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Charles Doumenge Cirad-forêt TA 10/D 34398 Montpellier Cedex 5 France Juan-Enrique Garcia Yuste Agencia Española de Cooperación Internacional Proyecto Araucaria Amazonas Nauta Loreto 442 Iquitos, Pérou Steve Gartlan Wwf, Programme Cameroun BP 6776 Yaoundé, Cameroun Olivier Langrand Wwf, Programme régional pour l’Afrique centrale BP 9144 Libreville, Gabon Assitou Ndinga Uicn, Programme régional pour l’Afrique centrale BP 5506 Yaoundé, Cameroun BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2001, N° 268 (2) 5 AIRES PROTÉGÉES / BIODIVERSITÉ CONSERVATION DE LA BIODIVERSITÉ FORESTIÈRE EN AFRIQUE CENTRALE ATLANTIQUE : LE RÉSEAU D’AIRES PROTÉGÉES EST-IL ADÉQUAT ? Un bilan des aires protégées du Cameroun, du Gabon et de Guinée équatoriale est dressé dans cet article, après une présentation du cadre forestier de ces pays. Un second article, en préparation, exposera la méthode d’identification et de classement des sites critiques pour la conservation de la biodiversité forestière et décrira le réseau sous-régional de sites. Les rapides hébergent souvent des espèces de poissons endémiques (chutes de Kongou, sur l’Ivindo, Gabon). Rapids are often home to endemic fish species (Kongou falls, on the Ivindo, Gabon). Photo C. Doumenge.

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Page 1: CONSERVATION DE LA BIODIVERSITÉ FORESTIÈRE EN ...bft.cirad.fr/cd/BFT_268_5-27.pdfJuan-Enrique Garcia Yuste Agencia Española de Cooperación Internacional Proyecto Araucaria Amazonas

Charles Doumenge

Cirad-forêtTA 10/D34398 Montpellier Cedex 5France

Juan-Enrique Garcia Yuste

Agencia Española deCooperación InternacionalProyecto Araucaria AmazonasNautaLoreto 442Iquitos, Pérou

Steve Gartlan

Wwf, Programme CamerounBP 6776Yaoundé, Cameroun

Olivier Langrand

Wwf, Programme régional pour l’Afrique centraleBP 9144Libreville, Gabon

Assitou Ndinga

Uicn, Programme régional pour l’Afrique centraleBP 5506Yaoundé, Cameroun

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 1 , N ° 2 6 8 ( 2 ) 5AIRES PROTÉGÉES / BIODIVERSITÉ

CONSERVATION DE LA BIODIVERSITÉ

FORESTIÈRE EN AFRIQUECENTRALE ATLANTIQUE :

LE RÉSEAU D’AIRESPROTÉGÉES EST-IL

ADÉQUAT ?

Un bilan des aires protégées du Cameroun, du Gabon et de Guinée équatoriale est dressé dans cet article, après uneprésentation du cadre forestier de ces pays. Un second article, enpréparation, exposera la méthode d’identification et de classementdes sites critiques pour la conservation de la biodiversité forestière etdécrira le réseau sous-régional de sites.

Les rapides hébergent souvent des espèces depoissons endémiques (chutes de Kongou, sur l’Ivindo,Gabon).Rapids are often home to endemic fish species(Kongou falls, on the Ivindo, Gabon).Photo C. Doumenge.

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RÉSUMÉCONSERVATION DE LABIODIVERSITÉ FORESTIÈRE ENAFRIQUE CENTRALE ATLANTIQUE :LE RÉSEAU D’AIRES PROTÉGÉESEST-IL ADÉQUAT ?

Cet article présente le cadre forestierde trois pays d’Afrique centrale(Cameroun, Gabon et Guinée équato-riale), puis il dresse un bilan des sys-tèmes nationaux d’aires protégées.Ces derniers, s’ils se trouvent aucœur de toute démarche de conserva-tion et d’utilisation durable de la bio-diversité forestière, occupent pour-tant une faible portion des territoiresnationaux et couvrent mal l’ensembledes écosystèmes à protéger. Tel qu’ilse dessine, le projet de système na-tional équatoguinéen sera le plusproche de ce qu’il serait souhaitablede mettre en place en termes de cou-verture des écosystèmes nationaux,de proportion du territoire dévolue enpriorité à la protection de la biodiver-sité et de statut des aires protégées.La gestion de ces aires protégéesn’est effective que dans un petitnombre de sites et l’implication desdiverses parties prenantes n’en estencore qu’à ses balbutiements. Lemanque de coordination, voire lacompétition, entre les services encharge des aires protégées et ceuxresponsables de la délivrance despermis forestiers n’est pas de natureà assainir la situation, d’autant queles trois pays considérés manquentencore de politiques fortes en ma-tière de conservation de la biodiversi-té et, plus précisément, de dévelop-pement des aires protégées. Unestratégie de conservation claire et unengagement des États à prendre encharge les coûts récurrents de ges-tion constitueraient des signes posi-tifs susceptibles d’attirer davantageles fonds de la communauté interna-tionale au bénéfice de la protectionde l’environnement en Afrique centra-le.

Mots-clés : aire protégée, biodiver-sité forestière, stratégie de conser-vation, Cameroun, Gabon, Guinéeéquatoriale.

ABSTRACTFOREST BIODIVERSITYCONSERVATION IN ATLANTICREGIONS OF CENTRAL AFRICA: IS THE PROTECTED AREA SYSTEMEFFICIENT?

This article reviews national protect-ed area systems, and therefore theforestry situation, in three centralAfrican countries, i.e. Cameroon,Gabon and Equatorial Guinea. Theseprotected areas—despite the factthat they are the focus of many proj-ects to promote the conservation andsustainable use of forest biodiversi-ty—represent but a very small por-tion of the national territories and donot cover adequately of the ecosys-tems that require protection. In itscurrent design, the national Equa-torial Guinean system project is clos-er to what should ideally be set up interms of national ecosystem cover-age, the proportion of the nationalterritory devoted to biodiversity pro-tection, and protected area status.Management of these protectedareas is only effective at a few sitesand the plan to involve various stake-holders in this management is stillonly in the budding stage. The lack ofcoordination and even the presenceof competition between services incharge of managing protected areasand those responsible for allocatingforest permits is not helping the situ-ation. Moreover, the three consideredcountries still lack effective policiesfor biodiversity conservation, espe-cially for the development of protect-ed areas. A clear conservation strate-gy and government commitment tocover recurrent management costswould be positive signs that could at-tract further international funding topromote environmental protection incentral Africa.

Keywords: protected area, forest bio-diversity, conservation strategy,Cameroon, Gabon, Equatorial Guinea.

RESUMENCONSERVACIÓN DE LABIODIVERSIDAD FORESTAL ENÁFRICA CENTRAL ATLÁNTICA: ¿LA RED DE ÁREAS PROTEGIDAS ESADECUADA?

Este artículo presenta el marco fores-tal de tres países de África central:Camerún, Gabón y Guinea ecuatorialpara luego hacer un balance de lossistemas nacionales de áreas protegi-das. Dichos sistemas, aunque consti-tuyan el centro neurálgico de cual-quier iniciativa de conservación yutilización sostenible de la biodiversi-dad forestal, ocupan una pequeñaporción de los territorios nacionales ycubren mal el conjunto de los ecosis-temas que hay que proteger. El pro-yecto de sistema nacional ecuatogui-neano se prefigura como el modelomás adecuado para su establecimien-to por lo que a la cobertura de losecosistemas nacionales, proporcióndel territorio destinado prioritaria-mente a la protección de la biodiver-sidad y estatus de las áreas protegi-das se refiere. La gestión de estasáreas protegidas sólo es efectiva enun pequeño número de sitios y la im-plicación de las partes implicadas seencuentra aún en sus inicios. La faltade coordinación, e incluso la competi-ción, entre los servicios encargadosde las áreas protegidas y los respon-sables de la concesión de permisosforestales no facilita las cosas, tantomás cuanto que los países en cues-tión no disponen todavía de políticasfuertes relativas a la conservación dela biodiversidad y, más concretamen-te, al desarrollo de las áreas protegi-das. Una estrategia de conservaciónclara y un compromiso de los estadospara tomar en cuenta los costos recu-rrentes de gestión constituiría unsigno positivo para poder atraer losfondos de la comunidad internacionalpara el beneficio del medioambienteen África central.

Palabras clave: área protegida, biodi-versidad forestal, estrategia de con-servación, Camerún, Gabón, Guineaecuatorial.

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B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 1 , N ° 2 6 8 ( 2 ) 7AIRES PROTÉGÉES / BIODIVERSITÉ

INTRODUCTION

Les aires protégées consti-tuent l’élément clé de toute stra-tégie de conservation de la biodi-versité d’un pays ou d’une région.Cela est particulièrement valablepour l’Afrique centrale, où lesautres éléments d’une stratégieintégrée de conservation sontpeu ou pas développés (jardinsbotaniques ou zoologiques,banques de graines, gestion du-rable des écosystèmes hors desaires protégées, etc.).

Une première évaluation deces parcs et réserves d’Afriquecentrale a été menée par l’Uicn(Union mondiale pour la nature)en 1988, dans le cadre de la pré-paration du programme Ecofac(Programme de conservation etutilisation rationnelle des écosys-tèmes forestiers d’Afrique cen-trale), financé par l’Union euro-péenne. Dix ans après, l’Uicn,avec le soutien financier du pro-gramme Carpe (Programme régio-nal de l’Afrique centrale pour l’en-vironnement), a entrepris unenouvelle évaluation de ces airesprotégées et de la gestion des fo-rêts du Cameroun, du Gabon etde Guinée équatoriale. Ces troispays font partie de ce que nousappellerons par la suite l’« Afriquecentrale atlantique ». Faute dedonnées actualisées disponibles,nous ne traiterons pas ici des îlesde São Tomé e Príncipe.

Les résultats présentésconcernent essentiellement l’effi-cacité des systèmes de parcs etréserves pour la conservation dela biodiversité forestière ; ils netraitent que marginalement desautres écosystèmes (formationsherbeuses, zones humides her-beuses, fleuves, lacs et lagunes,systèmes côtiers, etc.). Les don-nées ont été collectées en 1998 etactualisées au tout début de l’an-née 2000.

ÉTAT DES FORÊTS

L’Afrique centrale, duCameroun à la République démo-cratique du Congo, possède ledeuxième massif forestier mon-dial. Les forêts du Cameroun, deGuinée équatoriale et du Gabonforment à elles seules 20 % de cegrand bloc forestier. Selon lessources, on estime que leur su-perficie totale est comprise entre392 000 km2 (Fao, 1997) et423 000 km2 (figure 1), soit 40 à80 % des territoires nationaux(tableau I). L’essentiel de ce mas-sif est constitué de forêts denseshumides de terre ferme de basseet moyenne altitude.

Malgré une apparente abon-dance et la constatation d’un re-gain forestier dans les zones decontact forêt-savane, actuelle-ment peu peuplées, ces res-sources forestières sont en ré-gression au rythme annueld’environ 2 300 km2, soit 0,5 à0,6 % (Fao, 1997).

Les principales causes decette déforestation sont les activi-tés agricoles et de collecte debois de feu et de service, princi-palement autour des villes etdans les zones rurales à fortedensité de population. La super-ficie totale des zones les plus dégradées dépassait, au débutdes années quatre-vingt-dix,70 000 km2 (figure 2 et tableau II).Si l’on met de côté les régions demosaïques forêt-savane duCameroun – d’interprétation plusdélicate –, ces zones de fort im-pact humain comprennent leshautes terres du sud-ouest duCameroun et de Bioko, le couloirde pénétration des Fang depuis lesud du Cameroun jusqu’au nord-est de la Guinée équatorialecontinentale et au nord du Gabon,ainsi que les alentours desgrandes villes (régions deYaoundé, Douala, Kumba, Libre-ville, Lambaréné, etc.). Le bloc fo-restier peut être globalement sé-paré en deux parties par l’axe

Orchidée épiphyte dans une forêt denuage des monts Bakossi. (Cameroun).Epiphyte orchid in a cloud forest in theBakossi mountains (Cameroon).Photo C. Doumenge.

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Ya o u n d é - O ye m - L a m b a r é n é -Mouila. L’essentiel de la défores-tation et de la dégradation pro-fonde des forêts sévit à l’ouest decet axe. Les forêts occidentales ensont encore relativement préser-vées.

Bien que plus difficilementquantifiables, les superficies at-teintes par la dégradation fores-tière sont comparativement beau-coup plus vastes que les zonesdéforestées. Elles peuvent être vi-

sualisées en rapprochant la cartedes zones de forêts de celle despermis forestiers : ces derniersoccupent actuellement ou onttouché plus de 226 000 km2, soit au minimum 44 % des forêtset des mosaïques forêt-savane de la sous-région (figure 3 et ta-bleau II). La superficie ayant étéréellement affectée par l’exploita-tion est toutefois supérieure à ceschiffres car tous les permis an-ciens n’ont pu être cartographiés,

en particulier au Gabon et enGuinée équatoriale. Ils permet-tent toutefois de préciser l’am-pleur des différences entre lesdeux phénomènes, l’un – la défo-restation – touchant 14 % desforêts bien que de manière plusimportante (perte nette de biodi-versité végétale et animale),l’autre – la dégradation forestière– atteignant plus insidieusementplus de 44 % du massif (diminu-tion de la faune, atteinte aux pro-cessus écologiques et de régéné-ration forestière).

Cette dégradation s’accélèrede jour en jour du fait de l’exploi-tation forestière et de la chassecommerciale généralisées. Cesdernières atteignent maintenantles confins sud-est du Camerounet le nord du Gabon. Si l’impactde l’exploitation du bois d’œuvrepeut être variable selon le pays(40 à 60 % des forêts touchées), ill’est aussi au sein de chacund’eux (plus ancien et importantprès de la côte que vers l’inté-rieur). Cette activité s’accom-pagne du développement des infrastructures routières, des im-plantations humaines et de lachasse commerciale, lesquelles,généralement non maîtrisées,contribuent toutes à la dégrada-tion rampante de la biodiversitéforestière de la sous-région.

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BIODIVERSITY / PROTECTED AREA

Figure 1 �

Esquisse des grandes zones devégétation de l’Afrique centraleatlantique.Rough sketch of the main vegetationzones in Atlantic regions of centralAfrica.

Figure 2 �

Visualisation des zones à fort impacthumain sur les forêts densesd’Afrique centrale atlantique.Zones where there is a high humanimpact in closed forests in Atlanticregions of central Africa.

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PRINCIPAUX ENJEUX

L’exploitation et le commer-ce du bois d’œuvre constituent unsecteur clé des économies natio-nales des trois pays. En 1998, laproduction officielle de la sous-région s’est élevée à un peu plusde 5 millions de mètres cubes de grumes, dont pratiquement2 900 000 m3 pour le seulCameroun, 1 700 000 m3 pour leGabon et 420 000 m3 pour laGuinée équatoriale (tableau I). Endix ans, de 1986 à 1996, les pro-ductions nationales ont augmen-té de 30 % (Cameroun) à 190 %(Guinée équatoriale), avec un picintermédiaire en 1990 et surtoutun envol à partir de 1993-1994(Doumenge, 1998). La progres-sion s’est maintenue en 1997mais elle a subi un coup d’arrêtbrutal l’année suivante, du fait dela crise financière asiatique.Malgré une diversification pro-gressive, deux à trois espècesconstituent encore 60 à 80 % desproductions annuelles : ayous(Triplochiton scleroxylon, Ster-culiaceae), sapelli (Entandro-phragma cylindricum, Meliaceae)et azobé (Lophira alata, Ochna-ceae) au Cameroun ; okoumé(Aucoumea klaineana, Bursera-ceae) et ozigo (Dacryodes buett-neri, Burseraceae) au Gabon ;okoumé et ilomba (Pycnanthusangolensis, Myristicaceae) enGuinée équatoriale.

Alors que la tendance mon-diale est à la diminution de l’ex-portation de grumes au profit deproduits transformés, la sous-ré-gion continue d’exporter une ma-jorité de sa production sousforme de grumes (83 %). Les ou-tils industriels de transformationrestent peu développés et en ma-jorité peu performants. Toutefois,le Cameroun se démarque par untaux de transformation plus

élevé : un peu plus de 40 % de laproduction contre 5 à 10 % pourles deux autres pays (Doumenge,1998). Ces dernières années, lesexportations se sont réorientéesde l’Europe vers l’Asie. Avec lacrise économique asiatique, desproblèmes d’écoulement se sontmanifestés en 1997-1998, souli-gnant la relative fragilité de cesmarchés.

Si l’exploitation forestière indus-trielle n’a longtemps touché queles forêts de la côte, elle s’étendmaintenant jusqu’à l’intérieur desterres (figure 3). Ce phénomènes’est accéléré ces dernières an-nées et, actuellement, pratique-ment toutes les forêts exploi-tables du Cameroun, du Gabon etde Guinée équatoriale ont été ousont exploitées, ou font l’objet deprévisions d’exploitation.

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Le nombre d’exploitants etde chantiers a crû fortement,alors que les démarches, encours, d’aménagement durablene sont encore que marginale-ment engagées sur le terrain. Deplus, si les statistiques ci-dessusconcernent la production offi-cielle, il faut aussi compter avecune exploitation clandestine dontl’importance est difficilement mesurable (voir, par exemple,Gartlan, 1989, pour le Came-

roun). Tout cela constitue un réeldanger pour la sauvegarde desforêts mais aussi pour la bonnesanté du secteur forestier à longterme, en qualité de moteur éco-nomique du développement ré-gional. En Guinée équatoriale, parexemple, le secteur risque des’effondrer dans 20-25 ans si lasurexploitation anarchique ac-tuelle se poursuit. Du point devue de la régénération des res-sources, la tendance actuelle est

à la diminution des programmesde reboisement – déjà minimes –et à un investissement accru dansla gestion des forêts naturelles,voire leur aménagement pour larégénération des essences com-merciales les plus prisées.

Outre l’exploitation du boisd’œuvre, de nombreuses autresressources forestières sont large-ment utilisées dans la région. Laviande de chasse, par exemple,est la principale source de pro-téines animales dans lestrois pays : elle couvre 70 à 90 %des besoins, surtout dans leszones rurales et à l’intérieur desterres. Au Gabon, par exemple, laconsommation de gibier est unvéritable phénomène de société :le total national s’élèverait à17 500 tonnes par an de viande debrousse, ce qui représente14,5 milliards de francs CFAd’avant la dévaluation et uneconsommation annuelle par per-sonne de 17,2 kg, soit deux foiscelle de viande de bœuf (Steel,1994). La chasse pour l’autocon-sommation dans les zones ruralesn’est généralement pas une me-nace pour la faune forestière,sauf dans les régions très densé-ment peuplées où les forêts elles-mêmes tendent à disparaître (au-tour des agglomérations ou dansles zones rurales très peupléescomme l’ouest du Cameroun ou lenord-est de la Guinée équatorialecontinentale).

La chasse commerciale pourle ravitaillement des villes est enrevanche très destructrice. Ellepénètre de plus en plus en pro-fondeur dans les forêts, en sui-vant les voies d’exploitation fo-restière. Les gros rongeurs, lesantilopes et les singes sont lesgroupes d’animaux les plus tou-chés. L’importance croissante decette chasse commerciale devient

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préoccupante dans l’ensemble dela sous-région, qu’elle concernela viande ou les produits secon-daires (défenses d’éléphant, parexemple), car elle est très malcontrôlée et se pratique souvent àl’initiative de citadins influents.

Les produits forestiers nonligneux sont aussi largement utili-sés et commercialisés, surtout àtravers des filières informelles.Plantes alimentaires, plantes mé-dico-magiques, miel, rotins,feuilles d’emballage sont parmiles produits les plus prisés. Ilssont fondamentaux pour la surviedes populations rurales. Certainsde ces produits alimentent mêmedes circuits commerciaux natio-naux, voire internationaux, floris-sants. On peut citer les noix decola (Cola acuminata, Sterculia-ceae), les graines de manguiersauvage (Irvingia spp., Irvingia-ceae), les feuilles de koko (Gne-tum spp., Gnetaceae), les noi-settes d’Afrique (Coula edulis,Olacaceae) ou les graines d’es-sessang (Ricinodendron heude-lotii, Euphorbiaceae).

Le Cameroun est le pays oùla tradition commerciale est laplus ancienne, où l’exploitationdes produits forestiers non li-gneux est la plus développée etles circuits commerciaux lesmieux établis. Ce commerce estparfois même plus profitable quecelui des produits vivriers. Uneenquête menée par Ndoye (1995),auprès de 16 % des commerçantsde 31 marchés de la zone humidecamerounaise, a révélé que le

commerce de quatre des produitscités plus haut représentaientplus de 90 millions de francs CFA(safous, noix de cola, essessang,mangues sauvages). Le domainedes produits forestiers médici-naux est en outre l’objet d’enjeuxpatrimoniaux et financiers consi-dérables entre pays tropicaux ettempérés, entre multinationalespharmaceutiques et peuples deforêt.

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Figure 3 �

Extension des permis d’exploitationforestière industrielle en Afriquecentrale atlantique.Extension of industrial loggingpermits for forests in Atlantic regionsof central Africa.

Figure 4 �

Aires protégées d’Afrique centraleatlantique.Protected areas in Atlantic regions ofcentral Africa.

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Si le tourisme n’est pas trèsdéveloppé dans la région, il estdevenu la première industriemondiale et reste potentiellementune source de revenus pour lespays d’Afrique centrale atlan-tique. Toutefois, il ne pourra êtremieux valorisé que si les payspréservent en leur sein un produitattractif, à savoir de vastes airesnaturelles, une faune abondanteet variée ainsi que des espèces-phares attractives pour le touris-me de nature (gorille, éléphant,lion, girafe…) ou le tourisme cyné-gétique (antilope ou bongo).Certaines de ces espèces sont pu-rement savanicoles mais d’autressont exclusivement forestières(gorille, bongo).

BIODIVERSITÉ ETPRESSIONS HUMAINES

Les forêts denses des troispays offrent une grande diversitéd’écosystèmes se succédant descôtes vers l’intérieur des terres,des plaines aux montagnes : man-groves, forêts atlantiques litto-rales et des reliefs, forêts congo-laises occidentales, forêtssemi-décidues, forêts maréca-geuses et périodiquement inon-dées, forêts submontagnardes etmontagnardes (figure 1 et ta-bleau III). Si les mangroves, lesforêts marécageuses et cellesd’altitude n’occupent ensemblequ’un peu moins de 2 % du total,les forêts atlantiques (typiquesou de transition avec d’autrestypes forestiers) forment à ellesseules près de 55 % du massif.Chacune de ces formations fores-tières est caractérisée par desconditions abiotiques ainsi quepar des compositions floristiqueet faunique particulières. Les fac-teurs de variation touchent à lastructure de la végétation (hau-

teur des peuplements, stratifica-tion verticale) ainsi qu’à l’aspectqualitatif (espèces limitées à untype forestier ou à une aire don-née) ou quantitatif (dominance decertaines espèces, variabilité desassociations) des peuplementsvégétaux ou animaux.

Si la Guinée équatoriale estessentiellement un pays forestier,avec de petites superficies de sa-vanes côtières, le Gabon en pré-sente quelques beaux exemplessur la côte et dans la moitié suddu pays (savanes côtières, valléesde la N’Gounié et de la Nyanga,plateaux Batéké). Le Camerounn’est réellement forestier – du do-maine des forêts denses – quedans sa partie méridionale ; lereste du pays est occupé par dessavanes plus ou moins arborées.Les îles de Bioko et d’Annobón(Guinée équatoriale) sont aussilargement couvertes de forêts, àla composition floristique – etparfois à la structure – originalecomparativement aux forêtscontinentales.

La Guinée équatoriale esttout entière incluse dans la zonedes forêts atlantiques alors queles deux autres pays en débor-dent ; en particulier le Cameroun,qui s’étend en latitude jusquedans la région floristique souda-no-sahélienne. Les seules forêtsmontagnardes et formations sub-alpines sont situées dans le sud-ouest du Cameroun et sur l’île deBioko ; le Gabon ne posséde quede petites superficies de forêtssubmontagnardes. Les man-groves sont représentées dans lestrois pays mais beaucoup mieuxdéveloppées au Cameroun et auGabon. Outre leur présence enpetites superficies à travers toutle bloc forestier (forêts de bas-fond, forêts ripicoles), de grandesétendues de forêts marécageuses

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BIODIVERSITY / PROTECTED AREA

Figure 5 Importance numérique (a) et surface (b) relatives desdifférentes catégories d’airesprotégées en Afrique centraleatlantique. I : réserves intégrales ; II : parcs nationaux ; III : monuments ; IV : réserves gérées activement ; V : paysages protégés ; VI : aires d’utilisation durable ;RFo : réserves forestières ayant unevocation de protection de labiodiversité ; AP : aires protégées sans statutparticulier.

Relative importance, i.e. numerically(a) and in surface area (b), of thedifferent categories of protectedareas in Atlantic regions of centralAfrica.

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B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 1 , N ° 2 6 8 ( 2 ) 13AIRES PROTÉGÉES / BIODIVERSITÉ

Descripteur Cameroun Gabon Guinée équatoriale

Contexte géographique et humain

Superficie totale (km2) 475 444 267 667 28 051

Superficie des terres (km2) 464 952 262 320 28 050

Sommet le plus élevé Mont Cameroun Mont Milondo Pic Basilé(altitude en m) 4 095 1 020 3 008

Population totale estimée en 1997 14 678 000 1 190 000 443 000

Densité absolue de population 31,6 hab./km2 4,4 hab./km2 15,8 hab/km2

PNB/habitant en 1995 ($ US) 650 3 490 380

Productions et exportations de grumes (m3)

1996 – Production 2 805 932 2 513 000 461 141

Exportation 1 266 021 2 288 799 406 406

1997 – Production 3 000 000 3 200 000 757 174

Exportation 2 016 042 2 719 520 676 265

1998 – Production 2 895 000 1 700 000 421 933

Exportation 1 411 579 1 772 626 381 842

Essences principales Ayous Okoumé OkouméSapelli Ozigo IlombaAzobé

Pourcentage de la production en 1996 60,4 79,0 74,9

Biodiversité

Superficie des forêts denses peu perturbées selon les cartes de cet article (km2) 183 350 219 010 20 820

Superficie des forêts sensu Fao en 1995 (km2) 195 980 178 590 17 810

Taux annuel de déforestation 1990-1995 selon la Fao (%) 0,6 0,5 0,5

Plantes à fleur + 8 000 + 7 000 + 4 000

Mammifères 280 + 190 > 170

Oiseaux 912 691 > 451 (partie continentale)

Tableau IQuelques chiffres sur le Cameroun,

le Gabonet la Guinée équator iale

Sources : Doumenge (1998), Christy, Van De Weghe (1999),

Encyclopædia Universalis (1998), Atibt (1999), Oibt (2000).

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et périodiquement inondées setrouvent au Gabon et, dans unemoindre mesure, au Cameroun.

Ces trois pays sont primor-diaux pour la conservation de labiodiversité africaine (Stuart etal., 1990 ; Doumenge, 1996 et1998 ; Kingdon, 1997 ; tableau I) :sur à peine 2,5 % des terres ducontinent, ils hébergent 26 % desmammifères d’Afrique (un peuplus de 300 espèces sur un totalconnu de 1 150). À lui seul, leCameroun renferme 280 espècesmammaliennes et 912 oiseaux.Les forêts de basse et moyennealtitude ainsi que les forêts sub-montagnardes bordant la façadeatlantique seraient, en l’état ac-tuel de nos connaissances, lesplus diversifiées d’Afrique parunité de surface.

Ces forêts abritent égale-ment un grand nombre d’espècesvégétales et animales endé-miques à un pays ou même à unsite particulier. D’autres espèces

y sont subendémiques, étantmarginalement présentes dansles régions adjacentes. C’est, parexemple, le cas de l’okoumé, dontl’aire de répartition, centrée sur leGabon et la Guinée équatoriale,déborde au Sud-Congo et trèsmarginalement au Cameroun. Lesforêts montagnardes sont, quantà elles, les plus riches de toute lasous-région en espèces endé-miques. Elles sont pourtant, ainsique les forêts atlantiques litto-rales, les plus menacées d’Afriquecentrale car, à la fois, elles sontrelativement peu étendues etelles subissent d’importantespressions humaines (figures 1à 3). Les îles du golfe de Guinée,Bioko en particulier, renfermentnombre d’espèces ou de sous-es-pèces uniques, tel le cercopi-thèque de Preuss (Cercopithecuspreussi insularis, Cercopitheci-dae), de grande valeur biolo-gique, mais aussi en danger dedisparition du fait de fortes pres-sions humaines combinées auconfinement insulaire.

Certaines des espèces fo-restières d’Afrique centrale atlan-tique, végétales ou animales, ap-paraissent comme très sensiblesaux impacts humains et sont par-fois menacées d’extinction. Parmiles espèces animales, on peutciter : le moustac à oreillesrousses (Cercopithecus erythro-tis, Cercopithecidae), le cercopi-thèque de Preuss, déjà mention-né, le cercopithèque à queue desoleil (Cercopithecus solatus), lecolobe noir (Colobus satanas,

Colobidae), le drill (Mandrillusleucophaeus, Cercopithecidae), legorille (Gorilla gorilla, Homi-nidae), le chimpanzé (Pan troglo-dytes troglodytes, Hominidae) etl’éléphant (Loxodonta africana,Elephantidae) (Baillie, Groom-

bridge, 1996 ; Kingdon, 1997).Ce rapide tour d’horizon bio-

géographique permet de souli-gner que ces trois pays ont des ri-chesses biologiques en communmais renferment aussi des forma-tions forestières et des espècesuniques – ou quasi uniques – àchacun d’eux. Cela milite en fa-veur d’une approche biogéogra-phique de la conservation de labiodiversité forestière qui, si ellese fonde sur des systèmes natio-naux d’aires protégées, doittranscender les frontières despays dans une approche régiona-lisée.

Cette biodiversité excep-tionnelle est soumise à des pres-sions humaines, parfois impor-tantes, qu’il convient decirconscrire dans des limites ac-ceptables pour la capacité decharge du milieu naturel de cha-cun des pays. Pour ce faire, l’unedes actions clés consiste à établirun réseau d’aires protégées, le-quel est au cœur de toute straté-gie de conservation ou de déve-loppement durable bien pensée.Dans une approche intégrée de lagestion de la biodiversité,d’autres actions doivent êtremises en œuvre : in situ (utilisa-tion durable des ressources natu-relles hors des aires protégées…)ou ex situ (constitution d’arbore-tums, de conservatoires bota-niques, de zoos, élevages d’es-pèces sauvages…). Ces aspects,secondaires relativement aux sys-tèmes nationaux d’aires proté-gées, ne seront pas abordés ici.

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BIODIVERSITY / PROTECTED AREA

L’Afrique centrale atlantique est uncentre de diversité des bégonias (parcnational de Korup, Cameroun). Atlantic regions of central Africarepresent a hotspot of begonia diversity(Korup national park, Cameroon).Photo C. Doumenge.

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B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 1 , N ° 2 6 8 ( 2 ) 15AIRES PROTÉGÉES / BIODIVERSITÉ

Tableau II Superficies estimées des forêts denses humides, dégradéesou non, des mosaïques forêt-savane et des permis forestiers

en Afr ique centrale atlantique

Catégorie Superficie (km2)

Cameroun Gabon Guinée Sous-régionéquatoriale

Forêts denses humides 183 350 219 010 (4) 20 820 423 180

Forêts denses humides dégradées et complexes ruraux (1) (3) 48 080 16 040 6 700 70 820

Mosaïques forêt-savane (1) 21 690 170 10 21 870

Total 253 120 235 220 27 530 515 870

Permis forestiers (2) 125 680 84 670 16 150 226 500

Les forêts denses humides incluent les forêts de terre ferme, les forêts marécageuses et périodiquement inondées ainsi que lesmangroves. Les estimations sont basées sur les cartes 1 à 3. Étant donné l’échelle de ces cartes, elles doivent être prises en tantqu’ordres de grandeur comparatifs des différentes superficies. (1) Les données de base ne permettent pas toujours de clairement séparer les mosaïques naturelles des zones remaniées par

l’homme, souvent au détriment des forêts dites dégradées.(2) Situation de 1997. Cameroun : aires cumulées ; Gabon et Guinée équatoriale : permis en cours.(3) Etendue sous-estimée pour les hautes terres de l’Ouest.(4) Total un peu optimiste, probablement plus proche de celui de la Fao (tableau I).

Tableau III Estimation des superficies occupées par les forêts denseshumides cartographiées dans la figure 1

Formation forestière Superficie

km2 % du total

Mangroves 3 420 0,7

Forêts marécageuses (1) 2 580 0,5

Forêts atlantiques littorales 72 790 14,1

Forêts atlantiques des reliefs 102 810 19,9

Forêts atlantiques des reliefs et forêts congolaises occidentales 70 390 13,7

Forêts atlantiques des reliefs et forêts semi-décidues 37 170 7,2

Forêts congolaises occidentales 88 030 17,1

Forêts congolaises occidentales et forêts semi-décidues 69 030 13,4

Forêts semi-décidues (2) 65 900 12,8

Forêts submontagnardes à végétation subalpine (3) 3 450 0,7

Total (4) 515 570 100,1

Les forêts denses humides incluent les forêts de terre ferme, les forêts marécageuses et périodiquement inondées ainsi que lesmangroves. Ces estimations sont présentées en tant qu’ordres de grandeur comparatifs des différentes superficies.(1) Etendue est à multiplier par deux ou trois si l’on inclut les forêts périodiquement inondées (qui n’ont pas pu être différenciées des

forêts de terre ferme dans la carte 1).(2) Superficie qui inclut de larges étendues de mosaïques forêt-savane.(3) Total probablement légèrement sous-estimé.(4) Aux imprécisions cartographiques près, ce total est équivalent à celui obtenu en quatrième colonne du tableau II.

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LES SYSTÈMESNATIONAUX

D’AIRESPROTÉGÉES

EXTENSION ETREPRÉSENTATIVITÉ

Les réseaux d’aires proté-gées occupent une faible portiondes territoires nationaux (figure 4et tableau IV). Le cas le plus frap-pant est celui du Cameroun, payspourtant biologiquement le plusriche mais aussi celui où les res-sources naturelles sont soumisesaux plus fortes pressions. Malgréle classement, au tout début del’année 2000, de deux nouveauxparcs nationaux (Campo-Ma’an etMbam et Djérem), les aires proté-gées y occupent à peine 6,3 %des terres. Le total des aires pro-tégées des trois pays dépasse àpeine 60 000 km2, soit 8 % desterres. C’est bien peu au regardde la richesse biologique de lasous-région et des menaces quipèsent sur elle. Alors que 44 %des forêts et des mosaïques forêt-savane sont affectés à l’exploita-tion forestière, seuls 10 % sontclassés en aires protégées (ta-bleau II et tableau en annexe),nombre d’entre elles ayant été ouétant soumises à l’exploitation(voir ci-après).

La composition des sys-tèmes nationaux d’aires proté-gées est détaillée dans le tableauen annexe. Les superficies pré-sentées doivent être prises avec

les précautions qui s’imposentcar elles sont souvent estimées – plus ou moins précisément – surdes cartes où elles représententles chiffres officiels, non systéma-tiquement vérifiés sur le terrain.Ces données sont toutefois lesseules disponibles, et semblentdonner une indication correctedes ordres de grandeur pour lesaires protégées. Elles sont tout aumoins suffisantes pour l’usageauquel elles sont destinées dansle cadre de ce travail.

Une cinquantaine d’airesprotégées ont pu être recenséesdans la sous-région. Leur taillemoyenne est de 1 223 km2. Laplus petite est la réserve de faunedu cratère de Mbi (3,7 km2,Cameroun) ; la plus grande est laréserve forestière du Minkébé(6 000 km2, Gabon). Si l’on consi-dère les complexes d’aires proté-gées contiguës, le plus étendu estsans conteste le complexe deGamba (Gabon) : ses 11 320 km2

placent cet ensemble au niveaudes grandes aires protégées de laRépublique démocratique duCongo (Doumenge, 1990 et 1996).Le Gabon a d’ailleurs créé, enmoyenne, les plus vastes airesprotégées de la sous-région.D’une taille moyenne égale à prèsde 2 300 km2, elles peuvent po-tentiellement abriter des popula-tions viables d’une très large pa-lette de biodiversité ; ces chiffresne présageant en rien de l’effica-cité de leur protection effectivesur le terrain.

Les parcs nationaux ainsique les réserves des catégories IVet VI – du type réserve de fauneou domaine de chasse – dépas-sent en moyenne 1 500 km2

(moyennes : 1 792 km2, catégorieI I ; 1 497 km2, catégorie IV ;2 260 km2, catégorie VI) alorsqu’aucune des aires protégées

équatoguinéennes ou des ré-serves forestières camerounaisesn’atteint 1 000 km2 (moyennesrespectives : 299 et 787 km2). Lesgrandes aires protégées duGabon et du Cameroun sont enfait situées dans de vastes zonespeu peuplées de basse altitude. Al’opposé, les sites équatogui-néens ne peuvent être très éten-dus du fait de la relative exiguïtédu pays mais aussi de l’emprisehumaine assez forte dans cer-taines régions comme l’île deBioko et le nord-est du pays. Lesréserves forestières camerou-naises recensées sont, quant àelles, en grande partie situéesdans les régions montagneusesles plus peuplées du pays, ré-gions où les espaces naturels re-lativement préservés sont enforte régression. Enfin, il faut sou-ligner que plusieurs catégoriesd’aires protégées sont peu ou pasreprésentées dans la sous-région(catégories I, III et V ; tableau IV,figure 5).

Hormis le projet d’extensiondu système d’aires protégées deGuinée équatoriale, les réseauxactuels couvrent mal l’ensembledes écosystèmes forestiers à pro-téger. Ceux insuffisamment cou-verts incluent en particulier leszones humides côtières (dont lesmangroves), les forêts maréca-geuses et inondables, les lacs decratère camerounais et les forêtsrésiduelles qui les entourent, desforêts submontagnardes et mon-tagnardes, ainsi que quelquesécosystèmes de forêts de bassealtitude (on comparera les fi-gures 1 et 4). Les mosaïques forêt-savane, partiellement inclusesdans les aires gabonaises, étaientinsuffisamment représentéesmais la création du parc nationalde Mbam et Djérem compensepartiellement cette déficience.

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BIODIVERSITY / PROTECTED AREA

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STATUTS DEPROTECTION

Plus de 40 % des aires pro-tégées disposent d’un statut deprotection faible (« réserve fores-tière ») ou imprécis et temporaire(« aire protégée » ; tableau IV). Denombreuses réserves forestièrescamerounaises sont pourtantd’un grand intérêt pour la conser-vation de la biodiversité du payset parfois de la sous-région. Cesont celles qui sont reprises dansle cadre de ce travail, sachantqu’il existe de nombreuses autresréserves dont l’intérêt pour laconservation n’est pas aussi im-portant. Ces réserves forestières

devraient être reclassées et do-tées de statuts de protection plusimportants. L’essentiel des aireséquatoguinéennes ne dispose en-core que d’un statut de protectiontemporaire mais une nouvelle loiest en préparation, qui devrait ré-soudre ce problème. Elle prévoit àla fois l’augmentation du réseauet le renforcement des statuts deprotection* (Machado, 1998 ; ta-bleau en annexe).

Toutes ces aires protégéessont réparties en plusieurs caté-gories selon leur gestion, seulsles parcs nationaux étant com-muns aux trois pays. Ni les appel-lations des autres catégoriesd’aires protégées, ni les réalités

qu’elles recouvrent ne sont iden-tiques, ni bien clarifiées. Seule laloi camerounaise inclut la notionde zone tampon. La nouvelle loiéquatoguinéenne est la premièreà se baser clairement sur les re-commandations internationalesde l’Uicn en matière de typologiedes aires protégées (Machado,1998).

Dans les deux autres pays,certaines aires disposent, enoutre, d’un statut internationalqui se superpose aux appella-tions nationales, mais ne sont pastoujours reconnues dans les lé-gislations. Par exemple, le site duDja, classé en réserve de fauneselon la législation camerounaise,

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Tableau IV Statuts et superficies des aires protégées d’Afr ique centrale atlantique

Statut Cameroun Gabon Guinée Sous-régionéquatoriale

Nbre Surf. Nbre Surf. Nbre Surf. Nbre Surf.(km2) (km2) (km2) (km2)

I – Réserves intégrales 0 0 1 100 0 0 1 100

II – Parcs nationaux 9 17 124 0 0 1 800 10 17 924

III – Monuments naturels 0 0 0 0 0 0 0 0

IV – Réserves gérées activement > 7 > 7 782 5 10 180 0 0 > 12 17 962

V – Paysages protégés 0 0 0 0 0 0 0 0

VI – Aires d’utilisation durable 0 0 5 11 300 0 0 5 11 300

Réserves forestières 12 4 232 1 6 000 0 0 13 10 232

Aires protégées 1 114 0 0 8 2 396 9 2 510

Total >29 >29 252 12 27 580 9 3 196 > 50 > 60 028

% des terres 6,3 10,5 11,4 8,0

Les catégories I à VI sont les catégories internationales préconisées par l’Uicn. Afin de faciliter les comparaisons, les aires protégéesde chaque pays ont été reclassées dans ces catégories (voir tableau en annexe). Les réserves forestières incluses dans ce tableau sontcelles ayant une vocation de protection de la biodiversité. La catégorie « Aires protégées » rassemble les aires sans statut bien défini(aire protégée, réserve provisoire) ainsi qu’une zone classée par arrêté préfectoral. Nbre : nombre d’aires protégées ; Surf. : superficies.> : deux réserves camerounaises ne rentrent pas dans ces statistiques car nous n’avons pu obtenir leur superficie. Elles sont soitrelativement petites, soit détruites.

* La loi sur les aires protégées a été adoptée depuis la rédaction de cet article. Le secondarticle de cette série tiendra compte de ces modifications.

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est aussi un site du patrimoinemondial et une réserve de la bio-sphère. Cette multiplication desappellations n’est pas faite pourclarifier la situation juridique desaires protégées aux yeux des ci-toyens, ni pour faciliter la tâchedes gestionnaires. Il faut égale-ment souligner que ces labels in-ternationaux, s’ils contribuentaux images de marque nationaleset facilitent généralement l’accèsà des financements internatio-naux, impliquent des obligationsque les pays peinent à honorer.

Hormis les réserves fores-tières, les principales catégoriesreprésentées dans la sous-régionsont des réserves de faune ou ap-parentées (catégorie IV de l’Uicn),au Cameroun et au Gabon, ainsique des parcs nationaux, principa-lement au Cameroun (un parc enGuinée équatoriale ; tableau IV, fi-gure 5 a et tableau en annexe). LeGabon ne possède, à ce jour,aucun parc national. Ces parcs onttraditionnellement été créés enzone de savane et le classementde parcs forestiers est un phéno-mène récent qui ne concerne encore que trois d’entre eux :Campo-Ma’an et Korup, au Came-roun, et le mont Alén, en Guinée

équatoriale. On peut y ajouter leparc national de Mbam et Djérem,situé dans une région de mo-saïques forêt-savane. Toutefois,d’autres parcs forestiers devraientvoir le jour sous peu avec le clas-sement du noyau central de la ré-serve de la Lopé (Gabon), celui dulac Lobéké, de Boumba-Bek et deNki (Cameroun) ainsi que du picBasilé et des Hauts de Nsoc(Guinée équatoriale).

Trois catégories d’aires pro-tégées sont peu ou pas représen-tées dans la sous-région. Il s’agitdes réserves intégrales (catégo-rie I), des monuments naturels(catégorie III) et des paysagesprotégés (catégorie V). Concer-nant la catégorie I, qui fait réfé-rence à une protection intégraledes écosystèmes et des espèces,il s’agit d’aires protégées géréesessentiellement pour la science etla protection d’écosystèmes dansleur état naturel. Cette notion de« protection intégrale » est ac-tuellement battue en brèche et re-bute les gouvernants. Hormispour la protection spéciale de cer-tains noyaux centraux de réservesrelativement grandes, ce statutn’est plus adapté à la situationactuelle des aires protégées, dont

les ressources forestières sontgénéralement vitales pour les po-pulations rurales riveraines. Laseule réserve naturelle intégralede toute la sous-région, d’à peine100 km2, est établie dans le nord-est du Gabon (réserve d’Ipassa).Du fait de sa petitesse et de sa si-tuation, à proximité de la ville deMakokou, la grande faune en aété presque totalement extirpée :elle n’a plus de réserve intégraleque le nom. On notera aussi queplusieurs réserves de faune ca-merounaises étaient déjà dé-truites ou très dégradées il y adix ans (Nanga Eboko, Sanaga,Santchou ; Gartlan, 1989), maisqu’elles n’ont pas encore été dé-classées, faussant un peu plus lesstatistiques.

Les deux autres catégoriesd’aires protégées sont peuconnues des gestionnaires et desdécideurs : il s’agit d’aires proté-gées gérées essentiellement pourla conservation de caractéris-tiques naturelles spécifiques (ca-tégorie III) ou pour la conserva-tion de paysages terrestres etmarins et des activités de loisirs(catégorie V ; Dudley, Stolton,1998). Elles renvoient à des no-tions pas toujours faciles à expli-citer et dont les implications pourla gestion ne sont pas bien clari-fiées. Notons toutefois que le pro-jet équatoguinéen d’extension dusystème d’aires protégées prévoitle classement de deux sites enmonuments naturels (inselbergsde Piedra Bere et Piedra Nzas).

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BIODIVERSITY / PROTECTED AREA

Chauve-souris de la forêt camerounaise(monts Bakossi). A bat in a Cameroonian forest (Bakossi

mountains).Photo C. Doumenge.

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B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 1 , N ° 2 6 8 ( 2 ) 19AIRES PROTÉGÉES / BIODIVERSITÉ

ÉVOLUTION AU COURSDE LA DERNIÈRE

DÉCENNIE

De 1988 à 1998, les sys-tèmes nationaux d’aires proté-gées ont évolué de manière trèsvariable (Gartlan, 1989 ; Wilks,1990 ; Brugière, 1998 ; Dou-

menge, 1998). Au Cameroun, oùle système est resté tel quel, la si-tuation est toutefois en rapideévolution depuis 1998, avec leclassement des parcs nationauxde Campo-Ma’an et de Mbam etDjérem, qui ont permis d’étendred’environ 30 % la superficie pro-tégée (année de référence : 1988).Ce dernier parc a été créé à lasuite d’une proposition datant deplus d’une décennie. Il faut aussinoter les projets de classementde plusieurs sites identifiés dansle plan de zonage forestier préli-minaire du Cameroun méridional.Au Gabon, deux importantes ré-serves ont été créées, celle desmonts Doudou et celle deMinkébé, augmentant d’environ50 % la superficie protégée.Toutefois, le statut de protectionde la grande réserve de Minkébé(6 000 km2), celui de réserve fo-restière, est peu contraignant etpas du tout garant d’une bonneprotection légale.

La Guinée équatoriale, quine possédait quant à elle aucuneaire protégée digne de ce nom, aconstitué un premier réseau en1988, correspondant largement àcelui des sites critiques identifiésprécédemment (Fa, 1991). Depuis,ce réseau n’a pas varié. Avec lanouvelle loi en préparation, il de-vrait être porté de 3 196 à5 081 km2, soit 18,1 % des terres(tableau en annexe). Tel qu’il sedessine, ce réseau équatogui-néen sera le plus proche de cequ’il serait souhaitable de mettreen place dans chacun des pays :

large couverture des écosystèmesnationaux, proportion adéquatedu territoire dévolue en priorité àla protection de la biodiversité,statuts adaptés et internationale-ment reconnus des aires proté-gées. À l’opposé, le réseau came-rounais reste encore, malgré desefforts récents, le plus éloigné deces objectifs.

Lors d’un sommet consacréà la conservation des forêts decette région, qui s’est tenu auCameroun en mars 1999, six chefsd’État d’Afrique centrale (Came-roun, Centrafrique, Congo, Gabon,Guinée équatoriale et Tchad) ouleurs représentants ont signé unedéclaration commune prévoyantla création d’aires protégéestransfrontalières (Wwf, 1999). Unprojet de protection d’une vastezone localisée aux confins duCameroun, du Congo et du Gabona été proposé par les États concer-nés, avec l’appui technique duWwf et d’Ecofac (De Wachter,1997). Cette zone, qui s’étend surplus de 40 000 km2 de forêts, com-prendra des aires déjà protégéeset de nouvelles réserves couvrantun total d’environ 30 000 km2 (dumême ordre de grandeur que leparc national de la Salonga,République démocratique duCongo, le plus grand parc de fo-rêts denses humides tropicales dumonde ; Doumenge, 1990 et 1996)ainsi que des forêts jouant le rôlede corridor biologique. Ces der-nières, dont le statut devra êtreprécisé, sont destinées à mainte-nir dans le long terme un contactphysique entre les aires proté-gées.

Au Cameroun et au Gabon,les réseaux nationaux ont étéconstitués peu à peu au cours dutemps, sans réelle planification.Comme nous venons de le souli-gner, ce n’est pas le cas en Guinée

équatoriale. Au Cameroun, le mi-nistère des Eaux et Forêts et leWwf ont récemment entrepris uneévaluation du réseau d’aires pro-tégées et des besoins de finance-ment, complétée de propositionsd’extension visant à couvrir toutela biodiversité du pays(Culverwell, 1997). Ce typed’évaluation en profondeur, abor-dant aussi les questions de finan-cement des aires protégées, pour-rait être utilement étendu auxautres pays d’Afrique centrale.

Un délicieux raisin de brousse(Tricoscypha, Anacardiaceae) de laforêt gabonaise (réserve d’Ipassa). A delicious “bush berry”(Tricoscypha, Anacardiaceae) in aGabonese forest (Ipassa reserve).Photo C. Doumenge.

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GESTION ETAMÉNAGEMENT

Dans les trois pays, les airesprotégées sont gérées par un ser-vice du ministère en charge desforêts. Si ces ministères ont dupoids sur les scènes politiquesnationales, la préoccupation degestion des aires protégées et deprotection de la biodiversité ypasse souvent au second plan,face aux intérêts de l’exploitationforestière industrielle. Toutefois,en Guinée équatoriale, il est ques-tion de créer un institut nationaldes aires protégées, qui serait unorgane autonome au sein du mi-nistère. Sans préjuger de la dota-tion financière que cet organismedoit recevoir, cela pourrait per-mettre d’alléger les contraintesbureaucratiques et d’améliorerl’efficacité de la gestion, en parti-culier si la future structure est lar-gement décentralisée sur le ter-rain. Cet institut (relativement)indépendant devrait égalementfavoriser les partenariats tech-niques et financiers avec les orga-nismes de conservation et de re-cherche, ainsi qu’avec lesbailleurs de fonds intéressés parla protection de la biodiversitéd’Afrique centrale.

D’une manière générale, lesaires protégées manquent de per-sonnel qualifié, de moyens finan-ciers et matériels ainsi que desystèmes de gestion performants.En Guinée équatoriale, on noteraque plus de 65 % des techniciensforestiers sont très jeunes, insuf-fisamment formés et inexpéri-mentés ; le dynamisme de la jeu-nesse n’étant pas valorisé par unencadrement adéquat.

Théoriquement, selon leslois nationales, chacune des airesprotégées devrait être dotée d’unplan d’aménagement mais trèsrares sont celles qui en disposent.

Cela ne se vérifie que lorsqu’unprojet de conservation-dévelop-pement est en place, avec appuitechnique et financier internatio-nal. De tels plans sont, parexemple, en préparation ou envoie d’achèvement pour la réser-ve de faune du Dja et le parc na-tional de Korup (Cameroun), dansla réserve de la Lopé, dans lecomplexe d’aires protégées deGamba, dans la réserve deMinkébé (Gabon) et le parc dumont Alén (Guinée équatoriale).Ils ne sont encore réellementfonctionnels nulle part. Le dossierle plus avancé est celui du parc deWaza, au Cameroun, où l’applica-tion du plan a débuté.

En Guinée équatoriale, leprojet Curef (Conservación y utili-zación racional de los ecosiste-mas forestales) a proposé une ap-proche en deux temps, quipermettrait de progresser par pa-liers vers des plans d’aménage-ment complexes. Le stade inter-médiaire concerne la préparationd’un « plan provisoire de ges-tion » pour chacune des aires pro-tégées proposées, ce plan étantdestiné à garantir les conditionsminimales de gestion et de pro-tection de la réserve. Il prévoit unzonage, un financement de baseainsi que des actions concrètesminimales : mise en place d’unepetite équipe de gardes, pa-trouilles périodiques, réunions ré-gulières avec les populations lo-cales… Ces plans provisoires degestion devraient être mis enœuvre rapidement, en parallèleavec un processus de préparationdu plan d’aménagement complet.Cette approche, prônant la prépa-ration et l’exécution de plans sim-plifiés, pourrait être utilementétendue à d’autres aires proté-gées de la sous-région, principa-lement dans les cas où la superfi-

cie à aménager est modeste etlorsque la démarche de gestionprévoit l’implication des popula-tions rurales riveraines.

Sur le terrain, les limites desaires protégées ne sont générale-ment pas matérialisées (coûts im-portants, efficacité limitée).Même lorsqu’elles sont connues,elles sont régulièrement trans-gressées par les populations rive-raines ; quand celles-ci n’habitentpas tout bonnement en leur sein.Ces conflits récurrents d’appro-priation des terres et des res-sources entre les administrationset les populations rurales pren-nent leur source dans les luttespersonnelles pour la captationdes revenus. Ils sont aussi ali-mentés par le manque de confian-ce des États envers les capacitésdes collectivités locales à gérerdurablement les ressources natu-relles, ainsi que par l’absence deprise en compte des droits deshabitants sur les forêts où ils rési-dent.

Afin de pallier cet état de faitet de mieux intégrer les aires pro-tégées aux contextes socio-éco-nomiques locaux, divers projetsexplorent les voies et moyensd’une implication plus importantedes communautés locales dansleur gestion. Ces actions pilotespourraient être élargies afin decouvrir une large gamme de situa-tions allant des réserves géréespar les administrations – avec unrôle consultatif des populationslocales – jusqu’à des aires proté-gées gérées par les résidants. Lanouvelle loi équatoguinéenne surles aires protégées prendra encompte formellement les zonesd’activités traditionnelles et l’in-tégration de représentants desconseils de localités et d’ONG

dans les comités consultatifs desaires protégées. Des accords de

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gestion sont prévus entre le gou-vernement et des organisationsinternationales, nationales, voirelocales (Machado, 1998). AuGabon, le complexe de Gambadispose d’un comité de pilotageau sein duquel siègent les élus lo-caux, représentant les popula-tions, l’administration locale, leministère des Eaux et Forêts et ladirection exécutive du projet degestion du complexe. Ce comitépréside aux destinées du projet.Si ce type d’initiative commence àprendre de l’importance dans larégion, il est encore loin d’être gé-néralisé.

Quel que soit le pays, la bio-diversité y est soumise à uneforte pression : exploitation fo-restière, minière et pétrolière,chasse et – moins fréquemment –besoins en terres agricoles.L’expansion de l’exploitation fo-restière, en particulier, n’a géné-ralement pas tenu compte de lasituation et du statut des airesprotégées forestières (on compa-rera les figures 3 et 4). Actuel-lement, les points de vue de diffé-rents acteurs sont plus souventconfrontés et intégrés. Cela tientà l’importance internationale-ment reconnue d’une gestion ra-tionnelle et durable de la biodi-versité, aux processus en coursde planification des terres, à la re-connaissance du bien-fondé desprojets de conservation-dévelop-pement dans la sous-région, ainsiqu’à l’importance que prennentles questions d’aménagement du-rable et d’écolabellisation dans ledomaine de l’exploitation fores-tière. Il reste cependant du che-min à parcourir avant que les di-vers intérêts qu’ils représententsoient réellement pris en comptepar les administrations dans desdémarches de planification inté-grée.

D’autres initiatives d’actionsconjointes, bi- ou multinatio-nales, sont en cours de dévelop-pement dans la sous-région,concernant la création de ré-serves transfrontalières ou unegestion concertée des aires proté-gées contiguës. Sans être ex-haustif, on peut mentionner lesconfins du Cameroun, du Gabonet du Congo ou la région du fleuveCampo (Cameroun, Guinée équa-toriale). Cette démarche de co-opération transnationale est por-teuse d’espoir pour une meilleureplanification de la protection de labiodiversité à l’échelle sous-ré-gionale. Elle est toutefois encoretrop récente pour que les admi-nistrations nationales s’y enga-gent sans réticences.

Si les questions et les initia-tives mentionnées – et biend’autres encore – sont encoura-geantes pour l’avenir, la surviedes aires protégées est encoreloin d’être assurée sur le terrain.Le manque de coordination, voirela compétition, qui persiste entreles services en charge des airesprotégées et ceux responsablesde la délivrance des permis fores-tiers n’est pas de nature à arran-ger la situation ; d’autant que lestrois pays manquent encore depolitiques fortes en matière deconservation de la biodiversité et,plus précisément, de développe-ment des aires protégées.

La viande de brousse est appréciéepar tous. Potamochère abattu surles bords de l’Ivindo (Gabon).Bush meat is appreciated byeveryone. A river hog killed on thebanks of the Ivindo (Gabon).Photo C. Doumenge.

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FINANCEMENTS

Les allocations budgétairesnationales pour les parcs et ré-serves reposent souvent sur desestimations rapides des besoins,pas toujours bien étayées. Lesprocédures budgétaires sonttelles que même les budgets af-fectés ne parviennent pas en tota-lité sur le terrain. Cela a été ré-cemment examiné en détail pourle Cameroun par Culverwell

(1997). Ce même pays est parailleurs en train de mettre enplace un fonds fiduciaire qui per-mettrait de donner à la Directionde la faune et des aires protégéesles moyens suffisants pour ren-forcer ses capacités de gestion,mais ce dossier a progressé lente-ment au cours de l’année passée.La Guinée équatoriale étudie éga-lement la possibilité de mettre enplace un fonds national de déve-loppement forestier qui pourraitgarantir un financement minimaldes aires protégées. Toutefois,même si ces initiatives sont en-courageantes, leur efficacitédevra être évaluée à l’aune desfonds qui pourront être effective-ment collectés et de leur emploisur le terrain.

D’autres mécanismes finan-ciers devraient être étudiés afind’assurer une base financièreadéquate pour la gestion desaires protégées de la sous-région : valorisation touristiqueaccrue, échanges dette-nature,etc. Ces moyens financiers de-vraient pouvoir être décaissés dela manière la plus simple et laplus souple possible, et être utili-sés par des organismes gouver-nementaux aussi bien que pardes ONG ou le secteur privé. À cesujet, il est bon de mentionnerqu’une initiative promue, entreautres, par la Banque mondiale –et dont la faisabilité est actuelle-ment évaluée – pourrait conduireà la création d’un fonds régionalpour le soutien aux activités deconservation sur l’ensemble del’Afrique centrale (projet Cambio).Ce fonds comblerait un vide dansles mécanismes financiers en ca-nalisant des financements detaille moyenne (500 000 à 2 mil-lions de francs) et pouvant êtredéboursés en fonction des be-soins et des capacités d’absorp-tion des récipiendaires (finance-ments relais, appui à des projetsde taille moyenne). Pour des rai-

sons de souplesse et d’efficacité,ce type de fonds ne serait pas for-cément lié à des accords gouver-nementaux, ni dépendant descontextes politiques locaux. Étantdonné l’instabilité politique decertains pays d’Afrique centrale,il est au contraire nécessaire

de mettre en place des méca-nismes d’appui internationauxcapables de fonctionner dans untel contexte.

CONCLUSION

Le bilan des systèmes natio-naux d’aires protégées d’Afriquecentrale atlantique est certes mi-tigé, mais on a pu constater queleur superficie a augmenté aucours des dernières années. Lareprésentativité des écosystèmesforestiers y reste encore très in-suffisante par rapport à la riches-se et à la valeur biologiques de lasous-région. Les systèmes natio-naux du Cameroun, du Gabon et,dans une moindre mesure, deGuinée équatoriale manquent en-core de cohérence. En se plaçantà l’échelle biogéographique de lasous-région, cela est encore plusvrai. Les pays tardent à coordon-ner leurs politiques et leurs activi-tés en la matière, malgré diversestentatives dans le cadre du pro-gramme Ecofac (Uicn, 1989) ou dela Cefdhac (Conférence sur lesécosystèmes de forêts denses ethumides d’Afrique centrale).

La création des aires proté-gées s’est faite à l’intérieur defrontières nationales, souvent aucoup par coup, en fonction deconnaissances de terrain et d’in-térêts ponctuels de certains ad-ministrateurs et scientifiques,

Exploitation forestière dans la réserve de laLopé (Gabon).Logging in Lopé reserve (Gabon).Photo C. Doumenge.

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ainsi que d’opportunités deconservation naturelle (zones peupeuplées et isolées, ou inacces-sibles du fait du relief ). Ce sontles raisons principales du manquede cohérence des systèmes natio-naux d’aires protégées. Les ef-forts de planification nationale ourégionale sont récents (datanttout au plus d’une dizaine d’an-nées) et ne se sont que partielle-ment concrétisés sur le terrain. Ilss’orientent vers la prise en comptesimultanée des connaissancesscientifiques sur la biodiversité etde celles sur les enjeux socio-éco-nomiques, qui déterminent desopportunités de conservation.

D’autres raisons peuventêtre citées, qui expliquent partiel-lement l’inadéquation des airesprotégées vis-à-vis de la biodiver-sité forestière ou le manque d’ef-ficacité des systèmes nationaux.Il s’agit, en particulier, de la fai-blesse des administrations encharge de la conservation, desconflits récurrents avec les ser-vices chargés de l’exploitation fo-restière, ainsi que de l’insuffisan-ce des capacités humaines et desmoyens affectés aux gestion-naires des réserves, qui ne favori-sent pas l’extension cohérentedes systèmes d’aires protégées.On peut aussi mentionner l’oppo-sition des services de conserva-tion ou la compromission de cer-tains de leurs membres avec lesacteurs forestiers sur le terrain(populations rurales, secteurprivé) ainsi qu’un développementinsuffisant des produits touris-tiques et de leur promotion.L’utilisation « douce » des res-sources, par le tourisme, la re-cherche et la formation ou la valo-risation contrôlée de produitsforestiers non ligneux, devraitpermettre de mieux intégrer la va-leur de la conservation dans les

besoins du développement localet national. Mais ces processusen sont encore à leurs balbutie-ments. Enfin, on citera le manquede priorité politique, de la partdes États, qui se traduit par la fai-blesse des dotations budgétaires.

L’attribution de statuts deprotection adéquats à diversesaires mal protégées doit encoreêtre améliorée. Si le classementde ces sites est une condition né-cessaire, il reste insuffisant pourleur protection effective. Les mé-canismes de gestion des airesprotégées de la sous-région sontencore déficients, voire inexis-tants. Un important effort doitêtre entrepris pour la résolutiondes conflits entre groupes d’inté-rêts à propos des ressources fo-restières et pour l’intégration ef-fective des différentes partiesprenantes dans leur gestion. Dansce domaine de la gestion parta-gée des ressources mais aussidans d’autres domaines plustechniques (suivi écologique, pla-nification…), la formation destechniciens en charge des ré-serves doit d’urgence être renfor-cée.

Enfin, il apparaît primordiald’accompagner les services gou-vernementaux en charge de laprotection de la biodiversité dansl’exécution de leur mandat, en lesappuyant pour qu’une stratégiecohérente en matière d’aires pro-tégées – fondée sur des donnéesscientifiques fiables et récentes –soit formulée pour chaque paysainsi que pour l’ensemble del’Afrique centrale. Une stratégiede conservation clairement énon-cée et un engagement des États àprendre en charge les coûts récur-rents inhérents à la gestion nepourraient que constituer dessignes positifs susceptibles dedrainer davantage de finance-

ments de la communauté interna-tionale des bailleurs de fonds, aubénéfice de la protection de l’en-vironnement en Afrique centrale.La volonté des États d’intégrer labiodiversité dans le développe-ment durable, non seulement enparoles mais dans les faits, estune condition de base à la bonnegestion des ressources naturellesde l’Afrique centrale atlantique.

La question centrale dumanque de représentativité dessystèmes nationaux d’aires proté-gées ayant été posée dans le pré-sent article, les recommandationsprésentées par divers auteursconcernant l’extension de cessystèmes, si elles sont au moinspartiellement appliquées, de-vraient permettre de mieux cou-vrir l’ensemble de la biodiversitéde la sous-région. Ces auteurssont les suivants : Gartlan

(1989), Culverwell (1997) pour leCameroun ; Wilks (1990) pour leGabon ; Fa (1991), Machado

(1998) pour la Guinée équa-toriale ; Doumenge (1998) pour lasous-région ; Doumenge (1996)pour l’ensemble de l’Afrique fo-restière. Un second article traiterade cette question. Un réseausous-régional de sites critiquespour la conservation de la biodi-versité forestière y sera présenté,réseau qui apparaît comme fon-damental pour la région, la pro-tection des espèces restant illu-soire hors de celle desécosystèmes.

REMERCIEMENTS

Les auteurs tiennent à remercierJ.-F. Trébuchon pour la réalisationdes cartes ainsi que B. Dupuy etH.-F. Maitre pour leurs observa-tions pertinentes qui ont permisd’améliorer le fond aussi bien quela forme de cet article.

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Site Pays Statut Superficie Observationslégal terrestre

(km2)

Alén GEq II 800,0 Monte Alén : PN, forêts.Proposition : fusion avec les monts Mitra, 1 992,0 km2.

Annobón GEq AP 20,9 Isla de Annobón : AP, superficie rectifiée de 17,0 à 20,9 km2, forêts.Proposition : Annobón, RN, 231,1 km2, y compris l’extension marine (terre : 20,9, mer : 210,2).

Bakossi Cam RFo 55,2 Forêts.

Bambuko Cam RFo 266,8 Forêts.

Banyang Mbo Cam IV 662,2 SF, forêts.

Basilé GEq AP 150,0 Pico Basilé o de Malabo : AP, forêts.Proposition : Pico Basilé, PN, 326,1 km2.

Bénoué Cam II 1 800,0 PN, RB (1981), végétation herbeuse.

Bere GEq – – Proposition : Piedra Bere, MN, 203,3 km2, forêts.

Bioko Sur GEq AP 600,0 Sur de la Isla de Bioko : AP, forêts, plages.Propositions : Caldera de Luba, RS, 513,6 km2.

Bouba Ndjidah Cam II 2 200,0 PN, végétation herbeuse.

Campo-Ma’an Cam II 2 640,6 PN, forêts, fleuve.

Campo GEq AP 200,0 Estuario del río Campo o Ntem : AP, forêts, fleuve.Proposition : Río Campo, RN, 333,2 km2.

Corisco GEq – – Proposition : Corisco y Elobeyes, RN, 480,0 km2

(terre : 18,0, mer : 462,0), plages, mer.

Dja Cam IV 5 260,0 RF, PM (1987), RB (1981), forêts.

Douala-Edéa Cam IV 1 600,0 RF, forêts, plages, lac.

Ejagham Cam RFo 748,5 Forêts.

Faro Cam II 3 300,0 PN, végétation herbeuse.

Cam : Cameroun ; Gab : Gabon ; GEq : Guinée équatoriale.Les catégories I à VI sont celles préconisées par l’Uicn (Dudley, Stolton, 1998). Les autres appellations sont spécifiques aux pays.I, aires protégées gérées essentiellement pour la science et la protectiond’écosystèmes dans leur état naturel : réserves naturelles intégrales (RI) et réservesscientifiques (RS) ;II, aires protégées gérées essentiellement pour la protection des écosystèmes et letourisme : parcs nationaux (PN) ;III, aires protégées gérées essentiellement pour la conservation de caractéristiquesnaturelles spécifiques : monuments naturels (MN) ;IV, aires protégées gérées essentiellement pour la conservation par une gestion active :réserves naturelles (RN), réserves de faune (RF), sanctuaires de faune (SF), airesd’exploitation rationnelle de la faune (AERF ; relèvent en partie des catégories IV et VI) ;V, aires protégées gérées essentiellement pour la conservation de paysages terrestreset marins et des activités de loisir : paysages protégés ;VI, aires protégées gérées essentiellement pour l’utilisation durable des écosystèmesnaturels : domaines de chasse (DC), AERF, réserves présidentielles (RPS) ;RFo : réserves forestières (RFo) considérées comme ayant une vocation de protectionde la biodiversité ;AP : aires protégées sans statut particulier (AP), réserves provisoires (RP), arrêtéspréfectoraux (APF).– : non précisé ou non pertinent.PM : sites du patrimoine mondial ; SR : site Ramsar ; RB : réserve de la biosphère.Source : modifié d’après Doumenge (1998).

Tableau synthétique des aires protégées

du Cameroun,du Gabon

et de Guinée équator iale

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Site Pays Statut Superficie Observationslégal terrestre

(km2)

Gamba Gab IV, VI, 11 320,0 Complexe de Gamba : AERF de Setté-Cama, AERF des monts Doudou et AERF de Moukalaba-Dougoua ; forêts, végétation herbeuse, plages, lacs, lagunes.Setté-Cama : Petit Loango, RF, SR (1986), 500,0 km2 ; Plaine Ounga, RF, 200,0 km2 ; Ngové-Ndogo, DC, 2 500,0 km2 ; Setté-Cama, DC, SR (1986), 2 000,0 km2 ; Iguéla, DC, 1 800,0 km2. Monts Doudou : AERF (IV), 3 320,0 km2. Moukalaba-Dougoua : Moukalaba-Dougoua, RF, 800,0 km2 ; Moukalaba, DC, 200,0 km2.

Ipassa Gab I 100,0 RI, RB (1983), forêts, fleuve.

Kalamaloué Cam II 45,0 PN, végétation herbeuse.

Kalfou Cam IV 40,0 RF.Kimbi Cam IV 56,3 Kimbi River : RF, végétation herbeuse, forêts.Korup Cam II 1 259,0 PN, Forêt.Kupe Cam RFo 23,0 Mount Kupe : RFo, 3,0 km2, forêt.

Manehas : RFo, 20,0 km2, forêt.Lopé Gab IV 5 360,0 AERF de l’Offoué-Lopé : forêts, végétation herbeuse,

fleuve.Noyau central : statut de PN proposé, 2 400,0 km2 ; zone périphérique : RF, 2 960,0 km2.

Ma’an Cam RFo 990,0 Forêts.Mawne Cam RFo 538,7 Mawne River : forêts.Mayo Louti Cam RFo 15,0 Végétation herbeuse.Mbam et Djérem Cam II 4 165,1 PN, forêts, végétation herbeuse.Mbi Cam IV 3,7 Mbi Crater : RF, forêts.Minkébé Gab RFo 6 000,0 RFo, forêts.Mitra GEq AP 300,0 Macizo de los Montes Mitra : AP, forêts.

Proposition : fusion avec Alén.Mokoko Cam RFo 90,7 Mokoko River : forêts.Mozogo-Gokoro Cam II 14,0 PN, végétation herbeuse.Muni GEq AP 605,0 Estuario del río Muni : 700,0 km2 (superficies revues,

terre : 605,0, estuaire : 95,0), forêts, fleuve, estuaire.Proposition : Estuario del Muni, RN, 597,3 km2

(terre : 502,3, estuaire : 95,0).

Nanga-Eboko Cam IV 160,0 RF, détruite.Ndote GEq AP 120,0 Area de Ndote : AP, superficie estimée, forêts, plage.

Proposition : Punta Llende, RN, 55,0 km2.Nendyi GEq – – Proposition : Playa de Nendyi, RS, 5 km2

(terre : 2,8, mer : 2,2), plages, mer.Nsoc GEq AP 400,0 Altos de Nsork : AP, forêts.

Proposition : Altos de Nsork, PN, 690,6 km2.Nta Ali Cam RFo 315,0 Forêts.Nzas GEq – – Proposition : Piedra Nzas, MN, 190,0 km2, forêts.Oku Cam AP 114,0 Mount Kilum-Ijim : APF, forêts, végétation herbeuse,

lac.Ossa Cam IV – Lac Ossa : RF, terre + lac = 40,0 km2, écosystèmes

terrestres très perturbés, lac.Rumpi Cam RFo 443,0 Rumpi Hills : forêts.Sanaga Cam IV – RF, détruite.Santchou Cam RFo 70,0 Très dégradée, forêts.Takamanda Cam RFo 676,0 Forêts.Temelón GEq – – Proposition : Monte Temelón, RN, 233,6 km2, forêts.Waza Cam II 1 700,0 PN, RB (1979), végétation herbeuse.Wonga-Wongué Gab VI 4 800,0 RPS, SR (1986), forêts, végétation herbeuse, plages.

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SYNOPSISFOREST BIODIVERSITYCONSERVATION INATLANTIC REGIONS OFCENTRAL AFRICA: IS THE PROTECTED AREASYSTEM EFFICIENT?

Charles DOUMENGE, Juan-Enrique

GARCIA YUSTE, Steve GARTLAN,

Olivier LANGRAND, Assitou NDINGA

This article describes the gener-al forestry situation in three centralAfrican countries bordering theAtlantic, while focusing specificallyon forest resource diversity and asso-ciated issues. Protected area systemsare reviewed, with additional notesand recommendations for improvingtheir efficiency.

The total forested area in Cameroon,Equatorial Guinea and Gabon isaround 392 000 km2. These forests,although they are relatively well pre-served in comparison to those inother tropical countries, are shrinkingat a rate of 2 300 km2 per year. The re-maining forests are regularly degrad-ed by uncontrolled human activities.The main issues concerning forest re-sources are timber logging, hunting,gathering of subsidiary forest prod-ucts, landclearing for agriculture andgathering of forest wood for fuel andconstruction purposes.

Ecosystem diversity is high in theclosed forests of all three countries:mangroves, forests along the Atlanticcoastline and relief contours (likelythe richest in Africa), westernCongolese forests, semi-deciduousforests, forests in marshy and period-ically flooded areas, mountain andsubmountain forests. In an area rep-resenting barely 2.5% of Africa, thesethree countries host 26% of all mam-mals in Africa and many endemicfauna and flora species.

Protected areas

Protected area systems cover a very small portion of the national territories, i.e. the total area protect-ed in the three countries is barely60 000 km2 (8% of the total area).Apart from the forest reserves, themain categories represented in thissubregion are wildlife and related re-serves (category IV of the WorldConservation Union, UICN), in Came-roon and Gabon, and national parks,mainly in Cameroon (with one park inEquatorial Guinea). National parksand reserves belonging to categoriesIV and VI (wildlife reserves and hunt-ing reserves) cover 1 500 km2 on av-erage, whereas no “protected areas”(no defined category) in EquatorialGuinea or Cameroonian forest re-serves are larger than 100 km2.

Apart from the Equatorial Guinean ex-tension project, current national sys-tems do not by any means cover allthe ecosystems requiring protection.Forest environments not sufficientlytaken into account include humidcoastal areas (along with mangroves),forests in marshy areas and flood-plains, Cameroonian crater lakes andsurrounding resident forests, sub-mountain and mountain forests, anda few lowland forest ecosystems.

In Gabon, two important reserveshave been founded but the systemneeds to be improved considerablywith respect to biodiversity protec-tion. Equatorial Guinea set up thefirst temporary protected area systemin 1988. A new law is currently beingdrawn up to extend the coverage ofthis national system to 18.1% of thetotal national territory. The currentthrust of the national EquatorialGuinean system project is more inline with recommendations in termsof national ecosystem coverage, theproportion of the national territorydevoted to biodiversity protection,and protected area status. Conversely, despite recent efforts, theCameroonian system does not evencome close to meeting these objec-tives. An assessment was conductedon the protected area system andfunding needs and proposals wereput forward for extensions to encom-pass all of the national biodiversity.

Protection mechanisms

More than 40% of the protected areashave a low protection status (“forestreserve”) or an unclear temporarystatus (“protected area”). In all threecountries, these areas are supposedto be managed by a service attachedto the ministry responsible for forestconcerns, but this management isonly effective in a few areas. Thereare continuous conflicts between ad-ministrations, the private sector andrural inhabitants concerning land andresource appropriation. These stake-holders are not yet fully involved inthe management process. Competi-tion and the absence of coordinationbetween services in charge of manag-ing protected areas and those re-sponsible for allocating forest per-mits is not helping the situation.Moreover, the three considered countries still lack effective policiesfor biodiversity conservation, espe-cially for the development of protect-ed areas.

National budget allocations for parksand reserves are often based on rela-tively unrealistic hasty estimates ofneeds. Budgetary procedures arealso quite inefficient, i.e. portions ofallocated budgets are often not usedfor the targeted parks and reserves.Other funding mechanisms could fun-nel additional resources, but theseare not yet operational (e.g. trustfunds, regional funds for conserva-tion in central Africa, debt-for-natureswaps, etc.). A clear conservationstrategy and a government commit-ment to cover recurrent managementcosts would be positive signs thatcould attract further internationalfunding to promote environmentalprotection in central Africa.

The key issue concerning the lack ofrepresentativeness of national pro-tected area systems are covered inthis article. Recommendations putforward by various authors on the ex-tension of these systems should—ifthey are at least partially applied—improve biodiversity protection inthis subregion. A second article willaddress this question. A subregionalsystem of critical sites for forest bio-diversity conservation will be dis-cussed.

Page 24: CONSERVATION DE LA BIODIVERSITÉ FORESTIÈRE EN ...bft.cirad.fr/cd/BFT_268_5-27.pdfJuan-Enrique Garcia Yuste Agencia Española de Cooperación Internacional Proyecto Araucaria Amazonas

28 B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 0 1 , N ° 2 6 8 ( 2 )

POILECOT P., 1999. LES POACEAE DU NIGER.BOISSIERA, CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES DE GENÈVE, IUCN, CIRAD,766 P.

ISBN CJB 2-8277-0072-7ISBN CIRAD 2-87614-342-9

La Librairie du Cirad34398 MONTPELLIER Cedex [email protected] ://www.cirad.fr

Conservatoire et Jardin botaniques de la ville de GenèveCase postale 60GH-1292 CHAMBÉSY/[email protected] Publications Services Unit219c Huntington RoadCAMBRIDGE CB3 ODL [email protected] ://www.iucn.org

Les qualités de Pierre POILECOT dansle domaine de la botanique systéma-tique avaient été démontrées par lapublication, en 1995, de son ouvra-ge : Poaceae de la Côte d’Ivoire.Ce nouvel ouvrage, Les Poaceae duNiger, comporte 86 genres et 231espèces. Loin de se borner à la des-cription morphologique richementillustrée de la flore graminéenne duNiger, il s’agit de bien davantage. Acôté des descriptions, proprement

floristiques, est traitée une série desujets plus généraux portant sur leclimat, la phytogéographie généraledu Niger, la biologie des Poaceaeindigènes et les divers aspects del’activité agro-pastorale. Ce texte estaccompagné de cartes explicatives.L’ouvrage contient 21 cartes sur la ré-partition des espèces, une annexesur la répartition des espèces partypes biologiques et affinités géo-graphiques, un lexique des espèceset des noms vernaculaires. Suiventun glossaire général, une abondan-te bibliographie et un index de tousles noms botaniques cités.

MORLEY R. J., 2000. ORIGIN ANDEVOLUTION OF TROPICAL RAINFORESTS. WILEY, 362 P.

ISBN 0-471-98326-8John Wiley & Sons LtdBaffins LanesCHICHESTERWest Sussex PO19 1UDEnglandTel : (+ 44) 1243 779777E-mail : [email protected].

Although tropical rain forests formthe world’s most species-rich ecosys-tems, their origin and history remainunclear, except on the very short ti-mescale of the last 40 000 years or

so. This book provides the first com-prehensive review of the history oftropical rain forests on a long-termgeological timescale, commencingwith the origin of the angiospermsover 100 million years ago, whichtoday overwhelmingly dominatethese forests. Tropical rain forest evo-lution is discussed in a global contextwithin an up-to-date plate tectonic,palaeogeographical and palaeocli-matic framework, primarily by refe-rence to the record of fossil pollenand spores.

A particularly important aspect ofthis book is that in addition to publi-shed literature, it relies heavily on un-published palynological data gene-rated for petroleum companiesduring the course of hydrocarbon ex-ploration programmes. Without ac-cess to such data the book could nothave been written.

The main text of the book reviews theevolution of tropical rain forests on acontinent-by-continent basis, culmi-nating with a global synthesis oftheir history in relation to the chan-ging positions of the world’s tectonicplates and changing climates. Thissection also establishes the age ofthe great tropical rain forest blocksand identifies the world’s oldest tro-pical rain forests. The final chaptercompares 20th Century tropical rainforest destruction with prehistoric fo-rest clearance in temperate regions,and looks for analogues of the pre-sent phase of destruction within thegeological record before conside-ring long-term implications of totalrain forest destruction.

The book will be of interest to allconcerned with tropical rain forests,especially biologists, botanists, eco-logists and students of evolution. Itwill be valuable for postgraduatesand advanced undergraduates, aswell as stratigraphers, palaeobota-nists, palynologists and petroleumgeologists.