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4 CHAPITRE 1 QUELLES SONT LES SOURCES DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ? Ce thème 1 consacré à la croissance, aux fluctuations et aux crises comprend deux chapitres : le 1 er sur les sources, les facteurs de la croissance économique (Chapitre 1. Quelles sont les sources de la croissance économique ?), le 2 e sur les causes de l’instabilité de la croissance (Chapitre 2. Comment expliquer l’instabilité de la croissance ?). Doc. 1 La forte croissance économique de la Chine La forte croissance chinoise, croissance du PIB de 9 à 10 % par an, soit deux fois plus que la croissance française pendant les Trente Glorieuses, permet la croissance des revenus et l’accès à la consommation de masse. Doc. 2 La crise de 1929 aux États-Unis Cette photographie célèbre illustre la misère sociale engen- drée par la crise de 1929 : familles contraintes de quitter leur logement et leur région pour trouver du travail (on peut faire allusion au film Les Raisins de la colère réalisé en 1940 par J. Ford) et vivant sous des tentes, pauvreté des vêtements des enfants et de la mère, importance du chômage. Il faut se souvenir, qu’à cette époque, il n’existait pas de protection sociale. I. PRÉSENTATION DU CHAPITRE Ce premier chapitre de science économique s’interroge sur les sources de la crois- sance économique. Après avoir défini la croissance économique, observé les diffé- rences, dans le temps et dans l’espace, des rythmes de croissance ainsi que les limites du PIB et de la croissance (Dossier 1. Qu’est-ce que la croissance et quelles sont ses limites ?), on explique les causes directes de la croissance (Dossier 2. Facteurs de production, progrès technique et croissance), puis les mécanismes de la croissance endogène et le rôle des institutions (Dossier 3. À quelles conditions la croissance peut-elle être auto-entretenue ?). Ressources numériques liées au chapitre Vidéos • Qu’est-ce que le PIB ? (Dessine-moi l’éco, 2013), p. 20 www.lienmini.fr/magnard-ses-001 • La croissance, c’est fini ! Interview de Christian Chavagneux (Xerfi Canal TV, 2014), p. 23 www.lienmini.fr/magnard-ses-002 • Lien entre démographie et croissance. Interview de Christian Chavagneux (Xerfi Canal TV, 2014), p. 26 www.lienmini.fr/magnard-ses-003 • Pas d’économie sans confiance (Dessine-moi l’éco, 2013), p. 35 www.lienmini.fr/magnard-ses-032 Schéma-bilan • Schéma de synthèse du chapitre, p. 38 SCIENCE ÉCONOMIQUE – THÈME 1 Croissance, fluctuations et crises CHAPITRE 1 Quelles sont les sources de la croissance économique ? Manuel p. 16 à 17 Manuel p. 18 à 45

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Page 1: CHAPITRE 1 Manuel p. 18 à 45 Quelles sont les … · (Xerfi Canal TV, 2014), p. 26  • Pas d’économie sans confiance (Dessine-moi l’éco, 2013), p. 35

4 CHAPITRE 1 • QUELLES SONT LES SOURCES DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ?

Ce thème 1 consacré à la croissance, aux fluctuations et aux crises comprend deux chapitres : le 1er sur les sources, les facteurs de la croissance économique (Chapitre 1. Quelles sont les sources de la croissance économique ?), le 2e sur les causes de l’instabilité de la croissance (Chapitre 2. Comment expliquer l’instabilité de la croissance ?).

Doc. 1 La forte croissance économique de la ChineLa forte croissance chinoise, croissance du PIB de 9 à 10 % par an, soit deux fois plus que la croissance française pendant les Trente Glorieuses, permet la croissance des revenus et l’accès à la consommation de masse.

Doc. 2 La crise de 1929 aux États-UnisCette photographie célèbre illustre la misère sociale engen-drée par la crise de 1929 : familles contraintes de quitter leur logement et leur région pour trouver du travail (on peut faire allusion au film Les Raisins de la colère réalisé en 1940 par J. Ford) et vivant sous des tentes, pauvreté des vêtements des enfants et de la mère, importance du chômage. Il faut se souvenir, qu’à cette époque, il n’existait pas de protection sociale.

I. PRÉSENTATION DU CHAPITRE

Ce premier chapitre de science économique s’interroge sur les sources de la crois-sance économique. Après avoir défini la croissance économique, observé les diffé-rences, dans le temps et dans l’espace, des rythmes de croissance ainsi que les limites du PIB et de la croissance (Dossier 1. Qu’est-ce que la croissance et quelles sont ses limites ?), on explique les causes directes de la croissance (Dossier 2. Facteurs de production, progrès technique et croissance), puis les mécanismes de la croissance endogène et le rôle des institutions (Dossier 3. À quelles conditions la croissance peut-elle être auto-entretenue ?).

Ressources numériques liées au chapitre Vidéos• Qu’est-ce que le PIB ? (Dessine-moi l’éco, 2013), p. 20www.lienmini.fr/magnard-ses-001• La croissance, c’est fini ! Interview de Christian Chavagneux (Xerfi Canal TV, 2014), p. 23www.lienmini.fr/magnard-ses-002• Lien entre démographie et croissance. Interview de Christian Chavagneux (Xerfi Canal TV, 2014), p. 26www.lienmini.fr/magnard-ses-003• Pas d’économie sans confiance (Dessine-moi l’éco, 2013), p. 35www.lienmini.fr/magnard-ses-032Schéma-bilan• Schéma de synthèse du chapitre, p. 38

SCIENCE ÉCONOMIQUE – THÈME 1

Croissance, fluctuations et crises

CHAPITRE 1

Quelles sont les sources de la croissance économique ?

Manuel p. 16 à 17

Manuel p. 18 à 45

Page 2: CHAPITRE 1 Manuel p. 18 à 45 Quelles sont les … · (Xerfi Canal TV, 2014), p. 26  • Pas d’économie sans confiance (Dessine-moi l’éco, 2013), p. 35

CHAPITRE 1 • QUELLES SONT LES SOURCES DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ? 5

II. RÉPONSES AUX QUESTIONS

Sensibilisation p. 18

1. La période des Trente Glorieuses est exceptionnelle car le taux de croissance annuel moyen du PIB, proche de 5 % pour les pays européens, est nettement supérieur à ce qu’il était auparavant et à ce qu’il sera après le choc pétrolier de 1973.2. Les taux d’équipement des ménages en France entre 1960 et 1980 suivent une courbe logistique : une croissance forte dans les années 1960, qui ralentit ensuite jusqu’à atteindre des taux proches de 100 % pour certains biens d’équipe-ment comme le réfrigérateur. Les achats deviennent des achats de renouvellement et non de premier équipement. De nouveaux biens d’équipement apparaissent dans les décennies 70 et 80 mais leur nombre est inférieur à celui des Trente Glorieuses.

3. Parmi les facteurs de la croissance des Trente Glorieuses, on peut noter : le rattrapage technologique vis-à-vis des États-Unis, les mutations structurelles (baisse de la place de l’agriculture) et l’intensité de la demande (développement de la consommation de masse).4. Parmi les transformations sociodémographiques carac-téristiques des Trente Glorieuses, on peut noter : l’aug-mentation de l’espérance de vie (forte mortalité infantile à l’époque d’Angèle, hausse de l’espérance de vie pour Florence), l’allongement de la scolarité (Angèle n’a pas fait d’études et a travaillé à l’âge de 12 ans, Florence a fait des études supérieures), la croissance de la place du secteur tertiaire dans la population active (Angèle a travaillé dans l’agriculture, Florence dans le tertiaire) et les transforma-tions de la famille (baisse du nombre des enfants, banali-sation du divorce).

DOSSIER 1. Qu’est-ce que la croissance et quelles sont ses limites ? p. 20-25

Le programme officiel

En s’appuyant sur le programme de première, on s’in-terrogera sur l’intérêt et les limites du PIB. L’étude de séries longues permettra de procéder à des comparaisons internationales. NOTIONS DE TLE : • PIB • IDH ACQUIS DE 1RE : • production marchande et non marchande • valeur ajoutée

➜ Mise en œuvre dans le manuelIl s’agit d’abord de définir la croissance économique et de souligner qu’il s’agit d’un phénomène qui débute réelle-ment avec la Révolution industrielle, puis de préciser qu’elle est associée à la croissance du niveau de vie (croissance du PIB par habitant) et qu’en conséquence la croissance écono-mique est un enjeu fondamental pour les pays pauvres (A. De la croissance du PIB à celle du niveau de vie). On montre ensuite que la croissance économique connaît des rythmes différents selon les périodes et selon les pays (B. Les rythmes de la croissance), avant de développer certaines limites du PIB et de la croissance économique relativement aux critères du bien-être et du développement (IDH), des inégalités et du bonheur (C. Les limites du PIB et de la croissance).

A. De la croissance du PIB à celle du niveau de vie p. 20-21

Doc. 1 Définition et mesure de la croissance économiqueLes questions 1 et 3 portent sur la vidéo.1. La valeur ajoutée est la différence entre la valeur de la production et celle des consommations intermédiaires. La valeur de production comptabilise ainsi plusieurs fois la richesse créée par les différentes entreprises contribuant à la fabrication d’un produit fini. Il faut donc retirer à la valeur de la production celle des consommations intermédiaires déjà comptée dans la production. 2. Le produit intérieur brut (PIB) mesure la richesse créée par un pays au cours d’une année. Le PIB nominal est exprimé en unités monétaires courantes alors que le PIB

réel est calculé en éliminant l’inflation. Le PIB par habitant est le PIB divisé par le nombre d’habitants au sein du pays.3. Oui, l’État (les administrations publiques) crée de la valeur ajoutée, principalement, en fournissant des biens et services non marchands. 4. La croissance économique est un phénomène de long terme (le trend) alors que l’expansion est une phase d’ac-célération de la croissance du PIB sur court-moyen terme (fluctuations autour du trend). La croissance économique est un phénomène quantitatif (hausse du PIB) alors que le développement est un phénomène qualitatif caractérisé par les mutations structurelles et institutionnelles, de nature économique, sociale, démographique ou culturelle.

Ressource numérique Vidéo• Qu’est-ce que le PIB ?✓ Saisir l’adresse du lien indiqué sur la page pour accéder librement à la vidéo.www.lienmini.fr/magnard-ses-001Cette vidéo explique le mode de calcul du PIB, du PIB réel et du PIB par habitant.

Doc. 2 La croissance économique : un phénomène récent à l’échelle de l’humanité5. La Révolution industrielle marque le passage d’une croissance économique proche de zéro à une croissance économique soutenue et s’accompagnant de nombreuses mutations structurelles et institutionnelles.6. Avant la Révolution industrielle, toute accélération de la croissance économique entraîne une accélération de la crois-sance démographique qui vient buter sur une production agricole insuffisante amenant une destruction du facteur travail et le retour au niveau de production antérieur.7. À partir de la Révolution industrielle, le progrès tech-nique permet à la croissance économique d’être supérieure à la croissance démographique, donc au niveau de vie d’augmenter.

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6 CHAPITRE 1 • QUELLES SONT LES SOURCES DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ?

8. Le PIB mondial par habitant PPA $ 1990 est le PIB mondial par habitant exprimé en dollars de 1990 (donc en termes réels dans une unité monétaire unique) et parité de pouvoir d’achat (donc en éliminant les différences de prix entre les pays). Le coefficient multiplicateur du PIB par habitant de 1820 à 2010 est égal à 7 814/666 = 11,7.9. La croissance économique est supérieure à la croissance démographique entre 1820 et 2010. On peut vérifier que le coefficient multiplicateur du niveau de vie, calculé à la question précédente, est égal à 77/6,6.

Doc. 3 La croissance économique : un enjeu fondamental pour les pays pauvres10. Bien que, par définition, la croissance du niveau de vie, donc l’amélioration du bien-être matériel, dépende de la croissance économique et de la croissance démographique, l’expérience historique prouve que les pays ayant bénéficié d’une croissance économique durablement soutenue sont aussi ceux qui ont vu le bien-être matériel de leur popula-tion s’améliorer.11. On peut prendre comme exemple les privations retenues par le PNUD dans le calcul de l’indice de pauvreté multi-dimensionnelle : accès à l’électricité, présence de sanitaires, accès au combustible, accès à l’éducation…12. La croissance économique est une priorité dans les pays pauvres dans la mesure où elle permet une amélioration du bien-être matériel, et notamment des progrès en matière alimentaire, ce que l’on peut considérer comme un aspect primordial du bien-être.

Doc. 4 Croissance et niveau de vie : une comparaison France/Afrique subsaharienne13. La diminution du PIB par habitant de l’Afrique subsa-harienne entre 1970 et 1990 s’explique par une croissance démographique supérieure à la croissance économique.14. En 1970, le PIB de la France représente environ 6 fois (896/148) celui de l’Afrique subsaharienne, et le PIB par habitant plus de 31 fois (17 262/550). Ainsi, du fait des différences de population entre les deux zones, un éven-tuel rattrapage de l’Afrique en termes de niveau de vie nécessiterait une croissance économique soutenue sur de nombreuses d’années ainsi qu’un ralentissement de la crois-sance démographique.

15. Le PIB par habitant de la France s’élèverait à 160 291 dollars (aux prix et taux de change de 2005) en 2173 (33 945 x 1,01160) et celui de l’Afrique subsaharienne à 163 388 dollars (763 x 1,035160). Avec des taux de crois-sance du PIB par habitant de 1 % par an pour la France et de 3,5 % par an pour l’Afrique subsaharienne, il faudrait donc environ 160 ans (156 exactement) pour que l’Afrique subsaharienne rattrape la France en termes de niveau de vie. Compte tenu des taux de croissance retenus, plausibles au regard des évolutions récentes, on peut tirer de ce calcul une conclusion optimiste pour l’Afrique, laquelle serait sur la voie du rattrapage, ou pessimiste, puisque plus d’un siècle et demi serait nécessaire.16. Le dessinateur rappelle que le taux de croissance écono-mique dans les pays du Sud est élevé comparé à celui des pays du Nord : 5 % correspond approximativement au taux de croissance du PIB en Afrique depuis le début des années 2000, alors que celui des pays avancés est proche de 1 % par an. Cependant, le dessinateur souligne que le PIB des pays du Sud est très faible, donc que même avec une crois-sance économique forte, l’écart avec les pays du nord reste très élevé.

FAIRE LE POINT 1. Non, l’horizon temporel n’est pas le même ; 2. Oui, par définition du bien-être matériel ; 3. Oui ; 4. Non, il faut prendre en compte les taux de croissance démographiques.

B. Les rythmes de la croissance p. 22-23

Doc. 1 Des rythmes de croissance différents au cours du temps1. Le taux de croissance annuel moyen est la moyenne géométrique des taux de croissance annuels du PIB observés sur la période considérée. C’est donc le taux de croissance du PIB qu’aurait un pays chaque année si sa croissance était parfaitement la même chaque année.2. Plutôt non si l’on fait débuter notre observation en 1820. Les taux de croissance sont certes en moyenne plus élevés après 1950 qu’avant cette date, mais il est difficile de dégager une tendance claire, surtout compte tenu de la rupture de croissance qui semble s’observer depuis 2008.3. Complétez le tableau en caractérisant chaque période :

Croissance mondiale

1820-1870 1870-1913 1913-1950 1950-1973 1973-2001 2001-2008 2008-2010

du PIB 0,94 % par an 2,12 % par an 1,82 % par an 4,89 % par an 3,11 % par an 4,39 % par an 2,5 % par an

de la population

0,41 % par an 0,79 % par an 0,93 % par an 1,93 % par an 1,62 % par an 1,21 % par an 1,18 % par an

du PIB par habitant

0,54 % par an 1,31 % par an 0,88 % par an 2,91 % par an 1,46 % par an 3,14 % par an 1,31 % par an

Causes

Révolution

industrielle

2e révolution

industrielle et

1re mondialisation

2 guerres

mondiales

et crise des

années 1930

Reconstruction

de l’Europe,

diffusion des

innovations,

consommation

de masse, rôle

de l’État

Crises

pétrolières puis

diffusion des

NTIC

Rattrapage

des pays

émergents et 2e

mondialisation

Crise

de 2007-2008

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CHAPITRE 1 • QUELLES SONT LES SOURCES DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ? 7

Doc. 2 Des rythmes de croissance différents dans l’espace4. Au cours de la période 1973-2001, la croissance du PIB par habitant est particulièrement forte pour la Corée du Sud (6,26 % par an en moyenne) ou la Chine (5,5 %) alors qu’elle est faible pour l’Afrique (0,39 %) et même négative pour l’ex-URSS (- 0,87 %). En revanche, ces deux dernières zones

connaissent une croissance très forte sur la période suivante (3,09 % par an en moyenne pour l’Afrique et 5,57 % pour l’URSS) alors que les États-Unis et l’Europe de l’Ouest ont les taux de croissance les plus faibles (respectivement 0,66 % et 0,7 % par an).5.

1820-1870 1870-1913 1913-1950 1950-1973 1973-2001 2001-2010

Croissance mondiale du

PIB par habitant (moyenne annuelle)

0,44 % 1,3 % 0,84 % 2,92 % 1,48 % 2,68 %

Zones ou pays dont la

croissance du PIB par habitant est supérieure à la croissance

mondiale

États-Unis,

Europe de

l’Ouest, Europe

de l’Est, Afrique

États-Unis,

Europe de

l’Ouest, Japon,

Europe de l’Est,

Amérique latine

États-Unis, Japon,

Ex-URSS, Amérique

latine, Corée du

Sud

Europe de

l’Ouest, Japon,

Ex-URSS, Europe

de l’Est, Corée

du Sud

États-Unis,

Europe de

l’Ouest, Japon,

Corée du Sud,

Chine

Ex-URSS, Europe

de l’Est, Corée du

Sud, Afrique, Asie

de l’Est, Chine

Commentaires

1re Révolution

industrielle.

2e Révolution

industrielle ;

rattrapage

des pays à

industrialisation

tardive.

Ralentissement de

la croissance (deux

guerres mondiales

et dépression des

années 1930).

Processus de

rattrapage de

certains pays.

Trente

Glorieuses.

Rattrapage de

l’Europe et du

Japon.

Rupture des

années 1970 pour

les pays avancés.

Croissance

forte des pays

émergents à

partir des années

1990-2000.

Instabilité de la

croissance dans

les pays avancés.

Rattrapage des

pays émergents.

6. Instabilité de la croissance dans les pays avancés, en parti-culier aux États-Unis. Croissance forte des pays émergents, en particulier de la Chine (taux de croissance annuel moyen de 9-10 %).7. La « dynamique de rattrapage » caractérise une croissance durablement supérieure à celle des pays avancés pour des pays moins avancés.

Doc. 3 Des Trente Glorieuses au ralentissement de la croissanceLa question 11 porte sur la vidéo.8. Une croissance forte et régulière est une croissance supé-rieure au trend de très long terme et ne connaissant pas de fluctuations très marquées.9. Oui. Pendant les Trente Glorieuses, le taux de croissance annuel moyen de la France est d’environ 5 % contre 3 % environ pour les États-Unis.10. La période des Trente Glorieuses peut être considérée comme exceptionnelle dans la mesure où ses caractéristiques exceptionnelles (taux de croissance, gains de producti-vité…) sont liées à des circonstances particulières : sortie de la Seconde Guerre mondiale, mutations des structures économiques et sociales…11. R. Gordon explique la faible croissance contemporaine par l’absence d’innovations majeures susceptibles, comme ce fut le cas pour l’électricité, de générer des gains de productivité importants.

Ressource numérique Vidéo• La croissance, c’est fini ! Interview de Christian Chavagneux✓ Saisir l’adresse du lien indiqué sur la page pour accéder librement à la vidéo.www.lienmini.fr/magnard-ses-002Cette vidéo donne la parole à Christian Chavagneux, journaliste économique éditorialiste à Alternatives écono-miques. Celui-ci résume la thèse de l’économiste améri-cain Robert Gordon qui prédit une stagnation séculaire de la croissance économique..

Doc. 4 Les pays du Sud encore loin de ceux du Nord12. Le niveau plus élevé des prix aux États-Unis explique que, dans les autres pays, le PIB exprimé en dollars PPA soit plus élevé que le PIB exprimé en dollars courants, en particulier pour les pays les plus pauvres.13. Le PIB en dollars PPA des États-Unis représente plus de 5 fois celui de la Chine (55 000/10 700) et plus de 20 fois celui de l’Afrique subsaharienne (55 000/2 700).14. Compte tenu des dynamiques de rattrapage en cours, les projections de croissance conduisent à faire des émergents des pays aux niveaux de PIB proches, voire supérieurs à ceux des pays avancés actuels. Ainsi, selon ces projections, la Chine et le Brésil devraient avoir des PIB supérieurs, respectivement, à ceux des États-Unis et du Japon en 2050.

FAIRE LE POINT 1820-1870 : Europe de l’Ouest, États-Unis ; 1870-1913 : États-Unis, Europe de l’Ouest, Japon ; 1913-1950 : États-Unis, Japon ; 1950-1973 : Europe de l’Ouest, Japon ;

1973-2001 : États-Unis, Europe de l’Ouest, Japon, Inde, Asie du Sud-Est, Chine ; 2001-2010 : Asie du Sud-Est, Inde, Chine.

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8 CHAPITRE 1 • QUELLES SONT LES SOURCES DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ?

C. Les limites du PIB et de la croissance p. 24-25

Doc. 1 Le PIB : un indicateur imparfait du bien-être1. Le bien-être est une notion normative regroupant les éléments constitutifs de la qualité de vie : santé, éducation, qualité de l’environnement, équilibre entre vie familiale et vie professionnelle… Le bonheur est une notion subjective exprimée par les individus ; parmi ses éléments constitu-tifs, qui peuvent recouper en partie les différents aspects du bien-être, on trouve par exemple : l’état de santé, le niveau de revenu, la place dans l’échelle des revenus, le statut d’emploi…

2. Le PIB évalue mal l’activité productive d’un pays, notam-ment parce que : 1) il ne comptabilise pas certains éléments de l’économie informelle tels que le bénévolat ou le travail domestique ; 2) les services non marchands offerts par l’État sont comptabilisés de manière imprécise (au coût des facteurs), alors que dans l’idéal il faudrait évaluer la réelle valeur ajoutée apportée par ces services. Le PIB ne tient pas compte d’élé-ments qui contribuent au bonheur, tels que la qualité des liens familiaux ou amicaux, la satisfaction au travail…3. La notion de « dépenses défensives » désigne les dépenses qui, bien que comptabilisées positivement dans le PIB, sont réalisées pour réparer les dégâts commis par certaines acti-vités, donc qui nuisent au bien-être, activités contribuant elles aussi à augmenter le PIB.

4. Récapitulatif des critiques adressées au PIB :

Activités non prises en compte dans le PIB Activités sous-estimées Activités augmentant artificiellement le PIB

Économie informelle : bénévolat, travail

domestique…

Éléments contribuant au bonheur.

Services non marchands dispensés

par l’État.

Dépenses défensives : dépenses de dépollution,

antidépresseurs.

Doc. 2 L’IDH : construction et enseignements5. Les trois composantes (ou dimensions) de l’IDH sont : la santé, l’éducation et le niveau de vie.6. Non, le poids de la santé, mesuré par la pondération de cette dimension dans la moyenne, est le même que celui du revenu, c’est-à-dire un tiers. Pour aller plus loin sur le calcul de l’IDH : J. Villion, « Les moyennes en économie », in Statistique et probabilités, Revue TDC, Réseau Canopé, 15 juin 2015.7. Non. La hausse du RNB peut s’accompagner d’une stagnation, voire d’une baisse de l’IDH lorsqu’elle est compensée, soit par une hausse plus rapide de la croissance démographique (impliquant une baisse du RNB par habi-tant), soit par une dégradation des indicateurs de la santé et/ou de l’éducation.8. Avec un IDH de 0,944, la Norvège est classée 1re en 2013 alors que, avec un IDH de 0,337, le Niger est classé dernier (187e). La Norvège a de meilleures réalisations que le Niger dans toutes les dimensions de l’IDH. En consul-tant les données détaillées sur le site du PNUD, on pourra toutefois remarquer que l’écart le plus marqué, en termes de classement, entre les deux pays concerne l’éducation, alors que l’écart le plus faible concerne la santé. Pour l’indicateur « durée moyenne de scolarisation », la Norvège se classe 4e et le Niger 186e ; pour l’indicateur « espérance de vie », la Norvège se classe 13e et le Niger 166e.9. Bien qu’ayant des niveaux de vie proches, le Sri Lanka et la Namibie ont des niveaux d’IDH relativement éloi-gnés, du fait des réalisations assez faibles de la Namibie dans les domaines de la santé et de l’éducation. On pourra préciser que le Sri Lanka est classé parmi les pays à IDH élevé (compris entre 0,700 et 0,800) alors que la Namibie est classée parmi les pays à IDH moyen (entre 0,550 et 0,700).

Doc. 3 Croissance, inégalités et pauvreté à l’intérieur des pays10. La courbe de Kuznets décrit une évolution des inégalités au cours du processus de croissance caractérisée par hausse des inégalités suivie d’une baisse. La relation entre l’indi-cateur des inégalités (de revenu) et le revenu par habitant a donc une forme “en cloche” :

Niveau des inégalités

Revenu par habitant

11. Kuznets explique la hausse des inégalités dans les premières phases de croissance par les mutations structu-relles de l’économie, en particulier de la population active : le décollage dépend principalement de quelques secteurs moteurs qui génèrent des revenus élevés pour une faible part de la population. Le développement de ces secteurs entraîne dans un deuxième temps l’absorption d’une part grandissante de la population : les gains tirés de la crois-sance se répartissent donc entre un nombre plus important d’individus, les inégalités diminuent.12. Selon Piketty, la réduction des inégalités dans les pays riches à partir du début du xxe siècle est due aux chocs de la première moitié du siècle (les deux guerres mondiales et la dépression des années 1930), qui ont eu pour conséquences une destruction d’une partie importante du capital des plus riches ainsi que des mutations institutionnelles favorisant la réduction des inégalités (apparition d’un impôt progressif sur le revenu, développement de l’État-providence…).13. Les inégalités de revenu connaissent une progression en Chine et en Afrique du Sud, entre 1980 et 2010, plus rapide que dans l’ensemble du monde. Selon l’analyse de Kuznets, cet accroissement des inégalités est normal dans des pays émergents, c’est-à-dire des pays qui connaissent un décollage. En revanche, la croissance des inégalités dans un pays avancé comme les États-Unis s’intègre mal à l’ana-lyse de Kuznets ; dans ce cas, les évolutions des inégalités semblent difficiles à expliquer par des mécanismes « natu-rels » du développement économique.

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CHAPITRE 1 • QUELLES SONT LES SOURCES DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ? 9

Doc. 4 PIB et bonheur14. Les statistiques sur le bonheur sont obtenues à partir d’enquêtes. Les questions posées aux individus, telles que « Êtes-vous satisfait de la vie que vous menez ? », permettent de positionner les pays sur des « échelles de bonheur ». Il s’agit d’une mesure d’un bien-être subjectif, c’est-à-dire tel qu’il est ressenti et exprimé par les individus. Les statis-tiques sur le bonheur se distinguent donc de celles de l’IDH, ou d’autres mesures du bien-être « objectif », qui sont construites sur la base de critères normatifs de bien-être.15. Le graphique révèle, à un instant donné (2012), une corrélation positive entre mesure du bien-être subjectif (bonheur) et niveau de PIB par tête pour les pays à niveau de PIB par tête relativement peu élevé. En revanche, pour un PIB par tête supérieur à 27 000 dollars, la corrélation posi-tive disparaît : l’augmentation du PIB par tête ne s’accom-pagne plus d’une augmentation significative du bien-être subjectif ; « l’argent » ne semble alors plus faire le bonheur. Il faut toutefois souligner que lorsque l’on compare, non pas les pays « riches » entre eux, mais, à l’intérieur des pays « riches », les individus classés selon leur place dans la hiérarchie des revenus, la corrélation positive entre revenu par tête et bonheur est bien présente.16. Alors que le Venezuela fait partie des pays à PIB par tête relativement faible, son niveau de bien-être subjectif

apparaît proche de celui des pays « riches » et, en particulier, supérieur à celui de la France. Le Venezuela est donc une « exception à la règle » : malgré un niveau de vie (moyen) peu élevé, les Vénézuéliens se déclarent (en moyenne) plus heureux que les Français, ces derniers ayant (en moyenne) un niveau de vie élevé.17. Le fait que le bien-être subjectif n’ait pas augmenté en France entre 1973 et 2012 malgré une augmentation du PIB par habitant de 75 % révèle que, pour les pays riches, l’absence de corrélation positive entre bonheur et niveau de vie observée dans le cadre de comparaisons entre pays à un instant donné (graphique) s’observe également dans le cadre comparaisons dans le temps pour un même pays. Ce fait laisse à penser que la croissance ne fait pas le bonheur. Toutefois, comme le suggère la question, il est probable que, si le PIB par tête de la France avait stagné entre 1973 et 2012, le bien-être subjectif aurait diminué. Pour s’en convaincre, on pourra remarquer que si la France avait, en 2012, un PIB par tête égal à celui de 1973 (donc infé-rieur de 43 % à celui de 2012, c’est-à-dire proche de 20 000 dollars), elle aurait un niveau de vie proche de celui d’un pays comme la Slovaquie et ferait, par conséquent, partie des pays pour lesquels la corrélation positive entre niveau de vie et bonheur est vérifiée.

FAIRE LE POINT Éléments pris en compte… dans le PIB dans l’IDH ni dans le PIB, ni dans l’IDH

valeur ajoutée par

les agents économiques,

services non marchands

revenus nets perçus

du reste du monde, santé,

durée moyenne

de scolarisation des adultes

stress au travail, travail domestique,

dégradation de l’environnement, activités

bénévoles, inégalités des revenus, accès

à l’eau potable, inégalités hommes/femmes

DOSSIER 2. Facteurs de production, progrès technique et croissance p. 26-31

Le programme officiel

À partir d’une présentation simple de la fonction de produc-tion, on exposera la manière dont la théorie économique analyse le processus de croissance On fera le lien entre la productivité globale des facteurs et le progrès technique. NOTIONS DE TLE : • investissement • progrès technique • productivité globale des facteurs • facteur travail • facteur capitalACQUIS DE 1RE : • facteurs de production • productivité • externalités

➜ Mise en œuvre dans le manuel

L’explication de la croissance peut se faire en mettant au jour les causes directes. Les premières causes directes sont constituées par l’accroissement des quantités de facteurs de production : le facteur travail et le facteur capital (A. Facteurs de production et croissance). L’autre cause directe est constituée par les gains de productivité, souvent assi-milés aux conséquences du progrès technique (B. Gains de productivité et croissance). La réflexion sur l’origine du progrès technique permettra de révéler certaines sources plus indirectes de la croissance et constituera un premier pas vers la croissance endogène et le rôle des institutions, développés dans le dossier 3 (C. L’origine du progrès technique).

A. Facteurs de production et croissance p. 26-27

Doc. 1 Quantité de travail et croissance économique1. Non. La croissance de la population détermine la crois-sance de la quantité potentielle de travail fourni. La quan-tité de travail effectivement fourni dépend également des taux d’activité (un accroissement de la part d’inactifs dans la population diminue la quantité de travail fourni) et du temps de travail par travailleur (une diminution du temps de travail par travailleur diminue la quantité de travail fourni). Il peut être utile ici de rappeler que l’analyse de la croissance économique se situe sur un horizon de (très) long terme et que, par conséquent, la question du chômage n’est pas prise en compte.2. Il y a plusieurs raisons qui expliquent pourquoi la relation entre croissance de la population et croissance économique n’est pas mécanique. La remarque faite sous le schéma met l’accent sur la nécessité que l’investissement, sous toutes ses formes, accompagne la croissance de la population ; autre-ment dit, il existe une certaine complémentarité, sur un horizon temporel plus ou moins long, entre les facteurs de production. On pourra ajouter que la croissance de la popu-lation, lorsqu’elle repose sur des taux de natalité élevés, ne se traduit par une augmentation de la population active, donc toutes choses égales par ailleurs de la quantité de travail

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10 CHAPITRE 1 • QUELLES SONT LES SOURCES DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ?

fourni, que plusieurs années plus tard. Enfin, la réponse à cette question pourra être complétée plus tard lorsque sera abordé le rôle de la productivité dans la croissance (une croissance de la quantité de travail fourni, même accompa-gnée de celle du facteur capital, peut voir ses effets positifs sur la croissance économique compensés par une dégrada-tion de la productivité globale des facteurs).

Doc. 2 Durée du travail, taux d’activité et démographie Les questions 6 à 8 portent sur la vidéo.3. La durée effective de travail hebdomadaire peut être supérieure à la durée légale du fait du recours aux heures supplémentaires.4. Par définition, si le taux d’activité des jeunes est faible, c’est que leur taux d’inactivité est fort ! Les jeunes inactifs sont principalement des jeunes qui poursuivent des études. Le texte suggère qu’une part importante de cette inactivité des jeunes s’explique par les difficultés d’accès à l’emploi, elles-mêmes dues en partie à une inadéquation entre les qualifications des jeunes et les qualifications recherchées par les employeurs.5. Toutes choses égales par ailleurs, l’augmentation du taux d’activité des séniors implique une augmentation de la quan-tité de travail fourni, ce qui favorise la croissance économique. Évidemment, cela suppose, notamment, que l’offre de travail supplémentaire engendrée rencontre, quantitativement et qualitativement, une demande de travail correspondante.6. Non, l’accélération de la féminisation à partir des années 1970 a favorisé une augmentation du taux d’activité de la population, donc une augmentation de la quantité de travail fourni. Toutefois, cette féminisation ayant tendance à s’achever aujourd’hui, l’augmentation de la quantité de travail fourni dépend de moins en moins de ce facteur.7. Le vieillissement de la population peut provenir soit d’une diminution de la fécondité (vieillissement « par le bas »), soit d’un allongement de l’espérance de vie (vieillissement « par le haut »). Dans les deux cas, l’effet sur la quantité de travail fourni est négatif.8. Effets sur l’évolution de la quantité de travail fourni :Baisse de la fécondité -

Baisse de l’immigration -

Hausse de la durée moyenne de scolarisation -

Recul de l’âge de départ à la retraite +

Réduction de la durée hebdomadaire de travail -

Réduction du nombre de jours fériés +

Hausse de la part des 65 ans et plus dans la population

totale

-

Diminution de la part des femmes inactives +

Ressource numérique Vidéo• Démographie et croissance. Interview de Christian Chavagneux✓ Saisir l’adresse du lien indiqué sur la page pour accéder librement à la vidéo.www.lienmini.fr/magnard-ses-003La démographie, en influençant le « montant du travail », joue un rôle important sur la croissance. L’achèvement de la féminisation de la population active prive aujourd’hui les pays développés d’un des ressorts de leur croissance.

Doc. 3 L’importance de l’investissement et de l’épargne aux premiers stades du décollage9. Les décisions suivantes relèvent-elles d’un investisse-ment ? a : oui (investissement de remplacement) ; b : non (dépense de consommation) ; c : oui (investissement public). 10. Les pays qui connaissent une croissance rapide sont le plus souvent des pays en décollage et/ou en rattrapage. Par conséquent, ils partent d’une situation caractérisée par la relative faiblesse de la quantité de capital (machines, bâti-ments…). Sans nier l’importance des autres facteurs de production, l’investissement apparaît donc essentiel pour permettre cette croissance rapide.11. La phrase soulignée signifie que l’investissement repose sur un arbitrage en faveur d’un niveau de vie futur. En consacrant une partie importante du revenu national à l’épargne, laquelle permet le financement des investisse-ments, le pays sacrifie sa consommation présente au profit de revenus (et de consommation) futurs.12. Le risque associé au recours à l’épargne étrangère pour financer l’investissement tient au fait que la probabilité d’un assèchement brutal des entrées de capitaux étrangers s’avère relativement élevée. Les épisodes de crises dans les pays en développement liés à des problèmes d’endettement externe ont été nombreux, d’abord au début des années 1980 puis dans les années 1990.

Doc. 4 La loi des rendements décroissants13.

Nombre de charrues 1 2 3 4 5

Quantités produites 100 190 250 290 317

Quantités supplémentaires produites

_ + 90 + 60 + 40 + 27

14. Oui. L’accroissement de quantité produite liée à l’utili-sation d’une unité de capital supplémentaire (une charrue en plus) est de plus en plus faible.15. Si l’achat d’une 16e charrue n’augmente pas la quantité produite, l’agriculteur n’investira sans doute pas dans cette charrue supplémentaire. On pourra éventuellement souli-gner que l’on raisonne ici encore toutes choses (coûts de production, prix des biens produits, perspectives de débou-chés…) égales par ailleurs.16. Si, au niveau macroéconomique, l’investissement, donc l’accroissement du stock de capital, engendre une augmen-tation de plus en plus faible de la quantité produite, donc du PIB, alors l’investissement aura tendance à diminuer (il n’est plus rentable) et la croissance économique s’éteindra (marche vers un état stationnaire).

FAIRE LE POINT Le facteur travail et le facteur capital sont deux facteurs de production. L’augmentation de la quantité de travail disponible ainsi que l’accumulation du capital contribuent à la croissance économique, laquelle est susceptible de se heurter à la décroissance des rendements de facteur de production.

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CHAPITRE 1 • QUELLES SONT LES SOURCES DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ? 11

B. Gains de productivité et croissance p. 28-29

Doc. 1 Le rôle des facteurs de production et du progrès technique dans la croissance1. Les trois sources (directes) de la croissance sont : la crois-sance de la quantité de facteur travail ainsi que celle de la quantité du facteur capital et la croissance de la productivité des facteurs de production (c’est-à-dire l’amélioration de l’efficacité de ces facteurs).2. Le résidu se calcule en soustrayant au taux de croissance économique sur une certaine période la contribution des facteurs de production à cette croissance (c’est-à-dire la contribution de la hausse des quantités de facteurs travail et capital). Il représente la part de la croissance économique expliquée par la croissance de la productivité globale des facteurs.3. La variation de la PGF représente la part de la crois-sance qui est expliquée par l’amélioration de l’efficacité des facteurs de production. Dans la mesure où cette amélio-ration de l’efficacité des facteurs est assimilée au progrès technique, la variation de la PGF apparaît comme une mesure de celui-ci.

Doc. 2 Une large part de la croissance expliquée par le « résidu » ou le progrès technique4. Le volume du travail explique - 0,1 point de croissance (0,0 – 0,1) et le volume du capital net 1,1 point de crois-sance. Au total, la croissance des quantités de facteurs de production explique donc 1 point de croissance sur 5, soit (seulement) 20 % de la croissance française des Trente Glorieuses.5. L’amélioration de la qualité du travail explique 0,4 point de croissance et le rajeunissement du capital 0,4 point égale-ment. Les autres effets (migrations professionnelles, inten-sité de la demande) expliquent 0,7 point de croissance. Au total, les aspects qualitatifs du travail et du capital et les autres effets expliquent donc 1,5 point de croissance sur 5, soit 30 % de la croissance française des Trente Glorieuses.6. Ici, le résidu est calculé en soustrayant du taux de crois-sance (5 %) la contribution des facteurs de production (aspects quantitatifs et qualitatifs) et des autres effets, ce qui donne 2,5 points de croissance (5 – 1 – 1,5). Ce résidu est donc (très) important puisqu’il représente la moitié de la croissance française entre 1951 et 1969. Il correspond à la partie inexpliquée de la croissance et peut être assimilé à l’effet du progrès technique au sens strict (l’effet du progrès technique au sens large étant mesuré par la croissance de la PGF).7. L’intérêt de l’étude de Carré, Dubois et Malinvaud, et plus généralement des travaux dits de « comptabilité de la croissance », est d’apporter une estimation empirique de différentes sources de la croissance révélées par l’analyse théorique. Dans le cas de la croissance française des Trente Glorieuses, ce qui est principalement mis en évidence c’est le fait qu’une part très importante de la croissance est inex-pliquée, en particulier inexpliquée par l’accroissement des quantités de travail et de capital utilisées ; et, si le résidu est assimilé au progrès technique, alors se pose la question de l’origine de ce progrès technique expliquant la moitié de la croissance.

Doc. 3 La croissance du niveau de vie dépend du progrès technique8. La productivité du travail est la valeur ajoutée par travail-leur soit, au niveau macroéconomique, le PIB (réel) par travailleur. La PGF est la valeur ajoutée rapportée au volume de tous les facteurs de production. La PGF augmente lorsque l’efficacité de l’ensemble des facteurs de production s’amé-liore. La productivité du travail augmente soit du fait de l’augmentation de la PGF, soit du fait de l’augmentation du capital (physique) par travailleur (intensité capitalistique).9. À technologie constante (PGF constante), l’augmenta-tion du capital par tête entraîne un accroissement de la productivité du travail, donc du niveau de vie. Cependant, cet accroissement du niveau de vie devient de plus en plus faible au fur et à mesure de l’accumulation du capital (loi des rendements décroissants). Seule la croissance de la PGF (donc le progrès technique) permet d’augmenter le niveau de vie à long terme. Le point C représente la productivité du travail qui est atteinte avec la technologie de 1937 (c’est-à-dire avec la PGF de 1937) lorsque le capital par travailleur s’élève à un peu plus de 80 000 euros. Le point D représente cette productivité du travail avec le même niveau de capital par travailleur mais avec la technologie de 2007. On voit donc que le progrès technique entre 1937 et 2007 a permis, pour un même capital par travailleur, de doubler (en euros constants) la productivité des travailleurs.

Doc. 4 Les gains de productivité du travail depuis 189110. Périodes de forte hausse de la productivité du travail

États-Unis Japon Zone euro

Entre-deux-guerres (en particulier

dans les années 1930)Années 1950 Années 1950

11. Pour la zone euro et le Japon, la période de forte crois-sance du PIB et du PIB par tête des Trente Glorieuses coïn-cide avec des gains de productivité du travail particulière-ment élevés.12. Non. Certes, les périodes de croissance exceptionnelle de la productivité du travail aux États-Unis dans les années 1930 puis au Japon et en Europe de l’Ouest dans les années 1950 coïncident avec la diffusion des innovations associées à l’utilisation du pétrole et de l’électricité. Cependant, la révolution des TIC (technologies de l’information et de la communication) n’a coïncidé qu’avec une reprise limitée, dans son ampleur et sa durée, des gains de productivité du travail aux États-Unis et, dans le cas du Japon et de la zone euro, s’est accompagnée d’une poursuite de la diminution de la croissance des gains de productivité du travail.13. Face au paradoxe de Solow (1987), plusieurs explications de l’apparente absence d’effets des TIC sur la productivité ont été avancées. Une de ces explications est que les effets des innovations majeures sur la productivité, donc sur la croissance, mettent un temps très long (plusieurs décen-nies) à se produire, ce qui peut s’expliquer par exemple par le fait que ces innovations majeures nécessitent des muta-tions institutionnelles et organisationnelles qui sont néces-sairement lentes. Une autre explication est que les TIC ne sont pas des innovations majeures comparables à celles des révolutions industrielles précédentes et que leurs effets sur la productivité du travail (et la croissance) resteront limités (Gordon, cf. Doc. 3 p. 23).

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12 CHAPITRE 1 • QUELLES SONT LES SOURCES DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ?

FAIRE LE POINT

Croissance démographique Augmentation de la quantité de travail disponible

Progrès technique Hausse de la productivité globale des facteurs de production

Investissement Accumulation du capital Croissance de la production

C. L’origine du progrès technique p. 30-31

Doc. 1 Qu’est-ce que le progrès technique ?1. La recherche fondamentale produit des connaissances. Si elle peut mener à des découvertes et des inventions (nouveau procédé, nouveau produit… totalement inconnus jusqu’alors), la perspective d’applications industrielles et commerciales (innovations) éventuelles ne guide pas la démarche du chercheur. Ainsi, lorsque le physicien et chimiste Faraday mène ses travaux sur l’électromagné-tisme, il n’imagine sans doute pas qu’ils déboucheront sur le moteur électrique. En revanche, les inventions de l’équipe d’Edison qui permettront de mettre au point l’ampoule à filament laissent déjà présager les innovations industrielles et commerciales qui conduiront au dévelop-pement de l’éclairage électrique, telles que celles réalisées par Westinghouse (courant alternatif et infrastructures permettant la distribution de l’électricité aux États-Unis).2. Le succès de l’électricité tient à la succession et à la complémentarité des progrès scientifiques, techniques et commerciaux réalisés grâce à l’inventivité et l’ingéniosité de chercheurs et d’entrepreneurs qui ont permis que se mette en place la séquence : recherche fondamentale – invention – innovations industrielles et commerciales.3. Dans une lettre au Président de la République publiée sur le site du journal Le Monde (03/11/2007) sous le titre « Sans théorie de la relativité, pas de GPS », l’astronome Cédric Foellmi explique que la théorie de relativité, décou-verte grâce aux travaux de recherche fondamentale d’Albert Einstein, est au fondement des innovations industrielles et commerciales qui ont débouché sur la mise au point et la diffusion du GPS.

Doc. 2 Progrès technique exogène ? progrès technique endogène ?4. Un tremblement de terre est un événement exogène : que l’on adopte une démarche empirique ou une démarche théo-rique, l’origine du tremblement de terre n’est pas attribuée à des phénomènes ou des comportements économiques. En revanche, la décision des ménages de consommer ou d’épargner est généralement expliquée par des causes écono-miques : revenu, taux d’intérêt…5. En s’appuyant sur les arguments développés par Solow dans le texte, nous pouvons considérer qu’il y a sans doute une part irréductiblement exogène dans ce progrès tech-nique : la mise au point des éoliennes relève, comme tout progrès technologique, de hasards caractéristiques du fonctionnement de la sphère scientifique et technique.

Néanmoins, l’énergie du vent, exploitée depuis des siècles, connaît ces dernières années des progrès rapides qui s’ex-pliquent en grande partie par les ressources engagées dans la recherche dans ce domaine et par la raréfaction des éner-gies fossiles, raréfaction qui rend de plus en plus rentable la production d’électricité à partir d’éoliennes : en ce sens, l’exploitation de l’énergie du vent résulte d’un progrès technique endogène, c’est-à-dire lié à des phénomènes économiques repérables empiriquement et modélisables théoriquement.6. Le brevet fournit la garantie qu’une invention, lorsqu’elle aboutit à une innovation, amènera des gains financiers à l’inventeur. Ce droit de propriété protège donc d’une certaine manière les capitaux engagés dans la recherche.7. Les arguments avancés par Solow : 1) il existe une part irréductiblement exogène dans le processus de R&D, qui ne relève pas uniquement d’une question d’inputs et d’out-puts ; 2) la logique de la recherche ne se réduit pas à la logique économique, en particulier celle consistant à expliquer les comportements individuels par la maximisation du profit.

Doc. 3 L’entrepreneur au cœur de l’innovation selon Joseph Schumpeter8. 1) Fabrication d’un bien nouveau : la Ford T ; 2) l’intro-duction d’une méthode de production nouvelle : production en série ; 3) l’ouverture d’un débouché nouveau : les sports d’hiver ; 4) la conquête d’une nouvelle source de matières premières : le pétrole ; 5) la réalisation d’une nouvelle orga-nisation : les trusts ou dans le domaine du travail : le travail à la chaîne.9. Non. L’invention ne suffit pas à faire une innovation : c’est la fabrication et la vente de la Ford T qui fait de Ford un innovateur au sens de Schumpeter.10. Le fruit d’un entrepreneur-innovateur doté d’une psychologie et de qualités particulières.

Doc. 4 L’État, incitateur de la recherche privée en France. 11. Une externalité est la conséquence positive ou néga-tive sur le bien-être d’un ou plusieurs agents économiques de l’activité d’un autre agent économique sans que cette conséquence donne lieu à une compensation monétaire. Les activités de recherche sont porteuses d’externalités car elles produisent des connaissances dont une part se diffuse gratuitement.12. De 1975 à 2010, la dépense de R&D en France rapportée au PIB est inférieure à celles des trois autres pays. De plus, alors que l’écart avec les trois pays a eu tendance à se réduire entre 1975 et 1995, cet écart tend à se creuser ensuite alors

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CHAPITRE 1 • QUELLES SONT LES SOURCES DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ? 13

que l’effort de la France stagne et que celui des trois autres pays continue à s’accentuer.13. 1) la présence d’externalités qui conduit à un investisse-ment en R&D sous-optimal ; 2) le problème du financement de la recherche, activité très incertaine et s’inscrivant sur un horizon temporel très long et qui, par conséquent, attire peu d’investisseurs privés en France.14. L’État peut financer directement les activités de recherche lorsqu’elle relève de la sphère publique.

FAIRE LE POINT Le progrès technique peut être issu de l’activité de l’en-trepreneur-innovateur schumpétérien. Les différentes phases de la recherche-développement qui mènent de la recherche fondamentale à l’invention puis à l’innovation nécessitent des financements qui ne peuvent généralement pas tous être mobilisés au sein de l’entreprise. Par ailleurs, les externalités positives générées par l’innovation justifient l’intervention de l’État.

DOSSIER 3. À quelles conditions la croissance peut-elle être auto-entretenue ? p. 32-35

Le programme officiel

On introduira la notion de croissance endogène en montrant que l’accumulation du capital, sous ses différentes formes, participe à l’entretien de la croissance. On mettra l’accent sur le rôle des institutions et des droits de propriété. NOTIONS DE TLE : • croissance endogèneACQUIS DE 1RE : • institutions • droits de propriété • externalités

➜ Mise en œuvre dans le manuel

Après avoir montré le rôle de l’accumulation du capital (physique, humain, technologique et public) dans la crois-sance (A. Accumulation du capital et croissance endo-gène), on s’interroge sur le rôle des institutions et de la confiance dans la croissance (B. Le rôle des institutions dans la croissance).

A. Accumulation du capital et croissance endogène p. 32-33

Doc. 1 Intérêt et limites du modèle de Solow.1. L’intérêt du modèle de Solow est de décrire une croissance économique qui ne peut perdurer lorsqu’elle ne repose que sur la croissance des quantités de facteurs de production. Le progrès technique apparaît alors comme une source essen-tielle de la croissance économique.2. La convergence désigne la tendance des pays à avoir un PIB par tête identique, ce qui suppose que les pays en retard rattrapent les pays avancés donc que les taux de croissance des premiers soient supérieurs aux taux de croissance des seconds.3. Dans le cadre du modèle de Solow, la convergence peut s’expliquer de différentes manières. D’une part, la loi des rendements décroissants fait que le rythme d’accumulation des pays en retard est supérieur à celui des pays avancés. D’autre part, en supposant que le progrès technique a lieu principalement dans les pays avancés, la diffusion de ce progrès technique aux pays en retard contribue à la conver-gence. Cette convergence a lieu dans certains cas et jusqu’à un certain point (rattrapage des pays européens au cours de Trente Glorieuses) mais elle ne s’observe pas de manière universelle car elle nécessite que des conditions soient réunies (institutions favorables à la croissance notamment).4. La principale critique réside dans l’absence d’explication de l’origine du progrès technique.

Doc. 2 Les théories de la croissance endogène : la croissance auto-entretenue5. Un progrès technique exogène ne permet pas une crois-sance auto-entretenue car la croissance ne peut perdurer sans que se poursuive un progrès technique dont l’origine est étrangère aux mécanismes économiques de la croissance.6. Le progrès technique ne « tombe pas du ciel », c’est-à-dire qu’il n’est pas exogène, parce qu’il nécessite la mobilisation de ressources, donc une croissance économique.7. La concurrence est susceptible d’anéantir les profits tirés de l’innovation.8. Pour les théoriciens de la croissance endogène, l’État doit favoriser la rentabilité des activités au cœur de la crois-sance, activités qui relèvent le plus souvent de défaillances du marché.

Doc. 3 Les quatre sources de la croissance9. L’accumulation de capital humain a des effets directs sur la croissance économique via les gains de productivité qu’elle permet : les connaissances acquises améliorent l’efficacité du facteur travail. L’accumulation du capital humain a égale-ment des effets positifs sur le progrès technique : la recherche à l’origine du progrès technique mobilise principalement du travail hautement qualifié.10. L’accumulation du capital technologique crée des exter-nalités positives car les connaissances produites engendrent de nouvelles connaissances et que les connaissances se diffusent gratuitement dans les limites fixées par la régle-mentation sur les brevets.11. Le rôle de la puissance publique est déterminant dans la croissance car ses activités, sources de la croissance, génèrent des externalités positives. Si ces activités étaient laissées uniquement à l’initiative privée, elles seraient moins déve-loppées et la croissance économique serait par conséquent plus faible.

Doc. 4 Croissance endogène : pluralité de capitaux et accumulation auto-entretenue12. Le schéma décrit une croissance auto-entretenue car la croissance économique permet de financer, grâce à l’épargne, l’investissement, sous ces différentes formes, qui génère la croissance.13. L’accumulation de capital technologique est ici endo-gène car elle s’explique par l’investissement (en R&D) réalisé par les agents économiques et financé par l’épargne.14. Dans l’industrie automobile, la mise au point de nouveaux modèles ou de nouveaux équipements sur les véhicules nécessite du capital humain mais aussi des investissements en capital physique. Ces investissements

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14 CHAPITRE 1 • QUELLES SONT LES SOURCES DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ?

en capital physique nécessitent eux-mêmes davantage de capital humain au fur et à mesure qu’ils incorporent du progrès technique. Par ailleurs, le rendement de ces inves-tissements, sous toutes leurs formes, dépend de la présence d’infrastructures donc du capital public.15. Le schéma entre en contradiction avec le modèle de Solow dans lequel le progrès technique est exogène et le rendement du capital est décroissant.

FAIRE LE POINT Dans les théories de la croissance endogène, la croissance s’explique par l’accumulation de capitaux et les externa-lités qui en découlent. Elle est auto-entretenue et le progrès technique est endogène. Ces théories réhabilitent le rôle de l’État dans la croissance. Celui-ci doit inciter les entreprises à innover et à engager des dépenses en recherche, notam-ment par des incitations fiscales. Il doit aussi financer le capital humain et le capital public.

B. Le rôle des institutions dans la croissance p. 34-35

Doc. 1 Des institutions efficaces indispensables à la croissance1. Selon North, les institutions sont un ensemble de règles formelles et informelles et de moyens pour faire respecter ces règles. Ces règles encadrent les interactions humaines et les transactions.2. Les situations décrites caractérisent un cadre insti-tutionnel peu propice à l’innovation : le financement de l’innovation risque d’être difficile, les gains issus de l’inno-vation ont de fortes chances d’échapper à l’innovateur…3. Les (bonnes) institutions sont nécessaires à l’innovation et à la croissance parce qu’elles créent un cadre incitant à l’initiative individuelle et à l’investissement sous toutes ses formes.

Doc. 2 Les « bonnes » institutions ne se réduisent pas à la protection des droits de propriété4.

Institutions créatrices de marchés

Institutions de réglementation des marchés

Les tribunaux L’ARCEP

Institutions de stabilisation des marchés

Institutions de légitimation des marchés

La Banque centrale européenne La Sécurité sociale en France

5. En l’absence d’institutions de stabilisation des marchés, la forte incertitude qui caractérise l’environnement macroé-conomique risque de dissuader l’investissement sous toutes ses formes : l’hyperinflation au Zimbabwe dans les années 2000 ou la crise financière asiatique de 1997 ont anéanti ce qu’avaient construit de nombreux entrepreneurs-inno-vateurs. En l’absence d’institutions de légitimation des marchés, la confiance et l’adhésion de la population font défaut ; au contraire, les conditions dans lesquelles l’indé-pendance s’est réalisée au Botswana en 1966 ont contribué à bâtir une société garantissant l’égalité des chances, support d’un « miracle » économique.

Doc. 3 Institutions et développement6. Le recours au logarithme du PIB par habitant s’explique par les écarts de PIB par tête très importants entre les pays développés et les pays en développement.7. Si l’on considère que l’indicateur de l’état de droit situé en abscisses est une mesure pertinente de la qualité de la régle-mentation, la réponse est oui. Il y a donc une corrélation posi-tive entre qualité de la réglementation et PIB par habitant.8. La qualité de la réglementation favorise les échanges parce qu’elle garantit la bonne exécution des contrats et limite les rentes ou les activités extra-légales d’appropriation.

9. Le niveau du PIB a toutes les chances d’avoir une influence sur la qualité de la réglementation dans la mesure où cette dernière dépend d’investissements publics et de dépenses de fonctionnement permettant d’ériger et de faire fonctionner des tribunaux, des organes de surveillance et de contrôle… La corrélation entre qualité de la réglementation et niveau de PIB n’implique donc pas un sens de causa-lité déterminé. Dans le cas du graphique, il faut toutefois souligner que la corrélation observée concerne la qualité de la réglementation en 1996 et le niveau de PIB par tête en 2013 et que, par conséquent, la qualité de la réglementation semble “prédire” le niveau de PIB par tête ultérieur.10. Les pays pauvres doivent consacrer une part importante de leur PIB à des investissements publics garantissant la mise en place de bonnes institutions.

Doc. 4 Confiance et croissanceLa question 14 porte sur la vidéo.11. Le corrompu est l’examinateur ; le corrupteur est l’étudiant.12. Plusieurs explications peuvent être suggérées. L’une réside dans l’asymétrie entre les revenus des élus et les moyens financiers des quelques entreprises répondant aux appels d’offre.13. D’une part, la corruption conduit à favoriser des entre-prises qui ne sont pas nécessairement les plus efficaces. D’autre part, la corruption sape la confiance d’une majorité de la population et va à l’encontre du développement de bonnes institutions, favorables à la croissance (institutions de légitimation des marchés au sens de Rodrik).14. La confiance est indispensable aux échanges parce que les offreurs et les demandeurs sur les différents marchés ne peuvent généralement parvenir à des transactions sans cette confiance qui garantit la qualité des contrats qui sous-tendent les échanges. Les asymétries d’information ou l’incomplétude des contrats constituent la principale raison du caractère indispensable de cette confiance, donc des institutions qui l’étayent.

Ressource numérique Vidéo• Pas d’économie sans confiance✓ Saisir l’adresse du lien indiqué sur la page pour accéder librement à la vidéo.www.lienmini.fr/magnard-ses-032La vidéo explique pourquoi la confiance est nécessaire au bon déroulement de l’économie.

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CHAPITRE 1 • QUELLES SONT LES SOURCES DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ? 15

FAIRE LE POINT • Le respect des droits de propriété : oui • Un niveau élevé de dépenses de R&D : non (favorise la croissance mais ne relève pas des institutions) • L’existence d’un système efficace de brevets : oui • Un système juridique et politique limitant la

corruption : oui • Un taux d’intérêt faible : non • Un système politique et social garantissant une égalité des chances et un partage équitable des richesses : oui ; • Un réseau développé d’infrastructures routières : non (source de croissance ne relevant pas des institutions).

Exercice p. 39-40

1. Vrai ou faux ?1. Vrai ; 2. Faux ; 3. Faux ; 4. Faux ; 5. Vrai ; 6. Faux ; 7. Faux ; 8. Vrai ; 9. Faux ; 10. Vrai

2. Faire un schéma

Respect des droits de propriété

Investissements élevés

Incitation au commerce

Incitation à l’innovation

Garantie de l’exécution des contrats

Gains de productivité

Incitation à l’investissementCroissance

forte et durable

3. Utiliser le terme exact dans une copie de Bac1. Le PIB qui est la somme de toutes les valeurs ajoutées créées par les agents économiques permet de mesurer la croissance économique2. Les deux facteurs de production sont le travail et le capital3. La croissance de la productivité du travail est égale à celle du rapport entre la production et le nombre de travailleurs ou le nombre d’heures travaillées.4. Le niveau de vie d’un pays augmente quand le PIB progresse plus vite que la population.

5. Dans le modèle de Solow, le « résidu » est égal à la croissance de la productivité globale des facteurs de production.6. L’IDH tient compte du revenu réel par habitant, de l’édu-cation et de la santé.7. Pour accumuler du capital, il faut investir.8. Pour améliorer le capital humain, il faut que l’État finance des infrastructures dans l’éducation et la santé.9. Le niveau de vie de la Chine est aujourd’hui inférieur à celui des États-Unis.10. Il existe une corrélation positive entre la qualité des institutions et le niveau du revenu réel par habitant.

4. Représenter un tableau statistique par un graphique

Taux de croissance du PIB par heuretravaillée (moyenne annuelle en %)

10

8

6

4

2

01870-1913 1913-1950 1950-1973 1973-1998 1998-2009 2010-2013

France Allemagne Royaume-Uni Japon États-Unis

5. Corrélation et causalité1. Causalité : le crédit apparaît chez Schumpeter comme une cause des investissements liés aux innovations de l’entrepreneur2. Corrélation.3. Causalité : le développement financier précède empiri-quement la croissance économique.4. Causalité : c’est le développement de l’industrie (donc la croissance économique) qui amène le développement du secteur financier.

6. Interpréter un taux de croissance annuel moyen1. L’IDH est un indice de développement humain compris entre 0 et 1.2. a. Faux : il a augmenté de 0,59 % par an.b. Faux mais les données du tableau ne permettent pas de répondre à cette question.c. Oui.d. Faux : il s’agit d’une croissance moyenne.e. Faux.3. Pourriez-vous écrire les phrases suivantes.a. Non, ce n’est pas systématique. b. Oui c. Oui

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16 CHAPITRE 1 • QUELLES SONT LES SOURCES DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ?

Méthode  p. 41

• Repérez la ou les notions du programme dans chaque question et déterminez le type de question posée en recopiant et en complétant le tableau ci-dessous.

QuestionsNotions

du programmeDéfinitions

Type de question : définition, analyse mécanismes, conséquences, causes

1

Productivité

globale des

facteurs de

production (PGF),

progrès technique

La PGF est le rapport entre la quantité produite et le

volume des facteurs de production utilisés. La croissance

de la productivité globale des facteurs est alors la part de la

croissance économique qui n’est expliquée ni par la croissance

de la quantité de travail disponible ni par celle de la quantité de

capital.

Analyse : il s’agit de montrer les

relations entre la productivité globale

des facteurs de production et le

progrès technique.

2 IDH, PIB

L’IDH est la mesure du développement élaborée chaque

année depuis 1990 par le PNUD. Compris entre 0 et 1, c’est

la moyenne géométrique de trois indices évaluant la santé

(par l’espérance de vie), l’éducation (par les durées moyenne

et attendue de scolarisation) et le niveau de vie (par le revenu

national par habitant). Le PIB est la valeur des biens et services

produits, sur une période donnée, par les agents résidents sur

le territoire national (intérieur), avant prise en compte de la

dépréciation du capital (brut). Il peut se calculer en faisant la

somme des valeurs ajoutées des agents résidents.

Analyse : il s’agit de déterminer les

apports de l’IDH comparativement

au PIB.

3Productivité

globale des

facteurs

cf. question 1

Mécanismes : il s’agit de montrer

comment la croissance de la PGF

entraîne la croissance économique.

4 PIB cf. question 2

Analyse : il s’agit discuter de la

pertinence du PIB dans la mesure

de l’accroissement des quantités de

biens et services produits.

5 PIB cf. question 2

Analyse : il s’agit de discuter de

l’intérêt et des limites du PIB dans la

mesure du bien-être.

6 IDH cf. question 2

Analyse : il s’agit de déterminer

les apports de cet indice de

développement humain.

7 Facteur travail

Facteur de production fourni par les travailleurs. L’aspect

quantitatif est mesuré par le volume de travail disponible dans

l’économie. L’aspect qualitatif renvoie aux caractéristiques

individuelles (qualifications, connaissances…) qui influencent

l’efficacité du travail (on parle alors de capital humain).

Cause, mécanismes : il s’agit

d’expliquer la causalité allant de

l’accroissement de la quantité

de travail fourni à la croissance

économique.

8 Progrès techniqueLe progrès technique est l’accroissement de la connaissance que

les hommes ont des lois de la nature appliquées à la production.

Définition : il s’agit de définir cette

notion difficile à cerner qu’est le

progrès technique.

9Croissance

endogène

La croissance endogène est la croissance qui trouve ses origines

dans l’activité économique et le comportement des agents.

Mécanismes : il s’agit d’expliquer

comment la croissance

s’auto-entretient.

10 Institutions

Les institutions sont l’ensemble des règles (formelles ou

informelles), contraintes et croyances qui façonnent les

décisions des agents économiques et leurs interactions.

Cause, analyse : il s’agit de montrer

que certaines institutions sont une

source de croissance.

• Pour les commentaires 1, 3 et 8, indiquez ce qu’il aurait fallu écrire.1. L’IDH (Indice de Développement Humain) a été construit pour la première fois en 1990 par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) sous l’impulsion d’Amartya Sen

3. L’IDH ne permet pas davantage que le PIB de mesurer le bonheur des individus.8. Il est aussi possible d’observer d’où viennent les écarts de niveau de développement humain entre les pays : de la santé, de l’éducation ou du niveau de vie.

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CHAPITRE 1 • QUELLES SONT LES SOURCES DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ? 17

SUJET BAC. Épreuve composée p. 42-43

Partie 1. Mobilisation des connaissances

1. L’investissement est l’achat d’un bien utilisé de manière durable dans le processus de production. Il augmente donc les capacités de production, ce qui implique qu’il contribue à l’augmentation des quantités produites sur le long terme, c’est-à-dire à la croissance économique. Cependant, le rôle de l’investissement dans la croissance économique n’est pas seulement quantitatif et direct : l’investissement contribue également aux gains de productivité, principale source de la croissance économique, en permettant l’incorporation du progrès technique au processus productif et en générant des externalités lorsqu’il s’agit d’un investissement en capital physique, en capital humain, en capital technologique ou en capital public.2. Les droits de propriété sont les droits détenus par une personne physique ou morale sur un bien. Lorsque le cadre institutionnel d’un pays ne garantit pas le respect des droits de propriété, l’incitation à investir ou à innover est faible car les gains potentiels issus de ces activités risquent d’être capturés par d’autres agents économiques. De même, l’incer-titude entourant les gains de l’échange affaiblit la confiance indispensable à tout échange, ce qui limite le volume des transactions réalisables. Le non-respect des droits de propriété constitue donc un obstacle à la croissance en limitant les activités sources de croissance et la coordination marchande.

Partie 2. Étude d’un document

Le document est un tableau statistique donnant pour plusieurs pays avancés les taux de croissance annuels moyens sur la période 2000-2011 et la contribution des facteurs de production travail et capital (décomposé en capital en TIC et capital hors TIC) et de la productivité globale des facteurs (PFG) à la croissance. Il s’agit donc d’une « comptabilité de la croissance » permettant, par exemple, d’observer que pour un taux de croissance moyen 1,12 % par an en Allemagne, 0,76 point sont dus à la croissance de la productivité globale des facteurs, le reste (environ 0,36 point) étant dû à la crois-sance des facteurs travail et capital.On remarque, sur cette période assez courte, une assez grande diversité selon les pays concernant les contributions relatives des facteurs de production et de la productivité globale des facteurs à la croissance. La croissance de certains pays, comme la Corée du Sud, s’explique principalement (78 %) par la croissance de la PGF. Dans le cas du Japon, la croissance de la PGF est même supérieure à celle du PIB, ce qui signifie que la croissance aurait été négative en l’absence de gains de productivité. En revanche, dans des pays comme l’Espagne, l’Italie ou le Portugal, la croissance de la PFG est négative : la croissance économique n’est positive que du fait de la crois-sance des quantités de facteurs de production. Cette diversité selon les pays se retrouve lorsqu’on observe la contribution du capital en TIC. Là encore, le fait que la période soit courte et qu’elle soit marquée à la fois par la récession du début des années 2000 et par la crise de 2008 limite la portée de l’ana-lyse de la croissance que l’on peut en tirer. Toutefois, dans des économies où la place des TIC devient essentielle, on pouvait s’attendre à ce que la contribution du capital en TIC à la croissance soit forte, ce qui n’est pas systématiquement le cas.

Partie 3. Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire

À l’aide de vos connaissances et du dossier documen-taire, vous montrerez comment l’augmentation du capital humain contribue à la croissance. Invest ir, c’est acheter des biens de production. L’investissement permet donc l’accumulation du capital, un facteur de production essentiel à la croissance. Ses effets sur l’activité économique peuvent être directs en augmen-tant les capacités de production et indirects en permettant la mise en œuvre du progrès technique et en générant des externalités positives.

1. L’investissement contribue de manière directe à la croissance économique en augmentant les capacités de production.• L’investissement (au sens strict) au cœur de l’accumu-lation du capital.– L’investissement augmente la quantité de capital physique disponible. La croissance démographique augmentant la quantité de travail, les capacités de production augmentent donc, sur le long terme, les quantités de biens et services augmentent également (croissance économique).– Le processus d’accumulation du capital physique (privé et public) apparaît au cœur d’une croissance économique qui peut sembler infinie.• Une accumulation du capital qui se heurte à la loi des rendements décroissants.– L’accumulation du capital conduit à un accroissement de plus en plus faible des quantités produites (loi des rende-ments décroissants). L’investissement ne semble donc pas permettre une croissance soutenue et durable.– Les travaux de comptabilité de la croissance initiés par Solow dans le cas des États-Unis (Doc. 1) et poursuivis notamment par Carré, Dubois et Malinvaud dans le cas de la France montrent en effet que la contribution du facteur capital est faible dans les pays avancés. La contribution du facteur capital à la croissance varie cependant selon les périodes et les pays (Doc. 2).• Une conception élargie de l’investissement qui renou-velle son rôle dans la croissance.– L’investissement peut prendre plusieurs formes : investis-sement en capital physique mais aussi en capital humain et en capital technologique (Doc. 1).– Cette conception élargie de l’investissement améliore la compréhension de la contribution de l’investissement à la croissance, sans toutefois suffire à résoudre le problème de la décroissance des rendements.

2. L’investissement contribue aussi de manière indirecte à la croissance économique en favorisant des gains de productivité.• L’investissement permet l’incorporation du progrès technique.– Les gains de productivité permis par le progrès technique nécessitent généralement que des investissements en capital physique (machines…) soient réalisés pour que ce progrès technique soit incorporé au processus de production.

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18 CHAPITRE 1 • QUELLES SONT LES SOURCES DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ?

– Ces investissements sont en particulier cruciaux dans des pays en rattrapage pour qu’ils bénéficient de la diffusion du progrès technique issu des pays avancés.• L’investissement sous ses différentes formes est à l’ori-gine d’externalités positives.– Les investissements en capital physique, en capital humain ou en capital technologique génèrent des externalités posi-tives qui contribuent à la croissance de la productivité globale des facteurs (PGF).– Les gains de PGF, dont la contribution à la croissance est importante (Doc. 2), reposent donc en grande partie sur des investissements.• L’investissement au centre d’une croissance auto-entretenue– L’investissement, sous toutes ses formes, favorise la croissance laquelle permet de dégager des ressources pour financer de nouveaux investissements.

– Les différentes formes d’investissement sont interdépen-dantes : l’investissement en capital technologique favorise la croissance dans la mesure où des investissements en capital physique et en capital humain sont réalisés.L’investissement est un facteur essentiel de la croissance économique car il est nécessaire de procurer aux nouveaux travailleurs des biens de production et de mettre en œuvre le progrès technique, source de gains de productivité. Pas de croissance et pas de croissance durable sans investissement. Une des causes de la faible croissance de l’économie fran-çaise aujourd’hui est justement un effort d’investissement des entreprises trop faible. Il ne faut toutefois pas sous-estimer les autres facteurs de la croissance dont la présence est nécessaire pour inciter les entreprises à investir, notamment des institutions favorables à l’environnement et à la confiance des agents.

SUJET BAC. Dissertation p. 164-165

Dans quelle mesure le progrès technique est-il source de croissance ?

▶ Introduction

Bien que difficile à définir, le progrès technique peut s’appréhender comme l’accroissement de la connaissance que les hommes ont des lois de la nature appliquées à la production. Grâce aux inventions puis aux innovations, le progrès technique se diffuse dans l’économie et permet des gains de productivité. Il est donc à l’origine de la croissance. Toutefois, pour que ce progrès technique émerge, l’existence d’institutions favorables à la confiance est indispensable.

▶ Proposition de plan détaillé

I/ Le progrès technique : un facteur essentiel de la croissanceA. Innovations et productivité globale des facteurs1. Schumpeter place le progrès technique (cinq type d’inno-vations) au cœur de la croissance. Son analyse part de la constatation empirique de la coïncidence entre les innova-tions majeures et le début de phases longues de croissance soutenue depuis le début du xixe siècle.2. La comptabilité de la croissance montre que, dans les pays avancés, les gains de productivité globale des facteurs (PGF) contribuent pour une part importante à la croissance (étude de Carré, Dubois et Malinvaud) (Doc. 1 et Doc. 3). 3. Depuis les travaux de Robert Solow, ces gains de PGF sont souvent considérés comme la conséquence du progrès technique.

B. Un facteur de croissance durable1. Contrairement à l’accumulation de capital physique, le progrès technique ne semble pas soumis à la loi des rende-ments décroissants. Dans le modèle de Solow, le progrès technique génère des gains de productivité qui permettent à l’économie d’échapper à l’état stationnaire.

2. De plus, lorsque le progrès technique est considéré comme endogène, les activités de recherche et développe-ment (Doc. 2) à l’origine de ce progrès technique créent des externalités positives (diffusion de connaissances) et permettent une croissance auto-entretenue (croissance endogène).

C. Des ef fets indirects, via d’autres sources de la croissance1. Les innovations nécessitent généralement des investisse-ments en capital physique. Par exemple, l’introduction du travail à la chaîne dans les usines Ford a impliqué la mise en place de nouveaux équipements. Ce fait, souligné notam-ment par Schumpeter, signifie que le progrès technique suscite, au-delà des gains de productivité, une augmentation des capacités de production donc des quantités de biens et services produits.2. De même, le progrès technique est susceptible de susciter des investissements en capital humain rendus nécessaires pour assimiler ce progrès technique. Les externalités posi-tives générées par ces investissements renforcent la crois-sance économique. Le progrès technique peut même direc-tement améliorer le capital humain lorsqu’il concerne les secteurs de la santé ou de l’éducation.

II/ Des conditions nécessaires et des effets incertainsA. De l’invention à l’innovation et à la croissance : un processus long et incertain1. Comme le souligne Solow, la recherche et développement (R&D) n’est pas qu’une question de combinaison d’inputs qui produiraient mécaniquement un output (la connais-sance) : l’incertitude (radicale) est une caractéristique de l’activité de R&D.2. De même, le passage de l’invention à l’innovation et la diffusion de cette innovation ne sont pas des processus mécaniques. Cela peut à la fois expliquer le paradoxe de Solow (1987), ou « paradoxe des ordinateurs », et conduire à souligner que la croissance ne peut dépendre exclusivement

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CHAPITRE 1 • QUELLES SONT LES SOURCES DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ? 19

du progrès technique (la forte croissance chinoise depuis les années 1990 en est une illustration) (Doc. 1).

B. Un contexte économique qui doit favoriser le progrès technique1. Si le progrès technique peut favoriser l’investissement en capital physique ou en capital humain, il requiert lui-même le plus souvent des investissements en capital physique et en capital humain pour faire émerger ce progrès technique.2. Plus généralement, l’émergence du progrès technique nécessite des ressources, donc une épargne. Cette épargne suppose une croissance préalable : le sens de causalité entre progrès technique et croissance se trouve alors renversé.

C. Un contexte institutionnel favorable à l’innovation1. Le fait que des agents économiques s’engagent dans des activités de R&D suppose l’existence d’un contexte insti-tutionnel garantissant que les gains potentiels issus de ces activités reviennent aux innovateurs. Des institutions garan-tissant les droits de propriété sont ici essentielles (Doc. 4).2. En particulier, un système de brevets et un système finan-cier efficaces sont des conditions du progrès technique. En

amont du progrès technique se trouve donc une source plus profonde de la croissance.

▶ Conclusion

De très nombreuses études empiriques montrent le rôle fondamental du progrès technique mesuré par la croissance de la productivité globale des facteurs dans la croissance économique. Les seules augmentations des facteurs de production, le travail et le capital, sont insuffisantes pour permettre une croissance pérenne en raison de la loi des rendements décroissants. Néanmoins, pour que ce progrès technique émerge et produise ses effets, des investissements en capital physique, humain et public sont nécessaires. Il faut aussi disposer d’institutions efficaces garantissant les droits de propriété, la mise en place d’un système de protection des innova-tions sous la forme notamment de brevets et une épargne finançant les investissements. La croissance ne peut donc s’expliquer que par un ensemble de facteurs interagissant favorablement entre eux.

• P. Aghion et P. Howitt, L’Économie de la croissance, CorpusEconomie, Economica, 2010.• D. Guellec et P. Ralle, Les Nouvelles théories de la croissance, La Découverte, coll. « Repères », 3e éd., 2003.• M. Spencer et R. Solow (dir.), Rapport de la Commission sur la Croissance et le développement, Banque Mondiale, 2008

Bibliographie

• Le Maddison project (http ://www.ggdc.net/maddison/maddison-project/home.htm). Le site permet d’accéder aux données sur le PIB par habitant dans les différents pays et zones du monde depuis 1820 (fichier Excel).• Le site de la Commission sur la Croissance et le Développement (Banque mondiale, 2008) : h t t p : / / w e b .w o r l d b ank .o rg / W BS I T E / E X T ER N A L / E X TA B O U T US / O RG A N I Z AT I O N /EXTPREMNET/0,,contentMDK :23225680~pagePK :64159605~piPK :64157667~theSitePK :489961,00.html. Le rapport est téléchargeable en français.• École d’Economie de Paris : http ://www.parisschoolofeconomics.eu/fr/economie-pour-tous/articles-et-interviews/ . Cette page recense les interventions des chercheurs de PSE dans les médias.

Sitographie