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CLASSE V B LICEO SCIENTIFICO “A. EINSTEIN” (SEZIONE ASSOCIATA dell’I. S. I. S. “MALIGNANI”) PAROLES ET POUVOIR” PAROLES ET POUVOIR” FASCISME ET MYTHE DE LA FASCISME ET MYTHE DE LA LATINIT LATINIT É É

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CLASSE V B LICEO SCIENTIFICO “A. EINSTEIN”

(SEZIONE ASSOCIATA dell’I. S. I. S. “MALIGNANI”)

““PAROLES ET POUVOIR” PAROLES ET POUVOIR” FASCISME ET MYTHE DE LA FASCISME ET MYTHE DE LA

LATINITLATINITÉÉ

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LE MYTHE DE ROMEDU RISORGIMENTO AU FASCISME

Pendant le Risorgimento l’un des facteurs propulsifs du patriotisme italien fut le sentiment des anciennes gloires nationales ,la redécouverte des mythes fondateurs et universaux de la nation italienne. Le Risorgimento italien se présentait ainsi comme le retour à la grandeur historique du passé , quand l’Italie avait été le berceau de la civilisation romaine, du catholicisme, de l’humanisme et de la Renaissance. Une grande contribution à la construction du “Mythe de la suprématie (primato) italienne fut offerte par Vincenzo Gioberti. Ce philosophe d’orientation chrétienne affirmait que, une fois fédéré le pays, l’Italie devait reprendre à accomplir sa mission de guide et maître des nations. Giuseppe Mazzini, prophète d’une religion laïque de la patrie, s’associa au prêtre piémontais pour exalter la supériorité de la Nation italienne , lui aussi convaincu qu’elle était fondée sur la volonté divine et sur l’histoire. A son avis le but des patriotes italiens engagés dans la lutte pour l’unité du pays devait être que de donner naissance à une troisième Rome, après la Rome des empereurs et la Rome des Papes, qui aspirait à devenir la capitale des peuples en lutte pour la liberté. Les démocrates aussi évoquaient Rome comme un modèle : mais comme les jacobins il faisaient référence à la Rome Républicaine, à l’idéologie anti-tyrannique d’un Brutus, en refusant touts dessins de domination sur les autres nations.

Giuseppe Mazzini

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Le mythe de “La grande Italie” dans le

Régime liberal

Le mythe de “La grande Italie” , qui avait inspiré les patriotes du Risorgimento, continua à exercer son charme après la réalisation de l’Unité . Dans le climat du nationalisme dominant de la seconde moitié du XIX siècle le régime libéral italien aussi revendiqua, malgré la modestie de ses forces, un rôle de grande puissance , en concentrant ses efforts de conquête dans la Méditerranée. Le mythe de Rome, de sa puissance impériale, nourrissait ces ambitions d’expansion, en alimentant la fierté nationale. La célébration de Rome était le motif récurrent de la production littéraire : Giosuè Carducci célébra la Rome républicaine et les Communes médiévaux comme des haut- lieux de liberté, tandis que Giovanni Pascoli, qui réévalua le latin comme langue de composition, dans son discours La grande Proletaria si è mossa prendait position à faveur des ambitions coloniales de l’Italie. Mais il y avait des écrivains aussi, tels que Ruggiero Bonghi, qui ne partageaient pas cet enthousiasme pour le fastes de l’Antiquité , et des politiciens, comme Francesco Crispi , qui appuyaient ses stratégies d’expansion sur l’exemple de Otto von Bismark ou sur le modèle de l’Empire Britannique plutôt que sur l’ascendant perdurant de la figure de César. En tout cas les aspirations italiennes échouèrent en Abyssinie, à cause de l’impréparation militaire, des incertitudes politiques, des divisions internes. Giosué Carducci

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“Per la più grande Italia”: le mythe romain de Gabriele D’Annunzio

Dans le climat de nationalisme croissant qui s’impose entre le XIX et le XX siècle ,la contribution la plus significative à l’édification d’une religion de la Patrie fut peut-être donnée par la rhétorique et l’action de Gabriele D’Annunzio. Ce poète ENFLAMMAIT LES FOULES par les phrases à effet et les métaphores dont il était un créateur formidable, ou qu’il puisait librement dans la mythologie classique et la tradition chrétienne. En 1915 il mit son art oratoire au service de la propagande belliciste : et ainsi, évoquant le mythe de Rome, dans les manifestations qu’il appela les "radiose giornate di maggio“, il arriva à manipuler l’opinion publique et à susciter l’enthousiasme populaire pour l’intervention en guerre de l’Italie. Et après la guerre il inventa “le culte de la tranchée”, une rhétorique mystique-patriotique ,dotée de symboles et liturgies, qui retrouvait ses mythes et ses paroles dans le monde classique: comme le cri de guerre Eja, Eja, Alalà qui fut ensuite adopté par les fascistes. D’ailleurs c’est justement “l’impresa di Fiume” que fournit à Mussolini tout l’attirail employé dans le “squadrismo” et la “marcia su Roma”. Le “culte de la tranchée” se nouait avec le “culte des morts en guerre” et de la “bella morte” . “Il culto dei caduti, già presente nelle tradizioni rituali dei diversi nazionalismi, fu la prima, universale manifestazione liturgica della sacralizzazione della politica del XX secolo e diede nuovo impulso alla santificazione della nazione” (Emilio Gentile).

Gabriele D’Annunzio à Fiume (1919)

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Romanité et fascismeLe mythe de la Romanité fut utilisé par le fascisme pour

instituer une religion de la nation cohérente avec la doctrine et la conception totalitaire de l’état. on peut pas identifier le culte fasciste de la Romanité avec une passion antiquaire et archéologique pour une antiquité à récupérer et restaurer: au contraire il s’agit d’un programme d’action politique pour le présent , d’un projet de transformation de la société actuelle fonctionnelle à l’idéologie nationaliste du régime. En d'autres termes le Fascisme voulait affirmer l’identité entre le régime et l’Empire romain, se présenter comme l’héritier légitime de la civilisation romaine. L’état totalitaire fasciste se présentait donc comme une nouvelle Rome, comme la refondation de l’ancienne civilisation romaine : cette synthèse d’éléments antiques et modernes était le modèle urbanistique auquel tendaient les architectes rationalistes , mais c’était aussi l’idéal d’homme nouveau auquel les italiens devaient se conformer, pour régénérer leur lignée. Si les restes des monuments romains rappelaient le lieu où s’était manifesté la suprématie de la race latine; si les édifices religieux imposants rappelaient la mission universelle de l’église, qui avait assuré la continuité de l’ancienne civilisation; les grands travaux de réaménagement réalisés par le Régime devaient témoigner l’avènement d’une nouvelle ère et d’une nation qui renouvèlerait les fastes du passé :la troisième Rome.

“L’italien nouveau “sur une affiche

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LE CULTE DE ROME

LES VALEURS ROMAINESLa romanité fasciste affirme les valeurs de l’autorité, de la

hiérarchie, de la discipline, de la vigueur physique, en somme des vertus qu’on croyait caractéristiques de la Rome ancienne Cette reprise de la Romanité est un élément central de la mythologie fasciste , de la religion politique du régime. L’intention idéologique c’était que de couler les italiens dans le même moule culturel, moral, physique aussi, des anciens romains, de sorte que les italiens étaient censés devenir les Romains modernes. Les issues de ce programme de renouveau furent assez comiques. Les traits durs, heurtés du visage de Mussolini devinrent dans l’iconographie fasciste le modèle de l’ancien et du moderne Romain. Cette représentation suggérait évidemment l’idée que le Duce était un nouvel empereur et les fascistes incarnaient le type idéal des légionnaires. En d’autres termes le fascisme ce n’était pas la commémoration de la grandeur romaine, ma sa résurrection. Plus encore : c’était le début d’une puissance qui aurait peut-être éclipser même la renommée et la gloire de l’Empire romain: “nous ne sommes pas les embaumeurs du passé, mais les anticipateurs du futur…” . Entre temps, ironie du sort , le LE REGIME NATIONAL-SOCIALISTE (NAZI) pratiquait le culte des anciens Germains et exaltais la figure de Arminius, un chef de guerre de la tribu des Chérusques, qui anéantit trois légions romaines au cours de la bataille de Teutobourg, une des plus cuisantes défaites subies par les Romains.

Exposition de la Révolution Fasciste Bas-relief

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Le mythe de Rome

Le régime de Mussolini tenta d’instiller dans les jeunes gens la “conscience spirituelle ” de l’héritage de Rome et de la grandeur du régime dans le but de transformer les étudiants en citoyens-soldats et de leur transmettre des valeurs et des vertus guerrières.

La langue et la littérature latine, ainsi que l’histoire ancienne de Rome, étaient déjà des disciplines fondamentales dans les Lycées italiens, et l’école se proposait comme mission de célébrer les gloires de l’antique Rome, où on croyait que la culture nationale avait son baisement et son commencement.

Le fascisme alla bien plus loin du classicisme qui inspirait la pédagogie de l’époque libérale. Le mythe de Rome , le culte de Rome et sa légende devint la référence majeure d’une propagande massive, que les enfants commençaient à apprendre sur les bancs de l’école primaire. Les instits et les manuels scolaires diffusaient les épisodes d’une histoire –roman qui commençait par la fondation de Rome, et avait en Romulus, Rémus, Mutius Scévola, Attilius Regulus, Scipion l’Africain, les Gracques, César, Auguste ses acteurs; et célébraient les étapes d’une épopée qui débutait par la conquête du Latium pour aboutir à la création de l’Empire, à la domination de la Méditerranée, le mare nostrum, aux exploits des invincibles légions de Rome.

La Romanité devint aussi le noyau central de la culture populaire , et le Régime subventionna des superproductions cinématographiques en style Hollywoodien inspirées des plus Grands Héros de l’épique Romaine , comme “Scipion l’Africain” de Carmine Garrone, qui, sorti en 1937 , en coïncidence ,non fortuite, avec l’invasion de l’Ethiopie e la fondation de l’Empire colonial italien.

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Mussolini nouvel Auguste

Parmi tous les personnages romains évoqués par la propagande fasciste le princeps Augustus joua un rôle de premier plan, car il semblait être celui qui mieux personnifiait la mission universaliste de la civilisation latine , dont le fascisme se prétendait le continuateur. Mussolini même était représenté par les artistes qui célébraient le fastes du régime comme une sorte de réincarnation de l’empereur, comme un nouvel Auguste. En 1937 le régime célébra le bimillénaire de la naissance d’Auguste par des colloques, des commémorations et des expositions, telle que l’Exposition augustéenne de la Romanité qui se proposait le but de souligner le lien entre l’histoire de Rome antique et le présent fasciste, de célébrer la Révolution Fasciste, d’immortaliser la légende du Duce.

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Le culte de la memoireLe culte de la Romanité pratiqué par le fascisme

eut dans le magazine “Rome", qui débuta en 1923 , son officiant . La revue prônait la continuité entre la Rome impériale et la Rome fasciste , en passant par la Rome du moyen âge et la Rome de la Renaissance. Les essais publiés par la revue suggéraient des analogies artificielles entre les corporations romaines et les corporations fascistes , entre la politique démographique de l’empire romain et celle du régime fasciste. L’évocation des conquêtes romaines paraît encourager et justifier les aventures coloniales de Mussolini: jusqu’au paradoxe hardi et même grotesque d’assimiler l’occupation de l’Ethiopie à la reconstitution de l’Empire Romain, et de glorifier le Duce comme un nouvel César ou un nouvel Auguste. La revue, qui se battait pour diffuser la culture classique et l’étude du latin, a partir de 1925 devint l’orgue officieux de l’Institut d’études romains , une Institution qui se proposait comme lieu de rencontre entre les courants intellectuels catholiques les plus liés à la tradition et l’idéologie fasciste-nationaliste. Largement subventionné par l’état , l’Institut était un centre de pouvoir politique , académique et éditorial, très influent dans la société. En 1935 il promut la publication du volume “Afrique Romaine” qui suivait une ligne de recherche historique et archéologique cohérente avec les aspirations impériales du régime.

“De Rome à Mussolini”Bas-relief, 1940

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L’agrarisme fasciste

Au début des années 1920 l’Italie était encore un pays rural. Dans les campagnes le fascisme eut un grand consentement , garanti par l’appui soit de la propriété foncière soit des paysans. À partir de la bataille du blé, en 1925, le fascisme célébra la simplicité et la tranquillité de la vie rurale en opposition à l’agitation fébrile et aux embûches de la vie urbaine : la célébration de la civilisation agreste et des valeurs catholiques et conservatrices dont elle était porteuse fut au centre de la proposition culturelle de mouvements comme “Strapaese”, fondé par Mino Maccari dans le milieu de la revue “Il Selvaggio”, et plus en général d’une activité de propagande qui utilisait les canaux habituels du régime. Le rappel à la culture classique , aux paterna rura de Virgile, à la mission colonisatrice du Légionnaire , le paysan - soldat, représenta un motif caractéristique de ce model idéologique agrarien qui inspira aussi les démarches concrètes du régime pour décongestionner les villes trop bondées. Mais le fascisme fut d’ailleurs promoteur d’une politique urbaniste très moderne, basée sur la création de “villes nouvelles” dans le domaine des zones asséchées au sud de Rome: Littoria, Sabaudia, Pontinia, Aprilia, Pomezia. C’étaient des villes édifiées avec des critères architecturaux rationalistes , des lieux idéaux de célébration des rituels du régime qui, en dépit de l’agrarisme affiché par l’idéologie officielle, étaient des centres administratives détachés des campagnes environnantes et dépourvus d’échanges avec le monde des colons.

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À gauche: la ville de SabaudiaÀ droite :affiche de propagande qui célèbre la “bataille du blé”

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L’élitisme fasciste

Au mythe de Rome le fascisme puisa une théorie étatique aristocratique, hiérarchique, pyramidale, élitiste, qui réservait l’accession au pouvoir, aux postes de responsabilité, à une minorité des individus jugés comme étant les meilleurs , aux dépens de la masse.L’élitisme méprise la masse, conçue comme un troupeau docile, passif , faible et soumis , incapable de se donner une direction et une organisation; et par contre exalte la force et la supériorité naturelle de l’élite , qui justifie la légitimité de son autorité sur le peuple par sa volonté de domination et de puissance, en s’appuyant à des catégories comme l'origine sociale, la richesse matérielle, l’ éminence spirituelle, l’intelligence, le caractère etc. Par la force des choses l’élitisme est donc réactionnaire et antidémocratique: la démocratie est refusé en tant que société dégénérée de l'homme moyen, de l'homme massifié, et on lui oppose un retour en arrière vers des formes d'organisation et des institutions héritées du passé. Pour l’élitisme fasciste, qui tire son idéologie des doctrines de Pareto et Mosca, mais aussi des idées de Le Bon et de Sorel, ce passé est celui de la Rome des empereurs et de l’aristocratie patricienne, où on trouve le modèle de la relation entre le chef (le guide, le dux) et une masse uniforme et subordonnée.

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L’ART FASCISTE ENTRE MODERNITÉ ET CLASSICISME

Le fascisme de pierreLe régime fasciste ne s’engagea pas seulement, comme

on l’a dit, dans la construction de villes nouvelles, mais aussi dans la redéfinition de l’identité , de l’aspect, des structures des anciennes villes , pour leur donner une physionomie moderne et correspondante à la vision idéologique du mouvement.

Ainsi à Rome et ailleurs on rasa les immeubles du Moyen âge, de la Renaissance, du Baroque, pour donner de l’espace à des constructions bâties selon les tournures de style dictées par le gouvernement, qui était le commanditaire des œuvres. Dans les intentions du Régime, la nouvelle Rome fasciste , capitale de l’état et ville-symbole du régime ,devait devenir la représentation de l’union de l’antique et du moderne , de la volonté de conserver et mettre en valeur les vestiges du passé et en même temps de réorganiser le territoire urbain selon les critères le l’architecture rationaliste.

L’essai visait à restituer à la ville la splendeur de l’âge d’Auguste , mais revisitée en fonction des exploits du fascisme et de sa grandeur

Université de Rome. École de Maths (Giò Ponti)

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Démolir pour reconstruire

Le 9 mai 1936 Benito Mussolini annonça dans un célèbre discours tenu devant une foule en délire la “riapparizione dell‘Impero sui colli fatali di Roma”( la réapparition de l’empire sur les cols fatales de Rome). Le parcours de construction de l’état totalitaire et impérialiste était finalement accompli, justifié par le culte de la romanité , qui avait fourni le modèle de l’italien moderne, un militant toujours prêt à la mobilisation civile ou militaire au nom de l’état. La Rome réelle, que Mussolini avait détestée , jusqu’à la définir avant la guerre  ” ville parasitaire de logeurs, cireurs de chaussures, putes, prêtres et bureaucrates ….une ville – vampire qui suce le meilleur sang de la nation “ redevenait digne du mythe , de la Rome antique.

Demolizioni a Roma

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Art et mythePendant le domination fasciste l’art fut utilisé par le Régime comme un instrument d’éducation de la Nation. C’était l’art du consentement (“L’arte del consenso”) à la quelle donnèrent leur contribution, pour conviction ou par convenance, nombreux artistes , incertains entre innovation moderne et tradition classique . Parmi les autres, les artistes du groupe dénommé “Novecento” (Sironi, Depero, Bertelli…) proposait une évocation de l’antique animée par la recherche des origines mystérieuses de la civilisation italique, centrée sur des thèmes comme la maternité, la famille, le sens du sacre, la religion du travail. C’était un “retour à l’ordre” , un reflux, une récupération de l’art figuratif de la tradition. Mario Sironi, entre engagement et propagande , dans ses imposantes œuvres murales se propose de reprendre la leçon de l’art du passé et de son patrimoine symbolique : il essaye de restituer une âme populaire à l’expérience et à la fruition artistique . Mais bien plus souvent les artistes plus conformistes s’alignent sur les consignes du régime et exhibent dans leurs œuvres, commanditées par le gouvernement d’ailleurs, de nombreux rappels à la mythologie et à la mystique du fascisme.

Mario Sironi, Il Duce

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Le style fascisteLe régime fasciste affichait toujours la volonté expresse et déclarée d’instituer un nouveau style architectural, le style fasciste justement, qui devait être dans la ligne des expériences les plus innovatrices du rationalisme européen, et en même temps renouer le liens avec la civilisation classique. De ces prémisses et intentions prît naissance un style hybride et éclectique où coexistaient, dans un dualisme irrésolu, monumentalisme classique et rationalisme modernes. Le Forum Mussolin, représenté dans l’imagine à côté , constitue un clair exemple de ce style fasciste. Cet ensemble de bâtiments, sportifs et monumentaux en même temps, avait le but de garder vivante la tradition classique dans le présent : c’était “un monument qui, en renouant avec la tradition impériale romaine , veut éterniser dans les siècles le souvenir de la nouvelle civilisation fasciste et le nom de son chef et seigneur, le Duce “.

“Forum Mussolini”

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EUR: Exposition Universelle Romaine

L’EUR est en Italie l’exemple le plus significatif de l’architecture rationaliste. Dans les intentions du régime ce complexe monumental devait louer la “civilisation du Licteur“ , la figure de son chef, Mussolini, mais aussi l’unité de buts entre le régime et l’église. . Cette ville dans la ville , dont l’architecture s’inspirait aux concepts de grandeur, ordre, hiérarchie, lumière et blancheur, devait donc célébrer la supériorité du génie italien, en reliant les splendeurs de l’Urbs Romana à la civilisation régénérée du fascisme . Après l’événement pour lequel ce complexe avait été conçu , l’exposition de 1942, il aurait devenu le noyau fondant de la nouvelle Rome de Mussolini, qui se serait étendue vers sud-ouest selon une conception urbanistique innovatrice et unitaire . Le complexe resta inachevé.

L’EUR en construction

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EUR, Palais de la CivilisationAffiche pour l’ExpositionMaquette du Projet E42

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Romanité fasciste à la frontière orientale

Romanité et mythe de la civilisation latine sont les éléments constitutifs du “fascisme de frontière”, le fascisme de la Vénétie Julienne. Le souvenir de la Decima Regio et de la XV Légion Apollinaire, les mémoires de la Gens Julia et d’Aquilée qui auparavant n’étaient rien d’autre que de des référentiels pour les érudites locales après la victoire de Vittorio Veneto deviennent des arguments forts pour soutenir la revendication de l’appartenance « naturelle » à l’Italie des “Terre Irredente”, arrachées enfin aux autrichiens au prix de tant de sang répandu par les soldats dans les tranchées du Karst et sur la ligne du Piave. Ainsi le fascisme, dans les régions orientales du pays, se présente comme la continuation de l’Empire Romaine et de la domination vénitienne. Dans le Karst, au bord de l’Isonzo, où des sanglantes batailles s’étaient combattues, apparaissent des monuments qui rappellent le souvenir des soldats morts pour la patrie, et, en même temps marquent le territoire et en définissent l’”italianité”. Dans un premier temps l’iconographie chrétienne se marie au culte de la Romanité; la mémoire d’Aquilée romaine au culte des morts en bataille. Le champ de bataille est parsemé de monuments en forme d’autel , de petit temple, de pyramide, selon le style classique de mode à l’époque: la louve capitoline apparaît partout . Motif récurrent des ces monuments aux morts est celui de la jeunesse brisée, de l’amour filial, de la pietas chrétienne ( l’ange de la mort qui soutient le soldat tombé au combat). Dans les années 1920 et 1930, après l’affirmation du régime, des modèles apologétiques , basés sur de larges espaces, des structures grandioses, sur la rationalité architecturale et sur l’exhibition des symboles de la romanité s’imposent. Le mausolée –sanctuaire de Redipuglia (inauguré par Mussolini en Septembre 1938, avant de partir pour la rencontre de Munich ) en est un exemple éclatant . Le majestueux escalier-mausolée , formé de vingt-deux paliers sous lesquels sont déposées les dépouilles mortelles des 100.000 hommes tombés au combat , s’élève au-delà d’une vaste esplanade en légère déclivité, pavée en pierre du Karst, traversée en son centre par la via eroica (la « voie héroïque »). A quelques kilomètres de distance s’élève l’obélisque dédié au syndicaliste Filippo Corridoni, socialiste révolutionnaire et interventiste, camarade de Mussolini, mort pendant un assaut en 1915: c’est un autre exemple de cet art emphatique, qui exhibe là ses signes caractéristiques, l’aigle qui regarde vers l’est, les faisceaux romains, la main ouverte dans le geste de salut à la romaine . Enfin sur une motte au milieu de la plaine en face à Gorizia, le mausolée-sanctuaire d’Oslavia, qui reprend la forme des mausolées de l’époque du tard-empire.

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De gauche à droite : Sanctuaire de Redipuglia en construction Monument à Filippo Corridoni, détails

Sanctuaire de Oslavia

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La Légion des morts

Le nouveau sanctuaire militaire de Redipuglia ,réalisé sur un projet de l'architecte Giovanni Greppi et du sculpteur Giannino Castiglioni face au premier cimetière de guerre de la 3e armée, qui s’étendait sur la colline de Sant'Elia, fut inauguré le 13 septembre 1938. Il est un monument emblématique du symbolisme fasciste dans la Vénétie Julienne. Le majestueux escalier-mausolée à la base duquel est érigé le tombeau du commandant de la 3e Armée, flanqué des tombes de ses généraux, se présente comme un puissant et parfait ordonnancement d'une légion de morts, alignée en formation de combat , phalange muette du nouvel ordre fasciste à la frontière orientale , rangée de sentinelles de la nouvelle Italie, qui font bonne garde dans un territoire hostile, habité par des slaves. Sur le tombeau d’ Emmanuel-Philibert de Savoie, qui semble comme en vie guider cette armée de morts, c’est écrit: “Parmi les Héros de la Troisième Armée je serai avec eux une sentinelle vigilante et sûre à la frontière d’Italie ”. Du reste dans un discours prononcé à Trieste en 1920, Mussolini – qui n’était pas encore devenu le Duce- avait annoncé: “Le tricolore arboré sur le mont Nevoso [ Snežnik en slovène ou Pic blanc , une montagne située dans la partie septentrionale des Alpes dinariques, à l’extrémité nord-est de l'Istrie annexée à l’Italie] est sacré[…] le tricolore sera protégé par nos morts Héroïques: mais jurons ensemble qu’il sera toujours défendu par les vivants aussi!!”; et D’Annunzio, l’un des inspirateurs politiques et littéraires du Duce avait déclamé: “Parmi les rochers du Karst et du Nevoso s’élève une borne de la nouvelle frontière de la Vénétie Julienne revendiquée […] l’aigle sûre et vigilante s’y pose. L’aigle de Rome”.

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SYMBOLES ET PAROLESLes symboles

Le culte de la latinité devint pour le fascisme une sorte de Religion civile destinée à valider l’effort accompli par l’Italie pour récupérer la grandeur, la puissance, la splendeur d’antan.

La vénération pour les imagines et les signes de la Romanité imprégna la société et la vie publique. Les faisceaux et le glaive furent adoptés comme symbole de la force et de la puissance de l’état . Un nouvel calendrier fut introduit, qui comptait les ans, en chiffres latines , à partir de la marche sur Rome et non plus de la naissance de Christ, pour marquer le début d’une nouvelle ère, l’ère fasciste. Les membres de la Milice fasciste ( MSVN) empruntèrent aux légions romaines l’enseigne de l’aigle, les grades, un salut exécuté par le bras et la main droite tendus ( le « salut romain ») et le pas de l'oie , copié aux nazis et rebaptisé sous le nom de Passo Romano-« pas romain » , même si ces derniers étaient des faux historiques, des pures et simples inventions. Les gosses , encadrés dans les formations paramilitaires du régime, étaient appelés “fils de la louve” , en référence avec à la louve qui selon la légende aurait allaité Romulus et Remus , les fondateurs de Rome, les Mythiques frères à l’origine de la ville, dont la fondation était célébrée le 21 avril (la naissance de Rome) une fête qui alla substituer l’anniversaire , internationaliste et subversif du 1 er mai.

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Les faisceux du licteur

Les faisceaux furent l’enseigne (plus encore: l’objet emblématique) du mouvement fasciste, ensuite parti, enfin régime. Dans la Rome antique les faisceaux étaient constitué d'un ensemble de verges (d'orme ou de bouleau), longues d’un mètre et demi, liées en cylindre autour du manche d'une hache en bronze par des lanières de cuir rouge croisées. Il s’agissait donc de l’union des deux instruments pou infliger des punitions : les faisceaux pour la flagellation, la hache pour la peine de mort. Ils étaient le symbole de l’autorité d’un magistrat, l’imperium. Ils représentaient le pouvoir de punir, le pouvoir coercitive bien sûr, mais la souveraineté et l’union de l’état aussi Ils étaient portés par les licteurs, appuyés sur l’épaule gauche :les licteurs (en latin classique lictores) constituaient l'escorte des magistrats et leur nombre variait en fonction de son importance. Les faisceaux réapparurent à l’époque de la Révolution française, ainsi que d’autres symboles républicains. Plus tard il furent récupérés en Italie par les patriotes du Risorgimento , par les ligues socialistes de la fin du XIX siècle et enfin adoptés par le fascistes à partir de 1919. Pendant le ventennio il fut reproduit partout: sur les monnaies, sur les timbres postales, dans le décor des bâtiments publiques. .

Guglielmo Sansoni, Fascio littorio

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La politique linguistique du régimeLa dictature fasciste utilisa des moyens puissants et minutieux de planification de

la politique linguistique dans le but de renforcer l’idiome national et combattre, dans un souci de pureté linguistique, les emprunts , les argots et les dialectes. L’idée centrale se fondait sur le concept de défense de l’Unité linguistique nationale contre la corruption des langues étrangères: car ça serait propre des peuples forts d’ imposer leur langue et des peuples faibles d’accepter la pollution de langage d’autrui. Ainsi les institution de l’état imposèrent une vraie “autarchie linguistique” en parallèle avec l’autarchie économique. Des dispositions législatives sévères furent promulgués et des campagnes de communication pressantes furent mises en œuvre à défense de la langue nationale, visant à interdire l’utilisation des langues minoritaires (allemand, slovène, croate) et des termes étrangers à la mode. On arriva au point de défendre, par voie d’autorité, l’usage de la forme personnelle de politesse “lei”, jugée comme un espagnolisme, en faveur du “voi”, senti comme bien plus virile. Pour dépurer le langage décadent et baroque du début siècle, on voulut récupérer la matrice latine de l’italien, et y introduire des néologisme “fascistes” : le résultat fut la création d’une langue littéraire, oratoire, bourrée de latinismes, de mots savants, pédants, ou cultivés, de tournures rhétoriques et grandiloquentes, de stéréotypes , qui se réduisait a un pur exhibitionnisme verbal. Cette reforme délirante concerna la pédagogie aussi, comme on le peut vérifier en analysant le style d’un manuel scolaire utilisé dans les écoles primaires , dont la couverture est reproduite à droite ( Libre et mousquet. Lectures fascistes . Texte unique pour la classe troisième= CE2)

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LA PAROLE DE MUSSOLINI

Le fascisme, on l’a défini comme “le Régime de la parole”. Dans le projet de construction de l’état fasciste, à l’homme nouveau que le fascisme voulait créer devait correspondre un “langage nouveau”. Et comme le fascisme s’identifiait avec son chef le ““stil novo” de Mussolini devait devenir la langue des italiens , condamnés à une condition de grégarité dans la conception hiérarchique du Régime, qui marquait une distance impossible à combler entre les masses et le Duce. Ainsi l’imitation de l’élocution mussolinienne devint une habitude et dans une certaine mesure, une obligation.

Les caractères formelles de la prose du Duce ont été mises en lumière par la linguistique et par la l'historiographie . Les phrases sont brèves , le style concis, sec, péremptoire ; la syntaxe fragmentaire: pas de coordination. Et les formules interrogatives et exclamatives abondent ainsi que les adverbes . La parataxe persistée voudrait transmettre un sens de familiarité. En général il s’agit d’allocutions plus que d’argumentations politiques. Le registre de langue a largement recours à des néologismes ironiques et caricaturales , au lexique militaire et religieux et à figures de rhétoriques puisées à pleines mains dans la mythologie de la romanité: “Salve Dea Roma! Salut, pour ceux qui furent , sont et seront tes fils prêts à souffrir et à mourir pour ta puissance et ta gloire!”. Il voulait ainsi représenter les épigones de Rome en marche vers un destin radieux(?)

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L’époque classique et le classicisme

Dans la “fabbrica del consenso” l’incidence du langage recouvre un rôle essentiel. L’oratoire de Mussolini ne compte pas sur un accueil rationnel des paroles , mais émotionnel, pour réveiller dans les audience des sentiments forts et obtenir une adhésion immédiate. Dans l’accumulation des figures rhétoriques, dans la variation de l’intonation, ce qui compte est la suggestion phonique, le son en soi: ce qui comporte une volatilisation du discours à niveau sémantique. Ce n’est pas une innovation mussolinienne. La technique oratoire du Duce , répliquée par les hiérarques  et les cadres moyens est moins proche du classicisme que de la rhétorique littéraire du Risorgimento libérale et même du socialisme à cheval sur le XIX et le XX siècle . Et justement , la terminologie destinée à la mobilisation, la prose enflammée du Duce, révèlent une continuité explicite avec le langage grandiloquent et émotionnel de beaucoup d’orateurs socialistes, et en fin des comptes avec l’expérience de son ancienne militance. Le contenu est bien sûr différent mais les références stylistiques renvoient à la culture de la période entre les deux siècles. D’ailleurs Carlo Rosselli et tant d’autres antifascistes n’utilisaient pas un langage trop différent dans ses discours et dans ses écrits. Les modèles auxquels Mussolini paraît en particulier inspirer son oratoire son représentés entre autres par Giosué Carducci, pour ce qui est de l’éloquence et de l’invective; ; Alfredo Oriani, pour la démarche majestueuse de la prose politique; Gabriele D’Annunzio, celui des discours de la Régence de Fiume surtout, pour la technique d’ accumulation et les tons mystiques et archaïques

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Le chef et la masse Mussolini dans un de ses fougueux discours

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Bibliographie sélective

E. Gentile, La grande Italia. Ascesa e declino del mito della nazione nel ventesimo secolo, Mondadori, Milano 1997

E. Gentile, Il culto del littorio. La sacralizzazione della politica nell’Italia fascista, Laterza Bari 2005( La Religion Fasciste - La Sacralisation De La Politique Dans L'italie Fasciste Librairie Académique Perrin - 14/03/2002)

E. Gentile, Fascismo di pietra, Laterza, Bari 2007A. Giardina, A. Vauchez, Il mito di Roma. Da Carlo Magno a Mussolini, Laterza, Bari

2008 ( Rome, l'idée et le mythe Paris, 2000)G. Gabrielli, D. Montino, La scuola fascista. Istituzioni, parole d’ordine e luoghi

dell’immaginario, Ombre corte, Verona 2009 (Paru dans Histoire de l’éducation, 127 | 2010)

F. Foresti, M.A. Cortellazzo, E. Leso, I. Paccagnella, Credere, obbedire e combattere. Il regime linguistico del Ventennio, Pendragon, Bologna 2003