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chapitre 2 La Seconde Guerre mondiale : guerre d'anéantissement et génocide des Juifs et des Tziganes

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chapitre 2 La Seconde Guerre mondiale : guerre

d'anéantissement et génocide des Juifs et des Tziganes

I. Une nouvelle guerre mondiale

A. Quelles sont les grandes phases de la 2nde GM?

B. Anciennes et nouvelles manières de faire la guerre

Bombardiers en piqué Stuka

A proximité de Guadalcanal, un bombardier de l’aéronavale américaine survole l’USS Enterprise avec l’USS Saratoga en arrière-plan (19 décembre 1942)

Parachutes open overhead as waves of paratroops land in Holland during operations by the 1st Allied Airborne Army. September 1944

II. Une guerre totale

A. Une mobilisation humaine massive

B. Une mobilisation économique et technologique sans précédent

Le programme Prêt-Bail (programme "Lend-Lease" en anglais) était un programme d'armement mis en place par les États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, afin de fournir les pays amis en matériel de guerre sans intervenir directement dans le conflit (avant l'entrée en guerre des États-Unis). La loi Lend-Lease, signée le 11 mars 1941, autorise le Président des États-Unis à « vendre, céder, échanger, louer, ou doter par d'autres moyens » tout matériel de défense à tout gouvernement « dont le Président estime la défense vitale à la défense des États-Unis. »

De 1941 à 1945, les aides américaines se sont élevées à 50,1 milliards de dollars. Les principaux bénéficiaires du prêt-bail étaient le Royaume-Uni (31,4 milliards de dollars) et l'Union soviétique (11,3 milliards de dollars). La France libre du général de Gaulle basée à Londres et surtout l'armée d'Afrique du général Henri Giraud basé à Alger (Algérie française) ont également profité de ce programme d'assistance logistique (3,2 milliards de dollars).

Plus grande bataille « industrielle » de l’histoire, la bataille de Koursk oppose du 5 juillet au 23 août 1943 les forces allemandes aux forces soviétiques sur un immense saillant de 23 000 km² situé au sud-ouest de la Russie, à la limite de l'Ukraine, entre Orel au nord et Belgorod au sud. Elle est l'une des batailles décisives qui ont déterminé l’issue de la Seconde Guerre mondiale sur le continent européen. Elle se solde par un échec pour le Reich nazi. Trois armées allemandes regroupant 900 000 hommes soit 50 divisions dont 19 blindées et motorisées (plus 20 divisions de réserve), 10 000 canons et mortiers[3], plus de 2 000 avions et 2 700 chars se lancent à l’assaut de deux armées blindées soviétiques épaulées de 4 corps blindés[4] de 3 300 chars et d’une armée d’infanterie regroupant 1,337 million d’hommes, 19 300 canons et mortiers ; soit 2 millions de combattants sur un front long de 270 km. Le Reich y engage 6 000 avions dont les 1 800 avions des 4e et 6e flottes aériennes et plus de 50% de ses blindés disponibles. Le Général Erfurth ira même jusqu'à déclarer que « tout le potentiel offensif que l'Allemagne avait pu rassembler fut jeté dans l'opération Citadelle. ». En cinquante jours de combats, la Wehrmacht perd en effectifs 500 000 hommes (tués, blessés et grièvement blessés, disparus), près de 1 200 chars et environ 2 000 avions. L’Armée rouge compte plus de 200 000 tués et ses pertes en blindés sont supérieures à celles de l’ennemi tandis qu'elle perd plus de 2 800 avions, mais elle a vaincu.

C. Un conflit idéologique

1. Quelle est la place de la guerre dans les idéologies des puisances

de l'Axe?

L'idéologie nazie justifie la guerre au nom de la "lutte des

races" et d'une "croisade" contre le bolchevisme:

La « race aryenne » est un concept de la culture européenne qui a eu cours de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe siècle. Il dérive de l'idée selon laquelle les premiers peuples parlant les langues indo-européennes et leurs descendants jusqu'à l'époque moderne auraient constitué une race distincte. Ce sont les linguistes anglais Jones et Young qui découvrirent, en 1788 et 1813, une parenté et des racines communes entre les langues européennes, dont les langues germaniques, romanes, celtes et albanaise. On nomma alors ce groupe linguistique langues indo-européennes. Au cours du XIXe siècle, certains romantiques inventèrent une origine ethnique commune à tous ces peuples pour expliquer ces similitudes linguistiques, sans autre fondement toutefois que leur inspiration. Ils les baptisèrent du nom d'« aryens », leur assignant des points de départ aussi variés qu'arbitraires (mer Caspienne, mer du Nord, mer Baltique, etc.). Ce peuple imaginaire idéal aurait conquis une part importante du monde, imposant sa langue et sa culture, pour finalement s'affaiblir et disparaître suite au métissage avec les peuples conquis. Quelques groupes d'individus encore « purs » subsisteraient et formeraient l'élite de l'espèce humaine. Dans l’application la plus connue du concept de « race aryenne », le nazisme, il était affirmé que les premiers Aryens ressemblaient aux représentants des peuples nordiques. La croyance en la supériorité de la « race aryenne » est parfois nommée aryanisme.

La théorie nazie de l’espace vital L'idée d'un peuple germanique manquant d'espace est très antérieure à Adolf Hitler, mais c'est lui qui en a tiré les conclusions politiques et militaires extrêmes. Selon l'historien Ian Kershaw, Hitler n'utilisa qu'une seule fois l'expression Lebensraum avant le putsch de la Brasserie de novembre 1923[2]. C'est probablement Rudolf Hess, ancien élève de Karl Haushofer qui la fait connaître à Hitler lors de leur emprisonnement à Landsberg en 1924-1925. Dans Mein Kampf, Hitler transforme le concept de Lebensraum : plutôt que d'ajouter des colonies - dont l'Allemagne est privée depuis le traité de Versailles -, il veut agrandir le pays à l'intérieur de l'Europe. Il relance ainsi l'idée d'une expansion vers l'Est (Drang nach Osten) et accentue les éléments racistes du Lebensraum, qui devient explicitement lié avec la théorie de l'Herrenvolk (« race des Maîtres, race supérieure ») désignant les « Aryens » ou la « race germanique »[1]. Par exemple : « Ainsi, nous autres nationaux-socialistes, biffons-nous délibérément l'orientation politique d'avant-guerre. Nous commençons là où l'on avait fini il y a six cents ans. Nous arrêtons l'éternelle marche des Germains vers le sud et vers l'ouest de l'Europe, et nous jetons nos regards vers l'est. Nous mettons terme à la politique coloniale et commerciale d'avant guerre et nous inaugurons la politique territoriale de l'avenir. Mais si nous parlons aujourd'hui de nouvelles terres en Europe, nous ne saurions penser d'abord qu'à la Russie et aux pays limitrophes qui en dépendent. » — Adolf Hitler, Mein Kampf, tome 2, 1925[3].

Lors de la prise du pouvoir du NSDAP, la majorité des géographes allemands l'ont acclamé[1]. Seul Emil Waibel s'exila aux États-Unis, tandis qu'Alfred Philippson sera déporté à Theresienstadt[1]. À partir de 1933, ces théories seront notamment mises en pratique par le Rasse- und Siedlungshauptamt (« Bureau de la race et du peuplement » ou RuSHA), dirigé par Walther Darré jusqu'en 1938 puis, entre autres, par Otto Hofmann et Richard Hildebrandt. Le 1er septembre 1939, la Pologne est envahie, les opposants politiques, les « indésirables » (Juifs, Tsiganes, communistes, etc.) et les élites intellectuelles et religieuses sont massacrés par les Einsatzgruppen et internés dans les camps de concentration. Hitler caractérise les habitants de l'Union soviétique et les Slaves en général comme des « sous-hommes » et se donne le droit de conquérir les terres soviétiques. Le Lebensraum acquiert ainsi, pendant la Seconde Guerre mondiale, une expansion plus large encore que celle prévue par le Volks- und Kulturbodenforschung[1]. En 1943, les instituts de recherche géographiques et autres, liés aux populations « ethniquement germaniques », sont intégrés au RSHA (« Office central de la sécurité du Reich », lié aux SS) sous la houlette de Wilfried Krallert[1]. Ils prennent alors le nom de Fondation du Reich pour les Etudes Géographiques[1], chargées d'analyser les territoires de l'Est en établissant des statistiques sur les populations et la densité de population, etc[1].

Outre les travaux du célèbre géographe Walter Christaller concernant le gouvernement général de Pologne et le Generalplan Ost, le géographe Emil Meynen (de), à la tête depuis 1941 de l'Abteilung für Landeskunde, division géographique du Reichhamt für Landesaufnahme (Bureau du Reich pour les Etudes de la Terre), est chargé de l'aménagement du territoire conquis à l'Est[1]. Malgré l'intérêt des Américains pour cette équipe de géographes, Meynen et son équipe (Erich Otremba, Angelika Sievers, etc.) sera interné après la guerre, avec l'équipe d'Albert Speer, dans le cadre de l'Opération Dustbin[1]. Relâchés, ils deviendront des géographes majeurs de l'après-guerre en RFA[1]. Dès lors, le Lebensraum constitue l'utopie nazie: il doit permettre de réaliser l'objectif fasciste de l'autarcie, car la Russie est censée regorger de richesses[4]. En outre, au sein de cet espace vital, les Allemands vivront dans un sorte de nouveau jardin d'Eden, séparés des Slaves livrés à eux-mêmes, promis à l'esclavage et à une mort certaine[5]. soumis dans un premier temps à une sévère politique de déplacement de populations (Slaves et Juifs)[6], ces territoires baltes, biélorusses, Ukrainiens doivent à terme être repeuplés par des Allemands ou des populations germaniques[7].

Le Japon de Hiro-Hito (ère Showa), un régime

ultranationaliste, militarisé et expansionniste

L’ère Shōwa (littéralement « Ère de paix éclairée ») est la période de l’histoire du Japon où l’empereur Showa (Hirohito) régna sur le pays. Elle débute le 25 décembre 1926 et s’achève le 7 janvier 1989. La première partie du règne de Hirohito se caractérise par de fortes influences nationalistes et entraîne l'expansion de l'empire japonais. Avec la nomination de Fumimaro Konoe comme premier ministre (1937-1939), le lobby militaro-industriel prend définitivement le contrôle de la politique interne du pays. En 1937, Hirohito autorise l'invasion de la Chine (Guerre sino-japonaise (1937-1945), qualifiée de « guerre sainte » (seisen) et constituant la première étape de la politique impérialiste du Japon. Sous Konoe sont alors mis en place le Mouvement National de Mobilisation Spirituelle, la Ligue des Parlementaires adhérant à la Guerre Sainte et l'Association d'aide à l'Autorité Impériale. Ulcérés par le traitement accordé à leur nation par les puissances occidentales lors du traité de Versailles et opposés au Traité naval de Washington et au Traité naval de Londres, de nombreux politiciens et militaires japonais comme Ikki Kita, Sadao Araki et Fumimaro Konoe réactualisèrent la doctrine du hakkō ichi'u (les huit coins du monde sous un seul toit) et mirent en place une idéologie fondée sur la supériorité de la race nipponne et son droit à dominer l'Asie. Cette idéologie raciste présentait le Japon comme le centre du monde et prenait assise sur l'institution impériale et l'empereur, considéré comme le descendant de la déesse Amaterasu Omikami. À compter du mois d'août 1940, coïncidant avec le 2600e anniversaire de la fondation mythique de la nation, le concept du hakkō ichi'u fut officiellement adopté par le gouvernement Konoe comme devant conduire à l'établissement d'un «nouvel ordre en Asie orientale». Des pamphlets reprenant ces principes, comme le Kokutai no hongi (Les Fondements de la politique nationale), furent distribués gratuitement dans la population et les écoles.

En 1941, l'empereur autorise la conquête de l'Asie du sud-est dans le but de créer la Sphère de co-prospérité de la grande Asie orientale. La Guerre en Asie et dans le Pacifique se poursuit jusqu'en 1945, avec la défaite des forces showa et l'occupation du Japon. La propagande, présente depuis le début de l'ère Shōwa, atteignit son paroxysme avec l'intensification de la «guerre sainte» (seisen) du Japon contre la Chine et son entrée en guerre contre l'Occident. Chaque soldat déployé sur le front portait sur lui un exemplaire de poche du Senjinkun dont la phrase introductive était : «Le champ de bataille est l'endroit où l'Armée impériale, obéissant au Commandement impérial, démontre sa vraie nature, conquérant lorsqu'elle attaque, remportant la victoire lorsqu'elle engage le combat, afin de mener la Voie impériale aussi loin que possible, de façon à ce que l'ennemi contemple avec admiration les augustes vertus de Sa Majesté.»[4] L'étranger devint dès lors un kichiku (bête), un être inférieur qui ne pouvait qu'être méprisé. Ce mépris favorisa la violence à l'encontre des populations civiles des pays conquis et des prisonniers, conduisant dans certains cas jusqu'au cannibalisme. Le peuple japonais étant considéré génétiquement supérieur, plusieurs mesures eugénistes furent mises en place par les gouvernements successifs du régime shōwa dans le but de maintenir cette supériorité. Le gouvernement de Fumimaro Konoe promulga ainsi une Loi nationale sur l'Eugénisme qui ordonnait la stérilisation des handicapés mentaux ou des "déviants" et interdisait l'utilisation des moyens contraceptifs. Le gouvernement de Naruhiko Higashikuni instaura quant à lui l'une des dernières mesures eugénistes du régime. Le 19 août 1945, le ministère de l'Intérieur ordonna la création d'un service de prostitution afin "d'endiguer la frénésie démente des troupes d'occupation ainsi que de préserver et de conserver la pureté de notre race." [6] Des clubs de ce type furent rapidement mis en place par Yoshio Kodama et Ryoichi Sasakawa.

La sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale est une tentative initiée lors de l'ère shôwa pour créer, au bénéfice de l'Empire du Japon, un bloc auto-suffisant de pays asiatiques dirigés par le Japon et n'étant pas en contact avec les pays occidentaux. L'idée de la sphère de coprospérité a tout d'abord été proposée par le général Hachirō Arita, ministre des affaires étrangères de 1936 à 1940. La sphère devait regrouper tous les pays occupés par l'Armée impériale japonaise et la Marine impériale japonaise lors de l'expansion de l'empire. Acceptée par l'empereur Shōwa et le premier ministre Fumimaro Konoe, cette idée fut dévoilée par le ministre des affaires étrangères Yosuke Matsuoka, le 1er août 1940, lors d'une conférence de presse. Dès lors, la propagande Shōwa s'orienta vers des slogans tel que « l'Asie aux Asiatiques » et chercha à mettre en exergue l'influence néfaste du colonialisme occidental en présentant les occupants japonais comme des libérateurs. Toutefois, le but premier de la Sphère demeurait l'expansion coloniale de l'Empire. Le seul État pleinement souverain allié à l'Empire du Japon était le Royaume de Thaïlande, la politique nationaliste du gouvernement de Plaek Pibulsonggram s'accordant avec celle du Japon. Les autres gouvernements asiatiques inclus dans la Sphère étant soit des régimes de collaboration formés dans les territoires occupés par le Japon, soit des gouvernements censément indépendantistes, mais étroitement contrôlés par l'armée japonaise. Un document gouvernemental intitulé Une enquête sur une Politique Globale avec la Race Yamato en son centre, complété en 1943, affirmait affirmait explicitement que les Japonais étaient supérieurs aux autres peuples orientaux et que la Sphère était l'outil de propagande idéal pour masquer les visées expansionnistes de l'Empire.