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Colloque Tourisme urbain, patrimoine et qualité urbaine en Europe 1

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Colloque Tourisme urbain, patrimoine et qualité urbaine en Europe

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Colloque Tourisme urbain, patrimoine et qualité urbaine en Europe

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e colloque « Tourisme urbain, patrimoine et qualité urbaine en Europe » s’est déroulé à l’hôtel de Rennes Métropole, les 26 et 27 mars 2009. Il était organisé par la Conférence Nationale Permanente du Tourisme Urbain (CNPTU)1 et l’Alliance de Villes Européennes de Culture (AVEC)2, en partenariat avec la Communauté d’Agglomération et l’Office de Tourisme et des Congrès de Rennes Métropole, avec l’appui technique de Maison de la France, ODIT France (désormais Atout France), et le soutien du Conseil Régional de Bretagne et de la Sous-direction du tourisme (Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services). Réfléchir sur le renouveau du tourisme urbain à travers celui des villes, dans un contexte de l’hyper concurrence européenne et mondiale, supposait - d’analyser l’importance de l’enjeu d’un patrimoine urbain - de revisiter la notion de déplacement et de proximité - d’évoquer cette urbanité bicéphale : l’une fonctionnelle, efficace, rentable, et l’autre celle de la lenteur, de la découverte pour des touristes et/ou des habitants – enfin, de permettre une réflexion au-delà des frontières de l’hexagone par les expériences et témoignages des villes du réseau AVEC .

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1. La CNPTU est une fédération de collectivités territoriales (villes et/ou structures communautaires). Le secrétariat général est porté par l’Office de Tourisme et des Congrès de Rennes Métropole. La conférence se réunit 4 à 5 fois par an. Elle travaille en outre, en commissions spécialisées chargées d’approfondir les sujets considérés comme prioritaires par les membres.

2. Le réseau AVEC est un réseau européen de villes et de collectivités territoriales historiques dont la volonté commune est d’édifier une Europe des régions, basée sur le respect des différentes cultures. Pour ses membres, les patrimoines matériels et immatériels sont des vecteurs d’identité, de partage et de développement durable.

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Sommaire

• Allocution de bienvenue par Jean-Yves CHAPUIS, Vice-président de la Communauté d’Agglomération Rennes Métropole, Président de la Conférence Nationale Permanente du Tourisme Urbain, Vice-président de l’Alliance de Villes Européennes de Culture

p. 4

• " Les villes touristiques à patrimoine en Europe" par Rémy KNAFOU, Professeur émérite à l’Université Paris 1- Panthéon-Sorbonne, Président de l’ADRETS (Association pour le Développement de la Recherche et des Etudes sur les Tourismes), Chef de projet du Mémorial du Camps des Milles (Aix-en-Provence)

p.6

• Table ronde " Nouveaux temps, nouveaux territoires touristiques urbains" animée par Jean-François CROLA, Bureau de la prospective et de l’évaluation économique, Direction Générale de la Compétitivité, de l'Industrie et des Services (DGCIS), Ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi

p.16

- " La ville éphémère, festive et événementielle" par Luc GWIAZDZINSKI, Géographe, enseignant-chercheur à l’Université J. Fournier, UMR PACTE 5194, Grenoble. Cofondateur de l’agence Sherpaa, Président du Pôle des arts urbains (POLAU)

p.19

- " Qu’est-ce qu’une ville ludique et surprenante" par Stéphane JUGUET, Anthropologue, Société "What Time Is It"

p.26

- " Vers la ville augmentée" par Hugues AUBIN, Membre du groupe national de prospective de la DIACT Cyberterritoires, Mission Technologies de l’Information et de la Communication, Ville de Rennes

p.30

• " La qualité d’usage des espaces publics en France" par Michel WASTIAUX, Directeur des Espaces et Filières, ODIT France (désormais Atout France)

p.40

• " Le label Qualicities" par Antonio VALENTIM, Département Environnement et qualité de la Ville d’Evora, Portugal

p.44

• " La re-fonctionnalisation des espaces dans la ville : le rôle des Jeux Olympiques de Turin 2006" par Mario BURGAY, Directeur du service Tourisme-Sport de la Province de Turin, Italie

p.50

• " Le nouveau marketing touristique et culturel" par Joël GAYET, Directeur de Co-Managing

p.55

• " Le projet Euriage, plate-forme mutualisée de promotion touristique des membres du réseau AVEC" par Jean-Pierre BŒUF, Directeur de l’Office de Tourisme d’Arles

p.64

- ANNEXES - p.68

Lettre de Daniel DELAVEAU, Maire de Rennes, Président de la Communauté

d’Agglomération de Rennes Métropole

Lettre de Christian MOURISARD, Adjoint au Maire d’Arles, délégué

au patrimoine et au tourisme, Président de l’Alliance de Villes Européennes de Culture

Documents présentés par Rémy KNAFOU : " Tourisme urbain en Europe"

et "Une hiérarchie du tourisme urbain en Europe"

Présentation de la Conférence Nationale Permanente du Tourisme Urbain

Présentation de l’Alliance de Villes Européennes de Culture

et du label Qualicities

Liste des participants au colloque

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Introduction Allocution de bienvenue de Monsieur Jean-Yves CHAPUIS Vice-président de Rennes Métropole délégué aux formes urbaines, Président de la Conférence Nationale Permanente du Tourisme Urbain, Vice-Président de l’Alliance de Villes Européennes de Culture Je vous souhaite la bienvenue, et, dans un premier temps, vous prie de bien vouloir excuser Monsieur Daniel DELAVEAU, Maire de Rennes et Président de Rennes Métropole, retenu à Paris par un rendez-vous avec le Premier Ministre, ainsi que Monsieur Christian MOURISARD, Adjoint au Maire de la Ville d’Arles délégué au patrimoine et au tourisme, et Président de l’Alliance de Villes Européennes de Culture, retenu pour des raisons personnelles (voir leurs communications en annexe). Pour ma part, je voudrais, en introduction, insister sur un point : « Demain, on fera du tourisme dans sa ville ». Je pense que nous allons connaître de profondes mutations dans les années à venir, sujet qu’aborderont la table ronde et les interventions au cours de ce colloque. Le tourisme de proximité n’implique pas que l’on ne se déplacera plus, mais que l’on se déplacera autrement. Ainsi se développera le tourisme immatériel, la rencontre d’un certain nombre d’idées, de concepts à travers les hommes. Nous en avons fait l’expérience récemment lors du forum Libération qui s’est déroulé à Rennes du 20 au 22 mars 2009 et a donné lieu à 50 débats. Deux d’entre eux ont été particulièrement appréciés : Alexandre ADLER, philosophe et spécialiste de l’URSS, avec Bernard GUETTA, journaliste au Monde, à propos de l’évolution de la Russie ; et Hubert VEDRINE, ancien Ministre des Affaires Etrangères du Gouvernement Jospin avec Bruno LE MAIRE, secrétaire d’Etat aux Affaires Européennes, au sujet des relations USA-Europe. A travers ces deux débats, on voyageait dans le monde entier, en comprenant, grâce à ces spécialistes, les relations futures entre l’Europe, les USA et la Russie. Ce tourisme immatériel qui se passe dans la ville est un tourisme de proximité. Ce forum, ouvert particulièrement à ceux qui habitent Rennes et Rennes Métropole, mais aussi ailleurs, constitue une forme de tourisme qui se développera. Dans toutes les villes, les quartiers des gares vont beaucoup changer, grâce à l’intermodalité (l’un des grands projets de Rennes). Le réseau TGV va complètement changer les relations entre les villes : Rennes sera bientôt à 1h30 de Paris et 3h30 de Strasbourg. La réduction des temps de transport rapprochera les villes, instaurant une nouvelle forme de tourisme de proximité. Les transports en commun évoluent, comme le bus dont la conception va beaucoup changer. Il en est de même pour la voiture. Il ne s’agit pas d’un rejet des moyens de se déplacer mais de mutations de ces moyens. Je défends également beaucoup l’idée d’ « être en vacance dans sa ville ». Notre démarche de tourisme urbain, de patrimoine, de qualité urbaine s’intègre dans une approche plus large : lorsque nous concevons la « ville-archipel », une ville qui intègre la campagne, le paysage dans sa conception urbaine, lorsque nous disons qu’il faut conserver l’agriculture périurbaine, qu’il faut lutter contre l’étalement urbain en redensifiant nos centres, nous répondons à l’évolution des modes de vie, à l’allongement de la durée de vie. Pour ce faire, il est nécessaire de

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développer un cadre agréable dans son agglomération en reliant tous ces paysages et en créant les services de proximité. Cela permettra, quand on a du temps libre, de pouvoir trouver dans sa propre ville ou agglomération des espaces de détente. Monsieur JUGUET, anthropologue, évoquera tout à l’heure le concept de City Break - court séjour en ville. On peut chercher à faire des breaks dans sa propre ville. Je citerai ici trois exemples d’aménagement qui ont contribué à renforcer l’attrait du centre-ville :

- les quais de la Garonne à Bordeaux - les berges du Rhône à Lyon - le quai des Antilles à Nantes.

Leur mutation en fait presque des espaces de vacance, d’agrément. Le tourisme envahit notre manière de vivre, de consommer. A l’heure où se mettent en place les métropoles, nous devons prendre conscience que la ville dans laquelle nous vivons s’est fortement agrandie. Elle intègre la campagne mais aussi la mobilité avec tous les modes possibles. Elle permet aussi d’avoir une diversité d’offre de logements que seul le grand territoire peut accueillir. Elle développe un nouveau paysage fait de bâti, de nature et d’agriculture : une trame bleue et verte qui participe à ce nouveau paysage. Il nous faut inventer la citoyenneté métropolitaine, notre nouvelle condition métropolitaine. Je terminerai par une phrase du sociologue Gilles LIPOVETSKY qui dit : « Nous sommes arrivés à la consommation émotionnelle », c'est-à-dire qu’aujourd’hui, nous consommons pour notre bien-être, pour essayer d’être plus libres. N’oublions pas, qu’en moyenne, nous vivons 700 000 heures, dormons 200 000 heures, travaillons 69 000 heures, et avons près de 350 000 heures à nous. C’est un changement prodigieux. En un siècle, nous avons gagné 35 ans de vie. Ainsi cela change notre mode de vie, notre manière de vivre la ville dans laquelle vit la majorité de la population mondiale. La notion de tourisme urbain doit donc s’élargir à toute cette conception de la ville. Enfin, je remercie Madame IRVOAS-DANTEC, Directrice de l’Office de Tourisme et des Congrès de Rennes Métropole et Secrétaire générale de la Conférence Nationale Permanente du Tourisme Urbain sans laquelle ce colloque n’aurait pu avoir lieu, ainsi que toute son équipe, qui a fait un travail remarquable. Nous restons également à votre disposition pour que cette rencontre se déroule bien. Merci de votre présence. Jean-Yves Chapuis

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" Les villes touristiques à patrimoine en Europe "

Intervention de Monsieur Rémy KNAFOU Professeur émérite à l’Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne. Président de l’ADRETS (Association pour le Développement de la Recherche et des Etudes sur les Tourismes). Chef de projet du Mémorial du Camps des Milles (Aix-en-Provence) Je vous remercie tout d’abord pour votre accueil. Je vais vous présenter un exposé de cadrage général, en tant que géographe spécialiste du tourisme mais aussi en tant que photographe ayant eu l’occasion de fréquenter beaucoup de lieux touristiques en Europe et dans le monde. Ce voyage sera très visuel. Parler des villes touristiques à patrimoine en Europe suppose d’abord de donner une brève définition du patrimoine. Il y a une définition de base étymologique : l’héritage de nos pères. C’est la dimension historique du patrimoine. Le patrimoine est vivant, pas simplement parce qu’on le restaure et lui donne un souffle nouveau, c’est aussi parce que nos sociétés et nos villes produisent aujourd’hui du patrimoine. Ce n’est pas simplement l’héritage du passé c’est aussi ce que notre capacité d’innovation et de création est capable d’apporter comme valeur ajoutée supplémentaire à la ville d’aujourd’hui. La qualité d’un patrimoine bien mis en valeur est l’un des deux ressorts de la fréquentation touristique des villes (l’autre étant l’animation de la grande ville, se fondre dans la population urbaine, les loisirs urbains, et le champ des possibles qu’elle ouvre). La qualité du patrimoine urbain est aujourd’hui un enjeu important. Si le tourisme peut être un prétexte pour justifier un certain nombre d’aménagements urbains destinés avant tout à la population locale, le tourisme est de plus en plus souvent un moyen de financer –ou de justifier le financement de– la restauration du patrimoine. Du reste, de nos jours, le patrimoine non touristique est en grand danger, le plus souvent en ruine ou en voie de le devenir. Donc l’argent du tourisme est nécessaire, qu’il y ait ou non du tourisme. Aujourd’hui le tourisme influence nos sociétés, l’expérience touristique est directement impliquée dans la qualité de la vie urbaine au quotidien. Pour terminer l’introduction, je souhaite insister également sur quelque chose d’important : il s’agit du fait que les touristes sont aussi des habitants des villes. Dans celles-ci il y a les habitants, dits permanents, même s’ils sortent souvent et qu’ils ont une grande mobilité ; ils sont rejoints par des populations de visiteurs qui sont des habitants temporaires. De ce fait il y a tout intérêt, dans les politiques de développement touristique, à les considérer comme des habitants au sens plein du terme, même s’ils ne font que passer.

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I- Types de villes touristiques à patrimoine : de quoi parle-t-on ? Je distinguerai trois types de villes touristiques à patrimoine : les métropoles, les villes dites touristifiées, les autres villes. 1- Les métropoles internationales Tim Freytag, chercheur allemand, qui a travaillé dans notre laboratoire à Paris durant un an, a établi une carte du Tourisme urbain en Europe (voir ci-contre). Il a réalisé un travail de collecte et d’homogénéisation des statistiques de fréquentation du tourisme dans les villes européennes, à partir du nombre de nuitées pour les grandes villes, puis remis l’étude de ces statistiques sous la forme d’une carte et d’une pyramide. Paris et Londres, apparaissent en tête, puis viennent Prague, Berlin, Madrid, Amsterdam, Rome… Nous sommes ici sur un terrain où la concurrence est extrêmement vive, car il s’agit d’un réseau de villes qui ont toutes ou presque des éléments de patrimoine importants et des stratégies de développement touristique qui se veulent dynamiques. La hiérarchie du tourisme urbain en Europe. Cette hiérarchie est importante car elle permet de situer les grandes inégalités de fréquentation et de mettre en évidence les métropoles internationales. Rome, avec ses 20 millions de touristes à l’année, est un exemple de fréquentation du patrimoine ancien, alors que Londres, qui a une fréquentation supérieure, l’est davantage pour ses animations et ses innovations (exemple : la grande roue). Londres possède un patrimoine qui s’est tourné vers l’avenir. Au début du 19e siècle, il y avait une comparaison entre Londres et Paris, les Anglais disant que Londres cultivait l’avenir, tandis que Paris cultivait le passé. Cela montre bien la tonalité de la compétition entre ces deux métropoles. Concernant la fréquentation des grandes villes, il s’agit souvent de courts-séjours (exemple de Londres notamment avec l’Eurostar). Dans les grandes villes on marche beaucoup : la première forme de fréquentation de la ville est la marche. Tout comme se faire photographier devant un lieu important fait partie des conditions du séjour touristique, même bref. 2- Les villes touristifiées Une ville touristifiée est une ville – ou une portion de ville, généralement le centre – complètement investie par le tourisme. Le centre-ville de Venise est le prototype de ces villes touristifiées qui vivent presque entièrement du tourisme. Cela présente des avantages, comme les ressources, mais aussi des inconvénients : les problèmes qui se développent sont ceux d’une population qui régresse (en 35 ans, celle du centre de Venise a été divisée par trois), remplacée par une population temporaire, des commerces et des services du quotidien qui se raréfient, remplacés par d’autres commerces à destination des touristes. C’est une évolution assez classique de lieux dominés par le tourisme. Il en est de même pour le centre de Florence en Italie, Tolède en Espagne, Bruges en Belgique, investies par les touristes et les services qui leurs sont destinés. L’exemple de Bruges est intéressant du fait du développement du tourisme à partir du début du 20e siècle. C’est un développement assez tardif par rapport à celui des métropoles, et cela a permis la reconversion d’une économie urbaine qui était en crise profonde. Au début du 20e siècle, elle était considérée comme l’une des villes les plus pauvres de Belgique, et aujourd’hui comme l’une des plus riches.

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Rothenburg, en Allemagne est un autre exemple de ville touristifiée. Il s’agit d’une ville moyenâgeuse, début Renaissance qui a échappé miraculeusement à toutes les guerres et aux opérations de rénovations urbaines du 20e siècle. Après avoir « végété » jusqu’au 19e siècle, elle a connu une fréquentation touristique à présent importante, voire intense, caractérisée par la présence des touristes japonais (la ville est incluse dans les circuits des tour-opérateurs japonais). Le bâti y est bien préservé et possède quelque chose d’assez exceptionnel en Europe : tous les remparts, les tours et les portes ont été conservés. Autres exemples : en Europe centrale, Cesky Krumlov, (située en Bohême du Sud, à 170 km de Prague), ville classée au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1992, accueille chaque année 1,5 million de touristes. České Budějovice en République Tchèque se caractérise par la plus grande place d’Europe centrale. Ces villes, bien préservées ou bien réhabilitées, sont à présent intensément fréquentées par les touristes, avec des produits touristiques et spécifiques de mise en valeur. 3- Les autres villes touristiques à patrimoine, peu ou pas mis en valeur Il existe beaucoup de villes à patrimoine. Presque toutes les villes européennes ont un patrimoine à faire valoir. Mais certaines, comme par exemple Beaucaire, ont une fréquentation touristique assez modeste par rapport au potentiel du lieu, tout d’abord parce que la concurrence est forte, et ensuite parce que les rénovations urbaines n’avancent pas du même pas. Ceci pour dire qu’il y a de la marge de progression dans la mise en valeur du tourisme et dans les concurrences à venir. II- Processus de touristification patrimonialisée Le patrimoine n’est pas seulement, comme l’étymologie le rappelle, l’héritage de nos pères, mais peut aussi être le résultat de créations contemporaines. Les politiques urbaines actuelles produisent aussi du patrimoine. 1- La restauration et la mise en valeur par le tourisme Les conditions de restauration passent par la découverte du lieu : il a fallu que passe l’information selon laquelle il y avait des lieux de qualité qui ne demandaient qu’à être visités. Prenons l’exemple de Bruges qui a été un lieu du déclin économique lent et long après son âge d’or du 14e siècle. La ville s’est rétractée à l’intérieur de ses remparts, la population est partie et s’est appauvrie. Il a fallu relancer l’intérêt du lieu à la fin 19e siècle; le roman « La morte » de Georges Rodenbach, a été l’un des éléments déclencheurs à la prise de conscience du potentiel de ce lieu. Les lieux anciens moyenâgeux sont devenus à la mode au 19e siècle. Un autre exemple, Rothenburg, évoquée précédemment, est aussi une découverte de la fin du 19e siècle : c’est au moment où il y a eu des relations de voyage du premier visiteur qu’est née l’exploitation du potentiel touristique du lieu. 2- Reconstructions, reconstitutions Je prends l’exemple de Wroclaw (Breslau) en Pologne : le centre de cette ville a été complètement détruit durant la Seconde Guerre Mondiale. Ce qui est intéressant c’est que la population a

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complètement changé : c’était une ville allemande. Cette population survivante a été chassée et remplacée par une population polonaise : il y a eu un transfert de population à une échelle massive, et pendant que celle-ci changeait, on a reconstitué à l’identique le centre-ville détruit. L’apparence formelle, l’enveloppe de la ville a été reconstruite à l’identique alors que la population a complètement changé. Le même choix a été fait pour Saint-Malo. En août 1944, pendant une semaine, la cité est prise sous les feux croisés des artilleries allemande et américaine. La cité brûle presque entièrement (elle est détruite à 80 %). On a pris la décision, qui a été touristiquement très importante, de la reconstruire à l’identique, ce qui n’a pas été le cas partout en Europe. De même, il a été décidé de reconstruire à l’identique la Frauenkirche de Dresde, en Allemagne, église baroque de la première moitié du 18e

siècle (elle fait partie du centre de Dresde qui a été bombardé) dont il ne restait que 2 murs latéraux qui se sont finalement effondrés. La reconstruction à l’identique est une décision politique d’aménagement urbain. 3- Production contemporaine La troisième possibilité est de produire du neuf dans de l’ancien, ce que l’on voit dans de nombreuses villes. Par exemple, le Centre Pompidou à Paris, inauguré en 1979, a, dès le début, accueilli beaucoup de visiteurs. Aujourd’hui, il en est à près de 7 millions de visiteurs annuels. Ce lieu fait contraste avec le vieux Paris, mais c’est à la fois un musée, un centre d’expositions, une bibliothèque, conformément à sa mission d’origine. A Londres, beaucoup d’équipements nouveaux ont été créés à partir de la récupération de bâtiments anciens, comme une centrale thermique transformée en musée d’art moderne (la Tate Modern). C’est l’un des processus classiques d’évolution du patrimoine. Il existe, en Europe, de nombreux exemples de patrimoine industriel devenu touristique. En Grande-Bretagne, un quartier nouveau de Manchester, The Lowry, a permis à la fois de faire de l’habitat, des loisirs, des services nouveaux, du tourisme. Il s’agit d’un aménagement nouveau dans une ville sinistrée par la débâcle de l’industrie, d’une reconversion profonde d’un site, qui devient un nouveau centre d’affaires, d’animations et aussi un centre touristique. L’exemple-type de ces productions ex nihilo qui permettent la relance de l’économie urbaine, est le musée Guggenheim à Bilbao (Espagne) : c’est celui qui a connu le plus grand succès dans le laps de temps le plus court. Bilbao avait également une économie sinistrée par le recul de la métallurgie et des chantiers navals, tout ce qui constituait la richesse de l’économie industrielle classique du pays basque. Dans cette ville en crise, il a été décidé de modifier l’apparence urbaine, de la transformer profondément et de s’appuyer sur la culture comme nouveau moteur de l’économie urbaine. La communauté autonome basque et la ville de Bilbao ont choisi de réaliser un gros investissement avec, en particulier, ce musée Guggenheim. On attendait, la 1ère année, 400 000 visiteurs : il y en a eu 1.5 million. Depuis, Bilbao attire environ 1 million de visiteurs par an. Cela a complètement changé la physionomie et l’attraction du lieu. Bilbao est ainsi devenu un lieu touristique. Ceci est un exemple très spectaculaire de rentabilisation sur un très court délai, grâce à un équipement qui a eu d’emblée une renommée mondiale.

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III- Dynamiques et stratégies 1- La concurrence - Une offre croissante en Europe - Un marché quasi-unique et concurrentiel : l’Europe et sa périphérie low cost La concurrence existe entre les villes européennes, mais elle ne s’arrête pas à la seule Europe. Les vols low cost mettent, par exemple, les villes du Maroc, les villes à patrimoine, en concurrence avec les villes européennes. Aujourd’hui le coût des transports aériens est relativement bas. Cela a permis à Marrakech d’être reliée à l’Europe. L’exotisme de la place Djema el Fnaa, de ses souks, de sa qualité d’hébergement font que désormais, Marrakech principalement, mais aussi secondairement Essaouira ou Fès qui sont en croissance, ainsi que d’autres lieux, font partie de cette concurrence qui anime les villes à patrimoine. 2- Mises aux normes : des standards de qualité de plus en plus élevés : de la chambre d’hôte ou d’hôtel au quartier réhabilité Ce fini touristique, ce fini urbain, cette qualité de l’espace public dans les lieux touristiques, le visiteur la retrouve et l’attend partout. Aussi, il faut que ces lieux soient tenus et entretenus. Désormais, on ramasse les déjections des chevaux qui tirent les calèches, que ce soit à Marrakech, Bruges, Vienne ou dans d’autres villes. Les trottoirs sont entretenus, refaits… Ce processus de touristification influe beaucoup sur la qualité générale de l’espace public et fait partie de ce que les touristes sont maintenant en situation d’attendre. A Vienne, en Autriche, le patrimoine fait l’objet d’un entretien et en même temps d’une mise en couleur très soignée et très travaillée. Cela fait partie des politiques urbaines un peu partout en Europe, dans les pays riches. Il y a également des fonctionnalités pratiques à assurer. A Palma de Majorque, il existe un système complexe et fonctionnel de boîtes à ordures branchées sur des tuyaux à compression permettant d’expédier les déchets vers des sorties périphériques. A l’intérieur de l’habitat touristique, les progrès sont également spectaculaires et le développement des chambres d’hôtes en est aussi l’un des moteurs. L’hôtellerie, y compris l’hôtellerie de luxe, a du souci à se faire avec la concurrence des chambres d’hôtes. Cette mise en tourisme de nombreuses maisons familiales complète l’offre touristique, ravive la concurrence et élève les standards de qualité. A présent, dans les chambres d’hôtes, on atteint une esthétique qui est en général très en avance sur celle des hôtels 4 étoiles y compris les 4 étoiles luxe. 3- Complémentarités, différenciations et spécificités

- Cultiver sa spécificité : chaque ville essaie de se présenter différemment des autres, en fonction de sa catégorie. Ainsi, Madrid se présente à l’échelle internationale comme « la ville entre le ciel et la terre ». Une ville comme Nice n’entend plus être uniquement une ville de bord de mer depuis longtemps, et sa communication porte maintenant sur le patrimoine urbain et le développement durable.

- Le rôle des nouveaux hôtels comme moteur de l’image renouvelée de la ville. L’Espagne en a beaucoup joué en particulier à Madrid où l’hôtel Puerta América est un exemple assez

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caractéristique. Le dessin de la façade extérieure a été confié à Jean Nouvel, et chaque étage de l’hôtel a été confié à un architecte ou un bureau de design différent et de renom international. Si bien que l’on peut revenir plusieurs fois dans cet hôtel et chaque fois être hébergé dans une ambiance totalement différente. C’est un exemple de ces équipements phares qui veulent illustrer la capacité d’un lieu à toujours être dans le mouvement.

- Commercialiser le patrimoine sous toutes ses formes, y compris le patrimoine hérité. Amsterdam, par exemple, s’est spécialisée dans la commercialisation de son héritage du Siècle d’or et de la peinture de Rembrandt et Vermeer. « La Ronde de Nuit », l’un des chefs d’œuvres de Rembrandt, exposé au Rijksmuseum, apparaît partout : un immense calicot, des statues grandeur nature sur la place Rembrandt… Des détails de Vermeer servent aussi d’élément publicitaire, comme « La laitière », démesurément grossie sur la façade du musée national. On retrouve partout dans la ville les motifs de Rembrandt et Vermeer, ce qui montre la manière dont on entend exploiter cette source d’image pour le tourisme (depuis cette année, Rouen fait de même avec Claude Monet).

- Etre dans les circuits des lieux où il se passe quelque chose ; organiser des réseaux de complémentarité tel le réseau de l’Alliance de Villes Européennes de Culture. Les échanges d’informations, d’expériences sont nécessaires pour faire vivre ce type de lieux. 4- Fuites en avant - La nouvelle injonction : la ville doit être ludique, festive et durable à tout prix (parade à Londres avec un temps maussade) : le nouvel impératif festif renvoie aux nécessités et aux difficultés de se différencier. Il existe aujourd’hui des rassemblements qui peuvent atteindre un millier de personnes, telle la Love Parade à Berlin. De nombreuses métropoles veulent avoir des activités et des événements de ce type. Paris s’est également lancée dans une politique événementielle ambitieuse : Paris plage, initialement destinée à ceux qui ne partaient pas en vacances, a rapidement attiré des touristes étrangers. Certains sont même venus spécialement pour voir cette opération, qui a été ensuite copiée dans d’autres villes d’Europe. L’inflation de l’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO va dans le même sens. Sur les 878 inscrits, 330 en Europe sont essentiellement des sites dits culturels. Chaque année, de nouveaux lieux sont inscrits. L’image de l’inscription à l’UNESCO va devenir de plus en plus difficile à commercialiser, car elle est de moins en moins différenciatrice, ce qui ne l’empêche pas de rester très convoitée. - Divergences stratégiques : l’exemple des stag parties (week-ends « bières et sexe »), notamment à Prague : on entre « Prague stag » sur Google, on reçoit 3 740 000 liens. Ce phénomène existe aussi à Budapest, Bratislava et dans de nombreuses villes d’Europe centrale. Beaucoup de jeunes Britanniques viennent ainsi dans ces villes, leur voyage étant facilité par les vols low-cost. L’ampleur du phénomène génère des difficultés, d’où la volonté de certaines entreprises touristiques de se différencier : par exemple, à Prague, certains bars ou discothèques affichent « no stag parties » car ils ne souhaitent pas accueillir ce type de clientèle. Prague a maintenant une image écartelée entre des réalités différentes qui ne font pas bon ménage et correspondant à des clientèles de profil très éloigné : celle du tourisme culturel et celle des « stag parties ». Ainsi, certains lieux touristiques sont confrontés à la nécessité et à la difficulté d’avoir à reconstruire une cohérence et, en premier lieu, une image cohérente.

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ECHANGES AVEC LA SALLE � Théodoulitsa KOULOUMBRI, chargée de mission tourisme, Communauté d’Agglomération St-Denis Plaine Commune De quelle ville et de quel tourisme parlons-nous ? Les villes touristifiées sont souvent aseptisées, comme Marrakech qui n’a plus d’odeur. Le tourisme doit aussi être une rencontre avec les habitants. Comment faire pour le rendre participatif, durable et solidaire ? Comment prendre en compte cet aspect des choses dans le cadre de la conférence ? � Rémy KNAFOU A propos de Marrakech, effectivement il y a une évolution des odeurs. Le fait que l’on sente moins les déjections animales permet davantage de sentir le jasmin. Aller à la rencontre des populations, oui, à la fois en théorie et en pratique. En tant qu’observateur ou analyste du phénomène touristique, je remarque que l’essentiel du flux touristique à l’échelle internationale ne va pas à la rencontre des populations. Je ne porte pas de jugement de valeur en le disant, c’est un constat. Les lieux touristiques du tourisme de masse, que ce soient les grandes villes ou les grandes stations touristiques, ne créent pas de rencontre avec la population, car on ne l’y voit pas. En revanche, on va rencontrer les autres touristes. Le tourisme c’est une rencontre humaine, une rencontre avec l’autre, mais l’autre n’est pas forcément l’habitant local, ce qui peut être regrettable. C’est une vie de société qui s’organise, et que le lieu crée. Dans la grande métropole, c’est différent car le tourisme, même lorsqu’il est très présent, est minoritaire, aussi peut-on avoir des chances de rencontrer la population locale. Mais, il s’agit de rencontres assez fugitives et très superficielles. Dans ce contexte, sont apparues des initiatives de tourisme dit « participatif », mais elles ne concernent qu’une petite partie du flux touristique. Toutefois, elles ne sont pas négligeables car toutes les parts minoritaires sont importantes et dignes d’intérêt.

� Hugues AUBIN, membre du groupe national de prospective de la DIACT Cyberterritoires, Mission TIC, Ville de Rennes

Un prolongement sur la question du tourisme participatif : le « couch surfing », le fait de partager un appartement ou d’héberger des globetrotteurs est un lien créé dans les salons, et pas sur les lieux touristiques. Je ne sais pas si cela représente un faible pourcentage au regard de ce qui est mesuré en termes d’occupation d’hôtels. Cela n’y apparaît pas, mais en termes de trafic aérien ou automobile cela doit apparaître car les gens se déplacent. En revanche, en termes de mesure du nombre d’inscrits sur ces sites participatifs d’échange d’hébergement de globe-trotters, on peut constater une croissance forte. Est-ce que là n’est pas le signal faible du processus dans lequel les gens vont s’entraider compte-tenu de la hausse du coût du carburant, des packages touristiques ? Est-ce le signal d’un poids plus grand de la donne participative ? � Rémy KNAFOU Effectivement, à l’heure actuelle, c’est très faible, presque anecdotique, mais pas entièrement, c’est-à-dire que tous ces mouvements existent. Ils sont très favorisés par les échanges sur Internet et s’inscrivent dans un contexte qui leur donne un poids particulier. Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est

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que le tourisme non-marchand est majoritaire : les échanges de logement de ville à ville fonctionnent de plus en plus entre métropolitains (on va échanger plus facilement un appartement entre New-York et Paris par exemple qu’entre des localités de niveau différent). Il s’agit d’un processus qui s’inscrit dans la dominante des échanges non marchands, qui par ailleurs alimentent des échanges marchands. Même si cela semble très faible à l’heure actuelle, il parait évident que cela augmente de manière assez vive et peut devenir une tendance non négligeable. Ce sont des lieux métropolitains et des lieux très connus à l’échelle internationale qui sont favorisés. La phase de diffusion vers d’autres types de lieux prendra davantage de temps, mais elle est déjà bien engagée pour des lieux de notoriété importante. � Mario BURGAY, directeur du service tourisme et sports, Province de Turin, Italie Je partage l’idée qu’il y a un risque dans la touristification : un contraste entre touristification et authenticité. On risque de banaliser les destinations touristiques. Je crois également qu’il est possible de faire des choix stratégiques hors du champ du tourisme de masse. Le tourisme étant un phénomène économique, il faut prendre en compte ce qu’il rapporte : la multiplication du nombre des touristes par leur budget quotidien. Je peux chercher à inverser ce rapport : moins de touristes qui dépensent davantage, ou beaucoup de touristes qui dépensent peu. Pour les destinations nouvelles, on pourrait faire un choix mariant la qualité de l’offre à la qualité de la demande, donc chercher une cible de touristes qui pourraient être attentifs aux gens, à l’esprit du pays, d’un point de vue culturel. Je pense que c’est l’essentiel du tourisme. � Rémy KNAFOU Ce que vous dites est le rêve, voire le fantasme de beaucoup de lieux touristiques : avoir moins de touristes qui rapportent plus. Il y en a même qui aimeraient, c’est un fantasme total, avoir l’argent des touristes sans les touristes ! L’idée d’avoir davantage de touristes qui rapportent plus et qui s’intéressent à ce qui constitue l’authenticité du lieu est une stratégie de nombreux lieux touristiques, y compris des lieux de tourisme de masse. Par exemple, j’ai pu analyser que Majorque a réussi en partie à reconvertir son économie touristique de l’intérieur des terres vers un tourisme de type élitiste à haut revenus, et mise sur les deux tableaux : un tourisme populaire et de masse sur le littoral et un tourisme réservé à des catégories aisées dans l’intérieur des terres, avec des chambres d’hôtel ou des maisons d’hôtes qui sont maintenant deux fois plus chères dans l’intérieur que sur le littoral : on assiste à une inversion des valeurs. En même temps, cela permet aussi au tourisme d’investir presque la totalité du territoire, pas uniquement le littoral. Il y a de la place pour tous les types de tourisme, et la même nécessité de tous les types de tourisme. Le tourisme de masse n’a pas qu’une fonctionnalité économique mais également une fonctionnalité sociale : il y a aujourd’hui, dans le monde, de plus en plus de populations qui aspirent à prendre des vacances et à pratiquer le tourisme, du fait de la hausse de leur pouvoir d’achat. Il faudra qu’il y ait de plus en plus de lieux de tourisme de masse pour accueillir cette demande nouvelle. Dans le monde, le nombre de touristes est en voie d’augmentation assez rapide ; même si 2009 connaîtra un ralentissement des arrivées internationales. Il faut des lieux capables d’accueillir différentes demandes sociales, puisque nous sommes sur la voie d’une différenciation des demandes de séjours touristiques de plus en plus grande.

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� Jean-Pierre NUZILLAT, adjoint au maire ville de Chalon-sur-Saône Chez nous, j’ai l’habitude de dire, par dérision, « il n’y a pas la mer ». Nous aimerions faire venir les touristes, car nous avons conscience que notre patrimoine existe, que nous avons aussi une exception culturelle. Mais je me dis que nous pourrions également reconquérir les habitants de notre territoire pour les transformer en touristes, car, souvent je m’aperçois que les habitants ne connaissent pas vraiment leur patrimoine et même qu’ils ont du mal à participer à notre culture. Alors que faut-il faire pour reconquérir d’abord nos habitants qui constituent une clientèle potentielle ? � Rémy KNAFOU L’une des manières de répondre à votre attente passe aussi par la fréquentation touristique. Le Havre est un exemple intéressant, car, cette ville a été complètement détruite durant la Seconde Guerre Mondiale, puis reconstruite par l’architecte Auguste Perret. Cette ville moderne n’était, semble-t-il, pas appréciée par les habitants. Car on avait reconstruit une ville qui n’avait rien à voir avec l’ancienne, ce qui était un traumatisme profond pour la population. Alors que, depuis une vingtaine d’années, elle était de plus en plus appréciée par les visiteurs, même s’ils n’étaient pas très nombreux. Cette ville en reconstruction a été classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. L’une des conséquences de ce phénomène, est qu’il y a davantage de visiteurs au Havre, ce qui permet aux habitants de porter un regard différent sur leur patrimoine. De même, les habitants de la vallée de Chamonix, lorsqu’ils voyaient les premiers touristes arriver, se demandaient pourquoi ces gens-là venaient voir ce qui pour eux n’avaient aucune valeur. Donc le regard de l’autre est essentiel pour la constitution de son propre regard sur le lieu. � Jean-Yves CHAPUIS, vice-président de la Communauté d’Agglomération Rennes Métropole, président de la Conférence Nationale Permanente du Tourisme Urbain, vice-président de l’Alliance de Villes Européennes de Culture Au Havre, il y a deux éléments importants dans le débat urbain : d’une part, Perret avait construit sa ville avec beaucoup d’espaces verts, ce qui était mal perçu à l’époque mais qui prend aujourd’hui une valeur phénoménale. Le thème de la nature dans la ville est essentiel aujourd’hui. D’autre part, il y a de nombreux aménagements effectués par des équipes d’architectes français et étrangers autour de l’eau. De ce fait, il y a redécouverte d’une ville moderne, et même contemporaine : nos concitoyens redécouvrent la nature dans la ville. C’est ce que l’on voit également pour les quais de la Garonne à Bordeaux, les berges du Rhône et les quais de la Saône à Lyon. � Sabrina LACONI, adjointe au maire, Ville de La Rochelle J’ai relevé deux termes de votre exposé : le patrimoine et l’héritage. Ce sont deux choses bien distinctes, qui pourtant se rejoignent, et qui ont à faire à notre tourisme, presque industriel aujourd’hui selon les villes. Aujourd’hui, le tourisme devrait s’emparer de ce volet-là car, comme vous le dites, il a un rôle social et pourrait aussi avoir un rôle pacificateur. Par exemple, la ville de La Rochelle s’est bâtie sur l’esclavage, et pourtant, si l’on va dans cette ville aujourd’hui, très peu de gens citent cette étape. Cette réconciliation avec notre histoire, entre les peuples, cette acceptation de certaines erreurs fait aussi partie du rôle du tourisme, tout du moins des professionnels du tourisme, car ils peuvent être vecteurs de beaucoup de données et d’une certaine éthique. Je pense que l’histoire racontée doit s’emparer de ces données, pour devenir un peu plus équitable elle-même. Je souhaiterais votre avis sur cette question.

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� Rémy KNAFOU Je vous rejoins complètement sur le rôle pacificateur du tourisme. Il est vrai que dans le tourisme, on utilise beaucoup de métaphores guerrières, notamment lorsque l’on parle d’invasions touristiques. J’ai beaucoup fait la chasse au vocabulaire auprès de mes étudiants en leur disant qu’il valait mieux appliquer les bons mots, car ils ont un poids qui peut toucher ou blesser. Employer des métaphores guerrières, c’est oublier la spécificité du mouvement touristique dans son histoire, depuis le 18e siècle. Qu’est-ce que le tourisme ? C’est le plus grand mouvement de masse de populations venant pacifiquement chez les autres, et sur le long terme, ce qui est sans précédent. L’histoire humaine n’est faite que d’invasions au sens militaire et guerrier du terme. La plupart du temps, le tourisme n’est pas ainsi, même s’il est vrai que dans la population touristique qui représente presque toute la population, il existe des comportements délinquants. Aujourd’hui, il y a plus de deux milliards de touristes. Ce sont donc des flux considérables. La dimension pacifique, qui permet de renouer des liens avec son histoire, de mieux l’assumer à travers la visite des autres, est quelque chose d’important mais qui ne se fait pas naturellement : cela demande un travail à la fois individuel et collectif pour permettre d’assumer différemment l’histoire dont on est porteur et de mieux la communiquer aux autres. � Sabrina LACONI Cela montre bien que le tourisme ne permet pas de faire n’importe quoi. La formation des agents touristiques doit être beaucoup plus poussée que ce qu’elle est aujourd’hui, et souvent, les petites histoires racontées ne sont pas à la hauteur du lieu et de l’héritage. � Véronique RODHERER-THEIS, présidente de l’Office de Tourisme de Metz Je voudrais également parler du traumatisme d’une ville : Metz. Etant responsable aujourd’hui de l’Office de tourisme de Metz, je me rends compte qu’il y a un poids du passé très lourd, et un travail énorme à réaliser pour réhabiliter la ville. Par exemple, quand on parle de TGV Est, on parle de Reims, Nancy, Strasbourg mais pas de Metz. La population a été traumatisée par l’annexion allemande entre 1870 et 1914 : aussi, alors qu’il y a un quartier impérial tout à fait remarquable, on n’en parle pas, cela commence seulement. La ville a mauvaise réputation : on y faisait son service militaire, et peut-être à cause du climat, de l’absence de la mer… Pourtant, c’est une ville romaine qui a une histoire extraordinaire avec une cathédrale. Il va y avoir un Centre Pompidou Metz exceptionnel… Mais le handicap est difficile à remonter, et j’aurais besoin de vos conseils. � Rémy KNAFOU Effectivement, ce que j’ai remarqué dans mes réflexions sur le tourisme, c’est la durabilité des traumatismes. Les traumatismes liés à l’histoire ne disparaissent pas. Ici nous sommes sur une histoire qui a plus d’un siècle et qui laisse encore des traces, même dans le paysage. Par exemple, la gare de Metz a une architecture remarquable mais typique de la période allemande. La remarque que je peux formuler est que ce que vous dites est déjà le début de la solution, car c’est par l’énoncé du problème et par sa prise de conscience consécutive que l’on commence à traiter le problème. C’est à partir du moment où l’on assume son histoire que l’on peut porter la mémoire, que l’on peut se présenter plus sereinement aux autres et, à partir de là, faire davantage venir les autres vers soi.

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TABLE RONDE :

" NOUVEAUX TEMPS, NOUVEAUX TERRITOIRES TOURISTIQUES

URBAINS "

Avec la participation de :

Luc GWIAZDZINSKI. Géographe, maître de conférences à l’Université J. Fournier. UMR PACTE 5194, Grenoble. Co-fondateur de l’agence Sherpaa. Président du Pôle des arts urbains (POLAU) Hugues AUBIN. Membre du groupe national de prospective de la DIACT Cyberterritoires. Mission Technologies de l’Information et de la Communication, Ville de Rennes Stéphane JUGUET. Anthropologue. Société « What Time Is It »

Animée par :

Jean-François CROLA. Bureau de la prospective et de l’évaluation économique, Direction générale de la Compétitivité, de l'Industrie et des services (DGCIS), Ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi

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Intervention de Monsieur Jean-François CROLA Bureau de la prospective et de l’évaluation économique, Direction générale de la Compétitivité, de l'Industrie et des Services (DGCIS), Ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi Bonjour à tous et bienvenue à nos amis du réseau AVEC. Dans cette table ronde, nous allons évoquer « le renouveau des villes », dans le prolongement de ce qui a été fait ce matin. Nous aurions pu également utiliser les termes de « ré-enchantement », « renaissance », « reconquête ». Les mots fleurissent pour qualifier l’apparition, d’une part de nouvelles villes dans la compétition touristique (c’est l’hyper concurrence touristique européenne et mondiale), et d’autre part, à l’intérieur de ces villes, la multiplication d’espaces urbains reconquis comme, par exemple, les friches portuaires. Nouveaux espaces donc, mais aussi nouveaux rythmes, nouveaux temps de vie du tourisme. Ce renouveau du tourisme urbain se fait au profit des visiteurs et des touristes, au travers du city break, mais aussi du tourisme de proximité, celui des citoyens, des habitants. Ce tourisme se développe d’autant plus en temps de crise comme aujourd’hui. On pourrait également évoquer le poids du tourisme d’affaires : en France, 30 à 40 % des nuitées hôtelières sont imputables à ce tourisme d’affaires dans lequel il y a également une part patrimoniale importante. Et puis, il y a un renouveau du tourisme au profit des habitants, qui sont assez souvent les premiers clients de cette offre touristique urbaine, et surtout des acteurs de l’offre, notamment au travers d’Internet. Quels enjeux pour les offices de tourisme, pour les villes et pour l’organisation du tourisme dans les villes ? On peut citer quelques pistes : - Comment répondre au mieux à ces attentes diverses et nouvelles ? Comment concilier les

demandes des habitants et des touristes extérieurs ? - Comment associer et impliquer les habitants, pour ce qui concerne leurs propres pratiques

touristiques, mais aussi dans l’accueil des visiteurs extérieurs ? Quelles réalités derrière le beau mot d’habitant « ambassadeur » de sa ville ?

- Comment prendre en compte ces évolutions dès la conception et dans la gestion du patrimoine

de la ville ? - Comment tirer les conséquences de ces évolutions en matière de combinaison d’offres, non

seulement patrimoniales et culturelles, mais également incluant la dimension loisir et divertissement, voire la dimension commerciale ? Comment combiner offre de services aux touristes et aux habitants, pour leur faciliter la vie, comment doser flexibilité des horaires et des offres ?

- Comment gérer les tensions nouvelles que ces évolutions provoquent ? Tensions entre une ville

qui doit rester fonctionnelle, efficace, rentable et la ville touristique de la lenteur, de la découverte. Ces deux dimensions sont recherchées par les habitants et par les touristes. Tensions également possibles entre usages festifs et usages résidentiels, avec des initiatives comme celles du « bureau des Temps » de Rennes, avec la Nuit des 4 Jeudis.

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Pour traiter ces sujets, il y aura trois interventions complémentaires : « La ville festive » que va évoquer Luc GWIAZDZINSKI. Il travaille depuis plusieurs années sur les rythmes de la ville, notamment nocturne. Il abordera le renouvellement continu de la mise en scène touristique des espaces urbains qui créent de nouveaux temps pour la ville, le temps de la nuit en particulier, et également le temps de l’éphémère. Il évoquera aussi cette compétition entre les villes, « ce concours de beauté » culturel et festif qui renouvelle le patrimoine urbain et sa gestion. Ensuite Stéphane JUGUET, anthropologue des mobilités touristiques et quotidiennes, nous parlera des courts-séjours des touristes européens que l’on a qualifiés de City break. Depuis une dizaine d’années, aidés par les vols low-cost et le TGV, ces séjours autour d’un week-end se sont développés. Il reviendra aussi sur le fait que ces City break peuvent s’effectuer par les habitants dans leur propre ville. Touristes et habitants ont en commun de porter un nouveau regard sur la ville, à la recherche d’un nouvel univers urbain et personnel. Enfin, Hugues AUBIN traitera de la ville numérique. Il est chargé de mission à la Ville de Rennes sur les dimensions des nouvelles technologies de réseau : le web, l’Internet mobile… Ces outils apportent des services d’information mais aussi des services de paiement ou de réservations qui vont permettre une meilleure itinérance des touristes en City break. On pourrait parler de nouvelles possibilités « d’adhérence » aux territoires et aux cultures locales. L’ensemble de ces évolutions appelle de nouvelles façons de penser la ville, vers un urbanisme des temps et des espaces ; de nouvelles façons de penser le tourisme au sein de la ville et donc de gérer l’activité des offices de tourisme. Dans cette table ronde, nous partirons donc des modes de vie des touristes et des habitants, avec une conception élargie du patrimoine, de la ville culturelle et monumentale vers la ville des loisirs et des divertissements, jusqu’au nouveau patrimoine immatériel en cours de construction grâce aux technologies de réseau.

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" LA VILLE EPHEMERE, FESTIVE ET EVENEMENTIELLE "

Intervention de Monsieur Luc GWIAZDZINSKI Géographe, enseignant-chercheur à l’Université J. Fournier, UMR PACTE 5194, Grenoble. Cofondateur de l’agence Sherpaa et Président du Pôle des arts urbains (POLAU)

« La ville est notre espace et nous n’en avons pas d’autre » Georges Perec

C’est en tant que géographes que nous nous proposons d’aborder la question du tourisme urbain, en nous appuyant notamment sur les recherches menées depuis une dizaine d’années sur la ville, les temps, les mobilités… et les nuits urbaines. Notre seule ambition est de tenter de vous faire changer de regard sur les villes et leurs habitants temporaires, et de développer quelques pistes de réflexion à l’interface entre l’urbanisme et le tourisme. Puisque la ville est notre seul espace1 et horizon, l’avenir passe nécessairement par sa redécouverte. Nul besoin d’insister sur l’intérêt d’une telle articulation entre une activité économique majeure et un mode d’organisation et de vie dominant. Nous sommes persuadés que le croisement de ces deux questions permet de repenser autrement les espaces et les temps de notre vie quotidienne, et d’imaginer d’autres manières d’habiter les métropoles et de vivre en société. Le tourisme a beaucoup de choses à nous dire sur la ville et vice versa. Notre proposition s’appuie sur quelques convictions fortes. En premier lieu, nous croyons à la ville comme un lieu de frottements et non comme un univers aseptisé sans odeurs, bruits ou conflits. Nous savons que la cité idéale n’a jamais existé sauf dans l’esprit des philosophes ou sur les écrans de cinéma. La ville a toujours été un lieu paradoxal de maximisation des interactions et de séparation. C’est l’échelle spatiale des métropoles qui a changé. Par ailleurs nous ne sommes pas nostalgiques d’un improbable âge d’or urbain. Celles et ceux qui vous disent que « c’était mieux » avant oublient qu’avant ils avaient 20 ans. Enfin, nous savons qu’il n’y a pas de bon et de mauvais tourisme, pas de vrais voyageurs et d’idiots du voyage2. Tout est question de point de vue. La ville et le tourisme n’existent plus Parler de tourisme urbain, c’est nécessairement évoquer la question de la ville et du tourisme, deux concepts remis en question par les évolutions actuelles. Par provocation, nous pourrions avancer deux propositions : la première est que la ville n’existe plus car tout est devenu ville, ce qui est pour la ville une autre façon de disparaître ; la seconde est que le touriste n’existe plus, car nous sommes tous devenus des touristes ce qui est également une façon pour cette catégorie spécifique de disparaître. 1 PEREC G., 1974, Espèces d’espaces, Editions Galilée 2 D’après le titre de l’ouvrage de Jean Didier Urbain. Jean Didier URBAIN, 2002, L’idiot du voyage, Payot, 353p.

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Un questionnement nécessaire La ville a changé et nous-mêmes avons largement modifié nos usages et nos comportements. Les évolutions actuelles nous invitent à nous engager sur des pistes fécondes à l’interface entre la ville et le tourisme. Les questionnements sont multiples. Peut-on encore parler de « ville » et de vivre ensemble alors que nous vivons désormais dans des ensembles métropolitains de plusieurs dizaines de kilomètres ? Peut-on parler « d’ailleurs » quand l’urbanisation se généralise et transforme le monde en une ville globale et multi-site où s’entasse déjà la moitié de la population de la planète ? Peut-on encore parler de touriste - défini comme celui qui passe une nuit hors de chez lui-, quand de plus en plus de personnes habitent plusieurs lieux à la fois, passent une partie de leur vie en mobilité pour leur travail et dorment à l’hôtel ? Que penser des comptages en termes de « lits » et de « nuitées » quand certains opérateurs ont pour slogan : « Si tu dors, t’es mort ! » ? Peut-on croire qu’il suffit de se déplacer pour voyager alors que nous faisons déjà en moyenne 20 kilomètres par jour pour rejoindre notre travail ? Peut-on encore parler de découverte quand une grande partie de notre environnement est déjà mis en spectacle, « patrimonialisé », et transformé en décor par et pour un tourisme en mal « d’authentique » : le littoral, la montagne, une partie du monde rural, les centres-villes et désormais les symboles de l’industrie et du monde ouvrier –cités, chevalets de mines, hauts fourneaux - comme autant de nouvelles cathédrales ? Le touriste français en short safari ne fait-il pas davantage partie du patrimoine vivant de Marrakech que les vendeurs et autres charmeurs de serpents subventionnés de la place Jamaa Lafna ? Faut-il encore vraiment se déplacer alors que les technologies de l’information et de la communication nous donnent la possibilité d’engager des conversations, de nouer des amitiés à distance et de visiter le monde entier sans bouger ? Peut-on imaginer un tourisme immobile ? Peut-on encore longtemps mettre en avant les principes du développement durable et courir le monde à moindre coût dans les avions des compagnies aériennes à bas prix ? Les contraintes économiques et environnementales ne conduisent-elles pas nécessairement à une redécouverte de nos villes dans une logique « néo-situationniste », ici et maintenant ? Faut-il encore se déplacer au loin quand l’autre est désormais au cœur de nos métropoles multiculturelles ? L’exotisme et l’inconnu ne sont-ils pas au cœur de métropoles dont nous connaissons bien peu de choses et pratiquons toujours les mêmes lieux et mêmes espaces ? Peut-on vraiment découvrir « l’autre » et se laisser pénétrer par l’improbable « ailleurs », ses espaces et ses rythmes quand les temps de séjours sont devenus si courts ? Qu’est-ce encore qu’un campeur quand plusieurs dizaines de milliers de Français habitent désormais un terrain de camping à l’année ? Quelle est vraiment notre liberté et la part de découverte de l’ailleurs et des autres quand, partout, nous subissons l’espace imposé des parcours touristiques fléchés, des lieux qu’il faut avoir vu, de ceux qu’il faut éviter ? Sommes-nous encore capables de découvrir l’autre quand, tant du côté accueil que du côté arrivants, chacun est tenté de sur-jouer son rôle dans un rapport avant tout mercantile ? En un mot, le tourisme vaut-il encore le voyage ? La ville est-elle la nouvelle destination du tourisme, la forme de son enfermement ou de son ressourcement ? Au-delà de la provocation et des questionnements, le propos demande à être étayé. Puisque nous habitons en majorité dans les villes, puisque la ville est partout et que les contraintes économiques et l’idéologie du développement durable nous imposent de repenser et de limiter nos déplacements, la

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ville est bien l’avenir du tourisme. Pour le meilleur et pour le pire. Habitant, touriste, urbain, ailleurs et ici-même, autre et semblable. Les frontières se brouillent et nous obligent à changer de paradigme. La ville classique n’existe plus Les temps, les espaces et les mobilités de nos vies et de nos villes changent rapidement et laissent apparaître quelques figures particulières de la ville post-moderne que nous avons pu décrire par ailleurs. La ville s’étale dans l’espace autour de la figure de la « ville diffuse » alors que l’activité économique grignote les temps morts, la nuit, le week-end ou les vacances autour de la figure de la « ville en 24/7 ». La ville éclate en quartiers fonctionnels où l’on dort, on travaille, on s’amuse ou on s’approvisionne autour de la figure de la « ville éclatée » comme les temps sociaux qui se fragmentent pour donner vie à une « ville polychronique » ou à plusieurs temps. Les consommateurs veulent tout, partout et à n’importe quelle heure, et attendent une « ville à la carte » qui réponde à leurs besoins, dans une double injonction d’urgence temporelle et de proximité spatiale. La ville événementielle s’impose Une figure particulière de la ville contemporaine s’impose en relation avec le tourisme : la ville événementielle. Il suffit de parcourir la France et l’Europe pour constater que les villes se donnent de plus en plus en spectacle. Du « vide grenier » de quartier à la « fête des lumières », les événements envahissent la scène métropolitaine. Les calendriers de nos « saisons urbaines » se noircissent de manifestations, fêtes ou festivals. Face à l’éclatement de nos espaces et de nos temps de vie quotidiens, ces événements permettent aux habitants d’un quartier, d’une ville ou d’un territoire de se retrouver et de réinventer un « nous», un moment, une bulle où l’on puisse faire famille, société, ville, temps et lieu. La nature de ces événements est variable et souvent mixte : artistiques, culturels, sportifs, festifs. L’échelle de ces événements est variable, de la rue (fête de quartier, vide grenier…) à la ville qui devient scène (sons et lumières…). Les périodes privilégiées sont le week-end, les périodes de vacances, l’été et les fêtes de fin d’année, avec un creux d’octobre à novembre. La durée de l’événement est variable, de l’après-midi à la quinzaine, et tous les échelons de l’organisation urbaine sont désormais concernés : du village à la métropole. Ils peuvent être mobiles (parades…) ou fixes, avoir lieu à l’intérieur ou dans la rue. Ils peuvent être participatifs ou de simple consommation. Ils célèbrent à la fois la mémoire, l’identité et l’appartenance renouvelée à la ville. Ils positionnement la ville dans une joute territoriale. L’initiateur de ces événements est divers : collectivités, entreprises, associations (…). L’origine de ces événements, leur point de départ varie : du niveau local vers l’international, du territoire vers la scène médiatique (nuit des arts), de la scène médiatique a-territoriale vers le territoire (téléthon), de la mémoire nationale à l’ancrage territorial (14 juillet). L’origine se veut soit ancrée dans le passé soit très technologique et prospective (numérique…). L’art, la culture et l’histoire sont souvent convoqués. La dimension économique est omniprésente, soit directement dès le lancement de l’Exposition universelle aux vide greniers en passant par les foires ; soit de façon indirecte par la « mise en marchandise » de l’événement, son positionnement dans un environnement concurrentiel. Elle devient parfois envahissante comme l’ « Hypermarchés de Noël » ou la fête d’Halloween. Enfin, le rayonnement de ces événements est variable, du village à la planète. L’événement est localisé avec trois tendances repérables : la tentation « ritualiste » avec installation pérenne dans les calendriers locaux et extra-locaux ; la tentation « ubiquiste et synchronisatrice » (fête de la musique, fête des voisins, Nuits blanches…) et la tentation « colonisatrice » par envahissement de l’espace local et volonté de diffusion universelle.

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Les initiateurs attendent toujours de ces événements des retombées (impacts) directes et indirectes permettant de valoriser la ville : tourisme, urbanisme, espace, urbanité, économie, identité, image et dynamiques locales. Le résultat n’est malheureusement pas toujours à la hauteur des espérances… Dans ce cadre, la nuit est devenue un temps particulier de la ville événementielle avec des manifestations désormais incontournables dans nos calendriers : Fêtes de la musique ou du cinéma, Nuits blanches (Rome, Madrid, Paris, Bruxelles, Riga…), Nuit des arts (Helsinki), Nuit des musées (Munich…) mais aussi « marché de nuit » ou « nuit du foot ». On vient là dans les nuits se ressourcer ou y puiser des énergies particulières. La nuit semble une « dernière frontière » pour l’événement, le lieu par excellence du rêve, de l’invention et de la manipulation. Les technologies évoluent et d’autres pratiques apparaissent. Les TIC permettent la géolocalisation, une relecture thématique et individualisée de la ville ainsi que le développement de la réalité augmentée. On voit émerger des événements comme les TAZ, « Zones d’autonomies temporaires » qui prennent les formes variées, festives ou plus politiques de « rave party » ou « flash mobs ». Les parcours de découverte urbains se multiplient. Les jeux urbains se développent. Partout les artistes sont convoqués pour réinventer la ville de façon temporaire. La demande de ville se modifie On peut repérer quelques tendances de cette demande de ville multiforme, complexe et parfois contradictoire qui modèle des formes et figures urbaines particulières : la « ville intense » liée à la réduction du temps de séjour et demande d’intensification du produit ; la « ville à pas lent » liée à la demande de lenteur, de maîtrise du temps ; la « ville musée vivant » liée à la demande de patrimoine ; la « ville festive » liée à la demande d’événements ; la « ville à la carte »liée à la demande d’autonomie ; la « ville ludique » liée à la demande de jeu et d’apprentissage ; la « ville salon » liée à la demande de rencontre et de relation vraie avec l’habitant ; la « ville cocon » liée à la demande d’ambiance et la « ville bulle » liée à la demande de rencontre privilégiée avec les siens pour « faire famille » ou « faire territoire » : (…) L’habitant change Si la ville change, l’habitant se transforme également autour de quelques figures souvent contradictoires :

- « Nomade », il bouge de plus en plus par nécessité et par contrainte, mais aime évoquer ses racines et son territoire

- « Hétérotopique », il habite de plus en plus souvent plusieurs lieux, mais aime parler de « sa » maison comme s’il y passait sa vie ;

- « Zappeur », il supporte de moins en moins les habitudes et l’ennui, mais aime certains grands rites collectifs ;

- « Individualiste », il aime l’autonomie, la liberté de mouvement, mais court à certains rassemblements ;

- « Acteur », il change en permanence de costume et tente de jouer parfaitement tous les rôles (père, mari, amant, copain, patron, automobiliste, piéton…) en se plaignant de la « fatigue d’être soi » ;

- « Ubiquiste », il est « ici et maintenant » mais les technologies lui donnent l’illusion d’être ailleurs et tout le temps.

Le tourisme urbain doit s’adapter à ces mutations. Il est possible de réinventer la ville et le tourisme en jouant sur les hybridations et les mouvements apparemment contradictoires. Alors que certaines

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stations touristiques des Alpes ou de Méditerranée se peuplent d’habitants permanents, des villes touristiques perdent leur population. Réinventons la ville et le tourisme Puisque la ville n’est plus vraiment une ville et le touriste plus vraiment un touriste, il faut changer de paradigme, chausser d’autres lunettes et esquisser quelques propositions pour des villes plus humaines, accessibles et hospitalières. Changement de regard nécessaire Nous invitons chacun à penser la ville différemment. Il faut imaginer la ville comme une pulsation d’une heure autour du centre et non comme une entité géographique limitée ; un système de flux plus qu’un système de stocks, une ville en mouvement plus qu’un espace figé, une entité à trois dimensions (x, y, z) et non un simple plan, un système de temps, de calendriers, d’agenda et d’horaires, une entité à trois dimensions qui évolue dans le temps selon les saisons, les semaines, les jours et les heures (t). Si la matérialité est la même, nos villes se transforment au cours des saisons, des mois, des semaines, des jours et des heures. La ville est un espace qui n’est pas utilisé par ses seuls résidents mais aussi par l’ensemble des travailleurs, visiteurs et usagers que nous proposons d’appeler « usagers temporaires ». Enfin, nous suggérons d’utiliser le terme de « population présente » pour repenser le statut de ces résidents temporaires et d’appeler « ville malléable », cette entité urbaine qui se modifie dans ses espaces et ses temps. Nouvelles frontières et nouveaux territoires Prendre soin du touriste, c’est prendre soin de l’ensemble des habitants de la ville, résidents ou habitants temporaires de nos cités. Les enjeux sont multiples : - Les chantiers ne manquent pas pour les professionnels, les collectivités et les chercheurs :

demande de pratiques ludiques ; développement des technologies de l’information et de la communication ; capacité à vivre ensemble en horaires éclatés, capacité à « faire territoire » et « société » de manière temporaire ; habiter temporairement ; réalité augmentée et nouveaux temps ouverts comme la nuit. La ville elle-même et le « city user », usager temporaire de la ville, sont au cœur de ces enjeux.

- L’aménageur doit gérer l’éphémère dans une ville construite, éviter les conflits d’usages entre les habitants temporaires, entre les vitesses des visiteurs et celles des habitants, entre la ville qui s’amuse et celle qui dort. Il faut tenter de concilier la demande de consommation touristique des espaces et l’habiter plus durablement, trouver le bon dosage entre la mise en lumière et la pollution lumineuse. Il s’agit également d’assurer l’équilibre des populations et des services et d’éviter le syndrome de Venise, avec ses millions de touristes et visiteurs et sa population vieillissante de 40 000 habitants qui ne dispose bientôt plus de services urbains de base.

- Les opérateurs du tourisme, les organisateurs d’événements doivent enchanter la ville sans

l’alourdir, ritualiser sans perdre la spontanéité, organiser sans « marchandiser », valoriser sans gadgétiser ni ringardiser et chercher à mélanger les publics sans « tirer vers le bas ».

- Les professionnels sont poussés à l’invention. Ils pourraient, par exemple, imaginer de faire des

hôtels de vrais lieux de rencontre entre habitants et visiteurs du monde entier, ce que l’ONU n’a pas réussi à faire.

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- L’habitant est interpelé et pourrait s’ériger en médiateur entre la ville et ses visiteurs. La démocratie est questionnée par ces mutations. Il faudrait permettre au touriste d’accéder au statut de « citoyen temporaire » là où il est, au moment où il l’est, et chercher à associer les touristes et l’ensemble des résidents temporaires à la démocratie locale, même sur des thèmes limités comme l’aménagement de l’espace public par exemple.

Des propositions pour habiter ensemble l’espace et le temps Quand l’espace collectif de la ville devient une « salle polyvalente », les questions de gouvernance, d’occupation, de sécurité, de gestion et de responsabilité deviennent centrales : - En premier lieu, nous proposons de passer de la notion « d’événement » et de

« calendrier touristique » à celle plus opérationnelle « d’urbanisme des temps » que nous définirons comme « l’ensemble des plans, organisations des horaires, et actions cohérentes sur l’espace et le temps qui permettent l’organisation optimale des fonctions techniques, sociales et esthétiques de la ville pour une métropole plus humaine, accessible et hospitalière ».

- En second lieu, nous proposons de passer de la ville festive et durable à la « ville malléable » que

nous appelons de nos vœux dans le cadre d’une maîtrise de l’urbanisation et d’un développement urbain soutenable. Aux figures éculées de « la ville éclatée » qui peine à trouver des limites et une cohésion, à celle de « la ville en continu », qui risque l’essoufflement faute de rythme, nous souhaiterions opposer une cité durable que l’on puisse « façonner » sans « qu’elle ne se rompe ». Aux modèles rigides, nous préférons conjuguer la souplesse et la richesse d’une réflexion qui croise les espaces et les temps.

- Enfin, nous pensons qu’il est indispensable d’associer les artistes qui imaginent des événements

dans le ré-enchantement de la ville, la définition de l’offre touristique, l’urbanisme et dans la production urbaine, et d’associer les chorégraphes à la définition des nouvelles « danses de la ville ».

Quand l’ailleurs est désormais ici, quand l’urbain est devenu touriste et la ville station touristique, nous sommes toutes et tous convoqués à changer de paradigme pour explorer plus avant nos modes de vie, d’agir et de penser. Il est difficile de clore cette première approche de la ville et du tourisme sans interpeler une dernière fois les professionnels, politiques et chercheurs d’un secteur en pleine mutation sur une autre tendance, un autre signal faible. N’est-on pas en train de « patrimonialiser » les temps de la ville (dimanche, nuit…) comme des reliques d’une époque révolue où tout s’arrêtait la nuit et le dimanche ? Dans la pratique récente des manifestations et défilés politiques et syndicaux, n’est-on pas de plus en plus spectateurs et touristes d’un spectacle social en voie de disparition ? En clair, la guerre du faux identifiée par Umberto Eco atteint-elle désormais les marqueurs temporels de notre société ?

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BIBLIOGRAPHIE GWIAZDZINSKI L., 2009, « Chronotopies. L’événementiel et l’éphémère dans la ville des 24 heures », in communication au colloque L’événementiel et les villes touristiques, AGF, Paris 4 Sorbonne, 6 Décembre 2008, actes à paraître, revue BAGF, juin 2009 GWIAZDZINSKI L., 2009, « Ambiances nocturnes des villes. Premières relectures en mouvement », Communication au colloque Ambiances architecturales et urbaines, CRESSON UMR CNRS/MCC 1563, Grenoble, 10 au 12 septembre 2008., actes en ligne www.cresson.archi.fr/elements/FAIREamb8/amb8S2-GWIAZDZINSKI.pdf GWIAZDZINSKI L., RABIN G., 2007, La fin des maires. Dernier inventaire avant disparition, FYP Editions GWIAZDZINSKI L., 2007, Nuits d’Europe, Pour des villes accessibles et hospitalières, UTBM Editions GWIAZDZINSKI L. RABIN G., 2007, Périphéries, Editions l’Harmattan GWIAZDZINSKI L., RABIN G. 2007, Si la route m’était contée, Un autre regard sur la route et les mobilités durables, Editions Eyrolles GWIAZDZINSKI L., 2007, « la ville européenne et le temps contemporain », in L. Molinari, Reggio Emilia. Scenari di qualità urbana, Skira editore, Milano GWIAZDZINSKI Luc, 2007, Un possible voyage, GRAS P. (Dir.), Villes et voyageurs, Paris, Editions l’Harmattan GWIAZDZINSKI L., 2007, « Redistribution des cartes dans la ville malléable », Revue Espace, Population, Sociétés n°2007-3 GWIAZDZINSKI L. 2007, « L’archipel des mobilités nocturnes », in M.-F. Mattei, D. Pumain, Données urbaines n°5, Paris, Economica-Anthropos GWIAZDZINSKI L., RABIN G., 2005, Si la ville m’était contée, Editions Eyrolles GWIAZDZINSKI L., 2005, La nuit dernière frontière de la ville, Editions de l’Aube, Le Seuil GWIAZDZINSKI L., 2003, La ville 24h/24 ? Regards croisés sur la société en continu (dir.), Editions de l’Aube, DATAR, 252p. GWIAZDZINSKI L., 1998, « La ville la nuit : un milieu à conquérir », in REYMOND H., CAUVIN C., KLEINSCHMAGER R., 1998, L'espace géographique des villes, Anthropos, p.347-369

Courriel : [email protected]

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" QU’EST-CE QU’UNE VILLE LUDIQUE ET SURPRENANTE ? "

Intervention de Monsieur Stéphane JUGUET Anthropologue, société « What Time Is It » Je suis anthropologue ; Je ne suis pas expert du tourisme mais de la mobilité. Vous aurez donc certainement un regard plutôt professionnel et prospectif sur le sujet qui nous anime. J’ai tout de même fait deux études sur le tourisme : une étude de terrain liée à la mobilité événementielle et une étude prospective sur le city breaker. C’est de cette dernière étude que je vais traiter, en me rattachant à la problématique du colloque.

1. Dans un premier temps, nous tacherons de définir le city-breaking que je traite comme une expérience.

2. Dans un second temps nous définirons les 4 profils du citybreaker. 3. Enfin, nous évoquerons les nouveaux métiers que cette pratique fait émerger. Pour répondre

à ces nouvelles attentes, les métiers du tourisme sont en train de muter. Je fais l’hypothèse que les acteurs du tourisme deviennent progressivement des éditeurs de contenus urbains.

En préambule, le city-breaking se définit comme une expérience que s’incarne dans un dispositif technique et relève du registre émotionnel. Cette pratique du citybreaking nécessite effectivement de la logistique, de l’infrastructure, du réseau... Le pratique du voyageur est enchâssée dans une matérialité. Les professionnels ont conscience qu’il faut traiter cette matérialité pour éviter les ruptures de charges, garantir un voyage fluide, fiable… L’autre dimension est plus onirique. Elle relève de l’imaginaire et des émotions. Je m’attarderai beaucoup moins sur la dimension technique que sur la partie émotionnelle. I- Nouvelle forme de pratique urbaine : le city-breaking Une nouvelle figure touristique est en train de naitre : le city-break. En France, plusieurs raisons expliquent ce phénomène : la réduction du temps de travail (RTT) par exemple. De ce fait, nous sommes dans une temporalité beaucoup moins ritualisée, avec l’apparition, par exemple, du concept du « jeudredi » en raison de ces départs précipités en fin de semaine. Une nouvelle pratique touristique est en train de naitre, le court-séjour. On part en Europe, en France, deux jours, une nuit… pour faire un « break ». Les salariés ressentent le besoin de rompre avec leur quotidien, avec ces rythmes toujours plus effrénés de nos sociétés industrialisées. Comme le souligne Monsieur CROLA, le city breaker était une figure quasi-politique. En raison d’un temps limité, ces profils ont de fortes exigences en terme de services ce qui oblige les acteurs de l’offre touristique à être très performants. a) Les attentes :

− Des attentes qui relèvent du technique : de l’architecture technique et des réseaux. Le city-breaker a peu de temps et souhaite accéder à un monde relativement fluide. Il faut lui garantir l’accessibilité, soigner les ruptures de charges… Cet aspect technique est très bien identifié par les acteurs de l’offre qui savent le traiter.

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− Des attentes qui relèvent du ressenti, de l’émotionnel. Lors d’un voyage, aussi court soit-il, le

voyageur a besoin de rompre avec le quotidien. Cette dimension est plus difficile a appréhender. Le voyage est donc une quête du ré-enchantement. Nous verrons sous quelle forme il peut naître, se concrétiser. De plus, la pratique du city-breaking ne s’inscrit pas uniquement dans le souvenir, c'est-à-dire dans un rapport patrimonial à la ville. Il faut valoriser ce qu’il advient au quotidien et ajouter la notion du « survenir ». Enfin, il convient aussi de traiter du concept d’hospitalité servicielle : comment accueillir ces touristes dans notre ville, et pouvons-nous mettre en place des packages servant à construire cette hospitalité servicielle ?

b) Les profils du city-breaker : A partir de ces éléments, nous avons identifié 4 profils de city-breaker :

− Impulsif : départ décidé spontanément, tardivement, suscité par une offre « dernière minute ».

− Aventurier : errance émotionnelle et géographique. Cette valeur de l’errance, du vagabondage poétise le break.

− Anxieux : en attente de réassurance sur la fluidité, de ponctualité de son parcours, avec un maximum de garanties (ex : savoir avant d’arriver à l’aéroport qu’une place de parking est déjà réservée et donc disponible).

− Futé : il déniche l’offre exceptionnelle, maximise le rapport qualité/ prix, optimise son séjour sur le plan du plaisir (ex : part en période creuse pour profiter des « bons plans »).

Ces quatre figures nous permettent de poser une série de questions fondamentales en lien avec la thématique du colloque :

− Comment construire des offres de service qui permettraient au city-breaker de vivre la ville comme une expérience enrichissante ?

− Comment revitaliser et ré-enchanter ce concept de patrimoine ?

− Comment transformer les acteurs du tourisme en éditeurs urbains ? II- Cette figure du city-break questionne la ville et le patrimoine : A ces 4 figures du city-breaking correspondent 4 villes :

− Pour l’impulsif : la ville magique, qui étonne, qui enchante.

− Pour l’aventurier : la ville fantastique ou quasiment fantasmagorique, la ville extraordinaire, qui nous permet de sortir de notre quotidien.

− Pour l’anxieux : la ville pratique avec un certain nombre de services, la ville commode et efficace.

− Pour le futé : la ville ludique, divertissante et récréative.

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Les quatre profils du city-breaker

Départ décidé spontanément, tardivement, suscité par une offre « dernière minute »

En attente de réassurance sur la fluidité, ponctualité de son parcours (ex : savoir avant d’arriver à l’aéroport qu’une place de parking est déjà réservée et donc disponible)

Dénicher l’offre exceptionnelle, maximisation du rapport qualité/ prix, optimisation de son séjour sur le plan du plaisir (ex : partir en période creuse pour profiter des « bons plans »)

Errance émotionnelle, cognitive, physique, géographie (errance : valeur/ poétisation du break)

Émotion Raison

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Derrière ces 4 villes se cachent des concepts :

− La ville magique pourrait ressembler aux livres pop-up (qui s’ouvrent, prennent du volume et derrière une fenêtre ou une façade, on raconte une histoire). Cette « ville pop-up » étonne. Demain le patrimoine peut devenir une fenêtre urbaine ou une fenêtre historique et, via des outils technologiques variés, on réussira peut-être à faire reparler les murs.

− La ville de l‘aventurier est la ville dont nous sommes les héros. L’aventurier a envie de dessiner ses propres itinéraires, d’avoir l’impression que la relation qu’il noue avec le territoire lui est singulière. Il veut sortir du tourisme de masse. C’est le support de nouvelles légendes urbaines.

− La ville du futé est la ville jeu de piste : les parcours sont une succession de plaisirs et de rencontres surprenantes. La ville devient un terrain de jeu mais doit aussi révéler des « itinéraires bis ». Pourquoi ne pas imaginer de nouvelles cartographies urbaines, de nouveaux supports touristiques ? Mais comment orchestrer les parcours dans la ville et théâtraliser le territoire ? Le monument, dans ce schéma, devient un relais du parcours.

− La ville de l’anxieux c’est la ville mode d’emploi. Le city-breaker a besoin d’être rassuré, d’avoir accès à des services qui marchent, car il a peu de temps et ne peut se permettre d’être uniquement en errance. Les lieux touristiques, les monuments patrimoniaux peuvent être des lieux ressources qui délivrent une information pratique. L’office de tourisme doit se distribuer dans le territoire.

III- Concept d’éditeur urbain

On voit émerger de nouvelles fonctions dans le domaine touristique : les acteurs doivent informer et devenir des éditeurs urbains. Ils doivent « éditorialiser » le territoire. La ville est un livre de pages blanches qu’il faut continuellement réécrire. Tout d’un coup, l’offre touristique ne s’adresse pas uniquement à l’étranger ou au touriste de passage. La ville devient potentiellement un territoire d’exploration pour celui qui l’habite : nous sommes tous touristes dans nos villes. Les offices du tourisme vont donc élargir considérablement leurs audiences. Cet élargissement de l’audience (touristes + habitants) est indispensable pour concevoir un modèle économique soutenable, pour amortir des investissements en termes d’offre.

Les offices de tourisme vont devenir des éditeurs urbains qui mettent à disposition des outils et des services permettant au city-breaker de se raconter sa propre histoire, mais également de vivre des expériences dépaysantes.

Les acteurs de l’offre deviennent aussi des éditeurs de légendes urbaines, de jeux urbains, des metteurs en scènes…

Enfin, nous définirons les professionnels du tourisme urbain comme des médiateurs. Ils médiatisent notre rapport entre le souvenir (le patrimoine) et le survenir (le quotidien).

A l’image des offices de tourisme de New York, demain, les offices de tourisme ressembleront à des médiathèques où l’on viendra chercher des programmes créatifs, pour consommer des visites en fonction de son profil, de ses désirs, de son humeur… Conclusion

Les acteurs du tourisme urbain sont des médiateurs qui mettent à disposition des city-breaker des outils pour qu’ils puissent se raconter des histoires. Les acteurs de l’offre touristique sont des éditeurs urbains. Il n’y a pas, pour ce faire, que le support papier, même s’il reste très important. Il y a aussi les supports numériques (le mobile). Enfin, le patrimoine est un entremetteur qui fait le lien entre la petite histoire, celle du quotidien, et la grande histoire, celle qui s’affiche dans les musées et s’incarne dans le patrimoine. C’est également un entremetteur entre le souvenir et le survenir.

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" VERS LA VILLE AUGMENTEE " Intervention de Monsieur Hugues AUBIN Membre du groupe national de prospective de la DIACT Cyberterritoires Chargé de mission TIC à la Ville de Rennes. Je suis chargé de mission aux Technologies de l’Information et de la Communication à la Ville de Rennes. Je ne suis pas un spécialiste du tourisme, mais il y a actuellement une forte poussée du numérique dans les usages, les infrastructures, les réseaux et les contenus relatifs à la ville. Il ne faut plus opposer la dimension numérique et la dimension physique des territoires, pas plus qu’il ne faut opposer le pseudonyme de quelqu’un sur une page Internet et la vraie personne qui va dans une boutique ou dans la rue. Je vais essayer de vous montrer que nous vivons les prémices de l’évidence de cette dimension numérique dans notre quotidien, sous deux angles : le premier au travers de l’utilisation des téléphones mobiles géo-localisés et reliés à Internet (plus de 3 milliards de personnes sont équipées de téléphones portables) et le second à travers la capacité de ces personnes à créer des contenus, des services mais surtout à se réunir physiquement pour avoir un impact dans les vraies villes. L’Internet 1.0 Si l’on énumère la palette des supports et outils de représentation du territoire qui peut être utilisée aussi bien à destination des locaux que des touristes, il y a avant tout le territoire avec son patrimoine ; il y a également l’ancêtre du bouche à oreille distant : la carte postale ; les cartes figées sur lesquelles on place des points qui tracent des parcours ; les brochures qui promettent de devenir des discours de marketing promotionnel ou d’informations utiles ; la signalétique sur place et l’accueil physique avec la médiation humaine qui est capable de s’adapter à la personne pour la guider. Il y a aussi des logiques plutôt anciennes et dont certaines parties sont déjà impactées très fortement, par exemple le one to many, c'est-à-dire la réalisation d’une brochure pour 10 000, 20 000 personnes, déclinée en différentes langues : la même pour tout le monde. C’était un mode de relation asynchrone : on préparait une promotion, on réservait à l’avance ; il y avait une logique de package avec systèmes sur étagères et tiroirs d’assemblage, des packages par brique. Ce sont les agences réceptives, marquées par une utilisation assez forte du papier et une logique « avant/ pendant/ après ». Au départ d’Internet, nous avons eu cette logique de « one to many » (un site Internet avec un contenu unifié en direction de tous les publics, avec des déclinaisons linguistiques), l’intégration de la logique transactionnelle de ces packages déjà déployés par le biais du téléphone et du papier. Des outils de promotion patrimoniale vont utiliser le potentiel du numérique pour valoriser la dimension esthétique, historique avec la vidéo, le son, le mp3, le 3D : logique mono-utilisatrice. Aujourd’hui nous allons entrer dans une phase massive d’usage multi-utilisateur des plateformes. Les services de comparaison existaient. Ils sont aujourd’hui très importants. Dans le domaine du tourisme, la transaction s'opère entre la prise d’information, la comparaison et l’achat.

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Le web 2.0 De nouvelles cartes émergent : « la néo-géographie participative » Aujourd’hui, nous sommes dans une démarche d’évangélisation de ce qu’on appelle le web 2.0. Dans ce phénomène, notons l’importance de la cartographie participative ou de la néo-géographie : cela nous concerne car le plus grand système de cartes consulté sur Internet, Google map, provoque un changement de paradigme dans la mesure où les cartes ne sont plus pour les spécialistes, mais pour tout le monde, et où les gens posent les points sur les cartes. Les cartes participatives ont un certain nombre de fonctions très importantes : notamment, elles redessinent l’image des territoires. Par exemple, le site Internet gratuit Flickr, la plus grosse base photographique partagée, permet de se constituer en groupes. En indiquant une adresse, la photo postée y est géo-localisée. Un autre exemple est le city guide de Marseille, fait par des city breakers, à destination de tout le monde. L’outil cartographique Google y est utilisé pour poster des articles et photos insolites. Il y a également les cartographies de services dans lesquels on trouve notamment le « couch surfing » (hébergement des internautes les uns par les autres). Cette néo-géographie participative va exploser dans la mesure où l’on peut dorénavant alimenter, en série et gratuitement, des contenus multimédia sur le net (Wikipedia, dans le top 10 mondial des sites Internet, encyclopédie collaborative des internautes…). Le « many to many » On entre dans le « many to many », ce qui ne veut pas dire que tout le monde crée. Très peu d’internautes créent, mais beaucoup vont modifier, remixer, commenter… Ce qui est nouveau, c’est que sur ces plateformes, beaucoup de gens s’adressent à d’autres, et peuvent s’écrire sans connaître leur e-mail. C’est ce qu’on appelle la socialisation d’objets. L’objet est une vidéo, un son, un texte, une fiche descriptive d’un bâtiment patrimonial. Les gens peuvent donner leur avis, laisser une trace, recommander l’objet, voir qui l’a aimé, lui donner une nouvelle valeur, à savoir sa capacité à relier les gens entre eux. Par exemple, le site Internet « Dismoioù », guide de restaurants alimenté par des éditeurs. La manière dont les restaurants sont répertoriés dépend de l’opinion des personnes qui peuvent apporter leurs avis et commentaires. La stratégie de marketing viral : être « repris » Il est possible, pour des questions de stratégie, que l’on veuille que le contenu proposé puisse être repris par d’autres sites. Aujourd’hui, une personne qui crée gratuitement un blog, par exemple sur une plateforme de Google, peut automatiquement voir les informations qu’il émet reprises par d’autres blogueurs ou sites d’information. Hélas nous, acteurs publics, ne l’avons pas forcément intégré. Ce sont des choix tactiques : le site du muséum de Toulouse a un fil contributeur mobile : quand il envoie une information sur son site Internet, celle-ci alimente son compte Facebook, une série d’onglets avec des informations locales, et elle est accessible à tous ceux qui le suivent dans la communauté mobile Twitter (orientée sur des petits messages échangés par des personnes sur des mobiles). Le muséum envoie toutes ses informations en même temps dans tous ses canaux, et est capable de répondre aux personnes qui lui parlent.

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La dimension numérique « Territoires augmentés » On entre dans des logiques qui sont actuellement analysées dans les stratégies de marques. Nous n’avons plus uniquement un discours institutionnel en « one to many », mais une logique dans laquelle on pourra avoir une identité en ligne qui nous rendra capable de converser, de disséminer et de partager des contenus. Par exemple, si l’on a de belles photos de notre patrimoine et qu'elles sont libres de droit (en creative commons par exemple), le fait de les verser sur la toile fera signaler notre initiative par les blogueurs ravis. En permettant aux habitants ou aux touristes de contribuer à l’agrégation des contenus pour valoriser le territoire, on obtient un effet communautaire d’image. Les réseaux sociaux Ils ne sont pas nouveaux : on a toujours eu et cultivé des liaisons avec des personnes, la famille, des amis. En revanche, l’extension, qui en a été faite sur Internet, découle d’une théorie un peu schématique sur laquelle se sont basés les réseaux sociaux : je suis à 6 relations de distance en moyenne de n’importe quel humain sur la planète (je connais quelqu’un qui connaît quelqu’un, etc., 6 fois). L’idée est qu’en permettant aux personnes de savoir qui connaît qui, on réduit la taille du monde et des liens entre les personnes. Cela veut dire qu’elles peuvent se rencontrer en échangeant des profils, en étant présentes. Cela repose sur des valeurs qui ont été aujourd’hui identifiées et recoupées par un certain nombre d’études : la réputation en est la principale. Dans les réseaux sociaux en ligne sur Internet, dans le monde des blogueurs, la première valeur n’est pas un titre institutionnel, mais la réputation. Elle se bâtit par les exploits que l’on accomplit, la qualité de ce que l’on partage, la contribution à la communauté, la confiance que l’on inspire. Or lles officies du tourisme ont un important crédit de confiance. Face à une offre disparate, avoir une image de qualité qui nous positionne favorablement constitue un atout très fort. Une dimension territoriale forte Le taux d’équipement des ménages atteint 50-60% en France, ce qui confère une dimension territoriale très forte aux réseaux sociaux qui comptent de nombreux utilisateurs parmi les internautes. Prenons l’exemple d’un petit réseau social rennais, où les gens se posent sur une carte avec un profil, sur une rue (on peut voir telle personne, ses centres d’intérêt, son attente de bénévolat, il est possible d’entrer en lien avec elle). Nokia met en place ce système sur Facebook grâce aux mobiles. Il me permet de repérer mes amis. Ces dispositifs sont intéressants en termes d’utilisation du temps libre, de mobilité, de projet. Attention, l’Internet n’est pas a-territorial, les réseaux sociaux ne sont pas a-territoriaux. La dimension locale forte existe, les réseaux sociaux d’immeubles le prouvent (ex. : maresidence.fr ; voisineo).

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Les pseudos = vrais gens Il est vrai que les gens surfent sur Internet, se créent des profils, commandent des voyages, échangent des messages instantanés, différés… Ces gens sous pseudonyme se synchronisent et agissent à présent dans l’espace public : ce phénomène, appelé les flashmob présente à mon avis un grand intérêt pour le secteur du tourisme. Voici 3 exemples rennais : le 28 septembre 2008, 17h : 1200 personnes se figent dans la rue dans le centre-ville durant 5 minutes, certains les filment pour le mettre sur un blog. Le 8 Janvier 2009 : constitution d’un groupe sur Facebook pour une « méga party » à Rennes. L’objectif étant de faire un pique-nique géant ou de louer une discothèque pour faire la fête ; au 16 janvier, 4900 personnes sont inscrites à ce groupe. En mars 2009 : manifestation étudiante avec synchronisation par mobile ; la semaine d’avant : formule « câlins gratuits » sur la place de l’Hôtel de Ville (formule utilisée dans toutes les villes du monde au travers d’Internet)… Mais attention nous sommes sur des vrais gens qui réagissent dans un véritable espace urbain. Il ne faut donc pas opposer les pseudos et les gens. Derrière les pseudonymes il y a donc capacité d'échange, de communication, d'action, de mobilité, d'achat. Actuellement, les gens pratiquent une multi-consommation des médias. Par exemple aux Etats-Unis, les gens naviguent sur Facebook en regardant la télé. On ne compte plus en pages vues mais en temps ou en nombre de visites. On va désormais vouloir quantifier l’attention, qui devient le bien conditionnant l’économie du marché publicitaire du net. Les territoires augmentés Une dimension numérique qui devient visible et intelligible Je voudrais mettre l’accent sur deux axes de la dimension numérique du territoire. Les gens laissent des traces numériques explicites et implicites sur les territoires. Les traces implicites : par exemple, si j’allume mon téléphone portable, l’antenne relais qui se trouve à proximité va détecter qu’un portable est allumé. Si je me connecte à un point wifi dans un café, un ordinateur sait que je me connecte. Cette dimension a été rendue tangible au cours d’expérimentations dans le domaine du tourisme (ex. : fête de la musique cartographiée sur Paris). Les traces explicites : on édite du contenu dans l’espace physique qui sera perceptible pour les gens qui naviguent avec les outils adaptés: les téléphones mobiles en sont un premier exemple (aujourd’hui ils ont davantage de fonctions que le simple téléphone : ils ont aussi des émetteurs d'informations multimédia via l'internet mobile). On s'achemine vers l'accès direct et in Situ à la lecture de l’environnement : les téléphones GPS se multiplient. Le service gratuit de Google map sur l’I-phone WIKITUDE (la caméra pointée sur l’environnement fait des recherches via Wikipedia), est un exemple de réalité augmentée mobile, qui ouvre beaucoup d’horizons pour les territoires : c’est l’hybridation du réel et du virtuel. Ce qui est sur la carte virtuelle devient visible dans la vie réelle et vice-versa : c’est l’hybridation des représentations.

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Quelques exemples :

- dans un parapluie il y a un GPS, et en dessous il y a une projection de photos prises par les internautes au même endroit.

- Google latitude permet de vous localiser entre proches sur mobiles (service gratuit)

- Kapsys est un lecteur mp3 avec GPS et guide audio, qui nous propose de localiser les services

proches et de faire les cartes « vocales » des villes. Les personnes qui utilisent ces outils échangent sur des territoires dans un continuum relationnel, et agissent de manière multi-modale et multi-temporelle.

Conclusion Tout cela ne doit pas vous donner l’image d’une ville lisse avec une offre pratique homogène, qui n’est pas forcément très intéressante. En effet, on constate que ce qui rassemble les internautes, c’est le contraire du « lisse » : le hasard heureux dans les rencontres, les outils qui provoquent des liens permettant aux gens de se rencontrer autour de choses qu’ils aiment. Ce que l’on appelle la serendipité, c’est l’hétérogénéité, la surprise. Aspérités et serendipité sont des atouts : la ville « lisse » a-t-elle un intérêt ? La granularité (les petites vidéos, les photos…), le web 2.0 (l’aspect participatif), les territoires communicants permettent de partager des émotions, des histoires. C’est en effet une chose que l’on constate dans les flashmob. Je pense qu’il y a des pistes d’explorations extrêmement intéressantes, à condition de partager un imaginaire, et de pouvoir se rassembler à l’aide de ces outils. Pour cela, il faut développer une offre ludique, in situ, impacter la mobilité des personnes dans la ville, inclure la participation dans la donne, notamment à l'aide des "jeux urbains massifs" utilisant ces espaces augmentés. Pour les acteurs du tourisme, il semble intéressant d’utiliser ces atouts :

- ils savent raconter la ville, ils ne la résument pas à une succession de points sur une carte.

- ils disposent d’une palette multimodale d’outils de communication, du physique à Internet, en passant par le téléphone

- ils ont une prise dans l’espace physique : or il est possible de relier la signalétique à des contenus numériques

- ils disposent de bases de données locales puissantes en termes de patrimoine, d’offres…

- ils peuvent mesurer le succès ou l’échec en termes de contacts captés par des opérations qui pourraient être des jeux urbains massifs, et corriger leurs tentatives.

Il ne leur reste plus qu'à essayer… � Jean-François CROLA Vous êtes sous le choc de l’imaginaire des TIC, qui est peut-être encore plus important que l’imaginaire que nous connaissions jusqu’à présent !

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ECHANGES AVEC LA SALLE � François GRUSON, directeur de la société Archividéo Nous avons des projets d’usages par rapport au pôle images et réseaux, qui est un pôle de compétitivité sur la région Bretagne. Nous y avons lancé le projet Bretagne 3D avec la modélisation de l’ensemble de la Bretagne. Dans la ville de Rennes et plus particulièrement à l’Office de Tourisme, sont intéressants les cas concrets d’usage. Un outil avec une maquette 3D pose la question brillamment évoquée de la diversification du web 2.0 : que peut-on en faire ? A quoi cela sert ? Cela sert à localiser, à partager l’information, à montrer ce qui n’existe plus ou pas encore. A Rennes, différents usages de ces maquettes ont été faits: usages grand public dans le cadre d’une manifestation ; réalisation de maquettes des différentes époques du développement de la ville ; maquette de Rennes en 1947 qui a été présentée à la population ; des CD-Rom ont été distribués à 25000 exemplaires chaque année pendant 7 ans ; l’un d’entre eux présente l’évolution historique de la ville « De Condate à Rennes ». Ce travail a permis de positionner l’ensemble des édifices sur le site web de la ville, notamment afin que les nouveaux arrivants s’approprient la ville. Les services techniques utilisent cet outil pour leurs projets. On constate ici le panel de représentations, d’utilisations qui deviennent relativement courantes mais qui posent les questions suivantes :

- Jusqu’où doit-on aller dans la représentation de la ville en termes de précision ? - Faut-il faire figurer les vraies façades ? - Faut-il présenter uniquement le centre historique ou bien toute la ville ?

Aujourd’hui, on cherche à modéliser massivement le territoire en l’enrichissant au fur et à mesure de l’avancement. � Rémy KNAFOU, professeur émérite à l’Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne Je souhaiterais vous livrer une réflexion. Mon métier c’est d’écouter, de regarder, de réfléchir, de voyager, de faire des allers-retours entre ma pratique du terrain et un peu de théorie. J’ai été très frappé en même temps que très intéressé par la montée en puissance d’un nouveau discours-type : « Nous sommes tous touristes, n’importe où, n’importe quand, n’importe comment ». Tous touristes dans notre ville, alors que dans le même discours, on nous dit aussi qu’être touriste c’est la rupture avec le quotidien. Ce discours n’est pas complètement nouveau puisqu’il y a près de 20 ans maintenant, dans la littérature francophone, Jean-Didier Urbain, dans « L’Idiot du voyage », défendait déjà l’idée que l’on puisse être touriste dans sa ville dès lors qu’on avait décidé de l’être. Ce qui m’intéresse ce n’est pas de porter un jugement de valeur sur ces affirmations mais de savoir quelles sont leurs implications. De ce fait, elles me paraissent un peu préoccupantes car je crois que le tourisme, si on veut que les choses aient du sens, est inséparable d’un déplacement physique et mental. Sortir de chez soi pour aller dormir une nuit ou deux, peu importe si l’on dort ou pas. C’est encore autre chose. Je ne veux pas entrer dans des problèmes statistiques, mais je crois qu’il est extrêmement important, pour que les choses gardent un sens, de penser qu’être touriste c’est aller hors de chez soi pour vivre une certaine expérience et en revenir transformé. Cela suppose qu’il y ait effectivement déplacement physique et mental.

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Que l’on ait la liberté de se sentir touriste brusquement : j’ai fini de travailler, je vais dans la rue. Brusquement, j’ai décidé que j’étais touriste : c’est la liberté de chacun et je n’y vois aucun inconvénient. Mais j’attire l’attention du public sur les inconvénients de cette posture :

− Le premier inconvénient est qu’à ce moment-là, le tourisme devient quelque chose de complètement inconnaissable : on ne peut pas avoir de connaissance scientifique d’un phénomène purement intérieur à un individu donné. − Le second inconvénient, lié au premier, est que le secteur touristique rencontre des problèmes de crédibilité dans l’ensemble de la société, crédibilité sur le plan économique, social, surtout en France, où l’on a beaucoup de condescendance à l’endroit du tourisme. Il est de tradition chez l’intellectuel français de considérer qu’il y a de la futilité ou de l’inintérêt à se tourner vers les questions du tourisme, ce qui est à mon avis une erreur profonde parce que l’on passe à coté d’une dynamique très importante de notre société. Mais cela fait partie de notre culture, et je crois qu’en entretenant la confusion sur ce qu’est le tourisme, en ne prenant pas la peine de le définir avec une rigueur suffisante, on se complaît dans la confusion et on entretient ce manque de crédibilité dont par ailleurs nous souffrons.

Il me semble que cela rend difficile à envisager le « tous touristes, partout », même si commercialement cela peu paraître attractif de penser que l’on va démultiplier brusquement le marché. Mais je crois qu’il y a des inconvénients à cette posture. Ce qui ne veut pas dire pour autant que les habitants des villes ne puissent pas découvrir eux-mêmes leurs propres villes et ne puissent pas ensuite être porteurs du sens de cette ville. Prenons l’exemple des documents produits par Rennes Métropole et ses promenades urbaines. Il y a là un travail remarquable, qui s’adresse non seulement aux touristes, mais également aux habitants du lieu. C’est une dynamique qui est très importante, mais je ne crois pas que, collectivement, nous ayons intérêt à entretenir la confusion sur ce qu’est le tourisme et sur ce qui n’est pas le tourisme. Il se trouve que nous avons des mots pour qualifier cela : le loisir dans son espace local et du quotidien, qui n’est pas tout à fait la même chose que le tourisme, qui signifie ne pas être dans son espace local, ne pas être dans le ton du quotidien, des choses qui me paraissent tout à fait différentes. � Stéphane JUGUET, anthropologue, société « What Time Is It » C’est un avis et je l’entends. Comme je le répète, je ne suis pas spécialiste du tourisme. Néanmoins, je crois qu’il est surtout important d’essayer de définir cette catégorie que l’on appelle tourisme, que l’on conjugue au singulier jusqu’à présent. En effet, quand j’écoute l’ensemble des intervenants, quand je regarde l’ensemble des programmes, et quand je m’interroge sur l’épaisseur de ce qu’on pourrait appeler la vie sociale, ou la vie touristique, j’ai l’impression que cette catégorie devrait plutôt être conjuguée au pluriel. Il y a donc, derrière votre question plutôt une réflexion qui consisterait à se dire : qu’est ce qu’on appelle tourisme aujourd’hui ? N’est-il pas important de remettre en cause cette catégorie, pour mieux la réinterroger ? Peut-être à un moment y aura-t-il place pour un city breaker, comme je l’ai évoqué, qui va devenir touriste dans sa ville. Sans un travail de clarification conceptuelle en amont, des mots tourisme ou touriste, les offres adressées au touriste seront disparates. Je pense qu’il y a là une vraie réflexion à mener entre chercheurs. � Rémy KNAFOU Il y a 16 ans, j’ai créé une équipe de recherche qui s’appelait « Mobilité, Itinéraire, Tourismes », où l’on avait pris soin de mettre le pluriel à Tourisme et l’un de nos soucis était effectivement de jeter des bases pour éviter de rester dans la confusion. Ce que je remarque, c’est que, contrairement à ce qui est l’avancée normale de la science habituelle, il n’y a pas forcément cumul des connaissances, le cumul étant la condition nécessaire pour la critique et l’avancée.

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� Stéphane JUGUET J’essaie de comprendre quelles sont vos craintes ? J’ai l’impression que vous exprimez en quelque sorte une crainte à l’égard du fait que l’on puisse être touriste dans sa propre ville. �Rémy KNAFOU Il ne s’agit pas d’un amour immodéré des classifications de la société, car je sais que ces manières de l’appréhender sont passagères, et heureusement. Le chercheur est toujours en retard d’un mouvement par rapport à la société ; le bon chercheur, est celui qui arrive à peu près à suivre ce qui se passe. Ce que je crains est ce que je constate : la très grande difficulté qu’ont les chercheurs, et la recherche en général, à s’approprier la question du tourisme. Cette difficulté passe aussi par une difficulté à mettre en évidence les ressorts profonds qui se jouent dans le tourisme. Comment le tourisme s’est-il constitué ? La réflexion à ce sujet n’est pas suffisamment instituée et constituée. Globalement, l’idée est que c’est confus et que l’on n’y comprendra jamais rien. Que l’on abandonne le sujet du fait de la confusion, et que l’on se condamne aux définitions statistiques de l’ONT, qui par ailleurs ne convainquent personne. Je déplore, finalement, que l’on ne se soit pas doté de l’appareil conceptuel et statistique pour mieux appréhender la réalité de ces mobilités du tourisme, afin que l’on ne soit plus dans la confusion complète dans laquelle on a été pendant longtemps. Par exemple, le tourisme pour le plaisir et le tourisme dit d’affaires sont une source de confusion. Heureusement, les professionnels l’ont compris avant la plupart des chercheurs, et savent que cela ne correspond pas au même marché ni à la même demande. L’ensemble du secteur souffre de cette confusion généralisée. L’explication que j’y vois est ce défaut de reconnaissance, qui pousse le secteur du tourisme à se faire plus gros qu’il ne l’est, ce qui n’est pas nécessaire, car il est désormais objectivement et indiscutablement base d’une économie importante que chacun peut ou pourra apprécier si la décroissance du mouvement se manifeste : alors on saura ce qu’on perd. � Mario BURGAY, directeur du service tourisme et sports, Province de Turin, Italie Je suis d’accord avec les propos de Monsieur KNAFOU. En Italie, il y a au moins 10 ans que l’on parle de tourisme au pluriel. Les professionnels font de gros efforts pour segmenter l’offre et la demande, car il y a plusieurs tourismes : les loisirs, les affaires… c’est la distinction basique mais on peut très bien avancer sur ces distinctions. Je pense également qu’il peut y avoir confusion à considérer comme touriste l’habitant visitant sa propre ville. Quand on parle d’un secteur qui doit nécessairement être traité comme un secteur « industriel », le tourisme est une industrie, il faut bien définir les produits, la clientèle, les services etc. Ce qui me parait intéressant dans cette réflexion sur l’habitant qui visite sa ville est qu’effectivement, la qualité de vie de l’habitant est la qualité de vie du touriste. Améliorer la compréhension par l’habitant de sa propre ville, créer des services à son intention, c’est créer les conditions pour améliorer l’accueil du touriste. Je tiendrais donc à séparer la réflexion sur l’habitant de celle sur celui qu’on nomme touriste. � Stéphane JUGUET

Je pense que le fond du débat est là. J’ai appréhendé cette figure du touriste comme un état, un état cognitif. Vous l’appréhendez comme un statut, une catégorie à part entière, opératoire. J’ai l’impression que lorsque l’on est touriste, on est dans un état d’esprit particulier. Ce que j’ai essayé de démontrer est que, parce que nous sommes dans une société de plus en plus étouffante,

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hyperactive, nous avons besoin de rompre, de changer d‘état, de se mettre dans une autre posture. Cette figure du city breaker pose une question pour les professionnels : comment construit-on une offre hybride qui puisse à la fois s’adresser à des touristes de passage et intéresser les habitants ? Cela signifie que notre message n’est pas adressé uniquement aux gens de passage mais également au public local. C’est important économiquement car le public s’élargit. Il s’agit bien d’un débat entre catégorie et état. Nous ne sommes pas sur le même registre, nous n’allons donc pas pouvoir nous entendre. Mais j’entends vos propos, qui s’inscrivent à mon sens dans une sorte de registre plus politique qui est : comment arrivons-nous à asseoir la légitimité de notre action, de notre profession sur un plan plus politique ? � Un intervenant dans la salle

Lors de votre intervention, vous avez employé le terme d’éditeur à propos des résidents d’une destination : ils pouvaient être éditeurs de légendes… Editeurs de la destination, finalement, puisqu’ils ont un rôle de promotion in situ. Pourquoi avez-vous choisi sémantiquement le terme d’éditeur et non pas d’ambassadeur ? � Stéphane JUGUET

Je pense que, quelque part, la ville devient un média. On l’a vu avec les démonstrations : la ville devient 2.0, mais ceci est très technique. Ce qui importe ce n’est pas que la ville de demain soit totalement inondée de réseaux wifi et qu’elle devienne 2.0 au sens où elle est potentiellement « collaborative ». Pour moi, c’est une réflexion d’ordre technique. Ce qui m’intéresse dans cette ville média, ce n’est pas la structure, l’infrastructure, mais le type de message que l’on peut y faire circuler. Cette question du message dans le domaine du média renvoie aux éditeurs du contenu. Si l’on fait l’analogie avec le monde médiatique, on se dit que le rôle des acteurs de l’offre urbaine (offices de tourisme) est de devenir éditeurs de contenus. L’important chez l’éditeur n’est pas qu’il puisse mettre de l’information en ligne, mais qu’il puisse réécrire des histoires qui fassent sens chez les touristes, d’où ce mot d’éditeur, au sens d’éditorialiser la ville. C’est un grand débat aujourd’hui. � Hugues AUBIN

Je vous donne un exemple humoristique : on a distribué des places de concert pour ACDC avec un jeu de piste dans la ville, ce qui a mobilisé des centaines de jeunes qui partagent une fiction. � Guy PESSIOT, adjoint au maire de la ville de Rouen Comment la Ville de Rennes investit-elle dans le Web 2.0, pour la démocratie participative ? � Hugues AUBIN

D’abord, nous faisons de la veille sur l’activité Internet concernant la ville, en regardant les contenus liés au mot-clé Rennes. Cela donne une idée de l’image de la ville. On s’est aperçu qu’il y avait une augmentation forte des contenus Internet sans les moyens ni le temps de les étudier dans le détail. Par contre, il est clair qu’au niveau de notre stratégie d’éditeur en ligne de média, nous avons un site Internet, des affiches, des guichets. Nous devons faire et comprendre un certain nombre de choses : la première : aucun nouveau média ne remplace les anciens. Internet ne remplace ni le papier ni le téléphone, mais modifie leur rôle.

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Dans la réalité augmentée, il faut savoir jouer de la complémentarité. Le site Internet de la ville de Rennes a été refondu, il offre un nuage de mots-clés (ce qu’on appelle les tags) : il n’y a pas de taxonomie obligatoire (rubriques et sous-rubriques souhaitables pour notre fonctionnement), inefficace pour les internautes. Nous sommes accessibles aux handicapés. On peut commenter toute page du site de la ville de Rennes. La semaine dernière, nous avons organisé dans le monde réel une rencontre de blogueurs, qui sont dans Facebook. Nous avons réalisé un atelier d’entraide sur les blogs de quartier. En même temps était organisée une table ronde entre les quartiers, le maire et TV Rennes, visible en parallèle sur Internet : on pouvait « chatter » pour poser ses questions avec une retransmission sur le plateau en temps réel. Le site Internet de la direction de l’aménagement et de l’urbanisme a été ouvert avec accès par mot de passe; ses contenus sont libres de droits. Tout cela suppose en amont une dynamique de la part des équipes : elles admettent les commentaires sur leurs contenus et s’engagent à y répondre. Par exemple, on ne peut pas verser en libre de droits les photos de photographes free-lance. Mais si on met des pancartes sur près de 180 réverbères, avec des centaines de téléphones mobiles remis sur présentation de la carte d’identité en prépayé dans les quartiers, les gens photographient la ville, envoient des textes, des poèmes, des images et des sons. Cela a été réalisé en 2005. Cette dynamique est culturelle dans l’organisation, à condition de vouloir « s’acculturer » au changement de paradigme offreur-client. Le nouveau modèle se résume à beaucoup de clients sur beaucoup de petites choses, qui nous disent ce qui ne fonctionne pas, ce que l’on ne pourrait pas identifier seuls. Nous prenons en compte les remarques pour évaluer le service dans une démarche participative (la SNCF, avec ses plates-formes de réaction, Google qui se dit en Bêta sur 500 millions d’usagers, ou une ville et son fonctionnement, le mode de subvention). Par contre, le problème est le suivant : si nous n’apprenons pas à le faire, les internautes ou des prestataires privés sachant les agréger en communauté le feront. Et cela nous posera peut-être des problèmes d’audience, de services et de réactivité. � Jean-François CROLA Je suggère qu’un atelier au sein de la CNPTU permette à ce type de proposition de trouver une concrétisation de travail collectif, celui développé par Hugues Aubin ou celui développé par Stéphane Juguet. Par ailleurs, j’ai compris que les offices de tourisme sont à l’aube de profonds changements, comme d’ailleurs le reste de la société, mais je l’ai entendu sous deux directions complémentaires : il a été question d’un office distribué dans la ville. Je pense que c’est déjà en cours mais on voit bien à quel point les tags et autres géo localisations, en mobilité, vont bouleverser le marché de l’information touristique, votre métier, mais dans le bon sens. Il y a là une formidable opportunité pour les offices de tourisme. Il y aussi le mode conversationnel -je reprends le terme de ce matin- l’irruption largement évoquée des habitants non pas comme touristes dans leur propre ville mais comme fournisseurs d’informations au sein de leur ville, (à leur propre consommation ou à la consommation partagée pour qui veut s’en saisir), l’office ou les touristes individuellement. Ce mode conversationnel s’impose aujourd’hui pour toutes les activités, et représente, me semble-t-il, une opportunité fantastique pour les offices de tourisme. En tout cas je voulais remercier, la ville de Rennes d’une part, et la CNPTU d’autre part, de nous donner l’opportunité de discuter sur la question des usages.

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" La qualité d’usage des espaces publics en France "

Intervention de Monsieur Michel WASTIAUX Directeur « espaces et filières à ODIT France (désormais Atout France) Je voudrais dire un mot sur ODIT France, avant de vous présenter quelques extraits des études récentes sur la ville et ses espaces publics. Vous connaissez, au moins de nom, ODIT France, agence qui travaille avec l’Etat, même si, juridiquement, elle est indépendante et au service des collectivités locales, régionales, départementales, communales, et de toutes les institutions qui se préoccupent de tourisme, de près ou de loin. Nous fonctionnons comme une société d’études - je prendrai quelques exemples - mais le plus souvent nous fonctionnons comme une société d’assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO). Nous aidons le commanditaire à mieux cerner ses besoins, les questions posées, à les transcrire dans un cahier des charges et faire appel à des bureaux d’études spécialisés pour la réalisation d’études pratiques. Nous sommes également une société de transfert, c'est-à-dire que, chaque année, nous publions un vingtaine de rapports très techniques. De même, nous effectuons des journées techniques d’explication des travaux réalisés (par nous ou par d’autres), avec des témoignages d’élus locaux, de spécialistes, et des apports plus théoriques issus justement de nos travaux les plus récents. En ce qui concerne mon équipe, la ville constitue notre espace de travail, espace spécifique comme la campagne, le littoral, la montagne ou l’outremer. Nous sommes une équipe de 80 personnes environ, équipe qui comptait Claudine Barçon, que beaucoup connaissent, jusqu’à son départ en retraite en septembre. En 2006, nous avons « repris le flambeau » : sur la ville les travaux quantitatifs les plus récents dataient de 1994 (études de l’INRETS). Nous avons repris ce travail pour réaliser une enquête quantitative en 2006 sur les villes fréquentées par les touristes, et spécialement par les touristes étrangers : Anglais, Belges, Espagnols, Italiens, Allemands (pour les Français il y a d’autres sources statistiques). Nous avons effectué 4000 enquêtes sur Internet grâce à un panel qualifié de 700 000 internautes, lui-même faisant partie d’un panel de 2 millions d’internautes européens. En 2007, l’ensemble de ces travaux a donné lieu à la publication d’un CD-ROM sur les pratiques et les attentes des visiteurs européens dans les villes françaises, (toujours en vente à la Documentation Française ou directement chez ODIT France). C’est une base de travail. Les villes peuvent demander un travail spécifique, une reprise de ces travaux et une adaptation particulière à leur territoire. Le bureau d’études existe toujours. Il ne s’appelle plus Novatris, mais Harris interactive. Je ne reviendrai que sur la partie déjà publiée en 2008 dans Grand Angle et vous présenterai quelques extraits de ces nouvelles enquêtes de 2008, menées dans 18 villes (9 grandes et 9 moyennes). Ce sont les travaux les plus récents - 3000 enquêtes à la fois valables site par site, et consolidées à l’échelle nationale - qui nous permettent d’avoir une représentativité statistique suffisante. Je vous présente ici quelques tableaux tirés de ces enquêtes, qui permettent de préciser le « profil » des visiteurs des villes. Sans entrer dans le débat de tout à l’heure, je souhaite préciser que l’on s’est intéressé aux visiteurs des villes, catégorie qui concerne surtout en positif ce qui est visité (villes et services). On trouve aussi bien dans ces enquêtes des touristes français que des touristes étrangers (les excursionnistes français et étrangers, qui font l’aller-retour dans la journée, ne séjournent pas) mais également une catégorie, que nous avons définie pour la circonstance et sur laquelle nous nous sommes beaucoup interrogés : les habitants de proximité. Ce sont ceux qui viennent en ville parce

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qu’elle présente un certain nombre d’avantages qui ne se trouvent pas là où ils sont, même s’ils n’en sont pas très éloignés. Les primo-visiteurs sont en quantité importante. Il reste donc « un réservoir » pour les deuxièmes visites. Parmi ces primo-visiteurs, la proportion d’étrangers est significative : 75% d’étrangers viennent pour la première fois dans la ville (sur un échantillon de villes représentatives de la moyenne française). Ces chiffres ne seraient pas forcément valables pour de grandes villes. D’un point de vue touristique, la plupart des villes ont leur chance, il n’y a pas de prédestination des flux touristiques. Inversement, comment fidéliser ces visiteurs qui viennent pour la première fois, et qui n’ont pas d’idées préconçues sur la ville ? Ils ont une approche élargie de la ville, et cherchent plutôt des informations sur le territoire que sur la ville seule ; ce qui sous-entend l’idée d’attractivité globale d’un territoire, et pas uniquement d’une ville à l’intérieur d’un no man’s land. L’ensemble du territoire, ville et espace environnant, motive le déplacement. Nous nous sommes principalement intéressés à cette notion d’attractivité globale dans nos enquêtes. Je voudrais citer un chiffre pour illustrer cette notion : les visiteurs d’une ville vont jusqu’à 50 kilomètres tout autour, pratiquement à la limite du département. L’attractivité comprend donc l’espace environnant assez étendu. Par ailleurs, le tourisme en ville est une pratique privilégiée par les couples : à l’inverse de l’ensemble du tourisme en France, les familles y sont moins représentées. Que font ces visiteurs de la ville ? Nous nous sommes attachés à compléter les études antérieures : demande touristique des Français, analyse fine de la pratique urbaine des touristes, excursionnistes, et habitants de proximité. Que font les touristes en ville - français et étrangers mélangés ? Dans l’ordre décroissant : promenade en ville 88% ; restaurant-café 69% ; visite de patrimoine bâti 64% ; shopping 60% ; visite de parcs et jardins 48% ; visite de musées 31% (avec 42% pour les étrangers et 29% pour les Français) ; spectacles ponctuels 19% ; activités sportives 13% ; activités permanentes au plan culturel 12% ; activités nocturnes 10% ; autres 9% ; activités ludiques 8% ; découverte économique 1% ; thalasso-spa-remise en forme 1%. Pour les excursionnistes, les résultats sont moins diversifiés, bien que l’ordre des activités soit assez identique : promenades en ville 67% (contre 88 pour les touristes), restaurants-cafés 62% (contre 69), shopping 59% (contre 60), et visite de patrimoine bâti 40% (contre 64), visite de parcs et jardins 35% (contre 48), musées 19% (contre 31). La visite famille-amis peut constituer une activité importante. Je n’irai pas plus loin concernant l’analyse de ces travaux de 2008, afin de respecter mon temps d’intervention. Je voudrais principalement insister sur 3 axes qui vont canaliser nos travaux en 2009, en matière de tourisme urbain. Nous essayerons de rendre vivants les chiffres, de les faire parler, de travailler la façon dont on valorisera la ville, puisque c’est le travail d’ODIT France, comme celui des offices de tourisme et d’autres institutions qui s’intéressent au tourisme. Nous avons encore des marges de progrès, du potentiel, et nous essayerons d’aller plus loin, d’attirer davantage de touristes étrangers, et de développer cette activité qui constitue un axe économique intéressant pour la France, en établissant :

- Un premier axe de valorisation : une idée de modernité qui peut être en opposition avec une architecture plus ancienne en centre ville.

- Un deuxième axe sur l’aspect actif de la ville : elle est toujours changeante, actuelle, renouvelée, c’est le centre des affaires, comme disent les jeunes. Cette idée induit une notion de hiérarchie des villes. C’est le contraire de la campagne : la première motivation des touristes en campagne est de ne rien faire, (41% des touristes à la campagne). A contrario, en ville, on vient faire quelque chose. La ville a un aspect actif voire effervescent.

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- Un troisième axe, la pratique d’activités culturelles - la dominante en ville - avec une offre de service allant de pair. Je vous rappelle les chiffres : musées 31%, restaurants 69% des touristes. Cela nous invite à décloisonner: l’offre culturelle seule ne suffit pas, le reste est aussi important, voire plus.

Quelques compléments pour cibler les clientèles, et par conséquent les types d’actions qui y sont liées : plutôt en couple et en hébergement marchand ; le séjour plus long en deuxième visite ; un tourisme plus familial et en hébergement non marchand pour les touristes fidèles à leur destination; une étape (la ville est découverte par hasard); et la pratique de l’habitant de proximité, une innovation de ces enquêtes, puisque jusqu’à présent, à ma connaissance personne ne s’était intéressé à l’habitant de proximité. On sait qu’il ne visite pas les musées ou les jardins, mais qu’il pratique les services avant tout. Pour les touristes, on constate aussi parfois une approche globale du territoire, avec un hébergement hors de la ville et une seule venue à l’intérieur de la ville. La moitié des séjours sont des premières visites avec le plus souvent une seule nuit. Les activités sont centrées sur la ville, avec une priorité donnée aux pratiques culturelles. Une fois dans la ville, que font les clientèles ? Pourquoi s’intéresser aux espaces publics ? Vous l’avez remarqué, la promenade en ville est, de loin, la première activité pratiquée par les touristes, constatation dont il faut prendre acte. Elle est pratiquée à l’évidence dans les espaces publics, d’où l’intérêt d’essayer de comprendre leur rôle, leur organisation et les besoins auxquels ils répondent. Il y avait peu de travaux sur ce domaine, avant la publication réalisée par ODIT France. On peut les définir comme l’ensemble des espaces de passage et de rassemblement qui sont à l’usage de tous, soit n’appartenant à personne en droit, soit relevant du domaine public, soit exceptionnellement du domaine privé avec autorisation de passage : le pied des immeubles, les espaces de passage, les trottoirs, les cheminements, les espaces de rassemblement, les places, les monuments. Nous avons essayé de cibler les besoins des visiteurs, et de les répartir en trois grandes catégories :

- le déplacement (signalétique explicite et implicite) - la promenade à pied se fait grâce à la signalisation. Pour l’instant, il y a peu de GPS piétons qui permettent de s’orienter.

- le plaisir de la découverte : se cultiver et se distraire.

- l’accession à des commodités de première nécessité, et à d’autres services. Vous

connaissez bien cette question des services et des horaires d’ouverture.

Je ne reviens pas sur la signalétique explicite. La signalétique implicite est une incitation naturelle à emprunter des chemins agréables. On utilise également la signalétique de l’OT et les plaques d’explications, pour le plaisir de la découverte (observer, admirer, apprendre, se cultiver). Comment faire en sorte que les bâtiments et le patrimoine soient mis en valeur : les touristes sont particulièrement attentifs à la mise en valeur des espaces et du bâti, qui les frappent lorsqu’ils se promènent dans les espaces publics des villes. Il ressort des enquêtes une exigence d’espaces publics propres et entretenus. Bien-être et consommation concernent les espaces publics en centre ville, spécialement les lieux de consommation. Il faut pouvoir se reposer, s’assoir, pour favoriser la déambulation, donc placer des bancs, à peu près à 400 mètres d’intervalle, pouvoir satisfaire des besoins physiologiques. Les touristes insistent beaucoup sur cet aspect essentiel. Certains points d’aménagement des villes auxquels les touristes excursionnistes s’avèrent particulièrement sensibles ressortent : l’accès des rues aux piétons, les cheminements piétonniers

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essentiels pour s’imprégner de l’atmosphère d’une ville, puis l’offre en matière de transports, restaurants-bars, de culture et de loisirs. Les points à améliorer sont, d’abord, le fait de pouvoir circuler facilement en voiture, et de disposer d’un stationnement à proximité de la ville et en centre-ville : 88% des Français arrivent en voiture contre 58% des étrangers. Puis, se retrouvent la propreté de la ville, les interconnexions, les animations et les initiatives en direction de publics plus jeunes. Bien loin d’épuiser le sujet, cet exposé veut souligner le caractère expérimental de ce travail. Les services les plus utilisés correspondent aux aménagements pratiques, qui facilitent la visite ; le touriste est très vite fatigué, il s’écarte très peu des sentiers battus : si on ne lui facilite pas la vie, il s’en va ou ne consomme pas la ville comme on le souhaiterait ; ces aménagements sont identiques pour tous : les touristes et les excursionnistes utilisent l’ensemble de ces aménagements de la même manière qu’un habitant de la ville. D’après ce que nous avons constaté, la perception de la ville pour un touriste est à peu près la même que celle de la ville pour un habitant, notamment de proximité. Conclusion pratique que nous essayons de transmettre lorsque nous sommes consultés pour l’élaboration de documents d’urbanisme : les touristes ont des besoins spécifiques, mais, pour les besoins principaux, il n’y a pas lieu de faire une différence entre eux et les résidents. Par contre, il est souvent plus facile d’observer le comportement des touristes que celui des résidents, comme une loupe qui permettrait de mettre en évidence les grands traits à respecter lors des opérations d’aménagement urbain. Ce qui participe le plus à la satisfaction des touristes est lié à la fréquence d’utilisation : facilités de stationnement et de circulation, accès à l’information, queue dans les commerces, horaires, toutes choses déjà signalées par ailleurs. En conclusion, je voudrais rappeler qu’en 2009, nous élaborerons un guide pratique qui permettra de donner des recommandations, surtout en marketing, sur la façon de « vendre la ville », de façon à ce que la valeur ajoutée liée au tourisme se développe en France. Par ailleurs, ODIT France n’échappe pas aux tendances générales et fusionne avec Maison de la France : vous n’aurez plus qu’un seul interlocuteur, une grande agence de développement touristique. Cela devrait à la fois rationaliser et faciliter l’information, permettre une meilleure connexion entre l’ingénierie et la promotion touristique, assurés par ODIT France et Maison de la France. Je souhaite que cela permette de démultiplier l’action en matière de tourisme en ville. Merci de votre attention pour cet exposé dense et rapide.

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" Le projet Qualicities : une démarche de progrès et un label européen qui s’inscrivent dans le cadre

du développement durable "

La démarche qualité et le label Qualicities Le référentiel Qualicities® propose aux collectivités historiques européennes de prendre des engagements en matière de gestion durable de leurs patrimoines culturels et naturels.

Il comporte des éléments d’appréciation, de mise en œuvre et de conservation des patrimoines avec des finalités :

• d’amélioration de la qualité et de l’efficacité à long terme, • d’implication de la collectivité dans une dynamique de développement local durable, • de satisfaction des citoyens et des visiteurs

La démarche Qualicities® est d’abord un engagement global de la collectivité dans une politique intégrée, culturelle, sociale, urbanistique, économique, touristique, environnementale, volontariste, active et explicite de développement durable.

La démarche Qualicities® implique aussi l’indispensable participation des partenaires associatifs et privés à la stratégie de préservation des patrimoines et de développement durable.

Intervention de Monsieur Antonio VALENTÍM Département Environnement et qualité, ville d’Evora, Portugal Je me propose de vous présenter le label Qualicities, appliqué dans la ville d’Evora. Evora se situe dans la vaste plaine du sud du Portugal, l’Alentejo, sur l’axe routier et futur TGV Lisboa-Madrid. La commune a environ 55 000 habitants, et présente des vestiges d’une présence humaine dès la Préhistoire. Le centre historique de la ville est classé au Patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO. Evora est reconnue pour sa qualité de vie et ses actions de promotion du développement durable. La stratégie d’internationalisation de la ville Evora participe à plusieurs réseaux de coopération internationale, et privilégie la coopération avec des villes de taille moyenne de l’Union Européenne, villes à vocation culturelle, et la coopération décentralisée avec des villes des anciennes colonies portugaises. Dans ce cadre, la ville a rejoint le réseau AVEC en 2002. Elle participe à plusieurs commissions interrégionales et projets européens développés dans le cadre du réseau. Elle a participé notamment,

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en tant que partenaire principal, au projet européen Qualicities, co-financé par le programme INTERREG IIIC. Par ailleurs, la ville a déposé une candidature pour le projet « ECOPAS » dans le cadre du programme européen INTERREG IV C en janvier 2009, projet portant sur la mise en place d’un réseau européen d’observatoires locaux des retombées économiques et sociales des investissements dans le patrimoine des collectivités. Pourquoi le projet Qualicities ? Parce qu’Evora a un patrimoine culturel et naturel de qualité. Qualicities est un moyen de tester les efforts locaux et de les comparer avec d’autres expériences internationales. Enfin, la municipalité est engagée dans un processus de certification de la qualité de ses services Qualicities avait pour objectif la création d’une méthode de développement durable, et d’un label de qualité, qui permettraient de valoriser les villes et les régions qui les appliqueraient. Les partenaires du projet ont élaboré un référentiel comprenant un certain nombre de critères. Chaque ville candidate doit réaliser son auto-évaluation et préparer un plan de progrès local Qualicities. Je me propose de vous présenter la synthèse de ces deux documents pour la ville d’Évora, avec des exemples des réalisations les plus importantes pour chaque chapitre du référentiel. La ville s’engage par un plan annuel de progrès local, destiné au territoire de la commune, et crée un comité local pour la gestion du label Qualicities. A Evora, ce comité rassemble les institutions les plus actives dans le domaine du patrimoine et des services municipaux (environnement et qualité, centre historique et patrimoine, promotion touristique), l’association commerciale de la région et l’Institut national de gestion du patrimoine architectonique et archéologique -qui gère le patrimoine classé. Pour respecter les critères de communication, Evora a créé un système d’information par SMS. Chacun peut s’inscrire en ligne sur le site de la mairie, et recevoir des informations sur les événements culturels dans la commune. Des panneaux électroniques ont été installés dans la ville, avec des informations culturelles ou générales. Récemment, la mairie a lancé un débat public sur le plan stratégique et une étude de marketing territorial afin de promouvoir la marque Evora. Pour respecter les critères d’accessibilité, Evora a créé un groupe interdisciplinaire pour une cité adaptée, qui veille à l’accessibilité des handicapés. Elle a mis en oeuvre le programme URBCOM (urbanisme commercial, financé par le ministère de l’économie) avec trois axes d’intervention sur l’espace public, sur l’espace commercial et sur l’animation des zones commerciales. La ville est dotée de parkings périphériques gratuits, et a créé une société mixte SITEE (Système Intégré de Transports et Stationnements d’Évora) pour la gestion des transports et des parkings. Une ligne de minibus relie les parkings au centre historique pour un euro (aller-retour et stationnement). Pour la gestion du patrimoine, Evora a établi divers plans, dont le principal est le plan directeur municipal. La mairie a créé une société pour la réhabilitation urbaine et un master plan du centre historique ; le service du patrimoine a défini une charte archéologique et réalisé un inventaire détaillé du patrimoine. Le projet Polis prévoit la valorisation et la création d’espaces verts autour des remparts. La société de réhabilitation urbaine suit actuellement le projet sur le quartier médiéval arabe. Acropole 21 (partenariat établi entre la mairie, le musée, la bibliothèque, l’association commerciale et l’Eglise), restaurera la partie la plus ancienne et la plus monumentale du centre historique.

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Sont également en cours la restauration du musée, d’une ancienne usine de pâtes -aujourd’hui le département d’arts scéniques de l’Université- et la reconversion en hôtel 4 étoiles d’une usine textile. Voici rapidement présentés quelques exemples de réhabilitation du patrimoine dans le centre. Pour respecter les critères de valorisation du patrimoine, la mairie et l’université forment des guides et des gestionnaires du tourisme. La mairie organise des événements grand public, et assure la promotion des événements culturels sur papier ou par Internet. Elle a réalisé des parcours dans le centre historique et en espace rural (à côté du patrimoine naturel, il y a également un patrimoine mégalithique très important). Elle participe à la sensibilisation aux patrimoines naturel et culturel. Pour répondre aux critères de vie locale, Evora a adhéré au projet Oralité (extérieur au réseau AVEC). La mairie a engagé des programmes municipaux de réhabilitation qu’elle soutient financièrement, tels « maison peinte » et « fenêtres en bois » pour la restauration des façades du centre. Les services de la mairie assurent l’accueil des touristes et de la population, et apportent un soutien logistique et financier très important aux associations agissant pour la nature et la culture. Sur la protection de l’environnement, nous planifions la gestion de l’environnement grâce à des plans territoriaux : un plan municipal directeur et d’autres plus spécifiques - tel le Plan d’Intervention dans l’Espace Rural (pour un territoire classé Natura 2000). Il existe également un plan de protection de la forêt et un agenda 21 local. La mairie réunit chaque mois une commission municipale chargée de l’environnement. Par ailleurs, la collecte en vue du recyclage est assurée par des entreprises publiques et des initiatives privées. L’amélioration continue est le dernier chapitre du référentiel Qualicities : il encourage les villes et les territoires à poursuivre leurs efforts. Exemples d’actions d’amélioration de la mairie : registre de réclamations disponible à l’hôtel de ville (constitue une obligation dans toutes les mairies portugaises), système digital d’archives de textes et d’images répertoriant les informations qui émanent des différents services. Par ailleurs, le site Qualicities, comporte une autoévaluation électronique. Le plan de progression des villes labellisées doit être actualisé chaque année. Antonio Valentim estime que la démarche Qualicities® est une méthode ambitieuse en matière de patrimoines culturel, bâti et naturel, avec un processus d’évaluation mené avant et après l’obtention du label. Pour Evora, le plus enrichissant a été le partage d’expériences et les échanges entre les différentes villes du réseau et entre les services municipaux. Il évoque l’exemple, au Portugal, de l’association européenne « Le drapeau bleu » qui a créé « Le drapeau vert » ECO XXI, label de qualité environnementale dont le principe est celui de Qualicities, appliqué au patrimoine environnemental, et qu’Évora a revalidé dés 2006.

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ECHANGES AVEC LA SALLE � Dominique IRVOAS-DANTEC, Directrice de l’Office de Tourisme et des Congrès de Rennes Métropole, Secrétaire générale de la CNPTU Je suggère qu’Amandine puisse préciser la date à laquelle le label Qualicities a été mis sur pied - en effet, il est considéré comme un très bon projet européen - et la liste des villes qui bénéficient de ce label. � Amandine LEOPOLD, chargée de mission animation et développement du réseau AVEC Le projet Qualicities, présenté ici par Evora, ville qui l’a appliqué concrètement, a été mis en place en 2005 avec une quinzaine de partenaires européens. Il a duré 3 ans. En 2007, il a reçu une récompense du comité européen des régions pour sa pertinence, parce qu’il répondait vraiment à un besoin des villes historiques européennes. Aujourd’hui, il est en service et l’on essaie d’améliorer à la fois les services offerts par les villes et l’apport du réseau. Six villes sont aujourd’hui labellisées : une ville portugaise, Evora, 3 villes françaises Arles, Pézenas et Vienne (au sud de Lyon). D’autres vont ou sont entrées dans la démarche du label : une ville maltaise, Birgu, et une ville belge, Anderlecht. Aujourd’hui la phase d’évaluation du label est en cours, le premier audit ayant été réalisé. Les villes ont essayé d’appliquer, en tout cas de prouver leur engagement sur chacun des critères présentés par Evora dans les différents chapitres de son exposé. Il s’agit d’un label généraliste, portant sur la gestion du patrimoine des villes historiques qui touche au tourisme, à la communication, à l’environnement, aux transports, à la signalétique. Un premier audit a été réalisé dans ces six premières villes-test, afin de juger de l’engagement dans la démarche mise en place. Dans le cadre de l’audit de suivi, on vérifiera comment ce label vit au jour le jour et si réellement la démarche est applicable. Comme l’indique Evora, les retours sont positifs au niveau des services municipaux. En effet, leur démarche se limitait souvent à améliorer la qualité du service accueil des offices de tourisme. Désormais, les municipalités connaissent le principe qui les oblige à travailler en synergie (habitants, associations, entreprises liées au patrimoine) et permet de décloisonner les relations dans les villes. Il est vrai qu’il n’y a pas encore de recul pour mesurer la satisfaction des usagers par rapport aux engagements pris et aux actions menées. � Jean-Pierre BOEUF, directeur de l’Office de Tourisme d’Arles Je ne pense pas trahir la pensée de Christian MOURISARD, président d’AVEC et président de l’office de tourisme et maire-adjoint au tourisme de la ville d’Arles, en précisant que Qualicities est un label européen de gestion du tourisme durable. Une aventure pour les villes du réseau, une démarche extrêmement ambitieuse, mise en place grâce à la gestion administrative de la ville d’Anderlecht, partenaire leader du projet. Nous avions défini un cahier des charges, puis fait appel à un organisme indépendant reconnu pour le mener à bien, l’AFNOR, également organe certificateur. Il s’agit d’une méthodologie à peu près similaire à celle appliquée à l’accueil des offices de tourisme (tous les OT 4 étoiles doivent être certifiés AFNOR). Mais la démarche est d’autant plus complexe que toute la ville est concernée par de la gestion du patrimoine.

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� Théodoulitsa KOULOUMBRI, chargée de mission tourisme, Communauté d’Agglomération St-Denis Plaine Commune Je n’ai pas très bien compris comment ce label s’inscrit dans le cadre d’INTERREG et ADEREC IV C ? Nous avons tous l’expérience des labels, mais comment associer les populations locales ? Je travaille dans une ville de banlieue près de Paris : quel lien peut-on faire avec le développement local ? En effet, quel est l’impact en termes de création d’emplois, d’activités, de retombées économiques ? � Antonio VALENTIM Qualicities est une méthode, un engagement de la ville. Si vous voulez développer le commerce ou l’artisanat, vous devez le préciser dans votre plan d’objectifs et respecter les critères du référentiel. Les audits vérifieront. Je ne sais pas concrètement quels sont vos atouts, mais chaque ville, chaque territoire a sa dimension et son patrimoine particulier. Le référentiel est flexible et suffisant pour chaque ville. Dans notre projet, nous avons eu pour objectif d’avoir des partenaires de différentes régions d’Europe (notre partenaire le plus éloigné était Baranya, en Hongrie). Tous les partenaires étaient très différents. Le référentiel est suffisamment flexible pour s’adapter à chaque ville, dans un contexte européen. Sur la candidature, Qualicities était un projet financé par l’INTERREG III pour créer le label et définir ses critères d’attribution. Actuellement il n’y a plus de financement sur cette base puisque le processus de création du label est achevé. Pour répondre à votre deuxième question : chaque ville décide. Je vous ai donné l’exemple de notre comité local. Chaque ville a associé les institutions et les services les plus appropriés pour répondre à ses objectifs de gestion du patrimoine. Ainsi Evora a-t-elle associé les services de la mairie, parce que les mairies du Portugal ont des compétences étendues, et associe systématiquement à ses discussions les institutions concernées. � Amandine LEOPOLD La démarche Qualicities est participative. Il y a obligation de travailler avec la population, les associations les entreprises… Sur chacun des critères et selon les domaines, il est fait appel aux associations de quartier, d’habitants, aux entreprises, aux services municipaux etc. Prenons l’exemple de l’accessibilité : que ce soit dans les villes d’Evora, d’Arles, de Pézenas ou d’Anderlecht, la démarche concerne les 4 types de handicaps. Logiquement, sont associés aux services municipaux les associations de handicapés, les associations départementales ou régionales qui peuvent aider sur ce sujet, les professionnels, les hôteliers… Pour répondre aux exigences du référentiel, il faut vraiment écouter les acteurs locaux. � Un intervenant dans la salle Ma question s’adresse à Jean-Pierre BŒUF : comment l’Office de tourisme d’Arles se positionnait-il dans cette démarche transversale Qualicities ? � Jean-Pierre BOEUF Nous sommes partenaires actifs au sein du comité local. Arles a cette volonté municipale depuis maintenant deux mandats : le patrimoine et le tourisme sont sous la délégation d’une seule personne, Christian MOURISARD, maire-adjoint au tourisme : c’est lui qui a mené ce dossier et l’a mis en chantier. Il n’y a pas de prédominance de l’office de tourisme sur le patrimoine. C’est un travail en commun avec mon collègue du patrimoine. Dans ce cadre, a été mis en place le comité local, sur une

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base bipartite, avec deux personnes qui ont du temps. Cette démarche a permis à des services qui cohabitaient, mais ne travaillaient pas ensemble, de mettre en commun leur politique. Par exemple, avec la direction générale des services techniques, des procédures ont été mises en place sur des questions touchant à l’entretien des rues. Le protocole permet de trouver des solutions concertées pour gérer un problème et éviter qu’il ne se reproduise. C’est un projet ambitieux, à améliorer, surtout dans une ville comme Arles (plus grande commune de France, 1500 employés). Mais, de la même façon que nous avons réussi avec les normes AFNOR, il est possible d’intégrer ces nouvelles méthodes qui profiteront à nos enfants. � Dominique IRVOAS-DANTEC Vienne veut peut-être apporter son témoignage sur Qualicities ? � André HULLO, Conseiller municipal délégué au patrimoine de la Ville de Vienne Vienne avait du retard dans la protection et la gestion du patrimoine. Grâce à l’engagement dans Qualicities, nous avons pu compenser ce retard, puis le rattraper, pour finalement être labellisés en 2008. Ce processus a permis un travail de transversalité entre les différents services - et aujourd’hui nous continuons à travailler dans ce sens. C’est une réussite au niveau du patrimoine, puisque nous avons lancé un plan patrimoine sur une quinzaine d’années, des réhabilitations, des restaurations de bâtiments antiques. La ville se transforme de façon extraordinaire. Le fait de participer à Qualicities dès 2004 nous a beaucoup apporté.

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" La re-fonctionnalisation des espaces dans la ville : le rôle des Jeux Olympiques de Turin 2006 "

Intervention de Monsieur Mario BURGAY Directeur du service tourisme et sports de la province de Turin, Italie L’enjeu des Jeux Olympiques En accueillant les JO à Turin, la ville, la province et la région du Piémont partageaient la volonté stratégique de diversifier leur économie pour ne plus dépendre exclusivement de l’industrie et de l’automobile en particulier. D’où le libellé plus précis de mon intervention : « la re-fonctionnalisation des espaces dans la ville et dans la province de Turin ». Quels étaient les enjeux de cet événement ? Accueillir les JO n’est pas une entreprise banale. La réussite des Jeux était évidemment le premier objectif à atteindre face au monde entier, et supposait une gestion exemplaire de la sécurité, des transports et des compétitions. Les problèmes du secteur touristique dans la province de Turin Valoriser et promouvoir l’image du territoire était essentiel : les JO ont occasionné une croissance significative des visiteurs. En effet, Turin est une ville industrielle, grise, entourée d’un ensemble d’équipements. C’est un peu comme l’image que j’ai de Detroit : peut-être est-ce une ville merveilleuse, mais elle est pour moi une ville industrielle. Hier, des collègues qui avaient visité Turin m’ont fait part de leur agréable surprise : la ville ne se résume pas à « métro boulot dodo ! ». Elle a été la capitale du duché de Savoie, détrônant Chambéry au milieu du XVIème siècle ; les ducs de Savoie ont créé une capitale européenne, réalisé du marketing territorial avant la lettre, du marketing de l’image vis-à-vis des autres royaumes européens. La Savoie en tant que département a été rattachée à la France il y a seulement 150 ans. Turin fut donc la capitale de cet Etat, puis celle du royaume de Piémont-Sardaigne, et pour quelques années la capitale du royaume d’Italie. C’était donc une capitale européenne, possédant un patrimoine digne de son rang, mais qui jusqu’alors n’était pas objet de promotion. La Reggia di Venari, résidence royale de Venaria (ville proche de Turin) a bénéficié d’une restauration de son patrimoine grâce à des fonds européens, comme un ensemble de palais royaux autour de la ville. Les jardins de Venaria avaient été créés par Le Nôtre, architecte des jardins de Versailles. Dans les années 50, elle a failli être détruite au profit d’HLM destinées aux ouvriers de Fiat. Même les Turinois n’avaient pas conscience de ce patrimoine exceptionnel ! L’enjeu des JO était de montrer au monde que nous n’étions pas seulement des personnes qui travaillent chez Fiat, mais que nous pouvions résoudre les problèmes du secteur touristique.

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Quels sont ces problèmes ? Il y a un produit montagne : en effet, la montagne de la province de Turin est à 80-90 kilomètres de la ville, et été a longtemps la destination des Turinois qui y avaient leurs résidences secondaires, ainsi que des hommes d’affaires, en lien avec l’activité industrielle de Turin. Du fait de la crise, la ville a vu se modifier sa clientèle touristique. En effet, la crise a provoqué une chute de ce tourisme, au profit du tourisme de loisirs. Le tourisme d’affaires, quant à lui, a évolué vers les congrès. A partir des années 90, les principales institutions de la province, de la région et de la ville ont choisi de miser sur le tourisme, élément de différenciation. D’après les statistiques, les premières années, la fréquentation reste stable, malgré les investissements. Mais cette stabilité est liée ici à la chute du tourisme industriel, compensée par une montée du tourisme de loisirs. Le territoire situé entre la ville et les montagnes n’était pas un espace touristique. Au Nord de la province de Turin, se trouvent le val d’Aoste et le tunnel du Mont-Blanc. A l’ouest, la montagne est le territoire des JO. La ville de Turin a accueilli les compétitions sur glace. Le Pô, le plus long fleuve d’Italie, traverse Turin, et son cours piémontais est un parc régional. Les alentours de Turin, au centre de la province, sont constitués de collines et de plaines agricoles. Le projet était de faire des JO un moteur de l’économie, et pas simplement une fête. Les acteurs ont été nombreux : il y a eu bien sûr le TOROC -le comité d’organisation des jeux olympiques- la ville de Turin3, la province, la région du Piémont, les villes accueillant les compétitions (les jeux étaient répartis dans six villes). Les JO ont été une belle occasion de diversifier et de repositionner le produit montagne. La montagne L’objectif était de positionner ces stations sur le marché international, alors qu’elles n’étaient que turinoises, et de renforcer leur image de tourisme d’hiver : nous en avons profité pour améliorer la qualité et l’offre d’hiver, en portant l’effort également sur le tourisme d’été, toujours dans un esprit sportif - beaucoup de VTT, de randonnée … Il fallait également requalifier les équipements d’accueil. Un technicien autrichien, venu pour les JO, a photographié les remontées mécaniques : elles étaient semblables aux remontées autrichiennes dans les années 50 ! Tel était le niveau des équipements... Les investissements pour les JO les ont beaucoup améliorés, améliorant également l’image de la région. Pour cela, des partenariats forts ont été mis en place avec le comité d’organisation, qui s’est doté d’une direction « relations avec le territoire ». La province a réuni l’ensemble des services impliqués : le tourisme, les transports, les communications, les routes, etc. afin de faire en sorte que les résultats soient territoriaux et économiques, et pas simplement sportifs. 1200 millions d’euros ont été investis pour les JO. De plus, d’autres ouvrages ont été financés à cette occasion : en particulier, l’achèvement de l’autoroute Turin-Pinerolo, commencée il y a 15 ans,

3 Doit être mis en place dans chaque site qui accueille des JO.

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permettant désormais d’atteindre rapidement les différents équipements, certaines infrastructures situées dans des vallées qui n’étaient pas concernées par les JO, ou des projets de second ordre, comme l’aqueduc de la vallée de Suse. Nous avons bien sûr réalisé la promotion des montagnes olympiques, mais aussi celle des destinations touristiques de proximité des années 20-30 (les riches Turinois s’étaient fait construire leurs villas art-déco dans ces montagnes où ils passaient de longs séjours). Ce type de tourisme a connu une forte crise, du fait du changement des modèles de consommation touristique et de l’augmentation de la concurrence à niveau international. Le plan de réaménagement du tourisme devait alors élaborer un nouveau produit, diversifié vis-à-vis de la « montagne olympique », en créant de petites stations à caractère plus familial, avec pour objectif de favoriser le tourisme de proximité. Des prix différents de ceux des grandes stations d’hiver devaient permettre de pérenniser les remontées mécaniques, et de maintenir la fonction sociale des stations d’hiver moins connues. Maintenir les habitants à la montagne, faire vivre le pays, c’est l’objectif. Les communautés montagnardes dans les vallées extra olympiques ont donc bénéficié d’un plan de requalification en matière d’offre touristique pour les sports d’hiver. Entre ville et montagne Le territoire situé entre la ville et les montagnes n’était pas un espace touristique, bien que riche en patrimoine. Certaines villes ont conservé un centre historique intéressant. Elles comptent de 10 000 à 30 000 habitants. Une fois par an, les villes présentaient leurs monuments lors de l’opération les villes d’art aux portes ouvertes, ce qui favorisa la prise de conscience par les habitants de leur qualité patrimoniale. La participation de la province de Turin au réseau AVEC, il y a une dizaine d’années, a fourni la méthode pour créer le réseau città di charme, dont le charme est une image marketing et surtout un objectif à atteindre… Nous avons proposé aux villes un pari : celui de devenir de vraies villes touristiques. La sélection des candidatures s’est faite en fonction des ressources et services touristiques. Investir dans le tourisme nécessitait une volonté politique. Dans les budgets municipaux, il est difficile de soustraire des fonds aux services sociaux, à la réfection des routes pour les imputer au tourisme. Mais pour nous, il s’agissait d’un élément distinctif. Nous avons fait de la formation, et abouti à un produit, un réseau. Nous avons récemment lancé une campagne avec les professionnels du tourisme et ceux du réceptif : les hôtels qui y participent accordent des réductions de 40% sur leurs chambres et les restaurants 20% sur leur menu aux clients qui passent au moins une nuit dans leur ville. Aujourd’hui, ce réseau ouvert de 12 petites villes propose un produit intégrable, qui permet de prolonger le short break à Turin. Ces villes, avec leurs résidences de Savoie et leur patrimoine, offrent une diversification aussi aux touristes de la montagne à un quart d’heure de voiture. La ville de Turin Turin était une ville d’affaires dont les fonctions ont été redéfinies en termes touristiques suite au changement de la typologie de touriste : de business à loisir. Il est évident que pour le touriste d’affaires, la qualité de l’hébergement est le plus important : il n’a souvent pas le temps de visiter les musées. En matière de tourisme de loisirs, les exigences changent : besoin d’hôtels de qualité mais à un prix abordable, de musées ouverts, de visites organisées, de parcours touristiques… Pensez que dans les années 70 à Turin, il y avait des hôtels qui fermaient durant le week-end, parce qu’il n’y avait personne : les gens venaient à Turin pour le travail. Aujourd’hui, le tourisme d’affaires existe toujours, heureusement, mais il faut pouvoir proposer 7 jours sur 7 une offre adaptée à un tourisme indépendant, inorganisé, de famille…

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Pour ce faire, il faut améliorer, promouvoir et personnaliser l’accueil. Turin a ainsi lancé un parcours-processus de planification stratégique. En 1995, la ville a adopté le piano regolatore, le plan d’urbanisme, qui a défini trois typologies d’intervention :

- La réorganisation du territoire, qui va de pair avec le changement de vocation touristique de la ville. Il faut créer non seulement des services mais aussi des infrastructures, donc réorganiser la mobilité interne.

- Il passante ferroviario est un projet grandiose qui consiste à ensevelir le tracé de chemin de fer

(il est encore en cours). Cela signifie reconnecter deux parties de la ville qui avaient été séparées et générer des relations entre quartiers de la ville qui ne communiquaient pas. Ce processus terminé laissera place à une promenade longue de 13 kilomètres du Nord au Sud, agrémentée d’œuvres d’art contemporain, (Penone, Mertz,…). La première ligne de métro a été créée -Turin n’avait pas de métro, bien que Mussolini y ait laissé l’espace suffisant sous la rue principale. Mais depuis plus personne n’en parlait. La première ligne, part d’une ville extérieure (Collegno), passe dans les deux gares, et arrive au Lingotto, qui sera le centre des conférences, des congrès et des foires de la ville de Turin.

Le système des transports publics et des parkings a été amélioré. Des transformations urbaines ont été entreprises, dont celle de la spina centrale, la zone ex industrielle de la ville le long du chemin de fer, bordée par des usines désaffectées. Tous les espaces y ont été aménagés pour l’habitat ou les services.

- A côté de l’infrastructure olympique et des équipements sportifs, Turin porte un projet banlieue : leur réaménagement pour transformer des quartiers dortoir en lieux agréables et plurifonctionnels. Symboles de la grande expansion des années 50 et 60 quand Turin avait atteint 1,3 million d’habitants (elle n’en compte plus que 900 000 aujourd’hui).

Nous nous sommes demandé comment reconvertir les équipements olympiques. Le TOP (Torino Olympic Park), créé à cet effet, est propriétaire de tous les équipements, même les plus difficiles à reconvertir. Par exemple, les pistes de bobsleigh coûtent des sommes énormes, même inutilisées. Elles contiennent de l’ammoniaque pour la glace et génèrent des problèmes de sécurité. L’investissement olympique a été de 1200 millions d’euros, dont 600 millions pour la seule ville de Turin. On en a conservé un héritage matériel, à savoir les structures pour les foires, les congrès et reconverti les infrastructures olympiques en habitations. Les villages sont devenus des collèges universitaires et des habitations publiques. Mais l’héritage a également été immatériel : une nouvelle image de la ville en Italie et à l’étranger. Qu’est-ce que cette identité immatérielle véhiculée par les JO a apporté ? Turin est devenue le centre de grands événements. A l’occasion des JO, la ville a démontré qu’elle possédait des infrastructures et qu’elle était capable de gérer un événement aussi complexe. Cela constitue un atout très fort pour candidater à l’organisation de différents événements internationaux. Turin a ainsi été capitale mondiale du livre et siège des J.O. des échecs en 2006, elle a accueilli les Universiades en 2007, le Torino World Design Capital et la conférence mondiale des architectes en 2008, l’exposition du Saint-Suaire en 2010 (rappelons qu’il est à Turin). Elle accueillera l’European Science Forum 2010 et les manifestations en lien avec le cent-cinquantenaire de l’unité de l’Italie en 2011. Par ailleurs, plusieurs événements très importants s’y tiennent chaque année : salon du goût, Terra Madre, Torino Film Festival, le salon du livre etc. L’envergure internationale de la ville ne se limite donc plus à Fiat, sa firme internationale. Les nouveaux défis sont les transports : terminer la première ligne de métro, construire la deuxième. Le TGV Turin-Lyon est en voie de concrétisation. Le TGV Turin-Milan est relié au TGV Milan-Rome,

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et donc au réseau de TGV italien en cours de réalisation. Italia 150, le cent-cinquantenaire de l’unification de l’Italie sera un événement très important. L’ensemble de ces évolutions structurelles ont été accompagnées par un effort d’amélioration des structures hôtelières et para-hôtelières telles les chambres d’hôtes. Nous avons ainsi assuré des actions de formation à l’attention des professionnels du tourisme, des chauffeurs de taxi : cours d’anglais, informations sur le territoire (histoire, culture, événements, shopping, etc.), formation aux techniques d’accueil… La province de Turin a ainsi eu un rôle déterminant dans le développement du territoire. Les résultats en termes de nuitées sont significatifs : 3 millions en l’an 2000, 5,3 millions en 2008, en dépassant le pic de 2006 lié à la tenue des JO.

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" Le nouveau marketing touristique et culturel "

Intervention de Monsieur Joël GAYET Directeur de Co-Managing Notre société est spécialisée dans le marketing territorial, le tourisme et l’identité (33 études identitaires de territoires ont été réalisées en 4 ans). Le tourisme urbain et culturel est au cœur du tourisme et à la pointe de son évolution :

• L’offre touristique et culturelle continue de se concentrer sur les villes (53% du nombre d'hôtels et 71 % de la capacité nationale, l’essentiel des équipements touristiques et de congrès, l’essentiel de la culture patrimoniale dont le patrimoine le plus prestigieux est classé à UNESCO).

• Le tourisme urbain concentre l'essentiel de la consommation touristique et se développe à

une croissance supérieure à la moyenne du marché (40 % de la consommation touristique en France pour moins de 30 % des nuitées des touristes français et étrangers).

• Les villes deviennent de plus en plus les « portes d’entrée physiques » naturelles des

destinations touristiques et améliorent leur accessibilité avec le développement des transports en train, avec les TGV, et en avion, avec les compagnies aériennes à bas coûts.

• Les villes sont l’expression de la culture « vivante » de la France (vs patrimoine du passé) en

phase avec les nouvelles attentes de découverte et de partage des touristes, et ce, beaucoup plus qu’avant.

• La notoriété et l’image des villes se développent, en particulier par rapport aux départements

ou aux pays touristiques. Exemple du « buzz » autour des villes qui domine la toile :

- Rennes possède un nombre de citations sur Google de 25,8 millions, contre 6,9 millions à l'Ille et Vilaine (48,2 à la Bretagne).

- Lyon bénéficie de 122 millions de citations contre 43,8 à Rhône et 30,7 à Rhône Alpes. - Strasbourg de 50,2 millions contre 7,2 au bas Rhin et 36,6 à l’Alsace. - Toulouse de 68,3 millions contre 7,7 à Haute Garonne et 23,6 à Midi-Pyrénées. - Marseille de 59,2 contre 8,4 à Bouches-du-Rhône et 32,3 à PACA. - Lille de 53,5 millions contre 11,2 à Nord Pas de Calais. - Cannes de 52,8 millions contre 7,7 à Alpes-Maritimes et 23,5 à Côte d’Azur…)

• Le "tourisme à dominante culturelle" et les courts séjours arrivent respectivement en 1ère et

2ème place dans l’image de la France à l’étranger.

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• Les villes se positionnent de plus en plus comme les "portes d’entrées identitaires" des

destinations touristiques (chaque fois que l’identité du territoire est forte, bien entendu) dans leur offre comme dans leur « concept » :

- « Dijon, capitale de la Bourgogne », - « Mulhouse, l’Alsace autrement », - « Marseille, porte de la Provence », - « Reims, le Champagne », - « Nantes, le souffle atlantique »/« porte d’entrée de la Vallée de la Loire et de la

Bretagne »/« Nantes et le Muscadet », - « Lyon, le Beaujolais, les Côtes du Rhône », - « Rennes, la Bretagne en capitale… une étape incontournable pour mieux appréhender la

réalité bretonne d’hier et d’aujourd’hui », - « Angers, porte d’entrée du Val de Loire… », - « Rouen, la Normandie impressionniste », - « Metz, Fête de la Mirabelle », - « Reims, Noëls de Champagne », ...

• L'offre est concurrentielle par rapport aux autres villes d'Europe :

- Au cœur de l’Europe, à proximité immédiate des plus gros bassins de population, - Excellente accessibilité sur les différentes clientèles européennes et les « hubs

touristiques » majeurs de la France : elle est bien placée, - Qualité des thématiques essentielles en termes de courts séjours (tourisme d’affaires,

gastronomie, art et culture, 1ère offre en Europe « Patrimoine mondial de l’Humanité » -patrimoine classé dans les villes ou à proximité immédiate des villes- avec l’Espagne, art de vivre, offre identitaire et rencontres avec les habitants ... etc.),

- Positionnement prix intéressant sur le cœur du marché en croissance (hors saison en week-end),

- 84 à 87 % de satisfaction selon les nationalités, sauf pour les Allemands, satisfaits à hauteur de 70 %.

• Le tourisme urbain et culturel, à travers les city-breaks notamment, est l’expression du

nouveau tourisme et de la nouvelle demande touristique :

- Eclatement du nombre de départs et développement des courts séjours / départ à moins de 3 heures,

- Clientèles leaders et qui augmentent le plus en nombre : CSP +, individuelles, urbaines (84 % des touristes européens vivront dans des villes en 2012), seniors (50% du tourisme mondial), business, marchés leaders actuels : Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Espagne, Pays Bas, Belgique, USA et émergents (Chine...). 54% des Européens partent en court séjour,

- Choix, souplesse et flexibilité extrême de l’offre (succès du « sur-mesure », des packages dynamiques…),

- Clientèle à la pointe d’Internet (les plus gros utilisateurs d’Internet et du Web 2.0, des blogs et des réseaux sociaux). En Europe, le taux d’équipement à Internet oscille entre 50 et 70%,

- Recherche de sens (apprendre et progresser, partage et échange avec les habitants, découverte de nouvelles cultures / identités, vivre des « expériences » émotionnelles ...),

- Recherche d’insolite, de nouveautés (développement spectaculaire des sites Internet qui font découvrir les villes autrement...).

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• La concurrence entre les villes européennes explose, surtout dans le tourisme urbain et culturel :

- Généralisation du tourisme dans les villes européennes, - Nouvelle concurrence, centrée sur le tourisme urbain et culturel des destinations

émergentes (Europe de l’Est, Scandinavie, ex-Yougoslavie…), - Repositionnement nouveau de certaines villes et stations touristiques européennes sur le

court séjour touristique.

Le tourisme est entré en hyper concurrence (l’offre devient supérieure à la demande (croissance deux fois plus rapide). Un nouveau marketing touristique et culturel est en train de se mettre en place, centré autour d'Internet et du Web 2.0. Un nouveau marketing touristique et culturel se met en place 1. Marketing de « l’hyper-qualité » :

• « Passer de la qualité à l’excellence », notamment :

- Généralisation des démarches qualité (les hôtels moyens disparaîtront), - Intégration de la durabilité, souvent centrée sur la protection de l'environnement, avec des

critères lisibles à l’international, - Elévation de la qualité de l'information, - Prise en compte des évaluations des clients sur Internet, - Financement de l’immatériel (marque, promotion...) dans les critères des aides publiques, - Mise en œuvre de « formations-actions » opérationnelles, - « Mise en communication » des signes et cautions de la qualité, - Intégration de la durabilité, souvent centrée sur la protection de l'environnement, avec des

critères lisibles à l’international. Exemple de Tripadvisor qui propose des courts séjours selon la quantité d’essence consommée. Les schémas de développement touristique sont généralement déconnectés du durable, le marketing le développe de plus en plus, avec des référentiels de qualité durables comme ISO 9001 dans le Valais (Suisse), Valais excellence (fournit des informations écologiques, emploie des locaux). Center for Sustainable Destinations de la National Geographic Society.

• Le tourisme urbain et culturel peut se positionner comme la destination la plus durable :

- Equilibre le mieux les résidents et les visiteurs, - Utilise le plus les transports en commun (dont le train), - A les retombées moyennes les plus élevées et les plus larges en termes de commerce et

d’activités, quelles que soient les motivations des séjours, - Permet le plus de valoriser et promouvoir les produits et talents d’un territoire, - Entraîne le plus de contact entre habitants et visiteurs (tourisme de partage et de

participation), - Fréquentation touristique la plus équilibrée dans le temps (étalement toute l’année), dans

l’espace (qui irrigue le mieux le territoire autour ou à côté de lui) et dans les clientèles (mixité de clientèle en termes de profil et d’origine, jeunes et vieux, individuels et groupes, loisirs et business. etc.),

- Crée le plus d’emplois durables, à l’année/le plus faible taux d’emplois saisonniers, - Amène le plus de progrès et d’enrichissement des hommes, habitants et voyageurs.

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• Quelques exemples d'élévation de la qualité de l'information :

- Exemple de la mesure du bruit sur Noisemapping dans le choix d'un hôtel, - Exemple : cartographie urbaine multimédia renseignée avec Urban Hist à Toulouse (SIG

patrimoine accessibles à tous publics avec plus de 16 000 fiches et 10 000 images d’édifices toulousains renseignés, l’ensemble des chantiers de fouilles (1% de la ville), cadastre de 1680 sur le centre ancien de Toulouse…,

- Exemple du Tech Museum de San Jose : Dès 2005, intégration du système de radiofréquence (RFID). Le ticket d’entrée remis contient une puce et ceux qui le souhaitent peuvent le passer devant une borne reliée à une œuvre ou à une attraction qui les intéresse. Le numéro de série s’enregistre alors dans le serveur du musée. De retour chez eux ou à l’école, en saisissant le numéro de série de leur ticket sur le site web du Tech, les visiteurs sont en mesure de retracer leur parcours au sein du musée et d’accéder à des compléments d’information personnalisés selon les attractions qu’ils ont visitées et gardées en mémoire dans le ticket,

- Exemple de CallACab (développé pour Google Android). Le logiciel localise la personne qui a le téléphone et le taxi le plus proche. On clique pour appeler,

- Exemple avec le site du Château de Versailles : le site propose la visite virtuelle de la galerie des Glaces,

- Exemple de LifeClipper à Bâle : le promeneur marche dans la ville comme s'il était dans un jeu vidéo ou dans un décor de cinéma. Le scénario, le décor virtuel, les sons changent selon l'endroit où il se trouve dans la ville. Le mot « visite guidée » prend ici une nouvelle dimension,

- Exemple de CityZeum en partenariat avec SFR. Disponible sur le portail de l'opérateur, le service permet de visualiser sa position géographique et les sites touristiques aux alentours. Le site regroupe 392 guides, 38 322 sites touristiques et hôtels, 1700 audio guides mp3. Plus de 15 000 voyageurs sont inscrits dans la communauté Cityzeum,

- Exemple du château de Versailles évalué sur Tripadvisor : après l'hébergement, l'évaluation s'étend sur toutes les offres culturelles et de loisirs,

- Exemple de notation du château d’Amboise sur Cityvox, - Exemple de la page dédiée à Trip Advisor sur le site web de l’OT de Londres: le site propose

une catégorie « People Like you » avec une rubrique qui renvoie à une page dédiée exclusivement aux avis importés de Trip Advisor,

- Exemple des vidéos You Tube intégrées directement au site de l’OT de Copenhague : des habitants proposant leurs bons plans sont interviewés, et les vidéos sont publiées sur You Tube puis récupérées sur le site institutionnel de l’OT.

2. Marketing de marque créateur de plus de valeur ajoutée : marketing du sens

• Fondé sur l’identité des lieux et des sites Exemple d'une gamme chromatique à partir de l'identité d'un territoire.

• Autour de marques plus fortes avec la remise de l’humain au cœur du tourisme (habitants,

salariés et acteurs professionnels et clients). Un nouveau marketing touristique et culturel se met en place. Quelques exemples :

- la ville d'Amsterdam (« I Amsterdam » en lettres de taille humaine dans la ville), - la ville de New York, - le Musée of Modern Arts de New York qui a créé sa chaîne de vidéos sur You Tube avec des

mini-reportages de 30 secondes dans lesquels les employés racontent leur métier, présentent une toile ou leur vision du musée, permettant ainsi de découvrir les coulisses de l’établissement,

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- TravBuddy, un site collaboratif d'échange qui met en relation et rassemble tous les types d’informations touristiques (blog, témoignages, TV, photos) issues des habitants et des voyageurs sur différentes destinations,

- like-a-local.com, site qui propose de vivre des expériences originales dans les principales villes d’Europe (avec commentaires de ceux qui l’ont fait) / « Meet a local and be surprised by their secret addresses in the city » / « Live in unique places; from a houseboat in Amsterdam to a loft in Barcelona » / « Dine with a local at their home, taste and experience the local atmosphere »,

- « Cities I have visited » application de Trip Advisor sur Facebook, permet à un utilisateur de partager ses bons plans dans les villes qu’il a visitées avec ses amis, sur Facebook (1 607 589 utilisateurs actifs par mois sur cette application)

3. Marketing plus affinitaire Un marketing de l’« hyper-segmentation », notamment :

• Organisé autour des univers motivationnels des communautés de clientèles visées, de la structuration et la qualification de l’offre à la promotion et à la communication, en passant par la politique de prix ou l’organisation des acteurs du tourisme. Exemple avec l’OT de South West England : la page d’accueil renvoie vers des sites thématiques aux univers graphiques différents.

• Avec une approche personnalisée appuyée sur une large gamme d’offres. Exemple de l’outil

de recherche de destinations et d’hôtels de Ving (TO suédois) : l’internaute choisit tous les paramètres (prix, température, shopping, visites, divertissements,…) et l’outil propose les destinations et les hôtels qui correspondent.

• Orienté vers des clientèles nouvelles, spécifiques, sur le week-end, en hors saison (stratégie

durable, offre moins chère, en phase avec l’offre hôtelière actuelle des villes...). 4. Marketing de la relation personnalisée

• Centré autour d’Internet et des nouvelles technologies :

Exemple de la démarche du Soho Grand Hotel : le General manager envoie un courriel personnalisé à tous ses clients à la suite d’un séjour dans l’hôtel. Il les invite à commenter leur expérience sur TripAdvisor si elle est positive, et à lui écrire directement un commentaire si elle est négative ! (Exemple communiqué par M. Charron, Directeur Europe de Tripadvisor, lors de la conférence prononcée dans le cadre du PhoCusWright - ITB Travel Technology à Berlin, le 8/3/2007).

• Politique forte de fidélisation autour de « communautés » dans un esprit de club :

- Exemple de la page Facebook du MOMA à New-York : 138 504 fans ! Le musée annonce ses expos et ses évènements que les membres peuvent commenter ainsi que le contenu posté sur d’autres réseaux sociaux, par exemple ici ses nouvelles photos sur Flickr,

- Les sites marchands rachètent les sites collaboratifs (expedia rachète tripadvisor).

• Communication ludique, interactive, collaborative et « virale » : Exemple du jeu "Le Code Perdu" du Musée de la Civilisation du Québec : le concours permet de visiter 3 lieux historiques du Québec sous forme de jeu d’enquête. Le joueur incarne un agent chargé de mener une enquête pour retrouver un historien disparu et épaulé par un scientifique farfelu, Léon Groleau. Il doit résoudre des énigmes à l’aide des outils de zoom et de déplacement de caméras.

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• Messages qui « racontent » une destination et proposent à ses clients de partager une

expérience unique... 5. Marketing partenarial – Un « co-marketing »

• Mutualisation généralisée du « back office » (base de données, photothèques, logiciels de fidélisation, benchmark et veille....),

• Une organisation par expertise avec mise en réseau des acteurs et des experts,

• Actions de conquêtes par affinités et par « coopétition » dans la construction, la promotion

et la commercialisation de l’offre avec les autres sites et territoires, les producteurs, les distributeurs, les concurrents et les clients !

Trois exemples : - Le partenariat entre Open Table et l’Office de tourisme de New York : à partir du site

de l’office de tourisme, on peut réserver en ligne un restaurant en étant redirigé vers le site d’OpenTable, centrale de réservation de restaurants.

- Le tour-opérateur spécialiste de l'Espagne CCEE : marque blanche avec le groupe NRJ dans le cadre d’un partenariat exclusif où il fournit aux différentes cibles des portails Web des quatre radios (NRJ, Chérie FM, Rire et chansons et Nostalgie) des offres de voyages appropriées en packages dynamiques, en fonction des événements musicaux et culturels mis en avant (concerts, festivals…) par chaque station.

- Center Parc et Lastminute en Angleterre : les internautes britanniques peuvent désormais réserver en ligne un séjour dans l'un des quatre villages anglais de Center Parcs Groupe sur Lastminute.co.uk. et non plus obligatoirement sur le site de la marque.

• Développement de nouvelles stratégies de marque (licensing, cobranding de territoires et de

produits...).

ECHANGES AVEC LA SALLE � Un intervenant dans la salle Je crains que l’optimisation des services et la commercialisation de l‘hospitalité que vous décrivez réduise la dimension humaine du tourisme. � Joël GAYET Je pense exactement l’inverse, mais je n’ai pas réussi à vous convaincre et à le démontrer. Quand on met en liaison un habitant avec quelqu’un d’extérieur, on est dans l’anti formatage par rapport à un guide touristique professionnel : on crée l’inattendu, on crée des rencontres de passions. Assister à cette relation vous convaincrait peut-être. Que faites-vous lorsque vous revenez de vacances ? Dites-vous à vos amis : « je suis allé à Venise, je vais t’expliquer, la tour St Marc »… pas du tout ! Vous dites « je connais un petit bistrot dans un coin », ou « j’ai découvert un truc, un matin lève-toi à 6 heures, il y a le lever du soleil »… Vous racontez le tourisme, vous ne le décrivez pas ; les gens du tourisme décrivent. Or ce marketing raconte. Je peux vous communiquer les coordonnées de sites qui racontent l’inattendu, l’insolite, le secret : le Montpellier secret que vous ne connaissez pas par les

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guides. Vous dites toujours à vos amis « surtout ne m’emmènes pas dans un restaurant touristique ». C’est exactement ça. Je crois au contraire que quelque chose va dans le sens de votre souhait : renforcer la passion humaine. � Théodoulitsa KOULOUMBRI, chargée de mission tourisme, Communauté d’Agglomération St-Denis Plaine Commune Nous avons vécu à St-Denis une situation proche de celle de Turin avec la coupe du monde de football 1998. Comment avez-vous valorisé le patrimoine industriel en tant que mémoire vivante ? Quelles ont été les retombées économiques réelles pour Turin dont la population a tant diminué ?

� Mario BURGAY, directeur du service Tourisme-Sport de la Province de Turin, Italie

Il s’agit d’un phénomène très complexe, que je n’ai pas abordé de façon exhaustive dans ma présentation. Le rapport avec les gens s’est établi via le comité d’organisation TOROC, et des institutions représentant les habitants, au contraire de certaines grandes manifestations qui restent fermées sur elles-mêmes. Mettre en relation les habitants a été notre priorité. Prenons un exemple extérieur aux JO, mais à l’ordre du jour: le TGV de la vallée de Suse, bloqué pendant plusieurs années par manque de concertation. Le précédent gouvernement Berlusconi a voulu imposer le commencement des travaux, ce fut une catastrophe : il y a eu une révolte. A ce moment là s’est ouvert un observatoire réunissant les communautés locales et les représentants organisationnels. Peu à peu, un accord est intervenu. Ce que nous cherchons à faire, c’est associer investissements, infrastructures et formation des professionnels du tourisme (formation des chauffeurs de taxi, systèmes de qualité pour les hôtels et les chambres d’hôtes, pour les restaurants etc.). Certaines friches industrielles ont été abattues et remplacées par des logements, d’autres ont été conservées et ont changé de fonctions : l’officina grande motori, atelier de réparation des grands moteurs ferroviaires, est devenu un grand centre culturel. La chambre de commerce a mis en place des projets de tourisme industriel. Ainsi, les touristes peuvent visiter les sites des industries de pointe (aérospatiale, centres de recherches). � Dominique IRVOAS-DANTEC, Directrice de l’Office de Tourisme et des Congrès de Rennes Métropole, secrétaire générale de la CNPTU Il serait peut-être intéressant de savoir ce que pense Stéphane Juguet, qui est intervenu hier, entre autres, sur le city breaker, de l’exposé de Joël Gayet. � Stéphane JUGUET, anthropologue, Société "What Time Is It" Je vais essayer de répondre « à chaud », en tentant de faire le lien avec la première question. J’ai l’impression que deux visions s’affrontent, je les retrouve dans le domaine de la mobilité : hyper mobilité et alter mobilité ; pour moi la vraie mobilité est la capacité d’embrayer entre ces deux mondes, l’hyper mobilité et l’alter mobilité. Votre présentation donnait l’impression que l’on va vivre dans un monde de l’hyper connexion, où l’on est dans une relation hyper-médiatisée. De l’autre côté, dans votre réaction, madame, vous évoquez un tourisme non pas médiatique mais authentique, une relation moins médiatisée et plus immédiate. Je trouve cela intéressant car il y a une tension entre deux valeurs : un tourisme de l’hyper connexion face à un tourisme de la déconnexion. Je pense qu’il ne faut pas oublier que l’on peut certes être équipé de tous les outils, mais qu’en vacances, on peut vouloir échapper à ces liens et réseaux technologiques qui nous rattachent à la vie quotidienne. En même temps, j’apprécie aussi d’avoir accès à des services numériques.

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Ce sont deux dimensions imprescriptibles dont aucune n’est à survaloriser. Deuxième remarque : attention à la figure du city-breaker ! Vous l’avez présenté comme une figure de type CSP+, et le city breaker n’est pas que cela. Sinon, on constituerait une offre uniquement pour les personnes qui en auraient les moyens, aboutissant à un tourisme à deux vitesses : d’un côté avec ceux qui n’auraient pas accès au numérique, et de l’autre avec ceux qui y auraient accès, et bénéficieraient d’un accès à la vacance, cette capacité à créer du vide. Il y a des attentes de ce côté-là, mais il ne faut pas oublier les out, ceux qui sont dans une rupture à l’égard du numérique, et qui, eux aussi, ont droit à leur city break. Vraiment, j’ai apprécié votre intervention, autant que celle de la personne qui a éveillé en moi ces questions. Je « lutte » dans mon secteur, le domaine de la mobilité, contre une dérive « libérale » qui condamnerait à l’hyper mobilité. Je revendique un droit à l’alter mobilité, à la lenteur, à la contemplation, et pas seulement à la vitesse et à la performance. � Joël GAYET En général, je souscris à ce que vous venez de dire mais, je ne crois pas aux deux aspects, je crois que c’est le même. Je ne crois absolument pas à cette segmentation. Sur un plan factuel, nous serons de plus en plus connectés jusqu’à atteindre 99%, évolution que je trouve très positive. Mais je ne ferme pas l’œil sur ce que vous avez noté de négatif. Pour moi, l’enjeu est : peut-on se déconnecter ou pas ? Oui. C’est un débat extrêmement intéressant, mais la connexion est d’abord l’amélioration de l’information. Pour moi, plus il y a d’information, et je parle de démocratie plus que de tourisme, plus l’on est à même de juger. Mais la question est alors « est-ce que je peux me déconnecter ? » ; aux USA, contre la tentation Big Brother, des outils sont inventés contre le pistage à travers le mobile en supprimant le nom de l’usager des bases de données. Mais sur le débat connexion-déconnexion, je partage tout à fait votre souci et votre remarque. Deuxième point : je travaille actuellement à Bruxelles. Là-bas le problème est l’existence d’un fossé énorme entre les gens qui n’ont aucun moyen, déconnectés de tout, et un extraordinaire développement qui bénéficie à des gens très qualifiés. Je travaille sur une stratégie globale de la région Bruxelles capitale. Comment associer ces chômeurs au développement, quel rôle peuvent-ils jouer ? Il faut rapprocher cette expérience de celle des quartiers Nord de Paris, avec des visites guidées par les habitants. Je suis extrêmement enthousiaste, car cela rétablit du lien social, et affaiblit l’idée que le développement touristique ne sert pas à ceux qui ne sont pas qualifiés. Quant à la cible, pardon d’avoir caricaturé sur les CSP+. Il y a par exemple une cible très intéressante pour le tourisme urbain dont je n’ai pas parlé : les jeunes étudiants. J’ai caricaturé parce que le poids de ces clientèles est aujourd’hui très important statistiquement. Je vous accorde bien volontiers que la cible est plus large. � Un intervenant dans la salle J’ai apprécié ce que vous disiez sur les sites collaboratifs, mais votre démonstration finale m’interpelle. L’intérêt des sites collaboratifs est qu’on peut avoir des avis positifs et des avis négatifs. Or, vous nous avez démontré qu’on peut les détourner à des fins promotionnelles, puisque les avis négatifs arrivent directement chez l’hôtelier et que les avis positifs arrivent sur Trip advisor. Comment se protéger, pour que les sites collaboratifs le restent ? Ils vont perdre leur crédibilité si Expedia les rachète. Comment faire en sorte qu’il la garde s’ils sont détournés au profit des avis positifs ? Cette question de crédibilité m’inquiète, car je suppose qu’avec la technologie, on peut submerger les sites d’avis positifs, en évacuant les avis négatifs.

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� Joël GAYET Je rajoute un complément: comment éviter les avis malveillants ? J’ai eu l’occasion de rencontrer les dirigeants de Trip advisor. Deux remarques : analysons d’abord les chiffres des statistiques intérieures de Trip advisor : comment les notes 1 à 5 se répartissent en pourcentage ? 80% des avis sont positifs et 20% négatifs (11% pour la note 1 et 9% pour la note 2). Les hôteliers ont peur de Trip advisor, mais ils oublient que c’est un site où les gens viennent en général dire leur satisfaction. Ce chiffre complète votre information. Je crois que, pour l’exemple que je vous ai donné, il ne s’agit pas de manipulation: si l’hôtelier a un mauvais accueil, il sera critiqué avec ou sans e-mail sur les sites. Orbitz est numéro 3 mondial, concurrent de Trip Advisor. Il n’y a plus un Tour Opérateur en Europe qui ne soit pas ouvert au témoignage, même s’il s’agit de celui d’un client mécontent. L’intérêt de l’exemple est de montrer que ces outils favorisent la qualité, car se préoccuper de la qualité et de l’avis des clients me paraît intéressant. Je ne vois pas comment on peut empêcher un témoignage. Je m’inquiète davantage des témoignages malveillants contre lesquels les sites mettent en place des protections imparfaites (fiches, e-mail obligatoires). Des témoignages datant de 5 ans ne sont plus valides parce que l’établissement a changé. Le drame de ces outils est que les hôteliers européens, et notamment français, ne répondent pas aux critiques. Conséquence : partout dans le monde vous retrouverez la critique à laquelle vous n’aurez pas répondu. Aux USA, une critique même ouvertement malveillante susciterait une réponse immédiate (exemple du Sofitel de New-York). Je connais mieux cet aspect concret, et pense que l’intérêt d’Expedia est de garder sa crédibilité à Trip advisor. � Un intervenant dans la salle En tant que professionnelle institutionnelle représentant un office de tourisme, j’estime que nous ne pouvons pas rester à l’écart de ces grandes tendances. Nous devons maîtriser cette technologie pour l’adapter à notre travail : développement durable, relation entre nos collaborateurs et les clients. Les offices de tourisme ne sont plus les seuls intervenants du tourisme, ce qui nous oblige à nous approprier les nouvelles technologies. � Joël GAYET Vous n’appartenez pas au secteur privé, vous avez une carte à jouer, comme vous le remarquez : vous pouvez vous permettre de dire un certain nombre de choses. A mon avis, il faudra cependant adopter un discours différent reposant sur une démarche citoyenne.

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« Le projet Euriage, plate-forme mutualisée de promotion touristique des membres du réseau AVEC »

Intervention de Monsieur Jean-Pierre BŒUF Directeur de l’Office de Tourisme d’Arles Je souhaiterais vous présenter les nouvelles fonctionnalités du site Internet de l’Office de tourisme d’Arles, créé en 2001, qui reçoit aujourd’hui 508 000 visiteurs uniques (chiffres de 2008) : soit entre 30 000 et 55 000 visiteurs uniques par mois, une progression globale annuelle de 9 à 10%, 3 millions et demi de pages consultées et 168 000 documents téléchargés. Autant dire que nos métiers de promotion se sont totalement modifiés en quelques années. En 2001 il n’y avait que du papier, il a fallu revoir nos codes de travail. L’OT a un excellent référencement sur Google, premier en première page. D’après Public et Culture, à qui nous avions confié une étude qualitative sur la clientèle et la fréquentation de nos monuments et musées, un voyage à Arles se prépare dans 20% des cas à partir de notre site Internet, contre 7% en moyenne. L’apport du projet européen MEMO : l’outil Euriage Le site Internet est notre premier outil de promotion, et notre meilleur retour sur investissement, compte tenu du nombre de personnes touchées. La plate forme Euriage est issue du projet européen Memo (entre 2005 et 2007), initié à l’origine par la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) Nice Côte d’Azur (organisatrice des tourism@awards, prix internationaux remis à une entreprise travaillant dans le domaine de la technologie et du tourisme). Memo, site mémoire du monde, avait été primé car il recevait 1 million de connexions de curieux d’histoire. La CCI s’est demandé comment l’exploiter. Au travers d’un projet européen, elle a choisi la ville d’Arles pour travailler sur cette promotion et mise en commercialisation via Internet. Nous travaillions dans ce domaine depuis des années. Avec Christian Mourisard, notre président et président d’AVEC, nous avons intégré dans le projet les villes de Tolède, Pecs et Olomouc (ville tchèque qui a quitté le réseau depuis). A l'issu du projet MEMO et après deux ans de collaboration supplémentaires entre Arles, Médiawelcome et Cybèle Production, a été créé le concept d’Euriage, qui est une plate-forme mutualisée d’agrégation et de diffusion de données et non un site Internet. Aujourd’hui, les clientèles se recentrent sur la France et l’Europe. Nous avons donc tout intérêt à mieux mettre en avant notre destination. Les distributeurs s’interrogent face au recentrage des clientèles sur les destinations proches, pour des raisons économiques ou de développement. La plate-forme Euriage permet de promouvoir un territoire dans sa globalité, c'est-à-dire la ville et la campagne alentour, ce qui est d’ordinaire difficile. Elle est unique par la multiplicité des prestations qu’elle propose : prestations sèches (hôtellerie, location de voitures, billetterie) ou assemblées. Elle permet de vendre des circuits thématiques ou à la carte. Elle est connectée directement à l’offre accessible sur Internet. Enfin, elle dispose d’un système de traduction semi-automatique. Son point fort est la mise en commun des compétences maîtrisées par plusieurs entreprises. Parmi elles, Media welcome, entreprise e-tech repérée par la CCI, qui possède dans son portefeuille client des entreprises privées comme Thomas Cook Europe, Carlson wagons-lits, Asia...

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Sa technologie s’est adaptée à notre problématique institutionnelle en présentant la totalité des établissements. Media welcome maîtrise les parties base de données, interconnexion, web-planning, réservation des produits, carte interactive et géo localisation. Memo travel, découlant du projet Memo, a réalisé l’innovante traduction semi-automatique en ligne. Visages s’est attelée aux visites virtuelles de la ville. Digitik se charge de la billetterie en ligne. Mais l’information est la base de la plate-forme. Derrière la technologie, l’important est le contrôle de l’information, sans quoi le site serait une coquille vide. La plate-forme a été alimentée par la base de données départementale Patio, le site Memo (mémoire du monde) et la base de données "patrimoine" de la ville d’Arles. Outils de promotion du territoire La carte interactive est un outil de promotion du territoire, avec géo positionnement des points d’intérêt touristique. Le système de géolocalisation repose sur "bing" logiciel Microsoft (anciennement Virtual earth), concurrent de Google earth. La différence avec ce dernier, que présentait Hugues Aubin, est qu’il n’y a que des informations placées par l’Office de Tourisme. Si n’importe qui pouvait placer une information, se poserait le problème de la visibilité/lisibilité de l’offre et de son objectivité relative. La carte interactive permet de visualiser la totalité de notre offre, les hôtels, les restaurants, de se tracer un itinéraire… L’objectif des visites virtuelles était de s’immerger dans la destination avant de partir. Prenons l’exemple du marché d’Arles, le plus grand de Provence. Mon souci était de vendre du concret, car le produit touristique, contrairement aux autres produits (un bien de consommation, un produit alimentaire), ne peut être testé avant d'être consommé. Nous vendons du rêve. Avec ces visites immersives, le rêve devient presque réalité, chacun peut goûter par avance sa destination. Stéphane Juguet disait hier à propos du city breaker, « la ville est un médiateur qui permet de raconter des histoires », ce qui est l’objectif de ces visites, puisqu’on peut passer une demi-heure à se promener dans la ville : nous sommes des « éditeurs urbains » (sic référence au texte de Stéphane Juguet) proposant futile et utile. Futile : il est possible de se promener dans la ville et d’oublier la raison de la venue, peut-être acheter. Utile puisqu’à partir de cette interface on peut réserver son séjour.

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Notre système de traduction permet de traduire automatiquement une page Internet ou un site en maintenant l’ensemble des liens. Auparavant, il fallait recourir à un traducteur puis envoyer le texte sur Internet. La traduction s’effectue sur Memo travel, les erreurs représentant souvent moins 15% du texte (en fonction de la syntaxe, de la rédaction, du langage technique utilisé qui au fur à mesure vient nourrir un dictionnaire). La présentation interactive offre des circuits de visite. Le visiteur pourra élaborer son propre circuit et l’installer sur GPS, en format PDF ou sur son PDA. Le montage d'un circuit à la carte et la réservation en temps réel fonctionne. Dans un second temps nous intégrerons les autres formes d'hébergement : chambres d’hôtes et meublés de tourisme notamment. Commercialisation du territoire L’Office de Tourisme ne souhaitait pas lancer une centrale de gestion complètement intégrée. Il estimait ne pas en avoir les moyens humains et financiers. Nous souhaitions proposer un service presque automatique : Euriage correspond parfaitement à ce souhait: c’est un web service souple. A présent, c’est l’hôtelier qui gère la totalité de sa fiche, y compris la partie descriptive. En effet, celui-ci est mieux à même d’attirer les clients dans son hôtel que le ferait l’Office de Tourisme. Cela renvoie aux émotions et sensations dont on a déjà parlé. Bien évidemment, nous avons mis en place un groupe de contrôle pour éviter tout débordement, ce qui est plus facile à réaliser dans une ville moyenne comme Arles (50 000 habitants), où l’on se connaît personnellement. L’offre est plus adaptable, modulée en temps réel (prix et disponibilités). L’adaptabilité permanente de l’offre nous semble essentielle. L’hôtelier peut, en temps réel et à tout moment, modifier le volume du stock proposé, changer le prix de sa chambre, et gérer de cette façon les désistements et annulations, même en plein été. La partie billetterie-monuments-sites-pass musées sera intégrée au site, comme les produits à la carte et les produits pré packagés. L’internaute ou le client aime composer lui-même son produit : le service met en synergie plusieurs prestations que les clients peuvent combiner, avant de remplir une fiche de réservation, associant en circuit les monuments payants et gratuits. Ce type de technologie a été développé par Media welcome sur le site Asia. Quant aux produits pré packagés, ils venaient d’un constat de l’OT : quid des produits individuels ? Ils ne sont pas rentables mais permettent de réaliser de la promotion. L’idée de départ du projet Memo était de commercialiser une offre individuelle automatisée ou semi-automatisée, par Internet, afin de réduire le travail de nos conseillers en séjours, satisfaire nos clients et faire en sorte que la vente de ces produits, si elle ne dégage pas de bénéfice, au moins elle ne coûte pas. De plus, les tarifs hôteliers sont plus adaptés, comme on l’a vu. Nos hôteliers ont très vite compris tous les avantages du système qui leur permet, en fonction de leurs taux d'occupation prévisionnel, et ce jusqu'au dernier moment, de proposer une offre adaptée au marché pour un week-end ou un séjour. A côté de cette vente à prix attractif, ils tenteront, lors du séjour du client, de lui vendre d’autres prestations : petit déjeuner, spa… Ainsi, nous attirerions peut-être des Lyonnais pour des weekends bon marché. Nous proposons du « one to one », comme le préconise Hugues AUBIN. Chacun construit son univers à partir d’une offre originelle.

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Cohésion au niveau régional La particularité de cette plate-forme est de s’interconnecter et de s’intégrer à l’existant. Souvent les bases de données sont « horizontales », l’OT fait sa promotion seul. Or, la plateforme Euriage est "verticale" et permet de s'interconnecter à tous les systèmes de distribution. Il faut aller vers une interconnexion des données. Cela passera par des tours operateurs ou d’autres réseaux, mais l’erreur serait de ne pas se diriger vers cette offre. Nous, organismes du tourisme institutionnel, devons nous y préparer. La plate-forme le permet. Elle fonctionne avec les bases de données Sitra de la région Rhône-Alpes, et Patio, des Bouches-du-Rhône. De Nice, on peut choisir d’aller à Barcelone : toute l’offre est interconnectée. Nous devons répondre aux attentes des élus tout en intégrant les sites collaboratifs. Je voudrais conclure sur deux choses.

- Premièrement : l'intérêt d'appartenir à un réseau européen tel l'Alliance de Villes Européennes de Culture (AVEC) est de pouvoir échanger des points de vue, des méthodes, et de partager des expériences avec d'autre villes. C'est au travers d'AVEC que nous avons mené trois projets européens : Qualicities, Memo et Euriage. Un quatrième projet viendra les compléter, Ecopass. Il tentera de répondre à la question : que coûte et rapporte le patrimoine ?

- Deuxièmement : l'intérêt d'Euriage est d’articuler une carte interactive avec géo-localisation,

un web planning hôtelier et la possibilité de mettre en ligne des billetteries, la réservation de sites, le montage de produits à la carte, de produits thématiques ou pré-packagés, et la traduction semi-automatique de notre site.

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ANNEXES

- Lettre de M. Daniel DELAVEAU, Maire de Rennes, Président de la Communauté d’Agglomération de Rennes Métropole

- Lettre de M. Christian MOURISARD, Adjoint au Maire

d’Arles, délégué au patrimoine et au tourisme, Président de l’Alliance de Villes Européennes de Culture

- Documents présentés par M. Rémy KNAFOU, Professeur émérite à l’Université Paris 1- Panthéon-Sorbonne, Président de l’ADRETS (Association pour le Développement de la Recherche et des Etudes sur les Tourismes), Chef de projet du Mémorial du Camps des Milles (Aix-en-Provence)

- " Tourisme urbain en Europe" - "Une hiérarchie du tourisme urbain en Europe"

- Présentation de la Conférence Nationale Permanente

du Tourisme Urbain

- Présentation de l’Alliance de Villes Européennes de Culture et du label Qualicities

- Liste des participants au colloque

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Lettre de Monsieur Daniel DELAVEAU Maire de Rennes, Président de la Communauté d’Agglomération Rennes Métropole

« Mesdames, Messieurs, Je tenais à vous exprimer tous mes regrets de ne pouvoir vous accueillir ce matin. Mes obligations de Président de l’Assemblée des Communautés de France me conduisent à ce jour à la Conférence Nationale des Exécutifs, instance de concertation entre le Premier Ministre et les collectivités territoriales. Je souhaite vous remercier vivement d’être venus si nombreux depuis toute l’Europe afin d’enrichir nos réflexions communes. Je remercie aussi l’Alliance de Villes Européennes de Culture et la Conférence Nationale Permanente du Tourisme Urbain d’avoir initié cette manifestation qui entend porter l’attention sur la transversalité des champs d’intervention en matière de tourisme urbain, de patrimoine et de qualité urbaine. C’est une problématique qui nous intéresse depuis bien longtemps à Rennes Métropole et elle fait partie intégrante de nos politiques publiques. Nous considérons en effet que qualité architecturale et qualité urbaine et patrimoniale sont des composantes du « Vivre ensemble ». Nous devons considérer nos habitants comme nos premiers hôtes parce que la cohésion d’un territoire est aussi facteur d’attractivité. Je pense qu’il sera donné à Jean-Yves Chapuis de vous présenter quelques-uns des projets essentiels pour notre agglomération. Enfin j’aimerais mettre en valeur une conception élargie du patrimoine qui peut être ancien, contemporain, naturel, culturel voire aussi immatériel. Mais en tout cas nous savons qu’il participe au rayonnement d’une ville, d’un territoire. Le rayonnement de Rennes et Rennes Métropole est notre ambition, et vous y contribuez tous aujourd’hui. Je vous en remercie et vous souhaite un très bon colloque ». Daniel DELAVEAU Maire de Rennes Président de Rennes Métropole

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Lettre de Monsieur Christian MOURISARD Adjoint au Maire d’Arles délégué au patrimoine et au tourisme, Président de l’Alliance de Villes Européennes de Culture « Madame, Monsieur, Chers collègues, Chers amis, Je vous prie de bien vouloir excuser mon absence aujourd’hui. J’aurais aimé être parmi vous pour ouvrir ce colloque sur le « Tourisme urbain, patrimoine et qualité urbaine en Europe » qui m’intéresse tout particulièrement, puisque je suis à la fois adjoint au maire d’Arles délégué au patrimoine et au tourisme, président de l’Office de Tourisme d’Arles et président de l’Alliance de Villes Européennes de Culture. Je suis malheureusement retenu à Arles pour des raisons personnelles très importantes. Toutefois je vous rejoindrai vendredi après-midi pour ouvrir et animer les travaux de l’assemblée générale du réseau AVEC. Le réseau AVEC s’est associé à ce projet parce qu’il répondait aux principes de la charte signée par ses membres : à savoir, faire de nos villes historiques des lieux de patrimoine vivant où la vie moderne a toute sa place ; partager le patrimoine en sensibilisant les citoyens à sa valeur ; en faire un lieu de culture en favorisant les rencontres et les transferts de savoir ; en faire un vecteur de développement durable, social, économique et environnemental. Les sujets qui seront traités au cours de ces deux journées couvriront tous ces champs de réflexions. Vous découvrirez deux projets européens que le réseau AVEC a portés et qui placent le patrimoine au cœur du développement de nos villes historiques. Je vous remercie de votre attention et j’espère que ces travaux seront fructueux et se dérouleront dans une ambiance d’amitié et de partage, comme nous en avons l’habitude au sein du réseau AVEC. Je remercie la Ville de Rennes et Rennes Métropole d’accueillir ce colloque. » Christian MOURISARD Adjoint au Maire d’Arles délégué au patrimoine et au tourisme Président de l’Alliance de Villes Européennes de Culture

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Tourisme urbain en Europe ________

Document présenté par M. Rémy KNAFOU

Document élaboré par Tim Freytag. Reproduit dans « La Métropole parisienne » - Collection Mappemonde, Belin 2007 -

Chapitre « Le tourisme dans la centralité parisienne » de P. Duhamel et R. Knafou

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Document présenté par M. Rémy KNAFOU ________

Document élaboré par Tim Freytag. Reproduit dans « La Métropole parisienne » - Collection Mappemonde, Belin 2007 - Chapitre « Le tourisme dans la centralité parisienne » de P. Duhamel et R. Knafou

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Liste des participants au colloque

- M. ACRI Leonardo, Responsable des Affaires Européennes de la Ville de Cosenza / Italie

- Melle ALLARD Dorothée, Office de Tourisme de la Communauté d'Agglomération de Saint-Brieuc

- Mme AMIRAULT-DEISS Marie-Bernard, Responsable des Relations Internationales de la Ville de Tours

- M. ARANDIA Aiton, Conseiller Municipal délégué au Tourisme de la Ville de Bayonne - Président de l'Office de Tourisme

- Mme ARNOULD Jacqueline, Chargée de mission à la Direction du Tourisme - Bureau des Politiques Territoriales (DGCIS)

- M. AUBIN Hugues, Membre du groupe national de prospective de la DIACT Cyberterritoires, Mission TIC Ville de Rennes

- Mme AUBREE Marie-Hélène, Chargée de Développement - Office de Tourisme et des Congrès de Rennes Métropole

- Mme AUVRAY Emmanuelle, Chargée de mission Tourisme de la Communauté d'Agglomération Rennes Métropole

- Mme AUZEMERY-CLOUTEAU Germaine, Animatrice de l'Architecture et du Patrimoine de la Ville de Limoges

- Mme BERTHELOT Cécile, Directrice de l'Office de Tourisme de Quimperlé

- M. BLACHE Jean-François, Professeur à l’Université de Haute-Bretagne, Rennes

- M. BŒUF Jean-Pierre, Directeur de l'Office de Tourisme d'Arles

- Mme BOUGEARD Jocelyne, Adjointe au Maire déléguée aux Femmes, à l’Egalité et aux Temps de la Ville, Rennes

- Mme BOURDAIS Véronique, Chargée de mission -Office de Tourisme et des Congrès de Rennes Métropole

- M. BOXALL John, Maire de Birgu / Malte

- Mme BOZOKY Anita, Directrice de la Maison du Patrimoine Pecs - Sopianae / Hongrie

- Mme BREARD Georgette, Vice-présidente du Conseil Régional de Bretagne chargée du tourisme et du patrimoine

- Mme BREGEON Véronique, Chambre de Commerce et d'Industrie de Rennes

- M. BROHAN Gilles, Animateur de l'Architecture et du Patrimoine - Office de Tourisme et des Congrès de Rennes Métropole

- Mme BROUSSE Sabine, Directrice de l'Office de Tourisme de Metz

- Mme BRUGIERE Martine, Présidente de l'Office de Tourisme de Clermont-Ferrand

- M. BULTEAU Alain, Directeur de l'Office de Tourisme de La Roche-sur-Yon

- M. BURGAY Mario, Directeur du Service Tourisme / Sport de la Province de Turin / Italie

- Melle CABOCO Laëtitia, Etudiante en master Médiation du patrimoine en Europe, Rennes

- Mme CACIJA Romana, Ville d'Osijek / Croatie

- Mme CARRIE Annabelle, Office de Tourisme du Grand Rodez

- M. CAVILLON Fabrice, Directeur de l'Office de Tourisme de Belfort et du Territoire de Belfort

- M. CHAPUIS Jean-Yves, Vice-président de la Communauté d'Agglomération de Rennes Métropole délégué aux Formes Urbaines, Président de la CNPTU, Vice-président du réseau AVEC

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- M. CIRKOVIC Dragoslav, Maire de la Municipalité de Mediana / Serbie

- Mme COCAUD Martine, Département Histoire de l'Université Haute-Bretagne - Rennes

- M. CROLA Jean-François, Bureau de la prospective et de l'évaluation économique, DGCIS - Ministère de l'Economie de l'Industrie et de l'Emploi

- M. DANIELOU Emmanuel, Journaliste - le Mensuel de Rennes

- M. DATTIS Iugo, Directeur - Ville de Cosenza / Italie

- M. DE RAGUENEL Joseph-Jean, Administrateur de l'Office de Tourisme et des Congrès de Rennes Métropole

- Mme DE VASSELOT, Ville de Rennes

- Mme DEDOBBELEER Annick, Responsable du Tourisme de la Ville d'Anderlecht / Belgique

- Melle DELAMOTTE Laure

- Mme DEQUIPE Ophélie, Etudiante de l'Université d'Angers (ESTHUA)

- M. DODDS Mickael, Directeur du Comité Régional du Tourisme de Bretagne

- M. DOMINGOS Nuno, Directeur de la Culture et du Patrimoine de la Ville de Santarem / Portugal

- M. DORAY Gérard, Directeur de l'Office de Tourisme de Niort

- Mme DUBOIS Dominique, Directrice adjointe de l'Office de Tourisme d'Angers

- Mme EBRARD Brigitte, Chargée de Développement à l'Office de Tourisme de Pau

- Mme ENERGIEVA Nedka, Adjointe au Maire de la Ville de Sliven / Bulgarie

- M. FAYSSE Philippe, Directeur Général des Services Techniques de la Ville de Rennes

- Mme FELEGEAN Elena Daniela, Conseillère Municipale de la Ville de Brasov / Roumanie

- M. FENARD, Association Les Bistrots de l'Histoire

- M. FERRANDON Alain, Directeur de l'Office de Tourisme de Bourges

- Mme FRIGNAC Hélène, Service du Patrimoine de la Ville Bayonne

- Mme GAU Emmanuelle, Directrice adjointe de l'Office de Tourisme de Bourges

- Mme GAUDRU Anne-Claire, Assistante chargée de mission Tourisme - Cités Unies France

- Mme GAUTIER-BOUGUET Evelyne, Adjointe au Maire déléguée à la culture, au patrimoine et au tourisme de la Ville de Fougères

- M. GAYET Joël, Directeur de la société Co-Managing, Paris

- M. GOSSEAUME Christian, Avocat

- Mme GOURMAUD Catherine, Ville de Poitiers

- Mme GRAIVE Françoise, Directrice de l'Office de Tourisme de Clermont-Ferrand

- M. GRUSON François, Directeur de la Société Archividéo, Rennes

- M. GUERREIRO José, Directeur du Planning et des Relations Internationales de la Ville d'Evora / Portugal

- Melle GUIHENEUC Aude, Etudiante en master Médiation du patrimoine en Europe, Rennes

- M. GWIAZDZINSKI Luc, Géographe, maître de conférences à l'Université J. Fourier de Grenoble, Co-fondateur de l’agence Sherpaa, Président du Pôle des arts urbains (POLAU)

- Mme HARBONVILLE Anne, Directrice adjointe de l'Office de Tourisme de Nancy

- M. HOUVENAEGHEL Manuel, Directeur de l’Office de Tourisme du Pays de Lorient

- M. HULLO André, Conseiller Municipal délégué au patrimoine de la Ville de Vienne

- Mme IRVOAS-DANTEC Dominique, Directrice de l'Office de Tourisme et des Congrès de Rennes Métropole, Secrétaire générale de la CNPTU

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- Mme JACQUET Nicole, Chargée de mission développement du patrimoine historique bâti et urbain de la Ville de Vienne

- Melle JAOUEN Cécile, Office de Tourisme de la Communauté d'Agglomération de Saint-Brieuc

- M. JUGET Stéphane, Anthropologue, société What Time Is It ? - Paris

- Mme KERJEAN Pascale, Chargée de mission au Comité Régional du Tourisme de Bretagne

- M. KNAFOU Rémy, Professeur émérite à l’Université Paris 1- Panthéon-Sorbonne, Président de l’ADRETS (Association pour le Développement de la Recherche et des Etudes sur les Tourismes), Chef de projet du Mémorial du Camps des Milles (Aix-en-Provence)

- Mme KOSTOVA Radost, Adjointe au Maire de la Ville de Sliven / Bulgarie

- Mme KOULOUMBRI Theodoulitsa, Chargée de mission au Tourisme de la Communauté d'Agglomération de Saint-Denis Plaine Commune

- M. KREUSELBERG Friedhelm, Directeur des Relations Internationales de la Ville de Mülheim an der Ruhr / Allemagne

- Mme KUZMA Sabine, Chargée de mission aux Jumelages de la Ville de Mülheim an der Ruhr / Allemagne

- Mme LACONI Sabrina, Adjointe au Maire déléguée au Tourisme de la Ville de La Rochelle

- M. LALAU-KERALY Alain, Directeur adjoint de l'Agence de l’Urbanisme de Développement Intercommunal de l’Agglomération Rennaise

- Mme LEFRANCOIS Roselyne, Députée européenne - Ville de Rennes

- Mme LE GUILLERM Anne, Chargée de mission Tourisme de la Ville de Lille

- Mme LE PEMP Elizabeth, Directrice Tourisme et Grands Equipements de la Communauté Urbaine Nantes Métropole

- M. LE THERISIEN Dominique, Directeur de l'Office de Tourisme du Pays de Dinan

- M. LECLERC Yves, Directeur de l'Office de Tourisme de la Communauté de Rouen Vallée de Seine Normandie

- Mme LECUIROT Marie-Pierre, Conseillère Municipale de la Ville de Tours

- M. LEFEBVRE Bernard, Président de l'Office de Tourisme et des Congrès de Rennes Métropole

- Mme LEGROS Sandrine, Service Réceptif - Office de Tourisme et des Congrès de Rennes Métropole

- Mme LEOPOLD Amandine, Chargée de mission animation et développement du réseau AVEC

- M. LUCAS Jean-François, thèse au Laboratoire d’anthropologie sociale

- Mme MANDIN Claire, Office de Tourisme de Nantes Métropole

- Mme MAUFFET Véronique, Conseillère Municipale déléguée au Tourisme de la Ville de Dunkerque

- M. MILOSAVLJEVIC Dragan, Président de l'Assemblée de la Municipalité de Mediana / Serbie

- M. MINCHEV Svetomir, Directeur des Relations Internationales - Cabinet du Maire de la Ville de Sliven / Bulgarie

- M. MIOT Franck, Directeur du service Tourisme et Patrimoine de la Ville du Mans

- Mme MIROIR Fabienne, Echevin au patrimoine, à la culture et au tourisme - Ville d'Anderlecht / Belgique

- Mme MOASA Daniela, Service des Relations Internationales de Brasov / Roumanie

- M. MOTTEAU Jacques, Adjoint au Maire délégué au Tourisme de la Ville d'Angers

- Melle NETO Vania, Conseillère Municipale de la Ville de Santarem / Portugal

- M. NUZILLAT Jean-Pierre, Adjoint au Maire délégué au Tourisme de la Ville de Chalon-sur-Saône

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- Mme ODO Karine, Directrice de l'Office de Tourisme de Poitiers

- Mme PACE Jeanne, Assistante - Office de Tourisme et des Congrès de Rennes Métropole

- Mme PAMBOUR Gaëlle, Chambre de Commerce et d'Industrie de Rennes

- Mme PARAGOT Françoise, Responsable accueil - Office de Tourisme et des Congrès de Rennes Métropole

- M. PASQUER Antoine, Etudiant du Lycée Jeanne d'Arc de Rennes

- Mme PAWLOTSKY Catherine, Directrice générale de Media Welcome - Annecy

- M. PESSIOT Guy, Adjoint au Maire délégué au Tourisme de la Ville de Rouen - Président de l'Office de Tourisme

- M. PIERRE Arnaud, Etudiant à l’Institut d’Etudes Politiques de Rennes

- Mme PIGNON Anne, Directrice Générale Adjointe Animation et Vie Locale de la Ville de Poitiers

- Mme POUPARD Véronique, Communauté d'Agglomération Saint-Denis Plaine Commune

- Mme PRAT Mathilde

- M. PUIL Honoré, Vice-président délégué au Tourisme de la Communauté d’Agglomération Rennes Métropole

- M. QUEIROZ Jorge, Directeur du Service Socio-culturel de la Ville de Tavira / Portugal

- Mme QUEMAREC France, Mission des affaires européennes et internationales, Direction de l'architecture et du patrimoine. Ministère de la culture et de la communication

- Mme RADIC Romana, Chargée de mission, Relations Internationales de la Ville d'Osijek / Croatie

- M. RAULT Jean-Claude, Chargé de mission Tourisme et Patrimoine de la Communauté d'Agglomération Cergy-Pontoise

- Mme RENOUVIN Denise, Ville de Granville

- Melle REZE Vanessa, Assistante - Office de Tourisme et des Congrès de Rennes Métropole

- Mme RODERER-THEIS Véronique, Présidente de l'Office de Tourisme de Metz

- Mme ROUAULT Eva, Etudiante de l'Université de Haute Bretagne – Rennes

- Mme SAUVEE Véronique, Responsable Administratif et Financier - Office de Tourisme et des Congrès de Rennes Métropole

- Mme SCHAEFFER Andrea, Coordinatrice AVEC de la Ville de Pecs / Hongrie

- Mme SYRE Carole, Responsable Section Tourisme - Lycée Jeanne d'Arc Rennes

- Mme TAUPIAC Marinette, Directrice de l'Office de Tourisme de Chambéry

- M. TIXIER Stéphane, Communauté d'Agglomération Cergy-Pontoise

- M. TRUCHI Pierre, Directeur Général de l'Office de Tourisme de Pau

- M. URIEN François, Administrateur de l'Office de Tourisme et des Congrès de Rennes Métropole

- M. VALENTIM Antonio, Département Environnement et Qualité de la Ville d'Evora / Portugal

- M. VERRET Luc, Office de Tourisme et des Congrès du Grand Lyon

- M. VULETIC Ivica, Adjoint au Maire de la Ville d'Osijek / Croatie

- M. WASTIAUX Michel, Directeur des Espaces et Filières – ODIT France (désormais Atout France) _____

- Mme LEBASTARD Sylvaine, Mme MAINGUY Catherine et M. LELIEVRE Jean-Christophe, professeurs, accompagnés d’une cinquantaine d’étudiants de la section Tourisme du Lycée Jeanne d’Arc Rennes

- Interprètes : Mme LAURENT Catherine, Mme ROUCOUT-CONAN Florence et Mme VILLEMAIRE Louise

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Colloque Tourisme urbain, patrimoine et qualité urbaine en Europe

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Actes réalisés par

Dominique IRVOAS-DANTEC

Secrétaire générale de la Conférence Nationale Permanente du Tourisme Urbain

Directrice de l’Office de Tourisme de Rennes Métropole

Avec la collaboration de Arnaud PIERRE, étudiant à l’Institut d’Etudes Politiques de Rennes

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Janvier 2010

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