compte rendu détaillé atelier a3 pourquoi et …...heidelbergcement group vuillier nicolas...

14
1 Compte rendu détaillé Atelier A3 – Pourquoi et comment mesurer sa dépendance et ses impacts sur la biodiversité ? Introduction Ce compte-rendu détaille le déroulement de l’atelier A3 – « Pourquoi et comment mesurer sa dépendance et ses impacts sur la biodiversité ? » organisé dans le cadre du cadre du Forum national Biodiversité et Economie qui s’est tenu à Paris les 24 et 25 novembre 2016, sous le parrainage du ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer à l’occasion de la création de l’Agence Française de la Biodiversité au 1er janvier 2017. Il s’inscrit dans le thème « s’engager pour la biodiversité ». L’érosion de la biodiversité se poursuit, cette perte n’est toujours pas enrayée et il devient essentiel de s’engager dans une gestion et une conservation durable de la biodiversité. Il est ainsi important de comprendre les impacts et la dépendance de chacun vis-à-vis de la biodiversité. Il est par ailleurs utile de rappeler que, par définition, la biodiversité est multiforme et contexte dépendante. C’est pourquoi il existe de nombreuses méthodes permettant de mesurer les impacts et dépendances des acteurs industriels, ayant chacune sa spécificité. Cette diversité des outils de mesure permet de répondre à des attentes différentes en fonction de la situation de l’entreprise qui souhaite les implémenter. L’atelier propose un panorama de retours d’expériences de neuf organismes et entreprises (BASF, CDC Biodiversité, Ciment Calcia, EpE, EUROVIA, Kering, I Care & Consult, MNHN, SUEZ) sur leur utilisation de différents outils de mesure de dépendances et impacts sur la biodiversité, y compris des outils en cours de développement. Un regard critique est également apporté sur les perspectives d’évolution du reporting biodiversité. Déroulé de la séquence 2h 1 – Introduction sur le thème et présentation générale de deux guides à destination des acteurs économiques sur les outils à disposition pour le reporting biodiversité 2 – Retours d’expériences de plusieurs entreprises. Chaque intervenant s’appuie sur un format de présentation donné répondant aux questions suivantes : - Pourquoi mesurer sa dépendance et ses impacts sur la biodiversité ? - Quels outils, comment et avec qui ? - Combien de temps et quel budget pour la mise en place et le suivi ? - Quels sont les bénéfices et les limites? 3 – Présentation d’outils en cours de développement

Upload: others

Post on 12-Jun-2020

2 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Compte rendu détaillé Atelier A3 Pourquoi et …...HeidelbergCement Group VUILLIER Nicolas Directeur Développement Durable EUROVIA LORINQUER Clara Directrice de l'Environnement

1

Compte rendu détaillé

Atelier A3 – Pourquoi et comment mesurer sa dépendance et ses

impacts sur la biodiversité ?

Introduction

Ce compte-rendu détaille le déroulement de l’atelier A3 – « Pourquoi et comment

mesurer sa dépendance et ses impacts sur la biodiversité ? » organisé dans le

cadre du cadre du Forum national Biodiversité et Economie qui s’est tenu à Paris

les 24 et 25 novembre 2016, sous le parrainage du ministère de

l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer à l’occasion de la création de l’Agence

Française de la Biodiversité au 1er janvier 2017. Il s’inscrit dans le thème

« s’engager pour la biodiversité ».

L’érosion de la biodiversité se poursuit, cette perte n’est toujours pas enrayée et

il devient essentiel de s’engager dans une gestion et une conservation durable de

la biodiversité. Il est ainsi important de comprendre les impacts et la dépendance

de chacun vis-à-vis de la biodiversité. Il est par ailleurs utile de rappeler que, par

définition, la biodiversité est multiforme et contexte dépendante. C’est pourquoi

il existe de nombreuses méthodes permettant de mesurer les impacts et

dépendances des acteurs industriels, ayant chacune sa spécificité. Cette diversité

des outils de mesure permet de répondre à des attentes différentes en fonction

de la situation de l’entreprise qui souhaite les implémenter.

L’atelier propose un panorama de retours d’expériences de neuf organismes et

entreprises (BASF, CDC Biodiversité, Ciment Calcia, EpE, EUROVIA, Kering, I

Care & Consult, MNHN, SUEZ) sur leur utilisation de différents outils de mesure

de dépendances et impacts sur la biodiversité, y compris des outils en cours de

développement. Un regard critique est également apporté sur les perspectives

d’évolution du reporting biodiversité.

Déroulé de la séquence 2h

1 – Introduction sur le thème et présentation générale de deux guides à

destination des acteurs économiques sur les outils à disposition pour le reporting

biodiversité

2 – Retours d’expériences de plusieurs entreprises. Chaque intervenant s’appuie

sur un format de présentation donné répondant aux questions suivantes :

- Pourquoi mesurer sa dépendance et ses impacts sur la biodiversité ?

- Quels outils, comment et avec qui ?

- Combien de temps et quel budget pour la mise en place et le suivi ?

- Quels sont les bénéfices et les limites?

3 – Présentation d’outils en cours de développement

Page 2: Compte rendu détaillé Atelier A3 Pourquoi et …...HeidelbergCement Group VUILLIER Nicolas Directeur Développement Durable EUROVIA LORINQUER Clara Directrice de l'Environnement

2

4 – Regard critique et comment aller plus loin

5 – Echanges avec la salle

Intervenants :

Pilote : Annabelle PRIN-COJAN - Responsable du pôle Environnement et de la

Communication, EpE

Co-pilote : Benjamin LEVEQUE – manager I Care & Consult

BASF LACROIX Pascal Responsable des Affaires Publiques

CDC Biodiversité VALLIER Antoine Chef de projet

CIMENT CALCIA -

‎HeidelbergCement

Group

VUILLIER Nicolas Directeur Développement Durable

EUROVIA LORINQUER Clara Directrice de l'Environnement et de la

Qualité

KERING CASSAN-BARNEL Baptiste Sustainability performance manager

MNHN GOURDAIN Philippe Responsable de la cellule Conventions

d’études Biodiversité

SUEZ BERMAN Sandra Expert biodiversité

UICN France THUNE Matthieu Chargé de mission Entreprises et

biodiversité

Compte-rendu de l’atelier

1) Introduction sur le thème et présentation générale de deux guides à

destination des acteurs économiques sur les outils à disposition pour

le reporting biodiversité :

Annabelle PRIN-COJAN

Pourquoi cet atelier ?

L’érosion de la biodiversité est préoccupante et concerne autant les ONG que les

entreprises. Il est important de présenter les différents outils disponibles pour les

entreprises permettant de mesurer ses impacts et dépendances face à la

biodiversité.

Il existe plusieurs guides regroupant et décrivant ces outils :

Mesurer et piloter la biodiversité, EpE : regroupant une quarantaine

d’exemples concrets de la pratique d’utilisation des outils et indicateurs

par les entreprises membres d’EpE http://www.epe-asso.org/mesurer-et-

piloter-la-biodiversite-2013/.

Page 3: Compte rendu détaillé Atelier A3 Pourquoi et …...HeidelbergCement Group VUILLIER Nicolas Directeur Développement Durable EUROVIA LORINQUER Clara Directrice de l'Environnement

3

Guide du WBCSD ECO4BIZ: “Ecosystem services and biodiversity tools to

support business decision-making" : classe de nombreux outils par

catégories (échelle globale, locale, par produit) et par type de données

(qualitatifs ou quantitatifs ou cartographie). Il présente le principal intérêt

de l’outil, l’utilisateur et le coût.

Guide de la CDC Biodiversité : « entreprises et biodiversité : quels outils

pour quelles décisions » : analyse comparative de nombreux outils

incorporant un « arbre de décisions » qui aide à la sélection d’un outil en

fonction du contexte et ses applications.

2) Retours d’expérience

Baptiste CASSAN-BARNEL - L’Environmental Profit & Loss Account (E P&L) : un

outil pour mesurer son impact sur l’environnement et prendre des décisions :

l’indicateur land use.

KERING est une entreprise française mondialisée de l’industrie textile et

accessoires de luxe et de sport. Sa production dépend directement des matières

premières agricoles (cuir, cachemire, laine) et donc de la biodiversité.

Pourquoi ?

Dans ce contexte de forte concurrence à l’accès aux matières premières, il est

essentiel de comprendre les dépendances et impacts vis-à-vis de la biodiversité

des chaînes d’approvisionnement, pour les rendre ensuite résilientes. Cela

permet aussi de saisir des opportunités business, de mieux gérer les risques en

lien avec les approvisionnements, de sensibiliser des acteurs comme les

financiers.

Quel outil, comment et avec qui ?

KERING a développé l’outil EP&L depuis 2011. Son objectif est de mettre une

valeur monétaire sur les impacts environnementaux des activités des chaînes

d’approvisionnement, depuis l’extraction des matières premières jusqu’aux points

de vente. L’EP&L estime en euro le coût des achats du groupe sur les

populations. Il se base sur le changement d’affectation des sols comme proxi de

l’impact sur la biodiversité. En effet, en transformant par exemple une forêt en

champ agricole, le terrain connaît une perte significative de flux annuel de

services écosystémiques rendus par la biodiversité anciennement présente.

KERING est aussi en partenariat avec des universités pour affiner l’évaluation

spatiale, améliorer la compréhension de l’impact des conversions de terrain, et

essayer d’établir un indicateur biodiversité qui ne repose pas sur une traduction

financière des services rendus par la biodiversité.

D’autre part, l’outil est en Open Source afin de faciliter son échange et

amélioration et en faire bénéficier d’autres acteurs économiques.

Page 4: Compte rendu détaillé Atelier A3 Pourquoi et …...HeidelbergCement Group VUILLIER Nicolas Directeur Développement Durable EUROVIA LORINQUER Clara Directrice de l'Environnement

4

Enfin, KERING intègre cet outil dans le processus de décisions stratégiques.

Quel coût, combien de temps ?

Cette méthode a débuté en 2011, en partenariat avec Natural Capital Coalition.

Sa mise en place a demandé un Investissement très important en temps et en

ressources, dont la complexité ne dépend pas de la taille de l’entreprise mais de

la traçabilité de ses produits et de la chaîne d’approvisionnement (long travail de

collecte d’information primaire).

Les bénéfices

Meilleure compréhension des chaînes d’approvisionnement

Diagnostic concret et précis d’implémentation de bonnes pratiques

agricoles (par exemple par une rotation de cheptels en particulier sur

certains terrains)

Meilleures relations avec les fournisseurs mise en place à la suite des

recherches de données d’approvisionnement

En interne : cohésion des employés ; sensibilisation des directeurs

financiers et des acheteurs ; aide à la gestion des risques (réglementaires,

campagne d’ONG attaquant l’image de la marque etc.)

Les limites

Méthodologiques : amélioration des connaissances nécessitent la

collaboration avec les universités

Traçabilités des matières premières complexe

Accès aux données terrains dans le monde entier nécessaire à l’utilisation

de l’outil.

Requêtes pour l’AFB : faciliter l’accès aux données biodiversité de terrains ( au

niveau national mais également à l’international pour permettre la mise en place

d’une base de données ?)

Nicolas VUILLIER - Système de Management de la Biodiversité (SMBio)

Ciments Calcia, est la filiale Française « ciment » du groupe

HEIDELBERGCEMENT, une entreprise de production de matériaux de construction

implantée mondialement N°1 du granulat, n°2 du ciment et n°3 du BPE.

Pourquoi ?

Ciment Calcia est producteur de ciment et à ce titre a une activité extractive.

C’est-à-dire une activité en lien direct avec la biodiversité puisque le groupe

exploite des carrières et donc à un impact direct sur la biodiversité. Par ailleurs,

la matière première du ciment : le calcaire est issue de la biodiversité du passé.

.

Page 5: Compte rendu détaillé Atelier A3 Pourquoi et …...HeidelbergCement Group VUILLIER Nicolas Directeur Développement Durable EUROVIA LORINQUER Clara Directrice de l'Environnement

5

Mesurer ses impacts sur la biodiversité permet de mieux les connaitre et donc de

nous inscrire dans une démarche nous permettant de les éviter et les réduire.

Quel outil, comment et avec qui ?

C’est pourquoi un Système de Management dédié à la biodiversité (SMBIO) a été

mis en place, en partenariat avec l’UICN France.

Cet outil permet :

- Une structuration nationale déclinée localement

- Un pilotage politique au plus haut niveau de l’entreprise

- Une intégration opérationnelle des enjeux de la biodiversité

- Un meilleur partage d’expérience, des outils de gestion commun, une

harmonisation des pratiques.

- Une reconnaissance pour les acteurs de terrain

- Un renforcement de l’intégration territoriale des activités

- Une anticipation des politiques publiques (mesures de protection des

territoires).

Basé sur les systèmes de management de l’environnement ( ISO1400)1, il suit

une approche standard pilotée nationalement et décliné localement.

Quels moyens ?

Le SMBio s’inscrit dans le SME de l’entreprise, il implique ainsi les acteurs

internes et les partenaires locaux. D’autre part, des formations régulières sont

organisées avec l’aide de l’UICN afin de sensibiliser et d’engager les opérateurs à

la conservation de la biodiversité, en plus d’un partage d’expérience permanent

et d’une consolidation locale et nationale des données permettant de tenir

informé les actionnaires.

Les bénéfices et les limites :

SMBio a permis :

- Une meilleure adaptation des projets aux enjeux de la biodiversité en

intégrant cette dernière dans le cycle complet de l’exploitation d’un terrain

(de la conception des projets jusqu’à la restitution du terrain).

- De mettre en évidence la possibilité réelle de recréer des milieux

intéressants.

- D’anticiper les politiques publiques.

Le projet possède aussi des limites :

- Peu de reconnaissances externes pour les entreprises engagées (‘’ pas de

récompenses pour les bons élèves’’) ni de reconnaissance pour les actions

et contributions réalisées. La réglementation évolue avec plus de

contraintes sans intégrer les réelles performances des entreprises sur ces

sujets.

-

Page 6: Compte rendu détaillé Atelier A3 Pourquoi et …...HeidelbergCement Group VUILLIER Nicolas Directeur Développement Durable EUROVIA LORINQUER Clara Directrice de l'Environnement

6

- Ne permet pas de qualifier les apports au territoire en matière de

biodiversité ainsi que la trajectoire d’évolution du site. il n’existe pas un

bon indicateur permettant de mesurer les impacts positifs apportés par

l’intégration de la biodiversité.

Clara LORINQUER (Eurovia) Sandra BERMAN (SUEZ) et Philippe Gourdain (SPN-

MNHN) – Indicateur de Qualité Écologique (IQE) et Indicateur de Potentialité

Écologique (IPE)

Pourquoi ?

Le développement de l’IQE entre 2008 et 2013 répond à un manque

d’indicateurs de performance de la gestion de la biodiversité sur les sites

industriels.

L’enjeu était d’évaluer la qualité écologique des sites industriels dans le temps

avec un indicateur robuste scientifiquement, abordable et applicable à différents

instants d’exploitations du site. Ceci dans le but d’orienter les mesures de gestion

et d’aménagement propre à chaque site et par la suite de pouvoir évaluer les

bénéfices de ces mesures dans le temps.

C’est pourquoi un partenariat entre le Muséum national d’histoire naturelle a été

mis en place, avec SUEZ dès 2008, puis avec d’autres acteurs comme Eurovia en

2013.

Quel outil, comment et avec qui ?

Le partenariat a permis de construire deux indicateurs scientifiques : l’Indicateur

de Qualité Écologique (IQE) et une version simplifiée : l’Indicateur de Potentialité

Écologique (IPE).

Ils sont fondés sur trois grands types de critères :

- Patrimonialité des habitats et des espèces (par exemple les espèces

inscrites sur la liste rouge de l’UICN, déterminantes de ZNIEFF, espèces

listées dans les Directives européennes Oiseaux (annexe I) et Habitats-

Faune-Flore (annexe II))

- Fonctionnalité écologique : la biodiversité ne peut être résumée à une liste

d’espèces présentes sur un site. Les interactions et interdépendances

entre les espèces et avec leurs milieux font partie intégrante de la

biodiversité et il est nécessaire de les maintenir pour un bon

fonctionnement des écosystèmes.

- Diversité des habitats et de l’avifaune.

Les résultats d’application de l’indicateur sont par la suite présentés sous forme

de schéma et diagramme clairs pour des non spécialistes et pour permettre leur

compréhension et assimilation en interne de l’entreprise.

Page 7: Compte rendu détaillé Atelier A3 Pourquoi et …...HeidelbergCement Group VUILLIER Nicolas Directeur Développement Durable EUROVIA LORINQUER Clara Directrice de l'Environnement

7

L’IQE et l’IPE sont applicables en France métropolitaine (Corse comprise), pour

des sites aménagés ou à aménager de 10 à 100 ha. Ils nécessitent de faire appel

à un naturaliste de bon niveau et expérimenté, ayant suivi une formation auprès

d’un utilisateur expérimenté de l’IQE. Les formations à l’utilisation de l’IQE/IPE

sont dispensées gratuitement par le MNHN (cf. http://iqe-spn.mnhn.fr/).

En termes de besoins en ressources et temps :

- Spécifiquement pour l’IQE :

o 6 jours de terrain, à raison de quatre campagnes de terrain dans

l’année (période de mars à août) pour faire l’évaluation sur les

différentes saisons (donc 1 an au total) + 3 à 6 jours pour la

rédaction des préconisations de gestions et d’échanges avec les

équipes locales

o Prévoir un accompagnement avec le site (réunion de lancement et

de restitution)

Remarque : Si la période de terrain s’étale sur 6 mois, il faut ensuite attendre la

phase de rédaction du rapport d’expertise qui intervient généralement après

l’été. La remise de rapport et la présentation des résultats aux responsables de

site et aux décideurs intervient en général sur la période automne-hiver.

- Spécifiquement pour l’IPE :

o 1 journée de terrain et la rédaction du rapport

- Formation des partenaires à la démarche/méthodologie (1 journée de

formation)

- Animation de la démarche au niveau du siège de l’entreprise

- Fréquence de suivi de l’indicateur dans le temps dépend du site (carrières

en roches massives : 5 ans ; Carrières en roches alluvionnaires : 3 ans ;

sites ISD : 1 à 4 ans). Remarque : cet aspect est valable aussi bien pour

l’IPE que pour l’IQE. Rappelons que l’IPE s’inscrit dans une logique de «

prédiagnostic » et qu’il n’a pas exactement la même vocation que l’IQE et

qu’il ne permet pas en toute logique d’obtenir un suivi aussi fin que l’IQE.

En revanche, il permet d’identifier « à grands traits » quels sont les

potentialités d’un site en terme de biodiversité.

Les jours de formation et d’accompagnement sont très importants pour que les

collaborateurs et acteurs locaux, s’approprient la démarche.

Bénéfices et limites :

- Indicateur scientifique robuste

- Méthode standardisée qui permet de réitérer la mesure avec un suivi dans

le temps. En revanche, la comparaison inter-sites est limitée (ne peut se

faire que pour des sites dont la configuration est proche : même contexte

biogéographique, même superficie et caractéristique technique, etc.).

- Responsabilisation des équipes du site à la préservation de la biodiversité

Page 8: Compte rendu détaillé Atelier A3 Pourquoi et …...HeidelbergCement Group VUILLIER Nicolas Directeur Développement Durable EUROVIA LORINQUER Clara Directrice de l'Environnement

8

- Identification et amélioration de mesures concrètes de gestion et de

conservation de la biodiversité

- Facilité pour communiquer auprès des clients, partenaires, public (à l’aide

notamment des « diagrammes radars » qui permettent de voir rapidement

où en est l’entreprise et ce qu’il reste à améliorer)

- Communauté de pratique autour de l’outil grâce au site internet :

http://iqe-spn.mnhn.fr/

- Indicateur qui ne permet que de répondre à la question pour laquelle on l’a

construit. Il ne répond pas à la question de quelle est la dépendance de

l’entreprise à la biodiversité.

- Applicable uniquement pour des tailles de sites ad hoc (10 à 100 ha)

Retour d’expérience d’Eurovia - Clara LORINQUER

L’outil a été appliqué à des carrières (au départ sur 3 sites de carrières différents

pendant 2 ans. Maintenant généralisé sur de nombreux sites).

L’outil est adapté aux attentes des sites et permet une appropriation rapide par

les parties prenantes. Les formations des structures locales renforcent les

relations partenariales et leur donnent une nouvelle dimension.

L’aspect scientifique de l’indicateur tempère les désaccords potentiels des acteurs

locaux et des employés sur la question de la biodiversité et permet de légitimer

la procédure.

Retour d’expérience de Suez - Sandra BERMAN

Suez travaille en partenariat avec le MNHN depuis 2008, sur 51 sites différents

(73 expertises réalisées). Ces différents suivis ont permis de mettre en évidence

la présence de 4.3 espèces patrimoniales par site en moyenne, plus de 1500

espèces différentes présentes et 74% d’espaces à caractère « naturel ».

Le suivi dans le temps des améliorations ainsi que la démarche d’apprentissage

sont très positifs, notamment l’implication des ingénieurs environnement et des

chefs de centre lors de la réalisation des IQE.

Pascal LACROIX - Le programme BiodiversID

BASF – Entreprise de la chimie,

Présentation du programme BiodiversID, qui est décliné par la division

agriculture de l’entreprise.

Pourquoi ?

L’objectif du programme BiodiversID est de montrer qu’à l’échelle d’un territoire,

agriculture moderne et développement de la biodiversité sont compatibles.

Pour cela, il est nécessaire de passer d’une vision réglementaire nationale

quelquefois conflictuelle à une démarche locale pédagogique et volontaire, au

travers d’un mode de gouvernance clair et d’un suivi en parallèle d’indicateurs

Page 9: Compte rendu détaillé Atelier A3 Pourquoi et …...HeidelbergCement Group VUILLIER Nicolas Directeur Développement Durable EUROVIA LORINQUER Clara Directrice de l'Environnement

9

biodiversité et socio-économiques reconnus. D’autre part, il faut mutualiser et

améliorer la connaissance des interactions entre l’agriculture et la biodiversité.

Quel outil, comment et avec qui ?

Un partenariat avec 50 fermes en France a été mis en place, fondé sur une

démarche volontaire et proactive des agriculteurs.

Les fermes sont réparties en deux groupes en fonction du type de mesures qui y

est réalisé :

- Fermes de vulgarisation : suivi des abeilles domestiques et pollinisateurs

sauvages et du succès de reproduction des perdrix grises.

- Fermes expérimentales (certaines sont conduites en partenariat avec des

écoles d’ingénieurs en agronomie) : en complément des indicateurs

mentionnés ci-dessus : suivi du pollen dans les ruches (aire de butinage

des abeilles, espèces végétales butinées) et suivis ornithologique assurés

le plus souvent par des fédérations départementales des chasseurs.

Ce réseau permet de tester la compatibilité entre les aménagements biodiversité

et la rentabilité des exploitations agricoles ainsi que de suivre l’évolution des

pratiques sur le site.

La gouvernance se constitue d’un comité de pilotage dans lequel est présent

BASF et le réseau FARRE (Forum des agriculteurs responsables respectueux de

l’environnement) et d’un comité scientifique, où l’on peut trouver notamment

une écologue de l’INRA/ENSAIA, des experts de l’ONCFS et du Réseau

Biodiversité pour les Abeilles.

Les résultats de ces travaux sont partagés avec d’autres partenaires, comme

l’Observatoire Agricole de la Biodiversité ou encore Agrifaune.

A la suite d’un travail de recherche de plus d’un an, plusieurs indicateurs ont été

retenus.

Les différentes étapes de cette démarche étaient les suivantes :

- Tester les indicateurs qui puissent facilement suivis par les agriculteurs et

leur pertinence

- Faire un état des lieux initial de la biodiversité à l’échelle de l’exploitation

agricole

- Proposer aux agriculteurs des aménagements favorables à cette

biodiversité

- Suivre la pertinence et l’impact de ces aménagements dans le temps sur la

biodiversité

- Mesurer les indicateurs biodiversité couplés à des indicateurs socio-

économiques, notamment celui du Céréopa qui permet de mesurer la

performance nourricière des exploitations agricoles

- Inventaire des pratiques des agriculteurs et des infrastructures agro-

écologiques bénéfiques à la biodiversité

Page 10: Compte rendu détaillé Atelier A3 Pourquoi et …...HeidelbergCement Group VUILLIER Nicolas Directeur Développement Durable EUROVIA LORINQUER Clara Directrice de l'Environnement

10

Quel coût, combien de temps ?

Ressource humaine nécessaire :

- Un apprenti permanent pour assurer le suivi des agriculteurs, faire la

synthèse des données et animer les échanges.

- Une experte biodiversité au niveau national

- 4 ingénieurs conseil en environnement qui soutiennent les agriculteurs en

leur apportant des conseils agronomiques

- 20 000 €/ an pour financer les études (par exemple les suivis

ornithologiques)

Les bénéfices et les limites :

- Fonctionne bien, à partir du moment où les bénéfices offerts par la

biodiversité soient bien perçus par les agriculteurs

- Nécessite beaucoup de pédagogie

- Nécessite de constituer des outils de partage d’informations

- Rassemble de nombreux acteurs différents, partageant leurs

connaissances (bonne cohésion à condition que la gouvernance soit bien

établie et que chacun respecte son aire d’autorité)

- Chronophage

Remarques pour la future AFB :

- Au-delà du partage d’informations, comment mutualiser et incrémenter

ces différents programmes en un seul ?

- Comment arriver à déployer plus largement cette approche actuellement

déclinée sur ce réseau de 50 fermes pilotes à l’échelle nationale ?

Matthieu THUNE - Regard critique : améliorer la transparence et aller plus loin en

reportant sur l’efficacité des actions menées par les entreprises – Comité français

de l’UICN (ou UICN France)

L’UICN France s’est donnée pour missions de renforcer l’implication des

entreprises en faveur de la biodiversité. Pour cela, l’UICN France s’est dotée d’un

groupe de travail « entreprises et biodiversité », qui travaille en partenariat avec

7 entreprises (Ciments Calcia-GSM, EDF, EQIOM, ENGIE, l’Occitane Veolia et

Lafarge France). L’un des principaux axes de travail est l’amélioration du

reporting biodiversité, en accompagnant les entreprises pour qu’elles renforcent

leurs communications extra-financières sur le sujet biodiversité et enrichissent

leur document de reporting.

L’exercice de reporting et de suivi des indicateurs environnementaux sont

essentiels, comme le rappelle le rapport de la Conférence des Nations Unis sur le

Développement Durable de 2012, qui a été signé par les 188 Etats parties ; ou le

Congrès Mondial de la Nature en septembre 2016 durant lequel a été pris une

Page 11: Compte rendu détaillé Atelier A3 Pourquoi et …...HeidelbergCement Group VUILLIER Nicolas Directeur Développement Durable EUROVIA LORINQUER Clara Directrice de l'Environnement

11

motion qui encourage à la fois les entreprises à reporter sur la biodiversité et les

Etats à mettre un place un dispositif juridique qui demande aux entreprises de

reporter sur ce sujet (motion adoptée à la quasi unanimité par l’Assemblée

générale de l’UICN : 217 Etats et agences gouvernementales et plus de 1000

ONG).

Auquel se rajoute une attente de plus en plus grande de la part de la société

civile pour des biens et des services en respect avec la biodiversité.

Le groupe de travail a produit en 2012 des recommandations sur le sujet du

reporting de la biodiversité qui se divisent en deux groupes :

- 2 recommandations méthodologiques sur le périmètre du reporting

- 7 recommandations thématiques : impacts ; dépendances ; engagement

et la gouvernance de l’entreprises ; sites prioritaires ; actions

réglementaires ; actions volontaires ; résultats obtenus.

Pour chaque thématique, le groupe de travail recommande une liste d’indicateurs

à utiliser. Par exemple, l’UICN France recomande à chaque entreprise de

quantifier si possible sa contribution aux causes de l’érosion de la biodiversité.

L’une des premières causes étant l’artificialisation des milieux, les entreprises

doivent informer sur la surface totale de leurs sites en distinguant les surfaces

imperméabilisées, de celles modifiées mais non imperméabilisées et des surfaces

sur lesquelles l’entreprise n’exerce aujourd’hui aucune activité.

Dans le cas des dépendances à des services culturels, l’UICN France invite les

entreprises à identifier et quantifier les caractéristiques de milieux ou

écosystèmes utilisés à des fins commerciales (exemples : une forêt riche en

biodiversité pour l’éco-tourisme ou une eau de bonne qualité pour le nautisme).

Le rapport complet « Le reporting biodiversité des entreprises et ses indicateurs :

état des lieux & recommandations » est téléchargeable gratuitement à l’adresse

suivante : http://uicn.fr/wp-content/uploads/2016/09/UICN-

Etude_Reporting_Biodiversite_.pdf

En 2015, les documents de reporting des entreprises partenaires se sont-ils

enrichis depuis ces recommandations ?

- Sur les dépendances : peu de progrès.

En 2012, 4 entreprises sur 6 évoquaient leurs dépendances, et ce de

manière très générale sans détailler les types de dépendances et services

écosystémiques associés.

En 2015, à part une entreprise qui a fait une étude exhaustive et une

autre qui a détaillé un service écologique, le sujet est très peu abordé.

- Sur les impacts : des progrès mais des informations qui sont encore trop

qualitatives.

En 2012, une entreprise était plutôt exemplaire (liste de ses impacts et

quantification dans certains cas) mais les autres ne détaillaient pas.

En 2015, 6 entreprises sur 7 reconnaissent avoir des impacts sur la

biodiversité, en listant et priorisant les impacts et les secteurs d’activité

concernés (notamment en incluant les fournisseurs).

Page 12: Compte rendu détaillé Atelier A3 Pourquoi et …...HeidelbergCement Group VUILLIER Nicolas Directeur Développement Durable EUROVIA LORINQUER Clara Directrice de l'Environnement

12

Comment renforcer le document de reporting ? Les recommandations :

- Invite toute entreprise (quels que soit sa taille et son secteur d’activité) à

s’interroger sur ses enjeux en termes de biodiversité

- Reporting dont le périmètre déborde les entités contrôlées par les

entreprises (amont et aval).

- Distinguer dans le reporting les actions de l’ordre du réglementaire et

celles volontaires pour démontrer que l’entreprise est engagée pour la

biodiversité

- Quantification dans le temps (afin de mesurer les progrès)

- Reporter sur les résultats obtenus sur le terrain en faveur de la

biodiversité

- S’appuyer sur l’ensemble des supports de communication (pas uniquement

les documents obligatoires) pour partager sur la biodiversité.

- Une entreprise transparente pour renforcer sa crédibilité : être honnête

sur l’état des lieux en matière de biodiversité et les actions réalisées

3) Les outils en cours de développement

Antoine VALLIER - Le Mean species aboundance (MSA) un indicateur de l’impact

des entreprises sur la biodiversité.

Outil en cours de développement pour résoudre les freins principaux de

l’intégration de la biodiversité dans les activités économiques : la quantification

des impacts et la prise en compte des impacts indirects des activités de

l’entreprise.

En partant de ce constat, CDC Biodiversité développe une empreinte biodiversité

pour les entreprises, dans un contexte mondial (des fournisseurs à l’international

par exemple) et multisectoriel.

L’outil s’appuie sur la quantification de la biodiversité en tant que telle (non

monétaire) et se veut transparent (open source) et consensuel (en travaillant

avec des de la Commission de la Diversité Biologique).

La méthodologie de cet outil consiste à cartographier, à l’échelle mondiale, la

biodiversité avec une évolution dans le temps. Pour cela, la modélisation prend

en compte différents types de pressions (changement d’usage des terres,

changement climatique, fragmentation, émission de polluants) et alloue

spatialement ces impacts aux diverses activités.

Pour l’instant, cela est en cours de développement sur les matières premières

agricoles.

En parallèle, est lancé un deuxième aspect du projet afin de renforcer la mise en

œuvre opérationnelle de cette méthodologie. Il s’agit d’un groupe de travail en

partenariat avec les entreprises pour rationaliser la signification de la biodiversité

positive (club B4B+).

Page 13: Compte rendu détaillé Atelier A3 Pourquoi et …...HeidelbergCement Group VUILLIER Nicolas Directeur Développement Durable EUROVIA LORINQUER Clara Directrice de l'Environnement

13

Trois groupes de travail ont vu le jour, chacun travaille sur une partie de la

chaîne de valeur : en amont (chaîne d’approvisionnement) ; sur le site et en aval

(métiers du secteur financier et des assurances).

Le projet nécessite plus de partenariats avec les entreprises, contact : Antoine

VALLIER [email protected]

Benjamin LEVEQUE – Présentation Empreinte et ACV biodiversité

Présentation brève :

Ce projet, qui verra le jour en 2018, vise à mettre en place une meilleure

intégration de la biodiversité dans l’ACV à l’échelle du produit. Un meilleur

dialogue entre les écologues de terrain et les personnes travaillant

administrativement sur les ACV serait souhaitable.

Les questions qui se posent sont à quel point il faut aller dans le détail et la

science ou dans la simplification, au risque de perdre en légitimité mais de

gagner en coûts.

4) Echanges avec le public

Représentante de la Fédération d’industrie cosmétique (FEBEA) : En tant

qu’entreprises, nous dépendons de nos fournisseurs, comment obtenir des

données d’impact sur la biodiversité des produits que l’on achète,

notamment dans le secteur cosmétique où nous nous fournissons auprès

de nombreux petits fournisseurs ?

Ce qui est important est de remonter l’ensemble des chaînes de production (par

exemple Nestlé qui est remonté aux champs des huiles de palme). Le plus facile

est de partir d’un fournisseur qu’on connait plutôt que de remonter à la source.

KERING : le travail avec les indicateurs a entraîné les fournisseurs à plus

transparence et a augmenté leur prise de conscience de leurs impacts sur

la biodiversité.

La traçabilité est une des difficultés majeures des entreprises de

transformation

Coordinateur biodiversité au groupe Engie – Jérôme Louvel : Sur les sites

où il y a eu une application de l’IQE, a-t-on vu une amélioration de la

biodiversité ?

Oui, on voit très bien une évolution du radar IQE, notamment grâce au

côté chiffré des indicateurs. Par exemple, certains sites ont connu une

progression nette des espèces patrimoniales.

Au-delà des espèces elles-mêmes, on s’aperçoit que l’outil est fédérateur

et permet aux gestionnaires des sites de prendre à bras le corps la

question de la biodiversité.

Page 14: Compte rendu détaillé Atelier A3 Pourquoi et …...HeidelbergCement Group VUILLIER Nicolas Directeur Développement Durable EUROVIA LORINQUER Clara Directrice de l'Environnement

14

Il faut aussi se poser la question de ce qu’on souhaite favoriser dans la

biodiversité. Est-ce plutôt une espèce patrimoniale ou bien la

fonctionnalité écologique globale du site ? Ce sont des choix à faire de

manière éclairée.

A cela s’ajoute la question de la réactivité des écosystèmes :

Les écosystèmes sont plus ou moins réactifs, en fonction des espèces et

du milieu considéré. Dans le cas des sites de stockage des déchets, qui

sont des milieux ouverts, la recolonisation du site par les espèces peut

être assez rapide (3 à 5 ans).

Personne travaillant pour l’Agence des aires marines protégées : La

biodiversité marine sera-t-elle inclue dans le modèle MSA ?

Pour l’instant, la deuxième version intègre la biodiversité terrestre et

aquatique mais pas marine, car cela est un très complexe à évaluer du

point de vue scientifique.

A l’aide de l’outil IQE, peut-on démontrer de la biodiversité positive

produite par un site ?

Oui, à partir du moment où il y a une évaluation avant exploitation,

pendant et après exploitation.