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LECTURE DU SOCIAL N°2: «LA PAROLE MANIPULEE » DE PHIIPPE BRETON5/09/2012

FICHE DE LECTURE

« LA PAROLE MANIPULEE »

De Philippe BRETON

Livre : LA PAROLE MANIPULEE

Auteur : Philippe BRETON

Editeur : Editions LA DECOUVERTE

Taille : 211 pages

Type : Ouvrage

Collection : PRESSE – POCHE

1. Présentation synthétique du livre :

a. Introduction

L'auteur, Philippe BRETON, est chercheur au Laboratoire CNRS de sociologie de la culture européenne à Strasbourg et enseigne à l'Université de Paris I - La Sorbonne. Il a écrit de précédents ouvrages dans lesquels il s'est notamment intéressé à l'informatique en tant que phénomène de société, dans le cadre d'une évolution historique liée à l'existence ou à la non-existence d'un nouveau mode de communication.

Le livre, La parole manipulée, a été publié en 1997. C’est un ouvrage récent qui soumet au lecteur des faits d'hier mais aussi des théories sur un ensemble d'observations d'actualités variées telles que l'intégrisme, internet, le pouvoir des sectes, la publicité ou encore la programmation neurolinguistique…

Dans ce livre passionnant, Philippe BRETON s’efforce de répondre aux questions suivantes : « la sensation diffuse de vivre dans un univers menteur, n’est elle pas à l’origine de formes nouvelles d’individualisme et de repli sur soi ? Toutes les méthodes de communication et de débat sont elles bonnes dans un espace public qui se prétend démocratique ? Penser à la pagination. Votre citation est pertinente mais une citation illustre un argumentaire et il ne le remplace pas.la sensation diffuse de vivre dans un univers menteur, n’est elle pas à l’origine de formes nouvelles d’individualisme et de repli sur soi ? Toutes les méthodes de communication et de débat sont elles bonnes dans un espace public qui se prétend démocratique ?

Il tente d’y répondre en décrivant différentes techniques de manipulation qui saturent notre environnement, à partir de nombreux exemples de notre société. Il ouvre également quelques pistes pour redonner à la parole, le rôle de l’outil vivant de la démocratie en introduisant le concept original de liberté de réception.

Christelle BROUSSEAU.CAFERUIS 8.

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Cet ouvrage va sensibiliser le lecteur afin de lui permettre une prise de conscience des différentes techniques de manipulations sous leurs diverses formes et, par la suite, lui montrer comment les moyens manipulateurs utilisés dans nos sociétés sont tributaires de la parole et des interprétations subjectives que chacun peut en faire.

b. Le développement

La 1ère ambition de ce livre, est de souligner que l’emploi des techniques de manipulation de la parole, a en lui même un effet sur le lien social et sur la nature de notre démocratie. P. 26 En effet, Philippe BRETON, au travers d'une approche panoramique de la manipulation de la parole, s'attache à démontrer clairement la mise en saturation du mensonge et de la sublimation sensorielle orientée, ceci grâce à l'utilisation de multiples exemples révélateurs des diverses techniques manipulatoires telles que la désinformation, terme à définir dans sa relation étroite au réel et à son travestissement. L'auteur précise que la désinformation « consiste à faire valider, par un récepteur que l'on veut intentionnellement tromper, une certaine description du réel favorable à l'émetteur, en leur faisant passer pour une information sûre et vérifiée. » P. 66 La naissance de la propagande…

En effet, la manipulation n'est en fait précise que pour celui qui la pratique. Afin que celle-ci puisse être nommée activité langagière, il faudrait que la liberté d'expression ne soit plus opposée à la liberté de réception et que par-là même soit enseignée une science du décodage tout comme il a été enseigné l'art de la rhétorique. Ce thème est développé par Philippe BRETON dans une partie de son livre. Ainsi, il émet le regret que la rhétorique ne soit plus étudiée que dans l'enseignement supérieur et uniquement dans certains cursus. Il précise que la rhétorique nait à la fois dans un contexte judiciaire et au cœur d’une réflexion sur les méthodes qui permettent de systématiser l’efficacité de la parole. La question est de savoir, suffit il qu’un discours soit bien ordonné, bien scandé, utilise des formules poétiques et bien tournées, pour qu’il soit convaincant ? Où faut-il, pour convaincre, faire appel principalement, aux sentiments, aux passions, qui composent dans ce sens un manuel de pathétique c'est vrai qu'ici Philippe Breton donne plutôt des pistes de construction qu'une définition arrêtée. Personnellement, je vois dans la liberté de réception une tentative de redéfinition du pacte noué autour de la parole. La parole ne fera l'objet d'aucune distorsion et chacun des interlocuteurs s'assurera que le discours constitue un objet partagé qui intègre les manières de dire mais aussi à travers elles les références et les valeurs de chacun. En effet, l'auteur suggère qu’« entre partenaires avertis sur le point précis qui fait l'objet de la discussion, un énoncé qui serait autrement manipulatoire constituera une source vivante d'échange la construction de normes dans ce domaine doit donc tenir compte de la richesse et de la singularité des relations . » p. 206.

La réponse à ces questions, va finalement être fournie, précise l’auteur, par Aristote. Il conclue de cette manière « l’art de convaincre peut se détacher d’une rhétorique des passions et de l’expression, tout en mettant ces dernières à la disposition du raisonnement ». Avec Aristote, la rhétorique devient une technique à part entière parce qu’elle est appuyée sur une éthique qui ne place pas l’efficacité au 1er rang. « p.63

La 2ème ambition de ce livre, est de contribuer à aider ceux qui le souhaitent à mieux « décoder » des messages qui sont souvent aussi pernicieux au niveau des valeurs qu’ils défendent qu’au niveau des méthodes utilisées.

L’auteur consacre un chapitre à toutes les manipulations de la dimension cognitive du message, ce qu’il nomme « la manipulation des affects ». Il distingue deux grandes catégories de mobilisation des affects, celle qui s’appuie sur les sentiments (la séduction démagogique, la séduction par le style, manipuler par la clarté, l’esthétisation du message, la peur,


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l’autorité, l’amalgame affectif). Et celle qu’il appelle l’effet fusionnel (la répétition, l’hypnose et la synchronisation, le rôle du toucher). Ainsi, il a été constaté que si la violence physique n'affectait pas, sinon très peu, le mental, ce n'était pas le cas de la violence occasionnée "grâce à" ou "à cause de" la parole et à ses diverses manipulations. D'autre part, comme l'écrit Philippe BRETON, "beaucoup de gens aujourd'hui, lassés de ce qu'ils supposent être des tentatives répétées d'obtenir malgré eux leur consentement sur toutes sortes de choses, de la consommation au politique jusqu'aux relations de travail […], choisissent la voie de l'enfermement personnel ".p.143-144

La 3ème ambition de ce livre est de contribuer au renouveau de la recherche sur l’argumentation. Comment convainc-t-on ?

Ceci étant exposé, il me paraît important afin de situer l'œuvre de Philippe BRETON de reprendre ses mots : " argumenter, n'est-ce pas exercer une forme de pouvoir sur l'interlocuteur, n'est-ce pas une manière détournée de l'influencer, bref de le manipuler ? "Si on accepte qu'argumenter soit une forme de manipulation, alors, on peut penser que la justification et la critique qui font, elles aussi, appel à la verbalisation, à la mise en parole des arguments, sont aussi des méthodes manipulatrices pour faire admettre des normes et des règles.

Ainsi, de par les différentes formes de manipulations que peut revêtir la parole ou le langage, il peut y avoir à la fois ou simultanément aliénation du sujet ou dessaisissement par le sujet de son propre devenir. Ce qui peut être le fait générateur d'une forme de souffrance au travail. L'individu ne peut donc plus faire sa propre expérience puisque manipulé. Ceci va se traduire par une démobilisation du sujet. Apparaît là une nouvelle forme de réaction vis à vis de la "parole manipulée", il s'agit d'une réaction qui va influer sur le psychisme de l'individu, sur sa santé mentale et par-là même sur son devenir. Cette question est reprise par Philippe BRETON quand il écrit que "l'appel à l'autorité reste un moyen de manipulation d'usage plus fréquent qu'on ne le s'imagine. Il permet de trancher, plutôt que de discuter, en vue de faire accepter coûte que coûte une opinion ou provoquer un comportement ". C'est ce qu'il nommera "l'argument d'autorité ".

Il termine par nous rappeler que la manipulation, atteint les fondements de la dignité humaine. Elle peut constituer un manque évident de respect, voir déposséder l’homme de lui-même.

c. La conclusion

A ce jour, comme le précise l’auteur, beaucoup d’entres nous, sont sensibilisés, à la manipulation et ne sont pas prêts à ce que celle-ci se déploient sans limite. La société doit protéger, les personnes ou les groupes les plus fragiles du point de vue de l’influence. L’auteur nous invite à réfléchir aux conditions de l’épanouissement d’une véritable liberté de parole afin de permettre un meilleur accomplissement de la démocratie.

2. Mes observations :

Comme je le précisais en introduction, ce livre est passionnant. Il permet de réinterroger le sens donné à la prise de parole dans notre fonction. Cependant, il apparaît dommage que


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Philippe BRETON ne se soit intéressé, au travers de son livre, que sommairement à la manipulation par la parole dans le contexte des situations de travail. L'approche faite n'a été que succincte au profit des relations de communications que peut avoir toute institution.

Mon observation va porter, sur cette question pour tenter d’apporter un point de vue complémentaire à celle de l’auteur.

En effet, il aurait peut-être été intéressant de voir comment l'aspect manipulateur que revêt la parole dans une hiérarchie ou dans un organigramme peut agir et engendrer une relation conflictuelle interne au sujet.

Après lecture de ce livre, on peut se rendre compte qu'au travers de ses multiples observations, Philippe BRETON utilise lui aussi "la parole manipulée " pour faire passer ces opinions. On pourrait se demander si cela est involontaire de la part de l'auteur ou si c'est une façon détournée de faire ressentir au lecteur l'omniprésence de la manipulation ?

3. Indexation :

Les mots clés :

- Parole, manipulation, démocratie, communication, convaincre, affects, résistance.

- Observations

- Suivre les trois directions données par l'auteur était une stratégie possible et vous avez cerné la problématique générale du concept de manipulation.


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