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Chroniques de Mornéa 2013-2014 Retour à Gigage Gadusi Forum Alkemy http://alkemy.webkido.com

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Carnet des chroniques de Mornéa pour Alkemy, saison 2013-2014

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Page 1: Chroniques 2013 2014

Chroniques de Mornéa 2013-2014

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Chroniques de Mornéa 2013-2014

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Page 2: Chroniques 2013 2014

Le raïs du Bouclier descendait lentement de l’estrade. Il était le dernier des militaires à avoir pris

la parole. Le sénateur Ufwad ibn Khalid sourit, l’allocution avait été soigneuse-ment préparée et avait produit l’effet escompté, même s’il aurait personnel-lement préféré trouver une solution moins guerrière.

Ses yeux se portèrent sur l’assis-tance. Qui, parmi tous ces Kha-

limans, avait parcouru Mor-nea en paix ? La guerre durait depuis quarante cycles, une vie entière, et avait laissé ses traces partout.

Le port d’Abwad dont les an-ciennes fresques montraient les jardins colorés, était au-jourd’hui surmonté de fort Macquil. Achevé au cycle dernier, cet immense fort remplaçait l’ancien palais de la lumière et sa bibliothèque riche de milliers d’ouvrages

et rouleaux. Seule la tour de la fl amme avait été conser-vée, Ufwad en voyait au nord la lueur ; elle éclai-rait aujourd’hui

les dromons des soldats plutôt que

les chariots des tul-lab, les étudiants.

Il reporta son atten-tion sur l’estrade. Mal-gré le soleil de cette fi n

de printemps, une légère pluie mouillait les guirlandes bico-lores et les tresses d’olivier sauvage. Sur leurs sièges alignés à droite de l’es-trade, les militaires atten-daient silencieusement. Leurs discours avaient lais-sé la place au silence.

Une trêve aurait été saluée par la foule, mais tous savaient que c’était inenvisageable. Un assaut contre les postes avancés de l’Empire, aussi risqué que mortel, aurait représenté un espoir pour une partie du peuple. Mais se rési-gner à attendre derrière nos murs...

Attendre quoi ? Notre transformation en bêtes sauvages comme l’avaient fait les Aurloks douze cycles auparavant ? Ou pire en-core, notre disparition après celle des Naashtis ?

Zaytun ibn Almohad, le représentant de cette illustre famille pa-cifi que qui avait organisé cette allocution, se leva pour rompre le silence qui devenait pesant. C’est alors que la Matriarche fi t un signe. Les cinquante-trois cycles d’existence qu’on lui prê-tait ne semblaient pas avoir affecté son corps, sa démarche était souple et agile. Elle quitta la place centrale qu’on avait accordé aux Sorhnas et se dirigea vers l’estrade. Ses pattes blanches s’élevaient seules de marche en marche, la Matriarche Fatiha bint Sorhna semblait glisser sur l’estrade.

D’une griffe taquine, elle porta devant ses yeux morts une feuille d’olivier sèche et joua un instant à la contempler. Puis elle prit la parole et sa voix, une voix douce et maternelle, em-plit l’espace. Le soleil perça les nuages et un arc en ciel se des-sina au dessus de la tribune.

« Mes frères, l’Architecte, notre père Khalim, fut le premier à dessiner le monde. Il façonna les rivières, certaines coulent doucement et s’étirent dans les plaines, certaines sinuent entre les rochers pour trouver leur chemin, d’autres encore ne sont

que fl ots déchaînés et bondissants. Elles parcourent Mornea lui apportant

vivacité et fraîcheur, chacune à sa façon, chacune par ses propres voies et fi nissent par se rejoindre dans le grand océan. Ainsi fait la vie sur notre monde qui suit le cours de son temps pour fi nir inexorablement par rejoindre la Grande Eau Céleste. »

« Depuis de nombreux cycles, mes sœurs lisent dans les eaux

PRÉLUDE : SOLEIL ÉMERGEANTPAR MÉHAPITO

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de printemps, une légère pluie de printemps, une légère pluie mouillait les guirlandes bico-mouillait les guirlandes bico-lores et les tresses d’olivier lores et les tresses d’olivier sauvage. Sur leurs sièges alignés à droite de l’es-trade, les militaires atten-daient silencieusement. Leurs discours avaient lais-

Une trêve aurait été saluée par Une trêve aurait été saluée par la foule, mais tous savaient que la foule, mais tous savaient que c’était inenvisageable. Un assaut c’était inenvisageable. Un assaut contre les postes avancés de l’Empire, contre les postes avancés de l’Empire, aussi risqué que mortel, aurait représenté aussi risqué que mortel, aurait représenté un espoir pour une partie du peuple. Mais se rési-

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des parcelles de ce qui est, de ce qui sera et de ce qui aurait pu être. Notre père Khalim nous a laissé le

souvenir du premier printemps du monde. C’est à lui que nous devons les parfums et les

senteurs qui l’enchantent, c’est à lui que nous devons les couleurs qui l’illuminent. Nous devons à notre père ce prin-temps, c’est notre rôle de Khaliman de rendre à Mornea le printemps. »

« Mes frères, j’ai eu la vision de ces eaux qui se rejoignent. Et voici leur oracle:Les peuples sont des fl euves qui ne voient que leur source. Il faut se tourner vers l’aval et embrasser le grand océan comme lorsque Thébus rejoint Hannah. Il faut que tous les peuples s’unissent, non pas contre les humains, mais avec eux. »

La Matriarche Fatiha avait pris son temps pour parler et lorsqu’elle délivra sa prophétie Thébus irisa son pelage blanc des cinq couleurs de l’arc-en-ciel. Puis, l’âge reprit sa place sur le corps de l’ancienne Sorhna et deux sœurs l’assistèrent pour qu’elle rejoigne son siège.

Une demi sélène s’était écoulée depuis que Fatiha avait livré sa prédication au peuple. Le sénateur Ufwad avait rejoint Shadukiam et ses collègues du Magmou’a. Le temps ne s’était pas écoulé en vain, des longs entretiens qu’il avait eus, Ufwad en avait retiré une certitude, la prophétie de la Matriarche recelait trop de sens différents pour qu’il arrive à les appréhender seul. D’autres que lui avaient remarqué que ses mots s’accompagnaient de gestes qui en amplifi aient la portée, mais aucun n’avait relevé le signe que Fatiha faisait de ses cinq griffes.

Ce signe obsédait les pensées du sénateur qui essayait vainement de le reproduire. Les deux griffes extrêmes, celle du pouce et la petite, se rejoignaient en un arc de cercle alors que les trois autres, celles des doigts centraux, jaillissaient vers le ciel.

Allongé sur le sable des thermes, il y songeait encore lorsque ses rêveries furent interrompues par un jeune sénateur des Vertes Forêts.

« Quel est cet étrange signe que vous tracez ? On y voit le soleil surgir derrière le croissant lunaire. »Ainsi donc, c’est ainsi qu’on pouvait lire le signe de la Ma-triarche qu’il avait négligemment tracé de ses griffes dans le sable ? C’était une des lectures possible et Ufwad, connaissant la superstition liée au chiffre 5, se garda bien de révéler à son jeune collègue de combien de branches ce signe était composé.

Le soir même, Ufwad ibn Khalid présenta à ses collègues séna-teurs le symbole composé des trois rayons solaires, représen-tants les trois lignées mâles, et du croissant, représentant la lignée des Sorhnas. Il insista sur la double unité qu’il repré-sentait, celle de tous les Khalimans, mais également celle des peuples de Mornea. Les Naashtis ensevelis dans la nuit de Han-nah et les trois peuples jaillissants tels les rayons de Thébus. Il rappela le rôle unifi cateur que Fatiha bint Sorhna avait assigné au peuple khaliman.

A l’issue d’une nuit de discussions, les sénateurs avaient adopté le soleil émergeant d’une lune comme sym-bole de la République. Il restait en-core à accomplir la prophétie...

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avait retiré une certitude, la prophétie de la Matriarche recelait trop de sens différents

qui essayait vainement de le reproduire. Les deux griffes extrêmes, celle du pouce et la petite, se rejoignaient en un arc de cercle alors que les trois autres, celles des doigts

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des parcelles de ce qui est, de ce qui sera et de ce qui aurait pu être. Notre père Khalim nous a laissé le

souvenir du premier printemps du monde. C’est à lui que nous devons les parfums et les

senteurs qui l’enchantent, c’est à lui que nous devons les couleurs qui l’illuminent. Nous devons à notre père ce prin-temps, c’est notre rôle de Khaliman de rendre à Mornea le printemps. »

« Mes frères, j’ai eu la vision de ces eaux qui se rejoignent. Et

Les peuples sont des fl euves qui ne voient que leur source. Il faut se tourner vers l’aval et embrasser le grand océan comme

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au peuple khaliman.

A l’issue d’une nuit de discussions, les sénateurs avaient adopté le soleil émergeant d’une lune comme sym-bole de la République. Il restait en-core à accomplir la prophétie...

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Chroniques de Mornéa 2013-2014

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RETOUR À GIGAGE GADUSILES CHRONIQUES DE MORNEARETOUR À GIGAGE GADUSI

LES CHRONIQUES DE MORNEA

DERNIER VOYAGEPAR MÉHAPITO

L’ombre du rocher ne lui avait offert que peu de répit. Dès qu’il eut repris son souffl e, sa fuite vers un abri sûr redémarra. En plein élan, les griffes le happèrent mais,

apparemment insensible, il prolongea sa course vers le refuge du bosquet de châtaignier. La poursuite continua sans qu’au-cun des deux n’ait le loisir de retrouver son souffl e. Un crochet à droite lui permit d’éviter une nouvelle blessure, il était vraiment rapide !Soudain, son agresseur bondit par dessus les souches et se jeta sur lui. Il tenta de nouveau de s’échapper, mais s’en était fi ni...« Encore un lapin qui fi nit mal, pensa Agerzam en détournant les yeux du chat sauvage. De la griffe ou du jarret, je n’arrive jamais à savoir lequel va l’emporter. »

Le vieux cheikh remit en marche son éhopy. La lenteur de son pas s’accommodait parfaitement aux réfl exions d’Agerzam ibn Malikh. Il ne se pardonnait pas d’avoir raté la rencontre entre l’ifrit de feu et les Sorhnas. Il y avait quelque chose à l’œuvre, mais il n’arrivait pas à assembler les différentes pièces en sa possession. Elles dessinaient un motif encore trop fl ou, ou trop incroyable, pour ses vieilles habitudes.

Et puis, il avait perdu toute trace du jeune Djeliya, le petit Ma-likh à la queue coupée.

C’est alors qu’il était à sa recherche que la Sororité convia les cheikhs. Il avait parcouru les cendres de Joyau, interrogé les survivants des quartiers dévastés, fouillé les décombres du pa-lais de l’Once, le jeune Malikh n’avait laissé de traces nulle part, dans aucun lieu, dans aucune mémoire. Seul se souvenait de lui l’éclaireur qui l’avait laissé partir vers Joyau.Agerzam avait réussi à convaincre le pisteur de l’aider à suivre la piste de Djeliya lorsque lui parvint le message de la ra-isscheikh, Jahida ibn Suleman. Tous les cheikhs qui possédaient suffi sam-ment d’expérience pour résister aux paroles des sœurs étaient convoqués à Hammarat. La matriarche, Chahida bint Sorhna elle-même, sollicitait l’aide des diplomates pour une mission de la plus haute importance concernant l’avenir du peuple khali-man et de tout Mornea.

« Quel bon sens de se laisser guider par des aveugles ! », sou-pira Agerzam.

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DERNIER VOYAGEPAR MÉHAPITO

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Il avait préféré contourner les Montagnes du Matin par l’est plutôt que rejoindre le cité-double de Kernan par le défi lé des Ombres, malgré l’insistance de frère Fébal. Les pattes de son éhopy étaient plus habituées au sol rocheux qu’aux terres vé-gétales d’Avalon. Et puis, il y avait si longtemps qu’il n’avait pas revu le templier, tant de confl its avaient eu lieu, tant de replis culturels, qu’il préférait faire route seul plutôt que sous sa garde.

Les pluies de cette fi n de printemps avaient fi nalement cessé. Son voyage le long de la frontière entre l’Empire et le royaume d’Avalon avait duré une demi-sélène. Aux paysages désolés des contreforts des Montagnes du Matin avaient succédé de vastes plaines où croissaient lentement de hauts eucalyptus solitaires. La contemplation des troupeaux d’oryx broutant l’herbe fraîche avait permis à ses pensées de se clarifi er.

La matriarche avait reçu les quatorze cheikhs dans une alcôve du palais d’Hammarat. Elle avait ostensiblement négligé les grandes salles d’assemblée pour recevoir les diplomates dans un espace resserré, plus intime en un certain sens, loin des grandes fresques offi cielles de l’histoire de Mornea. Cette alcôve n’était ornée que par quelques bas-reliefs évoquant les premières créa-tions de l’Architecte et une grande tapisserie représentant un réseau enchevêtré de rivières aboutissant à un large fl euve dont l’embouchure était camoufl ée par un habile trompe l’œil fl oral.

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Le lieu avait été choisi et préparé avec soin. Les coussins qui nous accueillaient étaient d’un bleu profond, rappelant celui de la tapisserie. On remarquait aisément que celle-ci avait été pla-cée dans la salle récemment. Le premier message que voulait nous adresser Chahida était devant nos yeux.

En préambule, elle résuma les événements du cycle précédent, le cycle 1371 du calendrier impérial, d’un seul mot : « J’ai peur que nous ne soyons réellement aveugles... ». La jeune sœur qui était à ses côtés eut du mal à cacher le choc que lui provoqua cette déclaration. Ses yeux brillèrent un instant d’une lueur rougeoyante avant de retrouver leur voile blanc habituel.« Nous pensions que le temps et les rencontres per-mettraient aux peuples de Mornea de s’unir, le canal de la Concorde avait été creusé à cet effet. Les visions que nous avons eues nous montraient un avenir loin-tain, mais serein. Nos archives sont pleines des détails de ces visions, mais une recherche approfondie m’a montré qu’un avenir beaucoup plus noir était pos-sible. Certaines de nos sœurs, je vous le révèle, font d’atroces cauchemars où elles se voient noyées dans un fl euve de boue et lentement ensevelies. »

« Nous pouvons le constater quotidiennement, Mor-nea change. Les peuples qui la composent sont que-relleurs et ne savent que s’affronter, même au sein de notre République pacifi ste. Plusieurs signes, qu’il ne m’appartient pas de vous dévoiler, nous ont montré l’imminence d’un bouleversement. Vous avez pu voir de vous-mêmes l’invasion de notre monde par une créature qui ne lui appartient pas. Je redoute que ce ne soient que les prémices d’autre chose, d’un cata-clysme à l’échelle céleste. »

« Je crains que nous ne nous soyons trompées il y a 557 cycles. Nous avions cru comprendre la prophé-tie de notre mère Fatiha et pensé qu’elle se réalisait sous votre tutelle lors du traité de Gigage Gadusi. Nous étions alors dans l’erreur. Tous les hommes n’y étaient pas réunis. »

« Un petit groupe d’humains avait fait sécession et en-tamait une nouvelle vie symbiotique avec le monstre végétal qu’ils nomment Beathacrann. Ils nous faut reprendre les négociations. Ils vous faut, chers et dévoués diplomates de la paix, reprendre votre rôle de pèlerin et réunir les peuples afi n d’établir une véritable union entre tous., afi n que tous les peuples s’unissent avec les humains. »

Au cours de son prêche, la matriarche Chahida bint Sorhna avait jeté de brefs coups d’œil vers son assis-tante qui montrait des signes d’épuisement. Alors qu’elle fi nissait à peine d’entendre la prophétie, la

Sorhna fut prise d’une quinte de toux qui ressemblait fort à un rire de crécelle. La matriarche s’excusa et raccompagna la sœur, laissant les cheikhs dubitatifs.

Thébus disparaissait derrière l’horizon verdoyant de la baron-nie de Cumasc. « Le temple de Vêpres ne doit pas être très éloigné » songea Agerzam. Sa rencontre, peut-on dire son amitié, avec frère Fébal remontait à plus de douze cycles. Agerzam était déjà un cheikh habile. Il parcourait Oblaye Itse pour maintenir l’har-

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DERNIER VOYAGEPAR MÉHAPITO

monie entre les clans aurloks et la République khalimane, ten-tant même d’établir des relations d’échange entre les Aurloks et les humains.

Il se retrouva ainsi mêlé à la rencontre fortuite des chasseurs des Feuilles-qui-tiennent avec une troupe frontalière avalo-nienne. Les armes furent sorties et les premiers tomahawks volaient quand Agerzam arriva dans la clairière. Quelques mots et de nombreux sourires lui permirent de calmer les instincts belliqueux des guerriers-tonnerre loups, il promit de raccom-pagner prestement Ceux-qui-portent-l’acier hors du territoire aurlok.

Le frère Fébal, jeune novice du temple, faisait partie de cette troupe avalonienne. Le greffon qu’il avait reçu quelques jours auparavant le faisait souffrir atrocement et le cheikh sut calmer ses peurs en racontant ses mésaventures les plus cocasses. Une relation de confi ance s’établit alors entre Fébal et Agerzam qui

se poursuivit au long des cycles, des voyages du cheikh en Ava-lon et des promotions du templier.

Lorsque les cheikhs se répartirent les zones à visiter et les per-sonnes à contacter, Agerzam envoya une missive au frère Fébal lui demandant un sauf-conduit pour rejoindre Kastel Kernan. Le frère du temple, fi er de son rôle d’Hospitalier et malgré son âge, lui proposa de l’accueillir dès les Marches de la baronnie de Matgen. Prudemment, le cheikh déclina son offre et lui donna rendez-vous à Kastel Kernan pour la quatrième semaine de la troisième sélène du printemps.

La ra-isscheikh prévint Agerzam. Il se faisait réellement trop vieux pour ce genre de mission et, même si son esprit était toujours aussi vif, ses réfl exes commençaient à s’émousser. Ce voyage serait le dernier. Lorsqu’il aurait atteint la cité-double, il devrait partager sa tâche avec le cheikh présent sur place, permettre à des représentants éminents des deux peuples hu-mains de se rencontrer et laisser les choses se faire. D’autres que lui auraient à charge de préparer la venue dans les plaines de Gigage Gadusi. La ra-isscheikh Jahida le répéta deux fois, elle connaissait bien le vieux cheikh :« C’est votre dernier voyage Agerzam, j’ai besoin de vous ici. J’ai besoin que vous repreniez votre rôle de kabircheikh. » Son ancien élève Hakim pencha la tête pour signifi er son ac-cord, le vieux cheikh était un excellent maître.

Les pas de l’éhopy se faisaient de plus en plus irréguliers, Ager-zam le fi t baraquer afi n d’en descendre et continua un moment à pied sous la lumière d’Hannah.« Demain nous serons à Xi Yi, dit-il à l’animal, tu pourras t’y reposer quelques jours. »L’animal barrit doucement, comme s’il avait compris.« Je dois y rencontrer un représentant de l’école du Singe des Brumes qui m’accompagnera à Kastel Kernan. C’est sur la place du marché que je lui ferai rencontrer frère Fébal. Entourés de leurs compatriotes se partageant les étals, je pourrai leur montrer qu’Avaloniens et Triadiques savent

vivre ensemble. Mon seul doute porte sur la présence de milices, lesquelles pourraient bien démontrer tout le contraire ! »« Enfi n, je saurai bien calmer les ar-deurs des plus virulents, acheva-t-il dans un grand éclat de rire. »

tant même d’établir des relations d’échange entre les Aurloks et les humains.

Il se retrouva ainsi mêlé à la rencontre fortuite des chasseurs des Feuilles-qui-tiennent avec une troupe frontalière avalo-nienne. Les armes furent sorties et les premiers tomahawks volaient quand Agerzam arriva dans la clairière. Quelques mots et de nombreux sourires lui permirent de calmer les instincts belliqueux des guerriers-tonnerre loups, il promit de raccom-pagner prestement Ceux-qui-portent-l’acier hors du territoire aurlok.

Le frère Fébal, jeune novice du temple, faisait partie de cette troupe avalonienne. Le greffon qu’il avait reçu quelques jours auparavant le faisait souffrir atrocement et le cheikh sut calmer ses peurs en racontant ses mésaventures les plus cocasses. Une relation de confi ance s’établit alors entre Fébal et Agerzam qui

lon et des promotions du templier.

Lorsque les cheikhs se répartirent les zones à visiter et les per-sonnes à contacter, Agerzam envoya une missive au frère Fébal lui demandant un sauf-conduit pour rejoindre Kastel Kernan. Le frère du temple, fi er de son rôle d’Hospitalier et malgré son âge, lui proposa de l’accueillir dès les Marches de la baronnie de Matgen. Prudemment, le cheikh déclina son offre et lui donna rendez-vous à Kastel Kernan pour la quatrième semaine de la troisième sélène du printemps.

La ra-isscheikh prévint Agerzam. Il se faisait réellement trop vieux pour ce genre de mission et, même si son esprit était toujours aussi vif, ses réfl exes commençaient à s’émousser. Ce voyage serait le dernier. Lorsqu’il aurait atteint la cité-double, il devrait partager sa tâche avec le cheikh présent sur place, permettre à des représentants éminents des deux peuples hu-mains de se rencontrer et laisser les choses se faire. D’autres que lui auraient à charge de préparer la venue dans les plaines de Gigage Gadusi. La ra-isscheikh Jahida le répéta deux fois, elle connaissait bien le vieux cheikh :« C’est votre dernier voyage Agerzam, j’ai besoin de vous ici. J’ai besoin que vous repreniez votre rôle de kabircheikh. » Son ancien élève Hakim pencha la tête pour signifi er son ac-cord, le vieux cheikh était un excellent maître.

Les pas de l’éhopy se faisaient de plus en plus irréguliers, Ager-zam le fi t baraquer afi n d’en descendre et continua un moment à pied sous la lumière d’Hannah.« Demain nous serons à Xi Yi,reposer quelques jours. »L’animal barrit doucement, comme s’il avait compris.« Je dois y rencontrer un représentant de l’école du Singe des Brumes qui m’accompagnera à Kastel Kernan. C’est sur la place du marché que je lui ferai rencontrer frère Fébal.

dit-il à l’animal,

L’animal barrit doucement, comme s’il avait compris.« Je dois y rencontrer un représentant de l’école du Singe des Brumes qui m’accompagnera à Kastel Kernan. C’est sur la place du marché que je lui ferai rencontrer frère Fébal. Entourés de leurs compatriotes se partageant les étals, je pourrai leur montrer qu’Avaloniens et Triadiques savent

vivre ensemble. Mon seul doute porte sur la présence de milices, lesquelles pourraient bien démontrer tout le contraire ! »« Enfi n, je saurai bien calmer les ar-deurs des plus virulents, acheva-t-il dans un grand éclat de rire. »

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DEPLOIEMENTChaque joueur se déploie dans la zone défi nie lors de la mise en place du jeu, en commençant par celui qui possède le plus de cartes de profi l. Si les joueurs possèdent le même nombre de cartes, le perdant d’un jet d’Esprit en opposition se déploie en premier.

CONDITIONS DE VICTOIRE1) A la fi n d’un tour, si un joueur possède 20 PV, il remporte la

victoire. Si les deux joueurs possèdent 20 PV ou plus, si un joueur n’a plus de fi gurines en jeu, ou que le temps imparti est écoulé, c’est un match nul.

2) Nombre de PV Maximum à gagner : 343) A la fi n de chaque tour, chaque joueur cumule le nombre de

PA des fi gurines présentes dans le quartier puis le total de points de recrutement cumulé de ces fi gurines. Le joueur qui possède le plus de PA et le plus de points cumulés dans le quartier contrôle le quartier.

Valeur des quartiers contrôlés :- 1 PV par quartier proche de sa zone de déploiement (A, B et C

pour la zone jaune, G, H et I pour la zone verte)- 2 PV par quartier des zones centrales (D, E et F)- 3 PV par quartier proche de la zone de déploiement adverse

(G, H et I pour la zone jaune, A, B et C pour la zone verte)

REGLES SPECIALESSi une fi gurine se trouve à cheval sur plusieurs quartiers, le joueur doit indiquer à la fi n de l’activation de celle-ci dans quel quartier elle choisit de se placer.

Une fi gurine aux aguets à cheval qui se réactive durant le tour peut choisir de changer de quartier.

LE MARCHE DE LA CORNE

MISE EN PLACE DU CHAMPDE BATAILLE

1) Le scénario se joue sur une table de 24x24 pouces. Les joueurs déterminent leur côté de table.

2) Les joueurs délimitent ensuite les zones de jeu :La table est divisée en 9 quartiers différents notés de A à I.Ces quartiers font chacun 8x8 pouces et ils sont placés de part et d’autre de la ligne médiane (les quartiers D, E et F sont placés à cheval sur la ligne médiane)

3) Les joueurs placent 6 éléments de décors (préconisation de la taille d’une carte de jeu) en respectant les règles suivantes :

- Les joueurs placent les décors à tour de rôle. Déterminez aléa-toirement quel joueur commence à poser un décor.

- Un décor doit être placé à plus de 3 pouces d’un bord de table, d’un objectif ou d’un autre décor.

4) Les joueurs placent ensuite 3 pions de composants chacun en respectant les règles suivantes :

- Les pions doivent être posés en contact d’un décor à au moins 4 pouces d’un autre pion.

- Les joueurs placent 1 pion dans leur moitié de table et 1 dans la moitié de table adverse (en alternant la pose des pions entre les joueurs et en débutant par celui qui n’a pas commencé à poser les décors). Le pion restant peut être placé dans sa moi-tié de table ou la moitié de table adverse.

- Les joueurs DOIVENT pouvoir poser tous leurs pions (si ce n’est pas le cas, modifi ez le nombre et le placement des décors)

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- Les joueurs DOIVENT pouvoir poser tous leurs pions (si ce n’est pas le cas, modifi ez le nombre et le placement des décors)

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L ’ombre du rocher ne lui avait offert que peu de répit. Dès qu’il eut repris son souffl e, sa fuite vers un abri sûr redémarra. Le mausolée était encore inaccessible

et ses suiveurs le serraient de près. Un seul faux pas et il fi -nirait comme le disciple qui, il y a encore quelques minutes, cherchait une pierre azurée pour son compte. Son corps séchait maintenant sous les ardents rayons de Thébus, un fi let de sang encore humide s’étalait sur sa tunique à l’endroit où les fl èches l’avaient atteint.

Il reprit sa course en direction des murs délabrés de l’ancien tombeau quand son instinct le poussa à s’arrêter brusquement. Une fl èche venait de le frôler. Une fl èche tirée devant lui, pas derrière...« Comment ces archers peuvent-ils déjà être devant moi ? Qui les a prévenus ? »

Alors qu’il roulait au sol pour échapper à une nouvelle fl èche, il trouva enfi n ce dont il avait tant besoin ; une nuée, juste devant lui, qu’il ramassa et prépara d’un geste expert. D’une simple parole, il fi t s’élever un souffl e tournoyant autour de lui et disparu dans un nuage de sable aux regards de ses poursuivants.

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ECHANGES...PAR MEHAPITO

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Le couloir d’accès au portique central était encore couvert. Sa porte n’existait plus, mais on pouvait encore voir des traces des peintures qui en ornaient le contour. Il s’approcha lentement. Malgré l’obscurité qui régnait dans ce couloir, il ne s’en dégageait au cune fraîcheur, aucune trace d’hu midité. Une présence animale n’était donc pas à craindre.

Il s’engagea dans l’étroit conduit. L’éboulement du toit en avait partiellement obturé l’extrémité, mais plusieurs fi lets de lu-mière laissaient présager un passage facile vers l’espace sacré.

Une pierre roula derrière lui, c’était déjà la seconde fois qu’il se retournait. Quelque chose avait dû lui échapper. Un sentiment d’insécurité ne le lâchait pas. Son regard revint à l’ombre du passage et à la fi ne lumière qui le terminait. Elle avait soudain pris une nuance bleutée. « Vous voilà bien seul, Yae Wu du Soleil de Cristal ! », lança une voix féminine feutrée.

La pierre qu’il avait trouvée était vraiment d’une qualité excep-tionnelle. La turbulence était suffi samment ample pour qu’il puisse avancer à couvert jusqu’au mausolée. Il voyait désor-mais les archers à travers un voile ocre et pouvait deviner le désarroi dans leur regard félin. Ils savaient qu’il était encore là, mais n’arrivaient pas à le discerner. Leur arc tendu, ils avançaient à pas mesurés vers le nuage de sable. Leur turban vert et blanc rabattu sur le visage ne laissait apparaître que des yeux plissés.Les touaregs commirent l’erreur qu’il attendait, ils se séparèrent pour fouiller le brouillard de poussière et tenter de l’atteindre. Malgré leur rapidité et leur connaissance du terrain, c’était lui maintenant qui menait le jeu.

Un silence siffl ant régnait dans le

cercle aérien. Il s’assit doucement et fi t le vide en lui, ses réfl exes étaient presque aussi bon que les leurs, mais eux avaient également à lutter contre le vent. Il regarda la lame unie de son tanto, son fi l brillait et lui rendit son sourire. Ils tombèrent tous les trois, l’un après l’autre, sans que l’acier de Nan Yî ne s’assombrisse de leur sang. Les corps des touaregs étaient étalés dans le sable, les mains serrées sur les gorges et le sang ne perlait pas encore.Epuisé par l’effort de concentration qu’il venait de faire, il laissa retomber son bras et le tourbillon s’arrêta instantanément. Les râles des archers se fi rent entendre au moment où le sable retomba, les carotides laissèrent alors leur liquide sortir en jaillissant et les corps s’agitèrent de leurs derniers spasmes.

Le calme revenu, il s’approcha du corps de son compagnon. Le sol avait déjà bu l’humidité de la peau du disciple et les akis, sortis d’on ne sait où, s’occupaient de faire disparaître l’eau encore contenue à l’intérieur. Les insectes affamés étaient impossibles à déloger, et chaque minute en emmenait un nouveau lot. Il n’y avait plus rien à faire. Le désert se chargerait d’en faire un pantin déshydraté, une momie desséchée, impossible à déplacer sans le transformer en poussière.

L’alchimiste se retourna vers l’ancien sépulcre. Bâti en pierres plates, il n’avait plus rien de son envergure d’antan. La sculp-ture sommitale, qui se voulait la synthèse d’une goutte et d’un croissant, avait basculé depuis longtemps déjà, certainement renversée par le tronc de l’énorme oranger qui sortait du toit terrasse. Malgré le désert qui l’environnait, cet arbre avait réus-si à survivre et à croître. Il arborait encore fi èrement quelques feuilles à la face de Thébus, mais n’osait plus lui présenter ses fruits sacrés.

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La voix résonna quelques instants dans le couloir avant que l’alchimiste ne daigne se retourner. Des yeux sans vie le fi xaient, mais le visage qui les entourait était d’une grâce infi nie. Et tel-lement souriant.

Drapée dans un voile blanc orné d’un simple liseré, la Sorhna était nimbée d’une aura saphir. Sa longue chevelure était par-courue de frémissements, comme si elle était habitée d’une kyrielle de petits animaux naissant puis disparaissant aussitôt.« Vous ne trouverez rien ici. Les pierres les plus belles et les plus puissantes ont disparu depuis longtemps. Vendues sur les marchés du canal ou enfermées dans les salles de vos maîtres !- Ou bien plutôt englouties par les monstres que vous faites surgir ! répondit-il, narquois. Par quel prodige de sorcellerie connaissez-vous mon nom ? Ajouta-t-il.- Vous pensiez que vos maîtres connaissent tout de nos capaci-

tés ? La volonté de conquérir le monde éloigne bien trop l’Em-pire de la connaissance de ce qu’il recèle. Votre obstination à vous croire supérieurs vous empêche aussi bien de voir que d’écouter.

- Pour ce qui est de voir, vous parlez en connaisseuse ! lâcha-t-

il. Mais son ironie resta sans effet. Elle ne parvint même pas à le raffermir.

- Plutôt que de continuer dans cette voie, je vous propose d’al-ler nous asseoir au pied du magnifi que oranger qui ombrage la courette de ce mausolée. »

Elle l’effl eura de la main et l’alchimiste du Soleil de Cristal vit le bâtiment tel qu’il était 500 cycles auparavant, au début de l’ère de la Concorde. Les murs étaient décorés de poussières de pierres alchimiques qui dessinaient des arabesques cha-toyantes. Devant lui s’ouvrait une petite cour où l’eau clapotait sourdement. Au centre d’une vasque naturelle, poussait un jeune oranger, éclairé par des ajours étoilés dans la terrasse.

La vision s’éteignit, mais les odeurs restaient présentes. Il ne savait comment, mais ils étaient maintenant tous deux assis sous le tronc du vieil oranger.

La discussion avait duré. Thébus avait laissé la place à Hannah et de nombreuses étoiles s’étaient allumées. Juste au dessus d’eux, ce n’était pas le fait du hasard, la constellation du Porc-épic étalait ses longs doigts face à celle de la Tortue endormie.

Ses maîtres lui avaient fait répéter des années durant, le nom, la forme et le symbolisme de chaque constellation. A quelle date elles apparaissaient dans le ciel et dans quelles conjonctions. Le Porc-épic était la confi ance, la Tortue était Mornea. Lorsque la moitié des étoiles qui composait la Tortue était cachée sous l’horizon, elle devenait la Tortue endormie. Celle qui se refusait aux peuples qui la parcouraient.

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Mais cette conjonction était inédite, la Tortue endormie ne pouvait pas se trouver face au Porc-épic.C’est peut-être ce qui l’avait fi nalement décidé à écouter la Sorhna.

Une alliance était-elle possible entre les alchi-mistes ? Les savoirs pouvaient-ils s’échanger

comme on échange des pierres ?Il regarda de nouveau la magnifi que ma-

rine qu’il avait entre les mains, de fi nes marbrures claires apparaissaient en

transparence et donnaient le senti-ment d’une eau vive à la fois pétri-fi ée et encore liquide. La Sorhna lui avait confi é cette pierre de

l’Eau, à charge pour lui de l’échan-ger contre une pierre de Terre équi-

valente en beauté.

Et Yae Wu, Occultiste de l’école du Soleil de Cris-tal, était maintenant en route pour Oblaye Itse ! La

Khalimane lui avait dit que seuls ses pouvoirs pourraient convaincre un chaman Aurlok et qu’il ne devrait se servir d’au-cun autre artifi ce.

endormie ne pouvait pas se trouver face au Porc-épic.C’est peut-être ce qui l’avait fi nalement décidé à écouter la Sorhna.

Une alliance était-elle possible entre les alchi-mistes ? Les savoirs pouvaient-ils s’échanger

comme on échange des pierres ?Il regarda de nouveau la magnifi que ma-

rine qu’il avait entre les mains, de fi nes marbrures claires apparaissaient en

transparence et donnaient le senti-

ger contre une pierre de Terre équi-valente en beauté.

Et Yae Wu, Occultiste de l’école du Soleil de Cris-tal, était maintenant en route pour Oblaye Itse ! La

Khalimane lui avait dit que seuls ses pouvoirs pourraient convaincre un chaman Aurlok et qu’il ne devrait se servir d’au-cun autre artifi ce.

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Il savait exactement où aller. Ses longues heures d’étude des cartes impériales n’avaient pas été vaines. Sans tarder, Yae Wu rejoignit la cité-port d’Acier sur le canal de la Concorde où il trouva facilement ce qu’il cherchait. Les mercenaires désœuvrés ne manquaient pas dans la ville dirigée par le cartel du Sabre. Nombreux étaient ceux qui, refoulés par les sélectionneurs de l’Arène, offraient leurs services contre une maigre solde. Il n’eut aucun mal à trouver quelques lanciers et à les ramener adroi-tement dans le droit chemin de la fi délité à l’Empire et l’obéis-sance à ses représentants.

Cela fait, il acheta quelques places et embarqua sur une des nombreuses péniches commerçant entre les ports du canal et Otsiliha la Vivante, la ville des mille trocs, située en plein cœur du territoire aurlok.

Un tas de boue, un gigantesque et dément tas de boue multi-forme qui grouillait de vie. Des tas de boue élevés, des tas de boue étalés et des fl aques de boue qui circulaient entre ces tas et usurpaient le nom de rues ou de places. Voilà à quoi ressemblait la capitale des Aurloks.

On ne savait où s’arrêtait la mer fermée, Niwaca Wosice, ni où commençait la ville. On ne savait où s’arrêtait l’humidité boueuse, ni où commençait la terre humide.La péniche s’accosta à une autre péniche et des Crapauds com-mencèrent à débarquer les marchandises. On était ici en terre Walosi et ceux-ci tenaient à rester maîtres des échanges com-merciaux qui s’y pratiquaient.

L’Occultiste débarqua avec sa garde de lanciers et s’éloigna ra-pidement. Il n’avait aucune envie de s’attarder à faire du com-merce et rien de ce qu’il voyait ne le poussait au tourisme.

La ville s’étalait en direction du nord et de l’est où stationnaient les yourtes des tribus nomades s’agglutinant autour de la capi-tale. Mais c’était vers le sud que se dirigeaient les pas de Yae Wu, au pied des Atalvi Asila, les montagnes de Feu. Jamais to-talement calme, le massif volcanique laissait toujours quelques fumerolles prévenir de ses brusques sautes d’humeur.

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Un marécage d’eaux chaudes ferreuses stagnait au pied de ce massif. Un marécage gardé jalousement par les Walosi et ignoré de tout Mornea, ignoré même de nombreux Aurloks qui ne par-tageaient guère le goût des Crapauds pour les eaux boueuses et croupissantes. Mais l’Empire de jade n’ignorait rien de Mornea. L’Empire de jade avait parcouru, relevé, borné et cartographié Mornea. Et surtout, l’Empire de jade connaissait les lieux où se trouvaient les gisements des plus belles pierres alchimiques.C’est là qu’il savait pouvoir rencontrer un chaman qui l’écou-terait.

La saison sèche jouait en sa faveur et il put voyager sans croi-ser d’Aurlok malgré le manque de discrétion des lanciers qui le suivaient. La discipline militaire leur faisait défaut depuis bien trop longtemps, s’ils l’avaient jamais eue ! Mais ce n’était pas pour être discrets qu’il les avait engagés, au contraire...

Dès qu’ils pénétrèrent dans les eaux chaudes du marécage, il leur expliqua leur rôle : avancer prudemment vers l’ancien vol-can à la cheminée effondrée et repousser les gardiens. Lui sui-vrait un chemin détourné pour prendre à revers leur chef.

Les conduire ainsi au sacrifi ce ne blessait pas la morale de l’alchimiste. Son école était certes vouée au soutien de l’armée, mais ces quatre là n’avaient rien de commun avec les soldats de l’Empire. Même les pires des miliciens n’osaient pas se compor-ter comme eux devant un gardien du Tao.

L’Occultiste s’assit un instant sur une roche plate, le regard vide vers les lanciers qui s’éloignaient. Il manipula lentement une nuée et un brouillard brun, de la couleur des eaux rouillées qui l’entouraient, s’éleva autour de lui, le faisant partiellement dis-paraître.

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Il s’avança lentement, lui aussi, en direction du volcan qui avait éclaté en d’autres ères. Deux heures de marche lui suffi rent pour atteindre son but, un large plateau aux étranges formes minérales. Les Walosi qui le gardaient s’étaient éloignés, les lanciers avaient joué leur rôle. Seul restait le chaman-vie Cra-paud, gardien tabou du lieu.« Te voilà bien esseulé, lança l’Occultiste toujours dissimulé dans sa brume orangée. Que ferais-tu si les quatre monolithes étaient allumés simultanément par la même personne ?- Que les quatre pierres soient allumées, ce n’est pas impossible

Triadique, lui répondit-il. Mais simultanément et par toi, j’en doute. »

Se révélant alors à la vue du chaman Walosi, Yae Wu ramassa quelques pierres et s’élança en tournoyant vers la stèle la plus éloignée. Il y déposa une pierre et la stèle s’illumina d’une lueur blanchâtre.

Avant que le chaman n’ait eu le temps d’atteindre cette pre-mière stèle, les trois autres brillaient intensément.« Assieds-toi près de moi, chuchota l’Occultiste aux oreilles du chaman-vie, il faut que nous parlions... »

LES MACHINES ALCHIMIQUES

MISE EN PLACE DU CHAMPDE BATAILLE

1) Le scénario se joue sur une table de 24x24 pouces. Les joueurs partagent la table en 4 quarts. Les joueurs placent 4 machines alchimiques (Diamètre 1 - taille 1) sur chaque médiane, à 8 pouces du centre (voir schéma). Déterminer aléatoirement à quel élément chaque machine est liée : 1 d’Eau, 1 de Terre, 1 d’Air et 1 de Feu.

2) Les quarts opposés en diagonale sont attribués à chaque joueur. Les joueurs délimitent 4 zones de déploiement dans chaque coin de table. Chacune d’entre elles se trouvant dans un rectangle à plus de 7,5 pouces des machines.

3) Les joueurs placent 6 éléments de décors (préconisation de la taille d’une carte de jeu) en respectant les règles suivantes :

- Les joueurs placent les décors à tour de rôle. Déterminez aléatoirement quel joueur commence à poser un décor.

- Un décor doit être placé à plus de 3 pouces d’un bord de table, d’un objectif ou d’un autre décor.

4) Les joueurs placent ensuite 3 pions de composants chacun en respectant les règles suivantes :

- Les pions doivent être posés en contact d’un décor à au moins 4 pouces d’un autre pion.

- Les joueurs placent 1 pion dans un de leur quart de table et 1 pion dans un quart de table adverse (en alternant la pose des pions entre les joueurs et en débutant par celui qui n’a pas commencé à poser les décors). Le pion restant peut être placé dans un autre quart de table.

- Les joueurs DOIVENT pouvoir poser tous leurs pions (si ce n’est pas le cas, modifi ez le nombre et le placement des décors)

DEPLOIEMENTChaque joueur se déploie dans la zone défi nie lors de la mise en place du jeu, en commençant par celui qui possède le plus de cartes de profi l. Si les joueurs possèdent le même nombre de cartes, le perdant d’un jet d’Esprit en opposition se déploie en premier. Chaque joueur doit faire en sorte qu’une fois toute ses fi gurines déployées, il ait, si possible, autant de fi gurines répar-ties dans chacune de ses zones de déploiement.

ECHANGES...PAR MEHAPITO

ties dans chacune de ses zones de déploiement.16

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Une fi gurine non alchimiste ne peut porter qu’une seule pierre alchimique récupérée de la sorte. Si la fi gurine est retirée du jeu, la pierre est retirée du jeu avec elle. Une fi gurine peut choi-sir au début de son activation de lâcher gratuitement une pierre alchimique.Un alchimiste peut porter autant de pierres alchimiques qu’il le désire.Les pierres récupérées par un alchimiste issues de son affi nité peuvent être utilisées pour ses formules. Les pierres qui ne sont pas de son affi nité ne peuvent être utilisées pour ses formules (que ce soit pour les améliorations ou pour substituer des com-posants)

Les Machines AlchimiquesLes machines sont considérées comme étant neutres en début de partie. Elles sont considérées comme étant de taille 1.

Contrôler une machineDurant un tour, une fi gurine à 1 pouce ou moins d’une ma-chine neutre peut dépenser 1 Point d’Action pour en prendre le contrôle.

Activer une machineUne machine neutre (ou contrôlée précédemment par une fi gu-rine amie) peut être activée par une fi gurine à 1 pouce ou moins en dépensant 1 PA ainsi qu’une pierre alchimique. La pierre ainsi utilisée est détruite.

Éveiller une machineUne machine neutre (ou contrôlée, activée précédemment par une fi gurine amie) peut être éveillée uniquement par une fi gu-rine d’alchimiste à 1 pouce ou moins en dépensant 1 PA ainsi qu’une pierre alchimique (il peut s’agir d’une pierre récoltée ou d’une de ses pierres personnelles) du même élément que la machine. La pierre ainsi utilisée est détruite.

Neutraliser une machine Une fi gurine à 1 pouce ou moins peut neutraliser une machine qui est contrôlée par l’adversaire en dépensant 1 PA et une pierre alchimique de l’élément associé à la machine.Une machine perd son statut activée ou éveillée dès qu’elle re-devient neutre.

CONDITIONS DE VICTOIRE1) A la fi n d’un tour, si un joueur possède 16 PV, il remporte la

victoire. Si les deux joueurs possèdent 16 PV ou plus, si un joueur n’a plus de fi gurines en jeu, ou que le temps imparti est écoulé, c’est un match nul.

2) Nombre de PV Maximum à gagner : 313) A chaque fi n de tour, les joueurs déterminent lequel d’entre

eux contrôle chaque machine, on cumule les Points de Vic-toire comme suit :

- 1 PV par machine contrôlée.- 2 PV par machine activée.- 4 PV par machine éveillée.

REGLES SPECIALESChamps de Pierres Alchimiques :Une fois par tour lors de son activation, toute fi gurine peut dépenser 1 PA afi n de ramasser une pierre alchimique d’un élément déterminé aléatoirement. Une fi gurine alchimiste ra-masse autant de pierres que son niveau de concentration plus une. Par exemple, un alchimiste concentré au niveau 2 ramasse 3 pierres en dépensant un seul PA.

Lorsqu’une fi gurine ramasse des pierres alchimiques, jetez un dé blanc pour connaître le type de chaque pierre ramassée :1-4 : Élément de son affi nité5-6 : Au choixUne fi gurine qui a dépensé 1 PA pour ramasser des pierres et qui ne fait pas «5-6» pour ramasser la pierre de son choix, peut dépenser IMMEDIATEMENT un deuxième PA pour échanger UNE seule de ces pierres contre UNE seule pierre de l’élément de son choix.

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L ’ombre de la roche ne lui avait offert que peu de répit. Dès qu’il eut repris son souffl e, sa fuite vers un abri

sûr redémarra. Il se faufi la en zigzagant, essayant d’échapper aux griffes qui le menaçaient, mais elles eurent tôt fait de l’enserrer...

« Une blatte ! Rien ne me sera épar-

gné dans cette geôle, pensa Agerzam en ob-servant l’insecte cap-tif. » Malgré son sourire

désabusé, tout allait de mal en pis depuis sa ren-

contre avec son ancien ami frère Fébal à Kastel Kernan.

Malgré les dénégations du frère hospitalier, ce n’était pas une cel-

lule monacale qui hébergeait le vieux cheikh, mais bien une prison.

Pour en sortir, il devait insister et faire preuve de tous ses ta-lents de diplomate et restait accompagné de près par des no-vices au mutisme imperturbable.

La rencontre avec frère Fébal avait pourtant commencé avec les meilleurs sentiments de retrouvailles et l’évocation de quelques souvenirs savoureux où les deux compagnons purent renouer leur relation de confi ance autour d’une tasse de šay saxin local. L’entretien qui avait suivi, dirigé par le cheikh Had’r ibn Khalid, s’était déroulé dans une salle discrète de la guilde marchande locale. L’arrivée de représentants de l’Empire n’avait étonné personne. Les Kernanois, en commerçants frontaliers, étaient habitués au va et vient des herboristes et de leurs clients.

Les deux cheikhs reçurent ainsi séparément la famille Luo, in-fl uente auprès de l’école du Singe des Brumes, et les templiers qui accompagnaient frère Fébal. Les échanges furent courtois et marqués d’une certaine curiosité, ce qui laissa envisager une séance commune. La salle prévue à cet effet fut éclairée de nombreuses lanternes, pour en chasser toute ombre, et des ta-bourets rembourrés furent installés autour d’une grande table circulaire pour recevoir les représentants de deux peuples. Mal-gré sa confi ance apparente, Agerzam ibn Malikh redoutait les élans du jeune cheikh et son empressement à vouloir réunir Avaloniens et Triadiques. « De la curiosité de chacun naîtra la compréhension mutuelle, lui répétait Had’r. Laissons-les parler ensemble et se trouver des points d’accord.- Tant qu’il n’y a pas d’alchimistes dans la délégation de l’Em-pire, tout est possible. »

C’est autour du repas de midi, après cinq jours d’entretiens, que se déroula l’entrevue. Les frères du Temple de Vêpres, au nombre de six, entrèrent silencieusement. Ils arboraient fi ère-ment leurs greffons, présents estimés du Beathacrann, dont les appendices débordaient des bures sombres.

UN SINGE EN CAGEPAR MÉHAPITO

L ’ombre de la roche ne lui avait offert que peu de répit. Dès qu’il eut repris son souffl e, sa fuite vers un abri

sûr redémarra. Il se faufi la en zigzagant, essayant d’échapper aux griffes qui le menaçaient, mais elles eurent tôt fait de l’enserrer...

« Une blatte ! Rien ne me sera épar-

gné dans cette geôle, pensa Agerzam en ob-servant l’insecte cap-tif. » Malgré son sourire

désabusé, tout allait de mal en pis depuis sa ren-

contre avec son ancien ami frère Fébal à Kastel Kernan.

Malgré les dénégations du frère hospitalier, ce n’était pas une cel-

lule monacale qui hébergeait le vieux cheikh, mais bien une prison.

UN SINGE EN CAGEPAR MÉHAPITO

souvenirs savoureux où les deux compagnons purent renouer leur relation de confi ance autour d’une tasse de šay saxin local. L’entretien qui avait suivi, dirigé par le cheikh Had’r ibn Khalid, s’était déroulé dans une salle discrète de la guilde marchande locale. L’arrivée de représentants de l’Empire n’avait étonné personne. Les Kernanois, en commerçants frontaliers, étaient habitués au va et vient des herboristes et de leurs clients.

Les deux cheikhs reçurent ainsi séparément la famille Luo, in-fl uente auprès de l’école du Singe des Brumes, et les templiers qui accompagnaient frère Fébal. Les échanges furent courtois et marqués d’une certaine curiosité, ce qui laissa envisager une séance commune. La salle prévue à cet effet fut éclairée de nombreuses lanternes, pour en chasser toute ombre, et des ta-bourets rembourrés furent installés autour d’une grande table circulaire pour recevoir les représentants de deux peuples. Mal-gré sa confi ance apparente, Agerzam ibn Malikh redoutait les élans du jeune cheikh et son empressement à vouloir réunir

« De la curiosité de chacun naîtra la compréhension mutuelle, Laissons-les parler ensemble et se trouver

- Tant qu’il n’y a pas d’alchimistes dans la délégation de l’Em-

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Agerzam relâcha la blatte qui se débattait entre ses griffes. Les insectes rampants et autres scolopendres se multipliaient ces derniers temps. On en trouvait partout, même dans des régions qui en étaient habituellement épargnées. Ça l’avait frappé lorsqu’il recherchait en vain le petit Djeliya au bord du canal. Quelque chose était à l’œuvre, les sœurs avaient raison ; une chose qui dérangeait ce petit peuple de l’ombre et le poussait à sortir de sa tanière.

Ils avaient traversé d’un pas rapide la place du marché sous les regards hostiles d’un groupe de maraîchers. Des paroles échap-pées lui avait laissé entendre que les jours de concorde n’étaient pas pour demain. Quelques tiges d’aneth lancées en sa direc-tion explicitaient clairement ce que les bouches n’osaient dire en présence des Templiers.

La famille Luo n’était représentée que par trois de ses membres dont chacun semblait plus âgé qu’Agerzam lui-même. Leur longue barbe blanche tranchait sur leurs tenues colorées, mais c’étaient surtout leurs larges sourires qui attiraient les regards. Ils se qualifi aient les uns les autres du titre d’oncle sans que l’on puisse dire si cela correspondait à une appellation familière ou une marque honorifi que. Ce qui était sûr est qu’il était impos-sible qu’ils fussent les oncles les uns des autres !

Les odeurs d’épices chaudes embaumaient la pièce, trois grands plats étaient disposés sur une desserte, et chacun semblait mis en appétit autant par le fumet que par la couleur des légumes. Agerzam avait préféré éviter les plats de viande, les habitudes culinaires des deux peuples étant, en ce domaine, par trop dif-férentes, sans compter toutes les variantes locales...

Le cheikh Had’r tendit à ses hôtes une bassine de faïence claire leur signifi ant qu’ils pouvaient s’approcher et s’y laver les mains. C’est à ce moment que des cris parvinrent de la place du marché. Les regards se croisèrent et chacun recula d’un pas. Peu après, des coups violents furent frappés sur les portes de la maison de la guilde. Manifestement, quelqu’un ne tenait pas à ce que ce repas se déroule dans le calme.

Sans un mot, Had’r conduisit les trois oncles de la famille Luo vers une porte camoufl ée et s’engagea dans le couloir sombre qu’elle cachait. Agerzam haussa les épaules, sourit à son ami et lui fi t signe de se diriger vers l’entrée par laquelle ses frères et lui avaient pénétré.

D’où pouvait provenir le sabotage de cette rencontre ? Agerzam était encore dubitatif. Depuis qu’il avait fuit

Kastel Kernan avec les Templiers, il avait eu le temps d’y réfl échir. Il s’était sur-

tout confronté au nationalisme des Avaloniens, voire à l’hostilité exa-cerbée qu’ils affi chaient pour tout

ce qui leur était étranger.

A l’invitation de frère Fébal, il avait accepté d’accompagner les Templiers jusqu’au monas-

tère de Bégarde, l’un des nom-breux rameaux de Vêpres, implanté à la frontière des baronnies de Blathaig

et de Cumasc.

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était encore dubitatif. Depuis qu’il avait fuit Kastel Kernan avec les Templiers, il avait

eu le temps d’y réfl échir. Il s’était sur-tout confronté au nationalisme des

Avaloniens, voire à l’hostilité exa-cerbée qu’ils affi chaient pour tout

ce qui leur était étranger.

A l’invitation de frère Fébal, il avait accepté d’accompagner les Templiers jusqu’au monas-

tère de Bégarde, l’un des nom-breux rameaux de Vêpres, implanté à la frontière des baronnies de Blathaig

et de Cumasc.

D’où pouvait provenir le sabotage de cette rencontre ? Agerzam

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« A chacun son herbe, la mienne est faite pour moi » répétaient, chacun en sa langue, les nationalistes de toutes origines.- Tu dois nous accompagner au monastère le plus proche, avait décrété l’Hospitalier. Ta qualité d’ambassadeur ne te garantira aucune sécurité ici, l’infl uence du diacre s’y fait bien trop sentir sur le petit peuple.Agerzam ne savait trop à quel personnage faisait référence frère Fébal. Mais, à coup sûr, cet agitateur n’était pas l’ami des Tem-pliers.

Il leur fallu plusieurs jours pour rejoindre les limites de Blathaig. Plus ils s’enfonçaient en terres avaloniennes, plus le cheikh avait une impression d’étouffement. Aux larges terres cultivées succédèrent bientôt de petits carrés de jardins découpés dans les méandres buissonneux. Puis ce fut la forêt. Ses taillis épais et ses ronciers empêchaient toute progression en ligne droite, d’énormes racines barraient fréquemment ce que les Templiers appelaient une route. Il fallait avancer dans cet enchevêtrement végétal et faire fi du sol spongieux qui aspirait les chausses, par-fois jusqu’au mollet.

Il leur fallu trois jours entiers pour parcourir les vingt dernières lieues et atteindre le bourg de Bégarde constitué autour du mo-nastère. Edifi é dans la clairière naturelle d’un marais partielle-ment asséché, le bourg exhibait fi èrement une grosse vingtaine de maisons bourgeoises aux fondations de pierres de taille. Elles étaient assemblées autour d’une place pavée et de la rue qui la traversait en direction du monastère. Autour, de nombreuses masures tentaient de parfaire l’illusion d’une ville, inattendue en un tel endroit.

A l’extrémité nord, le long d’une rivière à fort débit, s’étiraient les deux ailes du monastère. A leur intersection s’élevait la mai-son commune, une énorme bâtisse de trois étages à laquelle était adossée un moulin. L’ensemble pouvait accueillir près d’une centaine d’hommes, Templiers, frères lais et leurs fami-liers. Autour s’étendaient quelques jardins dont la végétation soignée tranchait avec le paysage. Agerzam n’eut guère le temps de s’attarder à détailler ou s’interroger sur l’utilité d’un tel bâti-ment à cet endroit, il fut rapidement conduit vers une cellule vide attenante au moulin. Frère Fébal ne tenait pas à ce que le cheikh fasse preuve de sa curiosité habituelle.

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Le martellement sortit le diplomate de ses pensées. Derrière le mur de sa cel-lule, le travail de la forge avait repris. Mais malgré le fenestreau où il observait ré-gulièrement les frères passer avec de lourdes charges, il lui était impossible d’en décou-vrir plus sur leurs activités, tout au plus pouvait-il imagi-ner que peut-être là se tenait le secret de l’obsius.

C’est lors de ses sorties dans le cloître ou dans le jardin des simples qu’Agerzam avait pu utiliser au mieux ses qualités d’observateur. Les novices et les jeunes auxi-liaires ne pouvaient s’empê-cher de parler entre eux et de révéler des informations sur l’organisation du monastère et des ordres templiers. A la fois religieux et militaires, les Templiers étaient soumis à une stricte obéissance et se partageaient entre diverses fonc-tions diversement appréciées par les novices. Si nombre d’entre eux attendaient impatiemment d’accéder au statut de Templier combattant, certains se laissaient aller à rêver devenir Hospi-taliers, comme frère Fébal, ou même atteindre le rare privilège d’être Collecteur et de servir au plus près le Beathacrann.

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Mvt PA

3 3 10 6 24/6/10

AllongeLes figurines avec la compétence Allonge n’ont pas besoin d’être au contact pour combattre. Elles peuvent initier un combat jusqu’à 1 pouce tout autour d’elles. Un joueur peut choisir de mesurer à tout moment la portée d’Allonge de sa figurine. Il ne peut mesurer la portée d’Allonge d’une figurine adverse.

Taille 2 - Allonge

2 3 3 4 4 5

NOVICES DU TEMPLE (3) 19pt1/carteNOVICES DU TEMPLE (3)

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NOVICES DU TEMPLE (3) NOVICES DU TEMPLE (3)

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Tous étaient pris de la même ferveur religieuse qui frôlait le fanatisme et effrayait le cheikh. Comment espérer remplir une mission de paix parmi ces soldats à l’esprit endoctriné ? Heu-reusement, les plus anciens, dont son ami Fébal, gardaient une oreille attentive au sort de Mornéa.

Chaque jour, depuis qu’il était arrivé au monastère, Agerzam avait déjeuné seul, dans sa cellule ou dans un jardin, sous la surveillance de quelques novices. Fébal lui avait expliqué que ses frères préféraient rester entre eux pour partager le service religieux du repas. Il avait ajouté à voix basse que, lors des repas, les discussions portaient sur des sujets qu’il n’était pas forcément judicieux de partager avec un membre d’un autre peuple, quand bien même celui-ci serait diplomate.

Aussi, le vieux cheikh fut surpris d’entendre frère Fébal l’inviter à partager son repas. L’Hospitalier le conduisit dans un cou-loir qu’il n’avait pas encore arpenté. Les racines qui couraient le long des murs et l’humidité qui l’imprégnait donnait une ap-parence d’abandon à cette partie du bâtiment. Mais à y regar-der de plus près, cette végétation était entretenue. La mousse n’envahissait que les murs, laissant vierges le sol et les portes des cellules, et les racines ne s’enchevêtraient pas mais étaient soigneusement entrelacées à partir d’une épaisse tige centrale que Fébal prenait bien soin de ne pas heurter.

Après quelques dizaines de mètres, ils débou-chèrent dans une galerie qui surplombait une

grande cour d’herbes folles et de maigres arbustes. Une table était installée près du parapet, un repas les

y attendait. - Le bruit du moulin ne t’incommode pas trop ? demanda le

frère en lui désignant un tabouret.« Le temps des confi dences semble venu », songea Agerzam.- Pas plus que celui de la

forge, répondit-il d’un sourire tranquille.

- Si je ne peux pas te mon-trer le travail du saint métal, laisse-moi t’en montrer au moins le résul-tat.

Deux templiers pénétrèrent dans la cour côte à côte. L’un était recouvert d’un magni-fi que plastron d’acier aux cou-leurs de Blathaig et tenait une fl amberge étincelante large comme deux mains. C’étaient là des pièces de grande qualité qui ne pouvaient avoir

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UN SINGE EN CAGEPAR MÉHAPITO

Deux templiers pénétrèrent dans la cour côte à côte. L’un était recouvert d’un magni-fi que plastron d’acier aux cou-leurs de Blathaig et tenait une fl amberge étincelante large comme deux mains. C’étaient là des pièces de grande qualité qui ne pouvaient avoir

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été forgées que pour un baron, la petite noblesse d’Avalon ne pouvait s’offrir de telles armes. Le second portait un long écu sombre où ses appendices végétaux s’incrustaient et une longue

épée à la pointe très effi lée qui semblait être le prolongement de son bras.

Pendant que l’Hospitalier entamait silencieusement son re-pas, les deux hommes tournaient autour de la cour d’un pas précautionneux, ne se quittant pas des yeux. Le premier se mit en garde, la fl amberge à deux mains, puis leva sa lame et char-gea son adversaire. Adossé à un arbuste, le second n’avait pas bougé et son écu encaissa le coup d’une longue plainte sonore. Profi tant de son élan, le premier le repoussa du pommeau man-quant de peu de l’envoyer au sol. Puis il reproduisit cet assaut plus de dix fois, tirant à chaque fois la même sonorité grave de l’écu. Le cheikh fi nit par remarquer l’étrange manège que menaient les deux combattants. Celui qui tenait le rôle de défenseur pro-tégeait un arbuste de son corps, l’autre essayait de l’abattre. Pas une seule fois l’attaquant n’avait réussi à en toucher l’écorce.- Vous avez là un excellent jardinier, plaisanta Agerzam !- Les rejetons du Beathacrann sont aussi sacrés que l’arbre lui-

même. Je pensais que tu le savais, répondit frère Fébal d’un ton pincé.

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Mvt PA

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Sans peurUne figurine Sans Peur n’a pas besoin d’effectuer de jet d’Esprit dans le cadre des effets des compétences Effrayant. On considère qu’elle les réussit automatiquement.

Expert (Brutale)Une figurine qui possède cette compétence gagne 1 dé de bonus à son jet de Combat lorsqu’elle choisit la CC Brutale.

Maître (Corps à corps)Une fois par tour, au cours de son activation ou en réaction, la figurine dotée de cette compétence peut effectuer gratuitement une action de combat.

Taille 2 - Sans peur - Expert (Brutale)Maître (Corps à corps)

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TEMPLIER (2) 33pt1/carteTEMPLIER (2) TEMPLIER (2) TEMPLIER (2)

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répondit frère Fébal d’un

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Une figurine Sans Peur n’a pas besoin d’effectuer de jet d’Esprit dans le cadre des effets des compétences Effrayant. On considère qu’elle les réussit

Une figurine qui possède cette compétence gagne 1 dé de bonus à son jet de Combat lorsqu’elle choisit la CC

Une fois par tour, au cours de son activation ou en réaction, la figurine dotée de cette compétence peut

Sans peurUne figurine Sans Peur n’a pas besoin d’effectuer de jet d’Esprit dans le cadre des effets des compétences Effrayant. On considère qu’elle les réussit automatiquement.

Expert (Brutale)Une figurine qui possède cette compétence gagne 1 dé de bonus à son jet de Combat lorsqu’elle choisit la CC Brutale.

Maître (Corps à corps)Une fois par tour, au cours de son activation ou en réaction, la figurine dotée de cette compétence peut effectuer gratuitement une action de combat.

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UN SINGE EN CAGEPAR MÉHAPITO

- N’y vois là qu’un anodin

trait d’humour. Je ne cherche moquerie

en aucune manière et me garderai bien de critiquer les

croyances ou rites avaloniens.- Surtout ici ! rétorqua-t-il, le sou-

rire revenu aux lèvres.

Le premier bretteur avait troqué sa magni-fi que fl amberge contre une massive hache

d’arme à l’acier tout aussi brillant. Pendant qu’ils devisaient, les assauts avaient changé de forme. Cette

fois, les deux templiers attaquaient et les échanges de coups s’étaient durcis. Alors que la longue épée avait systé-

matiquement été parée par l’écu noir, cette fois c’était de l’épée

que le second combattant déviait les charges. Les rares coups qui avaient atteint l’écu en avaient ôté un éclat de la taille d’une main. Malgré l’apparence métallique du bouclier, Agerzam fut surpris de voir des éclats de bois.

« L’obsius est fait de bois ? s’interrogea-t-il. Mais de quel bois ? Serait-il possible qu’il s’agisse... ? » Il n’osa formuler sa der-nière pensée, mais un nouveau champ de réfl exion s’ouvrait pour le cheikh.

Le combat s’enhardissait, la hache tournoyait dans les airs et s’abattait de plus en plus rapidement, faisant reculer pas à pas le templier moins bien armé. Celui-ci tentait des feintes habiles, mais ne touchait que du plat de l’épée le plastron qui paraît les chocs. La fatigue commençait à se faire sentir et les tournoie-ments de la hache devenaient plus lents et plus larges quand tout à coup elle s’abattit, se fi chant dans l’écu qui s’arracha du bras du second combattant. Celui-ci bondit en faisant jaillir sa lame qui se planta dans la poitrine de son adversaire. Elle avait traversé l’acier du plastron comme s’il s’était agit d’une simple tunique.- Que penses-tu des qualités de l’obsius face à l’acier ? demanda

l’Hospitalier en se levant.

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Il se dirigea rapidement vers le templier qui gisait au sol et le débarrassa de son armure. Puis, sortant ses mains gluantes de quelque substance que contenait sa sacoche, les plaça autour de la plaie. Le saignement s’arrêta net et, quelques instants plus tard, le combattant sortit de la cour rejoindre son frère d’armes.- Cessons-là ces démonstrations, si tu le

veux bien, déclara frère Fébal. Je dois t’emmener voir un responsable de notre ordre. Il semblerait que les accords que tu proposes aient quelques échos parmi nos dirigeants.

- Les agitations populistes sont mauvaises pour nous tous. Peux-tu me parler de ce diacre que j’ai entendu évoquer ? Ou alors de ce Tugdual dont le nom n’est prononcé qu’à voix basse ?

- Tes oreilles sont bien trop longues et ta langue trop pendue ! Ne connais-tu donc pas la légende des trois singes de l’Em-pire ?

- Certaines légendes ne sont écrites que pour aider le peuple à obéir aux lois, renchérit le cheikh, et je suis trop vieux pour faire le singe.

- Et puis la prudence n’a jamais été ton fort. Je te revois encore au milieu des loups, les bras ouverts et le sourire large. Com-ment savais-tu que tu réussirais à les convaincre ?

- C’était nécessaire, voilà tout. Où me conduis-tu ?- Les fêtes de fi n de printemps se tiennent dans quelques jours à

Trois-Cloches, sur la route de l’est entre KerKastel et l’Empire. A cette occasion a lieu une grande foire où des marchands Aurloks et Triadiques sont tolérés. C’est lors de la grande parade du printemps que nous devrons retrouver nos frères de Complies.

- Et il est bien évident que je ne peux pas me rendre dans la baronnie de Cœlon !

- N’oublie pas les trois singes, lui rappela l’Hospitalier.

Le voyage jusqu’à Trois-Cloches fut exactement le même que celui qui les mena à Bégarde : racines, taillis épais, ronces et mousses spongieuses qui adhéraient aux chausses. Agerzam profi ta de la marche pour observer l’armement des templiers avec lesquels il voyageait. Les lances des novices, bien qu’elles mesuraient presque deux toises, ne les gênaient pas dans la traversée des taillis. Les autres frères portaient diverses épées, certaines très larges, d’autres plus effi lées, la plupart d’obsius, mais aucune n’était semblable à la perce-armure qu’il avait vu au monastère.

« Effi caces, mais pas assez pour en être équipés, songea-t-il. Cette démonstration ne visait qu’à augmenter la réputation guerrière des Templiers, mais cet armement doit posséder un vice que Fébal s’est bien gardé de me montrer. »

Ils arrivèrent enfi n à une large voie au tracé irrégulier, la route de l’est. Le vieux cheikh avait naguère emprunté cette route, les cycles n’en avaient pas redressé les pavés ni comblé les ornières, bien au contraire. D’énormes racines émergeaient par endroit, obligeant les chariots à sortir de la voie pour les contourner. D’anciennes traces montraient pourtant que tous les Avaloniens ne respectaient pas les racines autant que les templiers. Mais aucun n’avait été assez hardi, ou n’avait vécu assez longtemps, pour parvenir à les couper.

Cinq jours de marche suffi rent au groupe pour atteindre la ville qui s’étendait de part et d’autre de la route, entre de hauts hêtres qui dataient pour le moins de l’ère précédente. Sur une colline, une tour de guet appuyée à l’enceinte d’un vieux fortin de pierre exhibait les cloches dont la ville tirait son nom.

Au sud, s’ouvrait une vaste clairière. Des tentes, chariots et caravanes de toutes couleurs et origines s’y entassaient anar-chiquement, dessinant des ruelles et des places qui changeaient chaque jour. C’est là que se dirigèrent les Templiers.

Retrouver quelqu’un dans cet entrelacs d’étals et de bêtes pâtu-rant était une véritable gageure. A cela s’ajoutaient les haran-gues des camelots, les marchandages des clients et les masques géants de la fête du printemps. Alors que les Templiers s’épar-pillaient à la recherche de leur correspondant, Fébal désigna un novice pour assurer la sécurité d’Agerzam. - Pour une fois, j’aimerais que tu restes près de ce novice. Cer-

tains pourraient profi ter de cette période de festivités pour laisser parler leurs instincts...

Le cheikh jeta un œil sur le visage de l’Hospitalier, l’agitation

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de ses appendices végétaux ne laissait planer aucun doute sur son état de nervosité. Alors que Fébal s’éloignait, il reporta son regard sur cette foule hétéroclite. Quelques dames, issues d’un castel proche probablement, erraient entre les éventaires chargés de tissus des marchands de l’Empire. Les arbalétriers sensés les accompagner s’intéressaient bien plus aux fûts de Kaisealta, la fameuse bière du nord, délaissant leur surveillance pour des propos plus divertissants dont quelques mots crus fi rent sourire Agerzam.

Un vieil Avalonien en bure, vraisemblablement un ancien prêtre, menait une discussion vive au sujet de champignons avec de jeunes vendeurs aurloks. Le sac de champignons pas-sait des mains des vendeurs à celles de l’acheteur, puis revenait brusquement dans les mains des Aurloks avec quelques me-naces ou grognements. Devant l’absence de réaction de l’assis-tance, le cheikh estima que la situation devait être habituelle.

Plus loin, menuisiers et rabaudiers s’activaient à la préparation d’une grande marionnette à l’effi gie d’un personnage austère, habillé de vert et jaune, les couleurs de Cumasc. Autour d’eux jouaient nombre de gamins parés de jeunes rameaux liés à leurs tuniques, à l’image des greffons qu’ils rêvaient d’obtenir. Dès qu’ils le pouvaient, ils crachaient sur la marionnette, puis cou-raient se mettre à l’abri des coups de baguette que les rabau-diers ne manquaient pas de leur donner en représailles. Quel personnage de la Baronnie pouvait bien s’attirer cette critique. Il fallait tout de même qu’il pose la question.

Connaissant le mutisme des frères du temple, Agerzam se tour-na pour déclarer au novice qu’il devait rejoindre frère Fébal et avança vers le centre de la place. Contre toute attente, le jeune templier lui répondit et lui proposa un autre itinéraire, plus calme. Il avait, en effet, repéré un groupe d’Aurloks qui ten-taient de se rejoindre et préférait les éviter.

Le cheikh suivit donc le novice à travers les caravanes et tables vides, avançant rapidement et évitant les étals les plus acha-landés.

Un instant plus tard, ils se retrouvèrent face à deux Corbeaux qui avaient apparemment eu la même idée que le novice. Ils encadraient un personnage recouvert d’une cape verdâtre. « Un Crapaud, se dit le cheikh, et âgé... »

UN SINGE EN CAGEPAR MÉHAPITO

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nombre de cartes, le perdant d’un jet d’Esprit en opposition se déploie en premier.

Il doit placer l’une de ces fi gurines au centre de la table. Puis à tour de rôle, les joueurs placent une fi gurine, à :- exactement 6 pouces d’une fi gurine ennemie - à plus de 6 pouces des autres fi gurines ennemies - à au moins 4 pouces des fi gurines amies déjà déployées. Lorsqu’un joueur ne peut plus déployer ses fi gurines restantes à 6 pouces d’une fi gurine ennemie, il les déploie à 4 pouces de fi gurines amies déjà déployées.

Les fi gurines avec la compétence Furtivité, sont déployées comme les autres.La capacité Spéciale Stratège de Fu-Nihao est sans effet.

Une fois que toutes les fi gurines ont été déployées, chaque joueur désigne 3 fi gurines de son choix puis chacun détermine aléatoirement avec laquelle de ces trois fi gurines l’ambassadeur est déployé. Celui-ci est alors placé au contact socle à socle de la fi gurine déterminée.

CONDITIONS DE VICTOIRE1) A la fi n d’un tour, si un joueur possède 6 PV, il remporte la

victoire. Si les deux joueurs possèdent 6 PV ou plus, si les 2 ambassadeurs sont tués, si un joueur n’a plus de fi gurines en jeu, ou que le temps imparti est écoulé, c’est un match nul.

2) Nombre de PV Maximum à gagner : 63) A la fi n de chaque tour, on cumule les points de victoire

comme suit : - 2 PV si son ambassadeur possède plus de points de vie que

celui de l’adversaire. - ou 1 PV si son ambassadeur est en vie et que celui de l’adver-

saire est mort.

LE CARNAVAL DES RÉCOLTESDE DONG YI

MISE EN PLACE DU CHAMPDE BATAILLE

1) Le scénario est optimisé pour une table de 24x24 pouces. Pla-cez une fi gurine au centre de la table.

2) Les joueurs placent 6 éléments de décors (préconisation de la taille d’une carte de jeu) en respectant les règles suivantes :

- Les joueurs placent les décors à tour de rôle. Déterminez aléatoirement quel joueur commence à poser un décor.

- Un décor doit être placé à plus de 3 pouces d’un bord de table, d’un objectif ou d’un autre décor.

3) Les joueurs placent ensuite leurs pions de compo-sants en respectant les règles suivantes :

- Les pions doivent être posés en contact d’un élé-ment de décors à au moins 4 pouces d’un autre pion.

- Les joueurs alternent la pose des pions entre les joueurs et en débutant par celui qui n’a pas com-mencé à poser les décors

- Les joueurs DOIVENT pouvoir poser tous leurs pions (si ce n’est pas le cas, modifi ez le nombre et le placement des décors)

DEPLOIEMENTCelui qui possède le plus de cartes de profi l com-mence à se déployer. Si les joueurs possèdent le même

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Taille 2Sans FaillePassifToujours PrêtAttitude Défensive

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Taille 2Sans FaillePassifToujours PrêtAttitude Défensive

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AmbassadeurSans FailleLorsqu’une figurine dotée de cette compétence choisit la CC « Parade » elle peut forcer son adversaire à relancer son jet de combat avant qu’elle- même n’effectue le sien. Le second jet doit être conservé et ne peut être relancé

PassifL’Ambassadeur n’est pas considéré comme faisant partie de l’armée avec laquelle il est déployé (ainsi il ne peut être la cible de formules ou d’effets ciblant des figurines amies). L’ambassadeur se déplace en même temps qu’une figurine amie qui se trouve au contact socle à socle avec elle. Il ne peut toutefois pas bouger de plus de 12 pouces en un tour et doit toujours rester en contact socle à socle avec une figurine amie, qui peut changer au cours du mouvement.

Toujours PrêtSi l’Ambassadeur doit dépenser 1 PA avant de bouger (bourrasque violente, enchevêtrement, etc.) on considère que cette dépense est automatique et gratuite.

Attitude DéfensiveL’Ambassadeur ne peut jouer que la carte Parade en combat. Il ne peut toutefois pas effectuer de riposte. Si l’Ambassadeur est en combat, on considère qu’il se désengage automatiquement lors de son déplacement (si la figurine avec laquelle il se déplace est aussi en combat, celle-ci doit faire un désengagement).

Ambassadeur 0pt

Sans FailleLorsqu’une figurine dotée de cette compétence choisit la CC « Parade » elle peut forcer son adversaire à relancer son jet de combat avant qu’elle-même n’effectue le sien. Le second jet doit être conservé et ne peut être relancé

PassifL’Ambassadeur n’est pas considéré comme faisant partie de l’armée avec laquelle il est déployé (ainsi il ne peut être la cible de formules ou d’effets ciblant des figurines amies). L’ambassadeur se déplace en même temps qu’une figurine amie qui se trouve au contact socle à socle avec elle. Il ne peut toutefois pas bouger de plus de 12 pouces en un tour et doit toujours rester en contact socle à socle avec une figurine amie, qui peut changer au cours du mouvement.

Toujours PrêtSi l’Ambassadeur doit dépenser 1 PA avant de bouger (bourrasque violente, enchevêtrement, etc.) on considère que cette dépense est automatique et gratuite.

Attitude DéfensiveL’Ambassadeur ne peut jouer que la carte Parade en combat. Il ne peut toutefois pas effectuer de riposte. Si l’Ambassadeur est en combat, on considère qu’il se désengage automatiquement lors de son déplacement (si la figurine avec laquelle il se déplace est aussi en combat, celle-ci doit faire un désengagement).

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RÉVÉLER SON MANITOUPAR MÉHAPITO

« L’ombre du rocher ne lui avait offert que peu de répit. Dès qu’il eut repris son souffl e, sa fuite vers un abri sûr redémarra. En plein élan, les griffes le happèrent

mais, apparemment insensible, il prolongea sa course vers le refuge du bosquet de châtaignier. La poursuite continua sans qu’aucun des deux n’ait le loisir de retrouver son souffl e. Un crochet à droite lui permit d’éviter une nouvelle blessure, il était vraiment rapide !Soudain, son agresseur bondit par dessus les souches et se jeta sur lui. Il tenta de nouveau de s’échapper, mais s’en était fi ni... »

Son esprit s’évada de nouveau. Cela faisait près d’une demi sé-lène qu’il assistait aux histoires nocturnes des anciennes Walo-si, il avait appris à utiliser ce mot à la place de «Crapaud», et, chaque fois, leur narration le faisait entrer dans un semi som-meil où le timbre de leurs voix se mêlait aux puissantes images évoquées. A bien y regarder, pourtant, ce n’étaient que des contes de bonnes femmes qui mettaient en valeur les chasseurs de leur clan et les puissances de la nature, le tout enrobé de bons sentiments et de sagesse populaire.

Cela dit, il avait appris beaucoup de ces contes sur la nature des Walosi, sur leur curiosité et leur science des plantes.

Depuis qu’il était arrivé à Otsiliha la Vivante avec Nuge Yugan son regard avait subtilement changé. A la suite de leur discus-sion, le chaman-vie avait réussi à le convaincre de l’accom-pagner dans la capitale aurlok. Malgré ses réticences, Nuge Yugan l’avait assuré que même un alchimiste de la triade y se-rait convenablement accueilli. Yae Wu n’avait pas osé lui dire ce qu’il pensait de sa ville de boue et l’avait suivi, bravant ses appréhensions. Le chaman-vie avait été tellement séduit par le discours de l’Occultiste qu’il voulait lui faire rencontrer un obscur membre errant de son clan. Il lui avait même promis de partager les secrets de ses silex.

L’alchimiste de l’Empire ne pouvait refuser une telle proposi-tion, aussi incroyable qu’elle put être. Il se mit donc en route une nouvelle fois pour Otsiliha.

Voyager avec le Crapaud ne signifi ait aucunement avan-cer. Il suivait le moindre cours d’eau à la recherche d’une herbe particulière, écoutait le murmure du vent, restait

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immobile sous la bruine à ressen-tir la caresse de l’eau, obser-vait la façon dont telle pierre était posée face à telle autre. Il emplis-sait constamment sa besace de nouvelles trouvailles, essayant d’en expliquer l’intérêt à Yae Wu.

« L’important est dans le regard que tu portes aux choses, non dans la chose regardée. Ceci n’est qu’une feuille de consoude comme les autres, elle soignera les plaies autant que n’importe quelle autre. Pourtant, mon œil s’est arrêté sur elle et j’y ai vu la forme de ton oreille. »

Toutes les connaissances de l’Occultiste étaient inutiles face aux rêveries du chaman, son esprit traversait un monde qui ne lui était pas accessible. Son oreille n’avait absolument pas la même forme que cette feuille !

Il leur fallu quatre jours pour parvenir à Otsiliha, alors qu’une demi journée de marche rapide lui avait suffi t à l’aller.« J’ai tenu à ce que nous arrivions rapidement,

déclara Nuge Yugan, afi n que tu puisses rencon-trer au plus vite celui dont je t’ai parlé ! »

Le Crapaud ne vit pas le sourire moqueur de Yae, il continuait à discourir sur la forme du silex qu’il avait

entre les mains et les nombreux esprits qui l’avaient façonné. Dans sa bouche, le silex était un nom féminin.

C’était un élément offert par la terre à ses en-fants, une émanation de la terre elle-même et donc un élément femelle. Yae s’était donc habitué à l’entendre dire «la silex».

Durant ces quatre jours, il s’était habitué à un nombre étonnant de choses.

« Ceux-qui-portent-l’acier me croient lent et pataud à cause de mon embonpoint. Mais

si Walosi m’a donné cette chair, c’est pour donner à mon âme un temple plus souple, plus

robuste et plus vif que toutes les armures dont ils peuvent s’encombrer. S’il m’a donné ce sang, c’est

pour rendre à mes ennemis le mal qu’ils me font et leur faire sentir la douleur des coups qu’ils m’infl igent. »

Un guerrier-tonnerre des Walosi avait pris le relais de l’ancienne et commençait à raconter ses faits d’arme. S’il en était venu à les écouter, l’Occultiste avait du mal à

considérer ces chasseurs comme des guerriers, surtout les crapauds ! Qu’ils

puissent être une force d’appoint et gêner la progression d’une troupe d’Avalon, passe encore. Mais qu’ils s’opposent effi cace-ment à l’armée de l’Empire, c’était d’un comique...

Yae reporta son regard sur le guerrier qui parlait. Son visage était certes farouche et les cicatrices qu’il arborait témoignait de nombreux combats, mais son bras manquait de fermeté lorsqu’il brandissait sa misérable hache de pierre. Des bras aussi fl uets que ceux des débardeurs qu’il avait vu sur les quais.

A bien y songer, ces crapauds qui chargeaient et déchargeaient les pinasses, bélandres ou rares gabares maniaient de bien lourds colis avec ces maigres bras...

Encore une fois, il était entré à Otsiliha par le port. Leurs pas les avait conduits le long des rives de Niwaca Wosice. Le chaman lui avait fait suivre la berge droite d’un fl euve qui y aboutissait. Yae lui en rendait grâce malgré les zones marécageuses qu’ils avaient traversées. Les regards qu’il avait jeté sur l’autre rive pendant leur voyage n’avait que rarement réussis à percer la brume qui y persistait. Aucune berge ne se dessinait sur la rive gauche, le lit du fl euve s’étirait à travers les terres et rien ne semblait pouvoir en marquer la fi n. Au moins, de leur côté, une frêle ligne de boue marquait la berge. Il fallait en remercier la saison sèche, lui apprit son guide.

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« Ceux-qui-portent-l’acier me croient lent

si Walosi m’a donné cette chair, c’est pour

peuvent s’encombrer. S’il m’a donné ce sang, c’est pour rendre à mes ennemis le mal qu’ils me font et

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Etait-ce d’avoir traversé Oyanke Aliha ? Il ne pouvait le dire, mais l’arrivée au port de la ville des mille trocs lui laissa une impression très différente de sa première arrivée. Yae marchait enfi n sur un sol stable !

A l’invitation de Nuge Yugan, l’occultiste s’installa quelques nuits à l’auberge du port, une infâme gargote qui proposait quelques paillasses aux mariniers en attente d’un contrat.

Il passa sa première journée à observer le travail sur les quais. Des barges de toutes tailles en provenance du canal de la Concorde étaient à l’amarre. Leurs négociants, principalement issus de la Triade, n’étalaient pas la morgue habituelle des riches marchands de Joyau ou Bab-el-Assad, ni même les soyeux cos-tumes chamarrés dont la rumeur disaient qu’ils dormaient avec. Ici, le commerce se faisait à voix basse. Un certain respect sem-blait de mise lorsqu’on s’adressait aux Crapauds, aux Walosi,

représentants de ce qui tenait à la fois de la capitainerie du port et de la guilde du commerce. Bien que ces deux mots n’aient aucune signifi cation pour les Walosi.

Ils nommaient la zone portuaire Taku Kicic, ce qui peut vou-loir dire «échanger», «entreposer» aussi bien que «recevoir une visite opportune mais intéressante» !

Les Walosi tenaient à montrer et faire savoir qu’Otsiliha était leur ville, que c’était à eux de prendre soin de la capitale des Aurloks. Seuls les membres de leur clan avaient le droit d’échan-ger avec les étrangers et eux seuls étaient admis à charger ou décharger les navires. C’en était devenu proverbial :« Walosi a conçu le corps des crapauds suffi samment fl asque pour se gonfl er de tous les Witkas étrangers », répètent entre eux quelques Corbeaux saouls le soir.

Le tour des comptoirs fut rapidement fait, il s’agissait des seuls bâtiments en bois qui bordaient le port et seuls leurs proprié-taires y pénétraient parfois.« Impossible d’y conserver le moindre livre de compte ou rouleau d’inventaire ! Lui dit un scribe voûté qui avait depuis longtemps oublié les règles impériales. En deux jours, les feuil-lets sont recouverts de moisissure et inutilisables. Le comp-toir lui-même doit être reconstruit chaque saison, ses cloisons s’enfoncent inexorablement dans ce sol spongieux. Un jour, des Avaloniens tentèrent de construire un soubassement en pierre, continua-t-il. A mesure qu’ils posaient les pierres sur le terrain qu’ils avaient dégagé, celles-ci étaient av... s’étrangla-t-il dans un hoquet de rire. A mesure qu’ils les posaient, elles étaient abs... » Il ne put jamais terminer son histoire, le fou rire le reprenant dès qu’il tentait d’expliquer ce qui s’était passé. Alors que le comptable ouvrait la porte de l’arrière cour pour reprendre ses esprits, Yae discerna la silhouette de trois personnages en conversation, lissant leurs longues barbes. Il s’ex-cusa et s’éclipsa rapidement.« Les oncles Luo ? Que font-ils donc ici ? s’interrogea-t-il. »

Il suffi t de deux jours à Yae pour faire le tour du quartier portuaire. Le chaman-vie l’avait averti qu’il de-vrait patienter un peu, mais il avait expérimenté ce que pouvait être un voyage rapide pour les Walosi. L’occultiste partit donc explorer les quartiers adjacents, la population locale ne lui avait causé aucun en-nui. Il était même étonné de la façon dont les Aurloks acceptaient sa pré-

RÉVÉLER SON MANITOUPAR MÉHAPITO

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sence, ainsi que celle d’autres étrangers, dans leur capitale. Ceci était totalement inconcevable à Yu Cheng, même Xi-Yi n’était pas aussi accueillante envers les étrangers. Accueillant n’était d’ailleurs pas le mot qui convenait, disons que les Aurloks ne semblaient pas faire attention à sa présence. Il était là, comme n’importe qui ou quoi, il était simplement présent à cet endroit et à ce moment.

Ce qu’il convenait bien d’appeler habitations étaient des constructions à base de briques de boue, renforcées par endroit de peaux étalées et engluées. Certains bâtiments ainsi construits parvenaient à avoir deux étages. Devant une place dégagée, où se tenait un marché aux champignons apparemment très couru, s’élevait par exemple une large bâtisse avec terrasse. Quelques édiles devaient y résider, ou y travailler, le rythme des entrées et des sorties était assurément celui d’un édi-fi ce important. Yae hésita, puis décida qu’il ne tenterait pas d’y entrer.

Où qu’il aille dans la ville, il était impossible de trouver un endroit sec. Partout, des tas de glaise effondrés servaient de fondations à de nouvelles constructions en cours. Certaines

s’écroulaient même avant d’être achevées. Cela donnait à la ville un aspect à la fois inachevé et d’abandon. Il lui était arrivé d’emprunter une rue qui n’existait plus lorsqu’il tenta de reve-nir au port.

Cet après-midi là, il fi t un détour qui l’emmena très à l’est de la ville, assez loin du port pour qu’il puisse apercevoir les cam-pements qui l’entouraient et les montagnes au loin. Le quartier qu’il parcourait n’était fréquenté que par des Aurloks et pas seu-lement des Walosi. Des Loups y circulaient, pas de ces rapides combattants qu’il avait déjà pu croiser, mais des Loups comme il n’en avait jamais vus. Il aurait pu jurer que c’étaient des cha-mans s’il n’était certain que les seuls chamans aurloks étaient des Walosi. Une petite colline qu’une palissade encerclait s’éle-vait à cet endroit. Yae suivit la palissade en admirant les gra-vures qui l’ornementaient, elles semblaient raconter une his-toire mêlant de nombreux animaux à un peuple inidentifi able et l’occultiste regretta d’avoir si peu suivi les leçons sur le passé des peuples de Mornea. Etudiant, la géographie de Mor-nea le passionnait, mais l’histoire des autres peuples ou leurs habitudes culturelles le lassaient prodigieusement.

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s’écroulaient même avant d’être achevées. Cela donnait à la

Mvt PA

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HémotoxiqueTant que la figurine est en état grave (jaune) ou critique (rouge), lorsqu’un adversaire en combat socle à socle lui inflige des DOM, elle lui inflige 1 DOM en retour.

Taille 2 - Hémotoxique

1 2 2 3 3 4

GUERRIER-TONNERREDU CRAPAUD (3) 18pt1/carte

vures qui l’ornementaient, elles semblaient raconter une his-toire mêlant de nombreux animaux à un peuple inidentifi able et l’occultiste regretta d’avoir si peu suivi les leçons sur le passé des peuples de Mornea. Etudiant, la géographie de Mor-nea le passionnait, mais l’histoire des autres peuples ou leurs habitudes culturelles le lassaient prodigieusement.

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Une porte s’ouvrait dans la palissade, son accès était gardé par de farouches guerriers aurochs. Oui, ses heures à suer sur les cartes n’avaient pas été inutiles, ce devait être là l’accès à la mine de pierres de la capitale aurlok, la grande mine de silex alchimiques, Wahi Wakpa Tanka !

« Celui dont m’a parlé Nuge Yugan tu dois être, dit une voix derrière lui. Depuis quelque temps déjà je te cherche, ajouta le vieux Walosi qui l’avait fait sursauter. De me suivre jusqu’à notre campement il te prie. »

Cela faisait maintenant 34 jours que l’occultiste partageait la vie du campement de la tribu des Marcheurs-de-glaise, qui n’avaient plus de marcheurs que le nom tellement ils s’étaient sédentarisés. Le vieux Hi Papala ressassait le temps de sa jeu-nesse où sa tribu parcourait Oyanke Aliha entre les montagnes du sud et la Mer troublée.

« De glaise marcheurs nous fûmes, mâcheurs devenus nous sommes ! » répétait-il à qui voulait l’entendre et Yae ne vou-lait calculer le nombre de fois qu’il l’avait entendu depuis qu’il l’avait accompagné à la yourte du chaman-vie. Nuge Yugan lui avait expliqué à quel point il avait été diffi cile de convaincre ce vieux chaman de le rencontrer, jusqu’à ce qu’il lui explique leur objectif de paix. Hi Papala avait alors décidé de prendre l’occultiste comme Wayawa, étudiant initié, et était parti à sa recherche dans la cité.

Durant ces 34 longues journées, Yae avait écouté, observé, sen-ti, répété. Il avait appris les 27 noms de la boue et comment chacune d’elle réagissait aux pas, au poids. Chaque journée lui avait enseigné le nom d’un nouveau champignon, d’une nou-velle algue.

« Le lichen une chose étrange est, jeune Wayawa. Algue et champignon, immortel emmêlés, mort démêlés. Eclaircir ceci tu dois ! »Mais dès qu’il s’apprêtait à toucher l’objet de leur étude, à mani-puler boue ou champignon, le vieux Walosi secouait la tête et tapait de son bâton sur le sol :« Voir tu dois, ressentir il te faut. D’yeux n’ont pas tes mains. »

Chaque soir, Yae assistait au pow-wow de la tribu auquel étaient conviés des membres d’autres tribus campant aux alentours. Durant de longues heures, les anciennes narraient les légendes du clan Walosi et celles de la nation aurlok, les guerriers, chas-seurs ou pisteurs venaient raconter leurs aventures ou celles de leurs ancêtres, les chamans parlaient des manitous. Il avait été adopté comme l’un des leurs.

Il apprit à reconnaître les invités des tribus alliées qui, parmi leurs propres plumes, en portaient une aux couleurs des Mar-cheurs-de-glaise. Les membres de tribus moins proches pre-naient toujours soin d’ajouter la présence d’un Marcheur-de-glaise dans leurs histoires et ils n’osaient pas offrir de bûche pour entretenir le feu.

Chaque soir, les petits écoutaient attentivement, mais Yae n’au-rait su dire de qui ils étaient les enfants. Des loups somnolaient dans le giron de mères aurochs ou corbeaux, des crapauds sau-tillaient sur les genoux de pères loups en compagnie de petits aurochs.

« Il me faut retourner à Atalvi Asila, déclara Nuge Yugan un matin. - T’accompagner nous allons, mon jeune Wayawa et moi. Les

totems des sources nous lui montreront. Réveiller son mani-tou il doit !

- Il est bien trop âgé pour ça, s’insurgea le chaman-vie, et puis les chasseurs des Pierres-qui-dansent nous ont prévenu de la présence de Ceux-qui-ont-la-peau-claire le long de la Sa Wakpa.

- Des porteurs de ruches à nos côtés seront. Des fl eurs printa-nières des monts fumants profi ter leurs abeilles doivent.

- Puisque vous avez tout prévu, mon vieux maître, je ne vous oppose plus aucune objection. »

RÉVÉLER SON MANITOUPAR MÉHAPITO

oppose plus aucune objection. »

Mvt PA

3 3 10 8 34/6/10

EmpathieTant qu’un Aurlok ami est à 6 pouces ou moins du Chaman-Médecine, il peut prévenir 1 DOM subi. Le chaman subit le DOM à sa place. Cette capacité est sans effet si le Chaman n’a plus qu’une case de blessure non cochée. L’usage de cette capacité ne fait pas perdre sa concentration au Chaman.

Taille 2 - Alchimiste du Cercle Extérieur (Terre) - Empathie

1 2 2 2 3 3

CHAMAN-MÉDECINECRAPAUD (1) 37pt

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DEPLOIEMENTChaque joueur se déploie dans la zone défi nie lors de la mise en place du jeu, en commençant par celui qui possède le plus de cartes de profi l. Si les joueurs possèdent le même nombre de cartes, le perdant d’un jet d’Esprit en opposition se déploie en premier. Chaque joueur doit faire en sorte qu’une fois toute ses fi gurines déployées, il ait, si possible, autant de fi gurines répar-ties dans chacune de ses zones de déploiement.

CONDITIONS DE VICTOIRE1) A la fi n d’un tour, si un joueur possède 12 PV, il remporte la victoire. Si les deux joueurs possèdent 12 PV ou plus, si un joueur n’a plus de fi gurines en jeu, ou que le temps imparti est écoulé, c’est un match nul.2) Nombre de PV Maximum à gagner : 233) A la fi n d’un tour, on comptabilise les points :- chaque joueur marque 1 PV/symbole/totem quand il en pos-sède plus que son adversaire

Ex : un joueur qui possède plus de symbole (x3) pour chaque totem (x4) marquerait 12 PV à la fi n du tour

RÈGLES SPÉCIALESUn totem est de taille 3 et peut générer un couvert.

Une fi gurine se trouvant à 1 pouce ou moins d’un totem peut dépenser 1 PA pour danser afi n d’invoquer les esprits du totem. Il n’est pas possible de dépenser 2 PA à la suite pour invoquer les esprits. Une fi gurine à 4 PA peut danser 1 fois sur un to-tem, dépenser 1 ou 2 PA (marche, attaque, magie, tir, course, concentration, ...) et redépenser 1 PA pour le totem (de la même manière que le scénario «les coffres»).

Lorsque le PA est dépensé, son adversaire doit prendre les 4 cartes en main, en choisir une qu’il pose face cachée sur la table, et le joueur doit deviner la carte.- Si le joueur ne devine pas la bonne carte, il lance 2 dés de la

couleur de l’état de santé de la fi gurine et conserve 1 seul sym-bole qu’il place sur le totem à côté de la fi gurine.

- Si le joueur devine la bonne carte, il lance 3 dés de la couleur de l’état de santé de la fi gurine et conserve :

. soit 2 symboles sur le totem à côté de la fi gurine

. soit 1 symbole sur le totem à côté de la fi gurine et 1 symbole sur le totem de la carte

Reporter dans le tableau le nombre de symbole dans la colonne du totem que la fi gurine a invoquée.

LES TOTEMS

MISE EN PLACE DU CHAMPDE BATAILLE

1) Le scénario se joue sur une table de 24 x 24 pouces. Les joueurs par-tagent la table en 4 quarts. Déterminez où se trouvent les zones de déploie-ment de chaque joueur (4,5 pouces x 4,5 pouces).

2) Chaque joueur tire un dé, celui qui fait le plus grand chiffre commence. Il faut placer un totem dans un quart de table de sa zone de déploiement et un totem dans un quart de table de la zone de déploiement de l’adversaire. Le premier joueur :- place le premier totem (et un pion clan) dans un quart de table, - son adversaire place le deuxième totem (et un pion clan) dans

un quart de table,- les deux joueurs refont la même chose pour le 3ème et 4ème

totems

Il doit y avoir un totem par quart de table, et ils doivent être espacés d’au moins 7 pouces entre eux. Un totem doit être placé à plus de 3 pouces d’un bord de table et des zones de déploie-ment.

3) Les joueurs placent 6 éléments de décors (préconisation de la taille d’une carte de jeu) en respectant les règles suivantes :- Les joueurs placent les décors à tour de rôle. Déterminez aléa-

toirement quel joueur commence à poser un décor.- Un décor doit être placé à plus de 3 pouces d’un bord de table,

d’un objectif ou d’un autre décor.

4) Les joueurs placent ensuite 3 pions de composants chacun en respectant les règles suivantes :- Les pions doivent être posés en contact d’un décor à au moins

4 pouces d’un autre pion.- Les joueurs placent 1 pion dans un de leur quart de table et 1

pion dans un quart de table adverse (en alternant la pose des pions entre les joueurs et en débutant par celui qui n’a pas commencé à poser les décors). Le pion restant peut être placé dans un autre quart de table.

- Les joueurs DOIVENT pouvoir poser tous leurs pions (si ce n’est pas le cas, modifi ez le nombre et le placement des décors)

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Page 34: Chroniques 2013 2014

L’AUBE DES RÉVÉLATIONSPAR ELETHORN ET MÉHAPITO

L ’ombre du rocher ne m’avait offert que peu de répit. Dès que j’eus repris mon souffl e, ma fuite vers un abri sûr redémarra. En plein élan, les griffes me happèrent

mais, insensiblement, je prolongeai ma course vers le refuge le plus proche. La poursuite continua sans que j’ai le loisir de retrouver mon souffl e. Un crochet à droite me permit d’éviter une nouvelle blessure, mon épaule me faisait encore souffrir.

Je m’éveillai en sursaut, ce cauchemar ne me quitta plus depuis l’échauffourée de Trois-Cloches il y a trois jours. Trois jours ! Nous marchions depuis trois jours, mais Fébal ne voulait pas m’en dire plus.

- Prends ton mal en patience mon ami, je ne me rappelais pas que le cheikh Agerzham Ibn Malikh, dont la renommée n’est plus à faire, était de nature si impatiente !

- Où vois-tu de l’impatience dans ce besoin naturel de connais-sance ?

Les mots de Jahida, la ra-isscheikh, revenaient encore à ma mémoire, « Votre esprit est toujours aussi vif, mais vos réfl exes commencent à s’émousser. Ce sera votre dernier voyage Age-rzam, j’ai besoin de vous ici. Vous entamez les négociations à Xi-Yi et vous rentrez ! »Peux-tu au moins me dire où nous allons ? dis-je en gromme-lant.

- Si ce n’est de l’impatience, alors c’est de l’inquiétude...

Comme si c’était mon état naturel ! Mais marcher depuis trois jours en plein royaume d’Avalon, avec la nette impression de m’enfoncer de plus en plus dans les terres, et sans savoir quand mon périple s’achèvera, voilà qui aurait pour effet de rendre le plus calme de mes confrères pour le moins inquiet !

Mon ami hospitalier n’avait jamais été aussi secret, en tout cas cela ne me rappelait rien. Je voyais planer par là quelques intri-gues et secrets, sans aucun doute. Pour ce que je savais, frère Fébal m’emmenait à la rencontre d’un acteur politique impor-tant, sûrement l’une des fi gures de proue du Temple avalonien, mais même cela je n’en étais pas sûr.

Je ne pouvais m’empêcher de penser que tout était encore pos-sible, malgré ma blessure à l’épaule et le climat de confl it qui s’était installé à la frontière avalonienne pour peu à peu se propager à Mornea. De tout temps, des courants de pensées nationalistes et tournés vers la violence avaient pesé sur les ententes entre les peuples. Mais depuis l’ouverture du canal de la Concorde, le commerce et les relations professionnelles suffi saient la plupart du temps à éteindre les foyers dangereux avant tout confl it armé.

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Page 35: Chroniques 2013 2014

Cependant, les événements récents ne cessaient de me revenir en tête : des affrontements à la frontière entre des fi ls de Walosi et des troupes avaloniennes, le pénitencier de la Dent dévasté, des caravanes commerciales attaquées en plein Oblaye Itse. Et même des rumeurs plus inquiétantes encore si elles n’étaient si ridicules concernant des incidents alchimiques du fait de chimères peu obéissantes du côté de la Triade de Jade. Il ne me semblait pas que les peuples avaient été aussi agités depuis que le traité avait mis fi n à la Guerre Alchimique, j’avais moi-même constaté des troubles au sein du Royaume d’Avalon.

La veille, nous avions assisté à l’un de ces affrontements in-ternes au Royaume d’Avalon, révélateur de ces tensions. Selon frère Fébal, qui ne souhaita pas intervenir, certains novices du Temple avaient tendance ces derniers temps à déserter l’Ordre pour s’enrôler comme mercenaires, principalement au sein du Cartel du Sabre. En effet, cette corporation qui propose ses services pour de nombreuses besognes recrutait désormais à t r a v e r s tout Mornea et il n’était pas exclu de voir des

fi ls d’Aurlokan remplir un contrat aux côtés d’Avaloniens, ou même de Khalimans. Son dirigeant, qui se faisait appeler du titre ronfl ant de Commodore, avait même

la prétention de réunir tous les cartels du canal en une Guilde du Mercena-riat et clamait que sous sa conduite les peuples de Mornea étaient enfi n unis.

La rixe, ou tout du moins ce que je pus voir, me sembla bien sanglante. Des novices du Temple furent rattrapés par une dizaine de recrues, dirigées par un chevalier-légat. Du fait de leur entraînement au sein du Temple, les novices auraient dû se débarrasser facilement des soldats, mais ceux-ci en vinrent à bout très rapidement. Certains novices semblaient en effet ne pas être maîtres de leurs bras et en arrivaient à gêner leurs frères. Je ne compris pas pourquoi frère Fébal n’avait pas essayé de résoudre la situation en faisant entendre raison aux novices pour qu’ils rejoignent les rangs. Peut-être savait-il que c’était peine perdue, ou peut-être avait-il un intérêt à laisser cet affron-tement se dérouler. Avant de changer de chemin, je vis plusieurs têtes voler, deux rétiaires agrippaient les fuyards pour les ralen-tir et les raccourcissaient de leurs armes rudimentaires. À peine nous étions nous détournés, que les cris et fracas de la bataille se calmèrent, annonçant une victoire sans appel des forces menées par le chevalier-légat.

Cela me troublait au plus haut point, plus je progressais au cœur du Royaume et plus je m’interrogeais au sujet de la situation politique en Avalon. Le clergé, le Temple, les nobles de KerKas-tel, le peuple, les astrologues, les Barons, les chevaliers errants, les commerçants, chacun semblait avoir sa propre philosophie, sa propre idéologie, ses propres buts. Certains semblaient prêt

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La rixe, ou tout du moins ce que je pus voir, me sembla bien

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à utiliser la violence et la peur pour que d’autres fi nissent par penser comme eux, tandis que les plus nombreux espéraient passer inaperçus et ne pas devenir de nouveaux sacrifi és à la cause, quelle qu’elle soit.

Même frère Fébal, qui disposait pourtant d’une petite autorité en Avalon du fait de son rang, semblait inquiet de certains évé-nements. Bien sûr, il essayait de me le cacher au mieux, mais je lisais en lui facilement : sa simple décision d’éviter KerKas-tel m’en disait long sur son inquiétude ! Choisir de rallonger le trajet de plusieurs jours, simplement pour éviter la capitale, semblait bien excessif. A moins, bien sûr, de prendre en compte des facteurs que j’ignorais. Ajouter à cela le fait qu’il avait choisi d’éviter tout confl it la veille, lorsque nous vîmes les novices en fuite rattrapés par les forces régulières avaloniennes, je trouvais le jeu du Temple fort incompréhensible. Soit il était dénué de toute verve, soit il était très bien masqué et prêt à des sacri-fi ces pour atteindre de mystérieux objectifs. Il se pourrait bien sûr qu’au sein même du Temple plusieurs courants s’opposent, mais leur sens de l’ordre et de l’obéissance me poussait à refu-ser cette hypothèse.

Il me tardait d’arriver et rencontrer ce mystérieux individu pour lequel Fébal me demandait de voyager autant. J’en apprendrais sûrement bien plus à partir de là.

Le lendemain, nous arrivions à destination : Kumaraid. Ma blessure à l’épaule m’avait fait souffrir, mais elle n’était presque que de l’histoire ancienne, si ce n’était cette ligne verdâtre qui en marquait encore le contour.

Cette blessure, toute récente, me rappelait amèrement les an-nées écoulées, qui entraînent avec elles la vivacité et la robus-tesse de mon corps. Rien de cela ne serait arrivé dix cycles plus tôt. Alors que le novice assigné à ma protection se débattait avec un Aurlok enragé et que toute la place principale dansait autour de la gigantesque effi gie en fl ammes, un fanatique me pris par surprise aux cris de «Dehors les miaulants et tous les rasta-quouères». Malgré quelques réfl exes datant de ma jeunesse, sa lame trouva mon épaule. Grand bien m’en fasse, si je ne m’étais écarté de la trajectoire mortelle, ma gorge y serait passée, et moi avec ! Je ne comprends d’ailleurs toujours pas ce qui s’est passé ce jour là, ni la présence de responsables Aurloks à cette festi-vité avalonienne. La mission de mes confrères en territoire aur-lok aurait-elle porté si rapidement ses fruits ? Dans ce cas qui pourrait bien avoir intérêt à faire perdurer les affrontements entre les tribus Aurloks et le Royaume d’Avalon ?

L’AUBE DES RÉVÉLATIONSPAR ELETHORN ET MÉHAPITO

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Page 37: Chroniques 2013 2014

tite cellule attenant au fl anc nord, qui donnait directement sur la cour intérieure. Ce monastère devait sûrement être l’un des premiers bâtis par le Temple avalonien. Je discernai plusieurs bâtiments, un réfectoire, ainsi qu’une cour d’entraînement. Les lieux étaient bien entretenus, si l’on omettait les habituelles branches et racines courants sur les murs qui dorénavant me semblaient courantes dans chaque lieu religieux d’Avalon, et je croisais de nombreuses toges sur le trajet. Plusieurs troupes de novices semblaient rentrer d’une patrouille ou d’un exercice, je comptai cinq templiers, qui à première vue semblaient cha-cun diriger une douzaine de novices. Certains de ces novices semblaient frappés du même mal que les fugitifs croisés deux jours auparavant. Ils ne souffraient pas de blessures dues à des combats, non, plus une sorte de fatigue générale, des attitudes crispées. J’en vis un porter nerveusement la main à son greffon, semblant ne pas bien supporter cet appendice.

Je n’osai interroger mes guides sur les conditions de la greffe, mais je ne pus m’empêcher de leur faire remarquer qu’à la vue toutes ces patrouilles, les mesures de sécurité me semblaient bien importantes pour un simple monastère !

Mes hôtes me fi rent alors rentrer dans le bâtiment central, gar-dé lui aussi, puis m’invitèrent à monter les escaliers.

À l’étage, je retrouvai Fébal, qui avait quitté sa tenue de voyage pour revêtir une toge plus propre, et réservée aux hospitaliers. Cette toge, légèrement plus étoffée que celles des novices, contenait en son sein de nombreuses poches permettant de conserver des onguents et autres plantes médicinales. Il s’avan-ça vers moi :- « Cher Agerzham, je te demande pardon pour tous ces non-

dits. Je puis maintenant parler librement. » Me prenant dou-cement par l’épaule qui, grâce à ses soins, ne me faisait plus souffrir, il me dirigea vers une porte. Il l’ouvrit largement de la main gauche. Rentrant dans la pièce, je distinguai d’abord des bibliothèques, ainsi qu’en face de moi, un bureau. Un homme, probablement un templier, se situait derrière le bureau. De haute stature, je ne distinguais pas son visage. Une fl amberge pendait à son côté, et sa toge semblait de bonne qualité. Je devais avoir devant moi un représentant du Temple, peut-être l’un des Haut-Templiers, ou, de façon moins probable, l’un des trois connétables. De dos, les mains croisées derrière lui, il regardait par un imposant vitrail qui se trouvait derrière le bureau.

Ce vitrail représentait apparemment une ancienne scène de bataille, peut-être datant du schisme avec l’Empire. Cepen-dant, d’autres éléments ne semblaient pas remonter à la même époque. Au centre, le premier Roi, Caedmon, confi ait une re-lique à trois templiers agenouillés, tandis que dans le coin droit, il me semblait distinguer un autre personnage, sûrement un Ba-ron. Ce personnage, sans armoiries, se voyait également confi er un artefact par un autre Roi, peu reconnaissable. Je n’avais aucune idée de ce qu’étaient ces reliques. Je n’étais même pas

Fort heureusement, frère Fébal usa de ses connaissances pour purifi er ma blessure, et la couvrir d’un bandage propre. Ces attentions, ainsi que l’application de diverses plantes, me per-mirent de cicatriser bien plus rapidement que si je n’avais pas bénéfi cié de ses soins. De plus, la cicatrice semblait plus fi ne et moins marquée que ce qu’elle aurait dû être après guérison, j’avais remercié maintes fois frère Fébal pour l’habileté des soins qu’il m’avait prodigués.

Fébal me tira de mes pensées, en me demandant de bien vou-loir suivre quelques novices le temps d’atteindre destination à travers Kumaraid. Bien qu’attentionné à mon égard, il ne me confi a rien de plus et me recouvrit d’une longue bure. Il en ra-battit si bien la capuche sur ma tête qu’il me fut impossible de rien voir d’autre que les pieds de celui qui me précédait. Vou-lait-il me camoufl er aux yeux de ses concitoyens ? Ou étaient-ce mes yeux qui n’étaient pas censés observer les alentours ?

J’arrivais ainsi dans une nouvelle «chambre d’invité», avec pour seule consigne de me reposer. Cette pièce, comme celle de Bégarde, ressemblait plus à une cellule qu’autre chose. Fort heureusement, une heure plus tard deux templiers vinrent me chercher, m’expliquant que frère Fébal m’attendait.

Je profi tai du trajet pour enfi n observer mon environnement. Le monastère semblait ancien, j’avais été détenu dans une pe-

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L’AUBE DES RÉVÉLATIONSPAR ELETHORN ET MÉHAPITO

sûr de leur existence tangible. A ce que j’en savais, cela pouvait tout aussi bien représenter une simple promesse où un vœu fait par les trois templiers et le Baron !

Les vitraux avaloniens n’étaient pas toujours clairs. Un petit peu comme leur politique extérieure d’ailleurs... - « Voici le cheikh Agerzham ibn Malikh, Connétable. Age-

rzham, je te présente le connétable Lotharius, du Temple des Vêpres. Il souhaiterait s’entretenir avec toi. ».

Une clef venait de m’être offerte, et avec elle de nouvelles inter-rogations. Les mystères, les non-dits, KerKastel, le trajet, l’es-corte, tout prenait une dimension nouvelle. Lotharius !

Deux heures plus tard, je ressortis totalement abasourdi de notre conversation. Fébal lui-même semblait ne pas en croire ses oreilles. Les révélations de Lotharius donnaient une toute autre dimension aux événements des deux derniers cycles, non seulement en Avalon, mais sur tout le continent. La rencontre à Gigage Gadusi n’était plus seulement souhaitable, mais réelle-ment indispensable.

Lotharius semblait bien informé et les informations que je lui avais données corroboraient nombre de ses déductions. Quelles informations les sœurs elles-mêmes détenaient-elles ? Sur quels oracles s’étaient-elles appuyées pour nous confi er cette mis-sion ?

- Fébal, il n’y a pas de temps à perdre. Je dois rejoindre le poste frontière le plus proche afi n de rencontrer mes confrères.

- Les... les choses que nous a confi ées le Connétable ne doivent pas être ébruitées.

- Crois-tu que ton connétable ait choisi de me parler pour que je me taise ?

- Je ne suis... je ne pense pas...L’hospitalier était comme hébété, le sol s’était effondré sous ses pas et il ne pouvait plus s’accrocher à aucune branche.- Laisse-moi alors envoyer secrètement quelques émissaires

que tu choisiras à Kastel Kernan. Le cheikh Had’r saura quoi faire de ces informations... Pourvu que des oreilles ennemies ne les interceptent pas avant, ajouta-je tout bas.

Mvt PA

3 5 10 7 34/6/10

Sans peurUne figurine Sans Peur n’a pas besoin d’effectuer de jet d’Esprit dans le cadre des effets des compétences Effrayant. On considère qu’elle les réussit automatiquement.

Sans FailleLorsqu’une figurine dotée de cette compétence choisit la CC Parade elle peut forcer son adversaire à relancer son jet de combat avant qu’elle- même n’effectue le sien. Le second jet doit être conservé et ne peut être relancé.

Imposition des mainsL’hospitalier peut soigner une figurine amie au contact socle à socle. L’hospitalier soigne la figurine amie par tranche de 2 PV pour 1 PV perdu en retour. Il peut soigner tant qu’il est en Ètat indemne (blanc). Il peut utiliser cette capacité gratuitement 1 fois par tour.

Taille 2 - Sans peur - Sans Faille - Imposition des mains

2 3 3 4 4 5

HOSPITALIER DU TEMPLEDES COMPLIES (1) 35pt

Page 39: Chroniques 2013 2014

LES INFORMATEURS

MISE EN PLACE DU CHAMPDE BATAILLE

1) Le scénario se joue sur une table de 24x24 pouces. Les joueurs placent ensuite des pions (diamètre 1 - taille 2) représentant les informateurs. Chacun possède une valeur de 1 à 3 (voir schéma).

2) Les joueurs déterminent leur côté de table. Chaque zone de déploiement se trouve au milieu d’un bord de table et fait 8,5 x 2 pouces.

3) Les joueurs placent 6 éléments de décors (préconisation de la taille d’une carte de jeu) en respectant les règles suivantes :

- Les joueurs placent les décors à tour de rôle. Déterminez aléatoirement quel joueur commence à poser un décor.

- Un décor doit être placé à plus de 3 pouces d’un bord de table, d’un objectif ou d’un autre décor.

4) Les joueurs placent ensuite 3 pions de composants chacun en respectant les règles suivantes :

- Les pions doivent être posés en contact d’un décor à au moins 4 pouces d’un autre pion.

- Les joueurs placent 1 pion dans leur moitié de table et 1 dans la moitié de table adverse (en alternant la pose des pions entre les joueurs et en débutant par celui qui n’a pas com-mencé à poser les décors). Le pion restant peut être placé

dans sa moitié de table ou la moitié de table adverse. - Les joueurs DOIVENT pouvoir poser tous leurs pions (si

ce n’est pas le cas, modifi ez le nombre et le placement des décors)

DEPLOIEMENTChaque joueur se déploie dans la zone défi nie lors de la mise en place du jeu, en commençant par celui qui possède le plus de cartes de profi l. Si les joueurs possèdent le même nombre de cartes, le perdant d’un jet d’Esprit en opposition se déploie en premier.

CONDITIONS DE VICTOIRE1) A la fi n d’un tour, si un joueur possède 5 PV, il remporte la

victoire. Si les deux joueurs possèdent 5 PV ou plus, si un joueur n’a plus de fi gurines en jeu, ou que le temps imparti est écoulé, c’est un match nul.

2) Nombre de PV Maximum à gagner : 73) A chaque fi n de tour, on cumule les Points de Victoire comme

suit :- 1 PV par Informateur interrogé de valeur 1- 2 PV par Informateur interrogé de valeur 2- 3 PV par Informateur interrogé de valeur 3

REGLES SPECIALESInterroger un Informateur :Les informateurs sont considérés comme étant des fi gurines de taille 2 qui ne peuvent être chargées ni être tuées.On ne peut interroger un informateur qu’à la fi n d’un tour, avant le décompte de Points de Victoire.Un joueur ne peut interroger qu’un informateur par tour. On ne peut pas interroger l’informateur 3 PV au 1er tour.

Pour interroger un informateur, une fi gurine « aux aguets » doit se trouver au contact socle à socle avec lui.Si plusieurs fi gurines ennemies « aux aguets » se trouvent au contact d’un informateur, personne ne peut interroger cet infor-mateur.

Une fois interrogé, l’informateur ne donnera plus aucune infor-mation jusqu’à la fi n de la partie.

RETOUR À GIGAGE GADUSILES CHRONIQUES DE MORNEA

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Page 40: Chroniques 2013 2014

Monseigneur,

Je rends de nouveau grâc

e à votre bienveillance d

e l’honneur que vous m’avez fait d

e me

nommer au poste de cartograp

he de votre baronnie. S

oyez assuré de mon extrême diligence à

mener à bien la mission que v

ous m’avez confi ée dans la plu

s stricte confi dentialité.

Votre lettre de recommandation a

fortement impressionné Monsieur le S

énéchal qui a accepté

de m’ouvrir les portes de sa

bibliothèque. Malheureusem

ent, malgré les heures passées

à

déchiffrer les nombreux ouvrag

es qu’elle recèle, je n’ai

pu en tirer que peu de

renseignements

utiles.

Se rendant à mon insistanc

e, et sous l’effet de votr

e bienveillante recommandation, M

onsieur

le Sénéchal a accepté de me confi er un

e escorte pour établir des

relevés directs sur les t

erres

des Baronnies, à charge pour

moi de subvenir sur mes propres c

rédits aux besoins des h

ommes

qui m’accompagnent.

Les terres royales de KerKastel et la B

aronnie de Cumasc ont été e

ntièrement parcourues et

relevées sur cartes. Je n’ose en jo

indre une copie à cette m

issive et me rendrait très rapidement

à votre cour pour vous l

es délivrer en main propre.

Mon meilleur lieutenant que j’

ai moi-

même formé, Juan del Cosa, fi ls de ce capitaine

del Cosa que votre seigneurie

a récemment

remarqué, parcourt en ce m

oment la Baronnie de Matgen pour e

n effectuer un relevé pré

cis et

complet qui sera tout aussi r

apidement entre vos mains.

Ces excellents résultats ne

doivent pas vous cacher

les diffi cultés liées à l

a mission dont vous

m’avez chargé. Outre les énor

mes besoins fi nanciers que

vos dotations comblent partiel

lement,

les parcours que nous im

posent à la fois la prud

ence que vous nous ordon

nez et les nombreux

bras du Ciar rendent la tâche ard

ue.

Une petite caraque de ma fl otte marchande, l’

Escotereau, est amarrée dans l

e port de Kastel

Kanam et attend de votre bienv

eillance d’être armée pour une

reconnaissance et un rele

précis des côtes des Baronnies voi

sines. Le faible tirant d’eau et

l’excellente portance de

cette caraque en font un

véritable atout pour fai

re aboutir de la meilleure faço

n la tâche de

cartographie que vous m

’avez confi ée et nous per

mettrait, Monseigneur, de poursuivr

e cette

mission de reconnaissance

vers les buts que vous m

’avez secrètement exprimés.

Je confi e cette missive à l’un

de mes fi ls qui a pour ordre

de vous la remettre en mains

propres. Monseigneur,

soyez assuré de mon total dév

ouement.

Capitaine Bartol Omeu

Maître Cartographe du baron A

rthus

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MISSIVES...PAR MÉHAPITO

Page 41: Chroniques 2013 2014

RETOUR À GIGAGE GADUSILES CHRONIQUES DE MORNEARETOUR À GIGAGE GADUSI

LES CHRONIQUES DE MORNEA

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Révérende Matriarche,Sages Doyennes,

Malgré notre isolement dans les Jaabal Ifrit, ou à cause de celui-ci, mon inquiétude au sujet de l’état de notre sœur ne cesse de croître. Ses crises se sont certes espacées, mais de nouveaux états symptomatiques sont apparus.Ilhem se reproche la mort de nos sœurs, elle reste prostrée de longues heures en répétant le nom de Ghada et raconte en longue litanie l’avenir qui était tracé pour elle. Notre sœur mélange passé et futur en narrant les actes majeurs effectués par la Matriarche Ghada et l’horizon d’une nouvelle guerre fratricide qu’elle a désamorcée en rencontrant le «véritable vizir.» J’ai intégralement retranscrit ses récits d’un avenir maintenant achevé, les lignes qu’elle y suit restent malheureusement actuelles et angoissantes...

Ce sont ses accès de fi èvre qui sont les plus terrifi ants. C’est lors de ces moments que sa possession est la plus visible. L’aide que je lui apporte et les décoctions d’herbes qu’elle ingère ne suffi sent plus à contenir l’esprit qui est en elle et qui se débat pour émerger. Ilhem a réussi à plusieurs reprises à s’échapper du monastère qui nous abrite pour se réfugier dans les roches du désert alors qu’elle était dans cet état. Les trois fi dèles Fadela qui m’ont suivie dans notre isolement l’ont retrouvée totalement hébétée, sous l’effet d’une puissante drogue minérale, le dangereux sel bahar redouté des touaregs. Lors de sa dernière fuite, l’esprit qui la possède a réussi à lui faire tracer au sol un cercle incantatoire à cinq points, ses pauvres griffes gardent la trace du sol qu’elle a gravé. Sa survie ne tient, je crois, qu’au fait que la zone dans laquelle nous nous trouvons est totalement vide de pierres alchimiques. Votre choix se révèle en cela très judicieux.

A votre demande, j’ai pu établir quelques contacts avec les Qaniss qui parcourent inlassablement les Jaabal Ifrit. Deux d’entre eux, des Suleman du nom de Aylan et Anebdad, ont pris l’habitude d’une nuit de repos dans notre monastère isolé. Malgré leur amabilité, leurs langues restent scellées face à moi. Par ailleurs, leurs regards inquisiteurs sur Ilhem m’inquiètent. Heureusement, ils sont plus affables avec les gardes Fadela. Comme vous le redoutiez, les Qaniss sont inquiets devant la soudaine disparition des ifrits. Disparition en laquelle ils ne croient pas. Leur théorie est qu’ils ont réussi à se tapir dans un lieu retiré qu’il leur faut absolument découvrir. Ibrahim leur manque cruellement, son intuition pour les dénicher est devenue légendaire. Seul son retour, assurent-ils, permettra de trouver l’endroit où les ifrits se terrent. Je n’ose utiliser ici mes dons de divination pour en savoir plus à ce sujet.Anebdad a demandé avec insistance de quel mal souffrait sœur Ilhem, allant jusqu’à raconter aux gardes la légende de Chamra la possédée. Notre retraite à Sach’r Gariba risque de devoir se terminer plus rapidement qu’envisagé.

J’attends impatiemment vos conseils, Votre fi dèle Najet

Page 42: Chroniques 2013 2014

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MISSIVES...PAR MÉHAPITO

Jahida,

La cité se reconstruit progressivement. Toutes les corporations semblent avoir laissé leurs

dissensions de côté pour participer activement à son relèvement. Les intrigues de Plijong Sig-

Yi, ou plutôt de Tang Sonpeh, du cycle précédent sont aujourd’hui bien loin de nous. Le travail

pour effacer les destructions de la saison dernière aurait amplement suffi t pour éloigner cette

sombre histoire. Mais la Guilde de l’Once a habilement œuvré pour déplacer les personnes trop

impliquées dans cette affaire et Kun Watang en a profi té pour renvoyer à Yu Cheng certains

Triadiques qui s’opposaient à lui.Les traces de l’incendie ont été effacées rapidement. Le déluge de pluie qui s’est abattu sur la

cité avait d’ailleurs empêché de trop graves dégâts. Il en est autrement pour les bâtiments qui ont

été la proie des combats et des pillages qui ont suivi la venue de l’ifrit. Les quartiers du port,

en particulier celui des Doux Refl ets, seront plus longs à retrouver leur apparence. Comme on

pouvait s’y attendre, le quartier de l’Abondance, qui jouxte la place du Mur, a été entièrement

refait. C’est pourtant ce quartier qui a été le plus durement touché avec la destruction du palais

du Dôme de Jade et ses bâtiments voisins. Aujourd’hui, un nouveau palais s’est élevé sur les

fondations de l’ancien. Moins démonstratif que le précédent, il reste tout aussi luxueux.

Devant le travail à accomplir et ses enjeux fi nanciers, les bâtisseurs se sont regroupés en une

association, la Confrérie des Libres Maçons, qui commence à avoir un certain poids. Cette

confrérie a décidé de rebâtir, à ses propres frais, les dégradations du quartier populaire des

tailleurs de pierre. La réfection de certaines rues, assez peu endommagées, a commencé. Je reste

vigilent à ce sujet...

Mais si je vous écrit aujourd’hui, notre ra-isscheikh, ce n’est pas seulement pour vous tenir

avertie des travaux de la cité, c’est surtout pour vous faire part d’une nouvelle qui nous attriste

tous. Agerzam ibn Malikh est mort. Un message du cheikh Had’r de Kastel Kernan m’est

parvenu, il contenait une copie de celui d’un templier qui se dit ami d’Agerzam. Rien, apparemment, ne laissait prévoir sa mort. Elle semble consécutive à un coup de poignard

mal soigné ; le templier envisage un empoisonnement de la lame malgré une cicatrice propre.

Frère Fébal, le templier en question, est un soigneur de son ordre et son avis paraît sincère. Il

nous propose de nous ramener le corps et aimerait vous rencontrer à cette occasion. Peut-être a-t-il

des révélations à nous faire.

Je suis encore sous le choc de cette nouvelle mais ne peux m’éloigner de Joyau pour l’instant.

J’attends incessamment de vos nouvelles. Cheikh Hicham Ibn Khalid

Page 43: Chroniques 2013 2014

Céleste sélène

Echec à Xi-Yi. Les dissidents du groupement avalonien sont enfermés dans trop de

dissensions internes pour être sensibles à de nouveaux arguments.

L’infi ltration a pris fi n et devra être recommencée par d’autres

biais. La petite noblesse sera un meilleur point d’entrée que l’église

provinciale.

Tentative en cours au bord de la mer Troublée.

Quelques éléments sont prometteurs et de nouvelles forces tentent de

s’affi rmer. Nous avons été aperçus d’un élément inconnu. Avez-vous connaissance

d’un agent du Soleil de Cristal à Otisiliha ?

Réussite au bord du Canal.Nos agents sont actifs et opérationnels.

Brise et Acier sont tombés et Joyau arrive. Bab-el-Assad fl anche, nos

associés à la Compagnie des Ambres persuadent habilement les petits

sociétaires.

Oncles Luo

RETOUR À GIGAGE GADUSILES CHRONIQUES DE MORNEA

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Page 44: Chroniques 2013 2014

LES INTRIGUES DE BAB-EL-ASSAD

MISE EN PLACE DU CHAMPDE BATAILLE

1) Le scénario est optimisé pour une table de 24x24 pouces. Les joueurs déterminent leur côté de table. Les zones de déploie-ment se situent jusqu’à 9 pouces de la ligne médiane.

2) Les joueurs placent 6 éléments de décors (préconisation de la taille d’une carte de jeu) en respectant les règles suivantes :

- Les joueurs placent les décors à tour de rôle. Déterminez aléatoirement quel joueur commence à poser un décor.

- Un décor doit être placé à plus de 3 pouces d’un bord de table, d’un objectif ou d’un autre décor.

3) Les joueurs placent ensuite 3 pions de composants chacun en respectant les règles suivantes :

- Les pions doivent être posés en contact d’un décor à au moins 4 pouces d’un autre pion.

- Les joueurs placent 1 pion dans leur moitié de table et 1 dans la moitié de table adverse (en alternant la pose des pions entre les joueurs et en débutant par celui qui n’a pas com-mencé à poser les décors). Le pion restant peut être placé dans sa moitié de table ou la moitié de table adverse.

- Les joueurs DOIVENT pouvoir poser tous leurs pions (si ce n’est pas le cas, modifi ez le nombre et le placement des décors.

DEPLOIEMENTChaque joueur se déploie dans la zone défi nie lors de la mise en place du jeu, en commençant par celui qui possède le plus de cartes de profi l. Leur troupe inclue une carte de trois socié-taires, lesquels sont déployés comme le reste de l’armée. Si les joueurs possèdent le même nombre de cartes, le perdant d’un jet d’Esprit en opposition se déploie en premier. Aucune fi gu-rine ne peut se trouver en combat avec une fi gurine adverse lors du déploiement.

CONDITIONS DE VICTOIRE1) A la fi n d’un tour, si un joueur possède 9 PV, il remporte la

victoire. Si les deux joueurs possèdent 9 PV ou plus, si un joueur n’a plus de fi gurines en jeu, si le dernier sociétaire d’un joueur est mis hors jeu, ou que le temps imparti est écoulé, c’est un match nul.

2) Nombre de PV Maximum à gagner : 153) A chaque fi n de tour, on compte les Points de Victoire comme

suit : - 3 PV par sociétaire adverse intimidé en vie (cumulable) - 1 PV par sociétaire adverse presque intimidé (non cumu-

lable) - 3 PV par sociétaire allié mort au cours de ce tour (non cumu-

lable)

REGLES SPECIALESLes sociétaires :Les sociétaires sont des fi gurines considérées comme faisant partie de la faction du joueur. Ils sont joués comme n’importe quelle fi gu-rine de la troupe du joueur, y compris lors du déploiement.Aucune fi gurine (sociétaires inclus) ne peut entreprendre une ac-tion dont le succès aurait pour conséquence la mort d’un sociétaire allié (y compris lui-même).Un sociétaire ne charge pas, n’engage pas et joue toujours la carte de combat «inactif».Un sociétaire en état critique ne peut pas annoncer de désengage-ment.

Intimider un sociétaire :Les sociétaires débutent la partie avec le statut « non-intimidé ».

À la fi n du tour, une fi gurine aux aguets située dans un rayon de 3 pouces d’un sociétaire adverse peut effectuer un jet d’esprit en opposition avec celui-ci. Si elle emporte ce jet, le sociétaire est « intimidé ». Un sociétaire intimidé conserve ce statut. Si elle ne remporte pas le jet d’esprit en opposition, le sociétaire est presque intimidé. Le sociétaire ne conserve pas ce statut.Si une fi gurine se trouve dans un rayon de 3 pouces de plusieurs sociétaires adverses, le joueur doit choisir celui qu’elle tente d’inti-mider.

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MISSIVES...PAR MÉHAPITO

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ravant à un corps autre que celui d’un templier ou d’un membre de la famille royale.La procédure était longue et semblait vider de leurs forces ceux qui opéraient. Un cercle de templiers entourait ceux-ci, ils su-surraient une mélopée qui semblait étrangement leur redonner vigueur. Après de longues heures à vider et nettoyer les viscères puis recouvrir le corps d’onguents, les templiers laissèrent le corps en repos.- C’est la première fois que les frères collecteurs sont amenés à

traiter le corps d’un Khaliman, leur avoua l’hospitalier.

Malgré leur jeune âge, les deux cheikhs n’en crurent rien. Ceux qui opéraient avaient une trop bonne connaissance de l’anato-mie du corps entre leurs mains. Cela dit, ce devait certainement être leur premier embaumement complet d’un Khaliman, sur-tout d’un corps aussi âgé.- Quelle est l’utilité de cette petite serpe à leur côté ? demanda

ingénument Rasef. Il ne m’a pas semblé les voir l’utiliser.- J’aimais bien ce petit jeu subtil des questions avec mon ami,

leur répondit-il. Mais, malgré mon deuil et ma dette à l’égard de votre ordre, vous me permettrez de ne pas en avoir le goût...

La gabare descendait lentement le fl euve, elle ne tarde-rait plus à rejoindre la mer Troublée. Le voyage avait été étonnamment calme depuis les montagnes et la traversée

des plaines aurloks n’avait causé aucun trouble. A croire qu’ils avaient été prévenus du caractère exceptionnel du convoi. Quel contraste avec le long cheminement à travers les Baronnies !

La petite troupe avait été prise à partie dans chaque bourgade. Ce n’étaient souvent que des invectives ou injures lointaines, lancées au milieu de la foule des badauds sans visages. Quelle force obscure était à l’œuvre dans le secret d’Avalon ? Malgré la protection des templiers, les deux cheikhs avaient du mal à se sentir en sécurité. Rien dans leur récente formation ne les avait préparés à affronter un tel rejet. Comment pouvait-on se refuser à discuter et rester ainsi campé sur ses préjugés ?

L’accueil qui leur avait été fait au monastère avait pourtant été prévenant, sinon chaleureux. Le corps n’avait subi que très peu d’atteintes malgré les jours passés ; Alid et Rasef purent assister à l’embaumement par les frères. Ils apprirent du frère hospi-talier qui les avait reçus que cet embaumement était un don exceptionnel du Temple. Ceci n’avait jamais été accordé aupa-

EAUX PRINTANIÈRESPAR MÉHAPITO

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EAUX PRINTANIÈRESPAR MÉHAPITO

Rasef échangea un regard avec Asif. Il ne haussa qu’un sourcil en regardant l’hospitalier s’éloigner.

Un frère collecteur fut désigné pour accompagner le corps, afi n de veiller sur son état, et l’hospitalier s’entoura de quelques novices et d’un templier aguerri pour les accompagner jusqu’à la République. C’est le connétable Lotharius lui-même qui éta-blit avec les cheikhs le plan de route qu’ils suivraient jusqu’à Shadukiam. Ils avaient opté pour un trajet fl uvial, descendant le Wakpa Sayela jusqu’à la Mer Troublée, puis le trajet le long du canal de la Concorde. Le connétable préférait leur faire éviter la pénible traversée maritime le long des côtes ouest d’Avalon, dans l’océan extérieur.Quelque chose dans ses arguments sonnait faux pourtant. Qu’y avait-il sur cette côte ouest dont il devait tenir les cheikhs éloi-gnés ?

Les templiers avaient voyagé rapidement le long des routes pavées d’Avalon pour atteindre les montagnes du Matin et ne s’étaient guère attardés dans les villages traversés. Les prêtres locaux accordaient parfois, rarement, le gîte et le couvert au convoi. Mais, à l’évidence, ils partageaient l’aversion de la po-pulation pour les étrangers. Ils paraissaient même réticents aux échanges avec les frères du temple. Bien souvent, trop souvent, il leur avait fallu dormir dehors et compter avec l’humidité du sol pour trouver quelques heures de sommeil.

Lors de l’une de ces haltes, dans les contreforts des montagnes, la troupe fut attaquée par un groupe de brigands en guenilles. Les deux cheikhs assistèrent impuissants au combat. Les bri-gands étaient bien trop nombreux, l’hospitalier leur fi t signe de rester près du corps. Les templiers se mirent en cercle autour d’eux, en position d’attente. Celle-ci ne fut guère longue, les enguenillés, surpris du réveil instantané de leurs présumées victimes, chargèrent bruyamment.

Les premiers s’empalèrent sur les lances des novices, un tem-plier fut chargé par trois hommes, le frère collecteur s’attarda à ramasser une pierre, l’hospitalier se débarrassa de son premier adversaire. Alors que huit agresseurs gisaient au sol, les tem-pliers reculèrent, cédant à la fatigue. L’hospitalier était mainte-nant derrière ses frères et leur prodiguait rapidement des soins qui les raffermissait, puis le frère collecteur entama une litanie et les coups des templiers redoublèrent de violence.

Le templier transperça d’un seul coup d’épée le meneur des bri-gands qui cédèrent tous à la panique et s’enfuirent sans prendre le temps de ramasser leurs blessés agonisants.

Les templiers retrouvèrent rapidement leur souffl e grâce à l’as-sistance de leur frère hospitalier. Le collecteur tenta d’interro-ger les maraudeurs encore vivants sans en tirer grand chose. Ce n’étaient que des voleurs en fuite, pourchassés par les hommes de sire Aled. Rien qui puisse inquiéter les templiers.

Les deux cheikhs ne dirent mot, ils étaient ébahis par les prouesses martiales de leurs gardes. Il était impossible de les comparer aux exer-cices impeccables et esthétiques des Der’Wishs, ou à la brutalité sauvage des Qaniss, mais l’habileté au combat en groupe des templiers forçait l’admi-ration. Même si elle s’était exercée ici sur de simples brigands. L’armée de la République devrait s’en inspirer !

Le col fut passé sans encombre, ils avaient préféré éviter le Défi lé des Ombres pour une route moins fré-quentée, et ils rejoignirent rapidement le Wakpa Sayela. Cheminer sur les berges dégagées du fl euve était un véritable plaisir après les routes sombres et moites d’Avalon. Les regards portaient au loin à travers les vastes plaines, seule une large forêt limitait la vue vers l’est. Le contraste était amplifi é par la chaleur qui ré-

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gnait, la fraîcheur du fl euve était bienvenue. Mais les templiers sous leur épaisse bure n’appréciaient guère ce climat. Le frère collecteur, Deglann, surtout, était inquiet pour la conservation du corps. Il avait pro mis aux cheikhs qu’il parviendrait à Shadukiam intact. - Les corps des Khalimans sont habitués à la

chaleur de l’Asfar. N’ayez crainte, celui-ci a long-temps voyagé par tous les climats, tenta de le rassurer Alid.

- Ce corps a été soigné et préparé par nos soins et la sollici-tude du Beathacrann. Il ne doit pas s’assécher sous peine de perdre ses qualités, il ne s’agit pas de l’une de vos momies du désert, répondit le collecteur, piqué par la remarque.

- Nos frères prennent très à cœur leur rôle, ajouta l’hospitalier avec un sourire d’excuse.

- Vous étiez très proches, demanda Rasef ?- L’honnêteté nous liait... et aussi une certaine façon d’appré-

hender les événements. La voix de Fébal se fi t plus douce. Il ne laissait pas les actes des autres guider les siens et paraissait souvent surprenant et parfois incompréhensible.

- Je n’ai pas eu la chance de le rencontrer, mais il est déjà lé-gendaire au sein des cheikhs. Il a réussi à dénouer des situa-tions inextricables comme celle des Ermadhi...

- Sa façon d’agir est connue de frère Fébal, il n’est pas néces-saire de l’ennuyer avec ses ambassades, le coupa Alid.

RETOUR À GIGAGE GADUSILES CHRONIQUES DE MORNEALES CHRONIQUES DE MORNEA

gnait, la fraîcheur du fl euve était bienvenue. Mais les templiers sous leur épaisse bure n’appréciaient guère ce climat. Le frère collecteur, Deglann, surtout, était inquiet pour la conservation du corps. Il avait pro mis aux cheikhs qu’il parviendrait à Shadukiam

- Les corps des Khalimans sont habitués à la chaleur de l’Asfar. N’ayez crainte, celui-ci a long-

tenta de le rassurer

- Ce corps a été soigné et préparé par nos soins et la sollici-tude du Beathacrann. Il ne doit pas s’assécher sous peine de perdre ses qualités, il ne s’agit pas de l’une de vos momies du

répondit le collecteur, piqué par la remarque.- Nos frères prennent très à cœur leur rôle, ajouta l’hospitalier

demanda Rasef ?- L’honnêteté nous liait... et aussi une certaine façon d’appré-

La voix de Fébal se fi t plus douce. Il ne laissait pas les actes des autres guider les siens et paraissait souvent surprenant et parfois incompréhensible.

- Je n’ai pas eu la chance de le rencontrer, mais il est déjà lé-gendaire au sein des cheikhs. Il a réussi à dénouer des situa-tions inextricables comme celle des Ermadhi...

- Sa façon d’agir est connue de frère Fébal, il n’est pas néces-saire de l’ennuyer avec ses ambassades, le coupa Alid.

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EAUX PRINTANIÈRESPAR MÉHAPITO

C’est alors qu’un orage s’abattait sur eux que les deux cheikhs virent la silhouette de la gabare. Son grand mat de bois blanc se détachait sur le ciel sombre, un campement de quelques yourtes était établi sur la berge. Ils s’y dirigeaient rapidement.

Alid et Rasef n’eurent pas le temps de s’interroger. Ils tentèrent bien d’arrêter Fébal pour lui demander des explications mais durent garder pour eux leurs questions. Arrivés près d’un large pilier, à quelques dizaines de mètres des tentes, tous s’arrê-tèrent. Les deux Khalid connaissaient les règles de politesse des Aurloks : on n’entre pas dans un campement sans y avoir été convié. Le petit groupe patienta sous la pluie battante, le collecteur tournait en rond s’inquiétant de cette humidité qui succédait à la chaleur.- Pas bon pour le corps, marmonna-t-il.

Deux Aurloks s’approchèrent. L’eau ne les dérangeait nullement et c’est avec un grand sourire qu’ils accueillirent les templiers.

- Ne restez pas sous l’orage, venez vous abriter dans notre mai-son commune.

- Daignez partager avec nous ces quelques grains de sel, obli-geants Walosi. Nous serons heureux ensuite de vous suivre.

Les usages avaient été respectés, à cela près qu’il était rare que les Avaloniens les connaissent, et exceptionnel qu’ils utilisent le nom de leur manitou pour saluer des Aurloks. Ils suivirent les deux crapauds à l’intérieur de la grande yourte.

Une épaisse vapeur leur masqua un instant la vue, mais aucun des hôtes n’oublia de franchir le seuil du pied droit. Un vieux Loup leur offrit le waksika, le bol rituel, l’hospitalier y trem-pa ses doigts et en projeta le liquide dans les trois directions. Les deux cheikhs procédèrent de même, puis l’ensemble de la troupe fut invité à s’asseoir.

Cinq Aurloks étaient assis autour du tapis, ce qui laissait bien assez de place pour y accueillir les membres du groupe. Un plat de viande séchée et des bols de racines étaient disposés

Page 49: Chroniques 2013 2014

au centre, à portée de main de chacun. Fébal plongea la main dans le jus épais et en extirpa une racine orangée qu’il porta à sa bouche.- Votre hospitalité nous honore.- Prenez le temps de vous sécher et de vous restaurer avant de

continuer votre route, déclara celui qui devait être le sachem, un Corbeau plutôt jeune. Souhaitez-vous des provisions à emporter ?

Il était clair que le sachem ne souhaitait pas qu’ils s’éternisent.- Nous prendrons avec plaisir quelques-unes de vos prépara-

tions, si nos moyens nous le permettent.

Les cheikhs comprirent alors l’intérêt des deux sacs que por-taient les novices. Les marchandages eurent lieu rapidement, au grand bénéfi ce des Aurloks.- Voyez-vous, leur expliqua Fébal en aparté, nous devons leur

donner suffi samment pour l’appontement du navire. Mais il est impensable, pour eux comme pour nous, d’imaginer qu’ils nous offrent ce service. Nous ne sommes pas à Otsiliha ! Alors nous leur achetons quelques uns de leurs pots de nourriture et donnons en échange le prix qu’ils estiment convenir.

Alid fi t un signe de tête, inutile d’en dire plus.

Il aurait été très impoli de partir sans bavarder. Fébal et le sa-chem prirent une position plus confortable.- Le temps est très sec, les troupeaux doivent être rares en ce

moment.- L’herbe est jaune oui. Ce n’est guère une saison pour la chasse,

ni pour votre encombrant bagage, supposa le Corbeau en se tournant vers les Khalid.

- La perspicacité du regard des Koga est à juste titre répu-tée. Nous voilà tous réunis ici autour du corps d’un des plus grands adeptes de la fraternité, Aurloks, Avaloniens et Kha-limans. Qui pourrait encore affi rmer que nous entrons dans l’hiver des peuples ? répondit Rasef. Trop longtemps nous nous laissons guider par ceux qui attisent la haine et le res-sentiment.

- Depuis de nombreux cycles nous avons compris que c’est Mornea qui nous porte et nous soutient, les Alchimistes de la Triade nous l’ont montré alors que la guerre faisait rage. Les pierres que nous tirons de son sol ouvrent à chacun de nos peuples des horizons qui ne demandent qu’à se mêler. Les fi ers Aurloks entendent la terre leur parler et connaissent ses secrets. C’est tous ensemble, les peuples réunis en un même chœur que nous sauverons Mornea, nos prophétesses nous l’affi rment depuis plus de 500 cycles.

- Celui dont nous accompagnons le corps parcourait vos terres, Aurloks et Avaloniens, pour vous le révéler et vous inviter à retourner à Gigase Gadusi. Le traité qui fut signé par nos pères il y a 558 cycles doit être renouvelé pour renouer les peuples et faire reculer les forces d’inertie et de repli...

Rasef se tut, il était allé bien au-delà du rôle qui lui avait été assigné, mais le léger sourire d’Alid le rassura. Il avait bien fait !

Un silence songeur régnait sous la yourte. Chacun restait plongé dans ses pensées, pesant les paroles qui venaient d’être expo-sées.

Le vieux Loup souleva la porte pour faire entrer un peu d’air frais. Une douce lumière pénétra, elle éclaira le visage du cheikh, révélant la vivacité de sa jeunesse. Puis il s’inclina doucement.- Votre wata est prêt et Thébus brille à nouveau. Voulez-vous

que nous vous aidions à embarquer votre sqa taca ?L’instant de trouble était passé. Fébal remercia les Aurloks, les rituels de départ furent rapidement exécutés et la petite troupe monta à bord de la gabare.

Cela faisait deux jours qu’ils naviguaient maintenant. Personne n’était revenu sur la déclaration de Rasef, mais on lisait sur les visages des templiers leur réfl exion.Le cours du fl euve s’était ralenti. Sur la rive gauche, un navire aux couleurs de la Triade était apponté et ses représentants se livraient à une activité des plus étranges : ils disposaient des

RETOUR À GIGAGE GADUSILES CHRONIQUES DE MORNEA

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EAUX PRINTANIÈRESPAR MÉHAPITO

bornes autour de leur ponton et les gardaient des Aurloks qui cherchaient à les retirer pour placer les leurs. Sans aller jusqu’au combat, les adversaires se repoussaient violemment. Les deux cheikhs regardaient sans comprendre.- C’est en marquant ainsi une portion de territoire que nous

avons obtenu l’autorisation de la tribu qui nous a accueillis d’y conserver notre gabare, expliqua Deglann.

Légèrement en aval, deux Aurloks mirent une petite embarca-tion à l’eau et s’approchèrent de leur navire. Les deux crapauds abordèrent simplement avec un grand sourire. L’un d’eux était noueux comme le tronc d’un vieil orme des marais, l’autre frêle et déformé rattrapait constamment les batraciens aux couleurs vives qui s’échappaient de ses besaces.- Bien le bonjour, déclara-t-il. Nous venons de perdre une nou-

velle concession au profi t de Ceux-qui-ont-la-peau-claire, avez-vous remarqué ? Mais ce n’est pas ce qui nous amène sur votre barque. Nous aimerions tenir compagnie au corps que vous transportez. Mon nom est Ca’apiti, ajouta-t-il en léchant une rainette violette...

5050

avez-vous remarqué ? Mais ce n’est pas ce qui nous amène sur

Mvt PA

4 4 11 8 34/6/10

BondAu cours de son mouvement la figurine dotée de cette compétence peut sauter jusqu’à 2 fois une distance en pouces égale à sa distance de marche et peut sauter au dessus de figurines et d’obstacles de Taille 3. Ce mouvement peut lui permettre de charger une figurine qu’elle ne voyait pas au début de son activation. Ce mouvement compte dans le mouvement total de la figurine. Ce n’est pas un mouvement supplémentaire.

Batraciens ToxiquesUne fois par tour, au début de son activation, Ca’apiti lèche un batracien et choisit l’un des effets suivants. Ceux-ci durent jusqu’à ce qu’il lèche un autre batracien.Crapaud Buffle : la figurine acquiert Coriace/+1Rainette Jaune : la figurine acquiert Pisteur et Ref +2Rainette Noire : la figurine acquiert Com +1 et DOM+1

Taille 2 - Bond - Batraciens Toxiques

2 2 3 3 4 4

CA’APITI YEUX ROUGES 39ptCA’APITI YEUX ROUGES

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CONQUETE TERRITORIALE

MISE EN PLACE DU CHAMPDE BATAILLE

1) Le scénario est optimisé pour une table de 24x24 pouces.

2) Les joueurs déterminent leur côté de table. Chaque zone de déploiement se trouve à plus de 9 pouces de la ligne médiane.

3) Les joueurs placent 6 éléments de décors (préconisation de la taille d’une carte de jeu) en respectant les règles suivantes :

- Les joueurs placent les décors à tour de rôle. Déterminez aléatoirement quel joueur commence à poser un décor.

- Un décor doit être placé à plus de 3 pouces d’un bord de table, d’un objectif ou d’un autre décor.

- Chaque côté de table doit acceuillir 3 décors différents, au moins en partie.

4) Les joueurs placent ensuite 3 pions de composants chacun en respectant les règles suivantes :

- Les pions doivent être posés en contact d’un décor à au moins 4 pouces d’un autre pion.

- Les joueurs placent 1 pion dans leur moitié de table et 1 dans la moitié de table adverse (en alternant la pose des pions entre les joueurs et en débutant par celui qui n’a pas com-mencé à poser les décors). Le pion restant peut être placé dans sa moitié de table ou la moitié de table adverse.

- Les joueurs DOIVENT pouvoir poser tous leurs pions (si ce n’est pas le cas, modifi ez le nombre et le placement des décors)

DEPLOIEMENTChaque joueur se déploie dans la zone défi nie lors de la mise en place du jeu, en commençant par celui qui possède le plus de cartes de profi l. Si les joueurs possèdent le même nombre de cartes, le perdant d’un jet d’Esprit en opposition se déploie en premier. Une fois le déploiement fi ni, les joueurs disposent de 8 drapeaux (diamètre 1 pouce - taille 0) à répartir comme ils veulent à leurs fi gurines, à raison de 2 maximum par fi gurine (dessinez des points sur les cartes pour représenter ces dra-peaux).

CONDITIONS DE VICTOIRE1) A la fi n d’un tour, si un joueur possède 5 PV, il remporte la

victoire. Si les deux joueurs possèdent 5 PV ou plus, si un joueur n’a plus de fi gurines en jeu, ou que le temps imparti est écoulé, c’est un match nul.

2) Nombre de PV Maximum à gagner : 6

3) A chaque fi n de tour, Si un joueur possède au moins un dra-peau planté dans la moitié de terrain adverse, il gagne 1PV. Le joueur possédant le plus de drapeaux plantés gagne 1 PV supplémentaire.

REGLES SPECIALESPlanter les drapeaux :Une fi gurine peut dépenser 2 PA pour planter un drapeau (diamètre 1 pouce - taille 0) sur un élément de décor neutre (c’est-à-dire sans drapeau). Le drapeau est en contact avec le socle de la fi gurine qui l’a planté et avec le décor. Une fi gurine ne peut pas planter de drapeau si elle se trouve dans sa zone de déploiement.Un drapeau peut être chargé comme une fi gurine. Ils sont évidem-ment inactifs, ont 2 PV et une DEF 9. Quand un drapeau se fait char-ger, l’adversaire peut éventuellement faire une «défense» gratuite (voir ci-dessous).Les drapeaux sont immunisés aux tirs et à l’alchimie (que ce soit une formule avec cible ou de zone).Quand une fi gurine est retirée du jeu, les drapeaux qu’elle portait sont perdus.

Défense :Lorsqu’une fi gurine adverse charge un drapeau, une fi gurine aux aguets à moins de 2 pouces du drapeau peut, gratuitement, effec-tuer une «défense», et ce même si elle a chargé/couru ce tour. Elle se place alors entre le drapeau et la fi gurine qui charge (les 3 socles doivent être alignés et en contact, même si on doit reculer la fi gurine qui charge pour le faire). On considère alors que c’est le défenseur qui est la cible de la charge, et pas le drapeau. Une fi gurine peut effectuer une «défense» si elle est chargée en même temps que le drapeau mais elle ne peut pas effectuer de «défense» si elle était déjà en combat au moment de la charge.

RETOUR À GIGAGE GADUSILES CHRONIQUES DE MORNEA

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Page 52: Chroniques 2013 2014

L es voix ne cessaient pas. Où qu’il se tourne, où qu’il aille désormais, elles lui parlaient et il n’aimait pas ce qu’elles lui racontaient.

Depuis qu’elles s’étaient éveillées, ou plutôt que lui s’était éveil-lé, il avait tenté n’importe quoi pour les faire cesser ou du moins maîtriser leur fl ux. Son maître avait fait appel à ses techniques chamaniques, héri-tées de bouche en bouche de ses ancêtres. Lui-même avait tenté les nombreuses formes de relaxation et de projections reçues du long passé de méditation de ses prédecesseurs, mais rien n’y avait fait. Le vieux maître s’était confronté à un problème en dehors de sa connaissance, un mur incompréhensible. Et lui-même n’avait plus la force de lutter. Alors, il commença à consommer les champignons qu’il avait appris à récolter. Puis il en testa de nouveaux, jusqu’à perdre conscience de lui-même et du monde qui l’entourait. Il divaguait et restait face à ses visions, mais jamais, jamais les voix ne se taisaient.

Les voix des arbres et celles des herbes, les voix des choses vi-vantes et des choses sans vie, mais surtout les voix de la terre et des pierres. Et cette voix sourde qui semblait venir de plus

profond que la terre elle-même.«Pas d’avenir. Plus d’homme, pas de terre.Gratter la surface , ronger les racines. Pauvre et misérable vie.Transcender sa forme.»« Transformation. Pénétrer la terre, comprendre. Sang versé. Fins possibles. »

Il ne comprenait pas un mot de ce que disait cette sombre voix, mais elle s’insinuait en lui, constamment, surgissant soudain au milieu du concert infernal de toutes les autres voix. Les jours étaient semblables aux nuits, Thébus et Hannah n’étaient plus qu’un, exhibant alternativement leurs faces grimaçantes et effa-çant le monde derrière un voile trop lumineux.

- Rejoindre Otsiliha tu dois et trouver celui qui te guérir saura. Comme toi, de graves épreuves il a traversées, que jamais il n’a évoquées. Te reconnaître il saura et te guider vers la déli-vrance il pourra peut-être. Le chercher dans Otsiliha tu dois !

Son vieux maître l’abandonna, seul, à la lisière d’un marécage. Il ne savait combien de jours il avait marché à ses côtés, ni dans

UN FEU DANS LES CANALISATIONSPAR MÉHAPITO

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Page 53: Chroniques 2013 2014

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quelle direction. Maintenant, il ne savait plus où diriger son corps décharné et s’engagea dans le chemin qu’il devinait face à lui. Les paroles de ceux qui accompagnaient son maître ne lui parvenaient qu’indistinctement.- Il était bien trop âgé pour cette épreuve. De trop nombreux

manitous ont cherché à prendre son corps qui n’a pas su choi-sir, crut-il entendre alors qu’il s’éloignait.

Qui parlait ainsi ? Ce n’était pas la voix de son maître, mais il lui semblait la connaître pourtant...

Ses yeux s’ouvrirent. Il était allongé dans quelque chose de li-quide et tiède, le calme régnait enfi n autour de lui.- Où suis-je ? Cela faisait de très nombreux jours que son esprit

n’avait pas pu se poser une question aussi simple. Qu’est-ce que je fais ici ?

« Tu voyages entre les mondes. Les petites voix se sont tues afi n que tu puisses m’écouter. »- Qui es-tu ?« Je ne suis pas, pas encore... Mais je serai, bientôt... »« Tu vas terminer ton voyage là où tu dois te rendre et tu vas retrouver celui que tu dois. Tu sauras alors ce que tu dois faire. Ce sera le début. »

La voix lui était soudainement parue plus claire, impérieuse et presque compréhensible, et bien plus terrifi ante. Est-ce que c’est ainsi que les alchimistes khalimanes ont leurs visions ? se demanda-t-il. Mais le brouhaha des voix avait repris et il n’eut pas le loisir d’explorer les réponses possibles. Il sortit de l’ornière boueuse dans laquelle il était étendu et se remit à marcher. Son esprit était tendu vers un but qu’il n’osait relâcher de peur de le laisser errer. Et cette terrible voix restait tapie dans un recoin de son cerveau. Il ressentait sa présence, insistante.

RETOUR À GIGAGE GADUSILES CHRONIQUES DE MORNEA

Il avançait, fi xé sur son but.La capitale aurlok s’agitait. D’étranges nouvelles étaient parvenues avec le navire arrivé la veille. D’étranges nouvelles et une étrange compagnie compo-sée d’hommes, de Khalimans et de Walosi. Dès leur apponte-ment, ils avaient été accueillis par l’une de ces femelles khali-manes aveugles qui pratiquent l’alchimie. Suivant une longue boite fermée, ils disparurent dans les rues d’Otsiliha.

- Prenez place. Nous serons plus à notre aise pour parler ici.- Nous ne nous attendions pas à ce qu’une Sorhna nous ac-

cueille pour cette étape, dit sobrement Alid dirigeant son re-gard vers Fébal.

- La nouvelle de votre voyage nous a été donnée par de nom-breux signes. Puisque j’étais à Otsiliha, il aurait été inconve-nant que je ne vous accueille pas.

- Vous souhaitez donc que nous parlions, les interrompit De-glann. Placé comme il l’était, près du cercueil d’Agerzam, le frère collecteur n’avait pu voir l’échange de regards entre le cheikh et l’hospitalier.

- Oooh, mais les sœurs-alchimistes sont toujours si surpre-nantes ! ajouta Ca’apiti d’un grand sourire. Je trouve vrai-ment fascinantes leurs interventions.

Il avançait, fi xé sur son but.

Mvt PA

3 4 10 7 34/6/10

Alchimiste du Cercle Extérieur (Terre)A la fin d’une action, lorsque l’alchimiste puise dans un décor contenant un pion composant de son essence, il en récolte 4. Pour un pion composant d’une autre essence, il en récolte 2. Un alchimiste ne peut récolter qu’un seul pion composant par tour.

Sans PeurUne figurine dotée de cette compétence n’a pas besoin d’effectuer de jet d’ESP contre les figurines Effrayantes. Elle réussit automatiquement le jet.

ImpassibleTant qu’ils se trouvent à 4 pouces ou moins du Frère-Collecteur, lui et les figurines amies non-Héros ne peuvent obtenir de dé malus à leurs jets de dés.

Taille 2 - Alchimiste du Cercle Extérieur (Terre)Sans Peur - Impassible

1 2 3 3 4 4

FRÈRE-COLLECTEURDU TEMPLE 32pt

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UN FEU DANS LES CANALISATIONSPAR MÉHAPITO

Tous les regards se tournèrent vers le Walosi difforme. La So-rhna avait compris son interruption et lui offrit un sourire en retour. Ceux-là n’étaient pas ensemble depuis très longtemps, mais ils formaient déjà une communauté.

- Mon frère a toutefois raison, déclara Fébal. Quel sujet pour-rions-nous bien évoquer qui puisse vous intéresser ? Nous regrettons la mort du cheikh Agerzam que nous ne pouvons expliquer et tenons à l’accompagner jusqu’aux portes de la République pour honorer sa mémoire.

- L’ordre du Temple auquel appartient le frère hospitalier a fait preuve d’une très grande générosité en prenant soin et traitant ainsi le corps du cheikh, ajouta Alid. Nous ne savons comment l’en remercier.

- Prenez le temps de vous restaurer et de vous délasser un peu du voyage. Nous trouverons peut-être ensemble un moyen de le faire, dit la Sorhna en sortant.

Cédant à la fatigue, chacun des personnages présent se laissa aller sur les bancs de terre sèche. La pièce était aérée et lumi-neuse. L’odeur de vase de la ville ne leur parvenait que très légè-rement, mêlée, semblait-il, à un parfum de fl eurs printanières. Les novices du Temple parlaient à voix basse avec le templier en grignotant quelques poissons et batraciens séchés, alors que les deux cheikhs, l’hospitalier et le frère collecteur demeuraient absorbés dans leurs pensées, un gobelet à la main.Seul le compagnon de Ca’apiti n’arrivait pas à se détendre. C’était, aux dires de ce dernier, une sentinelle cornue. « Son rôle est de veiller, alors il veille ! » Malgré son aspect revêche, ses compagnons ont réussi à l’appré-cier et à goûter le sel de ses rares répliques. Ils attribuent même, en secret, l’aspect hilare de Ca’apiti à sa présence.

La Sorhna revint aussi soudainement qu’elle avait disparu, ten-dant un parchemin de sa main gauche :- Le but de votre voyage n’est pas la République. Ou plutôt, n’est

plus la République, devrais-je dire. Trop de gens sont main-tenant au courant de la mort d’Agerzam. Celui-ci avait réussi à nouer des amitiés à travers tout Mornea avec les représen-tants de tous les peuples. Sa mort doit servir la mission qu’il s’était fi xée de réunir des représentants des quatre peuples de

Mvt PA

3 5 10 7 34/6/10

BondLe Bond peut être utilisé pendant une marche, charge ou course, pour sauter au-dessus de figurines et obstacles de taille 3 ou moins. Ce n’est pas un mouvement supplémentaire. La longueur d’un bond ne peut pas être plus grande que la valeur de marche de la figurine. De plus, une figurine dotée de Bond peut charger des figurines qu’elle ne voit pas au début de son mouvement. Elle ne peut pas finir son mouvement sur un élément de décor inaccessible.

HémotoxiqueTant que la figurine dotée de cette compétence est en état grave (jaune) ou critique (rouge), lorsqu’un adversaire en contact lui inflige des DOM par une attaque, elle lui inflige 1 DOM en retour.

Botte (Attaque Rageuse)CC Attaque Normale Bonus : +1 contre Brutale Réflexes : - Spécial : Les DOM subis par la figurine qui utilise cette CC sont lus une colonne à droite. En contre partie, elle lit ses DOM sur la 2e ligne de son tableau de DOM si elle est en Etat Grave (Jaune).

Taille 2 - Bond - Hémotoxique - Botte (Attaque Rageuse)

24

24

2 46

4 5

SENTINELLES CORNUESDU CRAPAUD (2) 36pt

Page 55: Chroniques 2013 2014

Mornea dans les plaines aurloks... A Gigase Gadusi, ajouta-t-elle de sa douce voix feutrée.

- La mission qu’il s’était choisie ? s’étonna Rasef à haute voix. Ne s’agirait-il pas plutôt de la mission qu’on lui avait confi ée ? continua-t-il.

- Pensez-vous qu’un homme comme le cheikh Agerzam puisse se voir confi er une mission qu’il n’ait lui-même choisie, jeune Khalid ? répondit habilement la Khalimane.

- Elle vient de marquer un point, chuchota Fébal à l’oreille du collecteur, mais pas assez faiblement pour que la Sorhna ne l’entendit.

- Vous qui le connaissiez, frère Fébal, n’êtes-vous pas d’accord ?- Gloak ! répondit Ca’apiti en ingurgitant bruyamment une rai-

nette. Si fait ! Il était tout à fait impossible de forcer Agerzam à faire quelque chose en quoi il ne croyait pas et l’amitié des peuples était l’une de ses raisons de voyager.

- La missive que j’ai en main s’adresse à vous, frère Fébal. Sa signature ne devrait pas vous laisser de doute.

Fébal parcourut d’un trait la lettre que lui tendait la Sorhna, puis la passa à Deglann :- Elle est signée du Sénéchal Déicolus. Il nous enjoint à suivre la

Sorhna et conduire le corps dans la plaine de Gigase Gadusi où lui-même nous rejoindra.

- Il me semble pourtant que le corps d’Agerzam a été confi é à nos soins, les interrompit calmement Alid, et que notre rôle est de le ramener à la ra-isscheikh Jahida, auprès des siens.

- C’est ça, auprès des siens... Ses amis qui doivent le retrouver pour lui souhaiter bon voyage. Exactement ! intervint Ca’api-ti. C’est pour vous y guider que je me suis joins à vous chers compagnons.

- Tout semble s’organiser à votre insu, jeunes cheikhs. Mais vous savez à quel point le jeu diplomatique est ainsi fait, n’est-ce pas ! termina la Sorhna d’un haussement de sourcil amusé.

- Me permettrez-vous de savoir quand nous devons partir ? insista Alid.

Sur le seuil, la Sorhna se retourna et darda sur lui ses yeux morts, un refl et bleuté y brillait :- Nous sommes déjà en route...

« Froid. Froid et terreur. Froid et nuit. » lui répétait la voix.Il continuait à avancer dans cet étrange souterrain où il ne pou-vait se tenir debout, ses genoux traînant dans la boue. Il errait dans ce cloaque, guidé par des voix qui résonnaient dans les piliers de bois qui soutenaient bien mal une voûte de briques d’argile sèche.

« Chaleur. Chaleur et lumière. Feu. », commandait maintenant la voix.Il s’installa dans un recoin sec, éclairé d’un faible rayon de lu-mière qui provenait d’au-dessus de lui, et tenta vainement d’al-lumer un feu avec quelques brindilles éparses. Quatre fois de suite, les brins de paille fumèrent puis s’éteignirent.« Feu »Une cinquième fois, il rassembla ce que ses mains trouvaient. Une cinquième fois, il alluma une fl ammèche sur laquelle il souffl a doucement. Le liquide huileux qui sourdait de la voûte s’enfl amma subitement et des fl ammes se propagèrent dans les conduits.

- Le feu ! Le feu est dans les canalisations !- Il nous faut accéder aux bouches, vite...

Plusieurs groupes se précipitaient pour atteindre les accès aux canalisations dans les ruelles. Mais les efforts de chaque groupe

RETOUR À GIGAGE GADUSILES CHRONIQUES DE MORNEA

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Page 56: Chroniques 2013 2014

UN FEU DANS LES CANALISATIONSPAR MÉHAPITO

étaient constamment anéantis par ceux des autres groupes qui tentaient également d’accéder aux bouches.

Le petit groupe suivait la Sorhna, essayant d’éviter cette cohue. Un feu dans les canalisations d’Otsiliha était inimaginable. Comment, dans une ville au sous-sol si humide, le feu arrivait-il à s’y propager ?

Une silhouette surgit soudain d’une petite bouche face à eux et la Sorhna s’arrêta de stupeur.- Yae ?- Yae... Yae ! Oui, Yae Wu, c’est comme ça que je m’appelle,

bredouilla-t-il.- Saisit-le, hurla Ca’apiti à son compagnon, l’étrange sentinelle.

Il ne restait plus rien de l’alchimiste du Soleil de Cristal dans l’homme décharné et boueux que le Walosi tenait entre ses bras et seuls les yeux aveugles de la Sorhna pouvaient le reconnaître.- Tu vas devoir me raconter beaucoup de choses et en écouter

encore plus avant que la sentinelle puisse te lâcher, Homme-à-la-peau-claire, lui susurra Ca’apiti.

Yae le regarda d’un œil vif, ses mains tentèrent de saisir son tanto, mais il ne put se dégager de l’étreinte du Walosi.

Mvt PA

4 5 11 8 44/6/10

ChefUne figurine dotée de cette compétence possède une aura dont le rayon est égal à son Esprit. Toute figurine amie située dans cette aura peut remplacer son Esprit par celui du Chef pour tout jet associé à cette caractéristique. De plus, un Chef utilise toujours les dés blancs pour le jet d’initiative.

Expert (Parade)Une figurine dotée de cette compétence gagne 1 dé bonus à son jet de COM lorsqu’elle choisit la CC (Parade).

Sans PeurUne figurine dotée de cette compétence n’a pas besoin d’effectuer de jet d’ESP contre les figurines Effrayantes. Elle réussit automatiquement le jet.

Vétéran du TempleLorsque le Sénéchal Deicolus est recruté dans une troupe, la limitation des Novices du Temple passe à 6. Lorsque le Sénéchal Deicolus joue une CC Parade, si son jet de COM est supérieur de 5 à celui de son adversaire, il effectue une contre-attaque normalement mais de plus récupère le PA qu’il avait dépensé pour jouer sa CC.

Taille 2 - Chef - Expert (Parade) - Sans PeurVétéran du Temple

3 4 4 5 5 6

SÉNÉCHAL DEICOLUS DU TEMPLE DES COMPLIES 48pt

Page 57: Chroniques 2013 2014

MISE EN PLACE DU CHAMPDE BATAILLE

1) Ce scénario est prévu pour une table de 24x24 pouces.

2) Les joueurs délimitent les zones de jeu : La table est divi-sée en 4 suivant le schéma. Les bords de table oppo-sés sont attribués à chaque joueur (déterminez aléa-toirement quel joueur choisit ses bords de table).9 bouches d’égout sont placée suivant le schéma. Elles sont représentés par des marqueurs d’1 pouce de diamètre.Les joueurs délimitent ensuite 4 zones de déploiement. Cha-cune d’entre elles se trouvant à plus d’1 pouces des bouches les plus proches.

3) Les joueurs doivent placer au minimum 6 éléments de décors en respectant les règles suivantes :

- Un décor ne peut être placé à moins de 3 pouces d’un bord de table ou d’un autre décor, ni à moins de 2 pouces d’une bouche d’égout.

- Les joueurs placent les décors à tour de rôle. Déterminez aléatoirement quel joueur commence à poser un décor.

4) Les joueurs placent ensuite leurs pions de Composants en respectant les règles suivantes :

- Les pions doivent être posés sur un élément de décors à 4 pouces au moins d’un autre pion.

- Les joueurs placent 1 pion dans chacune de leurs 2 parties de table et 1 dans une partie de table adverse (en alternant la pose des pions entre les joueurs et en commençant par celui qui n’a pas placé le 1er décor)

- Les joueurs DOIVENT pouvoir poser tous leurs pions (si ce n’est pas le cas, modifi ez le nombre et le placement des décors)

DEPLOIEMENTLe joueur qui possède le plus de cartes commence à déployer ses fi gurines. Si les joueurs disposent d’autant de cartes, le per-dant d’un jet d’Esprit en opposition commence à se déployer. Chaque joueur doit faire en sorte qu’une fois toute ses fi gurines déployées, il ait, si possible, autant de fi gurines réparties dans chacune de ses zones de déploiement.

CONDITIONS DE VICTOIREA la fi n de chaque tour, un joueur gagne 1 PV s’il contrôle 3 bouches d’égouts qui relient en ligne droite ses 2 zones de dé-ploiement (sur le schéma, une ligne horizontale pour le joueur jaune, une colonne verticale pour le joueur vert). Un joueur peut gagner plusieurs PV en un seul tour s’il contrôle plusieurs lignes.

A la fi n d’un tour, un joueur remporte la victoire s’il a cumulé 2 PV ou plus.

Si à la fi n du temps imparti, aucun joueur ne totalise 2 PV, ou si un joueur n’a plus de fi gurine en jeu, c’est un match nul.

Nombre de PV maximum à gagner : 4

REGLES SPECIALESLes bouches d’égout sont neutres en début de partie.Une fi gurine en contact avec une bouche d’égout neutre peut dépen-ser 2 PA pour en prendre le contrôle. Une fi gurine en contact avec une bouche d’égout contrôlée par l’ad-versaire peut dépenser 2 PA pour la neutraliser.Les 3 bouches placés à 9 pouces des zones de déploiement d’un joueur ne nécessite qu’1 PA pour être contrôlées ou neutralisées (bouches 4, 5, 6 pour le joueur vert et 2, 5, 8 pour le jaune).Un alchimiste concentré au niveau 1 ou plus n’a besoin que d’1 PA pour contrôler ou neutraliser n’importe quelle bouche.Les bouches d’égout sont considérés comme des terrains spéciaux : Elles peuvent être franchies pour 1 pouce supplémentaire mais n’ont aucun effet sur les lignes de vue.

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Les Bouches d'Egout - BlitzMise en place du champ de bataille1) Ce scénario est prévu pour une table de 24x24 pouces.

2) Les joueurs délimitent les zones de jeu :La table est divisée en 4 suivant le schéma. Les bords de table opposés sont attribués à chaque joueur(déterminez aléatoirement quel joueur choisit ses bords de table).9 bouches d'égout sont placée suivant le schéma. Elles sont représentés par des marqueurs d'1 pouce dediamètre.Les joueurs délimitent ensuite 4 zones de déploiement. Chacune d'entre elles se trouvant à plus d'1 poucesdes bouches les plus proches.

3) Les joueurs doivent placer au minimum 6 éléments de décors en respectant les règles suivantes :- Un décor ne peut être placé à moins de 3 pouces d'un bord de table ou d'un autre décor, ni à moins de2 pouces d'une bouche d'égout.- Les joueurs placent les décors à tour de rôle. Déterminez aléatoirement quel joueur commence à poserun décor.

4) Les joueurs placent ensuite leurs pions de Composants en respectant les règles suivantes :- Les pions doivent être posés sur un élément de décors à 4 pouces au moins d'un autre pion.- Les joueurs placent 1 pion dans chacune de leurs 2 parties de table et 1 dans une partie de table adverse(en alternant la pose des pions entre les joueurs et en commençant par celui qui n'a pas placé le 1er décor)- Les joueurs DOIVENT pouvoir poser tous leurs pions (si ce n'est pas le cas, modifiez le nombre et leplacement des décors)

DéploiementLe joueur qui possède le plus de cartes commence à déployer ses figurines. Si les joueurs disposent d'autantde cartes, le perdant d'un jet d'Esprit en opposition commence à se déployer. Chaque joueur doit faire ensorte qu'une fois toute ses figurines déployées, il ait, si possible, autant de figurines réparties dans chacunede ses zones de déploiement.

Conditions de VictoireA la fin de chaque tour, un joueur gagne 1 PV s'il contrôle 3 bouches d'égouts qui relient en ligne droiteses 2 zones de déploiement (sur le schéma, une ligne horizontale pour le joueur jaune, une colonneverticale pour le joueur vert). Un joueur peut gagner plusieurs PV en un seul tour s'il contrôle plusieurslignes.

A la fin d'un tour, un joueur remporte la victoire s'il a cumulé 2 PV ou plus.

Si à la fin du temps imparti, aucun joueur ne totalise 2 PV, ou si un joueur n'a plus de figurine en jeu,c'est un match nul.

Nombre de PV maximum à gagner : 4

Règles SpécialesLes bouches d'égout sont neutres en début de partie.Une figurine en contact avec une bouche d'égout neutre peut dépenser 2 PA pour en prendre le contrôle. Une figurine en contact avec une bouche d'égout contrôlée par l'adversaire peut dépenser 2 PA pour laneutraliser.Les 3 bouches placés à 9 pouces des zones de déploiement d'un joueur ne nécessite qu'1 PA pour êtrecontrôlées ou neutralisées (bouches 4, 5, 6 pour le joueur vert et 2, 5, 8 pour le jaune).Un alchimiste concentré au niveau 1 ou plus n'a besoin que d'1 PA pour contrôler ou neutraliser n'importequelle bouche.Les bouches d'égout sont considérés comme des terrains spéciaux : Elles peuvent être franchies pour 1 poucesupplémentaire mais n'ont aucun effet sur les lignes de vue.

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EAUX VIVESPAR MÉHAPITO

C ette voix douce qui chantonne, arrives-tu à l’isoler des autres ? Essaie de percevoir les mots à travers son chant.

- Comment puis-je ? Le chant est sans cesse interrompu. Je n’entends que la douleur de chaque coup de rame.

- Pas la douleur, écoute mieux... La rivière nous aide à pro-gresser, elle interrompt sa mélopée glissante pour nous per-mettre de la remonter. Quelques très brefs instants à chaque fois, mais écoute et regarde. Vois l’étrave la pénétrer et l’eau se retirer doucement pour laisser le canoë avancer à mesure que le chant s’interrompt et reprend.

- Je l’entendrais mieux si les castors acceptaient de se taire !- Ce n’est pas la voix des castors. Tu entends, mais tu n’écoutes

pas. Les kapaks parlent aux arbres, ils demandent aux tosa-cans celui qui acceptera de les héberger et les protéger. Ce n’est pas non plus le voix des loutres. Les ptas sont bavardes, mais elles ne s’adressent qu’à la rivière...

- Je n’ai aucune envie de connaître le noms des centaines d’es-pèces qui peuplent ce pays et envahissent ma tête de leurs voix incessantes, l’interrompit-il. Je sais ce que j’entends, un

brouhaha continu de voix pleurnichardes qui couvre tout le reste, un brouhaha de castors !

- Non, ce ne sont pas des castors, leur voix est beaucoup plus lointaine et vient des affl uents. Ecoute la plainte de ceux d’ici. Ils demandent à la rivière d’être plus haute pour protéger l’entrée de leurs tunnels et lui demandent d’être plus basse pour qu’ils ne s’écroulent plus. Ils souhaitent que les canoës passent rapidement pour pouvoir reprendre leurs jeux et ils prient la rivière de les renverser pour se nourrir de ce qu’ils transportent. Ils se plaignent des racines trop maigres et de celles trop...

- Je les entends tes castors. Non, tu as raison, ce ne sont pas des castors, ce sont des myopotames. Les mêmes que ceux qui venaient fouiller les détritus chez ma grand-mère.

- Myopotame, dis-tu, je les connais sous un autre nom et nous les appelons caseya dans notre langue, les jamais-contents.

Aïssata ne les quittait pas des yeux tout en pagayant énergi-quement. Le mutisme de la sentinelle walosi laissait libre cours

Page 59: Chroniques 2013 2014

à ses pensées. Ca’apiti avait tenu à ce que ce soit elle qui les accompagne dans ce canoë. Il avait soutenu avec la plus grande fermeté contre les arguments des templiers qu’elle seule pour-rait lui venir en aide s’il échouait. Mais depuis qu’il lui avait fait avaler un sirop de houblon, cette liane sauvage qui croissait à l’orée des grandes forêts de tosacans, le regard de Yae s’était comme apaisé. Son front s’était même déridé lorsqu’il lui avait passé autour du cou un large collier de pierres alchimiques à l’image de celui qu’il arborait lui-même.

Aïssata savait qu’ils parlaient sans discontinuer depuis leur départ d’Otsiliha. Mais, depuis cinq jours qu’elle pagayait à leurs côtés, elle n’avait pu capter un seul des mots qu’ils échangeaient. Elle aurait été même incapable de dire dans quelle langue ils parlaient.

La sentinelle walosi qui pagayait devant elle bougea légèrement. La position assise qu’il avait dû adopter ne convenait guère à sa morphologie et il devait fréquemment éti-rer ses membres pour éviter l’ankylose. De toute évidence, ce lieu ni ce transport ne lui étaient familiers.

Yae avait changé. Il n’était plus le même physiquement, certes, mais le changement se situait sur un autre plan. La fi erté d’être un excellent alchimiste de la Triade, un élève brillant de l’école du Soleil de Cristal, l’avait quitté. Il possé-dait maintenant la force terrestre des chamans aurloks, sans leur dépendance spirituelle. Aïssata sentait tout cela. Un syncrétisme s’était opéré en lui qui avait éclipsé

ses longues sélènes d’étude et d’asservissement à la philoso-phie du Tao. Son corps cherchait à faire cohabiter l’essence de

l’air et celle de la terre et Aïssata ne pouvait percevoir ce qu’il en adviendrait. Les chemins du futur inscrits dans le présent, les mustaqbali, étaient trop vastes, une brume environnait l’ancien occultiste impérial. Une brume qui s’élevait des profondeurs, son aspect chthonien n’était que trop évident et renforçait l’in-compréhension de la Sorhna. Si seulement une de ses sœurs oracle était là...

- Eh ! Surveillez votre pagaie ! Voilà que vous recommencez à nous envoyer de l’eau.

- N’ayez crainte, frère Deglann, le corps est bien protégé et quelques gouttes ne sauraient l’endommager, lui répondit Alid depuis le canoë voisin.

La colère du collecteur se reporta sur les deux novices qui pa-gayaient à l’avant de sa longue pirogue fusiforme :

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Mvt PA

2 2 9 5 24/6/10

FurtivitéUne figurine furtive possède l’avantage de pouvoir être déployée après toutes les autres figurines. Elle est toujours considérée comme étant à couvert pour les tirs et peut réagir pour faire perdre le bonus de Visée d’un tireur qui la cible même si cette réaction ne l’amène pas derrière un couvert réel (décor, etc...). De plus elle ne peut être chargée ou engagée par une figurine adverse se trouvant à plus de 4 pouces d’elle. Si une figurine déclare une charge contre elle et qu’elle se trouve à plus de 4 pouces, la charge est ratée, elle effectue un mouvement de marche sans se placer en contact socle à socle de la figurine furtive.

Encensoirs sacrésA chaque fois qu’une figurine amie se trouvant à 6 pouces ou moins d’un Auxilliaire du Temple subit des DOM, elle ignore automatiquement 1 DOM. Contrairement à la compétence Coriace, cet effet permet d’ignorer 1 DOM infligé par une formule ou un effet ne nécessitant aucun jet. Les effets des encensoirs sacrés ne sont pas cumulables.

Taille 1 - Furtivité - Encensoirs sacrés

1 1 1 2 2 2

AUXILIAIRESDU TEMPLE (3) 17pt

Page 60: Chroniques 2013 2014

EAUX VIVESPAR MÉHAPITO

- Puisque vous avez été acceptés au noviciat, ne vous compor-tez pas comme de simples auxiliaires empotés. Il ne s’agit pas ici de balancer un encensoir et de bénir l’assistance, mais de ramer en restant à sec. Ne restez pas collés derrière ce canoë !

Il ne décolérait pas depuis leur départ précipité de la capitale aurlok. La propagation du feu dans les canalisations d’Osiliha avait ra-pidement été contenue malgré la confusion qui régnait entre les apprentis pompiers. Mais il fut très diffi cile au groupe accompa-gnant le coffre d’Agerzam d’avancer dans les ruelles encombrées de la cité de boue. Ils étaient conduits par Ca’apiti qui changeait constamment de direction, allant même parfois jusqu’à les faire revenir sur leurs pas. L’état nerveux du Triadique récupéré des égouts ne faisait qu’empirer les choses. Il se débattait constam-ment pour se défaire de ses liens et griffait la pauvre sentinelle walosi qui le faisait avancer tant bien que mal.

Finalement, Ca’apiti trouva ce qu’il cherchait, un campement le long du Wakpa Cepe que rien ne différenciait des autres. Ses interlocuteurs, des Corbeaux qui portaient des regards revêches sur le groupe, acceptèrent de lui confi er trois embarcations dans lesquelles Ca’apiti répartit les passagers.

Il irait dans le premier canoë avec le Triadique et la sentinelle et n’acceptait personne d’autre que la Sorhna comme quatrième rameuse sous prétexte qu’il fallait une alchimiste de son talent pour éventuellement contrer l’occultiste. En fait de quatrième rameuse, elle était surtout la deuxième. Ca’apiti et Yae s’agi-taient à l’avant, parlaient beaucoup, mais ne maniaient en au-cun cas la pagaie.

Ensuite venait une longue pirogue où il fut délicat de loger le coffre d’Agerzam, pas tant à cause du manque de place que des recommandations paniquées du frère collecteur. Il s’installa d’autorité à l’arrière de la pirogue et plaça les deux novices les plus musclés devant pour pagayer.

Fébal s’aperçut alors que le dernier canoë ne pourrait contenir les membres du groupe restants. Suivant le conseil de Ca’apiti, il renvoya le templier qui les avait accompagnés jusque là avec les deux novices qui n’avaient pas de place dans l’embarcation et s’y installa avec les deux cheikhs. Il confi a au templier un mes-sage pour Lotharius, l’informant de l’intervention du sénéchal Déicolus dans leur pèlerinage et de son incapacité à déroger à l’ordre qui lui avait été donné.

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La loyauté de l’Hospitalier était partagée entre celle qu’il devait au Connétable du monastère où il était en poste et l’obéissance stricte qu’il avait jurée au Sénéchal du monastère d’où il venait. Heureusement, les ordres n’étaient pas contradictoires et les responsabilités de Fébal lui permettaient une certaine latitude dans l’exécution des ordres de ses supérieurs. Lotharius l’avait enjoint de suivre les cheikhs et le corps d’Agerzam et tous al-laient vers Gigase Gadusi, comme le demandait Déicolus.

C’est avec un certain soulagement qu’il vit le lit du fl euve prendre la direction de l’est et l’horizon se dégager, même si, de ce fait, son cours allait être plus rapide et leur progression vers l’amont beaucoup plus lente et musclée. Ils laisseraient enfi n derrière eux l’immense bayou de tosacans glutineux et ses méandres en-combrés. L’impression de pesanteur et de moiteur, celle d’être épié en permanence s’évanouissait déjà lorsque l’avant de son canoë s’enfonça dans l’eau.

- Rasef ! Alid venait de pousser un cri alors que son compa-gnon disparaissait sous l’eau. Il ne sait pas nager, ajouta-t-il à l’adresse de Fébal.

- C’est quoi ça ?Un éclair rouge venait d’émerger du tapis dense de pistiae. La tête de Rasef surgit soudain, le temps d’un cri, puis replongea, attirée vers le fond.De l’avant du canoë, le cheikh fouillait l’eau à la recherche de son camarade. Il tentait vainement de repousser la nappe végétale pour l’apercevoir et avançait toujours plus son corps sur l’eau. - Je le tiens. Il glisse, aidez-moi... Vite !Fébal se précipita pour attraper les jambes d’Alid qui chavirait à son tour. Arc-bouté contre les bords du canoë, il peinait à le retenir. - Un petit effort, il vient !Alid tenait entre ses bras un corps rouge, allongé et écailleux qui n’avait rien à voir avec celui de son compagnon.- Yacumama ! Tout de suite lâcher, hurla la sentinelle walosi

qui venait de surgir à leurs côtés.Fébal releva la tête, la sentinelle avait bondit au-dessus de la pirogue de Deglann ! Le bruit d’un plongeon le fi t se retourner, Alid venait de passer à l’eau à son tour.La hache du Walosi s’abattit sur les pistiae, rapidement et à plusieurs reprises. La sentinelle avait repoussé l’hospitalier et

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La loyauté de l’Hospitalier était partagée entre celle qu’il devait - C’est quoi ça ?

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continuait à frapper méthodiquement la surface de l’eau sans tenir compte des deux cheikhs immergés. Alid reparut à la surface, quelques mètres en amont, prit une profonde inspiration et replongea alors que Yae poussait une longue clameur en se tenant la tête à deux mains.- Dégagez la pirogue, crièrent en même temps Ca’apiti et Aïs-

sata aux templiers.La Sorhna regarda le Walosi avec interrogation, il avait réagi aussi rapidement qu’elle. Avait-il également ressenti l’immi-nence du danger ? Se pouvait-il qu’il perçoive le futur comme ses sœurs et elle ? Elle devrait tirer cela au clair sans tarder.

Durant les quelques secondes de réfl exion que s’était permis Aïssata, Yae avait à son tour plongé. Il s’était débarrassé, elle ne savait comment, des maigres liens que Ca’apiti n’avait pas encore ôtés et nageait lestement vers le canoë des cheikhs.- Il m’a repris son couteau, l’informa Ca’apiti soucieux.

Deglann et les deux disciples pagayaient comme des forcenés vers l’amont pour s’éloigner du danger qu’ils n’avaient pas en-core identifi és. La Khalimane les entendait ahaner sous l’effort de leurs muscles déjà bien endoloris. Une tête effrayante surgit de l’eau derrière eux. Une tête plus grosse que celle de l’alchi-miste, celle d’un serpent monstrueux dont les mâchoires s’ap-prochaient des épaules de Deglann. La sentinelle walosi bondit de nouveau pour se retrouver dans

le fl euve, les jambes autour du corps sinueux du serpent qui progressait insensiblement. Il le frappa du plat de sa hache à plusieurs reprises le long de son dos, cherchant à atteindre un point sensible de son échine. La gueule du serpent s’élança vers la pirogue. Deglann fi t un bond en avant, des débris de la queue de la pirogue l’atteignirent alors qu’il s’allongeait sur le sarcophage d’Agerzam. Privée de son arrière sur un demi-mètre, l’embarcation commençait à prendre l’eau. Le serpent, stoppé un instant par sa déconvenue, se retourna vers le Walosi qui continuait à le frapper.- Yacumama istime. Istime wana, répétait-il en assénant ses

coups.Les coups produits se propageaient le long du corps du serpent, une onde parcourait les écailles rouges de sa peau et refl uait à chaque mouvement de tête. Le reptile resta un moment à obser-ver le Walosi, puis referma sa gueule et la posa à la surface du fl euve.

Yae surgit à cet instant et planta son tanto juste entre ses deux yeux. Le serpent se cabra et envoya la sentinelle voltiger dans le fl euve. Il essaya de happer l’occultiste qui avait déjà repris son arme et lui tranchait le cou juste sous la mâchoire inférieure. Dans un gargouillis sanglant, le serpent se jeta sur lui et dispa-rut sous l’eau.

Sous les efforts conjugués des deux disciples, la pirogue accosta enfi n la berge ensablée, Deglann essayait de soulever le sarcophage pour le maintenir hors de l’eau. Fébal rama dans leur direction au milieu des derniers remous provoqués par le serpent. Une main s’agrippa à son canoë, Alid, essouffl é, sortit la tête de l’eau.

Mvt PA

2 3 10 7 24/6/10

BondLe Bond peut être utilisé pendant une marche, charge ou course, pour sauter au-dessus de figurines et obstacles de taille 3 ou moins. Ce n’est pas un mouvement supplémentaire. La longueur d’un bond ne peut pas être plus grande que la valeur de marche de la figurine. De plus, une figurine dotée de Bond peut charger des figurines qu’elle ne voit pas au début de son mouvement. Elle ne peut pas finir son mouvement sur un élément de décor inaccessible.

Taille 2 - Bond

1 2 2 3 3 4

GUERRIERS-VENTDU CRAPAUD (3) 16pt

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- Je ne le trouve pas. Je croyais le tenir, mais c’est le corps de cet horrible serpent que je maintenais. J’ai fouillé parmi les racines des pistiae, il n’y est pas, ajouta-t-il avec une émotion qu’il n’arrivait plus à contenir.

Le canoë avait rejoint la berge et l’hospitalier joignit ses efforts à ceux des trois autres templiers pour tirer le coffre d’Agerzam au sec. La plage qu’ils avaient miraculeusement atteinte était un petit banc de sable en contrebas de la rive. Elle pouvait aisément les accueillir, mais la maigre végétation indiquait la précarité de cet abri. A la moindre variation de fl ux du fl euve, ils se retrou-veraient dans l’eau.

Le dernier canoë s’échoua enfi n. Aïssata et Ca’apiti avaient re-pêché la sentinelle walosi et s’assirent silencieusement près de leurs compagnons. Il fallait se rendre à l’évidence, leur naviga-tion prenait fi n à cet endroit. La Sorhna considéra ses compa-gnons un à un. Les deux disciples reprenaient lentement leur souffl e ; le collecteur, effondré, s’appuyait sur l’épaule de Fébal qui regardait fi xement le sarcophage ; la sentinelle walosi avait les yeux rivés sur Ca’apiti qui remuait la tête de gauche à droite ; le cheikh Alid inspectait les eaux redevenues calmes du fl euve.

- Aux temps anciens, commença-t-elle d’une voix étouffée, alors que nos pères Architectes foulaient le sol encore jeune de Mor-nea, Naash fi t apparaître Thébus qui réchauffa la terre hu-

mide. De l’argile qui séchait lentement sortirent des animaux qui n’étaient pas encore nés, les souches de l’été. Les lentes tortues du Nandai aux carapaces prédictives, les dauphins de Kanam aux jeux si joyeux, les myriades d’insectes ram-pants du désert et piquants des marais, les salamandres et grenouilles multicolores des lacs. Naash et ses frères étaient émerveillés devant ces nouvelles formes qui prenaient vie à mesure que Thébus montait dans le ciel.

Lorsqu’il fut midi et que Thébus était à son zénith, l’argile sèche se craquela et des lézards de toutes sortes surgirent des fi ssures. Les magnifi ques iguanes bleus de Surak Majuha, l’étrange basilique aquacoureur de Mako Sihapi, l’amgama ou encore le caméléon d’Avalon se répandirent à la surface de Mornea sous les yeux ensoleillés des Architectes.

Puis, lorsque les heures les plus chaudes de Thébus furent passées et qu’il redescendait sur l’horizon, lorsque l’argile était sèche et friable, émergèrent les derniers nés de l’été. Ils n’étaient qu’une tête suivie d’un long corps sinueux. Ainsi vinrent les dangereuses vipères cornues de l’Asfar et les co-bras du Dongdai, les aspics apothicaux et les pythons géants. Quand Thébus eut atteint son nadir, l’argile n’était plus qu’un sable inerte. Alors se leva Bahamut qui regarda les Architectes dans les yeux.

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EAUX VIVESPAR MÉHAPITO

Son corps rubis s’élevait toujours plus haut, dressé vers le ciel, ses yeux restaient rivés à ceux des Architectes qui demeuraient cois. Des plaines s’éleva un nuage qui se dirigeait vers eux, une horde chargeait le serpent monstrueux. Aux premiers coups de cornes, Bahamut se replia et s’enroula autour du troupeau, l’enserrant dans ses anneaux. Un taureau merveilleux bondit et décocha un formidable coup de tête au serpent.- Kujuta, l’interrompit Ca’apiti, nous appelons ce taureau Ku-

juta.- Aimeriez-vous terminer le conte en narrant comment Aurlo-

kan calma le serpent-rubis ? les invita Aïssata.- Votre version n’est pas si éloignée de la notre et y apporte

des compléments inédits. Notre peuple transmet, comme celui des Khalimans, la légende du grand serpent, dernier fi ls de l’été, que nous appelons Yacumama. Lorsque Kujuta, le grand-père taureau, l’eut engourdi d’un coup de corne, le troupeau entier piétina l’échine du grand serpent-rubis qui fi nit par s’endormir. Notre père Aurlokan prit alors douce-ment la tête de Yacumama entre ses mains et le conduisit jusqu’à une grande rivière. Yacumama s’allongea dans le lit de la rivière, apaisé par les caresses de notre Tunkasila, et ne reparut jamais.

Thébus disparaissait derrière l’horizon. Les rescapés allumèrent un feu avec les débris de la pirogue, silencieusement. Seul Alid demeurait immobile. La sentinelle walosi lui mit une couverture sur les épaules et s’assit à ses côtés.- Esprit de ton frère laisser voyager, dit-il d’une étrange voix

enrouée.Le cheikh le regarda sans comprendre.- Pas le retenir ici, ajouta-t-il, sinon lui encore errer.Une larme commença à rouler sur la joue du jeune Khaliman qui détourna son visage. La sentinelle s’éloigna.

La fatigue aidant, tous s’endormirent petit à petit autour du feu, malgré leur inquiétude. Fébal fut le dernier à fermer les yeux après le coucher d’Hannah. Le doux fredonnement musical de Ca’apiti eut fi nalement raison de sa résistance. Ce dernier gardait les yeux fermés mais ne dormait pas. Trop de souve-nirs remuaient son esprit et la disparition de l’alchimiste de la Triade l’inquiétait. Personne ne semblait s’en soucier, ou bien estimaient-ils tous qu’il était mort dans les mâchoires du grand serpent ?Ca’apiti était persuadé qu’il avait entendu son chant bien avant lui, mais n’en avait rien dit. Quelle était cette force qui le diri-geait ? Yae était bien trop sensible aux manitous et percevait des voix que lui-même ne faisait que deviner dans les silences des autres. Quelque chose était à l’œuvre, une chose qu’il avait déjà perçue dans les marécages quand son vieux tuteur mourut.

- Kkkk’pit ! Kkkk’pit !Ca’apiti tourna la tête vers la rive qui les surplombait. Malgré

l’absence de lumière de cette sombre fi n de nuit, il discerna sans peine les silhouettes de trois guerriers-vent. - Walosi nous a envoyé vers toi, chuchota l’un d’entre-eux.- Ce soir, il s’est adressé à notre chaman pendant la veillée,

compléta un autre.- Il a dit que tes compagnons et toi aviez besoin d’aide, se sentit

obligé d’ajouter le troisième.Il leur fi t signe de descendre le rejoindre sans bruit.

Aïssata s’éveilla en même temps que Fébal. Leurs regards se croisèrent, puis ses yeux se posèrent sur Deglann qui soulevait le sarcophage vers la rive au-dessus d’eux. Où avait-il trouvé ces cordes ? En voyant les guerriers walosi à l’autre bout, la Sohrna bondit sur ses pattes, le coutelas dégainé. Le sourire de Ca’apiti suffi t à calmer ses craintes et les battements de son cœur re-prirent un rythme régulier.Elle rejoignit le chétif walosi qui rassemblait les maigres affaires qui leur restaient. La majorité de ce qu’ils avaient emporté, nourriture, toiles, était perdu ou désormais inutilisable. Le tri fut rapidement fait et, sitôt le sarcophage installé sur la rive her-beuse, chacun avala un des gâteaux de marche amené par les guerriers-vent et partit derrière eux.Alid fermait la marche. D’un signe, Ca’apiti indiqua à la senti-nelle de rester à ses côtés.

Le voyage à travers les plaines de Mako Sungwapa fut silencieux et très rapide, même au regard des Khalimans. Après trois jours, leur groupe aperçut déjà, sous le soleil de midi, les terres de Gi-gage Gadusi rougeoyer au loin. Il leur fallu deux jours supplé-mentaires de marche forcée pour atteindre les totems délimi-tant l’antique zone de combat où s’étaient réveillés les chamans et la fureur animale des Aurloks.Des tentes éparses étalaient leurs couleurs entre les yourtes délavées des Aurloks. Le corps d’Agerzam était donc réellement attendu. Malgré la fatigue, Aïssata esquissa un sourire, le pari de Chahida semblait en voie de réussite. Un nouveau traité allait pouvoir être signé et un nouvel élan donné aux peuples de Mor-nea.Elle se rapprocha du jeune cheikh et fut bousculée par une ombre surgie de nulle part.- Prends ça !Trois larges écailles rouges luisaient dans sa main.- Corps de Yacumama, néfaste, pas garder ! lui dit la sentinelle

qui regardait Yae s’enfuir.

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LES OBJETS MAUDITS

MISE EN PLACE DU CHAMPDE BATAILLE

1) Le scénario se joue sur une table de 24x24 pouces. Les joueurs déterminent leur côté de table. Chaque zone de déploiement se trouve à plus de 9 pouces de la ligne médiane.

2) Les joueurs placent 6 éléments de décors (préconisation de la taille d’une carte de jeu) en respectant les règles suivantes :

- Les joueurs placent les décors à tour de rôle. Déterminez aléa-toirement quel joueur commence à poser un décor.

- Un décor doit être placé à plus de 3 pouces d’un bord de table, d’un objectif ou d’un autre décor.

3) Les joueurs placent ensuite 3 pions de composants chacun en respectant les règles suivantes :

- Les pions doivent être posés en contact d’un décor à au moins 4 pouces d’un autre pion.

- Les joueurs placent 1 pion dans leur moitié de table et 1 dans la moitié de table adverse (en alternant la pose des pions entre les joueurs et en débutant par celui qui n’a pas commencé à poser les décors). Le pion restant peut être placé dans sa moi-tié de table ou la moitié de table adverse.

- Les joueurs DOIVENT pouvoir poser tous leurs pions (si ce n’est pas le cas, modifi ez le nombre et le placement des décors)

DEPLOIEMENTChaque joueur se déploie dans la zone défi nie lors de la mise en place du jeu, en commençant par celui qui possède le plus de cartes de profi l. Si les joueurs possèdent le même nombre de cartes, le perdant d’un jet d’Esprit en opposition se déploie en premier. A la fi n du déploiement, chaque joueur répartit 3 ob-jets maudits sur ses fi gurines.

CONDITIONS DE VICTOIREA la fi n d’un tour, si un joueur possède 10 PV, il remporte la vic-toire. Si les deux joueurs possèdent 10 PV ou plus, si un joueur n’a plus de fi gurines en jeu, ou que le temps imparti est écoulé, c’est un match nul.A la fi n de chaque tour, chaque joueur remporte autant de PV que le nombre d’objets maudits portés par les fi gurines de son adversaire.

Nombre de PV Maximum à gagner : 15

REGLES SPECIALESA aucun moment une fi gurine ne peut porter plus de deux ob-jets. Les porteurs d’un objet ont un dé malus à tout leurs jets, à l’exception des alchimistes, ceux-ci étant immunisés.

On peut transmettre un objet maudit :- à une fi gurine ennemie lorsqu’une CC est jouée (seule la fi gu-

rine active peut transmettre un objet maudit) contre celle-ci. Lors de la résolution des DOM, vous pouvez choisir d’infl i-ger qu’1 seul DOM au lieu des DOM normalement infl igés, et transmettre l’objet.

- à une fi gurine amie au contact à la fi n d’une action.

Si une fi gurine qui porte un objet meurt, l’objet est donné à la fi -gurine la plus proche et en cas d’égalité (contact), c’est le joueur qui vient de perdre la fi gurine qui choisit son prochain porteur. S’il reste moins de 6 fi gurines en jeu à ce moment là, l’objet est détruit. On retire l’objet maudit du jeu.

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RETOUR À GIGAGE GADUSIPAR MÉHAPITO

L es lithophones résonnaient dans la plaine, tous étaient assis en silence sous le soleil levant de cette matinée autour du mausolée des Quatre Eléments, le Topinyan

Wicahapi.

On ne pouvait pas parler de foule, mais Aïssata pouvait dénom-brer plus de dix vingtaines de participants, issus de tout Mor-nea.

Nombreux étaient les Aurloks, tribus nomades écartées de leurs routes habituelles pour venir rendre l’hommage, sombres Kogas venus de Nunoga la Silencieuse pour ériger le monument funé-raire et marteleurs des montagnes du nord.

Nombreux également étaient les Khalimans, guidés jusqu’à Gi-gase Gadusi par leurs cheikhs.

Des représentants, humains pour la plupart, des grandes cor-porations du canal de la Concorde, guilde de l’Once, cartel de la

Pierre, guilde des Bateliers, confrérie des Libres Maçons, com-pagnie des Ambres, compagnie Abyad, se tenaient regroupés autour de leurs bannières, plus ou moins discrètes. Seul le cartel du Sabre s’était abstenu d’envoyer une délégation. Ses démêlés passés avec les cheikhs, avec Agerzam surtout, le maintenaient à l’écart du rassemblement.

Quelques Triadiques, probablement membres du Souffl e de Dao, étaient discrètement présents. D’autres, plus expressifs, montraient l’intérêt que portait le Singe des Brumes au vieux cheikh rusé.

Le Royaume d’Avalon n’était représenté que par les templiers aux côtés de la Sorhna. Le sénéchal Déicolus, contrairement à ce qu’annonçait sa missive, n’avait pas rejoint les plaines rouges. Fébal ne fi t part de son étonnement à personne, pas même à Deglann.

Alid fi t un signe à ses compagnons. En tant que cheikh ayant

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accompagné la dépouille d’Agerzam, chacun s’en était remis à lui pour la cérémonie.

Maintenant que la nuit de veille avait permis aux Aurloks de libérer le spectre du vieux Khaliman enterré sous le mausolée, il lui tardait de faire parapher ce nouveau traité. Les termes en étaient plus qu’ambigus. Aucune limite ni frontière n’avait été fi xée, seules étaient mentionnées les capitales et quelques villes d’importance des quatre peuples.

Alid avait tenu à évoquer la mémoire des Naashtis dans un pa-ragraphe qui prônait l’égalité des peuples, leur droit à voyager librement et la recherche d’une solution pacifi que à tout désac-cord.

C’était sa grande fi erté. Il avait réussi à maintenir, et certaine-ment amplifi er, le rôle des cheikhs dans les relations entre les peuples. A tel point qu’il avait été évoqué la possibilité de for-mer des cheikhs parmi les membres des autres peuples...

Le silence s’était fait. Les vibrations des lithophones s’étei-gnaient doucement et les quatre personnages autour d e lui prirent place sur l’épais crin orangé du tapis. Le sénateur Mumattil ibn Malikh, des Vertes Forêts, jeta un regard vers Aïssata assise au premier rang de l’assistance. La Sorhna avait activement participé aux réunions préparatoires par ses conseils mais semblait maintenant occupée par autre chose.

Le frère Fébal ne comprenait toujours pas pourquoi il siégeait parmi les représentants malgré le soutien qu’il avait reçu de Siyo Suka, un vieux sachem Loup dépêché par le Père de la Terre pour représenter les Aurloks.

Thi Zhe fut le dernier à s’asseoir. Il portait de brefs coups d’œil inquiets à l’assistance et réagit plus lentement que les autres représentants. Son mouvement manqua de naturel et décrocha le symbole du clan Wanli qu’il arborait fi èrement sur sa longue robe.

La cérémonie devait être courte, mais Thi Zhe avait souhaité prendre la parole au moment de la signature. Il avait donc été décidé que chacun des représentants pourrait s’exprimer libre-ment devant la réunion des nations.

Thi Zhe prit la plume que lui tendait Alid, puis se releva. Il lissa longuement son hanfu, son regard faisant le tour de l’assis-tance, et prit la parole.« Ce n’est qu’avec les yeux des autres qu’on peut bien voir ses défauts, dit un de nos nombreux proverbes. Nous, peuple de l’Empire, l’avons expérimenté à nos dépens il y a de cela de très nombreux cycles en cette plaine où nous nous trouvons réunis aujourd’hui.

Que la signature que j’appose pour mon peuple sur ce nouveau traité soit le gage que nous poursuivrons notre apprentissage tous ensemble. »

Alid resta un instant coi en voyant le Triadique se rasseoir et passer la plume à Fébal. Ce n’était que pour débiter ce vieux dic-ton populaire que Thi Zhe avait exigé qu’on le laisse s’exprimer ! Qu’est-ce que ça pouvait bien cacher ?

L’hospitalier se leva à son tour. Toute la nuit, il avait cherché ce qu’il pourrait bien dire après le sage du Souffl e de Dao mais, de-vant la brièveté de sa déclaration, rien de ce qu’il avait imaginé ne pouvait convenir. Il ne fi t que paraphraser un des articles du traité privilégiant la voix pacifi que.

Le sénateur de la République, ora-teur expérimenté, ne se laissa pas prendre au piège de Thi Zhe et laissa sa langue dérouler ses idées. Quelques minutes lui suffi rent pour rappeler le rôle de négo-ciateurs de son peuple et le plaisir qu’il ressen-tait personnellement à rencontrer les membres des autres peuples de

Mornea. Il ne put s ’ e m p ê c h e r

de terminer en évo-quant, lui aussi, un proverbe impérial :« Il en est des lois comme des digues, la brèche d’un seul en-droit y rend tout le reste inutile », ajou-ta-t-il d’un regard lourd sur les deux hommes.

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C’était sa grande fi erté. Il avait réussi à maintenir, et certaine-ment amplifi er, le rôle des cheikhs dans les relations entre les peuples. A tel point qu’il avait été évoqué la possibilité de for-mer des cheikhs parmi les membres des autres peuples...

Le silence s’était fait. Les vibrations des lithophones s’étei-gnaient doucement et les quatre personnages autour d e

jeta un regard vers Aïssata assise au premier rang de l’assistance. La Sorhna avait activement participé aux réunions préparatoires par ses conseils mais semblait

Le frère Fébal ne comprenait toujours pas pourquoi il siégeait parmi les représentants malgré le soutien qu’il avait reçu de Siyo Suka, un vieux sachem Loup dépêché par le Père de la

Le sénateur de la République, ora-teur expérimenté, ne se laissa pas prendre au piège de Thi Zhe et laissa sa langue dérouler ses idées. Quelques minutes lui suffi rent pour rappeler le rôle de négo-ciateurs de son peuple et le plaisir qu’il ressen-tait personnellement à rencontrer les membres des autres peuples de

Mornea. Il ne put s ’ e m p ê c h e r

de terminer en évo-quant, lui aussi, un proverbe impérial :« Il en est des lois comme des digues, la brèche d’un seul en-droit y rend tout le

, ajou-ta-t-il d’un regard lourd sur les deux

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Le vieux sachem Loup, en tant que représentant du peuple hôte, prit la parole en dernier. Sa voix grave et rauque s’éleva tran-quillement dans un langage commun rarement aussi bien maî-trisé par des Aurloks.« Que de belles choses ont exprimés mes savants prédéces-seurs, je ne saurais ajouter quoi que ce fut à un exposé aussi clair et précis. Je m’incline devant la sagesse de ceux qui ont été choisis par tout un peuple pour les représenter ici et signer en leur nom. En la place de notre Edoda Elohino, je vais égale-ment ajouter le nom des Aurloks. »

Avec ces quelques mots, Siyo Suka venait de souligner toute l’inutilité de ce traité et la fatuité de ceux qui s’étaient expri-més avant lui. Aucun n’avait mandat pour signer, c’est à peine si les autorités impériales de Yu Cheng ou royales de KerKastel étaient au courant et le sénateur de la République ne représen-tait que son propre courant politique.

Le cheikh Alid reprit la parole pour atténuer l’effet des propos du sachem.« De l’élan de ceux qui ont signé aujourd’hui ce nouveau traité va germer l’espoir... »

Il fut interrompu par un mouvement dans la foule des Aur-loks. Quelques-uns s’écartèrent pour lais-ser la place à un épais Walosi à la coiffe impressionnante. «Pitekica», murmura Siyo Suka.Derrière le Walosi avançaient deux sentinelles chargées d’un lourd fardeau qu’elles déposèrent au sol.

- Approche jeune cheikh ! intima le chaman-esprit Walosi. Nous l’avons trouvé gisant sur les berges de Niwaca Wosice, aux portes d’Otsiliha.

Alid souleva la toile qui dévoila l’épaisse crinière blanchie d’un Suleman. Il porta la main pour en tourner la tête vers lui lorsqu’il entendit Aïssata s’écrier :- Ibrahim, vivant !

Thi Zhe reporta son regard sur la foule. Les oncles Luo n’avaient pas mis leurs menaces à exécution... pour l’instant.

Avec ces quelques mots, Siyo Suka venait de souligner toute l’inutilité de ce traité et la fatuité de ceux qui s’étaient expri-més avant lui. Aucun n’avait mandat pour signer, c’est à peine si les autorités impériales de Yu Cheng ou royales de KerKastel étaient au courant et le sénateur de la République ne représen-tait que son propre courant politique.

Le cheikh Alid reprit la parole pour atténuer l’effet des propos du sachem.« De l’élan de ceux qui ont signé aujourd’hui ce nouveau traité va germer l’espoir... »

Il fut interrompu par un mouvement dans la foule des Aur-loks. Quelques-uns s’écartèrent pour lais-ser la place à un épais Walosi à la coiffe impressionnante. «Pitekica», murmura Siyo Suka.Derrière le Walosi avançaient deux sentinelles chargées d’un lourd fardeau qu’elles déposèrent au sol.

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RETOUR À GIGAGE GADUSILES CHRONIQUES DE MORNEA

septembre octobre novembre décembre janvier février mars avril mai TotalCheikhs 1466 1006 2045 704 700 1318 1555 1140 1944 11878Mercenaires 1703 1078 1375 462 1270 456 1810 1230 1665 11049Alchimistes 1761 1190 2005 628 745 453 795 1325 1633 10535Nationalistes 1627 686 1375 129 1435 288 755 1375 1222 8892Commerçants 1247 793 1365 223 1655 1063 655 370 877 8248

sept. oct. nov. déc. jan. fév. mar. av. mai Total

Eorl 365 310 300 280 340 280 345 65 360 2645

Elethorn 265 250 300 325 320 245 300 2005

Ben95 300 255 265 274 280 285 325 1984

Nicolebond 34 255 335 300 250 255 255 300 1984

Capt’ain Caverne

380 250 246 290 305 120 290 1881

Mehapito 79 71 300 115 50 290 375 305 290 1875

Barbouille 350 305 300 265 225 51 1496

Baloo 255 300 345 240 225 1365

Camthalion 225 240 115 74 15 260 395 1324

Amakiir 300 300 165 140 180 10 1095

Uzu 88 330 320 250 988

Kurlem 40 280 330 325 0 975

Olivier.B 285 340 235 106 966

Kataklysm 325 190 50 335 900

Maloutou 74 105 35 290 75 305 14 898

Aalrihaus 150 205 235 270 860

Mélanie 340 300 55 695

BloodSilver 240 170 280 690

Soeur Amélia 310 120 235 665

Raphael 225 430 655

Letchaï 340 75 88 135 638

Lixa 295 45 250 31 621

Nicolebrun 235 375 610

RV 270 270 65 605

Nad 320 280 600

Aigle4 64 30 230 0 275 599

Shinji 60 300 230 590

Ruthyam 160 120 300 580

Fecoa 63 255 245 563

Caillou 64 190 20 50 230 554

Dwinbar 275 275 550

DrZork 310 61 95 60 526

Roybean 81 325 80 35 521

Flokr 240 105 109 35 489

Trolland 55 50 285 45 53 488

Murdoc 365 117 482

Restimel 330 150 480

Royce1192 285 40 140 465

LaurB 352 65 23 440

Vince911 415 415

Drelin 390 390

Shubby 76 60 40 80 85 31 372

Blackspear 71 78 160 63 372

Figo95 55 95 25 40 147 362

Pomulo 94 65 200 359

Kik 230 127 357

Echo-Nyco 90 265 355

Oliv’ 120 50 70 101 341

Dewi 108 230 338

Telrunya 327 327

Golden 325 325

Laerthis 68 135 115 318

Fosgrim 315 315

Vatin27 295 16 311

L’enchanteur 35 60 215 310

Didier59 305 305

Soseh 290 290

Boombo 280 280

Corwin 260 260

Lepetitseb 260 260

Emmlef 10 250 260

Fureur 260 260

Yoda 255 255

Mjof 72 134 45 251

Staseman 190 56 246

Grim 245 245

Tween 240 240

Wulf 65 150 20 235

Keikow 38 72 125 235

Nico.P 220 220

Saddax 66 95 45 206

Carcous 195 195

Cam’s 190 190

Lag404 180 180

Marc 175 175

Boss 165 165

Archaon 75 79 154

J2C 40 25 86 151

Dunadan 140 140

E 132 132

Sama Jon 129 129

BTB 129 129

Perno 40 89 129

Glope 25 100 125

Agazirce 121 121

Antho 69 33 10 112

Mumak 30 75 0 105

Harold S 41 50 12 103

Gaelle 95 95

Zarrack 27 48 10 85

Alex 84 84

Polo 80 80

El_ludo 80 80

Gregauryc 75 75

Belial33 73 73

Mathieu-Shamrock

8 60 68

Thrysth 65 65

David 64 64

Adrien le fi ston 62 62

Toto.P 60 60

Dragon70 58 58

Cartedan 58 58

Arnaud 46 46

Whispe 40 40

Lsmassa 34 34

Syro 34 34

Marck 30 30

Knightseb 30 30

Quentin 24 24

Le maître des dés

24 24

Petit Nicolas 20 20

9 MOIS DE CHRONIQUES, 110 PARTICIPANTS

sept. oct. nov. déc. jan. fév. mar. av. mai Total