conservation et exploitation durable des mangroves …
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Mémoire pour l’obtention du Diplôme d’Étude Supérieure Spécialisée en
Développement Local et Gestion des Projets
CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES AU
SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DU DELTA DE TSIRIBIHINA
Impétrant :
RAMAROSANDRATANA Andrimanjaka
Membres du jury :
Président du jury : Professeur RAMIARAMANANA Jeannot
Examinateur : Docteur MAHAVELO Justine Gentilini
Encadreur pédagogique : Professeur RAMAMONJISOA Bruno
Encadreur professionnel : Monsieur RANDRIAMANANTENA Dannick
Date de soutenance : 08 Mai 2015
Année Universitaire : 2011 – 2012
UNIVERSITÉ D’ANTANANARIVO
……………………………
FACULTÉ DE DROIT, D’ÉCONOMIE, DE GESTION
ET DE SOCIOLOGIE
……………………………
Département ÉCONOMIE
Troisième Cycle – DESS « DLGP »
Développement Local et Gestion des Projets
UNIVERSITÉ D’ANTANANARIVO
……………………………
FACULTÉ DE DROIT, D’ÉCONOMIE, DE GESTION
ET DE SOCIOLOGIE
……………………………
Département ÉCONOMIE
Troisième Cycle – DESS « DLGP »
Développement Local et Gestion de Projets
Mémoire pour l’obtention du Diplôme d’Étude Supérieure Spécialisée en
Développement Local et Gestion de Projets
CONSERVATION ET EXPLOITATION DURABLE DES MANGROVES AU
SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DU DELTA DE TSIRIBIHINA
i
REMERCIEMENTS
À Dieu tout Puissant !!!
En préambule à ce mémoire, il convient de souligner que si le présent mémoire a pu
être réalisé, ce n’est pas seulement par mes efforts personnels, mais surtout grâce aux aides
précieuses prodiguées par toutes les personnes qui de près ou de loin, ont contribué à sa
réalisation. Je leur adresse mes vives reconnaissances pour avoir sacrifié une grande partie de
leur temps précieux à ce travail.
Je tiens à remercier sincèrement le Professeur Bruno RAMAMONJISOA, qui, en tant
qu’encadreur pédagogique, s’est toujours montré à l’écoute et très disponible tout au long de la
réalisation de ce mémoire, ainsi pour l’inspiration, l’aide et le temps qu’il a bien voulu me
consacrer et sans qui ce mémoire n’aurait jamais vu le jour.
Mes remerciements s’adressent également à Monsieur Dannick
RANDRIAMANANTENA, Landscape Leader du Paysage Terrestre des Mangroves de
Tsiribihina - Manambolo dans le programme marin du WWF, pour sa générosité et la grande
patience dont il a su faire preuve malgré ses charges professionnelles. J’exprime ma gratitude
à toute l’équipe du WWF Madagascar, particulièrement l’équipe du WWF Morondava, et à
toutes les entités rencontrées lors des recherches effectuées sur le terrain.
Je réitère mes remerciements à tous les enseignants et personnels administratifs au sein
du Département Economie – Faculté DEGS.
Je n’oublie pas ma famille pour leur contribution, leur soutien et leur patience.
Enfin, j’adresse mes sincères remerciements à tous mes proches et amis, qui m’ont
toujours soutenu et encouragé au cours de la réalisation de ce mémoire.
Merci à toutes et à tous !
ii
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS ................................................................................................................... i
SOMMAIRE .............................................................................................................................. ii
LISTE DES TABLEAUX ......................................................................................................... iii
LISTE DES FIGURES .............................................................................................................. iv
LISTE DES CARTES ................................................................................................................ v
LISTE DES PHOTOS ................................................................................................................ v
LISTE DES ABRÉVIATIONS ................................................................................................. vi
RÉSUMÉ .................................................................................................................................. vii
ABSTRACT ............................................................................................................................ viii
I. INTRODUCTION .......................................................................................................... 1
II. MÉTHODOLOGIE ........................................................................................................ 4
II.1. Problématique ......................................................................................................... 4
II.2. Hypothèses ............................................................................................................. 4
II.3. Indicateur de vérification des hypothèses .............................................................. 5
II.4. État des connaissances ........................................................................................... 7
II.5. Choix et présentation de la zone d’étude ............................................................. 21
II.6. Démarche méthodologique................................................................................... 23
II.7. Portées et limites de l’étude.................................................................................. 26
III. RÉSULTATS ET INTERPRÉTATIONS ................................................................ 27
III.1. État des lieux et tendance des mangroves dans le delta de Tsiribihina ................ 27
III.2. Réalités socio-économiques du delta de Tsiribihina ............................................ 38
III.3. État de vérification des hypothèses ...................................................................... 47
IV. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS ........................................................ 49
IV.1. Analyse SWOT du mode de gestion actuelle des mangroves .............................. 49
IV.2. Recommandations pour promouvoir le développement du delta de Tsiribihina dans
un contexte de gestion durable des mangroves ................................................................ 52
V. CONCLUSION ............................................................................................................ 58
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES .................................................................................... I
LISTE DES ANNEXES ........................................................................................................... III
TABLE DES MATIÈRES ....................................................................................................... IX
iii
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n°01 : Indicateurs et sources de vérification des hypothèses ...................................... 6
Tableau n°02 : Répartition des mangroves mondiales par région (2005) ............................... 12
Tableau n°03 : Les 15 premiers pays les plus riches en mangroves ....................................... 13
Tableau n°04 : Perte en couverture forestière de 1990 à 2010 – Deltas du Manambolo &
Tsiribihina ..................................................................................................................... 37
Tableau n°05 : Répartition de la population par niveau d’instruction, selon le fokontany .... 39
Tableau n°06 : Établissements d’éducation présents dans chaque fokontany ........................ 41
Tableau n°07 : Résultat du test de corrélation revenu*épargne .............................................. 44
Tableau n°08 : La matrice SWOT .......................................................................................... 49
iv
LISTE DES FIGURES
Figure n°01 : Distribution de la population par fokontany ..................................................... 38
Figure n°02 : Répartition de la population selon le niveau d’instruction ............................... 40
Figure n°03 : Répartition de la population selon leurs activités principales ........................... 41
Figure n° 04 : Répartition de la population selon leurs activités secondaires ......................... 42
Figure n°05 : Destination de la production issue de l’activité principale ............................... 44
Figure n°06 : Structure des dépenses ...................................................................................... 46
v
LISTE DES CARTES
Carte n°01 : Carte de localisation de la zone d’étude ............................................................. 22
Carte n°02 : Dynamique des mangroves du delta de Tsiribihina de 1990 à 2010 .................. 36
LISTE DES PHOTOS
Photo n°01 : La forêt de mangroves du delta de Tsiribihina (Andapotaly) ............................ 29
Photo n°02 : Les maisons construites avec les bois de mangroves à Kaday ........................... 31
Photo n°03 : Dégradation des écosystèmes de mangroves (Nosimaintso - Ambakivao) ........ 34
Photo n°04 : La pêche aux crabes et pesages auprès d’un collecteur à Kaday ....................... 54
Photo n°05 : Potentialité écotouristique de la zone (Antsakoamaliniky, Bevavà et Andapotaly)
.................................................................................................................................................. 55
Photo n°06 : Reboisement des mangroves dans les sites d’Andapotaly et de Bevavà ............ 56
vi
LISTE DES ABRÉVIATIONS
AGR Activités Génératrices de Revenus
CDB Convention sur la Diversité Biologique
CNUCC Convention-cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique
CR Commune Rurale
CTD Collectivités Territoriales Décentralisées
DREF Direction Régionale de l’Environnement et des Forêts
DRPRH Direction Régionale de la Pêche et des Ressources Halieutiques
DSM Direction des Statistiques des Ménages
EPM Enquête Périodique auprès des Ménages
FAO Food and Agriculture Organization of the United Nations
FTM Foiben-Taosarintanin’i Madagasikara
INSTAT Institut National de la Statistique
MARP Méthode Accélérée de Recherche Participative
ONG Organisation Non Gouvernementale
ONU Organisation des Nations-Unies
OPCI Organisation Publique de Coopération Intercommunale
PCD Plan Communal de Développement
PLD Plan Local de Développement
PNAE Plan National d’Action Environnementale
PNUE Programme des Nations-Unies pour l’Environnement
PRD Plan Régional de Développement
SIG Système d’Information Géographique
SOPEMO Société de Pêcherie de Morondava
SPSS Statistical Package for the Social Sciences
SRA Système de Riziculture Améliorée
SRI Système de Riziculture Intensive
STD Services Techniques Déconcentrés
SWOT Strength – Weakness – Oppotunities – Threats
USGS United States Geological Survey
VOI Vondron’Olona Ifotony
WCED World Commission on Environment and Development
WWF World Wildlife Fund
vii
RÉSUMÉ
Les mangroves, végétation caractéristique de la zone du delta de Tsiribihina, se trouvent parmi
les écosystèmes les plus productifs en biomasse de notre planète. A cet effet, les conditions de
vie de la population du delta sont fortement conditionnées par l’état de cette ressource.
Cependant, force est de constater que les pressions et menaces – anthropiques et naturelles –
qui pèsent sur cet habitat et sa biodiversité deviennent de plus en plus tangibles. De 1990 à
2010, les mangroves du delta de Tsiribihina ont perdu plus de 40% de sa superficie totale. Les
caractéristiques socio-économiques de la zone figurent parmi les principales causes de cette
dégradation. D’où la nécessité d’identifier des alternatives socio-économiques pour améliorer
le niveau de vie de la population dans un contexte de gestion durable des mangroves. Ainsi, la
promotion de la filière crabe et le développement de l’écotourisme se trouvent être les axes à
prioriser pour le développement local du delta. L’intensification des activités de restauration et
de reboisement des mangroves ainsi que d’un mode de gestion efficace des mangroves sont
indispensables pour assurer la conservation et l’exploitation durable de cette ressource.
Mots-clés : mangroves, dégradation, socio-économiques, gestion durable, développement
local, conservation, ressources naturelles
viii
ABSTRACT
Mangroves, vegetation characteristic of the delta of Tsiribihina area, are among the most
productive ecosystems in biomass of our planet. To this end, the living conditions of the delta's
population is strongly conditioned by the state of this resource. However, the pressures and
threats - natural and human - that affect this habitat and its biodiversity are becoming more
tangible. From 1990 to 2010, the delta of Tsiribihina's mangroves have lost over 40% of its
total area. The Socio-economic characteristics of the region are among the major causes of this
degradation. Therefore, it is necessary to identify the socio-economic alternatives to improve
the living conditions of the population in a context of sustainable management of mangroves.
Thus, promoting the crab industry and the development of ecotourism are the axes to prioritize
for the local development of the delta. The intensification of the restoration and reforestation
of mangroves, and an effective mangrove management is essential to ensure the conservation
and the sustainable use of this resource.
Keywords: mangroves, degradation, socioeconomic, sustainable management, local
development, conservation, natural resources
1
I. INTRODUCTION
Depuis la fin de la dernière guerre mondiale, le développement mondial d’un point de
vue global s’est progressivement accéléré. Selon le PNUE, le revenu par habitant moyen dans
le monde a franchi la barre des 5000 $ par an, soit 2,6 fois plus qu’en 19501. Parallèlement à ce
constat, le modèle de développement qui domine le monde actuellement connaît plusieurs
limites sous prétexte qu’il se fait de plus en plus au détriment des ressources naturelles
renouvelables et non renouvelables. Le processus de développement qui s’opère en ce moment
s’appuie en grande partie sur une utilisation abusive des ressources non renouvelables (pétrole,
minerais, etc.). C’est un développement très déséquilibré : les inégalités ne cessent de se creuser
entre les pays les plus riches et les pays les plus pauvres. Le monde tend vers un processus de
développement non renouvelable, non durable, source de conflits actuels et à venir.
En réponse à ces constats, la communauté internationale a évoqué le concept de
développement durable. Ledit concept vise à réconcilier le développement économique et social
à la protection de l’environnement ainsi qu’à la conservation des ressources naturelles. Le
développement durable est défini comme étant un développement permettant de répondre aux
besoins du présent sans pour autant compromettre la possibilité pour les générations futures de
satisfaire les leurs (ONU, 1987)2. Dans cette optique, ce type de développement qualifié de
« durable » repose sur 3 piliers majeurs : le social, l’économie et l’environnement.
Au niveau national, la prise de conscience accrue de l’Etat malagasy et sa volonté de
réconcilier la population avec son environnement naturel justifient son engagement à la
protection de l’environnement à travers la ratification des différentes conventions
internationales relatives à l’environnement à l’instar de la Convention de Rio, CDB, CNUCC
ou la Convention de Ramsar dans le but d’atténuer les menaces et de diminuer les pressions qui
pèsent sur les ressources naturelles malagasy. Cette initiative s’est concrétisée par l’adoption
des différentes lois relatives au domaine environnemental, dont la charte de l’environnement
1 PNUE, L’avenir de l’environnement mondial, 1999
2 ONU, Rapport de Brundtland, 1987
2
au début des années 90 et la mise en place du Programme National d’Action Environnementale
(PNAE) en 1991.
Sur le plan régional, à travers son Plan Régional de Développement (PRD), la Région
Menabe démontre sa détermination à s’impliquer dans ces différentes politiques
environnementales mises en place par l’État malagasy. Sa stratégie de développement basée sur
les prises d’initiatives en matière de protection et de gestion durable de ses potentialités
naturelles pour améliorer le bien-être de sa population matérialise sa contribution à la réalisation
desdites politiques. Les deux premiers axes stratégiques du PRD Menabe en sont la
concrétisation : redynamiser l’économie régionale par le développement des secteurs porteurs
de croissance, dont le secteur de la pêche, dans un cadre d’une exploitation rationnelle et d’une
gestion concertée des ressources naturelles.
Pour la zone du delta de Tsiribihina, la protection et la gestion durable des ressources
naturelles s’avèrent indispensables pour la relance de l’économie. La forte présence des
mangroves dans cette zone constitue un atout majeur pour relancer l’économie locale. Pour
Madagascar, les plus vastes étendues de mangroves se trouvent sur la partie occidentale de l’île.
La valorisation de cette ressource est nécessaire pour déclencher le processus de développement
au niveau de cette zone. En effet, les mangroves procurent des ressources halieutiques et
forestières importantes pour les populations riveraines. Elles se trouvent parmi les écosystèmes
les plus productifs en biomasse de notre planète.
L’importance de cet écosystème dans la vie quotidienne de la population locale se
trouve à la base des différents efforts déployés pour protéger et gérer durablement cette
ressource. Cela justifie la présente étude qui s’intitule « Conservation et exploitation durable
des mangroves au service du développement du delta de Tsiribihina ». D’un côté, cette étude
cherche à établir un état des lieux de l’écosystème de mangroves dans cette zone et son impact
sur les conditions de vie de la population. De l’autre côté, elle vise à valoriser cette ressource
et sa contribution dans le développement de la localité. À l’issue de cette étude, des
recommandations seront dégagées pour améliorer le cadre de vie de la population de manière
durable.
Ainsi, seront présentées successivement dans le présent document les parties
suivantes :
3
La méthodologie : la première partie exposera les démarches méthodologiques
adoptées tout au long des différentes étapes de la réalisation de ce travail ;
Les résultats : la deuxième partie décrira les différents résultats de l’étude ainsi que
ses interprétations ;
Les discussions et les recommandations : la troisième et dernière partie proposera des
stratégies à adopter et des actions à mettre en œuvre compte tenu des résultats et de l’état
des lieux établi.
4
II. MÉTHODOLOGIE
II.1. Problématique
La pauvreté à Madagascar, dont le taux se maintient aux alentours de 75 à 78 %
(INSTAT/EPM, 2010), est concentrée de façon disproportionnée dans les zones rurales. Étant
donné qu’elle se fait sentir davantage dans les zones reculées telles que le delta de Tsiribihina,
les ressources naturelles jouent un rôle crucial pour assurer des moyens d’existence durables
pour la population. Les moyens d’existence dans ces zones sont étroitement liés à l’état des
ressources naturelles qui constituent le principal actif en milieu rural. Les populations riveraines
des mangroves tirent d’importants revenus provenant de l’exploitation du bois, de la pêche, de
la riziculture ou de toutes autres activités en relation avec cet écosystème dont notamment la
récolte de miel et de plantes médicinales.
Cependant au cours de ces dernières années, force est de constater que les menaces
anthropiques et climatiques qui pèsent sur cet habitat et sa biodiversité deviennent de plus en
plus tangibles. La situation de pauvreté dans les mondes ruraux est un facteur non négligeable
de la dégradation des ressources naturelles se traduisant par une perte en surface des habitats
naturels et par une menace de disparition de certaines espèces. Le manque de bois de chauffage,
la croissance démographique non maîtrisée, les pratiques agricoles inadaptées et les migrations
vers les zones côtières sont les principales causes parmi tant d’autres de la dégradation des
mangroves. Quelles alternatives socio-économiques pourraient à la fois contribuer à la gestion
durable des ressources naturelles – les mangroves – et à l’amélioration du niveau de vie de la
population locale ?
II.2. Hypothèses
Pour répondre à cette problématique, trois hypothèses ont été retenues :
Hypothèse 1 : Les mangroves du delta de Tsiribihina sont en dégradation.
Hypothèse 2 : Le mode de vie de la population riveraine se trouve à la base de la
dégradation des mangroves constituant ainsi les facteurs limitatifs à la mise en œuvre
effective de la politique de gestion communautaire des ressources.
Hypothèse 3 : Les activités alternatives identifiées créent de la valeur ajoutée pour les
populations locales dans un contexte de gestion durable des mangroves.
5
Ainsi, l’objectif de ce travail consiste, d’une part, à identifier les facteurs limitatifs à
la conservation et à la gestion durable des mangroves et, d’autre part, à déterminer les priorités
stratégiques des actions de développement à mettre en œuvre afin d’améliorer les conditions de
vie de la population locale dans le cadre d’une gestion rationnelle de l’écosystème de
mangroves.
Cet objectif global se décline en trois objectifs spécifiques :
L’état des lieux de l’écosystème de mangroves ainsi qu’un état des lieux socio-
économique de la zone du delta de Tsiribihina sont établis ;
Les facteurs contraignants à la mise en œuvre effective de la gestion communautaire
des ressources naturelles sont identifiés ;
Les activités alternatives pour améliorer le niveau de vie de la population sont
identifiées compte tenu des causes de la dégradation des mangroves.
II.3. Indicateur de vérification des hypothèses
Afin de vérifier les hypothèses avancées, des indicateurs ont été choisis. Ces
indicateurs ainsi que les méthodes de collecte possibles sont résumés dans le tableau suivant.
6
Tableau n°01 : Indicateurs et sources de vérification des hypothèses
Hypothèses Indicateurs Méthodes de collecte
Les mangroves du delta de Tsiribihina
sont en dégradation.
— Évolution de la superficie de la forêt des
mangroves ;
— Taux de déforestation ;
— Taux d’évolution de la couverture
forestière.
Analyse cartographique multidate
SIG et Télédetection
Le mode de vie de la population
riveraine se trouve à la base de la
dégradation des mangroves constituant
ainsi les facteurs limitatifs à la mise en
œuvre effective de la politique de
gestion communautaire des ressources.
— Caractéristiques socio-économiques de la
zone (mode de vie) ;
— Pressions et menaces qui pèsent sur les
mangroves (anthropiques et naturelles).
Enquête Ménage
Focus group
Enquête informelle
Les activités alternatives identifiées
créent de la valeur ajoutée pour les
populations locales dans un contexte de
gestion durable des mangroves.
— Filières porteuses ;
— Revenus ; Epargne
— Taux d’évolution de la couverture
forestière ;
Analyse SWOT
Enquête ménage
Analyse cartographique (SIG)
7
II.4. État des connaissances
Dans cette partie du travail sera regroupé l’ensemble des connaissances théoriques qui
permettront d’interpréter plus facilement les résultats de la présente étude. Par rapport à la
réalité, les différentes informations explicitées dans les parties qui suivent vont servir de repères
dans la conduite de ce travail.
II.4.1. Généralités sur l’écosystème de mangroves
Les forêts de mangroves sont des écosystèmes intertidaux qui poussent principalement
dans les régions côtières tropicales3. Malgré leur faible diversité floristique, comprenant des
arbres et des arbustes, les mangroves figurent parmi les écosystèmes les plus productifs et les
plus menacés dans le monde. Au cours des dix dernières années, la zone de mangrove a
considérablement diminué partout dans le monde. Pour le cas du continent africain, la superficie
totale des mangroves a connu une baisse de 14 % sur 25 ans (1980 à 2005)4.
II.4.1.1. Définition
Dérivé du mot malais « mangui », étymologiquement, le terme « mangrove » désigne
une forêt constituée de palétuviers qui poussent dans l’estran (zones entre les plus hautes et les
plus basses marées)5. C’est un écosystème caractéristique des zones littorales.
« La mangrove est définie comme étant l’ensemble des formations végétales,
arborescentes ou buissonnantes, qui colonisent les atterrissements intertidaux marins ou
fluviaux des côtes tropicales »6. Les mangroves se définissent alors comme des forêts d’arbres
ou d’arbustes qui se développent dans la zone de balancement des marées des zones tropicales :
elles se trouvent généralement dans les deltas, les baies ou les lagunes des bords de mer. C’est
une végétation typique des régions littorales marines tropicales.
3 CONCHEDDA G. et al., An Object-based Method for Mapping and Change Analysis in Mangrove Ecosystems,
International Society for Photogrammetry and Remote Sensing, vol.63, p.p. 578-589, 2008
4 FAO, Mangroves of Africa 1980-2005 : Country Reports, 2007
5 CABANIS, V., CHABOUIS, L., CHABOUIS, F., Végétaux et groupements végétaux de Madagascar et des
Mascareignes, 1969, 331 p.
6 MARIUS (1985) in FELLER, C., SITNIK, M., Mangrove Ecology Workshop Manual, Washington, 1996
8
Essentiellement formées de palétuviers, les mangroves se caractérisent par sa capacité
de s’adapter à un milieu plus ou moins hostile :
- milieu avec un taux de salinité élevé ;
- racines immergées pour la plupart des espèces ;
- milieu pauvre en oxygène et en nutriments.
Les forêts de mangroves peuvent grandir comme des arbres ou des arbustes en fonction
des conditions et des caractéristiques de la zone dans laquelle elles se développent : elles
peuvent atteindre une hauteur d’une trentaine de mètres si les conditions environnementales
sont favorables ou rester dans les 2 à 3 m dans le cas d’une salinité très élevée de l’eau.
II.4.1.2. Notions sur l’étude écologique des mangroves
La forêt de palétuviers est relativement pauvre en espèce pour la simple raison qu’elle
se développe dans un environnement physique très sélectif : faible oxygénation, forte
fluctuation de la salinité des eaux, etc. Par sa localisation dans la zone intertidale, la dynamique
océanique exerce un important contrôle physique – et par conséquent biologique – et détermine
les critères de sélection des espèces.
a. Répartition et structure de la forêt de mangroves
Le développement intensif des mangroves a lieu dans les estuaires des grands fleuves
s’écoulant sur les plateaux continentaux peu profonds, comme le delta du Gange au Bangladesh,
le Fly en Papouasie-Nouvelle-Guinée ou encore le delta du Mékong au Vietnam. L’Amazone
et le Congo, les deux plus grands fleuves du monde, n’ont pas de vastes peuplements de
mangroves principalement en raison de la présence trop importante d’eau douce dans ces zones.
Les facteurs suivants sont considérés comme les principaux déterminants de la répartition de la
mangrove :
Les facteurs climatiques
Les mangroves sont des espèces tropicales et ne tolèrent pas le froid. Leur répartition
dans le monde varie en fonction des températures de l’air et de l’eau7. L’abondance des
7 TOMLINSON, P. B., The Botany of Mangroves, Cambridge University Press, Cambridge, United Kingdom,
1986
9
mangroves est également affectée par l’aridité. Le développement est beaucoup plus important
le long des côtes qui ont un niveau élevé de précipitations8.
Le taux de salinité
Le sel n’est généralement pas une exigence pour la croissance, puisque la plupart des
mangroves peuvent se développer en eau douce. Cependant, elles ne se développent pas
seulement dans l’eau douce en raison de la concurrence entre les nombreuses espèces vivant
dans cet habitat. La salinité est donc importante dans l’élimination d’autres espèces de plantes
vasculaires qui ne sont pas adaptées à la croissance dans une zone d’habitat saline.
La fluctuation des marées
L’influence des marées n’est pas non plus une obligation, mais joue un rôle important
dans le développement des forêts de palétuviers. L’inondation d’eau salée permet d’exclure la
plupart des autres plantes vasculaires et réduit considérablement la concurrence. La marée
apporte également de l’eau salée dans les estuaires contre l’écoulement d’eau douce et favorise
le développement des mangroves à l’intérieur des terres. Avec une évaporation élevée, les
marées peuvent contribuer à la réduction du taux de salinité de l’eau.
L’effet de cette « subvention des marées » peut être apprécié sur deux échelles de
paysage. D’une part, au niveau régional, les mangroves qui poussent dans les régions basses
avec une grande amplitude de marées connaissent un développement plus important9. D’autre
part, à l’échelle locale, les arbres les plus proches des bords, qui sont soumis à la plus grande
fluctuation des marées, sont évidemment plus grands et plus productifs que les arbres qui se
développent à l’intérieur des terres10.
Les sédiments et l’énergie des vagues
Les mangroves se développent mieux dans un environnement où les sédiments
abondent avec une faible énergie des vagues. Les grosses vagues empêchent l’établissement de
8 MACNAE, W., A General Account of the Flora and Fauna of Mangrove Swamps in the Indo-Pacific region,
Advances in Marine Biology, 1969
9 GOLLEY, F. B., McGINNIS, J. T., CLEMENTS, R. G., CHILD, G. I., DUEVER, M. I., Mineral Cycling in a
Tropical Moist Forest Ecosystem, University of Georgia Press, Athens, 1975
10 McKEE, K. L., FAULKNER, P. L., Mangrove Peat Analysis and Reconstruction of Vegetation History at the
Pelican Cays, Atoll Research Bulletin 468: 46-58, 2000
10
propagules, exposent les systèmes racinaires peu profonds et empêchent l’accumulation de
sédiments.
b. Zonation
L’abondance et la variation spatiales des espèces sont fréquemment observées dans de
nombreux types d’écosystèmes. La zonation des communautés végétales dans les habitats
intertidaux est particulièrement frappante.
La grande variation dans la composition floristique des communautés de mangroves
signifie que les modes de distribution des espèces à travers la zone intertidale varient
considérablement à travers les régions géographiques. Par exemple, pour le cas de la Floride et
des Caraïbes, les mangroves rouges (Rhizophora racemosa) occupent les rivages, suivies par
les mangroves noires (Laguncularia racemosa, Conocarpus erecta) et les autres types de
mangroves viennent se positionner en troisième plan. Ce motif peut être en contraste avec un
profil de zonation des mangroves du Queensland (au nord de l’Australie) qui est non seulement
plus complexe en raison d’un plus grand nombre d’espèces, mais la position relative des espèces
congénères est inversée par rapport à la zonation des espèces en Floride.
Les modèles de zonation des mangroves peuvent également varier à l’échelle locale.
Les espèces peuvent varier d’un estuaire à un autre en réponse à des différences d’entrée en eau
douce. Les espèces trouvées à la fin large de l’estuaire peuvent être absentes dans les autres
zones. Bien que la zonation se réfère généralement à des motifs créés par la ségrégation de
différentes espèces, les différences de taille et la productivité des plantes à travers les gradients
environnementaux peuvent également engendrer des motifs facilement discernables. Les zones
peuvent être constituées de différentes formes architecturales qui représentent les variations de
hauteur et de la vigueur des palétuviers.
En plus de la répartition spatiale horizontale, les mangroves présentent également une
stratification verticale. De ce mode de répartition, trois strates majeures sont à distinguer : la
strate supratidale, la strate intertidale et la strate subtidale. L’assemblage unique des organismes
associés aux structures de mangroves végétatives caractérise chacune de ces strates. La strate
supratidale comprend les parties arboricoles de la forêt et est occupée par des oiseaux, des
reptiles, des crabes, des escargots, des insectes et des araignées. La strate intertidale s’étend sur
la zone de balancement des marées. Les organismes qui vivent dans cette zone (dont les
isopodes, les crabes, les huitres, les amphipodes, les escargots et les algues) éprouvent une
11
submersion périodique par les marées. La strate subtidale se limite à la laisse de basse mer où
les racines des mangroves fournissent des substrats pour les organismes adaptés à la submersion
constante.
c. Structure de la forêt
En plus de la zonation, les forêts de mangroves sont également caractérisées par des
attributs spécifiques tels que la richesse en espèces, la hauteur de la canopée, la surface terrière,
la densité des arbres, la répartition par âge ou encore la classification par taille des espèces.
Cette répartition est en grande partie conditionnée par le débit des fleuves, le niveau de
submersion, l’amplitude des marées, le niveau des précipitations, l’infiltration d’eau douce, la
fréquence des cyclones, etc.
Une autre caractéristique structurelle des forêts de mangroves est l’absence fréquente
de sous-étage d’espèces. L’absence de sous-étage est probablement liée à la combinaison de la
salinité, des inondations et des faibles niveaux de lumière, ce qui dépasse les limites de
tolérance des plantes11. Un sous-étage peut se développer dans le cas où le couvert est ouvert
(permettant la pénétration de la lumière au sol) ou lorsque la pluie ou les ruissellements d’eau
douce diminuent le taux de salinité. Il peut également y avoir une seconde couche composée de
jeunes pousses, mais les densités sont plus importantes dans les trouées de lumière.
d. La distribution des mangroves dans le monde
Les mangroves se trouvent généralement dans les régions tropicales et subtropicales
et elles sont présentes dans 124 pays et territoires12. L’estimation de la surface mondiale de la
mangrove diffère suivant les auteurs. En se basant sur les tendances et les données disponibles,
elle est estimée à 15,2 millions d’hectares en 2005 contre 18,8 millions d’hectares en 1980, soit
une perte en surface de 19,15 % (FAO, 2007). La plus vaste zone de mangroves se trouve en
Asie, suivie de l’Afrique et de l’Amérique (Amérique du Nord et Amérique centrale).
11LUGO, A. E., Mangrove Understory : An Expensive Luxury? Journal of Tropical Ecology n°2
12 FAO, The World’s Mangroves 1980 – 2005, Rome, 2007
12
Tableau n°02 : Répartition des mangroves mondiales par région (2005)
Régions Superficie (en milliers d’hectares)
Afrique 3 160
Asie 5 858
Amérique du Nord et Amérique centrale 2 263
Océanie 1 972
Amérique du Sud 1 978
Total mondial 15 231
Source : FAO, The world’s mangroves 1980 – 2005, Rome, 2007
Ce tableau donne un aperçu global de la répartition géographique de la forêt de
palétuviers dans le monde. Selon les chiffres de la FAO, l’Asie présente la plus grande
couverture en mangrove en matière de surface avec environ 5,9 millions d’hectares. La plus
grande étendue de mangroves dans le monde se trouve dans cette région avec un pourcentage
de 38,46 % des mangroves mondiales. Avec le continent africain, ils rassemblent un peu moins
de 60 % de la végétation de mangroves dans le monde. Les 40 % restants étant en Amérique et
en Océanie avec respectivement environ 27 % et 13 % de la superficie totale mondiale.
Une étude plus approfondie menée au niveau des pays a permis d’aboutir aux résultats
présentés dans le tableau qui suit. L’analyse et l’estimation de la surface de mangroves ont porté
sur 124 pays ayant été identifiés comme possédant une ou plusieurs espèces de mangroves.
13
Tableau n°03 : Les 15 premiers pays les plus riches en mangroves
Rang Pays Surface (ha) % total mondial % cumulé Région
1 Indonésie 3 112 989 22,6 22,6 Asie
2 Australie 977 975 7,1 29,7 Océanie
3 Brésil 962 683 7,0 36,7 Amérique du Sud
4 Mexique 741 917 5,4 42,1 Amérique du Nord et Centrale
5 Nigéria 653 669 4,7 46,8 Afrique
6 Malaisie 505 386 3,7 50,5 Asie
7 Myanmar 494 584 3,6 54,1 Asie
8 Nouvelle Guinée 480 121 3,5 57,6 Océanie
9 Bangladesh 436 570 3,2 60,8 Asie
10 Cuba 421 538 3,1 63,9 Amérique du Nord et Centrale
11 Inde 368 276 2,7 66,6 Asie
12 Guinée Bissau 338 652 2,5 69,1 Afrique
13 Mozambique 318 851 2,3 71,4 Afrique
14 Madagascar 278 078 2,0 73,4 Afrique
15 Philippines 263 137 1,9 75,3 Asie
Source : Giri et al., 201113
Sur la base de cette évaluation complète de la superficie des mangroves dans 124 pays,
la surface totale occupée par cette végétation est estimée à environ 15,2 millions d’hectares soit
0,7 % de la totalité des forêts tropicales mondiales. En se référant aux résultats présentés par le
précédent tableau, plus de 75 % des forêts de palétuviers sont concentrées dans seulement 15
pays. L’Indonésie se loge à la première place du classement en matière de superficie avec ses
quelque 3 millions d’hectares de mangroves. Avec l’Australie, le Brésil, le Mexique et le
Nigéria, ils accaparent un peu moins de la moitié des forêts de mangroves présentes dans le
monde. Ce sont les 05 pays les plus riches en mangroves, du moins en ce qui concerne la
superficie forestière.
13 GIRI, C., OCHIENG, E., TIESZEN, L., ZHU, Z., SINGH, A., LOVELAND, T., MASEK, J. and DUKE, N.,
Status and Distribution of Mangrove Forests of the World Using Earth Observation Satellite Data, Global Ecology
and Biogeography, 2011
14
II.4.2. Le concept de développement durable
Cette courte introduction a pour objectif de donner un aperçu global de ce qu’est le
développement durable et pourquoi il est si important. Ce paragraphe met l’accent sur les
diverses préoccupations concernant l’avenir de nos systèmes écologiques et économiques dans
un monde surpeuplé et caractérisé par les disparités sociales.
II.4.2.1. Origine du concept
En imaginant une forme de développement qui favorise une consommation équilibrée
et rationnelle des ressources, les gens ont déjà eu conscience depuis longtemps de la rareté des
ressources naturelles.
Les économistes classiques se sont rendu compte que la disponibilité des ressources
naturelles (capital naturel) est un facteur limitant de la croissance, ils ont déjà pensé à leurs
épuisements possibles et à leurs impacts sur la croissance et sur la répartition des richesses. De
là est évoquée par Adam Smith (1723-1790) la problématique d’« État stationnaire ».
Au milieu des années 50, l’impact des altérations de l’environnement sur le bien-être
humain a commencé à retenir l’attention publique, surtout après que l’on ait constaté des
problèmes de santé et des déséquilibres écologiques provoqués par la pollution.
En juin 1972 à Stockholm s’est tenue la première grande réunion internationale
consacrée à l’environnement.
De cette réunion a émergé un « mouvement écologique » auquel les différents acteurs
privés et publics ont participé.
Puis en 1987 fut publié le rapport « Notre avenir à tous » de la communication
mondiale pour l’environnement et le développement « Commission Brundtland ». On assiste à
l’apparition d’une nouvelle idée : « plutôt que de freiner la croissance économique, ne serait-il
pas préférable d’en changer la nature et d’en affecter une partie de la croissance à la protection
de notre patrimoine naturel ? »
Ceci fait allusion à l’importance de la dimension environnementale dans le processus
de développement afin d’assurer sa durabilité.
15
Le sommet de la terre qui s’est tenu à Rio en 1992 a imposé le « développement
durable » comme le grand dessein commun à tous les pays.
Le développement durable en lui-même, en se référant à sa définition, met l’accent sur
l’équité intergénérationnelle. La dimension temporelle du développement se trouve au centre
de ce concept. La dimension spatiale n’a pas été souvent prise en compte alors qu’il est
impossible d’asseoir le développement durable dans un contexte où il n’y a pas de territoire.
Logiquement, en plus de la dimension temporelle, le concept de développement durable
nécessite la prise en compte de la dimension spatiale : une combinaison parfaite entre ces deux
dimensions s’avère indispensable aussi bien sur le plan théorique que pratique.
II.4.2.2. Définition
Il existe une multitude de définitions du concept de développement durable, mais la
plus utilisée demeure celle présentée par la commission mondiale sur l’environnement et le
développement – WCED (World Commission on Environment and Development) en 1987.
Cette commission a défini le concept de développement durable comme un développement
répondant aux besoins actuels sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire
les leurs. Le développement durable soutient l’idée que le développement économique et social
soit réalisé sur une utilisation rationnelle des ressources naturelles de notre planète. Le
développement durable cherche en permanence à amorcer le progrès social et économique de
manière à ne pas épuiser les ressources naturelles qui sont limitées. Les besoins de la génération
actuelle sont réels et immédiats et il est nécessaire de trouver un moyen de répondre à ces
besoins tout en donnant une opportunité aux générations futures de répondre aux leurs. Les
ressources naturelles ne sont disponibles qu’en quantité assez limitée signifiant que les
générations futures peuvent être ne pas en mesure satisfaire leurs besoins si la génération
actuelle arrive à une exploitation abusive des ressources.
II.4.3. Approche théorique du développement local
Cette approche théorique aborde le développement local dans sa dimension humaine
et donc par-delà son aspect géographique et écologique. Comme le constate Bernard Pecqueur,
« le développement local est une dynamique qui met en évidence l’efficacité des relations non
16
exclusivement marchandes entre les hommes, pour valoriser les ressources dont ils
disposent »14.
Le principe de développement local se base sur une simple hypothèse : la qualité des
relations qui lient les acteurs dans la proximité contribue à produire des marges de manœuvre
nouvelles. Cela revient à penser que l’espace n’est pas soumis à des dynamiques uniquement
exogènes, liées à la mondialisation, mais qu’il est mis en mouvement par les hommes qui
l’habitent et en sont les acteurs. Le développement local peut donc être lu comme un processus
qui impulse, construit et conforte les dynamiques locales et autorise une amélioration
substantielle du bien-être de tous. Ainsi, le développement local dépasse l’idée de la croissance
économique pour se placer dans la sphère d’un développement durable associant les dimensions
économiques, sociales et culturelles.
La problématique du développement local se doit de considérer le triptyque « territoire,
acteur et développement » dans son ensemble. C’est donc clairement une action volontaire et
organisée qui a pour finalité le développement du territoire grâce à des initiatives émanant de
tous les acteurs qui interviennent sur le territoire.
II.4.3.1. Quelques définitions
Malgré les différentes tentatives de définition, le développement local ne peut être
défini de manière satisfaisante en quelques lignes et sans un minimum de recul
épistémologique. En effet, il possède autant de définitions qu’il y a d’auteurs. En extraire une
sans justification critique et analytique relèverait plus de la probabilité que de la démarche
scientifique. Le développement local pourra être selon les auteurs un processus, un état, une
politique, un résultat, une méthode ou voire une nouvelle idéologie.
Selon les époques et les auteurs, ce terme sera employé comme synonyme de
développement par le bas, développement endogène, développement régional, développement
territorial, etc. Quant à l’échelle d’application, elle sera celle du local, du territoire, de l’espace
vécu, de la région, etc. L’absence de consensus sémantique ou conceptuel n’a cependant pas
empêché l’expression d’être largement partagée. Si la somme des mots ne permet pas de définir
ce concept, la définition de chaque terme apportera plus d’éclaircissements sur ce flou
sémantique.
14 PECQUEUR Bernard, Le développement local : mode ou modèle, Paris, Ed. Syros Alternative, 1991
17
a. Le développement
Au sens large du terme, le concept de développement communique une idée de
croissance, d’expansion et de changement (vers une situation meilleure que la situation initiale).
Au cours du siècle dernier, le terme « développement » était très utilisé dans les domaines des
sciences sociales (économie, sociologie…), des sciences techniques (ingénierie) et des sciences
de la nature (biologie). Parmi toutes ces disciplines, une science en particulier a fait de cette
notion son concept clé, la science économique. Dans son acception économique, le
développement est défini par le Petit Larousse comme « l’amélioration qualitative et durable
d’une économie et de son fonctionnement ». Il est à noter que le développement est plutôt
qualitatif que quantitatif sous prétexte que ce terme englobe l’amélioration des conditions
humaines, sociales et culturelles, le développement vient compléter la notion de croissance
économique. Le concept de développement est également étroitement lié à l’idée de progrès
(économique), d’enrichissement d’une société ou d’un groupe social. Or, depuis quelques
décennies, la question du développement est devenue une préoccupation centrale, car elle
semble se trouver à la base des importantes inégalités qui existent actuellement entre les pays
riches et les pays pauvres. Au niveau national, cette situation se traduit par les différences de
niveau de développement entre les différentes régions d’une nation.
Le concept de développement traduit une volonté émanant de la population pour que
la croissance bénéficie à l’ensemble de la population et non à quelques personnes seulement.
Tel est l’enjeu de fond : générer du progrès pour toute la population.
b. Le local
Quant à lui, l’adjectif « local » peut être défini beaucoup plus simplement. Toujours
en se référant au Petit Larousse, c’est ce qui est « particulier à un lieu, à une région ou à un
pays ». S’il ne souffre pas d’autant de significations dans le dictionnaire que le mot
développement, il n’en va pas de même dans la littérature scientifique où définir le « local »
dépasse largement la question de la limite et de l’échelle. Dans un premier temps, le local peut
être assimilé à un espace géographique précis. Dans ce cas, les caractéristiques géographiques
comme le climat ou les types de sols délimitent la localité. Dans un second temps, la notion de
« local » renvoie à l’idée d’un espace administratif : collectivités territoriales décentralisées
(CTD) ou services techniques déconcentrés (STD). Au-delà de ces deux perceptions se trouve
l’espace de développement. Dans cette optique, le local est défini par l’identité socioculturelle
18
et les caractéristiques économiques spécifiques à une zone, dont les ressources naturelles, les
ressources économiques, l’ethnie, les croyances religieuses, les us et coutumes, etc.
L’adjectif « local » associé au mot développement ne fait pas que le qualifier, il lui
donne un sens nouveau. Prise dans son ensemble, l’expression appelle son indépendance vis-à-
vis des termes qui la composent. C’est ce troisième sens qui va être abordé maintenant.
c. Le concept de développement local
Si la terminologie « développement local » s’est imposée, la polysémie des termes
autorise une grande diversité des approches, parfois contradictoires. Trois grandes conceptions
du développement local sont à distinguer dans la littérature :
Le développement par en haut décliné localement ;
Le développement local synonyme de croissance locale ;
Le développement local comme concept indépendant.
Le développement appliqué au local
Il s’agit là d’une approche « Top – Down », ou plus exactement d’une projection
territoriale limitée de la stratégie de développement de l’État. L’adjectif « local » ne vient que
donner une dimension territoriale à une politique de développement initiée à un niveau
supérieur, le plus souvent national. Cette conception du développement local est très sélective
en matière de choix entre le centre et les périphéries, les zones d’activités à élargir ou les
réserves de ressources à exploiter15. Contrairement à cette première approche, il existe
l’approche « Bottom – Up » qui consiste à initier le développement depuis la base. Du choix
entre ces deux approches dépend la réussite de toute tentative de développement local. Cela
revient à opter pour l’une ou l’autre des deux démarches suivantes :
Planifier le développement d’un ou de plusieurs pôles de croissance : les effets
d’entraînements vont relancer l’ensemble du système économique :
Partir de la base, favoriser les initiatives locales et mobiliser les potentiels locaux
pour déclencher le processus de développement.
Les réponses à cette question diffèrent d’un auteur à un autre. Le choix entre ces deux
approches dépend également en grande partie des politiques de développement adoptées.
15 GREFFE Xavier, Territoires en France, Economica, 1984
19
Cependant, il ressort de cela que, sur la base des études bibliographiques, les auteurs du
développement local sont les partisans d’un développement amorcé par les initiatives locales.
Dans le premier cas, le développement local se réduirait à une projection territoriale
limitée du développement par en haut. Dans le second cas, le processus de développement local
sera la concrétisation de la volonté des acteurs locaux à prendre en main son propre
développement. Pour être viable, le développement local devrait s’appuyer sur la
complémentarité de ces deux approches. Une stratégie de développement local ne peut être ni
une projection territoriale imposée par l’autorité étatique qui va engendrer une importante
inégalité sociale (centres et périphéries) ni un projet autonome émanant de la base sans prise en
compte des politiques de développement nationales. Le développement local doit
impérativement prendre en considération un certain nombre d’objectifs et de contraintes dans
l’élaboration et la mise en œuvre des projets locaux.
La croissance locale
La seconde approche du développement local est essentiellement celle des
économistes qui le définissent comme synonyme de la croissance au niveau local, ou du moins,
le considère d’une manière ou d’une autre, comme une évolution économique locale. Les
caractéristiques sociales, culturelles et environnementales ne seraient que des facteurs à prendre
en compte dans l’étude des mutations économiques locales.
Le développement local comme un concept indépendant
Cette dernière conception considère le développement local comme une notion
indépendante, en réaction au développement par le haut, plus large que la seule croissance
économique et ancrée sur un territoire. Il est à noter que la suite de ce travail se base sur cette
conception du développement.
Afin d’illustrer cette conception du développement local, trois définitions ont été
retenues.
Selon Georges Benko, le développement local est une stratégie de diversification et
d’enrichissement des activités sur un territoire donné à partir de la mobilisation de ses
ressources (naturelles, humaines et économiques).16
16 BENKO Georges, Lexique de géographie économique, Armand Colin, 2001, 95 p.
20
Paul Houée définit le développement local comme une démarche globale de mise en
mouvement et en synergie des acteurs locaux pour la mise en valeur des ressources humaines
et matérielles d’un territoire donné, en relation négociée avec les centres de décision
économiques, sociaux et politiques dans lesquels ils s’intègrent.17
Pour Xavier Greffe, le développement local est un processus de diversification et
d’enrichissement des activités économiques et sociales sur un territoire à partir de la
mobilisation et de la coordination de ses ressources. Il sera donc le produit des efforts de la
population locale. Il mettra en cause l’existence d’un projet de développement intégrant ses
composantes économiques, sociales et culturelles. Il fera d’un espace de contiguïté un espace
de solidarité active.18
Malgré la diversité des approches voire des divergences entre les auteurs, l’étude
épistémologique de la notion de développement local fait ressortir un consensus autour d’un
certain nombre de caractéristiques. Étant qualifié de « local », ce type de développement doit
être ancré sur un territoire et s’appuie sur les ressources endogènes de ce dernier. De son origine,
le développement local peut être une réaction ou un rejet d’une politique de développement trop
centralisée. Dans cette optique, il se veut être une alternative au développement polarisé. Outre
la dimension économique, le développement local prend également en considération les
dimensions culturelles et sociales.
II.4.3.2. Les conditions du développement local
Sur la base de ces tentatives de définition, la réussite d’une stratégie de développement
local nécessite le respect de quelques conditions de base dont les plus importantes sont :
L’ancrage territorial des démarches de développement local : le dépassement des
logiques sectorielles plus que comme une circonscription spatiale de la décision. Le
territoire est ici un moyen et non une fin ;
Le processus d’intégration : c’est la question cruciale de la place du sujet au sein de la
société qui est posée ici. Elle revêt des formes multiples comme la mobilisation locale,
l’implication, la citoyenneté ou encore le sentiment d’appartenance ;
17 HOUÉE Paul, Les politiques de développement rural, 2e édition, INRA/Economica, 1996, p.213.
18 GREFFE Xavier, Territoires en France, Economica, 1984, p.146.
21
La prise en compte des dimensions culturelles : le développement local passe par le
repérage d’un système de valeurs, de croyances, de représentations qui doivent agir
comme des filtres pour la mise en place des actions de développement menées sur le
territoire ;
Adoption d’un mode de pensée complexe : il s’agit ici de développer des modes
d’apprentissage. Le développement n’est pas une logique simple de reproduction, mais
un processus complexe, cognitif dans lequel les acteurs du territoire doivent s’investir.
II.5. Choix et présentation de la zone d’étude
La zone d’étude est située dans la Région du Menabe, une Région parmi les plus riches
en biodiversité à Madagascar. Située sur la partie ouest de la Grande île, elle couvre une
superficie de 48 860 km² soit 8,4 % de la superficie totale du pays. Elle regroupe cinq (05)
districts : Morondava, Belo sur Tsiribihina, Miandrivazo, Manja et Mahabo. Le nombre total
d’habitants est estimé à 300 000 habitants soit une densité de 6,2 habitants/km² 19.
Majoritairement peuplée de Sakalava, la Région de Menabe demeure une forte zone de
migration dont les principaux migrants sont les gens venant des Hautes-Terres, du Sud-Est et
des Vezo. La pêche, l’agriculture et l’élevage constituent leurs principales activités qui
dépendent en grande majorité des ressources naturelles. La Région dispose également d’une
grande potentialité touristique contribuant à la promotion des activités dans ce secteur et au
développement régional en général.
Les Deltas de Tsiribihina et de Manambolo, situés respectivement dans les Régions
Menabe et Melaky, abritent le deuxième plus grand écosystème de mangroves de Madagascar
couvrant approximativement une superficie de 28 000 ha20. Ces zones de mangroves ont une
importance capitale pour les populations environnantes ainsi que pour de nombreuses espèces
endémiques.
L’étude a été effectuée essentiellement sur cinq (05) sites répartis dans trois (03)
communes du district de Belo sur Tsiribihina : Ambakivao, Andapotaly et Tambohobe (CR
Belo sur Tsiribihina), Kaday (CR Tsimafana) et Moravagno (CR Aboalimena). Dans ces
régions, les ressources naturelles subissent de plus en plus de pressions face à l’intensification
19 PRD, Région Menabe, 2005
20 WWF, Témoignages de Madagascar : Changement Climatique et modes de vie ruraux, 2010
22
des activités anthropiques et aux impacts du changement climatique. Pour rappel, ces trois (03)
communes rurales sont tous membres de l’OPCI AlokAina.
Carte n°01 : Carte de localisation de la zone d’étude
Source : FTM BD500, données collectées sur le terrain
23
II.6. Démarche méthodologique
Pour pouvoir établir un état des lieux exhaustif et suivre la tendance de l’évolution de
la végétation de mangroves, la connaissance de certaines données ainsi que de certains
paramètres s’avère indispensable. D’un côté, pour une meilleure gestion des ressources de
mangroves du delta de Tsiribihina, les données relatives aux diversités faunistique et surtout
floristique relatives à cet écosystème sont déterminantes. De l’autre côté, l’identification des
pressions et des menaces que les mangroves subissent s’avère être décisive pour évaluer les
perspectives d’évolution de la superficie de cet écosystème aussi bien dans le temps et que dans
l’espace. Concernant les aspects socio-économiques, les deux dimensions suivantes sont à
prendre en compte dans la définition des indicateurs et des données à collecter :
l’impact des actions de la population sur les ressources naturelles ;
l’apport des ressources naturelles sur la vie de la population.
Les assemblées villageoises et/ou les focus groups ont été largement utilisés sur
l’ensemble des cinq (05) sites étudiés, suivis d’une enquête individuelle par questionnaire
auprès des ménages et notamment auprès de la population cible. La technique d’observation
directe a été également utilisée pour compléter et vérifier les données collectées à partir des
outils classiques cités précédemment. Pendant les périodes de descente sur terrain, les
informations et les données socio-économiques ont été recueillies de façon participative.
Le diagnostic territorial est une démarche incontournable pour faire un état des lieux
le plus exhaustif. C’est une démarche inductive, c’est-à-dire établir des principes à partir des
données recueillies et les observations directes.
Pour apprécier le niveau structurel de chaque village et/ou du fokontany étudié, les
indicateurs retenus sont :
nombre et fonctionnalité des infrastructures socio-économiques ;
accessibilité géographique du village.
Les enquêtes auprès des ménages constituent une précieuse source d’information sur
les conditions de vie des ménages concernés. À cet effet, les indicateurs qu’on a retenus et jugés
comme pertinents pour évaluer les conditions de vie des ménages sont regroupés dans les
rubriques suivantes :
24
taille du ménage (nombre de personnes) ;
activité principale comme source de revenus des ménages (ainsi que l’activité
secondaire s’il y en a) ;
revenus du ménage : la propension moyenne à consommer ainsi que celle à épargner ;
structure des dépenses.
L’enquête s’est focalisée essentiellement sur les conditions de vie des ménages. Les
principaux résultats de l’enquête Ménage qu’on a réalisée seront présentés dans les paragraphes
ci-dessous.
II.6.1. Collecte des données secondaires
La phase de collecte des données secondaires consiste essentiellement en une analyse
préalable des informations disponibles sur la zone d’étude et sur le thème à traiter. Bien que les
informations secondaires collectées doivent toujours être manipulées avec prudence, elle
permet d’avancer plus rapidement et constitue une source précieuse d’informations
préliminaires. L’objectif de cette phase est de synthétiser les données disponibles sur le sujet et
sur la zone d’étude (PCD pour les communes, PLD pour les fokontany, etc.).
L’entretien avec les autorités locales (les présidents du fokontany et le secrétaire
général de l’OPCI Alok’Aina), les différents services techniques (DREF, DRPRH) et les
organismes intervenant dans le delta de Tsiribihina a permis d’aborder les aspects portant sur
la connaissance du milieu en général. Les informations ont été également collectées à travers
des entrevues avec les partenaires et les organismes de développement intervenant dans la zone.
Pour ce faire, un entretien semi-structuré a été utilisé.
II.6.2. Les entretiens collectifs avec la population
La Méthode Accélérée de Recherche Participative (MARP) a été utilisée. Cette
méthode permet de réunir et de traiter les informations de manière systématique avec un plus
grand nombre de répondants constitués en focus groups en fonction de l’aspect étudié.
Un guide a été élaboré pour les entretiens collectifs avec les populations couvrant tous
les aspects socio-économiques susceptibles d’apporter un éclaircissement sur les
problématiques suivantes :
25
la réduction de la pauvreté et les mécanismes sur lesquels il faudra s’appuyer pour
améliorer la situation du public cible ;
la dégradation des ressources naturelles et les actions devant contribuer à l’amélioration
de leur gestion.
II.6.3. Enquêtes ménages par l’intermédiaire d’un questionnaire
L’enquête par questionnaire constitue un outil important dans une démarche ayant
pour but de compiler des informations de base comme la présente étude. En effet, elle permet
de collecter les données quantitatives nécessaires dont les indicateurs de développement qui ont
été retenus (revenus et épargnes pour WWF).
De plus, elle permet de collecter les données primaires quantitatives et qualitatives
concernant les relations entre la population riveraine et les ressources naturelles. L’enquête a
porté sur 84 ménages répartis dans cinq (05) fokontany couvrant la zone du delta de Tsiribihina.
Les contraintes techniques, financières et temporelles conduisent à l’approche par
échantillonnage à deux (02) niveaux. En premier lieu, on a choisi les 05 fokontany selon les
zones d’intervention du projet et en second lieu, les ménages à enquêter dans chacun de ces
fokontany. Néanmoins, afin d’assurer la représentativité de l’échantillonnage, le choix de ces
ménages ont été aléatoire. La MARP a été choisie pour compléter les méthodes participatives
du fait qu’elle est la plus adaptée pour mettre en exergue les disparités socio-économiques et
beaucoup plus opérationnelle que ces dernières. Les méthodes essentiellement quantitatives
dont les techniques d’échantillonnage classique veulent généralement être « statistiquement
représentatives », mais masquent souvent les diversités existantes au niveau des différentes
couches de la société.
II.6.4. Traitement des données
Le traitement statistique des données collectées a été fait essentiellement avec les
logiciels SPSS Statistics et Microsoft Excel. L’analyse statistique se subdivise en deux étapes
interdépendantes :
une analyse descriptive (résumer et représenter statistiquement les données collectées)
ayant pour but de résumer et présenter les données collectées sous la forme la plus
accessible, c’est-à-dire une simplification et une réduction des données à la fois visuelle
et conceptuelle ;
26
une analyse inductive (confirmer les résultats des analyses descriptives par les différents
tests statistiques) permettant de formuler en termes probabilistes un jugement sur une
population à partir des résultats observés sur un échantillon extrait au hasard de cette
population. Elle permet d’étendre ou de généraliser, dans certaines conditions, les
conclusions obtenues par la statistique descriptive à partir de l’échantillon que l’on a
observé.
Une analyse SWOT (Strength-Weakness-Opportunities-Threats) sera faite sur la base
des résultats issus de cette étude statistique afin d’identifier les forces et les faiblesses ainsi que
les menaces et les opportunités que présente la zone d’étude.
II.7. Portées et limites de l’étude
Les statistiques sur les mangroves montrent sur l’échelle mondiale une dégradation de
plus en plus importante de cet écosystème alors que des études plus approfondies – comparaison
de l’évolution de la surface des mangroves dans le temps – montrent le contraire avec une
dynamique positive en matière de surface. Certes, de nombreuses études ont été menées sur les
mangroves au fil du temps, mais les informations sur l’évolution et les tendances de l’étendue
des mangroves ont été rares jusqu’ici et diffèrent d’une étude à une autre. Bien que la littérature
sur les mangroves soit abondante, les données globales pour évaluer le gain et la perte en
superficie au cours du temps s’avèrent insuffisantes.
Il est également à noter que ce travail se limite à une étude purement socio-
économique : identification des alternatives socio-économiques qui pourraient répondre à la
fois au bien-être de la population et aux impératifs de la gestion durable des ressources
naturelles dans le total respect des valeurs socioculturelles de la zone d’intervention.
La brève présentation des caractéristiques écologiques de l’écosystème de mangroves exposée
dans ce travail a été nécessaire dans le sens que la compréhension de cet aspect a été
indispensable dans la conduite de la recherche socio-économique. Cette courte introduction à
l’écologie des mangroves est seulement à titre informatif pour pouvoir mener à bien les
démarches méthodologiques adoptées pour la réalisation du présent mémoire. L’étude
écologique, le développement des connaissances écologiques traditionnelles, l’analyse spatiale
de l’évolution de la couverture forestière et l’étude de la production de crabe relèvent d’autres
études en complémentarité avec ce mémoire.
27
III. RÉSULTATS ET INTERPRÉTATIONS
III.1. État des lieux et tendance des mangroves dans le delta de Tsiribihina
Les mangroves du delta de Tsiribihina s’étalent sur 12 197 ha21 de la côte ouest de
Madagascar et s’étendent sur six (06) communes, mais les zones où les études ont été menées
se limitent à cinq (05) sites qui sont répartis dans trois (03) communes : les sites d’Ambakivao,
d’Andapotaly et de Tambohobe dans la CR de Belo/Tsiribihina, le site de Moravagno dans la
CR d’Aboalimena et celui de Kaday dans la CR de Tsimafana.
III.1.1. Importance écologique
Bien que les premiers travailleurs sur les mangroves ont considéré cette forêt comme
une végétation de transition sans importance et à faible productivité, la plupart des écologistes
actuels les considèrent comme très productives en biomasse et d’une importance capitale dans
l’équilibre du système. Sur le plan écologique, quatre rôles majeurs sont à retenir :
les mangroves contribuent à la formation du sol et aident à stabiliser le littoral : la
disparition des forêts de palétuviers se fait de plus en plus sentir au niveau des
caractéristiques du sol. Le fokontany de Kaday a été le plus touché par ce problème. Si
ce village a été le premier producteur de riz dans le delta de Tsiribihina au début des
années 80, il n’en est rien de tout cela actuellement. Les vastes rizières ont laissé place
à une terre infertile à cause de la salinité du sol. La dégradation des mangroves a permis
aux eaux salines d’envahir les terres cultivables.
les forêts de mangroves servent d’habitat à de nombreux organismes marins tels que les
poissons, les crabes, les huitres ainsi que d’autres invertébrés : les forêts de mangroves
représentent une zone de reproduction et de nurserie pour un bon nombre d’espèces
marines. À cet effet, la dégradation de cet habitat naturel a un impact significatif sur
l’état des ressources halieutiques. Dans la zone du delta de Tsiribihina, en moyenne, la
prise journalière d’un pêcheur est estimée aux environs de 10 kg alors qu’un pêcheur
pouvait facilement ramener 30 à 50 kg de poissons à chaque sortie il y a une dizaine
d’années. Avec la disparition des mangroves, non seulement les prises journalières sont
considérablement réduites, mais les pêcheurs sont également obligés de pratiquer la
21 WWF & The Blue Ventures Conservations, Atelier sur le carbone bleu, Morondava, Avril 2013
28
pêche au large au détriment de la pêche côtière. Les mangroves produisent une grande
quantité de détritus (débris organiques) qui peut contribuer à l’augmentation de la
productivité en ressources halieutiques des eaux : la diminution importante des
ressources halieutiques est étroitement liée à l’état des mangroves dans le sens où ces
derniers constituent une zone de nurserie pour les poissons et les divers crustacés. Dans
le contexte actuel, l’écosystème de mangroves ne peut plus fournir de détritus suffisants
pour assurer la survie des organismes marins d’où la nécessité d’aller pêcher dans les
eaux profondes pour une meilleure prise ce qui se traduit par un temps de pêche plus
important.
Outre ses rôles purement écologiques, les forêts de mangroves possèdent également
des attributs qui sont particulièrement importants pour les humains :
les forêts de palétuviers protègent les communautés côtières contre les cyclones (surtout
l’érosion côtière) : les mangroves peuvent atténuer les impacts des catastrophes
naturelles, dont les cyclones, et ralentir les effets de l’érosion côtière. Le village de
Bevavà (sis dans le fokontany de Moravagno) a subi le plus de dégâts dans ce domaine.
Les populations sont contraintes de se déplacer au fur et à mesure que la mer s’avance
vers les côtes.
les forêts de mangroves abritent de nombreuses espèces menacées : les pressions et les
menaces qui pèsent sur la végétation de mangroves représentent également une menace
pour les diversités faunistiques et floristiques qu’elle abrite.
les palétuviers peuvent aussi représenter une zone à forte attractivité écotouristique : le
volet écotouristique est un secteur encore mal exploité dans la zone du delta de
Tsiribihina.
III.1.2. Diversités floristique et faunistique de la végétation de mangroves
Les marais maritimes du delta de Tsiribihina se caractérisent, comme tous les autres
marais d’ailleurs, par une végétation typique aux zones de basses latitudes : les végétations de
mangroves. La diversité floristique de la formation arborée de mangroves du littoral ouest de
Madagascar est très réduite, ne comprenant que 7 espèces réparties en 5 familles différentes.
Ces différentes familles et espèces de mangroves sont énumérées ci-après :
29
- RHIZOPHORACEAE : Rhizophora mucronata (tangandahy), Ceriops tagal
(tangambavy), Bruguiera gymnorhiza (tangampoly) ;
- AVICENNIACEAE : Avicennia marina (afiafy) ;
- SONNERATIACEAE : Sonneratia alba (songery) ;
- COMBRETACEAE : Lumnitzera racemosa (rogno) ;
- MELIACEAE : Xylocarpus granatum (fobo).
Ce sont les cinq grandes familles de mangroves présentes sur la côte ouest de la Grande
Ile avec les sept espèces de palétuviers qui s’y trouvent. Sont mentionnés entre parenthèses les
noms vernaculaires (noms locaux) de chaque espèce.
La faune rencontrée dans les mangroves est assez pauvre en espèces, mais relativement
abondante. En effet, la forêt de mangroves abrite une importante ressource faunistique aussi
bien pour servir de nourriture à la population que pour maintenir le fragile équilibre au sein de
l’écosystème : les crustacés, les mollusques et les poissons sont les plus abondants. Sans parler
de la présence d’une multitude d’espèces de poissons, les crustacés les plus fréquents sont les
crabes (Scylla serrata) et les crevettes (Fenneropenaeus indicus). Les mangroves ont toujours
été une banque de réserve pour les pêcheurs assurant la subsistance de la quasi-totalité de la
population locale. Des reptiles comme les crocodiles (Crocodilus niloticus) ainsi que quelques
types d’oiseaux dont certains sont endémiques vivent aussi au sein de cet écosystème, à l’instar
du Pygargue de Madagascar (ankoay) ou Haliaeetus vociferoides et de la Sarcelle de Bernier
ou Anas bernieri (mireha).
Photo n°01 : La forêt de mangroves du delta de Tsiribihina (Andapotaly)
Source : Auteur
30
III.1.3. Les mangroves : un écosystème unique, rare et menacé
Les forêts de mangroves constituent un écosystème riche et unique longeant les côtes
des régions tropicales et subtropicales. Ces zones humides boisées abritent une grande variété
de flore et de faune, y compris les mammifères, les oiseaux, les reptiles, les poissons, les
mollusques et les crustacés. L’écosystème de mangroves est caractérisé par une forte
productivité biologique se traduisant par une importante biodiversité profitable à de nombreuses
espèces animales et végétales. Il offre ainsi d’abondantes ressources en bois et en produits
halieutiques. Il sert aussi de refuges à de nombreuses espèces menacées et contribue
énormément à la protection des rivages contre l’érosion côtière. De ce fait, les populations
riveraines des mangroves tirent d’importants bénéfices provenant de l’exploitation du bois, de
la pêche, de l’agriculture et de toutes autres activités relatives aux mangroves.
Cependant, il s’avère que dans la plupart des cas, ces activités se traduisent par une
perte de surface de la forêt de palétuviers pour l’agriculture, la fourniture de bois de construction
et de bois de chauffe. Cela engendre un impact négatif sur l’équilibre fragile de l’écosystème
de mangroves qui est fortement lié à la croissance démographique sur le littoral ouest. À cela
s’ajoutent les variations climatiques se traduisant par une augmentation du niveau de la mer et
une diminution de la durée de la saison pluvieuse qui amplifient la dégradation des mangroves.
III.1.3.1. Les mangroves, un écosystème à usage multiple
Une fonction fondamentale de toutes les forêts a été de fournir du bois de chauffage et
du bois pour la construction des maisons. Les forêts de mangroves ne font pas exception. Les
utilisations de ce type de végétation sont nombreuses et variées.
Traditionnellement, les gens ont utilisé les mangroves au profit de la communauté
locale, mais l’explosion démographique dans les zones littorales a conduit à une utilisation
abusive et non durable de ces ressources. Les mangroves ont été principalement exploitées pour
leur bois : les diverses constructions, la cuisson, le chauffage, etc.
31
Photo n°02 : Les maisons construites avec les bois de mangroves à Kaday
Source : Auteur
En Asie du Sud et au Brésil, les bois de mangroves servent à construire des structures
immergées vu qu’ils peuvent résister à l’eau et aux attaques des champignons. Caractérisés par
ses pouvoirs calorifiques élevés, les bois de Rhizophora et d’Avicennia ont été utilisés comme
combustibles pour les chaudières des trains pendant de longues années au Pakistan. En
Indonésie, l’exploitation commerciale des mangroves pour le charbon de bois date de
l’année 1887. En Amérique centrale, l’extraction de tanins et la production de charbon de bois
ont été à la base de la dégradation et de la déforestation de la mangrove à grande échelle. La
collecte des feuilles de mangroves pour l’alimentation animale reste une pratique très répandue
dans le Proche Orient et l’Asie du Sud. Les populations autochtones du Sri Lanka et de
l’Australie utilisent certains types de mangroves pour extraire des colorants.
Une autre source de richesse dans les mangroves est l’exploitation des diverses
ressources aquatiques telles que les poissons, les mollusques et les crustacés qui font partie
intégrante de cet écosystème. Au Vietnam, les agriculteurs complètent leur revenu par la
collecte et le tri des coquilles issues des vasières de la mangrove. La valeur des produits
aquatiques fournis par cet écosystème est d’une importance majeure dans la vie des populations
riveraines. Récemment, les mangroves ont été aménagées de sorte que cet écosystème puisse
servir de centre de loisirs et de site écotouristique. En Australie, les mangroves jouent un rôle
capital dans les programmes de conservation : création de réserves naturelles et de parcs
nationaux.
L’existence des mangroves dans les marais salés s’avère être également une méthode
alternative pour limiter les effets néfastes de l’érosion. C’est un moyen efficace pour protéger
32
les rivages à moindre coût. Les parties aériennes des mangroves dissipent les vagues et
accumulent les sédiments alors que les racines et les rhizomes stabilisent le substrat. Ce type de
végétation contribue ainsi à protéger les rivages et à éviter tout déplacement excessif de sable
du littoral.
Certes, les mangroves ne sont pas seulement importantes, mais aussi essentielles pour
les zones côtières. Depuis que les estuaires et les deltas sont devenus des zones très peuplées,
le moindre déséquilibre écologique au sein de cet écosystème aura une lourde conséquence sur
le niveau de vie des populations environnantes. Malgré les divergences des points de vue sur
les avantages procurés par les forêts de mangroves, leur valeur en tant que protecteur contre
l’érosion côtière est largement suffisante pour justifier sa conservation. Étant donné que les
mangroves constituent un refuge et une zone de nidation pour un certain nombre d’organismes
marins tels que les poissons, les crabes et les crevettes, la perte de cette végétation aura des
répercussions économiques directes sur les villages riverains.
III.1.3.2. Principales pressions et menaces sur les mangroves
L’identification des pressions et menaces pesant sur la forêt de palétuviers dans la zone
du delta de Tsiribihina permet d’évaluer l’impact de ces derniers sur l’écosystème de
mangroves. Les principales causes de la dégradation de ce précieux écosystème peuvent être
classées en deux grandes catégories selon qu’elles viennent des phénomènes naturels – dont le
plus menaçant est le changement climatique – ou qu’elles soient issues des activités humaines
pour la satisfaction de leurs besoins les plus divers.
a. Pressions et menaces d’ordre naturel
Le changement climatique et l’augmentation du niveau de la mer ont un impact
significatif sur l’écosystème de mangroves. Les caractéristiques des palétuviers sont différentes
d’une région à une autre en fonction de certains paramètres climatiques. Plus on s’éloigne de
l’équateur (en latitude), plus le nombre d’espèces, la hauteur des arbres et la biomasse produite
par les forêts de mangroves diminuent22. Dans le sud de la Papouasie en Nouvelle-Guinée, 34
espèces de palétuviers ont été recensés tandis que les mangroves de l’Atlantique sont
relativement pauvres avec seulement une vingtaine d’espèces.
22 ELLISON, J. C., Wetlands of the Pacific Island Region, Wetlands Ecology and Management, 1999
33
Concernant le changement climatique, le taux de salinité élevé et l’élévation du niveau
de la mer constituent une menace majeure pour les écosystèmes de mangroves. Ces problèmes
seront déterminants pour l’expansion des mangroves qui ont tendance à se développer vers
l’intérieur de la terre, mais limitée par la topographie ou l’existence des villages.
Les mangroves peuvent fournir des services importants aux écosystèmes associés.
Cette végétation procure également de nombreuses ressources forestières ligneuses et non
ligneuses aux sociétés humaines. Pour ne citer que les principaux avantages qu’on peut tirer de
cet écosystème, les mangroves servent d’habitats pour de nombreuses espèces de poissons et
de crustacés. Cette végétation joue un rôle déterminant dans la fixation des sédiments et la
protection des côtes contre les érosions. Les palétuviers peuvent fournir des bois de chauffage
et des bois de construction. Certaines espèces sont reconnues pour ses vertus thérapeutiques.
En parallèle avec l’augmentation en nombre des populations humaines, la pénurie de
terres cultivables dans de nombreux pays en développement a conduit à une déforestation
massive des mangroves pour l’agriculture et l’aquaculture. La forte demande en bois (bois de
chauffage, charbon de bois, construction de maisons, etc.) a été également très dommageable.
Les forêts de mangroves dans certaines zones ont été réduites à de simples vestiges de leurs
anciennes aires de répartition en raison de l’exploitation humaine.
Les mangroves sont également menacées par l’augmentation du niveau de la mer
évaluée à 4,1 mm à 4,8 mm par an23. La fréquence des inondations et le taux de salinité de la
mer déterminent l’évolution des mangroves en termes de superficie. Les forêts de palétuviers
peuvent connaître une augmentation stable en matière de superficie si le niveau de la mer est
stable. Dans le cas contraire, il faut s’attendre à une dégradation des mangroves.
23 Selon la présentation effectuée par la Direction Générale de la Météorologie lors de l’atelier sur le changement
climatique qui s’est tenu à Morondava en Novembre 2012.
34
Photo n°03 : Dégradation des écosystèmes de mangroves (Nosimaintso - Ambakivao)
Source : Auteur
b. Pressions et menaces anthropiques
D’une manière générale, les activités anthropiques constituent un facteur important qui
contribuent à la dégradation des mangroves et des écosystèmes associés. Pour la région du delta
de Tsiribihina, les pressions et les menaces anthropiques recensées sont détaillées brièvement
comme suit :
— Agriculture : Ce premier aspect des actions anthropiques est le plus fréquent au
niveau des villages environnants du fleuve de Tsiribihina. Ce sont les pratiques culturales non
durables adoptées par les locaux qui font que l’agriculture – dont principalement la riziculture
– soit un facteur de dégradation des forêts de mangroves. Appelée communément par le terme
« défrichement », cette pratique consiste à déboiser les zones des mangroves et à laisser l’eau
de pluie s’écouler afin de réduire la teneur en sel de la terre. Une fois que le taux de salinité est
à un niveau suffisamment bas, la terre est cultivée et elle n’est cultivable que pendant deux à
trois années. Après cela, la recherche de nouvelle terre s’impose se traduisant par un nouveau
déboisement d’une certaine surface de mangroves et tend vers une dégradation continue de cet
écosystème.
— Coupe sélective de bois : Les espèces les plus concernées par cette pratique sont
celles dont le diamètre atteint une certaine valeur — supérieur à 3 cm — pour pallier un besoin
spécifique en bois dont principalement les constructions des maisons (poteaux et traverses).
La perte continuelle des mangroves aura de graves impacts écologiques et socio-
économiques particulièrement sur les communautés côtières qui dépendent directement des
35
mangroves. Leurs vies quotidiennes semblent être fortement conditionnées par l’état de ce
précieux écosystème.
Même si le changement climatique se trouve parmi les préoccupations majeures
mondiales de l’époque actuelle, les effets des activités humaines sur les mangroves ont
largement dépassé ceux des phénomènes naturels au cours des dernières décennies. Le
développement économique et la croissance démographique rapide des zones côtières sont les
principales causes de la perte et de la dégradation des mangroves. Si au niveau mondial c’est
l’aquaculture qui a été le principal facteur pour la conversion des mangroves, la plus grande
menace pesant sur les mangroves et les écosystèmes associés demeurent le défrichement dans
le Delta — notamment pour la riziculture — qui a engendré la plupart des disparitions d’une
importante superficie des mangroves dans cette zone.
III.1.3.3. Dynamique des mangroves du delta de Tsiribihina
L’effet combiné du changement climatique et de l’utilisation abusive des ressources
ligneuses et non ligneuses issues des mangroves ont conduit à une réduction significative des
superficies forestières. L’étude de l’évolution de la couverture forestière de la zone du delta a
été basée sur une analyse cartographique multidate obtenue par la comparaison de trois (03)
images satellites Landsat 5 TM qui datent respectivement de 1990, 2000 et 2010. La carte
suivante illustre le gain et la perte en surface de mangroves dans la zone du delta de Tsiribihina
de 1990 à 2010.
36
Carte n°02 : Dynamique des mangroves du delta de Tsiribihina de 1990 à 2010
Source : WWF & The Blue Ventures Conservations, Atelier sur le carbone bleu, Morondava,
Avril 2013
37
Cette cartographie produite par Chandra Giri de l’USGS (United Stats Geological
Survey) combinée avec l’analyse réalisée par The Blue Ventures Conservation en 2012 ont
permis de dégager les taux de déforestation nets et annuels pour le delta de Tsiribihina. Le
tableau suivant présente les données chiffrées relatives à ces études.
Tableau n°04 : Perte en couverture forestière de 1990 à 2010 – Deltas du Manambolo &
Tsiribihina
1990 – 2000 2000 – 2010 1990 - 2010
Tsiribihina Manambolo Total Tsiribihina Manambolo Total Tsiribihina Manambolo Total
Perte nette (ha) 4 220 3 981 8 201 4 177 232 4 409 8 398 4 213 12 611
Perte nette (%) 20,5 32,5 25,0 25,5 2,8 17,9 40,8 34,4 38,4
Perte annuelle (ha) 422 398 820 418 23 441 420 211 631
Perte annuelle (%) 2,1 3,3 2,5 2,6 0,3 1,8 2,0 1,7 1,9
Source : The Blue Ventures Conservations, Mangrove REDD & Conservation of
Intact Wetlands in the Tsiribihina & Manambolo Deltas, Madagascar,
2014
Dand le paysage Manambolo – Tsiribihina, de 1990 à 2010, la perte a été évaluée à
12 611 ha dont les 8 398 ha dans le delta de Tsiribihina soit une perte annuelle d’environ 420
ha. Au bout de ces 20 dernières années, les forêts de palétuviers dans les zones du delta ont
perdu un peu plus de 40 % de sa superficie totale avec un taux de déforestation annuelle de
l’ordre de 2 %. Cette perte en superficie s’explique en grande partie par la conversion des zones
de mangroves en rizières par le défrichement. Confrontée aux problèmes de la salinité des sols
et au manque de terres arables, la population se trouve dans l’obligation de passer par le
déboisement des mangroves pour espérer trouver un moyen de subsistance complémentaire aux
activités de pêche. À cela s’ajoute la faible capacité institutionnelle pour la gestion des
ressources naturelles et la croissance rapide de la population. La demande urbaine en bois est
également une cause non négligeable de l’exploitation illicite des forêts de palétuviers. Même
si les agents de déforestation peuvent être différents d’une zone à une autre, les principales
pressions qui pèsent sur l’écosystème de mangroves se résument à ces quelques points.
38
III.2. Réalités socio-économiques du delta de Tsiribihina
III.2.1. Démographie
En se basant sur les estimations des interviewés (concernant le nombre de toits) et en
se référant aux données collectées pendant la descente sur terrain (pour ce qui est de la taille
moyenne des ménages), la population totale dans les zones étudiées est estimée à environ 5487
habitants. Dans les cinq (05) fokontany où l’étude a été menée, ceux de Moravagno et
d’Ambakivao, situés respectivement dans la commune rurale d’Aboalimena et la commune
rurale de Belo/Tsiribihina, sont les plus peuplés. Ensemble, ils regroupent plus de la moitié de
la population totale. Par contre, Tambohobe et Andapotaly sont les moins peuplés et comptent
chacun 11,85 % et 14,89 % de l’ensemble des habitants.
Figure n°01 : Distribution de la population par fokontany
En moyenne, un ménage malagasy compte environ 4,8 individus. La taille moyenne
est plus importante dans les milieux ruraux (4,9 individus) que dans les milieux urbains (4,5
individus)24. Dans la zone d’étude, qui est une zone rurale, la taille moyenne d’un ménage est
de 5,67 individus. Les ménages dans les fokontany de Tambohobe (6,4 individus) et
d’Ambakivao (6,3 individus) sont les plus importants, contre 4,9 individus par ménage pour le
24 INSTAT/DSM, Enquête auprès des ménages, 2010
22,96%
14,89%
11,85%
25,51%
24,79%
Kaday
Andapotaly
Tambohobe
Moravagno
Ambakivao
39
fokontany de Moravagno qui présente la moyenne la plus basse. Ces chiffres dépassent
largement les moyennes nationales. Les ménages dans cette zone sont en majorité des « familles
nombreuses ». Il n’y a que moins d’un (01) ménage sur 10 qui est composé de 3 personnes.
Sept (07) ménages sur dix (10) comportent 4 à 7 personnes. Un peu moins de 7 % des ménages
sont constitués de plus de 10 personnes.
III.2.2. Éducation
Les systèmes éducatifs sont très variables dans l’espace et dans le temps. Dans la
majorité des cas, les exigences socio-économiques du foyer sont souvent priorisées par rapport
aux besoins des enfants d’avoir accès à l’éducation. Vu que l’éducation joue un rôle important
dans la croissance économique et dans la lutte contre la pauvreté, le niveau de vie précaire de
la population s’explique en partie par la faiblesse des investissements des ménages dans le
capital humain, plus spécialement dans l’éducation. Le manque d’infrastructures scolaires et/ou
la non-fonctionnalité des infrastructures existantes s’ajoutent au manque de sensibilisation et
de prise de conscience de la population du rôle de l’éducation dans l’amélioration du niveau de
vie se trouve à la base de la faiblesse du niveau d’instruction de la population.
Le tableau ci-après résume la répartition de la population des cinq (05) fokontany qui
ont fait l’objet de cette étude selon leurs niveaux d’instruction.
Tableau n°05 : Répartition de la population par niveau d’instruction, selon le fokontany
Sans instruction Primaire Secondaire Supérieur TOTAL
Ambakivao 15 % 34,9 % 50 % 0,1 % 100 %
Andapotaly 31,6 % 36,8 % 31,6 % 0 % 100 %
Tambohobe 33,3 % 55,6 % 11,1 % 0 % 100 %
Moravagno 12,5 % 75 % 12,5 % 0 % 100 %
Kaday 25 % 40 % 35 % 0 % 100 %
TOTAL 23,48 % 48,46 % 28,04 % 0,02 % 100 %
Source : Résultats de l’enquête/SPSS Statistics, 2013
40
Le classement des individus selon le lieu de résidence permet de noter une proportion
relativement importante de ceux qui ont un niveau primaire et secondaire à Ambakivao (CR
Belo/Tsiribihina) et àMoravagno (CR Aboalimena) avec respectivement 85 % et 87,5 % de la
population. Seul Ambakivao présente quelques chefs de ménages ayant atteint le niveau d’étude
supérieure. À l’opposé, Andapotaly et Tambohobe, tous deux situés dans la commune rurale de
Belo/Tsiribihina, présentent les plus fortes proportions d’individus analphabétisés, avec,
respectivement, des taux de 31,6 % et 33,3 %.
Figure n°02 : Répartition de la population selon le niveau d’instruction
Le quart des chefs de ménage enquêtés déclarent n’avoir jamais fréquenté aucun
établissement scolaire, la moitié s’est arrêtée au niveau primaire et le dernier quart a atteint le
niveau secondaire.
Même si les infrastructures scolaires existent dans tous les fokontany, Kaday et
Ambakivao ont deux (02) écoles primaires chacun et une (01) école pour chaque fokontany
pour les trois autres, la qualité de la scolarisation, et donc du capital humain, dépend également
des facteurs comme la disponibilité et la qualification des enseignants, la possession des
matériels pédagogiques, etc.
23,48%
48,46%
28,04%
0,02%
Sans instruction
Primaire
Secondaire
Supérieur
41
Tableau n°06 : Établissements d’éducation présents dans chaque fokontany
Kaday Ambakivao Andapotaly Tambohobe Moravagno
Établissements scolaires 03 02 01 01 01
Nombre d’enseignants 06 03 01 01 02
Nombre d’élèves ND 150 124 ND 87
Source : Résultats de l’enquête /Focus group, 2013
III.2.3. Activités et revenus
Dans cette section seront étudiées les principales sources de revenus des habitants que
ce soit à titre principal ou à titre secondaire. Même si ce sont généralement des « villages de
pêcheurs », les activités agricoles y tiennent une place importante malgré le fait qu’elles sont
exercées à titre secondaire. L’emploi reste fortement concentré dans le secteur pêche.
Figure n°03 : Répartition de la population selon leurs activités principales
Plus de 80 % de la population (cf. fig3) exerce la pêche comme activité principale.
L’activité de pêche (poissons et crabes) compte plus de huit actifs occupés sur dix. La pêche
aux poissons reste l’activité archi dominante dans la structure des emplois, et occupe environ
14,29%
2,38%65,48%
17,85%
83,33%
Agriculture Collecteur et Mareyeur Pêche aux poissons Pêche aux crabes
42
65 % de la population à laquelle s’ajoute la pêche aux crabes avec une proportion de 17,85 %.
Hormis la pêche, l’activité la plus répandue est l’agriculture (14,29 %).
Figure n° 04 : Répartition de la population selon leurs activités secondaires
Un peu moins de la moitié des habitants exerce l’agriculture (dans les zones défrichées
et les autres terres cultivables) et l’élevage en complément de leurs activités principales. Les
ménages qui pratiquent l’agriculture à titre secondaire sont estimés à 28,57 %. Il n’y a qu’une
seule personne sur dix qui pratique l’activité de pêche aux poissons (pêche de proximité ou
pêche au large) pour générer du revenu supplémentaire. Quatre (04) personnes sur dix (10)
n’exercent aucune activité secondaire.
Les ménages qui pratiquent l’agriculture sont en totalité des petits exploitants. Cela
signifie que ces exploitants agricoles cultivent en totalité pendant toute l’année moins de 1,5
Ha. Pour faire face aux éventuels chocs naturels, économiques ou sociaux, certains ménages
cultivent sans que cela constitue une activité principale pour eux.
1,19%
9,52%
39,29%
2,38%
28,57%
19,05%
47,62%
Pêche aux poissons Pêche aux crabes Pas d'activité secondaire Autres Agriculture Elevage
43
III.2.3.1. Revenus
En 2010, le niveau des revenus salariaux annuels moyen au niveau national est estimé
à 1 388 000 Ar, soit mensuellement environ 116 000 Ar25. Par rapport à cette moyenne
nationale, le revenu mensuel moyen des ménages enquêtés est largement supérieur. En effet, en
moyenne, un ménage perçoit un revenu mensuel varie entre 100 000 Ar à 500 000 Ar, ce qui
est, en partie, largement au-dessus du SMIG. Ce chiffre est obtenu à partir de l’agrégation de
l’estimation du gain monétaire journalier (activités de pêche) ou hebdomadaire (agriculture)
d’un ménage.
La propension moyenne à consommer est de l’ordre de 0,84, ce qui donne une
propension moyenne à épargner de 0,16. Cela signifie que 84 % du revenu disponible est
consommé. Le taux d’épargne étant dans ce cas de 16 %.
Kaday présente la propension à consommer la plus élevée avec un taux de 0,94 contre
0,78 pour Ambakivao. Inversement, ce dernier dispose d’une épargne plus importante (0,12)
alors que la population de Kaday n’épargne qu’une faible partie de leur revenu disponible avec
une proportion de 6 %.
Le tableau suivant montre le calcul d’un coefficient de corrélation de Pearson pour
établir l’existence d’un lien entre le niveau d’épargne et le revenu mensuel moyen des ménages.
Ce coefficient de corrélation permet aussi de mesurer l’intensité de ce lien. Ici, le calcul du
coefficient de corrélation de Pearson a été choisi puisque la recherche comporte une variable
indépendante quantitative (le revenu) et une variable dépendante quantitative (le niveau
épargne)26.
25 INSTAT/DSM, Enquête auprès des ménages, 2010
26 CREPON Bruno, JACQUEMET Nicolas, Econométrie linéaire appliquée, 2006
44
Tableau n°07 : Résultat du test de corrélation revenu*épargne
Le résultat du test de corrélation ou corrélation de Pearson (r) – ici 0.511 – mesure le
degré de liaison linéaire entre la variable dépendante (épargne) et la variable indépendante. Un
coefficient de corrélation r =0,511 (intensité forte) signifie que la relation entre le niveau
d’épargne et le revenu est proportionnelle ce qui veut dire que quand le revenu augmente, la
quantité épargnée augmente aussi.
Figure n°05 : Destination de la production issue de l’activité principale
La production issue de l’activité principale est généralement destinée à la vente
(environ 95 % pour les produits de pêche) vu qu’une grande partie de la population exerce la
pêche comme première activité de subsistance. Sur l’ensemble des deux premières activités
74,19%
25,81%
Autoconsommation
Vente
45
principales – dont la pêche et l’agriculture –, le taux d’autoconsommation est de 74,19 % ce qui
laisse 25,81 % des produits pour la vente.
Plus spécifiquement pour les produits agricoles, 53,38 % de la production sont
autoconsommée tandis que 46,62 % sont destinées à la vente. La riziculture présente le plus
fort taux d’autoconsommation avec environ 90 % de la production totale. Ce chiffre n’est pas
surprenant vu l’étroitesse de leurs champs de culture. En plus, le fait qu’une part aussi
importante va faire partie de l’autoconsommation est dû au problème d’enclavement de la zone.
Les principaux produits qui sont destinés en grande partie à la vente sont le maïs (83,3 %),
l’arachide (80 %) et le manioc (77,5 %).
III.2.3.2. Consommation des ménages
La notion de bien-être est basée sur un ensemble de concepts subjectifs et objectifs.
L’approche quantitative et objective des conditions de vie des ménages est basée sur leurs
consommations27. Il s’agit alors de quantifier les composantes de consommation. Cette notion
de consommation est limitée au niveau des dépenses monétaires (les consommations dont
l’évaluation monétaire est directe à l’instar de l’autoconsommation).
27 TALEB Nacera, La fonction de consommation keynésienne, Université Paris Nord, 2004
46
Figure n°06 : Structure des dépenses
Selon la loi d’Engel, les ménages pauvres consacrent une plus grande partie de leur
revenu à la satisfaction des besoins primaires, notamment dans l’alimentation. Ainsi l’analyse
de cet indicateur peut fournir quelques indications sur le niveau de vie des ménages. En 2010,
l’alimentation représente plus de 65 % de la consommation totale à Madagascar. La figure n°06
démontre que le poids de l’alimentation est nettement plus élevé, atteignant les 84,69 %. Ce
chiffre obtenu confirme en partie la loi d’Engel qui stipule que le poids de l’alimentation dans
la structure de consommation est fortement corrélé négativement avec le niveau du revenu des
ménages28. Cela signifie que la part du revenu allouée aux dépenses en alimentation est d’autant
plus faible que le revenu est élevé.
L’analyse de la situation actuelle, basée sur un état des lieux préétabli, permet de
dégager les possibilités de transformation du territoire et donc d’identifier les axes à développer
afin d’améliorer les conditions de vie de la population locale.
28 CAPUL J.Y, L’Économie et les Sciences Sociales de A à Z, Edition Hatier, 2004
84,69%
3,27%
1,24%1,53%
0,52%
2,22%
6,53%
Alimentation Habits Santé Education Transport Matériels de pêche Autres
47
III.3. État de vérification des hypothèses
III.3.1. Hypothèse 1
« Les mangroves du delta de Tsiribihina sont en dégradation. »
En prenant comme référence les analyses cartographiques réalisées par The Blue
Ventures Conservation sur la base des différentes images satellites illustrant l’évolution de la
couverture forestière du delta de Tsiribihina entre 1990 et 2010, une perte énorme en superficie
estimée à environ 40 % a été enregistrée. Le taux de déforestation étant estimé aux environs de
2 % par an. Il est à noter que ce résultat est une moyenne pour toute la zone du delta de
Tsiribihina. Cependant, certaines régions peuvent connaître un gain conséquent en termes de
surface pour la simple raison que les actions de restauration et de reboisement des mangroves
entreprises dans ces zones ont déjà apporté ses fruits. La forte capacité de régénération naturelle
dans les zones peu exploitées se trouve également à la base de cette augmentation de couverture
forestière. Toutefois, le résultat montre que la perte en superficie au cours de ces vingt dernières
années est nettement plus importante que le gain enregistré. Le changement climatique et les
activités humaines en sont les principales causes.
Ainsi, la première hypothèse est vérifiée.
III.3.2. Hypothèse 2
« Le mode de vie de la population riveraine se trouve à la base de la dégradation des
mangroves constituant ainsi les facteurs limitatifs à la mise en œuvre effective de la politique
de gestion communautaire des ressources. »
Les données socio-économiques collectées lors de la présente étude donnent un aperçu
global sur le mode de vie des gens qui vivent dans la zone du delta de Tsiribihina. Plus de 80 %
de la population exerce l’activité de pêche comme activité principale. En d’autres termes, les
activités de la majeure partie des habitants dépendent de l’état de l’écosystème de mangroves.
Une observation directe sur terrain ainsi qu’une analyse plus poussée des données socio-
économiques de la zone ont permis d’identifier les différentes pressions et menaces
anthropiques qui pèsent sur cet habitat.
Sur la base de cette analyse, les principaux facteurs contraignants l’effectivité de la
gestion locale des mangroves ont pu être dégagés. L’hypothèse 2 est alors vérifiée.
48
III.3.3. Hypothèse 3
« Les activités alternatives identifiées créent de la valeur ajoutée pour les populations
locales dans un contexte de gestion durable des mangroves. »
Étant donné le taux de salinité élevé dans la zone du delta de Tsiribihina, la marge de
développement des activités agricoles dans cette zone est très restreinte. Les nouvelles activités
génératrices de revenus (AGR) à prioriser doivent plutôt s’orienter vers la promotion des
activités artisanales (vannerie) et l’élevage dont principalement les crabes. Le développement
de la filière crabe peut contribuer énormément à l’augmentation des revenus de la population
et réduisant ainsi petit à petit leur dépendance vis-à-vis de l’écosystème de mangroves.
L’hypothèse 3 est alors confirmée, mais soumise à des conditions telles que l’existence
préalable des débouchés pour acheminer les produits ainsi que la capacité technique de la
population à exercer ces activités dans les normes exigées par le marché.
49
IV. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
Malgré les différents efforts déployés en matière de gestion durable des ressources
naturelles, dont l’écosystème de mangroves, force est de constater que les systèmes de gestion
en place ne permettent pas une gestion durable effective des ressources naturelles.
IV.1. Analyse SWOT du mode de gestion actuelle des mangroves
L’analyse SWOT (Strengths – Weaknesses – Opportunities – Threats) ou analyse
FFOM (Forces – Faiblesses – Opportunités – Menaces) est un outil d’analyse stratégique
permettant de combiner l’étude des forces et des faiblesses d’un territoire ou d’une zone avec
celle des opportunités et des menaces de son environnement. L’objectif de l’analyse est de
prendre en considération à la fois les facteurs internes et externes dans la définition d’une
stratégie de développement. En effet, il s’agit de maximiser les potentiels des forces et des
opportunités et de minimiser les effets des faiblesses et des menaces.
Tableau n°08 : La matrice SWOT
FACTEURS INTERNES
FORCES (S) FAIBLESSES (W)
FA
CT
EU
RS
EX
TE
RN
ES
OPPORTUNITES (O)
STRATEGIE S-O
Combiner les forces avec
les opportunités
STRATEGIE W-O
Minimiser les faiblesses
compte tenu des opportunités
MENACES (T)
STRATEGIE S-T
Utiliser les forces pour
gérer les menaces
STRATEGIE W-T
Minimiser les faiblesses en
profitant des opportunités et
en évitant les menaces
Source : Forest Management Departement (Forestry Faculty of Indonesia), Journal of Coastal
Development, Volume 15, February 2012
50
Pour identifier les différentes stratégies de la matrice SWOT, une revue
bibliographique, des échanges avec les communautés et une analyse des politiques de gestion
existantes ont été indispensables.
IV.1.1. Forces
Les forces sont les aspects positifs internes contrôlés directement par l’organisation.
Elles constituent une base pour fonder les axes stratégiques à développer.
- La diversité de l’habitat côtier : la zone du delta de Tsiribihina est caractérisée par une
forte diversité des espèces faunistiques et floristiques (mangroves, crabes, crevettes,
mireha, ankoay, etc.)
- La présence de la forêt de mangrove naturelle : la présence massive des forêts de
palétuviers dans le delta de Tsiribihina est un atout majeur pour son développement.
- Zone de pêche potentielle : abondance des ressources halieutiques tels que les poissons,
les crabes, les crevettes, etc.
- Existence d’une politique de gestion durable des mangroves
IV.1.2. Faiblesses
Contrairement aux forces, les faiblesses sont les aspects négatifs internes, mais qui
sont également contrôlés par l’organisation. Les prises de décision en termes de marges
d’améliorations vont se baser principalement sur l’identification des faiblesses présentées par
la zone.
- Exploitation abusive des ressources côtières : la forte demande en bois pour la
construction te les bois de chauffe ainsi que la hausse des besoins dans les grandes villes
influent considérablement sur l’état des mangroves.
- Transfert de gestion entre l’Etat et le VOI non effectif : le non effectivité du transfert de
gestion des ressources naturelles ne permet pas aux communautés locales d’appliquer
les mesures de conservation adoptées.
- Population en grande partie sédentaire : le niveau de sédentarisation élevé de la
population du littoral Ouest de Menabe constitue une faiblesse pour la mise en place
d’une stratégie de développement local ancré sur le territoire.
51
- Conversion des forêts de mangroves à d’autres usages tels que la riziculture : le manque
de terres cultivables conduit les populations à défricher les forêts de palétuviers pour
des fins agricoles, essentiellement pour la riziculture.
- Technique de pêche destructrice : le non-respect de la saison de pêche, utilisation des
filets de pêche à mailles de dimension très réduite (moustiquaires), utilisation des
poisons, etc.
- Conflits sur l’utilisation des ressources : l’inexistence d’une délimitation géographique
claire des ressources naturelles – particulièrement pour les mangroves – est une source
de conflits pour la gestion de ces ressources.
- Pas de moyens de communication (infrastructures routières) : le désenclavement de la
zone du delta de Tsiribihina est un obstacle majeur pour son développement dans le sens
où l’ouverture et les échanges avec les autres localités sont fortement pénalisés.
IV.1.3. Opportunités
Les opportunités englobent les possibilités extérieures positives, dont on peut
éventuellement tirer parti, dans le contexte des forces et des faiblesses actuelles. Ce sont des
facteurs externes hors du champ d’influence de l’organisation.
- Potentiel de développement écotouristique : la diversité des faunes et des flores dans
l’écosystème de mangroves, les plages, les circuits en pirogue, etc.
- Diversité faunistique et floristique : principalement les Vanan Ankoay et Mireha.
IV.1.4. Menaces
Les menaces s’assimilent aux problèmes, obstacles ou limitations extérieures qui
peuvent empêcher le développement de la zone. Dans la plupart des cas, elles sont hors du
champ d’influence de l’organisation.
- La pêche non sélective : l’utilisation des filets de pêche à mailles très réduites menacent
la potentialité de régénération naturelle des ressources halieutiques.
- Approche Bottom – Up : Ceci est une menace dans le sens où le manque de prise de
conscience des populations locales en termes de conservation et protection de
l’environnement risque d’accélérer la dégradation des ressources naturelles.
52
- Augmentation de la demande en bois dans les grandes villes : la hausse des besoins en
bois des zones environnantes est une menace pour la conservation et l’exploitation
durable des mangroves.
- Changement climatique : les effets néfastes du changement climatique dont
particulièrement l’augmentation de la salinité des eaux de mer constitue également une
menace pour le développement des mangroves.
- Aucune loi spécifique pour la gestion des mangroves à Madagascar : l’absence de lois
spécifiques régissant la gestion et l’exploitation des mangroves à Madagascar est un
handicap pour la mise en œuvre d’une gestion durable des mangroves.
IV.2. Recommandations pour promouvoir le développement du delta de
Tsiribihina dans un contexte de gestion durable des mangroves
IV.2.1. Valorisation de l’écosystème de mangroves
La présence massive des forêts de mangroves et des écosystèmes associés dans la zone
du delta de Tsiribihina représente un atout majeur pour son développement. En effet, une
valorisation optimale de cette ressource devra permettre d’amorcer le processus de
développement du delta. À défaut de cela, les initiatives de gestion durable des ressources et
les actions de conservations entreprises s’avèrent inutiles sous prétexte qu’elles n’auront aucune
répercussion sur le développement économique local.
Même si les pratiques agricoles, dont la riziculture, ne sont pas très adaptées à cette
région, elles méritent d’être évaluées à ses propres valeurs. Sachant que la plupart des
extensions agricoles se font au détriment du développement des forêts de mangroves (en termes
de surface), il faut adopter des techniques agricoles alternatives aux défrichements. Dans le cas
de l’agriculture, il n’est plus question de trouver de nouvelles terres cultivables, mais
d’améliorer le rendement agricole. Il s’agit ici de maîtriser l’extension rapide des surfaces
cultivées et de trouver une pratique pour augmenter la production. En d’autres termes, il faut
trouver la combinaison optimale entre les différents facteurs dans l’optique d’augmenter la
quantité produite sans pour autant avoir à utiliser des facteurs de production supplémentaires.
En termes de riziculture, le SRI et le SRA sont à prioriser.
Outre les pratiques agricoles, la pêche aux crabes et l’écotourisme constituent les axes
de développement potentiels à prendre en considération. Classée à la seconde position en termes
53
d’activité principale après la pêche aux poissons, la pêche aux crabes est une filière à forte
potentialité qui mérite d’être valorisée. Du point de vue technique, l’abondance des mangroves
dans la zone du delta de Tsiribihina justifie la forte capacité de production en crabes dans cette
région. La pêche aux crabes est une activité plus ou moins saisonnière, mais elle peut être
pratiquée toute l’année. De ce fait, elle constitue une source de revenus assez stable pour la
population. La pratique de cette activité ne nécessite pas forcément une pirogue et les matériels
utilisés sont de fabrication artisanale. C’est une activité qui ne nécessite aucun investissement
conséquent de la part de la personne qui souhaite l’exercer. Pour subvenir aux besoins
quotidiens, l’utilisation de cette technique est plus que suffisante, mais si on parle de
développement de filière, c’est loin d’être le cas. La valorisation de cette ressource nécessite un
renforcement de capacité technique pour les pêcheurs pour qu’ils puissent profiter des
techniques de pêche plus efficaces. Une dotation en matériels de pêche pourrait également
s’avérer indispensable accompagnée de plusieurs séances de formation afin de pouvoir
témoigner d’un certain professionnalisme dans l’exercice de cette activité. Les ressources en
crabe sont également mal exploitées. Certaines zones font face à une exploitation abusive alors
que dans les autres localités, aucun pêcheur de crabes n’est recensé. À la base de cette
contradiction se trouvent le manque de débouchés et l’inexistence d’infrastructures routières
pour acheminer les productions vers les points de collecte. À cela s’ajoute le problème de
conditionnement. La filière crabe nécessite une restructuration totale pour pouvoir aboutir aux
résultats escomptés. La présence d’acteurs illicites (surtout les collecteurs) et le non-respect des
règlementations en vigueur – notamment en termes de taille – représentent une menace pour le
développement de cette filière. La présence de SOPEMO dans cette zone offre une opportunité
de développement pour cette filière.
54
Photo n°04 : La pêche aux crabes et pesages auprès d’un collecteur à Kaday
Source : Auteur
Concernant le développement de l’écotourisme, c’est une activité assez récente dans
cette zone. De ce fait, elle n’est pas encore très développée. Les principaux axes touristiques
actuels de la région s’articulent autour des villes de Morondava et de Belo sur Tsiribihina. Les
activités écotouristiques liées aux mangroves sont encore sous-exploitées, voire inexploitées.
La zone est déjà un passage obligatoire pour les touristes réalisant le circuit Morondava – Belo
sur Tsiribihina – Tsingy de Bemaraha. Étant donné que la ville de Belo est le lieu d’escale des
touristes, le défi consiste donc à proposer un circuit court dans les forêts de mangroves en
partant de Belo pour développer petit à petit ce volet écotouristique : la forêt de palétuviers en
soi, les diversités floristiques et surtout faunistiques (ankoay, mireha, vana, etc.) au sein de
l’écosystème, la mer, les plages, les chenaux, promenade en pirogue le long de Tsiribihina, les
cultures et les modes de vie, etc. L’écotourisme est une activité à forte potentialité de
développement dans cette zone vu que c’est une activité nouvelle. De ce fait, le développement
de cet axe nécessite une analyse approfondie des demandes émanant des clients par rapport aux
offres touristiques disponibles en considérant les critères de faisabilité administrative,
organisationnelle, technique et financière.
55
Photo n°05 : Potentialité écotouristique de la zone (Antsakoamaliniky, Bevavà et Andapotaly)
Source : Auteur
IV.2.2. Restauration et reboisement des mangroves
Pour une valorisation durable des écosystèmes de mangroves, les actions à
entreprendre doivent être tout d’abord orientées vers la restauration du peuplement actuel qui
est en dégradation ainsi que vers l’intensification des reboisements. L’amélioration de la filière
permettra ensuite d’augmenter les revenus de la population tout en veillant à la gestion durable
des ressources.
L’existence du VOI ou « Vondron’Olona Ifotony » dans les zones d’étude représente
un atout non négligeable à la disposition de la communauté pour gérer efficacement les
ressources naturelles et orienter les efforts sur la valorisation durable des écosystèmes associés.
Le VOI se doit d’être responsable dans cette optique de gestion communautaire des mangroves,
56
car de son efficacité dépend la viabilité des AGR qui seront développées dans le futur. Les
populations locales doivent s’impliquer dans ce projet de conservation, elles doivent se sentir
concernées par les projets exécutés dans leurs localités. La gestion de proximité trouve son
efficacité dans la mesure où le transfert de gestion est effectif et concrétisé par la prise de
conscience et de responsabilité de la part des populations locales.
Ainsi, pour une meilleure gestion des mangroves, il est recommandé d’apporter plus
d’éclaircissements concernant la délimitation des zones appartenant à un village. Une
délimitation précise des zones de mangroves ne peut que faciliter la mise en place et
l’application d’un système de règlementation de l’accès aux ressources. Procéder ainsi serait un
bon début pour entamer le long processus de gestion durable des forêts de mangroves. Un
système de règlementation effectif et opérationnel se concrétisera par une atténuation notable
des pressions et des menaces qui pèsent sur cet écosystème.
Les activités de restauration et de reboisement représentent le meilleur moyen pour
pallier les pertes en superficie des forêts de mangroves. Cependant, le taux de réussite demeure
relativement faible (données chiffrées non disponibles, affirmation basée sur les dires d’acteurs
ainsi que l’observation sur terrain des zones de reboisement). Des études complémentaires
concernant l’identification des zones à restaurer et à reboiser, la période favorable pour les
réaliser, etc. sont à envisager.
Photo n°06 : Reboisement des mangroves dans les sites d’Andapotaly et de Bevavà
Source : WWF Morondava
57
IV.2.3. Perspectives de gestion des mangroves dans le delta de Tsiribihina
Le mode de gestion actuel des mangroves dans le delta de Tsiribihina connaît plusieurs
faiblesses notamment en termes de transfert de gestion et d’absence d’une règlementation sur
l’accès aux ressources. Certes, les communautés ont divisé les forêts de mangroves en plusieurs
zones dont la zone de coupe et la zone interdite. La zone de coupe est destinée au prélèvement
de bois (coupe sélective pour constructions, branches mortes pour bois de chauffage, etc.).
Même en tant que zone de coupe, l’accès à cette partie ne peut se faire sans le permis de coupe
délivré par le VOI ou l’association qui s’occupe de la gestion des ressources. Dans le permis de
coupe doit figurer l’utilisation à laquelle les bois seront destinés ainsi que la quantité et les
caractéristiques des ressources ligneuses à prélever. À défaut de cela, toute activité relative au
prélèvement de bois dans les forêts de palétuviers est considérée comme illicite et est passible
de sanctions. La zone interdite, encore appelée « ala faly », est une sorte de réserve pour la
communauté. L’accès à cette zone est strictement interdit, et ce, sous aucun prétexte. En cas
d’exception (besoin pour les études écologiques, par exemple), le VOI devra délivrer une lettre
spéciale autorisant telle personne à accéder au fameux « ala faly » pour telle raison.
Cependant, l’adoption de ces différentes précautions n’a pas pu empêcher la
dégradation des mangroves. Cela s’explique en grande partie par le fait que la légalité de ces
mesures est contestable à cause de la non-effectivité des transferts de gestion. Dans la plupart
des cas, l’adoption de telles mesures ne fait l’objet d’aucune procédure de formalités.
Logiquement, il s’en suit que l’application des sanctions relatives au non-respect de ces
règlementations n’est pas effective. Afin de répondre à ce besoin, une éventuelle formalisation
des « DINA » — charte sociale en traduction libre — est à envisager.
58
V. CONCLUSION
De son importance écologique et socio-économique, la gestion durable des mangroves
joue un rôle capital dans la lutte contre la pauvreté pour deux principales raisons. Premièrement,
elle permet de répondre aux besoins essentiels de la population à long terme : si la dégradation
de la capacité productive des ressources se poursuit, la capacité à satisfaire les besoins
alimentaires futurs sera compromise. Deuxièmement, la gestion des ressources naturelles
contribue à lutter contre la pauvreté en améliorant le revenu de la population locale.
L’amélioration des revenus offre de meilleures possibilités de résoudre les problèmes
environnementaux à long terme.
Dans cette étude, des démarches méthodologiques ont été adoptées dans le but
d’apporter une alternative socio-économique viable pour améliorer le niveau de vie des
populations riveraines du delta de Tsiribihina dans un contexte de gestion durable des
écosystèmes de mangroves. La nécessité de mettre en œuvre des actions de conservation de cet
écosystème rare et menacé a été mise en exergue sans pour autant détériorer les conditions de
vie des habitants de la zone, un mode de vie fortement lié à l’état de cet écosystème. Les
données collectées durant la recherche ont ainsi permis de disposer des données socio-
économiques de base qui vont servir d’outils de décision pour initier la gestion durable de ces
ressources.
Les études ont ainsi démontré que l’écosystème de mangroves est en dégradation. Une
perte en superficie de l’ordre de 40 % a été enregistrée entre les années 1990 et 2010. La
potentialité productive de ce riche écosystème peut encore subvenir aux besoins de la
population même si dans certaines zones, les impacts de l’exploitation abusive des ressources
se font déjà sentir dans le quotidien des gens. Dans une telle situation, l’aménagement des forêts
de mangroves en vue d’une gestion durable des ressources s’impose. Une situation telle que la
perte de plus de 50 % de la couverture forestière en 25 ans nécessite une prise de décision en
termes de gestion durable dans les plus brefs délais. En outre, cette forte dégradation est due en
grande partie par les pressions anthropiques et le changement climatique. La surexploitation
des mangroves porte atteinte à la capacité de régénération naturelle des espèces. Cette situation
est aggravée par les effets néfastes du changement climatique. Même si les forêts de palétuviers
figurent parmi les espèces les plus résistantes dans son milieu naturel, elles ne sont pas
indifférentes face à l’ensablement massif, à l’augmentation excessive du taux de salinité de
l’eau ou encore à l’élévation du niveau de la mer.
59
Dans le delta de Tsiribihina, les populations vivent en dépendance des écosystèmes de
mangroves. Leur mode de vie y est fortement lié. Cet écosystème constitue une source
principale d’approvisionnements alimentaires et de revenus surtout pendant les périodes
cycloniques où la pratique des activités de pêche au large n’est pas très évidente. Les
populations riveraines des zones de mangroves puisent la quasi-totalité de ses ressources dans
cet écosystème. Outre les divers produits halieutiques qui vont servir de nourriture aux
habitants, l’exploitation des mangroves les procure un revenu journalier non négligeable estimé
entre une fourchette de 3 000 Ar à 17 000 Ar selon que la pêche a été bonne ou non.
En conclusion des mesures doivent être prises pour assurer la gestion durable et la
valorisation optimale des ressources. En réponse à cette situation, des recommandations
concernant l’amélioration des techniques agricoles et des actions de conservations proprement
dites ont été avancées. Une étude approfondie des filières porteuses dont la filière crabe et
l’écotourisme est également à réaliser. Ces deux volets représentent les meilleurs moyens de
valoriser ces ressources naturelles. Il s’en suit logiquement que la mise en œuvre de ces
recommandations est accompagnée d’un renforcement de capacité technique des acteurs pour
l’efficience et l’efficacité des actions de développement et de conservation entreprises. Dans
cette optique, les stratégies de développement adoptées vont non seulement contribuer à
l’amélioration du niveau de la population, mais également à la réduction des pressions qui
pèsent sur les ressources.
Il est à souligner que la présente étude relève surtout du domaine socio-économique.
Les travaux relevant des domaines écologiques, biologiques, l’analyse spatiale de l’évolution
des mangroves (en termes de superficie), l’étude des connaissances écologiques traditionnelles
ainsi que l’étude de la filière crabe ont fait l’objet d’autres études. La capitalisation des résultats
issus de ces différentes études devrait aboutir à une politique régionale de gestion durable des
mangroves dans le delta de Tsiribihina.
Les résultats présentés dans ce document pourront servir de point de départ pour le
choix des axes de développement à prioriser compte tenu des caractéristiques socio-
économiques de la zone d’étude. Toutefois, des recherches plus poussées concernant les
phénomènes migratoires sont à réaliser pour que le processus de développement amorcé puisse
vraiment s’ancrer sur le territoire.
I
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
OUVRAGES GÉNÉRAUX
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II
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III
LISTE DES ANNEXES
ANNEXE I : FICHE D’ENQUETE MÉNAGE
ANNEXE II : GUIDE D’ENTRETIEN – ASSEMBLÉE VILLAGEOISE
ANNEXE III : LISTE DES SITES ETUDIÉS (avec les coordonnées géographiques)
IV
ANNEXE I : FICHE D’ENQUÊTE MÉNAGES
N° questionnaire : |__|__|__|__|
Date de l’enquête : ___/___/______/
Enquêteur :……………………………………………………………………………………
I. LOCALISATION 1 2 3 4 5 6 7 8
Q1. Commune
Q2. Fokontany :
1.Kaday 2.Ambakivao 3.Andapotaly 4.Tambohobe 5.Moravagno
/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/
Q3. Hameau
II. INFORMATIONS GÉNÉRALES SUR L’INTERVIEWÉ 1 2 3 4 5 6 7 8
Q4. Âge
Q5. Sexe : 1. Masculin 2. Féminin /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/
Q6. Situation matrimoniale : 1. Célibataire 2. Marié(e) /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/
Q7. Taille du ménage
Q8. Niveau d’instruction :
1. Sans instruction 2. Primaire 3. Secondaire 4. Supérieur
/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/
III. MIGRATION 1 2 3 4 5 6 7 8
Q9. Lieu d’origine :
1. Sud-Ouest 2. Sud-Est 3. Grdes villes proximité (Mdv-Mhb-
Bst)
4. Littoral Nord 5. Villages proximité 6. Hautes terres
/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/
Q10. Lieu de destination :
1. Kaday 2. Ambakivao 3. Andapotaly 4. Tambohobe 5. Moravagno
/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/
Q11. Date d’arrivée dans la zone
1 2 3 4 5 6 7 8
Q12. Moyen de déplacement
1. Voie fluviale/maritime 2. Voie terrestre 3.Voie fluviale/maritime & terrestre
/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/
Q13. Motifs de déplacement
1. Ressources halieutiques 2. Agriculture 3. Autres (insécurité, commerce…)
/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/
Q14. Accès aux ressources par rapport aux autochtones
1. Libre accès 2. Conflits
/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/
IV. ACTIVITÉS 1 2 3 4 5 6 7 8
Q15. Activité principale
1. Pêche aux poissons 2. Pêche aux crabes 3. Agriculture 4. Élevage
5. Mareyeur 6. Collecteur 7. Autres
/__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/
Q16. Ancienneté dans la profession
Q17. Destination de l’activité principale
1. Autoconsommation 2.Vente uniquement 3. Autoconsommation et vente
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Q18. Activité secondaire
1. Pêche aux poissons 2. Pêche aux crabes 3. Agriculture 4. Élevage
5. Mareyeur 6. Collecteur 7. Autres 8. Aucune
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Q19. Destination de l’activité secondaire
1. Autoconsommation 2.Vente uniquement 3. Autoconsommation et vente
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Q20. Principaux problèmes liés aux activités
V
V. VENTE 1 2 3 4 5 6 7 8
Q21. Lieu de commercialisation
1. Kaday 2. Ambakivao 3. Andapotaly 4. Moravagno 5. Autres villages
6. Belo/Tsiribihina 7. Hors district (Mdv – A/be)
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Q22. Fréquence de la vente (par mois)
Q23. Moyen de transport
1. Pied…..2. Pirogue…..3. Boutre…..4.Véhicule 5. Autres
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Q24. Prix de vente (par unité)
Q25. Quantité vendue
Q26. Clients/marchés cibles
1. Habitants du village 2. Usagers en dehors du village…..3. Aux deux
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VI. REVENUS
1 2 3 4 5 6 7 8
Q27. Revenu journalier moyen (en Ariary)
Q28. Revenu mensuel moyen
Q29. Répartition du revenu (en %) Consommation : Épargne :
Q30. Structure de dépenses (en %)
1. Alimentation 2. Habits 3.Santé 4. Éducation 5. Transport
6. Matériels de pêche 7. Autres
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VI
ANNEXE II : GUIDE D’ENTRETIEN – ASSEMBLÉE VILLAGEOISE
I. OBSERVATION GÉOGRAPHIQUE
— Nom du village
— Nom du hameau
— Relief, types et nature des sols
— Climat et pluviométrie
II. OBSERVATION DÉMOGRAPHIQUE
— Nombre d’habitants du territoire
— Taux de croissance de la population
— Migration (% migrants par rapport nombre autochtones, origines, motifs, date d’arrivée,
mode d’accès aux ressources par rapport aux autochtones, moyen de déplacement)
III. OBSERVATION SOCIALE
Habitat : — en dur/en bois
Éducation : — nombre d’établissements, nombre d’enseignants, nombre d’élèves ;
Santé : — infrastructures sanitaires ;
IV. OBSERVATION ÉCONOMIQUE
Transport : — amélioration, stagnation ou diminution des réseaux de transport ;
— distance/temps nécessaire entre zone de production & zone de
consommation ;
Artisanat : — MP se trouvent-elles dans le territoire ?
— Identifier le produit local est une valorisation des ressources naturelles
— taille de l’exploitation ? Profit ? Formel/informel ?
VII
Agriculture et Élevage : — surface cultivable (taux d’exploitation, types d’exploitation :
culture vivrière ou culture de rente ?) ;
— Les cultures les plus importantes (occupation principale par
surface exploitée) ;
— Taux d’autoconsommation à la production agricole ;
— Rendements par produits par rapport aux normes ;
— Types d’élevage (bovin, caprin…) ;
— Calendrier saisonnier.
Janv Fev Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc
Saisons
Activités
Revenus
Finances : — Revenus (consommation & épargne) ;
— Institutions financières informelles reconnues par les populations.
V. OBSERVATION INSTITUTIONNELLE
Institutions/Associations/ONG/Organismes de développement
— Priorités de développement pour ces organismes et institutions ?
VIII
ANNEXE III : LISTE DES SITES ETUDIÉS (avec les coordonnées
géographiques)
District Commune Village Latitude Longitude
Belo sur Tsiribihina Aboalimena Moravagno S 19°22' 56.75'' EW 44°27' 59.62''
Belo sur Tsiribihina Tsimafana Kaday S 19°47' 37.64'' EW 44°28' 46.38''
Belo sur Tsiribihina Belo sur Tsiribihina Ambakivao S 19°34' 50.41'' EW 44°26' 42.42''
Belo sur Tsiribihina Belo sur Tsiribihina Andapotaly S 19°32' 33.26'' EW 44°27' 20.66''
Belo sur Tsiribihina Belo sur Tsiribihina Tambohobe S 19°29' 50.55'' EW 44°27' 46.81''
IX
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS ................................................................................................................... i
SOMMAIRE .............................................................................................................................. ii
LISTE DES TABLEAUX ......................................................................................................... iii
LISTE DES FIGURES .............................................................................................................. iv
LISTE DES CARTES ................................................................................................................ v
LISTE DES PHOTOS ................................................................................................................ v
LISTE DES ABRÉVIATIONS ................................................................................................. vi
RÉSUMÉ .................................................................................................................................. vii
ABSTRACT ............................................................................................................................ viii
I. INTRODUCTION .......................................................................................................... 1
II. MÉTHODOLOGIE ........................................................................................................ 4
II.1. Problématique ......................................................................................................... 4
II.2. Hypothèses ............................................................................................................. 4
II.3. Indicateur de vérification des hypothèses .............................................................. 5
II.4. État des connaissances ........................................................................................... 7
II.4.1. Généralités sur l’écosystème de mangroves ..................................................... 7
II.4.1.1. Définition ................................................................................................... 7
II.4.1.2. Notions sur l’étude écologique des mangroves.......................................... 8
a. Répartition et structure de la forêt de mangroves ......................................... 8
Les facteurs climatiques................................................................................ 8
Le taux de salinité ......................................................................................... 9
La fluctuation des marées ............................................................................. 9
Les sédiments et l’énergie des vagues .......................................................... 9
b. Zonation ...................................................................................................... 10
c. Structure de la forêt ..................................................................................... 11
d. La distribution des mangroves dans le monde ............................................ 11
II.4.2. Le concept de développement durable ........................................................... 14
II.4.2.1. Origine du concept ................................................................................... 14
II.4.2.2. Définition ................................................................................................. 15
II.4.3. Approche théorique du développement local ................................................. 15
II.4.3.1. Quelques définitions ................................................................................ 16
a. Le développement ....................................................................................... 17
X
b. Le local ........................................................................................................ 17
c. Le concept de développement local ............................................................ 18
Le développement appliqué au local .......................................................... 18
La croissance locale .................................................................................... 19
Le développement local comme un concept indépendant .......................... 19
II.4.3.2. Les conditions du développement local ................................................... 20
II.5. Choix et présentation de la zone d’étude ............................................................. 21
II.6. Démarche méthodologique................................................................................... 23
II.6.1. Collecte des données secondaires ................................................................... 24
II.6.2. Les entretiens collectifs avec la population .................................................... 24
II.6.3. Enquêtes ménages par l’intermédiaire d’un questionnaire ............................. 25
II.6.4. Traitement des données .................................................................................. 25
II.7. Portées et limites de l’étude.................................................................................. 26
III. RÉSULTATS ET INTERPRÉTATIONS ................................................................ 27
III.1. État des lieux et tendance des mangroves dans le delta de Tsiribihina ................ 27
III.1.1. Importance écologique ................................................................................ 27
III.1.2. Diversités floristique et faunistique de la végétation de mangroves ........... 28
III.1.3. Les mangroves : un écosystème unique, rare et menacé ............................ 30
III.1.3.1. Les mangroves, un écosystème à usage multiple ................................... 30
III.1.3.2. Principales pressions et menaces sur les mangroves .............................. 32
a. Pressions et menaces d’ordre naturel .......................................................... 32
b. Pressions et menaces anthropiques ............................................................. 34
III.1.3.3. Dynamique des mangroves du delta de Tsiribihina ................................ 35
III.2. Réalités socio-économiques du delta de Tsiribihina ............................................ 38
III.2.1. Démographie ............................................................................................... 38
III.2.2. Éducation .................................................................................................... 39
III.2.3. Activités et revenus ..................................................................................... 41
III.2.3.1. Revenus .................................................................................................. 43
III.2.3.2. Consommation des ménages .................................................................. 45
III.3. État de vérification des hypothèses ...................................................................... 47
III.3.1. Hypothèse 1 ................................................................................................ 47
III.3.2. Hypothèse 2 ................................................................................................ 47
III.3.3. Hypothèse 3 ................................................................................................ 48
XI
IV. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS ........................................................ 49
IV.1. Analyse SWOT du mode de gestion actuelle des mangroves .............................. 49
IV.1.1. Forces .......................................................................................................... 50
IV.1.2. Faiblesses .................................................................................................... 50
IV.1.3. Opportunités ................................................................................................ 51
IV.1.4. Menaces ...................................................................................................... 51
IV.2. Recommandations pour promouvoir le développement du delta de Tsiribihina dans
un contexte de gestion durable des mangroves ................................................................ 52
IV.2.1. Valorisation de l’écosystème de mangroves ............................................... 52
IV.2.2. Restauration et reboisement des mangroves ............................................... 55
IV.2.3. Perspectives de gestion des mangroves dans le delta de Tsiribihina .......... 57
V. CONCLUSION ............................................................................................................ 58
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES .................................................................................... I
LISTE DES ANNEXES ........................................................................................................... III
ANNEXE I : FICHE D’ENQUÊTE MÉNAGES .................................................................... IV
ANNEXE II : GUIDE D’ENTRETIEN – ASSEMBLÉE VILLAGEOISE............................. VI
ANNEXE III : LISTE DES SITES ETUDIÉS (avec les coordonnées géographiques) ........ VIII
TABLE DES MATIÈRES ....................................................................................................... IX
Nom & Prénom : RAMAROSANDRATANA Andrimanjaka
Titre : Conservation et exploitation durable des mangroves au service du
développement du delta de Tsiribihina
Nombre de pages : 59 Nombre de tableaux : 08
Nombre de photos : 06 Nombre de figures : 06
RÉSUMÉ
Les mangroves, végétation caractéristique de la zone du delta de Tsiribihina, se trouvent parmi
les écosystèmes les plus productifs en biomasse de notre planète. A cet effet, les conditions de
vie de la population du delta sont fortement conditionnées par l’état de cette ressource.
Cependant, force est de constater que les pressions et menaces – anthropiques et naturelles –
qui pèsent sur cet habitat et sa biodiversité deviennent de plus en plus tangibles. De 1990 à
2010, les mangroves du delta de Tsiribihina ont perdu plus de 40% de sa superficie totale. Les
caractéristiques socio-économiques de la zone figurent parmi les principales causes de cette
dégradation. D’où la nécessité d’identifier des alternatives socio-économiques pour améliorer
le niveau de vie de la population dans un contexte de gestion durable des mangroves. Ainsi, la
promotion de la filière crabe et le développement de l’écotourisme se trouvent être les axes à
prioriser pour le développement local du delta. L’intensification des activités de restauration et
de reboisement des mangroves ainsi que d’un mode de gestion efficace des mangroves sont
indispensables pour assurer la conservation et l’exploitation durable de cette ressource.
Mots-clés: mangroves, dégradation, socio-économiques, gestion durable, développement
local, conservation, ressources naturelles
Encadreur pédagogique:
Professeur RAMAMONJISOA Bruno
HDR en Economie Forestière
Enseignant chercheur – ESSA Département Eaux et Forêts
Encadreur professionnel:
Monsieur RANDRIAMANANTENA Dannick
Landscape Leader
Paysage Terrestre des Mangroves de Tsiribihina – Manambolo
Madagascar & West Indian Ocean Program Office – WWF