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Journée à Piriapolis Piriapolis, station balnéaire un peu huppée, à l’est de Montevideo, se trouve sur la côte, au bord de l’océan Atlantique. Son nom origine de M. Piria, visionnaire et homme d’affaire ambitieux. Il voulut faire de cette ville un endroit touristique mais aussi une raison d’initier ses projets d’exploitation de minéraux tels le granit et le marbre. Il développa également des vignobles et fit planter des oliviers. Fait étrange, monsieur Piria fut l’une des rares personnes ayant été le seul initiateur du développement de la ville portant son nom. Pour les gens sans voiture, la meilleure façon de s’y rendre est le bus. De Montevideo, durée du voyage environ 1 heure et demie. Je dois dire que les bus sont de qualité, air climatisé, bons fauteuils avec ceinture de sécurité. Le ciel est bleu; la journée s’annonce très belle. Arrivée au petit terminal de ce joli village de charme, le déplacement à pied se fait sans encombre à une courte distance des points d’intérêts, sauf le Château de Piria où je devrai prendre un transport. L’ancienne résidence de monsieur Piria se trouve en montagne, tout en haut, près du « Pan de azucar » (le pain de sucre) qui n’a rien à voir avec le Pain de Sucre de Rio…. Il fit bâtir son château au 19 e siècle, la construction se terminant en 1897.

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Page 1: Chronique Dorval 3 · ciel est bleu; la journée s’annonce très belle. Arrivée au petit terminal de ce joli village de charme, le déplacement à pied se ... Il manque de monde

JourneeaPiriapolis

Piriapolis, station balnéaire un peu huppée, à l’est de Montevideo, se trouve sur la côte, au bord de l’océan Atlantique. Son nom origine de M. Piria, visionnaire et homme d’affaire ambitieux. Il voulut faire de cette ville un endroit touristique mais aussi une raison d’initier ses projets d’exploitation de minéraux tels le granit et le marbre. Il développa également des vignobles et fit planter des oliviers. Fait étrange, monsieur Piria fut l’une des rares personnes ayant été le seul initiateur du développement de la ville portant son nom. Pour les gens sans voiture, la meilleure façon de s’y rendre est le bus. De Montevideo, durée du voyage environ 1 heure et demie. Je dois dire que les bus sont de qualité, air climatisé, bons fauteuils avec ceinture de sécurité. Le ciel est bleu; la journée s’annonce très belle. Arrivée au petit terminal de ce joli village de charme, le déplacement à pied se fait sans encombre à une courte distance des points d’intérêts, sauf le Château de Piria où je devrai prendre un transport. L’ancienne résidence de monsieur Piria se trouve en montagne, tout en haut, près du « Pan de azucar » (le pain de sucre) qui n’a rien à voir avec le Pain de Sucre de Rio…. Il fit bâtir son château au 19e siècle, la construction se terminant en 1897.

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Château de Piria

Mais revenons sur mes premières impressions. Piriapolis compte 8 plages en tout. Je n’en ferai qu’une seule, temps oblige. Vous vous douterez qu’en parlant de station balnéaire, on se retrouve invariablement sur une promenade longeant la plage. Celle-ci est fort occupée de gens profitant de la chaleur, du soleil, la plupart ayant apporté leur maté bien évidemment, car ici, on ne vit pas sans maté. C’est culturel. Je m’amuse à les observer mais aussi, je vois les tentes bariolées rouge et blanc pour ceux qui préfèrent rester à l’ombre, les cabines de bois peinturées pour se changer directement sur la plage, les parents jouant avec leurs enfants à divers jeux, les vendeurs de plage, les uns susurrant des mots insensés que je devine être : eau, crème glacée, empanadas, biscuits et pâtisseries; les autres vendant des blouses de plage.

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Pour une fille NON adepte de plage, j’entreprends de marcher la promenade jusqu’au port, car oui, j’imagine qu’ici, je pourrai manger du poisson? En effet, le long de la promenade je découvre, entre autres, « Don Quichotte »; j’aimerais bien que ce soit l’homme célèbre mais c’est plutôt le nom d’un restaurant. Ce qui attire mon attention est un bonhomme à l’aspect débonnaire, ressassant le contenu d’une immense paella mais immense … de calamars, crevettes, poulet, anguille. Houla!!!!!!!!!! Je m’approche pour voir de plus près et m’écris : WOW!!!! ce qui fait sourire le type en question. Je crois connaître l’arrêt à faire, un peu plus tard, quand l’appétit se fera sentir. Je vous envoie une photo du plat et de son créateur, un homme dans les soixante-dix ans. Oui mes amis. Ce qui prouve qu’en vieillissant, malgré ce que les plus jeunes croient, on ne devient pas inutiles. En minaudant avec lui, il accepte, bien humblement de se laisser prendre en photo. Plus tard, alors que je savourais sa paella, tout à fait exquise il va sans dire, je me rendis compte du respect que les employés témoignaient envers cet homme qui a inexorablement implanté la renommée de l’établissement.

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Est-ce que cela vous met l’eau à la bouche? A la sortie de ce festin, le sourire aux lèvres, fière de ma trouvaille, je poursuis mes visites en entrant dans le majestueux « Hôtel Argentin » faisant face à l’océan. L’extérieur tout blanc avec ses sculptures à la grecque, nous invite à s’engager dans les petits sentiers. L’hôtel, inauguré en 1905, fut jadis ce qu’il y avait de plus luxueux en Amérique du Sud. Les temps ont bien changé. Il se maintient pourtant comme étant un hôtel de caractère, à la mode un peu dépassée mais offrant un service impeccable. Un casino y est attaché. Fureteuse comme je suis, marchant le nez en l’air comme si j’avais été une cliente des lieux, j’entre dans le casino. C’est un endroit public non? Je sens qu’on m’a à l’œil. Ici on ne rit pas. Il y a de gros bidous qui circulent et les expressions des visages en font preuve. Mine de rien, je fais le tour des tables, observe et subitement, je me risque à prendre une photo. Ni un ni deux, un employé vient gentiment m’aviser que cela ne peut se faire afin de protéger l’intimité des clients. Les tables de black jack et de la roulette sont fermées. Il manque de monde et de vie. Je crois que c’est le casino le plus ennuyeux que j’ai vu de ma vie, un endroit au charme suranné.

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Hôtel Argentino

Après avoir erré ici et là, je me rends par bus local au Château de Piria. Alors là, c’est une expédition. Le bus est bondé et les gens sont pittoresques. Le chauffeur au crâne rasé montrant bien en évidence son tatouage au-dessus de l’oreille droite, se sent chez lui. Il est sans contredit le patron. Le transistor fonctionne à tout volume et sa chiquée de gomme lui donne une allure d’homme de la situation. Étant assise un peu à l’avant, sur une rangée de deux sièges, occupant celui de l’allée, un immense monsieur, venant de monter à bord, demande à utiliser le siège de la fenêtre. Mais il est si gros, qu’il déborde sur la moitié de mon espace. Je me retrouve, une seule fesse appuyée sur le banc en tentant de garder mon équilibre et mon sérieux. Je descends heureusement du bus en m’évadant de ce capharnaüm d’espèce humaine. La longue avenue d’entrée du Château de Piria promet une visite historique alléchante. Malheureusement, seul l’extérieur et le premier étage demeurent ouverts au public; le gouvernement payant les frais de sérieuses rénovations aux étages supérieurs. Enfin, un peu d’intérêt pour leur patrimoine qui souffre

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plus souvent qu’autrement de négligence. L’autobus ne repassant que dans une heure, je prends mon temps, jase un peu avec la dame gardant les lieux, parlant du gouvernement, du château et de la mentalité des Uruguayens en général. Femme vaillante, elle remplit deux emplois pour arriver. Elle se rend au château en moto. De retour à la maison, elle repart peu de temps après pour son 2e boulot. Une heure plus tard, seule sur le bord du chemin, en pleine campagne, au pied du « Pain de sucre », j’attends le bus qui doit passer. J’ai des doutes… mais non le voilà qui vient. Faisant un arrêt devant moi et à ma question à savoir si ce bus se rendait bien au terminal, le chauffeur me répond : madame, montez. C’est le seul bus qui passe ici. Allez hop. Puis c’est le retour vers Montevideo fatiguée d’avoir marché avec cette chaleur qui tape sur la tête mais heureuse d’avoir découvert un nouveau coin de pays. A Piriapolis, des deux côtés du trottoir, le soleil règne. Cherchez l’ombre. Pour ce faire, cela demande un peu d’astuce. Au revoir, à la prochaine vers un autre endroit.

Fin

Christie