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CHAPITRE VI Bonne ou mauvaise mère ? Des figures maternelles dans les contes de tradition orale À partir d’un corpus de 39 contes bwa (Mali) Cécile LEGUY Université Sorbonne Nouvelle- Paris 3 & LACITO, UMR 7107 CNRS & Joseph Tanden DIARRA Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO), Bobo-Dioulasso (UCAO/UUB) (Burkina Faso) Dans le cadre d’une recherche collective 1 rassemblant des chercheurs français et maliens de disciplines différentes 2 , dont l’objectif global est une meilleure connaissance des relations parents/enfants en milieu rural, notre intérêt s’est porté sur les relations familiales telles qu’elles sont manifestes dans les contes de tradition orale, dans une société en pleine mutation où ce type d’expression littéraire a connu un renouveau, suite au développement des radios rurales depuis les années 1990 au Mali (Leguy : 2007 ; Dembélé : 2010). Le corpus choisi a été sélectionné à partir d’un ensemble de contes, enregistrés par les animateurs d’une radio locale 3 en situation ordinaire dans différents villages auprès de conteurs entourés de leur public habituel 4 . Les contes sont conservés sous la forme de cassettes audio et régulièrement diffusés sur les ondes, lors d’une émission 1 Cette recherche a bénéficié de l’appui financier de l’Agence nationale de la recherche française (ANR) dans le cadre du projet DyPE-Dynamique de la parentalité et de l’enfance en milieu rural africain (ANR-12-BSH1-0005-01). Elle exploite les données du projet « Slam – Suivi longitudinal au Mali » de l’Ined, réalisé sous la responsabilité scientifique de Véronique Hertrich (http://slam.site.ined.fr). Les contes sur lesquels repose la réflexion proposée ici ont été traduits par Alexis Dembélé et Joseph Tanden Diarra, avec la collaboration de Cécile Leguy et Pierre Diarra. 2 Démographie, sociologie, histoire, anthropologie, sciences de l’information et de la communication. 3 Radio Parana est une radio communautaire créée en 1995 qui émet principalement dans la langue des Bwa à partir du petit village de Parana, situé à 4 kilomètres de San, et qui couvre un rayon d’une centaine de kilomètres. 4 Les contes sont accessibles sur des supports audio (cassettes), totalisant trente-six volumes à ce jour, soit un peu plus de deux cents contes.

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  • CHAPITRE VI Bonne ou mauvaise mre ? Des figures maternelles dans les contes de tradition orale partir dun corpus de 39 contes bwa (Mali) Ccile LEGUY Universit Sorbonne Nouvelle- Paris 3 & LACITO, UMR 7107 CNRS & Joseph Tanden DIARRA Universit Catholique de lAfrique de lOuest (UCAO), Bobo-Dioulasso (UCAO/UUB) (Burkina Faso)

    Dans le cadre dune recherche collective1 rassemblant des chercheurs franais et maliens de disciplines diffrentes2, dont lobjectif global est une meilleure connaissance des relations parents/enfants en milieu rural, notre intrt sest port sur les relations familiales telles quelles sont manifestes dans les contes de tradition orale, dans une socit en pleine mutation o ce type dexpression littraire a connu un renouveau, suite au dveloppement des radios rurales depuis les annes 1990 au Mali (Leguy : 2007 ; Dembl : 2010). Le corpus choisi a t slectionn partir dun ensemble de contes, enregistrs par les animateurs dune radio locale3 en situation ordinaire dans diffrents villages auprs de conteurs entours de leur public habituel4. Les contes sont conservs sous la forme de cassettes audio et rgulirement diffuss sur les ondes, lors dune mission

    1 Cette recherche a bnfici de lappui financier de lAgence nationale de la recherche franaise (ANR) dans le cadre du projet DyPE-Dynamique de la parentalit et de lenfance en milieu rural africain (ANR-12-BSH1-0005-01). Elle exploite les donnes du projet Slam Suivi longitudinal au Mali de lIned, ralis sous la responsabilit scientifique de Vronique Hertrich (http://slam.site.ined.fr). Les contes sur lesquels repose la rflexion propose ici ont t traduits par Alexis Dembl et Joseph Tanden Diarra, avec la collaboration de Ccile Leguy et Pierre Diarra. 2 Dmographie, sociologie, histoire, anthropologie, sciences de linformation et de la communication. 3 Radio Parana est une radio communautaire cre en 1995 qui met principalement dans la langue des Bwa partir du petit village de Parana, situ 4 kilomtres de San, et qui couvre un rayon dune centaine de kilomtres. 4 Les contes sont accessibles sur des supports audio (cassettes), totalisant trente-six volumes ce jour, soit un peu plus de deux cents contes.

    http://slam.site.ined.fr/

  • hebdomadaire dune demi-heure qui a beaucoup de succs. Parmi ces contes ont t retenus ceux portant sur les relations parents/enfants, ce qui fait en tout trente-neuf contes, dont parfois deux, voire trois versions dun mme type, racontes par des conteurs diffrents5. Choisir ce corpus prsente lintrt, outre la richesse et la diversit des contes recueillis, daccder ainsi des rcits qui circulent actuellement dans la rgion et sont bien connus et apprcis puisque, mme dans les villages o il ny a pas de conteur actif, on a pris lhabitude dcouter cette mission de contes (Leguy : 2009).

    La rgion de production des contes, le pays des Bwa au sud-est du Mali, est une zone rurale assez isole, disposant de peu dinfrastructures6, mais qui connait cependant des changements relatifs la famille, lenfance et lducation (Hertrich et al. 2012). Au cours des trente-cinq dernires annes, lenvironnement familial des enfants a cependant peu vari ; il se ralise dans des units familiales de grande taille et de structure complexe (polynuclaires dans la moiti des cas). Nanmoins, comme cela a dj t remarqu propos de corpus ouest-africains proches (Platiel : 1981 : 157), les membres de la famille largie sont trs peu prsents dans les contes. Dans notre corpus, on ne trouve ni grand-pre ni grand-mre, ni oncle ni tante, les personnages adultes tant soit les parents directs de lenfant, soit la copouse de la mre.

    Cest la figure maternelle, sous ses diffrentes facettes, qui retiendra notre attention dans ce chapitre. Comment est reprsente la femme et, plus prcisment, la mre, dans les contes de tradition orale ? Ce personnage y est-il valoris ou bien au contraire nglig ? Une remarque simpose en observant les figures maternelles de notre corpus : les mres y sont plus souvent de mauvaises mres que de bonnes mres. Contrairement ce quon pourrait attendre dans la ralit, les mres des contes ne semblent pas jouer un rle ducatif et formateur. Ces contre-exemples sont-ils des stratgies pour inciter la rflexion, dans un contexte o les valeurs ducatives maternelles sont au contraire fortement valorises ? Comme le remarque Grg-Karady (1997), les contes ouest-africains sont bien souvent des exutoires mettant en scne des hros asociaux dont il faut comprendre en miroir les actions nfastes7. De mme

    5 Voir la liste des contes donne en annexe. 6 La ville principale, San, na t lectrifie quen 2000. 7 En effet, linverse des contes merveilleux europens o la figure centrale est de rgle un hros positif, dans notre corpus, beaucoup plus nombreux sont les contes dont le noyau narratif est focalis sur un personnage qui commet un mfait (malfaisance grave) ou une faute (malfaisance moins grave) et sera puni en consquence par un agent rparateur. La figure centrale devient ainsi le porteur dun projet antisocial et le rcit

  • dit-on de manire provocatrice en boomu8 le proverbe suivant : on regarde lenfant de la femme idiote pour duquer ses enfants9 . Souvent cupides, jalouses ou encore castratrices, les mres de notre corpus naident pas vraiment leurs enfants grandir. Si ce rle semble ne pouvoir y tre tenu que par les mres animales, nest-ce pas galement une manire de susciter, en miroir travers des pratiques langagires apprcies, un appel un bon comportement ducatif de la part des mres de famille ? Que signifient ces reprsentations de la figure maternelle telle quon peut la dcouvrir dans les contes ?

    I La bonne mre de famille : un personnage nglig des contes ? Une premire remarque simpose : la figure maternelle est absente ou

    peu significative dans une grande partie des contes du corpus. Sur les trente-neuf contes10 relatifs aux relations parentales, on en compte dix-neuf11 dans lesquels la mre ne joue aucun rle, ou bien aucun rle significatif. Dans une partie des contes, seul le pre intervient et la relation parent/enfant est porte par lui seul. Il nest mme pas fait mention de lexistence dune mre (cest le cas dans onze12 des trente-neuf contes retenus). Dans dautres rcits, on ne signale sa prsence que pour signifier son peu dimportance ou bien encore son inefficacit. Ainsi, dans le conte n7 o lon met en scne un pre possessif qui refuse que ses enfants voient des personnes extrieures leur proche famille, la mre nest mentionne que comme accompagnant son mari, le suivant dans ses actes et dans ses dcisions. Elle ne semble pas avoir son mot dire et meurt juste aprs le pre, sans tre intervenue dans lhistoire. De mme dans le conte n20, la mre se contente de rpter la phrase dite par son mari avant elle Dabi qui refuse la visite de prtendants, incitant sa fille discuter avec les jeunes pour obtenir du tabac en cadeau. Dans les contes n34 et

    dveloppera les actes de malfaisance suivis dune action justicire. Au prix de cet arrangement, il est possible de mettre en scne les fantasmes les plus redoutables, car les lois du genre, rgies par la dialectique du bien et du mal, imposent des cadres et des limites par la crainte de la mise en ordre finale impliquant de faon oblige le respect des lois sociales (1997 : 9). 8 Le boomu (ISO 639-3 : bmq) est une variante dialectale du bwamu (parl au Burkina Faso et au Mali), langue gur. 9 a hn dd zo b we d a rnna mi za (cest/femme/imbcile/enfant/on/auxiliaire dhabitude/regarde/pour/duquer+suff. de subjonctif/ses propres/enfants). 10 Dont trois seulement ont t dits par des femmes (n6, 17 et 35). 11 Les numros 4, 6, 7, 10, 11, 12, 20, 21, 23, 27, 28, 29, 31, 32, 33, 34, 35, 36 et 39. 12 Les contes n10, 11, 12, 21, 23, 27, 31, 32, 33, 36 et 39.

  • 35, deux versions de La fille difficile13, la mre tente sans insister vraiment de dissuader sa fille de partir avec son fianc inconnu, essayant dans le deuxime conte de la retenir en lui demandant de faire la vaisselle, mais la laissant finalement partir quand elle voit que tout a t cass. Le personnage de la mre semble tre particulirement inefficace quand malgr ses mises en garde, elle ne parvient pas se faire entendre ou protger son enfant (cest le cas dans les contes n34, 35, 37 et 38). Dans le conte n37, autre version de La fille difficile, on voit une mre qui cherche dissuader sa fille de partir avec son fianc python, mais elle ny parvient pas et, l encore, ninsiste pas. Cest finalement le fianc qui le premier sadresse ses beaux-parents, quand la jeune fille le voyant se mtamorphoser appelle son frre ; puis celle-ci se met appeler sa mre au secours quand elle comprend que le python veut lavaler. Elle appelle sa mre en premier, en criant Na/Mre ! et en pleurant puis son frre et son pre, mais sans succs. Cest finalement un chasseur donc un individu extrieur la famille qui la sauvera, et cest encore sa mre quelle sadresse pour dire quelle accepte de se marier avec nimporte qui. La figure maternelle joue donc ici un rle, et semble reprsenter la relation parentale en elle-mme, mais ce rle est passif et na pas de consquence sur le droulement de lintrigue. Dans le conte n38, qui met en scne un enfant maltrait par son pre, la figure maternelle tout en tant centrale est aussi assez peu active. Dans ce rcit, un pre traite ingalement ses deux garons de deux femmes diffrentes, favorisant lenfant de sa femme prfre et maltraitant celui de la femme dteste14. Cependant, lenfant mal-aim, qui russit mieux que son frre parce quil est plus sage et plus prudent, ne cesse de demander lavis de son pre tandis que celui-ci, jaloux, lui donne de mauvais conseils. Dans ce conte, il y a une certaine complicit entre lenfant mal-aim et sa mre, la femme dteste. Lenfant lui confie ses projets. Elle essaye de le dissuader de montrer les poulets quil a obtenus son pre, mais lenfant ne lcoute pas. Elle se met en colre face la btise du garon, mais rien ny fait : il veut suivre les conseils de son pre, mme sils le conduisent la ruine. Mme chose quand revenu avec des richesses, il veut de nouveau consulter son pre : excde par lobstination du garon qui ne semble pas comprendre les sentiments de son pre son gard, elle spuise linsulter, puis devient aveugle. Elle retrouve finalement la vue en mettant le feu une tige dherbe que lenfant

    13 Cf. Grg-Karady et Seydou, 2001. 14 En situation de polygamie, il arrive frquemment quune femme soit plus aime que lautre du mari (gnralement, celle qui travaille mieux est prfre). En boomu, la femme prfre est appele : hn-br, du bambara baramuso (femme-aime), br renvoyant

    galement au travail, tandis que lautre est dsigne comme : hn-a (femme-dteste).

  • avait achete avec ses richesses, en suivant les mauvais conseils de son pre. Le conte se termine sur la fin de la ccit de la mre, preuve quil faut toujours couter les conseils dun pre, quels quils soient. Ici donc, la figure maternelle agit en vain, sextnuant essayer de faire comprendre lincomprhensible la jalousie dun pre un enfant ttu et sa seule action efficace, laccident de lincendie qui lui redonne la vue, ne sert quau bnfice dune figure paternelle sur laquelle le conteur termine son rcit, disant en guise de conclusion quil est toujours bon dcouter les conseils dun pre.

    Cette place marginale faite la femme dans les contes reflte en laccentuant la ralit vcue par les femmes bwa, dans une socit o, hier comme aujourdhui, la mre est dabord celle qui gre lespace domestique tandis que les hommes sinvestissent dans lespace public, dans la vie villageoise ou communale o les femmes nont gnralement pas leur mot dire. Si les femmes bwa sont connues pour leur indpendance et leur force de caractre, nhsitant pas quitter leur poux si elles sont insatisfaites (Retel-Laurentin : 1979 ; Hertrich : 1996), elles sont galement toujours considres comme des trangres dans ces patrilignages15 qui les accueillent comme mres tout en gardant vis--vis delles une certaine mfiance. Dans nos contes, cest le pre qui gre la peur de son fils, lui permettant ainsi dacqurir une certaine maturit (contes n11 et 12) ; cest galement lui qui assure la survie de son enfant quand il se sent menac par la jalousie du chef de canton (n21) ; cest encore le pre qui est mis en valeur dans le conte n31 relatant la msaventure dun enfant dsobissant ou orgueilleux qui, poursuivi par une horrible sorcire, finit par revenir dans la maison paternelle prt couter les conseils. En un sens, les rcits prsentent de manire assez juste les rapports de genres tels quils sont vcus dans la ralit, le pre de famille tant matre des dcisions tandis que sa femme, bien quelle puisse tre consulte de manire implicite16, demeure confine lespace domestique.

    Si les autres femmes de lentourage ordinaire des enfants, grand-mre ou tante, sont absentes des contes, dautres personnages semblent avoir une dimension maternelle bienveillante et remplacer cette absence. Cest le cas de la vieille femme qui, comme Calame-Griaule lavait bien montr dans Le plat du pre et la calebasse brise (1987 : 187ssq), joue bien

    15 Les Bwa sont patrilinaires et pratiquent la patri-virilocalit. 16 Lors des conseils villageois, les dcisions importantes ne sont par exemple jamais prises le jour mme, afin que chacun puisse en parler avec sa femme, mme si cest en son seul nom que lhomme donnera son avis final le lendemain. Ici encore, on voit combien la domination masculine est ce qui se donne voir, mme si la ralit peut tre plus contraste (Bourdieu : 1998).

  • souvent un rle initiatique. Dans le conte n15, lorpheline maltraite par sa martre rencontre une vieille femme-gnie en brousse qui la rcompense pour son aide, la coiffe et la renvoie au village, prte pour le mariage. Dans le conte n24, sorte de conte des deux filles 17 au masculin, le fils de la femme dteste reste clibataire tandis que son pre organise le mariage de son petit frre, fils de la femme prfre. Partant laventure, il rencontre une vieille qui le met lpreuve et le rcompense en lui donnant deux magnifiques femmes et un cheval. son retour, son cadet jaloux le tue et prend la mme route, avec lintention de recevoir lui aussi de belles pouses. Mais face aux animaux auxiliaires qui avaient aid son frre, tout comme face la vieille, il se comporte comme un goujat et, au moment dobtenir sa rcompense, fait linverse de ce que la vieille lui dit de faire et est tu par quatre gaillards.

    On trouve galement une mre de substitution qui joue, dans le conte n22, un rle important mais malgr tout inefficace pour le bb dont la mre vient de mourir et qui ne cesse de pleurer. Cette femme, dsigne

    comme une personne serviable (nwwr), part en qute de lait pour lenfant et subit toute une srie dpreuves, sous la forme dchanges successifs, avant de rapporter une calebasse de lait que les pleureuses, prenant le prtexte de le goter pour le bb, vont boire sans en laisser une seule goutte. Dans le conte, cette figure maternelle se prsente ainsi comme bnfique, dvoue lenfant, mais elle ne parvient pas le sauver

    et cest finalement, nous dit le conteur, grce Dieu (Dwn) quil survit, sans lait et sans mre.

    Les figures maternelles bienveillantes sont donc relativement rares dans les contes de notre corpus et il est par ailleurs remarquable que quand elles sont prsentes, leur action est peu efficace. Ces figures de femmes absentes des rapports parents/enfants, le pre ayant pris toute la place, ces mres inactives ou mmes inertes dans les contes ou encore ces femmes aux initiatives vaines semblent consacrer la marginalit de la bonne mre qui, en dehors de lespace restreint du foyer, reste dans lombre. Cette caractristique est comparer ou mettre en parallle avec la prsence et laction des figures maternelles malfiques.

    II De la frquence des mauvaises mres dans les contes linverse en effet, les figures maternelles malfiques sont non

    seulement assez prsentes dans les contes du corpus, mais de plus leurs actions sont efficaces.

    17 The Kind and the Unkind Girls, AT 480.

  • Ce sont dabord les personnages de martres, dont on connat le rle nfaste dans les rcits, qui retiennent lattention. On sait que ce personnage (la nouvelle femme du pre dans les contes europens ou, le plus souvent, la copouse de la mre souvent dcde dans les contes africains) focalise les aspects ngatifs de la relation la mre. La violence avec laquelle Blanche-Neige est supprime pour que sa martre demeure la plus belle femme du royaume est symptomatique de ce caractre malveillant de la figure maternelle. Dans le conte recueilli par Calame-Griaule chez les Isawaghen, quelle a intitul Blanche neige au soleil (1987 : 207-227), cest la mre biologique elle-mme qui cherche se dbarrasser de sa propre fille ds avant sa naissance, car on lannonce plus jolie quelle. Mais il est tout de mme plus acceptable dtre maltrait par une martre, en prservant limage bienfaitrice dune mre absente ou passive. Ainsi dans la plupart des contes mossi de lorphelin tudis par Pasquier (1976), les martres sont de mchantes femmes qui cherchent si ce nest tuer lorphelin, du moins le mettre lpreuve.

    Dans notre corpus, la martre joue le rle de la mchante mre dans les contes n2, 5, 15, 16, 17, dans lesquels lenfant est un orphelin. Dans le conte n5, aprs la mort de sa mre, la femme dteste, Masira est leve et maltraite non seulement par la femme prfre qui finit par la tuer, mais aussi par la fille de cette dernire, sa sur jalouse. Dans le conte n15, on ne prcise pas si lhomme aime diffremment ses femmes, mais la mre de lenfant est la seconde pouse, dont le conteur souligne la beaut. Dans le conte n16, il est seulement dit quune des deux femmes dun homme meurt, laissant son enfant sa copouse, et dans le n17, la conteuse se contente de rapporter que la fillette vivait chez sa martre. Tandis que les autres rcits concernent des orphelines, le conte n2 met en scne un petit garon, Nyani, dont on dit seulement quil est lev par la copouse de sa mre qui le traite diffremment de ses propres enfants quelle gte en leur donnant des fruits de karit, interdisant Nyani dy toucher. Dans ces cinq contes, lorphelin est donc maltrait par celle qui lui sert de mre (et quil appelle na/mre ), qui marque bien la diffrence entre cet enfant et les siens. Except le conte de Masira (n5) qui se termine de manire dramatique, mme si la potasse dans laquelle le corps de lenfant a disparu se met chanter, dnonant la mchante femme, les autres contes ont des fins heureuses pour lorphelin(e). Dans chacune des histoires, la mchante femme est punie : les enfants gts sont dvors par la hyne qui imite leur mre en leur apportant des fruits de karit et seul Nyani est pargn dans le conte n2 ; la mre jalouse de la beaut de lorpheline insulte sa propre fille dans le conte n15 ; dans le conte n16, la copouse attrape, de jalousie, une diarrhe mortelle quand elle voit la beaut de lorpheline, et

  • sa propre fille qui veut tre aussi bien coiffe se fait dvorer par le lion dont la femme ne parvient pas la protger. Dans le conte n17, la relation de lenfant avec la martre est complte par la prsence dune tourterelle qui apparat dans le rcit au moment o, aprs lavoir aide et coiffe, le crocodile lui demande de ne rien dire personne. La tourterelle se prsente alors comme une garante du secret, assurant que si la fillette le dvoile, elle viendra le dire au crocodile. On ne parle plus de la martre : la fille de retour bien coiffe est prte pour le mariage, elle ne dit rien personne sur ce quelle a vcu avec le crocodile jusquau jour o elle se confie son mari au lit. La tourterelle part alors pour annoncer le mfait au crocodile, qui lattire vers lui jusqu la manger, dnonant la malfaisance des dlateurs. Cette tourterelle ne serait-elle pas une reprsentation symbolique de la martre dont elle semble avoir repris lesprit malfaisant et jaloux envers cette enfant ? Dans une socit nataliste comme celle des Bwa, o tout enfant est une bndiction, la martre qui semble contester cette vidence en violentant lenfant de sa copouse dcde, jusqu vouloir sa mort, est dans ces contes le personnage antisocial par excellence.

    Les martres ne sont pas les seules figures maternelles dtestables dans notre corpus : on y trouve galement des mres qui, par leur attitude, sont particulirement nfastes au dveloppement ou lpanouissement de leur enfant, soit parce quelles sont cupides ou trop bavardes (cest le cas dans les contes n1, 8, 9, 26), soit parce quelles lempchent de grandir ou le gtent trop (dans les contes n2, 18, 19, 25, 30).

    Les femmes sont trop bavardes, le fait est bien connu et cest son manque de retenue qui condamne les enfants de la mre du premier conte, ns grce lintervention dun rnier qui lui a fait promettre le silence sur leur origine. Malgr les souffrances quelle a endures avant de pouvoir enfanter, la mre ne peut sempcher den parler et se confie la personne en qui, selon les conceptions locales, il nest pas possible de faire confiance : une griotte devenue son amie, qui bien entendu sempresse de montrer ce quelle sait en saluant les enfants enfants du rnier ! . Cette mise au jour de leur origine entrane leur disparition et le malheur dune mre qui ne peut sen prendre qu elle-mme. Cependant, comment cette mre pourrait-elle tre fire de ses enfants si elle ne peut en parler personne ?

    Les femmes bwa semblent avoir un autre gros dfaut dans nos contes : leur avidit, surtout quand il sagit de viande de poisson ! Les contes n8, 9 et 26 relatent ainsi comment une mre manque dentraner la perte de son propre fils parce quelle ne peut pas rsister une bonne pche. Les contes 8 et 9 sont deux versions dune mme histoire, celle dun garon du nom de Naalo dont lextrme beaut provoque la jalousie des

  • autres qui, en lempoisonnant, le rendent aveugle, lpreux et infirme dans la premire version, lpreux seulement dans la deuxime. Au bord du suicide, le garon est sauv par un poisson qui lavale et le recrache rtabli. Il promet alors son sauveur que ni lui ni les siens ne retourneront dsormais la pche. Dans la premire version de ce conte, la mre est une femme trop belle qui enfante un fils qui lui ressemble. Elle est en quelque sorte dj lorigine de cet excs, source des malheurs de son fils. Cest encore elle qui est fautive quand elle ne peut se rsigner renoncer la pche. Ngligeant les recommandations de son fils, elle attrape justement le poisson qui la sauv. Le poisson sadresse directement elle, mais elle ne tient pas compte de ses paroles. Elle sapprte le cuisiner et, mme quand les morceaux de viande chantent, rien ne larrte. Heureusement, Naalo arrive temps pour rassembler tous les morceaux qui taient dj dans la marmite et recomposer le poisson auquel il demande pardon, promettant que dsormais, ceux de sa famille (les Coulibaly, dit le conteur) en feront leur interdit alimentaire.

    Dans la deuxime version (conte n9), la mre est une vieille femme strile qui finit par donner naissance un trs beau garon. Quand Naalo, le lpreux ayant perdu pieds et mains, veut se suicider, elle essaye de len dissuader sans grande conviction. Sauv par le poisson, il se voit galement offrir un cheval, une belle pouse et une servante. De retour guri et mari, il demande juste aux siens de ne plus aller la pche, mais sa vieille mre rpond que cela ne sera pas possible. Ds que son fils part en voyage, elle participe la pche collective et attrape le poisson sauveur, bien quil chante pour lavertir de son identit. Elle le ramne chez elle, le dcoupe, le cuisine et commence le manger alors que le poisson chante toujours en la suppliant de respecter laccord pass avec son fils. Elle ne veut rien entendre. Quand elle a tout mang, elle va jeter les artes chantantes sur le tas dordures. son retour, constatant le mfait, Naalo demande une calebasse neuve dans laquelle il met toutes les artes, puis quil pose sur la tte de sa mre pour quelle laccompagne la rivire. Le poisson pardonne Naalo, mais la vieille sera finalement punie, rendue aveugle. Le conteur termine en disant quil sagit l de lorigine de la ccit des vieilles femmes.

    Cest encore lamour du poisson qui entrane la mre prendre des risques pour elle et son propre fils dans le conte n26. Lenfant est intrpide, depuis sa naissance il na peur de rien et passe son temps en brousse tuer des animaux quil rapporte sa famille. Quand il rencontre le monstre de la brousse, un horrible mangeur dhommes, il ne fuit pas. Etonn, le monstre lui propose de devenir son ami. Il lemmne la pche et se met chanter pour faire baisser leau de la rivire pendant que le

  • garon doit tenir sa queue afin quelle ne touche pas leau. Une fois leau partie, il ne leur reste plus qu ramasser les poissons qui abondent. Le monstre laide porter son panier plein jusqu lore du village. Fascine par cette pche miraculeuse, la mre du garon veut absolument laccompagner le lendemain. Il ne parvient pas len dissuader ; elle le suit en cachette, inconsciente du danger, avide de poisson. Cache au fond du panier suspendu dans un arbre, elle urine de peur larrive du monstre qui la dcouvre, tout heureux davoir aussi sa part. Il aide le garon pcher, mais entend bien garder la femme pour son propre repas. Au retour, le garon renverse le panier plein de poissons pour faire diversion et parvient faire schapper sa mre ; tous deux reviennent sains et saufs au village.

    Ainsi, dans ces trois contes, on voit des mres dont la gourmandise dpasse la raison, qui ne craignent pas dentraner leur propre fils vers la perte pour quelques poissons, se montrant draisonnables et cupides face leurs garons qui, chaque fois, parviennent sauver la situation en tant plus sages et plus respectueux quelles.

    Dans les contes n2, 18, 19, 25 et 30, nous avons affaire des figures maternelles nfastes par excs damour, qui gtent littralement leurs enfants. Dans le conte n2 dont il a dj t question plus haut, la mre prend lhabitude de donner ses enfants des fruits de karit, les rendant en quelque sorte dpendants de cette friandise, laquelle ils ne peuvent rsister quand cest la hyne et non leur mre qui, contrefaisant sa voix, les appelle et les attire dans son pige. Cest galement parce que ses parents cdent tous ses caprices que lenfant gt du conte n30 chappe de peu au pire. N aprs plusieurs grossesses infructueuses, cet enfant que lon qualifie en boomu de hnbw (mourir-revenir) a des exigences auxquelles ses parents se soumettent, jusqu lui faire faire le tabouret en or et en diamants quil rclame pour boire et manger. Ayant oubli son prcieux sige au champ, il retourne seul le chercher la nuit tombe et rencontre des gnies en train de faire un sacrifice, le sacrificateur se tenant assis sur le tabouret. Le bousculant pour rcuprer lobjet, lenfant est poursuivi par deux petits gnies, quil parvient ralentir en leur chantant une berceuse dont les paroles sont comme un aveu : Mon pre, ce qui marrive, je lai bien cherch ; ma mre, ce qui marrive, je lai bien cherch . Pre et mre sont toujours voqus ensemble dans ce conte, et cest encore eux deux que lenfant sadresse en annonant, de retour aprs cette course folle poursuivi par les mchants gnies, quil met un terme aux caprices.

    Dans le conte n18, une mre met au monde une petite fille tellement belle quelle en est elle-mme tonne et dcide de ne jamais la marier. Cest elle qui demande son mari demmurer la fillette, pour quelle ne

  • puisse pas tre vue des personnes extrieures, lenfermant dans un rduit avec juste une petite fentre pour pouvoir la nourrir. Malgr lincomprhension des autres personnes, malgr la visite de jeunes hommes qui connaissent lexistence de cette belle fille, les parents refusent de la librer. Finalement, deux amis vont ruser en leur confiant un sac de sucre. Voyant quils ont rang le sac dans la prison de leur fille, lun des garons se cache dedans quand ils le leur confient la deuxime fois. Il sduit ainsi la jeune fille avant de repartir de la mme faon, enferm dans le sac. Quand la fille donne naissance un petit garon, ses parents ne comprennent pas ce qui a pu se passer. La mre ne sait pas quoi faire, mais son mari la rassure : ds que lenfant a un peu grandi, il fait prparer de la bire de mil et rassemble les gens pour que lenfant dsigne son gniteur en lui apportant une calebasse de bire. Finalement, la fin du conte, cest le pre qui prend linitiative et parle la premire personne, disant quil avait dcid de ne pas marier sa fille, alors quau dbut du conte cette dcision tait mise dans la bouche de la mre qui demandait juste son mari de ne pas tre paresseux pour construire le rduit et enfermer la fillette. La mre semble totalement seffacer au moment o les choses sont rendues publiques alors quelle est lorigine de la dcision initiale.

    La femme-sorcire du conte n25 est galement une mre qui ne veut pas que ses sept filles se marient, tuant tous ceux qui sapprochent de sa maison. Le conte est du type des Enfants chez logre ou plutt chez logresse, ce qui est plus frquemment le cas des histoires africaines du type du Petit Poucet (The Dwarf and the Giant-AT 327B)18, comme le fait remarquer Denise Paulme (1976 : 242). Sept frres accompagns malgr eux par leur an19, Mwanni, qui est nain, viennent pour rencontrer les jeunes filles et passer la nuit dans leur maison comme le font habituellement les jeunes qui souhaitent mieux se connatre. Malgr leur dsaccord, le nain les accompagne et, pendant la nuit, il surprend la femme-sorcire avec un couteau, sapprtant gorger ses frres. Prtextant une toux qui lempche de dormir, il oblige celle-ci soccuper de lui comme le fait habituellement sa mre, en puisant de leau avec un

    18 Pour une discussion sur le lien entre les contes africains du Nain et du Gant et les versions rpertories dans la classification internationale comme AT 327B, voir Golberg : 2003. 19 Contrairement aux contes tudis par Paulme, cest ici lan, et non le benjamin, qui sauve ses frres grce sa clairvoyance et ses pouvoirs extraordinaires. Mais celui-ci est un nain, ce qui en fait pour les Bwa un personnage particulier, renvoyant au Gaucher exclu du monde des hommes dans le mythe de cration (Capron et Traor : 1989). Les nains sont considrs comme des tres infconds qui ne peuvent tre enterrs comme les autres gens, sous peine de rendre la terre strile.

  • panier, ce quelle essaye de faire en vain toute la nuit, pargnant ainsi les garons. La nuit suivante, pendant que la mchante femme sest endormie, il rase la tte des sept filles et leur arrache les seins quil place sur la poitrine de ses frres. Quand la sorcire se rveille dans la nuit, elle prend son couteau et, ttant les ttes et les poitrines des jeunes endormis, gorge ses propres filles. Le nain rveille ses frres ds quelle sest recouche et ils senfuient vers leur village. Le conte se poursuit car la sorcire, en colre, se mtamorphose en arbre porteur de fruits rouges et se place lentre du village pour attirer les enfants, dont elle fait ses esclaves. Mais le nain russit la tromper et les ramne au village. Par vengeance, la sorcire se transforme ensuite en nuage et fait pleuvoir au-dessus de leur village jusqu linonder. Les parents de Mwanni le nain lui demandent daller rechercher la mouvette tourner le t quils ont oublie, prtextant que tout ce qui arrive est de sa faute. Le nain parvient grce ses pouvoirs faire baisser leau, mais la sorcire le pourchasse jusque dans la maison et, rfugi dans le petit grenier dintrieur, il russit finalement lanantir. Dans la premire partie du conte, on voit bien comment la relation exclusive entre la mre et ses filles les mne une fin catastrophique : malgr ses pouvoirs, la sorcire na pas t clairvoyante et ce sont ses propres enfants quelle a limin en voulant les protger du contact avec les autres.

    La mre du conte de Manburu (n19) est, de manire plus excessive encore, une sorte de mre dvorante qui exprime ses dsirs incestueux en demandant son fils de ne jamais prononcer son nom sous peine dtre aval, dans un contexte o cet interdit simpose entre poux. De manire ordinaire, les enfants peuvent chez les Bwa appeler leurs parents par leur nom personnel20, mme sils peuvent galement les appeler na, nuu21 (mre) ou wa-nuu (notre mre) et ma, min22 ou wa-min (notre pre). La femme excessive, du nom de Batuubere, donne son fils tout ce qui fait la parure de lhomme et reprsente la virilit accomplie : pantalon bouffant, habit et bonnet, ainsi quun cheval et son quipement. Il nest assurment pas trait comme un enfant, et linterdit de prononcer le nom

    20 Il ny a traditionnellement pas chez les Bwa dinterdit strict dnonciation du nom personnel des parents (Rasilly : 1994 : 291), contrairement ce qui est observ chez leurs voisins peuls ou bambara. Cependant, sans doute sous linfluence de ces pratiques voisines, on trouve aujourdhui de nombreuses familles o les enfants nappellent pas leurs parents par leur nom. On observe galement le recours des dsignatifs comme Vieux ou Pre pour appeler un enfant qui porte le nom de son grand-pre. 21 Forme ancienne qui semble actuellement supplante par na, dinfluence bambara. 22 De la mme faon, cette forme ancienne semble de moins en moins utilise au bnfice de ma, voire du bambara bb.

  • maternel formul suite ces cadeaux ne fait que renforcer le soupon. Mais lenfant est provocateur : vtu de ses habits dhomme, mont sur son cheval, il se plante devant sa mre et la salue par son nom avant de senfuir. La grosse femme part alors sa poursuite, chantant une chanson accusatrice envers Manburu, mais elle rencontre une norme araigne-tisserand qui refuse de lui rpondre. Sensuit une srie davalements rciproques qui se termine en apocalypse, sans que le personnage de Manburu ne rapparaisse. Ce quon peut retenir de ce conte la fin rocambolesque, cest linsistance de cette norme mre traiter son fils comme un homme et exiger de celui-ci quil se comporte avec elle comme si elle tait son pouse, cest--dire en se gardant de lappeler par son nom. Finalement, la mre est mange par laraigne gante et pourrit dans le ventre de celle-ci, empestant tout lunivers lors de lvacuation. Les mauvaises mres, celles qui sont prtes dvorer leurs propres enfants ou bien les garder pour elles, sont ainsi grotesquement figures par ce monstre puant mis en scne dans ce conte.

    III Faut-il passer par la mtaphore animalire pour parler

    positivement de la maternit ? Dans les contes 13 et 14, deux versions dune mme histoire, les

    relations parentales sont exprimes par deux comportements opposs, mis en parallle. Dune part, un pre fier de sa progniture (quatre garons dont on vante la beaut dans le conte n13 ; douze garons dans le conte n14) mais qui nest pas trs intelligent (ce sur quoi le conteur insiste dans la version 14). Grce cette main-duvre, il cultive beaucoup et, par orgueil et malgr le dcs successif de ses enfants, dcide de rcolter son

    oseille de Guine sans sen remettre Dieu (Dwn). Dautre part, une mre hrisson qui a lu domicile sous le tas doseille et qui en appelle Dieu pour trouver une solution pour protger ses petits. Mre hrisson est effondre : ses enfants sont trop petits pour entreprendre un dmnagement dans la nuit, dautant plus que, comme elle le prcise dans la chanson de la deuxime version, ses piquants lempchent de pouvoir les porter sur son dos. Dieu lui vient en aide en faisant mourir les fils de lhomme, lun aprs lautre, ce qui retarde dautant lchance, chaque enterrement tant autant de temps de gagn pour les hrissons. Quand, enfin, lhomme qui a vu mourir presque tous ses enfants devient raisonnable et annonce quil ira rcolter loseille le lendemain si Dieu le veut , les petits hrissons ont pris suffisamment de force pour pouvoir suivre leur mre dans un autre refuge.

  • Dans ces deux rcits, la figure maternelle est bienveillante et attentive au dveloppement de ses enfants, mais il sagit dune mre animale, dont le comportement positif ne fait que renforcer, dune part, la ngativit de celui de lhomme orgueilleux, pour qui faire de belles rcoltes compte plus que la vie de ses propres enfants, dautre part, lattitude nfaste de la majorit des mres humaines du corpus. Faut-il passer par la mtaphore animale23 pour parler positivement de la relation qui lie une mre ses enfants ?

    La rponse positive cette question est confirme par un autre conte du corpus, le conte n3, mettant en scne une mre aimante et bienfaitrice, qui uvre la russite et lpanouissement de son enfant jusqu la fin. L aussi, et de manire plus flagrante encore, cette mre est figure par un animal. Il sagit dune lionne qui recueille un bb dont la mre dcde brutalement en brousse et llve en lallaitant avec ses propres petits. Cette mre adoptive a le souci de bien faire et quand lenfant grandit, elle cherche lui faire comprendre sa diffrence et la ncessit, pour lui, daller la rencontre des hommes. Elle lenvoie se faire couper les cheveux au village, ce quune vieille femme accepte de faire, aprs le refus de la griotte face la tignasse emmle et sauvage quil lui prsente. Cette premire coupe de cheveux marque le dbut de son humanisation, mais cest sa mre lionne qui insiste pour quil retourne au village, quil rencontre des gens, quil se trouve une fiance. La lionne lenvoie chercher des galettes au march ; la marchande est la fille du chef, une magnifique demoiselle dont tous les garons sont amoureux. Cest encore sa mre lionne qui le soigne et lencourage se dfendre quand il revient bless aprs avoir t agress par les prtendants de la jeune fille, et qui monte tout un stratagme pour que le chef lui donne sa fille en mariage. Quand le chef lui propose de choisir une maison, il prend conseil auprs de la lionne qui lui dit de demander habiter en bordure du village, tout prs de la brousse. La lionne lui procure tout le ncessaire les ustensiles de cuisine pour la fiance, les vtements en effrayant les marchands dioula et mossi qui circulent de march en march, qui senfuient en la voyant, abandonnant toutes leurs affaires. Une fois quelle la install au village et le fait adopter par les hommes avec qui il apprend boire, la lionne lui demande seulement de ne jamais jurer par le nom de son pre le lion et, plus tard, de ne jamais manger de viande de lion, qui devient linterdit alimentaire des Diarra (yr-sio = ceux (les gens) du lion).

    23 Pour une rflexion sur lusage de la rfrence animalire dans les pratiques langagires, voir Leguy 2012.

  • Ici donc, les aspects positifs de la figure maternelle sont particulirement dvelopps. Cette mre vient au secours de son enfant quand il le faut et fait en sorte quil saccomplisse et devienne autonome. Mais il sagit dune mre adoptive, animale de surcroit. Son comportement, trs diffrent de celui de la plupart des figures maternelles rencontres dans les autres contes du corpus, semble tre une leon de maternit adresse toutes ces mres si promptes ngliger, voire maltraiter, les enfants.

    Conclusion

    Si la mre de famille est la figure centrale du foyer domestique dans la

    ralit, prenant soin de ses enfants quelle allaite gnralement entre deux et trois ans, elle semble cependant peu visible comme telle dans les contes de tradition orale. La relation parentale y est plus souvent porte par le seul pre, et si la mre est prsente elle est frquemment efface, suivant son mari dans ses dcisions. Cependant, comme nous avons pu le montrer partir de notre corpus, une figure maternelle simpose de manire plus active dans les contes, celle de la mauvaise mre : martre ou copouse jalouse dune bonne mre absente, sorcire qui empche ses enfants de voir dautres gens, mre excessive par sa gourmandise, son bavardage, son amour qui la pousse trop gter ses enfants, voire dsirer une relation autre que parentale avec eux, elle prsente un comportement destructeur, antisocial, mettant leur vie en pril et leur maturit en question. Mais le conte de tradition orale ne joue-t-il pas encore plus violemment son rle subversif quand il met en scne une bonne mre animale, soucieuse du bien-tre de ses enfants, de leur panouissement, de leur accomplissement total, bonne mre qui vient en miroir renforcer laspect ngatif des mres humaines ? Repres bibliographiques

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    Annexe : liste des contes du corpus

    N1- Les enfants du rnier (conteur : Daa Coulibaly du village de

    Fio) La mre trahit son secret (lorigine des enfants de cette femme strile), entranant la

    perte de ses enfants. N2 - Nyani, lorphelin mal aim (conteur : Daa Coulibaly du

    village de Fio) La martre maltraite lorphelin et conduit ses propres enfants la mort en les

    gtant de fruits de karit. Ils se font attraper par lhyne qui imite la voix de la mre. Ils ne peuvent pas rsister : elle les a rendus dpendants des fruits de karit.

    N3 - Lenfant adopt par la lionne (conteur : Alexandre Coulibaly du village de Ira)

    Une lionne recueille un orphelin quelle lve comme ses propres enfants, puis lincite retrouver le monde des hommes, en laidant pouser la fille du chef du village.

    N4 - La Tortue qui a pris un engagement (conteur : Alexandre Coulibaly du village de Ira)

    Cest un conte sur le dsir denfant, mais la mre na pas vraiment de rle : elle sombre dans la marmite par gourmandise la suite de ses enfants.

    N5 - Masira, lenfant maltraite par sa martre (conteur : Alexandre Coulibaly du village de Ira)

    La martre maltraite lenfant parce que sa propre fille est jalouse de la beaut de Masira. Elle lui casse un bras, une jambe, puis finit par la tuer et lincinrer au milieu dun tas de tiges de mil dont elle fait de la potasse. Cest quand la potasse se met chanter que le pre comprend ce qui est arriv sa fille.

    N6 - La fille paresseuse (conteuse : Uwo Keita du village de Wara)

  • La mre ne joue pas de rle particulier. Les parents cherchent une solution au problme de leur fille paresseuse et lenvoient en brousse avec de la nourriture.

    N7 - Lhomme, sa femme et leurs trois enfants (conteur : Douba Diarra du village de Oa)

    La mre ne joue pas vraiment de rle, si ce nest quelle suit le pre dans sa dcision de ne pas laisser leurs enfants rencontrer dautres gens. Elle meurt la mme anne que le pre.

    N8 - Le beau Naalo (Version n1) (conteur : Douba Diarra du village de Oa)

    Une trs femme belle met au monde un fils qui est tellement beau quil provoque la jalousie. On lempoisonne mais il est sauv par un poisson. Alors quil est entendu que les gens de la famille de Naalo ne doivent plus pcher, sa mre nglige ses recommandations et attrape justement le poisson qui la sauv. Le poisson sadresse directement elle, mais elle ne tient pas compte de ses paroles. Le poisson chante alors quelle sapprte le cuisiner et mme si les morceaux de poisson cuits chantent encore, rien ne larrte.

    N9 - Naalo lorphelin (Version n2) (conteur : H Coulibaly du village de Ira)

    Une vieille femme strile finit par donner naissance un trs beau garon. Quand lenfant, devenu infirme, veut se suicider, elle essaye de len dissuader sans grande conviction. Sauv par un poisson, de retour guri et mari, il lui demande juste de ne plus participer la pche mais ds que son fils part, elle va la pche et attrape le poisson sauveur, malgr ses avertissements. Elle le ramne chez elle, le dcoupe, le cuisine et commence le manger alors que le poisson chante en la priant de respecter laccord quil a avec son fils. Elle ne veut rien entendre. Elle sera finalement punie, rendue aveugle.

    N10 - Lhomme qui prend la femme de son fils (conteur : Douba Diarra du village de Oa)

    Conte sur la relation pre/fils. Le pre, jaloux de son plus jeune fils, demande ses ans de le tuer pour pouvoir prendre son pouse. Pas de mre mentionne.

    N11 - Le jeune homme peureux (Version n1) (conteur : Flix Kamat du village de Ira)

    Le pre abandonne son enfant en brousse pour quil apprenne lutter contre sa peur. Pas de mre mentionne.

    N12 - Lenfant qui a trop peur (Version n2) (conteur : Bacuo Thra du village de Dami)

    Idem N13 - Lhomme et ses quatre fils (Version n1) (conteur : Douba

    Diarra du village de Oa) Un homme, par orgueil, veut rcolter son oseille de Guine et omet de sen remettre

    Dieu. Une mre hrisson cache ses petits sous loseille et est dsespre ; Dieu fait

  • mourir les fils de lhomme lun aprs lautre, jusqu ce quil comprenne, un peu tard, la leon. Entre temps, les bbs hrissons sont suffisamment grands pour schapper.

    N14 - Lhomme et ses douze enfants (Version n2) (conteur : Bacuo Thra du village de Dami)

    Idem, mais lhomme a cette fois douze garons. N15 - Lorpheline (Version n1) (conteur : Douba Diarra du village

    de Oa) La mre trs belle donne naissance une petite fille et meurt, laissant le bb la

    garde de sa copouse. Celle-ci est mchante avec lenfant, mais des auxiliaires lui viennent en aide. Prsence dune vieille femme avec un rle dinitiatrice.

    N16 - La copouse jalouse de lorpheline (Version n2) (conteur : Bacuo Thra du village de Dami)

    Idem. Cest la femme du lion qui la protge et la coiffe. N17 - Lorpheline (Version n3) (conteuse : Hanyo Dakouo) Idem, mais lauxiliaire est un crocodile. N18 - Les parents qui ne voulaient pas que leur fille se marie

    (La fille squestre) (conteur : Douba Diarra du village de Oa) Une mre trouve sa fillette trs belle et dclare ds la naissance quelle ne se mariera

    pas. Elle oblige son mari emmurer lenfant afin de lisoler. Deux jeunes hommes malins vont parvenir faire entrer lun deux dans la prison. Comme la fille attend un enfant, on cherche savoir qui est le pre. Lenfant dsigne son gniteur, mais une question se pose : doit-il revenir celui-l, ou bien plutt son ami qui a eu lide de lenfermer dans le sac ?

    N19 - La femme qui ne veut pas que son fils Manburu lappelle par son nom (conteur : Alexandre Coulibaly du village de Ira)

    Une femme norme qui a un fils unique et le gte, lui achte tout ce dont un homme peut rver (cheval, parure), mais lui demande de ne jamais dire son nom, le menaant de lavaler si il le fait. Comme il la provoque, elle lui court aprs mais tombe sur une araigne-tisserand qui chante en bambara. Ils savalent et se rejettent mutuellement, puis laraigne lavale pour de bon. Moralit : les mres doivent accepter que leurs enfants les appellent diffremment, certains Maman , dautres par leur nom.

    N20 - Dabi ou la fille qui ne voulait parler personne (conteur : Daa Coulibaly du village de Fio)

    Dabi dit quelle ne se mariera quavec le garon qui la fera rire ou parler. Son pre la presse de se fiancer pour avoir du tabac. Mais elle rsiste. Sa mre demande galement Dabi daccepter de frquenter les garons, car elle souhaite aussi recevoir du tabac. Cest finalement un lpreux qui parvient la faire parler. De dsespoir, elle se suicide et le lpreux la suit dans la mort.

    N21 - Le lpreux menteur (lorphelin protg par les animaux) (conteur : Alexandre Coulibaly du village de Ira)

  • Un homme devenu plus riche que le chef du canton est empoisonn. Avant de mourir, il va demander aux singes, aux fourmis et au crotale de veiller sur son fils. Soumis une preuve cause des mensonges du lpreux, le fils est aid par les animaux et obtient la gurison de la fille du chef et la mort du lpreux. Pas de mre mentionne.

    N22 - Do vient lorphelin ? (conteur : Eanyun Dembele) Un homme reste longtemps sans avoir de femme, puis trs longtemps sans avoir

    denfant. Le devin lui conseille tout un stratagme pour quun enfant se prsente et que sa femme ne le quitte pas, mais ds la naissance, lhomme meurt et la femme meurt peu de temps aprs. La relation la mre nest pas vraiment dveloppe, si ce nest quune femme prend piti du bb qui pleure lors des funrailles de sa mre et va tout faire pour lui trouver du lait, que les autres femmes boivent sous prtexte de le goter. Finalement, lenfant est abandonn son sort : mais il survit malgr tout, grce Dieu qui protge les orphelins.

    N23 - Lhomme qui narrivait pas avoir denfant (conteur : Douba Diarra du village de Oa)

    Un lpreux orphelin est sauv par une tourterelle, mais laisse son propre enfant capricieux entraner sa perte. Pas de mre mentionne.

    N24 - Lhomme aux deux femmes (conteur : Macir Paul Coulibaly du village de Sialo)

    Un homme a deux femmes et chacune a un fils. Il cherche une femme pour son an, mais la deuxime femme lui ordonne de la donner son fils, le cadet. Lan part alors, et avec laide dauxiliaires, revient riche avec deux femmes. Le cadet jaloux tue son frre et part son tour.

    N25 - La femme sorcire (conteur : Tanian Dembele du village de Wara)

    Mre de sept filles, la sorcire sattaque tous ceux qui les courtisent. Un nain accompagne ses sept frres qui veulent sduire les jeunes filles, et ruse pour tromper la mre, qui tue ses propres filles. La sorcire veut se venger et se place sous forme darbre fruits lore du village. Tous les enfants sont faits prisonniers malgr les avertissements du nain que personne ncoute. Il se transforme en veau pour sauver les enfants. Elle vient se venger sous forme de grosse pluie, mais le nain sen sort et la tue.

    N26 - Le jeune qui na peur de rien (conteur : Tanian Dembele du village de Wara)

    Lenfant qui na peur de rien et tue tous les animaux devient lami du monstre qui tue tous les hommes. Celui-ci linvite pcher et lui offre les poissons, quil rapporte au village. La mre veut plus de poissons encore, regrettant de ne pas avoir accompagn son fils. Malgr le dsaccord de son fils, elle le suit et se met en danger. Heureusement, lenfant est malin et va la sauver.

    N27 - Lorphelin berger (conteur : Alexandre Coulibaly du village de Ira)

  • Lorphelin se fait embaucher pour garder le troupeau de la panthre, de lhyne et du lion dont il se moque grce ses pouvoirs extraordinaires. Pas de personnage maternel.

    N28 - Porinabw et son frre Z (Lenfant terrible) (Version n1) (conteur : Alexandre Coulibaly du village de Ira)

    La mre des jumeaux terribles est une fille trop belle, pour laquelle une course est organise que le camlon gagne, obtenant ainsi la fille en mariage. Les enfants tuent leur pre et leur mre.

    N29 - Porinabw et son frre Z (Lenfant terrible) (Version n2) (conteur inconnu)

    Idem N30 - Lenfant gt (conteur : Macir Paul Coulibaly du village de

    Sialo) Enfant dsir et trop gt, il subit une preuve et finit par dire lui-mme ses

    parents quil va mettre fin ses caprices. N31 - Le jeune homme tmraire (conteur : Alexandre Coulibaly

    du village de Ira) Un jeune homme rvolt naccepte pas de faire ce que dit son pre, alors que celui-ci

    soccupe bien de lui, et dcide de partir au bout du monde. Il se retrouve poursuivi par une sorcire, et rentre chez lui dcid obir son pre. Pas de mre mentionne.

    N32 - Le chasseur et les animaux sauvages (Version n1) (conteur : Macir Paul Coulibaly du village de Sialo)

    Un trop bon chasseur se laisse sduire par une jeune fille et dcide de laccompagner dans son village, mais ce sont des hippotragues. Il pouse la fille qui dsormais ne pourra plus se transformer, mais leurs descendants ne doivent pas consommer de viande dhippotrague. Pas de mre mentionne.

    N33 - Le chasseur et les animaux sauvages (Version n2) (conteur : Alexandre Coulibaly du village de Ira)

    Idem. N34 - La jeune fille Mama (une version de Fille difficile )

    (conteur : Macir Paul Coulibaly du village de Sialo) Une jeune fille trs belle ne veut pouser quun garon trs beau. Aprs avoir t

    courtise par tous les poissons de la rivire, cest finalement le python qui a sa faveur. Sa mre la met en garde mais elle ne lcoute pas. Elle est emporte par le python et il ne reste plus que ses habits.

    N35 - Le jeune homme sans cicatrice (La fille difficile, version n1) (conteuse : Sinanhan Kamat du village de Sadian)

    Une jeune fille ne veut pouser quun garon sans cicatrice. Elle se laisse sduire par un python mtamorphos en homme. Sa mre essaye de la retenir en lui donnant de la vaisselle faire. Mais finalement, alors que la jeune fille a presque tout cass, elle la

  • laisse partir en lui disant de faire ses bagages. Cest sa petite sur, qui laccompagne malgr elle, qui la sauve finalement.

    N36 - Masira, la fille qui ne voulait pas de garon avec une cicatrice (La fille difficile, version n2) (conteur : Alexandre Coulibaly du village de Ira)

    Masira est une fille difficile, qui ne veut pouser quun garon sans cicatrice. Un lion lentend et se transforme en trs beau jeune homme. Ce sont les animaux domestiques qui laccompagnent et qui finalement la sauvent. Pas de mre mentionne.

    N37 - La jeune fille qui ne voulait pas se marier un homme avec une gratignure (La fille difficile, version n3) (conteur : Jonas Dembele du village de Lebekuy)

    La mre veut dissuader sa fille de partir avec le Python, mais ny parvient pas et ninsiste pas. Cest finalement le Python qui le premier fait appel ses beaux-parents, quand la jeune fille le voyant se mtamorphoser appelle son frre au secours. Et elle se met appeler sa mre au secours quand elle comprend que le python veut lavaler. Cest sa mre quelle appelle en premier, puis son frre et son pre, mais sans succs. Cest finalement un chasseur qui la sauvera, et cest encore sa mre quelle sadresse pour lui dire quelle accepte de se marier avec nimporte qui.

    N38 - Lenfant obissant son pre (conteur : Alexandre Coulibaly du village de Ira)

    Un homme traite diffremment ses deux fils. Lenfant de la femme dteste ne peut accepter la haine de son pre et sacharne lui demander conseil, malgr les mises en garde de sa mre. Devenue aveugle, cest finalement cause dun mauvais conseil paternel quelle retrouve la vue. Il faut toujours couter les conseils dun pre, quels quils soient.

    N39 - Le riche (conteur : Douba Diarra du village de Oa) Conte sur la relation pre/fils. Le pre trop orgueilleux se retrouve finalement

    misrable, tandis que son fils est devenu un chef prospre. Pas de mre mentionne.