combat pour la paix, combat pour la vie

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COMBAT COMBAT POUR LA PAIX POUR LA VIE

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Ouvrage historique sur l'histoire de Villepinte publié par la Municipalité en collaboration avec l'ARAC (Association Républicaine des Anciens Combattants)

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Page 1: Combat pour la paix, combat pour la vie

COMBAT

COMBATPOUR LA PAIX

POUR LA VIE

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Photographie prise au moment de l’insurrection de Paris dans le secteur des Batignolles.Des résistants fêtent leur victoire sur un camion pris à l’ennemi.

Coll. Musée de la Résistance nationale Champigny-sur-Marne

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COMBAT

COMBATPOUR LA PAIX

POUR LA VIE

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Une réalisation de la Municipalité de Villepinte en collaboration avec l’Association républicaine des anciens combattants ( ARAC )

Avec la participation des institutions suivantes :

Le Musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne (MRN)La Fédération nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes (FNDIRP)Le Service des Archives départementales de Seine-Saint-DenisLe Musée du général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris - Musée Jean Moulin, Ville de ParisLa Bibliothèque Nationale de FranceLa Société d’Etudes Historiques de Tremblay-en-France (SEHT)Le Centre Hospitalier intercommunal (CHI) Robert-BallangerLe Service des Archives municipales de VillepinteL’Association des Amis d’Henri BarbusseL’Association « Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui » (CRHA)La Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) Le Comité national du village de l’Amitié VAN CANH

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« Le verbe résister doit toujours se conjuguer au présent »

Lucie Aubrac

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L es communes, premier maillon territorial de notre pays, ont toutes subi, à un degré ou à un autre, les conséquencesdes guerres du XXème siècle. Villepinte ne déroge pas à la

règle, mais connaît des évènements qui anticipent de manièrepresque prémonitoire l’histoire de notre pays. La montée

du fascisme avec la présence provocatrice des Croix de feu en 1935 à Villepinte dans uneferme face à la mairie ; la barbarie nazie avec le massacre – l’un des premiers en France – auVert-Galant, près du canal de l’Ourcq, de civils non combattants par les forces allemandes ;la violence de notre dernier conflit de décolonisation avec la mort tragique de Pierre Audat,la première victime du contingent au premier jour de la guerre d’Algérie, le 1er novembre 1954.

Autant de faits, souvent méconnus des Villepintois eux-mêmes, qui font partie de leur histoire,de notre histoire nationale.

Ville d’histoire, ville de mémoire, ville ouverte sur le monde et ses cultures, Villepinte avaittoute les raisons de s’associer à l’Arac dont la philosophie des fondateurs était « guerre à laguerre », pour continuer le combat pour la paix et pour la vie.

Nelly Roland IriberryMaire de Villepinte1ère Vice-présidentede Terres de France

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L es conflits ont traversé le XXème siècle et marqué le pays : à chaque fois, il en est sorti transformé. Les femmes, qui avaient massivement remplacé à l’usine les hommes partisau front pendant la Première Guerre mondiale, resteront dans le monde du travail à

l’issue de la guerre. La victoire sur le nazisme permettra, à la Libération, des avancées socialessans précédents, échafaudées dans la clandestinité sous la botte nazie, par des hommes décidéset téméraires qui, dans l’adversité, pensaient déjà à une société future, plus juste et débarrasséede la guerre. La fin de la guerre d’Algérie ouvrira la voie à la politique étrangère du généralde Gaulle d’indépendance à l’égard des Etats-Unis et de promotion du droit des peuples à dis-poser d’eux-mêmes…

L’histoire envahit notre quotidien, parfois même à notre insu. C'est pourquoi les rappels aupassé sont souvent des boussoles pour l’avenir.

Cette collaboration entre l’ARAC et la Municipalité de Villepinte est une contribution au nécessaire travail de mémoire et un hommage à celles et ceux qui ont lutté et sont tombésdans les combats pour la liberté, la justice et la paix. « Un peuple sans mémoire est un peuplesans avenir » écrit Aimé Césaire. Puisse ce croisement entre une mémoire nationale et locale œuvrer au fameux triptyque du témoignage de Raymond Aubrac : « Résister, reconstruire,transmettre ».

Paul Markides Vice-président national de l’ARAC Chargé de la mémoire, de l’histoire

et de la citoyenneté

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La Première Guerre mondiale a éclaté au moment où les puissances coloniales avaientpratiquement terminé de se partager le monde.

C e qui exacerba les contradictions,c’est que certaines avaient conquis la place dominante aux dépens de

leurs concurrentes, au moment même où ledéveloppement des idées démocratiques rendait plus insupportable qu'auparavant lacontradiction entre le principe d'égalité detous les êtres humains et la pratique d'un pouvoir de plus en plus concentré aux mainsd'une petite minorité d'un nombre restreint de pays.

Cette violence issue des colonies, à laquelletant d'officiers, de soldats, de fonctionnairess'étaient habitués, allait être « rapatriée » en Europe au cours de la Première Guerremondiale. L'idéologie dominante y faisaitalors du darwinisme social, de la lutte de tous contre tous, le fondement du « progrès »technique et national. La guerre de 1914-18opposa au début les « vieilles puissances »coloniales dominantes de l'Entente (Grande-Bretagne et France) aux empires centrauxayant pour centre le Reich allemand. D'uncôté, des puissances relativement démocra-tiques dominant la grande majorité des populations asservies de la planète auxquellesse joignirent des Etats faibles, comme la Serbie ou des puissances affaiblies comme la

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Première Guerre mondialeLa crise de la première mondialisation

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Russie qui se sentaient avant tout menacées par le voisinage d'un impérialisme allemand dynamique. De l’autre côté, un Reich allemand de constitution récente mais doté d'une industrie vigoureuse, qui se sentait corseté dans sa Weltpolitik (politique mondiale) et qui suttrouver l'appui d'empires en décadence (Autriche, empire ottoman). D'autres Etats allaienttrouver au cours de ce conflit des opportunités leur permettant de renforcer leur influencedans les affaires mondiales (Etats-Unis d'Amérique, Japon), ou tout au moins de s'assurerd’avantages locaux (Italie).La guerre mit en marche des masses d'êtres humains traités le plus souvent pire que du bétail, combattants des tranchées, travailleurs forcés, populations coloniales, femmes. On a particuliè-rement en mémoire les hécatombes massives de Verdun, de Przemysl, de Gallipoli, des Dardanelles. On doit rappeler le rationnement, la misère quotidienne, l'exploitation impitoyabledes ouvriers et des femmes. On doit aussi rappeler les promesses de libération faites à certainspeuples et qui ne furent que très rarement tenues, en Europe centrale, au Moyen-Orient, enChine, sans parler des colonies qui avaient pourtant participé à l'effort de guerre des puissances

1917 - Une distribution de soupe à l’arrière du front.

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victorieuses. Pendant la guerre, denombreux actes d'insoumission ou degrèves furent toujours très sévèrementréprimés. La Russie fut finalement le « maillon faible » qui céda le premier,ouvrant pour presque un siècle à l'hu-manité étonnée, l'image d'un peuple quiproclamait son désir de bâtir une société débarrassée du pouvoir de l'ar-gent accaparé par une élite restreinte.

C’était pendant la Première Guerremondiale que s’étaient généralisées les

répressions de masse, l'exacerbation des passions nationalistes extrêmes qui enfantèrent lafrustration des vaincus. Tout le vingtième siècle, qui avait réellement commencé en 1914,allait être marqué par le combat entre « le camp de la paix » et les impérialismes.

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Avril 1917 - Accueillis gaiement par les enfants d’un village libéré, les soldats britanniques

les montent sur leurs vélos.

Pendant la Première Guerre mondiale, le château de Picpus est transformé en camp de repos pour les soldats du Front puis, en sanatorium pour les soldats gazés. Le peintre Fernand Léger,

l’un des promoteurs du cubisme, s’y fera soigner en 1917.

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Combattant, champion du monde et Villepintois

Eugène Criqui est une figure tout à la fois combattante et sportive, méconnue et pourtantéminente de Villepinte.

Né dans la capitale, à Belleville, le 15 août 1893, ilest considéré comme un vrai « titi parisien ». En1910, il passe boxeur professionnel mais sa carrièreest interrompue par la Première Guerre mondiale.Mobilisé, il se distingue au combat mais il est gravement blessé au visage. Il en garde des sé-quelles puisqu’on le pourvoit d’une « mâchoire defer », attribut qui deviendra rapidement son surnom sportif lorsqu’il remontera sur le ring. En attendant,c’est ce qu’on appelle une « gueule cassée » qui estélevée au grade d’officier de la Légion d’honneur etqui collectionne les décorations : croix de guerre militaire, croix des combattants, croix d’officier du dévouement social, médaille militaire.

Après la guerre, il reprend sa carrière sportive et devient notre deuxième champion du monde deboxe, l’un de nos plus grands dans cette discipline

au même titre que Georges Carpentier ou Marcel Cerdan. Champion de France en 1921, d’Europe en 1922, il gagne le titre mondial des « poids plumes » par KO à New-York, le 2 juin 1923. Considéré comme le roi du KO, il se fracture la main lors de son dernier matchle 19 mars 1928 à Paris et met un terme à une carrière prestigieuse.

En 1944, il est membre du Comité de Libération de Villepinte comme en atteste sa signature surun procès verbal. Il vivra pendant plusieurs années avenue Edouard-Branly à Villepinte et s’éteint,aveugle, le 3 juillet 1977 à Noisy-le-Grand. En sa mémoire, son nom a été donné à un stade et à une aire de jeu de la commune. Eugène Criqui est un Villepintois qui, après avoir été héros de la Première Guerre mondiale, devient un champion d’exception et préfigure de manière emblématique le formidable réservoir de sportifs talentueux que constitue Villepinte.

Eugène Criqui

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Eugène Criqui devient champion du monde des poids plumes contre Johnny Kilbane à New-York en 1923.

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Genèse d’une appellation

Dès la conquête de l’Algérie (1830) et de l’Afrique du nord, des bataillons indigènes sontcréés, composés d’abord de tirailleurs algériens puis marocains et tunisiens, qui prendront, en fonction des époques, de multiples dénominations : zouaves, saphis, taborsou goumiers.

Le qualificatif ne surgit que quelques années après. En 1857, pour grossir les troupes de l’Armée coloniale, Louis Faidherbe, gouverneur général d’Afrique, crée un corps d’Africains,volontaires ou enrôlés de force, qui porte le nom du pays où il prit naissance : le Sénégal. Le terme « tirailleurs sénégalais » devient ainsi progressivement une appellation génériques’appliquant ensuite à tous les combattants de l’Afrique subsaharienne. La Troisième République poursuivit la construction de l’Armée coloniale avec la constitution de tirailleursannamites, tonkinois, malgaches. Au début du XXème siècle, le général Mangin théorisa dans un livre « La force noire »susceptible de constituer un inépuisable réservoir d’hommes et de ressources notamment face

Les tirailleurs sénégalais

Prisonnier allemand aidant un tirailleur blessé.

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à la puissance et la démographie allemandes. Les troupes coloniales ignorent tout des enjeuxauxquels elles sont mêlées mais obéissent par devoir et contribuent pour une part importanteà notre puissance militaire. Si quelques indigènes apparaissent dans les conflits du XIXème siècle (guerre de Crimée 1854-56 ; intervention au Mexique 1862-67 ; guerre franco-allemande 1870-71), c’est au cours dela Première Guerre mondiale qu’ils font irruption massive sur les champs de bataille. En 1914,ils représentent dans l’armée française 100 000 hommes, conscrits et volontaires. A la fin dela guerre, ils sont beaucoup plus nombreux. Parmi eux, on dénombrera 75 000 victimes oudisparus. En outre, les colonies fournissent 200 000 travailleurs pour remplacer les hommespartis au front. C’est ainsi la première fois, au XXème siècle que des populations issues de noscolonies participent directement au devenir de la métropole et à notre histoire nationale.

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Séance d’habillage des tirailleurs sénégalais nouvellement recrutés.

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Dans un article du journal périodique japonais« Kaizo », Henri Barbusse donne son analyse sur ce qu’était le fascisme à son époque. Aujourd’hui, 80 ans plus tard, rien n’est à changer de ce texte rapproché de la situation actuelle. Extraits.

Q u’est-ce exactement que le fascisme ?Nul ne peut contester que de nos jours, etdans les institutions actuelles, tout ce qui

est fait d’essentiel est plus ou moins conduit par lesgrands détenteurs du capital. Si le capitalisme, c’està dire la main mise de l’oligarchie de l’argent surles choses sociales, a toujours plus ou moinsconduit les affaires humaines, cette emprise est arrivée aujourd’hui à toute sa plénitude. Ce ne sont pas seulement les capitalistes américains qui l’affirment, ce sont tous les économistes et tous lesobservateurs, à quelque opinion ou à quelque castequ’ils appartiennent.

Or partout, le capitaliste a suscité le fascisme. Il l’amis sur pied et lui a donné l’élan. Le fascisme sortdu capitalisme. Il en est la résultante logique, leproduit organique. C’est l’armée qu’il jette dans lalutte sociale pour maintenir coûte que coûte ce qu’ilappelle ses droits et ce que nous appelons, seule-ment, ses profits. Le fascisme est en somme la réactionsuprême et brutale, et poussée dans ses extrêmesconséquences, de l’ordre ancien contre un ordrenouveau. En conséquence de ses principes constitutifs, le fascisme a deux buts, l’un politique :

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Naissance du fascismeLe fascisme international

Henri Barbusse, 1873-1935, « poilu », écrivain, prix Goncourt,

est l’un des promoteurs de l’antifascisme et co-fondateur de l’ARAC.

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Le Perthus, 1939 : la République espagnole agonise et les réfugiés républicains arrivent massivement à la frontière française.

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l’accaparement de l’Etat,l’autre, économique : l’ex-ploitation du travail est saraison d’être. Le déchaî-nement fasciste tend àfaire rentrer dans l’ordre,selon l’expression consa-crée, la masse immensedes producteurs, des travailleurs des villes etdes champs, qui sont enréalité la substance mêmeet la force vitale de la société. C’est qu’à notreépoque, les yeux desmasses ont commencé às’ouvrir, elles ont com-mencé à s’étonner de

cette anomalie prodigieuse : ceux qui font tout ne sont rien, et la multitude qui produit etpeine, est jetée dans des guerres, pour les intérêts, contraires aux siens, d’une minorité de pro-fiteurs. Ayant commencé à ouvrir les yeux et à s’étonner, les travailleurs ont commencé à s’or-ganiser, à s’unir pour résister à un destin inique. Donc, le vrai fait social est celui-ci : il y avaitun prolétariat exploité et inconscient depuis des siècles, et voici qu’il devient conscient. Onpeut même dire que la guerre des classes n’est pas quelque chose de nouveau qui est survenu de notre temps, mais plutôt quelque chose que l’on s’est mis à discerner et à comprendre. La guerre des classes a en réalité toujours existé du fait de l’oppression de lamajorité par une minorité privilégiée. C’est pourquoi le deuxième but du fascisme est l’accaparement de l’Etat. Il s’agit de maintenir, en l’aggravant, le vieux régime dictatoriald’oppression, enchevêtré étroitement avec le nationalisme et l’impérialisme ; il s’agit de fairetriompher, comme par le passé, le principe de la concurrence à outrance et de la lutte, du chacun pour soi, aussi bien entre les individus qu’entre les nations ; il s’agit d’imposer la continuation du règne de la loi de guerre et de destruction.

Selon les pays où il opère, le fascisme est plus ou moins fort et en conséquence plus ou moinscynique. Partout, en proportion de sa réussite matérielle, il bénéficie déjà soit de la complicité,soit de la complaisance des gouvernements constitués. Partout il fait montre, tout du moins àses débuts, de la même hypocrisie. Il ne dit pas : je suis le fascisme, il dit : « je suis le partide l’ordre », ce qui est le plus commode de tous les mensonges démagogiques, ou bien il

6 fevrier 1934 : les ligues fascistes tentent un coup de force à Paris.

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dit : « Je suis républicain national patriote » ou bien il arbore quelque autre étiquette. Il prendtoutes sortes de noms différents. Il nous éberlue avec des mots. Il forme beaucoup de catégories, mais au fond de tout cela, c’est la même espèce d’hommes. Nous voyons le fascisme camouflé en associations patriotiques ou en associations sportives…

Sans doute, en France, le fascisme n’a-t-il pas osé encore relever complètement la tête. Maisil suffit peut-être de peu de choses pour qu’il se décide à le faire s’il continue à jouir d’une impunité et d’une tolérance scandaleuses. Et cette éventualité de coup de force est d’autantplus menaçante que le fascisme multiforme entretient perfidement la confusion dans l’opinionpublique sur les vrais buts de son organisation anti-prolétarienne et impérialiste puisqu’il luimet même, ce qui est un comble, un masque tricolore de démocratie.

La réponse aux évènements du 6 février 1934 : le rassemblement antifasciste place de la République du 12 février 1934 à Paris.

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Fascisme et antifascisme

En octobre 1935, Villepinte fut le théâtre d’une bataille aux proportions inhabituelles et occupa pendant une semaine les titres de la presse nationale.

A cette époque, Villepinte n’est qu’un tranquille petit bourg rural. Pourtant, ce 6 octobre 1935,plusieurs véhicules, dont un autocar, se dirigent vers la ferme alors située sur l’actuel site de larésidence Pétronille, pour personnes âgées. Cette agitation apparaît comme un nouveau rassem-blement paramilitaire des troupes du colonel de La Rocque, une provocation fasciste dans ce quiest en train de devenir la banlieue rouge.

Les Croix de feu du colonel de La Rocque sont un groupe fascisant de « combat » organisé surun mode paramilitaire dont le coup d’éclat avec des ligues d’extrême droite est, le 6 février 1934,une tentative de coup de force aux abords de l’Assemblée nationale. Celle-ci est déjouée maisdans un contexte de montée des fascismes en Europe, la menace est réelle. Dans les mois qui sui-vent cette opération factieuse, les Croix de feu multiplient les concentrations et les démonstrationsde force. Ils ont des bases au Vieux Pays. Et, en ce jour d’automne, il se sont donnés massivementrendez-vous chez un de leurs membres, M. Dejaiffe, propriétaire d’une ferme à

Les Croix de feu à Villepinte

Les Croix de feu, une organisation anti-parlementaire, paramilitaire et fascisante.

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Villepinte face à la mairie... Très vite, les militants socialistes et communistes, alertés, mobilisentleurs forces. « Les Croix de feu sont à peine arrivés et installés que les maires communistes deVillepinte, Sevran, Aulnay, Blanc-Mesnil, Tremblay-lès-Gonesse et Livry-Gargan font retentir lessirènes de leurs municipalités » écrit Danielle Tartakowsky, une historienne qui s’est penchée surcet épisode. Bientôt, trois à quatre cents militants antifascistes se retrouvent sur la place. Les in-sultes fusent rapidement suivies de jets de pierres, de pavés et de tessons de bouteilles en direction de la ferme. L’arrivée des Croix de feu retardataires avive la tension. M. Dambel, lemaire de Villepinte, sollicite les pompiers pour diriger leur pompe sur la ferme. Le commissaire,qui tente de les en empêcher, est blessé à la tête. Lorsque les gendarmes tentent de lui porter se-cours, les premiers coups de feu éclatent. Les Croix de feu sont assiégés dans leur ferme. Seulel’arrivée de nouveaux gardes mobiles permettra leur sortie. Le lendemain, les journaux recensentune quinzaine de blessés dans les deux camps.

A la suite de ces incidents, le préfet suspend le maire et son adjoint pour un mois. Le maire réplique en portant plainte contre la formation d’un attroupement armé sur sa commune, en violation d’une loi du 9 juin 1848. Cet épisode villepintois préfigure de manière prémonitoire lecombat à mort entre le fascisme et l’antifascisme qui va bientôt embraser toute l’Europe.

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Villepinte – Intérieur de la ferme Taveau qui devint celle de M. Servier puis de M. Dejaiffe.

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En haut au centre : entrée d’une voiture des Croix de feu dans la ferme sous la lance à eau des pompiers.En bas à gauche : M. Vantomme, le commissaire de Pontoise blessé à la tête.En bas au centre : mobilisation des militants antifascistes.A droite : la seule photo publique du maire de l’époque, Emile Dambel.En haut, à droite et à gauche : extraits du journal L’Humanité et du Petit Parisien daté du 7 octobre 1935.

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Un Villepintois témoigne

Roger Gérard avait 19 ans, il n’apas oublié : « En octobre 1935,

lorsque les Croix de feu sont venus

à Villepinte, je me souviens que la si-

rène a sonné, j’ai pris mon vélo et je

suis monté voir ce qui se passait. On

croyait tous qu’il y avait le feu mais

en fait c’étaient les Croix de feu qui

attaquaient la Mairie. J’ai vu la

scène, les bagarres de loin et ensuite

les gendarmes sont arrivés et ce fut

le cessez-le-feu ».

B.n.

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La définition du fascisme fait l’objet de débats historiographiques toujours ouverts et fortement polémiques, notamment autour des questions suivantes : y a-t-il un ou des fascismes ? Peut-on définir ainsi uniquement le fascisme italien et le nazisme, ou bien peut-onemployer cette définition pour d’autres régimes ?

Doit-on qualifier de fascistes uniquement les régimes ou bien peut-on y inclure également les mouvements politiques, mais

aussi culturels qui s'en réclament ?

Certains historiens reconnaissent la définition de fascisme uniquement pour l'Italie. Ils contestenttoute recherche d'une grille d'analyse visant à une définition générale du fascisme, se bornant ainsi à ensouligner seulement les différences. Il serait impos-sible ici de se rendre compte de ce débat extrêmementdense. Nous avons donc choisi d'exposer le point devue d'un éminent historien italien du fascisme, EnzoCollotti (...). Il propose d'aborder le phénomène d'un point de vue comparatif, ce qui permet de définirles différences mais aussi les ressemblances entre les régimes.

Cette approche éviterait, selon lui, de tomber dans la définition chère à Renzo De Felice, historien révisionniste italien, qui nierait en réalité l'existencemême du phénomène du fascisme, le réduisant « àun pur accident de l'histoire ». Il reconnaît le rôle majeur joué par la guerre de 14-18 dans l'émergencedu fascisme (...). La perte d'un statut social et de lasécurité, la crise de confiance envers les anciennescouches moyennes, l’apparition incertaine d'une

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La nature du fascismeLe fascisme, ses conséquences et ses émules

Guerre d’Espagne, Guadarrama, arrivée derenforts dans le camp républicain.

AD

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L’Action Française du 3 février 1934 : les appels à la sédition de la presse d’extrême droite ne sont pas sans effet dans la rue.

A.D

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nouvelle couche moyenne et d’une nouvelle forme de bureaucratisation, filles de la guerre. (...)

Tous ces faits politiques et culturels unifient la petite et la moyenne bourgeoisie européenne desvilles et des campagnes, pas toujours de façon directe, mais autour de mouvements nationalistes, fascistes, « ces derniers s'opposant aux résidus des vieux états libéraux et aux perspectives ou-vertes par des régimes démocratiques etcontre le socialisme et le bolchévisme. ».

Pour Enzo Colotti, bien qu’il faille ex-clure l’idée d’une origine sociale uniquedu fascisme, on ne peut nier que « par-tout, dans les régimes et les mouvementsqui soutiennent les régimes autoritairestendanciellement tournés vers le fas-cisme, leur caractéristique principale estcelle de trouver leur consensus essentiel-lement parmi les couches moyennes ur-baines ou rurales, en fonction descontextes sociaux et nationaux » (…) « Le rôle de l’élément prolétarien ousous-prolétarien est demeuré tout à faitmarginal ». Collotti insiste également surl'impossibilité de séparer l'analyse du fas-cisme de celle des rapports de force àl'échelle internationale et de la prise enconsidération de son caractère intrinsè-quement impérialiste. Il souligne à ceteffet son influence avant même l'éclate-ment de la Seconde Guerre mondiale par« une fascisation de l'Europe, ou si l'onveut, d'une européanisation du fascisme ».Il cite également la recherche de l'histo-rien Borejsza sur la propagande et la réception du fascisme italien en Europecentrale et sud-orientale. Cette mise au point nous semble d'autant plus nécessaire que la contrefaçon de l'histoire du fascisme atteint, en Italie, des sommets inégalés. Il est question d'une véritable réhabilitation du fascisme italien et d'une relecture édulcorée tant de l'antisémitismeque des crimes coloniaux.

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Manifestation devant l’Hôtel de Ville de Paris

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Selon l'historien Angelo del Boca : « Il s'agit de la plus vaste et sournoise offensive visant l'effa-cement de la mémoire historique et le total refoulement des crimes commis en Italie, en Afrique,dans les Balkans, en Union Soviétique. Plus précisément, il s'agit d'une tentative de réécriture del'histoire contemporaine en Italie et en Europe, en relativisant les horreurs du nazisme et de lasolution finale, en dédouanant le fascisme et sa classe dirigeante, en délégitimant la Résistance

et en diabolisant le communisme ». Nousallons laisser cette question ouverte maisferons en revanche référence aux carac-tères propres à ces types de mouvements,partis ou gouvernements. Cela tant par lebiais des influences du fascisme sur ceux-ci que sur leurs tentatives d’émulation desfascismes déjà cités. Nous aborderons certains aspects des phéno-mènes fascistes et de l’antisémitisme sujets à débats ou controverses.

Chacun des auteurs analyse le phéno-mène fasciste au sein d’un pays ou d’uneaire géographique européenne, mettanten lumière le fonctionnement du ou des fascismes et de leurs émules et lesmesures antisémites spécifiques qui y ontété adoptées. A ce titre peut-on parler de« fascisme français » ? Ou bien celui-cin’est-il que l’expression de quelquesligues ultra-minoritaires ou d’une politiquede collaboration avec l’Allemagne, forced’occupation ? Peut-on parler de fascismeen Europe orientale, où le fascisme n’estpas parvenu à conquérir le pouvoir ?

Qu'en est-il de l'antisémitisme sous le régime mussolinien ? Est-il une simple

conséquence de l'alliance avec l'Allemagne nazie ? Enfin, si l'on veut comprendre les mécanismeset les effets du fascisme, il est également indispensable d'aborder tant ses effets visibles qu'invi-sibles. Nous avons choisi d'aborder la question de l'Allemagne par la remarquable analyse lin-guistique de Victor Klemperer sur la langue du troisième Reich (LTI) présentée par Sonia Combes.

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lors de la campagne électorale de 1936.

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Cette analyse nous permet de saisir comment l'organisation et la mise en place de la propagandenazie imprègnent tous les aspects de la société et de la vie quotidienne. Le langage finit par façonner les esprits, par induire même les opposants à s'approprier la langue du troisième Reichpar un mécanisme de mimétisme et d'appropriation des codes linguistiques du régime nazi. Ilserait d'ailleurs intéressant de rappeler également le remarquable ouvrage de Charlotte Berard « Rêver sous le troisième Reich ».

Les deux ouvrages mettent à nu l'impact de l'idéologie nazie sur l’inconscient individuel et collectif. Elle cite le cas saisissant d'une jeune allemande « métisse » rêvant constamment de la mort, souhaitée, de sa propre mère juive, afin de se débarrasser du poids écrasant des lois raciales et de leurs conséquences.

L'auteure nous met en garde contre la tentation d’en tirer des conclusions hâtives, visant à analyserses rêves comme l'expression d'une haine latente contre sa propre mère, issue de l’inconscient dela jeune femme, cela compte tenu du clivage produit par l'existence, dans l'état, de contraintespolitiques réelles. Elle nous invite, au contraire, à saisir : « à quelle extrémité peut conduire l'immixtion du public dans le domaine du privé, comment l'être humain peut réagir dans les zonessombres de son intimité quand il lui devient trop difficile, du fait des autorités supérieures, d'aimerson prochain ; et même son tout prochain, voire de vivre avec lui ».

Les Républicains résistent aux franquistes à Guadarrama.

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André Malraux et combattants volontaires : mobilisations pour la République espagnole.

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Le secret d’un Villepintois

Cette carte d’état-major militaire, document unique et stratégique, datant d’avant 1915et utilisée par le Tsar Nicolas II pendant la Première Guerre mondiale, a traversé la montée des fascismes et le tourbillon de la guerre grâce à un Villepintois, René Magne.

« J’ai reçu cette carte militaire des mains du chef d’état-major du Tsar Nicolas II le 31 décembre1939. C’était un document rare et précieux recherché par tous les services secrets d’Europe » explique-t-il. Pour comprendre cette histoire, il faut savoir que nombre de Russes blancs qui avaient

La carte militaire du Tsar Nicolas II

La carte militaire du Tsar a traversé la guerre, la clandestinité, la Résistance, l’arrestation de René Magne et se trouve encore en sa possession plus de 70 ans après.

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fui la révolution soviétique choisirent souvent de la rallier face à la montée en puissance du nazisme menaçant directement l’Union soviétique qui restait malgré tout leur patrie d’origine. Certains rejoindraient les réseaux d’espionnage antinazis comme ceux de l’Orchestre rouge, dontl’histoire a été racontée par l’écrivain Gilles Perrault.

René Magne fréquentait alors les milieux russes en exil et commença à apprendre cette langue. Il hérita de cette fameuse carte à la Saint-Sylvestre, il y a plus de 70 ans avec le grade de général,des mains du dernier chef d’Etat major du Tsar. La consigne qui lui a été donnée était de la cacheret de ne jamais la donner à la police : « Il ne voulait pas que cette carte serve à attaquer son pays »expique René Magne.

La mission n’allait pas de soi au moment où la peste brune s’abattait sur l’Europe. En France, lecamp conservateur disait préférer « plutôt Hitler que le Front populaire » et le général français Weygand attaquait les positions soviétiques. La carte traverse tous les rebondissements de la vie deM. Magne : le camp de Gurs, la prison, la clandestinité, la Résistance. Elle le suit jusqu’à Villepinte où il s’installe en 1976.

Aujourd’hui, plus de 70 ans après, il en parle et l’ambition de restituer ce document d’histoire àl’Etat russe, son propriétaire légitime, ne l’a jamais quitté. Mais il tient à ce que cette restitution sedéroule dans un cadre officiel, entre gouvernements, en reconnaissance de la valeur du document,des risques qu’il a encourus et de la mission accomplie. « Si on m’avait pris avec cette carte surmoi pendant la guerre, je ne serais plus là pour en parler », conclut-il. Aujourd’hui, la Municipalitéde Villepinte appuie sa démarche.

Résistant, membre du Comité local deLibération de la Seine, René Magne afait signer sa carte par tous les grandsresponsables de la Résistance : HenriRol-Tanguy, André Tollet (président du Comité parisien de Libération), Auguste Gillot (membre du CNR, futurmaire de Saint-Denis à la Libération),Maurice Kriegel-Valrimont, Louis Blésy,Gaston Roulaud, (maire de Drancy à lalibération).

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Le combat antifascisteLa naissance de l’antifascisme La mobilisation antifasciste se développe progressivement avec la montée des régimes autoritaires en Europe.

L ’avènement des régimes autoritaires en Europe et la tentative putschiste des ligues fascistes, le 6 février 1934, va révéler l’ampleur de la menace antiparlementaire enFrance. En 1932 et 1933, Henri Barbusse et Romain Rolland lancent le mouvement

Amsterdam - Pleyel qui jette les bases de l’antifas-cisme en France. En 1934, un Comité de vigilancedes intellectuels antifascistes se constitue. Ces regroupements préparent l’union des forces degauche et la victoire du Front populaire en mai1936. Mais la lutte antifasciste prend encore del’ampleur avec la guerre d’Espagne (1936-1939) etles mobilisations antifranquistes. La solidarité estimmense, des volontaires venus du monde entiers’engageant pour aller combattre aux côtés des Républicains espagnols. C’est ainsi que les Brigades internationales sont créées, parmi lesquelles s’engagent plus de 9 000 volontairesfrançais. Elles comptent plus de 32 000 combat-tants dont André Malraux, Arthur Koestler, Ernest Hemingway, John Dos Passos et GeorgesOrwell — tous écrivains — seront les figures lesplus emblématiques.

Les six portraits qui suivent sont tous ceux de combattants volontaires de la guerre d’Espagne.Trois d’entre eux, Jean Hemmen, Louis Blésy-Granville et « Paco » sont attachés, pour des raisons diverses, à ce secteur de notre département. Ils seront tous également, à partir de 1940, dans laclandestinité, des résistants emblématiques au régime de Vichy et à l’occupant nazi.

Guerre d’Espagne, jan. / fév. 1939Col d’Ares : réfugiés à

la frontiére franco-espagnole.

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Guerre d’Espagne, Pujarda en février 1939 : le gouvernement se replie en Catalogne et la capitale de la Cerdagne est bombardée par les franquistes.

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Le colonel « Granville »

Né le 26 juillet 1910 à Béziers, il s’installe à Gennevilliers en 1924 et c’est à Sevran qu’ils’éteint le 7 juin 2004.

Issu d’une famille ouvrière de quatre enfants, ilrentre très tôt dans le monde du travail et obtient rapidement des responsabilités syndicales et politiques qui lui valent d’être régulièrement licencié par ses employeurs. C’est à cette époque qu’il crée la colonie de Granville avec Jean-Pierre Timbaud, héros de la Résistance, fusillé le 22 octobre 1941 par les nazis à Châteaubriant avec 26 de ses camarades. « Granville », son surnom de résistant, n’est autreque le nom de cette colonie.

Pendant la guerre d’Espagne, il fait partie, dans les Brigades internationales, de ces 32 000étrangers venus de 50 pays pour défendre la République menacée par le coup d’Etat

franquiste. Il intègre la 14ème brigade, au nom prestigieux de la « Marseillaise », celle de JeanHemmen et d’Henri Rol-Tanguy. Mobilisé en 1939 et fait prisonnier, il réussira à s’évader aprèsdeux tentatives infructueuses. Il rentre dans la Résistance et gravit tous les échelons jusqu’aucommandement militaire de la région de Provence, non sans contribuer activement à la libérationde Marseille.

Après guerre, il reviendra à sa mission d’éducateur. Il prend, pendant une quinzaine d’années, ladirection de la Villette-aux-Aulnes, une maison d’enfants de déportés, de fusillés et de victimesde guerre avant de s’installer à Sevran pour sa retraite. Louis Blésy est un grand résistant honoréet reconnu : Compagnon de la Libération, Commandeur de la Légion d’honneur, Croix de guerre,Médaillé des Evadés, etc. Louis Blésy, tout comme Rol-Tanguy, c’est un destin hors du communde volontaire des Brigades internationales, de grand résistant et de chef FFI.

Louis Blésy

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La figure de la libération de Paris

Né le 12 juin 1908, ouvrier métallurgiste dès l’âge de 14 ans, il accède aux responsabilitéssyndicales en 1936.

Marqué par la montéedes fascismes, volon-taire des Brigades internationales, mem-bre de la 14ème brigadeappelée « La Marseil-laise », il emprunte lesurnom de « Rol » à un compagnon d’armestombé au combat en1938. Mais blessé surle front de l’Ebre, il revient en France. Mo-bilisé en septembre1939, démobilisé enaoût 1940, il refuse ladéfaite et rentre dansl’action. Il participe à

la mise en place de l’Organisation Spéciale (OS) chargée du sabotage et de l’action directe.Il échappe aux arrestations et occupera des responsabilités dans la Résistance jusqu’à la direction des Forces françaises de l’Intérieur (FFI) de la région parisienne.

C’est lui qui donne le signal de l’insurrection au peuple de Paris et organise largement la libération de la capitale. A ce titre, il assiste, à la Préfecture de police, à la reddition sanscondition des forces allemandes du général Von Choltitz. Il finit sa carrière dans l’armée etmeurt le 8 septembre 2002 à Paris. C’est un homme de conviction, emprunt d’humanité, quiévoquait volontiers « tant d’amis, de camarades tombés, torturés, déportés, fusillés ». Il aécrit une page singulière de l’histoire d’une France généreuse, libre et universelle aux côtésdu général de Gaulle et du général Leclerc.

Henri Rol-Tanguy

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Henri Rol-Tanguy au centre, avec son état-major parisien, dans son « bunker » des sous-sols de Denfert-Rochereau,

au moment de la libération de Paris.

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Jean HemmenBrigadiste, résistant, fusillé au Mont-Valérien

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Né le 19 juillet 1910 à Paris, il grandit à Sevran, quittel’école à 13 ans après le certificat d’études et travaillecomme employé de banque.

Il s’engage tôt dans l’action politique, remplit nombred’actions militantes avant d’organiser une grève unitairede mineurs dans le nord en 1931. En 1934, il séjourne enURSS au titre de l’Internationale communiste des jeunes.Il y rencontre son épouse, Paulette Kérihuel, secrétaired’un dirigeant du Komintern, Dimitri Manouilski. Dès

juillet 1936, il organise l’aide matérielle à l’Espagne républicaine où sa présence est

signalée sur place le 10 août. Il s’engage comme volon-taire et devient, en mars 1938, commissaire politiquede la 14ème Brigade, « La Marseillaise », le prédéces-seur d’Henri Rol-Tanguy à ce poste. Militant clandestin dès 1940, il a des responsabilités succes-sives dans la Résistance : le commandement de lasubdivision sud-ouest des FTP puis la coordinationde la région parisienne début avril : « Il n’hésite pasà prendre des risques pour organiser la résistance,pour revenir à Sevran », rapporte sa nièce, Denise

Albert, qui le voit peu avant son arrestation, en avril 1942à Paris. Torturé, inscrit sur la liste des otages, il est fusilléle 11 août 1942 au Mont-Valérien après trois mois de secret.En 1946, il est intégré, à titre posthume, dans l’armée régulière comme chef de bataillon et décoré de la Médaillede la Résistance, de la croix de combattant volontaire de la

Résistance et de la médaille de l’internement pour faitde Résistance. Une rue porte désormais son nom à

Sevran ; l’une de ses nièces y habite.

Jean Hemmen, en bas à droite,sur l’une des rares photos de lui.

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Pierre GeorgesLe colonel « Fabien »

Figure emblématique de la Résistance, il présente le par-cours exemplaire de toute une génération combattante.

Né le 21 janvier 1919, entré très jeune dans le monde du travail, militant à 14 ans, il triche sur son âge (17 ans) pourpouvoir s’enrôler dans les Brigades internationales en Espagne. Blessé à trois reprises et victime d’une pneumonie, il revient en France en juin 1938 pour reprendre un travaild’ouvrier aux établissements Breguet. Pendant l’occupation, en représailles à l’arrestation et à l’exé-cution de deux camarades, il effectue lui-même ce qui estconsidéré comme le premier attentat meurtrier contre les nazisen exécutant un officier allemand, l’aspirant Moser, le 21 août1941 au métro Barbès-Rochechouart.

Il organise, en 1942, l’un des premiers maquis FTP sousle nom de guerre de « Fabien ». Grièvement blessé, arrêté par la police française, livré aux Allemands, interrogé, torturé, il finit par s’évader à nouveau du fortde Romainville et reprend sa place dans l’organisationde maquis. Il participe à la libération de Paris et formera une brigade de 500 hommes rattachée à la division Patton qui devient le 151ème régiment d’infanteriede l’armée de De Lattre pour combattre dans l’est de laFrance puis en Allemagne. Il est tué à Habsheim, près deMulhouse, le 27 décembre 1944, dans une explosion auxcirconstances mal établies. Il n’avait pas encore 26 ans.Il demeure la figure fulgurante de la Résistance et d’une jeunesse engagée dans le combat antifasciste. Une avenue honore aujourd’hui sa mémoire à Villepinte.

« Fabien » : un gamin combattant en Espagne.

Dans la clandestinité, les hommes de l’ombre se font faire des faux papiers. Ici Pierre Georges déguisé en curé s’appelle Paul-Louis Grandjean.

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Le dernier guérilleroPaco, entre l’histoire et la légende

L’histoire méconnue de Paco fait aujourd’huipartie de la mémoire locale… et de la littérature.

Fils d’Espagnols pauvres, Paco, né en 1910, re-joint en 1919, avec le reste de sa famille, son père installé en France depuis quatre ans. De bonneheure, Paco exerce le métier de tailleur de pierreet s’engage syndicalement, politiquement. Puisdès 1936, lorsqu’éclate la guerre civile, dans la solidarité avec la République espagnole. Plus encore : il s’enrôle en 1937, dans les Brigades internationales, laissant son épouse et sa fille de neuf mois. Il combat sur tous les fronts mais àla fin de la guerre, il est arrêté. Son identité étant

ignorée, il échappe à la mort et se retrouve en liberté surveillée mais choisit de rester : Pacoest un résistant qui ne renonce pas. Il travaille, sa femme et sa fille le rejoignent, son fils naîtsur place. Couverture de bon père de famille : il est en même temps agent de liaison pour lesguérillas antifranquistes qui apparaissent. En 1946, la répression est terrible. Son contact, Rafael Crespo, est arrêté, torturé mais ne parle pas. Ce n’est que contraint sous la pressiondes évènements qu’il revient clandestinement en 1947, avec sa famille, s’installer en France. Il reprend son métier et comme c’est un rebelle, multiplie les licenciements et les patrons… Le révolté est même exclu de sonparti pour être rentré en France sans autorisation. Et coup de grâce : à 76 ans, la France lui refusera une nouvelle fois la nationalité française !Cette histoire, c’est Didier Daeninckx, journaliste municipal de Villepinte à la fin des années 70, qui l’a fait connaître dans un re-cueil de nouvelles paru en 2000. Et ce surnom de « Paco », c’estcelui de Francisco Asensi, le père du député de Villepinte qui a succédé à Robert Ballanger, en 1981.

Didier Daeninckx, journaliste municipal en 1978, devenu écrivain, a signé de nombreux polars historiques.

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Lise London Figure des résistances antifranquiste, antinazie, antistalinienne

Veuve d’Artur London, auteur et héros de L’Aveu, incarné au cinéma par Yves Montand, Lise London, ladernière femme volontaire des Brigades internationaless’est éteinte le 31 mars 2012.

Née le 15 février 1916, Elisabeth Ricol est une filled’Espagnols pauvres venus s’installer en France audébut du XXème siècle. Elle est volontaire des Brigadesinternationales en Espagne pour combattre le fran-quisme et la démocratie menacée. Elle s’engage dans la Résistance pendant l’occupation pour combattre le nazisme.

Le 1er août 1942, rue Daguerre à Paris, elle monte surune table devant un magasin pour interpeller la foule :coup d’éclat de la Résistance en plein cœur d’une capitale occupée. Elle lutte pour survivre dans les camps de Ravensbrück et de Buchenwaldoù elle est envoyée après son arrestation. Elle résiste au stalinisme enfin, lorsque son mari,rencontré à Moscou en 1934, brigadiste comme elle en Espagne, devenu vice-ministre enTchécoslovaquie, est accusé de complot contre l’Etat et condamné lors des procès de Prague,en 1951. Alors soutenu par Raymond Aubrac, elle ne croit pas longtemps à sa culpabilité etle titre du livre qui sortira de leur histoire, repris au cinéma par Costa Gavras, « L’Aveu » sym-bolisera la dénonciation du stalinisme.

Tout en conservant les idéaux antifascistes de sa jeunesse, elle appela sans répit les jeunesgénérations à douter, à « garder les yeux ouverts ». Femme de courage contre les franquistes,les nazis, les staliniens, face aux épreuves des amies, comme Danièle Casanova, torturées,exécutées, gazées, elle laisse le sentiment d’une infaillible volonté de vivre et de lutter. Résistante emblématique, restée jusqu’au bout femme de conviction, d’action et de volonté,elle aura traversé en combattante toutes les tragédies du siècle. C’est parce qu’elle symboliseune irréductible force de vie que son nom a été choisi pour la première crèche de Villepinte, ouverte en septembre 2012.

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Le 3 septembre 1939, l'ensemble des Parlemen-taires français élus au printemps 1936 vote lescrédits de guerre pour contrer le 3ème Reich dontles troupes viennent d'envahir la Pologne.

L e régime hitlérien pourrait être pris entre deux feux. Mais, le gouvernement Daladier etl'état-major français refusent toute opération

militaire sur le front ouest. La « drôle de guerre »commence, laissant la possibilité à Hitler d'envahir laPologne, de reconstituer ses troupes et de les transférer sur le front ouest.

Le 10 mai 1940, la Wehrmacht envahit la Belgique et les Pays-Bas ; le 22 juin, la France signe l'armistice.En six semaines, l'armée française a été bousculée,disloquée, défaite, vaincue… Elle était pourtantconsidérée comme la plus forte d'Europe !

En mai 1940, les forces franco-britanniques aux-quelles s'ajoutent celles de la Belgique et des Pays-Bas, mettent en ligne autant de troupes que laWehrmacht, plus de tanks et autant d'avions si oncompte la Royal Air Force (RAF), basée en Angle-terre. Les chars et les canons antichars français sontplus performants que ceux des Allemands. Pourtant,l'armée hitlérienne attaquant la Belgique et les Pays-Bas le 10 mai, désarticulera les Français en perçantles Ardennes vers Sedan. Puis, fonçant vers laManche qu'elle atteindra le 20 mai, elle encerclera lesmeilleures troupes françaises en action en Belgiqueet aux Pays-Bas, les forçant à un repli sur Dunkerque

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Le printemps 1940L'armée française au combat…

Le chasseur Henri Hautebon, tué au combat sur la rive nord du canal,

à Villepinte, le 13 juin 1940.

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Des soldats allemands posent sous la Tour Eiffel. Après l’armistice, Hitler ira discrètement visiter le tombeau de Napoléon qu’il admirait.

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où beaucoup embarqueront vers l'Angleterre entre le 25 mai et le 3 juin 1940. L'état-major fran-çais, dirigé par Weygand, n'organisera aucune contre-attaque réelle pour briser la mince ligne defront établie sur la Somme par les Allemands. Les armées alliées ne se seraient pas battues ! ÀBodange, le 10 mai, 50 Belges contiennent pendant 48 heures plus de 3 000 Allemands, retardantleur percée vers la Meuse…

Deux jours plus tard, à Hannut, les blindés français remportent la première bataille de chars en détruisant 164 tanks allemands. Ce succès, puis celui des blindés de Charles de Gaulle à Montcornet le 17 mai 1940, attestent de la qualité du matériel français et de la volonté de certainsofficiers et soldats. Rappelons aussi les combats autour de Lille et plus encore la résistance achar-née aux abords de Dunkerque qui permettront l'embarquement de plus de 338 000 combattants

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Exode des populations civiles en juillet 1940.

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britanniques et français. N'oublions pas non plus qu'à Amiens, sur la Somme, la Wehrmacht mettraplus de 15 jours – du 24 mai au 9 juin 1940 – pour s'emparer de la ville et des ponts.Ces actions exaspérèrent souvent les chefs allemands qui s'en prennent aux populations civilescomme à Aubigny-en-Artois (98 victimes), à Villepinte ou près de Chartres. C'est à cette occasionque le préfet Jean Moulin refusera de faire porter la responsabilité de ces massacres à des soldatssénégalais malgré les pressions allemandes. Environ 80 000 victimes militaires dans le camp alliéfurent comptabilisées durant ces six semaines de combat ; 27 000 à 50 000 tués du côté allemand.Le Haut Commandement allemand a toujours cherché à sous-estimer ses pertes.

Tout ceci atteste de la violence des combats, de l'engagement d'une partie des troupes françaises et, en contrepoint, du choix des « élites » et de l'état-major français prompts, comme le prouvent les comptes-rendus des réunions franco-britanniques, à envisager des opérations contre l'Union Soviétique plutôt que de faire la guerre à l'Allemagne nazie.

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14 juin 1940 : les troupes allemandes sont au repos dans Paris déclarée ville ouverte. Ce même jour, des soldats allemands fusillent des civils non-combattants à Villepinte.

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Un prélude local à Oradour-sur-Glane

Le 13 juin 1940, lorsque les forces allemandes arrivent en direction du Canal de l’Ourcq, les troupes françaises étaient virtuellement défaites. Paris était déjà déclarée ville ouverteet quatre jours plus tard, le Maréchal Pétain annonçait à la radio sa demande d’armistice.

Les nazis pensent alors que toute résistance sérieuse a cessé. Les envahisseurs paraissent tenirleur revanche sur l’issue de la Première Guerre mondiale avec un sentiment de supériorité quepersonne ne semble alors en mesure d’arrêter.

Or, la résistance du 24ème Bataillon de Chasseurs Alpins devant le pont de l’avenue du Chemin de fer surprend le commandement allemand. Le 13 juin, à Villepinte pendant 24 heures, la

défense du Canal del’Ourcq constitue laligne de front de la résistance à l’envahis-seur, une résistance farouche, l’une desplus fortes des cinq semaines de guerrequi viennent de se dérouler. Mais le rap-port de force est telque cette résistance nepouvait durer bienlongtemps.

Dans leur soif de domination, les forcesnazies contrariées parcette résistance s’en

Les exécutions sommaires du Vert-Galant

Le capitaine Georges Gillot, 2ème à gauche sur le cliché, peu avant les combats du 13 juin 1940 sur le canal de l’Ourcq.

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prennent alors à la popu-lation civile. Elles choisis-sent la terreur.

Dans la nuit du 13 juin, de nombreux civils quin’avaient nullement prispart aux combats sont ar-rêtés. Arrachés à leurs do-miciles en pleine nuit,certains sont emmenésencore en pyjama. Ras-semblés sur la place de lagare du Vert-Galant, ilssont triés par un Officiersupérieur qui en choisit 15pour le peloton d’exécu-tion. Ils sont exécutés en deux groupes, pourl’exemple, sur la berge duCanal et en face de lagare. L’un d’entre eux, laissé pour mort, survivra à ses blessures. Dix autres otages, qui croyaientsubir le même traitement, furent finalement déportés en Allemagne.

Le commandement nazi a frappé arbitrairement pour montrer, avant même ce qu’il pensait êtrela fin de la guerre, que toute résistance était inutile. Il a pris bien soin de n’écarter de la répressionaucune des villes où l’on s’était battu. Ainsi, parmi les fusillés, il y a un habitant de Villeparisis,un de Mitry-Mory, trois de Tremblay-lès-Gonnesse. Mais avec dix victimes, c’est Villepinte quipaya le plus lourd tribut à l’ignominie.

Avec cet acte de barbarie pure, les nazis signeront à Villepinte l’une des premières pages des innombrables sauvageries qu’ils commettront jusqu’à Oradour-sur-Glane, la plus tristement célèbre dans notre pays. Cette résistance était connue mais moins le massacre qui en à été laconséquence. Hervé Revel, le président de la Société d’études historiques de Tremblay-en-Francea eu le mérite de réarticuler les deux événements. Ces dates du 13 et du 14 juin appartiennent à la mémoire villepintoise mais s’inscrivent dans la grande histoire parce que cet évènement l’anticipe de manière tragiquement prémonitoire.

Exécution sommaire de combattants des Forces françaises de l’Intérieur (FFI) au printemps 1944.

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BEAUGRAND AdrienVillepinte, avenue Henri IV. 44 ans, typographe, père de deux enfants. La plupart des victimes habitaient un périmètre réduit.

BŒUF Clothaire, GeorgesVilleparisis, avenue de la République.44 ans, employé des Postes.

BONTEMPS Paul, GastonVillepinte, avenue de la Gare. 39 ans, tôlier. L’avenue de la gare compta trois victimes.

CHAUVET MarcelMitry-Mory, avenue de Navarre. 22 ans, peintre en lettres. Monsieur Chauvet est le plus jeune des otages suppliciés. En général, les hommes en âge de porter les armes étaient mobilisés.

DESBREE Léon, JosephVillepinte, avenue Sully, 80 ans menuisier. Monsieur Desbrée était le doyen des otages fusillés.

DESCOMBE JeanVillepinte, avenue Blanqui, 55 ans, manœuvre.

Les 15 otages fusillésLes otages sont des civils qui n’avaient nullement pris part aux combats mais qui habitaientaux alentours. Arrêtés chez eux, parfois en pleine nuit, arrachés à leur famille, regroupés,quinze d’entre eux furent sélectionnés par les officiers allemands pour être envoyésau peloton d’exécution. Il s’agissait d’exercer une terreur, de montrer, avant même la signature de l’armistice, que toute résistance était inutile et se payait au prix fort. Au mépris des trois premières conventions de Genève, les nazis montrent qu’ils ne font aucuncas des prisonniers et de la vie humaine.

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DIDIER GastonTremblay-lès-Gonesse, boulevard Ch. Vaillant. 52 ans, employé à la Compagnie d’assurance urbaine.« Mon père était sur le pas de la porte en train de parler avecun voisin. (…) C’est alors qu’un Allemand est arrivé. Il leur a ditde le suivre mais il s’est retourné vers ma mère en disant : lesfemmes à la maison ! Mon père est parti avec l’Allemand et le voisin, et au bout de la rue, ils ont tourné à droite. On n’a rien sude la journée. On a bien entendu tirer mais les gens disaient qu’ilstiraient sur les chiens » a témoigné sa fille ultérieurement.

EVAIN LéonVillepinte, avenue des Nymphes. 60 ans, manœuvre.« Il était un père tellement attentif ! Tellement gentil ! »a témoigne sa petite fille à la SEHT.

GUIFFARD Gaston Villepinte, avenue Massenet. 40 ans, charbonnier. Il décide d’aller chercher du pain après la fusillade. Mal lui en pris. L’un de ses fils a été très marqué par l’événementqui avait fait de lui un orphelin. Il a longtemps assisté aux cérémonies bien qu’il habitât en province.

LARSONNIER AchilleVillepinte, avenue Massenet. 63 ans, manœuvre. Il est voisin de Gaston Guiffard.

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MASSON André Tremblay-lès-Gonesses, avenue de Villeparisis.59 ans, gérant. M. Masson habitait avenue de Villeparisis qui est devenue après guerre avenue Pierre Colongo, nom d’un résistant tremblaysien tombé au combat.

ROCHE AugusteVillepinte, avenue de la Gare. 43 ans, artiste de cirque.

ROCHE AlexandreVillepinte, avenue de la Gare.42 ans, artiste de cirque. Les frères Roche faisaient partie de la grande famille du cirque.C’étaient des artistes de music-hall et des acrobates qui travail-laient avec leurs femmes. Ils donnaient des cours de gymnastiqueau patronage laïque. Ils étaient très populaires dans le quartierdu Vert-Galant. Ils sont morts comme ils ont toujours vécu,étroitement soudés l’un à l’autre.

ZANON JosephVillepinte, avenue Branly.32 ans. Il est de nationalité italienne comme son ami Albert Zechetti.

ZECHETTI AlbertTenancier d’un café « Au père tranquille », à Villepinte, de nationalité italienne, il est fusillé avec les autres mais survécutà cet épisode : il reçoit une rafale de mitraillette dans le ventre, fait le mort pour éviter le coup de grâce et lorsque les Allemands abandonnent leur charnier, il rentre chez lui et survivra mutilé à cette exécution.

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SAVAR Juliette Tremblay-lès-Gonesse, chemin du Loup.Agée de 39 ans, sortie de chez elle avec son mari et un soldat français blessé par un soldat allemand, elle est touchée par une rafale de mitraillette tirée volontairement. Le soldat succomba,son mari également touché dut être amputé d’une jambe et ne luisurvécut que 18 mois. Juliette Savar est la seule victime civile àapparaître sur la stèle commémorative des fusillés bien qu’ellen’ait pas fait partie des otages. Les trois autres victimes ne sontpas mentionnées.

PERNAUD MarieTremblay-lès-Gonesse, avenue Pasteur. Agée de 57 ans, elle est mortellement touchée par un éclat d’obus,le 13 juin 1940. C’est Pierre Colongo, un de ses voisins et futurrésistant, tombé le 27 août 1944 les armes à la main, qui signe sonacte de décès.

COQUERELLE LéopoldTremblay-lès-Gonesse, avenue Mozart. Agé de 65 ans, il est mortellement touché par un éclat d’obus, le13 juin 1940. Comme Marie Pernaud, c’est une victime collatéraledes combats.

DESAIN CharlesTremblay-lès-Gonesse, boulevard Ch. Vaillant.Agé de 45 ans, c’est un ancien combattant de 1914 - 1918. Mutiléde guerre, il était dehors sur son perron et les nazis l’auraient tuédélibérément après un échange de gestes et de paroles.

Quatre personnes trouvent la mort par accident et sont des victimes civiles indirectes des combats du canal de l’Ourcq. Comme les otages, ce sont des civils non-combattantsmais mortellement touchés au moment du feu.

Les victimes civiles

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Otage civil villepintois et dernier témoin

Lorsque le 13 juin 1940, l’armée allemande essuie une forte résistance sur le Canal del’Ourcq au niveau de la gare du Vert-Galant par des soldats français, pourtant en déroute,elle se venge sauvagement sur la population civile.

Georges Burger

« Ils ont organisé une première rafle le matin en fouillant les maisons de la rive droite du canalaux alentours de la gare. Ils en ont sélectionné 15 qu’ils ont fusillés aussitôt ; parmi eux, il y avaitdeux artistes de music-hall, les frères Roche. Certains étaient encore en pyjama », confie GeorgesBurger au journal municipal de Villepinte lors de sa dernière interview, en juin 2009.

L’après-midi, ils organisent unedeuxième rafle. Dix personnessont de nouveau choisies,parmi lesquelles Georges qui,du haut de ses 16 ans, était l’undes plus jeunes du groupe. « Nous sommes restés toute unenuit sous le contrôle des mi-trailleuses », raconte-t-il. Al’époque, le secteur était constitué de bois et de champs.« Demain, c’est pour nous »,pensa-t-il en son for intérieur.En réalité, ce deuxième groupefut emmené en Allemagne enpassant par Drancy. Une parties’effectua en train, avec desdescentes en pleine nuit, deschiens, des lampes.

« Nous étions en juin, il faisait très chaud, nous manquions d’eau et de nourriture ». Pourtant, ilne fallait pas sortir du rang : « A Persant-Beaumont, ils ont abattu l’un d’entre nous qui s’étaitlaissé tenter par un cerisier rempli de ses fruits magnifiques. C’était la première fois que je voyais

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Georges Burger, lors de sa dernière interview pour le magazine municipal, en mai 2009.

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En décembre 1940, Georges Burger est contraint de travailler,comme des milliers de Français, pour l’économie allemande.

de mes yeux mourir un homme ». En Allemagne, il arrive au camp de Hemer en Westphalie. Il ale numéro 39019. « Nous sommes humiliés, insultés, brimés, battus. C’est dur mais ce n’est qu’uncamp d’internement, ce n’est pas encore un camp de la mort ». Il y laissera des séquelles physiques mais Georges est un dur à cuire. Il assiste, là encore, à l’exécution sauvage d’un prisonnier revenant des latrines trop lentement pour l’appel, au goût des geôliers.

En décembre 1940, il est intégré dans une famille allemande et contraint de travailler pour l’économie allemande. Lors d’une permission, il décide de se cacher pour ne pas retourner enAllemagne. Et il assistera régulièrement, après guerre, aux cérémonies organisées en souvenir dece massacre. Georges Burger est mort le 5 janvier 2010. C’était le dernier témoin et l’ultime survivant de ce tragique évènement.

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A l’origine des camps de concentration, il y ad’abord l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933. Sapolitique dictatoriale était fondée sur le racisme,sur l’idée de la supériorité aryenne, de l’extermi-nation des Juifs et de tous ses adversaires, mêmeles aryens : communistes, socialistes, chrétiens,syndicalistes et autres.

D ès leur arrivée au pouvoir, les nazisouvrirent des camps de concentration etdes dizaines de milliers d’Allemands en

furent les premières victimes. Plus de 32 000 furentcondamnés à mort et exécutés. En mai 1940, laguerre est déclenchée, des centaines de villes sontécrasées sous les bombes, et très vite c’est l’inva-sion avec ses images d’exode. Pendant quatre ans,les nazis occupent et pillent le pays. Face à l’occu-pation, de nombreuses prises de conscience se fontjour et sont parfois suivies d’actes : le rejet de Pétainsupposé sauver le pays, l’écoute clandestine deRadio Londres, le camouflage d’enfants et de per-sonnes d’origine juive, la diffusion de propagande,les sabotages et actions armées contre l’occupantcomme l’assassinat le 21 août à la station de métroBarbès-Rochechouart d’un officier allemand parPierre Georges, le colonel « Fabien », le refus departir au Service du travail obligatoire (STO)... Bien évidemment, l’occupant ne reste pas sans réagir. Il pourchasse les résistants qu’il qualifie de « bandits », de « terroristes » et n’hésite pas,lorsqu’il s’en empare à les torturer, les fusiller ou

La répressionLes prisonniers, les camps, la déportation

Dans les camps de concentration, les hommes emmitouflés survivent

à l’hiver comme ils peuvent.

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Les prisonniers qui ne sont pas gazés à leur arrivée sont entassésdans des baraquements. Les conditions de survie sont inimaginables.

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les déporter. Et la répression est terrible : le 22 octobre 1941, 27otages sont fusillés à Châteaubriantdont un lycéen de 17 ans, Guy Môquet ; le 24 octobre 1941, 50otages sont assassinés à Souges ; le 15 décembre 1941, 100 otagessont fusillés au Mont-Valérien,parmi lesquels le journaliste GabrielPéri. A Arras, 218 résistants sont passés par les armes et les représailles sanglantes ne cesseront plus les années suivantes.

Les Allemands introduisent des mesures racistes en France, contraignant les personnes d’ori-gine juive, y compris les enfants, au port de l’étoile jaune. Bientôt, ils les déportent. De mars1942 à août 1944, 62 608 juifs partent du camp de Drancy vers les fours crématoires. Les 16et 17 juillet des milliers de juifs parisiens, hommes, femmes, enfants, vieillards sont arrêtéspar la police française et parqués dans des conditions atroces dans l’ancien vélodrome d’hiver.Sur 12 884 arrêtés et déportés, 800 seulement ont survécu. En France, les camps comme ceuxde Drancy ou de Gurs sont généralement des centres de transit. Les prisonniers n’y restentpas. Ils sont fusillés en France ou sont envoyés dans des camps en Allemagne ou en Pologne

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Le mémorial deDrancyEn 1976, le sculpteur franco-israélien, Shelomo Selinger,lui-même rescapé de lamort, gagne le concours international pour ce projetde mémorial. Né en 1928 en

Pologne, déporté enfant avec ses parents qui sont éli-minés, il est sauvé quasi-mourant, en 1945, sur une pilede cadavres, par un médecin militaire soviétique lors dela libération de son camp. Il fait les Beaux-Arts à Pariset devient un sculpteur internationalement reconnu.

Après l’armistice, les nazis transformèrent la cité de la Muette en camp de regroupement et detransit. De fait, plus de 90 % des Juifs envoyés dans les camps de la mort passèrent par Drancy.

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vers ce qui sera souvent leur destination finale. En Allemagne, les camps de concentration nazissont l’instrument d’un massacre conscient, médité, scientifiquement organisé, méthodiquementplanifié. Ils n’ont aucune rationalité économique et deviennent même, avec sa montée en puissance, un système fou au sens propre puisque, comme le fait remarquer un historien,Pierre Vidal-Naquet, les nazis vont parfois jusqu’à privilégier le passage des trains de déportés sur leurs propres convois utiles, hommes et marchandises. Rien n’arrête cette folie meurtrière,pas même la perspective de la défaite. Paris est sur le point d’être libérée mais les internés, entassés à Drancy, continuent à être envoyés en Allemagne.

Faisant de la déportation et de l’extermination une industrie de masse, le nazisme donne une forme inédite et barbare aux camps de concentration. La première fois que sont créés des camps, par les Espagnols pendant la guerre d’indépendance à Cuba (1895-1898) ou par les Britanniques, en Afrique du sud, pendant la guerre des Boers (1899-1902), ceux-cin’ont rien de comparable avec la dimension qu’ils prendront, au cœur du système nazi, pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le camp de Drancy vu de l’intérieur pendant l’occupation.

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Un petit Vélodrome d’hiver à Sevran L’école Victor-Hugo au cœur d’une rafle locale de Juifs

La rafle parisienne de Juifs, conduits au Vélodrome d’hiver à partir du 16 juillet 1942,s’est poursuivie par de nombreuses arrestations locales. Celle du 26 octobre 1942, àl’école Victor-Hugo de Sevran, regroupe des Juifs arrêtés à Sevran, Tremblay, Aulnay,Livry-Gargan, Villepinte et ailleurs. Denise Albert raconte.

« Je travaillais à Paris et André Crétier, avec lequel je formais un triangle vient me chercherà la gare et me dit Denise, tu sais pas ce qui est arrivé cet après-midi ? Des Juifs ont été

arrêtés, acheminés en train à la gare etconduits à pied jusqu’à l’école Victor-Hugo.Nous y sommes allés le soir. Devant l’école, il y avait une mitrailleuse et il y avait des soldats dans la cour de l’école. On a entenducrier les hommes, les femmes, les enfants. Euxsont restés nuits et jours dehors sur lescailloux sans manger. Le soir vers 10 heures,avec André Crétier, on essayait de leur lancer à manger. On faisait avec les moyens du bord. Il n’y avait pas grand-chose à manger.Certains gardes leur transmettaient la nour-riture mais d’autres la rejetaient. La mère etla grand-mère d’une amie, Paulette Vieille-fond, membre avec nous des Jeunes Filles deFrance, faisaient des soupes avec ce qu’ellestrouvaient. Ils étaient 84. Il y avait tous les âges... La plus vieille, l’horlogère deFreinville que je connaissais, avait 80 ans. Laplus jeune avait un an et demi. Quand les

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Après guerre, Denise Albert a longtemps réclamé une plaque pour cette école. Sa famille, les Descoins, avait caché un Juif, Victor Perlaps, pendant l’occupation.

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camions bâchés sont arrivés, la gosse pleurait dans lesbras de sa mère, ils hurlaient, je les entends encore. Onest tous partis, on ne pouvait pas les entendre. Le 29 oc-tobre, ils ont été emmenés à Drancy, une destinationprovisoire avant d’être envoyés, le 11 novembre au campd’extermination d’Auschwitz. De Drancy, ils sont partisà 745 et aucun n’est revenu. Comment veux-tu que celane marque pas ? Quand je raconte cela devant les gens,ils n’en reviennent pas. Moi, j’ai réclamé une plaque à tous les maires de Sevran mais j’ai attendu plus de 60 ans avant qu’on en mette une ».

La rafle « suprise » et méconnue du 20 août 1941, un an avant celle du Vélodrome d’hiver du 16 juillet 1942, envoie 2 894 Juifs vers le camp de Drancy qui venait d’ouvrir ses portes.

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Les déportés Villepintois

de l’école Victor-Hugo

Hofmann Itta, 23 ansLeibu Dwora, 46 ansMalack Léon, 6 ansMalack Robert, 15 ansMalack Berthe, 10 ansMalack Claudine, 13 ansMalack Fradja, 36 ansVernick Ida, 59 ans

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René Magne raconte

« Le camp de Gurs, c’était un camp extrêmement important parce qu’il avait une capacité de 25 000 personnes. C’était le plus grand camp organisé deFrance », commence René Magne.

« Le 21 juin 1940, nous arrivions au camp de Gursaprès avoir été internés au camp des Grous, à côtéd’Orléans. C’est là qu’on retrouve François Arri, futurélu villepintois ; il était vraiment bébé parce que pen-dant l’hiver, pour qu’il ne meure pas de froid, il étaitprotégé par les mères qui, à tour de rôle, le prenaientsur elles pour le réchauffer et qu’il ne soit pas malade.

L’ensemble du terrain était un ancien marécage. Achaque fois qu’il y avait la pluie ou des orages, on avaitles pieds dans l’eau, c’était un véritable cloaque. Doncnous avons été internés et logés dans ces baraquementsoù il n’y avait pas de lits. C’était à même le plancher, par terre, on nous a donné de la paille.

Je sais qu’à côté de moi, il y avait le futur maire de Montreuil-sous-Bois, Daniel Renoult quiétait un ethnologue et professeur, une personnalité. A côté de moi, il y avait un autre jeunecommuniste qui s’appelait Rodier. Tous deux, nous étions de chaque côté de Daniel Renoultavec mission de le veiller.

On nous a donné des semblants de gamelles, je ne sais même pas si nous avions des couverts,c’était scandaleux. La vie s’est organisée à l’intérieur du camp de telle manière qu’il fallaitabsolument qu’on s’occupe l’esprit et qu’on ne se laisse pas aller à l’abandon moral et physique. On avait organisé, selon la capacité des cadres qui étaient avec nous, différentscours. On assistait aux différents cours que chacun pouvait donner, Daniel Renoult donnaitses cours et on avait facilement une dizaine ou une quinzaine de camarades de valeurpuisqu’on avait avec nous plusieurs élus, plusieurs maires. Nous avions beaucoup de jeunes

Le camp de Gurs

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Villepinte, le 27 mai 2012 :René Magne lors d’un

hommage à Jean Moulin

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avec nous. Nous avions notammentJacques Georges, le frère du colo-nel Fabien.

Je me suis évadé du camp de Gurs,le 29 septembre 1940, avec deux autres camarades sur ordre du comité de résistance du camppour tenter de rétablir la liaisonavec la résistance extérieure. Cela veut dire que dans notre esprit, la Résistance était déjà née ».

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Camp de Gurs : les nourrissons étaient internés avec leurs parents.

Carte d’interné politique de René Magne.

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Entre l’histoire et la mémoire

Le camp de Gurs, dans les Pyrénées-Atlantique, « honte de la France » selon le mot de Robert Badinter, est le lieu symbolique et tragique de l’internement politique en France.

Appelé centre d’hébergement, il sera en réalité un camp d’internement pour les réfugiés espagnols après la victoire du franquisme en 1939. Le gouvernement y enferme ensuite tous les « indésirables », exilés allemands persécutés par le régime nazi, émigrés de tous lespays, suspects politiques, antimunichois, communistes dont on avait interdit le parti en 1939.Il sera, pendant l’occupation, un lieu de rétention et de transit pour tous les Juifs que le régimeantisémite de Vichy livre à l’occupant nazi.

Deux Villepintois au camp de Gurs

François Arri et René Magne, Villepintois de générations différentes, y ont été emprisonnés en même temps à cette époque. Ils ne se connaissaient pas. Plus tard, en 1977, ils ont tous deux étémaires-adjoints au sein de la même équipe municipale. En avril 2008, lors de la commémoration du souvenir de la Déportation, invité par Jean Porta, président de la section locale de l’ARAC,

René Magne a tenu à rappeler cet épisode douloureux. Villepinte peut encore compter, plus de 70 ans après, deux anciens prisonniers vivants du camp de Gurs.

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Vues du camp de Gurs.

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Dessins du camp de GursQuelques-uns des nombreux dessins inédits du camp réaliséspar M. Sagette, dessinateur à La Vie Ouvrière et lui-même interné au camp de Gurs. L’auteur les a remis après guerreà René Magne qui les a conservés depuis. Ils n’ont jamais étépubliés.

Daniel Renoult, le futur maire de Montreuil (1945-1958)

pendant sa détention au camp de Gurs.

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Lecture collective en présence de René Magne (avec la barbe) et de Jacques Georges, le frère du colonel

« Fabien » (avec le foulard sur la tête).

René Magne, dit « Papou » selon le mot de Daniel Renoult.

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La Résistance et la LibérationLes actions des grandes figures de la Résistance sont soutenues par le travail quotidien et anonyme des résistants qui ont œuvré dans l’ombre, localement, à la lutte contre l’envahisseur nazi et pour la libération du pays.

Le 17 juin 1940, le Maréchal Pétain demande l’armistice qui sera signé le 22 juin. Le 18 juin, alors que sonne l’heure de la défaite, que tous les repères s’écroulent et que peu nombreux sont ceux qui croient le combat encore possible, le général de Gaulle,

à contre-courant de la résignation générale, contre sa famille politique qui, pour l’essentiel, rallie Pétain, appelle à continuer la guerre avec lui. De ce jour, grâce à cet appel,

Charles de Gaulle personnifie, pour l’histoire et pour le monde, l’esprit de résistance.

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L’arrivée des chars américains à Villepinte le 29 août 1944.

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Notre secteur a compté son lot d’histoires de résistance parfois héroïques, parfois plusmodestes, mais toujours utiles. Certains résistants ne sont pas d’ici mais ils sont venuss’installer, ou ont agi ici, comme René Magne ou Jean Salaün. D’autres, comme De-

nise Albert et Antoine Cusino, sont voisins. Les époux Aubrac ne sont pas originaires du sec-teur mais ils sont dans la mémoire villepintoise pour être venus inaugurer ensemble, en 2006,une école baptisée Lucie-Aubrac.

Les troupes issues de l’empire colonial français ont joué un rôle essentiel, souvent méconnudans la libération du pays. Mohammed Ben Bella, le futur chef d’Etat algérien, en est l’exem-ple le plus emblématique en recevant, au mois d’avril 1944, la médaille militaire des mainsdu général de Gaulle pour sa participation à la bataille de Monte Cassino en Italie.

Les enfants et les petits-enfants de ces combattants, héritiers de cette contribution essentielleà la victoire sur le nazisme se sont souvent installés en France et nombre d’entre eux n’ont jamais caché la fierté qu’ils éprouvaient de l’engagement de leurs parents dans la libérationdu pays.

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A la Libération, un char américain immobilisé face à l’hôpital Robert-Ballanger de Villepinte.

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Villepinte : colonne de prisonniers allemands sous la garde des troupes américaines.

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La libération de Villepinte survient le 29 août 1944. Ce jour-là, les soldats américains contrôlent la ville et récupèrent des forces, ici au Vieux-Pays.

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L’hôpital Robert-BallangerUn passé méconnu

Dès l’origine, le projet d’hôpitalconcerne plusieurs communes :Aulnay-sous-Bois, Blanc-Mesnil,Sevran, Tremblay-lès-Gonnesseet Villepinte.

C’est à Villepinte que s’engage saconstruction, à partir de 1934, surun terrain concédé à la communepar son maire, M. Dauvergne, ex-ploitant agricole et grand proprié-taire terrien. En 1939, il est à peineterminé que survient la guerre. Ilest réquisitionné en juillet 1940par les nazis qui le transforment en

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Les troupes américaines devant l’hôpital rendent hommage à Roosevelt, mort le 12 avril 1945.

l’une des plus grandes casernes de la région parisienne et ajoutent plusieurs blockhaus autourdu bâtiment central. Elle prend le nom de caserne Von Tirpitz. Le 28 août 1942, une femmetire des coups de feu et blesse un garde posté àl’entrée. En représailles, neuf Juifs sont arrêtéset déportés. A la Libération, les forces nord-américaines succèdent aux troupes allemandesdans ces locaux et les utilisent à leur tourcomme centre d’hébergement. En 1946,lorsqu’ils sont libérés, ceux-ci nécessitent d’importants travaux. L’hôpital, prévu avant-guerre, n’ouvrira finalement ses portes que 20ans plus tard, en 1955. Il prendra le nom du dé-puté Robert Ballanger, après son décès en janvier 1981. Aujourd’hui, il s’engage dans une nouvelle extension et couvre un bassin depopulation de 450 000 personnes.

Robert Ballanger, député communiste de Villepinte de 1945 à 1981 : son nom

a été donné à l’hôpital et à la routedépartementale qui traverse Villepinte.

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L’énergie vivante de la Résistance

René Magne, Villepintois et Denise Albert, Sevranaise, nés respectivement en 1921 et 1922sont d’anciens résistants animés tous deux par une infatigable énergie de vie.

C’est en 1976 que René Magne s’installe définitivement à Villepinte après y avoir fréquemment séjourné. Il est élevé par sa mère,fille de l’assistance publique, qui travaille dansles années 30 pour le milieu des Russes blancsen exil dont il recueillera la carte d’Etat Majorayant appartenu au Tsar Nicolas II.

En 1938, il est embauché chez Farman, un fabricant d’avions. Mais, face à la répressiondes organisations antimunichoises, en raisonde ses engagements, il ne tarde pas à entrer en clandestinité. Il est arrêté le 17 avril 1940 et incarcéré à la prison de la santé, au secret. Devant l’avancée allemande, il esttransféré, en juin, au camp de Gurs dont ils’évade sur ordre du comité du camp, le 29septembre 1940. Repris le 2 octobre près de lafrontière espagnole en zone occupée, il est détenu à la prison de Fontevrauld jusqu’au 2juillet 1941, date à laquelle il est envoyé à laprison militaire de Périgueux. Atteint par la tuberculose, il est envoyé au sanatorium de la prison. Les excès de radiation qu’il y subiten guise de « traitement » lui laisseront des séquelles définitives. Mais loin de le faire renoncer, les épreuves de la guerre le renforcent.

Lorsqu’il est libéré en avril 1942, il met ses talents de dessinateur au service de la Résistancejusqu’à la fin de la guerre malgré les aléas de sa santé : fabrication de tampons, de faux papierset toutes sortes de documents indispensables aux combattants de l’ombre. A la Libération,

René Magne et Denise Albert

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Drancy, qu’il a vu se transformer au cours de la guerre en centre de transit pour les Juifs, estsa première terre d’élection. Bénéficiant d’une dérogation en raison de son âge (inférieur aux25 ans requis pour être éligible), il est au Conseil municipal provisoire de Drancy, l’un desplus jeunes élus de France.

Plus tard, à Villepinte, il continue inlassablement à œuvrer au bien public. Longtemps, il intervient dans les écoles pour transmettre l’histoire de la Résistance. Il agit dans

la vie publique comme maire-adjoint au Conseil municipal de Villepinte (1977-1983)et comme élu au Conseil régional (1992 - 1998). Il milite activement pour l’environne-ment en participant à la fondation de Génération écologie, à la création des Amis duParc de la Poudrerie. Il est, en faveur de la citéCondorcet de Villepinte, à l’initiative de lapremière expérience d’énergie solaire dans le département. Comme dépositaire d’une mémoire rare, il est naturellement membre de l’ARAC, de l’ANACR (Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance), de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistantset Patriotes) et de l’Amicale du camp de Gurs.René Magne est, à Villepinte, la dernière figure emblématique d’une page déterminantede notre histoire nationale.

C ’est en 1923 que Denise Albert arrive à Sevran. Arrière-petite-filled’un mégissier, membre de la 1ère

Internationale de Marx, Communard, fusillépar les Versaillais en 1871, elle est aussi lanièce de Jean Hemmen, résistant, fusillé au

Mont -Valérien, ancien combattant de l’Espagne républicaine, ami de Rol-Tanguy et de LouisBlésy-Granville. Elle ne faillira pas à la tradition familiale.

En 1936, elle collecte pour les Républicains espagnols à travers le Secours rouge (ancêtre du Secours populaire) et témoigne sur la création des Jeunes Filles de France constituée de

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personnalités comme Danièle Casanova,Marie-Claude Vaillant-Couturier, NinaAsensi, la mère de l’actuel député de lacirconscription.

En février 1940, lorsqu’elle revient de sanatorium, Maurice Nilès, le futur député-maire de Drancy, lui propose decréer un « triangle » sur Sevran, premieréchelon de base de la Résistance qui commence à s’organiser.

Membre de ce triangle avec Roger Le Maner et André Crétier, elle fait partie de ces soldats de l’ombre sans uniforme, à l’insu même de sa propre famille, en vertu des règles de cloisonne-ment. Denise voit tomber de nombreux camarades, parfois physiquement, commeAuguste Crétier, dont les noms parsèmentaujourd’hui les rues de Sevran. Son partenaire de triangle, Roger Le Maner,dénoncé, arrêté, meurt dans les camps.

Le 12 décembre 1943, son père disparaîtcarbonisé au phosphore dans les décom-

bres d’un bombardement sur son lieu de travail. Employée d’une entreprise d’énergie privée« Eclairage Central et Force Motrice » (ECFM) et cégétiste de cœur, elle ne compte plus, à laLibération, les réunions passées aux côtés de Marcel Paul, ministre du général de Gaulle, par-fois jusqu’à tard le soir, pour mettre en place le statut des agents de la régie publique EDF-GDF créée en 1946.

Aujourd’hui, elle intervient à la demande dans les classes pour raconter la Résistance et estrestée longtemps la dernière à emmener tous les ans des dizaines d’élèves au Mont-Valérienrendre hommage avec elle aux martyrs du combat antinazi. Cette femme toute faite d’énergie,qu’on a surpris en train de « faire la grille » à près de 90 ans parce qu’elle avait oublié sesclés, est devenue présidente de l’ANACR (Association Nationale des Anciens Combattantsde la Résistance) de Sevran, de Tremblay-en-France, de Villepinte après la mort de Louis

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Blésy. Si les années passent, elle n’a rien perdu de sa gouaille et n’oublie jamais de vous rappeler qu’elle a mangé des limaces vivantes (test de la tuberculose) et qu’elle a horreur des « je me la gobe » (prétentieux). Elle essaie modestement d’être fidèle au mot d’un camaradede militance, Guy Môquet (voir page 75) et n’hésite pas à affirmer : « Un homme vaut par cequ’il est non par ce qu’il a ».

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Denise Albert, les décorations, la simplicité

Denise Albert a reçu de nombreuses distinctions. Elle les accepte mais n’en faitpas grand cas. En 2004, elle en reçoit unedu Conseil général de Seine-Saint-Denispour le 60ème anniversaire de la Libérationavec André Crétier, membre du trianglequ’elle formait avec lui et Roger Le Maner, dénoncé, arrêté et mort en déportation. Si elle a porté exceptionnellement ses décorations lors des obsèques de LouisBlésy, elle reste derrière, avec le public,pour les commémorations et ne porte jamais ce qu’elle appelle « sa batterie de

cuisine » car ce qu’elle a fait n’est rien d’autre que « normal » et même s’il ne fautpas l’oublier, « tout cela c’est du passé ». En2004, Maurice Kriegel-Valrimont (1914-2006) figure nationale de la Résistanceétait venu tout spécialement lui remettrecette médaille, en présence du député-maire de Tremblay-en-France. MauriceKriegel-Valrimont avait été, pendant la Résistance, l’un des trois dirigeants duCOMAC, Comité d’action militaire créépar le CNR.

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Rencontre de militantesDenise Albert et Danièle Mitterrand

Danièle Mitterrand, l’épouse de l’ancien chef d’Etat, s’est rendue à Sevran le 6 décembre2006 en toute simplicité pour remettre des livres et des vêtements à des jeunes de la ville.Une occasion de rencontrer Denise Albert.

Danièle Miterrand s’est montréeparticulièrement émue et tou-chée quand Denise Albert lui arappelé qu’elle n’ignorait riendu rôle que sa famille avait jouéen hébergeant une résistante,Bertie Albrecht, pendant l’occu-pation. « Une vraie militante »commente Denise Albert en regardant la photo de DanièleMitterrand.

Bertie AlbrechtBertie Albrecht, alors compagne d’Henri Frenay, le fondateur du réseau de résistance « Combat », a été arrêtée et torturée le 28 mai 1943, peu après avoirquitté le domicile de la famille Gouze-Renal (famille de Danièle Mitterrand). Elle s’est donnée la mort parpendaison trois jours plus tard pour échapper à la torture alors qu’on l’a longtemps crue décapitée par lesnazis.

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Guy MôquetAcquitté mais fusillé

« Je vais mourir avec mes 26 camarades mais nous sommescourageux ». Ainsi commence la dernière lettre de Guy Môquet à Odette. A 17 ans, il est, après Henri Fertet, le plusjeune fusillé français par les nazis.

Lycéen, condisciple de Gilles Deleuze, fils du député ProsperMôquet, député communiste déchu et déjà emprisonné aprèsl’interdiction de son parti, lui-même militant et propagandisteantifasciste, il est arrêté le 13 octobre 1940 sur dénonciation.Jugé et acquitté, il est pourtant maintenu en détention et transféréen mai 1941 parmi d’autres, au camp de Choisel à Châteaubriant.

Il y rencontre Odette Lecland, future épouse de Maurice Nilès qui deviendra après-guerre, mairede Drancy pendant 37 ans. Ils se voient, se parlent, développent l’un vers l’autre un sentimentmutuel tout en restant séparés par la barrière de leurs camps respectifs. Le 20 octobre 1941, KarlHotz, un officier allemand, est abattu à Nantes par un commando de résistants. Sélectionné malgréson âge parmi les 27 prisonniers de ce camp pour le peloton d’exécution, il est exécuté le 22 enreprésailles après lui avoir écrit regretter « de ne pas avoir eu ce que tu m’as promis ».

Le choc et l’émotion face à cette vengeance collective sont im-menses. L’exécution d’un gamin se révèlera à double tranchant pour l’occupant. De Gaulle et Roosevelt y feront référence. Dès 1944, Aragon écrira la Rose et le Réséda, et après-guerre, son nom seradonné à une station de métro, à de nombreuses rues, dont une à Villepinte. La légende prend corps. Transformé par l’histoire en victime symbolique de l’ignominie nazie, il écrit, juste avant sonexécution, pour la postérité sur une planche de son baraquement : « Les copains, vous qui restez soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir ».

« Les filles et les garçons, nous étions séparés par une barrière. Guy avait du talent et était un peu poète.

On parlait des films et des événements à travers la barrière. Je lui avais promis que quand

on leur échapperait, on irait ensemble au cinéma. » Odette Nilès - Septembre 2012.

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Page 76: Combat pour la paix, combat pour la vie

Lorsqu’il est libéré, en avril 1942, René Magne met ses talents de dessinateur au servicede la Résistance jusqu’à la fin de la guerre : fabrication de tampons, de faux papiers ettoutes sortes de documents indispensables aux combattants de l’ombre.

La fabrication de faux papiers

Travail de recherche pour le Front national.

Faux laissez-passer vierge fourni par la Résistance permettant de

circuler la nuit en région parisienne.

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Empreinte de tampon, subtilisée par une résistante, employée comme femme de ménage et confiée à la Résistance.

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Croquis réalisé par des résistants permettant la réalisation d’un faux tampon pour la Dordogne.

Maquette d’une commande pour la gendarmerie.

Le cachet est indispensable aux réseaux de résistance pour permettre à ses agents de pénétrer dans le Pas-de-Calais classé « zone rouge ».

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Son nom complet est « Front national pour lalibération et l’indépendance de la France ». Il est fondé par le Parti communiste le 15 mai 1941, avant l’attaque allemande contre l’URSS et ouvert à tous ceux qui veulent lutter contre l’occupant. Il chapeaute tous les mouvements de son obédience, organise lalutte armée, les groupes de FTPF (Francs- tireurs et partisans français), produit de lacontre-propagande, fabrique des faux papiers,

p u b l i edes jour-naux, prépare les actions de sabotage. Apparu dans la clan-destinité et pendant l’occupation, ce nom n’a pu être protégéet c’est par un détournement de langage et de sens qu’il aété récupéré par une organisation politique qui se situe auxantipodes des valeurs portées par la Résistance.

Les FTP-MOI, groupe de combattants exclusivement composé de travailleurs étrangers et dirigé la dernière annéepar un Arménien, Missak Manouchian, en est un exemple.Ces étrangers combattants qui ont payé le prix du sang pourla libération de leurs pays d’adoption, auraient été expulsésdu territoire français au regard des critères du mouvement politique qui usurpe aujourd’hui le nom d’une organisationde la Résistance.

Cette affiche, placardée dans les principales villes de France, et objet de propagande nazie est devenue un symbole de résistance. Aragon en a fait un poème, Léo Ferré l’a chanté et « l’Affiche rouge » est passée à la postérité.

Le vrai Front national Une création de la Résistance

Le premier et le vrai « Front national » est l’organisation de résistance au nazisme créée dansla clandestinité.

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Tombé dans l’action à Villepinte

Antoine Cusino est un jeune sergent FTPF (Francs-tireurs et partisans français) résistant actif et engagéquand il entreprend de récupérer de l’essence, un combustible rare et précieux pendant la guerre.

Celle-ci doit être livrée sur un poste de la route des PetitsPonts qui mène à la mairie de Villepinte. Le 18 août 1944,il part avec six hommes et reste, avec l’un d’eux, en surveillance près du camion. A peine arrivés, une auto mitrailleuse allemande surgit. Son équipier file donner l’alerte alors qu’il reste seul face àl’ennemi avec un revolver à barillet qu’il faut tourner à la main pour engager la balle. Il est braqué par les fusils et entraîné à la station de la voie ferrée de Rivecourt, à Villepinte.Face à la menace, il chante la « Marseillaise ». On lui tire dans les pieds, puis dans les jambes.Il s’écroule à genoux. On lui tire dans les mains avant de lui donner le coup de grâce. Un assassinat de sang froid ! Antoine Cusino était dans sa vingtième année. La Résistance

récupéra son corps et unegarde d’honneur le veillajusqu’à ses obsèques, le 22août 1944, qui donnèrentlieu à une manifestation dedéfi à l’occupant.

Antoine Cusino était Trem-blaysien, mais dans la lutteà mort contre le nazisme, iln’avait pas hésité à venir se battre à Villepinte où il est tombé en martyr.

Aujourd’hui, il existe doncdeux rues Antoine Cusino :une à Tremblay-en-Franceet une à Villepinte.

Antoine Cusino

Son corps est ramené au domicile de ses parents. Ils organisentdes obsèques qui constituent un moment de défi à l’occupant.

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La force irréductible de l’antifascisme

Toute la vie de Lucie Aubrac, née le 26 juin 1912, montre une femme faite d’une volonté tenace.

Après avoir renoncé à l’internat de l’Ecole normale, à 20 ans, elle monte à Paris et réussit sonbaccalauréat puis son agrégation tout en travaillant et en militant. Nommée à Strasbourg, ellerencontre Raymond Samuel qui devient son mari. Commence une extraordinaire histoired’amour et de vie qui écrira une page épique de la Résistance. En 1939, elle renonce à unebourse d’étude aux Etats-Unis parce que la guerre éclate. Lorsque la France est occupée, ilsrefusent le défaitisme et rentrent tous deux immédiatement dans la Résistance. Son mari estarrêté à trois reprises ;à chaque fois, elle agitpour sa libération.Elle n’hésite pas àrencontrer Klaus Bar-bie, le tortionnaire deJean Moulin et, bienqu’elle soit enceinte,participe elle-même à l’évasion de Ray-mond Aubrac. Aprèsbien des péripéties, ilsgagnent l’Angleterrepuis participent auxopérations de restau-ration de la Répu-blique française. A laLibération, Lucie Au-brac, modestement,reprend son poste d’enseignante et l’heure, de la retraite venue, continue de défendre dansses conférences, ses idéaux antifascistes et antiracistes. Elle est venue à Villepinte, en juin2006, pour l’une de ses dernières apparitions publiques, inaugurer une école à son nom. Dansun échange avec les enfants, elle profite de l’occasion pour redire son horreur de la guerre.Elle s’éteint moins d’un an après, le 14 mars 2007, mais la force de son engagement est unexemple pour les générations futures.

Lucie Aubrac

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Le couple Aubrac dans ses jeunes années…

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Raymond Aubrac

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Une vie d’engagement

Né le 31 juillet 1914, le jour de l’assassinat de Jean Jaurès, Raymond Aubrac, Samuel de sonvrai nom, forme avec Lucie, un couple emblématique de l’histoire de la Résistance.

Diplômé des Ponts et Chaussées et de Harvard aux Etats-Unis, il co-fonde avec Emmanueld’Astier de la Vigerie le mouvement de résistance Libération-sud et s’apprêtait à occuper une haute fonction dans la résistance avant son arrestation, celle du général Delestraint. Il est spectaculairement libéré à l’initiative de sa femme pendant l’occupation et siègera à l’Assemble consultative d’Alger. Connue est la confiance dont il bénéficie de la

part des personnalités célèbres : Jean Mou-lin, De Gaulle, HôChi Minh. Moinsconnue est la diver-sité de ses fonctions,de ses missions, deses rencontres dans lafidélité à ses engage-ments antifascistes etanticolonialistes.

De commissaire de la République à Marseille au Fonds alimentaire mondial(FAO), de Mendès-France à Henry Kis-singer en passant par

le Vatican, de la reconnaissance de la Chine à la paix au Vietnam, de la paix au Proche-Orientau travail de mémoire, Raymond Aubrac a été un pont, un relais, toute sa vie durant, au servicede la paix et de la justice. Il a fait à Villepinte l’honneur de sa présence aux côtés de sa femmele 6 juin 2006. Il s’est éteint le 10 avril 2012. La Ville a décidé de lui rendre hommage endonnant son nom à la maison de quartier des Mousseaux.

…et en juin 2006 à Villepinte, fidèle à lui même, pour l’une de ses dernières apparitions publiques.

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Le premier à entrer dans Villepinte occupée

Né le 23 septembre 1914, passionné d’arts, mobilisé en 1939,résistant, arrêté en 1942, libéré sous caution comme pupillede la Nation et revenu à la Résistance, il devient jeune adjudant des FTPF (Francs-tireurs et partisans français).

Roger Salaün n’est pas Villepintois mais il réalise le premierune action déterminante dans Villepinte occupée. Le 29 août 1944, les forces américaines progressent en direction deVillepinte. Mais tous les Allemands n’ont pas évacué la ville et une dizaine de personnes,dont le maire, sont menacées d’une exécution sauvage analogue à celle du 14 juin 1940. Avectoutes les précautions possibles, Roger Salaün, pourtant blessé au genou par un éclat d’obus,se dirige, en compagnie d’un homme, vers la ferme Bataille qui, selon M. Godier, devait encore être occupée par des Allemands. Il ouvre brusquement la porte, met en joue cinq Allemands qu’il fait prisonnier et remettra au Poste de commandement de Bobigny où ils seront

interrogés. Villepinte est alors libérée et les troupes américainesarriveront dans la journée.

Après avoir mené plusieurs actions dans des communes de la Seine-Saint-Denis, il opèrejusqu’à Crépy-en-Valois où ilajoute encore quatre prisonniersà son actif. Beaucoup plus tard, en 1993, il témoignera dans uneémission de la Marche du Siècle,de Jean-Marie Cavada. En sep-tembre 2000, il est reçu, médailléet honoré par la Municipalité àl’occasion de l’anniversaire de lalibération de Villepinte.

Roger Salaün

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Pour son action dans la libération de Villepinte, Roger Salaün a été reçu, honoré et décoré par

la Municipalité le 3 septembre 2000.

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Un rôle déterminant

A la fin de l’année 1945, les troupes coloniales, originaires du Maghreb et d’Afrique noire,sous le commandement de Jean de Lattre de Tassigny, constituent plus de la moitié des 550 000 hommes de l’armée de la France libre.

En 1940, un soldat colonial fait prisonnier par la Wehrmacht, considérécomme « sous homme » par le racismenazi a tôt fait d’être exposé à l’exécu-tion sommaire. Dès juin 1940, laFrance est occupée. Il incombe à l’Empire colonial de fournir l’effortpour reconstituer l’armée française. Les populations africaines coloniséesconstituent donc un des viviers de lanouvelle armée française. C’est ainsiqu’en 1943, une troupe de Tabors marocains encadrée par des officiersfrançais participe au débarquement enSicile au sein de l’armée du généralPatton. En août 1944, les troupes coloniales constituent la moitié des forces qui débarquent enProvence et s’illustrent au combat. Des fusiliers marocains et des tirailleurs africains comptentaussi parmi les soldats de la 2ème DB du général Leclerc qui libère Paris. A la fin de l’année 1944,la 2ème division d’infanterie marocaine est la première unité française à franchir le Rhin.

Après la démobilisation, les pensions des soldats coloniaux restent inférieures du tiers ou de moitié à celles de leurs compagnons d’armes européens, décalage qui s’accentue à partir de 1959 lorsque le général de Gaulle cristallise leurs pensions. Récemment le film, « Indigènes » a rappelé le rôle des combattants coloniaux dans la libération du pays et a aidé audéblocage de leurs pensions, exigé par le mouvement combattant.

Que ce soit lors de la Première ou de la Seconde Guerre mondiale, les grands-parents et les arrière-grands-parents de l’immigration post-coloniale ont largement contribué aux combats de la victoire.

Les troupes coloniales

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Le général de Gaulle passe en revue des unités marocaines en Grande-Bretagne.

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Il y a un peu plus de 68 ans, en mars 1944, leConseil national de la Résistance publiait son programme sous le titre : « les Jours Heureux ».

M algré le temps passé depuis, il reste toujours d’actualité. C’est un texte étonnant. Sûrement parce que ceux qui l’ont écrit

l’ont fait au péril de leur vie, dans la clandestinité, et que cette œuvre collective a été rédigée et signée à l’unanimité par les représentants des principaux mouvements de résistance, partis politiques et syndicats.

Avec Jean Moulin, l’homme qui avait été, à Londres,auprès du général de Gaulle, chercher et obtenir l’approbation de sa mission d’unificateur, puis inspiréspar son exemple, après son arrestation, les membresdu CNR ont su réaliser son programme et anticiper ensemble la reconstruction de la France avec l’objectifd’établir une société nouvelle, un monde meilleuranimé de l’esprit de la Résistance, et assurer à chacunet à tous une vie sociale satisfaisante basée sur la primauté de l’intérêt général et le respect des Droits del’homme.

C’est sur la base de ce programme que furent instaurées, après la Libération, les structures sociales nouvelles de notre pays contre lesquelles, malheureu-sement, nombre de gouvernements successifs ont engagé un travail de démolition.

Le CNR, la paix, l’UnescoLes jours heureux, un programme pour l’avenir

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Libération de Paris. Défilé de véhicules de la 2ème Division blindée du général Leclerc sur les Champs-Élysées, le 26 août 1944.

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Ce programme, c’est la création de la Sécurité sociale qui permet à chacun de cotiser selon sesmoyens et d’être soigné selon ses besoins. C’est faire en sorte que les personnes âgées, après une vie de labeur, puissent toucher une retraite décente. C’est la démocratisation de la vie en faisant des syndicats des partenaires sociaux à part entière.C’est offrir aux citoyennes et citoyens un vrai service public avec une vraie fonction publique. C’est construire une presse libre pour que le peuple ne soit plus soumis à des flots de propagandecomme c’était le cas sous le régime vichyste. C’est écarter les grandes féodalités économiques et financières de la maîtrise de l’économie. Chacun peut constater, aujourd’hui, quelles mutilations ce programme a subi hier, comme il continued’en subir aujourd’hui.C’est pourquoi il faut le faire connaître aux générations nouvelles afin que les uns et les autres luiassurent, par les formes d’action qui leur conviennent, sa remise en fonction adaptée aux circons-tances d’aujourd’hui pour assurer à notre peuple « les jours heureux » auxquels il a droit.

Du 20 novembre 1945 au 10 octobre 1946, le Tribunal de Nuremberg qui jugea les criminels nazis, pose les prémices d’une justice internationale.

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La figure tutélaire de la résistance intérieure

Né le 20 juin 1899, Jean Moulin entre très tôt, dès 1917, au cabinet du Préfet de l’Hérault et entame ce qui s’annonce commeune brillante carrière administrative…

Mais sa rencontre avec Pierre Cot, député deSavoie, est déterminante. Il est nommé chef deson cabinet en 1932 lorsqu’il devient ministre.Après la victoire du Front populaire en 1936,il retrouve Pierre Cot au Ministère de l’Air,participe à la création d’Air France et organiseles livraisons d’avions français aux Républi-cains espagnols.

Lorsque les Allemands arrivent à Chartres, le 17 juin 1940, Jean Moulin est Préfet d’Eure-et-Loir. Il est alors amené à l’Hôtel de France où les Allemands lui ordonnent de signer une déclaration accusant les tirailleurs sénégalais d’avoir commis des viols et des crimes sur des civils. Jean Moulin refuse de signer un document qui « déshonorerait l’armée française ». Violemment frappé, il ne cède pas. Enfermé dans un réduit pour la nuit et décidé à maintenir sonrefus de signer, il se tranche la gorge. Sauvé in extremis, Jean Moulin reprend son poste mais estrévoqué le 23 novembre 1940 par le gouvernement de Vichy.

Il rejoint alors à Londres, le général de Gaulle, qui le reçoit longuement et revient en France avecle titre de représentant du chef de la France libre et la mission d’établir l’unité de la Résistance.

Dans la clandestinité, il organise la liaison entre Londres et la Résistance. Il met en place les organes centraux de la Résistance, notamment le Comité général d’études qui va élaborer les structures politiques, économiques et administratives de la France d’après la Libération. Marquées par leur caractère social, elles sont la base du programme du Conseil national de la Résistance (CNR).

Jean Moulin

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L’aboutissement de l’action de Jean Moulin se produit le 27 mai 1943 avec la première réuniondu CNR dans Paris occupé, sous sa présidence, dans un appartement du 48 rue du Four dans le6ème arrondissement en présence de huit mouvements de résistance, six partis politiques et deuxsyndicats. Fort de ce soutien, le général de Gaulle crée le Comité français de libération nationale(CFLN). Mais Jean Moulin est arrêté moins d’un mois après, le 21 juin, à Caluire, lors d’une réu-nion de réorganisation de la Résistance. Il est très vite identifié, subit les pires tortures mais neparle pas. C’est officiellement durant son transfert en Allemagne qu’il meurt, le 8 juillet 1943.

En se taisant jusqu’au bout, il fera preuve d’un courage extraordinaire. Il est incinéré au Père Lachaise sur ordre de l’occupant mais le rapatriement de ses cendres au Panthéon en 1964 donnelieu à un hommage officiel et à un discours mémorable d’André Malraux.

Jean Moulin à Châteaulin en tenue de sous-préfet à une cérémonie au monument aux morts.

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Les hommes de l’ombre au grand jour

Ces hommes qui ont poursuivi l’œuvre de Jean Moulin l’ont fait dans la clandestinité, au périlde leur vie parce qu’ils ont imaginé une société plus libre, plus juste et plus fraternelle. Leurprojet a largement inspiré les avancées sociales de la Libération dont nous continuons de bénéficier aujourd’hui.

Le CNR

De gauche à droite, au fond : Jacques Debû-Bridel (Fédération républicaine), Pierre Villon (FN), Robert Chambeiron (secrétaire), Pascal Copeau (Libération-Sud), Jacques Lecompte-Boinet(CDLR), André Mutter (CDLL), Jean-Pierre Levy (Franc-Tireur), Pierre Meunier (secrétaire).Au premier plan : Gaston Tessier (CFTC), Joseph Laniel (Alliance démocratique), Georges Bidault (président, démocrate-chrétien), Henri Ribière (Libération-nord), Daniel Mayer (CAS),Paul Bastid (Parti radical), Auguste Gillot (PC), Louis Saillant (CGT).

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L’UNESCO, la paix, la non-violenceUne organisation dédiée à l’éducation, la science et la culture

A contre-courant de la marchandisation généralisée promue par l’OMC (Organisation mondiale du commerce), la démarche de l’Unesco est de défendre le principe d’un statutparticulier aux « produits de l’esprit ».

En faisant adopter, en novembre 2001, une « Déclaration universelle sur la diversité culturelle »suivie ultérieurement d’une Convention pour lui donner force de loi, l’Unesco réussit à élever la di-versité culturelle au rang de « patrimoine commun de l’humanité » comme les sites qu’elle classepartout dans le monde. La « diversité en dialogue », au cœur de ce texte qui engage les signataires,prend ainsi à contre-pied la thèse de Samuel Huntington sur l’inéluctabilité du choc des cultures.

L’Unesco mène de nombreuses actions. Parmi ses diverses initiatives,elle agit avec les écoles : plus de 65 000 dans le monde lui sont associées. En juin 2001, une manifestation internationale est organiséeen direction de la jeunesse. Villepinte y est présente à travers l’un deses établissements scolaires, le collège Jean-Jaurès.

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L’UNESCO« Les guerres prennent naissance dans l’esprit des hommes, c’est

dans l’esprit des hommes que doit être élevée la défense de la

paix ». Ainsi, se résume l’idée majeure de l’Unesco, organi-sation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture dont le siège est à Paris et qui a été fondée le 4 novembre 1946.

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Le collège Jean-Jaurès à l’honneurUne jeune Villepintoise représente l’Europe

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Dans le cadre des clubs UNESCO, 500 jeunes en provenance de 60 pays et des cinq continents sesont retrouvés à Saint-Malo, en juin 2001, pour lancer un appel à la paix et à la fraternité sportive.Une déclaration a été lue par un jeune de chaque continent. C’est Charlène Massolin, une élève ducollège Jean-Jaurès, qui a représenté l’Europe à la tribune.

« Une rencontre avec des jeunes de 60 pays s’est déroulée à Saint-Malo et Dinard du 12 au 17 juin 2001. Et pour la cérémonie de clôture, onze jeunes ont du rédiger l’Appel de la jeunesse et cinq d’entre eux sont montés sur le podium pour lire l’Appel représentantleur continent. Ils sont passés à la télévision et même sur CNN, la plus grande chaîne américaine ». Journal du collège Jean-Jaurès, oct-nov. 2001.

Respectertoutes les vies

la violence

ma générosité

pour se comprendre

la planète

la solidarité

Rejeter

Libérer

Ecouter

Préserver

Réinventer

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L e trafic des Noirs, déportésd’Afrique et vendus commeesclaves en Amérique, la

colonisation d’immenses territoiresoutre Atlantique ont gangréné notresociété. Le colonialisme va profiteraux riches armateurs, aux commer-çants, aux financiers spéculateurs,aux trafiquants en tous genres.Les conquêtes et l’encadrementdes colonies seront faits par l’ar-mée, avant tout des jeunes soldatsvenus des campagnes ou desquartiers ouvriers, formatés parune idéologie raciste ou xéno-phobe. Le colonialisme se fondesur une idée scandaleuse et scien-tifiquement fausse selon laquelle certaines races seraient supé-rieures à d’autres et « la raceblanche » serait supérieure à larace noire, à la race jaune, à larace arabe… Avant 1914, Jean

Jaurès fut le premier dirigeant ouvrier à combattre le colonialisme, revivifiant l’anticolonialismené avec Las Casas au 16ème siècle. En 1925, les jeunes communistes s’opposèrent à l’envoi de400 000 soldats dans le Rif. Après la victoire sur le 3ème Reich et le Japon racistes, les peuples co-lonisés veulent être libres. En France, des forces politiques refusèrent ou retardèrent ce désir deliberté, haine et mépris de l’autre étant mis à l’honneur ! L’inauguration le 2 juin 2012, à Villepinted’un monument dédié à la fin de la guerre d’Algérie, a pour objectif de rendre hommage aux vic-times des deux côtés de la Méditerranée et de tourner définitivement la page du colonialisme.

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La lutte contre le colonialisme Combattre trois cents ans de gangrène…

Venu à Paris en 1946 négocier l’indépendance du Vietnam, Hô Chi Minh a été accueilli et hébergé chez

le couple Aubrac à Soisy-sous-Montmorency.

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Premier appelé tué de la guerre d’Algérie

Le 1er novembre 1954, à 3 heures du matin, à Batna, dans les Aurès, (Algérie) le soldat Pierre Audat et le lieutenant Eugène Cochet montent la garde devant leur caserne lorsque brutalement, des tirs éclatent dans leur direction.

Jusqu’à ce jour, c’était la paix et ils tomberont tous les deux dans ce que les autorités s’obstinèrent longtemps àdésigner comme les « évènements d’Al-gérie ».

Si les journalistes et les historiens n’ontpas hésité à parler rapidement de « guerred’Algérie » pour qualifier un conflit qui s’enlisait, les gouvernements ont longtemps minimisé la réalité. Seule la loidu 18 octobre 1999 permet désormais dequalifier officiellement les combats qui sedéroulèrent entre 1954 et 1962 commeceux de la guerre d’Algérie.

Dans le courant du mois d’octobre 1954,le Front de libération nationale (FLN) quivenait de se constituer avait décidé de lancer, le jour de la Toussaint, la luttearmée jusqu’à l’indépendance. Cette datedu 1er novembre 1954, qu’on appelle

Le Villepintois Pierre Audat

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L’affiche réalisée par la Municipalité de Villepinte pour la première victime du contingentde ce qui allait devenir la guerre d’Algérie.

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également la « Toussaint rouge », est restée comme le premier jour de la guerre qui conduira,après huit années de combats et de drames, à la République algérienne, le 25 septembre 1962.

Pierre Audat est un jeune Villepintois qui aurait eu 21 ans deux semaines après sa mort. C’étaitun appelé du contingent. Sa mort suscita beaucoup d’émotion dans la commune, comme en témoigne l’affiche réalisée par la Municipalité. « Nous avons été très touchés par les marques de sympathie de la population », écrivent ses parents dans une lettre adressée au maire. Plus de 40 ans après, le Conseil municipal par une délibération en date du 11 avril 1996, a décidé d’attribuer son nom à une voie communale.

Aujourd’hui, Pierre Audat repose au cimetière de Villepinte. Cette victime fait de Villepinte lapremière commune touchée par les combats de la guerre d’Algérie.

Pierre Audat à Batna, quelques jours avant sa mort : « un jeune homme pondéré, facile à vivre,

bien intégré et aimé de toute l’équipe », écriront ses compagnons d’armes.

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L’interprétation de l’histoire est souvent déterminante dans les confrontations du présentet explique, longtemps après, la passion des batailles mémorielles.

E n 2005, un Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire se constitue autour del’historien Gérard Noiriel sur le modèle du Comité de vigilance des intellectuels antifascistesqui s’était créé en 1934. Dans un texte fondateur, il précise que « la connaissance de l’histoire

et l’évaluation politique du passé sont deux choses nécessaires dans une société démocratique maisqui ne peuvent être confondues ». Il prend position face à des historiens regroupés par Pierre Noraqui, dans un appel intitulé « Liberté pour l’histoire », avaient vivement critiqué l’adoption des loismémorielles.

A leur façon, d’anciens résistants ont choisi d’intervenir eux aussi sur la scène publique. Le 8 mars2004, pour le 50ème anniversaire de la publication du programme du Conseil national de la Résistance,les survivants rendent public un texte appelant les jeunes à continuer de résister. Autre lieu, autreaction : en 2008, une association est créée, Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui (CRHA),avec pour objectif d’inscrire les luttes actuelles dans le droit fil de celles de la Résistance. Un rassemblement annuel est maintenant organisé au mois de mai sur ce lieu symbolique de la Résistance que représente le plateau des Glières en Haute-Savoie.

Par le nombre de lieux mémoriels, de cérémonies et de commémorations qui existent, le travail demémoire et la culture de la paix sont deux orientations essentielles de l’identité de Villepinte.

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Les luttes d’aujourd’huiLes enjeux de l’histoire

Une seule date pour tous les mortsLe 28 février 2012, une loi fixait au 11 novembre le jour de la commémoration de tousles morts pour la France quel que soit le conflit. Vouloir confondre les situations historiques, c’est gommer les spécificités, mêler des moments historiques distincts, laisserpenser que tout se vaut. A l’heure où d’aucuns déplorent la disparition des dates et des chronologies dans l’enseignement de l’histoire, le regroupement des dates et descommémorations représente un nouvel obstacle au nécessaire travail de mémoire. Ne prépare-t-on pas ainsi une remise en cause des commémorations mémorielles ?

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Le plateau des Glières, en Haute-Savoie, qui a vécu une page héroïque de la Résistance est devenu un haut-lieu de commémoration. Un monument national de la Résistance, œuvre

du sculpteur Émile Gilioli, y a été érigé et inauguré par André Malraux en 1973.

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Une solide tradition nationale

L’attachement du peuple français à l’histoire est connue. Rares sont les rues ou les équipements qui ne portent un nom de personnage public. Les lois mémorielles en sont un autre signe.

Certaines ne sont pas sans provoquer des réactions passionnelles. Celle du 23 février 2005 portantsur les Français rapatriés a provoqué la multiplication des prises de positions. Lors de sa présentation, elle propose implicitement une relecture du colonialisme, au détour d’un article, enimposant que « les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présencefrançaise outre-mer, notamment en Afrique du nord ». Les nostalgiques de l’Empire colonial trouvent en la circonstance quelques relais parlementaires efficaces. Le paradoxe, c’est que, enpensant à l’Afrique du nord, ils posent une bombe sur un maillon faible de notre mémoire : lespopulations d’outre-mer qui avaient justement obtenu, au terme d’une longue et ancienne exigence, le vote de la loi Taubira. Les pétitions et prises de position autour de cette loi sont nombreuses et au mois de décembre 2005, la polémique s’emballe. A l’appel d’universitaires, sous le titre « Colonisation : non à l’enseignement d’une histoire officielle » faitécho un autre intitulé « Liberté pour l’histoire » qui réclame pas moins que l’abrogation de quatrelois mémorielles ! Finalement, l’article 4 suscite une telle levée de boucliers qu’il est retiré avantla promulgation de cette loi. Mais la multiplication des réactions provoquées par cette loi est aussiun symptôme des passions françaises pour l’histoire.

Les batailles mémorielles

Les lois mémorielles

La loi Gayssot du 13 juillet 1990 tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe. La loi du 29 janvier 2001 tendant à la reconnaissance du génocide arménien de 1915.La loi Taubira du 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crimes contre l’humanité. La loi du 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés. La loi du 28 février 2012 fixant au 11 novembre la commémoration de tous les morts pour la France.

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Le travail de mémoire Des lieux et des équipements à Villepinte

La Ville a engagé un travail de mémoire et de dénominations en puisant dans le riche patrimoine des combats porteurs de sens contre le racisme, pour la liberté, la paix et la justice. Elle a choisi des lieux et des équipements qui étaient dépourvus de noms pour évitertoute polémique sur la concurrence des mémoires.

Le 10 mai 2009Inauguration de l’esplanade et de la stèle Aimé-Césaire

Pour rendre hommage à l’immense poète disparu un an plus tôt, le pourfendeur du colonia-lisme et chantre de la négritude, une stèle Aimé-Césaire a été inaugurée le 10 mai 2009 enprésence d’un certain nombre de personnalités : la chanteuse Lynnsha, l’écrivain Claude Ribbeet Jacques Césaire, son fils. L’écrivain Claude Ribbe a fait remarquer dans son interventionque « si toutes les communes de France prenaient ce type d’initiative, les mentalités évolue-raient plus vite ». Son fils n’a pas souhaité intervenir mais a été marqué par cet hommagerendu à son père : « Je suis ému de cette manifestation comme il l’aurait été lui-même s’il avaitété présent » a-t-il commenté.

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Le 2 juin 2012Inauguration de la stèle dédiée à la fin de la guerre d’Algérie

Pour tourner la page de la guerre, rendre hommage à la mémoire de victimes des deux côtés de la Méditerranée et ouvrir la page de l’avenir, une stèle réalisée par l’artiste Valérie Abélanski, a été inaugurée le 2 juin 2012.

Hélène Erlingsen Creste et Mohammed Zerouki, auteurs du livre « Nos pères ennemis »,invités par la Municipalité et tous les deux enfants de combattants dans des camps opposés,tombés pour des patriotismes différents, sont intervenus de manière très émouvante. « Enfants,nous avons tous les deux perdu nos pères pour une guerre injuste, imbécile et cruelle. Nousavons fait le pari de dire dans ce livre comment nous avons grandi sans nos parents » a souligné Hélène Erlingsen Creste. « Nous avons écrit un message de paix » a complété dansson intervention Mohammed Zerouki. Villepinte pourra s’enorgueillir d’héberger une stèledédiée à la paix et à l’amitié entre les deux peuples.

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Le 13 octobre 2012Inauguration de la crèche « Lise-London »

La construction d’une crèche municipale à Villepinte, dans une des villes les plus jeunes dudépartement, était une réalisation devenue indispensable, prioritaire et urgente. Ouverte en septembre 2012, elle a été inaugurée officiellement le 13 octobre 2012, en présence desenfants London et de Claire Rol-Tanguy, représentant les Amis des combattants en Espagne républicaine (l’ACER). Pour favoriser le travail de mémoire, la Municipalité lui a donné lenom de Lise London, disparue peu de temps auparavant, le 31 mars 2012. « Elle en aurait ététrès honorée, a commenté son fils Gérard, présent à la cérémonie. Cela permettra aux plus jeunes de s’interroger sur ce nom et de s’intéresser à la lutte et à l’histoire de toute unegénération» a-t-il conclu.

Un nouvel équipement jeunesse

Le point d’accueil quartier Raymond Aubrac

La Municipalité a souhaité honorer la mémoire de Raymond Aubrac, décédé le 10 avril 2012. Pour rendre hommage à l’hommede résistance, de médiation, de paix qu’il représente et parce qu’ilavait fait l’honneur de sa présence à Villepinte au côté de sa femmeen juin 2006, le Conseil municipal, par une délibération en date du 4 juillet 2012, a décidé de donner son nom au PAQ-CLO LesMousseaux, équipement livré en 2013.

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Les nouveaux résistantsCitoyens résistants d’hier et d’aujourdhui

CRHA : c’est le nom d’une association créée en 2008 avec les parrainages de RaymondAubrac et Stéphane Hessel, anciens résistants.

Elle est issue des rassemblementscitoyens de 2007, 2008 et 2009 sur le plateau des Glières, haut lieu d’une page héroïque de la résistance aux nazis. Elle est, pour ses promoteurs, une réactionaux tentatives de récupération des idéaux du Conseil national de la Résistance, notamment celle de l’ancien président de la République, venu à trois reprisessur ce site accompagné par force

journalistes pour une opération de communication alorsque dans le même temps, le gouvernement s’emploie à démanteler ses réalisations, comme en témoignent lespropos de Denis Kessler, ci-contre.

Appel à la jeunesseLe 8 mars 2004, pour le 60ème anniversaire du programmedu Conseil national de la Résistance, un appel d’anciensrésistants était lancé aux jeunes générations pour « unevéritable insurrection pacifique contre les moyens decommunication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture,l’amnésie généralisée et la compétition à outrance detous contre tous ». Appel qui conclut que « créer c’est résister et résister, c’est créer ».

Le CNR, cible de la contre-réforme« Le modèle social français est le

pur produit du Conseil national

de la Résistance. Un compromis

entre gaullistes et communistes.

Il s’agit aujourd’hui de sortir de

1945 et de défaire méthodique-

ment le programme du Conseil

national de la Résistance. Le gou-

vernement s’y emploie. »

(4 octobre 2007)

Denis Kessler, vice président duMedef, 1998 - 2002.

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L’association d’Henri Barbusse

L’ARAC fut fondée en novembre 1917 durant la PremièreGuerre mondiale par des combattants de ce conflit. « Guerreà la guerre » fut le mot d’ordre qui inspira ses fondateurs.

Les fondateurs étaient l’écrivain Henri Barbusse, qui en fut lepremier président, Paul Vaillant-Couturier et Raymond Lefèvre,tous deux jeunes avocats et Georges Bruyère, un ouvrier.

Tous les quatre sortaient du front ; seul Henri Barbusse avait étédémobilisé à la suite de ses problèmes de santé, les trois autres

étaient encore sous les drapeaux. Ils avaient découvert Henri Barbusse par son livre « Le feu », qui avait obtenu le prix Goncourt en novembre 1916, et étaient venus le rencontrer enjuin 1917 dans son appartement parisien. Ils décidèrent de créer l’ARAC qui fut déclarée en novembre 1917. Ils fixèrent quatre principaux objectifs à l’association :

l Obtenir par une loi, le droit à réparation pour tous les anciens combattants et victimes deguerre pour les préjudices qu’ils ont subis. Une fois obtenue, veiller à son application et à sonextension si nécessaire.

l Rassembler les Anciens Combattants, les hommes, les femmes et les jeunes dans l’actionpour la solidarité entre les peuples, contre la guerre, pour la paix et contre le fascisme.

l Cultiver la mémoire historique dans un esprit de vérité auprès des populations et notammentauprès des générations nouvelles.

l Promouvoir les idéaux républicains de liberté, d’égalité, de fraternité et de démocratie réelleet lutter contre le colonialisme, la xénophobie et le racisme.

L’ARAC depuis plusieurs années, accueille toutes les personnes qui partagent sa volonté d’action pour atteindre ses objectifs. Ainsi s’explique la suite de son titre : « et des combattants pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix ». Villepintecompte une section active de cette association nationale, dont le président est Jean Porta.

L’ARAC

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La tragédie de « l’agent orange » La solidarité contre le crime

Trois générations après, les effets de la guerre du Vietnam continuent à détruire des vies.L’ARAC s’est engagée dans la solidarité avec les victimes.

Le Vietnam a subi sans discontinuité plus de 35 ans de guerres successivement menées par leJapon, la France et les Etats-Unis. Il a reçu quatre fois la quantité de bombes lancées pendant laSeconde Guerre mondiale et les Etats-Unis ont déversé plus de 80 millions de litres de défoliantshautement toxiques sur trois millions d’hectares, soit 10% du territoire vietnamien. L’agentorange, l’herbicide le plus employé, contient la très dangereuse dioxine. Plus de 35 ans après, lesbombardements continuent à montrer leurs terribles effets : cancer, mongolisme, retards mentauxet difformité à la naissance. La Croix Rouge estime à trois millions le nombre de victimes de cepoison dont 150 000 à la naissance.

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Les pensionnaires du village de l’Amitié.

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ARAC : Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerreet des combattants pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

ARAC : 2 place du Méridien – 94800 Villejuif Tél. : 01 42 11 11 11 – Email : [email protected]

Le Vietnam n’est pas qu’une terrede souffrance. Parmi une dizaineau Vietnam, la baie d’Ha-Long estun site classé au patrimoine mon-dial de l’humanité et l’un des plusconnus au monde. Située dans legolfe du Tonkin, elle est composéed’environ 1 600 îles et îlots qui offrent un paysage marin specta-culaire de piliers calcaires.

Depuis 1998, le village de l’Amitié Van Canhau Vietnam accueille enfants et adultes souf-frant des effets à long terme de la dioxine.C’est un projet international qui rassemble descomités nationaux d’Allemagne, du Canada,

des Etats-Unis, duJapon et dela France.Le comitéfrançais est présidé par l’ARAC qui a reçu en 2001, le prixdes Droits de l’homme de la République française pourson action de solidarité au Vietnam.

Le village de l’Amitié

La baie d’Ha-Long

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Les célébrations et les commémorations àVillepinteOn célèbre généralement les victoires et les faits d’armes ainsi que des personnages qui marquentl’histoire pour l’exemplarité de leurs engagements ou de leurs qualités. On commémore le souvenirdes drames, des souffrances et des pertes humaines entraînées par les conflits pour ne pas les oublier.Mais au fur et à mesure que les conflits s’éloignent, l’accent est mis davantage sur la commémorationdes souffrances et sur le souvenir dû aux victimes, au point que des chefs de gouvernement allemands, Helmut Kohl et Angela Merkel, ont pu se retrouver, l’un le 22 septembre1984 à Verdunet l’autre sur la tombe du soldat inconnu le 11 novembre 2009 à Paris, pour commémorer l’armistice de 1918. La Municipalité de Villepinte se veut une ville de mémoire et d’histoire.

Le 19 mars 1962

Jour de la proclamation du cessez-le-feu en Algérie.Une cérémonie au monument aux morts rend hommage tousles ans aux victimes de cette guerre. En 2012, la Municipalité a donné cette date pour nom à unparc et le 2 juin de la même année, elle y a inauguré une stèle.

Tous les derniers dimanches d’avril

Anniversaire de la libération des camps de la mort.A Villepinte, une cérémonie se déroule square des Déportés,devant la fresque tous les derniers dimanches du mois d’avril.

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8 mai 1945

Anniversaire de la réddition sans condition de l’arméenazie. Tous les ans, Villepinte célèbre la victoire sur le nazisme devant la plaque de la déportation au cimetière communal.

10 mai

Commémoration de l’abolition de l’esclavage. Depuis 2006, cette date est inscrite à l’agenda des célébra-tions nationales. Villepinte participe à cette commémorationau cours d’une cérémonie officielle et d’activités culturelles. La cérémonie se déroule successivement rue Toussaint-Louverture, square Victor Schoelcher et esplanade Aimé-Césaire.

27 mai 1943

Première réunion du Conseil national de la Résistancesous la présidence de Jean Moulin.Villepinte commémore ce jour tous les ans au MémorialJean Moulin sur la place qui porte son nom.

14 juin 1940

Exécution d’otages civils non-combattants.La Ville commémore tous les ans l’anniversaire de ce massacre local par une cérémonie devant le monument aux Victimes civiles, place de la Gare et rend égalementhommage aux soldats tombés ce même jour le long du canalde l’Ourcq.

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18 juin 1940

Appel du 18 juin 1940.A Londres, le général de Gaulle appelle à continuer laguerre avec lui. Villepinte commémore cet acte devant laplaque qui lui est dédiée.

16 juillet 1942

Rafle du Vélodrome d’hiver.Arrestation et regroupement au Vélodrome d’hiver de 13 152 Juifs dont 4 115 enfants. Villepinte commémorel’anniversaire de cet évènement au square des Déportés.

29 août 1944

Libération de Villepinte. Villepinte a été libérée le 29 août mais la cérémonie se déroule généralement le premier dimanche de septembreen différents lieux, respectivement devant la plaque du général Leclerc (place Degeyter), square de la Libération(place de la gare), devant la plaque Antoine Cusino à l’écoleLangevin, et au Monument aux morts du cimetière.

11 novembre 1918

Armistice du 11 novembre 1918. Villepinte commémore cet anniversaire au carré militaire etau Monument aux morts du cimetière.

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Sources documentaires et photographiquesChapitre 1 Première Guerre mondialeUne : Des résistants fêtent leur victoire sur un camion pris à l’ennemi au moment de l’insurrection de Paris

dans le quartier des Batignolles, Coll. Musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne. P. 8 : La

vie des tranchées, Le Miroir, 17 juin 1917, n°186, Coll. Archives municipales de Villepinte, NC. P. 9 : Soldats

à cheval avec les masques à gaz : les attaques au gaz sont une caractéristique de la Première Guerre mondiale,

Le Miroir, 4 mars 1917, n° 171, Coll. Archives municipales de Villepinte, NC. P. 10 : Scène

de la vie quotidienne des troupes, distribution de soupe aux soldats, Le Miroir, 13 mai 1917, n° 181, Coll.

Archives municipales, NC. P. 11 : A leur arrivée, les soldats britanniques sont accueillis par les enfants qui

profitent de leurs vélos, Le Miroir, 15 avril 1917, n° 177, Coll. Archives municipales, NC ; Soldats au repos

devant le Sanatorium de Villepinte, Coll. privée Michel Ulloa. P. 12 et 13 : Eugène Criqui, photos : Archives

municipales de Villepinte, NC. P. 14 : prisonnier allemand aidant un tirailleur blessé, Le Miroir, 13 mai

1917, n° 181, Coll. Archives municipales de Villepinte, NC. P. 15 : Images de tirailleurs sénégalais,

Le Miroir, 12 mai 1918, n° 233, Coll. Archives municipales de Villepinte.

Chapitre 2 : Naissance du fascisme

P. 16 : Ecrivain, prix Goncourt pour son roman-témoignage sur la condition du soldat pendant la Première

Guerre mondiale, il est avec Romain Rolland, l’un des promoteurs de l’antifascisme, et co-fondateur de

l’ARAC. Il dispose d’une avenue à Villepinte. Coll. de l’association « Les Amis d’Henri Barbusse ».

P. 17 : Guerre d’Espagne, Le Perthus, les réfugiés républicains arrivent à la frontière, 1939, PH ESP 03 C

(04), BDIC. P. 18 : Barricade, scène de la tentative factieuse du 6 février 1934 à Paris, Mémoire d’Humanité,

Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, DR. P. 19 : vue d’ensemble de la place de la République

lors de la manifestation antifasciste du 12 février 1934, Mémoire d’Humanité, Archives départementales de

la Seine-Saint-Denis, DR. P. 20 : Défilé des Croix de feu, L’Humanité 26 octobre 1935, Coll. Archives dé-

partementales de la Seine-Saint-Denis. P. 21 : Ferme Taveau, carte postale, Archives municipales de

Villepinte. P. 22 : Manchette de L’Humanité du 7 octobre 1935, Coll. Archives départementales de Seine-

Saint-Denis ; photos de Villepinte et du commissaire de Pontoise, « Les agressions : Villepinte », 6 octobre

1935, in La dissolution des Croix de feu, Publications L.P., numéro spécial, décembre 1935, Coll. MRN de

Champigny-sur-Marne. Page 23 : Manchette du quotidien Le Petit parisien, 7 oct. 1935, Coll. Bibliothèque

Nationale de France, Gallica ; photo Emile Dambel, maire de Villepinte, L’Humanité du 16 octobre 1935,

Coll. Archives départementales de Seine-Saint-Denis. Il faut noter qu’il n’existe aucune photo d’Emile Dam-

bel, maire de Villepinte, dans les archives municipales. P 23 : Manchette « Notre camarade Dambel Maire

de Villepinte doit bénéficier d’un non lieu », L’Humanité, 19 oct. 1935, Coll. Archives départementales de

la Seine-Saint-Denis ; photo de Roger Gérard, témoin des évènements et toujours Villepintois aujourd’hui,

service communication de Villepinte, 2012.

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Chapitre 3 : La nature du fascisme

P. 24 Guerre d’Espagne, Guadarrama. Les forces gouvernementales reçoivent des renforts transportés

par camions. Des troupes fraîches viennent relever les soldats et les miliciens. PH ESP 03 B (78) BDIC.

P. 25 : Une de L’Action Française « A bas le régime abject », 3 février 1934, Mémoire d’Humanité, Archives

départementales de la Seine-Saint-Denis ; Sur le journal L’Action Française, photo de barricade à Paris le

jour de la tentative du coup de force antiparlementaire, 6 février 1934, Mémoire d’Humanité, Coll. Archives

départementales de la Seine-Saint-Denis, DR. P. 26 et 27 : Manifestation, (sur les panneaux électoraux figure

le nom de Marcel Bucard), avril 1936, Coll. MRN, Fonds des entreprises de presse du boulevard Poisson-

nière. P. 28 : Guerre d’Espagne - Guadarrama au nord de Madrid, la Garde civile de la police, les soldats,

les travailleurs, les femmes manœuvrent pour repousser les franquistes qui ont atteint les montagnes de Gua-

darrama dans leur marche vers Madrid, Keystone, PH ESP 03 B (94) BDIC. P. 29 : Guerre d’Espagne,

André Malraux pendant un meeting antifasciste, PH ESP 03 A (30), BDIC ; Guerre d’Espagne, ouvriers

madrilènes volontaires de l’armée républicaine partant pour le front, Keystone, PH ESP 03 B (104) BDIC.

P. 30 : Photo de René Magne avec planisphère, archives privées, René Magne. P. 31 : Carte de résistant de

René Magne, membre du Comité local de Libération de la Seine, archives privées, René Magne.

Chapitre 4 : Le combat antifasciste

P. 32 : Guerre d’Espagne, col d’Arès, janvier ou février 1939. Fugitifs espagnols à la frontière franco-espa-

gnole, PH ESP 03 C (03), BDIC. P. 33 : Guerre d’Espagne, Pujarda, à la frontière, 11 février 1939. La

retraite gouvernementale de Catalogne. La capitale de Cerdagne bombardée par les nationalistes. La photo

représente un photographe en action surplombant le théâtre des évènements. Keystone, PH ESP 03B (05),

BDIC. Page 34 : Louis Blésy, Coll. MRN. P.. 35 : Henri Rol-Tanguy à la libération de Paris, dans les sous-

sols de

Denfert-Rochereau servant de quartier général à l’état-major FFI. Coll. MRN, Fonds Raymond Leibovici.

P. 36 : photos de Jean Hemmen, archives privées, Denise Albert. P. 37 : photos de Pierre Georges, le colonel

« Fabien » à l’époque de la guerre d’Espagne et faux papiers de Pierre Georges déguisé en curé pendant la

Résistance, Coll. MRN, Fonds Monique Georges. P 38 : Photo de Francisco Asensi, capture d’écran, archives

privées, Didier Daeninckx ; photo de Didier Daeninckx. P. 39 : photo d’identité judiciaire de Lise London

prise avant son transfert à la Petite Roquette, DR.

Chapitre 5 : Le printemps 1940

P. 40 : Le chasseur Henri Hautebon, soldat du 24ème RCA tué au combat près du canal de l’Ourcq le 13 juin

1940, Coll. de la SEHT (Société d’Etudes Historiques de Tremblay-en-France). P. 41 : Légende de Daniel

Leduc, l’auteur de ce cliché clandestin : « Les Fritz se font photographier sous la Tour Eiffel. C’est moins

dangereux qu’au troisième étage. Vue prise le 4 mai 1941 à 14h45. » Coll. MRN, Fonds Daniel Leduc. P.

42 : Exode des populations civiles en juillet 1940, Coll. MRN. P. 43 : Soldats allemands au repos après leur

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entrée dans Paris, in revue Signal n°9, 10 août 1940. P. 44 : Les hommes du capitaine Gillot qui vont

combattre les Allemands sur le canal de l’Ourcq, Coll. de la SEHT. P. 45 : Exécution de combattants

FFI, le 25 mai 1944 à Lantilly en Côte d’Or, Coll. MRN. Les fusillés de Villepinte étaient eux des

civils non combattants. P. 47, 48 : Photos des fusillés, Gaston Didier, Gaston Guiffard, André Masson,

Albert Zechetti, Coll. SEHT. P. 49 : Photo Léopold Coquerelle, Coll. SEHT ; photo de Juliette Savar

cliché SEHT, d’après l’orignal des archives de la famille Savar. P. 50 : Photo de Georges Burger, ser-

vice communication de Villepinte, 2009. P. 51 : Carte de prisonnier de M. Burger en Allemagne, ar-

chives privées, Georges Burger.

Chapitre 6 : La répression

P. 52 et 53 : Camp de concentration en Allemagne, in « La Déportation »1ère édition, 1965, préface

de Louis Martin-Chauffier, ouvrage collectif de la Fédération Nationale des Déportés, Internés,

Résistants et Patriotes (FNDIRP) remanié en 1995, Coll. FNDIRP, Paris. P. 54 : Photo du mémorial

de Drancy, service communication de Villepinte, 2012 ; photo de Shelomo Selinger dans son atelier

de travail, Selinger/ GNU, Creative Communs Paternité (CC) 3.0. 2008. P. 55 : Intérieur du camp de

Drancy, in « La Déportation », op. cité, Coll. FNDRIP. P. 56 : Photo de Denise Albert devant la

plaque de l’école Victor Hugo à Sevran, service communication de Villepinte, 2010. P. 57 : La rafle

de juifs par la police française du 20 août 1941 est moins connue que celle du Vélodrome d’hiver

mais elle envoie pour la première fois les personnes arrêtées à la cité de la Muette à Drancy transformé

camp de regroupement et de transit, Archives fédérales allemandes, Bundesarchiv Bild 183-b10816

/ CC-BY-NC-SA, 2008. P. 58 : René Magne le 27 mai 2012 à Villepinte, lors de la commémoration

du 27 mai 1943, première réunion du Conseil national de la Résistance, service communication de

Villepinte. P. 59 : Carte d’interné politique de René Magne, archives privées, René Magne ; nourris-

sons au camp de Gurs, in « La Déportation », op. cité, Coll. FNDIRP. P. 60 : René Magne et François

Arri avec Jean Porta, conseiller municipal délégué, lors de la commémoration du souvenir de la

Déportation, service communication de Villepinte, 2008. P. 61 : Vues du camp de Gurs : en haut, en

bas, à gauche et au milieu photos Coll. MRN, Fonds de l’AVER (Amicale des Anciens Volontaires

de l’Espagne Républicaine) ; en bas à droite, vue générale du camp de Gurs, photo du dossier

« camp de Gurs », Coll. FNDIRP. P. 62 et 63 : Dessins du camp de Gurs par M. Sagette, dessinateur

à la Vie Ouvrière avant guerre, cahier remis à René Magne après guerre, inédits jusqu’à présent,

archives privées, René Magne.

Chapitre 7 : La Résistance et la Libération

P. 64 : L’appel du général De Gaulle, Coll. FNDIRP. P. 65 : Un char américain à Villepinte, Coll. de

l’association ARCHIVES, Fonds Godier. P. 66 : Un char américain devant la caserne Tirpitz non

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visible sur le cliché. Coll. ARCHIVES, Fonds Godier. P. 67 : Les soldats américains au repos au Vieux pays

à Villepinte ; groupe de prisonniers allemands sous le contrôle des soldats américains, Coll. ARCHIVES,

Fonds Godier. P. 68 : Vues de l’hôpital Ballanger après guerre, archives du Centre Hospitalier Intercommunal

Robert-Ballanger. P. 69 : Les troupes américaines rendent hommage à Franklin D. Roosevelt devant lacaserne

Tirpitz qui est devenue, après le départ des soldats allemands, leur centre d’hébergement, archives du CHI

Robert-Ballanger ; en bas à droite le député Robert Ballanger, DR. P. 70 et 71 : René Magne et Denise

Albert, service communication de Villepinte, 2009. P. 72 : Denise Albert avec l’accordéon de son mari, ar-

chives privées, Denise Albert. P. 73 : Denise Albert reçoit, en 2004 la médaille du Conseil général, en pré-

sence de Maurice Kriegel-Valrimont dirigeant national de la Résistance et de François Asensi, député de la

circonscription, archives privées, Denise Albert. P. 74 : Denise Albert et Danièle Mitterrand lors de sa venue

à Sevran, archive privées, Denise Albert, service communication de Sevran, 2006 ; Photo de Bertie Albrecht,

Coll. MRN. P. 75 : Photo de Guy Môquet, Coll. MRN, Fonds de la famille Saffray-Môquet ; photo d’Odette

Nilès, archives privées, Odette Nilès. P. 76 et 77 : Ebauches et échantillons de faux papiers, archives privées,

René Magne. P. 78 : Carte d’adhérent du Front national de René Magne, archives privées, René Magne ; «

l’Affiche rouge » est une affiche de propagande officielle placardée en France dans le contexte de la condam-

nation à mort, le 21 février 1944, de 23 membres des FTP-MOI de la région parisienne dont Missak Ma-

nouchian, Coll. MRN. P. 79 : Photos d’Antoine Cusino et de ses obsèques, Archives municipales de

Villepinte. P. 80 : Lucie et Raymond Aubrac, Coll. famille Aubrac DR. P. 81 : le couple Aubrac, le 6 juin

2006, à Villepinte, pour l’inauguration de l’école Lucie Aubrac, service communication de Villepinte, 2006.

P. 82 : photo de Roger Salaün, archives privées, Roger Salaün ; Roger Salaün et René Magne, pour la com-

mémoration de la libération de Villepinte, le 3 septembre 2000, service communication de Villepinte, 2000.

P. 83 : Le général de Gaulle passe en revue des unités marocaines en Grande Bretagne, coll. MRN, DR.

Chapitre 8 : Le CNR, la paix, l’Unesco

P. 84 : Brochure du Conseil national de la Résistance (CNR) intitulé « Les jours heureux », édité par Libé-

ration Z.S. 1944, Coll. MRN. P. 85 : les Parisiens rassemblés sur les Champs-Élysées regardant passer les

blindés de la 2ème DB avec des banderoles « Vive De Gaulle » le 26 août 1944, le half-track Kichi-Kichi

avec à son bord l’adjudant-chef Destray, Bibliothèque du Congrès des Etats-Unis, fasc.la55001, Jack Downey

/ CC, 2010. P. 86 : Le tribunal de Nuremberg jugeant les criminels nazis, Bundesarchiv Bild 183-H 27798

CC-BY-SA. P. 87 et P. 88 : Jean Moulin en tenue de civil à Montpellier et Jean Moulin en tenue de sous-

préfet lors d’une commémoration au monument aux morts à Châteaulin, Collection Escoffier-Dubois, Musée

du général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris - Musée Jean Moulin, Ville de Paris. P. 89

: Le Conseil national de la Résistance à la libération (CNR), Coll. MRN. P. 90 : Manifeste 2000, pour une

culture de la paix et de la non-violence, support édité par l’Unesco. P. 91 : Appel de la jeunesse du monde

à la fraternité sportive, à Saint-Malo, en juin 2001, archives privées, Charlène Massolin.

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Chapitre 9 : La Lutte contre le colonialisme

P. 92 : Hô Chi Minh est hébergé dans la famille Aubrac à Soisy-sous-Montmorency lorsqu’il vient à Paris

négocier l’indépendance du Vietnam. Sur la photo, il tient dans ses mains leur fille, Elisabeth, Paul Durand,

septembre 1946, CCP 3.0. 2009. P. 93 : Image de l’administration coloniale française au Cameroun,

Le Miroir, 23 septembre 1917, n° 200, Coll. Archives municipales de Villepinte, NC. P. 94 : Photo de

Pierre Audat, archives privées, Danièle Brédillon ; affiche réalisée par la Municipalité en 1954 pour la

mort de Pierre Audat, Archives municipales de Villepinte, NC. P. 95 : Photo de Pierre Audat, archives privées,

Danièle Brédillon.

Chapitre 10 : Les luttes d’aujourd’hui

P. 97 : Plateau des Gliérres, Yann Forget, GNU, CC, 2007 ; Le monument dédié à la résistance du maquis

des Glières, CRHA, (Citoyens Résistants d’Hier et d’Aujourd’hui), Vincent Lucas. P. 99 : Stèle Aimé-Césaire

inaugurée en 2009 en présence notamment de Mme Roland Iriberry (Maire), de Jacques Césaire (fils), Claude

Ribbe (écrivain), Lynnsha (chanteuse), service communication de Villepinte, 2009. P. 100 : Inauguration de

la stèle dédiée à la fin de la guerre d’Algérie, en présence notamment de Mme Roland Iriberry (Maire),

M. Asensi (Député), Mme Erlingsen-Creste et M. Zerouki (auteurs et témoins), service communication, 2012 ;

Inauguration de la crèche « Lise-London », le 13 octobre 2012, en présence de Mme Roland Iriberry (Maire),

de Françoise London-Daix et Gérard London (enfants), Bally Bagayoko (vice-président du Conseil général ),

Mme Hubert (maire-adjointe), service communication, 2012. P. 101 : Raymond Aubrac, à la tribune du ras-

semblement des Glières, CRHA, Vincent Lucas, 2009. P. 102 : Prises de parole lors du rassemblement des

Glières, CRHA, Vincent Lucas, 2009. P. 103 : Photo d’Henri Barbusse, Coll. de l’association « Les amis

d’Henri Barbusse ». P. 104 : Photo des pensionnaires du Village de l’Amitié au Vietnam qui accueille et

soigne les victimes de « l’agent orange », archives du Comité national du Village de l’Amitié. Page 105 : La

baie d’Ha-Long, archives privées, famille Vaunois ; le Village de l’Amitié au Vietnam, Coll. archives du Co-

mité national du Village de l’Amitié.

Les célébrations à Villepinte

P. 106 : Stèle dédiée à la fin de la guerre d’Algérie ; fresque du square des Déportés, service

communication. P. 107 : Le maire de Villepinte à la cérémonie des fusillés civils avec, à ses côtés, un membre

du Conseil municipal des enfants, service communication, 2008 P. 108 : Plaque du souvenir de la déportation,

cimetière de Villepinte ; Stèle Aimé Césaire ; Mémorial Jean Moulin sur la place Jean Moulin ; Plaque à la

mémoire des fusillés civils de Villepinte, service communication. P. 109 : Plaque dédiée à l’appel du général

de Gaulle ; square des Déportés ; Plaque dédiée à la mémoire du général Leclerc ; Monument aux morts du

cimetière de Villepinte, service communication de Villepinte.

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Sommaire8 Première Guerre mondiale

12 Eugène Criqui

14 Les Tirailleurs indigènes et la première guerre mondiale

16 Naissance du fascisme

20 Les Croix de feu à Villepinte

24 La nature du fascisme

30 La carte militaire du Tsar Nicolas II

32 Le combat antifasciste

34 Louis Blésy

35 Henri Rol-Tanguy

36 Jean Hemmen

37 Pierre Georges

38 Le dernier guérillero

39 Lise London

40 Le printemps 1940

44 Les exécutions sommaires du Vert-Galant

46 Les 15 otages fusillés

49 Les victimes civiles

50 Georges Burger

52 La répression

56 Un petit Vélodrome d’hiver à Sevran

58 Le camp de Gurs

60 Deux Villepintois au camp de Gurs

62 Dessins du camps de Gurs

64 La Résistance et la Libération

68 L’hôpital Robert-Ballanger

70 René Magne et Denise Albert

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74 Rencontre de militantes

75 Guy Môquet

76 La fabrication de faux papiers

78 Le vrai Front national

79 Antoine Cusino

80 Lucie Aubrac

81 Raymond Aubrac

82 Roger Salaün

83 Les troupes coloniales

84 Le CNR, la paix, l’Unesco

87 Jean Moulin

89 Le CNR

90 L’UNESCO, la paix, la non-violence

91 Le collège Jean-Jaurès à l’honneur

92 La lutte contre le colonialisme

94 Le Villepintois Pierre Audat

96 Les luttes d’aujourd’hui

98 Les batailles mémorielles

99 Le travail de mémoire

102 Les nouveaux résistants

103 L’ARAC

104 La tragédie de « l’agent orange »

105 Le village de l’amitié La baie d’Ha-Long.

106 Les célébrations et les commémorations à Villepinte

110 Sources documentaires et photographiques

115 Sommaire

118 Remerciements

117 Notes

Page 117: Combat pour la paix, combat pour la vie

Edition : Mairie de VillepinteConception / réalisation : Service communication de la mairie de Villepinte - ARACRédaction, documentation, coordination : Fabien Augier, Paul MarkidesContributions : Bruno Drweski, Ludmila Acone, Pierre OuterrickEntretiens : Fabien AugierPhotos : Fabien Augier, Caroline Garret, le service communication avec la participation de Anne-Leïla Ollivier et Adeline Capaldi Conception et réalisation graphique : Claude VitaleAdministration : Valérie FavrolImpression : Direct impression

Remerciements

René Magne, Denise Albert et Odette Nilès témoins d’une page d’histoire nationale, pour l’ouverture de leurs archives personnelles et leurs témoignages.Au familles Aubrac, Blésy,Escoffier-Dubois, London, Rol-Tanguy, Saffray-Môquet, pour leurs autorisations.Madame Danièle Brédillon, nièce de Pierre Audat pour les photos de son oncle.Bruno Drweski, Ludmila Acone et Pierre Outerrick pour leurs contributions.Jean Porta, conseiller municipal délégué de Villepinte pour ses orientations.Lucienne Lebon, pour les photos de l’association ARCHIVES.Guy Krivopissko, Céline Heytens, Xavier Aumage, Charles Riondet, conservateur et documentalistes du Musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne pour leur assistance.Danièle Baron, documentaliste de la Fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotesHervé Revel, président de la Société d’Etudes Historiques de Tremblay-en-France.Séverine Maréchal, documentaliste du Musée Jean-Moulin.Caroline Fieschi et Cyril Burté, documentalistes de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine.Maxime Courban et Joël Clesse, documentalistes du service des Archives départementales de la Seine-Saint-Denis.Céline Roulx et le service des Archives municipales.Michel Ulloa, pour l’accès à son fonds de cartes postales de Villepinte.Roger Salaün, combattant de la libération de Villepinte.Roger Gérard, témoin villepintois.Didier Daeninckx, écrivain.Charlène Massolin, villepintoise.

Et les secteurs communication, infographie et reprographie de la mairie de Villepinte : Olivier Charolles, Pascale Decressac, Valérie Favrol, Caroline Garret, Fiona Imbratta, Sophie Puch-Herrantz, Flore-Anne Morgant, Claude Vitale, Guillaume Puch-Herrantz,Valérie Maisse et Michel Maisse.

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Notes

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C eux qui vivent, ce sont ceux qui luttent, écrit Victor Hugo. Les combats du siècle dernier sont représentatifs de cette luttepermanente pour la vie, la liberté et la justice. Les hommes et

les femmes qui les ont menés, connus ou anonymes, à Villepinte ou audelà, ont combattu dans l’adversité avec, le plus souvent, de la convic-tion, de l’optimisme et une volonté inébranlable. En choisissant d’agirsur le cours des évènements, ils incarnent l’esprit de résistance qui estle mouvement même de la vie.

La Municipalité de Villepinte et l’ARAC se sont associées à travers cettepublication au croisement de l’histoire nationale du siècle dernier et dela mémoire locale pour œuvrer au développement de la culture de la paix. Ce recueil se veut également un hommage à l’esprit de résistance, rappelé en 2004 par l’appel des survivants de la Résistancepour lequel créer, c’est résister et résister, c’est créer.