com'met, le journal du met assas - janvier 2012

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Ivan Entretien exclusif avec le journaliste et éditorialiste du FIGARO « Ecouter le peuple qui souffre » E N N E M I P U B L I C 1 D U P O L I T I Q U E M E N T C O R R E C T E N N N N E N N N P I M E L L B B L B U U B U P P E T N E E N T 1 C I I C L L I B 1 B L 1 B C C I I C D T C E R R R R T R 1 1 P U D R R O O O R C R O O R C C O T T C N N T 1 1 Q I I Q T T I I I T L L I O O L L O O L P T T N N N T E E N E M E U U Q Q U I I Q T T I Le journal du MET Assas - Décembre 2011 - Janvier/Février 2012 R I O U F O L

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Le nouveau numéro du journal du MET Assas, avec un entretien exclusif d'Ivan Rioufol.

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Page 1: Com'Met, le Journal du MET Assas - Janvier 2012

Ivan

Entretien exclusifavec le journalisteet éditorialiste du FIGARO

« Ecouterle peuple

qui souffre »

ENNEMI PUBLIC

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Le j o u rn a l d u MET A s s a s - Dé cemb re 20 1 1 - J a n v i e r / Fé v r i e r 20 12

RIOUFOL

Page 2: Com'Met, le Journal du MET Assas - Janvier 2012

Par Sara BEN CHERIFAPrésidente du MET AssasElue au Conseil des Etudes et de la VieUniversitaire

Le thermomètre descend dehors mais celuid’Assas est stable. C’est que nous avons désormais du chauffage à Assas et puis unecafet’ aussi . I l semblerait bien que notre université soit sur le bon chemin pour être sacrée première université de France où il faitbon étudier. Ce n’est d’ai l leurs pas peu fiersque notre Président, Monsieur Vogel, et sonadministration avaient inauguré la bibl iothèque en grande pompe l ’année dernière ; c’est tout aussi fiers qu’ils ont sabréle champagne pour la nouvelle cafet’. Petit àpetit notre université se métamorphose pourressembler à quelque chose de vivant. Dommage qu’on ne puisse pas en dire autantpour certains des services de la scolarité quis’ i l lustrent par leurs horaires alambiqués etleur ton désespérément désagréable. I l semble manquer si peu à Assas pour qu’ellesoit réel lement la première université deFrance en droit et en fait.

Malgré ces quelques considérations deconfort, les init iatives étudiantes restentnombreuses et la vie assassienne regorge toujours autant d’opportunités. C’est dans cecadre de développement associatif que le METAssas a proposé le 30 novembre dernier uneconférence inédite à Paris I I sur le thème dela coopération police/justice face à la délinquance. Une centaine d’étudiants se sontrassemblés autour de Bruno Beschizza(conseiller régional d’I le de France, secrétairenational de l ’UMP à la sécurité ancien souspréfet et ancien responsable du syndicatSynergie Officier) , Xavier Bébin (délégué

général de l’ Institut Pour la Justice) et XavierRaufer (criminologue et Professeur à Panthéon Assas) pour assister à cette conférence et poser leurs questions à nos intervenants. Autre grande figure du mondepolitique mais davantage par son décryptage,Yvan Rioufol nous a fait l ’honneur de nous recevoir au siège du Figaro où i l écrit ses ar ticles et chroniques acerbes sur le mondequi nous entoure. Crise de la zone euro, Europe et souverainisme, animaux politiquesde la campagne 2012, droit de vote des étran-gers, i l nous donne sa vision des choses sansdétours et sans langue de bois. (page 4)

L’université l ieu de savoir et de débats doitpermettre à chacun de se forger professionnellement et personnellement. Elledoit donner à chacun la possibi l ité de mûrirses réflexions et doit être à l ’ image de la société. Elle doit tenter de refléter toutes lestendances, toutes les idées, toutes les mouvances tout en garantissant la l iber téd’étudier et la paix estudiantine.

Le Mouvement des Etudiants défend cet idéal d’une université professionnalisante où l ’apathie intel lectuelle et polit ique n’existepas. Cependant, avoir des idées n’ inclut pasforcément de les défendre par la violence, lesblocages et les manifestations agressives oules menaces. Le MET Assas, loin des extrémismes et des groupuscules, rassembletous ceux qui s’opposent à la violence et auxblocages, mais il rassemble également tous lesétudiant s de sensibi l ités de droite et du centre autour des valeurs de mérite, de liberté et de responsabilité. Assas ne doit pasêtre Tolbiac où d’ ici peu les fascistes et lesmaoïstes s’affronteront juste pour le plaisir dela bagarre. Assas doit rester Assas, Assas doitrester la première université de France qu’elleveut être et qu’elle sera.

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E d i t o r i a l

Agir pour ne pas subir

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Alors que le Président de la République s’estdéplacé dans la cité phocéenne pour s’exprimer sur ladernière attaque à l’arme lourde contre les forces depolice, le MET, avait organisé, quelquesjours avant, une conférence suivie d’undébat sur le thème del’insécurité et desmoyens de coercitionmis en place pour y remédier.

Pour s’exprimersur le sujet, rien ne fut fait à demi-mot puisque cesont des interlocuteurs de choix qui se sont adressés devant la centaine d’étudiants amassée dans l’amphi 2du centre Assas.

Xavier RAUFER, criminologue et enseignant àl’Institut de criminologie de Paris II ainsi qu’à l’EcoleSupérieure de Guerre, fut très certainement le plusimpressionnant. D’un pragmatisme à toute épreuve, ilsut faire sortir des chiffres et des faits les solutions quis’imposent. Il aura, une heure durant, tenu le discoursde l’efficacité et dénoncé certains dysfonctionnements actuels qui mènent au drame quifont la une des journaux.

Présent aussi, Bruno BESCHIZZA, conseillerrégional d’Ile de France et ancien secrétaire généraldu syndicat de police Synergie-Officier. Il est uneétoile montante de l’UMP et connaît mieux que personne les besoins de nos forces de polices, il a

apporté des réponses politiques concrètes, notamment sur le suivi des grands délinquants ainsique sur l’évolution de la justice pénale des mineurs. Il

était accompagnéde Xavier BEBIN,délégué général del’institut pour lajustice (IPJ) à l’origine du «Pacte2012». Ce dernierpropose une refonte ambitieusedu système judi-ciaire pour

promouvoir une justice plus équitable et un meilleurdroit des victimes. La vidéo-témoignage du «Pacte2012» de l’IPF, dénoncant les manquements de la justice, avait fait, et fait toujours, des millions de vuessur le Net et les réseaux sociaux.

Loin de tenir un discoursconsensuel, le débat qui a clôturé la soirée fut riche et lesavis furent parfois divergents,d’autres complémentaires maistoujours intéressants.

C’est donc une missiond’accomplie pour le MET-Assasqui se projette déjà sur d’autresrencontres de cette mêmequalité pour nos chers assassiens et assassiennes.

A c t u d ’ A S S A S

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Conférence du 30 novembre sur le thème : Police / Justice : Quelle coopération face à la délinqance?

Succès des opérations CODE DALLOZ et BOURSE AUX LIVRES.

Comme chaque année, le MET-Assas offrela possibi l ité aux étudiants de Paris I I , depouvoir acquér ir les codes jur id iques DALLOZ avec une remise de -20%!!

Et cette année 2011 , contre touteattente, a été un cru d’exception,p lus de 350 codes ont été commandés par le b ia is du MET-Assas pour près de 150 étudiants,leur permettant ainsi de réal iser

pour cer ta ins , des d iza ines d’euros d’économies.

La Bourse aux l ivres , a el le aussi suséduire un grand nombre d’étudiants . Nous avons réuss i àvendre 85% des 1100 l ivres qui nousavaient été déposés, et sans prendrela moindre commission!

Le MET-Assas vous remercie pour laconfiance que vous lui avez accordé.

René BOUSTANY (M1)

Vincent CATTAUX L 1 Droit

de gauche à droite : JR Costa (MET), X. BEBIN (IPJ), S. Ben Cherifa (MET), X. RAUFER (criminologueAssas), B. BESCHIZZA (UMP)

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II v a nv a n RR i o u f o l i o u f o l Ivan Rioufol est journaliste au Figaro où il tient un bloc-notes tous les vendredis ainsi qu’un blog baptisé « liberté d’expression ». Pourfendeur du politiquement correct, il est également l’auteur de plusieurs livresdans lesquels il défend des idées plutôt libérales et conservatrices. Ses deux prochains livres sortiront au débutde l’année 2012. Le premier est un essai intitulé « De l’urgence d’être réactionnaire », aux éditions PUF. Lesecond, comme chaque année, est un recueil des bloc-notes de l’année 2011, aux éditions de Passy. Il aurapour titre « La fin d’un monde ».

MET-Assas  : La marge de manœuvre de nos hommes politiques se trouve de plus en plus réduite, notamment en matière

économique et financière. On peut donc penser queles sujets de société, sur lesquels ils ont encore unvéritable pouvoir, vont ressurgir de plus en plus surle devant de la scène. Parmi ces sujets, la question dudroit de vote et d’éligibilité des étrangers aux élections  locales se révèle particulièrement brûlante. Qu’enpensez-vous ?

I.R. : La crise économique de l’État-Providence est évidente mais il y a une autre crise, plus délicate encoreparce que ses solutions ne peuvent être technique : cettecrise est celle de l’État-nation. C’est une crise identitaire, une crise existentielle profonde des Françaiset des Européens en général qui ont l’impression de neplus maîtriser leur propre destin. La question du droitde vote des étrangers doit être posée dans cette perspective. Pour moi, citoyenneté et nationalité sont inextricablement liées. Mais cela reste un problème annexe. Reste surtout la question de l’accès à la nationalité, du respect de la laïcité, de la liberté d’expression, de la lutte contre le communautarisme, dela place de l’Islam dans notre sociétélaïque, etc. Autant de débats difficiles à mener.

MET-Assas : : Face aux bouleversements identitairesqui touchent le monde occidental en général et laFrance en particulier, on a l’impression que les réactions versent soit dans la haine, soit dans la naïveté. Les élections présidentielles approchent àgrand pas et inviteront justement les Français à s’ex-primer sur la question de leur identité. Pensez-vousqu’il existe aujourd’hui une réponse politique crédible à ces questions identitaires ?

I.R. : Je suis persuadé qu’il faut faire confiance au peuplequi, loin d’être extrémiste, est raisonnable. Que dit lepeuple ? Qu’il veut préserver son identité, son histoire

collective, son mode de vie. Cette inquiétude se retrouved’ailleurs partout dans le monde. Pourtant, on ne veutpas l’écouter. Et quand on l’écoute, on se pince le nez endisant que c’est du populisme. Ce mépris là est tout àfait déplacé, il est en contradiction avec les règles denotre démocratie. Le peuple exprime une souffrancequ’il vit au quotidien. Et cette souffrance là, les élites - politico-médiatiques ne sont pas capables de la voir.D’où la crise de confiance avec les élites. Si la majorité

des Français dit aujourd’hui qu’elle n’aplus confiance en ses représentants,c’est bien parce que le discours politique ne répond pas à ces

préoccupations. D’ailleurs, la droite est parfois peu discernable de la gauche. Et les Français le ressentent.Je crois qu’il y a là un boulevard pour la droite libéraleet conservatrice mais ce créneau reste mal représentépour l’instant. Peut-être pourrait-il l’être davantage. Lesmédias sont eux aussi rejetés car ils ne reflètent pas ceque pense le peuple français. Pour preuve : le discourspublic, que l’on entend dans cette chambre de résonnance formidable qu’est Internet, n’a plus rien àvoir avec ce que l’on publie et ce que l’on croit être lapensée dominante.

MET-Assas : Les sondages pour la droite au pouvoirne sont pas vraiment flatteurs. Ilsannoncent même une large défaite.Pensez-vous que la tendance puisse

s’inverser ? En cas de défaite de la droite, imaginez-vous la recomposition des droites entre un pôle humaniste et un pôle musclé, ce dernier regroupantle FN et l’aile droite de l’UMP ?

I.R. : Je ne suis pas persuadé, loin de là, que les jeuxsoient faits. On voit bien aujourd’hui que Nicolas Sarkozy est en train de reprendre du poil de la bête. Hollande s’essouffle. On va s’apercevoir que le programme du parti socialiste n’existe pas et que Nicolas Sarkozy a toujours des atouts en période decrise. Je pense même que la droite peut gagner. D’autant que partout en Europe ou presque, la révolution conservatrice progresse. Si la gauche passait,

E n t r e t i e n

«La droite peut gagner la présidentielle»

«Le peuple veut préserverson idendité»

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ce ne serait donc pas grâce à un désir de gauche mais àcause d’un rejet de la droite. Si toutefois la droite devaitperdre, cela signifierait que le FN l’aurait fait perdre. Eten effet, on assisterait certainement à la recompositiondes droites entre une tendance plutôt centriste et unetendance plus souverainiste ou moins complexée.

MET-Assas : : Poursuivons avec le FN, puisque ceparti n’a que rarement, voire jamais, été aussi puissant à quelques mois des élections présidentielles. Selon vous, le FN de Marine le Penest-il différent de celui de son père ? Et pensez-vousqu’un tel parti porte des idées dangereuses?

I.R. : Le FN de Marine Le Pen n’est pas le même quecelui de son père. Marine Le Pen l’a fait évoluer. Il fautle reconnaître. Elle a aujourd’hui un discours laïc, anticommunautaire, qui met en garde contre les dérives del’Islam radical. C’est un discours qui devrait être portépar la droite elle-même. Et je soutiens Marine Le Pendans cette approche là. En revanche, je m’oppose à ellesur son programme économiquepuisqu’elle prône un modèle quis’écroule sous nos yeux. Surtout, jen’oublie pas que son père est encoreen coulisse. Je n’oublie pas non plus que les liens avec lenoyau dur du parti ne sont pas rompus. C’est précisément ce noyau dur porteur de racisme, d’antisémitisme et de xénophobie qui a rendu ce parti infréquentable et pour moi repoussant. Je garde donc,face à Marine Le Pen, une suspicion jusqu’à ce qu’ellecoupe les liens avec ce qui constitue à mes yeux l’extrême droite.

MET-Assas : Se pose régulièrement la question de lacompatibilité entre l’Islam et notre république. L’Islam  peut-il enrichir notre identité, dont les racines sont judéo-chrétiennes et gréco-latines,  ouau contraire, la menace-t-il ? Bref, croyez-vous à unIslam de France, respectueux de nos valeurs?

I.R. : C’est le grand défi. Nous espérons tous qu’il puissey avoir une cohabitation entre l’Islam et la République.D’ailleurs, cela existe déjà. Preuve en sont tous les Musulmans qui se sont intégrés. Toutefois, il ne faut pastomber dans un excès de naïveté. Il n’est pas vrai de direque l’Islam peut s’intégrer sans difficulté à la France. Ily a un séparatisme qui est en train de se créer et qui vaposer un problème colossal. Quoi qu’il en soit, je restetrès prudent sur la question. Ce que je ne veux pas, c’estrejeter systématiquement le Musulman au prétexte quel’Islam serait inconciliable avec la démocratie. Je suis trèscritique sur l’Islam radical mais en même temps je neveux pas accentuer ce séparatisme latent qui pourrait

exister entre une communauté islamisée et la communauté nationale. Autrement dit, il faut porter lacritique sur ce qu’est l’Islam radical lorsqu’il ne veut passe plier aux règles de la République mais il ne faut pas décourager les Musulmans en leur laissant croire que depar leur religion, ils ne pourraient pas trouver leur placedans notre société.

MET-Assas  : : Interrogeons-nous maintenant surl’avenir de l’Union Européenne. Pensez-vous quel’Union européenne, et à fortiori notre pays, puisseconserver une cohérence culturelle tout en restantouvert à la mondialisation?

I.R. : C’est un équilibre difficile à trouver. D’un côté, onne peut refuser la mondialisation. C’est comme si vousvouliez arrêter la mer qui monte avec vos mains ! Maisd’un autre côté, il est impératif de se protéger. Ensomme, il faut trouver un équilibre entre la mondialisation qui est une réalité et la protection de ceque nous sommes qui est une nécessité. Et ça ne me

semble pas insoluble. Mais jepense que le discours dominant, qui dit que l’État-Nation est périmé du fait de

la mondialisation, est dangereux. Ce discours est priscomme une violence par chaque peuple. Et pas seulement les peuples européens : regardez par exemplele vote identitaire des peuples maghrébins qui ont votépour les islamistes. Il ne faut donc surtout pas mépriserou diaboliser cet attachement des peuples aux élémentsqui constituent leur identité. Sauf à vouloir encouragerun phénomène de repliement identitaire.

MET-Assas : : Mais comment se protéger ?

I.R.: Il faut d’urgence se demander s’il faut poursuivrel’immigration de peuplement qui est pour moi déraisonnable et s’il faut continuer à accorder la nationalité de manière automatique. Si on résout cesdeux difficultés, on répond en partie au problème de savoir si on ne finira pas par disparaître avant la findu siècle. Il faut arrêter de penser que l’immigrationest uniquement un bienfait pour la France. Aujourd’hui, cette immigration de masse ressemblede plus en plus à une contre colonisation. Ceux quiviennent ne veulent pas toujours accepter nos règles.Pire, ils veulent parfois imposer les leurs. Or, vous nepouvez pas assimiler des gens qui ne veulent pas s’assimiler. Le problème est là ! Ce phénomène a prisune envergure inquiétante et peut aboutir à des frictions entre les communautés. On est déjà dans dessituations d’affrontement permanent dans certainescités. Et je redoute des affrontements plus graves,

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«Dire que l’Etat Nation est périméeest dangeureux»

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voire des guerres civiles, si ce phénomène devait s’accentuer.

MET-Assas : La crise actuelle de la zone euro pourraitdéboucher sur une intégration plus poussée des politiques économiques. Ce pas vers plus de fédéralisme serait-il selon vous une bonne chose ?

I.R. : C’est le discours à la mode de dire que pour sauverl’euro il faudrait aller vers une Europe fédérale, une Europe qui en finirait avec les État-Nations, avec lespeuples, avec la démocratie. Une Europe qui ressemblerait de plus en plus à l’Union soviétique enquelque sorte. Je suis effrayé quand j’entends ce discourslà. Toutefois, je pense qu’on peut concilier les contraires.Je crois qu’on peut harmoniser certaines règles fiscaleset sociales tout en protégeant comme un bien sacré ceque sont les Nations et les peuples. Il faudrait une fédération d’État-Nations. Malheureu-sement, ce discours là n’est pas portépar le discours politique actuel. Je suissurtout pour qu’on demande son avisau peuple sur cette question. J’étais d’ailleurs de ceuxqui ont approuvé l’initiative de Papandréou de faire unréférendum sur l’accord de Bruxelles. L’Europe ne s’ensortira que si elle retrouve ses pratiques démocratiquesélémentaires qui permettent de révéler la volonté despeuples.

MET-Assas : Vous écriviez il y a peu de temps survotre blog que la crise actuelle de la dette n’était pasune crise du capitalisme mais belle et bien une crisedu socialisme. Qu’entendez-vous par là ?

I.R. : J’observe effectivement que ce n’est pas une crisedu capitalisme. D’ailleurs, si le capitalisme était vraimentla cause du problème, pourquoi le score du NouveauParti Anticapitaliste serait-il si faible dans les sondages ?Bon, il est vrai que son porte-parole n’est pas très charismatique, mais tout de même  ! La crise d’aujourd’hui est celle de l’endettement, des États providence dépensiers, des sociétés surprotectrices etdéresponsabilisantes. C’est donc une crise de ce qu’estle socialisme dans son idéologie. C’est encore moins unecrise du libéralisme. C’est même le libéralisme qui aujourd’hui est amené à suppléer les défauts de l’État-providence. Les politiques de rigueur en sont la preuve.Même si je suis critique sur l’ultra libéralisme et lemanque de règles, il faut accepter de remettre en causenotre modèle social car nous n’avons plus les moyens dele maintenir tel qu’il est. Il faut tout remettre à plat touten gardant un socle élémentaire de solidarité pour les

plus démunis. Il faut repenser un système hérité del’après-guerre.Système encore défendu par Stéphane Hessel. Mais les bons sentiments de Stéphane Hessel sont des bons sentiments qui nous ont ruinés !

MET-Assas : Pour clore cette interview, voici une question un peu particulière, mais qui compte pourles jeunes qui se reconnaissent dans votre combat.Comment fait-on pour devenir un pourfendeur du politiquement correct, un franc-tireur ? Quel a étévotre parcours ? Comment avez-vous acquis cette légitimité ?

I.R. : Je n’ai pas fait exprès ! Je suis comme ça depuistoujours ! J’ai d’abord été localier dans la PQR (NDLR:Presse Quotidienne Régionale). J’ai donc une formationde terrain. J’ai réalisé très vite que la vie des gens n’était

pas reflétée dans les médias. J’aialors décidé d’être à l’écoute demes compatriotes. Même si je suisvu comme un marginal par ma

profession, ma parole est davantage entendue depuis2002. Date à laquelle j’ai commencé à tenir mon bloc-notes dans Le Figaro. Je rends d’ailleurs hommage au Figaro de m’avoir accordé une totale liberté d’expression. Mon blog estaussi un formidable moyen de faire parler les gens et deles écouter. Je m’enrichis beaucoup du contact directque j’ai avec mes lecteurs sur mon blog. Ils ont souventune analyse très fine de la situation !

Je fais parti des nouveaux-réacs épinglés dernièrementpar les médias et qui, bien qu’ultra-minoritaires dans lemétier de journaliste, répondent à une attente de l’opinion. Je suis un réactionnaire de progrès.

Merci beaucoup d’avoir accepté de répondre à nosquestions.

Propos recueillis le 11/11/2011 par :René BOUSTANY (M1)

et Gabriel PETITPONT (M1)

Pour consulter le blog d’Yvan RIOUFOL :http://blog.lefigaro.fr/rioufol/

S u i t e d e l a p a g e 5

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«Ce n’est pas une crise du capitalisme, mais du socialisme»

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T r i b u n e L i b r e

Restaurer la confiance dans le projet européen« Pendant que nous faisions la guerre,

Le soleil a fait le printemps,Des fleurs s’élèvent où naguère, S’entre-tuaient les combattants.

Malgré les morts qu’elles recouvrent, Malgré cet effroyable engrais,

Voici leurs calices qui s’ouvrent,Comme l’an dernier, purs et frais.Comment a bleui la pervenche, Comment le lis renaît-il blanc,

Et la marguerite encore blanche, Quand la terre a bu tant de sang ?

Quand la sève qui les colore N’est faite que de sang humain, Comment peuvent-elles éclore Sans une tache de carmin ? »

Comme une fleur naissant sur un ancienchamp de bataille, l’idée européenne,porteuse de paix, s’est épanouie surnotre continent après des siècles de déchirement. Quel progrès de la civilisation ! Quel progrès de l’Homme !On devrait se féliciter, s’étonner de ce prodige qu’illustrent ces vers admirablesde Sully Prudhomme.

Mais contre toute attente, le sentimenteuropéen s’étiole chaque jour davantage. En Europe occidentale, la percée électorale des partis d’extrêmedroite est d’ailleurs une preuve éloquente de ce scepticisme. Pourquoi cette indifférence, cette méfiance, voire cette hostilité à l’égardde l’Europe? Trop souvent négligée, l’explication philosophique et culturelleest pourtant essentielle : si les peuples européens approuvent majoritairementle principe d’une Union Européenne, ilsdésapprouvent son orientation actuelle; certains finissent même par rejeter une Europe qui leur ressemble de moinsen moins, qui ne les écoute pas et qu’ilsne comprennent plus.

Dès lors, rechercher l’adhésion des peuples au projet européen revient à s’interroger sur l’avenir: quelle Europesommes-nous prêts à soutenir?

L’illusion dangereuse d’une Europemulticulturelle

À travers ce débat, s’affrontent deuxphilosophies politiques contradictoires,exprimant des conceptions de l’Europe

foncièrement différentes.

La première, en vogue depuis plus dequarante ans, est multiculturaliste. Elletend à faire du continent européen unsimple espace d’accueil où coexistent,dans une relative indifférence, des cultures diverses. De ce fait, l’identitéeuropéenne, façonnée selon Paul Valérypar l’Empire romain, le christianisme etla Grèce antique, se retrouve progressivement diluée dans des identités venues d’ailleurs.

Entendons-nous bien : l’Europe doitbien sûr rester ouverte aux apports extérieurs, mais ceux-ci doivent enrichirles principes qui la fondent. Or, la logique multiculturaliste, dans son relativisme démesuré, refuse à l’Europele droit d’affirmer ce qu’elle est et acontrario ce qu’elle n’est pas. En réduisant ainsi le projet européen à unvulgaire carrefour de cultures, ne risquet-on pas de le rendre illisible ?

Ensuite, autour de quelles valeurs lespeuples d’Europe se réuniront-ils s’ils nepartagent plus un même socle culturel? L’idéologie mondialiste n’apporte pas deréponse. Obsédée par la recherche de ladiversité, elle en oublie l’exigence derassemblement. Or, il est humain dechercher à vivre avec ceux qui partagentles mêmes codes sociaux que soi. Parconséquent, le risque de voir le « vivreentre soi » remplacer le « vivre ensemble» se précise.

Mais allons plus loin : la disparition d’unciment identitaire capable de fédérer lespeuples d’Europe ne pourra que favoriser les tensions communautaires.Déjà, Paris, Londres et Berlin reconnaissent l’échec d’un modèle porteur des germes du communautarisme. Faudrait-il au mêmeinstant y abandonner notre vieux continent, le condamnant ainsi à unelente agonie? Car cette idéologie estd’autant plus redoutable qu’elle avanceà pas de loup: « goutte après goutte, lepoison agit sans douleur, mais au boutdu compte, il tue » écrivait Jean Raspail.

Ce projet est donc flou et voué à l’échec.Comment pourrait-il convaincre les Européens ?

Pour une Europe qui assume son identité

L’autre philosophie célèbre la valeur del’identité sans toutefois tomber dans lepiège de la crispation identitaire.Comme l’avait montré la philosophe Simone Weil, le désir de racines fait par-tie de la condition humaine. Il est doncillusoire de penser que les Européens sesentiront un jour membres d’une communauté européenne « non identifiée ». Pour accorder leurconfiance à l’Union qu’ils composent, ilfaut qu’elle leur ressemble, il faut qu’ilspuissent s’y identifier. C’est donc en affirmant son identité dont les racinessont chrétiennes et gréco-latines quel’Europe retrouvera le soutien de sespeuples !

Concrètement, cela signifie qu’il est urgent pour l’UE de rompre avec sespenchants mondialistes, au premier rangdesquels figurent un élargissement àtout va et une immigration insuffisamment régulée. D’autant que lepopulisme ambiant se sert de ces pen-chants absurdes pour discréditer l’idéeeuropéenne en tant que telle.

Soutenir ce changement de cap salutaire, c’est comprendre que laconcorde des peuples d’Europe doitbeaucoup à cette identité partagée. Enpréservant cet héritage culturel qui nousrassemble, on conforte une unité récente qui menace de s’affaiblir àchaque instant, surtout en temps decrise où la tentation du repli national sefait plus forte.

Dans une Europe aujourd’hui pacifiée,les vieux démons de la division sontpeut-être vaincusmais ils ne sontpas morts. Ils s o m m e i l l e n t .Pourquoi les réveiller ?

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Gabriel PETITPONTEtudiant en M1

Page 8: Com'Met, le Journal du MET Assas - Janvier 2012

Bu l l e t i n à remp l i r, à s i g n e r e t à re n voy e r à :ME T A s s a s - 3 4 , r u e Em i l e La nd r i n - 92 100 Bou l ogne

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Le musée du Luxembourg (à deux pas d’Assas etsix minutes exactement) propose l’expositionCézanne et Paris jusqu’au 26 février. Le lundi etle vendredi le musée ouvre ses portes jusqu'à22h : idéal après les cours…

Cézanne, impressionniste originaire d’Aix-en-Provence va s’installer quelques temps à Paris àpartir de 1832. Il nous fait découvrir les toits, lesquais de la capitale peints dans des tons pâlesmalgré des touches colorés assez construites.Mais de Paris, le peintre va surtout apprécier flâner au Louvre : « Le Louvre est un livre oùnous apprenons à lire  ». Là-bas il y trouve l’inspiration pour certaines de ses études ou en-core pour la copie (Bethsabée de Delacroix).L’imitation l’amène à reproduire un Déjeunersur l’herbe, dix ans après celui de Manet, ou biennotons la ressemblance entre le pont japonaisde Giverny de Monet et le Pont de Maincy deCézanne (sa touche reste toutefois beaucoupplus forestière).Après Paris, Cézanne nous livre son image de larégion parisienne : Pontoise, Auvers-sur- Oise,l’Oise. Il ne sera question que de verdure, dechamps aux lointaines et furtives habitations.

L’exposition dévoile de nombreux portraits dupeintre dont ceux de sa femme (toujours assise

en rouge sur fond bleu ou bleue sur fond rouge),de Victor Chocquet, de Paul Alexis… Le peintre s’est aussi illustré dans la nature mortequ’il aime à représenter sur fond noir ou biensur fond de papier peint.

Cézanne avait pour lui une grande technique,parfois à la limite du pointillisme, entre un styleromantique et classique, il jouait sur les volumesou sur les couleurs (une orange compte jusqu’àhuit couleurs différentes). L’exposition, même siun peu sommaire, nous fait réellement découvrir la diversité, la richesse du peintre.

Par Coralie CHOLET. Licence 3

Exposition au musée du Luxembourg

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