compilation socialisme & souveraineté : chapitre vi

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1 Les analyses Libertés & éducation

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Le premier chapitre de la compilation 2009-2011 de Socialisme & Souveraineté, consacré aux libertés et à l'éducation.

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Les analyses

Libertés & éducation

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Sur ces deux thèmes, notre position est beaucoup plus « conservatrice » du point de vue gauchiste. En fait, elle est à la fois « conservatrice », « libérale », sans cesser d’être socialiste. « Conservatrice » car nous ne voyons pas en l’insécurité physique, en la délinquance, ni un « faux problème » que manierait la bourgeoisie pour terroriser le peuple, le détourner de sa tâche révolutionnaire, ni une « réponse populaire » au système bourgeois. Les premières victimes de la délinquance sont justement les classes populaires en premier lieu, les immigrés et les femmes. Et nous ne croyons pas non plus que la pauvreté absolue soit la cause première de la délinquance. Donc la réduction de la pauvreté, qui est une urgence, n’est cependant pas ce qui réduira massivement le problème. Les facteurs sociaux qui contribuent au problème se situent plus au niveau des inégalités qu’au niveau de la pauvreté absolue. Nous irons même plus loin dans le « conservatisme » en allant jusqu’à évoquer la question de la peine de mort, dont la plupart des nôtres ne sont pas partisans, en se posant la question suivante : y a-t-il un moyen de conserver des vies par la répression des criminels ? « Libérale » car nous exigeons que chacun soit mis en responsabilité face à ses actes. Nous sommes partisans des sanctions, du renforcement – tout en l’humanisant – du système pénitentiaire et du système judiciaire. Parmi nos propositions, nous appelons à ce que chaque commune ou quartier puisse même choisir une partie des forces de sécurité dont ils auront besoin. Un autre débat, celui du droit à l’autodéfense, nous a également parcouru, même s’il ne se retrouve pas dans ces pages. Mais nous n’en restons pas moins socialistes, car jamais nous ne proposons la privatisation des forces de police, ni des prisons. Au contraire, la conservation de budgets publics, même si leur utilisation était décidée par les quartiers, permettrait d’éviter que les dépenses de protection privées ne soient la seule réponse à l’insécurité.

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Journal N°2 – L’insécurité

Editorial par Julien B.

Contre les monomaniaques, combattons toutes les nuisances faites au peuple !

Dans le second numéro de son journal qui deviendra bientôt à n'en pas douter une véritable institution dans notre pays, Socialisme & Souveraineté a décidé de se pencher sur le problème de l'insécurité qui pourrit la vie de nombreux Français, au travers d'un dossier qui a pour objectif d'étudier avec toute la rigueur qu'il se doit les phénomènes de la délinquance et de la criminalité et les réponses qui y sont apportées. Mais aussi de critiquer certains aspects de la politique menée ou prônée par différents courants en matière d'insécurité (qu'ils se situent à gauche ou à droite de l'échiquier politique) tout en apportant ses propres propositions pour espérer faire reculer ce fléau.

En abordant le thème sensible de l'insécurité, Socialisme & Souveraineté prend le risque d'être accusé par certains, à "gauche", de faire le jeu de la droite. Une rhétorique habituelle employée par nombre de leaders de partis, de syndicats ou d'organisations de jeunesse de "gauche", consiste en effet à dire que le thème de l'insécurité est régulièrement mis sur le devant de la scène afin de faire oublier les "sujets sérieux", à savoir les problèmes sociaux.

Nous considérons pour notre part que l'insécurité, qui sous ses différentes formes touche des centaines de milliers de personnes chaque année dans notre pays, constitue bien un sujet sérieux. Nous considérons par ailleurs que les citoyens français sont assez intelligents pour pouvoir débattre de différents sujets, à moins d'estimer que les gens n'ont que deux neurones et ne sont capables de se focaliser que sur une seule thématique. C'est en tout cas ce que certains leaders de "gauche" semblent penser, ce qui, connaissant leur mépris naturel pour les prolétaires, n'est guère surprenant......

Socialisme & Souveraineté s'intéresse évidemment fortement aux problèmes sociaux et économiques (voir notre précédent numéro sur la dette publique), mais elle ne s'en sert pas pour éviter de se prononcer sur les autres problèmes de société… Ou pour voir dans les casseurs des manifestations contre les retraites des "flics infiltrés", à l'instar du grossier carriériste à l’égo surdimensionné et désormais complotiste Jean-Luc Mélenchon.

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N'en déplaise à certains, nous démontrerons qu'une force politique moderne et responsable doit être capable de lutter à la fois contre l'insécurité physique et l'insécurité sociale, de chercher et de trouver des remèdes à tous les maux qui frappent notre société.

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L’insécurité – les faits Ce qu’il faut savoir sur

Les chiffres de la délinquance Par Pablito Waal

Délinquance ne signifie pas insécurité

Du point de vue de la police, qu’est-ce la délinquance ? Très simple : ce sont les faits qui font l’objet d’une plainte ou d’un constat des forces de police, et qui peuvent ensuite passer dans les catégories d’infractions, délits ou crimes, alimentant une base statistique appelée « Etat 4001 », et qui pourront ensuite être soumis aux parquets. Ou alors rester dans la main courante, qui regroupe des faits qui ne pourront directement donner lieu à une plainte mais pourront servir de preuves. Pris globalement, les chiffres de « l’Etat 4001 » offrent une perspective réjouissante sur les six dernières années : de 3,8 millions en 2004, les faits de délinquance sont tombés à 3,5 millions en 2009. L’insécurité régresse ? Pas si sûr…

Les chiffres ne révèlent que l’action de la police

Un rappel sur des faits étranges : en 2002, en pleine campagne présidentielle axée sur l’insécurité, on a plus de 4 millions de faits de délinquance. Et ils auraient été bien plus nombreux, si l’on avait pris en compte les faits non déclarés. Dès que Nicolas Sarkozy entre à la place Beauvau en Mai 2002, la délinquance recule soudainement. Entre Mai et Novembre de la même année, elle aurait régressé de 7%! Ce qui pouvait surprendre à plusieurs titres : aucune nouvelle loi n’avait eu le temps d’entrer en vigueur en si peu de temps. Et on n’entendait plus parler des « zones de non-droit » qui avaient été au centre du débat, et dont la reconquête était un impératif. Si ces zones avaient été réinvesties par les forces de l’ordre, on aurait dû constater une énorme quantité de faits inconnus, et les chiffres auraient explosé… La baisse de 7% était dès lors douteuse, et les huit ans de performances et contre-performances sarkozystes sur la sécurité le sont aussi.

Les statistiques de l’Etat 4001 ne sont donc largement influencées par les décisions, au niveau du ministère de l’Intérieur comme de chaque commissariat, de relever plus de faits, ou moins, et surtout de se concentrer sur des faits plus faciles à élucider, puisque la montée du taux d’élucidation

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est un des buts majeurs de la « politique du chiffre » sarkozyste. Un des moyens de faire baisser les chiffres est de laisser en main courante un grand nombre de déclarations, ou de grouper plusieurs faits en une déclaration. Ainsi les vols, les fraudes, les infractions liées à la clandestinité (pour l’immigration ou le travail), les délits routiers, qui constituent numériquement la majorité des faits reportés, sont-ils les principales variables d’ajustement pour cacher des hausses d’agressions, de meurtres ou de viols, délits et crimes très nettement moins nombreux. Ainsi, on peut avoir une baisse de l’insécurité affichée si le nombre de vols est divisé par deux, même si les crimes de sang étaient décuplés.

Faut-il tout jeter dans les statistiques de la délinquance ?

Certains faits seront quand même reportés avec un crédit certain. Pour ce qui est des homicides par exemple, parce que la presse en parlera. Ou pour les vols d’automobiles (déclarés pour bénéficier de l’indemnisation par l’assurance). D’une manière générale, une tendance à la hausse des agressions physiques ne sera pas à négliger, car les policiers n’ont ni intérêt à les majorer (pour ne pas ternir leur bilan), ni vraiment à les minorer, car ces faits sont de toute façon bien moins nombreux que les vols ou fraudes, et qu’on ne gagne pas grand-chose à les exclure des statistiques. La hausse des agressions contre les personnes constatée au cours de la décennie est donc à prendre au sérieux, même si la déclaration de ces agressions reste très inférieure à la réalité. Mais d’autres actes seront nettement moins révélés. Et ce soit du fait de la police, soit du fait des victimes elles-mêmes.

Le point de vue des victimes (les enquêtes de victimation)

Pour sortir des failles multiples des statistiques policières, des chercheurs en sciences humaines ont importé en France le procédé répandu dans les pays anglo-saxons des enquêtes de victimation. Le principe est simple : interroger un échantillon de résidents et leur demander s’ils ont été victimes, une ou plusieurs fois, de tel ou tel type de délinquance ou criminalité, quel est leur sentiment d’insécurité selon le lieu et le moment. Nous disposons d’enquêtes au niveau régional, pour la région Ile-de-France, qui a conduit quatre fois l’enquête, en 2001, 2003, 2005 et 2007. Une autre enquête, nationale, faite par l’INSEE et l’Observatoire de la délinquance, fut délivrée en 2007. Sa première révélation est que le nombre réel de faits de

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délinquance est effectivement plus élevé que ne le laisse entendre l’Etat 4001. Selon elle, en 2006, on aurait eu 4,9 millions de vols et tentatives de vols, et au moins 1.1 millions de personnes auraient été victimes chaque année de violences physiques ou sexuelles entre 2005 et 2006. Et ce alors que l’Etat 4001 ne recense que 3,7 millions de faits, toutes catégories confondues !

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Les grands chiffres Par Pablito Waal

La violence ultime contre les personnes : homicides

En 2009, 770 personnes ont été tuées en France, dont 64 enfants de moins de 15 ans. 27 homicides ont été commis pour voler, et 137 l’ont été suite à des coups et blessures ne visant pas initialement la mort. Ce qui, sur une population française de 65 millions personnes, correspond à un taux d’homicides de 1,2 pour 100 000 habitants.

Les agressions sexuelles

Le ministère de l’Intérieur relève 10 000 viols en 2009, dont un peu plus de la moitié commis sur des mineur-e-s, et 15 000 autres atteintes sexuelles (soit 30 pour cent mille femmes, qui sont l’immense majorité des victimes). Mais ces chiffres semblent largement dépassés dans l’enquête de victimation francilienne de 2007 : 1% des francilien-nes ont signalé avoir subi une agression sexuelle de 2004 à 2006. Ce qui fait 26 000 cas par an. Pour une seule région, le total national des agressions sexuelles consigné par le ministère (25 000 cas) est déjà dépassé ! Généralement, dans les associations féministes, l’idée est qu’un viol sur dix seulement aboutira à une plainte. Nationalement, ce chiffre n’est pas impossible, même si l’enquête de victimation francilienne, en évaluant le taux de déclaration des agressions, trouve plutôt 35% de déclarations pour ce qui est des agressions sexuelles (et 20% de ces agressions donneront lieu à une plainte). Donc une agression sexuelle sur trois serait connue des forces de police et 1 sur 5 abouti à une plainte. L’enquête nationale de l’INSEE et de l’OND donne des ordres de grandeur globalement comparables: elle estime à 65 000 le nombre de personnes ayant subi un viol ou une tentative en 2005 ou 2006, six fois plus que le nombre de viols connu des forces de l’ordre pour les mêmes années.

Les agressions physiques non mortelles ou sexuelles contre les personnes

Les agressions contre les personnes sont, en 2009, selon l’Etat 4001, au nombre de 212 000, dont 193 000 coups et blessures, et 16 000 actes de violences, mauvais traitements et abandons contre des enfants. En 2004-2005-2006, ce furent chaque année 150 000 faits de violence non mortelle ni

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sexuelle qui entrèrent dans l’Etat 4001. Là encore, ce chiffre à comparer avec le nombre de franciliens qui se déclarent victimes d’agressions de 2004 à 2006 (5,5% d’entre eux, soit au moins 156 000 actes par an). 40 à 44% des agressions ont été des agressions physiques (au moins 62 000 agressions physiques par an). L’enquête par sondage a montré que la moitié des agressions sont inconnues des forces de l’ordre, et que 30% seulement donnent lieu à une plainte. De ce point de vue, il faudrait donc multiplier par trois le chiffre des agressions physiques de l’Etat 4001, qui dépasseraient alors les 600 000 cas annuels, une agression pour cent habitants de ce pays…L’enquête nationale INSEE/OND va plus loin, en estimant à 1,6 millions le nombre de victimes en 2005-2006, soit 800.000 victimes par an au moins, sans compter les personnes victimes plusieurs fois…

Les agressions contre les biens

Les vols constituent de loin le corps le plus massif de cette catégorie. Les vols à la roulotte (commis dans des véhicules, 288 000 cas en France dans l’Etat 4001 en 2009), les vols d’accessoires sur véhicules (133 000 cas), les vols d’automobile (128 000), de deux roues (79 000) ou les vols à la tire (des « pickpockets », 133 000) : ces cinq catégories représentent à elles seules le cinquième des faits de délinquance de 2009. En Ile de France, les vols de véhicules motorisés sont déclarés à la police dans 90% des cas, et donnent lieu à une plainte dans plus de trois cas sur quatre. Les cambriolages de résidences principales sont officiellement au nombre de 164 000 en France en 2009. L’enquête INSEE/OND note que 5,1% des ménages (1,3 millions) ont subi en 2006 un vol ou une tentative de vol liée à l’automobile. Mais que ce chiffre a baissé d’un point par rapport à 2005. Les vols frappant la résidence ont concerné 2,8% des ménages, des cambriolages dans un cas sur deux (soit plus de 220 000 cambriolages de résidences principales).

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L’insécurité dans les autres pays Par Pablito Waal

Puisqu’il est très difficile de mesurer les différentes formes

d’insécurité sur l’ensemble des pays du monde, dont les chiffres nous font le plus souvent défaut, on va se focaliser sur les atteintes les plus graves aux personnes (homicides, viols, agressions physiques). Une enquête mondiale sur la victimation fut publiée en 2005, portant sur 2003-2004 (International Crime Victime Survey, ICVS).

Les homicides (Sources : ICVS 2005, Nations-Unies, services

statistiques et de police nationaux)

Les pays très violents (Amérique latine, Afrique du Sud, Ex-URSS) : les plus hauts taux d’homicides se rencontrent principalement sur le continent latino-américain. Le Venezuela a totalisé en 2009 près de 16 000 homicides par an, soit près de 50 homicides pour 100 000 habitants (contre 1,2 pour 100 000 en France en 2009). D’autres pays d’Amérique centrale courent dans le peloton de tête (le Honduras a un taux d’homicides de 70 pour 100 000, le Guatemala de 50 pour 100 000 en 2009). L’Afrique du Sud est également un pays où les homicides sont fréquents, bien qu’en baisse (42 pour 100 000 habitants en 2003/2004, 34 en 2009/2010, pour 50 millions d’habitants). La Russie, pays européen le plus violent, connaît la même évolution (de 28 pour 100 000 en 2000 à 14 en 2009, soit 20 000 homicides pour l’année dernière). L’ Europe occidentale (Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Espagne…) : bien que notre continent semble être un havre de paix comparé au reste du monde, les pays de l’arc atlantique (France, Espagne, Royaume-Uni) sont relativement plus violents que ceux de l’Europe centrale ou germanique (Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Suède…) où le taux d’homicides pour 100 000 habitants est inférieur à 1, contrairement aux pays atlantiques. On est cependant encore loin du Japon, pays qui affiche un des plus faibles risques de se faire ôter la vie : 0,44 homicides pour 100 000 personnes en 2009. L’Amérique du Nord : les USA ont un taux d’homicide trois à quatre fois plus élevé que la France, aussi bien au début des années 2000 (5,5 pour 100 000 habitants en 2000, 9% de moins 9 ans après). Le Canada est beaucoup plus proche du niveau français, mais connaît une progression relative de ces crimes. Dans les deux pays, on rencontre de fortes différences entre états ou

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provinces : aux USA, le risque d’être assassiné croît nettement du Nord vers le Sud ; au Canada, ce sont au contraire dans les provinces arctiques – peu peuplées – que le risque est le plus élevé.

Les viols et les agressions physiques (Source : ICVS 2005) Alors que la proportion de personnes se plaignant d’une agression

sexuelle est de 0,3% en France sur une année, elle est de 0,8% au Japon, de 1,4% aux USA, de 0,9% au Royaume-Uni, de 1,3% en Suède… Même l’Allemagne nous devance (0,4%)…L’enquête internationale aboutit à des conclusions sur les viols qui ressemblent au cas français : dans plus de la moitié des cas, la victime et l’agresseur se connaissent, et l’agresseur est souvent seul et rarement armé.

Il est plus difficile d’obtenir des sources sur les agressions physiques dans de nombreux pays en développement. L’enquête internationale a sondé certaines villes : en 2005, 11% des habitants de Johannesburg (Afrique du Sud) ou de Lima (capitale du Pérou) ont déclaré être agressés au cours de l’année précédente. Par comparaison, le niveau français se situe à 3% (rappel : 5,5% d’agressés dans l’enquête d’Ile-de-France 2007, sur trois ans). Les îles britanniques affichent des taux plus élevés (plus de 5% d’agressés sur une seule année). Les USA sont à 4%. La Suède, la Norvège, le Canada et l’Allemagne sont au niveau français (entre 2,7% et 3,5%).

Les agressions contre les biens (Source : ICVS 2005) Pour ces faits, on trouvera des pays anglo-saxons (Royaume-Uni,

Irlande, USA, Australie, Nouvelle-Zélande, parfois le Canada) dans les dix premiers pays, avec des proportions de personnes cambriolées allant jusqu’à 4%, idem pour les vols de voitures, 6% pour les vols à la roulotte, 3% pour les vols à la tire. La France se situe à chaque fois dans les milieux de tableau, souvent avec des taux supérieurs aux pays de l’Europe centrale. D’autres pays émergent comme « contrées à risque de vols élevés » : les pays baltes (par exemple l’Estonie), d’autres pays d’Europe de l’Est comme la Bulgarie ou la Pologne, mais aussi, plus surprenant, la Suède présente un risque de vol d’automobiles assez élevé (4% des interrogés en 2003-2004) mais le risque de cambriolage y est faible.

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Conclusion Il apparaît que ce sont dans des sociétés où la distribution du revenu

est plutôt inégalitaire que le risque d’agression des personnes et des biens est le plus élevé. Ceci étant bien entendu une généralité : certains pays comme l’Australie ne sont pas plus inégalitaires que la France, mais moins sûrs. Le pays le moins inégalitaire du monde, la Suède, n’en a pas moins un taux de vols d’automobiles plus élevé que la France. Les USA, les pays d’Amérique latine, l’Afrique du Sud et la Russie illustrent en revanche tout à fait la corrélation inégalités de revenu / criminalité.

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La géographie de l’insécurité Par Pablito Waal

La géographie de l’insécurité (pour les personnes et les biens) Le logiciel Cartocrime, disponible sur cartocrime.net, est une application permettant de réaliser rapidement des cartes représentant la situation ou l’évolution de plusieurs grands types ou faits de délinquance et criminalité, sur le territoire français, en pouvant descendre à l’échelle régionale ou départementale, sur une période allant de 1996 à 2009. Ses sources sont l’Etat 4001. Les données de Cartocrime doivent donc être prises avec des pincettes : les faits répertoriés sont ceux dénoncés aux forces de l’ordre et sont affectés au département où la plainte a été déposée, et non dans le département où s’est produit le fait. Ce biais est cependant compensé partiellement par le fait qu’on ne descend pas plus bas que l’échelle du département, ce qui « rattrape » une partie des différences entre lieu du méfait et lieu de la plainte. On perd cependant la distinction zone urbaine / zone rurale, qui serait sans doute pertinente dans l’analyse de la délinquance. Cependant, ne serait-ce que pour avoir un aperçu du risque de vols, de destructions de biens et d’agressions physiques, on a utilisé Cartocrime pour mesurer les taux d’incidence de ces faits en 2009.

Les départements ont été classés selon une moyenne de leur position par rapport à la moyenne nationale pour ce qui était des taux de vols, de dégradation des biens et d’agressions physiques. Les classements sont faits d’après les chiffres ministériels repris par Cartocrime.net, donc à prendre avec nuance.

Les départements sont classés du vert clair (plus faible niveau dans les trois catégories par rapport aux moyennes nationales) au jaune (niveau moyen) jusqu’à cinq départements à haut niveau d’insécurité (en brun). D’autres classements auraient pu être faits : pour les dégradations de biens, on aurait pu mettre en tête toute l’Ile-de-France, et, pour les vols déclarés, toute la côte méditerranéenne.

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La géographie française de l’insécurité en 2009 Source : Etat 4001

Les différents niveaux d’insécurité illustrés par six exemples

(nombre de faits déclarés pour 1000 habitants en 2009) :

Bas-Rhin : 21

vols, 7

destructions,

6 agressions

Vendée :

19 vols,

4 destructions,

3 agressions

Corse du Sud : 21 vols, 7

destructions, 5 agressions

Pyrénées-Atlantiques :

22 vols, 6 destructions,

4 agressions

Val-de-

Marne :

37 vols, 10

destructions,

11 agressions

Paris : 56 vols, 9

destructions, 16

agressions

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Est-ce la pauvreté qui cause la délinquance ?

Cette carte devrait susciter une interrogation qui pousse dans peu de têtes : suivant l’idée selon laquelle « la délinquance est causée par la misère », on devrait voir que les régions les plus délinquantes seraient également celles qui ont la plus forte pauvreté, et vice-versa. Ce n’est pas le cas : contrairement aux idées reçues, ce n’est pas dans la banlieue parisienne qu’on trouve la plus profonde pauvreté monétaire, mais dans les départements ruraux du centre et sud de la France, où la délinquance est très faible. Le lien délinquance / pauvreté est donc indirect. Il ne s’agit pas de nier toute cause sociale de la délinquance, mais c’est plutôt sous l’angle de l’inégalité que l’on doit voir cette relation : les régions à plus forte délinquance sont celles où se côtoient faibles et très hauts revenus (Ile-de-France, côte méditerranéenne). Pour la gauche politique, la situation devient plus complexe : notre premier souci doit être de supprimer la pauvreté absolue. Or il apparait que les plus pauvres ne sont pas les plus délinquants. Quant aux inégalités, on ne peut promettre leur disparition. Ainsi, la gauche peut-elle vraiment fonder sa lutte contre l’insécurité sur des programmes sociaux ? Ne faut-il pas autre chose en plus ?

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De pire en pire sur tous les fronts ? Par Pablito Waal

L’enquête de victimation nationale de l’INSEE n’ayant été produite qu’une fois, en 2007, nous utiliserons l’enquête francilienne pour mesurer des évolutions dans le temps. Le champ des statistiques n’est évidemment pas le même entre l’Etat 4001 et cette enquête, mais l’enquête nous donne un aperçu plus fiable de l’évolution des faits sur la région la plus peuplée de France.

De moins en moins de meurtres En l’espace de six ans, le nombre d’homicides est passé de 1073 à 770, soit une forte baisse de 30%, concernant aussi bien les homicides à but de vol que les autres, sauf les meurtres concernant les moins de 15 ans. Les agressions sexuelles en baisse ? En apparence, elles sont en baisse dans les deux sources : dans l’état 4001, on a 10% de baisse en 6 ans (de 28 000 cas déclarés à 25 000 cas), et dans l’enquête de victimation francilienne, qui fait passer la proportion de francilien(ne)s victimes de 0,7% à 0,5% de 2001 à 2007. Mais ces chiffres ne peuvent être considérés comme significatifs, du fait de la sous-déclaration dans l’état 4001 et du trop faible écart entre les résultats de 2001 et 2007 dans l’enquête de victimation. Plus d’agressions physiques Dans l’état 4001, en cinq ans, on est passé de 152 000 actes en 2004 à 212 000 en 2009, soit une progression de 40%, bien supérieure à celle de la population française (passée de 63 à 65 millions de personnes) sur la même période. Dans l’enquête de victimation francilienne, la proportion de victimes des agressions (physiques ou verbales) est passée de 6,7% à 7,6% de 2001 à 2007. Si l’on prend en compte ceux qui sont victimes plusieurs fois, on passe à 12,2 faits pour 100 personnes en Ile-de-France en 2007 contre 10 en 2007.

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Reculs de certains vols Les vols les plus fréquents dans les statistiques ministérielles (automobile, vol à la tire, à la roulotte, cambriolage…) sont en baisse nette (de 30% pour les vols d’automobile et sur les cambriolages de résidences secondaires ; 10% sur les deux roues et les cambriolages de résidences principales) de 2004 à 2009. Ces actes sont fortement déclarés comme nous l’avons déjà vu, et leur réduction s’explique avant tout par des efforts de protection privée et non par l’action de la police.

Cependant, les vols commis sur les personnes ne sont pas en recul d’après les enquêtes de victimation : en Ile-de-France, la proportion de victimes de ces faits dans l’enquête de 2007 est de 10%, contre 8% dans l’enquête 2001. En tenant compte du nombre de faits par personne, on est en fait à 12,5 faits pour 100 franciliens, soit 3 de plus qu’en 2001. L’enquête francilienne contredit l’évolution nationale de l’état 4001 sur les cambriolages : au lieu d’une baisse globale des cambriolages de 17,5% annoncée par le ministère de 2004 à 2009, on eut, en Ile-de-France, une hausse des faits de 11,5 pour cent franciliens de 2001 à 12,5 à 2007.

Généralement, la police a constaté une baisse des vols, des destructions de biens, et une hausse des agressions. Les départements ont été classés selon leur pente (en nombre d’actes en plus ou en moins par an et pour 1000 habitants, dans les trois catégories d’actes). Sur 7 ans, la variation moyenne par département (sans tenir compte des différences de population entre départements, donc à ne pas confondre avec l’évolution nationale globale) est de - 30% pour les vols, de – 26% pour les destructions de biens, de + 22% pour les agressions aux personnes.

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La tendance de l’évolution des faits de délinquance constatés par la police entre 2002 et 2009 Source : Etat 4001 (à prendre avec recul)

Les départements en bleu sont ceux qui reflètent cette tendance, soit avec des baisses modérées en atteintes aux biens, et des hausses modérées d’agressions contre les personnes (bleu clair). Et ce jusqu’aux départements qui ont de fortes baisses des atteintes aux biens et de fortes hausses des agressions physiques (bleu foncé). Des teintes de bleu intermédiaires en intensité traduisent des situations plus mitigées. En vert figurent des départements où la fréquence des agressions physiques pour 1000 habitants n’a pas baissé, et même diminué parfois, contrairement au reste de la France. Ces résultats sont à prendre avec précaution. Dans le cas de Paris ou des Hauts-de-Seine, cela peut être dû à une délocalisation des délits et crimes vers d’autres départements de la région.

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Chez soi, dans la rue : la violence invisible Par Pablito Waal

La violence au sein du ménage C’est une violence dont on parle de plus en plus, notamment sous

l’aspect des « violences faites aux femmes » (mais les faits incluent également des hommes). On ignore souvent l’importance numérique des violences qui ont lieu dans le ménage, donc hors de portée du regard policier, ou celle qui frappent ceux qui vivent dans la rue, couverts par l’indifférence. En 2007, l’INSEE et l’Observatoire National de la Délinquance, dans leur enquête nationale de victimation, révèlent qu’en 2005-2006, près de 900 000 personnes ont été agressées à l’intérieur de leur ménage, la majorité des victimes étant des femmes (2 femmes pour un homme). Il s’agit là de la moitié des violences physiques déclarée par les sondés. On atteint des taux de 3,3% pour les femmes, et 1,6% pour les hommes. 0,7% des femmes interrogées dénoncent un viol (contre 0,2% des hommes quand même !), soit près de 280.000 femmes et 90.000 hommes. Le bilan macabre en est connu : selon une enquête nationale sur les victimes au sein du couple réalisée en 2007 par la délégation aux victimes du Ministère de l’Intérieur, 146 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon en 2007, mais ce fut le cas inverse pour 26 hommes. D’une manière générale, selon l’INSEE, les femmes déclarent trois fois plus souvent être victimes de violences physiques venant de leur conjoint(-e !) que les hommes. Au commencement de cette enchainement de violences qui aboutit au meurtre, il y a la sous-déclaration générale des faits de violence au sein du ménage, qui dans l’enquête précitée n’atteint pas les 10% de faits rapportés à la police. C’est déjà nettement moins que les violences hors ménages (déclarées à 29%) ou les vols avec violence. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’INSEE et l’OND ont rencontré parmi les victimes, femmes comprises, de violences au sein du ménage une confiance relativement élevée envers la police : près moitié des femmes battues ou violées pensent que l’action de la police dans leur quartier est efficace (mais 40% la jugent peu ou pas efficace, ce qui devrait alerter les pouvoirs publics…). Et 56% sont satisfaites de l’écoute donnée dans les cas –rares- où elles déposent plainte…Ce qu’elles ne font souvent pas par résignation, ou impression

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d’inutilité de la démarche. Le plus souvent, c’est auprès d’amis, de proches, parfois d’associations que les femmes victimes se confient. Les violences subies par les sans-abri

Environ 90 000 personnes sont sans-domicile fixe en France, dont 20% auraient moins de 25 ans. La France est un des pays d’Europe où l’on en trouve le plus, même si nous sommes largement dépassés par les USA où les homeless sont plusieurs millions. Des associations telles que Les Morts de la Rue (www.mortsdelarue.org) recensent les morts de sans-abris, aboutissant à un bilan de plus de 400 morts en 2009. On se représente souvent le cas du SDF mort de froid, en oubliant qu’ils sont aussi nombreux à périr en été, et que la mortalité due au temps est moins importante en nombre que celle due à la malnutrition, à l’absence de soins, mais aussi aux suicides et aux morts violentes.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les SDF sont pourtant parmi les premières cibles des vols, et des vols violents. Non seulement parce qu’ils sont souvent sans défense, mais aussi sans moyens de preuve, contrairement à un particulier cambriolé, et souvent sans témoins. Par exemple, lorsqu’ils recevaient jadis le RMI et aujourd’hui le RSA, et qu’ils séjournent dans les centres d’accueil (dits aussi CHAPSA, pour centre d’hébergement et d’accueil des personnes sans-abri), ces centres et leurs environs sont parfois les cibles d’expéditions de truands cherchant à dépouiller les bénéficiaires des quelques centaines d’euros qu’ils ont reçus.

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Délinquance et immigration Par Pablito Waal

Pourquoi tant de scandale ?

Autour du débat sur le lien immigration-délinquance planent les accusations de racisme et de xénophobie. Le problème est qu’on ne définit jamais ce que l’on entend par ce lien. Personne n’entend par là que tout immigré serait un délinquant. Si l’on reformule concrètement la question, on peut la poser comme : « Y a-t-il plus de délinquance lorsqu’il y a plus d’immigration ? » ou « Y a-t-il une plus forte délinquance chez les immigrés ? ». En dehors de tout a priori idéologique, il est difficile de répondre à ces questions en raison de l’absence de statistiques ethniques. Mais supposons que ces statistiques existeraient, et qu’elles montreraient clairement que les résidents issus de certaines nations étrangères auraient un taux de délinquance nettement supérieur au reste de la population, native ou descendante d’autres nationalités. Où serait le problème moral ? Cela ne signifierait en rien que le fait d’être issu d’une nation particulière augmenterait le risque de délinquance, risque qu’on pourrait expliquer par des facteurs sociaux. Mais ça ne changerait rien au constat : cela validerait l’idée selon laquelle « plus d’immigration venant de tel ou tel pays accroît le niveau de délinquance en France » sans pour autant en déduire qu’il faille interdire l’immigration.

Les étrangers et la délinquance Les étrangers ne sont qu’une partie des immigrés, ceux qui n’ont pas –encore- été naturalisés. Ils représentaient en 2005, selon l’Institut National des Etudes Démographiques, 6% de la population, soit 3,5 millions de personnes. L’implication d’étrangers parmi les auteurs de délits et crimes est souvent nettement supérieure à ce chiffre dans les statistiques du Ministère de l’Intérieur. Ainsi, dans les violences sexuelles, leur proportion atteint 30% en 2009. Dans les violences physiques non sexuelles, ils sont à 15%, et 17% parmi les auteurs d’homicides. Notons aussi que les étrangers sont aussi plus souvent victimes de la délinquance que les français, comme le note l’INSEE dans son enquête de victimation de 2007, pointant le fait que la proportion de

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femmes déclarant subir des agressions sexuelles hors du ménage au cours de l’année précédente atteignait les 8%, soit bien plus que les françaises. La surdélinquance immigrée : un mythe statistique ? Dans un article de 2003, Laurent Mucchielli, sociologue du CNRS, constate d’abord que les policiers orientent souvent leur recherche sur les suspects d’origine étrangère. Il pointe le cas des « outrages et rébellions », dans lesquels il estime que la partialité policière est plus forte. Point de vue qui est cependant mis en doute par une note de Fabien Jobard, du CNRS, qui constate en 2008 que la plus forte tendance à la condamnation d’accusés africains s’explique par la nature de l’outrage, plus violente, et par la plus forte fréquence des récidives constatées chez les africains. Mucchielli fait de la pauvreté et du chômage les véritables facteurs de la surdélinquance immigrée, qui ne serait donc qu’apparente. Il défend l’idée qu’à statut social, âge et genre égaux, les immigrés africains ne seraient pas plus délinquants que les européens. Pour appuyer son propos, il cite des études menées par un autre sociologue, Hugues Lagrange, montrant, sur une ville, que la comparaison de la délinquance chez les jeunes hommes de milieux populaires ne fait pas apparaître une plus forte délinquance immigrée par rapport aux natifs à situation équivalente. Des causes culturelles ? C’est pourtant Hugues Lagrange lui-même qui, en Septembre 2010, fait paraître le résultat de ses études dans Le déni des cultures. Lagrange a observé plusieurs facteurs de violences et autres « inconduites » : dans le cas des violences collectives (telles les émeutes de 2005), ce n’était pas tant la pauvreté et le fait d’être en Zone Urbaine Sensible qui favorisait les émeutes. La ségrégation spatiale et sociale entre ces quartiers et le reste des villes expliquait mieux ces faits. Le sociologue pointe aussi les causes familiales : les familles monoparentales ou polygames ont effectivement plus d’enfants délinquants en moyenne. Sauf dans le cas des familles issues du Sahel (Sénégal, Mali, Burkina Faso, Niger…) où la monoparentalité a peu d’effet. Mais surtout, contredisant en partie les affirmations de son collègue Mucchielli, Lagrange, se basant sur une enquête menée sur plusieurs années avec plusieurs milliers de lycéens, établit qu’à niveau social comparable, à même profession du chef de famille, on ne voit pas disparaître les écarts de délinquance entre les jeunes européens et ceux issus de l’immigration

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africaine, particulièrement ceux venus du Sahel. Lagrange identifie un lien entre la faiblesse de la réussite scolaire et le risque de délinquance. Si une minorité d’enfants de l’immigration sahélienne sont d’excellents élèves, d’autres sont mis en difficulté très tôt, et des facteurs culturels interviennent selon Lagrange : plus faible temps consacré au travail individuel, moindre importance donnée à l’abstraction, carence dans la narration… D’où une plus rapide marginalisation à l’école, et un plus fort risque de délinquance.

Au final, beaucoup d’études resteraient à faire sur ce sujet épineux. Il est sans aucun doute vrai que le niveau de revenu, de chômage, l’appartenance à une catégorie professionnelle expliquent une partie de l’apparente surdélinquance immigrée. Mais ça ne l’épuise pas entièrement. Et ce fait ne doit en rien diminuer l’importance de la lutte contre le chômage ou l’échec scolaire.

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L’insécurité – les réponses Où en est la police ?

Par Pablito Waal

Quelles sont les forces de l’ordre en France ? La police nationale employait 145 000 personnes en 2008, dont 128 000 personnels actifs (et le reste de personnels administratifs et techniques). Sans vouloir détailler tous les corps que compte la police nationale, on citera certains parmi les plus connus. D’abord la BAC, brigade anti-criminalité , créée par extension des brigades de surveillance de nuit en 1994, regroupant des policiers ayant au moins deux ans d’expérience, et opérant spécifiquement dans les zones dites « sensibles ». Regroupant 14 000 hommes, les Compagnies Républicaines de Sécurité, ou CRS, furent créées par De Gaulle en remplacement des Gardes Mobiles de Réserves, division anti-émeute de Vichy. A l’origine fortement composées de militants communistes, les CRS en furent purgés après 1947, quand, à Marseille, ils rechignèrent à réprimer des manifestations impliquant la CGT – ce qui explique une tendance nettement plus droitière dans ses rangs depuis lors. Les 16 000 policiers municipaux sont souvent vus comme une force d’appoint dans le maintien de l’ordre et la répression de la petite délinquance. Leur désarmement est souvent réclamé par la gauche et surtout l’extrême-gauche. Il comprend en effet, outre les classiques matraques –«tonfas»-, les revolvers de calibre 38 et le désormais célèbre pistolet électrique Taser. On connaît également les forces spécialisées dans la dissuasion et la filature antiterroriste (RAID), ou dans les situations de prises d’otages et de détournement d’avion (Groupe d’Intervention de la Police Nationale, ou GIPN, et son équivalent dans la gendarmerie, le GIGN ). GIPN et RAID ont été regroupés en 2009 dans les Forces d’Intervention de la Police Nationale (FIPN). Finissons ce tour par les services de renseignements, la Direction de la surveillance du Territoire (DST), chargée du renseignement antiterroriste et de l’intelligence économique, a été intégrée dans la Direction Centrale du Renseignement Intérieur, en même temps que les Renseignements Généraux, en 2008.

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Source : Ministère de l’Intérieur

Police partout ? Non, de moins en moins. Les gauchistes devraient se réjouir : s’il y a bien toujours 145 000 employés de la police nationale en France, 10 000 postes auront été supprimés entre 2004 et 2012, d’après un syndicaliste cité par le Parisien en Août dernier. Il y avait pourtant eu une progression entre 2002 et 2007, notamment au niveau des agents de base, les gardiens de la paix. Entre 2004 et 2010, toujours selon le Parisien, leur nombre passait de 100 000 à 104 000, tandis que celui des officiers passait de 14 000 à 10 000. D’après les projections budgétaires, le nombre de gardiens de la paix devrait revenir en 2012 à un niveau inférieur à celui de 2004, et le nombre d’officiers continuer sa baisse. Cette politique s’inscrit dans la diminution des dépenses publiques, connue sous le nom de RGPP (révision générale des politiques publiques).

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Que disent les lois « sécuritaires » de la dernière décennie ?

Loi dite « LOPSI » (2002), qui réorganise les forces de l’ordre, mettant la gendarmerie sous autorité du ministre de l’Intérieur, accroît le rôle du maire et des polices municipales, et crée les Groupes d’Intervention Régionaux contre l’économie parallèle. Loi dite Perben I (2002), abaisse la majorité pénale à dix ans, crée des centres éducatifs fermés et des prisons pour mineurs. Loi sur la sécurité intérieure (2003), créant les délits de mendicité agressive, de racolage actif, d’occupation illégale de locaux. Loi Perben 2 (2004) prolongeant la durée de garde à vue, instaure le « plaider-coupable » ainsi que le statut de « repenti » lorsque les aveux permettent d’arrêter des criminels et/ou de prévenir des faits, et automatise le fichage des délinquants sexuels. Loi sur la récidive (2005) augmente le nombre de délits pour lesquels on peut parler de récidives, et la période de sûreté des condamnés à perpétuité. Elle introduit aussi la surveillance par bracelet électronique. Loi de prévention de la délinquance (2007) qui renforce, en plus des lois de 2002-2003, le rôle du maire dans le dispositif local (Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance), notamment pour la gestion des mineurs délinquants. Cette loi facilite aussi le jugement des plus de 16 ans, et le placement des mineurs en milieu scolaire éloigné et en internats. Loi relative à la récidive (2007), connue principalement par l’instauration de peines en dessous desquelles les juges ne peuvent aller, dites « peines plancher » et supprime l’excuse d’être mineur pour les multirécidivistes de plus de 16 ans. Loi relative à la rétention de sûreté (2008), étend les réclusions possibles des criminels dangereux et délinquants sexuels.

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Condamnations et prisons Par Pablito Waal

En 2008, plus d’un million de condamnations ont été prononcées,

dont 0,4% pour des crimes (en moitié des viols), 92% pour des délits, et le reste d’infractions dites de 5ème classe (des excès de vitesse à 51 km/h, par exemple). Plusieurs infractions pouvant être associées à une seule sanction, le nombre de condamnations infligées fut de 637 000. En 2009, 84 000 personnes sont entrées en prison, et autant en sont sorties (la majorité des peines étant inférieures à un an).

Au 1er Octobre 2010, il y avait 60 000 personnes incarcérées en France, dont un quart (15 800) étaient des prévenus (non encore jugés) et les autres des condamnés. En Finlande, les prévenus ne sont qu’un dixième des détenus. Il y avait officiellement 56 000 places dans le « parc pénitentiaire », soit un taux d’occupation de 106%. En 2008, un record absolu à 125% (64 000 incarcérés pour 51 000 places) avait été atteint.

Il est assez difficile de connaître la répartition de la population carcérale en fonction du motif le plus lourd reproché à chaque personne. Le site prisons.free.fr publie des statistiques de 2005 (qui ne peuvent donc donner qu’un ordre de grandeur de la répartition cinq ans plus tard). Environ 14% des incarcérés l’étaient pour homicide (dont 9% pour homicide volontaire), 21% pour agression(s) sexuelle(s), 17% pour coups et violences volontaires, 15% étaient en prison en vertu des lois relatives aux stupéfiants. 16% y étaient pour vols, 7% pour escroquerie ou recels, 2% en tant qu’immigrés clandestins.

Les peines des détenus, en 2006, étaient généralement inférieures à 3 ans pour 53% d’entre eux (32% de moins d’un an), et de plus de 5 ans pour 32% d’entre eux. Un peu plus de 500 personnes étaient en réclusion criminelle à perpétuité. Notons qu’en France, à part une peine de « perpétuité réelle » instaurée par Balladur en 1994 et dont les applications se comptent sur les doigts des mains (incluant le tueur en série Michel Fourniret), il existe toujours des possibilités de libération après 18, 22 ou 30 ans de réclusion selon les cas. La prison, laboratoire du non-droit ?

Le phénomène qui marque le plus est la mort en prison, et notamment le suicide. Avec un taux très supérieur à celui de la population totale (environ 2 pour 10 000 habitants en France, mais 20 en prison, et 26 au

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milieu des années 90, selon un article de Décembre 2009 dans la revue « Population & Sociétés » de l’INED), il ne s’explique pas aussi simplement qu’on voudrait le croire. Ainsi, alors que l’on pense souvent que c’est l’entassement des détenus qui cause le suicide, la moitié des suicides interviennent chez des détenus qui étaient seuls en cellule. La moitié des suicides ont lieu dans les six premiers mois suivant l’incarcération, et un quart dans les deux premiers mois (l’explication par la lassitude vis-à-vis de condition inhumaines est donc à relativiser, c’est plutôt la peur d’une détention insupportable qui prime). De façon surprenante, les prévenus se suicident plus que les condamnés !

La question de la récidive Plusieurs auteurs et professionnels du milieu carcéral considèrent que la prison est une machine à récidive. Selon Patrick Marest, de l’Observatoire International des Prisons (OIP), l’enfermement des mineurs est suivi d’une récidive dans 85% des cas en France. Et encore, n’oublions pas que beaucoup d’actes délinquants ou criminels ne seront pas connus de la justice. Pensons par exemple aux viols, dont une minorité est déclarée. Ainsi, une association, le Centre d’Analyses et de Publications sur la Justice considère que la récidive des délinquants sexuels n’est pas de 1,6% comme le prétend le ministère, mais de 24% (1)... Actuellement, le gouvernement inclut, dans sa programmation de construction de prisons, des établissements « modernes » avec suivi personnalisé psychosocial. Souvent, l’un des moyens de limiter la récidive est la libération conditionnelle des détenus sous bonne conduite, qui ont un taux de récidive plus bas que les détenus purgeant toute leur peine. Mais, hypothèse : cette différence de risque de récidive ne vient-t-elle pas du fait qu’on aurait accordé la libération conditionnelle aux détenus les moins dangereux ? Condamne-t-on trop ou pas assez ?

Le Figaro, dans un article de Juillet 2009, dénonçait 82 000 condamnations sans suite, soit 20% des condamnations à la prison ferme qui resteraient « en attente d’exécution ». Joël Vaillant, colonel de gendarmerie, parle de 32% de peines non exécutées. Faut-il s’en plaindre ? Etant donné les mauvais résultats de la prison en termes de récidive, et que s’y côtoient des gens dont les actes sont incomparables (du vol ou de la consommation de

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stupéfiants jusqu’à l’assassin), ne faudrait-il pas, par des peines alternatives, éviter le recours à l’emprisonnement dans nombre de cas ? (1) http://www.publications-justice.fr/accueil/les-veritables-chiffres-de-la-recidive-sexuelle

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L’insécurité – les idées Les délires de « gauche »

Par Aequitas

« Police Partout, Justice Nulle part », voici le slogan qui fait fureur à l’extrême gauche. A travers cette phrase les militants d’extrême-gauche contestent un état jugé policier voire fasciste et qui ne se préoccuperait pas de l’insécurité sociale, seul facteur selon eux de l’Insécurité physique. Seulement, comme nous l’avons souligné précédemment, l’insécurité sociale ne suffit pas à expliquer le problème de la sécurité des personnes.

Ces militants d’extrême gauche se trompent donc dans l’identification du problème mais leurs erreurs se transforment vite en paradoxes. Ils se réclament représentants des couches populaires, celles-là mêmes qui sont les plus exposées à cette insécurité. Enfin leurs méthodes d’actions se résument à de nombreuses manifestations anti-flic pour exiger des moratoires ou des lois réglementant certaines pratiques policières. Ce qui montre leur immaturité et leur impuissance face à un problème qu’ils ne comprennent pas et qu’ils n’ont pas le courage de résoudre. Contrairement à eux, nous pensons que le problème de l’insécurité est important et doit être traité à la racine plutôt que de se résumer à des manifestations qui ne riment à rien.

D’ailleurs leur programme ne fait que témoigner de leur ineptie et de leur irresponsabilité. Passons sur l’axiome de base : la délinquance est due à la pauvreté. Nous avons vu dans nos cartes et dans le lien immigration – délinquance que l’insécurité correspond moins aux situations de pauvreté que d’inégalité. Etudions les mesures voulues par le NPA en matière de sécurité, qu’il considère comme des « urgences démocratiques » et que vous pouvez retrouver dans leurs principes fondateurs.

- La suppression des « fichiers STIC (service de traitement des infractions constatées), qui permet un fichage de masse, et EDVIGE (exploitation documentaire et valorisation de l’information générale), fichier liberticide qui aggrave considérablement l’atteinte aux libertés, et du fichage ADN… Démantèlement de tous les systèmes de surveillance vidéos existants …» : Le mythe de 1984 et du Big Brother n’est jamais très loin pour essayer de décrédibiliser les avancées technologiques et appuyer des analyses stériles relevant du fantasme. Les fichiers STIC sont en fait des grosses bases de données qui permettent juste de regrouper plus

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facilement les personnes ayant commis un délit et d’améliorer la rapidité de la recherche. Ensuite le seul risque rationnel d’atteinte à la liberté de la vidéo-surveillance serait qu’elle tombe aux mains d’agences privées, ce qui n’est pas le cas et n’est pas amené à l’être. Il est vrai que l’installation de vidéosurveillance coûte cher. Mais elle permet d’identifier des coupables d’agressions grâce aux images (l’OND note plusieurs exemples dans son bulletin annuel). D’ailleurs de nombreux bilans dressés par les communes sont assez satisfaisants (Lyon, Villeneuve par exemple) et la plupart des habitants ne se plaignent pas d’une quelconque atteinte aux libertés, y compris parmi les électeurs de gauche ;

- « La suppression des BAC (Brigades anti-criminalité) et des forces de répression (CRS, gendarmes mobiles) ». Les policiers de la BAC sont spécialisés dans les interventions en milieux sensibles, notamment dans les quartiers HLM et populaires. Qui défendra la population pauvre prise en otage par des racailles ? A noter que ces effectifs sont en nette diminution depuis l’élection de Sarkozy, ce qui donne la vraie mesure de ses « tournures fascisantes » ;

- « L’interdiction du Taser, désarmement des policiers en contact avec la population » : Les policiers ne seront donc toujours vus par l’ex-LCR que comme racistes et fascisants. Le seul mérite de cette mesure est de pointer du doigt un problème important en France: le malaise dans les relations citoyens / policiers. Ce qui se traduit au sein de la police par des vagues de suicides (de 38 à 55 par an de 1999 à 2008, selon F. Péchenard, Directeur Général de la Police Nationale). Oui, l’image du policier doit être revalorisée, mais cela ne passera certainement pas par un désarmement massif qui empêche le policier de faire son devoir. Ensuite, n’oublions pas que certaines bavures commis par des policiers en exercice n’ont pas eu besoin d’armes : des prévenus sont morts de compressions thoraciques, des conducteurs de scooter ont péri dans des courses-poursuites…

- « Exiger des moyens efficaces de contrôle de la police par la population et des sanctions contre les atteintes à la dignité des personnes perpétrées par les forces de l’ordre » : Qu’on exige davantage de communication et de responsabilité entre policiers et administrés est une bonne chose. Mais chez le NPA, ce dialogue se réduit à «punir la bavure ». La confiance règne. Suite au décorticage de ce programme, on se demanderait presque si le

NPA vit sur la même planète que nous. En tout cas ce qui est sûr, c’est qu’ils

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ne se mettent pas du côté des couches populaires et que leurs différentes mesures n’apporteraient que le chaos en France. Nous n’acceptons pas non plus qu’un parti politique (se réclamant humaniste qui plus est) s’acharne systématiquement sur les policiers. Tout ce que nous pouvons espérer c’est donc que ces gauchistes aient un jour une prise de conscience et qu’ils revoient leurs programmes sérieusement s’ils veulent gagner en crédibilité.

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Les délires sécuritaires Par Julien B.

S'il est légitime de critiquer les thèses laxistes qui cherchent systématiquement des excuses aux délinquants, s'il est naturel d'être révolté quand nous entendons qu'un meurtre a été commis par un multirécidiviste dangereux mis en liberté par la justice, si on peut penser que les peines prononcées à l'encontre de ceux qui commettent des violences aux personnes sont trop faibles, il n'en demeure pas moins que les discours sécuritaires comportent un certain nombre de limites et ne peuvent à eux seuls permettre de résoudre le problème de l'insécurité. Tolérance zéro : le faux exemple new-yorkais

Il est courant d'entendre les défenseurs des thèses sécuritaires exiger la "tolérance zéro", en référence à la politique "miracle" qui a été menée dans la ville de New-York au cours des années 80 et qui s'est concrétisée par une forte baisse de la criminalité.

Cet exemple new-yorkais permet souvent de conclure un peu vite sur l'efficacité indéniable des mesures sécuritaires. Un bémol s'impose pourtant : la ville de New-York n'a pas été la seule à connaitre une forte baisse de la criminalité à cette époque. D'autres villes américaines, qui ont mené une politique bien plus "coulante", ont obtenu des résultats tout aussi remarquables. La baisse de la criminalité fut ainsi, bien qu’inégalement selon les états, générale aux USA depuis les années 1990, notamment sur les homicides, où l’on passa de près de 20 000 homicides au début de la dernière décennie du siècle à 13 000 aujourd’hui. La question des effectifs policiers

Les discours sécuritaires demandent généralement l'augmentation drastique des effectifs policiers. Outre le coût de cette mesure, on peut douter de son efficacité quand on constate que la France, malgré une légère baisse du nombre des policiers au cours des dernières années, est un des pays d'Europe occidentale qui cumule le plus grand nombre de policiers par habitant et la plus forte insécurité. Il y en avait en effet, selon l’Audit de la France du journal Les Echos, 393 pour 100 000 habitants en France en 2002 (le chiffre augmenta jusqu’à 2007, puis revint au niveau de 2002 comme on l’a vu plus haut) contre 314 dans le reste de l’Europe de l’Ouest. L'absence de la dimension sociale

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S'il faut une application plus sévère et plus stricte des peines envers les délinquants qui se rendent notamment coupables de violences aux personnes, il faut aussi prendre en compte la dimension sociale du problème de l'insécurité, ce que font rarement les sécuritaires. Il ne s’agit pas de ramener entièrement la délinquance à la pauvreté comme le font les gauchistes. Mais nous avons vu plus haut une certaine corrélation géographique, internationale et interne à la France, entre le fort niveau d’inégalités sociales (au sein d’un pays, ou d’un département) et le niveau de violence contre les personnes et les biens. Nous pensons qu'un système économique plus juste, moins inégalitaire, certes ne règlerait pas tous les problèmes mais serait susceptible d'éviter un trop grand fractionnement de la société française et ainsi pourrait conduire mécaniquement à une baisse des actes de délinquance. Du reste, il y a un précédent qui semble démontrer l'importance de la question sociale : le Front Populaire, en améliorant les conditions matérielles d'existence des couches populaires, avait permis de faire baisser de manière très sensible la délinquance.

Comment ne pas penser qu'une société qui nous explique de manière plus ou moins implicite que la valeur d'une personne est déterminée par la taille de son portefeuille favorise l’apparition de trafiquants de drogue à la quête d'argent facile plutôt que d'un travail harassant, mal considéré, mal payé ?

De même, si l’extrême-droite entretient depuis longtemps le débat sur le lien immigration-délinquance, qui n’est pas totalement dénué de fondement, c’est en oubliant ou niant la réalité des discriminations et des vexations policières subies par les immigrés. Un seuil d'insécurité incompressible

Il sera toujours impossible de réduire l'insécurité à néant dans le cadre d'un régime démocratique. A moins d'être idéaliste, on ne peut que savoir que les faits divers tragiques existeront toujours, et que la seule chose qu'on puisse faire (ce qui est déjà beaucoup) est de réduire leur nombre au minimum. Ceux qui veulent une insécurité zéro peuvent toujours prendre leur baluchon et aller vivre en Corée du Nord. Quant à ceux qui veulent lutter efficacement contre la délinquance dans un cadre démocratique, ils doivent faire appliquer des peines de manière effective ou renforcer leur sévérité dans le cas de violences aux personnes. Mais ces mesures ne sont pas suffisantes si elles ne s'accompagnent pas d'un nouveau modèle de société.

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Nos propositions Collectif

Positions collectives : Propositions pour agir en amont, sur le long-terme

Des variables qui se situent en amont des passages à l'acte. Nous pensons là à tout ce qui a conduit les auteurs des actes en question à agir comme tels et donc, a fortiori, aux milieux scolaires, culturels, familiaux dans lesquels ils ont grandi. On a évoqué la question des inégalités, cruciale, mais dont la résolution demanderait un autre dossier complet de Socialisme & Souveraineté. Nous parlerons ici davantage des causes culturelles et sociétales. Comment ne pas parler du dramatique abandon, à partir des années 80, de la traditionnelle assimilation républicaine par une gauche libérale inconsciente en mal de projet ? Cet abandon fut couplé à une politique d'immigration extra-européenne, mise en place, elle, dans les années 70, par une droite aux ordres du grand patronat avec pour objectif de bloquer les salaires des travailleurs français. Politique accélérée par les mesures de regroupement familial prises sous Giscard d’Estaing. La gauche mitterrandiste a troqué le système républicain assimilationniste pour un communautarisme anglo-saxon, au nom du droit de à la différence, du multiculturalisme, de la diversité. Idéologie qui ne peut aboutir au final qu'à la destruction des différences et de la diversité car il n'est de diversité que dans la diversité de l'humanité et non dans chaque nation. Sinon, on aboutit inéluctablement à la fin des différences entre pays et à l’uniformisation généralisée.

Agir sur ces phénomènes prendra du temps, et demandera un investissement social de longue haleine. Sur le court terme les solutions consisteraient tout bonnement à renforcer les moyens des pouvoirs publics et cela sur plusieurs niveaux : policier, judiciaire et pénitentiaire. Mais ce renforcement des moyens ne sera efficace qu’avec l’instauration d’un nouveau dialogue entre population et police.

Démantèlement des quartiers –ghettos : Plutôt que de vouloir « donner plus de moyens aux banlieues » (sous-entendu : banlieues pauvres et à forte population immigrée) comme le répètent le PS ou le PCF, nous proposons de détruire purement et simplement ces quartiers. Il faudra pour

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cela de vastes opérations de renouvellement urbain, un développement de l’emploi en province pour proposer une délocalisation des habitants de ces quartiers, d’origine immigrée ou pas, vers différentes régions. Régulièrement, l’Etat devra opérer un nouveau brassage des populations. Construire des résidences en province, les échanger contre des résidences dans les grandes agglomérations et revendre ensuite les murs et terrains aura sans doute un coût net élevé. Mais moindre que le coût économique (assistanat pour des populations discriminées à l’emploi en raison de leur lieu de résidence), social (dépenses de sécurité, dégradations de biens publics) et politique (montée du clientélisme ethnique dans des quartiers à forte population immigrée) du maintien de quartiers-ghettos. Pour réduire en amont ce coût, il importe de mettre au point une politique d’immigration qui incite les immigrés à se disperser directement en province.

Mettre en place des corps de police «nomades » : Les comités de quartiers, qui doivent être reconnus comme personnes morales, pourraient disposer d’une partie du budget du ministère de l’Intérieur. Et s’en servir pour acheter les services de corps spéciaux (« nomades ») à développer au sein de la police nationale. Ces corps pourraient se spécialiser dans la prévention de la délinquance, ou dans la lutte contre l’économie parallèle, ou dans l’action de choc sur le mode BAC. Les quartiers choisiraient ces corps en fonction des besoins exprimés par les résidents. Et signeraient avec eux des contrats leur imputant une rémunération non basée sur les chiffres de la délinquance, mais liée à la satisfaction des résidents. Ces contrats initieraient un véritable dialogue entre quartiers et policiers, non centré uniquement sur la peur de la bavure à la manière du programme du NPA.

Propositions à effet immédiat En matière judiciaire :

État des lieux : il y a aujourd'hui 8 000 juges en France, tandis qu'en Allemagne le nombre de magistrats est de 30 000 approximativement! L'état des juridictions, dans la plupart des petites et moyennes villes, laisse à désirer. De plus, à l'instar de la police et la gendarmerie, depuis la mise en place de la RGPP, des Tribunaux d'Instance (150 TI ont été fermés au 31 décembre 2009), voire de Grande instance (TGI) sont fermés en campagne et les petites villes, entrainant un engorgement des tribunaux des plus grandes villes dont la vitesse de traitement des affaires est déjà trop longue. Découle de ce constat une justice française lente et incompétente.

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Mesures : - pour une justice plus efficace et rapide, augmentation du nombre de

magistrats et amélioration de leurs conditions de travail. - mettre fin à la réduction systématique des peines pour les crimes de sang

et sexuels, dont la récidive est probablement sous-estimée. Multiplier les travaux d'intérêt général.

- mise en place d’une politique plus sévère envers les mineurs délinquants et les récidivistes.

- tolérance zéro contre les trafics d'armes, de drogue, d'objets volés, le grand banditisme et les guet-apens visant les forces de l’ordre ou les pompiers. En matière carcérale :

Nous proposons la mise en chantier immédiate de nouveaux établissements pénitentiaires, la réhabilitation des prisons déjà sur pied, la séparation des différents types de condamnés, la lutte contre les trafics, des aides à la réintégration une fois la peine effectuée. Du reste, ré-humanisation, confidentialité, recherche active des besoins de soins psychologiques, rencontres régulières entre détenus et personnels pénitentiaires doivent devenir les maîtres mots de la nouvelle politique carcérale française.

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Articles Mercredi 28 avril 2010 Etats généraux de la sécurité à l'école : on prend les mêmes et on recommence ! (Mercredi 28 avril 2010)

Sur fond d'insécurité croissante dans les banlieues françaises et de

pansements électoralistes du Président de la République, se sont déroulés il y a quelques jours les états généraux de la sécurité à l'école. Une fois n'est pas coutume, face au traditionnel laxisme d'un gouvernement très à la pointe dans la casse des acquis sociaux du peuple mais incapable d'assurer sa sécurité face aux néo fascistes américanisés, ce sont les pédago-démagogistes des syndicats de l'Education nationale qui ont dicté leur loi. Outre les insignifiantes mesurettes du ministre de l'Education nationale (renforcement des équipes mobiles, création d'un "cadre de vie") les idées fortes proposées pour enrayer la violence scolaire ont été les éternels ramassis inefficaces répétés sans cesse depuis 40 ans par nos pseudo-spécialistes : "privilégier l'humain, l'équipe, la complémentarité", "l'autorité et le respect des hiérarchies c'est fasciste".

Du reste les professeurs seront désormais sommés de suivre lors de leur année de stage une formation spécifique sur "la tenue de la classe, la gestion des conflits et la prévention des violences", ainsi les établissements les plus exposés à la violence se verront proposer des "formations sur site destinées à l'ensemble du personnel". On souhaite donc ici faire du métier d'enseignant un métier de vigils, parallèlement aux milliers de suppressions annuelles de postes de policiers et de gendarmes! Des vigils toutefois à qui on aurait préalablement interdit de manifester tout signe d'autorité, en lieu et place de dialogue, de respect, de compréhension, d'ouverture avec l'élève violent. C'est un peu comme envoyer un soldat menotté au combat...

Au-delà de ces agitations stériles, il ne fallait pas s'attendre à ce que ce "colloque de bourreaux des cœurs" débouche sur une réelle remise en cause des sources de la violence à l'école et plus généralement de l'insécurité et du racisme anti France instaurés dans les banlieues par une minorité d'idiots utiles intouchables (sans ignorer bien sûr le défaut d'incivisme

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flagrant de beaucoup de français de souche sur tout le territoire national). Sources que l'on pourrait réduire à l'idéologie libérale libertaire des pseudo élites bourgeoises soixante-huitardes, qui, non contentes d'avoir refusé d'assimiler l'arrivée importante d'immigrés dans une France qu'ils vomissent, ont exalté, au détriment de l'unité nationale, le droit à la différence, l'exemple anglo-saxon, source de division et à fortiori de racisme (à l'instar d'une Valérie Fourneyron se réjouissant du changement du nom de l'école de commerce de Rouen en "Rouen Business School", rien à voir ici mais révélateur de la soumission totale des responsables politiques, de gauche qui plus est) et le pédagogisme anti-autoritariste selon lequel c'est non plus à l'élève de s'élever au professeur mais à ce dernier de se rabaisser à son élève. En ouverture de ces états généraux, Eric Debarbieux, le président du conseil scientifique des états généraux, a déclaré : "La prévention des accidents graves ne peut être uniquement technique" expliquant que ces solutions pouvaient être contre-productives, car perçues comme vexatoires. Et de rajouter : "Les détecteurs de métaux, fouilles de cartables, vidéosurveillances, augmentent la violence en augmentant la stigmatisation. La complémentarité, voilà ce que je préconise. On ne peut pas attendre des solutions techniques pour régler tous les problèmes de violences à l'école. C'est d'abord l'humain, c'est d'abord l'équipe qui compte." En gros selon ce monsieur il vaudrait mieux laisser les voyous agir à leur guise au risque de les vexer. Sauf que ce monsieur ne doit pas vivre dans le même siècle que nous ou bien il ne doit jamais sortir de sa résidence, ultra sécurisée bien sûr. A la vérité il ne s'agit plus de gentils garnements qui s'amusent à mettre de la colle sur la chaise du professeur mais de hordes armées, parfois étrangères aux établissements, qui n'hésitent plus à insulter et poignarder les profs dans ou hors l'enceinte scolaire. Dans le même temps, Marie-Danièle Campion, rectrice de l'académie de Rouen qui a participé aux états généraux à Paris, se réjouissait de la baisse de la violence dans l'académie (855 faits de violences en 2007-2008, 100 de moins en 2008-2009...) tout en s'émouvant du coup de couteau donné par un élève à un autre en septembre dernier. Tout va pour le mieux mesdames les marquises ! Socialisme et Souveraineté ne peut qu'être attristé et scandalisé par le résultat de ces états généraux et demande solennellement au gouvernement français de prendre dans l'immédiat les mesures inverses à ce fouillis de semblant d'autorité et d'auto-satisfaction. Jimmy

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Vendredi 5 novembre 2010 Ne jamais dire : "Fontaine, je ne boirai pas de ton eau"... (Vendredi 5 novembre 2010)

Tribune libre de Pablito Waal :

Cette photo illustre un article du Parisien qui a dû amuser quelques lecteurs ces derniers jours: l'individu qui avait volé le portable d'Olivier Besancenot a finalement été arrêté (après avoir revendu le portable) ... grâce à la vidéosurveillance, que le NPA et son porte-parole le plus connu condamnent fermement.

Le Parisien se demande si le facteur de Neuilly va revoir son jugement sur la vidéosurveillance. Il ne le fera pas, et, même si l'on peut se permettre quelques sourires en coin sur cette affaire, il a sans doute raison. Non pas d'avoir cette position sur la vidéosurveillance, mais de ne pas en changer suite à un cas personnel.

Le débat sur la vidéosurveillance repose largement sur la question du coût des dispositifs rapporté à leur efficacité à faire baisser la délinquance, qui est très discutée. Si la vidéosurveillance permet d'arrêter des auteurs de coups, de vols répétés, d'enlèvements (comme le relève pour plusieurs cas l'Observatoire National de la Délinquance dans ses bulletins mensuels, en huitième page de chaque bulletin), elle peut aussi permettre l'arrestation de violeurs, voire d'assassins.

Après, il est évident que la vidéosurveillance n'est qu'un élément du système dissuasif, en soi seul incapable de faire baisser la délinquance: des caméras ne servent pas à grand-chose s'il y a trop peu de policiers dans le secteur pour procéder aux arrestations. Et de toute façon nombre de délinquants et criminels se préoccupent peu de savoir s'ils seront arrêtés (s'il avait pensé à ce qui allait lui arriver par la suite, Thierry Dève-Oglou n'aurait sans doute pas tué Anne-Lorraine Schmitt). Alors, caméras ou pas, ils agiront.

Ceci dit, ce n'est pas nécessairement l'intérêt de la vidéosurveillance que de faire baisser le nombre de délits et de crimes. Cela peut paraître surprenant à dire: pourquoi dépenser autant d'argent si ce n'est pour faire baisser l'insécurité? Et bien c'est simple: pour appliquer un principe moral, qui est que le fauteur d'un méfait grave doit être puni. Et le principe de la

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sanction est en soi indépendant du fait de savoir si la sanction est dissuasive ou pas. En effet, si l'on n'appliquait de sanctions que lorsqu'elles sont dissuasives, on ne devrait plus condamner les multirécidivistes, puisque pour ces individus, la ou les premières sanctions n'ont pas été dissuasives ! Ce qui serait bien évidemment absurde. Sanction et dissuasion sont donc deux principes indépendants l'un de l'autre, même s'il est bien sûr préférable que la sanction soit dissuasive.

La vidéosurveillance a un coût, il est élevé, mais à défaut de faire reculer le crime, elle a le mérite de lutter contre l'impunité. Le vrai débat concernant les caméras de surveillance tourne plutôt autour du prix que nous sommes prêts à payer contre cette impunité. Libertaire ou libère-tueurs ? (Samedi 6 novembre 2010)

Tribune libre de Pablito Waal : Luc Le Vaillant est journaliste à Libération, et a exposé dans cet

article une série de propositions "libertaires" (http://www.liberation.fr/societe/01012300227-eloge-du-laxisme) qui selon lui, permettraient de réduire l’insécurité par des moyens strictement opposés aux politiques « sécuritaires ». On pourrait penser que les idées de Mr. Le Vaillant ne sont que « philosophiques », qu’il ne faut pas les prendre au premier degré… On aimerait, mais rien n’indique un quelconque « second degré » dans les cinq « pistes » que l’auteur propose, en tant que sujets de « réflexion ». Donc pas un programme abouti, certes. Mais qui rejoint une partie des propos que la gauche « libertaire » reprend régulièrement lorsqu’il est question de sécurité. Sur ce, il est important de critiquer ces « réflexions », pour la plupart inconséquentes. Et surtout de rappeler que Socialisme & Souveraineté a publié un numéro spécial sur l’insécurité en Octobre.

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Commentons les idées de Le Vaillant : « 1. Fermer les prisons. Répétons que la prison est l’école du crime. Et que l’instauration d’établissements fermés pour jeunes délinquants revient à ouvrir des centres d’apprentissage en grande truanderie. Le port des bracelets doit être généralisé et les courtes peines bénéficier systématiquement de procédures de substitution. C’est la promiscuité inhérente aux établissements pénitentiaires qui fait office de bouillon de culture. Individualiser la sanction et consigner à domicile permettraient d’éviter la transmission des savoirs délinquants. »

La réflexion s’ouvre sur un sophisme : la prison, telle qu’elle est aujourd’hui en France, (nuance oubliée par l’auteur), est une école du crime. Mais nullement la seule. Donc, quand bien même la prison n’existerait pas, l’insécurité existerait quand même. Et sans doute davantage. Car ce n’est pas parce qu’il existe un effet amplificateur du crime en prison (« école du crime ») qu’il n’y a pas également un effet anti-crime (la peur de la prison pour les délinquants potentiels, que Mr. Le Vaillant semble oublier, et sans laquelle le niveau de délinquance serait sans doute beaucoup plus élevé). Qu’on fasse sortir de prison un nombre conséquent de gens que l’on peut traiter par des travaux d’intérêts général et des bracelets électroniques, c’est une chose. Mais en revanche, Le Vaillant oublie que des milliers de condamnations carcérales ne sont pas effectuées (voir le N°2 de Socialisme & Souveraineté). « 2. Ouvrir des hôpitaux psychiatriques. Il y aurait les brigands et les fous, les canailles et les dingues. Le distinguo n’est pas toujours criant mais la part des choses peut être faite. Une bonne partie de la population pénitentiaire relève de la psychiatrie. Détruisons les centres de détention, ouvrons des unités de soins. Qui, souvent, sont des lieux fermés. Devant les drames que peuvent créer les récidives pulsionnelles, il faut rappeler deux choses difficiles à entendre par les victimes et leurs familles. Une fois sa peine effectuée, le condamné a payé sa dette et ne peut être chimiquement dégradé contre son gré. Imposer des camisoles éternelles disqualifie toute la philosophie sanction-réparation-réinsertion à l’œuvre depuis 1945. Autre chose plus fondamentale et encore moins audible : vivre suppose une part de risque infragmentable, que Big Brother jamais n’éradiquera. »

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Le Vaillant joue totalement sur les mots : il parle d’hôpitaux psychiatriques, avant de préciser qu’ils sont fermés ensuite. Avec soins psychiatriques ou pas, cela s’appelle quand même une prison. La nécessité de prise en charge psychologique dans beaucoup de cas est évidente, en oubliant le risque d’une sur-psychiatrisation : Luc Le Vaillant sait-il que des gens ont pu être détruits d’avoir été considérés comme des « cas psychiatriques » et traités à coup de médicaments, alors qu’ils étaient sains ? « 3. Nationaliser la distribution des drogues, étatiser la prostitution. Comme la prison, la prohibition déclenche des délits. Créer une régie des drogues comme il existe une régie des tabacs aurait bien des avantages. Garantie de la qualité des produits, perception de taxes, blanchiment d’une économie noire dans les quartiers, évolution des relations géopolitiques avec les pays producteurs (lire Libération du 16 décembre 2009). Idem pour la prostitution. Seul l’Etat est capable de garantir le volontariat des travailleurs du sexe, de couper l’herbe sous le pied des trafiquants d’êtres humains et de pourvoir aux besoins sexuels des hommes et des femmes afin de limiter les frustrations pathogènes. »

Il n’y a pas de position arrêtée sur la légalisation des drogues dans Socialisme & Souveraineté. La nationalisation de la production et du commerce des drogues aurait sans doute un attrait, mais aurait un coût net important. En effet, pour que les fournisseurs de drogues cessent d’alimenter des dealers, il faudrait que l’Etat leur propose un prix supérieur aux autres distributeurs. Et pour que les consommateurs se fournissent auprès de l’Etat (ce qui permettrait de les suivre médicalement), il faudrait que l’Etat vende au prix les plus bas du marché. Donc l’Etat perdra de l’argent dans ce commerce. Ceci dit, vu le coût humain de la drogue, cette politique peut être envisagée. Mais pour la prostitution, les idées de Le Vaillant sont peu crédibles. Pour étatiser la prostitution, il faudrait que l’Etat demande aux maquereaux de bien vouloir cesser gentiment leur commerce et de déclarer leurs travailleuses comme fonctionnaires. Les maquereaux refuseront, et les travailleuses, si on arrivait à les libérer des réseaux, choisiraient certainement de ne plus exercer dans la majorité des cas (il existe bien une minorité de prostituées « volontaires », mais ce n’est pas le cas des esclaves des réseaux). Il faudra donc pourchasser les proxénètes, et on retombera dans les travers habituels de la répression de la prostitution : la prostitution existera toujours,

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mais toujours plus dans l’ombre, hors de portée de toute surveillance sociale et associative. « 4. Disséminer l’habitat social. Il s’agit d’en passer par un volontarisme immobilier et de proposer des logements à prix cassé aux résidents des quartiers afin de vider ces poches de pauvreté. Au-delà de l’excellente loi SRU, il revient à l’Etat de disséminer des habitats sociaux adéquats sur le territoire pour en finir avec le communautarisme de relégation. Les promoteurs seront tenus de mettre à disposition du logement social un faible pourcentage de leurs mètres carrés nouvellement construits. Pour l’ancien, la réquisition pourra s’exercer dans la même proportion. Cette politique a un coût certain et demande du temps. Mais elle peut aussi s’imposer en relais de croissance pour les entreprises du BTP (bâtiment et travaux publics). »

Défaire les quartiers-ghettos et disperser de leurs habitants sur le territoire étant une des propositions de Socialisme & Souveraineté dans son dernier numéro, nous sommes sur ce point globalement en accord avec Le Vaillant. « 5. Repenser le monde de l’après-travail. Il n’est pas avéré que l’oisiveté est la mère de tous les vices. Et je plaiderai volontiers pour le droit à la paresse. Mais dans notre société, l’activité reste un mode d’insertion majeur. Ennui, l’Occident repu, qui continue à faire flamber son PNB malgré les crises, est entré dans le monde de l’après-travail. Délocalisations, robotisations, etc. Si l’on veut éviter que prolifèrent frustrations, transgressions et appropriations interdites, il faut accélérer le partage du travail initié par les 35 heures et garantir des revenus d’existence à chacun. Sans cela, la machine infernale s’emballera. Déclassements, délits, répressions s’enchaîneront mécaniquement et feront monter les peurs, les angoisses et l’assujettissement à la logique policière. D’où l’intérêt de revendiquer un laxisme ailé. »

On ne peut créer davantage d’activité, il faut donc la partager, puisque de toute façon les robots et les chinois travailleront bientôt à notre place, etc… L’économisme du gauchiste analphabète de base. On a bien du mal à expliquer alors que des pays aient un taux d’emploi plus élevé que le nôtre avec un temps de travail individuel supérieur à ce qu’il est en France et une productivité horaire comparable, comme c’est le cas aux USA. Ce que

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propose Le Vaillant, ce n’est pas tout à fait le modèle que Socialisme & Souveraineté prône. Sans bien sûr condamner le partage du temps de travail, c’est dans un système promouvant à la fois la redistribution juste des revenus mais aussi la liberté d’entreprendre et permettant de créer de nouvelles activités que nous mettons notre confiance.

Confiance que nous ne pouvons encore accorder aux "libertaires"

pour ce qui est de la sécurité...

Note in my name - l’appel à la suppression des notes dans l’école primaire (Mercredi 24 novembre 2010)

Très récemment, l’AFEV (association française des étudiants pour la ville) a lancé un appel pour bannir les notes de l’enseignement primaire en France. Donc fini les zéros, les vingt sur vingt et tout ce qui se trouve entre les deux jusqu’au CM2. Fini le redoublement. Et l’association, ainsi que vingt personnalités (dont le généticien Axel Kahn et le patron de Sciences Po Paris Richard Descoings) de jurer que, meuh non, ce n’est pas parce qu’on ne notera plus et qu’on ne fera plus redoubler que les enfants de la patrie (ou ceux venus d’ailleurs) cesseront de travailler et d’apprendre. Mais plus encore, nos fragiles cadets devraient être protégés contre la pression et le stress engendrés par les notes, et délivrés du système concurrentiel qu’imposeraient les notes, selon les signataires de l’appel. Les notes génèreraient une « spirale de l’échec ». Un autre argument de poids est la référence à d’autres pays qui, paraît-il encore, ne pratiqueraient plus la notation jusqu’à l’âge de onze ans. Portée au pinacle, la Finlande, et son système scolaire peuplé d’enfants déstressés, sans notation obligatoire jusqu’au collège, et qui obtient les meilleurs résultats mondiaux lors de tests de comparaisons internationaux (tests PISA, qui laissent souvent un goût amer à la France, souvent en milieu de tableau). Contre cet appel, le syndicat UNI a réagi de façon assez pertinente (ce qui changera de leurs positions sur le communisme et de leur suivisme sarkozyste) en publiant ce contre-argumentaire : les pays qui avaient décidé de réduire l’application des notes reviennent, à l’exception de la Finlande, sur cette décision. Et au sujet du pays de Mannerheim, les anti-notes n’ont retenu

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qu’une caractéristique de son système scolaire, l’absence de notes au primaire, et pas d’autres éléments tout aussi cruciaux : un pays qui dépense beaucoup pour son éducation, alors que la proportion de mineurs dans la population est plus faible qu’en France, un pays plus égalitaire que la France en termes de revenus, avec un chômage plus faible. Pour voir plus loin que la Finlande, que les anti-notes citent souvent car c'est l'exemple qui les arrange, on peut voir également le cas de la Corée du Sud, pays très bien classé également aux tests PISA...mais dont le modèle scolaire n'a rien à voir avec le Peace&Love finnois, mais est au contraire très profondément basé sur l'esprit de compétition dont les anti-notes prétendent qu'il serait partout facteur d'échec ! Essayons de voir les choses d’un point de vue un peu plus pragmatique. Dans leurs argumentaires, les anti-notes citent les cas d’enfants « stressés » ou « traumatisés », « stigmatisés » terme à la mode décidément ». Ils évoquent la nécessité de baser l’enseignement sur une logique de coopération plutôt que de compétition. Ils se réfèrent aux dizaines de milliers de cas d’élèves arrivant en 6ème avec des lacunes graves. Ils dénoncent l’arbitraire des notes, le fait de ramener la valeur d’un individu à une seule dimension. Chacun de ces arguments soulève un problème :

- S’intéresser aux cas d’enfants stressés, et mettre sur le compte des notes leur malheur, c’est ne retenir qu’un seul facteur, en omettant tous les autres (contexte familial notamment). Et c’est surtout raisonner à courte vue, en oubliant l’effet positif que les notes peuvent avoir sur les élèves qui réussissent, et sur ceux qui voient leur progression « objectivée » par des notes croissantes. De la même manière, le redoublement a été critiqué pour son absence d’efficacité sur certains élèves redoublants, en oubliant que pas de redoublement peut désinciter les élèves qui s’en sortent à maintenir leurs efforts. Il est évident qu’il faut s’intéresser aux cas des élèves en difficulté. Mais faire des notes leur problème principal est profondément réducteur, et ne justifie pas qu’on compromette ceux qui s’en sortent ;

- Les élèves qui sortent sans compétences du système scolaire relèvent de cas qui dépassent grandement la note. Le cas du jeune Gabriel, évoqué dans cet article du Nouvel Observateur, est éclairant : il n’a pas peur de la note seulement, mais du fait que l’institutrice s’énerve et ne s’intéresse pas à lui. Nous avons tous rencontrés des enseignants au caractère plus ou moins facile, plus ou moins pédagogues (le système

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de recrutement des enseignants n’étant justement pas centré, en France, sur la qualité du candidat en tant qu’enseignant, puisque l’admission au CAPES repose principalement sur des examens théoriques, les stages venant ensuite…Voilà sans doute un problème plus urgent que la question des notes). Cet élève aurait-il mal vécu l’enseignement d’un instituteur notant durement mais sans hystérie et en se souciant de chacun (et en ayant le temps de le faire, surtout) ?

- l’argument de la « coopération plutôt que la compétition » est un pur sophisme. Tout simplement car les enseignants n’ont pas attendu l’AFEV pour proposer des examens à plusieurs mains, des travaux collectifs qui n’en seront pas moins notés. On peut donc très bien concilier notation et coopération ;

- On peut critiquer à loisir la façon de noter, les biais qui existent d’un enseignant à l’autre, et citer des exemples absurdes. Par exemple, un élève qui passe de 25 fautes à 20 fautes par dictée aura toujours zéro si chaque faute coûte un point… Mais un enseignant peut réagir en changeant le coût de la note (par exemple ½ point) et laisser le progrès apparaître. Sur le côté « unidimensionnel » de la note pour juger un élève, il faut rappeler aux anti-notes que le système de notation ne fait que préparer les enfants à une réalité de la vie future. Quel que soit la variété de vos qualités et défauts, au final, tout s’additionnera ou se soustraira pour donner une variable unique, simple ou binaire. Par exemple, lors d’un entretien d’embauche, un candidat sera évalué sur nombre de qualités et de défauts, et la note finale est binaire : embauché ou pas. Un candidat à une élection doit présenter ses idées sur de nombreux domaines, et au final tout se règle par un chiffre unidimensionnel : le pourcentage de bulletins exprimés. Ou pour prendre un cas plus cruel : on peut dire bien des choses pour décrire l’attitude d’un automobiliste, il n’en reste que lors d’un accident (qui peut lui aussi surgir de façon très arbitraire), le résultat est binaire (mort ou vivant) voire unidimensionnel (s’il est vivant, son degré d’invalidité). La note transmet ce message à l’élève : tu as sans doute beaucoup travaillé, eu des idées différentes et complexes en abordant la copie, au final ton travail est évalué selon des critères bien particuliers, et il passe…ou pas.

On a déjà sorti plusieurs fois aux anti-notes que leur attitude revenait à vouloir casser le thermomètre pour ne pas avoir la fièvre. Ils s’en sont gaussés en rappelant que contrairement à une température, la qualité d’une

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copie n’est pas un fait objectif. Mais c’est oublier ce sur quoi porte la comparaison : en supprimant les notes, on ne s’attaque qu’à une partie du problème de l’échec scolaire, la partie la plus facile à supprimer, mais qui reste un symptôme plus qu’une cause.

Oui, il faut débattre de la peine de mort (Dimanche 19 décembre 2010)

Robert Ménard, ancien président de Reporters sans Frontières, ne fait pas vraiment partie de nos amis. Lorsqu’il dirigeait l’association censée défendre la liberté de la presse, la grande mortalité des journalistes en Colombie le préoccupait moins que le sort de plus ou moins journalistes à Cuba, où les journalistes ne mourraient pas. C’est pourtant sur cette question de la mort que Ménard s’est fait à nouveau remarquer. Commentant le procès de l’assassin d’Anne-Lorraine Schmitt, tuée en Novembre 2007 par Thierry Devé-Oglou, Ménard a regretté l’abolition de la peine de mort. Avant de se faire corriger par Julian Bugier, qui martèle que « rien ne justifie d’ôter la vie ». Sur Le Post, des commentateurs regrettent que le débat de la peine de mort puisse encore être abordé, que son abolition ne soit pas considérée comme un acquis irréversible de civilisation. A Socialisme et Souveraineté, il n’y a pas de position officielle sur la peine de mort. Avant la création de l’organisation, des articles et des commentaires en avaient traité. Mais si cette question n’est pas réglée, c’est bien parce ce sujet fait pour nous toujours débat, contrairement à ce que souhaiteraient les abolitionnistes convaincus. Ceux-ci avancent plusieurs arguments qu’ils considèrent bien sûr imparables :

- On (qu’il s’agisse d’un individu seul ou de la société) n’a jamais le droit d’ôter la vie de quelqu’un d’autre ;

- Tuer nous rabaisse au niveau du criminel ; - La peine de mort n’est pas dissuasive contre les homicides ; - Il y a trop de risque d’erreurs, et une exécution infondée serait

sans retour ; - La peine de mort coûte cher.

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Hormis le dernier argument qui est aisément parable (l’auteur de ces lignes ne comprends d’ailleurs toujours pas pourquoi les USA se fatiguent en exécutions par injection létale quand une décharge de fusil suffirait), les autres arguments sont tous insatisfaisants et faillibles. L’argument exposant l’impossibilité d’attenter à la vie d’autrui est faux : ce qui est moralement acceptable en fait, c’est que l’on peut (et même doit) supprimer la vie de quelqu’un si cela est le seul moyen de sauver un plus grand nombre de vies. Ne jamais tuer qui que ce soit n'est donc pas le véritable objectif, car rarement atteignable en réalité : ce qui compte, c'est le salut du plus grand nombre possible de vies. Mais quel rapport entre la peine de mort et la sauvegarde de vies humaines ? Et bien c’est justement la question de la dissuasion qui est cruciale. C’est même la question cruciale de ce sujet. Pour les abolitionnistes, la cause est entendue : la peine de mort n’est pas dissuasive. Amnesty International le clame en se basant sur des comparaisons statistiques douteuses : il y a plus d’homicides dans les états américains qui pratiquent la peine de mort que dans ceux qui l’ont supprimée, donc cela prouverait a minima que la peine de mort n’est pas dissuasive. Ce qui n’est pas valide en soi, puisque les homicides sont des phénomènes liés à plusieurs influences (des facteurs sociaux, économiques, l’extension de fléaux tels que l’addiction à des drogues dures, etc…). D'autant qu'il ne suffit pas de dire qu'un état applique la peine de mort, mais il faut préciser à quelle intensité il l'applique ! Regarder le taux global des homicides sans chercher à distinguer l’influence d’autres facteurs n’est pas valide. C’est raisonner comme si l’on voyait un excellent athlète gravir une pente abrupte dans le sens de la montée, et un coureur médiocre descendre cette même pente, et se baser sur leur vitesse brute pour en déduire leurs performances : l’athlète médiocre paraîtrait bien meilleur que l’autre ! La plupart des criminologues ne semblent pas convaincus par le caractère dissuasif de la peine capitale, comme l’a révélé une enquête de 2009. Mais l’avis d’experts ne vaut que s’il est appuyé par des chiffres. Et là, on s’aperçoit que le débat existe toujours. Ainsi, aux USA, ont été publiées nombre d’études sur l’effet de la peine de mort sur les homicides. Etudes qui concluent à un effet dissuasif net. Des controverses se sont poursuivies sur ces études, leurs méthodes et leurs sources. Il ne sera pas de notre portée de décider si l’effet dissuasif existe ou non. Juste de rappeler que la soi-disant évidence sur le caractère non-dissuasif de

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la peine de mort n’est pas si évidente que cela. Et que cette question ne sera jamais réglée. Pourquoi ? Parce que savoir si la peine de mort est dissuasive ou pas est un constat relevant des sciences humaines. C’est donc un constat susceptible d’évoluer. Il se peut que la peine capitale dissuade les meurtres à une époque et pas une autre, dans un pays et pas un autre. On n’est pas dans le domaine des vérités mathématiques et logiques, démontrables une fois pour toutes et intemporelles. Et si la peine de mort s’avérait dissuasive, qu’est-ce que cela changerait ? Et bien cela ferait s’effondrer les autres arguments abolitionnistes. Le risque d’erreur en cas d’exécution serait à contrebalancer avec le risque de voir des homicides en plus si on n’exécute pas d’assassins par peur d’erreur judiciaire. Et le « tuer nous rabaisse au niveau du criminel » serait alors facilement parable : si la peine de mort apparait comme un moyen efficace d’éviter des homicides, et si on n’en a pas d’autres (car il est en général difficile d’influer sur les homicides), alors on aura un clivage moral net entre l’assassin et la société qui l’exécute : l’assassin tue gratuitement, ou du moins sans le faire pour sauver quelqu’un d’autre, la société tue pour éviter d’autres morts, d’innocents cette fois-ci. Et dans ces conditions, il deviendrait réellement difficile d’être sûr et certain de la nécessité d’abolir la peine de mort, si l’on pouvait se faire reprocher d’encourager l’homicide. Pour ces raisons, les membres de Socialisme & Souveraineté considèrent qu’on ne peut être dans l’absolu opposé à la peine capitale, en tous lieux et temps, que le débat aura toujours cours, et que c’est à la recherche criminologique qu’il appartient de fournir les éléments décisifs qui fonderont notre position…jusqu’à ce que ces résultats de recherche soient à leur tour discutés. A l'heure actuelle, les travaux prouvant une réelle diminution des homicides par l'application de la peine de mort ne faisant pas l'objet d'un consensus scientifique, nous ne soutenons pas son rétablissement. Mais ce n'est pas une position éternelle.

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Baisse de la délinquance en trompe-l’œil, Hortefeux satisfait (Vendredi 21 janvier 2011)

Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a présenté avec autosatisfaction une baisse de la délinquance de 2,1% en 2010. Pourtant, le sentiment général de nombre de citoyens français est que l'insécurité n'a jamais été aussi élevée dans nos contrées. Comment expliquer ce décalage ? Peut-être par la disparité des résultats. Car si l'atteinte aux biens est en baisse constante, les violences aux personnes quant à elles suivent la courbe inverse. En clair vous avez sans doute moins de "chances" de vous faire brûler votre voiture mais vous en avez davantage de vous faire casser la gueule ou tabasser. Une bien maigre consolation, vous en conviendrez. C'est sans doute en se basant sur les mêmes critères que Brice avait conclu avec la même autosatisfaction béate que la nuit de la Saint Sylvestre avait été calme et sans incident majeur, ce qui n'est pas vraiment le cas quand on constate les agressions violentes voir les meurtres qui l'ont émaillée. Evidemment, il ne s'agit pas de dire, comme certains partis politiques démagogiques bien connus que nous ne citerons pas par charité laïcarde, que le problème de l'insécurité est facile à résoudre ou encore qu'il serait possible d'atteindre une insécurité zéro. Il s'agit simplement d'appeler Monsieur Hortefeux a davantage de retenue quand il s'agit de commenter un bilan qui n'invite pas à sauter au plafond ni à déboucher les bouteilles de champagne. Pour le reste, si le phénomène de l'insécurité vous intéresse, nous ne pouvons que vous inviter à lire le numéro 2 du journal de Socialisme & Souveraineté qui décrit ce fléau et tente d'apporter de nouvelles réponses pour le combattre : http://www.socialisme-et-souverainete.fr/article-numero-2-octobre-2010-60012115.html

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Sucrer les allocations familiales, une bonne idée ? (Dimanche 6 février 2011)

Tribune libre Luc Chatel est décidément un ministre de l'éducation nationale hyper-actif. Non content d'avoir annoncé vouloir imposer l'apprentissage de l'anglais dès l'âge de 3 ans et réinstaurer l'apprentissage du calcul mental pendant 15 minutes par jour (passe encore), une autre brillante idée d'ores et déjà votée par le Parlement lui est venue, au point qu'on se demande comment autant d'idées géniales peuvent germer en si peu de temps dans un seul cerveau (réjouissons-nous d'avoir des personnes aussi imaginatives que Luc Chatel a la tête de l'Etat). Cette idée, c'est de supprimer les allocations familiales pour les familles des enfants se rendant coupable du grave crime d'absentéisme scolaire. Rendons cependant à César ce qui appartient à César, cette idée ne vient pas de Chatel mais de Nicolas Sarkozy, qui l'avait annoncée dès son élection (si ce n'est avant). Lui-même ne l'a pas inventée, il n'a fait que la reprendre à la Grande-Bretagne. En effet, la suppression des allocations familiales voir l'emprisonnement des parents pour cause d'absentéisme scolaire est appliquée outre-Manche depuis une dizaine d'années. Les résultats obtenus outre-Manche sont-ils concluants ? Non, loin s'en faut : l'absentéisme scolaire n'a pas diminué, il a au contraire augmenté. A croire que Monsieur Nicolas Sarkozy se fait une spécialité d'aller chercher les mesures et les réformes qui ne marchent pas ailleurs. On pourrait se demander par ailleurs si l'absentéisme scolaire est bien le fléau décrit par nos gouvernants. Ce phénomène est-il nouveau ? Est-il en augmentation ? Est-il le résultat de la démission des parents, de la montée de l'individualisme ou au contraire existait-il aussi dans le merveilleux monde de l'avant mai68 (cette horrible chose qui aurait débouché sur le chaos et la décadence) fabuleusement conté (au point qu'on en aurait la larme à l'œil) par les réactionnaires ? En vérité, les chiffres ne démontrent pas une augmentation de l'absentéisme scolaire au cours des dernières années. L'école buissonnière est un phénomène qui a toujours existé et qu'on pourrait voir comme une sorte de

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tradition (la préservation d'une tradition, ça devrait plaire à la droite conservatrice). Qui peut en toute sincérité prétendre qu'il n'a jamais manqué un cours ? Pas grand monde, sans doute. Alors pourquoi mettre ce sujet sur le tapis aujourd'hui ? Peut-être parce que le pouvoir ne supporte plus la moindre petite désobéissance. Ce dont le pouvoir et le système en place a le plus besoin, c'est de petits soldats bien disciplinés qui ne remettent pas en cause les valeurs et les idées dominantes. Dès lors, dans leur logique, il devient normal de considérer comme un criminel toute personne qui se serait rendue coupable du moindre petit écart, de la moindre petite entorse au règlement. Plutôt que de sanctionner avec la sévérité qu'il se doit les vrais criminels (ceux qui tuent, ceux qui violent, ceux qui frappent,.....c'est à dire ceux qui s'en prennent à l'intégrité physique des autres), on préfère dramatiser exagérément des situations (parfois jusqu'à l'absurde) en assimilant des sécheurs de cours occasionnels à des criminels en herbe. L'adoption de cette mesure inefficace, qui frappera plus fortement le porte-monnaie des familles les plus modestes (car c'est elles qui ont davantage besoin des allocations familiales pour vivre) et donc contribuera marginalement à augmenter encore un peu plus les inégalités économiques, participe parfaitement à cette logique de dramatisation. Julien B.