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  • COMMENTAIRE DE TEXTE PHEDRE, JEAN RACINE (Acte II, scne 5)

    INTRODUCTION (Phrase daccroche)Le destin tragique de Phdre a inspir un grand nombre

    dcrivains depuis lAntiquit (Euripide, Platon, Snque). (Dveloppement) Jean Racine est un de ces auteurs, il a crit Phdre en 1677. Cette uvre thtrale tragique rend compte des caractristiques du Classicisme. (Contexte de luvre) Ce mouvement artistique et littraire se dveloppe durant le rgne de Louis XIV, le Roi Soleil . Le chteau de Versailles est linstrument de la splendeur et de lautorit de ce roi. Dans son enceinte, une multitude dartistes voluent et dveloppent leur savoir-faire. Jean Racine - introduit la Cour du chteau - se spcialise dans luvre thtrale antique.

    (Bref rsum du texte)La scne 5 de lacte II de Phdre, dpeint laveu dadultre irrpressible de Phdre Hippolyte, et leurs ractions respectives sur le sujet. Dans luvre intgrale, cette scne perturbe lordre tabli et amne dimportantes consquences, dont la mort des deux personnages. (Questionnement par rapport ce texte) Dans quelles mesures ce passage se rfre-t-il la tragdie ? Quels sont les lments annonciateurs du drame qui suivra ? De quelle manire lauteur rend compte du pathtisme de Phdre ? Comment peut-on expliquer sa raction ? A quoi renvoie la raction dHippolyte ?

    (Prsentation du plan) Nous tudierons ce moment-cl en faisant apparatre dans un premier temps les prmices de la situation amenant laveu. Ensuite nous aborderons le moment de la raction : linnocence dHippolyte et sa rationalit. Enfin, nous montrerons les lments de la tirade de Phdre qui traduisent le sentiment honteux quelle prouve et qui se retrouvent dans les caractristiques de la tragdie.

    I. Une demande de service qui prcde un aveu : ladultre a) Une demande anodine et un repenti (Ide 1)Tout dabord, la situation initiale semble dans un premier temps, relativement

    anodine. En effet, la mort de Thse annonce, Phdre vient chercher lappui dHippolyte pour la protection et la succession de son fils. (Citation/Justification par la forme) La tonalit du dbut de leur discussion est neutre : la ponctuation est simple, elle rend compte de propos lintonation nonciative. De plus, les verbes sont essentiellement conjugus au prsent de lindicatif, ils donnent ainsi des valeurs dclarative et actuelle lnonc. (Explication) Lobjectif de Phdre est de sexcuser de son comportement auprs dHippolyte pour protger son fils. Elle expose donc des paroles neutres afin de ne pas se dvoiler entirement. A ce moment-l rien ne semble transpirer de ses sentiments et comme Phdre le dira plus tard : Que dis-je ? Cet aveu que je viens de te faire, / cet aveu si honteux, le

  • crois-tu volontaire ?/Tremblante pour un fils que je nosais trahir, / Je te venais prier de ne point le har. , lobjectif premier de sa venue tait donc rellement son fils.

    (Ide 2) Ensuite, la discussion volue et le lecteur omniscient remarque rapidement laveu cach des sentiments de Phdre dans son discours. (Citation/Justification par la forme) En effet, ses propos sont polysmiques : dune part ils rendent compte de son repenti face Hippolyte, et dautre part ils dvoilent implicitement ses sentiments. Ainsi on peut lire : Dans le fond de mon cur, vous ne pouviez pas lire , En public, en secret contre vous dclare ou encore Ah seigneur! que le ciel, jose ici lattester, / De cette loi commune a voulu mexcepter !/ Quun soin bien diffrent me trouble et me dvore . (Explication) Ces citations peuvent tre la fois interprtes par rapport au rel : le chagrin de la mort de Thse, la demande de pardon et comme une dclaration damour. Cependant, le vocabulaire employ accentue de faon suspecte les paroles de Phdre et lui donne un aspect ambigu.

    (Ide 3) Enfin, lambigut de la situation est conforte par lattitude de Phdre. (Citation/Justification par la forme) Lauteur traduit cela en utilisant le vocabulaire du champ lexical de la tristesse, de la souffrance: douleurs, larmes, alarmes, mort, ennemis, crains ce qui donne une tonalit maussade au texte et fait ressentir au lecteur un sentiment de peine. De plus, les synecdoques employes telle que : Je crains davoir ferm votre oreille ses cris , crent une restriction ltendue du propos, et une atmosphre intime. (Explication) Cette proximit prsage un moment plus intense que celui qui se droule ce moment-l et rend compte de la facette pathtique de Phdre.

    b) Des sentiments forts, irrpressibles (Ide 1) Tout dabord, Phdre est follement amoureuse dHippolyte. (Citation/

    Justification par la forme) En effet, tout au long de la discussion, Jean Racine attribut Phdre des mots du champ lexical de lamour tels que : cur, dclare, poux, ardeur, amour, languis, brle, aime, adorateur, fidle, amante qui crent un climat passionn. En outre, les assonances en [d] et [f] prsentes dans le texte notamment dans : Qui va du Dieu des morts dshonorer la couche ; /Mais fidle, mais fier, et mme un peu farouche , donnent du rythme au texte, et simulent lemballement du cur de Phdre. Enfin, la litote observe dans : Tu me hassais plus, je ne taimais pas moins ; lopposition de : Tes malheurs te prtaient encor de nouveaux charmes , ainsi que lironie de : De quoi mont profit mes fidles soins ? prcisent et renforcent la profondeur et la force de cet amour. (Explication) Le lecteur peroit ce sentiment, toutefois il ne sagit pas dun amour libre, puisquil est associ de la tristesse et de la culpabilit : ce mlange dmotions se ressent et on conoit ainsi la peine de Phdre.

  • (Ide 2) Ensuite cet amour la met en souffrance : elle souffre de ces sentiments et de linterdit qui les accompagnent. (Citation/ Justification par la forme) Ce tourment se traduit par des termes relevant du champ lexical de la souffrance et de la douleur : retire, loigne, douleurs, larmes, alarmes, mort, attaquent, cris, tremble, nuire, inimiti, souffrir, spare, offense, peine, haine, piti ainsi que du champ lexical de la mort : Achron, proie, sombre, rivage des morts . Par ailleurs, son discours de repenti (troisime rplique de Phdre) est compos dantiphrases, et la syntaxe de ces phrases, montrent quelle voudrait dire quelle a souffert dtre loigne dHippolyte plutt que de narrer ce quelle lui a fait. Puis peu peu, la pression du secret devient trop forte. Ceci est rendu par une augmentation de rythme dans : Si pourtant loffense on mesure la peine, / si la haine peut seule attirer votre haine, / Jamais femme ne fut plus digne de piti, / Et moins digne, Seigneur, de votre inimiti. . Ses sentiments sont de plus en plus perceptibles et sont prts tre dvoils. (Explication) Cela est linterdit de la situation adultre qui la bride et la met en souffrance ; elle semble partage entre laveu et le secret et ne sait plus vraiment quelle est lattitude adopter.

    (Ide 3) Puis, peu peu, ses penses et ses envies se mlangent et lamnent laveu inexorablement. Les forces des dsirs sont trop puissantes. (Citation/ Justification par la forme) En effet, la ponctuation simple (le point) qui se transforme peu peu en nonciation exclamative (le point dexclamation) traduit dune monte de la pression qui pse sur Phdre. De plus, le retour lindicatif prsent rend lchange vivant et dynamique et complte leffet de la ponctuation. Plus la conversation se prolonge, et plus il est difficile pour elle de choisir entre ses sentiments et sa raison. Par ailleurs la confusion est palpable dans les propos de Phdre, puisque ses ides se mlangent, elle parle la fois de Thse et dHippolyte : Toujours devant mes yeux je crois voir mon poux. /Je le vois, je lui parle, et mon cur Je mgare, / Seigneur, ma folle ardeur malgr moi se dclare. . Ce dsordre traduit ltat de Phdre : ses ides se mlangent, son esprit se brouille. En outre, lantithse : Il nest point mort, puisquil respire en vous. accentue cette permutation entre Thse et Hippolyte, dans la conscience de Phdre. (Explication) Le lecteur comprend peu peu le dilemme de Phdre et observe impuissant larrive de la confession qui semble involontaire. Phdre est alors comme porte par des forces invisibles.

    c) Un aveu difficilement avouable (Ide 1) Comme nous lavons dit prcdemment, Phdre entretient une confusion entre

    Thse et Hippolyte. (Citation/ Justification par la forme) Plusieurs effets de style rendent compte de cette substitution. Dune part la gradation : je languis, je brle pour Thse contredit laccumulation : Il avait votre port, vos yeux, votre langage. . Et, par lutilisation du pronom personnel vous la place de nous dans : En vain vous esprez quun dieu

  • vous le renvoie , Phdre se dsolidarise de Thse en nesprant plus sa venue et sprend dHippolyte en cachant ses sentiments par sa ressemblance avec son pre. Ensuite elle reproche Hippolyte son absence lors de sa rencontre avec Thse. Lauteur, en utilisant le conditionnel, exprime le souhait inaltrable de Phdre davoir maintes fois voulu changer le cours de lhistoire. (Explication) Dune part on peut penser une confusion volontaire de Phdre pour se justifier de son acte, et dautre part la fatalit de la situation quelle ne matrise plus. Il est dj trop tard, elle sest trop avance dans son aveu, elle doit continuer.

    (Ide 2) Quel est lobjectif des paroles de Phdre ce moment-l? Convaincre Hippolyte de ses sentiments ou le persuader que laveu nest pas volontaire ? (Explication) Cela semble tre une argumentation du propos, de laveu. Ces dires se rapprochent dune qute, une recherche dapprobation. (Citation/ Justification par la forme) En effet, le champ lexical de laventure et de la qute renforce cette impression : dtours, labyrinthe, hros, vaisseau, pri, monstre, fil, secours, pril, chercher, retrouve, perdue . (Explication) Cela cre un parallle entre laffrontement du minotaure et une qute du cur dHippolyte. De plus, la tirade qui ne laisse pas de place la rponse dHippolyte semble servir de dfouloir, Phdre avoue ses pchs le plus rapidement possible, sans tre interrompue. Elle pense tre soulage, mais elle ne lest finalement pas.

    (Ide 3) Finalement, au fond delle, elle sait que ses sentiments sont inavouables. (Citation/ Justification par la forme) En effet, ses paroles sont constitues de mots relevant du champ lexical de la culpabilit : remords, secret, crains, tremble, odieuse, hariez, peine, offense, me dvore, trouble . Par ailleurs, ses sentiments ne sont pas transcris explicitement, ce nest qu la fin de la scne que lon lit : La veuve de Thse ose aimer Hippolyte ? . (Explication) Ceci implique que laveu nest quimplicite et de ce fait difficile avouer et donc accepter. Laveu dadultre ne semble pas tre admis par Phdre. Cependant, la fatalit pesant sur la famille de Phdre la rattrape et lamne se dvoiler contre sa volont. Il sagit du premier lment du drame qui se joue Trzne. Quels sont ceux qui vont mener la perte de Phdre ?

    II. Linnocence dHippolyte face au pathtisme de Phdre, la voix de la raison a) Le pathos de Phdre (Ide 1) Phdre est tout dabord, une hrone tragique. Elle semble faire les mauvais

    choix et subit la fatalit. (Citation/ Justification par la forme) En effet, son portrait est teint de culpabilit et de faiblesse par les champs lexicaux vus prcdemment. Ces caractres sont amplifis lorsque plus tard dans la scne, elle est prise de folie : son instabilit achve son portrait tragique. (Explication) Cette fragilit la rend suicidaire et dsespre. Cela lamne noncer la fin de la scne : Crois-moi, ce monstre affreux ne doit point tchapper. /Voil

  • mon cur. Cest l que ta main doit frapper. . Cest cela qui rend ce texte aussi tragique et amne le lecteur prouver de la piti pour Phdre.

    (Ide 2) Ensuite, au-del de sa nature dramatique, Phdre se trouve dans une situation malheureuse qui ne semble pas lavantager. (Citation/ Justification par la forme) Au cours de la conversation on observe la naissance dun quiproquo. En effet, Hippolyte pense dune part que Phdre est trouble par la mort de Thse : Madame il nest pas temps de vous troubler encore. /Peut-tre votre poux voit encore le jour. et dautre part quelle demande son pardon pour son attitude vis--vis de lui. (Explication) Face aux rponses anodines et sincres dHippolyte, Phdre prend confiance en elle et avoue tout plus facilement . Son aspect tragique est ainsi dcupl.

    b) La raction rationnelle et inattendue dHippolyte (Ide 1) Hyppolite se trouve ainsi, la fois dans ce quiproquo et dans une situation

    troublante. Dans un premier temps, il ragit aux propos polysmiques de Phdre. (Citation/ Justification par la forme) En effet, chaque partie de laveu implicite de Phdre sont interprtes par Hippolyte, au premier degr. Ce dernier pense que Phdre est triste puisque Thse est mort et quelle le dteste puisquil est le fils dune autre femme quelle : Des droits de ses enfants une mre jalouse/ Pardonne rarement au fils dune autre pouse. . Pourtant, Hippolyte rajoute : Tout autre aurait pour moi pris les mmes ombrages, / Et jen aurais peut-tre essuy plus doutrages. , ce qui peut laisser penser que pour lui Phdre a t moins malveillante que ce quelle voulait en dire. Il se pourrait quinconsciemment, il se doute des rels sentiments de Phdre. (Explication) Par rapport ses rponses, on peut se demander sil sagit dune raction logique ou dun dni de ne pas vouloir entendre un propos qui est teint dinterdit, mme sil dira plus tard : Jaccusais tort un discours innocent .

    (Ide 2) Dans un deuxime temps, il ragit de faon rationnelle, il est la voix de la raison de Phdre. (Citation/ Justification par la forme) En effet, son discours est comprhensif et il sappuie sur leur contexte familial pour la convaincre de son absurdit. De cela elle rpond : et sur quoi jugez-vous que jen perds la mmoire /Prince ? , cet anacoluthe met en parallle Hippolyte et Phdre et accentue leur relation. Mais ce procd montre aussi au lecteur que Phdre est consciente de ladultre et de son interdit. (Explication) Il sagit pour Hippolyte de reprendre Phdre sur ses propos et de lui montrer sa dsapprobation. Il se persuade aussi de ne pas avoir entendu cet aveu qui le met dans une situation dlicate.

    (Ide 3) Cest pourquoi rapidement il sexclame de cette situation si outrageuse et si risque. (Citation/ Justification par la forme) Le ton exclamatif et interrogatif dHippolyte montre lirrationalit et linterdit de la situation. Ceci est accentu par le propos ironique :

  • Madame, oubliez-vous/Que Thse est mon pre et quil est votre poux ? , comme sil voulait tre sr de ce quil venait dentendre. En outre, les rimes en [u] ( vous / poux ) accentue la force du propos et expose lindignation dHippolyte. Enfin, la substitution lexicale de Thse dans les propos dHippolyte dbute par mon pre - qui cre un lien intime entre ces personnages - puis Thse (il se dcentre) et votre poux lorsquil parle de la relation entre Thse et Phdre. Ceci rend compte de lavancement dans laveu, et de la dsapprobation dHippolyte trahir son pre, compte tenu de laveu de Phdre. Par ailleurs la phrase : Ma honte ne peut plus soutenir votre vue. /Et je vais , indique quHippolyte se dcentre (il naccepte pas cet aveu) et les points de suspension laissent entendre que la raction de Phdre ne se fait pas attendre. (Explication) Cette confidence est tellement invraisemblable quil semble quHippolyte vive cette situation de faon irrelle. De plus, son implication dans lhistoire, due laveu de Phdre, lindigne (par rapport linterdit) et le met involontairement dans une situation de conflit avec son pre. Il est alors tiraill entre ces deux issues. Le sentiment de honte est ainsi partag par les deux personnages.

    c) La fatalit de la situation : le contexte familial (Ide 1) Les sentiments de culpabilit et de tristesse de Phdre et lindignation

    dHippolyte naissent de la fatalit qui sabat sur eux. Il sagit dabord dun choix malveillant du destin. (Citation/ Justification par la forme) En effet, le reproche sous forme de questionnement de Phdre Hippolyte sur leur rencontre trop tardive rend compte dun acte manqu. (Explication) Phdre est ainsi dans une situation absurde, quelle ne peut sexpliquer. Lemploi du conditionnel dans sa sixime rplique, exprime son souhait le plus cher davoir pu changer la situation. Par consquent, elle espre changer un acte du pass, ce qui est impossible. Cela renforce le caractre tragique de la situation.

    (Ide 2) Cest ensuite une force invisible qui la pousse laveu. (Citation/ Justification par la forme) En effet, lexplication de sa rencontre avec Thse est un retour dans le pass. Il est indiqu par le systme imparfait/pass simple. Phdre semble passer par le pass pour expliquer la situation Hippolyte (ces sentiments sont anciens) et se lexpliquer elle-mme, comme si elle essayait de sen convaincre. (Explication) Sa difficult se dclarer (cf. I.b) et les mots se rfrant la probabilit) manifeste sa position de dilemme quelle a de la peine accepter. De plus, elle prsente des difficults sexprimer explicitement comme si elle combattait ses sentiments et essayait dtre raisonnable face la situation.

    (Ide 3) Phdre ensuite se dcentre. (Citation/ Justification par la forme) En effet, elle accuse les Dieux de lavoir pousse laveu. Le champ lexical du divin : Dieu, clestes, mortelle , montre la capacit de Phdre invoquer une responsabilit extrieure elle.

  • (Explication) Il semble quelle naccepte pas ses sentiments et cet amour impossible. Elle ne comprend pas son acte et elle se lexplique par un pouvoir divin incontrlable.

    III. Une colre qui traduit un sentiment honteux et prvient une situation tragique

    classique a) Une colre vengeresse (Ide 1) Cest ainsi quune situation improbable et tragique nait. Sa finalit est courue

    davance. (Citation/ Justification par la forme) Les circonstances de laveu rendent compte dune situation dadultre interdite et impossible. Phdre le sait puisque ds le dpart on observe des indicateurs sur la suite : je tremble que sur lui votre juste colre/ne poursuive bientt une odieuse mre. ou alors Quand vous me hariez je ne men plaindrais pas . Elle sent une raction forte dHippolyte, et une situation o elle serait domine par lui. La rplique dOenone : Venez, rentrez, fuyez une honte certaine. prsente une gradation qui augmente le rythme du propos et limpatience de la demande. Oenone expose de manire explicite les consquences importantes de la discussion sur Phdre. Le genre tragique de la pice implique aussi inexorablement le drame naissant. (Explication) Par ce fait, la mort de Phdre est dores et dj prvue. Laveu est le point de non-retour qui concrtise la finalit de la pice. Dans un certain sens, les personnages paraissent retarder leur destin.

    (Ide 2) Dans ce contexte, la raction dindignation dHippolyte, provoque chez Phdre une colre foudroyante. (Citation/ Justification par la forme) Comme vu prcdemment, les points de suspension dHippolyte montre la raction immdiate de Phdre, signe dune grande colre. Ds les premiers mots de sa tirade, on ressent la colre de Phdre. Lallitration : Ah !cruel, tu mas trop entendue. augmente le rythme du propos et rend compte de lemportement de Phdre. Ceci est renforc par la rptition du mot cruel qui dsigne Hippolyte. En outre le champ lexical de la colre : fureur, fol, raison, vengeance, abhorre, fatal, chasss indique ce changement de comportement. (Explication) La vision de Phdre change, Hippolyte nest plus un Prince digne de respect (vouvoiement), mais un personnage cruel qui nest plus respectable (apparition du tutoiement). Les termes employs signalent une violence gestuelle et verbale manant de Phdre. Sa colre est alors vigoureuse.

    (Ide 3) Cette colre est tellement forte que Phdre se transforme en vritable monstre . (Citation/ Justification par la forme) En effet, le champ lexical de la folie : fureur, fol, raison, lche complaisance, odieuse, inhumaine, trouble, cruelle tmoigne de cette transformation. Ainsi, elle le prvient de sa violence : H bien, connais donc Phdre et toute sa fureur. . Puis, peu peu, lemploi de la troisime personne du singulier par Phdre pour se dsigner, rvle une dsorientation de sa part et une victimisation. Enfin, le champ

  • lexical de lamour ml celui de la haine : jaime, amour, feu fatal, gloire, cur, sduire rsister, dtestes, haine indique des sentiments contraires qui semmlent dans lesprit de Phdre et manifestent dun esprit dsorient. (Explication) Phdre se dit ainsi victime de la situation et se transforme en furie. Ses ides sont confondues par sa folie, sa raison nest plus, son sort en est jet.

    b) Une rage qui cache une honte (Ide 1) Elle se justifie ensuite pour rtablir la situation et sexplique de son aveu.

    (Citation/ Justification par la forme) Le tutoiement quengage Phdre, la rapproche dHippolyte et lui permet de mieux se faire comprendre. Lutilisation du champ lexical de la justice : vengeance, cruel, poison, erreur, innocente, fatal, tmoins , rend compte de la volont dargumenter la position de Phdre et sa lgitimit. Cependant, Hippolyte pense que cet aveu est volontaire. Phdre se bat pour lui faire comprendre quelle se devait de lui dire, sans en attendre rien en retour : Je mabhorre encor plus que tu me dtestes. . Linterdit de laveu est partag par les deux personnages. (Explication) Phdre montre ainsi que ce nest pas en avouant quelle expie ses pchs, car elle sait que cette situation est interdite. Cest la raction inattendue dHippolyte qui la met en colre et non sa rponse ngative. Son destin la pouss avouer ses sentiments.

    (Ide 2) Implicitement, la honte nait dans lesprit de Phdre et la pousse au drame. (Citation/ Justification par la forme) Les propos emphatiques de Phdre rendent compte dune raction dmesure par rapport la rponse dHippolyte. En effet, il ne la menace pas, il explique, un peu surpris, linterdit qui entoure cet aveu. Elle sinflige un sort qui nest pas prvu, ni voulu par Hippolyte. (Explication) Par consquent, elle prfre tre tue plutt que de subir cette honte incontrlable et inexorable.

    c) Caractristique de la tragdie (Ide 1) Comme vu prcdemment, Phdre est une hrone tragique. Cest une

    caractristique de la tragdie classique qui se rfre lAntiquit. (Citation/ Justification par la forme + Explication)Elle est la fois dfaitiste (sait ce qui lattend, quoiquil en soit), souffrante de sa position et de son destin, et culpabilise vis--vis de son comportement et de ses sentiments exacerbs. En effet, lutilisation du champ lexical de la douleur et de la souffrance ml celui de la tristesse tmoigne dune grande dtresse. En outre, cela permet de crer un ressenti chez le lecteur. Lauteur rpond la catharsis, la purgation des passions , o le lecteur ressent des motions cres artificiellement, sans en avoir les consquences. La fatalit de la situation qui sabat sur lhrone en est renforce.

    (Ide 2) La situation impossible et inavouable rend compte de la tragdie. (Citation/ Justification par la forme + Explication) Puisquelle est sans espoir car elle se rfre la

  • morale. En effet, il sagit dune histoire de murs sociales, qui renvoie linterdit dun amour dune belle-mre avec son beau-fils. Dans ses rpliques, on constate que Phdre nonce un aveu quelle sait inavouable : elle se pige toute seule.

    (Ide 3) La fatalit et la mysticit achvent den faire une pice de la tragdie classique. (Citation/ Justification par la forme + Explication) En effet, le contexte familial et relationnel constitue un lment cl de cette tragdie puisque cest lui qui cre la prdestination de la situation. Enfin, le rapport la mythologie rappelle les caractristiques de lAntiquit. Celle-ci est gnralement un lment du contexte propre la tragdie. Cette prsence mystique oriente les comportements et cre ainsi une atmosphre loin de la ralit qui donne plus de possibilits dans les actions des personnages. La tragdie demeure ainsi possible dans le monde rel du lecteur, et de celui du spectateur. CONCLUSION

    [Bref rappel des dcouvertes](Ce qui marque le plus dans le texte) Le plus saisissant dans cette scne de Phdre est la retranscription des sentiments et des motions. (Les effets produits pour le spectateur) Il sagit dun ventail large de sensations qui colore lhistoire. Le lecteur - spectateur est donc intgr pleinement dans cette tragdie, qui bouleverse les ides de Phdre et la mnent la folie. Ceci accompagne un aveu inavouable.

    (Apport culturel ouverture) En effet, cette intrigue se rfre la morale et permet au spectateur de ressentir des motions quil pourrait garder au fond de lui. Cette catharsis est importante aujourdhui et plus encore au XVIIme lorsque les usages taient codifis et trs respects malgr des murs lgres.

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