"citation : jean-paul chausse, thomas kembola et robert ngonde

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"Citation : Jean-Paul Chausse, omas Kembola et Robert Ngonde, 2012, “L’agriculture : pierre angulaire de l’économie de la RDC”, dans Johannes Herderschee, Daniel Mukoko Samba et Moїse Tshimenga Tshibangu (éditeurs), Résilience d’un Géant Aicain : Accélérer la Croissance et Promouvoir l'Emploi en République Démocratique du Congo, Volume II : Etudes sectorielles, MÉDIASPAUL, Kinshasa, pages 1-97. Cet article a été préparé dans le cadre des travaux d’analyse de la Banque Mondiale autorisés en vertu du code P106432-ESW pour « la préparation d’une étude Diagnostique d’Intégration du Commerce et un Mémorandum Economique du Pays ». Les remerciements aux pages xxii-xxv de ce volume assurent la reconnaissance aux nombreux collègues, experts et participants des séminaires qui ont généreusement contribué à cet article de leur temps et de leurs idées; toutes les erreurs restantes sont celles des auteurs. Copyright © 2012 La Banque Internationale pour la Reconstruction du Développement/ La Banque Mondiale conformément à l’information de la page iii de ce volume."

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  • "Citation : Jean-Paul Chausse, Thomas Kembola et Robert Ngonde, 2012, Lagriculture : pierre angulaire de lconomie de la RDC, dans Johannes Herderschee, Daniel Mukoko Samba et Mose Tshimenga Tshibangu (diteurs), Rsilience dun Gant Africain : Acclrer la Croissance et Promouvoir l'Emploi en Rpublique Dmocratique du Congo, Volume II : Etudes sectorielles, MDIASPAUL, Kinshasa, pages 1-97.

    Cet article a t prpar dans le cadre des travaux danalyse de la Banque Mondiale autoriss en vertu du code P106432-ESW pour la prparation dune tude Diagnostique dIntgration du Commerce et un Mmorandum Economique du Pays . Les remerciements aux pages xxii-xxv de ce volume assurent la reconnaissance aux nombreux collgues, experts et participants des sminaires qui ont gnreusement contribu cet article de leur temps et de leurs ides; toutes les erreurs restantes sont celles des auteurs.

    Copyright 2012 La Banque Internationale pour la Reconstruction du Dveloppement/ La Banque Mondiale conformment linformation de la page iii de ce volume."

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    LAgriculture :Pierre Angulaire de lEconomie de la RDC

    I. IntroductionLagriculture est la base de lconomie congolaise. Sa part dans le revenu national a atteint jusqu 50% dans les annes 1990, en partie cause de leffondrement des autres secteurs de lconomie (secteur minier en particulier). Depuis la restauration de la paix en 2002, cette part a graduellement baiss, mais le secteur agricole fournissait encore 40,3% du PIB (contre environ 13% pour le secteur minier) et employait les trois quarts de la population active en 2006.

    De toutes les sources de croissance, le secteur agricole a le plus fort potentiel de rduction de la pauvret. Tout dabord, il est intensif en main duvre. Pour ne mentionner quune filire, la production darabica requiert 450 jours de travail soit deux emplois agricoles plein temps - lhectare, y compris la production et les activits en aval. Cest donc 20 000 emplois a plein temps que crerait la mise en production de 10 000 ha supplmentaires et, donc, des revenus pour environ 160 000 personnes. Il en est de mme pour le palmier huile et la plupart des autres cultures industrielles. Ces emplois sont, de plus, crs un cot trs faible. En second lieu, les revenus agricoles tendent tre dpenss sur des biens et services produits localement, ce qui a un effet multiplicateur important sur lconomie locale. Enfin, la croissance de la productivit agricole rduit les prix des denres alimentaires, fournissant ainsi des transferts invisibles lensemble de la population et aux autres secteurs de lconomie. Ainsi, on a constat que la croissance des revenus ruraux rduisait non seulement la pauvret rurale mais encore la pauvret urbaine (alors que linverse nest pas vrai).1

    Leffondrement de lagriculture congolaise pendant le conflit de 1998-2002 (aprs un long dclin) sexplique par lextrme violence de celui-ci et par les dplacements massifs de population qui ont suivi. Le rtablissement de la scurit et le retour des rfugis sur leurs terroirs dorigine permettra, si lon en croit lexprience internationale,

    Chapitre I

    Jean-Paul Chausse, Thomas Kembola et Robert Ngonde

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    une reprise rapide de la production agricole court-moyen terme. Cependant, la chute de la production agricole en RDC est largement antrieure au conflit. Comme on la not, elle a dbut peu aprs lindpendance, sest acclre avec la politique de zarianisation lance en 1973, dont leffet a t une dsorganisation de lagriculture commerciale, et sest poursuivie dans les dcennies suivantes au rythme de la dgradation des infrastructures de transports et de la disparition des services dappui la production qui ont coup les producteurs des marchs et des services dont ils avaient besoin. Ainsi, ds le milieu des annes 1990, il ne restait dj plus, dans la plus grande partie du pays, quune agriculture vivrire tourne vers lautosubsistance, sans dbouchs ni accs aux intrants agricoles.

    II. La production nationaleLe potentiel agricole de la RDC est colossal mais pour linstant largement sous-utilis. Le pays possde 80 millions dhectares (ha) de terres arables, dont seuls 9 10 % sont actuellement cultives. La grande diversit agro-climatique, labondance et la rgularit des pluies, et la prsence deaux de surface en grande quantit permettent une production trs diversifie. La cuvette du Congo offre des conditions climatiques favorables la culture du palmier huile, de lhva, du caf, du cacao, de la banane et du manioc, tandis que les zones de savanes sont favorables la culture du coton, des crales, des lgumineuses graines et llevage, alors que les zones montagneuses avec un climat relativement tempr se prtent des cultures daltitude comme le caf, le th, la pomme de terre, en plus de llevage.

    Le vaste rseau hydrographique, qui reprsente prs de 50% des rserves deau douce du continent africain permettrait le dveloppement de lirrigation sur prs de 4 millions dhectares potentiellement irrigables alors que les cultures irrigues restent actuellement trs limites et confines la production industrielle de la canne sucre et, dans une moindre mesure, la culture du riz. Les vastes tendues disponibles pour le pturage permettraient dlever plus de 40 millions de ttes de btail alors que le troupeau national nen compte actuellement quenviron 700 000 (contre 1,5 million en 1990). Enfin, les eaux intrieures rivires et lacs permettraient la production annuelle de plus de 700 000 tonnes de poisson alors que la production annuelle est estime moins de 200 000 t.

    La productivit agricole a connu une baisse constante depuis un demi-sicle et la rgression des cultures prennes/industrielles (caf, cacao, th, hva, palmier a huile, coton) a t spectaculaire. Au moment de lIndpendance, le Congo tait le deuxime exportateur dhuile de palme du monde, aprs la Malaisie mais devant lIndonsie. Aujourdhui le pays en importe plus de 50 000 tonnes. La RDC tait aussi le premier producteur africain de coton avec plus de 180 000 tonnes de graines produites par 800 000 petits producteurs: la production de coton a pratiquement disparu aujourdhui (moins de

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    6 000 t/an). De mme, les productions dhva, darabica, de robusta et de th ont toutes chut de faon spectaculaire. Cette sous-utilisation des ressources naturelles du pays et corollairement des ressources humaines reprsentent la fois un immense gaspillage et un gisement daccroissement de la production trs important, pourvu que les capacits soient recres pour que les producteurs puissent rpondre aux besoins du march.

    a. Cultures vivriresLes cultures vivrires reprsentent lessentiel (80%) du PIB agricole. Le manioc est la principale culture vivrire du pays. Il est cultiv dans toutes les rgions de la RDC. Les autres spculations ont une importance variable en fonction des rgions: le mas dans le sud (Katanga) et le haricot dans lest. A cause de la dtrioration des infrastructures de transport et de la dsorganisation des circuits de commercialisation, la production vivrire est largement destine lautoconsommation et/ou lapprovisionnement des marchs de proximit. Les principales cultures vivrires sont le manioc, le mas, le riz, la banane plantain et le haricot. La production est de type traditionnel sans utilisation de varits slectionnes sauf dans de rares cas pour le manioc ou dintrants (engrais, produits phytosanitaires) et donc les rendements sont trs faibles. Daprs les statistiques officielles, la production vivrire a connu au mieux une stagnation et probablement un dclin depuis le dbut des annes 1990. Il est certain toutefois que la production a t trs infrieure la croissance dmographique ce qui a aggrav linscurit alimentaire dans lensemble du pays, et en particulier en zone urbaine, malgr un accroissement considrable des importations alimentaires (riz, mas, huile de palme). Les raisons de ce dclin sont largement les mmes dans tous les cas: impossibilit de produire pour les grands centres de consommation, absence de varits amliores et dintrants, mthodes culturales inadquates, forte incidence des maladies et prdateurs et pertes aprs rcolte trs leves. Le dclin des productions vivrires, facteur dinscurit alimentaire la fois au niveau national et au niveau des mnages, tmoigne de la gravit de la crise traverse par le pays depuis un demi-sicle. Leur croissance soutenue est donc la cl la fois de la croissance du secteur dans son ensemble et de la scurit alimentaire du pays.

    Le manioc est un produit essentiel sur la majeure partie du territoire, particulirement dans le nord-ouest du pays (Bas-Congo, Bandundu, quateur, Kasa et Province orientale). La production totale actuelle est estime 15 millions de tonnes, en nette rgression par rapport 1991 (20 millions). Les rendements moyens entre 7 et 8 t/ha trs faibles cause de lutilisation de varits traditionnelles faible productivit et sensibles aux maladies et aux insectes (notamment la mosaque, lanthracnose et la cochenille) et lutilisation de techniques culturales inadquates sont les problmes essentiels des producteurs de manioc. La FAO, le SECID (USAID) et lIITA appuient la relance de la production par le biais dun programme visant la multiplication et la distribution acclre de boutures saines de varits slectionnes pour leur tolrance ou

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    leur rsistance la mosaque. Leffet positif de ce programme est attest par le fait que de nombreux agriculteurs paraissent prts payer pour obtenir les boutures amliores.

    Le mas est la principale crale produite en RDC, avec un niveau de production quatre fois plus important que le riz. Sa culture est trs rpandue en RDC, mais particulirement au Katanga, dans les deux Kasa, le Bandundu et dans le nord de lquateur. Cest le seul produit agricole dont la production semble avoir (faiblement) augment depuis les annes 90 (de 1 million de tonnes en 1990 1,2 million en 2002). Les rendements sont variables dune rgion une autre avec de grands exploitants atteignant de trs hauts rendements au Katanga mais la moyenne nationale est faible, moins de 1 t/ha, du fait de la faible utilisation de varits amliores et dintrants agricoles, et de limportance des dgts causs par divers parasites. Les conditions agro-climatiques de la RDC sont toutefois favorables la production de mas et permettent au Congo non seulement de sauto-suffire (liminant les importations en particulier de la Zambie), mais encore de se positionner aprs rhabilitation des infrastructures de transport et avec un accs satisfaisant aux semences de qualit et aux intrants comme le grenier crales de la sous-rgion.

    Le riz est cultiv principalement dans plusieurs provinces: quateur, Orientale, Maniema et Kasa. La riziculture pluviale extensive reprsente prs de 98 % des superficies rizicoles. Il est aussi produit en culture de bas-fonds et dans les plaines inondables irrigues du Bandundu, dans le Bas-Congo, la priphrie de Kinshasa et dans les autres grandes villes. La production a dclin rgulirement depuis le dbut des annes 90, passant de 395 000 tonnes en 1991 325 000 tonnes en 2002, soit une diminution de lordre de 17,23%, alors que la consommation a fortement augment en particulier en zone urbaine. Cela a entran une augmentation spectaculaire des importations qui ont atteint 200 000 tonnes en 2006. Comme dans le cas des autres cultures vivrires, les rendements sont trs faibles (moins dune tonne de paddy/ha) et pourraient tre considrablement accrus par lutilisation de varits amliores (NERICA par exemple) et de meilleures pratiques culturales. La RDC dispose dun potentiel rizicole important, tant en conditions pluviales (zones de Bumba et Maniema) quen conditions irrigues (valle de Ruzizi, etc.) ou en cultures de bas-fonds dans presque toutes les provinces, et pourrait facilement atteindre lautosuffisance en riz.

    Les autres cultures vivrires importantes sont larachide, le haricot et la banane plantain. Elles ont toutes connu des baisses importantes de production. La production darachide a chut de 30% entre 1990 et 2002 (de 500 000 370 000 tonnes). Celle de haricots a connu une baisse encore plus accentue pendant cette priode (200 000 t 110 000 tonnes). Une grande partie de la production se situe dans le Kivu, au Katanga et au Bas Congo. La banane plantain est cultive principalement pour lautoconsommation et dans bien des cas elle constitue la base alimentaire (Province orientale). On estime que la production nationale tait de 500 000 t. en 2002 alors quelle tait de lordre de 2 millions de t. en 1990 (soit une chute de 75%). Cependant, il ny a aucun effort damlioration de

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    la production de la banane plantain en vue de lautosuffisance alimentaire des populations et de lapprovisionnement du march local. Labsence de semences de qualit constitue un problme majeur pour ces cultures, auquel sajoutent la sensibilit des varits disponibles certaines maladies telles que la cercosporiose et la rosette.

    Lagriculture priurbaine. Lagriculture urbaine et priurbaine a une longue tradition en RDC. Ds 1954 deux centres horticoles ont t tablis Kinshasa pour encourager la production de fruits et de lgumes destins essentiellement la consommation de la population expatrie de la capitale. La production horticole a continu crotre fortement aprs lindpendance et dans les annes 80, un grand nombre de femmes Kinshasa pratiquaient le jardinage urbain (en 1987, une organisation fatire a t cre pour reprsenter les coopratives de jardinage urbain, lUnion des coopratives marachres de Kinshasa UCOOPMAKIN). Linscurit grandissante des annes 90 a isol les villes de leurs sources dapprovisionnement et provoqu une explosion des activits de jardinage priurbain, Kinshasa et les autres grandes villes du pays. Lagriculture urbaine/priurbaine a jou un rle crucial dans ltat nutritionnel des populations urbaines et a t la source de beaucoup demplois et de revenus dans les villes.2 En 2008, SENAHUP indique quil y avait environ 2 100 ha en production horticole Kinshasa, avec 82 coopratives et environ 40 000 marachers. Ces jardins produisaient environ 90% de tous les lgumes frais consomms Kinshasa et la valeur de cette production tait estim 19 millions dUSD bord-champ et plus de 37 millions dUSD au niveau du commerce de dtail.

    b. Cultures commercialesLes cultures commerciales (palmier huile, hva, caf, cacao, th, coton) constituaient une source importante de recettes dexportation pour la RDC jusqu la fin des annes 60. Elles taient produites essentiellement dans le nord du pays (Bas-Congo, quateur, Province orientale, Kivu) lexception du coton, qui tait aussi produit dans le Kasa et le Katanga. Le secteur tait domin par de grandes exploitations commerciales bien que lagriculture familiale ait t trs importante aussi, notamment pour le coton, le robusta, le cacao et le palmier huile. Elles se sont effondres ds les annes 70 en raison dabord de la politique de zarianisation qui a fortement amoindri les capacits techniques et managriales du secteur, puis des diffrents conflits qui ont affect les principales zones de production (pillages de 1991-93, guerres 1996-2001). La disparition des grandes exploitations modernes a entran celle des petites exploitations familiale qui en dpendaient pour leur accs aux marchs et aux services. Aujourdhui, la plupart des filires industrielles/dexportation sont sinistres et leurs exportations ont chut dramatiquement ou totalement disparu.

    Les filires commerciales principales (palmier huile, hva, arabica, robusta, cacao, th et coton) sont rsumes ci-dessous :

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    Palmier huile. Lors de lindpendance, le Zare exportait quelques 160 000 t. dhuile de palme (et 60 000 t. dhuile de palmiste et 60 000 t. de tourteaux de palmiste). Le pays tait le deuxime exportateur mondial dhuile de palme derrire la Malaisie et les exportations des produits du palmier reprsentaient 40 50% de la valeur totale de ses exportations agricoles. Aujourdhui, la RDC importe environ 50.000 t. dhuile de palme par an. Sa production totale - environ 290.000 tonnes provenant de peuplements naturels de palmiers huile (200 000 t.), de plantations villageoises (30 000 t.) et industrielles (60 000 t.) - ne peut pas satisfaire la demande intrieure. Toutefois, avec lamlioration de la situation scuritaire et des infrastructures et lenvole des cours de l huile de palme sur le march international, les plantations industrielles, abandonnes pendant les annes de conflit, ont commenc tre rhabilites et des programmes importants de replantation ont t lancs, tant dans le secteur industriel que dans le secteur villageois.

    Hva.La RDC offre des conditions agro-climatiques trs favorables la culture de lhva. Ce dernier est produit essentiellement dans le Bandundu et lquateur, mais aussi dans le Bas-Congo, la Province Orientale, les deux Kasa et le Maniema. En 1960, le pays produisait environ 40 000 t. de caoutchouc provenant de 65 000 ha de plantations industrielles (35 000 t.) et de 25.000 ha de plantations villageoises (5000 t.). La politique de zarianisation et les crises successives des annes 90 ont entran une forte baisse de la production. Actuellement, les plantations encore en production sont estimes moins de 20 000 ha et la production totale environ 10 000 t. Le secteur villageois a presque totalement disparu.

    Caf.Le caf est produit dans toute la partie nord du pays, le Robusta dans la province de lquateur, lOrientale et une partie du Nord-Kivu, larabica est produit sur les hauts plateaux du Nord et du Sud-Kivu, et dans lIturi.La production et les exportations de caf ont fortement dclin au cours des dernires dcennies. La production darabica a baiss denviron 30 000 t en 1960 environ 10 000 t aujourdhui (5 000 t daprs les statistiques officielles, la diffrence tant exporte en contrebande). Celle de robusta, qui tait de 55 000 t. lindpendance, a mont 132 000 t en 1986 (la production essentiellement villageoise ayant t pargne par la zarianisation) avant de seffondrer environ 20 000 t. aujourdhui (environ 5 000 t selon les statistiques officielles) cause des conflits arms et de limpact dvastateur de la trachomycose qui a dvast les plantations.

    Cacao. La production de cacao de la RDC na jamais t importante, bien que la plupart des rgions du pays offrent la culture de trs bonnes conditions agro-climatiques. La production na jamais atteint 10 000 t.En 2006, elle tait estime environ 3 000 t, essentiellement dans les provinces du Bas Congo et de lquateur.

    Th.Le th est produit dans les deux Kivu, essentiellement par de grands domaines mais aussi par des planteurs villageois installs leur proximit. La production tait

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    denviron 5000 t en 1960 et a atteint environ 11 000 au milieu des annes 1970, avant de seffondrer lorsque la plupart des domaines ont t abandonns. La production actuelle est de 2 000 t.

    Coton. A lindpendance, la RDCtait le premier producteur africain de coton avec environ 800 000 producteurs produisant 180 000 t de coton graine dans lquateur, la Province orientale, le Maniema, le Katanga, les deux Kasa et le Sud-Kivu.Depuis 1990, la dgradation continue de la situation scuritaire et conomique de la RDC, linstabilit des prix internationaux et la concurrence accrue des tissus chinois sur le march intrieur ont graduellement dtruit la production cotonnire et lindustrie textile congolaise. En 2006, la production totale du pays nexcdait pas 1 000 tonnes de coton graine.Une seule entreprise textile tait encore en activit (CODENOR Kisangani).

    c. levageLa RDC dispose dun formidable potentiel pour llevage. Elle possde en effet prs de 90 millions dhectares de pturage, soit un plus du tiers de la superficie totale du pays, qui pourraient accueillir quelque 40 millions de units gros bovins et fournir prs de 1,5 millions de tonnes de viande par anne, mme en levage extensif, soit 23 kg/habitant. Comme les autres secteurs de lconomie congolaise, la production de viande a t fortement touche par les vnements sociopolitiques qui ont boulevers le pays, notamment les vnements de la fin des annes 1990 et du dbut des annes 2000. Bien que le Service national de statistiques agricoles (SNSA) ne soit plus en mesure de produire des statistiques fiables, il semble que la production de viande, aprs avoir atteint un sommet de 84 663 tonnes en 1994, ntait que de 68 278 tonnes en 2006, avec un cheptel national estim environ 7 millions de ttes de petits et gros btails (dont 750 000 ttes de gros btail, en forte baisse depuis le dbut des annes 90): 60% de caprins, 15% de porcins, 14% dovins et 11% de bovins.

    Le tableau 1.1. indique que la production nationale est estime 68 300 tonnes par an (2006). Elle serait ainsi revenue au mme niveau quen 1974, 32 ans plus tt. Pendant cette priode, la population ayant plus que doubl, la quantit de viande produite par habitant aurait donc t presque divises par 3 (de 3,2kg/an en 1974 1,2kg/an). La production nationale actuelle reprsente autour de 10% de la consommation de protines animales du pays (16kg/an par habitant). Le solde est couvert par les produits de la pche nationale (5 kg/an), des importations de viandes et de produits halieutiques (360 000 tonnes en 2006) en constante progression et, surtout en zone rurale, par la viande de brousse (y-compris larves et insectes).3 Les importations de produits animaux ajoutent environ 6 kg/an par habitant portant la disponibilit totale environ 16 kg/an. Elles sont surtout destines lapprovisionnement des grandes villes et sont domines par le poisson congel (55% du total) et les viande et abats de volaille (60% des importations de viande).

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    Le secteur de llevage se compose dun secteur traditionnel, compos de petites units de production disperses dans lensemble du pays, et dun secteur moderne de grandes fermes commerciales levant dimportants troupeaux de btail et de petits ruminants situes surtout dans la priphrie des grandes villes.

    Bovins. Les statistiques disponibles montrent quil y a actuellement environ 700 000 bovins, aprs un pic denviron 1,5 million en 1990. Les gros ruminants sont levs surtout au Bas Congo, dans le Kasa occidental, le nord Katanga et dans lest du pays, notamment dans la Province orientale et dans les deux Kivu. Llevage bovin traditionnel a t dcim par les annes de guerre, notamment dans les provinces de lEst. Il ne bnficie daucun appui et les maladies transmises par les tiques et, dans certaines zones par la mouche ts-ts, continuent poser des problmes majeurs. Llevage bovin moderne est pratiqu par de grandes fermes (ranchs) et, en zone priurbaine, par de petites exploitations dembouche et de production laitire. Le secteur moderne a, lui aussi, t gravement affect par les pillages. Les quelques grandes units commerciales qui demeurent fournissent Kinshasa et les autres grandes villes, et exportent vers des pays africains voisins. Elles ont leurs propres vtrinaires et importent tout ce dont elles ont besoin. Ce secteur produit surtout du buf de qualit export, que seuls les Congolais les plus aiss peuvent soffrir. Il souffre de la concurrence de viandes surgeles bon march souvent importes illgalement.

    Ovins et caprins. Les petits ruminants se trouvent dans l ensemble du pays. Il y a quatre fois plus de chvres que de moutons. Elles supportent en effet assez bien la ngligence, broutent une grande diversit de plantes et, contrairement aux volailles et les porcs, leur alimentation nest pas en concurrence avec celle des humains. Globalement, la croissance de la production de petits ruminants offre lun des moyens les plus rapides daccrotre la production animale des mnages ruraux. Les principaux problmes sont labsence de races amliores4 et les risques dpidmies et de vol. Dans le pass, INERA, des ONG et des exploitations ont engag des actions damlioration des races locales, mais la plupart ont t interrompues. Tout programme dintensification de la production de petits ruminants devra centrer ses actions sur la couverture sanitaire, la reproduction et la formation zootechnique.

    Porcins. La production des porcs a une double structure comme celle des ruminants et de la volaille: un segment commercial sensible aux prix en priphrie des villes et un segment traditionnel de subsistance dans les zones rurales. On trouve des concentrations dans le Bandundu, le Bas-Congo et le Kasa occidental, prs des grands marchs urbains. Les problmes sont semblables ceux rencontrs par les autres secteurs de llevage : mauvaise conduite des troupeaux, difficults obtenir des races amliores, maladies et chert des aliments. Comme pour les volailles, lalimentation reprsente environ 70% du cot de production des levages commerciaux. Llevage de porcs est particulirement

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    efficace pour la production de viande. Les porcs peuvent en effet consommer des aliments plus divers que les poules et le taux de conversion des aliments des races amliores est environ le double de celui des races amliores de volailles.

    Volailles et ufs. Dans tout le pays, les Congolais lvent des volailles: la production traditionnelle extensive dans les zones rurales et la production intensive en zone priurbaine. Comme les chvres, les poules de brousse ne bnficient daucune attention. Les levages commerciaux intensifs ncessitent eux des systmes complexes tant pour lalimentation des volailles que pour les conditions sanitaires. Le secteur moderne de la volaille et des ufs tait jadis florissant en priphrie des villes, avec des exploitations commerciales allant jusqu 30 000 pondeuses. Beaucoup dentre elles ont disparu en raison de problmes de manque dintrants et de services vtrinaires, de mauvaise qualit des aliments et surtout de la concurrence des importations bas prix. Bien quil existe des restrictions aux importations, elles sont rgulirement contournes.

    La croissance dmographique de la RDC (3% par an), combine laugmentation des revenus et la croissance urbaine, devrait entraner une forte croissance de la demande nationale en viandes/protines animales au cours des prochaines annes (de lordre de 5%/an). La consommation actuelle (estime environ 15 kg/an/habitant) est trs infrieure aux recommandations de la FAO qui suggrent 25 kg par personne et par an. A cette croissance de la demande, sajoute pour les producteurs nationaux la possibilit de combler une partie des importations. Comme mentionn ci-dessus, la production nationale de reprsente en effet que 20% de la consommation du pays et le remplacement des importations reprsente donc une opportunit de croissance considrable pour les producteurs congolais, sans compter sur celle que pourrait fournir les marchs de des pays voisins.

    La RDC dispose datouts considrables pour rpondre cette demande. Les vastes tendues de savanes aujourdhui inexploites peuvent tre mises au service du dveloppement de la production bovine extensive. La RDC serait en effet dote de prs de 90 millions dhectares de pturage, soit un plus du tiers de la superficie totale du pays qui pourrait accueillir quelque 40 millions de units gros bovins et fournir prs de 1,5 millions de tonnes de viande par anne, mme en levage extensif, soit 23 kg/habitant. Le pays dispose en outre damples opportunits pour limplantation dunits de production avicole ou porcine du type industriel ou semi industriel autour des centres urbains. En effet, le pays produit une grande varit de crales, lgumineuses (soja) et tubercules (manioc) qui peuvent servir de base lalimentation du btail. Ce potentiel est lheure actuelle grandement sous-utilis. Le dveloppement des levages cycle court en priphrie des grands centres urbains non seulement valoriserait les productions vgtales locales mais aussi fournirait des aliments faible cot une population urbaine aux revenus encore modestes.

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    Carte 1.1. Zones d'levage et pche en RDC

    Source : Banque mondiale, revue du secteur agricole, 2006

    Le secteur est cependant confront de multiples difficults : difficult dobtention daliments pour le btail, absence de vaccinations et de services vtrinaires, dfaut de races amliores pour la reproduction de toutes les espces animales et infrastructures en ruines. Actuellement, lencadrement des leveurs est pratiquement absent. Le personnel dencadrement (vtrinaires, zootechniciens et techniciens) a considrablement diminu et est positionn loin des leveurs, essentiellement dans la capitale et les autres agglomrations urbaines du pays. Le harclement administratif et les conflits fonciers sont galement de gros obstacles. Enfin, la production animale souffre de la concurrence dimportations massives de viandes et poissons surgels bon march. Le dveloppement du secteur de llevage en RDC dpendra donc de la capacit du pays mobiliser les ressources ncessaires lexploitation effective de son potentiel naturel. Les mesures dj mises en application, comme lexonration sur les intrants agricoles et vtrinaires et lapplication de mesures proposes dans la Note de politique agricole, notamment ltablissement dun cadre incitatif pour les investisseurs et la scurisation foncire dans le but de faciliter les investissements, sont essentielles pour le dveloppement du secteur. Mais ce dernier demandera aussi un meilleur accs des producteurs aux races amliores, aux intrants et aux services de conseil et de sant animale, pour amliorer

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    la conduite et la sant des levages. Cela est particulirement le cas pour les leveurs du secteur traditionnel et les petits levages semi-modernes. Le dveloppement du secteur demandera enfin des appuis financiers la reconstitution des troupeaux.

    La faiblesse persistante des ressources de lEtat et celle, probable, des services publics implique que ltat recentre son effort sur (i) ses missions rgaliennes -- rglementation, recherche, contrles sanitaires et des pizooties -- et (ii) un soutien limplication du secteur priv dans les activits productives et dans la fourniture de services marchands aux leveurs par des oprateurs tels que les ONG5, les prestataires privs (y-compris l appui aux vtrinaires privs) et les grandes exploitations commerciales pouvant trouver leur intrt a apporter un soutien aux petits producteurs individuels (ou leurs associations) tablis dans leur zone dinfluence.6 Ces propositions semblent offrir une option crdible pour reconstituer rapidement le cheptel en sappuyant sur lexprience et la capacit existante tant au niveau des matres duvre qu celui des bnficiaires. Pour la relance de l aviculture et de la porciculture semi-industrielle priurbaine, qui demandent une trs bonne matrise technique et financire, une option intressante serait de mettre en place, comme recommand dans la Note dorientation stratgique pour le dveloppement agricole , un partenariat public-priv charg de fournir les intrants de bonne qualit (poussins de un jour, gniteurs, aliments de btail quilibrs) et les services (vaccinations, formations, conseil en gestion d levage) ncessaires. Cette option demanderait cependant une trs bonne coordination des actions et donc tre mise en uvre dans le cadre dun projet spcifique de grande envergure.

    d. PcheLa RDC dispose de 59 000 km2 de plans deaux intrieurs pour la pche: 34 000 km2 de rivires et marais dans le vaste bassin du Congo et 25 000 km2 de lacs dans la Valle du Rift. Cela reprsente un potentiel productif considrable, aujourdhui largement sous-exploit. Les principaux plans deau intrieurs sont donns dans lencadr ci-dessous. Par contre, le pays na pratiquement pas de cte sur lAtlantique et son potentiel de production de poissons de mer est trs modeste. Dans les annes 80, le produit de la pche maritime ne reprsentait que 2% du total national. Nagure, la pche maritime de la RDC dpendait daccords pour lexploitation des eaux territoriales des pays voisins: Angola, Rpublique du Congo, Gabon et Namibie. Du fait de la guerre et de linstabilit politique, le maintien de ces accords a t alatoire. En outre, la dgradation du climat conomique et des possibilits de commercialisation ont amen une dtrioration de la flotte de pche faute dentretien.

    Le potentiel daquaculture en RDC est considrable notamment autour des grandes villes, o lon peut pratiquer plus aisment des techniques aquacoles intensives, orientes vers le march. Laquaculture a commenc en RDC ds les annes 1940. Lors de lindpendance, il y avait dj 45 centres dalevinage dune capacit de production totale de 10 000 tonnes par an. Ces centres fournissaient environ 15 000 aquaculteurs,

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    exploitant quelque 126 000 tangs reprsentant une superficie totale denviron 9 000 hectares. Les rendements annuels taient de lordre de 75 kg/ha et la production totale tait estime quelque 70 000 tonnes. Malheureusement, aprs lindpendance, ces centres ont rapidement dclin en raison de la situation conomique, du retrait de lassistance technique extrieure et de dizaines dannes de guerres et de troubles civils. Plusieurs projets ont t lancs dans les annes 70 et 80 pour relancer le secteur, mais ces efforts ont t interrompus au dbut des annes 90, du fait de la suspension de laide trangre pendant les troubles civils de 1991 et 1993. On na pas dinformations rcentes de ltat de laquaculture en RDC.

    Encadr 1.1. Principales zones de pche en RDC

    Le lac Mweru Luapula, entre la RDC et la Zambie (le secteur de la RDC reprsente 42% de sa surface) a historiquement servi dimportante zone de pche commerciale approvisionnant les marchs des districts miniers de la province du Katanga. On na pas de chiffres fiables pour connatre lvolution des prises et de leffort du ct de la RDC, mais on peut estimer, trs en gros, que 4 500 pirogues sont exploites par environ 5 500 pcheurs. La production totale du lac, ces dernires dcennies est estime environ 13.000 t. par an.

    Le lac Tanganyika est commun la RDC (45%), la Tanzanie (41%), au Burundi (8%) et la Zambie (6%). La pche sy est fortement intensifie au cours des dernires dcennies du fait de la spectaculaire expansion de la population et des habitations autour du lac et ladoption de diverses innovations techniques, telles que les lampes au krosne pour la pche de nuit, les filets en matire synthtique et la motorisation des bateaux. Le volume annuel des pches pour lensemble du lac, ces dernires annes, a t estim entre 165 000 et 200 000 t la part de la RDC tant estime en 1995 environ 90 000 tonnes. Cette anne-l, il y avait 417 sites de dbarquement le long de la cte de la RDC, environ 26.300 pcheurs et 10 650 bateaux de pche.

    Le lac Kivu est commun la RDC (58 % de sa superficie) et au Rwanda. Au dbut des annes 90, aprs une priode dassistance technique extensive au secteur rwandais, le total des petits dbarquements plagiques tait estim environ 3 200 t et ceux dautres espces environ 4 300 t. La pche a t fortement affecte par les troubles civils et les guerres de la rgion au cours de la dcennie et les volumes de pche ont volu en consquence.

    Le lac douard est commun la RDC (71%) et lOuganda (29%). Il a fourni dimportants volumes de pche dans le pass, mais on ne connat pas les prises rcentes dans le secteur de la RDC. Les informations sur le dbut des annes 90 donnent une production de 11 400 t par an pour la RDC pendant cette priode.

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    Le lac Albert est commun lOuganda (54%) et la RDC (46%). Comme les autres grands lacs de la Valle du Rift occidentale, il porte une grande diversit de poissons. Les statistiques des annes 80 montrent que les volumes pchs dans lensemble du lac ont fortement vari : entre environ 7 000 environ 20 000 t. Sur les quelques unit industrielles qui pchaient dans les eaux de la RDC au dbut des annes 70, une seule serait encore en exploitation.

    Le Bassin du fleuve Congo. Le fleuve Congo et ses affluents reprsentent quelque 33 000 km de voies deau. Pendant les hautes eaux, les plaines dinondation et les marais couvrent des dizaines de milliers de km2. Les zones inondes nont pas t mesures prcisment : les estimations vont de 25 000 50 000 km2. Les rapports de la FAO du milieu des annes 80 indiquent : un potentiel annuel de rendement de 90 000 t ou plus ; un effort trs dispers, certains groupes de pcheurs travaillant partir de petits villages ou de campements temporaires et utilisant des mthodes traditionnelles de pche et un volume de prises de lordre de 20 000 t atteignant les marchs de Kinshasa.

    Autres lieux de pche : (i) lensemble de lacs et de zones inondables de Lualaba, aussi appel la Dpression de Kamolondo, qui comporte plus de 50 lacs de toutes tailles tait estim, au dbut des annes 80 produire un volume de prises compris entre 10 et 16 000 t ; (ii) les forts inonds du bassin central du Congo dans la rgion de Mbanda-ka au confluent entre lOubangui et le Congo , qui couvre prs de 38 000 km2, dont le rendement potentiel annuel est estim entre 100 000 et 120 000 t ; (iii) le lac Tumba, pice deau peu profonde dont le potentiel annuel est estim entre 2 000 et 3 500 t ; (iv) le lac Mayi Ndombe, lac peu profond du mi-Congo et les forts inondes et marais qui lentourent, dun potentiel annuel estim environ 1 000 t et enfin (v) le Pool Malebo (anciennement Stanley Pool), le grand lac fluvial form par llargissement du fleuve Congo entre les villes de Kinshasa et de Brazzaville o le total annuel des prises, au milieu des annes 80, tait estim, pour la RDC, entre 3 000 et 3 500 t.

    La production nationale est estime environ 200 000 tonnes par an. La consommation par habitant et par an est estime environ 6 kg, soit une consommation annuelle totale de poisson denviron 400 000 tonnes. Le solde des besoins est satisfait par des importations de poissons congels bon march (200 000 tonnes en 2006) reprsentant une valeur denviron 75 millions dUSD.7 Au taux de croissance actuel (la population du pays va doubler dici 25 ans), en supposant que la consommation par habitant reste son niveau actuel, la demande totale de poisson devrait atteindre 800 000 t par an vers 2035. Si on prend en compte une augmentation, mme modeste, de la consommation par habitant, la demande annuelle totale pourrait atteindre un million de tonnes.

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    Bien quil ne soit pas possible dtablir une image fiable de la production actuelle et du potentiel des pches de RDC (les donnes statistiques et autres sur les divers plans deau font dfaut ou sont primes), il est vident que lnorme potentiel du pays est actuellement sous-exploit. En 1997, la FAO estimait que le potentiel national de production reprsentait environ 700 000 t/an, dont moins de 10 000 t. venant de la mer. Il y a donc une grande marge pour augmenter la production intrieure et contenir les importations. Malheureusement, le trs mauvais tat des infrastructures de transport et labsence totale dune chane du froid limite srieusement les possibilits dapprovisionnement des grands centres urbains, et donc lincitation augmenter leffort de pche. La rnovation de la navigation fluviale, des routes rurales et des infrastructures commerciales sont donc cruciales pour le dveloppement du sous-secteur de la pche. La production de la pche artisanale intrieure est de loin la principale source potentielle de croissance. Elle pourrait tre renforce par: ladoption de techniques et dquipements modernes de pche (canots moteur), par lorganisation des pcheurs pour faciliter la commercialisation de leurs produits et par la rduction des pertes aprs prises, qui sont trs leves. Lexpansion de la pche maritime ne sera pas possible sans une expansion vers les zones maritimes des pays voisins, ce qui ncessiterait des accords de pche effectifs avec eux. Enfin, le dveloppement de la pisciculture offre un potentiel considrable pour lapprovisionnement des grandes villes. Le grand obstacle une croissance durable de la production reste la concurrence des importations bon march de poisson congel (chinchard). Il est trs peu probable que la production intrieure soit capable de devenir comptitive par rapport ces importations de mauvaise qualit venant des flottes de pche industrielles ocaniques. Toute stratgie de dveloppement du secteur de la pche ncessitera donc une protection raisonnable contre les importations de produits de basse qualit. Cela ncessitera un arbitrage difficile entre les intrts de deux groupes sociaux majeurs: les consommateurs et les producteurs ruraux pauvres.

    III. changes extrieursLvolution long terme de la balance commerciale agricole de la RDC depuis lindpendance a subi un effet de cisaille: les exportations, considrables en 1960, ont trs rapidement chut aprs lIndpendance8 et sont devenues ngligeables ds 1980, tandis que les importations, essentiellement de denres alimentaires, ont augment exponentiellement pour approvisionner le march intrieur, principalement Kinshasa. Cette volution reflte linteraction de trois forces: (i) le dclin de la production globale mais surtout de la production commercialise, les producteurs, coups des marchs, ayant opt pour une stratgie dautosuffisance alimentaire, (ii) leffet de la dmographie sur la demande et (iii) leffet inhibant de la monte gnrale de la pauvret sur la demande.

    Leffondrement de la production agricole est particulirement marqu dans le secteur des cultures industrielles/dexportation dont les exploitations modernes taient

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    le moteur, ouvrant le march la production villageoise et leur offrant un appui la production. Les exportations de bananes et dhuile darachide se sont arrtes ds 1970, celles de coton en 1977 et celles dhuile de palme en 1985. A lheure actuelle, la RDC exporte encore du caf (robusta et arabica), du cacao, du th, du quinquina et du latex, mais en quantits ngligeables.

    Tableau 1.2: Exportations agricoles de la RDC, 1960-2000

    Source: Ministre de lagriculture et de llevage et DGDA. Le caractre trs fragmentaire et incertain des chiffres de commerce extrieur de la RDC sapplique bien entendu aux changes de produits agricoles. Ces chiffres sont donc prendre avec la plus grande prudence.

    Les importations de produits alimentaires, elles, ont connu une volution inverse. Les producteurs congolais ont t graduellement coups de leurs principaux marchs par linscurit grandissante dans les zones rurales, la forte augmentation des cots de transport due la dgradation des infrastructures et le racket systmatique pratiqu par des administrations publiques et des groupes arms. Par ailleurs, ils ont aussi cess davoir accs aux services essentiels semences, intrants, conseil ce qui a entran une baisse de la productivit agricole. Les producteurs, lexception de ceux situs proximit immdiate des grands centres de consommation, ont donc opt pour une stratgie dautosuffisance, ne commercialisant que le surplus occasionnel de leur production. Les grandes villes, en particulier Kinshasa, ont donc cess dtre approvisionns par la production intrieure et ont d se tourner vers les importations, mme pour des produits pour lesquels le pays a des avantages comparatifs certains, comme le riz, le mas, lhuile de palme et la viande.

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    Tableau 1.3: Importations agricoles de la RDC, 1959-2006

    Source: Ministre de lagriculture et de llevage et DGDA

    Bien que la dficience des statistiques agricoles ne permette pas encore de ltablir avec certitude, il semble que le retour de la paix et de la scurit dans une grande partie du pays depuis 2002 ait permis une reprise de lactivit agricole et un dbut de redressement des exportations (arabica, latex, th). Il est encore trop tt pour dterminer si le redressement du secteur a permis une rduction structurelle des importations alimentaires. Laccroissement de la population et des revenus, urbains en particulier, va provoquer une augmentation de la demande alimentaire, mais il faudra que la production nationale soit comptitive avec les importations concurrentes pour quelle puisse reconqurir de sa part de march et permette une rduction des importations. Bien que, comme on la dit, la RDC possde des avantages comparatifs certains pour la production dun grand nombre de produits agricoles, de nombreuses contraintes devront tre leves pour transformer cet avantage comparatif en relle comptitivit.

    IV. Perspectives de croissanceLa situation semble favorable a une reprise soutenue de la croissance agricole, tant sur le march national que sur les marchs rgionaux et internationaux. La reprise de la croissance nationale partir de 2002 ainsi que la monte des prix des produits agricoles sur les marchs internationaux ont cr une opportunit importante pour lagriculture congolaise, tant pour les produits dexportation que pour les produits de substitution aux importations. La demande intrieure est trs porteuse pour les cultures vivrires et pour les produits de llevage. Les marchs rgionaux, qui enregistrent depuis la fin des annes 90 une croissance substantielle, reprsentent un gisement de croissance considrable pour les producteurs congolais. Enfin, les marchs mondiaux, malgr la chute brutale quils ont connue depuis le dbut de la crise financire internationale (mi-2008), reprsentent un dbouch pratiquement illimit pour un pays dont les exportations actuelles sont ngligeables.

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    a. Le march nationaltant donn limportance dterminante des cultures vivrires dans la production agricole de la RDC, le march national est un dbouch incontournable pour la croissance du secteur agricole. En raison de la baisse des revenus, la demande intrieure a t au mieux stagnante au cours des deux dernires dcennies, le dclin des revenus annulant laccroissement de la population, comme le montre la dgradation continue de la situation nutritionnelle des mnages dans les grands centres urbains. Cependant, la reprise de la croissance conomique depuis 2002 devrait permettre aux revenus, en particulier urbains, de progresser et donc de soutenir une demande croissante en produits alimentaires. En effet, la croissance du PIB par habitant a t denviron 3% par an au cours de la priode 2003-2008. Les mnages devraient utiliser une grande partie de laugmentation de leurs revenus non seulement pour amliorer leur tat nutritionnel (pour la plus grande partie de la population), mais aussi de faon progressive, pour rorienter leur consommation vers des produits plus haute valeur ajoute (fruits et lgumes, viandes). Leffet combin de la croissance dmographique (au rythme trs lev de 3% par an), de la hausse des revenus et de lattrait croissant pour les produits de plus haute valeur pourrait donc se traduire par une progression de la demande intrieure en produits alimentaires dau moins 6% par an moyen terme.

    De plus, la substitution de produits locaux aux importations alimentaires reprsente un gisement non-ngligeable de croissance pour le secteur. Laugmentation des prix des produits agricoles sur les marchs internationaux constitue une excellente opportunit pour lagriculture congolaise et lamlioration des infrastructures de transport entre les principaux centres urbains. Leurs bassins de production des produits locaux devraient leur permettre dtre pleinement comptitifs avec les produits imports. Cela semble tout fait possible pour le riz, le mas, lhuile de palme, les produits carns et peut-tre pour le sucre dont les prix, bien quayant baiss depuis les plus hauts atteints la fin 2008 devraient cependant rester levs lhorizon 2015 (470 $/tonne pour le riz, 780 $/tonne pour lhuile de palme, voir ci-dessous). Dautre part, il existe un potentiel important de substitution de la farine de manioc la farine de bl importe pour la production de pain (20% de farine de manioc naltre pas le got, et amliore la dure de vie et la texture du produit) et la production de gari peut aussi constituer, comme en Afrique de lOuest, une alternative la consommation de pain et de riz. La substitution dune partie des importations actuelles reprsente une source de croissance additionnelle pouvant entraner une croissance globale de la demande nationale en produits alimentaires de lordre de 7% 8% par an sur les 5 7 prochaines annes. Si la rponse des producteurs congolais tait proportionnelle cette demande, cela aurait un effet majeur sur la rduction de la pauvret, en particulier en zone rurale. Il est en effet dmontr que la croissance des revenus agricoles non seulement a des effets multiplicateurs importants sur lconomie non-agricole locale mais encore contribue lattnuation de la pauvret dans les autres secteurs de lconomie et dans les zones urbaines.

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    b. Les marchs rgionauxLes marchs des pays de la sous-rgion prsentent une source de croissance non-ngligeable pour les producteurs congolais situs dans les provinces limitrophes. Les grands mouvements dchanges frontaliers sont illustrs dans la carte ci-dessous. Le dbouch principal pour les producteurs du Bas-Congo, de Bandundu et de lquateur est la rgion mtropolitaine de Kinshasa, mais aussi les marchs de la Rpublique du Congo, du Gabon, du Cameroun et de la Rpublique centrafricaine. Le march principal pour les producteurs situs dans le sud du pays est le bassin minier du Katanga, mais aussi la Zambie, lAngola, le Zimbabwe, et mme lAfrique du Sud. Les dbouchs extrieurs principaux des producteurs des deux Kivu et de lIturi sont les pays de la rgion des Grands Lacs : lOuganda, le Burundi, le Rwanda, et les rgions situes louest en Tanzanie et au Kenya.

    Carte 1.2. Mouvements commerciaux transfrontaliers en RDC

    Source: OCDE 2001 (Congo: les espoirs dus du Brsil africain)

    Des circuits commerciaux transfrontaliers, largement informels, sont dj actifs et permettront aux producteurs nationaux de produits alimentaires (mais peut-tre aussi de coton) de tirer parti de la croissance relativement soutenue des pays de la sous-rgion (haricots, btail, th pour le Kivu; mas et btail pour le Katanga; manioc, huile de palme, robusta pour lquateur et le Bas-Congo). Par ailleurs, les pays limitrophes sont utiliss comme plateformes dexportation, car ils disposent dune meilleure logistique. Une

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    bonne partie des exportations de caf du Rwanda est ainsi originaire des Kivu, transitant par laxe nord (Goma-Kigali-Kampala-Nairobi-Mombasa). La RDC est membre de la SADC et du COMESA et les opportunits du march rgional ne peuvent que se dvelopper avec lapplication des accords rgionaux et le renfoncement de lintgration rgionale.

    c. Les marchs internationauxLes prix actuels et prvus moyen terme des produits dexportation principaux de la RDC (arabica, robusta, th, cacao, latex) sont trs favorables et comme la RDC est un producteur tout fait marginal, elle naurait pas de problme y couler une production plusieurs fois suprieure ses niveaux actuels. Lvolution prvue des prix mondiaux pour ces cultures est prsente dans le tableau ci-dessous. Du fait dune forte demande des marchs dvelopps et mergeants, les prix de presque tous les produits de base, y compris agricoles, ont trs fortement augment aprs 2005 et ont connu un pic vers la mi-2008. Aprs cette date, les prix se sont effondrs en raison de la crise financire qui a brutalement frein la croissance conomique des pays dvelopps et mergents. La chute brutale de la demande en produits agricoles a entran une rduction marque de leurs cours sur les marchs internationaux mais un niveau suprieur celui des annes 2005-06. La relance conomique, mme modeste, qui a dbut mi-2009 devrait contribuer maintenir les prix internationaux un niveau relativement lev moyen terme, tant entendu que toute rechute de la croissance mondiale aurait un effet ngatif sur le cours des matires premires.

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    Huile de palme. La demande mondiale pour lhuile de palme a considrablement augment ces dernires annes (plus 10% par an depuis 2000) et devrait se maintenir. Moins chre que les huiles vgtales classiques, elle est devenue lhuile la plus consomme au monde. Par ailleurs, elle entre dans la composition de nombreux produits industriels, pharmaceutiques et cosmtiques. Son faible cot de production en fait un candidat idal pour la fabrication de biocarburants (biodiesel), une industrie en pleine expansion (35% daugmentation de production annuelle depuis 2002) avec laugmentation du prix des produits ptroliers et qui offre des dbouchs importants pour la filire, dautant plus que les exigences de qualit sont moins grandes que dans lindustrie agro-alimentaire. Sur les 5 10 ans venir le prix de lhuile de palme devrait osciller autour de 800 USD/tonne.

    Caoutchouc. Le caoutchouc sert en majorit lindustrie automobile et en particulier la fabrication de pneumatiques. Le caoutchouc naturel couvre 40% des besoins mondiaux, le reste tant couvert par le caoutchouc synthtique fabriqu partir du ptrole. Entre 2001 et 2008, la hausse des cours du ptrole a renchri le cot du caoutchouc synthtique et pouss celui du caoutchouc naturel dont le prix a t multipli par cinq (de 0,50 $/kg en 2000 2,50 $/kg en 2008). Avec la crise financire et la crise de lindustrie automobile dans les pays dvelopps, la demande en pneumatique et en caoutchouc sest contracte et les prix ont fortement chut avant de remonter autour de 2,60 $/kg aujourdhui. On prvoit que les cours se stabiliseront autour de 2,20 USD/kg moyen terme, la principale incertitude tant le cours du ptrole, qui ne devrait pas baisser significativement.

    Caf. Le prix de larabica a t en moyenne de 3,00 USD/kg et celui du robusta de 1,70 USD/kg en 2009. La consommation mondiale augmente de 2%/an. Et les cours internationaux ne devraient pas enregistrer de baisse significative au cours des prochaines annes. Une production mondiale plus faible de robusta pourrait mme pousser son prix la hausse. Cependant la grande volatilit des prix du fait de rcoltes alatoires rend les opportunits de croissance pour ce secteur plus alatoires. La production pour des marchs de niches (bio, commerce quitable), ou pour des marchs exigeants (EU, USA) des prix suprieurs offre des perspectives de croissance plus prometteuses. Nanmoins elles supposent que les producteurs disposent des capacits suffisantes pour mettre en place les canaux de distribution ncessaires et faire face aux exigences de traabilit et de qualit de ces marchs.

    Th. La demande internationale na cess daugmenter au cours des 40 dernires annes, au rythme annuel soutenu de 3% (1,1 million de tonnes en 1960 contre 3,8 million en 2007). Environ 75% de la production est assure par quatre pays : Chine (30%), Inde (28%), Kenya (10%) et Sri Lanka (8%). Les grands pays producteurs tant galement des pays consommateurs, 40% seulement de la production mondiale est exporte. Ainsi, bien qutant de relativement petits producteurs, les pays africains reprsentent 30% des

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    exportations mondiales de th. Sur le march international le th est en majorit vendu aux enchres. Les prix sont trs volatiles en relation directe avec la qualit et la quantit des rcoltes annuelles. En 2009, ils ont t de 2,70 USD/kg, soutenus par un dficit de loffre par rapport la demande. La croissance soutenue de cette dernire, malgr laugmentation prvue de la production et lentre sur le march international du Vietnam, devrait permettre de stabiliser les prix autour de 2,30USD/kg. Comme dans le cas de larabica, il est important pour la RDC de positionner sa production sur les marchs du th de qualit qui obtient des prix trs suprieurs ceux du th tout-venant. Ceci est tout fait envisageable vu les conditions agro-climatiques trs favorables la production de th de qualit dont dispose la RDC, mais demandera des investissements considrables en matire de varits et dusinage.

    Cacao. Le cacao est lun des seuls produits de base ne pas avoir enregistr limpact ngatif de la rcession conomique et avoir vu, au contraire, son cours ne cesser daugmenter sur les marchs internationaux pour atteindre 3,5 USD/kg en dcembre 2009, plus haut depuis prs de 30 ans. Cette envole est due principalement aux proccupations du march face aux incertitudes pesant sur la production de Cte dIvoire, premier producteur mondial court terme, mais aussi plus long terme cause du vieillissement des plantations et dun ventuel dclin structurel de la production. Cependant cette hausse des cours internationaux devrait freiner la demande et inciter les planteurs ivoiriens renouveler les plantations et les autres pays producteurs (Ghana, Indonsie) accrotre leur production. Le prix devrait donc baisser au cours des prochaines annes, tout en restant attractif (environ 2,0 USD/kg) pour les producteurs.

    Coton. Le cours du coton sur le march international a t de 1,40 USD/kg en moyenne en 2009, dprim par une surproduction due aux subventions accordes dans certains pays industrialiss (USA, EU), la concurrence des textiles synthtiques et le ralentissement de la croissance conomique mondiale. court et moyen terme il devrait osciller entre 1,40 et 1,60 USD/kg, car on peut sattendre une reprise conomique. La demande en coton qui y est associe tant compense par laugmentation de la production tire en partie par lutilisation de plus en plus gnralise de semences Bt (plus de 50% des surfaces plantes).

    Le march international semble donc trs favorable au dveloppement des produits dexportation traditionnels de la RDC, qui a, comme on la not, dimportants avantages comparatifs agro-climatiques pour leur production. Cependant, transformer cet avantage comparatif en vritable comptitivit et ainsi profiter des opportunits offertes par le march international demandera que soient leves les svres contraintes qui ont provoqu la quasi-disparition de secteurs jadis florissants. Les paragraphes ci-dessous abordent brivement des contraintes transversales les plus importantes.

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    V. Principales filires agricolesA. MasProduction. Aprs le manioc, le mas est la principale denre alimentaire produite en RDC, loin devant le riz. Sa consommation est surtout importante dans les savanes du nord du pays et dans les provinces du sud : le Katanga et les deux Kasa. Il est produit dans lensemble du pays mais quatre provinces reprsentent prs de 70% de la production nationale: le Katanga (23%), le Bandundu (17%), le Kasa Oriental (17%) et le Kasa Occidental (13%). La culture du mas est domine par les exploitations traditionnelles de trs petite taille, centres sur lautoconsommation et la scurit alimentaire familiale, qui nutilisent aucun intrant et qui cultivent le mais le plus souvent en association (manioc, arachide). Il existe cependant des exploitations de plus grande taille produisant en culture pure pour le march, surtout dans le Katanga et les provinces du Kasa. La superficie totale occupe par la culture du mais serait de 1,5 million dhectares et le rendement moyen serait de 0,8 t/ha. La production aurait lgrement progress (de 1 100 000 t. en 1996 environ 1.200.000 t. en 2010).

    Les provinces du Sud (Katanga, Kasa), trs grandes consommatrices de mas, sont fortement dficitaires et doivent importer, principalement des pays dAfrique australe. Six provinces produisent plus quelles ne consomment et exportent vers les grandes villes: le Bas-Congo, le Bandundu, lquateur, la Province Orientale, le Maniema et le Nord Kivu. Mais le pays, en dpit de conditions agro-climatiques favorables la production de mas, est globalement trs dficitaire et doit en importer de grandes quantits pour satisfaire la consommation nationale. Dj estim 71 000 tonnes en 1995, ce dficit aurait atteint plus de 800 000 tonnes en 2010.

    Dans leur trs grande majorit, les exploitations paysannes nutilisent aucun intrant, engrais ou semences amliores. Le matriel vgtal utilis (varits traditionnelles composites) est prlev sur la propre production de lexploitant. Il est trs largement dgrad suite une utilisation sur de nombreux cycles de production sans renouvellement des semences. Un trs petit nombre de grands exploitants, essentiellement au Katanga, se procurent eux-mmes des semences amliores, y compris des hybrides, dans les pays limitrophes. Il existe aussi un nombre limit (mais en progression) de petits exploitants (en gnral encadrs par des ONG) qui utilisent des semences amliores. Les varits amliores actuellement disponibles sont cependant peu performantes: leur rendement ne dpasse pas 3 t/ha.

    Le Programme national Mas (PNM), financ par lUSAID, avait permis lintroduction de plusieurs nouvelles varits, y compris des hybrides, partir de 1991. Mais les activits de recherche sur le mas nont pas bnfici des appuis rcemment apports au manioc et au riz. LINERA a continu produire de trs petites quantits de semences de pr-base et de base de mas. La production des semences commerciales dites certifies est

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    actuellement entre les mains dun nombre important dacteurs disparates fermes prives, fermes semencires dites autonomes et rseau dONG mais le manque de suivi et de contrle ne permet pas den assurer la qualit. Les activits damlioration varitales et de multiplication des semences demandent tre soutenues.

    Utilisation. Seul ou mlang la farine du manioc, le mas intervient dans le repas quotidien des habitants de la plupart des rgions du pays : sous forme dpis (frais) bouillis ou grills, sous forme de bouillie surtout pour les enfants, de semoule ou de pte. Dans les grandes villes, la farine de mas est mlange la farine de manioc pour former le Foufou. Les principales rgions consommatrices sont les provinces du sud Katanga et les Kasa et Kinshasa o la consommation annuelle par tte est depuis de nombreuses annes en forte hausse. Les provinces du sud reprsentent plus des deux-tiers de la consommation nationale annuelle (Katanga, 34%, Kasa oriental 18% et le Kasa occidental 16%). Elles sont trs dficitaires, surtout le Katanga. Par le pass, les grandes socits minires y avaient de grandes fermes (par exemple, Gcamines dveloppement) et il existait aussi de grandes fermes commerciales sur les hauts plateaux du Katanga (anciennes fermes des colons). Mais cause des guerres successives, toutes ces socits ont cess de fonctionner part quelques-unes rcemment installes avec laide/ la demande du gouvernement. De grandes quantits de mais sont importes de Zambie et dAfrique du Sud (surtout sous forme de farine).

    Les autres utilisations du mais incluent: (i) la fabrication de bire artisanale appel Lotoko (de loin la plus importante utilisation) ; (ii) lutilisation par les socits brassicoles et (iii) la fabrication daliments de btail (dans les villes de Kinshasa, Goma et Lubumbashi), spcialement pour la volaille et le porc). La production damidon et drivs (sirops, dextrose, dextrine, polyols) issus du mas et utiliss dans dautres pays dans lagro-alimentaire, la papeterie et dautres applications industrielles, telles que lthanol, ne se trouvent pas encore en RDC et leur mergence ne se fera que dans le long-terme.

    Commercialisation. Le mas est rcolt sous deux tats diffrents : frais et sec. Lorsquil est rcolt frais, les pis sont prpars bouillis ou braiss pour la consommation immdiate. Le mas grain est obtenu aprs schage et grenage, et sert soit la production de la farine par pilage ou broyage, soit la fabrication de lalcool. Les conditions de conservation et de stockage sont dfectueuses. Le schage est insuffisant et les greniers, gnralement construits en terre battue, ne constituent pas des abris appropris contre les prdateurs et les intempries. Les mauvaises conditions de rcolte, de schage et de stockage provoquent des pertes trs importantes.

    Le paysan vend la plus grande partie de sa production de mas frais sur le march local. La quasi-totalit de mas grain est vendue pour tre coule vers les grands centres de consommation. Le prix du mas au producteur varie dune zone une autre et il est

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    fortement li au degr denclavement de ces zones. En milieu paysan comme en ville, le mas grain comme la farine sont vendus par diverses mesures (verre, gobelet et sac). Dune manire gnrale, le mas est vendu au comptant. En cas dinvendus, ceux-ci trouvent un dbouch auprs des fabricants dalcool et daliments pour btail. La variation temporelle de prix du mas suit le rythme de la campagne agricole. Le prix baisse en priode dabondance de produit sur le march (rcolte) et augmente en priode de raret de produit sur le march (semis).

    La commercialisation du mas grain est domine par des petits oprateurs qui interviennent avec moyens trs modestes. Les collecteurs ambulants achtent les produits soit au grand march du village, organis hebdomadairement, soit de village village et le transport se fait en gnral par vlo ou chariot deux roues du village dachat au centre de groupage, puis est achemin par camion ou par bateau vers le centre de consommation. Le mas peut tre transport sur de longues distances sur les innombrables rivires et voies fluviales de la RDC. Au niveau des centres de consommation, il est vendu des grossistes pour la fabrication dalcool ou de farine. Au niveau des dtaillants, les transactions portent en gnral sur de petites quantits pour la consommation quotidienne.

    Transformation. Une partie du mais frais est transforme au niveau local par les producteurs ou des vendeuses ambulantes qui proposent des pis de mas bouillis ou grills pour une consommation immdiate. La mais grain sert la production farine, lalcool, les aliments de btail et les produits de brasseries. Kinshasa, le Katanga et les deux Kasa constituent de grands centres pour les besoins industriels (provenderies et fabrication dalcool). Des producteurs, des ONG et des oprateurs artisanaux fabriquent de lalcool ou font la mouture par pilage ou au moyen de petits moulins. On trouve du matriel de pilage (pilon et mortier), des moulins et des ustensiles de distillation de lalcool partout, tant en ville qu la campagne. Les moulins sont principalement installs dans les centres urbains (chefs-lieux de provinces, de districts, de territoires). En dehors des minoteries industrielles de CDI BWAMANDA (quateur et Kinshasa) et de MIDEMA Kinshasa, les moulins des petits transformateurs sont de taille modeste (300 800 kg/jour). Les provenderies sont essentiellement installes dans les grands centres urbains, surtout pour llevage de volailles et de porcs. Bien que la demande en aliments de btail se dveloppe rapidement, elles fonctionnent pour le moment en surcapacit. Cette surcapacit, les difficults dapprovisionnement et les cots de transport nuisent fortement leurs cots de production9 et les leveurs, dont le pouvoir dachat est faible, ne peuvent acheter les aliments qui seraient ncessaires leur production.

    Perspectives de croissance. Le mas offre un potentiel important de dveloppement car cest une culture qui se prte bien lintensification et dont les dbouchs sont assurs tant pour lalimentation humaine que pour des utilisations industrielles et lalimentation animale, notamment volailles et porcs. Laccroissement de la consommation nationale et le dveloppement de dbouchs agro-industriels (brasserie, ptes alimentaires,

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    provenderies, etc.) laissent esprer que la filire mas pourrait connatre un dveloppement soutenu l avenir. A moyen terme, la croissance du secteur pourrait atteindre 4 5% par an, tire par la consommation humaine, surtout dans les villes, y-compris par la demande en produits dlevage. plus long-terme, le dveloppement des utilisations industrielles, la reconqute du march des provinces du sud et le march rgional pourraient permettre une croissance plus soutenue encore. Les prix mondiaux du mais devraient se maintenir des niveaux assez levs (autour de 270 USD/t), soutenus par la croissance de la demande mondiale pour lalimentation animale etla production dthanol. Cela devrait se traduire par un renforcement des incitations donnes la production nationale et sa comptitivit sur le march rgional.

    Le march rgional offre un march potentiel considrable aux producteurs Congolais qui bnficient de conditions agro-climatiques favorables, sils peuvent tre comptitifs avec les importations provenant du march international. Le mais est en effet laliment de base en Afrique de lEst, et plus encore en Afrique Australe. Certains des grands pays de la rgion sont en dficit chronique (Kenya), dautres connaissent des dficits priodiques dus aux scheresses qui les affectent rgulirement (Malawi, Zambie, Zimbabwe, Mozambique). Cest l un march potentiel qui pourrait offrir des perspectives considrables aux producteurs congolais qui bnficient de conditions agro-climatiques favorables si toutefois, ils parviennent tre comptitifs par rapport aux importations provenant du march international.

    Le dveloppement des utilisations industrielles demandera la mise en uvre dune stratgie moyen/long terme en coordination troite avec celui du secteur levage et pisciculture10. Parmi les contraintes qui devront tre leves on peut noter : (i) la concurrence des importations; (ii) le faible niveau de structuration de la filire, y-compris le manque dinfrastructure de stockage, et une production trs atomise qui accroissent le cot dapprovisionnement des industries de transformation ; (iii) les difficults dapprovisionnement et le cot lev du transport (infrastructures, tracasseries), des sources dnergie (lectrique ou carburant) et des pices de rechange, y-compris pour les moulins de moyenne capacits; et (iv) laccs au crdit, pour linvestissement mais aussi et surtout pour le fonds de roulement. La stratgie de dveloppement industriel de la filire devrait tre bass sur une approche cluster ciblant des zones runissant la fois une haute demande potentielle et pouvant sapprovisionner facilement en matire premire et permettant un bon accs aux services essentiels et la promotion dune agriculture contractuelle liant les industriels aux gros producteurs capables de fournir de faon rgulire et fiable les quantits ncessaires.

    B. ManiocProduction. Le manioc occupe une place centrale dans la production agricole de la RDC (il reprsente en effet environ 75% en poids du volume total des produits vivriers).

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    Il est cultiv et consomm travers toutes les provinces du pays, des degrs divers, particulirement dans le Nord-Ouest du pays (Bas-Congo, Bandundu, quateur, Kasa et Orientale). Il ny a aucune statistique fiable sur les superficies plantes en manioc ou sur la production (les dernires statistiques fiables datent de 1995). On estime que la production est denviron 15,0 millions de t (sur une superficie denviron 2,2 millions dha) ce qui place la RDC la cinquime place dans le monde parmi les pays producteurs de manioc et la deuxime place en Afrique (loin) derrire le Nigria. Les rendements moyens entre 7 et 8 t/ha sont trs faibles trs loin de ceux atteints au Brsil (30 t) ou au Nigria (22 t).

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    La production du manioc en RDC comporte un secteur traditionnel et un secteur moderne.

    Le secteur traditionnel domine trs largement la production nationale. Il se caractrise par de trs petites exploitations familiales (entre 0,10 et 0,20 ha) et une culture en association (mais, arachide, bananier) sur brlis. La culture est manuelle et il ny a pas dutilisation des intrants modernes (varits amliores, engrais). Variable selon les milieux (fort ou savane), la rcolte est chelonne (le manioc se conserve mieux en terre) et le rendement est trs bas cause de lutilisation de varits traditionnelles au potentiel gntique trs dgrad et sensibles aux maladies et insectes (notamment la mosaque, lanthracnose et la cochenille) et de lutilisation de techniques culturales inadquates.

    Les exploitations modernes exploitent des superficies variant entre 5 et 10 ha. Elles utilisent une main duvre rmunre, les varits amliores, les engrais chimiques et les herbicides et les tracteurs pour le labour et le hersage. Les rendements sont plus levs (20-25 tonnes/ha). Ce type dexploitations se retrouve surtout autour de grands centres urbains.

    Consommation. On estime que la consommation de manioc en RDC, tous produits confondus, est denviron 250 kg/pers/an, la consommation rurale tant 1,5 2 fois plus leve que la consommation urbaine (150 kg/hab/an Kinshasa par exemple). Les produits les plus consomms par les mnages sont le pondu (feuilles de manioc), la Chikwangue (pate issue de la transformation par voie humide de racines de manioc), le fou-fou (farine ferment) et les racines crues11. Les produits industriels les plus importants en RDC, essentiellement prsents Kinshasa et dans les grands centres urbains, sont (i) la farine non-fermente, utilise par les boulangeries/ptisseries en substitution la farine de froment pour fabrication de pain, biscuit, gteau, beignet et autres produits snacks et (ii) dans une trs petite mesure, lamidon (en fait, la quasi-totalit de lamidon utilis par les diffrentes catgories dutilisateurs est importe). Il ny a pratiquement aucune production daliment de btail ni dautre produit industriel.

    Commercialisation. Le manioc subit des transformations conduisant divers types de produits. Le commerce du manioc et de ses drivs est totalement aux mains du secteur informel. Les marchs du manioc et ses sous-produits se concentrent dans les grands centres urbains et semi-urbains, notamment Kinshasa, Lubumbashi, Mbuji-Mayi, Kananga et Kisangani. Les circuits de commercialisation sont multiples et dpendent la fois de la taille des producteurs, de leur accs au marchs et des produits commercialiss. Les producteurs peuvent soit vendre les tubercules soit en assurer la premire transformation avant commercialisation. Des filires intermdiaires existent aussi o des produits connaissent une premire transformation en zone rurale et sont ensuite transforms en produits finis en ville (les cossettes et le kimpuka sont transforms en Chikwangue Kinshasa).

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    La collecte du manioc se fait par le biais dacheteurs se dplaant de village en village vlo ou pied et agissant souvent pour des grossistes. Lvacuation du manioc se fait vlo, par camion ou par voie fluviale. Les grossistes vendent gnralement sur les parkings ou les beach qui sont des terminus des camions ou des bateaux. Le manioc est alors vendu directement aux mamans dtaillantes qui lcoulent en petites quantits aux consommateurs soit sous forme de cossettes, soit en farine obtenue grce aux moulins installs aux alentours des marchs.

    La plupart des producteurs situs dans des zones approvisionnant les principaux marchs ont une assez bonne connaissance du prix des produits, grce notamment au tlphone portable est en train de devenir un outil dune grande importance dans les changes des produis vivriers au niveau des producteurs. Les facteurs dterminants dans la ngociation du prix sont la qualit et la quantit du produit. Le prix aux producteurs varie aussi en fonction de leur loignement des centres de consommation et du degr denclavement du lieu, ainsi que la priode de lanne. Le producteur ne reoit en gnral quenviron un quart de la valeur du manioc rendu Kinshasa, ce qui illustre bien les contraintes fortes imposes par ltat des pistes et les tracasseries ralentissent et grvent le commerce de manire excessive.12

    Il existe dimportantes variations temporelles des prix au cours de lanne, lies plusieurs facteurs. Dans les milieux o le schage des cossettes se fait au soleil, les prix augmentent pendant la saison pluvieuse en raison des difficults de schage. Ainsi Kinshasa, le prix de la farine de manioc sont bas en saison sche. Par contre, loffre en feuilles de manioc tant trs lie la pluviomtrie, les prix de la feuille de manioc sont bas en saison pluvieuse et amorcent une forte ascension jusquau mois de septembre. Les prix varient aussi avec la prsence ou non dun produit de substitution comme le riz.

    Transformation. Environ 20 40% de la production de racines tubreuses de manioc sont directement transformes par les mnages agricoles. La Chikwangue est le principal produit fini issu de la transformation du manioc frais. Parmi les produits semi-finis, les cossettes de manioc, la farine fermente et les Kimpuka sont les produits les plus offerts. Le manioc est transform suivant des techniques traditionnelles passant par le rouissage des tubercules pour en liminer lacide cyanhydrique et le schage. Aprs schage, le manioc est transform en cossettes ou en farine. Dans les exploitations modernes ou semi modernes, aprs les oprations consistant liminer lacide cyanhydrique, le manioc est mis scher puis transform en cossettes et moulues par des moulins installs sur lexploitation. La transformation du manioc, lpluchage, le rpage, le ptrissage et le pilage, pour la plupart raliss par les femmes, sont trs durs. Au vu de la contrainte forte que reprsente la main duvre, lamlioration de la comptitivit de la filire demandera non seulement des progrs importants au niveau de la productivit agricole mais aussi tous les niveaux de la chane de transformation. De plus, les pertes post-rcoltes, dues un mauvais stockage ou linefficacit des activits de transformation, sont pour linstant trs importantes et devront tre rduites.

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    La demande future. Dans le court terme, la demande en manioc reposera essentiellement la demande nationale pour lalimentation humaine lalimentation humaine, qui reprsente lheure actuelle 99% des utilisations de la production. Mme si les utilisations industrielles se dveloppent, se sera dun niveau actuel ngligeable et cela ne pourra tre fait que graduellement. Dans le plus long terme, comme dans les autres grands pays producteurs, la demande devrait graduellement se dporter sur la demande de laliment de btail et les utilisations industrielles. De plus, hormis quelques exportations transfrontalires, la production de la RDC ne parviendra pas alimenter un flot important dexportations dans le court et moyen terme. La RD Congo exporte actuellement de petites quantits de cossettes et farine de manioc vers le Congo Brazzaville, lAngola, lOuganda et la Rpublique Centre Africaine. Ces exportations se droulent essentiellement de faon informelle. Lintensit de ces mouvements nest pas connue mais il est raisonnable de penser quils sont relativement limits. Le march sous-rgional pourrait pourtant terme reprsenter un dbouch important. Les populations des pays de lAfrique Centrale, de lAfrique de lEst et de lAfrique Australe sont parmi les plus grandes consommatrices du manioc au monde. Or, plusieurs de ces pays sont dficitaires en manioc. Cest l une opportunit indniable saisir par le Congo. Il faudra cependant pour cela faire de trs important progrs au niveau de la productivit agricole et dans la transformation du manioc.

    La consommation humaine devrait rester leve dans le moyen terme (3 4% par an). La croissance dmographique future est estime a environ 3% par an et la demande en produits base de manioc une lasticit positive mais faible laugmentation des revenus. Une augmentation du revenu par habitant de 2% par an porterait la demande nationale en manioc environ 4% par an. De fait, laugmentation future de la consommation de manioc, en particulier en zone urbaine, dpendra de sa capacit tre comptitif avec dautres aliments de base comme le riz et le pain, et cela deux niveaux: (i) au niveau de son cot tout dabord ; et (ii) au niveau de la faon dont le manioc pourra tre prpar sous une forme pratique, adaptes la vie urbaine. Une source de croissance possible serait la substitution de la farine de manioc celle de bl dans la fabrication du pain et des biscuits. La substitution de farine de manioc pour celle de bl dans le pain est en thorie un norme march potentiel, offrant de plus la possibilit de lindustrialisation du manioc. Cette substitution a t soutenue dans de nombreux pays d'Afrique de l'Ouest par exemple (Ghana, Nigeria, Cote d'Ivoire) mais avec un succs trs limit cause de problmes de qualit et de fiabilit dans la fourniture de la farine de manioc de bonne qualit. La seule faon dassurer l'utilisation de la farine de manioc dans la boulangerie semble tre une dcision politique pour imposer lutilisation dun pourcentage limite de farine de manioc dans le pain (augmenter progressivement de 2% 10%), combine avec des aides cibles pour la production de farine de manioc non-fermente de haute qualit.

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    Aliments pour btail. La consommation actuelle en aliments pour btail (dans les levages modernes) est assure uniquement par des importations (concentrs de protine, vitamines, farine de mais, farine de poisson et soja). Lutilisation du manioc dans lalimentation animale est trs dveloppe dans la plupart des autres grands pays producteurs (Brsil, Chine) et dans l'UE. Elle est trs peu dveloppe en Afrique, sauf dans des pays comme la Cote dIvoire et le Nigria o le manioc commence tre utilis pour les aliments de volaille, mais aussi pour les poissons et llevage de porcs.Le manioc a cependant beaucoup de mal sy faire une place au profit dautres sources de calories comme le mais, bien que les aliments base de manioc soient moins chers que les rations base de mas. Le dveloppement de cette filire demandera un appui structur de la part du Gouvernement, comprenant des activits pilotes/promotionnelles, cibles sur llevage moderne et priurbain : (i) lintroduction de granulatrices prototype pour produire des granuls durs pour la volaille et les poissons; (ii) des campagnes de promotion des aliments de btail base de manioc et (iii) lappui a la mise en place dune production rgulire de produits de varits de manioc adaptes lalimentation animale.

    Lamidon de manioc et ses drivs.Le march de lamidon est constitu de plusieurs sous-marchs spcifiques pour l'amidon et les produits drivs: colles, dulcorants, thanol et biocarburants. Lindustrie Africaine de lamidon n'est pas encore comptitive mme au Nigeria, o elle est le plus dveloppe du continent en raison des inefficacits dans le processus industriel : (difficult d'approvisionnement et rendement faible de lamidon, etc.). lheure actuelle, les colles sont utilises essentiellement pour la fabrication de carton et de contre-plaqu, les quincailleries locales, la menuiserie, la papeterie et la cordonnerie. A lheure actuelle, elles sont fabriques base de farine de bl et damidon importes. Un taux de substitution de la farine de manioc de 20-40% est considr comme acceptable par lindustrie du contre-plaqu. Le march est relativement faible mais peut constituer un point de dpart de la farine de manioc en dveloppement, puisqu'il ne demande pas de farine de manioc de grande qualit. Dautres opportunits existent pour lamidon base de manioc. Au niveau des brasseries, il y a possibilit de substituer lamidon de manioc certaines matires utilises actuellement (riz, mas, orge et malt). La production dthanol doit tre considre comme un march fort potentiel.13 Finalement, vu du prix international du ptrole et des carburants, il semble qu terme la production de biocarburant reprsente un important dbouch potentiel pour le manioc en RDC. En 2009, la RDC a import 130 000 m3 dessence. La production de biocarburants dans des zones loignes des ports dimportation est particulirement intressante. La possibilit de lancer des units pilotes devrait tre explore rapidement.

    Actions mener. Les axes principaux dune stratgie de dveloppement du secteur sont : (a) lamlioration de la productivit agricole ; (b) la mcanisation de la transformation primaire; (c) lorganisation des chanes dapprovisionnement et (d) le dveloppement dindustries efficaces et comptitives.

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    Une action efficace au niveau de la production agricole. En effet, il faudra que la production nationale saccroisse considrablement pour satisfaire la demande humaine et celle de lindustrie. Cela ne sera possible que par des gains importants de productivit agricole. On estime en effet que pour satisfaire la seule demande supplmentaire en alimentation humaine lhorizon 2020, il faudrait au rendement actuel mettre une superficie additionnelle de 600 000 1 000 000 ha. Au del du problme de la disponibilit en terres, une contrainte forte sera celle de la disponibilit de la main duvre, au niveau agricole et au niveau de la transformation primaire. Il faut donc non seulement accrotre les rendements agricoles mais aussi promouvoir lintroduction de la mcanisation de la transformation primaire.

    La dfinition et la mise en uvre dune stratgie de dveloppement des industries de laliment de btail et dautres utilisations industrielles. Cette stratgie devrait tre cible sur les utilisations les plus prometteuses et ancre sur des zones (i) de forte concentration de la demande et ou les producteurs ont dj un bon accs au march et (ii) forte densit en termes daccs des oprateurs privs aux services essentiels: nergie, communication, quipements, services dentretien, crdit. De tels clusters agro-industriels pourraient tre crs autour de Kinshasa et des principaux centres urbains

    C. Filire du palmier huileLhuile de palme tait, lindpendance, le principal produit dexportation du pays, qui en 1960 a export 167 000 tonnes dhuile de palme et 60 000 dhuile de palmiste. Ces exportations reprsentaient prs de la moiti des recettes dexportation totales du pays et le mettaient au rang de second exportateur dhuile de palme au monde, derrire la Malaisie, mais galit avec lIndonsie. La production totale tait bien suprieure en prenant en compte la consommation intrieure (lhuile de palme tant la principale huile alimentaire dans la plus grande partie du pays), estime environ 270 000 tonnes dhuile de palme dont 100 000 tonnes provenant des plantations industrielles, 50 000 des plantations villageoises et environ 120 000 de la palmeraie naturelle. En 2001, aprs quatre dcennies de dclin, la production des plantations industrielles tait estime moins de 5 000 tonnes. Limmense majorit de la production nationale provient des plantations villageoises ou de la palmeraie naturelle et est soit autoconsomme, soit commercialise sur les marchs locaux. A lheure actuelle, la RDC importe environ 50 000 tonnes dhuile de palme par an pour faire face la demande nationale qui na cess de progresser. La production nationale est estime environ 300 000 tonnes dont 200 000 provenant de la palmeraie naturelle, 50 000 des plantations villageoises et 50 000 des plantations industrielles. Les importations et la production des plantations industrielles approvisionnent essentiellement les grands centres urbains. La grande majorit de la production des plantations villageoises et de la palmeraie naturelle est soit autoconsomme soit vendue sur les marchs locaux par des commerants trs actifs,

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    mais capacit dcoulement trs faible. Lhuile de palme est utilise comme huile alimentaire (trs largement non-raffine) ou pour la fabrication de savons et autres produits de consommation courante (bougies, etc.).

    Le secteur industriel est domin par deux grands groupes (PHC et Blattner) qui approvisionnent des industries de transformation (MARSAVCO) de Kinshasa. Les plantations industrielles sont dans lensemble trs vieilles et en fin de cycle productif. Leur rhabilitation et extension ont repris ds 2002. Leur production a recommenc crotre trs sensiblement, passant de moins de 15 000 tonnes en 2001 plus de 50 000 tonnes aujourdhui. Il semble que le secteur villageois nait pas cess de renouveler rgulirement ses plantations (essentiellement pour lautoconsommation). Cependant cela a t fait avec du matriel vgtal non-slectionn, de trs faible productivit. Les rendements moyens sont trs bas: de 5 tonnes de rgimes lhectare en plantation villageoises 10 tonnes en plantations industrielles (contre 25 ou mme 30 tonnes/ha en Malaisie et en Indonsie). De plus, le rendement de la transformation en huile est trs faible: 15% en extraction industrielle, cause dquipements obsoltes, contre 23% pour des units modernes; moins de 10% en extraction artisanale, cause de mthodes archaques (presse manuelle) qui entranent non seulement un taux dextraction trs bas mais encore une mauvaise qualit (acidit) de lhuile. Il existe aujourdhui des mini-presses qui permettent des taux dextraction de 18-20%.

    Ces trs faibles rendements lextraction entranent un gaspillage norme, puisque le pays est oblig dimporter plus de 50 000 tonnes par an. Une amlioration du taux dextraction moyen de seulement 5% permettrait de produire environ 150 000 tonnes dhuile supplmentaires (une augmentation de 50%) partir de la mme production de rgimes.

    Le potentiel de croissance du secteur est considrable. En effet, la demande nationale et internationale en huile de palme est forte, y compris pour le biodiesel, et les prix sont et devraient rester attractifs (voir ci-dessous). La demande nationale devrait connatre une croissance soutenue cause de la croissance dmographique (3% par an) et laugmentation de la consommation par habitant, faible lheure actuelle (environ 5 kg/an contre plus de 12 kg/an en Afrique de lOuest) grce une hausse des revenus. On peut raisonnablement estimer