

    Deux façons de considérer l’eau

  • 23

    L’eau vue comme une ressource est un bien privé qui peut faire l’objet d’un marché

    concurrentiel (offre/demande), qui peut être facturée. Elle est un bien de consommation pour

    le particulier et elle est un facteur de production pour l’agriculteur ou l’industriel ; le principe

    de rivalité s’applique (un seul des acteurs la consomme) et les exclusions d’usage peuvent

    s’appliquer (on peut exclure un acteur par un contrat passé avec un autre acteur, …) [E01].

    L’eau vue comme un milieu naturel est un bien commun géré par une autorité publique,

    impossible à vendre sur le marché. Il est difficile de donner une valeur à cette eau, d’estimer

    tous les services qu’elle rend, d’évaluer la dépense à faire pour la préserver et de calculer le

    coût à supporter si elle disparait [E01].

    Le pillage de l’eau

    La perception de la valeur de l’eau a changé depuis l’économiste J.B. Say (années 60) qui

    prétendait que l’eau, illimitée, n’avait aucune valeur économique [E03]. L’usage de l’eau est

    affecté par deux effets économiques:

    1- la « tragédie des communs », où chaque usager a tendance à s’approprier cette

    ressource d’accès libre et considère que son prélèvement est négligeable. La

    compétition entre acteurs mène à la surexploitation d’abord, puis à la disparition de la

    ressource (pour Garrett Hardin qui a décrit cet effet, il faut résoudre ce problème par la

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