commission médicale fédération française de spéléologie

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PRATIQUE DE LA CARDIOFREQUENCEMETRIE EN SPELEOLOGIE ET CANYONISME — FFS/COMED Page 1 Commission Médicale Fédération Française de Spéléologie PRATIQUE DE LA CARDIOFRÉQUENCEMÉTRIE EN SPÉLÉOLOGIE ET CANYONISME D rs Jean-Noël Dubois, Patrick Guichebaron, Jean-Pierre Buch INTRODUCTION / HISTORIQUE Dans les années 2000, le D r Jean-Michel Ostermann, président de la CoMed à cette époque, est intrigué par le signalement de décès d’origine non traumatique dans les publications du Spéléo- Secours Français (SSF) et propose d’étudier ce problème. Les causes de décès avant les années quatre vingt-dix étaient essentiellement traumatiques (chutes du spéléo ou chutes de pierres) ou parfois par épuisement physiologique. Depuis 1995, apparaissent des décès qui ne rentrent pas dans ces deux catégories. Un groupe de travail de trois médecins (J.-P. Buch, G. Valentin et A. Vidal) s’est alors constitué en 2007 pour essayer de caractériser ces décès. L’étude des données du SSF et de l’assurance fédérale a retrouvé 18 décès entre 1987 et 2003, soit environ 5 % des décès, avec une moyenne d’âge de 43,8 ans (ou 46,7 si l’on excepte un cas particulier de décès à l’âge de 15 ans). L’étude a été difficile en raison de données malheureusement éparses et très incomplètes. Malgré ces difficultés, l’hypothèse retenue pour ces décès était compatible avec une mort subite, d’origine cardiaque probable, en sachant que des pathologies coronariennes peuvent être rapportées à une activité physique même après la fin de celle-ci, dans les vingt-quatre heures qui suivent, évènement qui échappera alors à toute enquête. La conclusion de cette étude insistait évidemment sur la prévention médicale, avec un suivi régulier des pratiquants, la spéléologie étant une activité jugée à forte contrainte physiologique. Comme le disait le D r Thierry Coste, ancien président de la CoMed lui aussi, « La spéléologie ne protège pas des maladies cardiaques »... Lors de cette étude, nous avions été très frappés par des mesures de cardiofréquencemétrie faites lors de montées sur cordes en salle. Cette étude, publiée dans Spelunca en 2007 1,2 , affichait des fréquences cardiaques pouvant atteindre, voire dépasser, la fréquence cardiaque maximale théorique (FCMT), évaluée, selon la formule d’Astrand, à « 220 – âge ». Dès cette époque, faire une étude de cardiofréquencemétrie en spéléologie, et cette fois-ci sur le terrain réel, était apparu comme une suite logique de l’étude sur la mortalité cardiovasculaire. Le projet en était resté là, jusqu’en 2010 où il est remis à l’ordre du jour. Il devient plus concret en 2012 et finalement opérationnel en 2014 avec l’achat du matériel. P. Guichebaron avait déjà fait des enregistrements en 2012, mais le vrai développement s’est fait à partir de 2015, en spéléologie et en canyonisme, avec quelques tracés en plongée souterraine. Le total des enregistrements à l’heure actuelle est de 201 tracés. 1- BUCH J.-P., VALENTIN G., VIDAL A. D rs , « Mortalité cardio-vasculaire en spéléologie », Spelunca n°107, p 5-9, 2007 2- BUCH J.-P., OSTERMANN J.-M., VALENTIN G., VIDAL A. D rs , « Mortalité cardio-vasculaire en spéléologie », Cardio&sport n°6, p.23-26

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PRATIQUEDELACARDIOFREQUENCEMETRIEENSPELEOLOGIEETCANYONISME—FFS/COMED— Page1

CommissionMédicaleFédérationFrançaisedeSpéléologie

PRATIQUEDELACARDIOFRÉQUENCEMÉTRIE

ENSPÉLÉOLOGIEETCANYONISME

DrsJean-NoëlDubois,PatrickGuichebaron,Jean-PierreBuch

INTRODUCTION/HISTORIQUEDans les années 2000, le Dr Jean-Michel Ostermann, président de la CoMed à cette époque, estintrigué par le signalement de décès d’origine non traumatique dans les publications du Spéléo-SecoursFrançais(SSF)etproposed’étudierceproblème.Lescausesdedécèsavantlesannéesquatrevingt-dixétaientessentiellementtraumatiques(chutesduspéléoouchutesdepierres)ouparfoisparépuisementphysiologique.Depuis1995,apparaissentdesdécèsquinerentrentpasdanscesdeuxcatégories.Ungroupede travailde troismédecins (J.-P.Buch,G.ValentinetA.Vidal) s’estalors constituéen2007pouressayerdecaractérisercesdécès.L’étudedesdonnéesduSSFetdel’assurancefédéralearetrouvé 18 décès entre 1987 et 2003, soit environ 5% des décès, avec une moyenne d’âge de43,8ans(ou46,7sil’onexcepteuncasparticulierdedécèsàl’âgede15ans).L’étudeaétédifficileenraisondedonnéesmalheureusementéparsesettrèsincomplètes.Malgré ces difficultés, l’hypothèse retenue pour ces décès était compatible avec unemort subite,d’origine cardiaque probable, en sachant que des pathologies coronariennes peuvent êtrerapportées à une activité physiquemêmeaprès la fin de celle-ci, dans les vingt-quatreheures quisuivent,évènementquiéchapperaalorsàtouteenquête.Laconclusiondecetteétudeinsistaitévidemmentsurlapréventionmédicale,avecunsuivirégulierdespratiquants,laspéléologieétantuneactivitéjugéeàfortecontraintephysiologique.Comme le disait le Dr Thierry Coste, ancien président de la CoMed lui aussi, «La spéléologie neprotègepasdesmaladiescardiaques»...Lorsdecetteétude,nousavionsététrèsfrappéspardesmesuresdecardiofréquencemétriefaiteslors demontées sur cordes en salle. Cette étude, publiée dans Spelunca en 20071,2, affichait desfréquences cardiaques pouvant atteindre, voire dépasser, la fréquence cardiaque maximalethéorique(FCMT),évaluée,selonlaformuled’Astrand,à«220–âge».Dès cette époque, faireuneétudede cardiofréquencemétrie en spéléologie, et cette fois-ci sur leterrain réel, était apparu commeune suite logiquede l’étude sur lamortalité cardiovasculaire. Leprojetenétaitrestélà,jusqu’en2010oùilestremisàl’ordredujour.Ildevientplusconcreten2012etfinalementopérationnelen2014avecl’achatdumatériel.P.Guichebaronavaitdéjàfaitdesenregistrementsen2012,mais levraidéveloppements’estfaitàpartir de2015, en spéléologie et en canyonisme, avecquelques tracés enplongée souterraine. Letotaldesenregistrementsàl’heureactuelleestde201tracés.

1- BUCH J.-P., VALENTIN G., VIDAL A. Drs, « Mortalité cardio-vasculaire en spéléologie », Spelunca n°107, p 5-9, 2007 2- BUCH J.-P., OSTERMANN J.-M., VALENTIN G., VIDAL A. Drs, « Mortalité cardio-vasculaire en spéléologie », Cardio&sport n°6, p.23-26

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LECONTEXTEFort de cette étude de 2003, il apparaît que la spéléologie semble solliciter fortement le systèmecardiovasculaire, en tout cas beaucoup plus que le pratiquant ne l’imagine ou ne le ressent.L’interrogations’estnaturellementétendueaucanyonismeetàlaplongéesouterraine.Un facteur supplémentaire nous a poussés à cette étude: le vieillissement de la population despratiquants. En 2017, lamoyenne d’âge des pratiquants fédérés est de 41,7ans,mais elle est de43,7anspourleshommeset36,3anspourlesfemmes.Plus particulièrement pour les hommes, cette quatrième décennie est bien celle où beaucoupd’affections cardiovasculaires se révèlent, sans oublier les troubles métaboliques qui lesaccompagnent souvent et les fameux «facteurs de risque cardiovasculaires»... Pour rappel, outrel’hérédité,lesexe(masculin)etl’âge,ils’agitdutabagisme,del’hypertensionartérielle,destroublesmétaboliques(diabèteetdyslipidémies),dusurpoids(obésité)etdelasédentarité,dustress,etdel’alcoolconsommédemanièreexcessive(supérieurà3verresparjourchezl’hommeetsupérieurà2verresparjourchezlafemme).Nous avions donc deux raisons objectives de lancer cette étude, qui prend d’autant plusd’importance après l’instauration du certificat annuel de non contre-indication, désormaisobligatoiredepuisundécretd’août2016.Maiscommentétudierconcrètementcettesollicitation,dansdesactivitésquipeuventsepratiqueràdesniveauxtrèsvariables?Commenttrouverdescritèreshomogènesenfonctiondel’âge,dugenre,duniveautechnique,deladifficultédelacavitéouducanyon,delatempérature,delaprésencedegazcarbonique?Plusieurs milliers d’enregistrements auraient été nécessaires pour que l’étude soit valablestatistiquement...!Nousenavonsréalisésplusde200,cequiestdéjàimportant.Etenphysiologiehumaine,qu’ellesoitappliquéeàlamédecinedusportoudutravail,ilestcourantparcontredetirerdesenseignementsparfaitementvalidesàpartird’unnombrerestreintdecas,sousréserveque lenombredepointsdemesuressoitsuffisammentgrand.Lacardiofréquencemétrieest leseulexamenquinouspermette facilementdemettreenévidencecettesollicitation,autraversdesvariationsde lafréquencecardiaque,et, infine,decaractériser la«pénibilité»del’activité.Lesseulsparamètresconcretsconnusdanscedomainesontdescritèresliésautravail,évidemmentassezéloignésdelapratiquesportive,elle-mêmeintégrantlamesuredelafréquencecardiaquedansunekyrielledeparamètresphysiologiques,différentsd’uneactivitésportiveàuneautre,etdecefaitassez inhomogènes et peu comparables d’un sport à l’autre. Les scores de pénibilité en milieuprofessionnelnesontdoncpascomplètement transposables,mais ilsnousdonnentune indicationmalgrétoutobjectivedenotrepratiquepotentiellementintense,maisnoncompétitive.C’est dans cet état d’esprit que nous avons réalisé cette étude. Elle nous permet de quantifier lasollicitation cardiaque, le coût cardiaque de l’effort, sa pénibilité et d’approcher le risquecardiovasculaire de la pratique. Tout ceci pour mieux comprendre et caractériser l’activité, maissurtoutpourêtreutileaupratiquantetàsonmédecin,enappuyantlesmodalitésdelapréventionmédicaleettechniquesurdesmesuresphysiologiquesconcrètes.

MODALITÉSPRATIQUES1)LematérielLe choix d’un seul capteur thoracique émetteur etrécepteur du signal (système mono bloc par ceintureémetteur/enregistreur)aétédictépar laparticularitédela progression spéléologique où des mouvementscomplexes rendent aléatoires les relevés des systèmesclassiques avec ceinture émettrice et montre réceptrice

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(arrêtsaccidentelsdesenregistrementsliésàlaprogressionsousterre).Lechoixdumatériels’estfinalementportésurlescapteursthoraciquesdelamarquePOLAR,assortisdeseslogicielsProTeam2etProPulseErgoPlus,systèmedéjàutiliséprofessionnellementpardeuxmédecins,P.GuichebaronetJ.-N.Dubois.LematérielestdistribuéparCardisport.Lecoûtderevientpour le système complet, une licenceetdix capteurs, a été en2014d’unpeuplusde9000€ (enayantbénéficiéderemise).Lebudgetestdoncimportant.2)LeprotocoleIl estexpliquéoralementetparécrit auxpratiquantsvolontaires, avecun recueildesdonnéesquiserontnécessairesàl’analyse:

• donnéesmédicales: identité,datedenaissance,sexe,poids, taille, tabagisme,antécédentspersonnelsetfamiliaux,prisedemédicaments,consommationd’alcool,étatdesantéestimélejourdelamesure,fréquencecardiaquederepos.

• données d’environnement: classification de la cavité, température, humidité, présence degazcarbonique.

• donnéestechniques:connaissancedelacavité,portagedekit,anciennetédelapratiqueenannées, estimation du nombre de sorties par an, type de pratique habituelle (classique,engagée),autresactivitéssportivespratiquées (occasionnelle, régulière), ressentidestress,ressentidefatigueetquand.

3)Lafeuillederecueild’activitéÉlément clé de la mesure, une fiche papier et un crayon permettent à la personne de noter leshorairesdeprogressionenfonctiondesobstaclesàfranchir.Onpeutainsimarquersurletracébrutd’exportation les différentes phases de progression et leurs horaires. La division du tracé permetl’analysedechaquephaseséparément,enplusdel’analyseglobale.4)Pointspositifs

• Le capteur est résistant aux chocs, il est étanche etrésisteàunepressionde3bars,soit—20m.

• La pose est facile, le port ne gêne pas lesmouvements. Il peut être porté de nombreusesheures,sacapacitédemémoireétanttrèslarge.

• Silesdonnéessontcorrectementrenseignéesetquele capteur est bien resté en contact, le tracé seraanalysabledanstoussesdétails.Lelogicield’analyseesttrèsperformant,ilfournitautomatiquementtouslesindiceschiffrésetunrapportdesynthèsecompletsurWord.

5)Pointsnégatifs

• Lecoûtderevientdumatérielestassezcher.• L’installation informatique est un peu complexe avec deux

étapesdemotsdepasse.Lesdeuxlogicielsnedemandentpasde connaissances informatiques particulières, mais leursinterfaces ne sont pas d’une ergonomie très intuitive.ProTeam2transfèrelesdonnéesdescapteursàl’ordinateur,ProPulseErgoPlusanalyseletracé.Ilsagissenteninteraction,etnécessitentlebranchementd’unebasespécifiquequidoitêtrereconnueparl’ordinateur.Lesystèmeestdonctrèsverrouillé,complexeetlalicenceestmonoposte.Ilnousaposépasmaldesoucisdontledernierendateestl’incompatibilitéd’undeslogicielsavecWindows10,sansalternativemalgréunlogicieldatantde2014.

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• Letempsnécessaireàlasaisiedesdonnéesindividuellesdanslelogiciel,àl’exportationdestracésetàleuranalyseesttrèslong.

• En raisondesdiversmouvementsdu tronc, le capteurpeutparfois glisserouneplus fairecontact,mêmesilaceintureestasseztendue.

• L’expérience montre qu’il faut idéalement avoir une personne qui recueille tous lesrenseignements avant d’équiper le pratiquant, sinon ilmanque la plupart des données, etune personne qui accompagne la sortie pour noter les horaires précis, sinon les trancheshorairessonttroplargesetmanquentdeprécisionpourl’analysefine.Lamiseenplaceestdoncassezcomplexeégalement.

• Lafréquencecardiaquederepos,fondamentalepouranalyserletracé,estunedonnéetrèsdifficile à obtenir dans les conditions habituelles denos activités. Plusieursméthodes sontpossibles: faire un tracé de référence lors d’une nuit complète, mesurer la fréquencecardiaque au lever trois jours de suite, mesurer la fréquence cardiaque durant 10mn dereposstrictetaucalmeavantl’équipementouenfinconfierlamesureaulogicielquiindiqueautomatiquement lepremierpercentilede lafréquencecardiaquemesurée.Cettedernièreestlaplussimplemaissansdoutelaplusdiscutablecarellenécessiteégalement5à10mnde repos avant le début de l’activité (en sachant que le facteur stress est important à cemoment-là)etquedelonguespausesaucoursdel’activitépeuventfaussercechoix.

• Nous avons découvert toutes ces difficultés à chaque étape à nos dépens. Globalement,l’étudedelacardiofréquencemétrien’estpasuneaffairesimpleetelleesttrèschronophage.

PARAMETRES

1)CritèresutilisablesLesindicateurschiffréssuivantsnoussontfournisparlelogicielProPulsesErgo:• Fréquencecardiaque:Lafréquencecardiaquevariedefaçonsignificativeavecl’effort.Ilya

unerelationdirectementproportionnelleentreVO2,FCetPuissancemusculaireo FCR(fréquencedereposleplussouvent

mesuréeavantl’activité,aveclesréservescitéesplushaut)

o FCMT(fréquencecardiaquemaximalethéorique),calculéeselonlaformuled’Inbar(FCMT=205,8–0,685xâge)

o FCmoyenneo FCdecrête:valeurinstantanéelaplusélevée

dutracéo FCDelta(FCcrête-FCmoyenne)o Pourcentagedutempsdesortiepasséau-delàde80%delaFMT

• Coûtcardiaque:o CCA,coûtcardiaqueabsolu(FCmoyenne–FCR)o CCRmoyen (en%),coûtcardiaquerelatif, (CCA/FCMT-FCR).LeCCRest l’équivalentdu

pourcentagedeVO2maxutiliséenphysiologiedusport,c’estunetrèsbonneestimationde lacapacitéaérobiemaximale.LaVO2est laconsommationd’oxygènemesurée lorsde la pratique d’une activité physique Elle est le principal déterminant de laperformancelorsd’uneactivitésportived'endurance

o CCRcrête(en%)=FCcrête-FCR/FCMT-FCRo CCR99=(FC99-FCR)/FCMT-FCR.LaFC99epercentile:valeurslesplusélevéesdutracé

(valeur de FC dépassée pendant 1% du temps de l’activité soit environ 5 minutespendantlesquelsleseffortssontlesplusimportantsaucoursdel’activité).

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• IndicedepénibilitéouscoreselonMeunier3,diagrammeexprimant lapénibilitéd’unpostedetravailenfonctionduCCRmoyenetduCCR99etgrilledepénibilité(scoreFrimatcalculésuivant5paramètres).

• IndicedeBanister4:Temps intégraldespulsationscardiaquesd'entraînement (TRIMPS)qui

estleproduitdeladuréedel’exerciceetdel’intensitéselonlaFC.TRIMPS=DxCCRxkxe(nXCCR)5.Destladuréedelasortie,ketndescoefficientsvariablesselonlegenre.Ilminimiseleseffortsintensifs,maisl’intégrationdutempsécoulépermettraitdecomparerdessortiesdedurées sensiblement identiques. Au cours d’une même sortie, il permet de comparer lesparticipantsentreeuxsousformedeTRIMPS/min(tempsécoulé).

2)CritèresutilisésLesprincipales indicationsde la cardiofréquencemétrie sont lamédecinedu sport, lamédecinederééducation fonctionnelle (réentrainement à l’effort après un accident cardiaque par exemple), lamédecine du travail et l’ergonomie. Chacune de ces spécialités a développé des indicateursspécifiques à leurs objectifs, parfois différents, mais le plus souvent très proches, etcomplémentaires.En médecine du sport, les indicateurs utilisés ont généralement pour but de planifier unentrainement, pour améliorer des performances ou avant compétition par exemple, et sont axés(bienquecesnotionssoientactuellementdiscutées)sur lanotiondeseuilsventilatoires,SV1— leseuil «d’adaptation ventilatoire», à partir duquel on commence à travailler en endurance, qui sesitue en général aux alentours de 60% de la VO2 max; appelé aussi «seuil aérobie» ou seuillactique, point pour lequel la concentration sanguine en lactate augmente rapidement, de 2 à4mmoles/l —, et SV2 —seuil «d’inadaptation ventilatoire» à partir duquel on commence àtravailler en résistance. Il se situe au delà de 80% de la VO2 max ou à environ 85% de la FCM 3- « Abaque de modélisation et de classification des profils cardiaques des postes de travail selon les coûts cardiaques relatifs moyen et crête », d'après Ph. MEUNIER © Copyright, Cahiers de Médecine Interprofessionnelle (CAMIP),1997 ,3, pp. 287-293, 2000 ,4, p. 409-416 4- BANISTER E. W., CALVERT T. W., SAVAGE M. V., BACH T., ‟A systems model of training for athletic performance”. Aust. J. Sports Med. 7(3): 57-61, 1975

5- MACDOUGALL J. D., WENGER H.A., GREEN H.J., ‟Physiological Testing of the High Performance Athlete”. 2nd

Edition. Champaign, IL: Human Kinetics, pp. 403-422.,1991

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(Fréquence cardiaque maximale), appelé aussi «seuil anaérobie» ou seuil d’accumulation deslactates,au-delàde4mmoles/l;àpartirdeceseuil, l’organismes’épuisetrèsrapidementetilfautresterendessousdeceseuilpouréviterdes’épuiser.Nepouvantcalculercesseuils,quinécessitentuneinstallationdelaboratoiredemédecinedusport(testd’effortincrémentésurunergomètre),nousavonstenucompte,commedenombreuxauteurs,duparallélismeentreVO2etCCRetlapriseencompteduCCR99quireprésentelachargecardiaqueauxfréquencescardiaquesélevées.En médecine du travail et ergonomie, de nombreux indicateurs existent pour étudier la chargephysiquedetravail,ladépenseénergétiquedusujet,etlapénibilitéinduite.Lapratiquede laspéléologieestuneactivitépotentiellement intense,etnoncompétitive.Danscecontexte,ilnousaparupertinentderetenirlesindicateursutilisésdanslemondeprofessionnel.Ilnoussemblequeleseuildes80%delaFCMTsoitégalementunboncritèrederéférence,cen’estpas en soi une limite indépassable, mais le début d’une zone de prudence. La durée cumulativepassée au-delà de cette limite est un élément qui nous semble important à considérer pourquantifierl’intensitédel’effortpourunindividudonnépourl’activitéexercée.

• FCR(servantàcalculerlescoûtscardiaques)• FCMT(id°)• FCmoyenne• Pourcentagedutempsdesortiepasséau-delàde80%delaFMT.Trèsparlantcarsurligné

enrougesurlacourbeenregistréesurlelogicielErgoPlus.

• CCA(servantàcalculerleCCR)• CCR moyen (en %). Le CCR moyen est une estimation de la capacité aérobie maximale.

Différentesétudessuggèrentquelachargeacceptabledetravailpourhuitheuresestde30à40% de VO2max (Astrand et Rodahl, 1986; Bink 1962; Rodgers et al., 1986; Saha et al.1979).Au-delàde40%,onpeutparlerdepénibilité.LeCCRpermetdefixerdeslimitesànepasdépassersurhuitheures:≤50%pourunsujetsain6.Au-delàde60%onatteintleseuildeproductiondeslactates(phaseanaérobie)etau-delàde80%leseuild’accumulationdeslactates7.

• CCR99 (en%). LeCCR99 correspondau coût cardiaquede crêtedépassépendant1%del’activité=indicedechoixpourdéfinirla«pénibilitédecrête»d’uneactivitéetcaractérisersonprofilcardiaque,ilestrecommandédenepasallerau-delàde60%8.

• LescoreselonMeunier.Pourchaqueactivité,lesscoresdesparticipantsontétéregroupéssurunmêmeabaqueavecleCCR99enordonnéeetleCCRmoyenabscisse,cequipermet,selonMeunierdeclasserlesactivités(danslecasdel’analysed’unesituationdetravail)en«acceptable/plutôtlourd/excessif»

6- BOUDET G., CHAMOUX A., « Validation en chambre calorimétrique de la mesure de la charge physique de travail par la fréquence cardiaque », Arch. Mal. Prof. Env., p.580, 2005 https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwjbtObI9b3eAhWKy4UKHSwsB6QQFjAAegQICRAB&url=http%3A%2F%2Fwww.em-consulte.com%2Fen%2Farticle%2F73633&usg=AOvVaw0K_juaslYQPuCDSANs6zUj 7- LEMOINE J.-L., VANHEULE S., Cardiofréquencemétrie et travail, ASMIS, 2015 https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=14&ved=2ahUKEwjP74T31K3eAhUORBoKHSfIB4wQFjANegQICRAC&url=http%3A%2F%2Fgemsto.free.fr%2FRepriseaccCV25sept15%2FCardiofreqmetrie.-25sept15.SVanheule.pdf&usg=AOvVaw1epSmBOnKCglQm_-leMsFs 8- id°

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ENREGISTREMENTS• Spéléologieo SortiesdesmembresduclubdespéléologieITopiPinnutideBastia(Corse),soitencavités

localesavecdesprofondeursallantde–30mà–117m(gouffresdeCast.1,Cast.3,avenILuminelli,avenABugadiaCutina),soitlorsdecampannuelsurlemassifdespré-alpesdeGrasseau-dessusdeSaint-Vallier-de-Thieylorsducongrèsannuel2015delaFFS(avendesTénèbres,traverséeOllivier/Primevères)etlorsducamp2017dansl’Hérault(avenduBoisduBac);ainsiquedanslagrottedeLano(Lano/Corse) lorsdesJournéesCoMed2015surles membres du Comité Technique et à l’occasion des JNSC 2016 sur une populationd’initié(e)s dans le gouffre de Cast.1 (Oletta/Corse). 47 enregistrements ont été réaliséschez 36 personnes (15 hommes et 21 femmes); pour l’analyse, dans un soucid’homogénéité, les enregistrements ont été regroupés par type de cavité ou niveau depratique.

o Appréciationdelachargephysiqueenmilieuextrême:explorationshivernales(janvieretfévrier)d’unecavitéalpineàgrandeprofondeur(–850m)etdegrandeamplitudehoraire(>24h)avecbivouacleplussouvent.Cesévaluationscommencéesen2012(etterminéesen2017)concernent14spéléologuesd’uninterclub,desexemasculin,âgemoyende44ansaumomentdesmesures(de17ansà57ans).Engagementdansunecavitéd’envergureencoursd’exploration (gouffrepertede laMuraille de Chine,massif de Platé, Arâches-la-Frasse/Haute-Savoie). Une trentained’enregistrementsontétéréalisés.

• CanyonismeLa CoMed a tenu un stand lors du Rassemblement Infédéral canyon (RIF) en 2015 àGhisonaccia(Corse).Aprèsappelàvolontariat,22enregistrementsconcernantsixcanyonsdontundenuit.Les19participantspratiquaienttousrégulièrementàdesniveauxplusoumoinsélevés.Ànotercependantque laposedescapteurss’estfaiteennotreabsenceetque le recueil des phases de progression a souffert de nombreux manques. Durée dessortiestroisàseptheuresavecdesmarchesd’approcheoudesortiesdetrenteminutesàune heure. Quatre enregistrements ont pu également être réalisés lors d’une sortieinitiation.

• PlongéesouterraineUneplongéeprofonde(fonddecavitéà–800)danslesiphonterminal,danslecollecteurd’un réseau. Plongée profonde en solo intégral, en hivernal, en première. Durée de laplongée45min,profondeuratteinte35m.

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RÉSULTATS

SPELEOLOGIESortiesdesmembresduclubdespéléologie

ITopiPinnutideBastia(Corse)

SORTIESSPÉLÉOPRATIQUANTS

• 17sujets,27enregistrements• 11hommes,6femmes• Âgemoyen53ans(29-73)• IMCmoyen23(19-28)

FCmoyenne CCRmoyen CCR99°p

114(92-135) 45(19-63) 88(64-111)

LeCCRestau-delàdelavaleurde50%pourletiersdessujets(10/28)ettouslessujetsontunCCR99>60%.

Legraphemontreunegrandehétérogénéitédanssarépartition,celle-ciétantliéeauxdifférentstypesdecavitésparcouruesetauniveaudepratique.

SPÉLÉOGROTTEDELANO

• 8sujets,8enregistrements• 6hommes,2femmes• Âgemoyen55ans(31-64)• IMCmoyen25(23-27)Pratiqueoccasionnelleàfréquente

Cavitéhorizontaleavecquelquesressautsetétroitures.Températuremoyenne10°C.Duréedelasortie4heures.

FCMOY %tempspassé>80%FCMT CCRmoy CCR99

99(76-123) 10(0-40) 31(18-39) 80(52-113)

Noussommesdansunecavitéhorizontale,sanspuitsnifractionnements,l’engagementphysiqueétantliéessentiellementàquelquesétroituresponctuellesetunlaminoird’unequinzainedemètres

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delong.LecoûtcardiaqueglobalestmoinsimportantavecuneFCmoyennede99,unCCRinférieurauseuildepénibilitémaisunCCR99supérieurà60%pourlaquasi-totalitédessujets.Troissujetssetrouventauxextrémitésdesanalyses:

o Hommede53ansavecunepratique régulièreet intensivede la spéléologie. FCmoyà78bpm,CCRà19etCCR99à52etn’ayantjamaisdépassé80%desaFCMT.Ils’agitd’unsujetendurantbienentrainéavecunebonneadaptabilitéàl’effort.

o Femmede58ansspéléologuedepuisdenombreusesannéesmaispratiquantpeu.LaFCmoyestà111,leCCRà39etleCCR99à113!Lalimitede80%delaFCMTestdépasséedans17%detempsdelasortie.

o Hommede64anségalementspéléologueconfirmémaisavecpeudepratique.FCmoyà123,CCRà35etCCR99à74.La limitede80%de laFCMTestdépasséedans40%detempsdelasortie.

Le logiciel d’analyseProPulsesErgo permet le découpagede séquences lors de la sortie et ainsipouvoir calculer les paramètres de coût cardiaque pour chaque séquence. Dans cette cavité, ontrouveleCCRmoyleplusélevélorsdupassagedulaminoir(15mdelongpour2mdelargeet40cmdehaut), avecunevaleurmoyennede74, lesautres séquencesprésententdesvaleurs identiquesauxvaleursmoyennesdelasortie.

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SPÉLEOINITIATIONJNSC(-20m)

• 9sujets,9enregistrements• 4hommes,5femmes• Âgemoyen47ans(29-58)• IMCmoyen23(21-25)

SuccessiondeP7,P13,remontéede5màl’échelle,E6puisprogressionenvireetremontéeP6etP7.Températuremoyenne14°C.Duréedelasortie2heures.

FCmoyenne %tempspassé>80%FCMT CCRmoyen CCR99

126(99-154) 34(1-96) 53(33-88) 90(66-117)

Il s’agit d’un groupe n’ayant jamais pratiqué la spéléologie, découvrant les techniques despéléologiealpineparuneinitiationdedeuxheuresavantdedescendresousterre.Cinqd’entreeuxpratiquaientuneactivitésportive(montagne,aviron,running,canyon).

La FC moy est globalement plus élevée (126 versus 114) que la moyenne des pratiquantsconfirmés;leCCRégalement(53versus45);ainsiqueleCCR99(99versus88).Letempspasséau-delà des 80%de la FCMT varie de 7 à 67%, ce qui signifie une grande variabilité des sujets dansl’adaptabilitéàl’effort.Celasevérifiedanslescourbes.

o Femmede52ans,ayantpratiquélecanyon.FCmoyà99bpm,CCRà33,CCR99à66etayantdépassésaFCMTdansmoinsde1%dutempsdelasortie.

o Hommede56ans,prédiabétiqueetprenantuntraitementantihypertenseur,pratiquantl’avironetlesportensalle.FCmoyà154,CCRà88,CCR99à112avec96%dutempsdelasortiepasséau-delàde80%desaFCMT.

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Làaussinousavonsdécoupé la sortieenséquencesafindecalculer leCCRs’y rattachant.Sanssurprise,c’estlaremontéedupuitsdesortie,unP7,quientraîneleCCRleplusélevé,30%deplusquelavaleurmoyenne.

CCRmoy

DescenteP7 45DescenteP13 54

DescentevireMC 54MontéeéchelleE5 62

Vire 63MontéeE6 65

RemontéedemiP13 65RemontéeP7sortie 68

SPÉLÉOAVENBOISDUBAC(-60m/-100m)

Pratiquantsréguliers(3à30ans)

• 6sujets,6enregistrements• 3hommes,3femmes• Âgemoyen53ans(30-61)• IMCmoyen24(21-28)

• P45enplaninclinéetdescentecontreparoide25m• P8(arrêtpourlamoitiédugroupe)• P15pourl’autregroupe.

Duréemoyenne5h30à6h30.

FCmoyenne %tempspassé>80%FCMT CCRmoyen CCR99

108(97-111) 15(2-30) 43(34-52) 93(77-110)

Enregistrements réalisés au cours d’une visite de type «classique» par des spéléologuespratiquantrégulièrement(avecdesanciennetésvariables,de3à30ans).Lacavitérassemblecequel’on rencontre fréquemment dans les sorties de club, puits de moins de 30m, remontées d’unedizaine demètres, progression en vire et quelques passages de fractionnement techniques (pleinvideoudéporté).Lacavitéaétééquipéepardeuxsujetsjeunes,ayantunebonnepratique(leurcoûtcardiaquead’ailleursétémodéré).

LaFCmoydugrouperestepeuélevée,108bpm,avecunCCRsupérieurà40%etunCCR99trèsau-dessus de la valeur recommandée. Tous lesmembres ont dépassé 80%de leur FCMT, là aussiavecdesvaleursextrêmesliéesauniveaudepratiqueetàl’aisanceàpasserlesfractionnements.

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o Femmede41ans,pratiquantrégulièrement laspéléologiedepuistroisans,sportive.FCmoyà97,CCRà34,CCR99à84etayantdépassé80%desaFCMTpendant5%de la

sortie.o Femmede61ans,pratiquantemaispeuà l’aiseen techniquedespéléologiealpine.FC

moyà111,CCAà52,CCR99à110et30%dutempsau-delàde80%desaFCMT.

SPÉLÉOCONGRÈSSAINT-VALLIER-DE-THIEYPratiquantsréguliers(5à30ans)

• 7sujets,10enregistrements• 5hommes,2femmes• Âgemoyen53ans(29-69)• IMCmoyen22(19-24)

• TraverséeOllivier/Primevères,4enregistrements(-118m,6h)

• Avendel’Airchaud,4enregistrements(-212m,9h)

• AvendesTénèbres,2enregistrements(-300m,6h30)

FCmoyenne %tempspassé>80%FCMT CCRmoyen CCR99

119(108-134) 20(7-51) 51(49-63) 89(74-106)

On retrouvedans ce groupedes spéléologues ayant fait partiedu groupeprécédentmais avecune pratique plus engagée, cavités plus profondes, sorties de durée plus élevée, difficultéstechniques plus fréquentes (étroitures, ramping, sorties de puits étroites…). Toutes les cavitésétaientéquipées.

La FC moy est plus élevée (119 versus 108), le CCR également (51 versus 43) mais le CCR99légèrement plus faible (89 versus 93). Le temps moyen passé au-delà de 80% de la FCMT estsensiblementplusimportant.

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o Femmede29ans,pratiquant la spéléodepuis3ans, trèsà l’aiseen cavité,enregistréedans l’Avendes Ténèbres jusqu’à la côte—300, avec remontées depuits de 40, 55 et76m.FCmoy125,CCRà50etCCR99à78.Seulement8%au-delàde80%desaFCMT.

o Hommede58ans,avecunepratiquerégulière,dans lacavitéde l’Avende l’AirChaud,physiquementéprouvanteetsortiede longuedurée.FCmoyà134,CCRà63,CCR99à106et51%au-delàde80%desaFCMT.

Appréciationdelasollicitationcardiaqueenmilieuextrême

explorationshivernalesd’unecavitéalpineàgrandeprofondeur(-850m)etdelonguedurée(>24h)

14spéléologuesd’uninterclub,desexemasculin,âgemoyende44ansaumomentdesmesures(de17ansà57ans).Engagementdansunecavitéd’envergureencoursd’exploration(gouffrepertedelaMurailledeChine,massifdePlaté,Arâches-la-Frasse/Haute-Savoie).Certains ont bénéficié d’un bilan type évaluation de médecine sportive avec examen clinique,électrocardiogrammederepos,etréalisationd’uneépreuved’effortsousmaximale(testd’Astrand)dontvoicilesrésultats:

sujet152ans/83kg

sujet240ans/94kg

sujet348ans/72kg

Puissance(watts) 240 270 270FCmaxatteinte(bpm) 155 170 160

TAmaxatteinte 230/110 180/100 180/110VO2l/min 4,9 4,7 5,3

VO2ml/min/kg 43,3 41,5 63,4Lesrésultatsphysiologiques(ramenésàl’âge)dessujets1et3sonttrèsbons.Lesujet2estenétatdeformemoyenneaumomentdutestetestpénaliséparsonpoids(résultatsimplementbon)Lesfaitssaillants1/LeprofilglobaldeprogressionestcoûteuxExemple de progression d’un homme de 48 ans, entrainé, lors d’une sortie d’exploration de26heures,avecbivouac.Lesdonnéesdescompagnonsdecordéesontparfaitementreproductibles.

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1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

DonnéesenFCdel’enregistrement F.C.M.T. 172FCderéférence 63FCmini 51FCcrête 159FCmoyenne 98FCdelta 61FCmédiane 100FC99°Percentile 138Indicesdecoûtscardiaques CCA 35CCR% 32,1Niveaudepénibilité 26point(s):Extrêmementdur

Lecoûtcardiaqueabsolumoyen(CCA)delasortieestsupérieurà30battementsparminutes(bpm)=activitéjugéepénible

Lecoûtcardiaquerelatifmoyenestsupérieurà30%=astreintecardiaqueélevée

Sil’onregardeendétailslesphasesdeprogression,quelquesenseignementsméritentd’êtretirés:

• Dans les trèsgrandspuits, le coûténergétiquede ladescenteest identiqueà celuide lamontée(Nos1/7/10).Celan’estpastrèsétonnant,dufaitnotammentdel’engagementliéaupassagedesfractionnements«pleingaz»,auxpendules,aumatérielspécifiqueinterdisant

N° DuréeFCMini(bpm)

FCcrête

FCMoyenne. CCA %

CCR%CCRcrête Activité Profondeur

(m)

NiveauduCCRcrête

1 02:08:20 81 138 114 51 46,8 68,8 descentedepuitsméandre 0à-500 >60%

2 01:00:40 94 135 106 43 39,4 66,1 pausebivouac/matériel -500 >60%

3 01:31:00 98 159 128 65 59,6 88,1 méandre/grandpuits -500à-700 >60%

4 02:01:20 87 140 107 44 40,4 70,6 méandre/équipement/topo -700à-830 >60%

5 05:10:25 65 127 91 28 25,7 58,7 topo -830à-750 [50%-59%]

6 01:46:15 79 129 97 34 31,2 60,6 remontéerivière/pause -700 >60%

7 04:14:10 83 142 114 51 46,8 72,5 remontéeméandre/puits -700à-500 >60%

8 05:54:10 51 100 64 1 0,9 33,9 sommeil -500 <50%

9 01:08:45 51 110 89 26 23,9 43,1 pdj/rangementbivouac -500 <50%

10 04:28:45 83 141 115 52 47,7 71,6 remontéeméandre/puits -500à0 >60%

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la moindre faute (corde de faible diamètre, exclusion des descendeurs autobloquants), àl’énergieparfoisnécessairepoursedélonger.Inversement,lamontéeauxbloqueursestplusrassurante,etsurtoutpluscalmecar«ilfautdurer».

• Laprogressionenméandreetlefranchissementd’ungrosP100(N°3),arrosé,techniqueetengagé, entre —600 et –700 génèrent les coûts cardiaques les plus élevés de la sortie,retrouvéschezlaplupartdesparticipants.

• Sanssurprise,lesactivitéslesmoinspéniblessontlaréalisationdelatopographie(N°5)etlesphasesdereposaubivouac(Nos8et9).Laphasedesommeil(N°8),trèscaractéristiquesur la courbe, permet, bien que courte, de récupérer correctement pour la remontée dulendemain.

2/Lecoûténergétiqued’unesortiepeutvarierenfonctionde l’âge,de l’expérienceetduniveaud’entrainementQuelleestl’influencedesfacteursâgeetexpériencesurlagestioncardiaquedelasortie?Deuxsujetssontcomparéslorsdelamêmesortiecommuneaufondduréseau(quatreparticipants),de type découverte et sortie photo. Quarante ans les séparent (57 ans, spéléo très expérimenté,17ansjeunespéléoprometteur).L’équipefranchiralacôtedes–800,dormiraaubivouacà–500,etsortiraaprèsvingt-quatreheurespasséessousterre.

SujetA(Âgé)57ans SujetJ(Jeunot)17ansFRÉQUENCESCARDIAQUES

FCMT 163 203

FCderepos 68 85

FCmini 59 74

FCréserve(FCMT-FCrepos) 95 118

FCcrête(max) 174 181

FCmoyenne 114 120

FCdelta 60 61

FCmédiane 120 121

FC99°Percentile 162 163

INDICESDECOÛTSCARDIAQUESCCA 46 35

CCR% 48,4 29,7

CCR99°Percentile 98,9 66,1

IndicedeBanister 1299,0trimps 562,5trimps

Niveaudepénibilité(Frimat) 30points/Extrêmementdur 30points/Extrêmementdur

Niveaudepénibilité(Meunier) 14points/Trèslourd 14points/Trèslourd

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LesfréquencescardiaquesFCMaximalethéorique(FCMT=220-âge)etderepos(laFCestminimaleàl’âgede25ans,etdoncplusélevéeà17ans)sontbienévidemmentplusbasseschezlesujetplusâgé.LesFCdecrête(maximaledel’effort)sontparcontreassezproches(174contre181),ettémoignentd’unrégimepassagerdetrèsfortemontéedeFCcheznotresenior(11pointsdeplusquelaFCMT(163)cequiillustreaupassagel’approximationindividuelleetconnuedecedernierparamètre).La valeur de FC qui n’est dépassée que pendant 1% du temps (FC99° percentile) est identique(162/163)maisforcémentplusimpactantepournotreseniorcarauniveaudesaFCMT.LaFCdelta(FCcrête–FCmoyenne)représentel’accélérationcardiaqueaucoursd’uneffort.Elleestidentiquecheznosdeuxsujets(60/61)maisreprésenteledoubledecequiesttolérédanslemondedutravail(FCdelta>30=pénibilitéexcessive).LescoûtscardiaquesLecoûtcardiaqueabsolu(CCA=FCmoyenne–FCrepos)estsignificativementplusélevécheznotresenior(46)quechezsonjeuneami(35).Ilreprésentelecoûténergétiquedelasortie.LemondedutravailconsidèreunpostepéniblelorsqueleCCAest>30bpm.Le coût cardiaque relatif moyen (CCR% = CCA*100/FC réserve) constitue une estimation de lacapacitéaérobiemaximale,etcorrespondaupourcentagedeVO2maxutilisépendant lasortie. Ilreflètebienlapénibilitédel’activitéquelquesoitlesujet(entrainéounon,jeuneouancien).Ilestbien plus élevé chez le senior/jeune (48,4 contre 29,7) et prouve que celui-ci, malgré toute sonexpérience,apuisébienplusd’énergiedanssesréserves(coûténergétique20pointsplusélevé).LeCCR99définitlapénibilitédecrêtedel’activité,dontlalimiteenmilieudetravailestde60%.Cetindicateurestdépasséchezlejeune(66%)maissurtoutchezlesenior(99%).L’indicedeBanister (Temps intégraldespulsationscardiaquesd’entraînement -TRIMPS)quiest leproduitde laduréede l’exerciceetde l’intensitéselon laFC,estdeuxfoisetdemiplusélevécheznotreseniorexpérimenté.Pourcentage du temps de sortie passé au-delà de 80% de la FMT (en rouge), 35% pour notreancien(sujetA)et1%chezlejunior(sujetJ),cfcourbesci-dessous.SujetA

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SujetJ

Au total, la comparaison par âge sur unemême sortie engagée est riche d’enseignements. Si lesdifférents indicateurs de FC sont peu discriminants chez nos deux sujets (l’effort est soutenu etimportantdanslesdeuxcas),lescoûtscardiaquesrévèlentunniveaudesollicitationbienplusélevéchez le senior (coût énergétique, pourcentage de VO2max, sollicitation desmécanismes aérobie,puismixtepuisanaérobie).Le bon niveau physique de base, l’expérience du sujet, sa gestion des difficultés, l’entraide et lacohésiondel’équipeontpermisàcettesortiedesepassersansincident.Chivapianovasanoevalontanodevraitêtreunadagedetouteprogressionengagéeenmilieusouterrain.Iln’enrestepasmoinsquec’estdanscegenredesituationàtrèsfortesollicitationcardiovasculaireetmétaboliquequelesuivimédical(validéparuncertificat)trouvetoutsonsens.3/LesaccidentsphysiologiquesavecmontéetrèshautedefréquencecardiaqueLacardiofréquencemétrieestégalementtrèsutilepourillustrerdessituationssortantdel’ordinaire,que l’on peut qualifier d’incidents physiologiques. Bien entendu, il ne s’agit pas d’artefacts demesurequiontétépréalablementenlevés.

! Conséquenced’unepresquenoyadeFin janvier 2013, une crue (pluie sur neige à 2000m)surprend l’équipe au fond du réseau. La remontée aubivouac (de–800à–500) se faitdansdes conditions trèsdifficiles et stressantes. Lors du franchissement d’un P17,heureusement équipé hors crue (rappel guidé) car sinoninfranchissable, une vague de crue particulièrementviolentesurprendunéquipierde56ans,quisuffoquesouslaviolencedel’eau.

SujetA SujetJ

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CelasetraduitparunpicdeFCtrèsélevéchezcesujetalorsen«modesurvie»pourrécupérerdel’impact(inhalationplusingestion)etfranchirlesquatrederniersmètresquileséparentdelasortiedupuits.Il fautnoter laencoreque lanotiondeFréquenceCardiaqueMaxthéorique(220-âge)trouveses limites puisqu’elle est dépassée de 25 points (189mesuré contre 164 prédit) dans ce casprécis,chezunsujetparailleurstraitépourhypertensionartérielle…

Ensemblesortie Incident

CCA 39 82CCR% 35% 74%CCR99 84,7 119,8FCmoyenne 95 140

Notonségalementquecetincidentquin’aduréquequelquesminutesafaitexploserlesseuilsdesparamètresphysiologiquesmesurés(coûtscardiaques).! Conséquenced’unincidenttechniquedansunP100Lors d’une exploration au fond du réseau, unéquipier se trouve en difficulté à la côte –660 aupassaged’unfractionnementàladescented’unP100technique (multiples pendules du fait d’unéquipement hors crue pour s’éloigner de la rivière).Sa poignée bloqueur (basic) sortie pour serapprocher de l’amarrage se retrouve bloquée sousle nœud et est très difficile à enlever. S’en suiventquelquesminutesd’effortsexplosifs, enpleinmilieud’ungrandspuits,poursetirerdecemauvaispasetcontinuerladescente.LaFCmaxdelasortieestatteintelorsdecettedifficultétechniqueàladescente.

Ensemblesortie IncidentCCA 35 79CCR% 32,1% 72,5%CCR99 68,8 88,1FCmoyenne 98 142

Làencorelesparamètresdecoûtscardiaquesdecetépisodequin’aduréquehuitminutessontparticulièrementélevés,ettémoignentd’uneffortenforcepure(faisantappelaumétabolismeanaérobie)dansuncontextedestress.

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CANYONISMESORTIESCANYON

• 23sujets,26enregistrements• 19hommes,4femmes• Âgemoyen41ans(20-73)• IMCmoyen24(21-33)

Sixcanyonsontétéparcourusparlescanyonisteséquipésdecapteurs.Avecdescotationsdev3a2Iàv4a2II,cascadesde12à45m.

FCmoyenne %tempspassé>80%FCMT CCRmoyen CCR99

113(83-148) 17(0-76) 42(13-55) 85(61-120)

Si l’oncompareaux28enregistrementsréalisésensortiesspéléo, lesvaleurssontsensiblementidentiques.

SPÉLÉO CANYON

FCmoy 114 113

CCR 45 42

CCR99 88 85

Nous avons pu isoler deux groupes, un de six canyonistes pratiquants réguliers et une sortieinitiationdequatrepersonnes.

SORTIESCANYONPRATIQUANTS

• 6sujets,6enregistrements• 5hommes,1femme• Âgemoyen44ans(28-73)• IMCmoyen23(21-24)

CanyonduGaglioli(Corse)alternantsautsetnages.Côtév3a2I.Approcheenmontéede20mn.C20,C8ouS8,C11suivid’unsautde3metunemarchederetourenrivièrede20mn.Duréedelasortie3heures.

FCmoyenne %tempspassé>80%FCMT CCRmoyen CCR99°p

122(103-148) 23(1-57) 47(30-55) 87(67-108)

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Lesvaleurspeuventsemblersurprenantes,FCmoysupérieureauxvaleursdugroupeentieretàcelle des initiés, de même pour le CCR et le CCR99. La dispersion du groupe a peut être uneexplication, il faut savoir que le rassemblement Canyon a été très festif et que certaines soiréesprécédantlasortiesesontterminéestardivement…

o Hommede28anspratiquantrégulier,sportifaguerri,cordiste.FCmoyde103,CCRà30,CCR99à67,n’apasdépassé80%desaFCMT.

o Hommede61ans,moniteurcanyon,pratiquantrégulierenspéléologie.FCmoy133,CCR64etCCR99de97.Adépassé80%desaFCMTpendant57%delasortie.

L’analyse par blocsmontre que les phases les plus exigeantes sont lamarche d’approche et la

marchederetourenrivière.

CCRmoy

C20Descente 38S3 38

ÉquiptdescenteC11 39C20-InstallationTyrolienne 43

S8ouC8 43Marcherivière 52

Montée 64

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SORTIESCANYONINITIATION

• 4sujets,4enregistrements• 3hommes,1femme• Âgemoyen35ans(30-43)• IMCmoyen23(21-26)

CanyondelaVacca,avecnombreuxsauts,dontunde8metnagesenbiefs,avecremontéeraided’uneheure.Classév3a4III.Duréedelasortie6heures15mn.

FCmoyenne %tempspassé>80%FCMT CCRmoyen CCR99°p

117(102-128) 17(0-30) 42(36-50) 113(77-198)

Quatrepersonnesayant trèspeudepratiquedecanyonismeou remontantàplusieursannées.Canyon sansdifficultémajeure si cen’est samarchede sortie trèspentue. Lesvaleurs sontmoinsélevées que lors des initiations spéléo. Elles sont cependant sensiblement plus élevées que lesvaleursdel’ensembledescanyonistes,notammentpourleCCR99(113versus87).

o Hommede30ans,sportif,ayantpratiquéunpeudecanyonismedixansenarrière.FCmoyà102, CCR 36 et CCR99 à 77. 3% du temps passé au-delà de 80% de sa FCMT (hors ducanyon,lorsdelamarchederetour).

o Femme de 30ans,modérément sportive. FCmoy 128, CCR 50 et CCR99 à 198! 23% dutempsdelasortieau-delàde80%desaFCMT.(essentiellementlorsdelamarchedesortieoùlaFCMTaétélargementdépassée).

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Plongée

2

3 95

64 108

7

12

11

L’analyseparblocsconfirmecequiestévident sur lacourbe,cesontdanscecas lamarchedesortie, la séquence marche en rivière, la nage en bief et la descente raide (à la limite de ladésescalade)quientrainentlesCCRlesplusélevés.

CCRmoy

Approchehorizontale 20Nage/C5 34

Déshabillage 35MarcheBlocs 39

Nage/C3/Nage/Marche 40Nage 42

DescenteC11 43MarcheRivière/S8/Nage 45

Nage/S4 45DescenteRaide 49

S4 58Remontéetrèspentue 60

PLONGÉEPROFONDE(FONDDECAVITÉ)En2017leplongeurduclub(SpéléoClubduMont-Blanc)concrétiseunvieuxprojetdeplongéedusiphonterminalduréseau(noussommesdanslecollecteurdubassindeFlaine).Lasortieseratrèsrapide(gouffredéjàéquipé,solideéquipedesoutien),d’unequinzained’heuresenaller-retour(sansbivouac).Ils’agitd’uneplongéeprofonde(—35m)ensolointégral,enhivernal,danslecollecteurduréseau,enpremière.Duréedelaplongée45mn,profondeuratteinte35m.À noter que l’équipement fourni (système monobloc ceinture enregistreur Polarteam 2) n’avaitjamaisététestéàdesigrandesprofondeurs(àlaconnaissancedufournisseur).Ci-dessouslegraphedelasortie:

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Lesdifférentesphasesdeprogression:

N° durée FCmini

FCcrête

FCmoy.

DeltaFC CCA %

CCR%CCRcrête Phased’activité niveau

CCRcrête

1 00:19:15 61 196 134 59 26 38,2 129,4 équipementsalled’entrée >60%2 01:03:48 63 197 133 60 25 36,8 130,9 duvestiaireaubivouac(0-500) >60%

3 00:19:48 74 168 148 31 40 58,8 88,2 méandreTibetlibre+puitsGengisKhan

>60%

4 01:35:09 45 198 136 61 28 41,2 132,4 duGKausiphon-852 >60%

5 01:23:03 63 203 139 66 31 45,6 139,7 préparationplongée >60%

6 00:45:06 45 199 138 62 30 44,1 133,8 plongéesiphon-887 >60%

7 00:57:12 53 205 126 68 18 26,5 142,6 récupérationpostplongée >60%

8 01:51:06 59 210 145 73 37 54,4 150,0 dufondà-700 >60%

9 00:40:09 62 174 139 37 31 45,6 97,1 remontéeGK(-700à-600) >60%

10 00:42:54 96 189 143 52 35 51,5 119,1 remontéeméandreTibetlibre >60%

11 00:17:36 105 132 119 -5 11 16,2 35,3 pauserepasbivouac <50%12 02:43:21 45 202 134 65 26 38,2 138,2 remontéegrandspuits

(-500/0)>60%

Faitssaillants:Lecoûtcardiaqueabsolu(coûténergétiquedelasortie)estplusélevélors de la progression en méandre et dans la descente d’un grandspuitsà–600(N°3)quelorsdelaplongéeenelle-même(N°6).Le coût cardiaque relatif moyen (CCR), pourcentage de VO2max estégalement plus élevé lors des progressions en méandre etfranchissementsdegrandspuits(Nos3/8/10)quelorsdel’immersion.Ilenestdemêmepourlecoûtcardiaquerelatifdecrêteoùlaplongéen’estpasl’activitégénératricedesplushautschiffresrelevés.Ilressortdecetteanalysequelaplongéeenelle-mêmenesemblepasêtrel’activitélapluscontraignantedansdesexplorationsengagéesdeplongéesouterraineenfonddetrou,etcemalgréunenvironnementdéfavorable(pointeensoloetà grande profondeur, eau froide, stress de lapremière). Les phases les plus exposées sesituent en amont lors des progressions enméandre et des grandes verticales, et en aval,plus précisément au début de la remontée(méandre et puits, Nos8/9/10). Il convient deprotéger et d’assister le plongeur toutparticulièrementdanscesphasesdeprogression.Unarrêtprolongéaubivouaclorsdelaremontéen’aurait sans doute rien changé dans ce cas(N°12) progression lente, limitation du tempsd’exposition sous terre. Des douleurs dansl’articulation du genou à la remontée ont faitcraindrel’apparitiondebends,nonconfirmésparlasuite(douleurméniscaled’originemécanique).

Plongée

récupération

Plongée Récupération

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Laplongée: la secondephasede laplongée révèleunebaissenotablede la fréquence cardiaque,pour laquelle plusieurs hypothèses peuvent être émises: bradycardie au froid liée à l’expositionfaciale (dont le plongeur a souffert, plongée en combinaison humide), vasoconstriction?Relâchementetdétentederetourdepointe?

CONCLUSIONETPERSPECTIVES

PÉNIBILITÉ?Spéléologuesavecdesformationsdemédecinedutravailetdemédecinedusportpourund’entrenous, nous avons abordé cette étude de la pénibilité potentielle en spéléologie et canyonisme àl’aune de nos connaissances, en utilisant les outils mis à notre disposition dans notre quotidienprofessionnelpourévaluerlapénibilitéd’unpostedetravail.Letermedepénibilitéesteneffettrèsutilisédanslestextesréglementairestouchantlasantéautravail.Pénibilitéettravailontdesconnotationstrèspéjorativespourdesactivitésde loisirsvolontairesetenprincipesalutaires.Sil’onveutévitercetermedepénibilité,onpeutleremplacerparl’intensitédel’activitéoula«sollicitationcardiaque»,refletdu«coûtcardiaque»mesuré.Spéléologie, canyonisme et plongée souterraine sont-elles des activités de loisir à fortesollicitationcardiaque?• Il existe une classification des sports selon leurs exigences physiques, tenant compte des

composantesstatiques(larésistance)etdynamiques(l’endurance)dusport,celledeMitchellet collaborateurs 9 . Spéléologie et canyonisme ne sont pas mentionnées dans cetteclassificationetilestdifficiledetrouverunsportcomparable.L’escalade,activitéquel’onpeutconsidérercomelaplusproche,estcôtéeàfortecomposantederésistance,letriathlonàfortecomposanted’endurance.Nosactivitésassocientdemanièreforteetconstantedesphasesderésistance et d’endurance, on peut donc les considérer comme une activité physiquementexigeante en général. En pratique, cette classification est peu utilisable pour desrecommandationspratiquesdusportloisir.

• UnouvrageAvisd’experts,Coronaropathiesetactivitéssportives10,publiéen2011,aélaboréuneclassificationpluspragmatiquedessports:«conseillés,tolérésouindifférents,ouàévitervoire déconseillés» pour la Pratique d’une Activité Sportive chez les coronariens (p.13). Le«canyonning» y est classé dans les sports tolérés et la spéléologie dans les sportsdéconseillés. Mais ces recommandations s’appliquent à une population ayant présenté unaccidentcoronarien,chezquiunerécidivesousterrepourraitêtrefatale.

• Unetroisièmeapprochepourmesurerl’intensitédel’activitéestcelledesMET,ouéquivalentmétabolique (Metabolic Equivalent of Task), utilisés dans les épreuves d’effort. Uneclassificationlistel’intensitédesefforts,qu’ilssoientprofessionnels,domestiquesousportifs.UnMETestapproximativement ladépensed’O2au repos (3,5mld’O2/kg/min). Il fautalorsestimer la VO2max au moyen de tests d’effort maximal ou sub-maximal (test de Léger-Boucher,deCooper,etc.).Iciencore,laspéléologien’entrepasdanscestableaux,quivontde0,9pourlesommeilà18pourlacourseàpiedsoutenueà17,5km/h.Uneffortestréputéintenseoulourdaudessusde7 MET, comme les sports d’équipe, le ski de fond, la randonnée en montagne, les sprintsintermittents,etc.Onpourraendéduirequespéléologieetcanyonismefontaprioripartiedecettecatégorie.

9- MITCHELL J. H., MARON B. J., EPSTEIN S. E.,‟16th Bethesda Conference: Cardiovascular abnormalities in the athlete: recommendations regarding eligibility for competition.ˮ, J Am Coll Cardiol.; 6 (6):1186-232, 1984 10- GERS (Groupe Exercice Réadaptation Sports) de la Société Française de Cardiologie. https://www.google.com/search?q=avis+d%27experts+coronopathies&ie=utf-8&oe=utf-8&client=firefox-b

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NosrésultatsLes résultats obtenus dans notre étude montrent que spéléologie et canyonisme relèvent d’unepénibilitéforte,classéecomme«excessive»selonlesnormesdetravail.Ilestsûrqu’unsujetbienentrainépeutallerlargementau-delàde80%deCCR(85-90%deVO2maxsans souffrir). Bien entrainé on peut courir 10km à 95% de sa fréquence cardiaque maximalethéorique,unsemimarathonà90%,unmarathonà80-85%.Maisils’agitd’uneffortplutôtcontinuet peu fractionné, deplus unmarathondure entre deuxet quatreheures selon les coureurs, unegrossesortiespéléocepeutêtredouzeheuresvoireplus.Lescoureurssontdesgensayantleplussouventunehygiènedevietrèscalibréeets’entrainantengénéral très régulièrement. Ce qui n’est sans doute pas le cas de la majorité des spéléos, sanscompterl’âgequigrimpe…Il est normal qu’une activité physique augmente le rythme cardiaque, sinon les musclesmanqueraient d’oxygène et on resterait affalés…,mais il n’y a pas de frontière nette entre cetteaugmentationnormaleet le risquedesurvenued’unepathologie.Autrementdit,quelle fréquencecardiaquepeut-onacceptersansmajorationdurisque?Difficile de répondre précisément et de fixer un seuil valable pour tous, car cela peut varier d’unindividuà l’autreetselon lesconditionsconcrètesaumomentde l’activité:étatdesanté, fatigue,stress,températuredelacavité,présencedegazcarbonique,etc.

Sorties spéléologiques, Le CCRest au-delà de la valeur de50%pourun tiers des sujets et au-dessusde40%pourlamajorité;touslessujetsontunCCR99supérieurà60%.Unesortieencavitéhorizontaledequatreheuressemblemoinssolliciterletravailcardiaque,leCCRnedépassepas40%mais la comparaisondes tracésmontrebien ladifférencede sollicitation cardiaqueentreun sujettrès entrainé et un sujet à la pratique très occasionnelle. La progression en laminoir est la phaseentrainantlecoûtcardiaqueleplusélevé.Ilnefaitaucundouteque l’entrainementpermetderéduire lachargecardiaque,ceciestconfirméparlesenregistrementsd’initiés.LamoitiédessujetsontunCCRsupérieurà50ainsiqu’unCCR99supérieurà60etdépassant100pourtroissujets,avecuntempsmoyendedépassementdelaFCMde34%dutempsdelasortie.Etcemêmechezdessujetssedisantsportifs,lefacteurstressdevantentrerencompte.TouteslesphasesderemontéesurcordeprésententdesCCRsupérieursà60%;danscesphases,lamaitrisedelatechniqueestunfacteurimportantpourlimiterlecoûtcardiaque.L’analysedesortiesdansunecavitédemoinsde100mdeprofondeur,desujetsayantunepratiquerégulièrefaitressortirdesCCRnedépassantpas50%pourlaquasitotalitédespratiquantsmaisavecdesCCR99trèsélevésetdestempsdedépassementde80%delaFCMpouvantatteindreles30%delasortie.Technicitéetentrainementrégulierfontladifférenceentrelessujets.Lorsdesortiesplusengagées—déniveléplus important,duréedesortieplus longue—,dessujetspratiquantsdemêmeniveauprésententdesCCRetCCR99plusélevésde20%, letempspasséau-dessus de 80% de la FCM augmentant dans les mêmes proportions. Les facteurs intervenantsemblentêtre lesdifficultéstechniques(étroitures,ramping,successiondepetitspuits)et laduréede la sortie. Les sujets jeunes, entrainés et ayant une bonne technicité présentent également desCCRautourde50%(vraisemblablementliéàlaremontéedegrandspuits)avecdesCCR99inférieurà80%liésàunebonnetechnicité.Rappelonségalementquecesdernièressortiesétaientréaliséesdansdescavitéséquipées,cequiasûrementminorélecoûtcardiaqueglobal.Dans les sorties d’envergure, qui concernent des spéléos entrainés et chevronnés, cette étuderenforcequelquespointsquisemblent logiquesetconnus:nécessitéd’uneprogression lente,d’unentrainement régulier,d’uneoptimisationdes tempsà coûténergétiqueplus faibles (topographie,pausesrepas,bivouac,sommeil),des’hydrateretdes’alimentersouventenqualitéetenquantité;maisrévèleégalementquelquessurprisescommelecouténergétiqueimportantetsous-estimédeladescente,et l’influenced’unbonétatgénéralpourencaisserdes incidentsphysiologiquestoujourspossibles.

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Ilsembleimportant,danstouslescas,etnotammentlorsquel’onavanceenâge,de«travailler»endessousduseuilphysiologiquede80%delaFCMT,seuilpersonnel idéalementdéfiniaprès50ansparuntestd’effortenmilieuspécialisé(médecineoucardiologiedusport).Lors des plongées «fond de trou», il est capital de préserver le plongeur sur les phases les plusexposéesàladescente,etlorsdudébutdelaremontéesurcorde.

Sorties canyon,30%dessujetsontunCCRsupérieurà50%et tousontunCCR99supérieurà60%. La comparaisonentre les deux groupes spéléo et canyonmontreune sollicitation cardiaquelégèrementplusfaiblepourlessortiescanyon.L’analyseparphasesdeprogression,montrequecesont,chezlespratiquantsréguliersetlesinitiés,lesaccèsaudépartdecanyon(correspondantàunerandonnéesurunsentierpentu)ainsiquelessortiesquipeuventêtreégalementaccidentées,etlesmarchesenrivièresurblocsquientrainentlescoûtscardiaqueslesplusélevés.Lefacteurstressestégalementàprendreencomptechezlesinitiés;ainsilorsd’unesortiedenuit,onapucomparerlestracésdetroissujetsjeunespourlemêmecanyonparcourulaveilledejour.LeurCCRaaugmentédeplusde50%etleurCCR99de22%.

PRÉVENTIONAvant d’aborder les recommandations proprement dites, établissons les grandes lignes de laprévention.Ellessesituentàdeuxniveaux,l’individuetl’activité:

• Pour l’individu, il faut tenir compte des divers facteurs de santé comme l’âge, lespathologies, l’étatdesantéetdeformephysiqueaumomentdel’activité, l’hygiènedevie,lesfacteursderisquescardiovasculaires,leniveautechniqueetl’entraînement.Il faut savoir que dans les phases d’endurance avec intensités soutenues, on observe unedéshydratationavechyperviscositésanguine,d’oùl’importancedel’hydratationaucoursdesortiesdelonguedurée.L’entraînementjoueunrôleimportantsurlatoléranceàl’exercicedynamique et les variations tensionnelles, que ce soit chez les sujets normotendus ouhypertendus; pression artérielle systolique et pression artérielle moyenne baissent et cequelquesoitl’âgedusujet.Comme le disait le Dr Thierry Costes en introduction, «La spéléologie ne protège pas desmaladies cardiaques». Certes le risque absolu de mort subite, quelque soit l’intensité del’exercicephysiqueest trèsbas:unemortsubitepour1.51milliond’épisodesd’exercice11.Les différentes études de la littérature chez les sportifs ayant présenté un infarctus dumyocarde lors d’une activité sportive montrent que près d’un quart ont des coronairesangiographiquementnormales(23%),prèsdelamoitié(44%)avecunemaladieuniquementmono tronculaire, et un tiers (32%) avec une maladie multi tronculaire. Chez un sujet,porteurdefacteursderisques(HTA,cholestérol…)ignorés,lesactivitésphysiquesàhautesintensités(commeonpeutlesrencontrerdansnospratiques)peuventgénérerdesrupturesde plaque athéromateuses coronariennes et apparition d’un Syndrome Coronarien Aigupouvantaboutiràl’infarctusdumyocarde,oudéclencheruntroubledurythme12.Une composante vasospastique à l’effort est également possible, notamment en casd’imprégnation tabagiqueoudebasse température. Les sportifs, surtout lesplus jeunesetensportamateur,n’échappentpasaux facteursde risque,notammentau tabagisme,dontlesrisquessontsouventméconnusounégligés.Biendessportifspensentàtortquelesportpermetd’«éliminer»lesméfaitsdecelui-ci.L’informationdoitêtreréaliséenotammentlors

11- ALBERT C. M. , MITTLEMAN M. A., CHAE C. U., LEE I. M., HENNEKENS C. H., MANSON J. E., ‟Triggering of sudden death from cardiac causes by vigorous exertion”, N. Engl. J. Med.; 343 (19):1355-61, 2000 12- ROBERTS W. O., MARON B. J., ‟Evidence for decreasing occurrence of sudden cardiac death associated with the marathon”, J. Am. Coll. Cardiol.; 46:1373-4, 2005

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de ladélivrancedecertificatsdenoncontre indication,surtoutenprésencedefacteursderisques.Plusieursfacteursfavorisentlasurvenued’unSyndromeCoronarienAiguàl’effort(premièrecausedemortsubiteaprèsl’âgede35ans):o lavolontédeperformance;o l’engagementsanséchauffementinitial;o lesrupturesd’entraînementrégulier;o desfacteursclimatiques(froid,chaleur,hygrométrieélevée…);o descomportementsfavorisantdesfacteursvasomoteurs(cigarette,douchefroide...).Conseilspratiquesàrespecter:o Respecter une période d’échauffement et de récupération (marches d’approche

progressives, récupération post-effort), ménager ses efforts, faire des pauses,s’entraînerrégulièrementdansl’annéeycomprishorscavité(falaise,salle);

o Supprimertabacetalcooloutouteautreconduiteaddictive,enparticulierdeuxheuresavantl’effort,pendantl’effortetdeuxheuresaprèsl’effort;

o Protections adéquates lors de conditions climatiques extrêmes (froid, vent, chaleur,humidité);

o S’hydratertrèsrégulièrement(toutesles30min)ets’alimenterlemieuxpossibleavant,pendantetaprèsl’effort;

o Éviterdouchestrèsfroidesoutrèschaudestroptôtaprèsl’effort;o Consulteraumoindresymptômesuspect(douleurthoracique,palpitations,malaise);o Arrêt temporairedu sport en casde fièvre et de syndromeviral récent (attendreune

semainepourlareprise);o Éviter les «compléments alimentaires», pouvant contenir d’autres substances

dangereuses (dopage caché) et la prise médicamenteuse non contrôlée (antiinflammatoiresnotamment);

o Après une plongée souterraine, éviter les efforts intenses juste après et pendant lesheuresquisuivent,cequin’estpassansincidencespourlaplongée«fonddetrou».

En complément, les Dix règles d’or 13 éditées par nos confrères cardiologues du sportméritentd’êtreconnuesdetoutpratiquantdumilieusouterrain

• Pourl’activité,ilfautadapterleniveaudelacavitéouducanyonauxcapacitésdel’individuetadaptersonéquipementtechniqueetsatenuevestimentaire.Danslecasd’ungroupe,lasolidaritéetlabienveillanceserontdemisepourchacun,ens’alignantsurlespersonneslesplusfragiles.Etcommetoujoursdanslesactivitésdepleinenature,savoirrenonceràtempsoulimitersesambitions.Connaitreseslimitesetpratiquerenfonctiondesescapacitéstechniques.Lamaitrisedelatechnicité,notammentdesremontéesdepuitsetpassagedefractionnementestunfacteurd’économie du coût cardiaque. Dans une étude de 1994, des auteurs ont conseillé auxspéléologuesdenepasdépasserlacadencede20brasséesparminute,cequicorrespondauseuilde4mMol/mndelactate,leseuilSV2,afinderesterenenduranceetdenepasrisquerl’épuisement14.

Ànotreconnaissancec’estlepremiertravailconcretdecetypepournosactivités.Dansl’ensemble,quecesoitenspéléologieouencanyon,onpeutchiffrerlecoûtcardiaqueàunniveauélevépourlesphases en endurance avec des phases dynamiques pouvant être très intenses. Spéléologie etcanyonisme sont cependant des sports d’endurance développant les capacités d’adaptation

13- http://www.clubcardiosport.com/reglesd'or/affiche/CCS%20affiche_regles_d_or_HD.pdf 14- DE YZAGUIRRE I., GUTIERREZ J. A., « Épreuve fonctionnelle de laboratoire pour l’évaluation des spéléologues », Cinésiologie, XXIII, 164, 1994

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cardiaqueàl’effort,avectousleseffetsbénéfiquesreconnuspourd’autressportstelslecyclismeetlacourseàpied.Avecunénormeavantage,celuidesollicitertouslesgroupesmusculaires.Commepourlecyclisme,ilfautsavoiradaptersapratiqueàsonniveaudeformeetd’entrainement,le coût cardiaque n’est pas le même en balade cyclotouriste et en cas d’ascension du MontVentoux15!Savoirsepréparerc’estpratiquerunentrainementréguliersurstructureartificielle,falaise.Onpeutse faire plaisir quel que soit le niveau de pratique, c’est ce que permettent spéléologie etcanyonisme, gratter au fond d’une grotte ou «faire» un moins 300. Entre un pratiquant trèsentraîné,voireprofessionnel,etunamateuroccasionnel,entreunecavitéhorizontalesansdifficultésetungouffrealpintrèsengagé,touslesintermédiairesexistent.Cequ’apermisl’étudec’est laconfirmationdecesphasesintenses,quechaquepratiquantconnaitbien et qui peuvent avec l’âge être le déclenchement d’accidents cardiaques ou autres chez dessujetsporteursde facteursde risques ignorés. C’est toute la valeurdu certificatmédical,momentprivilégiéd’accompagnementdupratiquantsursescapacités.

LECERTIFICATMÉDICALSuite à l’obligation annuelle du certificatmédical, quen’a-t-onpas entendude la part de certainsspéléos!:«Quechacunseconnaissaitmieuxqu’unmédecin(ycompris le leurparfois),quechacunsavait dans quel état il était aumoment de faire une sortie, etc. En bref, que l’individu avait uneparfaiteclairvoyancedesaprisederisque!»L’étude de la CoMed démontre en grande partie l’inverse de cette position de principe. Lespratiquantss’étantsoumisàcesenregistrementscardiaquesontsouventétésurprisdesrésultats.Ilsne s’attendaient pas en général à de telles augmentations de fréquence cardiaque, même s’ilspouvaient parfois l’imaginer en raison de leur âge, de leur manque d’entraînement ou de leurméforme physique. Il est donc assez peu réaliste de se fier uniquement au ressenti dumoment,l’accidentcardiaqueétantsouventun«coupdetonnerredansuncielbleu»...Durant l’échange médecin/patient, ce qui se joue en matière d’examen de prévention n’a riend’anecdotique. Il s’agit bien de la vie du pratiquant qu’il s’agit de préserver ainsi que la vie decoéquipiersengagésencasdesecourspourunaccidentcardiaquequel’onauraitpuprévenir.On ne peut qu’insister sur la mise en perspective des trois composantes fondamentales de cetéchange:

• l’activité:quecesoitlaspéléologie,lecanyonismeoulaplongéesouterraine,lasollicitationphysique et mentale de l’individu est forte. Milieu très particulier, inhabituel, souventstressant,effortsoutenuetfractionné,endurantetrésistant.

• lepratiquant:sesdonnéesdesantéglobales,enparticulierlarecherchedesesfacteursderisque cardiovasculaire, mais ce ne sont pas les seuls éléments à considérer, son niveautechnique, l’intensité de sa pratique, samotivation (qu’il faut parfois freiner...). C’est toutl’individuqu’il fautappréhenderdanscetactequiengagefortementmalgrésonapparentebanalitéadministrative.

• l’angoisse du médecin: on pourrait l’oublier, mais le médecin n’est pas une intelligenceartificielle!C’estunêtredechairetdesangquiasespropresreprésentations.Etavouonsque laspéléologien’apasbonneréputationdans lepublic!Onpeutdonccomprendresesdifficultés ou sa prudence parfois très excessive avant d’apposer sa signature sur un telcertificat.

Le certificat médical de non contre-indication au sport (CMNCI) est toujours une recherche decompromisentre l’analysedurisqueet laprisederisque,quecesoitducôtédupratiquantoudumédecin. On conçoit facilement que ce ne soit pas toujours simple. Heureusement les examenscomplémentaires d’exploration cardiaque peuvent aider à la prise de décision:

15- Plusieurs morts par an par arrêt cardiaque et le certificat médical n’est obligatoire que tous les trois ans.

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électrocardiogramme, échocardiographie, épreuve d’effort, Holter tensionnel ou rythmique,recherched’apnéesdusommeil,etbiend’autres.Lemédecingénéralisteoulecardiologuen’étantpasforcémentspécialistedesactivitéssportivesdepleine nature, le recours à unmédecin du sport pourra débloquer certaines situations. Rappelonsque la CoMed, commission fédérale, peut être contactée par le pratiquant ou sonmédecin pourdiscuterdecasprécis. LesmembresduComitéTechniquemaisaussi lesmédecins référentset lesmédecins fédéraux régionaux (souvent les mêmes), sont à même de renseigner pratiquants,structuresfédéralesetmédecins.Le site internet de la commission affiche également les travaux médicaux réalisés, toustéléchargeables,quipeuventaideràlaprisededécision.Lemodèle de certificatmédical élaboré par laCoMed répond aumieux aux impératifsmédicaux,juridiquesetréglementairesenjeudanscetteprocédure.Ilcomprendtroisparties:

• unedescriptiondescontraintesdel’activitéetdespathologiespouvantinterféreravecelle;• le certificat proprement dit à faire signer par le médecin, avec les activités nommément

autorisées;• uneattestationd’antécédentsdéclarésparlepratiquant,destinéaudossiermédicaltenupar

lemédecin.Nousnepouvonsqueconseilleràtousdel’utiliser.BIBLIOGRAPHIE

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