Comment la rencontre avec les œuvres peut aider à sensibiliser les élèves à la liberté d’expression :

Pistes de travail en arts visuels autour de la caricature Rédactrices : Nicole Pierrat, Corinne Lacaze, Nathalie Kloutz

Définition de la caricature : Le mot caricatura provenant du latin populaire caricare, charger, exagérer, (lui-même issu du gaulois carrus, char). La caricature est un portrait utilisant la déformation ou l’accentuation des caractéristiques physiques dans une intention satirique, en jouant sur le ridicule, voire le grotesque. Elle peut se décliner sous deux aspects :

-portrait en charge : utilise la déformation physique comme métaphore d’une idée (portrait politique), ou simple exagération des caractéristiques physiques. - caricature de situation : mise en relief des comportements humains dans des évènements.

… et remplir plusieurs fonctions : - faire œuvre de propagande - informer, commenter - divertir, amuser

La caricature ne cherche donc pas toujours à déclencher le rire, mais elle déforme, parodie, charge, raille, ridiculise, tourne en dérision, dénonce une situation ou une personne. Présente dans les dessins de presse, la caricature est également présente dans d’autres genres littéraires, fables, bande dessinée (albums de Tintin), albums, mais aussi dans le domaine de l’image animée, du spectacle vivant (personnages de Molière).

SOLLICITATION DES ELEVES

Objectif : Faire émerger les caractéristiques de la caricature.

Recueillir les premières représentations autour du mot « caricature ». Décrire, échanger des points de vue, noter les caractéristiques. Observation de quelques œuvres ou images pour nourrir le propos :

Dessins

Les guignols de l’info …

Grandville, « Scènes de la vie privée et publique des animaux », 1842

REALISATIONS DES ELEVES

Objectif : Transformer un portrait photographique avec une intention. Consigne : « Tu choisis un mot dans la corbeille et tu cherches un moyen

pour transformer ce portrait »

Les mots : gourmand, vaniteux, colérique, timide, grincheux, mou,

peureux, méchant, malade, coquette, …

Cet atelier peut s’appuyer sur les travaux de Charles Le Brun, artiste du 17e siècle qui dans son Traité des passions, dresse un inventaire des physionomies correspondant à de nombreuses expressions et émotions.

Les pistes possibles:

- éléments (bouche, sourcils, oreilles, nez …) grossis, transformés, étirés, …

- ajouts d’autres éléments (cheveux, objets de coiffure, …)

- jouer sur les expressions, émotions (tristesse, peur, joie, rêve…),

PROCEDES UTILISES PAR LES ARTISTES

Objectif : Répertorier différents procédés utilisés par les caricaturistes. Faire un inventaire des procédés :

- déformation, métamorphose,

- ajout d’attributs (canne, drapeaux, …) en variant leurs proportions,

- jeu sur les proportions du corps (grosse tête, petit corps/jambes très fines…),

- utilisation de bulles pour faire parler les personnages,

- jeux de mots (écrits dessous ou dans les paroles prononcées),

- mise en scène de façon comique,

- inscription dans une forme géométrique ou non : élargir, réduire les tracés pour que le portrait s’ajuste au mieux dans la forme

Quelques exemples en images :

Caricature d’Emile Zola

Zola est représenté avec les intellectuels lors de l'affaire Dreyfus qui date de la fin du XIXème siècle. Il est dessiné avec la tête disproportionnée pour montrer la prédominance de son esprit et mettre en valeur sa prétention (volonté de s'opposer à la justice). Son visage est réaliste, ce qui renforce la caricature. Il est vêtu d'une toge qui désigne l'anarchisme. Le dessinateur souhaite le ridiculiser. Ceux qui partagent son combat sont représentés comme un troupeau de cochons, dévalorisant alors les juifs. Pour conclure, Émile Zola est représenté comme le berger d'un troupeau de porcs, exclus alors de la société moderne.

Daumier, « La métamorphose Daumier, « Les masques » du roi Louis-Philippe en poire », 1831 Lithographie, 1832

Jean-Marie Fruchart François-Gilbert-Jacques Lefebre Député du Morbihan Député de la Seine Le dégoût personnifié L’esprit fin et tranchant

Les bustes du Juste Milieu :

Entre 1832 et 1835, Honoré Daumier modela une quarantaine de bustes en terre crue polychrome caricaturant un certain nombre de parlementaires et de personnalités politiques de l'époque, les célébrités

du Juste milieu. Les bustes étaient destinés à inspirer la réalisation de lithographies commandées à l'artiste par le journaliste républicain Charles Philippon, fondateur des journaux satiriques La Caricature et Le

Charivari, opposés à la monarchie de Juillet. Les ressemblances, consciencieusement étudiées des personnages devaient posséder, comme l'indiquait Philippon, « outre un caractère énergique, ce trait

burlesque connu sous le nom de charge ». Bien que l’on ne reconnaisse plus aujourd’hui ces personnages, il est en revanche aisé de déterminer à quel type humain ils appartiennent. (Voir 32 de ces bustes (dont les originaux sont au musée d’Orsay à Paris), sur le site de l’assemblée nationale : http://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/patrimoine/la-bibliotheque/les-bustes-de-daumier#prettyPhoto Deux grands caricaturistes du XIXème:

Jean Ignace Isidore Gérard, dit Grandville, né à Nancy, (1803-1847), publie ses premières caricatures dans La Caricature de Philippon : il s’agit principalement de charges de contemporains ou de violentes attaques contre la politique de la monarchie de Juillet. Grandville fut aussi un illustrateur de talent : s’inspirant des fables de La Fontaine, il réalisa des gravures mêlant hommes, animaux et plantes. Ses grands succès furent l’illustration des Voyages de Gulliver

(1838), Scènes de la vie privée et publique des animaux (1842) et Les

Fleurs animées (1847). Honoré Daumier, (1808-1879), Honoré Daumier devint célèbre lorsqu’il fut emprisonné en 1832 à l’âge de 24 ans. Il est condamné à 6 mois de prison pour « incitation à la haine et au mépris du gouvernement du Roi» suite à la caricature de Louis Philippe sous les traits de Gargantua (Bibliothèque Nationale de Paris).

Honoré Daumier collabore au journal « la Caricature » dont le fondateur, Charles Philippon est un journaliste, lithographe et militant anti-royaliste acharné. Honoré Daumier est un défenseur des valeurs de la république. Il dénonce l’injustice faite à la population et condamne les profiteurs, et tous ceux qui portent atteinte à la liberté de quelque façon que ce soit.

Aussi, entre la plume de Philippon et le crayon de Daumier, le Roi (ou ce qu’il représente) et le gouvernement seront des cibles privilégiées. C’est en prison, où ils se retrouvent ensemble, que Philippon décidera de créer un nouvel illustré : « Le Charivari » car la Caricature croule sous les procès. D’autres caricaturistes :

James Gillray, Following fashion et A Sphere, projecting against a

Plane,1792, The British Museum.

Charles Le Brun, Recherches sur la physiognomonie-zoologique, 17e

siècle.

Caricature de la censure : André Gill, Madame Anastasie, 1874

Henri de Toulouse Lautrec, Yvette Guilbert, 1894

James Ensor, L'intrigue, 1880, huile sur toile de 89,5 x 149

Masques de procession tyroliens, Landeskundliches museum, Innsbruck

Louis Léopold Boilly, Une loge un jour de spectacle gratuit, Musée

Lambinet Versailles

http://www.histoire-

image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=622

TRAVAIL D’APPROFONDISSEMENT

Pistes de travail possibles :

- dessiner un portrait sur une feuille pliée puis déplier et prolonger par le dessin,

- dessiner la forme du visage puis une ligne verticale passant par le

nez et une ligne horizontale par les yeux, compléter par le dessin (ajouter des éléments, jouer sur les expressions),

- utiliser des ballons de Baudruche pour déformer le portrait : dessiner sur le ballon puis le gonfler,

- travailler avec de l’argile ou de la pâte à modeler pour faire un portrait caricaturé (on pourra transformer et déformer à loisir),

- fabriquer un chapeau en relation avec le caractère de la personne : vaniteux, exubérant, discret, rêveur…

Gravure de Mode du XVIIIe siècle, en 4 vignettes représentant des dames en buste coiffées de chapeaux : Chapeau à la Bostonienne, Chapeau à la Voltaire, Nouveau Casque à la Minerve ou la Pucelle d'Orléans, et Chapeau à la Colonie

- transformer progressivement en plusieurs étapes (à l’image de la caricature faite du roi Louis-Philippe),

- repérer la forme d’un visage ou d’un corps et aller vers cette forme peu à peu)

- photomontage : Trouver trois adjectifs pour se qualifier (par exemple : gentil, gourmand, bagarreur, …). Associer ce caractère à un animal, rechercher des images (magazine, dessins, photocopies). Composer une caricature en associant une photo de soi et les images de l’animal.

Caricature anonyme, Louis XVI en cochon, estampe, 1791, BNF.

EXPRESSION PERSONNELLE

Choisir une technique pour réaliser la caricature d’un personnage de bande dessinée bien connu : Tintin, Milou, Spirou, Titeuf…

Pour aller plus loin :

Relire les fables de La Fontaine et comparer les illustrations réalisées par Grandville, Gustave Doré, Marc Chagall, François Chauveau, Willy Aractingi, … Lien vers le dossier complet de Grandville : Site de la bibliothèque médiathèque de Nancy : http://grandville.nancy.fr/ Historique des caricatures sur le site de la BNF :

http://expositions.bnf.fr/daumier/pedago/02_1.htm La caricature dans le cinéma : Le dictateur de Charlie Chaplin : http://www.clg-delaunay-grigny.ac-versailles.fr/wp-content/uploads/2011/05/Dictateur-discours-de-Hynkel-cours.pdf Histoire par l’image :

http://www.histoire-image.org/site/rech/resultat.php?m=caricature Si les liens ne s’activent pas, les coller dans la barre d’adresse.