code de musique pratique; ou, méthodes pour apprendre la musique, même à des aveugles, pour...

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7/21/2019 Code de Musique Pratique; Ou, Méthodes Pour Apprendre La Musique, Même à Des Aveugles, Pour Former La Voi… http://slidepdf.com/reader/full/code-de-musique-pratique-ou-methodes-pour-apprendre-la-musique-meme-a 1/320 '«V ««>;'.' .,;<SN» ,

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  • 'V >;'.' .,;
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    in 2010 with funding fromUniversity of Ottawa

    littp://www.archive.org/details/codedemusiquepraOOrame

  • CODED E

    -rn^^

    MUSIQUE PRATIQUE,O U

    MTHODESPour apprendre la Mufique, mme des aveugles, pour former fa

    voix (3c l'oreille, pour la pofition de la main avec une mchaniquedes doigts fur le Clavecin & l'Orgue, pour l'Accompagnementfur tous les Inftrumensqui en font fufceptil^Ics, (Se pour le PrcjIuJe:Avec de Nouvelles Rflexions fur le Principe fonore.

    I

    Par M. RAMEAU.

    PARIS,DE L'IMPRIMERIE ROYALE.

    M. D C C L X,

  • ^VSEVMBR I TANNICVM

    Ofil'UC/TElvf:R,v-s. '

  • TABLEdes Cliapitrcs contenus dans ce Volume.

    CHAPITRE I.ly ou VEAU moyen d'a^j^rendre lire la Mujque.Article I. Des Gammes. Page \Art. 1 1. De l'application des Gammes aux doigts de la

    viain. 6

    A R T^ III. Des Difes , Bmols " Bc'quares. 8Art. IV. Des Clefs & des Tranfpofnioiis. Ibid.

    CHAPITRE II.De la pojttwn de la tJiainfiir le Clavecin ou l'Orgue. 1 1

    CHAPITRE III.Mthode pour former la Voix. 1

    2

    Article I. Moyens de tirer les plus beaux Sons dont la voixcjl capable , d'en augmenter l'tendue & d^la rendre flexible. i a

    Ajit. II. Moyen de fixer l'oreille & la voix fur le mmedegr en s'accompagnant. 21

    CHAPITRE IV.P^ la Mefure, ^l

  • V TABLECHAPITRE V.

    Mthode pour l'Accompagnement. 24I." Leon En quoi nffle l'Accompagnement du Cla-

    vecin ou de l'Orgue. Ibid.

    I Des Accords, 2 5

    III Du renverfement des Accords. Ibid.

    I V De la mcchanique des doigtspour les Accords,leur fucccjjon , leur reuverfement , & leurBajje jondamenlale. 2.

    6

    V Du Ton ou Mode. 2.^y I Termes en ufage pour h BajJe fondamentale

    & la continue , avec quelques obfervatiunsen confequence. Ibid.

    VII De tenchanement des Dominantes. 3 o

    y III De la note fenfible , de fon accord, desAccords dijjonans , de la prparation ^rJoJution des Dijjunances , & de leurBajje fondamentale. 3 ij

    IX Des diffrens genres de Tierces & de Sixtes

    ,

    o il s'agit des Difes , Bmols &,Bquares. 3 5

    X Rapport du Ton mineur avec k majeur dontil drive. 3 6

    XI Des Cadences. 3 8XII Des Tons tranfj}ofs. 3 ^XIII Rapport des Tons. 43IXIV , , , De l'entrelacement des Tons dans leurs

    cadences , o les toinqnes fe fuccdent endefcendant de tierce dans la Bajje. 45

  • DES CHAPITRES. iiffX V.*^ Leon. . . Quels font les Accord qui fiiivent ge'ne'rak-

    ruent le Parfait. ^^6

    XVI Du Double emploi. 48X V I Moyen d'entrelacer les Tons les plus relatifs

    dans un enchanement de dominantes. 4^^

    XVIII........ De l'enchanement des Cadences irreguhres.5^

    XIX Sufpenfon communes aux Cadences. 5 4XX Des Accords communs diffrentes toniques

    ,

    o il s'agit de la ftxte fuperfiie. 5 5

    XXI... Des Suppofcions & fufpenftons. 5 6XXII Entrelacement de fuppoftions avec des

    Accords parfaits. 5 ^

    XXIII Des cadences rompues & interrompues. 6

    1

    XXIV Suite diatonique de plufieurs Accords defixte gnralement fomife aux cadences ,dont la rgle de l'odave tirefon origine. 64

    XXV De la Septime diminue, fous le titre de

    petites Tierces. 6 5

    XXVI Du genre Chromatique. 66XXVII Du genre Enharmonique. 6 3XXVIII De la jonion de la Baffe continue aux

    Accords. 6pXXIX De la Syncope. 70XXX Diflinlion des Confonances & des Diffo-

    nances; de la prparation des dernires

    ,

    & de la liaifon. 7 lXXXI Cot de lAccompagnemcnt. 7 3XX X 1 1 Alanire de chiffrer la Baffe. 74

  • TABLECHAPITRE VI.

    Mthode pour la Compofu'ion. y 8

    CHAPITRE VII.De la Bajfefondamentale , titres &' qualits des notes qu'ony emploie, ir de leur fuccejfon. 8r|

    Article L Principe de l'harmonie & de la mlodie. Ibid.Art. 1 1. Des toniques , ou cenfes telles. Ibid.

    Art. III. Des dominantes & fous - dominantes. 8 2.Art. IV. Mardie des toniques. Ibid.

    Art. V. Marche des dominantes & fous- dominantes. 83Art. VI. Des repos ou cadences qui font connotre leur Baffe

    fondamentale, & qui en occaftonnent fouventd'arbitraires , dont h doute s'claircira par lavoie du diatonique. 8^

    Art. VII. De la cadence rompue. 87Art. VIII. De la cadence interrompue, 88;Art. IX. De la cadence irrgulire. Ibid.

    Art. X. Du double emploi. Ibid.Art. XI. Des Bajfes fondamentales communes un mme

    accord & diffrens Tons. 00;Art. XII. Des notes communes diffrens accords, & de

    leurs Baffes fondamentales arbitraires. o ij

    Art. XIII. Choix dans la fucceffion fondamentale. a 2'

    Art. ~K\Y. De la dure des notes fondamentales & de lafyncope. Ibid*

  • DESCHAPITRES. tArt. XV. Origine de toutes les varits cJe la Baffe fotida-

    inentale, i;"par conjqueut de l'harmome , comme

    de la mlodie , o il s'agit des cadences. 931

    Art. XVI. Des intervalles nceffairement altrs dans lamodnlation. o c

    Art. XVII. Prparation & rfolntion de la diffunance , ol'on parle de la fufpenfion , des notes qui dansl'harmonie fe comptent pour rien , & des ca-dences rompues & interrompues. a 6

    CHAPITRE VIII.'Moyen de trouver ta Ba^e fondamentale fous un Chant

    dotin. on

    1." Moyen. Accords , repos ou cadences, IbiJ.2.*^ Tierces

    ,quartes & quintes. 100

    3.^ Tenues d'Olaves & de Quintes avec Bajfefondamentale arbitraire. 10 z

    4.^ Diatonique avec Bafe fondamentale arbitraire,o l'on parle des notes communes diffrentesBaffes fondamentales. i 04.

    5/. Diatonique , tant en montant qu'en dfendant

    ,

    dont chaque note rpte dans la mme mefire ;OU fyncope , peut recevoir deux Baffes fonda-mentales diffrentes , outre l'arbitraire qui peuts'y rencontrer. i 07

    .*. ."...... Entrelacement d'accords confonans & diffonans

    ,

    tant en duo qu'en trio,par imitations , tir des

    cadences & de l'enchanement des dominantes

    ,

    o la fixte fiperflue fe trouve employe, i i i

    yf. .;:.;.. Genre chromatique, 118a ii/

  • vj TABLE8.^ Moyen. Genre enharmonique. jz-i^.^

    , . . Des licences , o il s'agit encore Je h fuppofition

    ,

    de la fiifpenfton , de la fixle fuperfiue & dela fyncope. i 2^

    lo.^ ..... . Imitations, Fugues, Dejfcins & Canons, o ils'agit encore de la ftxte fupeijlue. 120

    CHAPITRE IX.Rflexions. 133

    CHAPITRE X.De la Modulation en gnral. 135

    CHAPITRE XI.Du rapport des Tons , de leur entrelacement , de la longueur

    de leurs phrafes , confcquetmnent leurs rapports , dumoment de leur dbut j " de la marchefondametitale. i 3 8

    CHAPITRE XII.t>lotcs dornement ou de got , o l'on traite encore de la

    Alodulaiion. i 5 i

    CHAPITRE XIII.De la comppf.tion plujieurs parties. 15^

    CHAPITRE XIV.De l'esprcjfwn. j6^

  • D E s C H A P I T R E s. wV

    CHAPITRE XV.Mthodepouraccompagnerfans chiffies. tjiObservation I. Des cadences en gnral, Je leur renverfe-

    ment & de leurs imitations. ijzObserv. II' De l'ordre diatonifji/e. ly^Observ. III. De l'entrelacement des Tons. ly

    ^

    CHAPITRE XVI.'Mthode pour le Prlude. 178

    'Nouvelles Rflex i 1^ s fur le Principefonore. i 8pDveloppetnent des Nouvelles Rflexions. itj^

    De la Proportion double. ^97De la Proportion triple. loSDe la Proportion

  • vnj

    Fautes corriger.

    AGE ^/, ajoi'itei la fin du qutrianc linca; Cette confonance cfttoujours ici Ja tierce, comme on doit ie reconnotic parles trois lignes tires d'une note l'autre dans l'exemple B.

    ^6, Exemple C, lifez Exemple G.60, Sixime linca, XI V, lij'ei XVIII.'' X^a^on

    ,page jo.

    6^ , A la fin de la ncuvitmc ligne , ce Ton l'cgnant , lifei fonXon rgnant, cjui cil le mineur de mi: ir fix lignes plusbas , ily a le Ton rgnant , lifiei le premier Ton rcgnant.

    ^2 , Deuxime ligne, ily a tierce, lij'ci quarte, ir effacei latrcifime ligne juj'qu' ces mets , fe fau\e , &c.

    J^, Quatrime ligne du troifime liiiea, il y a feptime, life^quinte.

    J06 , Effacez le point & la virgule qui font la /ixime lignedu troifime linea.

    Jjp, Sixime ligne du cinquime linea , mineur, ///fj majeur.12.2. , Septime ligne, premire B. F. lijci B. F. du 3/ L.iz8 j Le dernier c qui renvoy l'exemple, indique le dernier

    accord de la deuxime accolade.t^i , Virgule avant le nwt & de ta pnultime ligne du deuxime

    linea.1^7, Dernire ligne du premier linca, VI.'' Aloytn , il y a

    page III, lij'ei articles XIV & XVII, pages p2,93 & 96.

    i^y , Supprimez la note (t).i/J , Dans la note (i), lifci feulement de la page 58, au lieu

    de ce qui fuit ces mots, dernier linca.L'origine du double emploi, dans les Nouvelles Rflexions,

    &c. m'a fait reconnotre qu'une dominante cenfe to-nique, pouvoit defcendre fur la fous-dominante, portantzfixte ajoute , & rcprcfentant pour lors, flon le cas

    ^

    la fu-tonique dont elle porte la mme harmonie.;i2j , Premire ligne, rctranchei le mot entre.

    PLAN

  • PLAN DE L'OUVRAGE.JE crois qu'il futTlt d'expofcr le Plan des fept

    Mcthocles dont ce Code de Mufiquc cft compofc,en y ajoutant quelques lgres reflexions , pourfatisfaireles Curieux fur les diffcrens objets auxquels ils voudronts'appliquer, me rcTervant nanmoins de m'tendre unpeu plus (au cas qu'ils veuillent poufler leurs vfies plusloin) fur les Nouvelles Rflexions ,

  • ft Plannote, foit fa tierce, la quarte. Sec. de ceile d'o l'on

    partira: leur oreille s'accoiitiimera infenfiblement fentir

    la difi'rence des intervalles, & c'eft l'unique moyen deles rendre promptenient Muficiens. L'oreille fe forme

    difficilement chanter feul, mme en duo; c'efl l'ou-vrage de l'Harmonie, qu'on ne s'y trompe pas , la Nature

    nous le dit affez par la rlbnnance du corps fonore.

    Si le Franois fe ft nourri d'Harmonie ds les pre-

    miers momens de fon penchant pour la Mufique, il fcroi

    devenu Muficien comme les plus grands Matres , du

    moins par le mme canal qui les a tous forms , c'eft--dire

    ,

    par l'oreille; ce qui fuffit qui ne veut que jouir:

    le Pote fans doute en auroit profit , Si connotroit

    mieux ce qui convient l'Art.La deuxime mthode donne la pofition de la main

    fur le Clavecin & fur l'Orgue , avec toutes fes dpen-dances, de forte qu'elle y fert galement pour les pices

    i pour l'Accompagnement , mme pour tous les artsd'exercice. Cette mthode fe trouve ici place pourfervir celles qui fui vent.

    La troifime mthode contient l'art de former faVoix, c'efl--dire, qu'elle enfeigne tirer de la Voixles plus beaux fons dont elle efl capable dans toute fon

    tendue,d'o fuivcnt les moyens d'augmenter cette

    tendue au del des bornes qui paroifnt d'abord natu-relles , Si. d'arriver toute la flexibilit ncefire pour

    excuter les plus grandes difficults; mthode non encoreufjte en France, o l'on fe contente d'enfeigner le

  • DE L' U V R A C E..y

    got tlu Chant, lorfquc ce got ne peut natre que duicntiment qui ne fe communique point. Le dfaut deconnoifTance feit qu'on s'en tient au liafiird, qui donneaux uns les fiicultcs dont il s'agit., & les refufc aux autres.Plus on efl fenfible la perfedion, plus on fe prcffe

    d'y arriver; alors le travail, la gcne, la torture, tout

    s'en mle , de forte que plus on avance dans la courfe,plus on s'loigne du but, parce qu'on a pris la mauvaife

    route : on perd un temps iniini dans ce labyrinthe , on

    fe dcourage la fin ; & toute la confolation qu'on croitpouvoir en tirer, c'efl d'attribuer la Nature des ^iccsque de mauvaifes habitudes ont fait contracter, & qu'ilferoit bien facile de rformer, fi l'on vouloit oublier qu'on

    a jamais chant,pour rentrer tout de nouveau dans h

    carrire: il ne faut pour cela que coufiatice, co7iJlance &falinee , fwx -\Q\\\. prendre la peine de 71 en point prendre ;la grce en dpend; elle efl incompatible avec la gne.On peut dire que les grces font filles de l'ai fan ce

    ,

    comme elles font compagnes de la beaut : & qu'eft-ceque la beaut, fi ce n'efl la perfclion !

    L'extrme tendue & la grande flexibilit des voixchez \.% Italiens, doivent certainement prvenir en fa-

    veur d'une mthode qu'on tient en partie 'cwx ; on yajoute feulement un moyen, par lequel toute perfonncd'une oreille fenflblc pourra juger de la plus grandebeaut dufon, puis un Accompagnement trcs-nccffairepour entretenir les fons fur le mme degr quand on lesiilc , car il efl affez commun aux Commenans de les

  • mj Planhauier en les enflant, &. de les baifler en les diminuant.

    Cet Accompagnement pour le Clavecin ou l'Orgue feconoit & s'apprend la premire led;ure. En cela,comme dans tout le refte, le moyen d'arriver prompte

    ment eit de fe bien examiner dans toutes Tes oprations

    & de ne point fe preier. Voyez marcher cet enfant aufortir du berceau, fe preffe-t-il hlas! il n'ofe encore,

    ilTcnt qu'il tomberoit ; mais infenfiblcmcnt fa force

    augmente , fcs mouvemcns fe fonnent , fon courage

    s'vertue, il arrive enfin courir comme les autres fans

    trop favoir comment. Voil l'image 6c l'exemple de

    notre lve en Mufique; il lui fuffit d'tre bien dirig.Le progrs dans les arts marche comme l'aiguille d'unemontre , elle avance toujours fans qu'on s'en aperoive.

    La quatrime mthode regarde l'Accompagnementdu Clavecin ou de l'Orgue; elle efl totalement tabliefur le plan que j'en ai donn en 1732, except que jel'ai fomife aux chiffres en ufge , oii les doigts d'un

    ct , & l'oreille de l'autre,prviennent toujours temps

    6i propos le jugement. Cette mthode femble treimagine pour les Aveugles, comme il femble auli quela Nature ait prvu que la marche la plus naturelle auxdoigts fur le Clavier fuivroit exadement l'ordre le plus

    rgulier de l'harmonie. Cette marche efl une pure m-chanique , dont l'acquifition peut fe fiire en moins dedeux mois d'exercice

    ,avec une main fouple & toujours

    obiffante au mouvement des doigts; ce qui demandetoute l'atten-tion pofible: aufli n'efl-ce pas fans raifon

  • ) E L* U V R A G E. xijqu'on a cru devoir s'tendre fur la pofition de la main

    ,

    dont dpend le prompt fuccs. Par cette mcchanique,bien -tt les doigts prennent

    ,

    pour ainfi dire, connoif-

    fance du Clavier; connoifTance d'autant plus ncceffaire,

    que l'il doit toujours tre porte fur la Muficjuc qu'onAccompagne ; connoifTlince qui d'ailleurs nourrit l'oreillede toutes les routes harmoniques, pendant qu'elle pr-fente l'efprit un exemple fidle de toutes les rglesdont il doit tre inftruit ; de forte que le jugement

    ,

    l'oreille & les doigts d'intelligence concourent enfemble procurer en peu de temps les perfections qu'on peutdlirer en ce genre : telles font du moins les vues del'Auteur. Par exemple

    ,fans regarder le Clavier ni les

    doigts, aprs les avoir arranges pour un premier accord,on reconnot fur le champ au feul tal , & la Baffefondamentale

    ,l la diffonance quand il y en a. Sans

    s'occuper des rgles,toutes les marches poffdiles s'ex-

    cutent dans leur jufe prcifion 6c dans toute la prompti-tude ncefTaire. Ces doigts jmparem & fauvent toutesles diffonances comme d'eux-mmes: connot-on l'unedes deux notes la fconde, toujours indiques par ceschiffres

    , j, i, -7 ou 2, l'autre fc trouve fur le champ& tout l'accord enfemble, ne s'agiffant pour cela qued'arranger par tierces les doigts qui refient, de quelquect que ce foit , l'olave de la Baffe reprfentant par-tout la fconde de 7 & de 2 , l'une au deffus, l'autreau deffous : le plus bas des Acwy. dorgts , la fcondel'une de l'autre, defcend toujours d'un demi-ton fur la

    b ij

  • xiv Plannote feufihie , indique par un dife, nu bquare, ou par

    un chiffre barr ; &: ce doigt le plus bas efl toujours latonique du Toti dclar par cette notefenfible. Enfin l'ha-

    bitude une fois acquife de toutes les routes fondamen-

    Liles donnes dans les exemples , o fe reconnot toutce qui vient d'tre annonc , les doigts prennent , commeon vient de le dire, une telle connoifTance du Clavier,

    dans les plus grandes tranfpofitions mme,

    qu'ils font

    prefque toujours dans le cas de prvenir le jugement& la mmoire, bien entendu qu'on n'emploie le poucedans les accords que lorfqu'on en pofsde parfaitement

    la pratique. Quel avantage pour former l'oreille, & pourprocurer aux Aveugles. les moyens d'arriver la Com-pofition Quel avantage encore pour les perfonncs Aq])i.capables d'excuter une Baffe livre ouvert! Il ne s'agit

    d'abord que de la main droite dans tous les premiersexercices, pendant lefquels on s'inflruit des rgles, dontl'exemple fe trouve toujours fous les doigts.

    La cinquime mthode achve la Compofition, dont

    la quatrime a dj fait l'bauche 6c les prparatifs : elles'y trouve en effet de la plus grande importance

    ,puifque

    fans le fecours de l'oreille , nul ne doit fe flatter de ruiir

    dans la Compofition. Nous ne fommes tous devenusMuficiens qu' la faveur de ce guide fidle, qui nous a

    fuggr, par une fuite de temps aicz confidrable, lesdiffrentes routes harmoniques dont nous fommes enpoffcffion, jufqu' ce qu'enfin j'en aie dcouvert le prin-

    cipe; principe qui n'aferyi qu' tirer de la confufion les

  • DE l! U V R A C E. xvrgles de l'harmonie, en lui donnant, dans fa pratique,le titre de Bajfe fondamentale , fur laquelle eft tablie lamclianique des doigts dont on vient de parler.On fuppofe donc, quiconque voudra fe livrer la

    Compofition , une connoifTance & un fentiment peucommun de l'Harmonie, ne pouvant gure fe fatisfaircfur CCS deux points que par le moyen de l'Accompa-gnement On ne fera plus dformais la dupe de fon tropde prvention pour de mdiocres talens , fur lefquclson a peine fe rendre juftice: tout efl donn dans cetAccompagnement, le fimple & le plus compof, l'oreilley eft prvenue, & s'y met porte de pouvoir preflcn-tir : c'cft le grand point, pour que l'imagination ne foitjamais fufpendue. Quand mme les rgles connues fe-roient fms reproche

    ,qu'eft - ce que des rgles qui

    afTervifnt le gnie! c'eft l'imagination d'en ordonner-auffi n'a-t-on entrepris la mthode dont il s'agit qu'aprsavoir dcouvert le moyen de la laiffer agir, cette ima"-j-nation , en toute libert: elle n'a pas pluflt produit unChant, que la rgle en fait trouver la Baffe fondamentale,&: par confquent toute l'harmonie, dont on di(j)ofc fon gr: ed-on arrt dans fi courfe

    , l'imagination

    fe refufe-t-elle nos defirs , la fucce/fion obljo^e decette Baffe fondamentale nous remet fur la voie, jufqu'nous carter des routes trop communes, fuppof quenous ayons le got affcz dlicat pour ne pas nous con-tenter de celles qui pourroient y tendre : n'cuffions-nousproduit que deux mefurcs de Chant, cette Baffe peut

    r

  • xvj Plannous le faire continuer aufli long -temps que nous fe

    voudrons, mme avec les varits de modulations lesplus agrables. On s'explique d'ailleurs, dans la mthode,fur les talcns qui ne fe donnent point, mais qui fe dve-lo])pent mefure que l'oreille fe forme ; Se pour cet

    effet, il faut couter foiivent de la Mufique de tous lesgots. Embraffer un got nationnal pluftt qu'un autre,

    c'eft prouver qu'on eft encore bien novice dans l'Art.

    On doit juger, fur le modle de nos fenfitions enMufique , c'eft--dire, fur ce qui rfulte de la Trompetteou du Cor, quelle doit tre notre aptitude pour la Com-pofition : c'eft pour lors qu'il faut fe mfier de (a. pr-

    fomption. Sentir le fond d'harmonie fur lequel roulent

    les Airs de Trompette, c'eft dj beaucoup, quoique

    ce ne foit rien encore en comparaifon de ce qu'il faut

    fentir de plus. Quelle opinion avez -vous de l'Auteurdes Tymbales, qui donnent juflement la Baffe fonda-mentale de ces Airs en queflion .' on a pu l'en applaudir,

    mais en a-t-il t beaucoup plus avanc pour cela J/ a

    fm de la profefans le [avoir , fi le bon mot de la com-die peut tre hafard fur un pareil fujet, & voil tout.Lifcz Zarlino , ce Prince des Miijciens flon quelques-uns

    ,

    reconnoiffez combien il toit encore born : voyeztoutes les mthodes de Compofition & d'Accompa-gnement qui ont paru depuis , vous y trouverez bien

    quelque chofe de plus, mais non pas tout, beaucoup

    prs. Or, s'il a pu chapper des connoiffances, tant du ct

    du jugement que du ct du fentiment, desperfonnesnourries

  • DE L' U V R A G E. xvijnourries clans l'Art , alcs, &.

    qui voulez dcider : cela vous iuffit cependant pour en-

    trer dans la carrire ; mais ne vous flattez pas trop. Savez-

    vous, ou fentez-vous , par exemple, dans quel Ton dbute

    un Air, s'il eft majeur ou mineur ; dans quel rapport cflcelui qui le fuit, fi Tes phrafes ont une longueur propor-

    tionne fon rapport, quelles en font les cadences , dansquel moment il change; diflinguez-vous aifment unintervalle d'un autre; fentez-vous la diflrence dw majeur2i\.\ fuperju , du mineuriw dmini,d\\ demi-ton diatonique

    ou majeur, au demi-ton chromatique ou mineur, d'unequarte la quinte, &C. Savez- vous feulement laquelle

    t% deux vous entendez ! & \ ous voulez dcider , encoreune fois , fins pouvoir mme juger fi le dfaut vient del'excution ou de la chofe : attendez, vous tes en che-

    min, mais un peu trop loin du hut : vous trouverez devous-mme, par exemple, la Baffe fondamentale detous les repos d'un Chant (a), & ces repos fe font fou-vent fentir de deux en deux mcfures , d\\ moins de quatreen quatre: n'eft-ce pas dc^Y beaucoup:' infcnhblement

    vous irez plus loin & vous arriverez. Souvenez-vous del'aiguille d'une montre.

    Les tleux dernires mthodes, l'une pour Accompa-

    gner fins chiffres, l'autre pour le Prlude, tiennent toutdes deux prcdentes

    ,dont il ne s'agit que d'expliquer

    (a) Nouveau Syftcie de Mufiquc, Chapitre y^,page j^.C

  • ffcvli/' Planles principes ; relativement leur objet. Trouver la

    BijfTe fondamentale de tout Chant donn , doit certai-nement fuppler au chiffre, puifque la Baffe fur laquelle

    on diftribue l'Harmonie efl un Chant. Avoir toutes les

    routes fondamentales fous les doigts , par l'exercice qu'on

    doit en avoir fait fur les exemples qu'on en donne, il

    y a l de quoi fournir au Prlude , dont la varit eft

    mme affignce par les renverfemens poffibles & connus;on fuppole d'ailleurs une habitude acquife fur le Clavier

    par un exercice de difrens Airs, d'oij l'on tire mille

    petits ricochets, plus agrables les uns que les autres,

    pour l'ornement du Chant.

    Par ces mthodes , on finira comment il faut enfei-gner, & comment on doit l'tre.

    Il faudra fparer les exemples gravs du livre des

    Mthodes, du moins lorfqu'il s'agira de l'Accompagne-ment, pour les placer fur le pupitre d'un Clavecin pen-

    dant que les mthodes feront ct , de faon qu'onpuiffe aifment jeter la vue de ct & d'autre.

    Les Curieux qui voudront paffer de la pratique hthorie, ou de la thorie la pratique , ne feront peut-

    tre pas fchs de trouver , la fuite du Code , deJ^ouvelies Rijex'ions Jiir le principe fonore : il y efl quef-

    tion , entr'autres, de deux dcouvertes, fivoir, la pro-

    portion gomtrique dans la rfonnance du corps fonore,

    & l'origine des diffonances dans une quatrime propor-tionnelle. Quoique ce dernier moyen foit trs-familierjiu Gomtre , il a mieux aim attribuer cette origine

  • DE L' U V R A G E. xix l'Art, que de porter plus loin Tes vues, rebut appa-

    remment de fes vaincs recherches dans ce mcme Art.

    Comment a-t-on pfi cependant attribuer l'Art ce quidoit parotre avoir t naturellement infpir prcfque de

    prime abord tous les hommes, comme le prouve lagamme m r mifa , drc. fur laquelle font fondes tousles i)flmes de Mufique, jufqu' mon Trait de l'Har-

    monie, (Se dont l'ordre forme par-tout diffonance d'une

    note,ou d'un Son l'autre.

    Ces nouvelles Rflexions m'ont conduit forgere un

    Hifoire fur le compte du premier homme, o l'ordreque jejui fais tenir dans fes recherches, n'eft autre que

    celui que j'ai tenu peu prs dans les miennes.

    Cette hifoire me conduit fon tour l'origine des

    Sciences, o je compte arriver par une Qjicjlion dcfive,favoir laquelle de ces deux connoiffances , celle de

    l'arithmtique ou celle des rapports harmoniques a d

    conduire l'autre

    Les nombres font de fimples fignes , qui n'ont d'autres

    vertus que celle de reprfenter les rapports qu'ont entre

    eux les diffrens objets qui frappent nos fens; & commeil ne peut natre d'ides en nous que de ces diffrens

    objets, il ne s'agit donc plus que de connotre celui

    dont on a pu le plus facilement tirer les lumires dont

    nous fommes clairs aujourd'hui. Les nombres font

    les outils [de l'Arithmtique, l'Arithmtique cfl celui

    de la Gomtrie, &. de la Gomtrie nous obtenons

    les Sciences.

  • XX Plan de l' u v r a g e.Toutes les Sciences ne font point encore dcouvertes;

    le principe en eft encore inconnu: l'Analyfe , quoique

    elle doive immortalifer fes Auteurs, n'a pu nous faire

    pntrer jufque-l. Ce principe nous ell donn dans unphnomne dont la Nature a bien voulu nous fiire part,en nous y prefcrivant toutes fes loix primitives dans

    l'ordre de la fynthfe. Qu'en penfcr i la Mufique s'cfl:refufe aux recherches du Gomtre, toujours proc-cup de fon anaiyfe ,

  • CODEDE MUSIQUE PRATIQUE,

    o u

    MTH ODESTour appremlre la Mtjiqiie, mme des aveugles

    ,

    pour former la voix ^ toreille , pour la pofition dela main avec une mchanique des doigts fur kClavecin ^ l'Orgue

    ,&" pour taccompagnement

    fur tous les inflrumens qui enfontfufceptibles, ^c

    CHAPITRE PREMIER.Nouveau moyen d'apprendre lire la Alufique.

    Article premier.Des Gammes.

    JE propof ici trois gammes comme les racines de toute I.iMiilique pixitique, loit pour apprendre la lire, (oit pour

    l'excuter, (oit pour en compo(cr.En effet, les confnmnces, les difbnattces, leur renverfmeiu,

    A

  • a CODEl'ordre des dils Si. bmofs , ia tranfpofition , les fons fonda-mentaux du tfOiJe ou (0/1, les cadences faj c'eft--dire la fiicceffionnaturelle de ces mmes fons fondamentaux , dont f forment des-repos plus ou moins abfolus , & toute la modulation tant enhai-monie qu'en mlodie, la luccef'ion particulire des toniquesentr'elles, en un mot tout efl: compris dans ces gammes, larfei-ve du chromatique & de l'enharmonique.

    Gamme diatonique.

    Ut,c

    a.

    r ton mi, .4-" 5.'= 6. 7.' 8.*

    ,on fol ton [a to ri,^^,,llt

    triton JCette gamme s'appelle diatonique

    ,parce qu'elle marche par

    les tons naturels, autrement dit pai- les moindres degrs nalmcls la voix.

    Gamme par tierces ^ Jxtes.

    Ut mi fol fi r fa la8*

    Ut

    Gamme par qiiimes & quartes.faufle 5.'= 8.=

    Ut fol r la mi fi fa ut

    Il faut avoir ces trois gammes tellement prfntes l'e/j^rlt

    ,

    qu'on puil les rciter de mmoire, non feulement en les com-menant par chacune des notes qu'elles contiennent jufqu' fonolave qui porte le mme nom

    , mais encore en rtrogradant

    ,

    c'eft- -dire, de droite gauche. Par exemple, fi je commencel'une de ces gammes pary/, je la continue jufqu'au dernier ut,

    (a) Tclions de nous frvir determes propres, & ne donnons plusau tremblement le nom de cadence,qui n'appartient qu'aux repos de l'iiar-monie ou du chant, comme qui diroit

    chute finale de cliant.Ainfi j'appellerai dans la fuite trii,

    mot tir de l'Italien , et tremblementqu'on a toujours improprement nommcadence.

  • DE MUSIQ.UE PRATIQ.UE. 5auquel je fiibflitue le premier, pour continuer de -l julquaumciTi fol qui fera l'oclave de celui par lequel j'ai dbut.

    Si je rcite la mme gamme en rtrogradant , (on dernier ut

    ,

    fous le nom de 8.^ c'efl--dire olave , (eiti pour lors le premier,&. l'autre fera fon oave.On doit regarder toutes les notes l'olave comme la mme,

    puikju'elles portent en eft le mme nom, ne diffrant entr'eilesque du haut & du bas que chacun prend flon la porte de lvoix, croyant entonner le mme {o\\, la mme note.De cette reprfntaiion d'une mme note dans fs ocflaves,

    fuivent de belles connoiflnces ignores jufqu'au Trait de l'har-monie.

    La premire de cts connoi(Bnces confifle trouver toutes lesconfonnances dans les deux dernires gammes, & en prendreoccadon de ( les reprlnter li fouvent, qu'on puiff diftinguer,par exeinple , la quajte de la quinte. Pour ce qui efl; de la diff-rence de la tierce majeure la mineure, celui qui la (nt dans\\w accord, comme entre ut m , &i mi fol, peut compter fur untiilent dcid du ct de l'oreille.

    Pour reconnotre les confonnances dans ces deux derniresgammes, remarquons que toutes les notes du milieu peuventtre galement coinpai-es la premire &: ion odave, & queces deux

    -ci tant cenles la mme, changent feulement l'ordredes notes qu'on leur compare ; ce qui s'appelle raiverfemciit. Parexemple, fi dans la gamme des tierces je trouve une tierce deJa ut

    ,je trouve une (ixte d'/// la dans la premire: i\ pareille-

    ment dans la gamme es quintes,

    je trouve une quinte de fa t/( , Se une fauff quinte dey? fa , je trouve dans la premireune quarte d'ut fa , 8c une quaile fuperffue, dite trito/i, de faAfi; diffrence indifpenfble entre toutes les notes que l'on com-p;u-e aux deux de quelque ocla\e que ce loit, qui les embrafnt.On appelle intciyalle la diftance qu'il y a d'une note une

    autre : or,pour trouver fur le champ l'intervalle renverf , ii

    fulit de f reprfenter le nombre qui fiiit p avec celui de l'in-tervalle qu'on fe propoi ; d'o l'on conclura que la feptime &la fconde, la fixte & la tierce, la quinte & la quarte fcroiU

    A ij

  • 4 CODjenver/ees l'une de l'autre

    ,

    puifque y8i.2.,68L^,^8c^font galement cj.

    Par ies titres de fecon^Je , tierce, quarte , &c. donns aux notesde la gamme diatonique, on doit comprendre que ies gammesmarchent de gauche droite en montant , & de droite gaucheen defcendant ; mais fi l'on s'imagine monter toujours, de quelquect qu'on rcite ces gammes , leur renverfment y fera vifible& fenhble: la premire qui d'un ct danne des fcondes d'unenote f voifine , donnera des fptimes de l'autre ; la deuximequi donne d'un ct es tierces , donnera des f'ixtes de l'autre ;& la troifime qui donne d'un ct des quintes , donnera esquartes de l'autre.

    Il n'y a de confonnances que tierces,

    quartes,

    quintes &fbites, lefquelles f trouvent toutes contenues dans la tierce & laquinte, la faveur du renverfment que i'o6lave y introduit.

    Il n'y a qu'une difnance primitive, qui efl la feptime, dontie renverfment efl donn par les fecoiuks d'une note l'autredans la premire gamme; fccotides dont le rapport efl exprimpar les termes de ton Se eieiiii-ton.

    Il ne s'agit ici que d'un petit effort de mmoire, qui confiflefeulement pouvoir ( reprfnter fur le champ, & fans htfiter,l'intervalle que forment entre eux r S

  • DE MUSIQ,UE PRATIQ.UE. 5lignes, fur & entre lefcjLielles ces notes font places: or, lorfqu'ils'agit (le l'intonation

    ,ce n'efi; pas l le cas d'exiger de la mmoire

    une choie qui non (ulement peut en chapper Se dillraire de tafonlion naturelle &. la plus nceflire, mais qui ne peut pas mmey fervir de vhicLile.

    Si l'habitude d'entonner une tierce, une quarte, 5cc. aveccertains noms peut tre regarde comme un vhicule pour l'oreille,quoique le mme intervalle reoive tout moment di (Tervinsnoms de notes, crivons ces noms (ous les notes, en guil deparoles, cela foulagcra d'autant un commenant, dont la moindreproccupation le diftrairoit d'une fonction qui doit lui devenirenfin naturelle.

    Pour que le fentiment des intervalles puif les faire entonnerfur le champ la vue des notes, il faut qu'on foit fndble l'harmonie &; ( modulation : or croit -on pouvoir procurercette lnlibilit en faifmt chanter un commenant feul , enchantant l'uni (bn avec lui, ou mme en tJuo / Erreur: ce nefera qu'aprs un grand laps de temps qu'il pourra de\'enir Mu-fiien , encore trs-mdiocre , fi on ne le conduit que de cetteforte. Tel eft cependant l'ulage en France : n'en fciyons plus ladupe ; ce n'efi qu'en entretenant continuellement l'oreille d'har-monie qu'elle peut s'y former promptement : n'ayons donc plusde Mattie de Mufique, de Matre chanter, qu'il ne foitcapable d'accompagner fon El\ e fur le clavecin ou lur l'orgue ;c'eft l'unique moyen d'en faire un Muficien ; c'ed le ful qu'onemploie en Italie, o l'on engage mme l'lve s'accompagner,ds qu'on le croit en tat de pou\'oir (e livrer cet exercice.

    Si 1 on pouvoit entendi'e tous les jours de la mufique en pleineharmonie, cela fuppk'eroit au dfaut d'Accompagnement; maistout le monde n'efl pas porte d'en jouir alz fiquetnment.

    De pareils avis ne doivent point tre indiffrens aux com-menans, non plus qu'aux Matres.

    Point d'impatience fur-tout , attendons que ce qui vient d'trerecommand (oit bien inculqu dans la mmoire avant que depader outre: fallt-il un mois pour cela, on y gagncroit infi-niment; l'intelligence de toute la luite en dcpend. QiianJ une

    A iij

  • 6 CODEfois deux objets nous proccupent, ils (e Jctrulent l'un l'autre,& nous tiennent toujours en fufj^ens. Plus on a de got pourla chof, plus on en efl avide; mais plus on fe prel, plus

    on s'loigne du but.

    Article II.De VppUcanon des Gammes aux doigts de la main.

    On conoit afz que les cinq doigts de la main peuvent fortbien reprfenter les cinq lignes fur lesquelles on copie la mu-

    fique : or en regardant ou flippolnt main bien ouverte , lepetit doigt du ct ' de la terre , on y voit , on y juge cinq) igns avec leurs milieux , qui (ont les vuides qui fparent les

    lignes, les doigts; & pour lors, quelque note qu'on imaginejur le petit doigt , la pofition des autres notes fera connue par

    !a connoillnce des gammes.' Je me fervirai des chiffres 1,2,3,4,5, pour indiquerles doigts: i indiquera le petit doigt, 2. Ion voifm en montant,&: ainfi de fuite toujours en montant jufqu'au pouce qui fera 5

    .

    Cet ordre fuit aufTi la dnomination des lignes de Muilque,la plus balfe tant appele la premire , fi voif ine la fconde

    ,

    aini de fuite jufqu' la plus haute,

    qui efl la cinquime : f i l'onen ajoute au defis ou au defbus , on peut les fuppoler de mmeau deffus du 5 , Se au deffous du i

    .

    Sachant que les notes f placent dans les milieux aufi-bien

    que fur les lignes , on reconnot fur le champ la gamme diato-nique depuis I , appel ut, jufqu' fbn odave, qui efi: le milieuau deffous du 5 : on juge toutes les tierces d'un doigt fonvoifin, ou d'un milieu fon voifin; on juge de mme des quintesen pafnt un doigt , un milieu , comme du i au 3 , du 2 au

    4, du 3 au 5 ; on jugera de mme encore des feptimes, commedu I au 4 , du 2 au 5 . Ainfi , quelque nom de notes qu'ondonne au i , la pofition de fa fconde, de fi tierce, de fi quarte,tout en un mot fera connu.

    Par les deux dernires gammes oji voit, on juge ^ue la quinteeft compofe de deux tierces, dont la note du milieu leur eft

  • DE MUSIQUE PRATIdUE. 7commune ; pir conlcquent ia feptime eft compofce de troistierces.

    On remarque enfuite que tous les impairs vont d'une ligne une autre , Se d'un milieu un autre , & que les pairs , aucontraire

    , vont d'une ligne un milieu , d'un milieu uneligne.

    Amufons un enfant, ds le plus bas Age, s'inculquer peu hpeu dans la mmoire les trois gammes dont il s'agit, &i danstous les ordres prefcrits ; lui fallt -il un an pour s'en rendrematre , rien ne prel , ce (roit autant de gagn : amufns-lede mme lui faire reconnotre l'ordi'e de ces g-ammes fur lesdoigts

    ,

    peut-tre cela lui (uvera-t-il l'ennui des leons ordinaires,

    du moins je le crois. La choie lui eft-elle un peu familire!prfentons-lui des notes d'gale valeur , comme rondes ou noires

    ,

    fur les cinq lignes , oi!i il le i-appellei-a (es cinq doigts ; bien-tttoutes les politions de ces notes lui feront connues , auli-bienque les intervalles qu'elles formeront entrelles.

    S'agit-il d'un aveugle! qu'on lui fabrique cinq lignes de boisou de mtal

    ,

    qu'on y tienne des crochets o l'on puil attaciierdes notes & tous les lignes ncelaires : par le nom donn lanote de la premire ligne, il jugera au feul tacl, & de la politiondes autres notes , & de leur nom , & de leurs intervalles. Maisefl-ce cette (ule connoillnce qu'il doit tendre , except qu'ilne veuille copier lui-mme fur cette machine des ides de lacompofition ? qu'il s'attache pour lors l'Accompignement fj,qu'il en tire les moyens de prluder, le voil compofiteur; lerefle n'efl plus qu'un amulment.

    Je ne parlerai point de la \aleur des notes , ni des lignes quil'quivalent, je lail ces minuties aux matres; tous les elmensde Mufique en difent d'ailleurs autant qu'il faut l-dels.

    {bj J'ai enfeign l'Accompagnementen moins de fix mois, avec la nmenthode que je donne ici , un aveugleg de vingt vingt-cinq ans, mais

    dj dou de quelques talens pour laMufiquc,

  • 8 CODEArticle III.

    Des Dicfes , Bmols ^ Bquares.

    Pour faire monter une mcme note d'un demi-ton,on lui

    afbcie un d'ife place l gauche , & pour la taire delcendred'autant , on lui albcie de incme un hmol.

    Le hqiiare effiice le dfe &: le hhnul , en remettant la notedans Ion premier tat naturel ; cependant on eft alz dans l'ha-bitude d'efficer le dife avec le hmol , & celui-ci avec l'autre.Voyez l'exemple A dans la Mufique grave.

    Article IV.Des Clefs dr des Trajifpojions.

    Exemple A, page /.Il y a trois Clefs , celles de fa , 'ut & de fol, qui i placent

    ux telle ligne qu'on veut, quoique pour l'ordinaire les lignesqu'elles occupent dans l'exemple A leur foient plus communes.

    En appelant oinifa , ut ou fol la ligne fir laquelle la Clef del'une de ces notes eft polee , la pofition de toutes les autres notesefl: connue , ds qu'on a les gainmes prclntes l'elprit , tant enmontant qu'en decendant.

    Pour conlrver l'ordre naturel de la gamme diatonique , lors-qu'on veut la faire rouler fiir l'oclave d'une autre note que ///,

    on eft oblig de placer la droite des clefs les diis ou lesbmols nceliires un certain nombre de notes pour cet effet.S'il s'agit

    ,

    par exemple , de l'ocflave de fol, o il y a un ton de

    fa 'A fol (c) , au lieu qu'il n'y a qu'un demi-ton dey? ut, ilfaut donc ajouter un dil au^^, pour que le demi-ton fe trouvegalement de part & d'autre. Si d'un autre ct la quarte d'/// fa eft compofe de deux tons & demi , pendant que celle defa f eft compoice de trois tons (d), il faudra donc diminuerce fi d'un demi-ton par un bmol , lorfqu'il s'agira de l'odave de

    (c^ Voyez la Gamme diatonique, j (d) Ibidem, fa

  • DE MUSIQ.UE PRATIQUE.^

    fa peur galer (a quai te celle d'///, ainf de tout le refle pro}X)rtion; ce qui s'appelle tranfpofcr, pui/cju'cn effet on tranf-pofe l'ordre des notes compriles dans l'cttiidue de l'odave 'ut,en celui des notes comprifes dans l'tendue d'une autre odave.Comme la Clef peut tre arme de cinq ou fix difesou Ix-mofs,

    ilon le CAS , il fuffit d'y reconnotie le deinier pour ne ( faire

    qu'un jeu de la tranfpofition , ds qu'on pofsde allez les g-ammespour reconnotre la iituation des notes relati\ement celle qu'olaura fuppofee fur telle ligne

    ,fur tel milieu.

    Les difs &: les bmols tirent leur fucceffion de fa gammepar quintes: les difs commencent yar fa , 8c continuent cettegamme; les bmols, au contraire, commencent par y7, & conti-nuent la mme gamme en rtrogradant ; li bien que d'un ctfe trouve cet ordre, ^, ut, fol, r, la, tni, ft, Se de l'autre, y7,mi, la, r, fol, ut.

    En nommant yZ le dernier dif, compter depuis celui defa, & en nommant fa le dernier bmol , compter depuiscelui de ft, la ligne ou le milieu ainii nomm donnera le iiom tout le refte dans l'ordre des gammes. Si la clef efl: arme d'undil fur^ (exemple A), ce. fa s'appellera fi, par confcquentf (econde s'appelleia /// , ainf i du refle : s'il y a pareillement unbmol fur f , il s'appellera y^; , & par confcjuent fi lcondcs'appellera fol.

    S'il y a plufieurs dicfes ou bmols ct de la clef, ce (i-atoujours le dernier dans l'ordre des quintes depuis fa , &. danscelui des quartes depuis y/, qui prendra le nom convenu. Voit-o!ices cinq dicfes

    , ut , fa , la, r, fol; la doit y tre reconnu pour ledernier & s'appellera fi : Aoit-on au contraire ces cinq bmols,riii

    , fi , fol, la , r ; fol n'y (ra-t-il pas galement reconnu pour ledernier , &: ne lui donnera-t-on pas en conlquence le nom defa! Exemple A.

    On appelle jol^er cette faon de rduire les tranfpofitions aunaturel , mais elle ne convient qu'aux perfonnes qui veulentSimplement lire la Mufique ou la chanter : pour ce qui ell desinfhumens , les notes n'y changent jamais de nom , &: l'on ypratique les difs & les bmols piu-tout o ils ( rencontreut.

    B

  • o CODEAuii vaucroit-il mieux apprendre chanter d'aboi'd fans tianfpo-fition, l'on pouvoir compter fur i'oreille des commenans;d'autant pius que dans ie courant d'un air il amve fouvent des difes

    ou bmols accidentels dont il faut bien fe garder , malgr l'opinionde certains Matres , de changer le nom donn aux notes quiies portent , relativement au premier J ou fa dcid ; cela jette

    dans un trop grand embarras , vu qu'un accident en amne n-ceflirement un autre

    ,

    puifqu'il faudroit changer ie nom des

    notes chaque inftant. Mais c'eft aux Matres d'attendre quei'oreille foit allez forme pour varier leurs leons de diffrentesmodulations ; pour iors le moindre accident met i'oreille fur lavoie , ia prvient au feul coup d'il , Se (ouvent mme i'harmoniea lui fait deviner, y et-il faute dans la copie.

    Concluons de cette dernire rflexion,

    que les premiers foins

    d'un Matre doivent tre de former l'oreille : & comment laformer , fi on ne ia nourrit tout moment d'harmonie! c'eflde feui moyen de ruflir; ies lignes, ies notes , leurs noms , ies\'eux font de foibles agens en Mufique en compaiaifon del'oreille fej.

    Les notes , leurs figures , leurs valeurs , & celle des fignes quiies reprfentent , font la porte de tous ies Matres , c'eil pour-quoi je leur laiffe le foin d'en inftruire eux-mmes leurs lves.

    fej II y a quatre ou cinq ans qu'unjeune fiomme

    ,qui ne favoit du tout

    point la Mufique, chanta au iroifiniejour le rle d'un Intermde bouffonfur un liatre particulier , ia feule

    vue des paroles dont on lui avoit joule chant fur un inftrument, auffi-bienque celui des accompagnemens , avant

    ,

    pendant & aprs lefquels il devoit ceffer

    & recommencer,

    quelquefois imquart , demi-quart de temps. On con-not une Dame qui folfie trs-impar-faitement, & ({ui chante cependant livre ouvert, lorfqu'elle eH bien ac-compagne; tel efl: l'effet de l'oreille,tel efl l'empire de l'iiarmonie fur cet

    T^'^^

  • DE MUSIQ.UE PRATIQ.UE. n

    CHAPITRE II.De la pofnon de la main fur le Clavecin ou l'Orgue.

    1 L finit regarder les doigts attachs la main , comme des refrtsattaches un manche par des charnires qui leur laiitnt unt entirlibert; d'o il fuit que la main doit tre, pour ainfi dire, morte,& le poignet dans la plus grande fouplefl, pour que les doigtsagiint de leur propre mouvement, puiflent gagner de k force,de la lgret & de l'galit entre eux.

    Cela tant, placez les cinq doigts fur cinq touches confe-

    cutives du clavier, o le pouce s'avance fur la henn, l'ongletout--fait en dehors , peu prs Julqu' l premire jointure,pendant que les autres doigts tombent perpendiculaii-ement fur

    les leurs , & cela de leur propre poids , en s'arrondillnt d'eux-mmes xns les contraindre , \t i (f) moins rond que lesautres, puifqu'il eft plus petit.

    A mefure que la main s'ou\Te , les doigts perdent de leurrondeur; mais quand on les lail agir de leur proj-ire mouve-

    ment, ils dterminent pour lors la main s'y piter dans lesinter\alles plus ou moins grands qu'ils embralfent, & tout marche l'aife ; le 5 mme s'y prte fon tour , en s'avanant moinslur la touche.

    Pendant que la main ( trouve dans cette pofition , les coudesdoivent tomber nonchalamment fur les cts au niveau du clavier,

    ce qui dpend du fige ; ils le pitent pour lors au mouvementde la main, qui, de fon ct, f prte celui des doigts.

    Il faut auli que la main foit horizontale avec le clavier , cequi f reconnot aux jointures qui l'attachent aux doigts , o pourlors il fiut la lever un peu du ct du i par un fimple mouve-ment du poignet, fans qu'il y perde rien de fi loupleff.

    Cette dernire pofition cote un peu aux commenans , par

    (f) Les chiffres dfignent ici les doigts , comme dans l'Article I I duChapitre \."

    Bij

  • ii CODErapport au petit tour de poignet en faveur du i ; muis aui (anscela ce i ne tomberoit plus perpendiculairement fur f touche,& n'auroit plus la mme force ni h mme lgret que lesautres doigts. Qiielques Jours d'exercice avec un peu de patiencerendent enfin cette pofition comme naturelle.

    Dans toutes les pofitions , dans les plus grands cai'ts , lamain obit aux doigts , la jointure du poignet la main , &celle du coude au poignet

    ;jamais l'paule ne doit y entrer

    pour rien.La iouplefi j-ecommande doit s'tendj-e fur toutes les parties

    du corps; une jair.be roide, dplace, des coudes (rrs Jur lescts

    ,

    qui s'en cartent , s'avancent ou le reculent , lorlqu'ils

    doivent y tomber Jionchalamment , une grimace , enfin lamoindre contrainte, tout empche le fuccs des foins qu'on iedonne pour la perfecflion qu'on cherche.

    L'Article II du Chapitre fuivant m'a forc de placer ici lapolition de la main fur le Clavier , il ne s'agit plus que de lamchanique des doigts

    ,dont je parlerai en temps &: lieu.

    CHAPITRE II I.Althode pour former la voix.

    Article premier.'Moyens de tirer lesplus beauxfons dont la voix ejl capable^

    d'en augmenter l'tendue , ir de la rendrejiexible.

    JT ENDANT qu'on s'inculque les gammes dans la mmoire, &tout ce qui vient d'tre expliqu, on peut s'exercer formerfe voix.

    Les Matres , en France fur-tout , ont toujours enfign le gotdu chant

    , ians s'occuper beaucoup des moyens qui doivent enprocurer l'excution; ils le piquent juftement d'eniigner ce quiiie dpend pas d'eux, pendant qu'ils ngligent ce qui en dpend

  • DE MUS1Q.UE PRATIQ.UE. 13effecflivement, & {ims quoi toutes les leons de got tombenten pure perte.

    A quoi feit le got du chant , fans les facults propres lebien rendre? peut-on en prociuer d'ailleurs qui n'a point de/entiment ?

    Il en efl du got du chant comme du gefle , le dcfaut duvrai naturel le reconnot toujours dans ce qui n'cll qu'imitation:qu'un agrment /oit autant bien rendu qu'il le puif, il y man-quera toujours ce certain je ne lis quoi qui en fait tout lemrite, s'il n'eft guid par le Itntiment : trop ou trop peu, troptt ou trop tard

    ,plus ou moins long-temps dans des lufpcnlions

    ,

    dans des ions enfls ou diminus, dans des battemens de tri/s,dits cadences , enfin cette jufte prcillon que demande l'exprelTion

    ,

    la fituation,manquant une lois , tout agrment devient inlipide :

    on n'en fiit que trop luvent l'preuve notre th-itre. Cethomme a une belle voix, chante bien, cependant il me plaitmoins que cet autre qui

    ,

    quoique moins favoril de ces dons

    ,

    met de l'ame dans toutes /es expreions. Tel efl l'eiet du ln-timent, qui ne ( donne point.

    Le got e(t une fuite du fntiment, il lait s'approprier le bon&: rejeter le mauvais

    ;guid par ce fntiment , la vraie prcifion

    ( trou\'e dans tous les agrmens qu'il di(fte : le Matre n'y peutautre chol que procui'er les moyens de bien rendre ces agr-mens

    ,& d'en donner ts exemples , en les rendant lui-mme

    ,

    s'il le peut.

    Chacun le prvient lr fn got , Se le croit luvent le meil-leur: quel efl: le Matre chanter qui ne foit pas dans ce cas?quand mme il n'y auroit pas trop de prcfomption de lpajt

    ,ce ne fera que par des exemples , Se jamais par des rgles

    ,

    qu'il pourra fiire lntir l'homme de got liifige qu'il doitfaire de ls heureuls facults dans l'excution , ficults qui feulespeuvent le procurer , fans qu'on s'en foit encore dout , du moinsen France ; les uns prtendant qu'on jie peut augmenter l'tenduedes voix

    ,Se qu'on ne peut en rendre les fons galement beaux;

    les autres, qu'on ne peut les rendre flexibles, ces voix, fi elleslie le font natiu-ellement

    , attribuant la Nature ce qui n'elt

    B ii;

  • 14^

    CODEpiefque jamais qu'un dfaut de l'ajt; qu'on ne peut procurer lesmoyens de bien battre ie tril , d'en rformer les dfauts: que

    fis-je l tout ce qu'on a ignor , on l'a cru impolfibie.

    On ne peut donner de ia voix , mais on peut procurer lesmoyens d'en tirer les plus beaux Ions dont elle eft capable, &de la rendre flexible ; moyens qui m'ont rufTi plus d'une fois ;moyens des plus fimples d'ailleurs , & qui ne demandent queconfiance, confiance &: patience.

    Qi.iantit de clianteurs filent trs-bien les fons , les rendent

    beaux dans ce moment, &: en donnent prefque par-tout ailleurs

    de mauvais : h bien ! ceux-l mmes , quelqu'ge que ce (oit

    ,

    pourroient encore rformer leurs dfauts , s'ils pouvoient prendre

    d'abord fur eux de ne plus chanter, en s'exerant feulement

    bien filer les fons dans toute l'tendue de la voix , julqu'au point

    que je vais leur prefcrire.

    On fait que le fon f file tout d'une haleine , en dbutant parla plus grande douceur, en l'enflant infenfiblement jufqu'au plus

    fort, mais non pas l'excs, puis en l'atToiblifnt de mmejufqu' l'extindion de la voix ; ce qui doit coter un peu des

    commenans , mais d'un jour l'autre l'habitude s'en accrot , &bien-tt on en vient bout.

    On file d'abord le yo/; avec la feule voyelle

  • DE MUSIQ.UE PRATIQ.UE. 15tant d'objets diflcrens qui doivent (oncouirr mutuellement uneparfliite xecution de fa part, f^ivoir, le I)cau fon , la flexibilitde la voix

    ,la Muficjue, la giace, le fiiliment, dont rcxpreiTion

    doit tre fidlement rendue par ie got du chant,par le gtfte

    & par l'air du vilage , il tous ces objets ne lui toient {jas familiersau point qu'ils lui deviennent naturels

    Dc'j le lntiment eft un don qui demande i'cfprit lonle la-libert pollible, la moindre rHexion dtruifi^int toute fonlionnaturelle. La Mufique &. le chant ne (roient-ils }as aufTi desdons qui ne ( manifflent pas la vrit tout d'un coup, maisqui, la faveur d'un certain exercice, doivent nous paiotretels par la ponipte obilnce de l'oreille &i de la voix toutce que la volont peut en exigei* l

    Nous avons de iiquens exemples du don de la Mufique dansies Oj-ganiftes, aufii-bien que dans toutes les perlonnes qui pix5-ludent : penfer &L excuter chez eux , c'efi tout un.

    11 n'efl: pas tonnant que la Mufique devienne naturelle auxOrganifies, vu qu'ils (e nourrifint continuellement d'harmonie f^J:jl n'eit pas tonnant non plus qu'il y ait fi peu d'habiles Chanteursen France, vu qu'on ne les doit qu'au hafrd; leur oreille s'eflforme Iharmonie (ans qu'ils l'aient recherche

    ,leur xoix

    5'eft rendue flexible avec de h&iux fns , ignorans que le prin-cipe de ces perfelions confiitoil dans la manire de pouilri'air des poumons (ans gne &: fins contrainte : un heureux iiafaidles a conduits , & de l rien ne leur a cot pour porter plusic'in ces mmes perfel:ions.

    Pour vouloir trop fe prefTer , on perd tout : imitons cesenfans qui

    ,(ans (avoir qu'en marchant trs - lenteinent ils par-

    viendront courk, & qui n'ofoit (eprelr, parce qu'ils (ententbien qu'ils tomberoient ; mais la plience chapj^ , on \'eutarriver , on n'arrive point ; on a piis de faulfs loutes

    ,on (

    flitigue vouloir les continuer; foins inutiles! on perd un temjisconlidcrable

    , la fin le d((poir s'en mle, & }-)our ( conlblex

    on attribue la Nature des dfauts qui ont pris racine dans demau\Tii(es habitudes.

    {/ij Joignons cette rflexion celles de la page j.

  • l CODEDe quoi s'agit-il cependant! du leul vent.Oui, toutes les perfelions du chant, toutes fes difficults, nC

    dpendent que du vent qui pat des poumons.Nous ne pouvons difpofer du larynx, de la trache-artre , de

    la glotte, nous ne voyons pas leurs diffrentes configurations,

    transformations , chaque Ion que nous voulons donner ; mais

    nous (avons du moins qu'il ne faut pas les conti-aindre dans cesdiffrences

    ,

    qu'il faut leur laiflr la libert de fuivre leur mou-

    vement naturel, que nous n'y fommes matres que du vent, &que par confquent c'eft nous de (avoir fi bien le gouverner,

    que rien ne puif en empcher l'effet.Ds que le vent eft donn avec plus de force que n'exige

    le (on , la glotte (i) fe (erre , comme lorfqu'on prel trop lahanche d'un hautbois : fi cet excs de force efi; encore donntrop prcipitamment , il roidit les pai-ois de la glotte , & lui tetoute ( flexibilit: d'un autre ct, une gne, une contrainte

    ocaifionne pai- l'attention fur la bonne grace , fur le gefte , furle got du chant , fur les inflexions mme de la voix , desefforts dont une habitude acquif empche qu'on ne s'en aper-oive, voil les vrais obflacies la beaut du fon , auffi-bien

    qu' la flexibilit de la voix: le fon lient pour lors du peigne,

    de la gorge , du canard ; la voix tremblotte & ne forme plusaucun agrment qu'en le chevrottant.

    Pourquoi le fon fil eft-il gnralement beau! c'eft qu'onarrive infnfiblement au degr de force nceffiire au vent enjiareil cas ; c'eft que la glotte f dilate pour lors l'aife (ans

    le roidir.

    La force du vent doit tre proportionne chaque ,degr dul()n, ce qui eft infnlible, & ne peut s'acqurir que pr iiufrquent exercice , ds qu'on ne le doit pas un heureux hafrd:

    c'eft la diffrente force de ce vent qui , en dterminant l'ou-ver-ture de la bouche, lui donne pour lors le calibre convenable la perfelion du (on. Combien ne faut-il donc pas s'examiner

    ( l ) J'attrihue la g'otte ce quipourroit peut-tre, en certains cas,s'applicjuer aux autres agens qui lui

    font lis ; mais cela n'ed d'aucuneconfqucnce pour le fait dont il s'agit.

    pour

  • DE MUSIQ.UE PPATIQ.UE. 17pour qu'aucune contrainte ne s'oppof aux diffcrens calibres quela diffrente force du vent doit produire! aufTi toute notre atten-tion

    ,toute notre volont, doit-elle le borner jx)ufr le vent

    feu pris de la mtme faon que loi'lque nous \oulonsparler: occujx de la feule penfte qu'on veut exprimer, la voixle fait entendre fans qu'il en cote le moindre effort. Il en doittre de mme du Chanteur; occupe du feul fntiment qu'il veutrendre, tout le refle doit lui tre fi familier, qu'il ne fit plusoblige d'y penfr; car ds qu'on eft proccup de deux objetsdifrens, ils fe nuifent rciproquement, de mme qu' tout cequi peut contribuer letir perfelion.

    Sans les prjugs qui infectent le plus grand nombre fur h.formation de la voix

    ,

    je ne ferois pas entr dans une fi longuedigreflion, non feulement pour les dtruire, mais encore feir-tout pour faire fentir la nceffit de la mthode.Ne iious occupons donc qu' filer des fons par demi-tons

    ,

    tant en montant c|u'en defe-endant, &: quand l'habitude en eftun peu familire, on augmente l'exercice d'un demi -ton dechaque ct, puis au bout de deux, quatre ou huit jours , encorei\n demi-ton, & toujours a"infi jufcju' Timpolfible: on fera forttonn , aprs deux mois d'exercice au plus

    ,pendant quelcjues

    heures par jour , de trouver a voix peut - tre auginente dedeux tons de chaque ct ; & quand cela ne ferviroil qu' nepoint crier dans les hauts ufits , & donner des fons pleinsdans les bas galement ufits , ne feroit-ce pas beaucoup l celamet d'ailleurs l'aife un Compofiteur

    ,

    qui manque feiuventdes expreffions , faute d'une tendue poflible dans les voix.Demandons aux Italiens pourquoi leurs voix ont plus d'-tendue

  • i8 CODEdemandent, comme je i'ai dj dit, que confiance, confiance

    & patience.Un tiers qui fait fbus-entendre l'harmonie du corps (bnore,

    i'entendra efFedivement , cette harmonie , dans ie vrai beau (on ;il y diltinguera fur-tout la 17.^ piuilt que la i 2/: le Chanteurlui-mme en froit frapp , fi fon oreille toit afz forme pourcela ; au dfaut de l'harmonie , on fent du moins un tintonnementdans l'oreille , fur-tout dans les fons les plus aigus.

    Arriv ce dernier point de perfedion , le refle n'eft plusqu'un jeu ; on efaie des roulades d'une ou deux oclaves , plusou moins, en tous fens, de faon qu'on les fente fe former lnsle moindre effort; on prend pour modle celles qui fe trouventdans les airs Franois c Italiens ; on palfe aux trils

    ,

    puis aux

    ports de voix battus en montant; les couls naifnt de l, & cefont les furces de tous les agrmens du chant.

    Le principe des principes , c'eft de prendre la peine de n'enpoint prendre, je le rpte; peine qui en efl une effelivement

    par l'attention que cela demande fur toutes les parties du corps,qui doivent tre, pour ainfi dire, mortes pendant que le vent

    s'exhale.

    En confequence de ce principe , il faut mnager le vent dansles roulades, ne les prcipiter qu'autant qu'on en fent le pouvoirikns le gner , diminuer ce vent , & par confquent la forcedu fon , melure qu'on augmente de vtele , donner nanmoinsplus de vent quelques jours aprs, pour prouver fi cela fe peutfans s'etforcer, puis finalement l'augmenter & le diminuer alter-nativement pendant la mme roulade

    ,

    pour s'accoutumer donner, pour ainfi dire, des ombres au tableau, quand l'ex-preffion, ou quelquefois mme le limple got du chant, ledemande. On obferve la mme chofe enfuite dans les trils &,ports de voix.

    Les roulades, trils & ports de voix fe font tout d'une haleine,de mme cjue le fon fil , de forte qu'on n'en prend d'abordqu' fon aife ; mais mefure que la chofe devient familire,la dure d'une mme haleine augmente confidrablement : onen reconnojt la preuve dans toutes les perfonnes qui jouent d'un

  • DE MUSIQUE PRATIQ.UE. ipiiifti-ument vent, comme trompette, cors, hautbois, baflbn,

    flte traverfire.

    Pendant que le ventf continue, on fnt les fns Ce fucccder l'ouverture de la glotte; mais peu qu'on f gne, cette glotteen loufre , Ce lrre au lieu de fe dilater , & ce qu'on devoitfentir lu ouverture f fnt pour lors au fond du gofier , d'onaifnt ces fons de gorge, cc. dont j'ai parle; diffrence qu'ilfaut bien remarquer dans tous les exercices du chant.

    La diffrence des roulades 8c du tril f fnt encore l'entrede la glotte, o les (ns paroifnt articuls d'un ct, pendantqu'ils doivent parotre lis de l'autre; mais bien-tt la volonten ordonne, ds qu'aucune contrainte ne s'y oppof: tant il efl:vrai que le clnnt le plus vari nous devient jiaturel

    ,

    quandnous y obfrvons les moyens propres le bien rendre , puilquela voix obit lur le champ notre volont !

    Je fiippof ici l'oreille un peu forme l'harmonie , & lavoix dans toute fa libert, pour qu'elle obil fur le champ;ce qui f confirme aifcment dans tous les habiles Chanteurs

    ,

    dont le nombre efl: infiniinent plus grand en Italie qu'en France,pour les raifons que j'en ai dj rapportes.

    Je ne donne aucun exemple de roulades , trils &c jx>rts devoix, parce que la jeunel a befoin de Matres dans tous lescas de la mthode, & pour peu qu'on ait quelques ides duchant, on efl; au fait de ces diHrens agrmcns: tout ce que jedois recommander feulement, c'eft de mlei- des confonancejdans les roulades, ce qu'on appelle auffi batteries, lorlque, parexemple , on paf tout d'une haleine les notes d'un accoi'dparfliit , ut, mi

    , fol; tni, ut, fol, ut; batterie dont on changel'ordre ( fantailie, & o l'on fuit l'tendue de la voix, prenantces notes , en un mot , tantt en haut , tantt ey bas , commeon veut.

    Les premiers trils Se ports de voix fur lelquels on s'exerce,doivent tre par demi-tons, comme d'w/ fi, & Ae ft l\ ut, puison les forme d'un ton entier , comme de re' ut , & d'/// r.

    Le tril commence par la note fuprieure , &. finit par l'inf-rieure; le contraire efl pour le port de "soix.

    Ci;

  • io CODEIl ne faut jamais prcipiter volontairement un battement Je

    tril ou de port de voix fur ( fin, comme on l'a toujours re-command; ce qui engage le plus (ouvent le forcer fans qu'on

    y penl , Se chevrotter la plulpart des agrmens : le (ntiment

    ,

    la volont de finir, fuffit pour cet effet. 11 faut bien prendregai-de fur-tout de ne mettre aucun agent de moiti avec le lnti-ment qui le guide ; plufieurs mai-quent (ouvent ce fntiment parun mouvement de tte, de main, de corps mme, mouvementdont l'agent le refnt au point que la beaut du (on & la flexi-bilit de la voix y perdent confidrablement , & c'eft encore de-lque nat le chevrottement.

    Plus on a de fntiment,

    plus on f pref de vouloir rendreles chofs comme on fnt qu'elles doivent l'tre; & voil ce quia fait perdre plufieurs , tant Chanteurs que Joueurs d'infbu-

    mens, des perfelions auxquelles ils fi oient fans doute paj-

    venus, s'ils eufnt imit ces enfins dont j'ai dj parl.De cette grande libert que je recommande , fuivent toutes

    les perfections ncefires , la grce fur - tout : fi fadeur eflcapable de lentiment, il le rend pour lors dans toute (on nergie;fon gefk coule de (ource , & julqu' fair du vilage , tout s'en.refnt ; nature feule opie en lui , & l'art fe trouve cach parle feul art de ne f point contrai ndi-e. Examinons-nous doncbien , car on f gne fbuvent fans le croire ; principe gnralpour tous les arts d'exercice , dont il efl inutile de faire unchapitre particulier.

    Ds que cet exercice efl familier, on le recommence furtoutes les voyelles , & bien-tt rien n'y cote.

    Qiiand on veut chanter des airs, c'efl pour lors qu'il fautencore s'examiner de nouveau, pour ne s'y pas permettre lemoindre efbrt, la moindre contrainte.

    Celui qui a dj chant avec quelques dfauts, ne doit pluschanter

    ,jufqu a ce qu'il fente en lui toute la libert ncceflaire.

  • DE MUSIQ,UE PRATIQ.UE. 21Article II.

    AIoyn de fixer l'oreille & la voix fur le mme degren s'accompagnant.

    S'il efl: afz ordimire aux commenans de faire monter le

    (on qu'ils filent en i'enHant, Se de le fiiire defcendre en le dimi-

    nuant, j'ai imagine un moyen de fotenir la voix fur (on mmedegr par un accompagnement du clavecin ou de l'orgue, qui

    f conoit fur le champ & s'excute de mme, (ans que celademande une grande connoidance du clavier.

    Cet accompagnement eft un premier moyen de former l'o-reille: un Matre prclent l'exercice pourroit l'excuter pendant

    qu'on (lie les (ons; mais comme il n'y peut pas toujours tre, &que l'exercice veut tre rpt le plus iouvent qu'il e(l poffible,,

    je vais en dicTier les rgles.

    Les touches les plus larges & les plus longues , ordinairementnoires fur le clavecin, fuivent l'ordre de la gamme diatonique:ces touches (ont fepares par d'autres plus troites &. plus courtes,

    qui (ont blanches , & qu'on appelle dils ou bmols (k).Ces touches blanches (ont alternativement diltribues par

    deux & trois de fuite : or la touche noire au defTbus des deuxblanches eft juftement ut par lequel dbutent Se hnilnt lesgammes.

    Le bas du clavier ( prend du ct gauche, comme l'oreilleen peut juger, en (ailnt rfonner (ccelfivement les touches.

    Touchez les deux /// l'olave l'un de l'autre dans le plusIxis du clavier, l'un du 5 , l'autre du i (l) de la main gauche;laifz une touche vuide (il ne s'agit que (\ts noirts ) &; tou-chez la fuivante du 4, de la main droite; laitz-e)i encoie une vuide pour toucher fa (uivante du 3, puis deux autres vuidepour toucher (a (iivante du i

    ,

    qui (era pour lors IWlavedes deux premiers ut, vous aurez l'accord piulait d'///^ o vous

    (h) Article III du Chapitre I."', paoe S.(l) Les chiffres deiJguent toujours les doigts comme auparavant.

    ^

    C iij

  • 2 2 CODEentendrez , de mme que vous en jugei-ez par l'iu'rangementdes doigts de la main dioite , la tierce , la quinte &. l'odavede cet ut.

    Il faut d'abord un clavier doux,

    pour que l rcTiftance n'o-blige pas les doigts, encore foibles dans leur mouvement , d'em-pi'unter leur lorce de la main ; mais melure que le mouvementdevient libre , la force s'acquiert , & l'on peut proportion aug-menter la rcliftance (\s touches par la force Ans plumes quipincent les cordes.

    Ayant une foii gagn la louplefle requif dans le Chapitreprcdent , on file dans le plus bas de la voix le mme fon , lamme note qu'on touche du i Se du 5 de la main g'auche,c'efl--dire prlnt ut ; & pendant qu'on l'enfle & le diminue,on rpte de temps en temps , les unes aprs les autres , toutesles touches de l'accord, en les harpgeant, & commenant parcelles qu'on veut de la main gauche , iuivies du 4 de la di-oite.

    Cette rptition de l'accord demande une grande (oupledans les doigts , la moindre gne infiueroit lur la voix. Ne cher-chons donc pas la vtel , attendons qu'elle ( priente commed'elle-mme, & nous arriverons par ce mo}'en pouvoir har-pc'ger les accords dans la plus grande clrit.

    Pour monter d'un demi-ton, lchant que toutes les touches,bla'iches & noires , font un demi-ton l'une de l'autre , onglil pour lors chaque doigt lur le demi-ton au dellLis de latouche qu'il occupoit , &: cela pai- ordre , en commenant parle I de la gauche , puis le 5 , enfuite le 4 , le 3 &. le i dela droite

    ,fins qu'aucun doigt ne quitte la touche que pour

    monter (ur l'autre du mme mouvement.11 faut tenir les accords dans le bas autant qu'on le peut}

    c'eft pourquoi , tant airiv

  • DE MUS1Q,UE PRATIQ.UE. 23lorfqu'on y pa( depuis l'accord d't/t jiifqua celui de Ion octave ;car la gauche & le i de la droite touchent toujours cette mmenote : il n'y a d'ailleurs qu' compter les demi-tons qu'il y ad'une louche l'autre dans le premier accord

    , & les oblerverdans tout autre accord.

    CHAPITRE IV.De la Mefiire.

    JLiA Mdire efl, de toutes les parties qui concourent l'ex-cution de la Mufique , celle qui nous elt la plus naturelle,puifqu'elle efl: galement naturelle aux bctes : comment ( peut-ilaprs cela qu'on taxe tous les jours quantit de perfonnes demanquer d'oreille cet gard?

    Si la mefure ne confifle que dans une galit de mouvemens,examinons ceux des btes , examinons les ntres , Toit en mar-chant

    ,loit en remuant quelque partie du corps que ce foit,

    lorlque la rflexion , la volont n'y ont nulle part , ils feronttoujours gaux : mais on veut faire fuivre un tiers la mefurequ'on lui prefcrit

    ,

    pendant que Ion efprit efl: proccup d'uneexcution qui ne lui efl point encore familire. Toute rflexion,je le rpte, dtruilant les fondions les plus naturelles, doit-ons'tonner aprs cela s'il y paroft inlenlible

    Attendons que ce tiers pofsde parfaitement l'exercice de lachof qu'il doit iomettre la mefure, nous ne l'y trouveronsplus rebelle: en tout cas, laiflons-lui fe preicrire lui-mme unmouvement ritr de la main fans qu'il ) penf, tailuns-luiexcuter fur ce mouvement ce qui lui lra familier, (bit Mu-lique , foit pas de danf ; que chaque note , cjue chaque pasrponde chaque mouvement , bien-tt nous ferons dctrompslur Ion compte : menons-le de la lorte par degrs

    , ne nous

    preflbns pas iur-tout, jugeons mieux des efts de la Nature, nelui attribuons pas des dfauts que nous lui oppolons nous-mmes,& bien-tt nous trouverons de l'oreille qui nous l'avions refufe.

  • 14 CODEToute melire le borne deux ou trois temps dans la Mufique,

    les quatre temps qui s'y trouvent encore ne font que deux foisdeux: quoi (rt donc cette multiplicit de fignes en ufge pourindiquer une li petite diffrence , lorfque mme les mefures d'unair ont fouvent des temps de diffrente valeur, l'un avec une

    feule noire, l'autre avec une noire pointe? mais l'ufge entretient

    bien des erreurs : je n'en dirai pas davantage fur ce fujet. Voyei

    le XXIII.^ Chapitre du Ti-ait de l'harmonie, depuis page i j

    i

    jufqu' I j8.

    CHAPITRE V.Mthode pour l'Accompagnement.

    JLiES principes de compofition 6c d'accompagnement font les

    mmes , mais dans un ordre tout--fait oppofe.Dans la compofition , la (uie comioifnce de la racine donne

    celle de toutes les branches qu'elle produit : dans l'accompagne-

    ment au contraire , toutes les b)-anches f confondent avec leur

    racine. La connoiffnce , l'oreille & les doigts y concourent ga-lement pour juger, fentir & pratiquer fur le champ ime Mufiqueindiffremment Aarie.

    Les doigts peuvent obferver, fur le clavecin ou fur l'orgue,

    une mchanique fi heureule dans la ficcefTion des accords, qu'elle

    fipple non feulement au dfiut de connoilnce & d'oreille,mais elle eft feule capable encore de former l'harmonie les

    oreilles les plus defefpres , flon l'exprience que j'en ai faite,

    & que d'autres peuvent avoir faite galement fur le ful plan dela mthode dont il s'agit, plan que j'ai mis au jour ds 1732.

    Premire Leon.En quoi confifle l'Accompagnement du Clavecin

    on de l'Orgue!

    L'accompagnement du clavecin ou de l'orgue confifle dansl'excution

  • DE MUSIQUE PRATIQUE. i^rex(?ciition d'une harmonie complte Se rgulire la vue d'unefeule partie de cette harmonie.

    Cette partie de l'harmonie s'appelle haffe , parce qu'efFeclive-ment elle en efl la plus baf: on l'excute de la main gauche,& ioji harmonie de la dioite.

    11.*^ L E O N.

    Des Accords.

    L'hannonie le diflingue lous le nom Raccord : il n'y en afondamentalement que deux

    ,un confcjnant & un diibiiant.

    L'accord fondamental conlonant s'appelle parfait , & confiltedans trois notes une tierce l'une de l'autre , comme jol

    , fi

    ,

    r; & le dilbnant confifte dans une tierce de plus , ainli , fol

    ,

    fi , r, fa , (Se s'appelle accord de fptime (m).La premire note de ces deux accords en efl: la ba( fonda-

    .

    mentale; mais dans la baf donne pour guide de l'accompa-gnement

    ,on emploie indiftremment l'une des trois ou quatre

    notes de ces deux mmes accoi'ds.La grande difficult dans l'accompagnement eft de recon-

    notre auquel des deux accords appartient la note de la ba(;mais la mchanique &% doigts , fotenue dans le befoin decertaines rgles de fucceffion trs-fimples , difpenie prefque tou-jours de s'en occuper,

    I IL* Leon.Du renverfcmem des accqrds.

    Le renverlment Ats accords peut f reconnotre dj danscelui des intervalles (u) , il confilte fimpleinent dans un chan-

    gement d'ordre entre les notes qui les compofnt : celui qui necontient que trois notes ne peut (e renverlr que de trois faons

    ,

    iM\,fol,f, rc;f, r,

    fol; Si. r, fol,f: l'autre, qui en contient

    (m) Voyez la gamme pnr tierces,pa^e 2

    ,prenez-y telle note qu'il vous

    plaira pour baflc fondamentale, vous

    trouverez fa fuite les tierces quiconipofcnt i'un &. l'autre accord.

    (n) Pa^e j.

  • a6 CODEquatre, (e renverfra par coiifquent Je quatre faons, ainfi,

    fol, ft, r, fa; fi, r, fn, fol; r, fi.fol, fi; fa, fol, fi, r:l'odave, qui reprfente toujours la mme note (o), occaiionnefeule tout ce renverfment.

    Paflbns lgrement fur ce renverfment , & contentons-nousfeulement de fvoir en quoi il condfte.

    C'eft encore ici que triomphe la mcchanique des doigts , ellefait excuter tous les renverfmens poflbles, & cela dans toutela promptitude ncefire, fans qu'on foit oblig d'y penfr un

    moment: on y reconnot de plus, & la baf fondamentale, &ia dilnance, par le ful arrangement des doigts.

    I V." Leon.De la vichai'iqiie des doigts pour les accords , leur

    fuccejfoti , leur retiverfemetit ' leur baffefondamentale.

    Il ne s'agit que de [a main droite dans les accords,& les doigts-

    y feront diigns par les mmes chifF)-es que dans le Chapitre I/"^,.Article 1

    1

    ,c'eft--dire

    , i pour le petit doigt,

    puis 2, 3 & 4

    pour les trois fuivans,

    jufqu'au pouce exclulivement , dont on-ne fe frvira que lorfque j'en avertirai.

    Les accords confonans, tous compris dans le parfait, & necontenant que trois notes diffrentes, n'exigent par confquentque trois doigts

    ,o le 2 doit toujours former la tierce avec

    k I,fans jamais y employer le 3 que pour former une quarte

    avec ce i,

    ce qui eft plus de confequence qu'on ne peut fl'imaginer d'abord.

    Accord parfait, fes renverfs, & les doigts qu'on y emploie.

    Accord renversde fixte.

    4mi,

    3 '

    fol, vt,ce , te

    A'

    m- r ' M l|-

    ACCORD RENVERSde fixte quarte.

    4 '

    fl , vt , tni,

    4. 3.

    (0) Pages 3 & ^,

  • DE MUSIQ,UE PRATIQ.UE. i/^Les accords didonans contiennent quatre notes diffrentes,

    & exigent par conicquent les quatre doigts, qui (e placent tous la tierce l'un de l'autre, excepte deux (ulement qui s'y joignentfe plus luvent, (oit le 4 & le 3 , lit le 3 & le 2 , Toit le z& le I : ces accords (ont tous compris dans celui de hfeptime,qui prend quelquefois le titre accord feiifible; les autres en fontenverfc5.

    Accord dijjonant de feptime avecfes remerfe's.

    Accord de 7.'dit fenfible.

    fol, fi, r , fa.

    Accord renverfc

    de fauic quinte.

    /, r, fa, fol.

    Accord renverf

    de petite fixte.

    rc, fa, fol, fi.

    Accord renverfc

    de triton.

    fa, fl, fi, r.

    Lorlque l'accord de feptime n'eft ^pis fenfible , celui tfmijfequinte le change tn fixte quinte, celui de petite fixte en tiercequarte , c celui de triton tn fconde; mais ne nous occuponsde ces diffrens noms que lorlqu'il s'agira At$ chiffres , encoremme la mchanique les fait-elle trouver prefque toujours fousles doigts /ans qu'on y penf.

    Ces deux accords , le parfait & celui de la feptime , (ontles (uls fondamentaux fur Icfqueis la mchanique foit tlablie,& leur balle fondamentale ed toujours la plus balle note destierces, c'e(l--dire le 4 quand tout eft par tierces, ("mon leplus liiiut des deux doigts joints (p). L'exception que ceci peutfoufirir n'e(t de nulle confc'quence dans la mthode.

    Les accords s'harpcgent en dbutant par le 4 , & les auti-esfuccelTxvement.

    La main doit tre de la deinire fouplelfe , & le poignettoijjours (lexible

    ,pour que les doigts puilnt tomber de

    leur propre mouvement en mourant, pour aind dire, (iir lestouches (^) , fins jamais les quitter que pour les rpter, oy

    (p) J'appelle deux doigts joints

    ,

    eux qui touchent deux notes unefconde l'une de l'autre , comme ut

    ,

    r; r, mi; ti , fa , Sic.(q) Voyez le Chapitre II, fur Ii

    pofition de la main , ^c. page 22,

  • ^8 CODEpour pafr aux voillnes du mme mouvement & dans le mmeinflant, ftns interruption.

    Toujours fentir les doigts fur es touches , toujours la mainfms roideur & le poignet flexible, c'elt le mo)'en d'arriverpromptement

    ,

    quoi qu'il puif en coter.

    Sans cette (ouplefl, les doigts n'acquirent aucune habitude

    de leur propre mouvement ; la main les oblige par . roideurd'agir tous enfmble, /ans aucune dtermination piuftt d'uncte que de l'autre. Il n'y a qu'un exercice trcs-long, fotenud'une exprience confomme, qui puifl fppler quelques-unesdes perfections auxquelles on peut arriver en moins d'un anavec la mthode dont il s'agit : je dis quelques-unes , cir il s'enfaut bien que les Italiens

    ,

    par exemple , dont la main eft gn-ralement foice , loient lguliers dans leur accompagnement , la mefure prs. Il ne s'agit pas fimplement ici d'accompagnerrgulirement

    ,il s'agit de le foi"mer promptement l'oreille

    l'harmonie, (ans quoi l'on n'eft jamais Mulicien , & d'en tirerie fruit de pouvoir prluder &. compolr, fi l'on en a ledefin.

    La fucceffion des accords confifte dans une marche des doigts,dont les uns rptent la mme touche, & les autres palnt auxvoifines , mais d'une manire li bien dtermine par la mcha-nique, qu'elle (mble tre l'ouvrage de la Nature, en ce qu'elleprvient prelque toujours l'oreille , lns qu'on (bit oblig d'yrflchir.

    Quant au renverlment des accords,on voit aflz qu'il n'efl

    produit que par un changement d'ordre entre les notes qui lescompolnt ; changement qui n'efl occafionn que par des notesportes leur oave, au delus ou au deflbus du lieu qu'ellesoccupent dans l'accord fondamental frj; mais bien-tt ce nefera, qu'un jeu pour les doigts , flon ce qui va parotre dans l,VII.'^ Leon. Si ces accords changent de nom dans leur ren-verfmcnt, c'efl peur lors la bafle qui change, non pas l'accoid,dont le lond & la conflrudion font toujours les mmes.

    frJ Voyez le Ciiapitre 1." , Ariide I.", o il s'agit du renverfemenilies intervalles.

    /

  • DE MUSTQ,UE PRATIQ.UE. i^On touche tout l'accoid la fois fur l'orgue , mais toujours

    idu feul mouvement des doigts,

    qui forment pour lors une efpcce

    tl'harpcgement ti-s-mpide; & umt qu'une mme touche y fert des accords conlccutifs, il ne faut pas la quitter.

    V.^ Leon.Du Ton ou Mode,

    Pour fuivrel'ufge, j'appellerai Ton ce qu'on devroit nommer

    JVlode , & pour qu'on ne s'y trompe pas avec ie mot ton, quiexprime le rapport d'un intervalle de fconde, on le trouverntoujours crit en italique , avec un T majufcule.

    Je n'entre point encore dans le dtail ts Tons; imaginons-

    es , en attendant , tous compris dans la gamme diatonique quiroule flir l'olave d'///, (Se auquel nous donnerons en confcquencele titre de tonique

    ,parce que c'ell prlnt la note fur latjuclle

    ie Ton va rouler.

    VI.' Leon.Tennes en ufage pour la hajje fondamentale & la continuai

    avec quelques obfervaiions en confquence.

    J'indiquerai par-tout la bafl fondamentale par B. F. & facontinue par B. C.

    Il n'y a de B. F. peu de chof prs, que celle ^ deuxaccords dans la IV.'' Leon.

    La quinte au defus de la tonique s'appelle dominante-tonique

    i

    & l quinte au delous s'appelle joHs-dmnantc.Toute note fondamentale qui n'elt pas tonique, & qui defcend

    de quinte, efl: par conlt'quent dominante , & l'on n'y joint letitre de tonique que lorlqu'elle delcentl fur la toniqur.

    Toute note fondamentale qui monte de quinte ell toujoursfous-dominante, ou ie devient du moins, aprs s'ctre prlnti.'ed'abord comme tonique.

    Ces trois notes, la tonique, l dominante &: ( /us-doml-jiante, fout ! fondamentales , dont la feule harmonie compol

    D iij

  • 30 CODEcelle Je toutes les notes comprifs dans l'ctendue de l'odavc

    de la tonique.Si ces marches par quintes ne font pas gnralement fonda-

    mentales dans une B. C, il y a moyen de s'en apercevoir,comme je l'expliqueiai quand il en fi-a temps.

    N'oublions pas ie renverlment de la quinte en quaite ; laquinte en montant donne la quarte en defcendant , Se la quinteen deicendant donne la quarte en montant.On appelle mccatite la tierce de la tonique, & note fenfible

    celle d'une dominante-tonique ; la fconde d'une tonique s'ap^

    pelle axx^i fii-iotiique , & celle de la dominante fu-{/omiita/ite.

    Vil.' Leon.De l'enchanement des dominantes.

    Exemple B , page r.La bafl des exemples prlnte continuellement des domi-

    nantes qui f fuccdent jufqu' la tonique /// / 5c i\ cette tonique

    ne reoit fon accord parfait qu' la fin , lorlqu'elle devroit le

    recevoir naturellement par-tout o elle arrive , c'eft qu'outre quecela fe peut

    ,

    je ne i'al fait que pour alonger le mme exercice.Toutes les dominantes font de iimples dominantes qui pafnt

    d'autres , portant chacune fon accord de foptime jufqu' la

    flominaiitetoni(jue , fol, qui fo diftingue des auti-es par une note

    fcnfibk qui lui ell particulire, flon ce qui va parotre dans la

    leon fuivante.

    Ne touchez la baf que lorfque j'en avertirai ; attachez-vousfeulement la pratique des accords, o le premier- tant unefois fous la main droite , il ne s'agit que d'y aire defcendre les

    doigts de deux en deux jufqu' la fin.

    Si les doigts font par tierces, le 2 & le i defcaident enfmble

    ,

    puis le 4'& le 3 , toujours ainfi alternativement, o l'on voitcrue fi deux doigts fe joignent , c'ell au plus bas defcendr'e

    ,

    avec fon voifin au deffous.

    Reconnoiffons dabord un renverfment dans l'ordre dss doigts

  • DE MUSIQ.UE PRATIQ.UE. 31comme dans celui des accords (s). Remarquons gu a la faveurdes odaves, ce qui ne f trouve pas d'un ct le trouve dei'autre. Si dans le 2.^ B. le plus bas (Sfis deux doigts jointsn'en a point au deflus pour dtfcendre avec lui, c'efl jxuir lorsJe qui le remplace, les guidons au defus du 4, qui delcendavec le i , marquant juflement les odaves de ce i

    .

    La petitell de la main peut engager fiire defcendre en-fmbie le 2 &: le i aprs un accord o les doigts f()nt particices ; ce qui le peut

    ,

    pourMl que la roideur de la main n'ycontribue p;is , d'autant qu'une wcct^xow rapide des accords obligequelquefois d'en ulr ainfi de deux en deux.

    Lorfque dans le mme cas le i ou le 4 ne jeut atteindre \fa touche, l'un cde l'autre en quittant (ul la fienne, maistoujours prt y retomber, ou tomber de Ion propre mouve-ment fur celle o il doit palier enfuite.

    Exercez le premier exemple B, jufqu' ce que \ous lntiermarcher vos doigts librement, fins contiainte, fins y penlr,ftns y voir, & dans toutes les prccilions prefcrites, puis vouspalz i'auti-e avec la mme exaditnde.

    VIII.' Leon.De laNote fenfible, de fon accord; des accords di^otians;

    de la prcparaiion & rfoluiion des dijfoiances

    ,

    & de leur bajfe fondamentale,X Exemple C

    ,page i.

    Qi.ie d'objets diftcrens dans cette lule leon ! conoit-onja'il foit pofTible de fe les inculquer dans la mmoire finsconEifion ! N'y peiifons pas lulement , les doigts vont toutiire.

    Toute tonique a l wte fcnfille , qui eft toujours (on demi-ton au delbus , fi bien que ces deux -notes s'annoncent mutuel-iement l'une l'autre : connoilnt l'une , l'auti'e ell: connue.

    (sj iV.* Leon, page i(.

  • 32 CODEN'ayant prlnt d'autres toniques que/,_/"efl;par conicquent

    f note fnfible (t).

    Oiioiquey? (oit la note (nfible d'///, il ne fiuit cependant

    le juger tel que lor(qu tant dans le Ton d'ut on le touche du3 dans un accord diflbnant par tierces (u), ou lorfqu'il ( trouve

    au deibus de deux doigts Joints , &: en ce cas l'accord s'appelleaufli accord fctifibk. La petite croix* des exemples B, marquecet accord , o la note (nfible parot toujours dans la place queJe viens de lui prefcrire.

    Toutes les fois qu'on touche l'accord (nfible , il faut s'accou-

    tumer le reconnotre (ans rien voir , Se rpter mme le doigtqui touche la note (nfible, le tout jufqu' ce que l'oreille y foit

    fi bien accoutume,

    qu'elle en foit toujours prvenue iorfquel'accord an-ive.

    Lti note fenfible tant une fois connue, ou par elle-mme,

    ou par ( tonique, touchez- la du 3 dans un accord difnantpar tierces , ou bien placez-la au deflus de deux doigts joints

    ,

    vous aurez l'accord (nfible, & vous y verrez toujours cettenote fenfible foriner la tierce majeure de la dominante-tonique,qui eft en mme temps h B. F.A voir les accords , on doit juger qu' l'exception des deux

    doigts joints , tout le refte efl par tierces.

    En ( (ouvenant du renver(ment annonc dans la leonprcdente, on jugera bien qu'en touchant la note (nfible du4, Se que n'ayant point de doigts au defbus , les deux d'enhaut, c'e(l--dire, le 2 & le i , (ront joints; de mme ques'il manque le voidn au deflbus de celui qui doit en tre joint

    ,

    le I le remplace.

    Tout accord difnant ( trouvera de mme en connoif^itl'une des deux notes qui s'y joignent; ce qui ne peut manquerd'tre indiqu dans une bal bien chiffi-e, foit par ,, , 2,pu 7: I qui joint 2 e(l reprfent par la bal, & 8 quijoint 7 efl galement reprlnt par la ba( , dont 8 indiqui'olave,

    (t) On peut remarquer qu'en mon- 1 ton de y? ur y eft le plus fefifible.tant la Gamme diatonique, le demi- j (u) IV." Le^on, page zy.

    Ayant

  • DE MUSIQ.UE PRATIQ.UE.^^

    Ayant deux doigts joints fur les deux notes indiques par iechiffre, les deux autres (e placent la tierce de leurs voil/ns,de quelque cte que ce foit.De ces deux doigts joints, le fiiprieur efl la B. F. l'autre

    eft la diinance ; s'ils font par tierces, le 4 efl cette B. V. Seie I cette diinance, qui doit toujours defcendre fur (i voifine.

    Avec une main bien Toupie on (nt que le 4 attire naturel-lement le I lui , ds qu'il s'agit de delcendre , c des deuxdoigts joints on ne peut s'empcher de faire delcendre le plusbas: or voil toutes les d'ifi'onances faiivees par un mouvementqui devient naturel aux doigts, c cela fans qu'on Ibit obliged'y penlr.

    Qi-ie fait de fon cte la B. F? elle vient heurter, pour ainfidire, une conlonance, la rend difbnante, & la force de s'-loigner d'elle en delcendant : tout eft prpar Se fauve par cemoyen, toujours fans qu'on y penf. J'ai tir une ligne entrecette conlonance 8c la mme note rendue dilbnante pr lechoc qu'elle reoit de fa B. F.

    Remarquons encore que de quelque part qu'on arrive fanote fenfible, c'efl: toujours fa tonique, ft-elle difonancc, quiy defcend d'un demi-ton.

    Qui plus efl,

    c'efl toujours le plus bas des deux doigtsjoints, ou le i quand les quatre font par tierces, qui defcendd'un demi-ton fur la note fnlible; fi bien que fans laconnoitrc,ft-elle un double r^icfe, le doigt s'y porte de lui-mme , &:indique par-l fe tonique. Se par confquent le To/i qui exiftcpour lors.

    Si j'ajoute une baft quelques exemples , c'efl pour qu'onpuil la joindre aux accords quand il en fera temps; mais remai--quons bien que toutes les balles pofibles font contenues dansles accords mmes , l'exception de la fiippojtion Si. de laftifpeiifioii , dont la fondamentale ne f trou\e jamais que dansces accords; de lorte que fuis s'occuper de ces nouveauts, lesiloigts fuivent [es routes dides , foit dans l'enchanement desdominantes

    ,foit ilans d'auUes routes tout aulfi faciles

    obferver.

  • 34 CODEDj la B. F. eft connue, foit dans les accords confonans^

    /oit dans les dillnans. Faut-il ie rpter! c'eft la plus baffe note

    des tierces,

    quand tout eft par tierces , finon le plus haut des

    deux doiots Joints , ce qui ne fouffre d'exception que dans uncas o l'on ]ie pourra jamais fe tromper ; & quant aux autresbai's que peut exiger le got du Chant , il ne s'agit que d'yvarier Ion gr la fuccellion des notes de chaque accord, ola fondamentale ne le perd jamais de vue. Suppofons , parexemple, que l'accord r, fa, la, ut, prcde celui tjol.fi,r, fa; on y voit dj r on fa pouvoir lrvir de baf aux deuxaccords ; on y voit enfin toutes ces combinai fons poffibles

    ,

    r, fol; r, f; r, r; r, fa: fa, fol; fa , fi ; fa , r; fa, fa:la, fol; la, fi; la, r; la , fa: dLii, fol; ut, fi; ut, r; ut, fa;pendant que les deux mmes accords fe fuccdent, & pendantque la mme B. F. y rubfifte; de forte que de foi-mme onpeut donner chaque combinaifon le nom fur lequel les chiffresfont tablis , ds qu'on luia que c'eft celui de l'intervalle que

    forme la note fenfible avec la plus balle note, fmon celui del'intervalle que forme la diffonance avec cette plus bal note

    ,

    & qu'au cas que la diffonance y foit confonante, comme tierce,quarte

    ,

    quinte ou fixte , on lui alocie l'autre confonance qui

    la joint; d'o viennent les dnominations de fixte-quinte & detierce-quarte, chiffres ainfi