chercheurs de sens ou spirituels de 1749 à 1875

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Trombinoscope "Chercheurs d’humanité" Chercheurs de sens ou spirituels de 1749 à 1875 Étienne Godinot 19.06.2016

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Trombinoscope "Chercheurs d’humanité"

Chercheurs de sens ou spirituels

de 1749 à 1875Étienne Godinot 19.06.2016

Précision

Les images présentées dans ce diaporama nous ont été fournies par des sources diverses.

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Chercheurs de sens (ou spirituels)

Parmi les diaporamas sur ce site Internet figurent 5 séries de "diaporamas -trombinoscopes" :

1 - Penseurs et acteurs de la non-violence+ Annexe sur les « Justes » ,

2 - Penseurs et acteurs d’alternatives économiques,3 - Penseurs et acteurs de l’écologie

et de l’altercroissance,4 - Penseurs et acteurs d’un changement sociétal,5 - Chercheurs de sens ou spirituels depuis 1750

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Chercheurs de sens (ou spirituels)

Ce classement en 5 familles pour des raisons pratiques est, bien sûr, peu satisfaisant.

Chacune des figures présentées pourrait figurer, la plupart du temps, dans plusieurs familles à la fois.

Un répertoire alphabétique permet de chercher chaque personne dans une des familles, à partir de son nom et de son année de naissance.

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Chercheurs de sens (ou spirituels)

Cette suite de brefs portraits, présentés par ordre d’année de naissance des personnes concernées, n’a pour but que d’ouvrir la tête et toucher le cœur :- montrer au lecteur l’ampleur et la richesse des réflexions et des actions vers un nouveau type de développement et de société, - et lui donner envie de faire davantage de recherches sur les auteurs qui l’intéressent.

La sélection des personnes retenues parmi une quantité considérable de chercheurs, penseurs et acteurs et le contenu de leur présentation (en caractères relativement gros, et, dans la grande majorité des cas, sur l’espace d’une seule diapositive)ont été faits selon des critères qui présentent évidemment une grande part de subjectivité.

Johann Wolfgang von Goethe

(1749-1832), romancier allemand, dramaturge, poète, philosophe, théoricien de l'art et homme politique, passionné par les sciences, notamment l'optique, la biologie, géologie et la botanique. Franc-maçon “de la Stricte Observance”. Considère l’affinité comme une loi de la nature produisant aussi bien ses effets en chimie que chez les êtres vivants et dans le psychisme.

« Traitez les gens comme s'ils étaient ce qu'ils devraient être, et vous les aiderez ainsi à devenir ce qu'ils peuvent être. »« Quel est le meilleur gouvernement ? Celui qui nous enseigne à nous gouverner nous-mêmes. »« La tolérance ne devrait être qu'un état transitoire ; elle doit mener au respect. Tolérer, c’est insulter !»« Quoi que vous puissiez faire, quoi que vous rêviez, commencez-le ! La hardiesse a du génie, de la force et de la magie. »« C’est une grande faute de se croire plus que l’on est, et de s’estimer moins qu’on ne vaut. »« On peut aussi bâtir quelque chose de beau avec les pierres qui entravent le chemin. » ../..

Johann Wolfgang von Goethe

« Trouver partout le bien et l’apprécier, c’est en cela que se montre l’amour de la vérité. »« L’essentiel pour l’homme moral est de faire le bien sans s’inquiéter du résultat. »« Que chacun se demande avec quel instrument il peut et doit agir sur son siècle. »« Le caractère, dans les grandes et les petites choses, se montre lorsque l'homme poursuit avec constance la réalisation d'un but qu'il se sent capable d'atteindre. »« Au commencement était l'action ! »« Tous les hommes extraordinaires qui ont fait quelque chose de grand, quelque chose qui semblait impossible, ont de tout temps été qualifiés d'ivres et d'insensés. »« Les botanistes ont une classe de plantes qu’ils appellent incompletæ ; on peut dire de même qu’il y a des hommes imparfaits et incomplets. Ce sont ceux dont les désirs et les efforts ne sont pas proportionnés à ce qu’ils sont capables de faire et de produire. »

Henri Grégoire

Abbé Grégoire (1750-1831), prêtre catholique, évêque rallié à la constitution démocratique et homme politique français. Opposé à la persécution des Juifs, député du clergé aux États généraux de 1789. Réclame l'abolition totale des privilèges (droit d’ainesse, etc.), propose que la déclaration des droits de l’homme soit assortie de celle de leurs devoirs. Demande l’abolition de la traite des Noirs et de l'esclavage, prône le suffrage universel. Réprouve la peine de mort, ne participe pas au vote sur l’exécution de Louis XVI bien qu’il semble y avoir été favorable. Membre actif du Comité de l’instruction publique, contribue à la création du Conservatoire National des Arts et Métiers, du Bureau des Longitudes et de l’Institut de France.

Dénonce la vandalisme et le pillage des bâtiments religieux. Malgré la Terreur, ne cesse jamais de siéger à la Convention en tenue épiscopale, condamne la déchristianisation des années 1793 et 1794. Vote contre l’établissement du pouvoir impérial et les restauration des titres nobiliaires.

Henri Grégoire

En décembre 1794, devant la Convention, prononce sous les huées son Discours sur la liberté des cultes où il demande la liberté pour les cultes et la réouverture des églises.À la fin de sa vie, demande les sacrements chrétiens. L'archevêque de Paris, le légitimiste Monseigneur Hyacinthe-Louis de Quélen, y met pour condition que Grégoire renonce au serment qu’il avait prêté à la Constitution civile du clergé. L'ex-évêque, fidèle à ses convictions, refuse tout net. L'archevêque lui refuse donc l’assistance d’un prêtre et toute messe funéraire. Cependant, malgré les ordres de la hiérarchie, Grégoire reçoit les derniers sacrements, dont l'extrême-onction par l'abbé Marie-Nicolas-Sylvestre Guillon. À l’initiative du marquis de La Fayette, son corps est accompagné par la population parisienne au cimetière du Montparnasse

« Pendant de longues années, je fus calomnié pour avoir défendu les Mulâtres et les Nègres, pour avoir réclamé la tolérance en faveur des Juifs, des Protestants, des Anabaptistes. J’ai décidé de poursuivre tous les oppresseurs, tous les intolérants ; or je ne connais pas d’êtres plus intolérants que ceux qui, après avoir applaudi aux déclarations d’athéisme faites à la tribune de la Convention nationale, ne pardonnent pas à un homme d’avoir les mêmes principes religieux que Pascal et Fénelon.»

William Blake

(1757-1827), éditeur autodidacte, graveur, peintre, visionnaire et poète pré-romantique britannique. Auteur d'une œuvre poétique inspirée de visions bibliques à caractère prophétique. Dans Le Mariage du Ciel et de l’Enfer, proclame l’unité humaine, attaque la prudence et le calcul au nom de l’épanouissement de l’être réconciliant désir, sagesse et raison. Membre de la Royal Society.

« Voir un univers dans un grain de sable,Et un paradis dans une fleur sauvage,Tenir l’infini dans la paume de la main,Et l’éternité dans une heure. »

« J’ai cherché mon âme et je ne l’ai pas trouvée. J’ai cherché Dieu et je ne l’ai pas trouvé. J’ai cherché mon frère et je les ai trouvés tous les trois. »

Arthur Schopenhauer

(1788-1860), philosophe allemand, marqué par le bouddhisme, foncièrement pessimiste. S’intéresse à l’intuition, à la volonté, à l’individuation, à la compassion. A développé des réflexions partiellement en accord profond avec la théorie de l'évolution, avant même que Darwin ne publie ses travaux.

Appelle à la compassion devant l’universelle souffrance dont nous sommes tous acteurs et/ou témoins. Affirme que les animaux partagent la même essence que les humains, malgré leur manque de faculté à raisonner. Considère le végétarisme comme excessif, mais défend le respect envers les animaux dans la morale et dénonce la vivisection.

« Éprouver de la compassion, c’est devenir un être moral. Sympathiser avec la nature entière, c’est le véritable état du sage sur cette Terre”.

« Ce que raconte l’histoire n’est en fait que le long rêve, le songe lourd et confus de l’humanité. »

Victor Hugo

(1802-1885), écrivain, poète, romancier, dramaturge et prosateur romantique français, dessinateur, intellectuel engagé. Opposé à l’exploitation des plus faibles, à la colonisation et à l’esclavage, à la peine de mort, précurseur des droits des femmes, de l’école laïque et gratuite, du droit de vote universel, des États-Unis d’Europe. Croit en un Dieu souffrant et compatissant, force infinie créatrice de l'univers, et à l'immortalité de l'âme.

« Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent. »

« Le prodige de ce grand départ céleste qu'on appelle la mort, c'est que ceux qui partent ne s'éloignent point. (…) Ils sont en haut et tout près. La beauté de la mort, c'est la présence. Présence inexprimable des âmes aimées, souriant à nos yeux en larmes. L'être pleuré est disparu, non parti. Nous n'apercevons plus son doux visage ; nous nous sentons sous ses ailes. Les morts sont les invisibles, mais ils ne sont pas les absents. »

Charles Darwin

(1809-1882), naturaliste anglais, diplômé de l’université de Cambridge. Parcourt le monde pendant 5 ans à bord du bateau le Beagle, fait des observations géologiques, commence des collections de spécimens d’animaux et de plantes. Formule en 1859 l'hypothèse selon laquelle toutes les espèces vivantes ont évolué au cours du temps à partir d'un seul ou quelques ancêtres communs grâce au processus connu sous le nom de "sélection naturelle". Ses travaux expliquent de façon logique et unifiée la diversité de la vie et ont révolutionné la biologie. Vivement critiqué par les Églises chrétiennes, car remet en cause le récit mythique

de la création selon la Genèse, alors considéré comme historique.

« Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux au changement. »« Je ne vois aucune limite au nombre de changements, à la beauté et à l'infinie complexité des adaptations des êtres vivants les uns avec les autres, liés à leurs conditions de vie, conditions soumises sur la longue durée au pouvoir de sélection de la nature. »

Søren Kierkegaard

(1813-1855) écrivain, théologien protestant et philosophe danois. À 34 ans, défend sa vision d’un christianisme véritable contre l’Église officielle danoise, luthérienne, et dénonce l'immoralité inhérente d'un christianisme d'État.

Met en parallèle la foi et le doute, deux attitudes qui se répondent et qui engagent profondément l'homme dans l'existence. Le doute met en branle le repos que pourrait procurer la foi. La foi se caractérise par le risque, le danger. La présence au monde est fondée sur la conscience de soi et l'introspection. Il faut avoir désespéré infiniment pour en arriver à la foi.

« Dieu se rit de nos théories. »

« Oser devenir entièrement soi-même, un homme singulier, cet homme singulier déterminé, seul en face de Dieu, seul dans cet immense effort et dans cette immense responsabilité.»

Bab

Sayyid Alī Muḥammad Šīrāzī (1819-1850), marchand de Shiraz (Iran). En 1844, déclare être une manifestation nouvelle de Dieu et le mahdi attendu par les musulmans. Prend le titre de Bāb ("la porte" en arabe), et fonde une nouvelle religion indépendante de l’islam appelée babisme.

En pèlerinage à La Mecque, explique sa mission au chérif de la ville sainte. Sous la pression du clergé islamique, arrêté par le gouverneur de Chiraz. Transféré à la forteresse de Maku dans la province d'Azerbaïdjan, y commence la rédaction du Bayan persan (en arabe, "l’explication"), texte de 8000 vers en 9 parties. Fusillé en 1850 à Tabriz. Ses restes sont transférés de cache en cache jusqu'à leur inhumation en mars 1909 dans un mausolée situé dans les jardins bahá'is sur les pentes du Mont Carmel, à Haïfa (Palestine).

Bahā u’ll āh

Mīrzā Ḥusayn Alī Nūrī, (1817-1892), surnommé Bahā u’llāh ("Splendeur de Dieu" en arabe, translittération baha'ie). Issu d’une grande famille de l’aristocratie iranienne, a 14 enfants de ses 3 épouses. Se convertit au babisme (voir Bab) à l’âge de 28 ans. Arrêté, connait en 1852 une expérience mystique dans son cachot dans la prison du Síyáh-Chál à Téhéran. Quitte Téhéran pour Bagdad, le Kurdistan, Constantinople, puis Andrinople.

Passe les 24 dernières années de sa vie, toujours prisonnier de l’Empire ottoman, dans la ville de Saint Jean-d’Acre (Palestine) et ses environs, sans jamais cesser d’exhorter les puissants de ce monde à réconcilier leurs différends, à réduire leurs armements, et à consacrer leurs énergies à instaurer la paix universelle. Plante sa tente sur le Mont Carmel (Haïfa) en 1891. Ses écrits représentent plus de 100 volumes. ../..

Photo du bas : prison de Baha u’llah à St Jean d’Acre

Bahā u’ll āh

Selon lui, il existe un plan divin pour le développement de l’huma-nité, révélé d’âges en âges au travers de "grands éducateurs" qui sont la "manifestation de Dieu", tels que Krishna, Abraham, Moïse, Bouddha, Zoroastre, Jésus, Muḥammad, le Bāb, et Bahā’u’lláh. Proclame l’unification prochaine de l’humanité et l’émergence d’une civilisation mondiale. Explique que la religion est un remède prescrit par le "médecin divin" pour soulager les maux de l’humanité et établir l’unité et la concorde parmi les peuples de la Terre, mais que si elle devenait source de haine et de conflits, le véritable acte religieux serait de s’en débarrasser !

Pour les bahá’ís, il en va de la "vérité" religieuse comme de la connaissance scientifique : elle apparaît par étapes, et ce qui est considéré comme certain à une époque peut être remis en cause à une autre par une nouvelle découverte ou par une meilleure compréhension.

. Photo du bas : symbole du bahaïsme. En 2011, cette religion dit avoir 7 millions de membres appartenant à plus de 2 100 groupes ethniques, répartis dans plus de 189 pays.

Fiodor Dostoïevski

(1821-1881), romancier russe. Déporté 4 ans dans un bagne en Sibérie à cause de ses liens avec les mouvements anti-tsaristes. Ses romans sont parfois qualifiés de « métaphysiques », tant la question angoissée du libre arbitre et de l'existence de Dieu est au cœur de sa réflexion. Un des premiers écrivains chrétiens à remettre en cause la théologie de l’enfer dans Les frères Karamazov.

Dans ce roman, l'auteur imagine que Jésus est revenu sur terre, à Séville au XVIème siècle, pour voir de plus près l’Inquisition espagnole, si peu conforme à son enseignement. Jésus, mêlé à la foule, est toutefois reconnu et immédiate-ment emprisonné par le Grand Inquisiteur qui le condamne à mourir le lendemain au bûcher.

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Fiodor Dostoïevski

Le soir avant son exécution, le Grand Inquisiteur visite Jésus dans sa cellule et lui explique qu'il est devenu un gêneur :

« Il y a trois forces, les seules qui puissent subjuguer à jamais la conscience de ces faibles révoltés, ce sont : le miracle, le mystère, l'autorité ! Tu les as repoussées toutes trois *, donnant ainsi un exemple. » (…) Tu désirais une foi qui fût libre et non point inspirée par le merveilleux. ll te fallait un libre amour, et non les serviles transports d'un esclave terrifié. (…) Leur liberté, ils l'ont humblement déposée à nos pieds !(…) Nous avons corrigé ton œuvre en la fondant sur le miracle, le mystère, l'autorité. Et les hommes se sont réjouis d'être de nouveau menés comme un troupeau et délivrés de ce don funeste qui leur causait de tels tourments ».

* Cf. Les tentations de Jésus au désert : 1) la tentation de changer les roches en pains (le mystère). 2) la tentation de sauter dans le vide à partir du pinacle du Temple et de voir sa chute amortie par des anges (le miracle). 3) la tentation de se proclamer « Roi du monde » (l’autorité)

Mary Baker Eddy

(1821-1910), auteure, guérisseure, professeure, conférencière états-unienne. Guérie en 1866, en lisant la Bible, d’une blessure interne qui risquait de lui être fatale. Fondatrice d’un “système métaphysique et scientifique de guérison établi sur des lois divines universelles” qu’elle appelle Christian Science (Science Chrétienne). En 1875, publie Science et Santé avec la Clef des Écritures, l'ouvrage fondamental de ce mouvement. En 1879, fonde à Boston The Church of Christ, Scientist (L’Eglise du Christ, Scientiste) à Boston. En 1898, crée une société d'édition qui publie encore de nos jours plusieurs magazines.

« La guérison physique par la Science Chrétienne résulte, aujourd'hui comme au temps de Jésus, de l'opération du Principe divin, devant laquelle le péché et la maladie perdent leur réalité dans la conscience humaine et disparaissent aussi naturellement et aussi nécessairement que les ténèbres font place à la lumière et le péché à la réforme. Aujourd'hui, comme autrefois, ces œuvres puissantes ne sont pas surnaturelles, mais suprêmement naturelles. »

Ernest Renan

(1823-1892), écrivain, philologue, philosophe et historien français. Établit un rapport étroit entre les religions et leurs racines ethnico-géographiques. Auteur de l’Histoire des origines du christianisme (7 volumes de 1863 à 1881).

Le premier volume, Vie de Jésus affirme que la biographie de Jésus doit être comprise comme celle de n'importe quel autre homme, que la Bible doit être soumise à un examen critique comme n'importe quel autre document historique. Il a un grand retentissement, déclenche des débats passionnés et la colère de l'Église catholique, et coûte à l’auteur sa chaire au Collège de France où, lors de sa leçon inaugurale d’hébreu en I862, il parle de Jésus comme d’“ un homme incomparable ”. Membre de l’Académie française.

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Ernest Renan

Critique la religion comme système de pensée tout en affirmant son importance comme facteur d'unification des sociétés humaines ainsi que le danger de s'en détourner trop hâtivement.

« L’homme, dès qu’il se distingua de l’animal, fut religieux, c’est à dire qu’il vit dans la nature quelque chose au delà de la réalité, et pour lui-même quelque chose au delà de la mort.

« Jamais on n’a été moins prêtre que ne le fut Jésus, jamais plus ennemi des formes qui étouffent la religion sous prétexte de la protéger (…). Une idée absolument neuve, l’idée d’un culte fondé sur la pureté du cœur et sur la fraternité humaine, faisait par lui son entrée dans le monde ».

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Ernest Renan

« On chercherait vainement dans l’Évangile une pratique religieuse recommandée par Jésus ” (…). Il violait ouvertement le sabbat et ne répondait aux reproches qu’on lui faisait que par de fines railleries. Sa doctrine était quelque chose de si peu dogmatique qu’il ne songea jamais à l’écrire ou à la faire écrire. On était son disciple non pas en croyant ceci ou cela, mais en s’attachant à sa personne et en l’aimant. »

« Que jamais Jésus n’ait songé à se faire passer pour une incarnation de Dieu lui-même, c’est ce dont on ne saurait douter. Une telle idée était profondément étrangère à l’esprit juif. Il n’y en a nulle trace dans les Évangiles synoptiques ; on ne la trouve indiquée que dans les parties du quatrième Évangile qui peuvent le moins être acceptées comme la pensée de Jésus.

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Ernest Renan

« Dieu s’était révélé avant Jésus, Dieu se révélera après lui. Profondément inégales et d’autant plus divines qu’elles sont plus grandes, plus spontanées, les manifestations du Dieu caché au fond de la conscience humaine sont toutes du même ordre. Jésus ne saurait donc appartenir uniquement à ceux qui se disent ses disciples. Il est l’honneur commun de ce qui porte un cœur d’homme. Sa gloire ne consiste pas à être relégué hors de l’histoire ; on lui rend un culte plus vrai en montrant que l’histoire entière est incompréhensible sans lui. »

« Malheur aussi à la raison le jour où elle étoufferait la religion ! (…) Fausses quand elles essayent de prouver l’infini, de le déterminer, de l’incarner, si j’ose le dire, les religions sont vraies quand elles l’affirment. Les plus graves erreurs qu’elles mêlent à cette affirmation ne sont rien comparées au prix de la vérité qu’elles proclament. Le dernier des simples, pourvu qu’il pratique le culte du cœur, est plus éclairé sur la réalité des choses que le matérialiste qui croit tout expliquer par le hasard et le fini. »

William Booth

(1829-1912), prédicateur méthodiste britannique. Fonde en 1865 la Salvation Army (Armée du Salut) et en devient son premier général. Le mouvement chrétien avec une structure quasi-militaire (hiérarchie, discipline, uniforme, règlements, drapeau), s’attaque notamment à l’alcoolisme, à l’exclusion des femmes, des émigrants, des prisonniers, des sans-abri. L’Armée du Salut est aujourd’hui active dans 120 pays.

« Tant que des femmes pleureront, je me battrai. Tant que des enfants auront faim et soif, je me battrai. Tant qu'il y aura un alcoolique, je me battrai. Tant qu'il y aura dans la rue une fille qui se vend, je me battrai. Tant qu'il y aura des hommes en prison, et qui n'en sortent que pour y retourner, je me battrai.Tant qu'il y aura des victimes d'attentats aveugles, je me battrai. »

"Soup, soap, salvation" ( Soupe, savon, salut)".

Râmakrishna

Gadâdhar Chattopâdhyâya (1836-1886), mystique hindouiste bengali. Dévot de Kâlî, en qui il voit la mère de l’univers, et enseignant de l'Advaïta védanta, professe que "toutes les religions recherchent le même but" et plaçe la spiritualité au-dessus de tout ritualisme. Initié à l’islam par Govinda Roy, hindou pratiquant le soufisme, ayant eu une vision de Jésus, s’intéresse à toutes les grandes traditions et a déclare avoir atteint l'Absolu à travers chacune d'entre elles. Pour lui, toutes les voies mènent à la même Réalité, une et indicible.

« Tous les chemins mènent à Dieu, mais les chemins ne sont pas Dieu. »

« Ce n’est pas avant cinq siècles au moins que le monde sera prêt à recevoir un autre Râmakrishna Paramahamsa. Il faut nous hâter de transformer en expérience la masse de pensées qu’il nous a léguées et de convertir en réalisation l’énergie spirituelle qu’il a lancée. » Aurobindo

Bernadette Soubirous

(1844-1879), née d’une famille très pauvre. Témoigne de 18 apparitions mariales à la grotte sale et obscure de Massabielle, près de Lourdes, entre le février et juillet 1858. Ce message peut se résumer ainsi : Dieu est Amour et Il nous aime tels que nous sommes. Le préfet de Tarbes, suivant les consignes du ministère des Cultes, maintient une interdiction d'accès à la grotte jusqu'en octobre 1858. Une commission d’enquête, mise en place par l'évêque de Tarbes en juillet 1858, se prononce en faveur de ces apparitions en 1862. Entre à 22 ans au couvent Saint-Gildard, à Nevers, y mène 13 années d'une vie de religieuse ordinaire, et y meurt à l’âge de 35 ans.

Lors de l’exhumation son corps pour l’instruction de la cause de béatification, il est découvert intact. Proclamée bienheureuse en 1925 et sainte en 1933 par l’Église catholique. De 1858 à aujourd'hui, 69 guérisons miraculeuses ont proclamées par des évêques.

Friedrich Nietzsche

(1844-1900), philologue, philosophe et poète allemand. Fils d’un pasteur protestant, forge sa pensée en réaction aux milieux ecclésiastiques marqués par une morale religieuse étouffante. Ses affirmations brutales, puissantes, dérangeantes, ne sont pas toujours argumentées et sont parfois contradictoires. À partir de 1889, sombre progressivement dans la démence. Après sa mort, l'interprétation de son œuvre est défigurée par l'image de la folie et par la propagande nazie.

Critique la démocratie, Rousseau, l'héritage chrétien et l'éducation moderne, mais souhaiterait voir la politique, l'État et toute autorité subordonnés à une éducation élitiste tournée vers l'art et la pensée. La “volonté vers la puissance” (Wille zur Macht), qui est d’abord résistance à l’adversité, désigne pour lui un impératif interne de dépassement de soi exprimé par l'expression “devenir plus ou dépérir”.

Considère la “violence de forts” comme un chemin de l'élévation humaine, sans lequel l'homme se renie et se mutile, mais affirme que la spiritualisation des instincts les plus agressifs est la forme la plus haute de la culture. Courtois, sensible et doux, ami des Juifs, est opposé au pangermanisme et au militarisme.

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Friedrich Nietzsche

Critique les religions (notamment le christianisme et le bouddhisme) et les “théologies de la tristesse”, considère la joie comme le critère éthique fondamental qui valide l’action humaine. Le “sur-homme” est l’être humain qui a accompli toutes ses poten-tialités. Considère Jésus comme le prototype même du sage et de l’homme accompli. En proclamant “la mort de Dieu”, souhaite voir mourir le Dieu dont on craint les châtiments ou à qui l’on demande des récompenses ou des faveurs (et qui suscite l’athéisme). Appelle au consentement total à la vie comme elle est, avec ses souffrances (amor fati : amour du destin) et à faire de sa vie une œuvre d’art, à travers un processus permanent d’autocréation.

« Si la Bonne Nouvelle de l’Évangile était inscrite sur votre visage, vous n’auriez pas besoin d’exiger aussi obstinément la foi en l’autorité de ce livre : vos œuvres, vos actions devraient sans cesse rendre la Bible superflue, une Bible nouvelle devrait sans cesse par vous surgir ! »

Jean-Marie Guyau

(1854-1888), philosophe et poète français. Publie à 24 ans un chef d’oeuvre sur Épicure et sur l’histoire de la philosophie, concilie épicurisme et stoïcisme. Enseignant au lycée Condorcet à Paris, puis éditeur dans le Midi. Plein de douceur, de générosité et de compassion, animé de préoccupations sociales et progressistes, préconise l’immanence plutôt que la transcendance, le refus du moralisme et du nihilisme, la goût du risque plutôt que la sécurité, le devenir plutôt que l’immuable, l’action plutôt que la prière. Meurt à 33 ans de la tuberculose.

Compare l’histoire à « une grande épave portant des hommes. (…) Nulle main ne nous dirige, nul œil ne voit pour nous; le gouvernail est brisé depuis longtemps, ou plutôt il n’y en a jamais eu, il est à faire : c’est une grande tâche et c’est notre tâche. »

Adolf von Harnack

(1851-1930), professeur balte-prussien protestant, docteur en théologie, en droit, en médecine et en philosophie. Républicain conservateur, prend position pour la démocratie sociale contre la ligne majoritaire du protestantisme, alors presque entière-ment anti-républicain. Auteur d’ouvrages sur la littérature chrétienne ancienne, sur L’essence du christianisme, sur Marcion (qu’il considère comme la figure la plus importante de l’histoire de l’Église entre Paul et Augustin), sur le monachisme et surtout sur l’histoire des dogmes. Les dogmes, dit-il, sont une création humaine, ils évoluent avec le temps.

Oppose un christianisme primitif sans dogmes à un catholicis-me pétri d’hellénisme, "hiérarchique, dogmatique et rituel". Refusant de transformer le christianisme en objet du passé, admirable, certes, mais renvoyé aux musées, veut ouvrir un nouvel âge " postdogmatique ", en redécouvrant la simplicité du christianisme des origines purifié de ses scories.

Marie-Joseph Lagrange

(1855-1938), docteur en droit, dominicain, exégète et théologien catholique, auteur d’une trentaine de livres. Étudie seul à Salamanque et à Toulouse le syriaque, l'arabe et l'assyrien, et à Vienne la philologie, l’arabe, l'égyptien hiéroglyphique et hiératique, l'hébreu, quelques autres langues du Moyen-Orient, l’exégèse rabbinique et la Mishna.

Fonde en 1890 l'École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem et en 1892 la Revue biblique. Applique la méthode historico-critique à l'étude de la Bible. Soupçonné de modernisme et de rationalisme, reçoit des interdictions de publication et des blâmes en 1907 et 1911.

« Une école où l'on pratiquerait inlassablement d'une part l'analyse des textes par la critique (critique textuelle et critique littéraire des écrits, critique historique des écrits), d'autre part la confrontation des textes et du terrain (géographie, archéologie, épigraphie, ethno-logie) ».

Sigmund Freud

(1856-1939), médecin neurologue autrichien d’origine juive, pionnier de la psychanalyse, exploration des processus mentaux inconscients. Étudies les névroses, l’hystérie, les phobies, les pulsions, développe l’interprétation des rêves, les concepts de refoulement, de censure, de narcissisme, de sublimation, de Moi et d'idéal du Moi. Considère la religion comme une illusion ou névrose. Menacé par le régime nazi, s’exile à Londres.

« Le sauvage n’est nullement un meurtrier impénitent. Lorsqu’il revient vainqueur du sentier de la guerre, il n’a pas le droit de pénétrer dans son village ni de toucher sa femme sans avoir expié ses meurtres guerriers par des pénitences souvent longues et pénibles. » L’homme primitif faisait preuve d’une « délicatesse morale qui s’est perdue chez nous, hommes civilisés. »

Alfred Loisy

(1857-1940), prêtre et théologien catholique français, exégète, un des fondateurs de l’histoire des religions. Révoqué en 1893 de ses cours à l'Institut catholique de Paris en raison de ses idées modernistes, nommé aumônier dans un pensionnat de jeunes filles à Neuilly. De plus en plus en porte-à-faux avec les dogmes de l'Église romaine.

Démontre que Jésus était avant tout le prédicateur du "Royaume", c’est-à-dire d’un monde nouveau, ne cesse de dénoncer les limites de la raison et d'affirmer la nécessité de la religion, une "religion de l'humanité". Ayant refusé de souscrire à l'encyclique Pascendi de Pie X qui condamne le modernisme, est excommunié vitandus* en 1908. Nommé professeur d’histoire des religions au Collège de France.

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* C'est-à-dire qu'il était interdit à tout catholique de lui adresser la parole…

Alfred Loisy

A décrit lui-même en 1937 son itinéraire personnel comme un passage "de la croyance à la foi".

« Jésus n’avait pas réglé d’avance la constitution de l’Église comme celle d’un gouvernement établi sur la terre et destiné à s’y perpétuer pendant une longue série de siècles. Mais il y a quelque chose de bien plus étranger encore à sa pensée et à son enseignement authentiques, c’est l’idée d’une société invisible, formée à perpétuité par ceux qui auraient foi dans leur cœur à la bonté de Dieu. On a vu que l’Évangile de Jésus avait déjà un rudiment d’organisation sociale, et que le Royaume aussi devait avoir une forme de société. Jésus annonçait le Royaume, et c’est l’Église qui est venue ».

« Loisy annonçait un catholicisme moderne, et c’est l’excommunication qui est venue », diront les commenta-teurs…

Charles de Foucauld

(1858-1916) Officier français, démissionne de l’armée pour explorer le Maroc en se faisant passer pour un juif. Retrouve la foi et devient religieux chez les trappistes, puis ermite en Palestine, puis dans le Sahara algérien à Béni-Abbes.

Vit avec les Berbères, puis avec les Touaregs, étudie durant 12 ans leur culture et publie le premier dictionnaire touareg-français. Prêche par son exemple de "frère universel" plus que par le discours.

Reste profondément nationaliste et belliciste durant la première guerre mondiale. Tué par un garçon de 15 ans qui craignait qu’il ne s’enfuie, devant son ermitage où il avait caché des armes.

« Envelopper tous les hommes, en vue de Dieu, dans un même amour et un même oubli. »

Max Planck

(1858-1947), physicien allemand. À Berlin, poursuit des travaux en thermodynamique, électromagnétisme et physique statistique. En 1900, découvre la loi spectrale du rayonnement d'un corps noir et émet la théorie d'une limite de l'univers ("le mur de Planck" ). Prix Nobel de physique en 1918 pour ses travaux en théorie des quanta d’énergie. L'idée de quantification est développée par d'autres, notamment Einstein qui en étudiant l'effet photoélectrique propose un modèle et une équation dans lesquels la lumière est non seulement émise mais aussi absorbée par paquets ou photons. C'est l'introduction de la nature corpusculaire de la lumière. Les théories quantiques décrivent le comportement des atomes et des particules, l’infiniment petit.

« Il n'existe pas, à proprement parler, de matière ! Toute matière tire son origine et n'existe qu'en vertu d'une force qui fait vibrer les particules de l'atome et tient en un seul morceau ce minuscule système solaire qu'est l'atome (...) Nous devons supposer, derrière cette force, l'existence d'un Esprit conscient et intelligent. Cet Esprit est la matrice de toute matière. »

Henri Bergson

(1859-1941), philosophe français issu de familles juives polonaise et anglaise. École Normale Supérieure, agrégation de philosophie. Étudie le cerveau, la perception, la mémoire, le rire, la théorie de l'évolution, étend plus tard ses théories à la morale, à la religion, à la société, à la guerre, à la métapsychique et à la mystique. Affirme que la vie existe pour être créatrice et que l’affirmation de la vie provoque la joie.

Influe sur les 14 résolutions proposées en janvier 1918 par le Président Wilson afin de créer une instance gouvernementale internationale pour prévenir les conflits armés. Président de l’Académie des sciences morales et politiques, Prix Nobel de Littérature 1927. Renonce à tous ses titres et honneurs, plutôt que d’accepter l’exemption des lois antisémites du régime de Vichy.

« La joie annonce toujours que la vie a réussi, qu’elle a gagné du terrain, qu’elle a remporté une victoire : toute grande joie a un accent triomphal. »

Jean Jaurès

(1859-1914), homme politique français, orateur et parlementaire socialiste. Proclame le respect de soi et de l’autre, l’amour de la patrie et de l’humanité, l’espoir d’un au-delà, le refus d’un monde désenchanté. Soutient le capitaine Dreyfus injustement accusé, défend en 1908 le droit de vote des femmes (reconnu en 1946) et s’élève contre la peine de mort (abolie en 1981), dénonce le colonialisme. Assassiné par un nationaliste car il s’opposait à la guerre.

« Je crois d’une foi profonde que la vie humaine a un sens, que l’univers est un tout, que toutes ses forces, tous ses éléments conspirent à une œuvre, et que la vie de l’homme ne peut être isolée de l’infini où elle se meut et où elle tend. »

« Tout acte de bonté est une intuition du vrai, tout effort dans la justice est une prise de possession de Dieu »

Voir aussi Jean Jaurès dans le trombinoscope "Cherc heurs de changement sociétal"

Rabindranath Tagore

(1861-1941), compositeur, écrivain, dramaturge, peintre et philosophe indien bengali. Fonde un ashram en 1901. Prix Nobel de littérature en 1913. En 1921, fonde avec l'économiste agricole Leonard Elmhirst l'Institut pour la reconstruction rurale(qui sera par la suite renommé par Tagore Maison de la Paix).

Après 1930, combat l’Intouchabilité, appelle les autorités du temple de Gurovayoor à admettre les Intouchables (dalits). Reproche publiquement à son ami Gandhi de présenter le tremblement de terre le 15 janvier 1934 au Bihar comme un châtiment divin pour l'oppression des dalits.

« Je dormais et je rêvais que la vie n’était que joie. Je m’éveillai et vis que la vie n’était que service. Je servis et je compris que le service est joie »

Alfred North Whitehead

(1861-1947), philosophe, logicien et mathématicien britannique, professeur au Trinity College de Cambridge puis à l’université de Harvard (États-Unis). Sa pensée, partie des mathématiques, s'oriente vers une philosophie de la nature dans laquelle le monde est toujours en mouvement (Process and Reality, 1929). Mais il ne s'agit pas simplement d'un flux événementiel car le monde implique aussi la permanence que l'on retrouve dans les objets, qu'ils soient sensibles ou éternels. Il inclut la multiplicité des entités qui s’actualisent en recherchant leur propre satisfaction. Dans la ligne des philosophies de Spinoza ou de Leibniz, Dieu, selon lui, agit dans le monde d'une manière immanente (il est la cause efficiente de l'actualisation des entités), mais aussi de manière transcendante (il agit aussi par la voie de la finalité). Fondateur de la "théologie du process" (ou "théologie du dyna-misme créateur de Dieu"), représentée aussi par John B. Cobb.

« C’est un non-sens de concevoir la nature comme un fait statique. Il n’y a pas de nature sans transition. »

Vivekananda

Narendranath Nath Datta (1863-1902), issu d’une famille bourgeoise de Calcutta. Au Scottish Church College, entend parler de Sri Ramakrishna dont il devient disciple. Parcourt l’Inde en tous sens, généralement à pied, cherchant des solutions aux problèmes qui assaillent son pays. Représente l’hindouisme au Parlement mondial des religions à Chicago en1893. Son appel à l’unité religieuse et à la tolérance de toutes les religions lui vaut un grand succès. Fonde la Vedanta Society à New-York.

En 1897, de retour en Inde, fonde un ashram à Belur et la Mission Ramakrishna, destinée à venir en aide aux masses souffrantes par une action éducative, culturelle, sanitaire et sociale. Met en avant les "4 voies" : sagesse, amour, méditation, service, combat l’intolérance et la discrimination sexuelle.

« Une religion qui nous donne la foi en nous et le respect des autres, le pouvoir de nourrir les affamés, de vaincre la misère, de relever les masses. Si vous voulez trouver Dieu, servez l’homme !»

Julien Benda

(1867-1956) critique, philosophe et écrivain français, défenseur de Dreyfus. Reproche aux intellectuels ("les clercs") d'avoir quitté le monde de la pensée désintéressée pour se commettre dans des passions politiques de race, nation, classe ou parti : antisémitisme, xénophobie, nationalisme, militarisme, nationalisme, marxisme, etc. La mission des clercs est de défendre les valeurs spirituelles, et donc immuables, universelles et désintéressées, de la justice, de la vérité et de la raison, d’honorer « les caractéristiques mêmes de l’espèce humaine, celles sans lesquelles on n’a pas l’Homme ».

Fustige « la soif du résultat immédiat, l'unique souci du but, le mépris de l'argument, l'outrance, la haine, l'idée fixe. » Exige que l’intellectuel ne descende sur la place publique et n'intervienne dans le débat séculier que pour faire triompher les idéaux abstraits et désintéressés : la vérité, la justice, la raison, la beauté, la liberté. La mission de l'intellectuel en tout pays est celle de gardien des valeurs humaines et spirituelles.

Alain

Émile-Auguste Chartier (1868-1951), philosophe français, journaliste, essayiste. École Normale Supérieure, agrégation de philosophie. À l'approche de la guerre, milite pour la paix. Lorsque la guerre est déclarée, bien que non mobilisable, s'engage, fidèle à un serment prononcé en 1888 et ne supportant pas l'idée de demeurer à l'arrière quand les "meilleurs" sont envoyés au massacre. En mai 1916, se broie le pied dans un rayon de roue de chariot lors d'un transport de munitions vers Verdun. Publie en 1921 Mars ou la guerre jugée.

S’engage aux côtés du mouvement radical en faveur d'une république libérale strictement contrôlée par le peuple. En 1927, signe la pétition contre la loi sur l’organisation générale de la nation pour le temps de guerre, qui abroge toute indépendance intellectuelle et toute liberté d’opinion. En 1936, malgré son état physique, participe aux travaux du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes.

Alain - Émile-Auguste Chartier

« Qui n’a point de ressources en lui-même, l’ennui le guette et bientôt le tient. » « Il est bien vrai que nous devons penser au bonheur d’autrui ; mais on ne dit pas assez que ce que nous pouvons faire de mieux pour ceux qui nous aiment, c’est encore d’être heureux. »« L’art de vivre consiste d’abord, il me semble, à ne pas se quereller soi-même sur le parti qu’on a pris ni sur le métier qu’on fait. Non pas, mais le faire bien . (…) Tout lot est bon si l’on veut le rendre bon.»« L’habitude est une sorte d’idole, qui a pouvoir par notre obéissance; et c’est la pensée ici qui nous trompe, car ce qui nous est impossible à penser nous semble aussi impossible à faire. (…) L’imagination ne sait pas inventer, mais c’est l’action qui invente. » « Mieux on remplit sa voie, moins on craint de la perdre. »

Alexandra David-Néel

(1868-1969), née d’un père français et d’une mère belge, chanteuse d’opéra, orientaliste, tibétologue, franc-maçonne, journaliste, écrivain et exploratrice.

Voyage au Sikkim, en Inde, au Japon, en Corée, en Chine, au Tibet où elle traduit la Prajnaparamita, ensemble de textes du bouddhisme mahajama.À l’âge de 100 ans, demande le renouvellemement de son passeport au préfet des Basses-Alpes…

“Négliger les petites choses sous prétexte qu’on voudrait en faire des grandes, c’est l’excuse des laches.”

“C’est en rêve seulement que les êtres nous sont doux et qu’il est bon de les avoir près de nous. Dans la vie réelle, ils sont des pierres aux angles aigus desquels on se heurte et on se blesse.”

Paul Valéry

(1871-1945), écrivain, poète et philosophe français. En 1892, connaît une "grave crise existentielle", décide de consacrer l'essentiel de son existence à "la vie de l'esprit". Sous l’occupation nazie, refusant de collaborer, prononce comme secrétaire de l'Académie française l'éloge funèbre du "juif Henri Bergson". Enterré au cimetière marin de Sète.

« Ce qui est le meilleur dans le nouveau est ce qui répond à un désir ancien. »« Deux dangers ne cessent de menacer le monde : l'ordre et le désordre. »« Si l'État est fort, il nous écrase. S'il est faible, nous périssons. » « La politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde. »« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » « Le temps du monde fini commence. »« Le meilleur moyen de réaliser ses rêves est de se réveiller »

Sri Aurobindo et Mirra Alfassa

Aurobindo Ghose (1872-1950), philosophe et spirituel indien, poète, crée en 1920 un ashram.

Sa collaboratrice française Mirra Alfassa, dite "la Mère", (1878-1973), née de mère égyptienne et de père turc, crée en 1951 un Centre international d’éducation, puis en 1968, près de Pondichéry, une ville internationale, Auroville ("la ville de l’aurore"), qui se veut un laboratoire expérimental,

« le lieu d'une vie communautaire universelle, où hommes et femmes apprendraient à vivre en paix, dans une parfaite harmonie, au-delà de toutes croyances, opinions politiques et nationalités. »

Photos : - Sri Aurobindo

- Mirra Alfassa- Vie aérienne d’Auroville

Charles Péguy

(1873-1914), écrivain, poète et essayiste français. Militant socialiste, anticlérical puis dreyfusard au cours de ses études, se rapproche du catholicisme à partir de 1908 et du conservatisme nationaliste et belliciste. Dans ses essais, exprime ses préoccupations sociales et son rejet du monde moderne et de la course aux biens matériels.

Quitte l’Église catholique parce que le dogme de l’enfer lui paraît intolérable et revient à elle sans changer d’avis sur ce point.

« Comme nous sommes solidaires de damnés de la terre, (…) nous sommes solidaires des damnés éternels. Nous n’admettons pas qu’il y ait des hommes qui soient traités inhumainement. (…) Nous n’admettons pas qu’il y ait une seule exception » ../..

Charles Péguy

« Le devoir d'arracher les misérables à la misère et le devoir de répartir également les biens ne sont pas du même ordre : le premier est un devoir d'urgence ; le deuxième est un devoir de convenance; (…) autant il est passionnant, inquiétant de savoir qu'il y a encore des hommes dans la misère, autant il m'est égal de savoir si, hors de la misère, les hommes ont des morceaux plus ou moins grands de fortune; (…) au contraire il suffit qu'un seul homme soit tenu sciemment, ou, ce qui revient au même, sciemment laissé dans la misère pour que le pacte civique tout entier soit nul ; aussi longtemps qu'il y a un homme dehors, la porte qui lui est fermée au nez ferme une cité d'injustice et de haine. »

« Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise pensée. C'est d'avoir une pensée toute faite. (…) Il y a quelque chose de pire que d'avoir une âme même perverse. C'est d'avoir une âme habituée. » ../..

Charles Péguy

« La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’ Espérance. La Foi ça ne m’étonne pas; ça n’est pas étonnant. J’éclate tellement dans ma création. La Charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas; ça n’est pas étonnant. Ces pauvres créatures sont si malheureuses qu’à moins d’avoir un cœur de pierre, comment n’auraient-elles point charité les unes des autres.Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’Espérance. Et je n’en reviens pas. (…) La Foi va de soi. La Charité va malheureusement de soi. Mais l’ Espérance ne va pas de soi. (…)Sur le chemin montant, sablonneux, malaisé, sur la route montante, traînée, pendue aux bras de des grandes sœurs, qui la tiennent par la main, la petite espérance s’avance, et on ne prend seulement pas garde à elle. (…) Et en réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres. (…)L’espérance voit ce qui sera dans le temps et l’éternité. Pour ainsi dire dans le futur de l’éternité.»

Richard Wilhelm et Étienne Perrot

R.W. (1873-1930), pasteur et missionnaire protestant, traducteur et sinologue allemand, ami de Carl Gustav Jung. On lui doit la traduction de nombreux ouvrages de philosophie du chinois en allemand, qui à partir de cette langue ont été à leur tour traduits dans d'autres langues européennes. A traduit notamment et publié en 1924 le Yi King, ou Livre des transformations, système de signes et de symboles organisés et interprétés, dont la lecture permet toujours une seconde lecture, qui peut être utilisé pour faire des divinations. Ce texte de sagesse, datant du 8ème siècle avant J.-C. et traduit par les jésuites résidant à la cour de Pékin. est à la fois ésotérique et pragmatique, philosophique et moral. Le Yi Jingpropose des pistes sur une situation et ses évolutions possibles, jouant le rôle d'un oracle qu'on consulte avant de prendre une décision sur une question difficile.En 1973, un des traducteurs principaux de Carl Gustav Jung, Étienne Perrot (1922-1996), psychanalyste et spécialiste d'alchimie, traduit en français du livre de Richard Wilhelm et ouvre en France l'intérêt pour le Yi King auprès du grand public.

Thérèse Martin

(1873-1897), religieuse carmélite, mystique française. Perd sa mère à l'âge de 4 ans et demi, élevée par ses sœurs aînées Marie et Pauline. Entre au carmel de Lisieux à l’âge de 15 ans sous le nom de sœur Agnès de Jésus. Après 9 années de vie religieuse, dont les deux dernières passées dans une "nuit de la foi", meurt de la tuberculose à l'âge de 24 ans.

Sa spiritualité propose de rechercher la sainteté non pas dans les grandes actions, mais dans les actes du quotidien même les plus insignifiants ("la petite voie").

« Je voudrais en même temps annoncer l'Évangile dans toutes les parties du monde, et jusque dans les îles les plus reculées. Je voudrais être missionnaire, non seulement pendant quelques années, mais je voudrais l'avoir été depuis la création du monde, et continuer de l'être jusqu'à la consommation des siècles. »

« Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la Terre. »

Marc Sangnier

(1873-1950), journaliste et homme politique français. Promoteur du catholicisme démocratique et progressiste, directeur de la revue et du mouvement Le Sillon, qui promeuvent l’émancipation politique, économique et intellectuelle. Affirme l’autorité des Chrétiens sur l’Église et non celle du pape et des évêques. Condamné par le pape Pie X en 1910.

Fondateur du quotidien La démocratie, engagé pour les droits civiques des femmes, le scrutin proportionnel, l'éducation populaire. Fondateur de la Ligue Française pour les Auberges de Jeunesse. Défend après 1918 l'idée d'une véritable réconciliation franco-allemande. Durant l'occupation nazie, met l'imprimerie de son journal L’éveil des peuples au service de la Résistance : arrêté par la Gestapo et incarcéré quelques semaines à la prison de Fresnes. DéputéMRP.

Nicolas Berdiaev

(1874-1948), philosophe russe de langue russe et française, existentialiste chrétien, admirateur de Jacob Boehme. Fonde à Moscou en 1919 l’Académie libre de culture spirituelle, expulsé de Russie en 1922. Exilé à Berlin, puis à Paris (Petit-Clamart). Ses thèmes de réflexion sont la liberté, la tendresse et l’isolement. Selon lui, le mal, c'est la liberté qui se retourne contre elle-même, c'est l'asservissement de l'homme par les idoles de l'art, de la science et de la religion qui reproduisent « les rapports d'esclavage et de domination dont est issue l'histoire de l'humanité ».

Se dressant contre toutes les formes d'oppression sociale, politique, religieuse, son œuvre agit comme un vaccin contre toutes les formes d'utopies meurtrières du passé et de l'avenir. Dénonce notamment la théologie de l’enfer, « l’une des plus monstrueuses élucubrations des “bons” ».

Albert Schweitzer

(1875-1965), philosophe et médecin alsacien, musicien organiste, théologien protestant. En 1915, pendant son incarcération par l’armée française en tant que citoyen allemand, lui sont révélées l’idée et éthique du respect de la vie, inspiré des religions de l’Inde, qui le conduira au végétarisme. Dans Kulturphilosophie, étude philosophique de la civilisation, aborde la pensée éthique à travers l’histoire et invite ses contemporains à mettre en œuvre une philosophie de respect de la vie. Fonde en 1913 l’hôpital de Lambaréné au Gabon, un village-hôpital de bois, de tôle et de torchis où il soigne notamment les lépreux, et un hôpital-refuge pour les animaux. Prix Nobel de la paix (1952). Dénonce l’arme nucléaire à partir de 1954.Comprend le christianisme non comme une religion axée sur l’au-delà, mais bien comme un message éthique devant transformer le monde.

« L'éthique c'est, la reconnaissance de notre responsabilité envers tout ce qui vit. ../..

Albert Schweitzer

« Soudain m'apparurent, sans que je les eusse pressentis ou cherchés, les mots "respect de la vie". (…) Enfin je m'étais ouvert une voie vers le centre où l'affirmation du monde et l'affirmation de la vie se rejoignent dans l'éthique. Je tenais la racine du problème. Je savais que cet ensemble qui détermine une civilisation digne de ce nom, trouve son fondement dans la pensée. »

« Toute vie émane d’une vie et engendre une vie… Je suis vie qui veut vivre, au milieu des vies qui veulent vivre. »

« Nous sommes en présence d'une mystique chaque fois qu'un homme considère comme aboli la distinction entre le terrestre et le supraterrestre, le temporel et l'éternel, et qu'il a le sentiment, tout en restant encore dans le domaine du terrestre et temporel, d'appartenir déjà au domaine supraterrestre et éternel. »

Rainer Maria Rilke

(1875-1926), écrivain et poète, né à Prague. D’abord journaliste, puis études d'histoire de l'art et de littérature et de philosophie. Rencontre Léon Tolstoï, est secrétaire d’Auguste Rodin. De langue allemande, écrit aussi en français. S’installe en Suisse en 1919.

« Je voudrais vous prier, autant que je sais le faire, d’être patient en face de tout ce qui n’est pas résolu dans votre cœur. Efforcez-vous d’aimer vos questions elles-mêmes, chacune comme une pièce qui vous serait fermée, comme un livre écrit dans une langue étrangère. Ne cherchez pas pour le moment des réponses qui ne peuvent vous être apportées, parce que vous ne sauriez pas les mettre en pratique, les vivre. Et il s’agit précisément de tout vivre. Ne vivez pour l’instant que vos questions. Peut-être, simplement en les vivant, finirez-vous par rentrer insensiblement, un jour, dans les réponses. »

Carl Gustav Jung

(1875-1961), médecin, psychiatre, psychologue et essayiste suisse, pionnier de la psychologie des profondeurs. A introduit dans sa méthode des notions de sciences humaines puisées dans l’anthropologie, l’alchimie, l’étude des rêves, la mythologie, la religion, pour appréhender la « réalité de l’âme ».

Dans l’héritage de Johann Eckhart, considère la possibilité du renouvellement de l’attitude religieuse en Occident. Un tel vécu de l’expérience mystique permet à l’individu de trouver son sens intérieur et de développer une force d’âme et une autonomie spirituelle.

« Par l’addition de consciences ayant développé un tel sens propre pourraient être évitées de nouvelles folies collectives modernes. »

Antonio Machado

(1875-1939), poète espagnol. Traducteur à Paris, professeur de français à Soria puis à Segovia. Met sa plume au service du parti républicain, contraint de fuir vers la France après la victoire de Franco, décède à Collioure. Son œuvre interroge constamment les grands mystères de la vie humaine, dans une contemplation attentive des hommes et du monde.

« Voyageur, le chemin, c'est les traces de tes pas. C'est tout. Voyageur, il n'y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant. Et quand tu regardes en arrière, tu vois le sentier que jamais tu ne dois à nouveau fouler. Voyageur ! Il n'y a pas de chemins. Rien que des sillages sur la mer. Tout passe et tout demeure. Mais notre affaire est de passer. De passer en traçant des chemins. Des chemins sur la mer. »