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Éditions OUEST-FRANCE sommaire Texte Dessins COMPRENDRE LES ABBAYES ET LES ORDRES MONASTIQUES 2 Le monachisme oriental 4 Les origines du monachisme en Occident 6 Les bénédictins et Cluny, monastère majeur du monde occidental 8 Extension en Europe 10 Les fontevristes 12 Les cisterciens 14 Les prémontrés 16 Les ordres mendiants 17 Les bénédictins réformés (mauristes) 18 L’abbaye du Mont-Saint-Michel, un modèle d’adaptation au site 20 L’architecture monastique Odile Canneva-Tétu Jean-Benoît Héron

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Éditions OUEST-FRANCE

sommaire

Texte

Dessins

COMPRENDRE

LES ABBAYES ETLES ORDRES MONASTIQUES

Avant-propos : Être soldat Les paras US sautent sur le CotentinLes diables rouges entrent en scèneUtah : une erreur providentielleOmaha, un désastre annoncéLes Canadiens prennent pied sur Juno BeachLes Britanniques sur Gold Beach et Sword BeachL’armement des fantassinsLa bataille du CotentinLa bataille de CaenL’enfer des haiesLe camoufl ageL’offensive du 4 juilletSe nourrirSoigner, panser, soulagerLa percée américaineL’encerclementLa vie quotidienneLa poche de Falaise-ChamboisLa poursuite

Remerciements et crédits

2 Le monachisme oriental 4 Les origines du monachisme en Occident6 Les bénédictins et Cluny, monastère majeur du monde occidental8 Extension en Europe10 Les fontevristes12 Les cisterciens14 Les prémontrés16 Les ordres mendiants17 Les bénédictins réformés (mauristes)18 L’abbaye du Mont-Saint-Michel, un modèle d’adaptation au site20 L’architecture monastique

Odile Canneva-Tétu

Jean-Benoît Héron

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qui formera nombre d’évêques et d’apôtres, à Arles sous l’impulsion de Césaire fondateur d’un monastère de femmes et auteur de la première règle féminine connue et à Marseille où Jean

e monachisme connait éga-lement une diffusion rapide en Occident. Martin est à

l’origine des premières fondations en Gaule. En 360 il s’installe comme ermite à Ligugé (Vienne), où ses compagnons, alors logés dans des cabanes, l’incitent à fonder un monastère. Dix ans plus tard, devenu évêque de Tours, il fonde à Marmoutier une abbaye à partir de laquelle s’effectuera la christianisation de l’Ouest de la Gaule. D’autres fonda-tions importantes suivront : dans l’une des îles désertes de Lérins, un monastère

LES ORIGINES DU MONACHISME EN OCCIDENT

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Cassien, formé à Bethléem, fonde vers 415 deux communautés monastiques, l’une d’hommes, l’autre de femmes.

À la fi n du VIe siècle, les coutumes monastiques venues d’Irlande conquièrent l’Occident. Assez proches des traditions des moines d’Égypte, elles se caracté-risent par une extrême austérité et un esprit missionnaire. Des moines irlandais partent sur le continent y implanter des monastères qui sont à la fois des foyers d’évangélisation et de diffusion du savoir. Parmi eux, Colomban. Accompagné de quelques disciples, parmi lesquels Gall,

il fonde en Gaule trois monastères, dont celui de Luxeuil, en 594, où s’applique une règle des plus rigoureuses. Celle-ci s’impose dans un grand nombre de monastères avant que la Règle de Saint Benoit la supplante.

À cette époque, il n’existe pas d’or-

ganisation type de monastère : le pre-mier plan d’abbaye, celui de Saint-Gall (Suisse) ayant été fourni vers 820. Celui-ci impose le modèle du cloître desservant les principaux bâtiments claustraux.

v Vue d’ensemble du monastère de Saint-Gall au VIe siècle. Dessin de Jean-Benoît Héron.

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Saint-GallCe vaste ensemble clos montre une répartition très fonctionnelle: au sud de l’imposante église se tiennent les bâtiments où vivent les moines qui sont organisés autour d’une cour carrée entourée d’arcades; de part et d’autre des bâtiments pour la formation des novices; à l’Est, les bâtiments nécessaires à la sub-sistance des moines et à l’entretien du complexe monastique.

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Le monastère grandmontain ou celle est d’une extrême simplicité, en rapport avec les exigences de rigueur de l’ordre. Le réfectoire et le dortoir y sont communs à tous, mais seuls les clercs ont accès au chœur de l’église.

Les chartreux

L’Ordre des chartreux est créé par Bruno, originaire de Cologne et formé à l’école des chanoines de Reims. Après avoir été à son tour docteur et chanoine du chapitre cathédral pendant un quart de siècle, il souhaite se retirer au désert. En 1084 il fonde avec six compagnons un ermitage dans la vallée sauvage de Chartreuse. Il le quitte cinq ans plus tard, leur laissant le soin de poursuivre son œuvre. En 1127 seront rédigées les usages et coutumes d’un monastère

Les grandmontains

Cet ordre érémitique fut fondé par Étienne de Muret en réaction aux fastes de Cluny. En 1076, suivi par quelques hommes, Etienne s’isole dans le désert boisé de Muret en Limousin pour y vivre son idéal d’ascèse et de pauvreté. Avant sa mort, il transmet oralement à son dis-ciple favori les bases d’une rigoureuse règle de vie imposant la non-posses-sion de terres en dehors du domaine, le refus de toute fonction paroissiale et la solitude communautaire, mais non l’isolement. En application de ces prin-cipes, ses disciples fondent en 1159 à Grandmont (Hérault) une première com-munauté composée de frères laïcs et de frères religieux placés dans une stricte égalité de rang et vivant dans un lieu nommé « celle ».

EXTENSION EN EUROPE

x Chevet de l’église de Saint-Michel de Grandmont.Dessin de Jean-Benoît Héron.

GrandmontConçue pour un nombre limité de moines (6 ou 12), la celle s’inscrit dans un carré de 30 mètres de côté. Elle est clôturée par un mur de pierre protégé par un fossé. Ses bâtiments sont regroupés autour du cloître. L’église coiffée d’un simple clocheton présente une nef unique voûtée en berceau et dépourvue de fenêtres, prolongée par un chœur plus large percé de trois étroites fenêtres juxtaposées. La porte est pré-cédée d’une galerie réservée à l’accueil des pauvres et des pèlerins. Au Sud, la porte des moines communique avec le cloître.

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de chartreux. Ceux-ci opèrent un subtil équilibre entre vie érémitique et commu-nautaire. Chaque communauté est com-posée de convers et de pères qui sont des clercs.

Le monastère chartreux correspond le plus souvent à un prieuré, c’est-à-dire à un établissement dépendant de l’ab-baye-mère, prévu pour abriter 12 moines et 16 frères convers. L’organisation des bâtiments est commandée par le mode de vie singulier des chartreux, à l’habituelle séparation entre laïcs et pères les char-treux ajoutant la distinction entre espaces communautaires et lieux d’isolement.

R Vue de l’ensemble des bâtiments de la Grande Chartreuse.Dessin de Jean-Benoît Héron.

R Moines chartreux, miniature des frères

Limbourg extraite des « Très riches heures du

duc de Berry », début XVe siècle.

akg-images / WHA / World

History Archive.

La chartreuseLa chartreuse comprend deux maisons : une maison basse dédiée aux convers qui forment une communauté distincte ; une maison haute regroupant les cellules des Pères où ceux-ci prient et travaillent à la copie des livres. Elles ont chacune leur église.À la maison basse se trouvent les ateliers et les étables. C’est là aussi qu’on reçoit les visiteurs et qu’on traite les affaires.La maison haute rassemble autour d’un petit cloître l’église pour l’offi ce de nuit, la messe et les vêpres, la salle du chapitre et le réfectoire, utilisés les seuls dimanches. Autour du grand cloître sont regroupées les cellules des moines, qui disposent chacune d’un petit jardin fl anqué d’une galerie couverte et, à l’intérieur, de deux pièces de vie, d’un atelier et d’un bûcher.

Les chartreuxIls portent un vête-ment blanc mais les pans avant et arrière de leur scapulaire, qu’ils appellent cuculle, sont reliées par deux bandes de tissu à hauteur de la ceinture.

R Dessin de

Jean-Benoît Héron.

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n 1075, témoin impuissant de la décadence de l’Ordre de Cluny, Robert part

rejoindre un groupe d’ermites dans la forêt de Molesme en Bourgogne avant de fonder un monastère en ce lieu. C’est là qu’il codifi a en 1098 l’idéal cistercien prônant le retour aux préceptes de la Règle de saint Benoit : les moines doivent prier et refuser les possessions pour ne subsister que grâce à leur seul labeur. Il échouera cependant à mener à bien la réforme qu’il souhaitait. Après sa mort Étienne Harding, abbé de Cîteaux, et Bernard de Fontaine achèveront son œuvre. Sous leur impulsion, des dizaines de monastères seront fondés. Le succès de cet ordre dépasse tous les autres, rap-pelant l’essor de Cluny presque deux siècles plus tôt.

En 1135, Bernard fonde Clairvaux. En décidant en ce lieu du plan et de l’agencement des bâtiments, il reprend le schéma fonctionnel de l’abbaye illus-tré par le plan de Saint-Gall qui s’impo-sera dès lors à tous les monastères de l’Ordre. La construction cistercienne se caractérise par des formes simples et fonctionnelles et l’absence de superfl u. De nombreuses injonctions auront pour objet de limiter l’ornementation des bâti-ments cisterciens : ni sculpture, ni vitraux colorés, ni peintures murales n’y sont tolérés.

LES CISTERCIENS

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h Saint-Bernard, abbé de Clairvaux, tenté par le diable (partie inférieure) et présidant le chapitre des moines (partie supérieure), miniature de Jean Fouquet extraite du livre d’heures d’Etienne Chevalier, vers 1455.Chantilly, Musée Condé. akg-images.

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h Abbaye du Thoronet, état actuel. Dessin de Jean-Benoît Héron.

L’abbaye du ThoronetElle peut être considérée comme le modèle de l’abbaye cis-tercienne. La vie monastique s’organise autour du cloître. Toutes les salles sont accessibles depuis cet espace central. D’un côté l’église ; du côté attenant au transept de l’église : la sacristie, l’armarium où sont déposés les livres sacrés et la salle du chapitre surmontées du vaste dortoir des moines ; dans l’aile opposée à l’église : le chauffoir, le réfectoire des moines et la cuisine, le dernier côté du quadrilatère et les bâtiments qui y sont accolés étant entièrement dédiés aux convers.

Les cisterciensLorsqu’il est au travail, le moine cistercien revêt l’habit du paysan du Moyen-Âge. Il s’agit d’une tunique blanche ceinte. Il porte par-dessus, le scapulaire, de couleur noire, qui évoque un tablier. La coule, qui est le grand vêtement ample et blanc qu’il revêt pour la prière, est le véritable habit monas-tique, signe de la consécration du moine.

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v Portrait d’un franciscain, huile sur toile de Carlo Ceresa, vers 1633-35. akg-images / MPortfolio

/ Electa.

LES ORDRES MENDIANTS

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couvents étant souvent confrontés à l’exi-guïté des terrains qui leur étaient cédés. Leurs églises, lieu de la prédication, développent des plans simples. Dépour-vues de transept, elles présentent un volume unique associant chœur et nef. Elles sont pauvres en décor.

es ordres mendiants regroupent de nombreuses communautés distinctes : dominicains, fran-

ciscains, carmes, ermites de saint Augus-tin…Ils sont nés au début du XIIIe siècle -période où la ferveur religieuse est en déclin tandis que les hérésies pros-pèrent- par des hommes désireux de mener une vie active plutôt que contem-plative. Ceux-ci se consacrent à prêcher la conversion à Dieu et la repentance et parcourent les villes, vivant de l’aumône - d’où leur appellation de « mendiants » - avant de s’établir dans des couvents. Les ordres mendiants ne sont pas des ordres monastiques à proprement parler : les religieux ne sont pas cloîtrés. L’Ordre des frères prêcheurs (dominicains), le plus célèbre, fut fondé à Toulouse en 1215 par l’espagnol Dominique de Guz-man, venu prêcher en France pour rame-ner les hérétiques à la foi catholique.

Une branche féminine de ces ordres s’est développée pour laquelle cepen-dant s’impose la vie cloîtrée selon l’an-cienne tradition monastique.

L’infl uence des ordres mendiants sur l’architecture monastique fut faible, leurs

Les dominicainsIls portent un habit consti-tué de trois pièces : une tunique blanche serrée par une ceinture de cuir ; un scapulaire et un ca-puce, pièce de tissu cou-vrant le thorax et les bras jusqu’aux coudes, muni d’une capuche.

Les franciscainsIls portent un habit de bure ou étoffe de laine brune évoquant le vête-ment du pauvre. Celui-ci est retenu par une cein-ture de corde. Son capu-chon est court et arrondi.

R Dessin de

Jean-Benoît Héron.

R Dessin de

Jean-Benoît Héron.

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des Prés réformera près de deux cents abbayes et prieurés en France.

Les mauristes sont, avec les Prémon-

trés, l’un des grands ordres bâtisseurs de l’époque moderne. Entre 1700 et 1750 pour l’essentiel, ils réparent ou recons-truisent la quasi-totalité de bâtiments conventuels de leurs monastères pillés et dévastés par les troupes huguenotes au cours des guerres de Religion.

R Abbaye de Saint-Germain des Prés (Paris), image de synthèse du complexe monastique au moment de son apogée, au XVIIe siècle. Florent Pey / akg-images.

LES BÉNÉDICTINS RÉFORMÉS (MAURISTES)

A la fi n du XVIe siècle, après une longue période de désorga-nisation et de laxisme, la

plupart des monastères bénédictins se redressent et prônent le retour aux exi-gences de la vie monastique selon la Règle. Cette période coïncide avec la fondation de la congrégation de Saint-Maur, association de monastères béné-dictins réformés, confi rmée en 1621 par une bulle du pape Grégoire XV. L’ab-baye de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, en sera la maison-mère. Elle deviendra l’un des principaux centres intellectuels de la France : certains de ses moines ont compté parmi les plus grands historiens de leur temps et ont rassemblé à l’ab-baye une très riche bibliothèque d’im-primés et de manuscrits. Saint-Germain

L’abbaye de Saint-Germain-des-PrésElle fut fondée dès le vie siècle par le roi Childebert Ier et l’évêque Germain. Son église -rebâtie à la fi n du Xe siècle et dont le chœur fut une nouvelle fois reconstruit au milieu du XIIe siècle-, le carré monastique et la chapelle de la Vierge datant du XIIIe siècle étaient, à l’époque des mauristes, les principaux éléments d’un complexe ceint de murs englobant également de vastes jardins. Il n’en subsiste aujourd’hui que l’église, très remaniée, et le palais abbatial du cardinal de Bourbon datant de 1586 (qui ne fi gure pas sur l’illustration).

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L’ARCHITECTURE MONASTIQUE

L révèlent la science de l’architecte mais revêtent plus encore un sens symbo-lique et sacré et la répartition des fonc-tions découle autant de la Règle que des nécessités du fonctionnement de l’institution.

Le site

Le monastère est implanté dans des zones retirées, fonds de vallée de pré-férence, correspondant à des terrains

es préceptes de l’architec-ture monastique, énoncés par Bernard de Clairvaux

en conformité avec les prescriptions de la Règle de Saint Benoit, ont été mis en œuvre pendant des siècles dans un grand nombre d’édifi ces en France et en Europe. C’est ce modèle d’ar-chitecture qu’illustrent les notices qui suivent consacrées à la description des parties qui composent une abbaye. La construction du monastère ne doit rien au hasard. Ses formes et proportions

x Abbaye de Fontenay (Côte d’Or), vue aérienne du site. akg-images / Alfons Rath.

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vierges de toute mise en valeur mais disposant des ressources nécessaires, notamment l’eau des ruisseaux pour la consommation courante, l’assainisse-ment, l’irrigation des terres, l’énergie hydraulique et le bois des forêts pour la construction et le chauffage. Pour sup-pléer aux manques, les moines ont dû développer les savoir-faire nécessaires pour assurer leur vie en autarcie. Ils se

sont rendus maîtres dans les techniques permettant l’irrigation et l’utilisation de la force hydraulique.

Les noms des lieux où sont implantés les monastères sont évocateurs du milieu dans lequel ils se situent : Bonnecombe, un lieu où il fait bon vivre, à l’inverse de Fontfroide ou de Cîteaux, mot dérivé de Cistel ou feuille d’eau, évoquant un terrain marécageux.

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v Abbaye du Thoronet, reconstitution de l’ensemble monastique vers 1200.Dessin de Jean-Benoît Héron.

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- le chœur des moines. Il est établi dans la croisée du transept et les pre-mières travées de la nef. Il est pourvu de stalles. Il est séparé du reste de la nef par une clôture et communique avec le cloître ;

- les travées occidentales de la nef où espace réservé aux convers qui accèdent à l’église par la porte Sud. Celle-ci com-munique avec leurs quartiers par une ruelle dite des convers.

L’église abbatiale

Lieu de la célébration de l’offi ce divin, elle est établie sur le point le plus haut du monastère. Chez les cisterciens, c’est un édifi ce d’une grande sobriété, où l’art des bâtisseurs s’exprime dans la maîtrise de la lumière.

Elle est fl anquée des bâtiments des moines. Elle s’en distingue à peine, un simple clocheton faisant offi ce de clo-cher. Elle présente un plan au sol sym-bolisant une croix latine. Elle est tournée vers l’Orient afi n que le sanctuaire soit éclairé par le soleil levant. Elle n’a pas de portail à l’Ouest, sinon une simple porte. Au Nord, la porte des morts ouvre sur le cimetière des moines où ceux-ci étaient mis en terre sans cercueil, face au ciel recouverte du capuchon.

À l’intérieur, on distingue :- le sanctuaire. Il est surélevé d’un ou

plusieurs degrés et abrite en son centre le maître-autel. Le mur du chevet est percé de trois baies, évoquant les trois personnes de la Trinité, par où pénètrent les premiers rayons du soleil ;

- le transept : il forme un grand vestibule doté de chapelles munies d’autels où les moines-prêtres célèbrent quotidiennement la messe. Il communique au Sud avec la sacristie et avec le dortoir des moines accessible par l’escalier des matines ;

h Le chœur des moines. Dessin de Jean-Benoît Héron.

x Le cimetière des moines. Dessin de Jean-Benoît Héron.

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h L’église abbatiale de l’abbaye de Silvacane (Bouches du Rhône), vue du chœur vers la nef. akg-images / Schütze / Rodemann.

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La salle capitulaire

Située au centre de la galerie Est, réservée aux moines, la salle du cha-pitre, ou salle capitulaire, revêt une grande importance tant au plan spirituel qu’au plan administratif. Ceci explique le soin particulier qu’en tous lieux on a porté à sa réalisation.

Elle se distingue par l’ampleur de ses ouvertures – de grandes arcades ouvertes sur le cloître placées de part et d’autre de celle dévolue au passage y font pénétrer la lumière – et par la qua-lité de sa mise en œuvre. L’espace inté-rieur est voûté. D’élégantes colonnes aux chapiteaux peu ornés le divisent en deux nefs de deux ou trois travées. Il est cein-turé d’une double rangée de banquettes en pierre interrompue, au milieu de la rangée Est, par le siège de l’abbé qui préside l’assemblée.

Elle tire son nom de sa fonction : s’y réunissent chaque matin après l’offi ce de Prime l’abbé et les moines de chœur, les seuls qui ont voix au chapitre, pour y lire un extrait de la Règle et pour participer

à la gestion des affaires : élection de l’abbé, réception des novices, attribu-tion des charges dévolues aux moines (prieur, cellérier, maître des novices…). C’est là que le moine qui avait commis une faute devait s’en accuser devant ses frères. C‘est là que reposaient les moines décédés en attendant d’être enseveli dans le cimetière attenant à l’église. En outre, ses grandes ouvertures permet-taient aux convers d’entendre la parole de l’abbé depuis la galerie du cloître certains jours de solennité.

x Une réunion du chapitre. Dessin de Jean-Benoît Héron.

h La salle capitulaire de l’abbaye du Thoronet (Var). akg-images / Etienne Marie.

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Le dortoir commun

« Ils dormiront chacun dans un lit à part […] si faire se peut, ils coucheront tous dans un même lieu […]. Les moines dormiront vêtus, afi n d’être toujours prêts […]. Au signal donné, ils se lève-ront sans retard et s’empresseront de se devancer les uns les autres pour se rendre à l’œuvre de Dieu. » Règle C.22 1/8

« Pour la garniture des lits, il suffi ra d’une natte, d’un gros drap, d’une cou-verture et d’un chevet. » Règle C.55 15.

Le dortoir occupe l’ensemble de l’étage de l’aile Est, dite aile des moines. A l’Est, il communique directement avec

l’église où les moines se rendent pour l’offi ce de la nuit par l’escalier des matines. Cet immense vaisseau, d’envi-ron trente mètres de long, voûté ou char-penté, est éclairé au Nord et au Sud par une série de petites fenêtres identiques, placées à intervalles réguliers. Un esca-lier, dit escalier de jour et offrant un accès à la galerie Est du cloître, trouble à peine l’uniformité de cet espace. Posée sur une planche de bois, la paillasse où chaque moine reposait n’était isolée de celle de son voisin que par un cloisonnement bas.

Avant que l’abbé ne dispose d’un logis particulier, sa chambre, adossée au mur-pignon le plus proche de l’église, n’était séparée du dortoir commun que par une cloison.

h Le dortoir. Le départ pour l’offi ce de la nuit. Dessin de Jean-Benoît Héron.

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Les bâtiments des convers

L’ensemble des bâtiments qui bordent l’aile occidentale du cloître sont dédiés aux convers. On y trouve :

— La ruelle des convers. C’est un pas-sage, souvent couvert et voûté, aménagé entre leur bâtiment et la galerie Ouest du cloître. Elle débouche dans la partie de l’église qui leur est réservée, leur per-mettant de s’y rendre sans emprunter les galeries réservées aux moines. Les frères convers, en effet, n’avaient qu’exception-nellement accès au cloître.

— Le réfectoire occupe une moitié du rez-de-chaussée de l’aile des convers.

— Le cellier, ou le chai, occupe l’autre moitié. C’est un vaste espace voûté et semi-enterré, au sol en terre battue, dédié à la conservation des denrées ou des fûts.

— À l’étage, s’étendant sur l’ensemble des pièces du rez-de-chaussée, le dortoir

correspond à la plus grande pièce de l’abbaye.

— Contigu à la cuisine se trouve le parloir des convers. Pourvu de bancs de pierre, c’est l’endroit où le cellérier, sorte d’administrateur général, distribue le travail et tient le chapitre hebdoma-daire des convers à la place de l’abbé.

v Le chai et son pressoir. Dessin de Jean-Benoît Héron.

x L’accès au parloir des convers. Dessin de Jean-Benoît Héron.

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La clôture et le territoire de l’abbaye

« S’il est possible, le monastère sera construit de telle façon que tout le néces-saire, à savoir l’eau, le moulin, le jar-din, soit à l’intérieur du monastère et que s’y exercent les différents métiers, pour que les moines ne soient pas forcés de se répandre à l’extérieur, ce qui ne convient nullement à leur âme ». Règle C.66, 6-7

« A la porte du monastère on placera un homme d’âge mûr, expérimenté…Ce portier aura sa cellule près de la porte pour que les arrivants trouvent toujours présent quelqu’un qui les renseigne…Dès que quelqu’un aura frappé ou qu’un pauvre aura appelé… il s’empressera de répondre dans la ferveur de la cha-rité… » Règle C.66, 1-5

Délimitée par une enceinte, l’abbaye est un espace clos qui se suffi t à lui-même. En fait, il existe deux espaces : celui des moines, strictement isolé, et celui des convers, en communication avec le monde extérieur.

La porterie est un bâtiment que traverse la seule porte d’accès au monastère. À proximité se trouvent deux bâtiments pour

l’accueil des indigents et des gens de pas-sage : l’hôtellerie et une chapelle dite des étrangers.

Entre la porterie et la clôture, espace strictement réservé aux moines, s’étendent les bâtiments du labeur (forge, moulin, boulangerie…), domaine des frères convers.

v La récolte des olives. Dessin de Jean-Benoît Héron.

x Le travail au jardin. Dessin de Jean-Benoît Héron.

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Éditeur Matthieu Biberon • Coordination éditoriale Caroline BrouConception et mise en page Studio des Éditions Ouest-France

Photogravure graph&ti, Cesson-Sévigné (35) • Impression Média Graphic à Rennes (35)

© 2019, Éditions Ouest-France, Édilarge SA, Rennes • ISBN 978-2-7373-7755-6 • N° d’éditeur 8850.01.2,5.05.19 Dépôt légal : mai 2019 • Imprimé en France • www.editionsouestfrance.fr

h Abbaye de Maubuisson (Val d’Oise),la grange monastique.Dessin de Jean-Benoît Héron.

Les granges monastiques

« Nous pouvons avoir à proximité du monastère, ou au loin, des granges qui seront surveillées et administrées par les convers. » Capitula XV-2.

Chaque abbaye dispose d’une ou de plusieurs granges. Chacune d’elles est un véritable domaine rural isolé mais rattaché à l’abbaye-mère, regroupant

des bâtiments d’exploitation et des habitations pour les frères convers qui y travaillent sous l’autorité d’un frère grangier. Elles sont céréalières, viticoles, d’élevage, mais aussi industrielles ou commerciales.

La distance entre une grange et l’ab-baye dont elle dépend ne peut excé-der une journée de marche afi n que les convers puissent venir assister aux offi ces le dimanche.

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