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Jean-Paul Desbiens, diariste Pourquoi et comment tenir un journal personnel ?

Laurent Potvin, LAfrique aux mille couleurs. (2003)PAGE 4

Laurent POTVIN (1920- )Frre mariste(2003)

LAfriqueaux mille couleurs

Un document produit en version numrique par Jean-Marie Tremblay, bnvole,professeur de sociologie au Cgep de ChicoutimiCourriel: HYPERLINK "mailto:[email protected]" [email protected] Site web pdagogique: HYPERLINK "http://www.uqac.ca/jmt-sociologue/" http://www.uqac.ca/jmt-sociologue/

Dans le cadre de: "Les classiques des sciences sociales"Une bibliothque numrique fonde et dirige par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cgep de ChicoutimiSite web: HYPERLINK "http://classiques.uqac.ca/" http://classiques.uqac.ca/

Une collection dveloppe en collaboration avec la BibliothquePaul-mile-Boulet de l'Universit du Qubec ChicoutimiSite web: HYPERLINK "http://bibliotheque.uqac.ca/" http://bibliotheque.uqac.ca/

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Jean-Marie Tremblay, sociologueFondateur et Prsident-directeur gnral,LES CLASSIQUES DES SCIENCES SOCIALES.

Cette dition lectronique a t ralise par Jean-Marie Tremblay, bnvole, professeur de sociologie au Cgep de Chicoutimi partir de:

Laurent POTVIN [1920- ]

LAfrique aux mille couleurs.

La Baie, Saguenay, 2003, 173 pp. Texte indit pour Les Classiques des sciences sociales.

[Autorisation formelle accorde par lauteur le 27 mars 2013 de diffuser cette monographie dans Les Classiques des sciences sociales.]

Courriel: HYPERLINK "mailto:[email protected]" [email protected]

Polices de caractres utilise: Times New Roman, 14 points.

dition lectronique ralise avec le traitement de textes Microsoft Word 2008 pour Macintosh.

Mise en page sur papier format: LETTRE US, 8.5 x 11.

dition numrique ralise le 30 mai 2013 Chicoutimi, Ville de Saguenay, Qubec.

Laurent POTVINFrre mariste

LAFRIQUE AUX MILLE COULEURS

La Baie, Saguenay, 2003, 173 pp. Texte indit pour Les Classiques des sciences sociales.

Table des matires

HYPERLINK \l "Afrique_preface" Prface

Chapitre 1.HYPERLINK \l "Afrique_chap_1" Collges et coles: au cur du dveloppement.Chapitre 2.HYPERLINK \l "Afrique_chap_2" glise: formatrice de chrtiens et de citoyens.Chapitre 3.HYPERLINK \l "Afrique_chap_3" Collaboration: un atout puissant.Chapitre 4.HYPERLINK \l "Afrique_chap_4" Religieuses: des collaboratrices en ducation et en sant.Chapitre 5.HYPERLINK \l "Afrique_chap_5" vnements: le domaine inconnu de chaque jour.Chapitre 6.HYPERLINK \l "Afrique_chap_6" Pays et coutumes: savoir voir et apprcier avec prudence.Chapitre 7.HYPERLINK \l "Afrique_chap_7" Sant: domaine important du bien-tre lmentaire.Chapitre 8.HYPERLINK \l "Afrique_chap_8" Animaux et insectes: nos amis et parfois nos ennemis.Chapitre 9.HYPERLINK \l "Afrique_chap_9" Plantes: un jardin merveilleux savoir utiliser.

HYPERLINK \l "Afrique_mot_de_la_fin" Mot de la fin.

Aux amis, nos collaboratriceset collaborateurs qui ont consacr un pande leur vie au service de la jeunesse camerounaise,avenir de cette nation, avenir de lglise.

AkonoSaaOmbessaMakakBafiaBafoussamYaoundMakoua

Cest en 1967 que je prenais contact la toute premire fois avec une partie de lAfrique lors de ma premire visite au Cameroun avant de passer dix-sept ans dans la grande fort quatoriale de ce pays au soleil radieux. Malgr que ce soit le seul pays que je connaisse dans cet immense continent, je me crois autoris, selon ce que jai pu percevoir et apprendre, parler de lAfrique aux mille couleurs. De plus, jestime que lhistoire et lactualit my autorisentCes mille couleurs sont relies aux tres humains qui y vivent, leurs coutumes, leurs mentalits si disparates, leurs faons de se vtir et de se nourrir, leur chelle de valeurs. Couleurs de leurs flores, de leurs faunes, de leurs climats si varis du nord au sud. Couleurs de leurs activits artistiques, artisanales, agricoles, culinaires, commerciales, politiques Couleurs des efforts de ces populations vers le dveloppement obtenu grce surtout aux progrs de lducation et de la coopration avec les forces internationale en vue dun mieux-tre. Tous ces lments permettent aux visiteurs attentifs et aux observateurs dots dun sens normal de sympathie de se rendre compte dun dveloppement qui finira par aller vers une sorte dvolution progressive plus rapidecar Rome ne sest pas btie en un jour!Ce que le lecteur lira ici, ce sont des souvenirs multiples et des apprciations varies et personnelles dun ducateur qui a vcu parmi une jeunesse dynamique et des collaborateurs et collaboratrices dsireux de donner le meilleur deux-mmes cette jeunesse. Cette jeunesse: avenir de la nation et avenir de lglise!Je parle de personnes, - et jen nommerai plusieurs!- qui ont voulu participer ce quon appelle la direction de la croissance. Pour cela, ils ont exerc, souvent avec un rare bonheur, leurs talentscomme ceux de planificateurs, architectes, constructeurs, patrons, manuvres, enseignants, formateurs denseignants, directeurs de collge, bibliothcaires, crateurs et animateurs de mouvements apostoliques, financiers, collecteurs de fonds, guides religieux, conducteurs de machinerie lourde, optomtristes, infirmires, puisatiers, etc.Je parle aussi danimaux dont il faut ici souligner les rles. Animaux de basse-cour ou animaux de compagnie, bien sr, tous animaux de premire utilit. Ils assurent nourriture de qualit, protection contre la vermine, protection contre les dangers de lisolement dans la grande fort quatoriale.Les personnes dont je parle sont avant tout des personnes dglise missionnaires religieux ou lacs - qui rpondaient gnreusement aux invitations des vques pour exercer une action dans la pastorale densembleselon les directives de VaticanII. Ces personnes ont toujours travaill dans un rseau serr de collaboration avec les parents dlves, les curs des missions et tous les ducateurs du milieu, ceux du primaire comme ceux du secondaire. Plusieurs des personnes dont je parle sont dj dcdes et ont touch leur rcompense auprs du Matre quelles ont servi dans leffacement et avec un zle dsintress.Le rouge soleil dAfrique brille toujours, mais il donne naissance une immense fort verte. Le rouge, couleur du feu et de lamour. Le vert, couleur desprance! Rouge et vert, avec toutes leurs nuancescela donne bien, au minimum, mille couleurs, mille et une couleurs pour ne pas en oublier!

Laurent POTVIN

LAfrique aux mille couleurs

Chapitre 1

COLLGES ET COLES

Pour assurer le dveloppement harmonieux dun pays: la dmocratisation de lenseignement, cest--dire lcole pour tous.

Construire un collge en brousse

HYPERLINK \l "tdm" Retour la table des matiresEn 1965, les Frres Maristes, Province de Desbiens, dirigent un important collge Makoua, Congo-Brazza. Le prsident Fulbert Youlou avait d fuir le pays pour se rfugier en Espagne avec sa suite: le marxisme-lninisme stait empar du pouvoir. Un nuage noir menaait cette fondation si prometteuse. Lenseignement catholique tait menac, mais on tolrait les coles de formation des serviteurs de lgliseOn parlait ainsi des sminaires, petits et grands, quand on mentionnait les serviteurs de lglise On parlait aussi des missionnaires. La situation de lglise devenait insoutenable avec la mise sur pied de la JMNR: Jeunesse Marxiste de la Nouvelle Rvolution. Ces jeunes taient trs actifs dans les collges privs catholiques et faisaient rgner une sorte de terreur latente. Rsultat: religieux et religieuses de tout le pays, dun commun accord, en sortirent laissant coles et collges sans direction et sans leurs meilleurs professeurs bien que, l encore, les nouveaux matres du pays avaient promis de respecter les serviteurs de lglise. Au lieu dassouplir la situation faite aux coles et collges, le gouvernement appela des centaines de professeurs russes communistes qui savaient peine le franais, la langue denseignementDans ce gigantesque exode, les Frres Maristes laissrent deux Frres en observation au petit sminaire de Makoua, voisin de leur collge, et dirig par les Spiritains. Du jour au lendemain, le collge Champagnat devenait le collge Salvador-Allende! Les autres Frres durent quitter de nuit afin de faciliter un dpart incognito aprs avoir charg dans une remorque tire par un tracteur International le peu de matriel quils pouvaient emporter: un groupe lectrogne Vandeuvre, du gasoil pour la route, des accessoires de cuisine, du linge et quelques menus objets.Makoua est situ sur la ligne de lquateur gographique. La sortie du pays se fit par des pistes de brousses misrables. Mais le vieil International rsista fort bien un tel voyage: ce dont les Frres doutaient fort au dpart. Les Frres partaient donc sans papier leur permettant de passer les frontires. Ils navaient avec eux que leurs passeports et leurs cartes de sjour congolaises. Aux douaniers du Gabon ils expliqurent leur situation en peu de mots: on leur permit de passer afin quils puissent entrer au Gabon pour passer au Cameroun ensuite: ils taient donc des rfugis en transit Ils faisaient routemunis dun simple droit de passage oral compte tenu des circonstances.Arrivs aux frontires du Cameroun, ce fut un peu plus compliqu. On expliqua aux douaniers gabonais que nous quittions leur pays Pour eux, pas de problmes. Et aux douaniers camerounais, on exposa la situation donnant clairement les raisons de notre fuite vers le Cameroun. Nous leur avons dit ceci:

Nous sommes des religieux, des Frres Maristes. Nous voulons entrer au Cameroun afin de nous mettre au service de larchevque de Yaound, Mgr Jean Zoa. Nous dsirons participer au dveloppement de votre pays en travaillant lducation et linstruction des jeunes, de vos enfants. Allez! Vous tes les bienvenus. Passez!

Notre arrive Yaound avec tracteur tirant une grosse remorque rouge dans les rues de la capitale ne passa pas inaperue!La rencontre avec Mgr Jean Zoa, vque de Yaound, dans ses bureaux situs prs de la cathdrale au cur de la ville fut sympathique. Il voyait l un coup de la Providence, lui qui dsirait depuis longtemps des religieux-ducateurs pour son patelin. Il proposa donc aux Frres la direction du collge Stoll dAkono, un collge qui dbutait dans des locaux temporaires. Les Frres du Sacr-Cur deMakak avaient coopr pour assurer le lancement de ce collge de brousse. Mgr nous offrait aussi un collge Nkolmbanga, cinq km de Saa et tout prs de son village natal: Ovo-Abang. La Mission avait construit dj une rsidence pour les Frres des coles Chrtiennes qui devaient y ouvrir un collge priv du 1er cycle. Mais ils ne pouvaient plus y venir pour le moment avant plusieurs annes.Les deux projets de fondations furent accepts par la Province. Mais tout restait faire! En attendant, plusieurs Frres participrent lenseignement au Petit Sminaire dAkono dirig par les Spiritains. Ce fut loccasion pour eux de nouer quelques relations fort utiles avec ces missionnaires dexprience. Les Pres Criaud, Meier, Siraud, Ditsch, Lacroix nous furent prcieux autant par leurs conseils que par leur soutien. Et aussi par leur accueil dans le presbytre dAkono surtout, car nousarrivions au Cameroun en rfugis avec une petite malle et le linge que nous portionsLa municipalit de Saa offrait de donner aux Frres un vaste terrain sur le flanc dune colline, lieu superbe occup actuellement par le CRAT. Mais les Frres ont jug que le fait de construire un nouveau collge tout ct du CES de Saa ne serait pas sage et ne saurait pas rpondre aux besoins de la vaste rgion de Saa. Mieux valait dcentraliser. Ils tournrent les yeux vers Nkolmbanga. L, le terrain offert par lvch pour y btir le collge de Saa tait plat et stendait sur plusieurs dizaines dhectares. Pendant deux ans, une corve anima les gens du milieu qui vinrent nombreux dbrousser et abattre des arbres jugs dangereux quant limplantation des futurs btiments. Les Frres et plusieurs lves y travaillaient aussi aprs la classe et les jours de cong. Ce vaste chantier fonctionna activement de 1968 1970. Les Frres de Saa soccuprent rapidement des plans du futur collge. Ceux dsigns pour Akono en firent autant. Pour Nkolmbanga, larchitecte suisse Stroebel prpara des plans trs labors: grand collge deux tages, en dur videmment selon le souhait des parents dlves consults. Des collges de grand renom, La Retraite et Vogt de Yaound, Sacr-Cur de Makak taient tous trois tages Les plans furent soumis au conseil provincial qui se rendit vite compte que cela exigerait un budget colossalallant chercher le million et le dpassant mmeDurant cette mme priode, deux cases furent construites aux frais de la Province. Une logeait les Frres qui travaillaient au chantier pour assurer une surveillance mme et surtout de nuit. Une autre pour servir M. Reid, notre 3e cooprant accord par lACDI, qui voulait soccuper dun petit pensionnat o logeaient des jeunes particulirement brillants et trop loin de leurs foyers. Il effectuait lui-mme une bonne slection de ces jeunes qui, faute de moyens financiers, ne pouvaient pas payer tout lcolage demand par le collge. De plus, il en assurait la supervision comme tuteur.Construire en brousse, 75 km de la capitale, relve du dfi! Pour des nouveaux venus, trouver du sable, de leau, du ciment, du bois, du fer, enfin tout ce quil faut pour une construction de cette envergure exige dmarches et recherches. Cela demande aussi den assurer parfois le transport. La gare la plus porche pour le transport du ciment venant de Douala se trouve Obala, 35 km du site choisi. Il y aurait une longue relation fort intressante rdiger et qui tiendrait plus du roman que de lhistoire!Sur les entrefaites, le Ministre des Affaires Extrieures dOttawa crivit au Conseil provincial de Desbiens demandant si la communaut voulait faire des rclamations auprs du Congo-Brazza pour obtenir le remboursement pour les frais encourus lors de la construction du collge Champagnat que nous y avions rig et quip nos frais: classes, salle de rencontres, laboratoires, dortoirs pour environ 400 lves, rfectoire non encore inaugur, rsidence des Frres Le Conseil rpondit que nous ne voulions rien rclamer cet tat afin que tous nos biens laisss sur place servent au profit de la jeunesse de ce pays. Un ciel radieux se leva bientt sur notre nouvelle mission camerounaise car, cette rponse tout fait dsintresse fit sans doute son effet de surprise sur les autorits fdrales. Alors, un certain Monsieur Rousseau, celui qui a dirig les travaux de lExpo 1967, ancien ambassadeur du Canada au Congo-Brazza et ami des Frres chez qui il avait souvent demeur lors de ses chasses occasionnelles aux buffles, intervint discrtement pour nous obtenir une sorte de compensation devant notre refus de rclamer quoi que ce soit ce pays. Laide propose tait deux volets. On nous offrait ceci:

Pouvoir bnficier des fonds de lACDI qui sintressait beaucoup alors aux uvres dducation. Salaires et voyages de nos professeurs canadiens, Frres ou lacs, au Cameroun seraient la charge de cet organisme. Pouvoir recevoir de laide pour la construction de notre collge de Saa, aide fournie par lACDI toujours. On nous dit: Quand vous mettrez un dollar pour les constructions, nous en mettrons deux. Nos trois conditions:

1.Fournir lACDI un rapport mensuel photographique et crit des progrs de ce chantier.2.Soumettre un rapport financier mensuel de largent que nous vous remettrons au tout dbut des travaux pour ce projet.3. la fin du chantier, nous faire parvenir un dernier rapport global.

Vous vous en rendez compte! Des conditions trs avantageuses!. Nous avons obtenu que les FF. Georges Daigle, Gaston Allard, Pierre-Yves Tremblay, Firmin Aubut soient cooprants ainsi que deux lacs: MM. Lawrence Villeneuve et Michel Tremblay. ces deux cooprants, nous avions lautorisation den ajouter deux autres. Il nous suffirait de les demander lACDI. Pour tous ces matres: salaires, voyages, frais de bagages pays. Sortie annuelle obligatoire du pays durant les vacances pendant quelques mois aux frais de lACDI. Nous avons bnfici de ces conditions trs avantageuses pendant plusieurs annes. Lambassade du Canada Yaound nous assurait de ses services pour toute relation avec lACDI concernant nos deux collges et assurait un rle de conseillre pendant ce chantier.Cette solution qui nous fut offerte nous permit de construire les deux collges pratiquement sans frais compte tenu des salaires des matres et de la totale gratuit de leurs frais de voyages.Il fut dcid ds lors que F. Claude Tremblay, nouvellement diplm de lcole Technique dAlma, irait Nkolmbanga pour participer activement aux divers aspects techniques des travaux de construction, un vaste chantier qui, selon nos plans, devait durer deux ans.Les plans du collge de Saa furent rtudis selon les possibilits vu que nos terrains nous offraient de pouvoir construire non en hauteur mais en tendue, de plain-pied. La somme totale engage dans ce projet: 150000$ dont nous fournissions le tiers. Plans et devis furent accepts par lACDI sans problme. Les plans ont t faits par les Frres: implantation des btiments, lvation des murs, fermes des toits, organisation de llectricit amene enfouie dans le sol partir de notre centrale, adduction deau par canalisations, amnagement de fosses septiques, implantation de deux sections de toilettes pour les lves, etc., etc. Car, il convient de le souligner, il ny avait pas de servicesorganiss sur place : ni lectricit, ni gouts et ni aqueduc. Nous devions voir tout, y compris la recherche de leau, le creusage dun puits et lamnagement dun chteau-deau.Pour tous ces travaux de Saa et ceux dAkono, les Frres Firmin Aubut, Claude Tremblay et Charles Tardif mritent des mentions spciales, trs spciales! Car, il convient de le signaler, les travaux de construction seffectuaient tandis que les classes fonctionnaient normalement aux deux endroits.Jai visit les lieux pendant les travaux de construction. Jai admir la dbrouillardise des Frres, leur esprit de travail et leur habilit pouvoir encadrer des ouvriers forms sur le tas. Jai vu ces centaines de parpaings scher au soleil et qui venaient de sortir, tant par jour, du travail de quelques ouvriers utilisant des moules trs ordinaires Jai admir le travail des ferrailleurs qui prparaient en plein air sur des trteaux de fortune les colonnes de soutien des toits et du haut des murs Tout ce chantier ressemblait une vritable fourmilire!Deux ans environ aprs le dbut des travaux, les deux collges fonctionnaient avec quelques centaines de jeunes garons qui y prparaient leur avenir dans des locaux accueillants, clairs, bien ars et fonctionnels. Tout le mobilier avait t fabriqu sur place par une petite quipe de menuisiers habiles utilisant des machines plutt sommaires et beaucoup de dbrouillardise et dingniosit.

Le campus de Nkolmbanga comportait les lments suivants: une vaste remise pour les matriaux accumuler pour servir par la suite de garage, atelier pour le bois, atelier pour la mcanique, abri du groupe lectrogne; plus sept locaux de classes, une grande bibliothque, un auditorium de trois cents places, divers bureaux pour ladministration, rsidence pour dix professeurs avec cuisine, rfectoire, chapelle, salonF. Firmin Aubut tait le superviseur de ce vaste chantier et charg de lapprovisionnement en fournitures: sable, ciment, fer, bois et autres matriaux. F. Claude Tremblay, chef de chantier auprs des hommes, voyait ce que tout se fasse selon les normes de la construction en brousse! lui seul, le problme de lapprovisionnement en sable exigeait toute une expertise.Tous ces travaux se poursuivirent activement de 1969 1972. Mais dautres agrandissements demeuraient dans nos rves de mieux servir la population locale. Nous en parlerons plus loin ou dans un prochain volume.

La fte! Inauguration du collge Bullier

Cest en 1975, alors que le collge tait compltement organis, que nous avons dcid de procder en grand son inauguration. Le programme que le comit organisateur labora soigneusement sous la direction du F. Paul-Andr Lavoie sut plaire tous les assistants et fixer dans leurs mmoires le souvenir dun grand moment de la vie du milieu de Nkolmbanga. Aprs tant dannes despoir et de promesses, enfin il y avait l, sous nos yeux, une ralisation inscrite dans le ciment! Le milieu possdait un tablissement secondaire catholique.Mgr Jean Zoa, fils du pays, lambassadeur du Canada au Cameroun, Monsieur Chtillon, un reprsentant officiel de lducation nationale, le prfet, le sous-prfet, le maire, le chef coutumier, le directeur de lEnseignement catholique, les curs des paroisses voisines avec les religieux et religieuses des environs figuraient parmi les invits de marque. Les lves du collge et leurs parents taient bien srs aussi de la fte, car, ce que nous ftions, ctait une organisation qui se voulait leur entier service.La clbration solennelle dune messe par notre vque ouvrit cette splendide journe qui se passa, comme il se doit en Afrique, sous un soleil de plomb. Dailleurs, quand la fte est belle, on ne sent jamais la chaleur!La partie religieuse termine, le programme accorda un moment de rpit lassistance: la visite des lieux magnifiquement dcors et fleuris comme il se doit. Puis lhymne national ouvrit la seconde partie de la fte. Les discours de circonstance vinrent souligner ltroite coopration des autorits civiles et religieuses du Cameroun, avec le gouvernement du Canada et les Frres Maristes. Cette solide collaboration a produit ce que vous voyez sous vos yeux: ce magnifique campus avec ses dpendances, lauditorium de 300 places, le terrain de foot, les rsidences des Frres et des Surs, etc., etc.Cette coopration a fait surgir, en pleine brousse, ce collge si bien dcor en ce jour solennel, un collge appel sagrandir avec le temps pour former une jeunesse dlite, avenir de la Nation et avenir de lglise. loccasion de ce grand moment de la fte, le nom du Pre Pierre Bullier fut rappel au souvenir des gens. Ce dynamique missionnaire franais sest montr trs actif en fondant dans la rgion plusieurs coles primaires alors quil tait cur de diverses paroisses. Cest le Pre Dubourget, en accord avec les Spiritains de la mission, qui donna le nom de Pierre Bullier au nouveau collge que lACDI et les Frres Maristes venaient de construire la mission centrale de Nkolmbanga.Tandis que les principaux invits prenaient le dner au rfectoire de la communaut, le collge offrit aux parents et aux lves un repas sous les palmiers. Un groupe folklorique camerounais aux costumes traditionnels sut magnifiquement agrmenter le repas par des danses et de la musique de circonstance et de la bonne 33 froide, cette excellente bire nationale, servie en abondance avec un supplment de vin de palme.Le Frre Paul-Andr, matre de crmonie, profita de la circonstance en fin de repas pour souligner le rle du F. Georges Daigle, premier directeur du collge, des Frres Charles Tardif, Claude Tremblay et Firmin Aubut comme architectes-planificateurs-constructeurs de tout cet imposant campus si bien amnag sous les grands palmiers protecteurs. Il mit un accent spcial sur le rle tout fait remarquable jou par le F. Firmin Aubut durant la construction et la mise en route du collge dans ses nouveaux locaux; il souligna que son rle se poursuivait toujours lavantage de la jeunesse camerounaise.La journe se passa fort agrablement. Tout en dambulant sur les vastes terrains du collge o lamnagement paysager frappa les regards, les connaisseurs purent juger du travail colossal que tout cela avait exig. Cet aspect important, celui de lapparence gnrale dun campus, avait t confi une personne au got prouv: F. Paul-Andr Lavoie. Dj, aprs si peu dannes dexistence, le campus avait fire allure. Dans le soir illumin de cette journe, la Place de ltoile illumine permettait aux gens de lever les yeux pour apercevoir la forte ampoule qui scintillait, telle une toile toute proche, au bout du mt o flottait avec fiert, la fin dun vnement mmorable, le drapeau camerounais.La devise du Cameroun PAIX , TRAVAIL, PATRIE figurait en majuscules bien en vidence sur le mur de la bibliothque du collge. Les nombreux visiteurs en ce jour dinauguration lavaient fort bien remarque. Les responsables du collge voulaient que cette devise soit inscrite encore avec plus de profondeur dans le cur de chaque bulloise et de chaque bullois afin que la nation entire progresse vers cet idal en trois points, un idal sduisant. Dj, leurs efforts dans ce sens commenaient produire des fleurs. Et ils attendaient les fruits souhaitant que ces fruits dpassent de beaucoup la promesse des fleurs!Quand je quittais le collge Bullier, aprs 17 ans de prsence continue, les classes du collge taient constitues en grande majorit par les enfants de ces lves fondateurs!

Les murales de Bullier

Vers 1980, les responsables du collge Bullier voulurent lui donner un cachet tout fait spcial en faisant parler les murs de cette institution dducation.Oui, les murs se sont mis parleret en couleurs, sil vous plat. Nous avons tabli dabord un plan gnral afin dutiliser les murs les plus visibles du collge comme porteurs de ces messages. Et voici ce que notre plan a donn avec la collaboration troite et intelligente de lartiste choisi. F. Paul-Andr connaissait un jeune homme talentueux de Yaound: Atini Charles, un habile dessinateur dou dune imagination fertile et dun got trs sr.Nous avons donc fait le choix de longs trois murs du collge pour illustrer nos messages.Le mur de faade voulut rappeler aux yeux et aux curs de tous les passants comme ceux des visiteurs la devise du Cameroun. On linscrivit en grandes majuscules au haut du mur du btiment central:

PAIX TRAVAIL PATRIE

De plus, nous avons voulu rappeler que lducation que nous donnons en ce collge se rattache deux grandes traditions historiques: France et Angleterre. Entre les espaces situs de part et dautre des fentres des bureaux de la direction et du secrtariat, nous avons illustr cette ide par la tour Eiffel et la tour de Londres, deux plesmajeurs de la civilisation dont a bnfici le Camerouno deux langues sont largement parles sur toutle territoire: le franais et langlais.Des divers aspects des programmes que nous suivons ici furent prsents par un majuscule compas, un triangle quilatral, un livre largement ouvert o figurent quelques formules scientifiques fondamentales et une croix vocatrice de la formation poursuivie dans ce milieu tudiant, une formation toute imprgne de christianisme.Lemur qui donnait sur les cours de recrations, au bout de la bibliothque, prsente en larges thmes lhistoire des dcouvertes qui ont transform le monde. Les premires techniques se vivent sur le continent africain; de la tente, les gyptiens passent aux pyramides; puis le moyen-ge suit avec ses chteaux, ses cathdrales, ses monastres pour en arriver lre industrielle avec ses usines aux hautes chemines. Enfin parat le Cameroun et la cathdrale de sa capitale Yaound. Nous tenons dmontrer par l que le chrtien doit savoir mettre Dieu au centre de tout. Sous cette vaste murale, une pense inspiratrice invite le jeune lecteur attentif prendre une dcision puis passer aux actes:

Japporte ma pierre la construction du monde.

Venons-en aux autres tableaux. Sous des couleurs gaies et vives, quelques lves en pleine activit durant deux comptitions sportives: foot-ball et volley-ball. Nous voulons montrer par l que le programme que nous suivons ici se rvle un programme bien quilibr ne se bornant pas aux cts intellectuels et religieux. Nos programmes intellectuels comme religieux se soucient aussi de la formation corporelle si importante pour apprendre la participation au sein dune quipe lors des activits de dtente o nous apprenons que la paix et la bonne entente doivent rgner sur notre plante en commenant par stablir entre nous, dansnotre milieu tudiant lors de nos comptitions sportives.Les autres grandes murales figurent, elles aussi, sur un long mur aveugle situ en arrire de la bibliothque. Elles illustrent, en quatre grands tableaux progressifs, la vie scolaire de jeunes garons et filles du primaire, au secondaire et luniversitaire pour en arriver la russite dans la vie.Enfin, le jeune homme diplm, sorti de luniversit et bien tabli dans la vie, reoit dans sa maison bien range la visite de son ancien directeur, F. Firmin Aubut, et dun de ses anciens professeurs, M. Manga Donatus, deux personnages que nous reconnaissons trs facilement leurs sourires radieux Ils sont heureux de rencontrer un ancien qui a su si bien profiter de la formation reue au collge Bullier et qui lui fait pleinement honneur.Toute cette ralisation de murales sest voulue une leon vivante de civisme et de fiert, la fiert dtre Camerounais et de se prparer, ds le collge, un avenir marqu un jour au sceau de la russite grce au travail personnel et une rponse gnreuse donne aux efforts des ducateurs. Avec les annes, - elles ont dj plus de vingt ans - ces peintures se sont trs bien conserves malgr le soleil, lespluies et les passants. Elles sont toujours l comme sources dinspiration car les gnrations de bulloises et de bullois ont su les respecter tout en les admirant. Ainsi, les visiteurs et les gnrations de collgiens qui se suivent peuvent encore admirer ces murales et se laisser interpeller par elles. Elles livrent toujours le messageglobal trs clair: Le succs est au bout de leffort! Cest l un message dynamisant que bulloises et bullois ont souvent entendu de la part de leurs professeurs durant leurs annes de sjour au collge, un message qui sest imprim dans leur mmoire vive!Je tiens ici le souligner: toutes ces murales sont luvre dAtini Charles, un jeune peintre que le F. Lavoie avait connu alors que cet artiste tait en train de peindre lglise dAkono. Il avait t frapp par son style, les couleurs chaudes quil utilisait et la sret de got de lensemble de ses peintures. Les murales de Bullier ont pour leur part contribu lui obtenir des nouveaux contrats Yaound et Akono, au collge Stoll, o son talent a pu donner vie des uvres remarquables.Merci lartiste dlicat davoir su si bien employer ses couleurs chatoyantes pour que ces mmes couleurs en viennent mettre dans lavenir et le ciel de nos jeunes Africains les teintes choisies dun avenir radieux! LAfrique aux mille couleurs vit ici aussi!Atini Charles dsirait bien poursuivre une carrire un niveau international. Souhaitons que son rve puisse se raliser un jour pour que son talent aille mettre dans le cur des jeunes gnrations de nobles ambitions!

Une riche bibliothque de collge

F, Paul-Andr Lavoie mriterait une dcoration spciale comme organisateur de bibliothques, disons La mdaille du livre! Cest l une mdaille quil faudrait crer tout spcialement pour lui!En effet, aprs avoir travaill mettre sur pied la bibliothque du collge Champagnat de Makoua (Congo-Brazza), il organisa celle du collge Stoll dAkono. En 1972, alors quil passait au collge Bullier de Nkolmbanga, la bibliothque avait besoin dun bibliothcaire et dun organisateur. F. Lavoie sut relever plusieurs dfis.Le premier tait celui de trouver un local convenable. Alors, il songea une leve de fonds auprs de divers organismes et de certaines provinces maristes particulirement sensibles aux besoins des pays de mission. Une invitation illustre et de fort bon got leur fut envoye. Les rponses favorables furent nombreuses et si gnreuses que nous avons pu construire un grand local de quarante places assises et le meubler convenablement: tagres, tables de lecture, tabourets, prsentoir pour les revues, classeurs pour les cartes sujets et auteurs, rideaux pais pour protger le papier du soleil excessif, etc.Plusieurs annes aprs cette rorganisation, trois jeunes cooprantes franaises vinrent passer un mois au Collge Bullier pour la rvision des volumes et leur classification, ce qui donna notre bibliothque un nouvel air de jeunesse. notre dpart de Bullier (en 2000), la bibliothque comptait plus de 10 000 volumes tous bien classs et en bon ordre, un prsentoir de plus de 50 revues grce des abonnements mme le budget annuel du collge et des cadeaux de la part de certains bienfaiteurs, le tout complt par des achats aux kiosques de Yaound mesure des parutions. Quant aux volumes, la section Littrature africaine recevait toujours une attention particulire car les jeunes manifestent une grande curiosit pour tous les crits produits par des auteurs Africains ou qui concernent les problmes de lAfrique.De plus, F. Lavoie a install un systme de haut-parleurs extrieurs pour diffuser de la musique afin dagrmenter la priode du repas du midi. De plus, pendant ce temps, la bibliothque tait ouverte pour que les fervents de la lecture puissent y sjourner. Durant la rcration du midi, le micro passait quelques messages et invitaient les lves ayant reu du courrier venir le chercher.Toutes les classes y passaient une heure, parfois deux par semaine. On demandait aux jeunes un petit rapport sur chaque livre lu.Avec lautorisation de Mgr Jean Zoa, on a pu utiliser douze locaux de classes pour y loger avec avantage la section des 5es et 6es; ces locaux avaient t laisss libres par le dpart dune partie des lves qui frquentaient Nkolmbanga pour Nkang fok. F. Lavoie y fit construire durant une vacance une aile comportant salle des matres, bureau de la responsable, salle de couture, bibliothque. Tous les volumes pouvant intresser ces jeunes lecteurs y furent groups. Il prsida ensuite lorganisation matrielle: tables, chaises, tagres, dcorations Des cours dexplications sur la bibliothque et ses buts, les livres, les revues, etc. taient servis aux dbutants, ces nouveaux clients de la bibliothque, de sorte quils taient mme ds leur arrive Bullier de profiter de cet important service et de bien sinitier lusage intelligent et profitable dune bibliothque.De sorte que les deux bibliothques de Bullier taient fort bien cotes mme si lon regarde lensemble des tablissements scolaires de haut niveau du pays.

Ces inscriptions en dbut danne

Il faut dabord savoir que la population du Cameroun compte une importante population musulmane. Cest pour cela que sur lacte de mariage de tout camerounais on signale le choix qui est fait lors du mariage contract devant le maire ou les officiers dsigns: mariage monogamique ou mariage polygamique.Un matin, un homme venant de Douala vient inscrire son garon en classe de 3e. Il dsire le changer de collge et le placer ici o il demeurera chez un tuteur de sa parent. Il me prcise le nom de ce tuteur. Comme il y a de la place dans cette classe et que le dossier scolaire de ce candidat est bon, je laccepte.Tout en versant lcolage de son fils pour lanne entire, ce monsieur me prsente la longue liste de ses pouses et de ses enfants, une liste trs bien dresse quil tient me laisser. la suite de chaque pouse, les noms de chacun de ses enfants (une ligne pour chacun) avec dates et lieux de naissance. Lors de sa visite, il avait vingt-sept enfants de ses cinq pouses. Selon une coutume que jai note trs souvent, cest la maman qui se rend responsable de lcolage de chacun de ses enfants mme si le pre fournit une partie de cette somme. Il me remit donc cet colage et me laissa sa comptabilit de mnage mise jour: un document que jai plac au dossier de ce collgien.Mme si lcolage peut se payer en deux versements, je me souviens dun moniteur de lcole primaire qui venait chaque anne payer en une seule fois les cinq colages quil avait perus auprs de ses pouses. Chaque enveloppe dargent tait bien identifie au nom de lenfant concern. Et les reus taient remis au pre avec toutes les prcisions voulues.

Bullier: naissance de Jeunesse du Monde

La Jeunesse du Monde au Cameroun fut fonde au collge Bullier par le Frre Paul-Andr Lavoie en 1972. Vers la mme poque, Sur Louise Hbert, c.n.d., fondait un groupe de ces jeunes au Collge Sacr-Cur de Makak.Jeunesse du Monde est un mouvement apostolique qui se situe dans le secteur jeune des uvres Pontificales Missionnaires. partir de 1973, plusieurs clubs naissent ici et l au Cameroun, mais leurs activits ne sont ni coordonnes, ni structures. Cest en 1976 que le premier bureau est lu ainsi que le premier prsident: Paul-Aim Ondoua.Il convient de signaler ici, pour lhistoire, les collaborateurs de la toute premire heure Bullier: Messina Abga Gilbert, Bessala Jean-Marie, Mbathonga Emmanuel, Souga Paul-Marie, Andla Anastasie et Bimogo Louis.

Quels sont les objectifs des JM?

Vivre notre foi sans frontires en actions lcole, en paroisse, en famille, au quartier, au village, partout. Promouvoir les valeurs de la fraternit, de la solidarit, du partage et du service auprs des plus petits et des plus pauvres.

Dix ans aprs sa fondation, le mouvement JM comptait dj 72 clubs actifs qui rejoignaient environ 2 000 jeunes africains, surtout au Cameroun.Ces progrs et les buts de JM impressionnrent vivement Mgr Jean Zoa, prsident de la confrence piscopale du Cameroun. Le 13 novembre 1986, dans sa circulaire no 24, la confrence piscopale crivait: Le mouvement Jeunes du Monde est autoris se dvelopper et dployer son action ainsi que sa pdagogie spirituelle, pastorale et missionnaire dans lensemble du territoire de lArchidiocse de Yaound, ct et en collaboration avec les autres mouvements de jeunes: ACE, Cop Monde, JEC. MEJ, JOC, JAC.Ds les dbuts du mouvement JM, Mgr Zoa a t un guide sr et constant. Plusieurs autres vques du Cameroun ont favoris les activits de ce mouvement apostolique.

Le mouvement bnficia de deux reconnaissances importantes:

Par lglise dabord. Le 18 avril 1988, le Cardinal Christian Tumi, prsident de la CENC, signa le dcret de reconnaissance officielle du mouvement Jeunes du Monde. Par ltat. M. Paul Biya, Prsident de la Rpublique, approuva le mouvement JM par dcret prsidentiel en 1997.

Mais les JM du Cameroun navaient pas attendu ces deux reconnaissances pour rayonner par des fondations au Rwanda, en RDC, au Sngal et en RCA

Les JM du Cameroun comptent plusieurs ralisations leur actif:

reconstruction dun village de lpreux Mayabat, en Sanaga Maritime.Fondation de la FICOM-J, Paris, en 1982. Une extension du mouvement.Participation active la Fte de la Jeunesse du Cameroun le 11 fvrier de chaque anne.Construction de deux Foyersde jeunes : Bullier et Soa.

Pour assurer la formation des jeunes, le mouvement prconise certains moyens:

camp national tous les deux ans;sessions de formation par secteur;journes damiti par zone;la revue;les circulaires;les visites des membres du Bureau National et de lanimateur;la publication du Guide des Jeunes du Monde.

Donnons la parole Messina Gilbert, un des membres actifs de la toute premire heure et toujours dynamique dans le mouvement: Luvre des Frres Maristes pour les Jeunes du Monde reste grandiose. Pour celle du F. Paul-Andr Lavoie, je ne trouve pas de mot pour la qualifier. Le seul fait que ce missionnaire nous ait apport J.M. mrite aujourdhui que tous les Jeunes du Monde se lvent comme un seul homme et lui rendent hommage.

Aprs trente ans dexistence, la JM tend ses rameaux sur tout le Cameroun. Les nombreuses vocations sacerdotales, religieuses et de lacs engags en sont encore les meilleurs fruits. Et larbre na pas fini de fructifier!Je men voudrais de ne pas citer ici le tmoignage du Pre Jean Par, m.c.: Jai t admirablement surpris de constater comment le mouvement navait pas eu peur de dlaisser quelques pistes canadiennes pour sadapter davantage aux ralits camerounaises. Cela est particulirement remarquable au niveau des objectifs.Nous devons aussi fliciter le F. Paul-Andr Lavoie. Quelle uvre fantastique! Quelle conception profonde de la mission! Oui, il a merveilleusement bien compris!Un mouvement comporte toujours un dynamisme qui le fait aller de lavant et progresser. Cest ainsi que le F. Paul-Andr Lavoie et le Pre Joseph Foucher ont fond la Fdration Internationale Catholique des Organismes Missionnaires de Jeunes: la FICOM-J, Paris, en 1982. Cette Fdration a obtenu sa charte officielle du gouvernement canadien en 1983 et son sige social est Qubec. Plusieurs pays font partie de la FICOM-J: Canada, Belgique, Gabon, Italie, France, Espagne, Mexique,Porto Rico, Vnzula, Salvador, quateur, Bolivie, Rpublique Dmocratique du Congo, Cameroun.Il convient de signaler ici que les OPM de Rome appuient financirement la FICOM-J par une subvention.Vous souvenez-vous de Quelquun qui a dj parl du grain de snev, cette toute petite semence qui, mise en terre, germe, crot et devient un grand arbre? Un grand arbre a t sem jadis Nkolmbanga et il poursuit toujours sa croissance!

Naissance du collge Stoll

En mme temps que Bullier se construisait, 150 km plus au sud le collge Stoll lanait ses constructions permanentes. Ce collge disposait dj de quelques locaux de classes en poto-poto aux fentres ouvertes tous les courants dair construit sur un emplacement exigu. Ces locaux construits par un Frre spiritain aid des paroissiens se trouvaient derrire le presbytre de la mission.Mgr Zoa avait donn ce conseil aux Frres en recherche dun terrain:

Derrire le petit sminaire dAkono, vers la rivire Akono, il y a un terrain assez vaste pour y construire un grand collge. Mais il est plein darbres pour le moment. Je vous le donne cette fin: btir un collge catholique dans ce milieu.

Nous avions tout de mme demand Monseigneur de nous tablir un crit, une sorte de contrat dans ce sens. Les choses tranaient, tranaient et tranent encore! De sorte que les Frres, sur place, reurent un jour un cadeau dun Spiritain, un vrai bienfaiteur, le Pre Criaud: une somme de 2000000 de francs CFA. Mme si on parle de millions, il ny a pas l de quoi aller bien loin dans la construction dun collge denviron dix classes plus une rsidence pour dix professeurs. Et il faut songer aussi au mobilier requis pour une telle entrepriseLes travaux furent entrepris et mens rondement par le F. Paul-Andr Lavoie et F. Andr Ct. Une petite quipe douvriers, la plupart sans exprience dans la construction, se lana dans ce projet et le mena terme. En moins de deux ans, tout tait prt pour que nous quittions les locaux temporaires au grand plaisir de professeurs et lves pour nous tablir sur le campus.Le collge fut baptis du nom du cur fondateur, un gant de la mission: le Pre Antoine Stoll, Spiritain alsacien. Cet homme possdait les belles qualits de ses compatriotes alsaciens: fier, distingu, ordonn, pratique, entreprenant, cultiv et possdant mme deux cultures, la franaise et la germanique. Dans cette mission, sa premire entreprise locale: construire une glise. Entre 1933 et 1938, le Frre Alphonse Qumeneur et le Pre Stoll, tous deux Spiritains, collaborrent pour faire jaillir de terre une ralisation spectaculaire dans ce milieu de brousse profonde. Ce temple fut ds lors la fiert de toute la population car il avait la noble allure dune cathdrale. La petite histoire nous rapporte que Mgr Graffin, vque de Yaound, la capitale, alors en visite Akono, avait remarqu les superbes bnitiers de lentre principale. Malicieusement, il qualifiait ces bnitiers de saladiers Le Pre Stoll avait demand son vque de venir consacrer son glise, toute sa fiert. Monseigneur Graffin tait tellement agac par le style grandiose de cette si belle glise dans un coin perdu de la brousse au point quil refusa tout net de venir la consacrer. Le Pre Stoll se chargea lui-mme de la conscration! Mais, triomphe sur les rticences de jadis, on parle de faire une cathdrale de cette glise. Avait-il le droit de consacrer son glise? Il ne se posa pas mme la question car, malicieusement, une affirmation circule au Cameroun dans ces milieux loigns des grands centres: Au sud de Tripoli, ne Droit Canon nest pas en vigueur! Cest, voyez-vous, quil faut savoir tenir compte des circonstances de temps, de lieu, de culture, de manire, de chaleur, de pauvret, durgence, etc. Et quand on vit dans de telles situations, on doit couper court et prendre une dcision au lieu de se rfugier dans la procrastinationLe Pre Stoll a laiss dans le milieu dAkono un souvenir imprissable de son passage. Il disait souvent au gens dans ses homlies: Il faut traiter avec respect les choses de Dieu. Quelquun a eu lheureuse ide de fixer cette pense, rdige en wondo, sur une plaque expose sur la route dentre du collge. Elle est toujours l pour rappeler aux gens un principe fondamental pour tout croyant: traiter avec respect les choses de Dieu.

Le collge qui fonctionne actuellement sur le terrain donn par Mgr Jean Zoa fait la fiert des lieux dautant plus que les locaux laisss vacants par le petit sminaire dmnag Yaound sont tous au service du collge. Ils constituent le principal pensionnat du collge qui en compte trois ou quatre autres.

Lhistoire dAkono vous sera prsente dune faon plus extensive, comme il se doit, dans une tude venir.

UNE LETTRE DU PRE ANTOINE STOLL

loccasion de linauguration du collge Stoll, le F. Paul-Andr Lavoie, alors directeur du collge, lui fit parvenir une invitation toute spciale. Cette invitation plut particulirement celui qui donnait son nom un collge dont il avait rv lors de sa charge de cur de cette grande paroisse. Il avait beaucoup sem, car il avait fond plusieurs coles primaires dans divers milieux de sa vaste paroisse. Parmi ces jeunes, plusieurs purent tre admis frquenter le collge Stoll lors de son inauguration. Les chrtiens, jadis baptiss par le Pre Stoll, y conduisaient leurs enfantsVoici le texte de la lettre du Pre Antoine Stoll, date du 2 fvrier 1969.

Maison St-Lon,Wolkheim-CanalFrance

Mon cher Frre Lavoie,Jai bien reu votre aimable invitation pour la fte de linauguration Collge Stoll.Trs touch, je vous en remercie de tout cur.Hlas, ltat de ma sant (jai la goutte) ne me permet plus de faire un si long voyage. Mais, en esprit, je serai volontiers parmi vous. Et avec motion, je suivrai le cours de vos crmonies.Mais dabord, cher Frre Lavoie, permettez que je mincline profondment devant votre humble personne, et cela avec une haute vnration, une vraie admiration, sachant bien ce que cela veut dire: Qui btit ptit. Avec audace et courage vous avez pos les fondements, poursuivi avec nergie et patience, achev avec une grand fiert, une douce joie. Je vous en flicite, cher Frre Lavoie, ainsi que tous vos confrres, et toute votre Congrgation.Ma reconnaissance va ensuite tous ceux qui, de loin ou de proche, directement ou indirectement, ont aid finir les constructions. Je les bnis tous et je prie pour eux.Et maintenant, ma pense va la jeunesse dAkono. Ils sont tous anims des plus nobles aspirations. Au mme darriver au sommet dune haute culture. Et je suis, sr, vous cher Frre, vous leur montrerez la voie, vous en ferez de vrais volus par cette loi. Avancez en montant.Enfin, cher Frre, ayez la bont de prsenter Monseigneur J, Zoa, lexpression de mon religieux dvouement. Avec cette invitation de bien vouloir passer chez nous., St-Lon, loccasion dun voyage en France ou en Allemagne.Nous aussi, nous sommes entrain dagrandir, et de moderniser notre maison. Elle sera finie vers aot ou septembre cette anne-ci.Mon salut cordial tous mes amis de l-bas, mais surtout aux Pres du Sminaire, aux Surs, au cher Pre Franois et Benot Bala.Agrez, mon cher Frre, avec ma profonde gratitude, lexpression de mon religieux dvouement.

LAfrique aux mille couleurs

Chapitre 2

LGLISE

Par ses coles et collges, lglise veut former de bons chrtiens et des citoyens avertis.

Monseigneur Jean Zoa et les Frres Maristes

HYPERLINK \l "tdm" Retour la table des matiresMgr Jean Zoa est mort terrass en pleine cathdrale de Yaound durant les obsques de Mgr Paul toga, premier vque africain du Cameroun et son prdcesseur sur le sige de Yaound. Ctait le 20 mars 1998. Mgr Zoa accueillit bras ouverts les Frres Maristes, en 1965, quand ceux-ci durent quitter le Congo-Brazza, aprs la fuite en Espagne de M. l'abb Fulbert Youlou, prsident, chass par les marxistes-lninistes qui s'installaient dans ce pays. Cette mission avait t confie la Province de Desbiens, lors de la division de la Province de Lvis en 1960. Les Frres y dirigeaient un pensionnat Makoua : le collge Champagnat frquent par plus de 400 jeunes. Nous devions y inaugurer un nouveau rfectoire lors de la rentre scolaire...Mais il fallut tout quitter. Tout quitter de nuit, car la situation devenait de jour en jour de plus en plus dlicate. Mais nous y laissions deux Frres qui, tout en enseignant au Petit Sminaire de Makoua, notre voisin, devaient surveiller l'volution de la situation dans l'espoir qui s'est avr vain d'un retour ventuel.Les nouveaux occupants du pays avaient tout de mme lanc un message: Nous voulons respecter les serviteurs de lglise...Les Frres quittrent de nuit car la situation fut juge inscure. Cependant, les Frres avaient t invits prendre une dcision - rester ou quitter - aprs valuation communautaire et en accord avec Mgr mile Vrhile, vque de Fort-Rousset. Nos lves taient devenus, avec le temps, chargs de notre propre scurit! Arms, ils assuraient la scurit du Collge et mme celle des environs!Les Frres chargrent dans une remorque, en vitesse, ce qu'ils estimaient indispensable: leurs effets personnels, de la vaisselle, le groupe lectrogne, quelques fts de gasoil. Cette lourde remorque tire par un tracteur International s'engagea sur des pistes, ici et l affreuses, de la grande fort quatoriale vers le Cameroun, via le Gabon voisin, via Lambarn et Ebolowa. Un autre groupe partit vers Berbrati, par la rivire Sangha, en Rpublique Centre- Africaine.Nos lves-gardiens, bons princes, nous laissrent partir... la premire frontire, celle du Gabon, des douaniers ou des gendarmes nous interceptrent. Les Frres leur expliqurent en termes trs clairs leur situation de fuyards devant l'arrive des marxistes-Ininistes qui nous remplaaient la direction de notre collge, et que nous tions tout simplement en transit, car nous nous dirigions sur le Cameroun pour y enseigner dans des coles de mission. Sans problme, on nous laissa passer.

la frontire camerounaise, nous rencontrons encore gendarmes et douaniers. Les Frres reprennent leurs explications.

Les Frres poursuivent leur route par ces pistes imprvisibles de la grande fort quatoriale, parsemes de trous, de bosses, de flaques d'eau, darbre tombs et de cent obstacles sems par la nature.On arrive dans cet attirail et avec cet attelage dans les rues de la capitale, Yaound. Des rfugis accabls de fatigue aprs un voyage de plusieurs centaines de kilomtres...Les Frres se dirigent l'vch, situ au cur de la ville, tout prs de la cathdrale. Nous exposons notre situation Mgr Jean Zoa. Mais, dabord, qui est Mgr Jean Zoa? Le Cardinal Paul-mile Lger trace de lui dans son journal un portrait logieux: Mgr Zoa est vraiment un don de Dieu au Cameroun. Intelligent, simple, prs des gens, facile de contact, intuitif, il saisit rapidement les problmes et situe lglise dAfrique dans le contexte de lglise universelle. Il contrecarre ainsi linfluence de certains prtres africains qui considrent que les prsence des missionnaires blancs est un obstacle lafricanisation de lglise locale. Mgr Zoa, spontanment, se dit favoris par la Providence devant les vnements qui surviennent au Congo-Brazza. Nous admirons sa foi en la Providence qui nous conduit parfois, bien malgr nous, bien loin des sentiers que nous voudrions continuer de frquenter...en toute scurit.

Mes Frres, j'ai vous offrir deux collges qui n'existent pas! Akono, qui fonctionne depuis peu grce la coopration des Frres du Sacr-Coeur de Makak. Les classes sont en poto-poto, donc temporaires... Tout sera btir. Et Saa, au quartier de Nkolmbanga, tout prs de mon village natal: Ovo-Abang. Les Frres des coles Chrtiennes devaient y venir enseigner. Leur rsidence est mme dj prte: elle sera vtre. Mais, ils manquent de personnel et ne peuvent y venir. Au dbut, l'enseignement pourra se donner dans quelques locaux vides de l'cole primaire en attendant une construction...Je mets votre disposition les terrains voulus, derrire le petit sminaire, pour y difier votre collge. Et en attendant encore que tout cela se prcise, vous pourriez enseigner au petit sminaire d'Akono. Le presbytre d'Akono est trs grand: le cur pourra vous hberger en attendant. Mes Frres, je dois vous l'avouer, c'est aujourd'hui un trs beau jour de mon piscopat: des religieux qui viennent m'offrir leurs services sans que j'aie eu les chercher!

Monseigneur nous recevait donc dans son diocse avec une courtoisie qui ne se dmentira jamais. Tous les Provinciaux qui se sont succd auprs de lui lors de leurs visites pourraient galement en tmoigner. Calculons rapidement: 1965-1998, c'est--dire 33 ans de coopration avec cet vque regrett...Mgr Jean Zoa - zoa veut dire lphant en langue manguissa, une des 220 langues du Cameroun - tait un homme trs intelligent et trs diplomate la fois. l'occasion de VaticanII, nous avons pu le voir et lentendre souvent la tlvision canadienne interview sur la marche du Concile au jour le jour. C'est le journaliste bien connu Aim Major qui s'informait, notre profit, des grands problmes abords rcemment au Concile et de la tournure que prenaient les dbats. Mgr Jean Zoa, trs finement, rpondait aux questions, parfois pointues, de cet homme de tlvision et nous tonnait, d'une semaine l'autre, par la clart et l'-propos de ses rponses et par son locution facile et soigne. Il portait alors des jugements tout en nuances mais d'une grande limpidit.Dans la vie relle, il tait toujours ainsi comme me lont confirm les nombreux contacts que jai eus avec lui lors des visites que jai faites et au cours de mon sjour dans son diocse.Il avait succd Mgr Paul toga, premier Camerounais lev lpiscopat, qui avait dirig le diocse de Yaound durant quelques annes avant d'tre nomm premier vque de Mbalmayo, diocse qui venait dtre dtach de celui de Yaound.Dans ces circonstances, la dlicatesse de sa situation ne nous chappe pas. Son clerg tait en grande partie compos de missionnaires, donc d'trangers au pays. Il dirigeait un clerg africain peu nombreux. Mais le Petit Sminaire d'Akono fonctionnait bien et le Grand Sminaire d'Otl, sous la direction des Bndictins puis de Mgr Sartre, S.J., tait prospre. Mgr Jean Zoa devait succder des vques europens et poursuivre l'expansion de son diocse.Mgr Jean Zoa se comporta en homme dglise averti. Il voulut autour de lui, avec lui, des collaborateurs et des collaboratrices missionnaires quil fit venir ou revenir. Parmi ceux je peux citer demmoire: Surs de la Providence, Surs de Ste-Anne, Pres des Saints-Aptres, Clartains, Pres du Cur Immacul de Marie (Scheutistes), Surs Scheutines, Surs Jsuitesses de Lyon, Surs de lEnfant-Jsus, Surs de St-Paul de Chartres, Pres Maristes, Frres Maristes, Pallotins, Pres des Sts-Aptres, Surs Ancelles du Sacr-Cur, Surs de lAssomption, Surs de Ste-Croix, Franciscan Tertiary Sisters of Brixen, Dominicaines du Carmel, Daughters of Mary Mother of Mercy, Surs de la Charit de Jsus Christ, Surs de la Sainte Famille de Bordeaux, Surs de St Joseph de Cracovie, Surs de Ste-Marie de Namur, Surs Dorothe de Gemmo, Soeurs Comboniennes, Congrgation de Notre-Dame (Montral), Filles de la Sainte Famille de Nazareth,Missionnaires de la Charit de Calcutta, Soeurs de Ste-Anne (Italie), Surs Venerini Il faudrait encore y ajouter quelques autres communauts que des recherches aux archives du diocse nous feraient connatre. Je ne mentionne pas ici que les effectifs de communauts arrives au Cameroun avant son accession la tte du diocse de Yaound ont aussi augment considrablement durant son rgne. numrons maintenant le plus succinctement possible les travaux que Monseigneur Zoa envisagea et accomplit comme responsable du diocse de Yaound tout en soulignant que des dcisions que la Confrence piscopale du Cameroun dut prendre, pendant plusieurs annes, taient souvent inspires par son Prsident, l'Archevque de Yaound... Cette numration vous paratra peut-tre sche, mais quand on sait y discerner les multiples implications que cela suppose, on conclut que cet vque a fait un travail de titan dans des circonstances parfois extrmement dlicates pour ne pas dire dangereuses.Contentons-nous d'numrer ici quelques-unes de ses ralisations:

Paroisses crer devant les progrs de l'glise, paroisses dynamiser, visites de confirmations dans ce vaste diocse, coles primaires dvelopper, formation des matres et surtout des catchistes assurer, coles secondaires maintenir et crer, ducation des filles favoriser, surtout au niveau secondaire, enseignement catholique encadrer par le Secrtariat l'ducation, dispensaires des missions encadrer et dvelopper, organisation des communications sociales de l'glise dans la conviction que les communications sociales constituent le carrefour de lvanglisation, nomination de vicaires piscopaux, trs proches collaborateurs, maintien du journal L'EFFORT CAMEROUNAIS, cration d'un journal pour les catchistes des paroisses : NLEB BECHRISTEN, relations avec les nombreuses communauts religieuses de son diocse, fondation du CRAT de Saa: Centre Rural d'Appui Technique, dcentralisation des missions grce la cration de postes centraux dots dune case-chapelle et dissmins le plus prs possible des populations, fondation d'coles mnagres pour favoriser l'ducation des jeunes filles, fondation dune cole dInfirmires, fondation dune cole normale qui eut malheureusement une dure phmre, avec le Cardinal Lger, cration du Centre d'Etug-Ebe pour traiter les victimes de la poliomylite, organisation financire du diocse grce la Procure Centrale de Yaound, relations avec le chef de l'tat et les divers ministres, construction du Grand Sminaire de Nkolbisson, construction du Petit Sminaire de Yaound sur la colline de Mvoly. organisation Yaound dune maison pour les prtres retraits, organisation du Sminaire des Ans, Otl, pour les vocations tardives, formation spirituelle et intellectuelle du clerg, organisation du Centre AMA, divisions de son grand diocse en coordination avec la Nonciature apostolique, organisation d'une Universit catholique, construction de la rsidence de l'vque Mvoly, don du Cardinal P.-. Lger, planification pour tablir des planteurs sur des nouvelles terres cultiver au Nord du fleuve Sanaga afin de dcongestionner la rgion de Saa, rgion surpeuple, mise en chantier d'une basilique Yaound pour souligner les cent ans de l'glise catholique au Cameroun.

Cette liste dj longue, je l'arrte ici tout en vous soulignant qu'elle est fort incomplte... Mais il convient de souligner qu'avant d'tre lev l'piscopat il s'tait vivement intress l'ducation populaire. Le fait de voir le nombre duvres ducatives quil mit sur pied et quil encouragea ne devrait donc pas nous surprendre outre mesure.Entre 1966 et 1972, j'ai eu lhonneur de rencontrer trois reprises Mgr Jean Zoa pour l'organisation des collges Stoll d'Akono et Bullier de Saa. A chaque occasion, l'accueil de Monseigneur tait fort sympathique. Le mme accueil, franc et ouvert, fut mnag aux Provinciaux qui firent ultrieurement une visite aux Frres du Cameroun. Il invitait le visiteur chaque fois sa table. Lors de ces rencontres, j'ai pu mesurer quel point il croyait ces deux principes forts :

1-Que le progrs d'un pays en voie de dveloppement passe par l'ducation de la jeunesse.2-Que l'cole catholique est un haut lieu de moralisation pour toutes les populations.

Mgr Zoa ne manquait pas l'occasion de souligner que les autorits gouvernementales partageaient tout fait ce mme credo qui tait bien le sien depuis quil tait prtre.Mgr Zoa n'a jamais manqu de soutenir trs ouvertement l'action et la prsence de nos deux collges dans leurs milieux si loigns des grands centres. Je me souviens fort bien d'une polmique souleve l'occasion d'une de ses visites pastorales Saa. Certains missionnaires, curs de paroisses, mettaient en doute le rle d'un collge d'enseignement de premier et de second cycle dans cette rgion du Cameroun, laissant entendre que les missionnaires enseignants seraient plus utiles l'glise en travaillant en paroisse, auprs des gens, au dveloppement, linitiation une agriculture plus progressive, lhygine des milieux, etc. Les restrictions sur lefficacit de luvre des ducateurs taient soulignes parce que l'action de ces ducateurs favorisait l'exode vers les villes des jeunes scolariss de ce milieu. Ceux qui soutenaient cela oubliaient-ils que le milieu en question tait surpeupl et quils travaillaient eux-mmes dcongestionner ce milieu-l en favorisant une implantation de planteurs dans le Mbam, vers Talba? Mgr Zoa, sans prendre ouvertement la dfense du collge Bullier, suggra habilement que les missionnaires enseignant au collge tiennent une runion avec les curs de la rgion pastorale. Autrement dit: Expliquez-vous entre vous. Au jour dit, un dimanche aprs-midi, la rencontre eut lieu au CRAT de Saa. Le directeur du collge prsenta alors une liste imposante des rles jous par le collge dans le milieu et que l'autre reproche de travailler vider la rgion de ses forces intellectuelles vives n'tait pas du tout mrit car l'avenir de la rgion de Saa, dj surpeuple, tait bel et bien ailleurs!!! Et il terminait sa dfense pro domo en faisant allusion la clbre rpartie de saint Vincent de Paul la Reine de France qui lui demandait ce qu'il aimerait faire pour mieux servir les pauvres. Sa rponse fut dun laconisme surprenant: Davantage! La rencontre se termina l, tout net. Et on n'entendit plus parler de cette objection concernant le rle et le travail du collge Bullier!Quelques jours aprs cette rencontre, Mgr Zoa recevait le compte-rendu de cette runion historique avec la liste des quelque vingt rles importants jous par le collge Bullier dans le milieu et dans le domaine de l'ducation. Il nenous rpondit pas, mais, chose certaine, il avait tout comprismme avant cette runion dexplication! Les archives du collge Bullier, si elles existent encore, et celles du diocse de Yaound gardent les traces crites de ce moment de vrit... Aprs cet vnement, le collge poursuivit en paix son petit bonhomme de chemin et joua, auprs de la jeunesse, le rle d'vanglisation et de prparation la vie qui tait le sien et qui reste toujours le sien.Lors de ses visites dans les paroisses de notre zone pastorale, Monseigneur ne manquait jamais de venir causer avec les Frres et de prendre un repas avec eux, les Surs de Ste-Croix et celles de St-Paul de Chartres. Une anne, F. Claude Beaudet avait prpar la confirmation un nombreux groupe de jeunes collgiens et collgiennes qui navaient pas encore reu ce sacrement. Mgr avait accept de venir pour cette confirmation spciale qui se faisait lauditorium du collge. Aprs la crmonie, il prit le repas avec les communauts missionnaires du coin et se dit fort impressionn et difi la fois par la qualit de la prparation ce sacrement que les jeunes avaient reue. Cest que, avant de commencer la crmonie, il avait lui-mme longuement questionn les jeunes et avait reu des rponses excellentes toutes ses questions. Il se rendit bien compte quil tait devant des jeunes dont la foi tait claire.Mgr Zoa aurait bien aim que nous prenions la direction du collge d'Etoudi. Lors dune de mes visites au Cameroun, il tint lui-mme me faire visiter ce collge install en banlieue de Yaound. Ce collge tait alors dirig par un prtre camerounais quil aurait prfr occuper comme responsable dune une paroisse du diocse. Il nous offrit aussi la direction du collge Vogt quand les Frres des coles Chrtiennes manifestrent le dsir d'en abandonner la direction. Mais, chaque reprise, nous lui avons soulign avec franchise que nous tions son service mais de prfrence pour les collges de brousse car, en ville, on trouve trs facilement des matres, tandis que, loin des grands centres, le besoin de matres se faisait sentir de faon cruciale. Dans les deux cas, devant nos arguments prsents respectueusement, Monseigneur ninsista pas.Mgr Zoa se montra aussi trs favorable au recrutement des vocations maristes. Nous avons pu ouvrir un juvnat Saa et un autre Akono. Un noviciat a fonctionn Saa puis Akono. Pendant un certain temps, le noviciat aussi fonctionna hors du diocse de Yaound, Bafoussam et Makak.Il s'est montr trs ouvert au mouvement JEUNESSE DU MONDE lanc, au Cameroun, partir du collge Bullier de Saa, par F. Paul-Andr Lavoie. Ce mouvement, la Confrence piscopale du Cameroun la reconnu comme mouvement d'Action Catholique. De plus, il a t prsent aux autorits de l'tat comme mouvement de Jeunesse officiellement reconnu. Ce mouvement a vu passer dans ses rangs plusieurs milliers de jeunes Camerounais et Camerounaises qui occupent actuellement des postes en vue dans la vie de la nation. Il groupe encore actuellement prs de neuf mille jeunes, garons et filles, qui se prparent servir l'glise et la nation. De nombreuses vocations sacerdotales et religieuses issues de ce mouvement dynamique tmoignent de l'engagement de ces jeunes et de limportance dun tel mouvement dans un milieu de jeunes.Quand il s'agissait d'obtenir des subventions de la part de gouvernements trangers ou d'organismes internationaux pour des agrandissements de nos collges, le dveloppement de moyens audio-visuels, il acceptait volontiers de nous aider en appuyant nos demandes auprs des socits, car nous jugions que le poids de sa recommandation tait essentiel. Et souvent sa recommandation a pes lourd...C'est grce lui que nous avons pu obtenir des conditions trs avantageuses les locaux laisss vacants par le Petit Sminaire Akono et par l'cole primaire des filles, Saa, elle aussi demeure compltement vide durant quelques annes Cela nous permit de porter mille et plus les effectifs de ces collges afin de mieux rpondre aux multiples demandes dadmission qui nous taient formules chaque anne. Ce qui permit au collge Bullier de porter 300 le nombre des admissions en classe de 6e, et ce sur plus de 800 demandes annuelles dadmission !En 1970, Mgr Zoa nous demanda de recevoir les jeunes filles dans nos deux collges car il jugeait que ces dernires allaient beaucoup trop jeunes en mariage et qu'elles taient nettement dfavorises par rapport aux garons. Nous avons accept une condition: qu'il puisse obtenir quune communaut de religieuses vienne participer avec nous l'enseignement dans nos deux collges afin d'assurer ces jeunes filles un meilleur encadrement. Au collge Bullier, les dmarches furent faites par le F. Firmin Aubut, directeur gnral du collge. C'est alors que les Surs de Ste-Croix de Montral vinrent enseigner au collge Bullier de Saa et que les Surs de la Croix de Strasbourg acceptrent d'enseigner, pour leur part, au collge Stoll d'Akono.Tout rcemment, le collge Stoll tait reconnu comme institution d'intrt public, titre qui lui reconnat des facilits pour faire entrer au Cameroun des marchandises bien utiles dans les collges des fournitures en provenance de l'tranger, surtout du Canada. Dans l'obtention de cette reconnaissance officielle, il faut voir l'influence dcisive de Mgr Jean Zoa. Il vit avec joie le second cycle en Techniques Commerciales et en Techniques Comptables fonctionner pendant plusieurs annes au collge Bullier de Saa. Le second cycle avec accent spcial en informatique qui prend naissance actuellement Akono, collge Stoll, tait aussi un de ses rves. Un rve en pleine ralisation ces jours-ci, en 2002, sur l'imposant campus occup jadis, en grande partie, par le Petit Sminaire d'Akono.C'est toute l'histoire de la prsence des Frres Maristes au Cameroun qu'il faudrait voquer ici, car, durant ces 33 ans, Mgr Jean Zoa n'a jamais cess de s'intresser luvre d'ducation mene par les Frres dans son diocse et hors de son diocse.Il convient de signaler aussi que Mgr Jean Zoa savait habilement manier l'humour et qu'il avait le don de raconter finement des vnements cocasses ou plaisants de la vie. Ainsi, lors de la bndiction du collge Bullier de Saa, au cours du repas de circonstance, devant les invits de la table d'honneur, il racontait dun air amus le refus qu'il avait essuy de la part du Pre Spiritain canadien, cur de la Mission St-Matthieu de Nkolmbanga, alors que, dans la longue file des futurs baptiss, il attendait son tour. Laissons-le raconter lui-mme.

Le missionnaire me dit: Mon petit Zoa, je te baptiserai quand tu auras des culottes... Car j'tais nu! Tout penaud, je rentre chez moi pour raconter maman ce qui m'arrivait, que le missionnaire me refusait le baptme parce que Toute la famille se mit casser des noix de palmistes afin de pouvoir les vendre au march pour m'acheter la culotte indispensable... Quelque temps plus tard, je pouvais, enfin, tre baptis avec un autre groupe de jeunes. Javais le costume voulu!

La nomination de l'abb Jean Zoa comme vque la tte du principal diocse du Cameroun causa une certaine surprise, faut-il le dire, dans un pays o des problmes de tribalisme existaient et existent toujours et o il passait pour tre lhomme des Blancs, selon le clerg africain. Pourquoi avoirchoisi ce jeune vque issu de la tribu des Manguissas nomm la capitale du Cameroun, en pays Ewondo et Eton, deux ethnies beaucoup plus nombreuses et occupant au pays, dans les sphres de l'administration civile, des postes importants et mme prestigieux? Cela causa toute une surprise. Mme si lon savait quil appartenait la famille dun chef des Manguissas Mais, en homme intelligent et diplomate, le jeune vque, et plus tard archevque, imposa tous le respect et mme l'admiration. Avec courage, il sut affronter ces rivalits sournoises, s'attaquer au tribalisme, combattre le ftichisme et les autres attitudes juges dviantes par rapport aux valeurs de l'vangile. Il sut aussi s'opposer la monte des sectes, comme celle des rosicruciens encourage, par ailleurs, par des Camerounais de haut rang dans la socit. Et laffaire Ndongmo, un vque bamilk, qui survint en cours de route compliqua singulirement sa chargeUne affaire trop longue aborder ici, mme sommairement. Tout cela lui causa bien des ennuis sans toutefois amortir son esprit de combattant pour la vrit: la vrit triomphera un jour !Mgr Jean Zoa, vers 1968, lors dune de ses visites au Qubec, a tenu venir rencontrer, Desbiens, le Conseil provincial du temps. Lors d'une messe clbre par lui en la chapelle de Desbiens, il tint souligner tout l'espoir qu'il mettait dans l'action des Frres Maristes dans le travail apostolique qu'il s'efforait de mener bien dans son immense diocse, avec le concours de nombreux missionnaires. A un certain moment, on estimait plus de 250 les Canadiens missionnaires luvre dans ce pays. Et parmi ces missionnaires, la figure du Cardinal Paul-mile Lger qui uvra pendant de nombreuses annes au diocse de Yaound. la demander de Mgr Zoa, le Cardinal parcourut une bonne partie du diocse pour assurer les confirmations. Il seconda admirablement l'vque dans le domaine de la sant, la lutte contre la lpre et la poliomylite, les relations avec certaines communauts religieuses. De plus, il facilita singulirement les choses afin que l'vque puisse occuper, sur la colline de Mvoly, une rsidence toute neuve plus tranquille et plus fonctionnelle que celle qu'il occupait dans les locaux de la paroisse de la cathdrale, au cur mme de la capitale.

Je terminerai en donnant les grandes dates de la carrire de Mgr Jean Zoa.

1924:naissance Saa. (Le village de ses parents: Ovo-Abang, prs de Saa.)03/10/1950:ordination sacerdotale Rome.21/09/1961:nomination comme premier archevque camerounais de Yaound.21/09/1961:sacre Rome.07/01/1962:intronisation Yaound.20/03/1998:dcs la cathdrale de Yaound.

Voici quels furent les quatre axes de luvre pastorale de cet vque qui avait choisi comme devise ADVENIAT REGNUM TUUM:

1-La connaissance de Jsus-Christ pour l'authenticit vanglique.2-L'annonce missionnaire pour une foi partage.3-Les tches de dveloppement pour une promotion humaine intgrale.4-La gestion rationnelle pour l'autonomie de l'glise locale.

Mgr Jean Zoa se prparait prendre sa retraite, une retraite bien mrite aprs un travail colossal la tte de son diocse. Le Seigneur en aura dcid autrement. Sachons respecter les voies imprvisibles de Celui qui sait mieux que nous ce qui nous convient. Il y aurait encore beaucoup dire sur un vque de cette taille! Mais attendons ce que des voix plus autorises que la mienne pourront apporter de lumire sur un homme d'une telle envergure.En la personne de Mgr Jean Zoa, notre Institut a rencontr un bienfaiteur insigne qui a observ constamment, avec le mme intrt, le parcours suivi par nos deux principales institutions d'enseignement au Cameroun: Bullier et Stoll. Si nous assistons avec peine au dclin d'une uvre commence dans l'enthousiasme et le dvouement au service de l'glise et de la nation camerounaise, nous esprons que celui qui nous accueillit avec tant d'ouverture et de sympathie saura obtenir que luvre qui, pour nous se termine, connatra des lendemains exaltants entre les mains de Camerounais dsireux de poursuivre lducation chrtienne de la jeunesse. Ainsi, grce la comprhension et une volont tenace d'un bienfaiteur insigne qui continuera auprs du Seigneur jouer un rle actif, le Cameroun pourra bnficier, par l'action de continuateurs dcids et tenaces, faire fonctionner des institutions de premire valeur au service de la jeunesse et de la nation. Au service de la jeunesse, espoir de l'glise et espoir de la nation.

Le Cardinal Lger et les Frres Maristes

Lors de mon tout premier voyage au Cameroun je me trouvais sur le mme avion que le Cardinal Lger. Il retournait au Cameroun aprs un repos. Il tait accompagn par deux hommes daffaires qui graient la Fondation quil avait dj mise sur pied.Quelques jours avant de partir de Chicoutimi, javais t charg de remettre en mains propres au Cardinal une lettre de la part de la Suprieure gnrale des Antoniennes, Sur Liliane Cormier. Cest bord de lavion que je jugeai bon de remettre cette lettre au Cardinal. Il en prit vite connaissance. Puis il quitta son sige pour venir me demander si je connaissais cette religieuse. Il me posa alors quelques question sur elle. Jtais assez mme de lui rpondre car, pendant trois ou quatre ans, javais eu loccasion de la rencontrer lors les runions de suprieurs et de suprieures du diocse de Chicoutimi. Cest par la suite que jai appris que cette religieuses offrait ses services au Cardinal pour venir travailler au Cameroun dans une de ses uvres. Effectivement, peu aprs son offre de service, elle dmissionnait comme Suprieure gnrale pour venir travailler tug Ebe, dans le Centre que le Cardinal avait fait btir pour y traiter les petites victimes de la polio. Il avait adjoint cette uvre un dispensaire pour les gens des environs qui souhaitaient un tel service prs de leur village. Jai pu visiter ce Centre. Il tait fort bien construit et fonctionnel: grandes salles pour les enfants, service de fabrication de prothses, chapelle pour le service religieux, locaux pour les administrateurs, locaux pour les infirmires et infirmiers, grandes cuisines, rfectoire pour les jeunes, piscine afin que les petits infirmes puissent sentraner bien faire bouger leurs membres, etc., etc. Ce Centre jouissait dun emplacement magnifique: pour linstaller, on avait tter une grande colline dans les environs de Yaound. Sur Liliane tait comptable dans ce secteur des activits du Cardinal.Quand il sest agi, Nkolmbanga, dorganiser le terrain de foot, F. Firmin a song faire appel au Cardinal. Il le rencontra et lui exposa sa demande en lui prsentant tous les arguments favorables un tel projet en brousse, loin de la capitale, un terrain qui servirait des centaines de jeunes et plusieurs autres moins jeunes de la rgion. Le Cardinal accepta avec enthousiasme ce projet. F. Firmin fit le ncessaire pour mener bien ce chantier, et rapidement. Il fallait retenir les services de gens possdant les engins ncessaires pour un tel chantier qui dura des semaines et des semaines, car il fallait dplacer des centaines de tonnes de matriel.Quand tout fut complt, F. Firmin fit ce que le Cardinal lui avait demand: il lui remit la facture que le Cardinal acquitta sans problme. Si mes renseignements sont exacts, que ce projet cota environ l0000$. Les vrais chiffres font partie des secrets du F. Firmin avec cet autre secret particulier: comment mener bien de telles dmarches.Pour remercier le donateur, le stade fut baptis Stade Cardinal-Lger. Grce la coopration du F. Firmin et du Cardinal, ce coin superbe de notre concession connut des heures de gloire o des comptitions clbres eurent lieu, o des affrontements plus dangereux entre quipes srieusement rivales durent se terminer en prsence des gendarmes Mais cela est de la petite histoire des mille et un problmes que lon peut rencontrer dans ce continent aux mille couleurs, couleurs parfois rouge sang linvitation de Mgr Andr Loucheur, spiritain, vque de Bafia, je me rendis un jour son vch. Aprs la rception fort cordiale, il vint me conduire ma chambre en me la dsignant comme la Chambre du Cardinal. Cest l que, pendant plusieurs semaine, avait log le Cardinal avant de se rendre la lproserie de Nyamsong, la maison du Cardinal, Nyamsong, ntait pas alors tout fait prte pour laccueillir.Une autre fois, le Cardinal avait communiqu avec le F. Firmin:

Mon Frre, jaimerais offrir aux religieuses du collge de Nsimalen une sortie vers votre beau collge Bullier. Serait-ce possible?minence, comment ne pas vous faire plaisir? Dites-moi votre jour et votre heure. Je vous dois une telle reconnaissance pour tout ce que vous avez fait pour mon collgeTel jour et telle heure, cela vous irait-il?Entendu. Je note immdiatement. Comptez sur moi.

Le jour dit, nous avons eu lhonneur de recevoir Bullier le Cardinal et une dizaine de religieuses Filles de Marie du collge de Nsimalen. Rception bien organise par F. Lavoie, chef du protocole. Messe clbre par le Cardinal et homlie dans notre chapelle fleurie pour les trois communauts: les visiteuses, nos Surs et les Frres. Visite de notre collge et coup dil vers le Stade Cardinal-Lger. Repas dont le menu attrayant avait t concoct par F. Lavoie qui sy connat bien en ces bonnes choses. Photos diverses pour immortaliser ces moments de fraternit. Puis retour Nsimalen situ prs de cent km environ au sud de notre patelin.Lors de ma dernire visite au Cameroun comme Provincial, jai tenu aller saluer le Cardinal Nsimalen et saluer en mme temps le Cur, natif dAlma. Jai demand au Pre Pierre-Julien Bouchard de me mnager une rencontre avec le Cardinal qui accepta de me recevoir. Je passai environ demi-heure avec lui. Il sinforma de nos uvres au Cameroun, de nos projets. la fin de la rencontre, je lui demandai une bndiction pour moi-mme et nos uvres missionnaires.Jai pris le repas du midi avec la communaut de Nsimalen. Le Cardinal, selon son habitude, se montra fin causeur et ne se gnait pas pour taquiner celui-ci ou celle-l par de fines allusions dont certaines mont t expliques Il se plaisait bien dans ce milieu missionnaire et tudiant car il tait aumnier dun collge pour jeunes filles, collge dirig par les Filles de Marie, une communaut diocsaine camerounaise pour laquelle il a fait beaucoup. lore de 1979, un visiteur imprvu sannonce qui dridera le cardinal. Le frre mariste Jean-Paul Desbiens, alias Frre Untel, visite les uvres de sa communaut et sarrte Nsimalen pour le rencontrer. Il ne la jamais revu depuis le temps des ses insolences qui avaient bouscul bien de ides reues dans les milieux de lducation alors sous la frule de lglise.Je viens chercher ma vrit, se dit-il en se rendant un taxi la mission. Car cette histoire a chang sa vie. Pour le mieux.Avant de se prsenter son rendez-vous, il a appris de ses confrres en poste au Cameroun que le cardinal Lger nest pas accept dans le milieu. On lui reproche davoir bti avec ses dollars un centre de rducation que les Africains seraient; maintenant incapables de soutenir ni financirement ni techniquement. En somme, il a fait un cadeau encombrant au pays qui la accueilli.Jean-Paul Desbiens songe cet homme qui a dmissionn au fate de la gloire. Sans doute connaissait-il, en 1967, une forme de lassitude, sinon de dsespoir. Comme le prophte lie qui dcourag par lchec de sa prdication, sest enfui dans le dsert pour sy laisser mourir, il a fui au Cameroun pour soccuper des lpreux. Mais ctait compter sans la sensibilit africaine domine encore par le discours anticolonialiste. Peut-tre est-il venu trop tard?Pourtant, cest un cardinal en grande forme qui laccueille la mission. Avant le repas, ils prennent lapro en compagnie du cur Bouchard et des deux frres maristes qui accompagnent Jean-Paul Desbiens dans ses prgrinations. Lun deux questionne larchevque au sujet des frasques du Frre Untel, mais ne reoit pas de rponse.Aprs le souper, tandis quils sirotent une tisane la citronnelle, le cardinal reprend la question: coutez, dit-il pompeusement en regardant ses invits, je profite du passage du frre Untel pour tracer le profil de mon piscopat et faire larges traits lhistoire de lglise du Qubec.Cest parti. Le voil qui raconte avec force dtails le cauchemar que fut pour lui le dfil des vques qubcois Rome o il se trouvait au moment de la dmission de monseigneur Charbonneau. Jamais il na t aussi loin dans les confidences. Puis il faut un bond dans le temps et enchane avec les pressions du clerg qubcois qui, choqu par ses insolences, souhaitait ouvertement que le frre Untel quitte sa communaut. Et de citer le cri du cur de lvque de Chicoutimi, monseigneur Mlanon: Si je savais que le frre Untel est dans mon diocse, je le chasserais.Mon cher frre, saviez-vous que le Vatican a t saisi de votre affaire par la nonciature apostolique dOttawa lance le cardinal Jean-Paul Desbiens qui nen savait rien et parat estomaqu de lapprendre.voquant ensuite le dbut des annes soixante, alors que lautorit religieuse svissait sur les consciences, le cardinal ne peut sempcher dadresser son invit un doux reproche propos du ton trop raide de ses insolences. Toujours insolent, laccus rtorque qu lpoque il aurait bien aim pouvoir lappeler, affectueusement bien sr, sacr vque!Quelque temps aprs cette soire, dans une lettre quil crira au frre Untel, le cardinal soulignera le rle que celui-ci a jou dans lveil des consciences, non au sens de devin qui prdit lavenir mais un peu comme celui qui fait clater le prsent.Plus tard, beaucoup plus tard, quand sa biographie intitul Dans la tempte sera publie, il lui en fera cadeau avec cette ddicace: En souvenir des heures mouvantes angoissantes o nous tions sur le mme radeau, dans la tempte. Pouvons-nous chanter: File, filez mon navire? Que de travail poursuivre dans tous les domaines. Continuez le combat! Je suis au bout de la route!Le frre Untel lui rpondra: Vous connaissez le reste de la chanson: car le bonheur mattend l-bas(Extrait de Micheline Lachance Paul-mile Lger, Le denier voyage, d. De lHomme, 2000, pp 211-213)

La longue prsence du cardinal dans le domaine de laide fournir ces pays lui a donn une exprience de premier plan. Ce quil a vu et entendu au cours des annes lui a permis de faire en priv et auprs de certains confidents cette remarque dsabuse mais fort pertinente:Si je disais tout ce que je sais sur laide internationale, on me jetterait en prison. Les organismes internationaux et les gouvernements sont pourris. Largent recueilli sert payer aux fonctionnaires des salaires de 80 000$ avec limousine et chauffeur.

Le Cardinal Lger et Monseigneur Zoa

Le Cardinal Lger fut pour Mgr Jean Zoa, archevque de Yaound, un ami, un collaborateur et un bienfaiteur.Lors de son dpart prcipit du diocse de Bafia, le Cardinal ne voulait pas rentrer au Canada, car cela aurait t avouer un chec de son projet missionnaire. Il offrit ses services Mgr Zoa qui le reut bras ouverts dans son diocse. Il fut accueilli la mission de Nsimalen par le Pre Pierre-Julien Bouchard, des Saints-Aptres. Ce membre dune Socit religieuse qui avait eu des dmls avec le Cardinal alors que ce dernier tait chef spirituel Montral, le reut dans son vaste presbytre, oubliant facilement le pass tout de mme assez rcent. Le Cardinal tait, table, un charmant causeur. Il savait drider les convives et menait dans ce presbytre la vie dun missionnaire en brousse.Mgr Zoa lui demanda sassurer les confirmations dans diverses missions du diocse. Ce dont il sacquitta volontiers et avec la simplicit et la bonhomie que ces milieux requraient. Il visita ainsi plusieurs dizaines de missions de cet immense diocse. Mgr Zoa habitait alors au centre ville, tout prs de la cathdrale dans des locaux quil partageait bien simplement avec les prtres de la paroisse. Les locaux taient exigus et situs en un milieu on ne peut plus bruyant. Le Cardinal offrit Mgr Zoa de construire un vch digne de ce nom sur la colline de Mvoly, colline qui appartenait au diocse de Yaound. Le Cardinal vit ce que larchevque soit log dans des locaux fonctionnels et pour lhabitat, et pour des rencontres occasionnelles, et pour la rception dinvits de marque. Jai eu lhonneur dtre reu dans cette maison par Mgr Zoa lors dune visite. Rception cordiale, invitation dner avec lui et les religieuses, des Servantes du Saint Cur de Marie de Beauport, qui assuraient le secrtariat du diocse et lintendance de la maison.Lorsque le monastre des religieuses Carmlites dtoudi prouva quelques problmes trs srieux, Mgr Zoa demanda au Cardinal dy effectuer une visite canonique, visite qui se prolongea pendant quelques semaines pour en arriver la conclusion radicale: la fermeture. La situation demanda au Cardinal beaucoup de doigt afin de rgler les problmes individuels que cette fermeture ne manquait pas de susciter. Une voisine du collge elle-mme Carmlite, une fille de Fabien, demanda se retirer de cet Institut et devint par la suite infirmire Nkolmbanga. Nous aurions bien pu en savoir davantage sur la situation qui avait amen le fermeture de son monastre, mais nous avons jug quemieux valait la complte discrtion. La construction du centre dtug Ebe exigea des capitaux importantsmais qui ntaient pas toujours appliqus l o ils auraient d ltre. ce propos le Cardinal jugeait avec justesse et...un peu de malice quand il disait que les dons des pauvres des pays riches servent trop souvent aux riches des pays pauvres!Lors de la construction du Centre Etug Ebe, le Cardinal logeait sur place, dans une grande roulotte pauvrement amnage. Il y avait heureusement dans les environs quelques personnes qui lassistaient avec un dvouement de 24 heures par jour. Quand il soccupa des Filles de Marie, Mimtala, il logeait la mission o le Pre Pierre-Julien Bouchard lui a toujours assur un accueil chaleureux. Cest l que le F. Jean-Paul Desbiens lavait rencontr lors dune visite quil fit aux missions des Frres Maristes du Cameroun. la mort de la maman de Mgr Zoa, le Cardinal a tenu officier avec Mgr Zoa aux funrailles qui eurent lieu dans lglise Saint Matthieu de Nkolmbanga. Durant mes 17 ans de prsence dans cette paroisse, cest la seule et unique fois o des funrailles, en prsence du corps, furent tenues. Compte tenu des distances et de la chaleur qui affecte rapidement toute dpouille, les funrailles ont lieu habituellement devant la case de la personne dcde.

Une mission, une cole

Quand, en 1967, je visitais pour la premire fois les Frres qui venaient de simplanter au Cameroun, jai t vraiment tonn du nombre dcoles primaires et autres qui fonctionnaient dans ce pays. Cest que, lors de ladministration franaise, lglise devait demander une autorisation pour ouvrir une mission, donc une paroisse. Quand ladministration accordait cette autorisation, elle posait comme condition essentielle dacceptation que lglise ouvre en mme temps une cole.Un autre sujet dtonnement: la coopration accepte et mme recherche de divers organismes de la part de ltat dans le domaine de lducation. En effet, dans ce pays nous sommes devant cinq services distincts pouvant assurer lenseignement:

Lenseignement officiel gr par le gouvernement lui-mmeLenseignement priv catholiqueLenseignement priv protestantLenseignement priv musulmanLenseignement priv lac

Cette attitude montre que ltat fait preuve de pragmatisme et de ralisme.Lducation Nationale, quivalant notre Ministre de lducation, coordonne le tout, peut faire des inspections, fix