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AVEC SIMON BEAULÉ-BULMAN, ANNE-MARIE BINETTE, CATHERINE CHABOT, OLIVIER GERVAIS-COURCHESNE, CATHERINE LEBLOND, EMMANUELLE LUSSIER MARTINEZ, KASIA MALINOWSKA, ELISABETH PAYEUR, ANTOINE RIVARD-NOLIN, MAUDE ROBERGE DUMAS ET GUILLAUME RODRIGUE D U 25 JANVIER AU 2 FÉVRIER 2013 THÉ ÂTR E ROUG E BILLETS : 10 $ - ÉTUDIANTS 5 $ / SUR ADMISSION ET À LA BILLETTERIE DU CONSERVATOIRE Conception graphique : Olivier Barrette

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Page 1: Conception graphique : Olivier Barrette · catherine l eblond, emmanuelle lussier martinez, kasi a malinowska, elisabeth pa yeur, antoine r ivard-nolin, maude r oberge dumas et guillaume

AVEC SIMON BEAULÉ-BULMAN, ANNE-MARIE BINETTE, CATHERINE CHABOT, OLIVIER GERVAIS-COURCHESNE, CATHERINE LEBLOND, EMMANUELLE LUSSIER MARTINEZ, KASIA MALINOWSKA, ELISABETH PAYEUR,

ANTOINE RIVARD-NOLIN, MAUDE ROBERGE DUMAS ET GUILLAUME RODRIGUE

D U 25 JANVIER AU 2 FÉVRIER 2013 THÉ ÂTR E R O UG E

BILLETS : 10 $ - ÉTUDIANTS 5 $ / SUR ADMISSION ET À LA BILLETTERIE DU CONSERVATOIRE

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AVERTISSEMENT

A�n de respecter les droits individuels à l’image et à la vie privée de chacun des participants ainsi que le droit d’auteur, il est strictement interdit de photographier, de �lmer ou d’enregistrer,

en tout ou en partie, la prestation qui vous est présentée ou des extraits de celle-ci. Merci de votre collaboration.

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24 petites scènes de la vie quotidienne tirées de faits divers, de témoignages, d’articles de journaux qui mettent en lumière la montée aussi aliénante que fulgurante du Parti national socialiste… Voilà le matériau brut de Grand-peur et misère du IIIe Reich.

Bertolt Brecht décline, à bâtons rompus, comment une société dite démocratique a été prise en otage par la propagande, la répression, et par toute une mécanique de la terreur et de la paranoïa. Une société anesthésiée et placée sous le total contrôle d’un régime qui se nourrit avec cynisme de la discrimination et de la peur de l’autre, de son frère, de son enfant…

Vaste tableau qui, encore aujourd’hui, nous rappelle que nous restons à la merci de la pensée unique qui refuse tout questionnement, tout écart à la norme, tout ce qui ne va pas dans le sens donné par la loi et l’ordre. Ce bon vieil ordre ordinaire qui rime tant avec grégaire.

Geoffrey Gaquère nous donne à voir ici, dans cet époustou�ant cabaret, un Brecht qui nous laisse songeurs quand, dans notre miroir, nous nous voyons : Arabe, Chinois, Juif, Amérindien ou Blanc pur laine de souche ! Et pas tout simplement Humain. Restons aux aguets !

Bonne soirée !

Benoît Dagenais Directeur intérimaire

MOT DU DIRECTEUR

Le Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec est constitué de sept établissements d’enseignement de la musique et de deux établissements d’enseignement de l’art dramatique.

Nicolas Desjardins, directeur général du Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec

Francine Grégoire, présidente du Conseil d’administration

Benoît Dagenais, directeur intérimaire du Conservatoire d’art dramatique de Montréal

Photos : Catherine Gravel

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Pour mieux faire comprendre la nature du nazisme à ses compatriotes exilés, Bertolt Brecht écrivit, en 1938, Grand-peur et misère du IIIe Reich. Bâtie sous forme de sketches, la pièce n’a qu’un seul objectif : la propagande. Brecht veut frapper l’esprit du spectateur a�n de produire chez lui une réaction immédiate. Il veut prouver que la montée du nazisme n’est pas un simple accident de parcours dans l’histoire allemande, qui disparaîtra de soi-même avec le temps, mais qu’au contraire, chacun tient une part de responsabilité dans la mise en place de ce régime de terreur. Se taire, c’est collaborer. Fermer les yeux, c’est participer. Continuer à vivre comme si on était étranger à ce qui se passe autour de nous, c’est accepter le recul de la démocratie. Voilà pour 1938.

Ce soir, nous sommes en 2013. Soixante-quinze ans après l’écriture de cette pièce, nous avons décidé de l’explorer pour trouver en elle des échos à ce

qui se passe présentement en Occident. Nous avons sciemment fait le choix d’enlever toute référence à l’iconographie nazie pour ne garder que l’essence de la terreur. En faisant ce petit exercice, nous avons été troublés de constater que les situations que Brecht met en scène résonnent toujours aujourd’hui, et ce, même si l’on ôte de son texte des mots comme Hitler, SS, ou aryen et que l’on remplace le mot Allemagne par l’Occident.

Cet Occident dans lequel nous vivons et qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, devait être l’endroit du monde où la tragédie ne serait plus possible, et bien, cet Occident a de plus en plus de mal à tenir sa promesse. Chaque jour, cette idée se �ssure un peu plus et met en lumière de vieux démons qui nous font peur, des loups qui se mettent à hurler. Les droits que l’on croyait acquis réclament une nouvelle fois que l’on se batte pour eux. La dignité humaine, l’égalité des chances, la justice, l’éducation

ne nous sont pas garanties. C’est ce que les acteurs de ce soir vous montreront.

Merci à Benoît Dagenais pour sa con�ance, à François Pilotte et à toute son équipe de production pour leur savoir-faire et leur générosité, à Simon Guilbault pour sa grande audace, à Romain Fabre pour son intelligence et son inventivité, à Simon Chioini et à Matthew Schoen pour leur univers sonore inspirant et débridé, à Erwann Bernard pour la force et la justesse de ses éclairages, à Émilie Sigouin, précieuse assistante et première spectatrice. Et en�n, je veux dire un immense merci aux acteurs qui ont pris des risques tout au long des répétitions, qui se sont dépassés non pas pour être parfaits, mais pour tenter de trouver en eux la vie si fragile que l’on s’attend à voir sur scène. Je leur souhaite un immense « merde » pour ce soir et le meilleur pour la suite du monde.

Bonne soirée.

MOT DU METTEUR EN SCÈNEGeoffrey Gaquère, adaption et mise en scène

Le Conservatoire d’art dramatique de Montréal est heureux de collaborer avec Rencontre Théâtre Ados à la diffusion

du théâtre auprès du jeune public.

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Quand Bertolt Brecht écrit Grand-peur et misère du IIIe Reich, de 1935 à 1938, le quotidien de la population allemande est teinté par la montée du nazisme. La guerre n’a pas encore eu lieu, mais Hitler est au pouvoir et les conditions de vie sont radicale-ment ébranlées. En s’inspirant de coupures de journaux et de récits de témoins oculaires, Brecht témoigne avec une inquiétante lucidité de cette époque où les valeurs humaines sont sacri�ées au pro�t de la cruauté et de l’horreur.

Les 24 scènes originales de Grand-peur et misère du IIIe Reich dépeignent l’avènement d’Hitler jusqu’aux premières manifestations de la guerre et montrent la terreur et la résignation de tout un peuple. Si certains luttent, d’autres plient sous la peur, et ce, dans toutes les strates de la société allemande de l’époque, du monde ouvrier jusqu’aux classes intellectuelles. L’humour grinçant de Brecht dénonce l’instauration du régime de peur, de paranoïa, d’endoctri-nement et de délation qui s’est installé en Allemagne où, par exemple, des enfants allaient jusqu’à dénoncer leurs parents qui s’opposaient aux mesures du parti. Tous peuvent devenir victimes ou bourreaux, tous tremblent et jouent un rôle sous le regard des autres. Ce soir, c’est sous votre regard qu’ils trembleront.

L’alarmante clairvoyance de Brecht à nommer ce qui se préparait dans son propre pays, la grande parade des person-nages qui ont une voix dans la pièce, ainsi que le réalisme terri�ant de leur quotidien écorche et ébranle encore aujourd’hui le spectateur, à l’heure où la peur de l’autre est encore bien présente. La montée en force des partis de droite en Occident, la menace constante de l’armement nucléaire, l’in�uence croissante des intérêts religieux et économiques, le recul de certaines libertés individuelles, l’écart grandissant de la richesse, la peur de la perte des identités nationales face à l’immigration et à l’islam… Autant de phénomènes bien actuels qui, réunis, forment un sombre tableau. Un tableau qui n’est pas sans rappeler le contexte dépeint par Brecht et qui a mené au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

Plus que jamais, Grand-peur et misère du IIIe Reich éveille les consciences contre l’oppression créée par tous les systèmes totalitaires qui utilisent la peur et la violence pour faire la démonstration de leur force. La pierre angulaire du théâtre de Brecht, c’est l’invitation qu’il lance au spectateur à poser un regard analytique sur les comportements des hommes les uns envers les autres. Geoffrey Gaquère, metteur en scène de cette production, tient ce même pari. À travers les mots

QUAND BRECHT FAIT PEURAnne-Marie Binette

de Brecht et son panorama de personnages, tout le travail est orienté vers la ré�exion, le décodage des forces, le questionnement des enjeux, la compréhension des situations qui passe souvent par le profond désaccord et même par la révolte. La troupe s’est �xé un objectif : rendre hommage à l’intelligence de ce grand auteur en prouvant sa pertinence en 2013. Comment ? En s’impliquant, en prenant des risques, en vous offrant ces moments de vérité avec humilité et dignité, en vous obligeant à donner votre avis. Parce qu’à la �n, c’est à nous tous de choisir et de prendre la parole.

« LE NAZISME N’EST PAS UN PHÉNOMÈNE DE CIRCONSTANCE APPELÉ À DISPARAÎTRE AVEC LE TEMPS. IL EST FAIT DE TOUTES LES PEURS NATURELLES DE L’HOMME QUI L’ALIMENTENT ET QU’IL ALIMENTE. » — BERTOLT BRECHT

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GRAND-PEUR ET MISÈRE DU IIIe REICHDE BERTOLT BRECHT

TEXTE FRANÇAIS DE MAURICE REGNAUT ET ANDRÉ STEIGERADAPTATION ET MISE EN SCÈNE DE GEOFFREY GAQUÈRE

25, 28, 29, 30, 31 janvier, ler et 2 février, 19 h 30 – 26 janvier, 15 hDurée du spectacle : 1 h 50 sans entracte

L’ÉQUIPE DE SPECTACLEConception du décor et des accessoires : Simon Guilbault

Conception des costumes : Romain Fabre Conception des éclairages : Erwann Bernard Composition sonore : Simon Chioini et Matthew Schoen, élèves de Louis Dufort, professeur en électroacoustique au Conservatoire de musique de Montréal Assistance à la mise en scène : Émilie Sigouin Régie : Joannie D’Amours Régie plateau et vidéo : Geneviève Perreault Opérateur son : Serge Belleau Habilleuse : Tiffany Oschmann

L’ÉQUIPE DE PRODUCTIONDirection technique et de production : François Pilotte

Sonorisation : Daniel Beaudoin Accessoires : Joannie d’Amours Réalisation des costumes : Madeleine Bélair et Tiffany Oschmann Réalisation du décor : Serge Belleau Vidéo : Mathieu Corriveau Montage du programme : Hélène Dion – Amarante Design Photographe de plateau : Robert Etcheverry Techniciens de scène : Serge Belleau, Alison Brien-Giroux, Joannie D’Amours et Geneviève Perreault Patine décor : Marjorie Beauchamp et Joannie D’Amours

LES COMMUNICATIONSNancy Bélanger, Jocelyne Bouchard, Claudine Gagné, Louise Provost et Julie Roy

LES ENSEIGNANTSDirection : Benoît Dagenais

Voix et parole : Carl Béchard Claquettes et danse : Bernard Bourgault Mouvement et yoga : Françoise Cadieux Improvisation : Raymond Cloutier Diction : Benoît Dagenais, Marie-Eve Pelletier Combat : Huy Phong Doan Création, jeu caméra : Hubert Fielden Jeu, mouvement et masque : Suzanne Lantagne Analyse et culture, atelier de jeu à la caméra : Michel Monty Chant : Yves Morin Tragédie et comédie classiques : Nathalie Naubert Jeu laboratoire : Patricia Nolin Jeu Stanislavsky : Igor Ovadis Jeu et improvisation : Gilbert Sicotte Dramaturgie : Gilbert Turp

Merci à Madame Hélène Lamarre, de Sony Pictures

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LA DISTRIBUTION

1 ANNE-MARIE BINETTE La voisine et autres personnages

2 ANTOINE RIVARD-NOLIN Le chômeur et autres personnages

3 CATHERINE LEBLOND L’enfant

4 CATHERINE CHABOT La speakerine et autres personnages

5 ELISABETH PAYEUR

La mère et autres personnages

6 EMMANUELLE LUSSIER MARTINEZ MC

7 GUILLAUME RODRIGUE L’enfant soldat et autres personnages

8 KASIA MALINOWSKA La femme arabe et autres personnages

9 OLIVIER GERVAIS-COURCHESNE Le père et autres personnages

10 MAUDE ROBERGE DUMAS La juge et autres personnages

11 SIMON BEAULÉ-BULMAN Le milicien et autres personnages

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La seule mention du IIIe Reich évoque aujourd’hui une profusion d’images horri�antes et de slogans totalitaires. La barbarie du régime nazi frise la �ction. Comment un peuple instruit en arrive-t-il à se laisser gouverner par un régime de terreur ? Comment des proches en viennent-ils à se dénoncer entre eux, mettant une politique d’épuration de la race devant leurs propres liens de famille et d’amitié ? Dans le contexte politique actuel, deux vérités me sautent aux yeux : d’abord, qu’un régime totalitaire a plus de chances de s’imposer dans un contexte économique instable – ses valeurs conservatrices et son leadership apparent ayant de quoi rassurer une population inquiète pour son portefeuille; ensuite, que pour convaincre une nation d’adhérer à un programme politique fasciste, il n’est rien de tel que des pouvoirs militaire et judiciaire complices, épaulés par une équipe de propagandistes bétonnée. Le IIIe Reich, conçu pour durer 1000 ans, aura fait régner un climat de peur et de suspicion pendant 12 cruelles années dont les séquelles se font encore sentir aujourd’hui.

Mais si les populations allemandes et étrangères se sont tues face à la montée du régime, quelques

organisations secrètes ont, quant à elles, freiné les avancées d’Hitler et cherché à mettre un terme aux atrocités commises par son parti. Parmi elles, les Églises catholique et protestante. Malheureusement, dans l’ensemble, ces institutions reli-gieuses ont fermé les yeux; mais certains pratiquants ont risqué leur vie pour condamner la persécution des malades mentaux, des Polonais, puis des Juifs. De nombreux prêtres se sont faits déporter par les nazis, d’autres ont été tués. Autres résistants actifs, plusieurs partis socialistes offraient des centres de résistance, publiaient des journaux clandestins et offraient une protection aux réfugiés. Ils se battaient contre le fascisme partout en Europe, avec Franco et Mussolini simultanément au pouvoir. La résistance commu-niste �gurait parmi les cibles premières de la police nazie. Une grande partie des tracts distribués sous le régime étaient imprimés puis distribués par les militants du KPD (parti commu-niste allemand), plutôt axé sur la promotion de ses propres idéaux. À Berlin même, son réseau d’espionnage coopérait avec les bureaux de renseignements sovié-tiques de Paris et de Bruxelles. En�n, certains membres (ou agents doubles) de l’armée

HEINRICH HEINE : « LÀ OÙ ON BRÛLERA DES LIVRES, ON BRÛLERA DES HOMMES. » Emmanuelle Lussier Martinez

allemande ont secrètement lutté contre le IIIe Reich : collecte d’informations, espionnage, attentats, incitation à la désertion, sabotage. Mais les tentatives d’assassiner le Führer ont échoué, le coup d’État de 1938 a avorté, ainsi que le projet de putsch de 1939. Et même s’ils œuvraient tous contre un ennemi commun, des divisions idéolo-giques suscitaient des con�its entre les différentes organisa-tions de résistance. C’est par avancées sporadiques et isolées que les mouvements de résis-tance sont parvenus à accélérer la chute d’Hitler et de son parti.

Les héros de la Seconde Guerre l’auront été en coulisse. Comment faire preuve de dissidence lorsque les engrenages d’une dictature sont déjà mis en place et qu’il semble trop tard pour s’en défaire ? Dans un contexte politique où toute parole était suspecte, hausser le ton, c’était mourir; chuchoter, c’était peut-être se sauver. Aujourd’hui, il semble à nouveau que des régimes totalitaires se dressent sans gêne contre la liberté de penser, contre la compassion humaine et pour une obéissance désincarnée. Attendrons-nous encore qu’il soit trop tard pour hausser le ton ?

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À une époque où tout ce qu’on connaît fout le camp dans un monde où l’on n’arrive plus à faire con�ance à ses amis, à sa famille; quand il n’y a plus de dialogue possible, on ferme sa gueule et l’on fait comme si tout était normal ? Cette normalité entérinée par tous ceux qui signent le contrat social est un code tacite auquel nul ne déroge sans écoper. On aboutit à une condition de médiocrité où l’on se fait croire qu’on est heureux parce qu’en vie.

Brecht s’attaque, bien entendu, à l’attitude propagandiste du IIIe Reich, à son fondement, à son idéologie, mais il s’en prend aussi

à ceux qui se terrent dans cette normalité, ceux qui craignent en silence. Tout le monde a peur, ben oui ! Brecht lui-même a quitté l’Allemagne en 1933 parce qu’il craignait pour sa vie. Non pas qu’il n’eût ressenti quelques sentiments patriotiques, il fut in�rmier pour l’armée dans sa jeune vingtaine et aurait pu être utile au peuple du Reich s’il avait accepté de sacri�er sa liberté, s’il avait accepté la médiocrité grise de la cité.

Le théâtre de Brecht n’essaie pas de justi�er un point de vue, de convaincre, d’émouvoir, de distraire… Son théâtre livre un télégramme chanté par un

UN THÉÂTRE QUI VEUT BIEN PLAIRE, MAIS PAS COMPLAIREOlivier Gervais-Courchesne

clown : « Ce qui te tombe dessus depuis des jours, ce n’est pas de la pluie, c’est de la pisse. Bonne journée ! » Il s’efforce de rendre son théâtre « infamilier » à l’auditoire pour qu’on y prête des oreilles neuves, lavées de ce qu’on prétend connaître, de ce qu’on nous dit de croire, a�n qu’on ré�échisse réellement. Pour Brecht, ré�échir commence par s’étonner du spectacle qu’est le monde.

Ceci n’est pas de l’«entertainement». Ceci n’est pas de l’idéologie.C’est le poids de l’Histoire sur nos épaules, les vôtres, les miennes.

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L E GR E NIE R DE YÔJI SAKATE

TRADUCTION : CORINNE ATLAN / MISE EN SCÈNE : CATHERINE VIDAL

3, 6, 7, 8, 9, 10 ET 11 MAI, 20 H / 4 MAI, 15 HUNE MYSTÉRIEUSE ENTREPRISE VEND, SUR INTERNET, DES GRENIERS EN KIT PERMETTANT

DE VIVRE COUPÉ DU MONDE. UN HOMME, DONT LE FRÈRE S’EST SUICIDÉ, CHERCHE À RETROUVER LE « CRIMINEL » QUI LES FABRIQUE. SON ENQUÊTE LE MÈNERA JUSQU’AU CONSTRUCTEUR, À L’ISSUE D’UN DÉFILÉ DE PERSONNAGES LOUFOQUES, TOUCHANTS

OU INQUIÉTANTS, QUI SE CROISENT DANS L’ESPACE CLOS DU « GRENIER ». « LE GRENIER » TRAITE DU PROBLÈME DES HIKIKOMORI (JEUNES QUI S’ENFERMENT CHEZ EUX PAR REFUS

DU MONDE EXTÉRIEUR) ET DE LA QUÊTE DU MONDE IMAGINAIRE DE L’ENFANCE.

WWW.CONSERVATOIRE.GOUV.QC.CA

THÉÂTRE ROUGE4750, AVENUE HENRI-JULIEN POUR RENSEIGNEMENTS OU INVITATIONS : 514 873-4283 / [email protected]