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  • 7/23/2019 Comprendre Lit in Erance

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    COMPRENDRE LITINRANCE

    RSEAU D'AIDE AUX PERSONNES SEULES ET ITINRANTES DE MONTRAL

    www.rapsim.org

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    INTRODUCTION __________________________________________________________________________01

    1 LITINRANCE : ENJEUX ET DFINITION _____________________________________________________02

    - LITINRANCE : LE REFLET DUN PROCESSUS DEXCLUSION : _____________________________03

    - LITINRANCE : LE REFLET DUN PROCESSUS DE MARGINALISATION ______________________03

    - LITINRANCE : LE REFLET DUN PROCESSUS DE VULNRABILISATION _____________________04

    2 LES VISAGES DE LITINRANCE MONTRAL _________________________________________________05

    - LES JEUNES DE LA RUE ______________________________________________________________05

    - LES FEMMES ITINRANTES ___________________________________________________________06

    3 LES DIFFICULTS DE VIE ASSOCIES LITINRANCE __________________________________________07

    - LES PROBLMES DE SANT MENTALE __________________________________________________07

    - DPENDANCE,ABUS ET CONSOMMATION DE DROGUES ________________________________07

    - LA JUDICIARISATION DES PERSONNES EN SITUATION DITINRANCE _____________________08

    4 LINTERVENTION AUPRS DES PERSONNES EN SITUATION DITINRANCE :ENTRE LAIDE ET LE CONTRLE ___________________________________________________________09

    5 LES REGARDS SUR LITINRANCE : DE NOMBREUX PRJUGS ___________________________________10 6 LE RAPSIM : HISTORIQUE ET INTERVENTIONS ________________________________________________11

    -LES DBUTS ET CROISSANCE DU RAPSIM _______________________________________________12

    -LA RECONNAISSANCE DU PHNOMNE DE LITINRANCE DE 1987 1992 .________________12

    -LE PARTENARIAT ET LES ENJEUX DAUJOURDHUI, DE 1992 AUJOURDHUI_________________13

    -LES MEMBRES DU RAPSIM ET LEUR INTERVENTION ______________________________________14

    Refuges 15Maisons dhbergement 15Appartements superviss 16Logement social avec support communautaire 16Centres de Jour et de Soir 17Travail de rue et/ou de milieu et accompagnement 17Employabilit et/ou insertion socioprofessionnelle 18Autres 18

    LE MOT DE LA FIN _________________________________________________________________________19

    POUR ALLER PLUS LOIN ____________________________________________________________________20

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    INTRODUCTION

    Litinrance fait partie de notre ralit sociale. En effet, qui na jamais crois une personne sans-abri, qui demandait de laide ou un peu de rconfort. Derrire ces personnes, un phnomne,litinrance, qui sest au cours des trente dernires annes profondment transform. Auxrobineux et clochards dune autre poque, se sont joints de nouveaux visages, plus nombreux etdiversifis.

    DANS CE CONTEXTE, CE DOCUMENT SE VEUT :

    a) un outil de sensibilisation aux nouvelles ralits de litinrance.Il vise alors plusieurs objectifs :

    1) dfinir litinrance actuelle partir des enjeux quelle pose2) dcrire les visages de litinrance3) nommer les difficults associes la vie de la personne en situation ditinrance4) prsenter les diffrentes approches dintervention

    b) un outil de mobilisation autour du RAPSIM pour renforcer les dynamiques dentraide et desolidarit lendroit de la population itinrante et des groupes oeuvrant auprs de cespersonnes

    c) un outil de conscientisation afin de contribuer la lutte contre les prjugs et lexclusionet faire la promotion des droits sociaux

    Le Rseau dAide aux Personnes Seules et Itinrantes de Montral (RAPSIM), promoteur de cedocument, est un regroupement de plus de 60 organismes communautaires qui oeuvrent auprsde la population itinrante Montral depuis plusieurs annes. titre de regroupement, leRAPSIM veille la dfense des droits tant des personnes en situation ditinrance que desgroupes qui travaillent auprs de ces personnes.

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    1. LITINRANCE : ENJEUX ET DFINITION

    Litinrance, le plus souvent urbaine, constitue une proccupation qui interpelle notre socit. ce titre, litinrance nest pas simplement une situation vcue par ses personnes. Elle est aussiun rvlateur des formes de fragilit sociale que produit la socit et des moyens dont elle sedote pour faire face ces fragilits. En tentant de comprendre litinrance, cest donc toute lasocit quon cherche comprendre, dans la manire dont elle inclut ou exclut les personnes etdans la manire dont elle essaie ou non de remdier cette exclusion.

    Des vagabonds du haut Moyen ge aux Hobo amricains, des robineux du Qubec aux jeunesde la rue de ce dbut de sicle, chaque pays, chaque poque historique a connu une formederrance. Notre poque contemporaine nchappe pas cette proccupation, 1987, anneinternationale des sans-abri, ayant marquer un tournant. Au Qubec, ce regain dintrt sesttraduit par la dsignation dans la politique de sant et du bien-tre, en 1992, du phnomne delitinrance, terme retenu ici, comme un problme social majeur sur lequel il tait urgent dagir.

    Pourtant, dfinir litinrance constitue tout un dfi puisquelle est toujours la croise dunehistoire de vie singulire et dun contexte socio-conomico-politique particulier, o la pauvretrime avec la marginalit; la solitude avec la visibilit dans lespace public; lerrance avec lavulnrabilit. Donc, il nous faut plus quune dfinition claire et prcise qui figerait le regard surune situation particulire. Dans ce contexte, dfinir litinrance doit sinscrire dans unecomprhension globale des enjeux quelle pose.

    Cependant, une image revient trs souvent : la personne en situation ditinrance, cest lapersonne sans : sans logement,sans emploi, sans famille, sans revenu, sans sant, sans droitsChacun de ces manques, de ces privations, marque alors une fragilit qui constitue autantdenjeux pour la personne qui le vit que pour la socit qui tente dy rpondre. Alliant une

    lecture des causes individuelles celle des causes structurelles, litinrance doit alors trecomprise comme le produit dun processus dexclusion, de marginalisation et devulnrabilisation qui contribue nier une place dans la socit certaines personnes.

    Le vagabond tait, depuis des sicles, frocement poursuivi par les agents du roi,marqu au fer rouge ou enferm

    sans rmission dans ce quen France on appelait de faon vocatrice les dpts de mendicit. Il tait considr

    comme au ban de la socit, craint autant dans les villages que dans les villes, vivant souvent en bande dans des

    poches dillgalisme dotes de leur propre culture (Lerrance urbaine, chapitre 1 :Aranguiz et Fecteau,2000)

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    LITINRANCE : LE REFLET DUN PROCESSUS DEXCLUSION :

    Vivre litinrance, cest vivre lexclusion sous diffrentes formes : exclusion du travail, dulogement, de la famille. Cette accumulation entrane la personne dans un processus qui peut laconduire vivre dans la rue. Or, lexclusion est devenue dans nos socits contemporaines, unesituation de plus en plus courante. Les transformations socitales majeures qui ont accru lesingalits sociales: mutations du march du travail, augmentation du chmage et de la pauvret,mondialisation des marchs, reconfiguration de la famille, dsengagement de ltat, pnurie delogements sont venus, en effet, tellement bouleverser les structures de nos socits que de plusen plus de personnes ne parviennent pas ou plus y trouver une place. Les mcanismes delinsertion sociale se sont effrits au point de faire basculer de plus en plus de personnes dansune fragilit sociale qui peut les conduire jusqu la rue : espace formalisant lultime tape duparcours dexclusion. Ainsi, derrire chaque histoire de personne itinrante, le dcorest celui de laugmentation de lexclusion, de la pauvret, dcor qui tmoigne de lasituation de crise que vivent nos socits contemporaines. Dans ce dcor structurel quimultiplie les inutiles au monde , la personne en situation ditinrance vit la fois une fragilitpersonnelle et une fragilit sociale qui renforcent sa mise lcart du social, qui la marginalisetoujours un peu plus.

    Comprendre litinrance, cest donc comprendre que la rue est la place que lasocit accorde la personne en situation ditinrance, mme si dans la rue, cespersonnes vivent encore davantage de lexclusion.

    LITINRANCE : LE REFLET DUN PROCESSUS DE MARGINALISATION

    Vivre lexclusion, cest donc aussi vivre une mise lcart. Le cadre de performance etdindividualisme de nos socits renforce en effet la construction dune distance entre lespersonnes intgres et participantes cette dynamique et les personnes exclues et nonparticipantes. De plus en plus marginales et marginalises, les personnes itinrantes sontengages dans des conditions de vie qui les loignent toujours davantage du mondeconventionnel qui suppose davoir un logement, un travail, un revenu. Leur visibilit danslespace public contribue en outre marquer la distance sociale qui les spare des personnes

    intgres qui ont accs un espace priv pour vivre. Faire de la rue son toit et son salon, sa salle manger et sa chambre cest paradoxalement se montrer aux autres dans toute son intimit,mais cest aussi sloigner des autres qui ont le droit un espace priv. Ce paradoxe marqueune diffrence qui va renforcer limage de la marginalit de la personne en situation ditinrance.En outre, places dans cette dynamique, les personnes itinrantes sont contraintes de sinscriredans une logique de survie qui les vulnrabilise toujours un peu plus.

    Comprendre litinrance, cest donc comprendre que la rue ou les refuges sontdevenus pour la personne en situation ditinrance, sa maison.

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    LITINRANCE : LE REFLET DUN PROCESSUS DE VULNRABILISATION

    Vivre litinrance cest surtout survivre dans des conditions dextrme prcarit.Vivre litinrance, cest ne pas savoir o lon va dormir ce soir, manger Malgr leurs stratgiesde dbrouillardise, les personnes en situation ditinrance sont places dans des conditions quiles vulnrabilisent, que ce soit sur le plan de la sant physique ou sur le plan de la sant mentale.

    Comprendre litinrance, cest donc comprendre que la rue est un espace de surviequi rend toujours plus vulnrable la personne en situation ditinrance.

    Ainsi, les enjeux soulevs par la tentative de dfinition de litinrance tmoignent tous duneralit :

    -Dans un contexte socio-politique qui produit davantage dexclusion-litinrance est une condition de vie-qui place la personne dans une situation de vulnrabilit extrme-dautant plus que le regard des autres signifie le plus souvent prjug-alors mme que ce regard devrait susciter plus de solidarit.

    Dans cette perspective, la plupart des crits et des organismes retiennent les critres suivantspour dfinir litinrance :Est une personne itinrante qui :

    -Na pas dadresse fixe et lassurance dun logement stable, scuritaire et salubre pourles jours venir;

    -A un revenu trs faible;-A une accessibilit souvent discriminatoire son gard, de la part des services publics;-A des problmes soit de sant mentale, dalcoolisme et/ou de toxicomanie et/ou dedsorganisation sociale;

    -Est dpourvue de groupe dappartenance stable1.

    Ces critres proviennent du rapport de 19872

    du Comit des sans-abri de la Ville de Montral.

    1 Ces lments de dfinition furent adopts par les membres du RAPSIM, lors dune Assemble gnrale en 1990.2 COMIT DES SANS-ABRI DE LA VILLE DE MONTRAL, Vers une politique municipale pour les sans-abri. Rapport du Comit dessans-abri dpos au Conseil municipal de la Ville de Montral, 1987.

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    2. LES VISAGES DE LITINRANCE MONTRAL

    Sans faire tat ici des dbats sur le dnombrement difficile de la population itinrante,mentionnons cependant lexercice ralis par Fournier et al,. (1998) pour Sant Qubec dansles villes de Montral et de Qubec. Il ressort de cette tude que le nombre de personnesen situation ditinrance ( savoir les personnes utilisatrices des services qui leursont dvolus) est estim 28 214 personnes diffrentes Montral dont 12 666 ontt sans domicile fixe au cours des douze derniers mois (Fournier et al.,1998).

    Pourtant, derrire ces chiffres, il est important de noter que laccroissement de litinrance dansles annes 1990 nest quune des transformations du phnomne. La gographie de litinranceest un autre lment de transformation voqu dans la mesure o le phnomne de litinrancenest plus strictement li au centre-ville de Montral ou de Qubec. En effet, des quartierspriphriques connaissent maintenant des personnes qui vivent ces difficults tout comme lesvilles moyennes du Qubec. Lparpillement et la rgionalisation marquent donc aussi unetransformation, dailleurs au point davoir ncessit la mise sur pied dun rseau provincialdorganismes vous litinrance (Rseau Solidarit Itinrance du Qubec, le RSIQ).

    Si traditionnellement, la population masculine de la rue a t associe limage du clochardalcoolique, aujourdhui, ce portrait est quelque peu rducteur. En effet, si les hommes sontencore les plus nombreux, les chemins qui les ont conduits la rue sont divers. Pour certains,

    leur trajectoire de vie est parseme de difficults depuis leur enfance, si bien que larrive larue parat faire partie de leur destin. Dans ces situations, ces hommes ont connu ds leurenfance, des difficults qui ne leur ont permis de sancrer socialement. Pour dautres, larrivedans la rue parat plus accidentelle. Perte demploi, rupture amoureuse, problme de sant ontt les vnements dclencheurs dun passage la rue. Pourtant, que le passage la rue relvedun accident dans la trajectoire de vie de la personne ou quil soit le rsultat dune trajectoireaccidente, lexprience de litinrance renforce lexclusion que vivent les hommes plus que toutautre visage dans la rue. En effet, quelque soit ces difficults, lhomme itinrant apparat commeenferm dans une situation dont il peut difficilement se sortir.

    2.1 LES JEUNES DE LA RUE

    Le phnomne des jeunes de la rue est devenu dans les annes 90, un des lments marquantsde la transformation de litinrance Montral et Qubec. Certes, les jeunes occupent la ruecomme les personnes en situation ditinrance dautrefois. Pourtant, leur survie dans la rue esttoute diffrente. Contrairement leurs ans, les jeunes de la rue associent davantage la vie derue une exprience de vie en groupe.

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    Les hommes en situation ditinrance reprsentaient 77,2% en 1996-97 et la majorit dentre eux (36%)

    taient gs entre 30 et 44 ans (Enqute, Fournier, 1998)

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    Ds lors, plus visibles, car plus nombreux se retrouver dans un parc, ils sont perus commeplus drangeants. Les jeunes de la rue occupent diffrents parcs du centre-ville au gr desinterventions rpressives qui les en chassent. Lexprience de la rue est aussi perue par certainsjeunes comme une exprience de vie transitoire dans laquelle ils explorent, en dehors de lafamille, leur passage la vie dadulte autonome, tantt pour fuir les difficults quils ont connuesavant, tantt par dsir dmancipation et dexprimentation. Pour leurs ans, lexprience de larue est souvent laboutissement dune histoire de vie. Enfin, les jeunes de la rue utilisent desstratgies de survie qui leur sont propres notamment le squeegee.

    En bref, si limage du jeune punk avec son squeegee fait partie maintenant de limaginairequbcois, le portrait des jeunes de la rue est cependant plus diversifi : du jeune fugueur des

    centres jeunesse au jeune de rgion venu trouver du travail en ville, de la jeune prostitue lajeune de banlieue venue passer une fin de semaine au centre-ville, du jeune utilisateur de droguesinjectables au jeune anarchiste luttant contre la socit capitaliste.

    2.2 LES FEMMES ITINRANTES

    Les femmes itinrantes constituent le deuxime groupe social qui tmoigne de la diversit desvisages de litinrance notre poque. Peu prsentes avant les annes 1980, ellesreprsentent selon le recensement de Fournier et al,. (1998) 22,8 % de la populationitinrante Montral, et 36,5 % de celle de Qubec. Pourtant, litinrance des femmes estmal connue. Certes, les analyses les plus rcentes montrent comment les femmes, tout commeles jeunes, sont les premires victimes des transformations structurelles de nos socits quirenforcent lappauvrissement et la fragilit des personnes dj vulnrables.

    Mais litinrance au fminin se vit diffremment de litinrance masculine. Le processus quiconduit labsence de domicile fixe serait en effet plus long, les femmes cherchant davantage se maintenir en hbergement, aussi prcaire soit-il. Ce constat permet en outre de mieux

    comprendre leur invisibilit dans la mesure o ces femmes adopteraient des stratgies de surviedont lobjectif central serait le maintien dans un logement. Dans ces conditions, lorsque leurtrajectoire les mne la rue, elles peuvent alors adopter des comportements, des attitudes oelles sisolent davantage pour mettre distance les dangers dune vie de rue.

    La description des nouveaux visages de litinrance, notamment celle des jeunes et des femmes,permet de faire ressortir que cette condition de vie ne correspond plus limage mythique duclochard alcoolique et bohme. Elle montre en outre quau-del du visage, cest une manire

    Ce sont 92% des sujets rencontrs qui relient directement leur itinrance et ltat de leur rseau relationnel actuel

    des problmatiques issues de leur milieu familial dorigine (les 8% qui ne font pas spontanment ce lien font tout

    de mme tat de milieux carencs ou trs instables (Lerrance urbaine, chapitre .9 : Lussier et Poirier, 2000)

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    diffrente de vivre ou de survivre des personnes en situation ditinrance, mme si le survivreautrement exprime toujours une vulnrabilit extrme des gens qui vivent la rue. Dj, on voitpoindre de nouveaux visages, notamment de par la prsence plus importante de personnes ensituation ditinrance issues des communauts culturelles et autochtones. Quant aux prochainsvisages, la crise accrue du logement conjuguera-t-elle encore un peu plus litinrance au plurielen plaant des familles entires la rue ?

    3. LES DIFFICULTS DE VIE ASSOCIES LITINRANCE

    Si litinrance signifie dabord et avant tout vivre dans une prcarit extrme, elle saccompagne

    le plus souvent de difficults qui viennent renforcer la situation de survie dans laquelle sontplaces les personnes itinrantes. Ces difficults sont nombreuses : problmes de sant,problmes de dpendance, problmes de relations, problmes de justice. Par consquent, lapersonne en situation ditinrance est aussi trs souvent une personne malade, une personnedpendante, une personne judiciarise, une personne isole. En somme, il importe de mieuxcomprendre comment ces difficults renforcent la vulnrabilit des personnes en situationditinrance, dautant plus que ces difficults semblent saggraver depuis les dernires annesplutt que de sestomper.

    3.1 LES PROBLMES DE SANT MENTALE

    La premire grande difficult associe litinrance concerne la sant mentale des personnes ensituation ditinrance. En effet, depuis les grandes vagues de dsinstitutionnalisation de la santmentale au Qubec comme en Amrique du Nord qui ont entran la fermeture de lits dans leshpitaux psychiatriques, la rue est devenue lespace de vie pour un certain nombre de personnessouffrant de problmes de sant mentale. On estime ainsi que le tiers des personnes en situationditinrance souffrent de troubles mentaux svres et persistants, tantt parce que leursproblmes les ont conduits la rue, tantt parce que la rue leur a rvl leurs difficults. Orsurvivre dans la rue avec un problme de sant mentale, cest le plus souvent se prsentercomme une personne drange, en crise, dsorganise, bref drangeante alors mme quon estdabord et avant tout une personne souffrante. En outre, le passage litinrance des personnessouffrant de troubles de sant mentale rend encore plus difficile laccessibilit aux services,notamment parce quelles ne peuvent plus fournir les garanties exiges comme une domiciliation.

    3.2 DPENDANCE,ABUS ET CONSOMMATION DE DROGUES

    La seconde problmatique associe litinrance concerne les difficults de dpendance (lalcool, les drogues, le jeu) quauraient les personnes en situation ditinrance. Certes, le portraittraditionnel du clochard alcoolique tmoigne dun lien historique entre le fait de vivre dans la

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    rue et de connatre des problmes de dpendance. Pourtant, l encore il importe de considrerque la dpendance nest pas toujours la difficult que connaissent les personnes en situationditinrance, certaines se limitant consommer des produits sans que ces mmes produitsdeviennent le centre de leur quotidien. Cependant, notre poque, les dpendances, lorsquellessont prsentes, se sont aggraves, impliquant des substances, des manires de consommer plusdangereuses. De lalcoolique lutilisateur de drogues injectables, la question de la dpendanceest la mme. Or, la vulnrabilisation de ces personnes est accrue dans la mesure o elles doiventfaire face des problmes de sant encore plus importants, tels le VIH/SIDA et les hpatites.

    Sil nest pas toujours facile dindiquer si la rue prcde la dpendance ou si la dpendance aprcipit la personne la rue, la dpendance implique cependant une dtrioration des

    conditions de la survie de la personne. Vivre la rue, cest se placer dans une situation devulnrabilit, mais vivre la rue avec une dpendance,cest encore davantage se vulnrabiliser dansla mesure o notre quotidien est centr sur la consommation. Dans ce contexte, survivredevient plus prilleux. Lappartenance au monde social de la drogue ou du jeu place, en effet, lespersonnes en situation ditinrance plus frquemment dans des situations de violence, depauvret, de criminalit et dindignit.

    3.3 LA JUDICIARISATION DES PERSONNES EN SITUATION DITINRANCE

    Les autres difficults associes lisolement social ou la judiciarisation des personnes en

    situation ditinrance viennent renforcer leur exprience de la survie dans la mesure o cesdifficults vont nuire au processus de sortie de la rue en les marginalisant toujours davantage.On estime actuellement que plus de 10 % des personnes dtenues dans les prisons du Qubecse dclarent sans adresse.

    Mais derrire la prsentation de quelques difficults des personnes en situation ditinrance, lesenjeux pour le futur sont nombreux, tant la situation semble saggraver, non seulement au plansocial, mais aussi parce que les problmatiques sont plus lourdes et que ces personnesconnaissent de plus en plus plusieurs difficults (multiproblmatiques).

    Si le tableau de litinrance peut paratre noir, les regards ports sur le phnomne ne lgayent

    gnralement pas, dautant plus que les interventions oscillent depuis la nuit des temps entrelaide et le contrle.

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    En 2001, on estimait que sur lensemble des personnes dtenues dans les prisons du Qubec, 33% dentre elles

    taient prestataires de laide sociale, 13,8% affirmaient ne pas avoir de domicile fixe et 5% se considraient

    sans-abri (Portrait de la clientle correctionnelle du Qubec, Ministre de la Scurit publique, 2001)

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    4. LINTERVENTION AUPRS DES PERSONNES EN SITUATIONDITINRANCE : ENTRE LAIDE ET LE CONTRLE

    Lhistoire de litinrance et des interventions son endroit tmoigne dune oscillationpermanente entre laide accorde aux personnes en situation ditinrance et le contrle exerc lgard de ces personnes. Cette oscillation sexplique le plus souvent par la situation de lasocit elle-mme, qui lorsquelle est en crise ou en transformation, a tendance pnaliser etcontrler davantage ses populations pauvres dans un rflexe scuritaire.

    Ainsi, la criminalisation du vagabondage concide avec lavnement du salariat, la criminalisationdes stratgies actuelles de survie accompagnant la monte de lexclusion et de la pauvret. Eneffet, aujourdhui, dans le climat dincertitude de nos socits post-industrielles, la prsence delitinrance dans nos rues est devenue un risque, une situation drangeante, voire menaante, surlaquelle il importe de reprendre le contrle.

    Cette logique daction qui alimente la tolrance zro et la pnalisation de la pauvret dans laplupart des villes occidentales, au tournant de ce sicle, est venue bouleverser les autres typesdintervention Montral, dans la mesure o lexigence de normalisation est porte par desinterventions punitives. En dautres mots, nous sommes dans lre du contrle mme si lesinterventions traditionnellement inscrites dans la logique de laide demeurent.

    Que ce soit dans son cadre caritatif, communautaire ou institutionnel, Montral connat de

    nombreuses interventions qui visent soutenir les personnes en situation ditinrance en leuroffrant ce dont elles ont besoin : dpannage alimentaire, vestiaires, refuges, soins de sant,hbergement (court, moyen et long terme), ducation populaire, accompagnement et suivicommunautaire, travail de rue et de milieu, centres de jour et de soir, support communautaireen logement social et autres aides pour rpondre aux besoins essentiels. Pourtant, le droitde cit des personnes en situation ditinrance dans les rues de Montral estcontest. Le mot dordre est de nettoyer la ville de ces pauvres.Que ce soit par lintermdiairedoprations nettoyage, la transformation des places publiques de la ville en parcs (avecinterdiction dy circuler entre minuit et 6h00 am), dmissions de contraventions tant sur lemode de vie de litinrant que sur leurs stratgies de dbrouillardise, les actions de rpressionsont de plus en plus nombreuses et ont contribu la dtrioration de la vie des personnes en

    situation ditinrance en les conduisant le plus souvent en prison.

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    Des policiers ou des agents de la paix, comme les agents de scurit du mtro, peuvent tenter dloigner des

    personnes itinrantes de leur territoire et mme favoriser leur mise lcart, en leur donnant rgulirement

    plusieurs contraventions. Soit que le contrevenant se dplace ailleurs, soit quil accumule un nombre

    impressionnant damendes quil ne pourra payer et qui se traduiront invitablement en incarcration pour non-

    paiement damende (Lerrance urbaine, chapitre .9 : Lussier et Poirier,2000)

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    En dfinitive, il importe de comprendre ce climat et ces enjeux entre des interventions aidanteset des interventions contrlantes.

    Actuellement, le climat de rejet et de contrle nest pas sans alimenter de nombreux prjugsqui dominent, mme si des voix discordantes sactivent pour exiger plus de solidarit lgarddes personnes les plus dmunies de notre socit.

    5. LES REGARDS SUR LITINRANCE : DE NOMBREUX PRJUGS

    Sintresser aux regards poss sur litinrance, cest chercher comprendre comment la socitvoit cette situation et les personnes qui la vivent. Paresseux, alcoolo, sale, folle, menteur,

    putain, fainant, fou, mauvais, sont parmi les mots bien souvent utiliss pour dcrire lespersonnes en situation ditinrance rencontres sur la rue. Or, derrire lintolrance,lindiffrence ou le mpris, constatons que les regards alimentent davantage les prjugs que leslans de solidarit lendroit des plus dmunis.

    Marginales, exclues et vulnrables, les personnes en situation ditinrance ont en outre commemalheur de reflter tout ce quon ne veut pas tre, tout ce dont on a peur comme individu etcomme socit. Dans ce contexte,pour mieux se protger, encore faut-il pouvoir rendrecoupable de leur sort ces personnes au destin peu enviable.

    -Elles lont choisi cette vie de rue. Le regard sur les histoires de vie des personnesitinrantes tmoigne de limbrication de causes sociales et individuelles qui ont conduitla personne dans la rue en raison dune absence dautre choix. La question du choix dela rue qui alimente limage de la personne bohme, se retrouve davantage dans les livresque dans les rues de Montral. Pourtant, cette histoire permet de se protger en sedisant quon ne ferait jamais un si mauvais choix. Sil sagissait de choix, combien depersonnes conscientes iraient se placer dans une aussi grande prcarit en sexposant aumpris des autres?

    -Elles sont dangereuses et drangeantes puisquelles occupent lespace public danslequel je circule. Injection de drogues, dlire, dsorganisation, personne en crise, attitudeagressive sont autant de comportements qui renforcent limage du danger. Pourtant,derrire ces comportements, il y a des personnes souffrantes qui nont que la rue. Lespersonnes itinrantes rappellent que la sant et des conditions de vie dcentes sont unprivilge dans notre socit, dautant plus quelles ne sont pas plus dangereuses que lesautres et subissent davantage de dangers. Les voir, cest donc voir la pauvret de notreville.

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    -Elles sont fainantes et paresseuses. Moi je travaille, tout le monde peut se trouverdu boulot sil le veut bien. Les conditions de base dexistence sont bien souvent absentesde la vie de ces personnes. Labsence dun logement permanent et lalimentationdficiente rendent difficile laccs un emploi ou mme la recherche demploi. Lemanque de formation, le dcrochage chez les jeunes, les problmes personnels graves,notamment, viennent contredire cette affirmation. La (r)insertion au travail est renduedifficile parce que pour certains, il y a longtemps quils ont occup un emploi ou alors, ilsnont jamais eu de vritables emplois rmunrs dcemment. Le contexte de survie estdifficile et exige dj une grande dose dnergie. Il faut donc voir que ce nest pas justeune question de volont, ni de dcision individuelle.

    Ces quelques prjugs tmoignent de limage rductrice et ngative que, socialement, on se forge lgard des personnes en situation ditinrance. Il faut faire face ces prjugs, mais aussireconnatre et faire reconnatre que la situation de litinrance, cest dabord et avant tout unequestion de droits sociaux dont on prive certaines personnes : droit au logement, au travail, lespace public, un revenu, une sant, une vie prive un regroupement dorganismes a vule jour en 1974 : le RAPSIM.

    6. LE RAPSIM : HISTORIQUE ET INTERVENTIONS

    Crises conomique, tatique, sociale lies notamment au dsengagement de lTAT, mais aussirformes lgislatives (scurit du revenu) et des institutions (hpitaux psychiatriques, etc.), sontvenues depuis les annes 70 bouleverser la socit qubcoise au point de renforcerlexclusion et la pauvret des personnes dmunies. Le foss slargissant entre lespauvres et les riches de notre socit, le phnomne de litinrance est devenu ce moment-l,la figure exemplaire de la pauvret extrme engendre par les bouleversements socitaux. Or,malgr cet tat de fait, lintervention auprs de la population demeurait un enjeu strictementcaritatif, dont soccupaient des organismes communautaires et religieux.

    Pour faire face cette situation et faire de litinrance une proccupation publique des dcideursdes instances municipales, rgionales, provinciales et fdrales, le RAPSIM a t cr en 1974 linitiative de plusieurs intervenants communautaires. Le RAPSIM est alors devenu un acteur

    politique et dintervention impliqu dans la reconnaissance des droits dmocratiques et sociauxen ce qui a trait litinrance et la pauvret.

    Pour autant, il est possible de noter dans lhistoire du RAPSIM et de lintervention en dfensedes droits des personnes en situation ditinrance, trois grandes priodes :

    1. 1974-1987 Dbut et croissance du RAPSIM2. 1987-1992 La reconnaissance du phnomne de litinrance3. 1992-aujourdhui Le partenariat et les enjeux daujourdhui

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    6.1. LES DBUTS ET CROISSANCE DU RAPSIM

    De 1974 1987, la cration du RAPSIM a permis de faire sortir litinrance du rseau restreintdes organismes communautaires et religieux pour tenter dinfluencer davantage les dcideursdes instances municipales, rgionales, provinciales et fdrales; encore quil existe un travailnorme faire.

    ses dbuts, le RAPSIM amorce une rflexion sur les conditions dgradantes dans les maisonsde chambres du Centre-Ville et sur le phnomne de la dsinstitutionnalisation dans les hpitauxpsychiatriques. Derrire la mise en place de la structure du RAPSIM, une mobilisation sedveloppe pour crer de nouvelles ressources pour combler des besoins spcifiques,notammentpour les femmes itinrantes et les jeunes.

    partir de 1978, le RAPSIM se questionne sur lorientation du regroupement et sur les prioritsde travail. Concrtement, les enjeux touchent la loi sur lAide sociale, aux rglementsconcernant lbrit publique et la judiciarisation des personnes en situation ditinrance. Dansce contexte plus quun rseau dchange, le RAPSIM devient un groupe de pression charg deveiller aux droits sociaux des personnes en situation ditinrance.

    Les annes 80 marquent galement la formation de liens formels avec les chercheurs-esuniversitaires et les dcideurs publics. Ces liens, comme le travail des membres du RAPSIM, vont

    contribuer la mise en place de solutions concrtes. Les priorits daction sont alors orientesvers les plus dmunis, ceux et celles qui ne peuvent pas obtenir de services et qui sont cartsdes programmes pour des raisons politiques et administratives.On commence aussi intervenirdavantage sur la question du logement social avec support communautaire, notamment en vuede maintenir la personne dans une communaut de vie la plus proche de celle de la socit, maisaussi pour assurer un travail de collaboration entre diffrents acteurs chargs de soutenirlinsertion de la personne en situation ditinrance. En ce sens, plusieurs membres du RAPSIMunissent alors leurs efforts afin dappuyer la dmarche trs importante de la fondation de laFdration des OSBL dHabitation de Montral (FOHM).

    6.2. LA RECONNAISSANCE DU PHNOMNE DE LITINRANCE

    DE 1987 1992.

    Lanne 1987, anne internationale des sans-abri, marque un tournant dans le monde entier. partir de ce moment-l, il est possible de noter un double mouvement : dune part,daccroissement des connaissances et,dautre part,des transformations du phnomne lui-mme(rajeunissement, aggravation des difficults associes la vie itinrante, parpillement

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    gographique). Dans les annes subsquentes, le RAPSIM appuie la cration de nouvellesressources tout en maintenant une rflexion sur les besoins de la population itinrante,notamment en regard de la notion de support communautaire en habitat. Finalement, le RAPSIMintervient pour dfendre les droits des personnes sur lAide sociale loccasion des diffrentesrformes de la scurit du revenu visant limiter cette aide de dernier recours. linterne, leRAPSIM consolide sa philosophie daction et en dfinira les principes directeurs, notammentdans une perspective militante de dfense des droits sociaux des personnes en situationditinrance.

    6.3. LE PARTENARIAT ET LES ENJEUX DAUJOURDHUI,DE 1992 AUJOURDHUI

    En 1992, le Qubec retient le phnomne de litinrance dans sa Politique de sant et bien-trecomme un problme social majeur sur lequel il tait urgent dagir. Cette reconnaissance politiquecontribue la mise en uvre dun cadre de ngociation et de partenariat dans le dveloppementde la concertation entre le milieu communautaire de litinrance et les dcideurs publics,principalement sur les questions suivantes : hbergement, support communautaire etfinancement. De la mme faon, le RAPSIM sassocie, deux ans plus tard, la fondation duCollectif de Recherche sur lItinrance, lexclusion sociale et la pauvret (CRI).

    Les annes subsquentes ont t loccasion de nombreuses mobilisations pour le RAPSIM, quece soit pour contester le virage ambulatoire, les rformes de la scurit du revenu,et de manire

    gnrale toutes les rformes qui portent atteinte aux droits des personnes les plus dmunies,mais aussi pour faire valoir les nouveaux visages de litinrance.

    Pour autant, le RAPSIM se retrouve moins seul durant ces annes. La cration du RegroupementIntersectoriel des Organismes Communautaires (RIOCM), la cration de liens avec lUrban CoreSupport Network (UCSN) et finalement, la cration du Rseau Solidarit Itinrance du Qubec(RSIQ), rseau dchange provincial compos dorganismes et de regroupements rgionaux, sontautant de nouveaux acteurs qui viennent soutenir la mobilisation montralaise, au niveauqubcois et canadien.

    Ce maillage de partenaires mobiliss pour la dfense des droits des personnes en situation

    ditinrance va permettre le dveloppement dun cadre revendicatif portant sur :

    -Accessibilit aux services de sant et services sociaux;-Revenu de citoyennet;-Logement social avec support communautaire.

    Le RAPSIM a pu aussi dans le cadre de lInitiative de Partenariat en Action Communautaire(IPAC) porte par le gouvernement fdral, faire valoir les besoins de la population itinrante etdes ressources dintervention auprs de cette population. Pour la premire fois au niveau

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    fdral, le phnomne de litinrance est reconnu et fait lobjet dune intervention financiresubstantielle.

    Finalement, le RAPSIM collaborera, en 2003, la premire campagne denvergure sur le sujet delitinrance et de limpact des prjugs son endroit, Solidaires face litinrance de TrigoneAnimation. De ce fait, il appuiera les initiatives de conscientisation la ralit itinrante toutcomme le travail ralis depuis quelques annes sur les enjeux de la judiciarisation de lapopulation pour montrer, l encore, que les personnes en situation ditinrance ont plus besoinde solidarit que de rpression.Finalement, au fil des annes, le RAPSIM est devenu :

    -un porte-parole des ralits, des droits et des besoins de la population itinrante et desressources dintervention auprs de cette population

    -un chien de garde en regard des diffrentes rformes menaant les droits sociaux despersonnes les plus dmunies

    -un promoteur de nouvelles initiatives et de nouvelles ressources en itinrance-un partenaire des autres rseaux provinciaux ou fdraux visant la dfense des droits,notamment par la participation la fondation et au dveloppement du RSIQ

    -un partenaire des dcideurs publics, institutionnels et communautaires

    Dans ce contexte et avec tous ces rles, le RAPSIM travaille au quotidien lamultiplication dinitiatives visant la lutte aux ingalits sociales et la pauvret,

    linstauration dun revenu dcent, laccessibilit aux services (sant et servicessociaux), le logement social avec support communautaire, la cration dalternatives la judiciarisation montante, la dfense de droits, la sensibilisation, le partenariat etle rseautage

    Pourtant, derrire tous ces enjeux, ces collaborations et ces mobilisations, se retrouve unemanire solidaire de comprendre litinrance.

    6.4. LES MEMBRES DU RAPSIM ET LEUR INTERVENTION

    La soixantaine dorganismes communautaires membres du RAPSIM offre une varit de services

    la population itinrante de Montral et est active dans divers champs dintervention. Bienentendu, les catgories que nous vous prsentons ici ne sont pas fixes, certains organismesoffrant plusieurs types de services. Nous les avons classifies ainsi pour souligner la ou lespriorits dintervention et faciliter la prsentation. De plus, mieux quune dfinition proprement parler, nous avons identifi les principales caractristiques pour chaque catgorie.Mentionnons que les groupes membres du RAPSIM sont rgulirement en lien avec desorganismes non membres intervenant notamment au niveau de la dfense des droits et delinsertion professionnelle.

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    FEMMES

    -LAbri de lespoir-LArrt-Source-Association dentraideLe Chanon

    -Auberge Madeleine-La Maison Grise de Montral-Maison Marguerite de

    Montral-Les Maisons de lAncre-Passages (Jeunes)-La Rue des Femmes

    HOMMES

    -Bonsecours-LEscale Notre-Dame (thrapie)-Hbergement jeunesseLe Tournant

    -Hbergement la C.A.S.A.Bernard-Hubert

    MIXTES

    -Auberge communautairedu Sud-ouest (jeunes)

    -LAvenue (jeunes)-En Marge 12-17 (jeunes)-Habitation Lescalierde Montral (jeunes)

    -Maison Tangente (jeunes)

    -Ressource Jeunessede Saint-Laurent-Service dhbergementSaint-Denis (jeunes)

    * LAntre temps (jeunes)

    REFUGESHbergement temporaire ou gte pour la nuit;Pour les 18 ans et plus, non mixtes;ge variable;Nombre de places variable;Principalement en dortoir;Services daccueil, de repas, de suivi, de rfrence et daccompagnement

    MAISONS DHBERGEMENTCourt, moyen ou long terme et/ou dpannage de quelques jours;Peuvent tre mixtes, non mixtes et dge variable;Nombre de places variable;Chambres individuelles ou en groupe;Services de suivi, de rfrence, daccompagnement dans diffrentes dmarchesde rinsertion

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    FEMMES

    -Association dentraide Le Chanon

    HOMMES

    -La Maison du Pre-Le Refuge des Jeunes (18-24 ans)

    -Hbergement la C.A.S.A.Bernard-Hubert (jeunes)

    * Arme du Salut, Le Bunker (jeunes), Mission Bon Accueil (hommes), Mission Old Brewery (hommes ou femmes).

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    APPARTEMENTS SUPERVISSDiffrents modles existent (dure variable, les personnes peuvent tre regroupes ounon dans un mme immeuble, etc.);

    Peuvent tre mixtes et non mixtes et dge variable;Nombre de places variable (2, 3, 4 personnes par appartement);Services de suivi, de rfrence, daccompagnement dans diffrentes dmarches derinsertion et daide dans lorganisation de la vie de tous les jours.

    LOGEMENT SOCIAL AVEC SUPPORT COMMUNAUTAIREPeut aller de temporaire permanent;Locataire en chambre, en studio ou en appartement;Rgle gnrale, une personne par unit de logement;Services de suivi, de rfrence, daccompagnement dans diffrentes dmarches derinsertion, de stabilisation et daide dans lorganisation de la vie de tous les jours.

    -LAbri de lespoir-Bureau de consultation Jeunesse (BCJ)-LEntre-Gens

    -La Maison Grise de Montral-Les Petites Avenues

    * Hberjeunes,Maison St-Dominique.

    -Accueil Bonneau (Maisons Claire-Mnard,Eugnie-Bernier et Paul-Grgoire)

    -LArrt-Source-Le Chanon (Maison Yvonne-Maisonneuve)-Auberge communautairedu Sud-ouest (jeunes)

    -Fdration des OSBL dHabitationde Montral (FOHM)

    -Foyer des jeunes travailleurs et travailleusesde Montral

    -Hbergement la C.A.S.A. Bernard-Hubert-Hbergement Jeunesse Le Tournant-Ma chambre-Le Refuge des Jeunes-Maison Lucien-LAllier-Les Petites Avenues-Rseau Habitation Femmes-Le Y des Femmes (Y.W.C.A)

    * Chambreclerc

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    CENTRES DE JOUR ET DE SOIRPeuvent tre mixtes et non mixtes;Lieux daccueil, dappartenance et de socialisation;Services de repas-collations, de rfrence, daccompagnement, de suivi...

    TRAVAIL DE RUE ET/OU DE MILIEU ET ACCOMPAGNEMENTLieux divers dintervention (en logement, en milieu scolaire, dans la rue, la cour, etc.);Population diverse (individuelle, en groupe et/ou auprs de lensemble de la population);Socialisation;Services de soutien, dinformation, dducation, de prvention, de rfrence, demdiation, daccompagnement (accueil, coute, etc.)

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    * Dans la rue (jeunes) et ROC

    -Association Bnvole Amiti-CACTUS Montral-Diogne-Plein Milieu

    -Spectre de Rue-Stella-Y.M.C.A. (Projet Dialogue)

    * Le Fil, Centre Dollard-Cormier.

    FEMMES

    -Centre Bon Jour Toi-Chez Doris-La Rue des Femmes-Stella

    HOMMES

    -Accueil Bonneau

    MIXTES

    -Association Bnvole Amiti-Centre de jour St-James-Centre de soir Denise-Mass-Dners-Rencontre Saint-Louis-de-Gonzagueet Ketch Caf (jeunes)

    -Groupe dEntraide lIntention des PersonnesSropositives, Itinrantes et Toxicomanes (GEIPSI)

    -LItinraire (Le caf sur la rue)-La Maison des Amis du Plateau Mont-Royal-La Mission Saint-Michel-P.A.S. de la rue (Petits frres des Pauvres)-Spectre de rue

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    EMPLOYABILIT ET/OU INSERTION SOCIOPROFESSIONNELLE

    AUTRES

    -Unit dintervention mobile lAnonyme (Conselling et support / Rfrence)-Association bnvole Amiti (Formation de bnvoles / Suivi psychosocial)-Atelier dHabitation Montral (Groupe de recherche technique (GRT) en COOP dhabitation)-Centre Internet communautaire LAvenue

    -CLSC des Faubourgs(quipe Itinrance / quipe Jeunes de la rue / Urgence Psychosociale-Justice,UPS)

    -Maison St-Jacques (Psychothrapie de groupe)-Mission communautaire de Montral (Dfense de droits)-Projet Gense (Conselling / Rfrence / Dfense de droits)-Socit Saint-Vincent-de-Paul (Dpannage)-Stella (Dfense de droits)-Y.M.C.A. (Premier arrt:Aide et rfrence)-Y.W.C.A. (Centre Alpha (alphabtisation) / Clinique juridique)

    Site fixe

    (Lieu fixe dcoute, de prvention, de rfrence,de suivi, dchange de seringues, doffre de condoms, etc.)-CACTUS Montral-Spectre de rue

    * Dans la rue (roulotte), Mdecins du Monde, Relais-Mthadone, Collectif de recherche et daide aux narcomanes (CRAN).

    Comme cette compilation a t effectue en Mai 2003,il se peut que de nouvelles ressources ne soient pas mentionnes.

    *Quelques ressources non membres sont mentionnes compte tenu de leur volume daccueil et de leur volet itinrance. Il ne sagit pas,cependant, dune liste exhaustive.

    -Bureau de consultation Jeunesse (BCJ)-LItinraire

    -Groupe Information Travail (GIT)-Le Y des femmes (Y.W.C.A.)

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    LE MOT DE LA FIN

    Placer la dfinition de litinrance au cur des enjeux dexclusion, de marginalisation et devulnrabilisation que vivent les personnes en situation ditinrance, cest rinscrire limportancede la dfense des droits des personnes les plus dmunies dans un outil de sensibilisation visant mieux faire comprendre le phnomne. Litinrance est dabord et avant tout unesituation de privation de droits que vivent certaines personnes. Dans ce contexte,mieux la comprendre cest agir en solidarit avec ces personnes pour que sattnuent lesfrontires entre inclus et exclus, entre riches et pauvres. La sensibilisation est alors la premiretape de lexercice dune solidarit afin que personne ne puisse plus se retrancher derrire desprjugs. Travailler renforcer la solidarit, cest abaisser les murs du mpris et de lindiffrencequi se dressent entre linscurit de la rue et la scurit de son logement, entre linconfort delisolement et le confort de ses relations, entre les risques relis au revenu dans la rue et lerevenu du travail.

    Cette promotion de la solidarit a guid le RAPSIM dans lcriture de cet outil pour vouspermettre de mieux comprendre litinrance.

    REMERCIEMENTS

    Le RAPSIM souhaite ici remercier Cline Bellot, stagiaire post-doctorale au Collectif deRecherche sur lItinrance, lexclusion sociale et la pauvret (CRI) ainsi que la permanence et leConseil dadministration du RAPSIM, qui ont particip la rdaction de ce document issu destravaux du projet Alternatives la judiciarisation . Finalement, le RAPSIM tient remercier leCentre National de Prvention du Crime (CNPC) qui a rendu possible la production de cedocument.

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    POUR ALLER PLUS LOIN

    Le site WEB du CRI : www.unites.uqam.ca/CRILe site WEB du RAPSIM : www.rapsim.org

    QUELQUES OUVRAGES QUBCOIS ET CANADIENS

    Litinrance,Nouvelles pratiques sociales, 1998,vol.11, (1),

    Begin, P. (1995).Les sans-abri au Canada.

    Ottawa, Bibliothque du Parlement.Bellot, C. (2001).Le monde social de la rue :expriences des jeunes et pratiques dintervention Montral.Montral,Thse de doctorat, cole de Criminologie, Universit de Montral.

    Casavant,L.; Laberge, D.; Landreville, P.; Morin, D. (1998a).Le rle de la prison dans la production de litinrance.Montral, Collectif de recherche sur litinrance, la pauvret et lexclusion sociale. Rapport de recherche prsent auConseil qubcois de la recherche sociale.

    Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (2000.),Que signifient les droits et liberts pour les jeunes de la rue?Qubec: CDPDJ : pp17-28.

    Ct, M-M. (1991).Les jeunes de la rue.Montral, Liber

    Davidson, M. (1997).Inadquation des problmes vcus et des ressources disponibles : rcits de femmes itinrantes.Montral, Mmoire de matrise (intervention sociale), Universit du Qubec Montral.

    Fontan, J-M. (1997). (sous la direction de).La pauvret en mutation.Cahiers de recherche sociologique, 29.

    Fournier, L., & Chevalier, S. (1998).Dnombrement de la clientle itinrante dans les centres d'hbergement, les soupes populaires et lescentres de jour des villes de Montral et Qubec 1996-97:2-Montral:premiers rsultats.Qubec: Sant Qubec.

    Fournier, L.;Mercier, C. (1996).Sans domicile fixe, au del du strotype.Montral, Mridien

    Front daction populaire en ramnagement urbain. (1998).Dossier noir : logement et pauvret au Qubec.Montral, FRAPRU

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    Hurtubise,R.;Vatz Laaroussi,M.;Dubuc, S. (2000).Jeunes de la rue et famille. Des productions sociales et des stratgies collectives au travers desmouvances du rseau.Sherbrooke, Universit de Sherbrooke, rapport de recherche prsent au Conseil Qubecois de la Recherche Sociale.

    Laberge, D. et al. (2000).Capacit dagir sur sa vie et inflexion des lignes biographiques : le point de vue des femmesitinrantes.In Revue Sant mentale (Dossier itinrance), vol XXV, no 2, p. 21-39.

    Laberge, D. (2000). (sous la direction de).Lerrance urbaine.Montral, ditions MultiMondes.

    Laberge, D.; Morin,D.; Roy, S. (2000).Litinrance des femmes : les effets convergents de transformations socitales (chapitre 5), In Lerranceurbaine. Montral, ditions MultiMondes.

    Lhoumeau,S. (1997).Le cheminement de vie de jeunes filles.Montral, Mmoire de matrise (criminologie), Universit de Montral.

    Mayors Homelessness Action Task Report.Taking Responsibility for Homelessness. An Action Plan for Toronto.Toronto : Mayors Homelessness Action Task Force.

    Parazelli, M. (1997).Pratiques de socialisation marginalise et espace urbain: le cas des jeunes de la rue Montral.

    Montral:Thse de doctorat. Dpartement d'tudes Urbaines, Universit du Qubec Montral.

    Parazelli, M. (2000).Le sens des pratiques urbaines des jeunes de la rue Montral.Montral: Collectif de recherche sur l'itinrance.

    Poirier, M., Lussier,V., Letendre,R., Michaud, P., Morval,M., Gilbert, S., & Pelletier,A. (1999). Relations etreprsentations interpersonnelles de jeunes adultes itinrants. Rapport de recherche. Conseil qubcois derecherche sociale.

    Roy, D. (1998a).Le dfi de l'accs pour les jeunes de la rue.Avis du directeur de la sant publique sur la mortalit chezles jeunes de la rue Montral.Montral: Rgie rgionale de la Sant et des Services sociaux Montral-centre.

    Roy, . (1998).tude de cohorte sur l'infection au VIH chez les jeunes de la rue de Montral. Montral: Direction de lasant publique Montral-centre.

    Roy, S. (1995).L'itinrance: forme exemplaire de l'exclusion sociale?Lien social et politiques,34, 73-80.

    Shriff,T. (1999).Le trip de la rue. Parcours initiatiques des jeunes de la rue.Beauport, Centre jeunesse de Qubec.

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    omprendre

    RSEAU D'AIDE AUX PERSONNES SEULES ET ITINRANTES DE MONTRAL105, RUE ONTARIO EST - SUITE 204 - MONTRAL (QUBEC) H2X 1G9

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