claire de lune

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Clair de lune Analyse linéaire 1ère strophe : une fête manquée 1) L'identification de l'âme et du paysage Le poème s'adresse à un destinataire inconnu : la femme aimée (grâce au titre du recueil Fêtes galantes ) Aspect archaïque et galant (madrigal) Verlaine va établir une identification entre l'âme et le paysage => clé du poème : ts les éléments sont porteurs d'une signification affective et symbolique (v.1) "Pasyage choisi" : raffinement aristocratique de l'âme et du paysage L'antécédent "que" (v.2) est ambigu : renvoie à "âme" ou "paysage" ? renforce cette identification 2) Les caractéristiques du paysage intérieur a) une atmosphère magique Vers 2 : l'inversion du verbe met en relief "charmant". Forme progressive "aller charmant" : archaïsme qui met en évidence la continuité du charme qui s'exerce : impression de mystère. L'identité des masques est mystérieuse. "bergamasques" : sens flou => habitant de Bergame ou danse de Bergame. b) l'ambiguïté gaieté-tristesse Thème de la feinte, de la vérité qui se dissimule sous une apparence mensongère Connotation d'une atmosphère de gaieté "masques", "déguisements fantasques" : bal masqué. "jouant du luth", "dansant", "bergamasques" : lexique du chant et de la danse => atmosphère de fête. "masque" évoque aussi la dissimulation, la feinte Dissimule la mélancolie "quasi tristes sous leurs déguisements fantasques" (v.3-4) rejet de "tristes" : cassure, fausse note qui déchire l'atmosphère de gaieté "i" => effet produit : fausse note tristesse incertaine dissimulée sous le masque de la gaieté

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Clair de lune Analyse linaire1re strophe : une fte manque1) L'identification de l'me et du paysageLe pome s'adresse un destinataire inconnu : la femme aime (grce au titre du recueilFtes galantes)Aspect archaque et galant (madrigal)Verlaine va tablir une identification entre l'me et le paysage => cl du pome : ts les lments sont porteurs d'une signification affective et symbolique(v.1) "Pasyage choisi" : raffinement aristocratique de l'me et du paysageL'antcdent "que" (v.2) est ambigu : renvoie "me" ou "paysage" ?renforce cette identification2) Les caractristiques du paysage intrieura) une atmosphre magiqueVers 2 : l'inversion du verbe met en relief "charmant".Forme progressive "aller charmant" : archasme qui met en vidence la continuit du charme qui s'exerce : impression de mystre.L'identit des masques est mystrieuse."bergamasques" : sens flou => habitant de Bergame ou danse de Bergame.b) l'ambigut gaiet-tristesseThme de la feinte, de la vrit qui se dissimule sous une apparence mensongreConnotation d'une atmosphre de gaiet"masques", "dguisements fantasques" : bal masqu."jouant du luth", "dansant", "bergamasques" : lexique du chant et de la danse => atmosphre de fte."masque" voque aussi la dissimulation, la feinteDissimule la mlancolie "quasi tristes sous leurs dguisements fantasques" (v.3-4)rejet de "tristes" : cassure, fausse note qui dchire l'atmosphre de gaiet"i" => effet produit : fausse notetristesse incertaine dissimule sous le masque de la gaietc) la musique des verssonorits nasales "vont", "charmant", "jouant", "dansant" => effet musical volontaire connotation de tristesseVers 2 : allitration du "m", rime riche "masques et bergamasques"Continuit qui accentue l'envotement.Vers 3 : rythme saccad, coup, voque celui de la danse - mots brefs et rptition du "": lgret

2e strophe : l'accentuation de la mlancolie1) L'approfondissement de l'ambigutPersonnages toujours au premier plan.Le mouvement se ralentit, on ne voit plus les personnages danser, mais seulement chanter.Tous les personnages symbolisent l'tat d'me de la destinataire.Vers 5 : rsume l'ambigut des sentiments"chanter" : gaiet"mode mineur" : tristesseVers 6 : le contenu de la chanson est picurien (qui voque la philosophie du plaisir)ides de frivolit, galanterie, gaietVers 7 : mlancolie sous-jacentebonheur : masque auquel on a pas l'air de croireOn ne sait ps la nature des sentiments suggrs - domaine du flouThme de la feinte, des apparences, des sentiments qui se cachent derrire ceux-ci (comme dans la 1re strophe)2) Un vers charnire (vers 8)Vers 8 : "Ils n'ont pas l'air de croire leur bonheur"rsum des vers prcdents et charnire qui amorce ceux qui vont suivre"leur chanson se mle au clair de lune" (v.9) tristesse des personnages, correspondance horizontale entre l'auditif et le visuel (ou synesthsie)il annonce la dernire strophe3) La musique de la stropheStructure de la strophe en reprises."tout en chantant" (v.5) - "Et leur chansons" (v.8)Sonorits nasales en "en" et en "ou" associes des sonorits plus claires "u", "i", "". => association qui illustre l'ambigut entre la joie et la tristesseVers 8 :allitrationdu "l" : "leur", "mle", "clair", 'lune" : sonorit fluide et claireLimpidit des sonorits qui suggre la puret du clair de lune.

3me strophe : le parc au clair de lune1) Un rythme mysicalPas de propositions principales, appositions au "clair de lune" qui achevait la strophe prcdente.strophe construite sur des reprises musicales.Tout se passe comme si le vers 8 se prolongeait sur toute la dernire strophe : prolongation du rythme, panouissement.substantifs repris avec enrichissementv.8 => v.9 + adj. "clair de lune"v.11 => v.12 + adj. "jets d'eaux"=> amplification du rythme, panouissement lyrique.2) Une modification de l'atmosphreA prsent, les personnages s'loignent, et on se concentre sur le cadre, le parcl'tat d'me est reprsent par le cadre et ses personnages.a) retour la srnitQui s'oppose au mouvement fivreux du 1er quatrainVers 9 : "calme" : rythme assez lentVers 10 : "rver" : notation affective qui suggre un tat de contemplation, de recueillementvision des statues : "marbres" (v.12) => mtonymie : paisible, un peu lointain, froid"sangloter d'extase" (v.11) : oxymore "sangloter" = triste ; "extase" = beau"calme clair de lune" sonorits clairs et limpides.b) tristesse et beautNouvelle ambigut sans mensongeL'me parvient un paroxysme de larmes dlicieuses.Cette lvation de l'me est symbolise par le mouvement ascendant des arbres et des jets d'eau.

ConclusionLe pomeClair de luneest trs reprsentatif du symbolisme esthtique.Le paysage est ici le symbole de l'tat d'me.Au dbut, l'me s'parpille dans la feinte gaiet/tristesse. A la fin, les masques disparaissent et l'me retrouve son unit dans le calme et la nature, s'abandonne une motion pure et profonde.Mon reve familier Plan de commentaireI- L'implication de l'auteur- L'emploi de la premire personne du singulierLe "je" de l'auteur s'adresse un " tu " inconnu qui pourrait aussi bien tre lui mme (soliloque). Il s'oppose au elle qui introduit le rcit du rve. Verlaine reprend le "je" qui rappelle le mal-tre chant parles romantiques, pour nous suggrer peut-tre que seul un tre idal pourrait dchiffrer son cur, partag entre les hommes et les femmes.- L'emploi des adjectifs possessifsVerlaine accentue sa prsence travers les multiples adjectifs possessifs la premire personne, mon front, mon cur. Ces adjectifs renforcent l'ide que le pote est bien le principal personnage du texte- L'effet des rptitionsLes rptitions sont souvent d'apparentes maladresses mais ici elles produisent un effet d'envotement pour mieux nous faire pntrer le charme de la parole. La conjonctionetqui apparat6 foisdans la premire strophe cre l'effet d'une berceuse rythmique. La seconde rptition "elleseule" dans le second quatrain connote la fois le soulagement et le regret, soulagement pour Verlaine d'avoir trouv mme si ce n'est qu'en rve l'harmonie faite d'amour, de douceur et de comprhension, mme s'il ne s'agit que d'un strotype de femme-mre et de femme-femme, mais aussi regret qu'il n'en existe qu'une seule qui puisse l'aimer et le comprendre.- Valeur de l'exclamation et des interrogationsPar l'exclamation "hlas", Verlaine dplore peut-tre qu'une seule personne et qui plus est appartenant au monde onirique puisse l'aimer et le comprendre, mais rien dans le texte ne nous permet de l'affirmer. Il peut galement dplorer que cette femme appartient au royaume des morts, et dans ce cas sa crature de rve ressemble plus un ange. Les deux interrogations nous confirme dans cette voie. Il ne s'agit pas du rve d'une rencontre possible mais au contraire de celui d'unerencontre impossible. La femme de Verlaine manque de prcision, elle est envisage d'une faon globale et abstraite.II-La place et le rle de la femme- Sa progressionVerlaine n'a pas trouv dans sa vie la femme qu'il cherche. Son existence estonirique, elle est immatrielle, Verlaine ne se souvient mme pas de son physique. Si au fil de la progression, on observe la femme en tant que terme constant du pome, elle passe dans le vers 2 du rle de " femme inconnue " a celui d'un sujet d'amour " que j'aime " puis d'un sujet aimant " qui m'aime ". Dans le dernier tercet, elle s'loigne compltement " des voix qui se sont tues ".- Le flou de son portraitIl n'est pas question d'une femme en particulier mais dela femme en gnral. Elle n'est pas nomme parce qu'elle n'a pas d'identit, parce qu'elle reste floue. Observons que sa figure fminine ne revt pas mille visages successifs mais que subtilement s'oprent des variations lgres d'un rve l'autre " ni tout fait la mme, ni tout fait une autre ".- Complice, indiffrente ou sujet passif ?Verlaine a enfin trouv dans son rve l'harmonie faite d'amour, de douceur et de comprhension " et qui m'aime " " elle me comprend ". C'est un strotype defemme mreet de femme-femmesoumiseet pleine de compassion.- Sa charge de mystrePar une espce de paradoxe, le pote cre la figure qu'il voque. La femme de Verlaine est charge de mystre. D'une vision globale de la femme idale amoureuse et soumise, on passe des dtails " son nom doux et sonore ", son regard " pareil celui des statues " , sa voix " l'inflexion des voix qui se sont tues " qui donne cette femmeun semblant d'identit.- Sa mtamorphoseVerlaine fait souvent ce rve sans prciser depuis combien de temps. La femme dans cette vocation devient un monument d'espoirsculpt dans l'imaginaire. Mais dans sa ralit que l'on devine dans les derniers vers ne reprsente-t-elle pas le miroir abstrait dont a besoin le pote pour que lui soit retourne l'image de sa souffrance qui amplifie devient la source du pouvoir magique du pote.- Le thme de la mort.Cette femme rve apparat dans les vers 11 14 sous le signe de la mort " trange et pntrant ". En effet ce rve ne se droule pas de faon classique, superficielle sur l'cran des nuits de Verlaine mais poursuit le pote au del du rve et s'installe en lui au point de l'envahir. L'ide de mort, des dfunts n'est que suggre, attnue parl'euphmisme du silence, " les aims que la vie exila " et " des voix qui se sont tues ".III- L'importance des sentiments- La place de la rciprocitLes verbe aimer et comprendre dvoilent quel point la condition du pote estdifficileet combien il a besoin d'tre compris et aim. Cette qute de la rciprocit devient l'axe du pome.- Vocabulaire et expressionsLe pote tient ce que le lecteur soit log la mme enseigne que lui, qu'il devienne son complice sur la piste de " l'inconnue ". Mais le pote propose des repres qui n'en sont pas, et il convient pour conduire l'enqute de s'investir dans le rve qu'il donne partager. Verlaine nousberceavec un rythme lancinant et rptitif pour mieux nous endormir.- La place du temps" je me souviens ", les souvenirs de Verlaine semblent s'tre estomps avec le temps. Il ne se rappelle plus du nom mais simplement de sa sonorit " doux et sonore ". La prsence des statues, qui figent le temps lui donne ici un repre.CONCLUSIONMon rve familier est l'occasion pour Verlaine d'voquer la dure condition de pote meurtri par son hyper sensibilit et de parler de lui mme. Verlaine s'est cach derrire la femme qui lui apparat dans son " rve familier " pour nous concentrer sur son sort et nous faire connatreson drame intrieur.Commentaire littraireI. Un contraste rve-ralit

1 - Confusion

Le rve accompagne la ralit de lauteur: "je fais souvent ce rve" -> prsent dhabitude, en relation avec le dterminant dmonstratif "ce rve" qui indique que le rve est dj connu.Le dterminant dmonstratif "ce" met en valeur le mot "rve", rpt dans le titre et au vers 1 et plac juste avant ce qui peut tre considr comme lacsuredu vers 1.Le rve est "familier" (titre du pome) mais galement "trange et pntrant" (vers 1) -> confusion et contradiction car ce qui est familier n'est en gnral pas trange: Verlaine rve dun monde diffrent ("trange") mais dans lequel il se retrouve ("familier").Lesallitrationsen [r] et en [t] font sonner durement ce premier vers.Rythme confus, flou: nombreuxenjambements(vers 1, vers 3, vers 5...), refus de la csure lhmistiche, (vers 9, 13-14..),dirses("inflexion" prononcer en 4 syllabes vers 14).Le lieu et le temps ne sont pas dfinis. Beaucoup d'lments ne sont pas dfinis (apparence physique vers 9, prnom de la femme vers 10). La femme est "lointaine" (vers 13)=> Le rve est confus: perte de la ralit.

2 - Atemporalit du pome

- Les temps verbauxC'est le prsent qui domine "et que jaime et qui maime" (vers 2): prsent de vrit gnrale.Ruptures aux vers 11 et 14 avec l'emploi du pass: caractre insaisissable de la femme, prsente et absente (vie/mort)- Le pome semble hors du temps."souvent" : prsent qui englobe pass, prsent et futur. Aucune indication de quand se passe le rve."statues"(vers 12) : atemporalit, ternit et immobilit comme source de bonheur.

II. La femme rve

1 - La femme aime

Seule certitude: l'amour est rciproque "et que jaime, et qui maime" (vers 2), "et m'aime et me comprend" (vers 4). C'est l'amour parfait: amour et comprhension.Linsistance forte sur le verbe aimer est montre par lhomophonie des vers 2-3-4 ("la mme" pronom indfini et "maime" du verbe aimer).Allitration douce en [m] au vers 2 pour illustrer la douceur de l'amour.Cohsion rythmique des vers 2 et 3 : 6/3/3/3/3/6Anaphorede "elle seule" -> amour uniqueElle seule est capable de comprendre et consoler le pote ("et les moiteurs de mon front blme,/ Elle seule les sait rafrachir" vers 7-8)"cur transparent" (vers 5): la femme comprend les motions du narrateur.Le prnom et l'apparence de la femme ne sont pas importants -> amour profond"regard des statues" (vers 12) -> ide de la beaut intemporelle de la statue2 - La femme mystrieuse

La femme est "inconnue" (vers 2) mais pourtant aime.Le femme n'est pas dfinie: "ni tout fait la mme / Ni tout fait une autre" (vers 3-4).Son prnom et son apparence physique sont confus (vers 9-10).La femme est "lointaine" (vers 13)=> Femme singulire et mystrieuse

3 - Mais cette femme n'existe pas

"hlas!" (vers 6) interjection lyrique (exprime la douleur). Mise en valeur par la prsence devant la csure -> exprime le regret que la femme ne soit qu'en rve mais n'existe pas dans la ralit."Je me souviens qu'il est doux et sonore,/ Comme ceux des aims que la Vie exila." (vers 10-11) "la Vie exila" = qui sont morts (priphraseeteuphmisme). Signifie que les tres aims par le pote dans la ralit sont morts.=> MlancolieLe pass simple tranche trs fortement avec le prsent dominant dans le sonnet => diffrence rve (prsent)/ ralit (pass)."sa voix, lointaine, et calme, et grave" (vers 13) -> adjectifs connots l'ide de mort."qui se sont tues" vers 14: gnralisation par le pluriel (cf. vers 11 "des aims") + priphrase ("qui se sont tues"= "que la Vie exila"). Paralllisme entre les deux vers qui sont tous deux en dernire position dans le tercet.Le mot "tues" termine le sonnet -> sonne comme un couperet, obligeant presque relire le sonnet autrement.

Conclusion

Mon rve familierest l'occasion pour Verlaine d'voquer la dure condition de pote meurtri par son hyper sensibilit et de sa capacit s'chapper momentanment de la ralit grce au rve. Verlaine se rfugie dans la femme qui lui apparat dans son "rve familier" pour se consoler de la perte des tres aims dans la dure ralit de la vie.

I- L'Art potique, la synthse d'une exprienceRegard port posteriori, l'Art potique se singularise par une triple exigence, "de la musique avant toute chose", "et pour cela prfre l'impair" "car nous voulons la Nuance encor".- Pourquoi la prfrence de l'impairC'est une caractristique de la posie Verlainienne dj prsente ds les Pomes saturniens. On trouve des pomes rythms de cinq ou sept syllabes tantt enisomtrie, tantt enhtromtrie(alternance de mtres pairs et impairs) comme dans chanson d'automne (4/3). Verlaine justifieII- L'Art potique, thorie et pratiqueL'Art potique ne se contente pas d'noncer un certains nombre deprceptesmais il les met en musique et les illustre par le biais du rythme, des sonorits, du lexique et de la rime.- Un pome didactiqueVerlaine numre un certain nombre dergles, " De la musique avant toute chose", " prfre l'impair ", " l'indcis au prcis", " De la musique encore et toujours ".- Une uvre polmiqueEn dehors de la leon de posie, c'est un texte polmique travers les strophes V, VI, VII qui attaquela posie spirituelledu des XVIIe et XVIIIe, la posie romantique du XIXe et la posieparnassienne. Verlaine tourne en drision les effusions lyriques d'unLamartineou d'unMussetet la posie parnassienne travers l'un de ses principaux reprsentants, Thophile Gautier. A la prcision de la couleur d'un Gautier, Verlaine prfre le contraste, la demi-teinte. Verlaine estompe les formes et les couleurs, privilgiant le flou seul capable de susciter toutes sortes de confusions.- Un exercice de style. L'impairDans son pome, l'Art potique Verlaine met en uvre les principes qu'il nonce. Le pome se scande en 4/5, " de la musique avant toute chose " mais aussi en 3/6 , " ce ton vers soit la chose envole ", en 2/4/3, "Plus vague et plus soluble que l'air " ou 1/3/5. C'est un quilibre instable qui s'apparente un faux pas perptuel. La rimeSi Verlaine conservela rime, il ne la place pas au dessus de tout. Si la rime est, pour lui, une parure ncessaire dont on ne peut se passer, on ne doit pas en abuser. Il affaiblit son effet d'cho trop rptitif par desassonanceset desallitrationsqui rpartissent les chos phoniques l'intrieur des vers, " Plus vague et plus soluble que l'air ", allitrations enletpl, " Par un ciel d'automne attidi, assonance enie. La rime n'est plus qu'un des multipleslments sonoresdont il dispose pour traduire ses impressions.. La mpriseL'art de la mprise consiste crer une confusion dans le langage, de faon mler troitement le dit et le non dit. Dans" la nuance fiance le rve au rve et la flte au cor " la substitution defiance unirfait basculer le vers dans un registre amoureux charg de douceur.III- Art potique ou mprise ?Tous ces conseils paraissent bien inapplicables car ils se rfrent un tat d'me particulier, celui de Verlaine. On aurait tort d'y voirune sorte de modleprt l'emploi que Verlaine aurait systmatiquement appliqu. Il ne s'agit en aucun casd'un testamentcar il y eu au moins quatre cinq Arts potiques chez Verlaine, tantt faisant sienne des thories parnassiennes ou celles plus proches de l'cole romane.CONCLUSIONL'Art potique n'est pasun trait de potiquemais plutt un bilan, un regard port sur une esthtique en volution constante. C'est un trait trop marqu par la personnalit de Verlaine, par son style pour tre impassible et faire figure d'Art potique. L'Art potique est la posie de l'phmre l'oppos de tout dogmatisme.COMMENTAIRE COMPOSL'Art potique de Verlaine reprsente en 1884, date de sa publication, un manifeste symboliste, au mme titre que L'Art de Gautier nonait en 1857 la profession de foi parnassienne (cf. ci-dessus, p. 6 et p. 8). Nous verrons quelle est la posie rejete par Verlaine, celle qu'il prconise, et nous nous demanderons enfin si on peut considrer ce texte comme un vritable art potique.L'Art potique : une raction contre une certaine conception de la posieL'Art potique s'impose d'emble comme une raction virulente vis--vis des formes potiques antrieures.Verlaine rejette d'abord, la strophe 5, la posie spirituelle du XVIIIe sicle :" Fuis du plus loin la Pointe assassine,L'Esprit cruel et le Rire impur. " (v. 17-18)La " Pointe assassine " dsigne ici les tours ironiques de la posie satirique. On pense aux pigrammes [ce sont de petits pomes satiriques] de Boileau ou de Voltaire.La cruaut de la raillerie (" Pointe assassine ", v, 17; " L'Esprit cruel ", v. 18), son caractre trop rationnel, sont pour Verlaine aux antipodes de la vraie posie. Le rire, consquence du mot d'esprit, est rejet comme " impur " (v. 18). L'aspect grandiloquent, dclamatoire de la posie romantique (XlXe sicle) est aussi condamn :" Prends l'loquence et tords-lui son cou ! " (v. 21)Les effusions lyriques de Lamartine ou de Musset, la posie message de Hugo manquent pour Verlaine de naturel.Mais l'Art potique est essentiellement une critique de la posie parnassienne attaque surtout travers un de ses principaux reprsentants, Thophile Gautier. Le titre mme du pome (Art potique) prend l'allure d'une riposte : LArt de Gautier ludait dans son titre toute rfrence la posie et prenait pour modle les arts plastiques. A l'oppos, Verlaine assimile d'emble la posie la musique (v, l ).Si Gautier privilgiait la couleur et le contraste (cf. explication de L Art, p. 6), Verlaine prconise l'emploi de la " Nuance " (v. 13-14); son idal est la " chanson grise " (v. 7), c'est--dire une posie en demi-teintes, capable d'veiller toutes sortes de confusions. Alors que Gautier recherchait le trait prcis, la nettet des contours, Verlaine n'aspire qu' les estomper en cultivant le flou, l'opacit :" C'est des beaux yeux derrire des voiles,C'est le grand jour tremblant de midi. " (v. 9,10)L'un affectionne les matires dures, solides (marbre, bronze, agate); l'autre prfre toutes les formes de l'inconsistance, comme l'indique la double rfrence l'eau et l'air pour voquer de faon image le vers impair :" Plus vague et plus soluble dans l'air. " (v. 3)En s'en prenant la rime, Verlaine s'attaque encore cet autre minent reprsentant du Parnasse qu'est Banville. Ce dernier avait, en effet, rduit la posie un pur jeu formel en affirmant que la rime est tout le vers. Verlaine dnonce au contraire la souverainet de la rime :" Tu feras bien, en train d'nergie,De rendre un peu la Rime assagie.Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'o? " (v. 22-24)et son caractre facile et artificiel :" Qui sonne creux et faux sous la lime. " (v. 28)Il s'lve, en fait, contre une certaine conception de la posie qui n'attribue de l'importance qu' la forme sans jamais la rattacher une motion, une sensation. Cette critique apparat nettement dans la rime " Rime "/" lime " (v. 25-28) qui runit Gautier et Banville dans la mme cole des potes " ciseleurs ", artisans du vers parfait. Si le savoir-faire est une condition ncessaire de la posie - Verlaine saura toujours tirer les effets les plus subtils de la versification - il n'est certes pas une fin.[ La conception verlainienne de la posie]Sachant maintenant ce que Verlaine rejette, nous sommes mieux mme de cerner sa propre conception de la posie. Nous verrons qu'elle se caractrise par une triple exigence quant l'utilisation du vers, l'emploi des mots et au contenu de sa posie. Ses recherches musicales et lexicales aboutissent une criture non plus descriptive mais suggestive, non plus objective mais impressionniste. ne place essentielle est accorde la musique comme l'indique l'attaque du pome :" De la musique avant toute chose "et la ritration de cette exigence au vers 29 :" De la musique encore et toujours! "L'allusion la " chanson grise " voque la transcription musicale d'un tat d'me dont la tonalit est mal dfinie (" grise"), C'est le vers impair qui correspondra le mieux cet idal :" Et pour cela prfre l'impair,Plus vague et plus soluble dans l'air. " (v. 2-3)On voit que Verlaine accorde au vers impair des qualits de lgret, un caractre vritablement arien (" Que ton vers soit la chose envole ", v. 30). Il joint aussitt l'exemple au prcepte en utilisant le vers de 9 syllabes qu'il scande de faon trs souple en 4/5 ou 3/6. Ainsi, l'lan du vers est rendu par le rythme 3/6 au vers 30 ;" Que ton vers / soit la chose envole. "3. 6Considrant le vers comme envol vers l'autre vers, Verlaine va souvent estomper l'arrt sur la rime en faisant appel l'enjambement :" Oh! la nuance seule fianceLe rve au rve et la flte au cor? "(v. 15-16; cf. aussi v. 33-34)Le pote repousse enfin tout ce qui " pse ou qui pose " (v. 4). A la rime, il prfre le jeu des assonances caractristique des chansons populaires ou le jeu des allitrations qui rpartissent les chos phoniques dans tout le vers. Au vers 12, l'clat des toiles est suggr par la prsence de voyelles claires : " claires toiles " ; au vers 3, la fluidit de l'impair est rendue par une allitration en liquides :" Plus vague et plus soluble dans l'air. "En privilgiant l'cho discret de l'allitration et de l'assonance plutt que la rime, Verlaine accentue la puissance suggestive du vers. Cette musique vocatoire incarne bien l'idal symboliste.Verlaine a une ide tout aussi prcise de la faon dont il faut employer les mots en posie. On est frapp par une exigence inhabituelle :" Il faut aussi que tu n'ailles pointChoisir tes mots sans quelque mprise. " (v. 5-6)Alors que nos auteurs classiques nous ont toujours appris trouver le mot juste, prcis, Verlaine nous recommande d'employer les mots avec une certaine confusion. Un tel conseil traduit une fois de plus une raction contre la posie parnassienne. Essentiellement descriptive, cette posie se proposait de dcrire le monde objectif avec une extrme prcision. Le choix du terme vague se justifie au contraire par une nouvelle conception du langage et de la posie. Pour Verlaine, comme pour la plupart des potes symbolistes, le langage ne peut exprimer qu'imparfaitement nos ides ou nos sentiments ; aussi le langage potique n'aura-t-il plus pour but de nommer, d'exprimer prcisment les choses, mais de les suggrer. Ce pome nous offre plusieurs exemples de cette mprise. Au vers 15, Verlaine substitue au verbe " unir " le verbe " fiance " qui s'emploie gnralement dans un contexte spcifique :" Oh! la nuance seule fianceLe rve au rve et la flte au cor! "Cet -peu-prs, cette improprit, rend plus concrte l'ide exprime et tire galement parti de l'aura potique du mot " fiance ", Au vers 34, Verlaine voque la bonne aventure :" parse au vent crisp du matin, "L'pithte " crisp " est ici impropre : ce n'est pas le vent qui est crisp, mais le pote qui est transi par la fracheur du vent matinal, Cet effet d'hypallage (procd qui consiste transposer les qualits appartenant une chose sur une autre ralit) permet d'estomper les limites entre le monde intrieur et le monde extrieur. Ce transfert suggre un change, une correspondance entre l'univers objectif et l'univers subjectif et rvle ainsi les mystrieuses correspondances chres Baudelaire et aux symbolistes.La mprise est aussi le moyen d'expression privilgi de " la chanson grise " : " O l'indcis au Prcis se joint. " (v, 8)En effet, seule l'improprit peut rendre compte d'une sensibilit complexe o des sensations prcises s'harmonisent avec un tat d'me empreint d'une rverie mal dfinie.Verlaine illustre cette alliance des contraires par une longue srie d'images (cf. v. 9-10) o se mlent l'indcis et le prcis. On voit que l'clat des yeux- (" beaux yeux ", v, 9) est estomp par la mention des " voiles " (v, 9), que celui du jour (" grand jour ", v, 10) est attnu par un effet optique de tremblement.Cette alliance du prcis et du vague, de l'aigu (" flte ", v, 16) et du grave (" cor ", v, 16), reprsente bien les deux ples de la posie verlainienne : rverie et aspiration vers un idal, d'une part; acuit des sensations, d'autre part. L'idal potique de Verlaine est symbolis par un mot trs mallarmen : " L'Azur " (v. 19). L'opposition, la rime, des mots " impur " (v. 18) et " Azur " (v, 19) met l'accent sur une qute de la puret travers un idal esthtique. L'exprience potique authentique consiste rvler l'me humaine et l'me des choses et privilgier l'panchement du " rve " (v, 16).Enfin, la posie verlainienne fait la part belle aux sensations. Les images sollicitent les diverses sensations : visuelles (cf. toute la strophe 3); auditives (" la flte au cor ", v. 16) ; tactiles (" au vent crisp du matin ", v. 34); olfactives (" fleurant la menthe et le thym ", v. 35). Toutes voquent la fracheur d'un monde authentique.[Peut-on vritablement parler d'art potique? ]Ayant saisi l'essence de la posie verlainienne, il nous reste dfinir le statut de ce texte et en mesurer la porte. Avons-nous affaire un texte polmique anti-parnassien, un manifeste symboliste ou un pome trs personnel qui ne saurait avoir une valeur exemplaire? En un mot, ce texte mrite-t-il le titre d'Art potique?L'Art potique de Verlaine prsente le caractre polmique et didactique de tout manifeste puisqu'il dfend une certaine ide de la posie en rejetant, comme nous l'avons vu, les formes potiques prcdentes.Le caractre polmique du texte apparat travers les procds classiques de la satire : adjectifs hyperboliques, outrs (" Pointe assassine ", v, 17; " Esprit cruel ", v. 18; " enfant sourd ", v. 26; " ngre fou ", v. 26); vocabulaire pjoratif et bas, trivial (" ail de basse cuisine ", v. 20; " prends l'loquence et tords-lui son cou! ", v. 21). Verlaine a mme recours au pastiche, puisqu'il dnonce les excs de la rime par une rime cocasse : " cou "/" jusqu'o " (v. 21- 24).L'Art potique se prsente aussi comme un texte didactique qui prtend rvler la vritable posie. On trouve ici les principaux traits d'un manifeste : des affirmations premptoires (" De la musique avant toute chose ", v. l); des exigences prcises scandes par une srie d'impratifs (v. 17, v. 21).Pourtant, on est immdiatement frapp par l'attnuation des conseils positifs. En fait, Verlaine n'ordonne ni ne dcrte. S'il exige, c'est d'une manire dtourne. Ainsi l'atteste le tour ngatif : " Il faut aussi que tu n'ailles point Choisir tes mots sans quelque mprise " (v. 5-6) qui attnue ce qu'aurait de trop brutal un ordre direct.L'art n'tant pas affaire de raison mais de sensibilit, Verlaine utilisera surtout des verbes rsonance affective (" prfre l'Impair ", v. 2).Enfin, si l'on considre les conseils donns par Verlaine, on se rend compte qu'ils sont difficilement applicables. Recommander l'Impair parce qu'il est " plus vague ", inviter les jeunes potes employer les mots avec " mprise ", autant de conseils dangereux en raison de leur apparente facilit. De plus, ces exigences ne se justifient que par une fin prcise : rendre une musique de l'me particulire, la tonalit mal dfinie de la chanson grise. Mais la sensibilit verlainienne est si personnelle qu'elle engendre une criture potique inimitable.En fait, Verlaine n'a pas eu l'intention d'crire un art potique traditionnel, comme en tmoigne la dimension exigu de l'ensemble. Il prtendra vers la fin de sa vie n'avoir crit qu'une chanson. Puisqu'il refusait de faire de la posie le vhicule d'une ide abstraite, Verlaine ne pouvait nous donner que l'application immdiate des quelques prceptes formuls. C'est par la puissance suggestive de la musique et de l'image qu'il voque la posie idale. En composant son Art potique, Verlaine ralise prcisment ce qu'il attend de la posie.

Therese Raquin Alors Laurent se leva et prit Camille bras-le-corps. Le commis clata de rire. Ah! non, tu me chatouilles, dit-il, pas de ces plaisanteries-l Voyons, finis: tu vas me faire tomber.Laurent serra plus fort, donna une secousse. Camille se tourna et vit la figure effrayante de son ami, toute convulsionne. Il ne comprit pas; une pouvante vague le saisit. Il voulut crier, et sentit une main rude qui le serrait la gorge. Avec linstinct dune bte qui se dfend, il se dressa sur les genoux, se cramponnant au bord de la barque. Il lutta ainsi pendant quelques secondes. Thrse! Thrse! appela-t-il dune voix touffe et sifflante.La jeune femme regardait, se tenant des deux mains un banc du canot qui craquait et dansait sur la rivire. Elle ne pouvait fermer les yeux; une effrayante contraction les tenait grands ouverts, fixs sur le spectacle horrible de la lutte. Elle tait rigide, muette. Thrse! Thrse! appela de nouveau le malheureux qui rlait. ce dernier appel, Thrse clata en sanglots. Ses nerfs se dtendaient. La crise quelle redoutait la jeta toute frmissante au fond de la barque. Elle y resta plie, pme, morte.Laurent secouait toujours Camille, en le serrant dune main la gorge. Il finit par larracher de la barque laide de son autre main. Il le tenait en lair, ainsi quun enfant, au bout de ses bras vigoureux. Comme il penchait la tte, dcouvrant le cou, sa victime, folle de rage et dpouvante, se tordit, avana les dents et les enfona dans ce cou. Et lorsque le meurtrier, retenant un cri de souffrance, lana brusquement le commis la rivire, les dents de celui-ci lui emportrent un morceau de chair.Camille tomba en poussant un hurlement. Il revint deux ou trois fois sur leau, jetant des cris de plus en plus sourds.Laurent ne perdit pas une seconde. Il releva le collet de son paletot pour cacher sa blessure. Puis, il saisit entre ses bras Thrse vanouie, fit chavirer le canot dun coup de pied, et se laissa tomber dans la Seine en tenant sa matresse. Il la soutint sur leau, appelant au secours dune voix lamentable.Les canotiers, dont il avait entendu les chants derrire la pointe de lle, arrivaient grands coups de rames. Ils comprirent quun malheur venait davoir lieu: ils oprrent le sauvetage de Thrse quilscouchrent sur un banc, et de Laurent qui se mit se dsesprer de la mort de son ami. Il se jeta leau, il chercha Camille dans les endroits o il ne pouvait tre, il revint en pleurant, en se tordant les bras, en sarrachant les cheveux. Les canotiers tentaient de le calmer, de le consoler.

Avant de coucher madame Raquin, ils avaient lhabitude de mettre en ordre la salle manger, de prparer un verre deau sucre pour la nuit, daller et de venir ainsi autour de la paralytique, jusqu ce que tout ft prt.Lorsquils furent remonts, ce soir-l, ils sassirent un instant, les yeux vagues, les lvres ples. Au bout dun silence: Eh bien! nous ne nous couchons pas? demanda Laurent qui semblait sortir en sursaut dun rve. Si, si, nous nous couchons, rpondit Thrse en frissonnant, comme si elle avait eu grand froid.Elle se leva et prit la carafe. Laisse, scria son mari dune voix quil sefforait de rendre naturelle, je prparerai le verre deau sucre Occupe toi de ta tante.Il enleva la carafe des mains de sa femme et remplit un verre deau. Puis, se tournant demi, il y vida le petit flacon de grs, en y mettant un morceau desucre. Pendant ce temps, Thrse stait accroupie devant le buffet; elle avait pris le couteau de cuisine et cherchait le glisser dans une des grandes poches qui pendaient sa ceinture. ce moment, cette sensation trange qui prvient de lapproche dun danger, fit tourner la tte aux poux, dun mouvement instinctif. Ils se regardrent. Thrse vit le flacon dans les mains de Laurent, et Laurent aperut lclair blanc du couteau qui luisait entre les plis de la jupe de Thrse. Ils sexaminrent ainsi pendant quelques secondes, muets et froids, le mari prs de la table, la femme plie devant le buffet. Ils comprenaient. Chacun deux resta glac en retrouvant sa propre pense chez son complice. En lisant mutuellement leur secret dessein sur leur visage boulevers, ils se firent piti et horreur.Madame Raquin, sentant que le dnouement tait proche, les regardait avec des yeux fixes et aigus.Et brusquement Thrse et Laurent clatrent en sanglots. Une crise suprme les brisa, les jeta dans les bras lun de lautre, faibles comme des enfants. Il leur sembla que quelque chose de doux et dattendri sveillait dans leur poitrine. Ils pleurrent, sans parler, songeant la vie de boue quils avaient mene et quils mneraient encore, sils taient assez lches pour vivre. Alors, au souvenir du pass, ils se sentirent tellement las et curs deux-mmes, quils prouvrent un besoin immense de repos, de nant. Ils changrent un dernier regard, un regard deremerciement, en face du couteau et du verre de poison. Thrse prit le verre, le vida moiti et le tendit Laurent qui lacheva dun trait. Ce fut un clair. Ils tombrent lun sur lautre, foudroys, trouvant enfin une consolation dans la mort. La bouche de la jeune femme alla heurter, sur le cou de son mari, la cicatrice quavaient laisse les dents de Camille.Les cadavres restrent toute la nuit sur le carreau de la salle manger, tordus, vautrs, clairs de lueurs jauntres par les clarts de la lampe que labat-jour jetait sur eux. Et, pendant prs de douze heures, jusquau lendemain vers midi, madame Raquin, roide et muette, les contempla ses pieds, ne pouvant se rassasier les yeux, les crasant de regards lourds.Rsumpour l rsum: Rsum par chapitre

Chapitre 1 (p.19 23)

Description des environs de la mercerie, du Pont-Neuf. Prsentation de Madame Raquin, de Thrse, du chat Franois, et de la chtivit de Camille et de leurs habitudes respectives.

Chapitre 2 (p.24 30)

Raconte des vnements passs. Madame Raquin est une mre touffant Camille de soins. Il y a seize ans de cela, le frre de Madame Raquin, le capitaine Degans, lui apporta une petite fille venant dAfrique : Thrse. Thrse, de nature forte cause de son origine africaine, ne sest jamais habitue la vie dorlote impose par Madame Raquin. Cest pour cela quelle est toujours silencieuse, calme, indiffrente, apathique.

Chapitre 3 (p.31 36)

Raconte des vnements passs. Thrse se marie avec Camille, leur vie est toujours aussi dpourvue de sentiments. Les Raquin, alors Vernon, sinstallent Paris, rue du Pont-Neuf. Camille trouve un emploi dans l administration des chemins de fer dOrlans.

Chapitre 4 (p.37 40)

Raconte des vnements du passs et des habitudes qui continuent au prsent. Le jeudi soir, les Raquin reoivent de la visite : Michaud, un ancien commissaire de police, son fils Olivier, un garon de trente ans qui travaille la prfecture de police, Grivet, un vieil employ du chemin de fer dOrlans. Ces soires, o lon joue aux dominos, sont trs pnibles Thrse.

Chapitre 5 (p.41 47)

Camille introduit son camarade denfance Laurent dans la famille Raquin. Laurent a fait de la peinture et dcide de faire le portrait de Camille. Thrse est trouble par Laurent.

Chapitre 6 (p.48 52)

Laurent revient presque chaque soir chez les Raquin, continue le portrait et le termine. Il est rat mais tout le monde sextasie devant cette russite . Laurent, attir par Thrse, se laisse soudainement, dans un moment o ils sont seuls, aller sa pulsion sexuelle primitive et accomplit lacte, qui fut silencieux et brutal .

Chapitre 7 (p.53 61)

Laurent et Thrse se fixent des rendez-vous o ils sadonnent leur passion. Thrse voque lerreur de son mariage avec Camille. Les deux amants plaisantent le stocisme du chat, Franois, lorsque ce dernier les regarde.

Chapitre 8 (p.62 66)

Laurent fait excellente impression lors des soires du jeudi, en compagnie de Grivet et Michaud. Les deux amants continuent leurs rendez-vous secrets. Cela dure 8 mois.

Chapitre 9 (p.67 74)

Laurent se fait menacer de renvoi de son poste aux chemins de fer dOrlans pour cause dabsentisme. Les amants trouvent la prsence de Camille gnante pour la bonne et libre expression de leur passion rciproque. Troubles dans les rapports des amants : ils ne se voient presque plus parce que la prsence de cet tre chtif quest Camille les gne.

Chapitre 10 (p.75 78)

Une solution au problme quest Camille simpose aux esprits des deux amants : le meurtre.

Chapitre 11 (p.79 90)

Parfois Camille et Thrse partent se promener le dimanche. Un dimanche, Laurent se joint eux et ils partent pour Saint-Ouen. Laurent est pouss par lenvie de tuer Camille, il veut faire croire un accident. Ainsi ils vont les trois faire un tour en barque sur la Seine. Laurent pousse leau Camille, ce dernier arrive le mordre au cou et lui arrache un lambeau de chair. Puis Laurent fait chavirer la barque pour faire croire un accident. Des canotiers les rcuprent et valident la thse de laccident, tant bien mme quils nont rien vu.

Chapitre 12 (p.91 97)

Les proches sont avertis de la mort de Camille. Madame Raquin est atterre, et ne sen remet pas. Laurent et Thrse dcident dattendre que laffaire se tasse avant de fixer de nouveaux rendezvous secrets.

Chapitre 13 (p.98 104)

La plaie de la morsure de Camille fait souffrir Laurent. Laurent veut tre certain du dcs de Camille, dont le corps na pu tre retrouv, et va tous les jours la morgue voir si le corps de Camille na pas t retrouv. Aprs 15 jours, Laurent voit enfin le corps de Camille. Description du corps.

Chapitre 14 (p.105 107)

La mercerie est reste ferme durant 3 jours, aprs le dcs de Camille. Madame Raquin est toujours extrmement affaisse par la mort de son fils.

Chapitre 15 (p.108 109)

Les soires du jeudi, qui avaient t annules aprs le dcs, reprennent. Madame Raquin ne se remet toujours pas de la mort de son fils.

Chapitre 16 (p.110 117)

Quinze mois ont pass. Les amants nont plus eu de rendez-vous : la mort de Camille a apais leurs passions. Le deuil de Thrse est fini, elle soffre Laurent la seule condition du mariage.

Chapitre 17 (p.118 126)

Laurent est hant par le remords davoir tu Camille : il simagine Camille dans ses rves, sa morsure le brle au cou plus que jamais, il passe de nombreuses nuits dinsomnie. Thrse est aussi sujette aux mmes hallucinations.

Chapitre 18 (p.127 132)

Les deux amants sont plus que jamais hants par le spectre de Camille. Ils simaginent que si ils peuvent dormir ensemble, deux ils auront la force de rsister ces hallucinations et donc sen libreront. Ils essayent donc de faire en sorte que leur mariage soit une proposition qui nmane non pas deux, mais dune tierce personne, pour dissiper tout soupon hypothtique.

Chapitre 19 (p.133 143)

Thrse affecte un air horriblement triste aux rceptions du jeudi soir, au point o Michaud en arrive proposer Madame Raquin, qui dsespre devant la triste mine de Thrse, le mariage entre Laurent et Thrse. Le mariage est dcid.

Chapitre 20 (p.144 148)

Thrse et Laurent se marient. La morsure de Camille torture plus que jamais Laurent. Les deux poux croient que le spectre de Camille ne les hantera plus dans leurs nuits.

Chapitre 21 (p.149 161)

Premire nuit : la nuit de noces. Thrse et Laurent nprouvent plus aucune passion mutuelle. Ils narrivent pas parler dun autre sujet que de Camille. Le portrait que Laurent a fait de Camille les terrorise ; ils croient que Camille revit travers son portrait et les observe. Ils narrivent pas dormir de la nuit, terroriss.

Chapitre 22 (p.162 169)

Les nuits suivantes sont encore plus cruelles : la hantise de Camille saccrot encore, les deux poux passent des nuits encore plus atroces quavant leur mariage.

Chapitre 23 (p.170 173)

Les poux se dtestent car leur mariage na pas rsolu lobsession de Camille et la, au contraire, encore accru. Les nuits deviennent toujours plus insupportables.

Chapitre 24 (p.174 182)

Le seul moyen pour les poux dchapper leur hantise est la compagnie, sous la forme des rceptions du jeudi soir, ou de soccuper de Madame Raquin, qui croit, de mme que Grivet et Michaud, au bonheur parfait de Laurent et Thrse.

Chapitre 25 (p.183 191)

Aprs 4 mois. Laurent quitte son travail au chemin de fer dOrlans et loue un atelier de peinture. Ses tableaux, des portraits, ressemblent tous Camille. Dsespoir de Laurent. Madame Raquin devient peu peu paralytique.

Chapitre 26 (p.192 201)

Madame Raquin devient totalement paralytique : elle ne peut mme plus parler. Dsespoir des poux, pour qui la prsence de Madame Raquin dtournait leur esprit de Camille. Les deux poux, qui se hassent et se battent, se laissent aller en prsence de Madame Raquin et celle-ci comprend que la mort de son fils tait un meurtre prmdit par Laurent.

Chapitre 27 (p.202 207)

Un jeudi soir, Madame Raquin, au prix dun effort suprme, veut dnoncer sur un bout de papier le meurtre de Laurent. Malheureusement elle narrive pas terminer la phrase, qui donne Thrse et Laurent ont... . Grivet et Michaud interprtent la phrase de la manire suivante : Thrse et Laurent ont bien soin de moi.

Chapitre 28 (p.208 215)

Thrse et Laurent se rejettent mutuellement la responsabilit du crime. Ils se hassent plus que jamais.

Chapitre 29 (p.216 224)

Thrse essaye de trouver un remde la hantise de Camille en se culpabilisant et en shumiliant devant Madame Raquin.

Chapitre 30 (p.225 234)

La boutique perd toute sa clientle. Thrse, enceinte, prsente son ventre une fois que son mari la bat ; elle ne veut pas de cet enfant. Elle accouche dun mort-n. Thrse se met sortir le soir. Laurent est persuad quelle va les dnoncer.

Chapitre 31 (p.235 244)

Laurent espionne sa femme et comprend quelle se donne dautres hommes. Il est soulag de savoir quelle ne veut pas les dnoncer. Laurent veut entamer le capital des Raquin. Il parvient recevoir de largent de Thrse (Madame Raquin, par prudence, avait fait inscrire la fortune au nom de sa fille) et menaant de les dnoncer. Les deux poux se hassent trop. Chacun labore indpendamment le meurtre prmdit de lautre.

Chapitre 32 (p.245 249)

Un jeudi soir, au moment de se coucher, les deux poux mettent leur plan criminel excution. Mais Laurent aperoit le couteau dont Thrse voulait se servir, et Thrse a vu Laurent verser du poison dans son verre deau. Consternation, les poux clatent en sanglots et se demandent comment ils ont pu en arriver l. Ils dcident de se suicider en buvant le poison de Laurent. Ils tombent, foudroys, sous le regard aigu et satisfait de Madame Raquin.Thrse Raquinest le troisime roman de l'crivain franaismile Zolapubli en1867. Ce roman, qui prsente dj les caractristiques dunaturalismedvelopp plus tard dans le cycle desRougon-Macquart, fera connatre l'crivain au public parisien. L'auteur en tirera lui-mme, en1873, unepice de thtreintituleThrse Raquin: drame en 4 actes.Rsum[modifier|modifier le code]Thrse Raquin est l'enfant d'une union entre un capitaine de l'arme franaise en Algrie et d'une Algrienne. Sa mre meurt. deux ans, Thrse est confie sa tante Madame Raquin, la sur de son pre pour qu'elle s'occupe d'elle. Madame Raquin a un fils, Camille, fragile et souvent malade. Les deux enfants vont grandir ensemble.Quand Thrse a 21 ans, elle pouse Camille. Ce mariage satisfait Madame Raquin. Mais rapidement Camille en a assez de la campagne et veut aller s'installer Paris, il rve de travailler dans une grande administration. Madame Raquin se rend dans la capitale, trouve une boutique et un appartement louer au passage du Pont Neuf. Ils s'installent dans le logement et les femmes ouvrent une mercerie dans les locaux de la boutique. Camille, de son ct, trouve un travail dans l'administration des chemins de fer d'Orlans.Trois annes de vie monotone pour Thrse s'coulent. Cependant, la visite chaque jeudi soir de quatre invits rythment ses semaines. Ce sont le vieux Michaud, un commissaire de police retrait et ami de Madame Raquin, son fils Olivier, aussi policier, sa femme Suzanne et Grivet, un employ des chemins de fer d'Orlans que Camille a connu au travail. Ses rencontres sont l'occasion de boire du th et de jouer aux dominos. Thrse dteste ces soires.Un jour Camille rencontre Laurent, employ aux chemins de fer parce qu'il n'a pas russi vivre de sa peinture. Les deux hommes se connaissaient lorsqu'ils taient enfants mais ils s'taient brouills. Il l'invite venir un jeudi soir. Pendant la soire, Laurent propose Camille de faire un portrait. Il accepte.Pendant qu'il peint, Thrse, fascine, l'observe sans cesse. Sur le chemin du retour, Laurent dcide de devenir l'amant de Thrse et de l'embrasser ds la premire occasion. Quelques jours plus tard, le portrait est termin mais il est trange car il reprsente plus un noy qu'un tre vivant, tellement les couleurs sont ternes. Cependant, Camille est satisfait. Ds que Laurent se trouve seul avec Thrse, il l'embrasse. Elle rsiste d'abord puis se laisse faire.Les amants se rencontrent rgulirement pendant les huit mois suivants. Ils trouvent chacun des excuses pour pouvoir se retrouver: Laurent quitte son travail dans la journe et Thrse dit sa tante qu'elle doit prendre l'air parce qu'elle se sent mal. Ils se voient dans la chambre de Thrse sous les yeux du chat Franois.Au bout de ces huit mois, le patron de Laurent lui interdit de quitter son travail et pendant deux semaines les amants ne peuvent plus se retrouver. Cependant, Thrse parvient quitter le domicile familial un soir. Auprs de son amant, elle a l'ide de tuer Camille pour que leur amour puisse tre pleinement vcu.Un jeudi soir, quelques semaines plus tard, ils entendent Michaud qui raconte l'histoire d'un meurtre qui n'a jamais t puni. Un mois passe. Laurent, Thrse et Camille se promnent Saint-Ouen. Avant de manger, Laurent l'ide d'aller faire un tour en barque sur la Seine. Avant de monter bord, il annonce Thrse qu'il va tuer Camille.Arriv au milieu du fleuve et l'abri des regards, il pousse Camille par-dessus bord mais celui-ci en se dbattant a le temps de le mordre au cou avant de tomber l'eau. Quand Laurent est certain que Camille est mort, il fait chavirer la barque et appelle l'aide. Des canotiers viennent son secours. Laurent leur dit qu'il s'agit d'un accident, tout le monde le croit.Laurent se rend chez Michaud, Olivier et Suzanne pour leur raconter l'accident. Les canotiers ajoutent qu'ils ont vu la scne ce qui donne du poids au rcit de Laurent. Madame Raquin est extrmement choque par la mort de son fils. Pour tre sr que Camille est bien mort, Laurent se rend quotidiennement la morgue. Au bout de plus d'une semaine, le corps du dfunt y est expos, gonfl d'eau parce qu'il y est rest plusieurs jours.Le jeune homme retourne aussi rgulirement la boutique pour s'occuper des deux femmes. Les soires du jeudi reprennent. Quinze mois passent. Laurent est de plus en plus anxieux car le spectre de Camille le hante, le privant de sommeil. Et puis sa morsure au cou ne disparat pas. De son ct, Thrse est galement victime d'insomnies cause du spectre de Camille.Plus tard, Michaud a une ide: il dcrte que Thrse a besoin d'un mari et dsigne Laurent comme tant l'homme idal. Laurent fait semblant de se laisser convaincre par Michaud.Lors de leur nuit de noces, Thrse et Laurent ne peuvent pas dormir. Ils croient que le fantme de Camille est dans leur chambre. Toutes les nuits, leurs craintes rapparaissent. Laurent croit mme que le mort a pris possession du corps du chat. Ils ne peuvent se reposer car ds lors qu'ils s'allongent pour dormir, le corps de Camille se met entre eux deux.Quelques mois plus tard, Laurent dcide de quitter son travail l'administration pour se consacrer entirement la peinture. Mais chaque fois qu'il fait un portrait, c'est celui de Camille qui apparat. Il renonce peindre.Madame Raquin devient paralyse et muette. Un soir, alors qu'il fait une crise de nerfs, Laurent voque les dtails du meurtre devant la vieille femme. Celle-ci essaie de dire la vrit aux invits du jeudi mais ils ne la comprennent pas.La vie de Thrse et de Laurent devient un enfer: ils sont bout de nerfs, ils se disputent de plus en plus violemment. Laurent bat Thrse; en effet, cela soulage ses angoisses. Un jour, il tue le chat. Madame Raquin pleure l'animal presque autant qu'elle a pleur son fils.Aprs six mois de mariage, Thrse et Laurent ne se supportent plus et dcident simultanment de mettre fin aux jours de l'autre; aucun des deux ne se doute de l'intention de son partenaire. Laurent vole du poison un de ses amis et Thrse cache un couteau sous sa jupe. Une fois les invits du jeudi partis, Laurent verse un verre d'eau sucre empoisonn Thrse et celle-ci prend le couteau. Lorsqu'ils s'aperoivent de ce qu'ils prparent, ils dcident de se suicider en buvant chacun la moiti du verre.Madame Raquin assiste au spectacle en savourant la scne de leur mort commune.Rception[modifier|modifier le code]mile Zola est reint par la critique, notamment parLouis Ulbachqui publie dansLe Figaroun violent article intitulLa Littrature putride. D'autres critiques accusent l'crivain de pornographie, ce dont il se justifie dans la prface de la seconde dition1.Commentaire[modifier|modifier le code]DansThrse Raquin, j'ai voulu tudier des tempraments et non des caractres. L est le livre entier. J'ai choisi des personnages souverainement domins par leurs nerfs et leur sang, dpourvus de libre arbitre, entrans chaque acte de leur vie par les fatalits de leur chair. Thrse et Laurent sont des brutes humaines, rien de plus1.De temprament nerveux1, marie un homme maladif, Thrse ne peut satisfaire les dsirs que lui dicte sa nature. La rencontre de Laurent, au tempramentsanguin1, devait invitablement la pousser cette passion criminelle qui se termine en tragdie. mile Zola, tel un naturaliste rendant compte d'une exprience de laboratoire, ne fait que noter avec prcision les tapes de la mtamorphose de Thrse et Laurent au contact l'un de l'autre1.Dans ce roman, mile Zola peint leParisde l'poque et surtout la vie, les sentiments de Thrse Raquin, sa passion, ses tourments. La description d'un dpt mortuaire est un document traumatisant de naturalisme. Plus que tout,Thrse Raquinse veut une analyse des effets de la confrontation entre des personnages de caractre diffrent. mile Zola russit avec brio illustrer les effets dudterminismeappliqus la psychologie, particulirement en ce qui concerne Thrse et Laurent.L'uvre d'mile Zola,Thrse Raquin, est exprimentale. Cette uvre fait partie de ses premiers romans naturalistes. Ses personnages sont sujets des expriences; il les installe dans un environnement spcifique tel que le passage du Pont Neuf, milieu sombre, froid, petit, ayant une influence sur eux et les poussant commettre certains actes. De cette manire, il dveloppe sa thorie sur ledterminisme. Ce roman, inspir de thories scientifiques, mle galement le ralisme, le fantastique et le tragique. Ce roman reste malgr tout trs artistique et trs travaill littrairement. Il dcrit certains lieux, tel un peintre impressionniste; le lieu du crime en est un exemple. Il y a un peu de fantastique dans cette uvre comme les apparitions du spectre de Camille. Malgr toutes ces rsurgences fantastiques, mile Zola garde ses rflexes de scientifique et en profite pour dcrire le comportement de deux personnages qui sombrent dans la folie.Analyse psychologique des personnages[modifier|modifier le code]Thrse Raquin est le personnage le plus ambitieux et le plus complexe du roman. Son ducation auprs de Camille len a dgot et elle a dvelopp un sens inn pour feindre. Ce carcan explique la passion soudaine et totale quelle prouve pour Laurent. La libration de tout ce quelle retient en elle depuis si longtemps lui fait avoir des positions insolentes et la pousse accepter le crime. Une fois celui-ci commis, elle ne sexplique pas elle-mme son acte et le regrette sincrement. Elle se jette dans un simulacre de repentir et cherche nimporte quelle voie pour oublier ce crime.Laurent est le personnage le plus analys par Zola dans son changement aprs le crime. Avant, il nest quun homme peu ambitieux, qui peint mal ses heures perdues, paresseux et mu par la recherche de plaisirs faciles. Il tue Camille dans loptique de la vie douce que lui offre cette mort. Aprs la mort, Laurent se transforme littralement. Il commence par avoir peur, et il est pris de terreurs chaque nuit. Il est hant par le visage dcompos du noy il le peint ds qu'il prend son pinceau visage quil a vu la morgue; il est proche de la folie. Pourtant peintre mdiocre au dbut, il rvle un vritable talent, mais il renonce son art.Madame Raquin est une femme trs attache son fils; elle voit le monde seffondrer autour delle la mort de Camille qui tait sa raison de vivre, elle a choy cet enfant et l'a sauv de la mort de multiples reprises durant son enfance. Frappe de paralysie, elle devient le tmoin impuissant de l'aveu du crime, elle tente lors d'une soire du jeudi de dnoncer les deux assassins en traant des lettres avec son doigt sur la table, malheureusement ses forces l'abandonnent avant qu'elle n'ait pu dnoncer les coupables. Elle vit un drame bouleversant au contact de ceux qui ont tu Camille, sa seule raison de vivre. Elle est un relais du lecteur ou du spectateur, tmoin passif des vnements. Dernier personnage survivre dans le roman, dans la version thtrale, Madame Raquin surmonte sa paralysie dans le dnouement.Camille est prsent sous un mauvais jour: trs capricieux, il est sot et imbu de lui-mme. Se dgage de son personnage une mdiocrit qui se contente delle-mme. Il incarne le type du petit employ administratif zolien.Michaud, Olivier et Suzanne sont moins dcris que Grivet. Cependant, ces honntes gens sont dune ccit patente devant tous les vnements signifiants du roman. La condition de commissaire de police de Michaud place vite Laurent au-dessus de tout soupon lors de lassassinat de Camille.Grivet est une caricature du bourgeois vain dans ses paroles et ses actions. Chacune de ses paroles vise briller devant les invits du jeudi, ce quil ne russit pas, tout en ne sen rendant pas compte et en restant fier de ses contributions.Au Bonheur des Damesest unromandmile Zolapubli en1883, prpubli ds dcembre 1882 dansGil Blas, le onzime volume de lasuite romanesqueles Rougon-Macquart. travers une histoire sentimentale, le roman entrane le lecteur dans le monde desgrands magasins, lune des innovations duSecond Empire(1852-1870),Rsum[modifier|modifier le code]Sujet[modifier|modifier le code]L'action se droule entre 1864 et 186918. Arrive Paris avec ses frres, pour travailler dans le petit magasin de son oncle, Denise Baudu prend rapidement conscience que l'emploi n'existe que dans les grands magasins. Elle se fait embaucher auBonheur des Dames, dcouvre le monde cruel des petites vendeuses, la prcarit de l'emploi et assiste au dveloppement exponentiel de ce magasin et la mort des anciens petits commerces. Elle suscite l'intrt du directeur du magasin, Octave Mouret qui lui confie de plus en plus de responsabilits. Elle refuse de devenir sa maitresse mais finit par accepter sa demande en mariage.Dcoupage[modifier|modifier le code]Les dbuts au grand magasin[modifier|modifier le code]Chapitre I. Denise Baudu, jeune Normande de vingt ans originaire deValognes, arrive Paris avec ses frres Jean et Pp, gs respectivement de seize et cinq ans. Leur pre, dont ils portent le deuil, est mort il y a un an environ de la mme maladie qui avait emport leur mre un mois auparavant. Elle dcouvreplace Gaillonle magasinAu Bonheur des Damesqui la fascine et, lui faisant face, la boutiqueAu vieil Elbeuf, proprit de son oncle. Celui-ci lui avait crit un an plus tt quil y aurait toujours une place pour elle dans sa boutique Paris. Mais depuis un an, les affaires ont priclit et il ne peut embaucher Denise. Il tente, sans succs, de la faire embaucher dans un petit commerce ami. L, Robineau, commis auBonheur des Dames, lui suggre de postuler pour un poste dans ce magasin. M. Baudu dcrit Denise lhistoire du bazar:Au Bonheur des Damesest ce moment dirig par Octave Mouret, fils de Franois Mouret et Marthe Rougon. Ce grand magasin prospre aux dpens des petites boutiques du quartier. Les Baudu, tenant leVieil Elbeufqui se trouve en face duBonheur, sont exasprs par les agrandissements successifs oprs par Mouret. Ils ont en effet connu la boutique, fonde par les frres Deleuze, lpoque o elle avait une taille modeste. Mouret est devenu propritaire de la boutique en pousant, dansPot-Bouille,MmeCaroline Deleuze veuve Hdouin, qui mourut peu aprs, des suites d'une chute sur le chantier du magasin. Denise, ne trouvant pas de place dans les petites boutiques, dcide daller chercher du travail auBonheur des Dameset ce malgr lavis dfavorable de son oncle. Ce premier chapitre d'exposition permet de prsenter un des thmes principaux du roman: la lutte entre le petit commerce et les grands magasins19.Chapitre II: Denise, arrive trop tt auBonheur des Dames, patiente l'entre tandis qu' l'intrieur tout le personnel prend place et subit l'inspection de Mouret et Bourdoncle qui donnent les dernires directives commerciales. Lorsque Denise se prsente l'embauche, sa mine pauvre et son origine provinciale ne plaident pas en sa faveur, mais l'avis favorable de Mouret, qui l'a remarque et lui trouve un charme cach, lui permet d'tre engage. Ce second chapitre d'exposition permet Zola de prsenter le fonctionnement du magasin, la personne de Mouret et sa politique commerciale20.Chapitre III: Mouret se rend chez sa matresse Henriette Desforges pour y rencontrer un investisseur potentiel le baron Hartmann. Le salon est galement frquent par de nombreuses femmes du monde, clientes duBonheur des Dames. Mouret retrouve un compagnon d'tude Vallagnosc. Le baron Hartmann, d'abord rticent risquer des fonds, est convaincu en voyant la fivre d'achats qui s'empare des dames la vue de quelques dentelles.Chapitre IV. Premire tape dans la croissance spectaculaire duBonheur des Dames21. C'est le premier jour de travail de Denise, elle est engage au rayon des confections. Mais elle doit subir les railleries des vendeuses qui, se moquant de sa robe trop large et de sa chevelure difficile coiffer, ne lui laissent aucune vente importante. Elle est affecte au rangement des affaires dplies et devient la rise du magasin lors d'une vente rate d'un manteau. Mouret, d'abord inquiet du peu d'affluence du matin assiste triomphant aux ventes records de l'aprs-midi.Chapitre V. Denise est convoque par Mouret qui veut la conseiller sur sa tenue. Encourage par sa mansutude, elle se lance dans un travail acharn, supportant pendant des mois le travail pnible et les perscutions des vendeuses qui s'accentuent quand elle se rvle une vendeuse remarquable. Mal nourrie, mal paye, elle doit encore couvrir les dettes de son frre, et payer la pension de Pp. Pauline, une de ses rares amies auBonheur des Dames, lui suggre de prendre un amant, ce quoi elle se refuse. Mais elle dcouvre que cette pratique est courante parmi les vendeuses et que la direction ferme les yeux tant que cela ne se passe pas dans le magasin. Elle prend connaissance des affaires de cur du comptoir, surprend le secret de Colomban, commis chez Baudu et fianc sa cousine mais amoureux transi de Clara, vendeuse auBonheur des Dames. Touche par la galanterie hypocrite de Hutin, premier vendeur auBonheur des dames, qui se moque delle dans son dos, elle s'en croit amoureuse. Mais lors d'une sortie Joinville, elle dcouvre la vraie nature de celui-ci, hypocrite et coureur. Deloche, un timide commis duBonheur des Dames, lui avoue son amour qu'elle repousse gentiment. En rentrant, elle croise Mouret, qui change avec elle quelques mots amicaux, mais qui sent une jalousie poindre l'ide qu'elle puisse avoir un amant.Chapitre VI. Juillet 1865. C'est le dbut de la morte saison, le personnel vit dans la crainte des licenciements. Chaque anne, cette poque leBonheur des Damesse dbarrasse du tiers de son personnel sous le moindre prtexte. Des rumeurs courent sur Denise: on lui prte, malgr ses dngations, un enfant (Pp) et un amant (Jean). Denise, constamment sollicite par Jean pour des questions d'argent, accepte un travail de confection de nuds de cravate propos par Robineau, qu'elle effectue le soir mais dont la source se tarit pour banqueroute. L'inspecteur Jouve dont les rapports sont l'origine de nombreux renvois, surprend des bavardages entre Pauline et Denise et pense en tirer avantage pour obtenir des faveurs de Denise. Une fronde, orchestre par Hutin, est mene par les commis contre Robineau, et l'affaire des cravates sert de prtexte son licenciement. Les employs se plaignent en vain de la mauvaise qualit de la nourriture. Denise repousse les avances de Jouve mais celui-ci la surprend avec Jean, venue la solliciter une fois de plus. Jouve et Bourdoncle organisent le licenciement de Denise sans en rfrer Mouret dont ils connaissent la faiblesse. Denise aimerait aller se justifier auprs de Mouret, en expliquant que Jean et Pp sont ses frres, mais elle ne s'y rsout finalement pas. Mouret, apprenant le licenciement de Denise, snerve contre Bourdoncle car il voit l une tentative dchapper son pouvoir, parle de la rembaucher mais finit par se rsigner cet tat de fait.Le passage par les petites boutiques[modifier|modifier le code]Chapitre VII. Denise loue une chambre chez Bourras, un artisan qui fabrique des parapluies. Elle croise Pauline et Deloche qui lui donnent des nouvelles du grand magasin. Colomban vient l'entretenir de Clara. Elle traverse une priode de misre noire et rsiste la tentation de la prostitution. Bourras lembauche par charit. En janvier 1866, elle quitte Bourras, pour lequel elle est une charge, et se place comme vendeuse chez Robineau qui a repris une des boutiques du quartier. Celui-ci, aid par Gaujean, un petit tisserand lyonnais, dcide de batailler contre le Paris-Bonheur de Mouret, la soie miracle. Lui aussi dcide de crer sa faille (soie noire). Mais Mouret baisse le prix du Paris-Bonheur devant les yeux effars de ses salaris et le vend perte. Robineau le suit, baisse le prix de sa faille. Finalement, cest Mouret qui gagne la partie, Robineau est ruin. Denise dfend le principe des grands magasins, l'avenir selon elle. Au printemps c'est contre Bourras que la guerre s'engage, Mouret achte l'immeuble voisin, encerclant Bourras, lui propose le rachat de son bail pour un prix avantageux. Celui-ci refuse, rnove son magasin et tente de concurrencer le bazar. Un soir d't, Mouret rencontre Denise aux Tuileries et lui propose de rintgrer le magasin, offre qu'elle dcline. Il est troubl par Denise devenu femme, s'tonne de sa connaissance du problme des grands magasins et du petit commerce, et du fait qu'elle fasse partie du clan de la modernit, et c'est regret qu'il la quitte, la chargeant d'apporter Bourras sa dernire offre de rachat, une nouvelle fois repousse. Denise se rconcilie avec son oncle.Chapitre VIII. Lestravaux haussmanniensse poursuivent. LeBonheur des Damess'agrandit. Lors d'un repas chez Baudu, Denise dfend le principe du grand magasin. Genevive, sa cousine, confie Denise son dsespoir de voir Colomban s'loigner d'elle. Tandis que les travaux s'acclrent, les faillites dans le quartier se multiplient. Baudu est contraint de vendre sa maison de Rambouillet. Denise, voyant que Robineau, au bord de la faillite, ne sait comment la congdier, accepte un emploi bien rmunr auBonheur des Dames. Elle apprend par Deloche que Clara est l'amante de Mouret et en conoit de la jalousie. Elle retourne voir Colomban pour l'inciter sans succs tourner son affection vers Genevive en lui racontant les aventures de Clara. Les Baudu ont l'impression que le bazar leur a tout vol, leur clientle, le fianc de leur fille et leur nice.Le retour triomphal[modifier|modifier le code]Chapitre IX. Deuxime tape dans la croissance spectaculaire duBonheur des Dames21. En mars 1867, c'est l'inauguration du nouveau magasin. Mouret innove en mlangeant les rayons. Une foule innombrable se presse auBonheur des Dames. Denise, rentre en fvrier, a retrouv un personnel respectueux.MmeDesforges vient au bazar pour voir le caprice de Mouret. Malgr les informations deMmeMarty qui lui dsigne Clara, elle comprend trs vite la vue de lattitude de Mouret envers Denise que celle-ci est sa vraie rivale et se venge en faisant tourner Denise en rond dans le magasin. l'issue de cette journe qui est une complte russite, Mouret convoque Denise dans son bureau et la promeut seconde vendeuse du rayon confections. l'arrive de la recette, il tente de la sduire en lui en proposant une part. Denise, trouble de sentir le dsir de Mouret, refuse. L'arrive de Bourdoncle interrompt l'entretien.Chapitre X. l'inventaire d'aot, Denise, qui se remet d'une entorse la cheville, reoit une lettre de Mouret l'invitant dner. Le message est clair, connu de tous auBonheur des Dames: aprs le dner il y a le dessert, Clara et d'autres vendeuses y ont eu droit. Tout le magasin, au courant de la lettre, guette la rponse de Denise.MmeAurlie organise mme une entrevue entre le grand patron et la lingre mais Denise, dont l'amour pour Mouret est violent, ne peut se contenter de cette offre. Malgr l'insistance de Mouret, qui devient brutale, elle refuse l'offre: elle ne partage pas.Chapitre XI.MmeDesforges confie Bouthemont, responsable des achats auBonheur des Dames, sa frustration de voir Mouret lui chapper. Elle a organis une rencontre entre Denise venue chez elle pour retoucher un manteau et Mouret qu'elle a attir en promettant la prsence du baron Hartmann. En effet, Mouret envisage une vaste extension du magasin et cherche des investisseurs. Henriette Desforges projette d'humilier la lingre devant son patron, mais le plan se retourne contre elle: Mouret prend la dfense de Denise, renvoie Bouthemont et quitte sa matresse.Chapitre XII. En septembre 186822dmarrent les nouveaux travaux d'agrandissement du magasin. Clara projette de sduire dfinitivement Colomban pour attrister Denise. Bourdoncle craint le pouvoir de Denise sur son patron et cherche la discrditer. Il aimerait lui dcouvrir des amants, Hutin? Deloche? Mouret est obsd par Denise et mme l'ampleur de sa russite commerciale ne peut le consoler. Sa jalousie se reflte dans son comportement qui devient agressif envers tout le magasin. Lorsqu'il la surprend en compagnie de Deloche, il lui fait une scne de jalousie passionne, lui reprochant ses amants et menaant de renvoyer le commis. Mais quand elle annonce son intention de quitter la maison, il se soumet, et la nomme premire aux costumes pour enfants. Il se contente de longues conversations amicales au cours desquelles Denise propose des amliorations sociales sur le sort des employs. Pauline interroge Denise: quel est son but avec le patron? L'ide improbable d'un mariage nat dans l'esprit de Mouret et Denise.Chapitre XIII. En novembre, Genevive, abandonne par Colomban, meurt de chagrin . L'enterrement sert de manifestation de protestation du petit commerce contre le gantAu Bonheur des Dames. Se sentant coupable, Denise obtient des compensations financires pour les chutes invitables de Bourras et Baudu, mais Mouret la convainc que le progrs est ce prix. Robineau dsespr par la faillite de son commerce, tente de se suicider en se jetant sous un omnibus. Bourras est chass de chez lui et refuse les compensations de Mouret.MmeBaudu se laisse mourir, et son mari abandonne sa boutique pour s'enfermer dans une maison de retraite.Chapitre XIV. Triomphe duBonheur des Dames21. En fvrier est inaugur le nouveau magasin qui a envahi tout le quartier. Toutes ces dames sont au rendez-vous. Une rumeur court sur un mariage entre le patron et la premire. Denise est dcide partir pour couper court aux commrages.Mmede Boves, fidle cliente du magasin, est surprise en train de voler. Mouret se sent matre du peuple de femmes qui achtent auBonheur des Dames, mais est prt se soumettre aux dsirs de Denise. La recette arrive sonnant son triomphe. Denise, qu'il a convoque, il propose le mariage que celle-ci accepte aprs quelques rticences.Thmes[modifier|modifier le code]Les grands magasins[modifier|modifier le code]Dans la seconde moiti duxixesicledesgrands travauxsont entrepris dans Paris consistant crer des grands boulevards et des places dgages. la mme poque, se construisent dans la capitale desgrands magasinsoffrant, sur des surfaces trs grandes plusieurs tages, une grande varit de produits textiles. Construits sur le modle duBon Marchd'Aristide Boucicaut, ils s'adressent une population bourgeoise et proposent des marchandises prix fixe, cres en quantit industrielle. Une politique commerciale est mise en place l'aide de rclame et de guerre des prix pour pousser les femmes la consommation. Ce dplacement du commerce vers des rues trs passantes conduit la ruine les vieilles boutiques moins accessibles, plus petites et pratiquant des mthodes de ventes anciennes. Le besoin de logement et de gargotes ncessaires pour faire vivre la population d'employs travaillant dans les grands magasin conduit une forte mutation des quartiers commerciaux84. Les changements qu'induisent l'closion de ces grands magasins, tant du point de vue architectural, que du point de vue conomique et social donnent lieu de nombreuses tudes85.Zola admire l'urbanisme duSecond Empire86, il voit dans l'closion des grands magasins une mutation de la socit, letriomphe de l'activit moderne, le produit d'unsicle en mouvement. La disparition des petits commerces, toute mouvante qu'elle soit, est une consquence naturelle de cette ncessaire volution4. Il rve que les grands magasins, tels desphalanstresdu ngoce87, conduisent un progrs social semblable celui mis en place parMmeBoucicaut auBon March70. Les intentions de Zola concernant son roman sont claires88: il s'agit de raconter l'histoire d'un immense tablissement de sa naissance son expansion finale, de montrer comment petit petit il grignote les commerces alentour mais aussi de peindre le milieu des employs des deux sexes dans leur fourmillement. Il s'attache ainsi dcrire le fonctionnement interne du magasin, des commandes aux rendus, en passant par les inventaires et la gestion des vols. Il explique par le dtail les stratgies commerciales, de la rclame la guerre des prix en passant par la prsentation des produits et les services annexes proposs aux clientes. Il prsente la gestion du personnel, son logement, sa nourriture, le rglement intrieur, les systmes d'embauche et de licenciement. Il en dcrit minutieusement l'architecture intrieure et ses innovations s'inspirant de celle du magasin de la Paix89mais aussi duPrintempsincendi et reconstruit suivant les principes deFrantz Jourdain, futur crateur deLa Samaritaine83, lui empruntant l'utilisation du fer et du verre pour donner une impression de lumire et d'espace90. Le nom du magasin est dj choisi en 1881 dansPot-Bouille. Il est rapprocher du nom du magasinle Paradis des Damessitu rue de Rivoli91.Pour augmenter l'intensit dramatique, il va acclrer la progression du magasin qui ne dure que cinq ans dans le roman au lieu des 21 ans duBon March27. Pour expliquer les faillites du petit commerce, il en exagre la vtust s'inspirant deLa Maison du chat-qui-pelotecrit par Balzac en 182970. Pour montrer la dynamique du grand magasin, il multiplie les mtaphores92culminant au chapitre XIV, ruche bourdonnante93, machine fonctionnant haute pression94, un monstre95, un ogre96dvorant le quartier, un temple97au culte ddi la fminit et la tentation98et accumule les descriptions foisonnantes.Roman d'amour[modifier|modifier le code]Le roman est construit selon un double fil directeur: il dcrit d'une part un magasin monstre dvorant le quartier et d'autre part un petit bout de femme dont l'amour et la patience conquirent petit petit Octave Mouret99. Il ne se rsume pas seulement une aventure amoureuse l'eau de rose100, mais celle-ci est une composante essentielle de l'uvre. Cette intrigue se droule selon la structure dtaille parJanice Radwaysur le roman sentimental101: l'histoire commence par une destruction de l'identit sociale (Denise est une orpheline dracine) suivie d'une raction ngative de la femme envers l'objet de son dsir (Denise craint Mouret et le voit avec le filtre de son oncle). Le comportement de l'homme sducteur est ambigu (distant, apparemment mprisant) et induit une rponse distante de l'hrone. Celle-ci est punie (Denise est renvoye) et la sparation entre les deux hros est effective (passage de Denise dans le petit commerce). Mais une nouvelle rencontre a lieu (entretien aux Tuileries), l'homme traite la femme avec douceur et respect, les malentendus sont levs, l'hrone interprte positivement le comportement du hros et ne le rejette plus de manire ostensible. Le hros dclare sa flamme et, aprs une dernire dfense pudique, la femme rpond avec la mme intensit. Le roman se termine sur la restauration sociale de l'hrone (mariage). Colette Becker souligne les lments qui font de ce roman un conte102(une jeune fille innocente doit surmonter des preuves, affronter des mchants (Hutin, Clara, Jouve, Bourdoncle, Henriette) qui seront punis ou vaincus; au cours de l'intrigue les personnages se mtamorphosent, Denise, la beaut gauche et sauvage, vire la femme lgante et intelligente, Mouret volue du sducteur mprisant l'amoureux passionn et respectueux, l'hrone est galement la bonne me destine amliorer le sort des malheureux) mais elle propose galement une autre lecture: le roman serait la prsentation d'une histoire d'amour moderne. Par-del les diffrences d'apparence de classe (le chef de magasin pousant une simple vendeuse) il y aurait la rencontre de deux personnages gaux par le mrite et complmentaires par la pense. Denise ne serait pas la n-ime conqute de Mouret, mais la compagne et l'associe d'une vie46.Le capitalisme[modifier|modifier le code]Zola tudie tous les rouages d'une socitcapitalisteo l'argent est le moteur principal des relations conomiques et humaines. Son attitude envers lui peut tre illustre par son commentaire au sujet de sonroman du mme nomJe n'attaque ni ne dfends l'argent, je le montre comme une force ncessaire jusqu' ce jour, comme une force de civilisation et de progrs103. Il tudie donc la mcanique financire du grand magasin, le rle jou par les grandes banques, l'importance de la production grande chelle. Il analyse avec minutie le montage financier qui permet l'expulsion de Bourras qu'il qualifie avec lucidit decanaillerie dans toute sa lgalit11. Depuis son romanLa Cure, sa vision a chang: la fortune ne se cre plus sur une malhonntet; elle est le fruit du travail et de la comptence de grands capitaines d'industrie comme le baron Hartmann ou Octave Mouret104. Les stratgies commerciales qu'il dcrit sont encore d'actualit105et dans cet univers mercantile, prfigurant la socit de consommation, la femme est un enjeu conomique106, unemine de houille107 exploiter.Cependant, le rle de l'argent tous les niveaux de la socit, le principe de l'intressement, les primes donnes ceux qui dcouvrent les erreurs des autres, induisent une lutte perptuelle entre individus108. Zola prcise:la lutte pour la vie est entire - chacun va son intrt immdiat108. Dans cette guerre continue, les plus faibles ou ceux qui n'arrivent s'adapter sont crass. C'est ce qu'on appelle ledarwinisme social. Les employs inefficaces sont renvoys, les petits commerces dtruits. La position de Zola sur cet envers du dcor est ambige. L'attention qu'il met faire prouver au lecteur de la compassion pour les petits laisse penser qu'il est mal l'aise ce sujet. Denise, qui est sa porte-parole, souffre de cet tat de fait mais finit par reconnaitre queces maux irrmdiables (...) sont l'enfantement douloureux de chaque gnration109. Zola tente de lutter contre cette vision pessimiste110, il cherche voir, dans cette concurrence et ses effets, une condition ncessaire au progrs: si le meilleur gagne tout le monde en profite111. Il tente avec le personnage de Denise, de montrer que cette grande machine capitaliste peut galement profiter aux travailleurs qui peuvent bnficier de conditions sociales amliores112. Mais certains lecteurs ne s'y trompent pas,Henri Guillemin, par exemple, y voit uncapitalisme triomphantsousun badigeon paternaliste113.Le naturalisme[modifier|modifier le code]En plein cur de la srie des Rougon-Macquart, le romanAu Bonheur des Dames, se veut un romannaturaliste114. Dans son tudeLe Roman exprimental, Zola dcrit les principes du roman naturaliste: selon les rgles de lamthode exprimentale, il s'agit de prciser les conditions initiales de vie puis d'observer comment le comportement de l'individu ou de la socit se dtermine partir des contraintes auxquelles ils sont soumis (hrdit, ducation, physiologie, milieu social).L'observateur chez lui donne les faits tels qu'il les a observs, pose le point de dpart, tablit le terrain solide sur lequel vont marcher les personnages et se dvelopper les phnomnes. Puis, l'exprimentateur parat et institue l'exprience, je veux dire fait mouvoir les personnages dans une histoire particulire, pour y montrer que la succession des faits y sera telle que l'exige le dterminisme des phnomnes mis l'tude115La construction du roman commence donc par une tude minutieuse du milieu o se droule l'action116. L'univers du grand magasin est ensuite dcrit de manire quasiment exhaustive (inspection du magasin par Mouret au chapitre II, les conditions de vie des employs, les grandes ventes des chapitres IV - IX - XIV, les rfectoires des chapitres VI et X ). C'est le rle des multiples descriptions que Zola distille de manire rgulire dans son roman117pour viter de trop se disperser et se noyer dans les pages descriptives118. Il ne reste plus alors qu' observer l'volution du Grand Bazar et le comportement des acteurs plongs dans ce milieu. Selon un principe assez classique dans ses romans, Zola choisit un personnage tranger au milieu (ici il s'agit de Denise), l'introduit dans ce nouvel univers et observe son comportement119. Pour Zola, l'homme est dtermin par son hrdit: Octave Mouret est de la ligne de Rougon; il est donc mu par son ambition, sa soif du pouvoir et de l'argent119. Il pense d'autre part que le rle du corps et de ses pulsions est un lment important dans les actions des personnages120, il n'hsite donc pas l'voquer dans les diffrentes scnes, observant entre autres presque mdicalement ce qu'il appelle la nvrose des grands magasins117. Enfin, l'homme est galement dtermin par son milieu social et le romancier par la mise en vidence des rouages qui expliquent son comportement, fait uvre sociale121.Cependant, cette mthode exprimentale n'induit pas chez l'auteur une neutralit et une objectivit. Zola reste un observateur sensible qui donne ainsi ses descriptions un caractre subjectif122voire fantastique123. Il a une thse dfendre qui influe sur les chemins que vont suivre ses hros117. Quand il s'agit de centrer l'action et conserver le rythme, Zola n'hsite pas prendre de la libert par rapport au rel, jouant sur le droulement du temps et exagrant les contrastes124, dveloppant un souffle pique dans un style lyrique et impressionniste125.BiographieEnfance et adolescence provenale (1840 - 1858)Article dtaill:Jeunesse d'mile Zola.mile douard Charles Antoine Zola1nat 10rue Saint-JosephParisle2avril1840d'un pre italien et d'une mre franaise. Il est le fils unique deFranois Zola3, natif deVenise, et d'milie Aubert, native deDourdan. Son pre, ingnieur de travaux publics, ancien officier subalterne italien, soumissionne la construction d'un systme d'amene d'eau potable Aix-en-Provence depuis la montagne Sainte-Victoire. Il obtient le contrat le 19 avril 1843 et s'installe alors avec sa famille Aix-en-Provence. La concession est signe en 1844, il cre avec des partenaires financiers la socit du canal Zola. Les travaux commencent en 1847. Il meurt de pneumonie le 27 mars 1847 aprs avoir t responsable de la construction duBarrage ZolaAix-en-Provence.Les cranciers poursuivent alors la socit du canal. En1851,MmeAubert se rend Paris avec son fils pour suivre les actions en justice contreJules Migeonet les cranciers qui se disputent la Socit du canal Zola. Les cranciers font dclarer en banqueroute la socit par le tribunal de commerce d'Aix-en-Provence en1852. Le10mai1853, la Socit du canal Zola est brade aux enchres. Elle est rachete par ses cranciers et devient Migeon et Compagnie4.milie Aubert, sa mre, totalement dmunie, s'occupe de l'orphelin avec sa grand-mre, Henriette Aubert. Reste proche de son fils jusqu' sa mort en1880, elle a fortement influenc son uvre et sa vie quotidienne.Au collge Aix-en-Provence, il se lie d'amiti avec Jean-Baptistin BailleN 2,5et surtoutPaul Czannequi reste son ami proche jusqu'en1886. Ce dernier l'initie aux arts graphiques, et plus particulirement la peinture.Ds sa prime jeunesse, mile Zola est passionn par la littrature. Il accumule les lectures et conoit trs tt le projet d'crire titre professionnel. Il considre ds son plus jeune ge l'criture comme sa vritable vocation. En sixime, il rdige dj un roman sur lescroisades6. Ses amis d'enfancePaul CzanneetJean-Baptistin Baillesont ses premiers lecteurs. Il leur affirme plusieurs fois, dans ses changes pistolaires, qu'il sera un jour un crivain reconnu7.Vie de bohme (1858 - 1862)mile Zola quitte Aix en1858et rejoint sa mre Paris, pour y vivre dans de modestes conditions, esprant trouver le succs. Petit petit, il se constitue un petit cercle d'amis, majoritairement Aixois d'origineN 3. Il complte sa culture humaniste en lisantMolire,MontaigneetShakespeare, mais pas encoreBalzacqui ne l'inspirera que plus tardivement. Il est aussi influenc par des auteurs contemporains, commeJules Michelet, source de ses inspirations scientifiques et mdicalesN 4.mile Zola est recal par deux fois au baccalaurats sciencesen1859. Ces checs marquent profondment le jeune homme qui se dsespre d'avoir du sa mre. Il est aussi conscient que, sans diplme, il va au-devant de graves difficults matrielles.Le premier amour de Zola, dont il s'est entich pendant l'hiver 1860-1861, s'appelle Berthe8. Le jeune homme la surnomme lui-mme une fille parties, c'est--dire une prostitue. Il conoit le projet de la sortir du ruisseau, en essayant de lui redonner got au travail, mais cet idalisme se heurte aux dures ralits de la vie des bas quartiers parisiens. Il tire toutefois de cet chec la substance de son premier roman,La Confession de Claude.D'autres passions s'expriment ce moment de sa vie. En effet, le monde de la peinture fascine Zola, trs proche du mouvementimpressionniste, avec des peintres qu'il a sans cesse dfendus dans ses chroniques. Il gagne l'amiti d'douard Manet, qui le reprsente plusieurs fois dans ses uvres; grce lui, Zola fait la connaissance deStphane Mallarm. Il est proche aussi deCamille Pissarro,Auguste Renoir,Alfred SisleyetJohan Barthold Jongkind.Paul Czanne, son ami d'enfance, tient videmment une place part. Pendant des dizaines d'annes, le peintre et l'crivain se ctoient, changent une correspondance riche et s'entraident mme financirement. Mais avec le temps, et surtout la publication deL'uvre, roman dans lequel l'artiste croit se reconnatre dans le personnage du peintre rat Claude Lantier, leur amiti s'teint. Czanne adresse sa dernire lettre l'crivain en1886, et ils ne se reverront jamais plus. la dcouverte de l'dition (1862 - 1865)Ayant chou au baccalaurat, mile Zola affronte sans qualification le march du travail et entre comme employ aux critures aux Docks de la douane en avril1860. Insatisfait, il dmissionne au bout de deux mois et connat une longue priode sans emploi, difficile moralement et financirement, jusqu'au moment o il parvient entrer en contact avecLouis Hachette, qui l'embauche comme commis dans sa librairie le1ermars1862. Il est naturalis franais le31octobre1862. Apprci et multipliant les contacts avec le monde littraire, il reste quatre ans au service de publicit chez Hachette o il occupe finalement un emploi quivalent celui des attachs de presse modernes9. la librairie Hachette, l'idologiepositivisteetanticlricalele marque profondment. Il y apprend de plus toutes les techniques du livre et de sa commercialisation. Travaillant avec acharnement pendant ses loisirs, il parvient faire publier ses premiers articles et son premier livre, dit parHetzel:Les Contes Ninon(en 1864). la fin de 1864, Zola fait la connaissance d'lonore-Alexandrine Meley, qui se fait appeler Gabrielle. Ce prnom aurait t celui de sa fille naturelle, qu' dix-sept ans elle a t force d'abandonner l'Assistance publique; lourd secret qu'elle rvla certainement Zola aprs leur mariageN 5,10. Ne le 23 mars 1839 Paris, Alexandrine est la fille d'une petite marchande de dix-sept ans et d'un ouvrier typographe, n Rouen. L'crivain consacre un portrait sa nouvelle conqute, L'amour sous les toits, dansLe Petit JournalN 6,11.On ne connat pas l'origine de cette liaison. Peut-tre est-ce le fait du hasard, puisque mile et Alexandrine habitaient tous deux les hauts de lamontagne Sainte-GeneviveN 7. Des rumeurs font tat d'une liaison pralable d'Alexandrine avecPaul Czanneet du fait qu'elle ait pu tre modle pour le groupe de peintres que Zola frquente, ou encore d'une relation avec un tudiant en mdecine12. Mais aucune preuve n'taie ces affirmations.Journaliste littraire (1866 - 1868)Ds1863, Zola collabore pisodiquement, puis rgulirement partir de1866aux rubriques de critique littraire et artistique de diffrents journaux. Les quotidiens permettent au jeune homme de publier rapidement ses textes et ainsi, de dmontrer ses qualits d'crivain un large public. C'est pour lui, un levier puissant qui [lui] permet de [se] faire connatre et d'augmenter [ses] rentes13.Il bnficie de l'essor formidable de la presse au cours de la seconde moiti duxixesicle, qui permet l'mergence immdiate de nouvelles plumes14. tous les apprentis romanciers lui demandant conseil, et jusqu'aux derniers jours de sa vie, l'crivain recommande de marcher sur ses pas, en crivant d'abord dans les journaux.Il fait ses dbuts vritables dans des journaux du Nord de la FranceN 8, opposants au Second Empire. Zola met profit sa connaissance des mondes littraire et artistique pour rdiger des articles de critique, ce qui lui russit. Ds1866, 26 ans, il tient deux chroniques dans le journalL'vnement. L'Illustration, il donne deuxcontesqui rencontrent un certain succs. Ds lors, ses contributions sont de plus en plus nombreuses: plusieurs centaines d'articles dans des revues et journaux trs varis. On peut citer les principaux:L'vnementetL'vnement Illustr,La Cloche,Le Figaro,Le Voltaire,Le Smaphore de MarseilleetLe Bien public Dijon15.Outre la critique (littraire, artistique ou dramatique), Zola a publi dans la presse une centaine de contes et tous ses romans en feuilletons. Il pratiquait un journalisme polmique, dans lequel il affichait ses haines, mais aussi ses gots, mettant en avant ses positions esthtiques, mais aussi politiques. Il matrise parfaitement ses interventions journalistiques, utilisant la presse comme un outil de promotion de son uvre littraire. Pour ses premiers ouvrages, il a en effet rdig des comptes-rendus prts l'emploi qu'il a adresss personnellement toute la critique littraire parisienne, obtenant en retour de nombreux articles16. partir de 1865, Zola quitte sa mre et emmnage avec sa compagne dans lequartier des Batignolles, sur la rive droite, proximit du faubourg Montmartre, le secteur o se situent les principaux organes de presse. Les rticences deMmeZola mreN 9retardent de cinq ans l'officialisation de cette liaison. C'est aussi une priode de vaches maigres, pendant laquelleAlexandrineeffectue de menus travaux afin que le couple puisse joindre les deux boutsN 10.Journaliste politique (1869 - 1871)C'est au travers de ses interventions dans la presse politique que l'engagement de Zola est le plus marquant. La libralisation de la presse en1868lui permet de participer activement son expansion. Par des amis de Manet, Zola entre au nouvel hebdomadaire rpublicainLa Tribune, o il pratique ses talents de polmiste par l'criture de fines satires anti-impriales. Mais c'est dansLa Clocheque ses at