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Chronique des falsifications

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Page 1: Chronique des falsifications - Marxists Internet Archive...138 LES CAHIERS DU MOUVEMENT OUVRIER / NUMÉRO 40 Pierre Roy Le Bourg 42 260 Saint-Julien-d’Oddes roypie@wanadoo.fr Samedi

Chroniquedes falsifications

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LES CAHIERS DU MOUVEMENT OUVRIER / NUMÉRO 40

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CHRONIQUE DES FALSIFICATIONS

OÙ la falsification ne va-t-ellepas se nicher ? Le Monde(20 septembre 2008) nous an-nonce que “l’historien Marc

Lazar a vu la pièce Le silence des com-munistes” consacrée à l’histoire du PCitalien, et qui repose sur un échange delettres entre trois vieux dirigeants du PCI(Vittorio Foa, Miriam Mafaï et AlfredoReichlin, aujourd’hui député du Parti dé-mocrate). L’on y apprend de la bouchede Marc Lazar que “le stalinisme du PCIétait aussi intérieur : c’est le centralismedémocratique”.

C’est le droit de chacun d’être hostileau centralisme démocratique, mais enfaire une marque du stalinisme… Pourun historien, c’est au choix bien léger ouun peu gros ! Le centralisme démocra-tique, cela signifie qu’après une discus-sion libre où les points de vue expriméspeuvent être très divergents, il y a unitédans l’action une fois qu’une majorités’est dessinée, sans que l’on contraignecelui qui y est en désaccord à se déjuger,à se frapper sur la poitrine en déclarantavec contrition qu’il avait tort, commel’hérétique dans la religion ou dans lestalinisme. Il respecte seulement la disci-pline dans l’action.

Si cela, c’est le stalinisme, alors MarcLazar devrait qualifier l’ancien secrétairedu PS, François Hollande, d’ultra-stali-

nien. Dans une interview au Monde(mardi 4 novembre), ce dernier affirmeen effet : “Ce qui a le plus manqué auParti socialiste, ces dernières années,c’est la discipline après le vote.” Il ditensuite signer la motion Delanoë parceque, “sur sa motion, aucun signatairen’a jamais enfreint une règle du Partisocialiste. Ce n’est pas le cas des autres.Ce respect de la discipline au sein duparti est pour moi un critère décisif.” Aquoi fait donc allusion François Hol -lande ? A l’évidence, au vote sur laConstitution européenne de mai 2005. Sion le comprend bien, les partisans duvote non, après avoir été battus de peudans des conditions qu’il est hors denotre propos de discuter, auraient dû en-suite appeler à voter oui, c’est-à-dire sedéjuger, renoncer à leur conviction in -time (ce qui n’est qu’une caricature bu-reaucratique du centralisme démocra-tique)… Lénine, lui, n’a jamais demandéaux adversaires du traité de Brest-Li-tovsk de changer d’opinion et de l’ap-prouver. En revanche, il s’est opposé àce que des adversaires du traité (commecertains socialistes-révolutionnaires degauche) organisent des coups de maincontre les troupes allemandes pourcontraindre l’Allemagne à déchirer letraité et engager à nouveau la guerre…

Enfin, où Marc Lazar a-t-il vu quedans le stalinisme il y a liberté dans la

Marc Lazar,le centralisme démocratiqueet le stalinisme...

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discussion, puis dégagement d’une ma-jorité ? Dans le stalinisme, il y a décisionvenant du sommet de l’appareil, chasseorganisée contre tous ceux qui exprimentun point de vue personnel différent etobligation imposée à celui qui était endésaccord d’affirmer qu’il s’est trompé,

qu’il avait tort, bref, de se déjuger (c’estla fameuse “autocritique” stalinienne àlaquelle doivent se livrer tous ceux quiont eu l’audace d’avoir un avis diffé-rent). Ceux-là ont été pendant longtempsqualifiés de “trotskystes” même s’ils nel’étaient pas du tout…

NOUS avons plusieurs fois at -tiré l’attention sur quelquesfalsifications (ou erreurs gros-sières) commises par Jacques

Attali dans ses écrits (1). Dans l’articlepublié sous le titre “Jacques Attali, unfaussaire au petit pied”, nous dressionsune liste incomplète des bourdes et falsi-fications énormes contenues dans KarlMarx ou l’Esprit du monde. Rappelonsla plus belle d’entre elles, peut-être. Il yécrivait : “Le 27 mars, en pleine émeutecommuniste à Berlin et à Petrograd(toutes les deux imaginaires ! — NDA),le gouvernement du Kaiser affrète untrain blindé et assure le transfert de Lé-nine et de certains de ses camarades ve-nus de Suisse jusqu’en Russie.” Aprèsquoi ces derniers, le 25 octobre, “arrê-tent les ministres siégeant alors au pa-lais d’Eté”, Attali confondant peut-êtrePékin et Petrograd, où les ministres sié-geaient dans le palais d’Hiver.

Un article de Libération (lundi 6 oc-tobre 2008), intitulé “Le facteur de luxe,Jacques Attali”, à propos de l’Angola -gate, permet de s’interroger sur le méca-nisme possible de ces inventions, parfoisgratuites, parfois perfides. Citons cet ar-ticle, auquel Jacques Attali n’a apparem-ment pas demandé de rectificatif à la ré-daction de Libération :

“En 1997, Attali est saisi d’une re-quête par l’avocat de Falcone : trans-mettre au ministre des Affaires étran-gères, Hubert Vedrine, ses récrimina-

tions contre un redressement fiscal dedeux milliards de franc (sic !), soit 305millions d’euros, sur une société d’arme-ment tchèque qu’il pilote à distance. At-tali joue le facteur avec une pudeur dejeune fille : aux enquêteurs, il affirme nepas connaître la secrétaire de Vedrine àlaquelle il transmettait les requêtes. Celle-ci a rétabli la vérité : ils s’étaient croiséspendant dix ans à l’Elysée.” Donc, pre-mier point : Jacques Attali souffre detroubles de la mémoire, ce qui est fâ-cheux quand on écrit autant que lui.

Ensuite, continue Libération :« Concomitamment, Attali se voit com-mander par le gouvernement angolaisun rapport sur le microcrédit — en pleineguerre civile ! Son cabinet, Attali consul-tant et associés (ACA), sous-traite la ré-daction du rapport au cabinet Horuspour 46 000 euros et conserve pour luiune marge de 107 000 euros. “Nousavons apporté notre caution par la signa-ture du rapport”, a expliqué Attali auxenquêteurs. » Donc, deuxième point,Jacques Attali pratique la sous-traitance,à des conditions financièrement avanta-geuses (un tiers pour le sous-traitant,deux tiers pour le signataire final), repo-sant sur une division du travail : la ré-daction du texte écrit (le rapport) est se-condaire, la signature finale est l’essen-tiel… Pour un rapport, bien entendu.

A proposde Jacques Attali

(1) Cahiers du mouvement ouvrier, n° 27, pp. 139à 142.

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CHRONIQUE DES FALSIFICATIONS

LE “philosophe” (c’est ainsi queLibération le présente) FrancisFukuyama, auteur du livre LaFin de l’histoire, qui annonçait

après la chute de l’URSS que le capita-lisme était l’horizon indépassable del’histoire, ancien haut fonctionnaire dudépartement d’Etat sous Reagan et nom-mé par Bush membre du conseil d’éthi -que (sic !), a donné à Libération une in-terview publiée dans le numéro des 25-26 octobre 2008 du quotidien.

Il y affirme : “Comme Marx, je croisaux évolutions à long terme.” Marx pro-phète des “évolutions à long terme” ?C’est une découverte, et même unscoop ! A la fin de la Misère de la philo-sophie, Marx, citant George Sand, af -firme pourtant : “A la veille de chaquereconstruction générale de la société, ledernier mot de la science sociale seratoujours le combat ou la mort, la luttesanguinaire ou le néant.” Dans sa Lettreà Kugelmann, du 12 avril 1871, il af -firme : “La prochaine tentative de révo-lution, en France, devra non faire passerla machine militaire et bureaucratiqueen d’autres mains (…), mais la briser”,ce qui n’est pas tout à fait la même choseque la faire évoluer…

La découverte de Fukuyama… per-met à ce serviteur de Reagan et de Bush

de se réclamer de l’auteur du Manifestedu Parti communiste.

Il écrit en effet : “Le concept de la finde l’histoire que j’ai proposé d’appli-quer en 1989 à la situation créée par lachute du Mur de Berlin vient d’Hegel eta d’abord tran sité par Marx.”

Evidemment, Fukuyama lui donne unautre sens. D’ailleurs, ajoute-t-il, “c’estun professeur de Berkeley qui a fait lacomparaison en disant que j’étais l’équi-valent de Marx pour le néoconservatis-me et que Robert Kagan ou Bill Kristol(des partisans de Bush — NDA) enétaient les Lénine”. Vraiment ? Eh bienoui, Fukuyama le nouveau Marx croit àl’évolution, les faucons de Bush vou-draient la démocratie et croiraient enl’usage de la force pour l’imposer.

Leurs buts sont donc nobles, maisleurs moyens inadéquats. Il conclut eneffet : « Les “léninistes” (c’est-à-dire lesultraconservateurs ! — NDA), eux, veu-lent accélérer le processus en usant durapport de forces, notamment depuis le 11Sep tembre, pour la démocratisation auMoyen-Orient. » C’est ce qu’il appelle“le léninisme conservateur”. On a là af-faire à un véritable hold-up politique.

Jean-Jacques Marie

Fukuyama… et Marx !

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LES CAHIERS DU MOUVEMENT OUVRIER / NUMÉRO 40

Pierre RoyLe Bourg42 260 Saint-Julien-d’[email protected]

Samedi 22 novembre 2008

A la rédaction de France-Inter

Bonjour.Vendredi soir 21 novembre, après les

informations de 19 heures sur France-In-ter, j’ai entendu un débat entre Jean-François Kahn, Gérard Filoche et Ber-nard Debré.

L’entretien a évoqué la personnalitéde Rachida Dati et mentionné le fait queLe Figaro avait fait disparaître sur unephoto une bague de très grand prix quela ministre portait au doigt.

M. Bernard Debré, commentant cetépisode qu’on peut considérer comme unescamotage, voire une sorte de falsifica-tion, a utilisé par deux fois, à un trèscourt intervalle, le qualificatif de “trots-kyste” pour le caractériser.

J’avoue que les connaissances quej’ai pu acquérir au fil d’assez nom-breuses lectures que j’ai faites sur Trot -sky et le trotskysme ne me permettentpas de saisir le rapport entre l’escamotagede cette bague sur une photo de presse etl’histoire de Trotsky et du trotskysme.

Certes, j’ai appris dans mes lecturesque Léon Trotsky avait très souvent étévictime de mensonges, manipulations detextes et autres caviardages, de la part deses ennemis et du premier d’entre eux,Joseph Staline : les photos retouchéespour effacer sa présence sont nom-breuses, c’est un fait bien connu.

Mais ce serait un curieux abus de lan-gage que de qualifier de “trotskystes” lesfalsifications dont Trotstky a été la vic -time !

Or, dans le contexte de l’émission en-tendue vendredi soir, ce que l’auditeurretient, c’est que ce serait la pratiqued’une falsification qui serait “trot -skyste” et non le fait d’en être victime !

En effet, s’il s’était agi de pratiquerun subtil “second degré” pour initiés,une occurrence du mot aurait suffi.

Aussi bien, la répétition tend-elle àfonctionner comme si elle renvoyait àl’interprétation au “premier degré” d’uneexpression qui, saisie au vol par l’audi-teur non averti, sera comprise au “piedde la lettre”, ce qui est insultant pourTrotsky et le trotskysme. Et ce d’autantplus qu’aucun éclairage complémentairen’a été fourni.

Je vous serais reconnaissant de bienvouloir transmettre mon observation àM. Bernard Debré, à toutes fins utiles.

Avec mes salutations.

Pierre Roy

La bague de Dati...et le trotskysme !