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Jean Le Foll Petites seigneuries fouesnantaises Le Henvez Le nom a été curieusement modifié au cours du XVII ème siècle: dans la période précédente, il s'écrivait toujours "Le Henguez". Ce nom d'origine permet de lui trouver une signification autre que celle de "chemin de la honte" que certains ont cru y déceler et qui semble surprenante, sinon incongrue, pour un nom de manoir ! Dans tous les manuscrits consultés, la syllabe hen s'écrit sans le t final du mot hent pour "chemin"; il signifie ici "vieux, ancien". Dans le mot guez, on retrouve le sens de "arbres, forêt", ce qui paraît plausible, le pays de Fouesnant ayant été autrefois très boisé. D'ailleurs, des parcelles limitrophes ont conservé des noms évocateurs : "Parc ar boat", "ar vern" (l'aulnaie). On pourrait donc traduire henguez par "la vieille forêt, la forêt ancienne», explication qui demande la confirmation d'un spécialiste de la toponymie. Sur les premiers occupants du manoir, nous n'avons trouvé aucune indication. On peut considérer que la construction remonte au XIV ème ou plus probablement au XIII ème siècle. Il faut attendre 1426, c'est-à-dire la première Réformation connue de Fouesnant pour relever le nom du Henguez, que représentait le seigneur du Mur (en Saint-Évarzec). La seigneurie s'était donc déjà fondue dans cette dernière, sur laquelle sont également rares les sources d'information de l'époque. On sait cependant qu'elle blasonnait " de gueules au château crénelé et donjonné de trois pièces d'argent", armes dont s'est inspiré la commune de Saint-Évarzec. On admet généralement qu'à l'origine Le Mur fut une possession des Templiers. En 1453 apparaît mention du Sieur du Juch, époux de Louise du Mur, et qui par cette alliance était devenu propriétaire de la seigneurie du Mur et Henvez : les deux noms resteront toujours associés, et au XVII ème siècle s'y ajoutera celui de Guériven (en Clohars). La famille du Juch était une ancienne et puissante famille dont le château fortifié s'élevait sur une motte féodale dans la commune du même nom. On cite déjà un Sire du Juch à l'ost de Ploermel en 1294, (en compagnie d'ailleurs de Henri de Fouesnant). Son blason, "d'azur au lion d'argent armé et lampassé de gueules" se voit encore à la maîtresse vitre de l'église de Perguet. Le 5 des ides d'octobre 1480 mourait au château duMur " haut, puissant et vaillant chevalier Henri du Juch ancien capitaine de Quimper". Il fut inhumé avec ses ancêtres dans la chapelle des Cordeliers de Quimper. Son fils Hervé rend hommage au Roi, dans un aveu de 1493, pour la sei- gneurie du Henguez. Lui aussi fut capitaine de Quimper, où il mourut en 1501. 1/10

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Jean Le Foll

Petites seigneuries fouesnantaises

Le Henvez

Le nom a été curieusement modifiéau cours du XVII ème siècle: dans lapériode précédente, il s'écrivait toujours"Le Henguez". Ce nom d'origine permetde lui trouver une signification autre quecelle de "chemin de la honte" que certainsont cru y déceler et qui semblesurprenante, sinon incongrue, pour un nomde manoir ! Dans tous les manuscritsconsultés, la syllabe hen s'écrit sans le tfinal du mot hent pour "chemin"; ilsignifie ici "vieux, ancien". Dans le motguez, on retrouve le sens de "arbres,forêt", ce qui paraît plausible, le pays deFouesnant ayant été autrefois très boisé.D'ailleurs, des parcelles limitrophes ontconservé des noms évocateurs : "Parc arboat", "ar vern" (l'aulnaie). On pourraitdonc traduire henguez par "la vieille forêt,la forêt ancienne», explication quidemande la confirmation d'un spécialistede la toponymie.

Sur les premiers occupants dumanoir, nous n'avons trouvé aucuneindication. On peut considérer que laconstruction remonte au XIV ème ou plusprobablement au XIII ème siècle.

Il faut attendre 1426, c'est-à-dire lapremière Réformation connue deFouesnant pour relever le nom duHenguez, que représentait le seigneur duMur (en Saint-Évarzec). La seigneuries'était donc déjà fondue dans cette dernière,sur laquelle sont également rares lessources d'information de l'époque. On saitcependant qu'elle blasonnait " de gueules

au château crénelé et donjonné detrois pièces d'argent", armes dont s'estinspiré la commune de Saint-Évarzec. Onadmet généralement qu'à l'origine Le Murfut une possession des Templiers.

En 1453 apparaît mention du Sieurdu Juch, époux de Louise du Mur, et quipar cette alliance était devenu propriétairede la seigneurie du Mur et Henvez : lesdeux noms resteront toujours associés, etau XVII ème siècle s'y ajoutera celui deGuériven (en Clohars).

La famille du Juch était uneancienne et puissante famille dont lechâteau fortifié s'élevait sur une motteféodale dans la commune du même nom.On cite déjà un Sire du Juch à l'ost dePloermel en 1294, (en compagnie d'ailleursde Henri de Fouesnant). Son blason,"d'azur au lion d'argent armé et lampasséde gueules" se voit encore à la maîtressevitre de l'église de Perguet.

Le 5 des ides d'octobre 1480mourait au château duMur " haut, puissantet vaillant chevalier Henri du Juch anciencapitaine de Quimper". Il fut inhumé avecses ancêtres dans la chapelle des Cordeliersde Quimper.

Son fils Hervé rend hommage auRoi, dans un aveu de 1493, pour la sei-gneurie du Henguez. Lui aussi fut capitainede Quimper, où il mourut en 1501.

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En 1541, c'est le nom de Marie duJuch qui apparaît dans un autre aveu pourla seigneurie et le manoir noble duHenguez, avec ses courtils, son moulin,son colombier, et ses droits de hautejustice. La métairie s'étendait sur 70journaux; le manoir de Penanstrevel avecses 18 journaux faisait partie du domaineseigneurial et était affermé à titre dedomaine congéable à Guillaume LeMasson. On relève aussi dans l'aveuKervouanquen, Kerdidré, Kerangorec, plusde nombreuses parcelles et une longueénumération de cheffrentes dues à laseigneurie.

Dès le début du XVII ème siècle, laseigneurie devient la propriété des Gouyonde la Moussaye, puissante et riche familleprotestante originaire de Plenée-Jugon(actuellement dans les Côtes d'Armor),dont le revenu était évalué en 1665 à40.000 Livres, somme considérable àl'époque. Le manoir du Henvez (c'est àpartir de cette époque qu'apparaîtl'orthographe Henvez) n'abrita sans doutejamais de membres de la famille de laMoussaye. Un receveur-fermier étaitchargé de veiller sur le domaine et d'enpercevoir les revenus: en 1671, JeanDuchemin occupait ces fonctions. Il eutdes ennuis avec les domaniers, et l'on voitDame Henriette Catherine de la Tourd'Auvergne, née Princesse de Sedan,marquise de la Moussaye, prendre fait etcause pour son gérant. A cette époque, lescorvées de la seigneurie consistaient en "trois journées par attirail", trois parchevaux et trois à bras, ou de payer 9Livres 12 sols".

Pour les années 1707-1712 lafaible rente due sur le manoir du Henvez(une Livre 5 sols 10 deniers) est portée aunom du marquis du Bordage, épouxd'Élisabeth de la Moussaye; en 175'6-1755, au nom des héritiers du marquis duBordage, à Madame de Coigny, sa soeur.

En 1768, le manoir du Henvez est

"désavoué et abandonné" par l'adminis-tration : depuis probablement longtemps, ilétait ruiné. Mais il restait les terres et lemoulin. En 1784, "Haut et puissantMessire Jonatas Marie Hyacinthe dePenfentenio, chevalier marquis deCheffontaines, demeurant en son châteaude Cheffontaines, faisant pour MessireNicolas Éon, chevalier du Vieux Chatel,son beau-père, propriétaire actuel desterres et seigneuries du Mur, Henvez etGuériven..." signe le bail du moulin duHenvez. Les deux familles, Cheffontaineset Vieux Chatel étant alliées, les deuxcours de justice seront aussi regroupées etdomiciliées désormais au bourg dePleuven.

La seigneurie du Henvez avait déjàperdu dès le XVI ème siècle son

importance, son domaine étant alors limité.Cependant les nombreuses cheffrentes quilui étaient encore rattachées portenttémoignage de l'étendue de sa mouvanced'origine. Son absorption par la seigneuriedu Mur amena la désaffection du manoiret sa ruine, comme il advint également auchâteau du Mur après la fusion de cetteseigneurie dans celle du Juch.

Le Mur

"De gueules au château crénelé et donjonné de trois pièces d'argent".

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Que penser de la légende, citéedans un ancien bulletin municipal deFouesnant, selon laquelle cinq barils pleinsd'or auraient été cachés au fond de l'étangdu moulin, au moment de la Révolution,par les seigneurs du lieu, avant leurémigration ? Ce que nous avons exposéprécédemment montre bien que depuislongtemps le manoir était en ruines, et quetrès probablement aucun noble ne l'avaithabité depuis des siècles. D'autre part, lespropriétaires n'ayant pas émigré à laRévolution, leurs biens n'ont donc pas étévendus comme Biens nationaux.

Ce genre de légende est en réalité sicourant que rares sont les communes quin'ont pas leur trésor enfoui: on en parlaitautrefois aux veillées, et de nos joursencore, quelques irréductibles continuentles recherches.

Au début de ce siècle, le moulinétait tenu par la famille Bourhis. MonsieurLouis Bourhis, aujourd'hui âgé de 91 ans,nous a raconté comment, étant enfant, ilavait, en compagnie de ses frères (ilsétaient cinq), sondé le fond de l'étang avecde longues perches, dans l'espoir de locali-ser le fameux trésor: mais en vain...Monsieur Bourhis se souvient égalementd'avoir vu abattre, au début du siècle, un

chêne gigantesque, certainementplusieurs fois centenaire, à proximité desruines du Henvez. Cet arbre a fourni à luiseul tout le bois nécessaire à laconstruction de la maison qui s'élèveactuellement à l'emplacement de l'ancienmanoir.

Son fils Jean, qui venait souventaider son grand-père aux travaux de lapetite ferme se souvient, lui, d'avoir étéétonné de la multitude de débris de tuiles etde faïence qui jonchaient le sol de "parc arhouldry" après les labours. Son cousin

Edmond, à qui appartient aujourd'hui ceterrain dans lequel il a d'ailleurs construit,a bien été intrigué par des quantités dedébris de faïence, mais n'a pas remarqué demorceaux de tuiles. Quant à nous, nousn'avons rien relevé de particulier sur leterrain: l'épaisse pelouse qui le recouvre nese prête guère à des découvertes. Il auraitété intéressant d'identifier ces débris detuiles, qui pourraient révéler uneoccupation romaine. Dans ce même "parcar houldry», Edmond nous a signalé qu'aucours d'un de ces derniers étés, lasécheresse a fait apparaître à environ vingtmètres de la maison, vers le sud, troiscercles assez rapprochés ayantapproximativement deux mètres dediamètre et disposés en triangle :encore une énigme qui sera peut-êtreélucidée à l'occasion de travaux...

Les deux cousins se souviennentencore d'une anfractuosité dans laquellecertains ont cru reconnaître une entrée desouterrain, à gauche du chemin d'accès à lapropriété d'Edmond : selon Louis, ils'agissait bien d'une amorce de souterrain,au plafond voûté à hauteur d'homme, etauquel on accédait par des marches.Enfant, il ne s'y aventurait que de quelquespas, car la voûte menaçait de s'effondrer.Un amas de pierrailles envahi de ronces etd'arbustes marquait l'entrée de ce petit"tunnel". Peut-être une ancienne cave ?Nos lecteurs remarqueront enfin, sur leplan ci-joint, une parcelle d'une formepresque circulaire, dans un dispositifcurieusement agencé, à proximité dumoulin. Cette parcelle porte un nominsolite : "La prison".

Personne n'a pu nous donner lemoindre renseignement sur l'origine decette appellation.

Décidément, le site du Henvezgarde bien des mystères...

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Kergantel

D'après la présentation des signa-tures au second traité de Guérande en1381, imaginons trois seigneurs cor-nouaillais chevauchant de compagnie versla région nantaise: Jehan du Fou, portant"d'azur à l'aigle d'or"; Jehan de Marzen,"losangé d'hermines et de gueules"; Éondu Treff, "d'argent au sanglier de sablepassant couronné de même".

Le second de ces personnages, nonidentifié d'après Gaignière, l'érudit qui s'estpenché sur les signataires de l'acte, noussemble bien être le sieur de Marzen dumanoir de Kergantel qui se présenta à laRéformation de Fouesnant en 1426; sinonlui, tout au moins l'un de ses ascendants.La seigneurie de Kergantel passa ensuiteaux Malor , et c'est Jacques Malor quiassiste en 1453 à la Réformation deFouesnant au titre de Kergantel. Peu detemps après, la seigneurie passe à lafamille du Mur et à celle du Botderff parle mariage de Jean du Botderff avecMarguerite du Mur, dame de Kermeno,fille de Pierre du Mur et de Margueritede Malestroit. Le nom d'Y von duBotderf apparaît à la Réformation de 1536.

La famille du Botderff (ouBotderu, nom qu'on peut traduire enfrançais par " buisson de chênes") étaitoriginaire de Plumelin, dans le Morbihan,non loin de la terre patronymique deBotderff relevant du fief de Baud;Kerdrého, une grande terre de Plouay, leurappartenait également. De la descendancede Jean et Marguerite du Mur, onretiendra deux noms :

- Charles, qui épousa Louise deLangle et qui apporta ses titres à sanouvelle famille. Ses petites filles, issues

de Louis du Botdreff et de Louise deKermeno, n'eurent pas de descendance:l'une, Guyonne, mourut sans enfants;l'autre, Jeanne, entra au couvent à l'abbayeSaint-Georges, à Rennes; elle y avaitcomme supérieure Marie de Kermeno(1535-1559).

- Jean fut père de Jean duBotderff, sieur de Kergantel, et de Louis,sieur de Kerdrého. Par arrangementfamilial, après le décès sans descendancede ses deux cousines, Jean gardaKergantel et abandonna la terre duBotderff à un autre cousin germain, JeanLe Sérazin, qui fut membre du Parlementde Bretagne.

Jean du Botderff avait épouséFrançoise de La Fresnaye, puis, ensecondes noces, Jacquette de Brignac,dame de La Villequélo. Il assiste aux Étatsde Bretagne en 1580, puis en 1588. Ilprend le parti de la Ligue et participeactivement aux guerres de Religion. "Lepénultième jour d'octobre 1589, aumoment de monter à cheval pour aller à laguerre à la gloire de Dieu et à la défensede la Religion " , il jetait brièvement sesvolontés pour le repos de son âme au dosd'un vieux parchemin usagé, puis s'yreprenant plus à loisir "dans la vraie formede testament" : "Je veux ausi, mon décèsadvenu, qu'il soit célébré, le lundi dechaque semaine, dans l'église paroissialede Fouesnant, une messe, et le vendredi,dans l'église Notre-Dame de La Forêt; etpour donation je donne dix livres demonnaie à prendre par an au lieu deKergantel, et je veux qu'elles soientcélébrées par Messire Bertrand Derrien,recteur en l'an 1589".

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Jean du Botderff mourut à Vannes en 1590, près de l'évêque ligueur Georgesd'Aradon; sa femme décéda en 1597.

Louis II, sieur de Kerdrého, reçut Kergantel pour héritage après le décès de son oncle.Le 16 mai 1600 il rendait hommage de cette terre au Roi. Il avait épousé en 1589 Louise leForestier, fille de Jean, Capitaine des Gentilshommes de l'Évêché de Saint-Malo, et deLouise de Coëtlogon.

Louis n'habita jamais Kergantel, et le manoir fut peu à peu abandonné. En 1711, RenéCorentin de Kerléan et Talhouet de La Grationnaye possédaient de moitié le manoir et sesdépendances. En 1733, il est propriété d'Alexis Patern de Marigo, sieur de La Villeneuve, etle revenu en est estimé à 150 Livres. En 1766, il appartient pour moitié à Joseph Yves deKerguélen, sieur de Trémarec, de la famille du célèbre navigateur.

Kergantel, à la limite des, communes de Fouesnant et de La Forêt, non loin deCoatalio, n'a conservé aucun vestige de l'ancien manoir qui devait s'élever à l'extrémité del'allée qui mène au village. Le vieux puits, avec sa margelle usée par les ans, pourrait dater dela construction première, ainsi que le four avec son avancée originale, et quelques pierresalentour.

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Le Plessis

Forme bretonne : Le Quinquis

Le siège de cette seigneurie sesituait à l'ouest de l'ancienne école duQuinquis. Le nom par lui-même indiqueune origine féodale: il s'appliquait engénéral à un lieu fortifié. Une exploitationagricole occupe aujourd'hui le site, et il nereste rien de l'ancien manoir. Mais dans lesconstructions voisines plus récentes, denombreuses pierres ont été réemployées.Seul vestige de la construction d'origine,un vieux four à pain d'une profondeur peucommune.

En 1426, Jehan du Quinquis estprésent à la Réformation. En 1453, Jeandu Plessis participe à la montre en tant quetémoin noble, en compagnie de GuillaumeLe Rousseau, de Penfoulic : tous les deux

assistaient les frères Droniou, de Bodigno.En 1536, Le Plessis est porté au nom deJeanne de Saint-Alouarn, et de Jeannede Keranrais sa fille, dame du Plessis etdu Mur.

Selon Trévidy, dans son "Essai surl'histoire de Concarneau". Le Plessis étaitl’une des cinq sergenteries féodées au Ducdans la sénéchaussée de Concarneau, et laseule de la châtellenie de Fouesnant. Cessergents sont dits "féodés au Duc", c'est-à-dire qu'ils sont tenus envers le duc deBretagne et les juges ducaux à certainsdevoirs, dont la jouissance d'un fief est legage (la rémunération), avec en plusdiverses prérogatives, la principale étant ledroit de haute justice. Les sergents féodésfaisaient auprès du Duc un serviced'honneur, la"verge de serpent" en main.Ils étaient appelés à l'ouverture des États,et leur absence, sauf excuse valable, étaitpunie de la confiscation du gage.

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En dehors de ce service d'apparat, ilsfaisaient auprès des cours ducales dejustice office de sergents ordinaires: ilsassistaient les juges non seulement àl'audience mais aussi quand ilsconduisaient les "patients" au supplice. Dèsle XVII ème siècle ces droits et ces devoirsétaient tombés en désuétude, mais jusqu'àcette époque le seigneur du Plessis apparaîtcomme un personnage important de lachâtellenie.

Un aveu de 1540 rapporte qu'undroit de haute justice était attaché à laseigneurie, et que le lieu noble du Plessis,outre son manoir et ses deux journaux dehaute futaie, possédait un moulin et uncolombier. Ce dernier se dressait au norddu manoir, dans un pré qui a conservé lenom de "prat ar houldry". Quant aumoulin, il tournait encore au moment de laRévolution.

La seigneurie percevait aussi denombreuses cheffrentes, ce qui tendrait àprouver une réelle importance à l'origine.Par ailleurs, les droits de justice surFouesnant, mis à part les droits demoyenne justice de Lanryon, étaientrépartis essentiellement entre Kergaradec,Le Henguez et Le Plessis.

Vers 1700, la seigneurie devient lapropriété de Le Prêtre de Lézonnet,marquis de Châteaugiron, et le resterajusqu'à la Révolution.

Petits manoirs…

D'autres manoirs nobles étaientépars sur le territoire de la paroisse ; maisleur existence en tant que lieux nobles futsouvent éphémère.

- En 1426, on notait la présence à laRéformation de Jean Guillou, noble, aumanoir de Brangolo (probablementKernoac'h), Jean de Penguilly au manoirde Keranguel, Thibaut de Lanros àKerézec.

- En 1453, Hervé de Keranraisdemeurait dans son manoir du Mur.

- En 1481, à la montre de l'Évêchéde Cornouaille à Carhaix, on relève la

présence de Jehan du Bot et Jehande Keranrais, tous deux archers en

brigandine.- En 1536, Jean Congar, sieur de

Landébec, se porte gentilhomme et Jehande Keranrais se dit sieur de Kerézec.

De ces petits manoirs, nous nesavons que peu de choses.

Le Mur (à ne pas confondre avec laseigneurie du Mur, en Saint-Évarzec,précédemment évoquée), occupait le siteactuel de l'hôtel de la Plage à Beg-Meil,assez bien délimité par le cheminpiétonnier. Le nom semble indiquerl'existence d'un ancien camp romain. Lafamille de Keranrais, dont lesRéformations attestent la présence, étaitoriginaire de Coat-Canton en Melgven, ettenait aussi le manoir de Kervastar enElliant.

En 1682, Le Mur appartenait ausieur de Trébon et était tenu par YvonCourant. Il était sous la mouvance de laseigneurie de Kergaradec, à laquelle il étaitdû en cheffrentes : une renée et demied'avoine, une poule et demie (sic), dix-septdeniers en monnaie à payer au 15 janvier

Le Prestre"Ecartelé, aux1 et 4 :d'argent à laquintefeuillede gueules;aux 2 et 3 : desable à 4fusées rangéeset accoléesd'or".

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de chaque année, et seize deniers le jour dela Sainte Croix, en septembre.

En 1712, les propriétaires étaientles enfants du sieur Laisné, qui tenaienttoujours Coat-Canton. Ils devaient payerau Roi une rente de 4 Livres 8 sols 3deniers sur le manoir du Mur, dont ilsétaient d'ailleurs en procès pour lamouvance: le manoir devait déjà être enruines, et en 1766 on cessera de réclamer larente.

Le manoir de Kerézec s'élevait àproximité de l'emplacement de l'actuelimmeuble Guillou. Après Thibaut deLanros, qui assistait à la Réformation de1426 au titre de Kerézec, il faut attendre1682 pour retrouver mention de ce manoir: un aveu nous indique qu'à cette date ilappartenait au sieur de Kerinen, noble, quidevait en cheffrentes à la seigneurie deKergaradec deux renées d'avoine et unepoule le 15 janvier, et 7 sols 6 deniers lejour de la Sainte Croix, en septembre.

Un aveu de 1741 nous donne à sonsujet quelques renseignements intéressants:"L’an 1741, le dixième jour de juillet,devant nous notaires royaux deHennebont, en présence de dame FrançoiseBoutiller, veuve d’écuyer Mathurin LouisBlanchard, sieur du Val... demeurant en laville d’Hennebont... laquelle en qualité de

tutrice fournit "minu"du manoirnoble de Kerézec avec ses issues, appar-tenances et dépendances, situé en laparoisse de Fouesnant, à dame CharlotteLohéac du Guilly, dame veuve de messireLouis d'Esclabissac... pour payer par an àchaque premier jour de janvier: decheffrentes à la seigneurie de Bréhoulou-Kergaradec la somme de 9 sols, une pouleet deux rigottées d'avoine sur les terres dumanoir exploitées par Yves Bolloré... ".

Lanros fut, jusqu'à la Révolution,

un lieu noble appartenant à la famille deGuernizac.

Le médecin Laurent, passionnéd'histoire, qui parcourut la commune en1931, nous présente Le Bot (ou Vot) telqu'il était à cette date : "Vieux manoir situénon loin du Cap Coz et de l'anse dePenfoulic, dans un riant paysage. Lamaison a été reronstruite et ne conservequ'une porte à pointe en accolade derrièrel'habitation; mais à droite de la mursubsiste une maison gothique avec uneporte à accolade et quatre fenêtresmoulurées dont une à appui et une autreavec meneaux en croix. Elle est rouvertede chaume». De cette maison gothique, ilne reste que quelques pans de murs.

Quelques mots, pour terminer, dumanoir de Landébec, occupé en 1536 parJean Congar. Il fut la résidence d'unepetite noblesse jusqu'au moment où lafamille de Kernaeret construisit le"château" actuel, danslequel le PrésidentPompidou venait se reposer l'été. Une trèsancienne famille noble y a laissé des tracesde son passage: les de Marigo, quin'apparaissent à Fouesnant qu'au XVIII ème

siècle. On lit dans un registre paroissial : "En raison de la reconnaissance due àmadame de Marigo d’avoir donné enprésent à l'église de Fouesnant deuxciboires d'argent pour porter le Très SaintSacrement aux malades et afin que dès àprésent comme après que Dieu auradisposé d'elle, on s'en souvienne dans lesprières publiques et particulières, j'ai faitla présente inscription sur les registres, cejour 24 janvier 1757, et ont signé avecmoi: Perrot, recteur; Le Prédour, prêtre-curé; L. Le Guillou, prêtre, et F. LeGuillou, prêtre."

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Le 26 janvier 1766 étaient publiésles bans en vue du mariage de " Haut etpuissant seigneur messire Joseph deBoisguéhenneuc, chevalier, veuf domiciliéà Quimper, et demoiselle Louise ChristineAmélie de Marigo, fille de haut et puissantseigneur Louis Barthélémy de Marigo etde dame Goubin, dame de Marigo".

En 1778 décédait au manoir deLandébec "dame Françoise HyacintheGuillemin, 84 ans, veuve de défuntHyacinthe de Marigo, ancien Président duPrésidial de Quimper, Lieutenant del'Amirauté et Président juge des Fermes deQuimper".

Le 4 septembre 1779, naissance àLandébec d'un fils de Maître LaurentFidèle Le Traon de Kerguidan, avocat àla Cour, ancien Commissaire des États deBretagne, Syndic de la Communauté dePont-l'Abbé, et de demoiselle LouisePauber, du manoir de Landébec. Me Le Traon de Kerguidan fut notaire àFouesnant à la suite de Me Perraultpendant une dizaine d'années, jusqu'en1788. Il était probablement locataire dumanoir.

Dame Françoise Guillemin décédasans enfants et le nom de Marigo s'éteignitavec elle. Une branche alliée aux Trédern,

qui habitaient à cette époque le château deKeriolet, devint propriétaire de Landébec.C'est une dame de Trédern qu'épousa vers1800 Chauveau de Kernaeret, originairedu manoir de Kernaeret en Carhaix. Sesenfants construisirent le manoir actuel etlui donnèrent le nom de Kernaeret. Lemanoir de Landébec tomba en ruines, et iln'en reste plus de traces. Il s'élevait àl'ouest du village actuel de Landébec, àl'extrémité de la Grande Allée; sonemplacement est maintenant occupé par unpetit bois.

D'autres manoirs ont probablementexisté: certaines constructions, comme àLanrioual, Lantecoste ou Locguiller en ontl'apparence. Mais ils n'ont jamais étéconsidérés comme biens nobles. (Les nomsde lieux en lan ou loc dénotentgénéralement des créations d'originereligieuse).

Avec cet article se termine l’étudeconsacrée dans divers numéros de FoenIzella aux anciennes seigneuriesfouesnantaises. Nous ferons paraîtreprochainement un numéro spécial quien regroupera l'intégralité.

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