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Conséquences médico-économiques de la dénutrition : des leviers
pour agir
Pr Xavier HébuterneCentre Hospitalier Universitaire de
Nice,
Pôle Digestif, Nice, F−06202, FranceUniversité de Nice−Sophia−Antipolis,
Faculté de Médecine, Nice, F−06107, France
e−mail : [email protected]
Les situations où la dénutrition est fréquente
dans notre pays
� Toute maladie survenant chez l’enfant et la personne âgée
� Les maladies chroniques � Cancer
� Maladies neurologiques, maladie d’Alzheimer
� Insuffisances cardio−respiratoires sévères
� Insuffisances rénales et hépatiques sévères
� Maladies digestives graves
� Maladies inflammatoires chroniques (polyarthrite rhumatoïde, …)
� SIDA
� …
Prévalence de la dénutrition au cours du cancer : étude un jour donné
Prévalence de la dénutrition au cours du cancer : étude un jour donné
Hébuterne et al. Etude Nutritcancer
Prostate 14%
Rein/vessie 52%
Gynéco 45%
Oeso/estomac 60%
Côlon/rectum 39%
Sein 21%
Poumons 45%
Autres 39%
ORL 49%
Hémato 34%
Pancréas 67%n=1.903
La dénutrition de la personne âgé : une donnée encore
méconnue
� A domicile
�5 à 8% des personnes âgées
� A l’hôpital
�20 à 75% des personnes âgées
� En soins de suite
�30 à 60% des personnes âgées
� En maison de retraite
�10 à 60% des personnes âgées
Prévalence de la dénutrition dans différents services d’un
même hôpital
Pourcentage des malades
(%)
Etat nutritionnel et complications post−opératoires : une relation établie depuis
longtemps
Relation entre l’état nutritionnel, les complications
infectieuses et la durée d’hospitalisation en chirurgie
Pourc
enta
ge d
e m
ala
des
Nom
bre
de jours
Complications infectieuses post-opératoires
Nombre de jours passés à l’hôpital
Baker et al. N Engl J Med 1982
Risques de complications au cours de l’hospitalisation chez les patients dénutris à l’entrée en service de médecine en fonction du mode d’évaluation de la dénutrition
Naber et al. Am J Clin Nutr 1997
Risque rela
tif de c
om
plic
ation
Risque de complications x 2 à 3
La dénutrition est un facteur de risque indépendant
d’infection nosocomiale chez un malade hospitalisé
P=0,009
Pourcentage de malad
es avec
une infection nosocomiale (%)
Schneider et Hébuterne Br J Nutr 2004
La dénutrition sévère multiplie par 5 le risque de faire une infection à l’hôpital indépendamment des autres paramètres
Evaluation de la dénutrition par le NRI
La spirale de la dénutrition
AnorexieDépression
anorexie
CancerInfection
TraumatismeChirurgie
RadiothérapieChimiothérapie
Etc..
Catabolisme
Perte de poids
Perte de masse musculaire
dysimmunité
Perte d’autonomie
InfectionsRetard de cicatrisation
Escarres chutes
Décès
Dépression
Qualitéde v ie
Coût des soins
Effet de la dénutrition sur le coût des soins
� Augmentation de la DMS
� Augmentation du coût hospitalier par jour d’hospitalisation
� Exemple de la pneumopathie :
� DMS non dénutris : 8,4 j
� DMS dénutris : 10,9 j
� Coût total : 8000 vs 5000 @
� Coût par journée : 725 vs 592 @
Nutrition Care Management Institute 1988
Le coût de la dénutrition
Nutrition Care Management Institute 1988
5,4jours
5,8jours
Coût de la dénutrition en Grande−Bretagne
� Evaluation du surcoût de la prise en charge des malades dénutris par rapport aux malades non dénutris à partir des bases de données nationale
� Evaluation des retombées économiques d’une supplémentation orale à partir des données concernant les durées d’hospitalisation et les coûts des complicationsThe cost of disease-related malnutrition in the UK and economic considerations
for the use of oral nutritional supplements (ONS) in adults M Elia et al.
Le surcoût de la dénutrition en Grande−
Bretagne
Coût/patient/an Faible risque de dénutrition
(£)
Coût/patient/an Risque de dénutrition moyen et élevé (£)
Surcoût par patient et par
an (£)
Nombre de patients (million)
Surcoût en Grande-Bretagne
(million de £)
Visites à domicile 232,6 383,18 150,6 1,29 194,3
Consultations externes
101,9 135,5 33,6 1,29 43,3
Hospitalisation et soins de suite
768,1 1814,8 1046,7 1,29 1350,2
Total 1102,6 2333,5 1230,9 1,29 1587,9
Economies réalisées par la supplémentation nutritionnelle orale en chirurgie digestive
Auteurs Nombre de malades
Moyenne (£) Bas quartile (£)
Haut quartile (£)
Beattie et al. 101 440,7 339 519,2
Keele et al. 86 822,7 669,5 960,7
Rana et al. 40 934,3 749,2 1105,8
MacFie et al. 52 1066,1 899,6 1238,2
Smedley et al. 79 240,1 196,5 280,8
Saluja et al. 60 37,4 26,9 45,8
Moyenne 418 590,2 480,1 691,7
Conséquences médico−économiques de la prise en charge nutritionnelle des malades à domicile par le médecin
traitant
� 402 patients âgés dénutris
(MNA<17) ou à risque de
dénutrition (17<MNA≤23,5)
suivis pendant un an
� Age moyen : 85 ans
� Poids moyen : 50 kg
� IMC moyen : 20
� Groupe 1 : prescription
fréquente de CNO
� Groupe 2 : prescription
non fréquente de CNO
Arnaud-Battandier et al Clin Nutr 2004
Effet de la supplémentation sur le recours aux soins
et leurs coûts
Groupe non supplémenté
Groupe supplémenté
Gain
Jours d’hospitalisation
5,6 j 4,3 j - 1,3 j
Nombre d’admission (moy)
0,65 j 0,50 j -0,15 j
Coût des soins (€) 2657 € 1934 € -723 €
Coût des suppléments (€)
37 € 565 € +528 €
Coût total (€) 2694 € 2499 € -195 €
Arnaud-Battandier et al Clin Nutr 2004
Intervention nutritionnelle et durée
d’hospitalisation
12.212.6
12.913.4
13.814.3
14.815.3
16.617.1
15.9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Durée d’hospitalisation (jours)
jours
Une intervention plus précoce de deux jours économise un jour d’hospitalisation
Tucker et al. Nutr. Reviews 1996
Nutrition entérale vs nutrition parentérale au cours de la
pancréatite aiguë
McClave et al. JPEN 2005
Durée d’hospitalisation
Infection
Première évaluation médico−économique de
l’immunonutrition
� 154 malades cancer
estomac, pancréas
� Impact : un litre par
jour pendant 5 jours
pré−opératoires per os
puis NE débutée en
post−opératoire et
poursuivie pendant 10
jours vs nutrition
standard
� Réduction des Senkal et al. Arch Surg 1999
Evaluation économique d’un traitement par Impact (cinq jours pré-opératoires) avant chirurgie digestive
lourde chez les malades non dénutris
Evaluation économique d’un traitement par Impact (cinq jours pré-opératoires) avant chirurgie digestive
lourde chez les malades non dénutris
� Comparaison du groupe Impact pré-opératoire au groupe contrôle dans l’étude de Gianotti et al.
� Calcul du coût direct des complications� Frais de laboratoires
� Traitements
� Matériel supplémentaire
� Ré-interventions chirurgicales ou autres gestes
� Consultations de suivi
� Forfait par jour d’hospitalisation en chirurgie� Chirurgie colo-rectale : 288 €/jour
� Chirurgie oeso-gastrique : 365 €/jour
� Chirurgie pancréatique : 419 €/jour
� Forfait de 930 €/jour de soins intensifs
� Coût du traitement nutritionnel
Braga et Gianotti JPEN 2005
� 58 résections colo-rectales
�26 contrôle
�32 Impact
�92 résections oeso-gastriques
�48 contrôle
�44 Impact
�54 résections pancréatiques
�28 contrôle
�26 Impact
Population étudiée et durée moyenne de séjour
Population étudiée et durée moyenne de séjour
P=0,008
Braga et Gianotti JPEN 2005
Complications observéesComplications observées
Braga et Gianotti JPEN 2005
Coût supplémentaire des malades avec des complications
Coût supplémentaire des malades avec des complications
Braga et Gianotti JPEN 2005
Coût global des malades opérésCoût global des malades opérés
Braga et Gianotti JPEN 2005
Coût par malade et remboursementCoût par malade et remboursement
Braga et Gianotti JPEN 2005
Modélisation médico−économique àpartir des données de 126
hôpitaux américains
� Analyse médico−économique d’une « database » provenant de 126 hôpitaux américains et regroupant un million de patients
� Extraction des malades� Chirurgicaux� Réanimation médicale� Traumatologie
� Détermination du statut complication vs non complication
� Détermination de la durée d’hospitalisation, du coût réel moyen et du coût d’une complication
� Le coût social n’est pas pris en compte
Strickland et al. JPEN 2005
Economies réalisées par malade sur la base d’un taux d’infection de 5%
Economies réalisées par malade sur la base d’un taux d’infection de 5%
Strickland et al. JPEN 2005
Poids du codage de la dénutrition dans
les GHS
� Etude réalisée par le CLAN de
l’APHP
� Comparaison de la prévalence
réelle de la dénutrition en 2002
à l’APHP avec l’analyse du codage
� enquête un jour donné, énergie 4 + :
échantillon raisonné de 884 patients
sur huit hôpitaux)
� analyse exhaustive du codage des 39
hôpitaux en 2003Melchior Nutr Clin Metab 2005
� En 2002, 45% des patients hospitalisés étaient
dénutris (perte de poids et/ou IMC).
� En 2003 l’APHP a réalisé 499 500 séjours de plus
de 48 heures (Médecine chirurgie obstétrique:
MCO). Seuls 7 006 séjours ont été codés avec le
DA de dénutrition, soit 1,4 % des séjours.
� Un sondage aléatoire réalisé sur 348 dossiers de
patients hospitalisés, a montré que 52 % des
dossiers ne comportaient aucun renseignement
sur l’état nutritionnel des patients. L’item 30a
du manuel V2 de l’accréditation impose pourtant
que l’IMC soit relevé dans le dossier du Melchior Nutr Clin Metab 2005
Poids du codage de la dénutrition dans les GHS
dénutrition dans la V11
Code Affection niveau
E 40 Kwashiorkor 4
E 41 Marasme nutritionnel 3
E 42 Kwashiorkor avec marasme 4
E 43 Malnutrition protéino-énergétique grave sans précision
3
E 44.0 Malnutrition protéino-énergétique modérée
3
E 44.1 Malnutrition protéino-énergétique légère
2
E 45 Retard de développement après malnutrition protéino-énergétique
2
E 46 Malnutrition protéino-énergétique, sans précision
2
R 65 Cachexie 3
Codes en rapport avec une carence en vitamine B
Code Affection Niveau
E 51.1 Béribéri 3
E 51.2 Encéphalopathie de Wernicke
4
E 51.8 Autres manifestations de la carence en thiamine
3
E 51.9 Carence en thiamine, sans précision
3
R 53.0 Carence en riboflavine 2
E 53.1 Carence en pyridoxine 2
E 53.8 Autres avitaminoses précisées du groupe B
2
E 53.9 Avitaminose du groupe B, sans précision
2
Autres codesCode Affection Niveau
E 54 Carence en acide ascorbique 3
E 55 Rachitisme évolutif 2
E 55.9 Carence en vitamine D, sans précision
2
E 56.0 Carence en vitamine E 2
E 56.1 Carence en vitamine K 3
E 56.8 Carence en autres vitamines 2
E 56.9 Avitaminose, sans précision 2
D 53.8 Autres anémies nutritionnelles précisées
2
D 53.9 Anémie nutritionnelle, sans précision
2
G 63.4 Polynévrite par carence nutritionnelle
2
M 83.3 Ostéomalacie de l'adulte due à la malnutrition
3
O 25 Malnutrition au cours de la grossesse
2
Valorisation du GHS d’un malade hospitalisé pour une tumeur de l’appareil digestif en fonction
du niveau (de 1 à 4)
Un outil pour coder la dénutrition
Conclusions (1)
� La dénutrition, en augmentant le risque d’infection nosocomiale, prolonge la durée d’hospitalisation et augmente le coût des soins.
� Sa reconnaissance et son diagnostic permettent son codage qui valorise le séjour du malade en associant une comorbidité au diagnostic principal.
� Cette valorisation peut
Conclusions (2)� Le codage impose naturellement la prise en charge de la dénutrition et cette prise en charge est à même de réduire les coûts en diminuant les complications infectieuses et la durée d’hospitalisation.
� Le rôle des diététiciens paraît essentiel dans le processus de reconnaissance, de diagnostic et de prise en charge de la dénutrition.
� La diminution des coûts d’hospitalisation a étéparticulièrement bien documentée dans