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CHAPITRE 1. L’ ÉCONOMIE ET L’ÉCONOMISTE 1.1 Qu’est-ce que l’économie Une économie peut se définir comme un groupe d’individus en relation les uns avec les autres dans leur vie courante de production, de consommation et d’échange. L’économie ainsi définie en tant que système met à la disposition des individus, des entreprises et des gouvernements les biens et les services qu’ils désirent et qu’ils achètent à l’aide de leurs dotations en facteurs : travail, capital, et autres ressources. Ces biens et services sont en partie destinés à la production ultérieure d’autres biens et services. Ceci peut se concevoir à différents niveaux : on peut ainsi parler de l’économie de la province du Kadiogo, de l’économie du Burkina, de l’économie de l’Afrique ou du monde dans son ensemble. L’économie en tant que discipline étudie la manière dont les choix sont effectués par les individus dans une entité sociale. En particulier, elle s’intéresse à la gestion des ressources rares. Par exemple l’économie en tant que discipline s’intéresse : au comportement des individus et des unités de production. Des exemples comprennent le temps consacré par les individus au travail; la répartition des revenus obtenus entre différents postes (consommation, épargne et investissement) ; la décision d’investissement des entreprises ; le coix effectué par une entreprise entre plusieurs projets alternatifs. aux échanges que les individus entretiennent entre eux. Ce sont les interactions entre les vendeurs et les acheteurs qui déterminent la quantité d’un bien vendu et acheté ainsi que le prix de vente; aux forces globales qui font évoluer l’économie dans son ensemble. Des exemples comprennent la croissance du revenu par tête ; le mouvement général des prix ; le taux de change (c’est-à-dire la quantité de francs CFA qu’il faut céder pour obtenir un dollar US) et son évolution dans le temps ; le taux de chômage, c’est-à-dire la proportion de personnes dans la population active à la recherche d’emploi et qui n’en trouve pas. PRINCIPES DE L’ECONOMIE On peut mieux comprendre l’économie discipline en passant en revue un certain nombre de principes qui la caractérisent. Ces principes permettent de distinguer l’économie des autres sciences sociales (sociologie, anthropologie, psychologie) qui étudient aussi les interactions entre les individus. Ces principes peuvent s’organiser autour de trois éléments : la prise de décision individuelle, les interactions entre les individus et le fonctionnement de l’économie globale. 1. La prise de décision au niveau individuel Que ce soit dans une économie locale (d’une ville), nationale ou mondiale, les individus impliqués font face à des décisions. Quatre principes gouvernent la prise de décision. Principe 1 : Les individus doivent faire des choix : le principe de rareté Un adage courant dit qu’il n’y a pas de repas gratuit. Ceci est utilisé pour simplement dire qu’on ne peut pas obtenir une chose sans renoncer à autre chose. Autrement dit, on doit toujours choisir. Le choix suppose la rareté. La rareté elle-même provient du fait que les besoins des individus (ou des sociétés) excèdent les ressources disponibles. La rareté est omniprésente. Par exemple, nous voulons tous une vie confortable, nous voulons tous une P50 ou une voiture, nous voulons tous une bonne santé et une longue vie. Aucun de ces besoins n’est entièrement satisfait. Par exemple, beaucoup de burkinabè aimeraient avoir plus d’argent qu’ils n’en ont. Peu de gens sont satisfaits de leur état de santé. Tout le monde, riche ou pauvre, fait face à la rareté. Devant la rareté, il faut prendre une décision. Une prise de décision revient à comparer deux alternatives. Illustrons par des exemples. Un étudiant dispose de 40 heures dans la semaine, à répartir entre les matières économiques et les mathématiques. Si l’étudiant consacre totalement ses heures à l’économie, il ne comprendra pas les maths, et vice versa. Toute heure qu’il consacre à un des groupes n’est plus disponible pour l’autre. En plus, toute heure consacrée aux études n’est plus disponible pour faire du sport ou aller rendre visite aux parents ou amis. Le choix implique de renoncer à une alternative. Considérer la décision de production d’un agriculteur. Dès que la saison démarre, l’agriculteur dispose de 5 hectares sur lesquels il peut cultiver des céréales (maïs, ou sorgho) ou du coton. Il peut utiliser toute la superficie pour le coton et dans ce cas il devra acquérir ses besoins de céréales sur le marché. Tout hectare utilisé pour la culture de coton n’est plus utilisable, la même année pour la culture de céréales. L’utilisation d’un hectare pour une des deux cultures implique que l’agriculteur doit renoncer à l’autre culture. 1

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CHAPITRE 1. L’ ÉCONOMIE ET L’ÉCONOMISTE

1.1 Qu’est-ce que l’économie

Une économie peut se définir comme un groupe d’individus en relation les uns avec les autres dans leur vie courante de production,de consommation et d’échange. L’économie ainsi définie en tant que système met à la disposition des individus, des entreprises et desgouvernements les biens et les services qu’ils désirent et qu’ils achètent à l’aide de leurs dotations en facteurs : travail, capital, etautres ressources. Ces biens et services sont en partie destinés à la production ultérieure d’autres biens et services. Ceci peut seconcevoir à différents niveaux : on peut ainsi parler de l’économie de la province du Kadiogo, de l’économie du Burkina, del’économie de l’Afrique ou du monde dans son ensemble.

L’économie en tant que discipline étudie la manière dont les choix sont effectués par les individus dans une entité sociale. Enparticulier, elle s’intéresse à la gestion des ressources rares. Par exemple l’économie en tant que discipline s’intéresse :

au comportement des individus et des unités de production. Des exemples comprennent le temps consacré par lesindividus au travail; la répartition des revenus obtenus entre différents postes (consommation, épargne et investissement) ; ladécision d’investissement des entreprises ; le coix effectué par une entreprise entre plusieurs projets alternatifs. aux échanges que les individus entretiennent entre eux. Ce sont les interactions entre les vendeurs et les acheteurs quidéterminent la quantité d’un bien vendu et acheté ainsi que le prix de vente; aux forces globales qui font évoluer l’économie dans son ensemble. Des exemples comprennent la croissance du revenu partête ; le mouvement général des prix ; le taux de change (c’est-à-dire la quantité de francs CFA qu’il faut céder pour obtenir undollar US) et son évolution dans le temps ; le taux de chômage, c’est-à-dire la proportion de personnes dans la population active àla recherche d’emploi et qui n’en trouve pas.

PRINCIPES DE L’ECONOMIE

On peut mieux comprendre l’économie discipline en passant en revue un certain nombre de principes qui la caractérisent. Cesprincipes permettent de distinguer l’économie des autres sciences sociales (sociologie, anthropologie, psychologie) qui étudient aussiles interactions entre les individus. Ces principes peuvent s’organiser autour de trois éléments : la prise de décision individuelle, lesinteractions entre les individus et le fonctionnement de l’économie globale.

1. La prise de décision au niveau individuel

Que ce soit dans une économie locale (d’une ville), nationale ou mondiale, les individus impliqués font face à des décisions. Quatreprincipes gouvernent la prise de décision.

Principe 1 : Les individus doivent faire des choix : le principe de rareté

Un adage courant dit qu’il n’y a pas de repas gratuit. Ceci est utilisé pour simplement dire qu’on ne peut pas obtenir une chose sansrenoncer à autre chose. Autrement dit, on doit toujours choisir.

Le choix suppose la rareté. La rareté elle-même provient du fait que les besoins des individus (ou des sociétés) excèdent les ressourcesdisponibles. La rareté est omniprésente. Par exemple, nous voulons tous une vie confortable, nous voulons tous une P50 ou unevoiture, nous voulons tous une bonne santé et une longue vie. Aucun de ces besoins n’est entièrement satisfait. Par exemple, beaucoupde burkinabè aimeraient avoir plus d’argent qu’ils n’en ont. Peu de gens sont satisfaits de leur état de santé. Tout le monde, riche oupauvre, fait face à la rareté.

Devant la rareté, il faut prendre une décision. Une prise de décision revient à comparer deux alternatives. Illustrons par des exemples.

Un étudiant dispose de 40 heures dans la semaine, à répartir entre les matières économiques et les mathématiques. Sil’étudiant consacre totalement ses heures à l’économie, il ne comprendra pas les maths, et vice versa. Toute heure qu’il consacre àun des groupes n’est plus disponible pour l’autre. En plus, toute heure consacrée aux études n’est plus disponible pour faire dusport ou aller rendre visite aux parents ou amis. Le choix implique de renoncer à une alternative. Considérer la décision de production d’un agriculteur. Dès que la saison démarre, l’agriculteur dispose de 5 hectares surlesquels il peut cultiver des céréales (maïs, ou sorgho) ou du coton. Il peut utiliser toute la superficie pour le coton et dans ce casil devra acquérir ses besoins de céréales sur le marché. Tout hectare utilisé pour la culture de coton n’est plus utilisable, la mêmeannée pour la culture de céréales. L’utilisation d’un hectare pour une des deux cultures implique que l’agriculteur doit renoncer àl’autre culture.

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Considérer les choix au niveau d’un village (une société). Quand un projet de développement veut intervenir dans un villagepar exemple, il y a un problème de choix, avant que le projet ne soit définitif. On doit choisir par exemple entre l’efficacité etl’équité entraînée par des projets différents. L’efficacité consiste à obtenir le plus possible avec des ressources données; l’équitéconcerne le partage. Par exemple, le projet doit-il démarrer une activité de cultures maraîchères dans laquelle interviendront lesbras valides du village (augmentation de la production) ou doit-il se contenter de distribuer 1000 F à chaque habitant du village(égalité mais aucune production supplémentaire). Quand on considère les choix au niveau d’un Etat, le choix oppose par exemplele ‘beurre’ aux ‘canons’, autrement les dépenses d’amélioration du niveau de vie à celles pour la défense nationale. Faut-il s’armer, ou faut-il investir dans des écoles, centres de santé, routes ? Un choix oppose aussi la protection des ressources naturelles(environnement) à la production ou à la consommation. Par exemple, la protection des forêts limite l’expansion des surfacesagricoles. Et l’expansion des surfaces cultivées détruit les forêts. La société doit faire un choix entre préserver l’environnement etaccroître les surfaces cultivées. Cent hectares mis en cultures impliquent 100 hectares de moins en forêts.

NB : Le fait de reconnaître que des choix doivent être faits n’indique en rien le choix qui sera effectivement fait. Par exemple,l’étudiant dans l’exemple ne va pas entièrement se consacrer à l’économie au détriment des maths. L’agriculteur ne choisira pasuniquement le coton au détriment des céréales. La prise de décision, étant donné les alternatives, implique la comparaison des coûts etdes avantages liés aux différents choix faits.

Principe 2 : Renoncer à une alternative comporte un coût : Le coût de l’alternative choisie est ce à quoi on renonce pourl’obtenir.

Comme vu plus haut, tout choix implique de renoncer à autre chose. Supposer qu’on veuille évaluer le coût de l’action choisie. Enéconomie, ce coût ne se limite pas au coût d’acquisition.

Exemple : Considérer la décision d’un élève de poursuivre des études universitaires après le bac. Le bénéfice attendu est l’obtentiond’un diplôme universitaire, comme la maîtrise et par suite l’obtention d’un emploi très rémunérateur. Mais quel est le coût associé à ladécision ? Supposer qu’on additionne les frais universitaires, les coûts des livres, les coûts liés au logement et à l’alimentation aucours d’une année. Obtient-on le coût lié à une année d’université ? La réponse est non.

- La réponse contient des éléments qui ne sont pas strictement liés à l’université. Par exemple, même si on ne va pas àl’université, il faudra bien se loger et se nourrir. De même il faut se vêtir. La partie de ces coûts due à l’université serait ce quiest au-dessus du coût normal d’un individu qui n’irait pas à l’université. Si aller à l’université permet par exemple l’accès àune chambre moins coûteuse que rester en dehors, l’économie réalisée représente un bénéfice lié à l’université. Les élémentsde coût doivent donc représenter des coûts nets liés au choix d’aller à l’université.- Ensuite, la réponse donnée ignore le coût lié au temps de l’élève. Supposer par exemple qu’au lieu d’aller à l’université,l’élève aurait pu s’engager dans une activité lui rapportant une somme X Fcfa par an. Aller à l’université dans ce cas luisupprimerait une source de revenu. En réalité, ce coût lié aux activités alternatives peut, dans certains cas, constituer le coûtprincipal lié aux études universitaires.

Le concept de coût d’opportunité : Ce qui précède permet d’introduire une notion essentielle en économie, celle de coût d’opportunitéou encore coût lié à la renonciation. Le coût d’opportunité d’un bien (d’une action), c’est ce à quoi on renonce pour obtenir ce bien(mener cette action). Avant de décider d’aller à l’université, il faut évaluer la valeur de ce à quoi on renonce. Dans le cas de nombreuxpays africains où les alternatives rémunératrices pour des élèves du secondaires sont très peu nombreuses, le coût d’opportunité auratendance à être faible.

Principe 3. Les gens rationnels prennent leurs décisions en comparant les effets des actions à la marge.

On appelle changement marginal tout changement par rapport à une situation déjà existante. Par exemple, si une entreprise emploie100 personnes, la décision d’embaucher une personne supplémentaire doit se référer à ce que cette personne coûte et ce qu’ellerapportera à l’entreprise. Le coût additionnel occasionné par l’embauche est appelé coût marginal. Le bénéfice additionnel lié àl’embauche est appelé bénéfice marginal. L’entreprise comparera le coût marginal au bénéfice marginal et n’embauchera la personnesupplémentaire que si le bénéfice marginal excède le coût marginal.

Noter qu’on n’a pas besoin de comparer le coût total lié à l’emploi de la personne additionnelle au bénéfice total. On suppose que toutce qui précède le nouvel emploi s’était déjà ajusté par des comparaisons adéquates.

Principe 4. Les agents réagissent aux incitations

Une incitation est une action prise en vue de provoquer des effets favorables. L’incitation atteint son but en modifiant le coûtd’opportunité d’une activité (en l’augmentant ou en le diminuant). L’incitation agit en permettant à des biens ou actions de se

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substituer à d’autres biens ou actions. En effet, comme les agents prennent leurs décisions en comparant les coûts aux bénéfices, leurschoix changent quand ces éléments changent.

Par exemple, si le coût de photocopie dans un kiosque au sein de l’université diminue sensiblement, de nombreux utilisateurs sedirigeront vers ce kiosque, et les autres kiosques auront moins de clients. La décision de baisser le prix est une incitation.

Un autre exemple : Si vous voulez emprunter de l’argent à la banque et que le taux d’intérêt augmente, vous aurez tendance àrechercher d’autres sources. Par exemple, si votre ami peut vous prêter la somme voulue (sans intérêt), vous vous rabattrez sur lui.

Le rôle des incitations est capital dans la conduite de la politique économique. Par exemple, si un prix planché (minimum en dessousduquel on ne peut descendre) était imposé aux acheteurs de maïs, les producteurs de maïs en bénéficieraient et auraient intérêt àproduire beaucoup. Malheureusement, un tel prix n’existe pas et une bonne année de production est accompagnée de prixexcessivement bas, notamment au moment des récoltes. Ces prix bas se traduisent par une baisse des revenus des producteurs etconstituent une incitation négative dans les décisions de production la saison suivante.

Considérer une autre incitation correspondant à l’installation de moulins et de forages avec pompe solaire à la portée des concessionsdans un village donné. Ces actions conduiront à alléger les travaux domestiques des femmes.

Comment cette action affecte-t-elle une situation comme la scolarisation des jeunes filles rurales ? En milieu rural, la petite fille estsouvent utilisée par sa mère pour l’accompagner dans les travaux domestiques. Lorsque l’eau et le bois sont à des distances éloignéeset que le moulin est inexistant, le temps mis pour ces travaux est tellement important qu’il n’y a plus de temps disponible à la petitefille pour l’école. Avec l’installation des pompes d’eau solaires et des moulins, le temps disponible augmente et la probabilité deretenir les filles à la maison à cause des travaux domestiques diminue. Cela leur donne plus de chance d’aller à l’école.

Les incitations peuvent aussi concerner l’environnement au sein duquel les acteurs économiques opèrent. Par exemple, soit une loipermettant le règlement des litiges commerciaux par arbitrage. Cela permet d’éviter les délais liés aux procédures judiciairesordinaires. Si cette loi est appliquée, le milieu des affaires rencontrera moins de problèmes dans le règlement des contentieux. Lescontrats pourront se conclure avec une certaine confiance de rentrer dans ses droits en cas de non exécution. Une telle loi peut doncconduire à augmenter le volume des affaires.

2. Les interactions entre les individus

Au-delà des décisions au niveau individuel, l’économie concerne aussi les interactions entre individus. Les interactions concernent leséchanges et les institutions gouvernant ces échanges (marchés, Etat).

Principe 5. L’échange constitue un avantage pour tous les participants

Imaginer un monde sans échange. Dans un tel univers, chaque individu devrait produire tout ce qu’il désire consommer : nourriture,vêtements, logement, distraction. Il est facile d’imaginer que chaque individu, vivant en parfaite autarcie, finirait par devenirschizophrénique.

L’échange permet d’éviter ce risque. Chacun produit ce qu’il (ce qu’elle) sait faire le mieux et l’échange contre ce que les autressavent faire de mieux. Par exemple, le travailleur vend sa force de travail (en creusant des trous, en écrivant des romans) contre desbiens (niébé vendu au bord de la route, café dans une pâtisserie).

La concurrence qui s’instaure entre les agents à travers l’échange permet d’améliorer le bien-être. Les cybercafés devenus trèsnombreux à Ouagadougou sont en concurrence les uns par rapport aux autres pour attirer les clients. Il en résulte des promotions ouune baisse des prix dont les ultimes bénéficiaires sont les consommateurs.

C’est la concurrence qui introduit un élément dynamique dans les interactions entre les individus. Considérer par exemple l’effet d’unepolitique incitative augmentant le prix du maïs au producteur. Dans ce cas, la demande de maïs baisse, la demande d’un produitcomme le mil augmente, ce qui entraîne l’augmentation du prix du mil. Les galettes sont produites à partir de la farine de mil. Le prixdes galettes augmente et les consommateurs se mettent à consommer plus de pain de blé. Mais les effets ne s’arrêtent pas là. Lesproducteurs de maïs et de mil voient leur production devenue plus rentable, ils vont produire plus la saison suivante, les prix vontbaisser et une autre série d’enchaînements se produisent. La concurrence à laquelle se livrent les gens pour vendre ou acheter estresponsable de ces évolutions économiques.

Ce qui est vrai entre individus est aussi vrai entre nations. Par exemple, plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest produisent et exportent lecoton (Mali, Burkina, Bénin, Côte d’Ivoire). Ces pays sont en concurrence sur le marché mondial de coton. Chacun fait des effortspour produire du coton de bonne qualité (le coton est classé en grade 1 ou 2 à l’exportation). Ces pays qui produisent du coton

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achètent des engrais et des tracteurs sur le marché mondial. Il est évident que ces pays ne peuvent pas à la fois produire le coton et lesfacteurs de production. L’échange entre nations permet d’éviter à faire face à ce problème.

Principe 6. Le marché constitue une façon efficace d’organiser l’activité économique

Les interactions entre individus peuvent se faire à travers plusieurs mécanismes. A un extrême se trouvent les méthodes dirigistesbasées sur la planification centrale. Ce système a prévalu dans les anciens pays communistes (Union Soviétique, Chine populaire, paysd’Europe de l’Est). L’organisme central décidait de la production (quels biens, quelles quantités, par quels moyens) et de l’affectationde la consommation. L’objectif visé était d’assurer le plus grand bien-être pour la population.

Avec la chute du système communiste dès 1991, l’organisation de l’activité économique se fait surtout à travers le marché. Au lieud’un organisme central, les décisions sont faites au niveau de millions d’unités (individus, entreprises). Chaque entreprise décide de saproduction (quantité, facteurs) et de l’affectation de cette production. Les individus décident de la vente de leur force de travail et del’utilisation des revenus qui en résultent. Dans leurs choix, entreprises et individus sont guidés par leurs seuls intérêts.

Adam Smith, le ‘père de l’économie’ avait déjà stipulé en 1776 que ces échanges décentralisés, basés sur les seuls intérêts desparticipants, aboutissaient à l’intérêt général, sans qu’une force centrale ne se mêle. Il introduit le principe de la main invisible pourreprésenter cette idée. Cette convergence entre intérêts individuels et intérêt de l’ensemble de la société est étonnante mais elle estpresque unanimement acceptée comme réalité. En fait, dans le système de marché, chaque acteur se réfère au prix pour ses décisions.Les prix étant donnés et conformes à la rareté des ressources, les décisions qui en résultent sont compatibles avec l’offre en ressourcesde la société dans son ensemble.

On peut juger désormais la politique menée par les gouvernements en évaluant à quel point le gouvernement empêche ou permet lefonctionnement de cette main invisible.

Principe 7. L’intervention de l’Etat permet de corriger les imperfections du marché

Le marché ne permet pas toujours d’atteindre les objectifs visés par une société, par exemple l’efficacité. Si le marché ne permet pasl’allocation efficace des ressources, on parle de défaillance des marchés. Le deuxième cas de mauvaise performance des marchés estlié à la justice (équité).

La défaillance des marchés peut provenir de deux sources : La présence d’externalités : On dit qu’une externalité est présente lorsque l’action d’un agent engendre des effets négatifs oupositifs non intentionnés sur d’autres agents. Par exemple, une usine qui dégage des odeurs produit une externalité négative pourles résidents des environs. La construction d’une route entre deux villes s’accompagne d’externalités positives pour les villagessitués entre les deux villes, sous forme de nouvelles activités commerciales ou de services. Le marché ne permet pas de résoudrele problème d’externalité. Dans le cas de la pollution par exemple, l’entreprise a naturellement tendance à produire sans éliminerles odeurs. Le gouvernement peut intervenir sous forme de taxe pour modifier le niveau de pollution. Existence d’un pouvoir de marché : Si par exemple il n’existe qu’un seul acheteur d’un produit vendu par des milliersd’individus, l’agent acheteur bénéficie d’un pouvoir de marché qui permet de manipuler les prix. De même lorsqu’il y a unvendeur et de multiples acheteurs, le vendeur peut imposer son prix. Il y a absence de concurrence dans les deux cas et le prix nereflète plus la rareté des ressources et le principe de la main invisible ne joue pas. Ici encore, l’Etat peut intervenir pourréglementer le pouvoir de marché.

Le marché est le plus souvent incapable d’assurer une allocation équitable des ressources, donc d’assurer la justice sociale. Le marché‘récompense’ chacun en fonction de sa capacité à produire des biens demandés par d’autres. Il se trouve que les individus n’ont pas lesmêmes dotations et certains sont privilégiés. Dans le monde par exemple, les athlètes professionnels sont de loin mieux payés que lesfonctions intellectuelles, simplement parce qu’il y a des millions de gens prêts à payer pour regarder un match de football parexemple, alors que le nombre de gens prêts à payer un livre d’économie générale durant la même période de temps est infiniment pluspetit. Dans une situation de ce genre, le gouvernement peut intervenir sous forme d’impôt pour transférer les ressources de certainsgroupes vers les groupes défavorisés.

3. Le fonctionnement de l’économie dans son ensemble

Lorsque l’on passe des individus ou des entreprises à des niveaux plus agrégés (la nation, le continent, le monde) on parle d’économiedans son ensemble. A ce niveau on peut étudier l’évolution de l’économie dans le temps ou comparer les économies nationales entreelles. Trois principes gouvernent ces fonctionnements globaux.

Principe 8. Le niveau de vie d’un pays dépend de sa capacité à produire des biens et des services

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Les niveaux de vie diffèrent grandement entre les pays dans le monde (voir le Tableau 1 ci-dessous). En 1998, le Burkinabè moyenavait un revenu de 230 dollars par an, le Sénégalais moyen un revenu de 520 dollars et l’Ivoirien moyen un revenu de 780 dollars. Lamême année, l’Indonésien moyen avait un revenu de 670 dollars, le Chinois un revenu de 740 dollars. Le résident moyen de l’Afriquesub-saharienne avait 510 dollars. A l’autre extrême, le Belge moyen avait un revenu de 25.630 dollars, et le Japonais moyen un revenude 33.720 dollars. Cinq années plus tard, en 2002, alors que certains pays ou régions ont vu leurs conditions s’améliorer avec unehausse du revenu par tête, beaucoup d’autres, notamment en Afrique, ont connu une détérioration de leurs conditions. Ainsi, leBurkinabè en 2002 a un revenu de 220 dollars. Par contre, l’Américain moyen a un revenu de 35.060 dollars, un accroissement parrapport à son revenu de 1998. On peut admettre que les pays à revenu plus élevé ont en général un niveau de vie plus élevé, dans lesens d’avoir accès à plus de bien et de services.

Lorsqu’on étudie les facteurs qui différencient les niveaux de vie entre pays, on se rend compte que les pays à niveau de vie plus élevésont capables de produire plus de biens et services que les pays à plus faible niveau de vie. Deux facteurs essentiellement déterminentle niveau de la production :

Le niveau de capital physique. Les pays à niveau de vie élevé ont des stocks de capital plus importants que les pays à faibleniveau de vie. En agriculture par exemple, les pays développés utilisent des tracteurs, alors que les pays non développés utilisentla daba manuelle ou à la rigueur la culture attelée. Dans l’industrie, les pays développés utilisent des techniques de productionplus performantes dans la production de masse. Le niveau de capital humain. L’éducation et la santé sont des éléments qui rendent le travail humain plus productif. Lespays développés ont à la fois un niveau de santé et un niveau d’éducation plus élevés que les pays non développés. Le capitalhumain est plus élevé. Un fort niveau de capital humain est nécessaire pour utiliser les techniques de production plus élaborées.Le capital humain varie fortement d’un pays à l’autre. Au Burkina, le nombre moyen d’années d’éducation pour un individu estde 6 mois. Au Ghana, ce chiffre atteint 3 années. Dans les pays développés, la plupart des résidents ont fini l’école secondaire,c’est-à-dire ont au moins 12 ans d’éducation.

Le capital physique et le capital humain rendent les individus plus productifs. Autrement dit, quand ces facteurs sont favorables, laproduction par travailleur est plus élevée. Les pays à niveau de vie plus élevé ont une production par travailleur beaucoup plus élevée.Par exemple, en 1995-97, l’Afrique au sud du Sahara avait une valeur ajoutée par travailleur agricole de 355 dollars. Au Burkina, letravailleur agricole moyen générait 159 dollars dans l’année. Des pays développés comme la France et l’Australie avaient des niveauxde 34760 et 29044 dollars respectivement. D’autres facteurs affectent la productivité, y compris la politique budgétaire et monétairede l’Etat.

Tableau 1. Revenu national brut par tête de quelques pays et régions, 1998-2002(En dollars US courants) 1998 1999 2000 2001 2002

MONDE 5070 5060 5210 5130 5080

RÉGIONSAfrique sub-Saharienne 510 490 480 460 450Amérique Latine et Caraïbes 4070 3730 3700 3550 3280Europe & Asie Centrale 2160 1970 2010 1970 2160Union Européenne 22490 22050 21770 20720 20230

QUELQUES PAYS AFRICAINSBénin 380 380 390 380 380Botswana 3290 3040 3070 3100 2980Burkina Faso 230 230 220 220 220Cameroun 610 610 590 580 560Côte d'Ivoire 780 750 690 640 610Ghana 390 390 340 290 270Kenya 350 360 350 350 360Mali 250 260 250 230 240Niger 200 190 180 180 170Nigeria 260 260 270 290 290Sénégal 520 500 490 480 470Afrique du Sud 3320 3180 3060 2840 2600Togo 330 320 290 270 270

QUELQUES PAYS D'ASIEChine 740 780 840 890 940

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Indonésie 670 590 570 680 710GROUPES

Pays Pauvres Très endettés 310 310 310 310 320Pays les moins développés 280 280 280 280 280Revenus élevés, hors OCDE 16080 16110 16610 15950..Revenus élevés, OCDE 26110 26470 27470 27140 26950

QUELQUES PAYS RICHESAustralie 21240 20860 20120 19930 19740Belgique 25630 25090 25070 23850 23250Japon 33720 33310 35420 35610 33550Etats Unis 30700 32260 34370 34400 35060Source: World Development Indicators (WDI), 2003.

Principe 9. Les prix montent quand le gouvernement fait tourner la planche à billet

Quand le niveau général des prix dans une économie augmente sensiblement, on parle d’inflation. En présence d’inflation, le pouvoird’achat de la monnaie du pays baisse. Cette baisse peut être considérable dépendant de l’ampleur de l’inflation.

Les exemples d’inflation exagérée repérés dans l’histoire des nations incluent le cas de l’Allemagne pendant la crise de 1929, le Zaïre(maintenant République Démocratique du Congo) de Mobutu durant la période de déclin et l’exemple plus récent de l’Argentine.

Quelles sont les causes de l’inflation ? Les explications économiques attribuent la montée du niveau général des prix à l’augmentationde la quantité de monnaie en circulation dans un pays. Quand le gouvernement imprime de la monnaie en grande quantité (cas duZaïre de Mobutu), la valeur de la monnaie diminue et il en faut plus pour acheter un bien donné. Ainsi donc, il est dangereux pour unEtat d’utiliser la création de la monnaie nationale pour financer son économie : il peut rendre cette dernière plus pauvre.

Principe 10. A court terme, il y a un arbitrage à faire entre inflation et chômage

Le chômage est un des maux des économies modernes. Il en est de même de l’inflation, qui touche particulièrement les économiesfragiles. Les économistes sont arrivés à établir une relation inverse entre le chômage et l’inflation. Autrement dit, lorsqu’on mène despolitiques tendant à diminuer le taux d’inflation, cela s’accompagne d’une augmentation du chômage. Autrement dit, pour avoir moinsd’inflation, il faut payer avec un peu plus de chômeurs dans l’économie. La courbe de Phillips décrit ce phénomène.

Comment peut-on expliquer la courbe de Phillips ? L’explication est basée sur les décalages entre variables en économie et sur leconcept de rigidité des prix. Si par exemple le gouvernement baisse la quantité de monnaie dans le but de combattre l’inflation, ils’ensuivra à long terme une baisse du niveau général des prix, donc du taux d’inflation. Mais à court terme, tous les prix ne baissentpas. Certains prennent du temps (le temps d’imprimer de nouveaux menus dans tous les restaurants, le temps que toutes les entreprisespublient les nouveaux prix). C’est ce décalage qui définit le concept de prix rigides.

Cette rigidité fait que les effets d’une politique peuvent différer entre le court et le long terme. Quand la quantité de monnaie encirculation diminue, les gens ont moins d’argent à dépenser. La consommation diminue, alors que les prix ne changent pas. Les venteset les profits des entreprises diminuent et certaines sont amenées à licencier des travailleurs, d’où une augmentation temporaire duchômage. Cette augmentation du chômage disparaît dès que tous les prix se sont ajustés. Noter que dans les pays où la législation dutravail est rigide et ne permet pas un ajustement par licenciement sur le marché du travail, ces effets peuvent ne pas être les mêmes.Les entreprises peuvent être obligées de supporter du personnel devenu inefficace, mais dans ce cas il peut y avoir des faillites, créantdes effets plus dévastateurs que le licenciement des travailleurs en excès.

Voici donc dix principes qui permettent de comprendre l’économie. Dans ce qui suit nous étudions comment les économistesraisonnent. Ceci nous permet de voir ce qui distingue l’économie des autres sciences sociales.

Questions.

1. Décrire les choix auxquels sont confrontés :

6

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a. Une famille rurale qui se demande si elle doit envoyer sa fille à l’école,b. Un ministre qui doit décider s’il doit accorder des subventions en intrants agricoles à des producteurs d’une région d’un pays,c. Un professeur qui se demande s’il doit préparer son cours.

2. Vous aviez prévu de passer votre samedi dans la ferme animale de votre oncle, mais un de vos amis vous propose de l’accompagnerchez ces parents au village. Quel est le coût économique de cette sortie au village ? Supposons que votre samedi devait être consacré àréviser vos cours d’économie générale. Quel est alors le coût de la journée passée au village ?

3. Vous venez d’obtenir une somme de 50.000 F lors d’une compétition d’histoire. Vous pouvez les dépenser tout de suite ou bien lesplacer dans un compte d’épargne qui rapporte 3,5% d’intérêts. Quel est le coût d’opportunité d’une dépense immédiate ?

4. Une entreprise a déjà dépensé 100 millions de F dans le développement d’un nouveau produit, encore inachevé. Une étude récentede la direction commerciale fait ressortir que les ventes du produit ne dépasseront pas probablement 60 millions de F. Terminer ledéveloppement du produit coûtera 20 millions de F. L’entreprise devra-t-elle finir ce développement ou pas ? Quel montant maximaldoit-elle consacrer à l’achèvement du projet ?

5. Parmi les activités gouvernementales suivantes, distinguez celles visant un gain d’efficacité de celles visant plus de justice. Dans lecas où c’est l’efficacité qui est recherchée, dire la nature de la défaillance du marché.

a. La fixation d’un prix bas des céréales de grande consommation.b. La distribution de tickets d’achat de nourriture aux plus défavorisés.c. L’interdiction de fumer dans les bâtiments publics.d. L’instauration de la concurrence au sein de la téléphonie mobile.e. La progressivité de l’impôt sur les revenus des personnes physiques.

6. Imaginons qu’au réveil tout le monde constate que le gouvernement a doublé les avoirs financiers de chacun. Quels pourraient êtreles effets de cette multiplication de l’offre monétaire sur :a. le montant total des dépenses de biens et services ;b. la quantité de biens et services achetés si les prix sont inélastiques (i.e. ne changent pas ;c. les prix des biens et services s’ils peuvent s’ajuster ? Expliquez.

7. Vous êtes un décideur politique et vous vous demandez si vous devez réduire le taux d’inflation dans le pays. Pour déciderrationnellement, que vous faut-il savoir sur l’inflation, le chômage et la relation entre les deux ?

II. Le raisonnement de l’économiste

L’économie est une science. En tant que science, elle doit reposer sur un ensemble de constructions logiques comprenant desassertions ou postulats, des hypothèses ou conditions de vérification, et un ensemble de prédictions dérivées de la logique interne desconstructions logiques. Ces constructions logiques sont des théories. Les prédictions des théories sont confrontées à la réalité et lavalidité des constructions est établie à partir de la concordance ou non concordance entre les faits et les prédictions. L’économiste doitdonc utiliser un cheminement rigoureux pour aboutir à ses conclusions. Dans ce cas, il joue le rôle du scientifique. Mais l’économistene se limite pas à cela. En fait, un des objectifs principaux de la recherche d’explication des faits est de pouvoir utiliser lesconnaissances établies dans l’amélioration des conditions de fonctionnement de l’économie. Il s’agit de la politique économique.L’économiste doit par exemple pouvoir conseiller à un décideur, public ou privé sur les actions convenables à initier dans dessituations variées. Par exemple, si un Ministre de l’économie constate que les incitations mises en place ne favorisent pasl’investissement privé, l’économiste peut, à partir de ses constructions théoriques, montrer quels facteurs autres que les incitationspermettent d’impulser l’investissement privé.

Nous allons passer en revue quelques exemples sur le mode de raisonnement de l’économiste en tant que scientifique et ensuite en tantque politique. Les 10 principes de l’économie déjà établis indiquent les particularités de l’approche du monde par les économistes.

1. La démarche scientifique de l’économiste

L’économiste approche les problèmes à l’aide de modèles. Les modèles sont basés sur des hypothèses.

Les hypothèses permettent de réduire la réalité à un niveau qui facilite sa compréhension. Par exemple, en physique lorsque vousétudiez la chute d’un objet lourd, vous faites habituellement l’hypothèse que la résistance de l’air est négligeable. Ceci vous permet devous concentrer sur l’essentiel qui est l’attraction terrestre.

7

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Si on demande à un économiste de décrire le commerce mondial, il lui est impossible de prendre en compte la centaine de pays et lesmilliers de biens et facteurs de production dans une construction logique. L’économiste supposera que le monde est fait de deux paysproduisant chacun deux biens et utilisant deux facteurs de production. Ceci est une simplification qui permet d’obtenir des résultatsintéressants.

Un modèle est une construction simplifiée de la réalité, qui ne retient de la réalité que les aspects utiles à la compréhension duproblème analysé. Quand le météorologue s’intéresse par exemple à la prédiction de la température, il ne s’intéresse qu’aux isobares(lignes de même pression atmosphérique) et non à la densité de la population dans un endroit donné. Lorsque l’économiste s’intéressepar exemple aux effets de la CAN 98 organisée au Burkina, elle peut élaborer un modèle qui prédit les effets sur les nouvellesconstructions (hôtels, résidences), les nombre de poulets, bovins et moutons abattus, le nombre de nouveaux emplois et les profits desopérateurs économiques dans les deux villes d’organisation et leurs environs.

Nous présentons deux modèles économiques pour fixer les idées.

Le diagramme de flux circulaire

Le diagramme de flux circulaire est un modèle qui permet de décrire simplement le fonctionnement de l’économie nationale.L’économie est représentée par :

Deux types d’agents : les entreprises et les ménages. Les entreprises sont les unités de production qui sont responsables de laproduction des biens et des services (maïs, coton, crayons, cahiers, mobylettes, services internet). Dans leur production, les entreprisesemploient des facteurs de production (travail, terre, bâtiments, engrais, eau). Les ménages, qui possèdent les facteurs de production,achètent et consomment les biens et les services produits par les entreprises. Deux types de marchés. Les ménages et les entreprises se rencontrent sur deux types de marchés. Sur le marché des biens et services,les entreprises vendent les produits et services et les ménages les achètent. Sur le marché des facteurs de production, les ménagesvendent les facteurs et les entreprises les achètent.

Le schéma comprend deux types de flux. Les flux de biens et services représentent les déplacements de facteurs et biens tangiblesentre les deux agents. Les dotations possédées par les ménages (travail, terre, capital) deviennent des facteurs sur le marché desfacteurs, vendus aux entreprises qui les utilisent dans leur processus de production pour générer les biens et services vendus auxménages (Boucle solide du diagramme). En contrepartie, les entreprises paient des salaires, loyers et profits qui constituent lesrevenus des ménages. Ces revenus sont utilisés pour payer les biens et les services et se transforment en produits de ventes pour lesentreprises (Boucle non solide du diagramme).

Ce modèle donne une bonne idée des interactions entre les agents à travers les deux marchés. Evidemment il laisse de côté les détailsmais c’est justement la qualité d’un modèle.

8

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Le modèle de la possibilité de production de la société

Supposer que l’objectif soit de déterminer les quantités de biens que peut produire une économie à partir des quantités de facteursdisponibles. Le modèle de la frontière des possibilités de production permet d’atteindre un tel objectif.

Le modèle suppose que les biens de la société peuvent se réduire à deux biens : le maïs et le coton. La société dispose d’une quantitélimitée de facteurs, la main d’œuvre, la terre, et le capital pour produire ces deux biens. Comme montré dans la revue des principes del’économie, la société doit opérer des choix dans son processus de production. Elle ne peut pas produire inconditionnellement ducoton si les résidents doivent vivre (par la consommation de maïs, leur aliment de base). On suppose en effet qu’aucune forceextérieure n’intervient dans cette société.

Supposons qu’en consacrant la totalité des facteurs à la production de coton, 2 millions de tonnes peuvent être produites. Enconsacrant la totalité des ressources au maïs, 5 millions de tonnes peuvent être produites. On peut représenter cette situationgraphiquement. Dans un repère avec la quantité de coton à l’ordonnée et la quantité de maïs en abscisse, une courbe dont la concavitéest tournée vers l’origine des axes et passant par les points 5 (millions) et 2 (millions) représente les arbitrages possibles de la sociétédans son problème de production.

9

Marchés des biens et services

Les enterprises vendentLes ménages achètent

EntreprisesProduisent et vendent des biens

et des servicesLouent et utilisent des facteurs

de production

MénagesAchètent et consomment des biens et des servicesPossèdent et vendent des facteurs de production

Marchés des facteurs de production

Les ménages vendentLes enterprises achètent

Biens et services achetés

Dépenses

Biens et Servicesvendus

Produits des ventes

Facteurs de production

Salaires,loyers,profits

Travail, terre,capital

Revenu desménages

Flux monétaires Flux de biens et de services

Figure 1.1 Diagramme de flux circulaire.

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Analysons le contenu de cette figure. Au lieu de consacrer ses ressources exclusivement à la production de l’une des cultures, lasociété peut choisir d’opérer par exemple au point A, où une partie des ressources est destinée à chaque culture. En ce point, la sociétéproduit 4,5 millions de tonnes de maïs et 1,5 million de tonnes de coton. Un autre choix est le point B, où 3 millions de tonnes de maïssont produites contre 1,750 million de tonne de coton. Un point comme D, situé à l’extérieur de la frontière, n’est pas possible : lasociété ne peut pas produire les quantités de maïs et de coton indiquées par D avec l’état actuel de ses ressources. L’ensemble despoints réalisables est l’ensemble des points sur la frontière ou entre la frontière et l’origine des axes.

Le concept d’efficacité rencontrée dans la présentation des 10 principes est illustré facilement avec la frontière de production.L’efficacité suppose que la société tire le maximum lorsqu’elle emploie la totalité de ses ressources rares. Les points situés sur lafrontière (la courbe) représentent des points efficaces. Lorsqu’un point est efficace, il est impossible d’augmenter la production d’undes biens sans diminuer celle de l’autre, les quantités de ressources restant inchangées. Selon une telle définition, le point C àl’intérieur de la frontière n’est pas efficace. La société peut, avec les mêmes ressources produire à la fois plus de maïs et plus de cotonen se plaçant aux points A ou B.

La frontière des possibilités illustre aussi le problème fondamental de l’économie, la nécessité de faire des choix. Lorsque leprocessus de production est efficace, en d’autres termes si l’on se place sur la frontière, il n’est pas possible d’augmenter la productionde coton sans diminuer celle de maïs, et vice versa. Le passage de A à B par exemple représente un choix de produire moins de maïs etplus de coton. Les seuls points où un choix ne s’impose pas sont les points non efficaces, à l’intérieur de la frontière. Mais aucunesociété rationnelle ne devrait opérer en ces points.

La frontière illustre aussi le concept de coût d’opportunité, défini comme ce à quoi on renonce pour obtenir un bien. Lorsque la sociétése déplace de A à B, elle renonce à 1.500.000 kg de maïs pour obtenir 250.000 kg de coton (ceci se fait en allouant des ressources à laproduction du coton et au détriment du maïs). Autrement dit, pour obtenir un kg supplémentaire de coton, la société doit abandonner 6kg de maïs. Le coût d’opportunité du kg de coton est de 6 kg de maïs.

Comme on l’a vu dans les principes, certaines sociétés ont plus de ressources que d’autres. Et pour une société donnée, l’espace desressources peut s’élargir dans le temps. Considérer par exemple une technologie permettant d’accroître la production du coton et dumaïs. Ceci se traduit par un déplacement de la frontière des possibilités, indiquée par la courbe en pointillé sur la figure 1.2. Leprogrès économique soutenu nécessite un déplacement constant de la frontière des possibilités dans le temps.

Microéconomie et macroéconomie

La plupart des disciplines scientifiques étudient les phénomènes à différents niveaux. Par exemple, la physique des particuless’intéresse au fonctionnement de l’univers sub-atomique. La relativité s’intéresse au fonctionnement de l’univers dans ses plusgrandes dimensions (motion des corps célestes, motion rapide sur de grands espaces).

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Qté de cotton

(millions T)

2

5 Quantité de maïs (millions T)

A

B

3,5

1,750

4,5

1,5

C

1

0,5

D

Figure 1.2 Frontière des possibilités de production

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De même en économie, on peut s’intéresser à des individus isolés (ménages, entreprises ou toute entité comportementale priseisolément) ou à un ensemble d’individus (relations entre ménages, entre ménages et entreprises) ou encore à une entité globale(l’économie entière). On distingue ainsi la microéconomie et la macroéconomie.

La microéconomie s’intéresse à la prise de décision (comportement) des agents et à l’interaction de ces décisions sur les marchés. Lamicroéconomie essaie par exemple d’expliquer les prix et les quantités échangées des biens et des services. La microéconomie étudieaussi les effets des réglementations de l’état et des taxes publiques sur les prix et les quantités produites ou consommées des différentsbiens et services. Par exemple, l’ARTEL au Burkina Faso, instituée durant l’ère récente de la libéralisation dans le domaine destélécommunications, réglemente les télécommunications, et cette réglementation a des effets sur le niveau des frais de communicationdu téléphone fixe et du mobile, ainsi que sur le nombre d’abonnés et le chiffre d’affaires des opérateurs dans chaque branche.

La macroéconomie étudie le fonctionnement de l’économie dans son ensemble. La macroéconomie essaie de comprendre commentles grandeurs économiques croissent dans le temps. La macroéconomie se donne aussi pour tâche d’expliquer l’évolution des prixmoyens, de l’emploi, du revenu et de la production. La macroéconomie étudie aussi les impacts des décisions de l’état (taxes,dépenses, déficit budgétaire) sur le revenu national, la production, l’emploi.

Il faut noter que la frontière entre micro et macro n’est pas aussi étanche ou rigide que le laissent croire les définitions. Les outilsutilisés sont les mêmes. Les problèmes traités ont parfois à la fois une dimension micro et une dimension macro. Par exempleconsidérer la prolifération des secrétariats publics dans une ville comme Ouagadougou par suite du développement de l’ordinateur. Unmicroéconomiste peut s’intéresser à l’effet de la multiplication du nombre d’ordinateurs sur le prix de la page saisie, le nombre deconsommateurs des services, le nombre d’emplois générés par les secrétariats publics. Un macroéconomiste quant à lui essaiera desaisir l’impact du phénomène sur la croissance économique et la résorption du chômage.

2. L’économiste et ses opinions politiques

Alors que le côté scientifique de l’économiste essaie de comprendre et d’expliquer (objectivement) les phénomènes économiques, ilexiste un autre côté où les jugements de valeur jouent un rôle. Il s’agit des prescriptions de politique économique, qui tentent d’utiliserles résultats de l’analyse économique afin d’améliorer le monde réel. On distingue ainsi les aspects positif et normatif de l’économie.

En tant que scientifique, l’économiste dira par exemple que « les subventions de leur agriculture par les pays industrialisés créent desdistorsions sur les prix mondiaux et ce au détriment des producteurs des pays en développement ». Une telle opinion relève del’économie positive. En tant que politique, l’économiste dira que « les pays industrialisés devraient lever leurs subventions àl’agriculture pour plus d’équité dans le monde ».

Dans la pratique de tous les jours, ces deux types d’énoncés se côtoient. Les énoncés de type positif peuvent se vérifier parconfrontation avec les faits. Par exemple, l’effet des subventions agricoles sur les prix mondiaux peut s’évaluer en considérant unesérie de données dans le temps sur le niveau des subventions et celui des prix. Les énoncés normatifs ne peuvent pas se tester aussifacilement. Pour décider en faveur ou contre de tels énoncés, il faut parfois recourir à des domaines autres que scientifiques : l’éthique,la religion, la philosophie.

Questions

1. Quelles caractéristiques importantes de l’économie sont omises dans le diagramme simplifié des flux ? Identifier des éléments dontl’omission peut avoir des conséquences et ceux dont l’omission a peu d’effet.

2. Indiquer si les propositions suivantes relèvent de l’économie normative ou positive.

- La société doit opérer un choix à court terme entre inflation et chômage.- L’accélération de la croissance de la masse monétaire se traduira par une hausse de l’inflation.- La société devrait obliger les bénéficiaires des prestations sociales à se trouver du travail.- Des taux d’imposition plus bas incitent à travailler et à épargner davantage.- La politique fiscale exerce une influence stimulante sur une économie en situation de sous-emploi.- Si l’état veut aider les nécessiteux, il est mieux de leur donner de l’argent liquide que du lait en poudre et de la farine de

maïs.

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CHAPITRE 2. L’OFFRE ET LA DEMANDE

Les concepts d’offre et de demande sont au cœur de l’analyse économique. L’économiste se sert de ces concepts pour expliquerl’allocation des ressources et les niveaux des prix. A la fin de ce chapitre, l’étudiant doit être capable de mener un raisonnement solidealliant ces deux concepts pour expliquer les variations du niveau des prix dans le temps ou entre lieux géographiques. L’étudiant devraavoir compris que les niveaux des prix s’établissent selon des « lois » et non selon l’humeur des agents.

I. Le marché, lieu d’interaction entre l’offre et la demande

Offre et demande : décrivent le comportement des gens lorsque ceux-ci se trouvent sur un marché Marché : Groupe d’acheteurs ou de vendeurs d’un bien ou d’un service. Exemple : le marché du maïs représente l’ensemble desacheteurs et des vendeurs de maïs, dans un espace donné et pour une période définie. Noter en effet que le temps et l’espace induisentdes changements sur la forme et le contenu d’un marché.Différents genres de marchés : Les marchés peuvent être organisés ou non. Un exemple de marché organisé : le marché des ventesaux enchères des véhicules recyclés de l’Etat, où les acheteurs et le vendeur se rencontrent à un moment précis, pendant une duréedéterminée. La plupart des marchés sont moins organisés. Un exemple : le marché de Kouro-Kouro. Les différentes vendeuses sontdispersées dans les quartiers et les acheteurs arrivent selon une loi de probabilité non déterminée. L’inorganisation n’ôte pas la qualitéde marché, comme l’acheteur de kouro-kouro sait où trouver son produit préféré et à quel prix.Structure du marché. On distingue (1) le marché concurrentiel où le prix est donné, tous les acteurs font face au même prix. Lenombre des vendeurs et des acheteurs sont tels qu’aucun prix individuellement ne peut exercer une force quelconque sur le prix. Lemarché de kouro-kouro est un exemple de marché concurrentiel. (2) Le monopole où un seul vendeur fait face à une multituded’acheteurs. Le vendeur fixe le prix et les acheteurs réagissent en formulant leur demande. La SONABEL, productrice d’électricité auBurkina, est un exemple de monopole. (3) Le monopsone est le contraire du monopole, un seul acheteur face à une multitude devendeurs. L’acheteur fixe le prix d’achat. Un exemple est le marché des peaux animales au Burkina, où une société, le Groupe Alizconstitue le plus gros acheteur face à une multitude de vendeurs dispersés. (4) l’oligopole est une situation intermédiaire où quelquesvendeurs (2, ou quelques-uns) font face à une multitude d’acheteurs. Ici, chaque vendeur doit tenir compte de l’autre dans la fixationde son prix. Un exemple est le marché du pétrole brut, avec quelques pays exportateurs formant un oligopole face à tous les autrespays qui sont les acheteurs.

Hypothèse de travail retenue ici : on considèrera que le marché est concurrentiel. Les acteurs sont tous preneurs de prix, c’est-à-direagissent en traitant le prix comme une donnée. Les biens vendus sont homogènes.

Dans ce contexte, l’objectif de l’analyse de l’offre et de la demande est de (1) comprendre comment et à quel niveau les prixs’établissent; (2) comprendre comment et à quels niveaux les quantités demandées et offertes s’établissent et comment s’établit laquantité agrégée d’équilibre.

II. La demande

Demande : Pour l’économiste, il s’agit de la quantité d’un bien ou d’un service qu’un ménage ou une entreprise décident d’acheter àun prix donné. L’économiste s’intéresse aussi bien à ce que les gens souhaitent acheter qu’à ce qui leur permet d’acheter, étant donnéleurs contraintes budgétaires et les prix des autres biens. Une méthode d’analyse de la demande consiste à se poser la question :comment réagissent les acheteurs face au changement du prix d’un bien, toute autre chose (revenu, prix des autres biens) étant fixée àun niveau donné ?

2.1 La courbe de demande individuelle

La courbe de demande définit la quantité demandée d’un bien pour chaque niveau de prix de ce bien.

2.1.1 Déterminants de la demande individuelleSoit la demande de kouro-kouro. Les facteurs suivants sont importants pour comprendre les différentes quantités demandées pardifférentes personnes.

Le prix du kouro-kouro. Si le prix du kouro-kouro augmente de façon exagérée, personne n’en achètera. Si le prix parcontre baisse de façon substantielle, des personnes qui hésitaient vont peut-être en acheter. En maintenant tous les autresfacteurs inchangés, la quantité demandée de Kouro-kouro diminue quand son prix augmente. C’est la loi de la demande.

Le revenu. Lorsque le revenu d’un consommateur de kouro-kouro baisse, il diminuera probablement ses achats (saconsommation) de kouro-kouro. Un bien dont la quantité demandée diminue par suite d’une diminution du revenu (ou, ce quirevient au même, la quantité augmente lorsque le revenu augmente) est un bien dit normal. Si la quantité demandée diminue

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quand le revenu augmente, il s’agit d’un bien inférieur. Pour l’ensemble de la société urbaine, le kouro-kouro estprobablement un bien inférieur.

Les prix des biens voisins. Au lieu de kouro-kouro, on peut consommer des cacahuètes, des noix d’anacarde, du pois deterre. On dit que ces biens sont des substituts du kouro-kouro. Lorsque le prix d’un bien substitut du kouro-kouro augmente,le consommateur aura tendance à acheter plus de kouro-kouro. Des exemples de biens substituts les uns pour les autres sont :le café et le thé, le jus de gingembre et le bissap, le bissap et les boissons industrielles gazeuses, la mobylette et le vélo. Desexemples de services substituables sont le sport et le cinéma. On dit que deux biens sont complémentaires lorsquel’augmentation du prix de l’un s’accompagne de la diminution de la quantité consommée de l’autre. Des exemples de bienscomplémentaires sont le bissap et le sucre.

Les goûts. Celui qui n’aime pas le kouro-kouro n’en achètera pas (du moins pour sa propre consommation). Les goûts sontun déterminant fondamental de la demande d’un bien. En économie, on n’essaie pas d’expliquer comment les goûts seforment. Mais, on étudie l’impact d’un changement des goûts sur la demande.

Les anticipations. Si on vous annonce que dans un mois vous aurez une augmentation de votre revenu, vous pouvezdépenser plus aujourd’hui sur un bien sur lequel vous aviez des hésitations. Si on vous annonce aujourd’hui que les prix deshabits que vous portez vont être multipliés par 3 dans deux mois par suite de modifications dans le commerce international,vous aurez tendance à acheter beaucoup d’habits aujourd’hui.

2.1.2 Le barème de la demande

Soit à étudier la demande de galettes de mil par Nong’misgu. D’après ses déclarations vous pouvez dresser le tableau suivant.

Ainsi, malgré son désir pour les galettes Nong’misgu s’abstient d’en acheter lorsquele prix d’une galette atteint 25 F. Au fur et à mesure que le prix baisse, saconsommation de galettes augmente. L’ensemble des deux colonnes de ce tableauconstitue le plan ou barème de la demande de Nong’misgu. A partir de ce plan, onpeut représenter la courbe de demande sur un graphique.

2.1.3 La courbe de demande

Soit un système d’axes où nous portons en abscisse la quantité demandée de galettes et en ordonnée le prix des galettes.

La courbe ainsi obtenue est descendante de la gauche vers la droite. On peut utiliserla courbe de deux façons :

On peut se donner un prix et se demander la quantité de galettes achetéespar le consommateur. Ainsi, lorsque le prix est de 15 F, le croisement d’uneligne horizontale passant par 15 et la courbe donne le nombre de galettes :5.

On peut se donner une quantité de galettes et se demander à quel prixNong’misgu accepterait d’acquérir cette quantité. Par exemple, pour unequantité de 10 galettes, notre consommateur serait prêt à payer 10 F pourchaque galette.

NB : La construction de la courbe de demande s’appuie sur l’hypothèse suivante :aucun autre facteur ne change lorsque le prix de la galette change. Autrement dit, lerevenu, les prix des autres biens, les goûts et les anticipations sont fixes. On utilisel’expression “Toutes choses étant égales” pour designer cette clause. La phrase

complète pour qualifier la loi de a demande est ainsi la suivante : « Toutes choses étant égales, l’augmentation du prix des galettess’accompagne de la baisse de la quantité demandée ». Souvent on utilise l’expression latine correspondant à l’expression « touteschoses étant égales par ailleurs » : Ceteris paribus, qui veut dire exactement la même chose mais en latin. Vous verrez donc desphrases du genre suivant : La quantité demandée d’un bien varie inversement avec le prix de ce bien, ceteris paribus. Noter l’intérêt decette clause : Si le prix des galettes augmente et que le revenu de Nong’misgu augmente aussi, il n’est plus sûr que la quantitédemandée de galettes va baisser. Nong’misgu peut « compenser » l’augmentation du prix par celle du revenu et consommer la mêmequantité de galettes qu’avant, aux nouveaux prix.

2.2 La courbe de demande du marché

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Prix des galettes (FCFA) Quantité demandée25 020 315 510 105 20

Fig. 2.1 Courbe de demande de Nong'misgu

0

5

10

15

20

25

30

0 10 20 30

Quantité de galettes

Pri

x (F

CF

A)

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Soit une économie composée de deux consommateurs, Nong’misgu et Ritta. Chaque consommateur exprime sa demande pour un bien,les galettes. On peut obtenir une courbe de demande pour la société en « additionnant » les courbes de demande des deux individus.La courbe de demande obtenue est la courbe de demande de marché (ou encore, demande totale ou demande agrégée).

Le barème de la demande de Ritta est comme suit :

Prix enFCFA

Qtédemandée

25 1

20 2

15 4

10 7

5 15

En additionnant les deux barèmes on obtient le barème de la demande de marché suivant :

Demande de marché des galettes

Fig. 2.2 Courbe de demande de marché

0

5

10

15

20

25

30

0 10 20 30 40

Qté de galettes

Pri

x (F

CF

A)

La courbe de demande de marché obtenue a la même allure que la courbe de demande individuelle. Elle est décroissante de la gauchevers la droite. Cette propriété de la courbe de demande de marché est héritée de la propriété de la demande individuelle. Elles’explique aussi par le fait que lorsqu’on considère plusieurs individus, une augmentation du prix amène certaines personnes à seretirer du marché, conduisant à une baisse de la quantité total achetée. Dans l’exemple donné, les deux individus sortent du marchélorsque le prix des galettes atteint 25 F. On peut se demander quels sont les déterminants de la demande de marché. Premièrement, tous les déterminants de la demandeindividuelle sont aussi des déterminants de la demande de marché. Deuxièmement, il y a des facteurs additionnels, parmi lesquels lapopulation (la taille du marché) est déterminante.

2.3 Déplacement des courbes de demande

Le déplacement de la courbe de demande est causé par toute variation d’un facteur autre que le prix du bien. Par exemple, lorsque lerevenu d’un consommateur augmente, la quantité demandée aura tendance à augmenter, pour tout niveau de prix. On dit que la courbede demande se déplace vers la droite. Dans le temps par exemple, on peut étudier le comportement de la demande de galettes en

14

Prix enFCFA

Qtédemandée

25 1

20 5

15 9

10 17

5 35

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milieu urbain. On peut considérer qu’à Ouagadougou, entre 1970 et 2003, la quantité de galettes consommées s’est accrue de façonsubstantielle par suite de la croissance démographique. A tout prix donné, la quantité de galettes demandée s’est accrue.

2.4 Les sources de déplacement des courbes de demande

De nombreux facteurs peuvent causer le déplacement de la courbe de demande. On peut les regrouper en facteurs économiques etfacteurs non-économiques.

Facteurs économiques pouvant déplacer la courbe de demande. Il s’agit essentiellement du revenu et des prix des autresbiens. Parmi les autres biens, il y a les substituts et les compléments du bien analysé. Lorsque le prix d’un bien substituableaugmente, la courbe de demande se déplace vers la droite (la demande augmente : à tout niveau de prix, la quantité demandéedu bien augmente). S’il s’agit d’un complément, l’effet contraire est obtenu : l’augmentation du prix d’un complémententraîne un déplacement de la courbe de demande vers la gauche.

Facteurs non économiques. Il s’agit principalement des changements dans les goûts (les préférences) des consommateurs etles modifications de la structure démographique de la population de référence. Lorsque la population augmente, la courbe dedemande se déplace vers la droite. Lorsque les préférences changent en faveur du bien, la courbe de demande se déplaceaussi vers la droite.

On peut résumer les facteurs pouvant causer un déplacement de la courbe de demande comme suit :

2.5 Déplacements le long de la courbe de demande et mouvements le long de cette courbe

15

Courbe de demande du marché en 2003

Courbe dedemande du marché en 1970

Qté demandée de galettes (Millions)

Prix(FCFA)

Q2003 Q1970

P0

Sources des déplacements des courbes de demande du marché

Variation du revenuVariation du prix d’un bien substituableVariation du prix d’un bien complémentaireVariation de la structure de la populationChangements dans les préférencesModification de l’informationModification des conditions d’accès au créditModifications des anticipations

Fig. 2.3 Déplacement de la courbe de demande.En 1970, la courbe de demande était la ligne légère. Au prix P0, la quantité totale demandée de galettes est donnée par Q1970. Trente trois années plus tard, la courbe s’est déplacée pour prendre la forme de la ligne en gras. La quantité demandée de galettes passe à Q2003, au même prix P0.

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On ne doit pas confondre un déplacement de la courbe de la demande avec un glissement le long de la courbe de la demande. Unglissement le long de la courbe de demande est tout simplement la variation de la quantité demandée lorsque le prix du bien varie.Comme on l’a vu, une hausse du prix entraîne une baisse de la quantité demandée, donc un glissement vers le haut (de droite àgauche). Par contre, une baisse du prix entraîne une hausse de la quantité demandée, donc un glissement vers le bas (de droite àgauche), le long de la courbe.

Une augmentation de la quantité demandée peut provenir de : (1) une baisse du prix ; (2) un déplacement de la courbe de demandevers la droite ; (3) une combinaison des deux.

III. L’offre

Le concept d’offre représente la quantité d’un bien ou d’un service qu’un ménage ou une entreprise souhaite vendre à un prix donné.On peut parler de l’offre de maïs par un producteur rural, de l’offre de galettes par une vendeuse de galettes à Ouagadougou, l’offre detravail d’un fonctionnaire public. On peut étudier l’offre en suivant le même cheminement que la demande.

3.1 La courbe d’offre individuelle

3.1.1 Déterminants de l’offre individuelle

Le prix du bien : Toutes choses égales par ailleurs, une augmentation du prix du bien entraîne une augmentation de laquantité offerte par un individu. C’est la loi de l’offre.

Les prix des facteurs de production : L’augmentation du prix d’un facteur de production essentiel peut diminuer la quantitéofferte. Par exemple, si la farine de mil devient plus chère, les galettes coûteront plus cher, entraînant une baisse de laquantité demandée.

Les prix des autres produits. La quantité offerte d’un bien peut baisser quand le prix d’un autre bien augmente. Parexemple, si le prix des galettes augmente et s’y maintient, la production de boules (de mil) peut baisser, les vendeusespréférant produire des galettes devenues plus rentables.

Prix futurs anticipés. L’anticipation de la hausse future du prix d’un bien peut faire baisser sa quantité offerte. Ceci estl’exemple d’un comportement spéculatif se traduisant par la rétention des stocks de produits.

Technologie. Une amélioration de la technologie peut s’accompagner d’une baisse du coût de production, et par conséquentd’une augmentation de l’offre. Considérer par exemple la production de jus de pastèque. La technologie existante est unepresse qui occasionne beaucoup de perte de jus. Si une technologie plus performante permet de presser plus de pastèque parheure et perdre moins de jus, le coût de production par verre de jus baisse et par conséquent l’offre augmente.

3.1.2 Le barème de l’offre

Considérer l’offre de maïs par un producteur rural. Supposer que tous les facteurs autres que le prix sont donnés et maintenantconstants. On obtient le barème de l’offre suivant, pour différents niveaux du prix de maïs.

Barème d’offre de maïs

16

Questions de révision

1. Qu’entend-on par quantité demandée d’un bien ou d’un service?2. Enoncer la loi de la demande et l’illustrer par un exemple.3. Lister tous les facteurs qui affectent la quantité demandée et dire comment chaque facteur affecte la courbe de demande.4. Comment réagissent la quantité demandée et la courbe de demande de galettes si le prix des galettes chute, toute autre chose restant inchangée ?

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Fig. 2.4. Courbe d'offre individuelle de maïs

0

50

100

150

200

0 100 200 300

Qté de maïs (KG)

Pri

x (F

CF

A)

3.1.3 La courbe d’offre

La courbe d’offre individuelle est obtenue en plaçant la quantité en abscisse et le prix en ordonnée. On obtient la courbe ci-dessus.

3.2 La courbe d’offre du marché

Soit deux producteurs de maïs, A et B, chacun désirant offrir du maïs sur le marché selon son propre plan. Le plan de l’offre totale (ouoffre agrégée ou offre de marché) s’obtient en faisant la somme des quantités offertes par les deux producteurs, à chaque niveau deprix.

Fig. 2.5. Offre de marché du maïs

020

406080

100120

140160

0 500 1000

Qté (Kg)

Pri

x (

FC

FA

)

Qa

Qb

Qt

3.3 Déplacement des courbes d’offre

Comme la courbe de demande, la courbe d’offre peut se déplacer suite à la variation de tout facteur autre que le prix du bien analysé.Supposons que la région de production de maïs soit frappée par une sécheresse. La production de maïs sera affectée négativement et lacourbe d’offre se déplacera vers la gauche. A tout niveau de prix, il y a moins de maïs offert sur le marché sur la nouvelle courbed’offre. Le graphique suivant représente cette situation. S est la courbe d’offre avant et S’ la courbe d’offre après la sécheresse. Au prixP, la quantité Q’ offerte après la sécheresse est inférieure à la quantité Q après la sécheresse.

17

Prix enFCFA

Qté offerteen Kg

0 025 5050 10075 150100 200150 250

Prix Qa Qb Qt0 0 0 0

25 50 75 12550 100 150 25075 150 200 350

100 200 275 475150 250 350 600

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3.4 Les sources de déplacement des courbes d’offre

Les facteurs qui causent le déplacement de la courbe d’offre sont nombreux. Une liste est donnée dans l’encadré ci-dessous. Chacunde ces facteurs déplace la courbe d’offre vers la gauche ou vers la droite. Par exemple, considérer la production de coton. Leprocessus de production utilise un intrant essentiel, l’engrais NPK. Si le prix de l’engrais augmente de façon substantielle, denombreux producteurs ne vont plus en acheter. Le rendement du coton étant très sensible à l’engrais, il s’ensuivra une diminution de laproduction totale et donc un déplacement de la courbe d’offre vers la gauche. Considérer maintenant la production de lait de chèvre.Une nouvelle technologie sous forme d’une nouvelle race de chèvre vient d’être adoptée par un grand nombre de producteurs. Cettetechnologie fait doubler la production journalière de lait par chèvre. Il en résultera un déplacement de la courbe d’offre de lait vers ladroite : A tout niveau de prix, la quantité de lait offerte sur le marché devient plus importante.

18

Prix

Quantité

S’

S

P

Q’ Q

Fig. 2.6 Déplacement de la courbe d’offre de maïs vers la gauche par suite d’une sécheresse. La courbe d’offre s’est déplacée de la droite vers la gauche, de S en S’. A tout prix donné, la quantité offerte devient inférieure.

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3.5 Déplacements le long de la courbe d’offre et mouvements le long de cette courbe

19

Sources de déplacement de la courbe d’offreVariation du prix des facteurs de productionEvolution des technologiesModification de l’environnement naturelModification des conditions d’accès au créditModification des anticipations

Encadré 2.1Les conséquences de la sécheresse de 2000 sur le marché des céréales

La saison agricole 2000-2001 a été marquée par une insuffisancepluviométrique qui a eu des conséquences négatives sur les récoltes. Laproduction totale de céréales au Burkina s’est établie à 2,286 millions detonnes, contre 2,700 millions de tonnes l’année antérieure. Il en est résulté undéficit céréalier (i.e. ce qui manque pour permettre à la population de senourrir de façon adéquate).

La conséquence de la sécheresse a été de réduire l’offre de céréales sur lemarché. A tout niveau de prix, les vendeurs offraient moins de céréales sur lemarché que durant l’année antérieure.

La baisse de l’offre a des effets sur le niveau des prix. Avec une courbe dedemande donnée (la sécheresse n’affecte pas les besoins de consommation dela population : la courbe de demande ne change pas), la baisse de l’offreentraîne une hausse des prix. Le prix du maïs a augmenté par rapport à l’annéeantérieure.

L’économiste peut utiliser les schémas de l’offre et de la demande pourcomprendre ce qui s’est passé par la suite sur le marché du maïs. Lesspéculateurs, face à la mauvaise récolte, ont anticipé une baisse de l’offredurant la période de soudure et ont empilé des stocks pour vendre au prix élevéà cette période. Evènement non anticipé, il y a eu des entrées de maïs à partirdes pays voisins (notamment le Ghana) au moment de la soudure. L’effet deces entrées de maïs a été de déplacer la courbe d’offre vers la droite : à toutniveau de prix, la quantité vendue a augmenté. L’effet a été une pression à labaisse des prix, la courbe de demande étant donnée. Les consommateurs ont pubénéficier de ces prix bas et les spéculateurs ont obtenu beaucoup moins debénéfice qu’ils n’avaient anticipé.

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Encore une fois il ne faut pas confondre le déplacement le long de la courbe et le déplacement de la courbe d’offre tout entière.Considérer l’offre de galettes. Les galettes sont produites par un nombre important de vendeuses. Lorsque le prix des galettesaugmente, chaque vendeuse essaie d’en produire plus. Il en résulte une augmentation de la quantité offerte sur le marché, provenantd’un glissement le long de la courbe d’offre, comme le montre le graphique ci-après. A côté de ce graphique, nous représentons unesituation où l’augmentation de la quantité offerte de galettes provient d’un déplacement de la courbe d’offre vers la droite.

20

Mouvements de la courbe ou le long de la courbe : Une question de repère !

La courbe de demande et la courbe d’offre se représentent habituellement dans un repère prix-quantité, le prix se référant au prix du bien analysé. Dans un tel repère la courbe se déplace sous l’impact de toute variable qui n’appartient pas au repère. Par contre, la variation de toute variable appartenant au repère induit un mouvement le long de la courbe.

Supposer que nous représentions la quantité demandée comme fonction du revenu. Ceci est bien possible, car le revenu est un des déterminants de la quantité demandée. Dans un repère revenu-quantité, on obtient une courbe croissante de la gauche vers la droite. Dans un tel repère, le changement du revenu induit un mouvement le long de la courbe, alors que le changement du prix du bien induit un déplacement de la courbe. Par exemple, si le prix du bien passe de 50 à 75, la quantité demandée diminue, pour tout niveau du revenu : la courbe se déplace vers la gauche.

Questions de révision

1. Comment définit-on la quantité offerte d’un bien ou d’un service ?2. Quelle différence faites-vous entre offre et production ?3. Enoncer la loi de l’offre et l’illustrer par un exemple.4. Donner la liste de tous les facteurs qui affectent le barème de l’offre.5. Pour chaque facteur de la question 4, dire comment la courbe d’offre est affectée.

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IV. La rencontre de l’offre et de la demande

Même s’il est utile d’étudier l’offre ou la demande d’un produit de manière isolée, c’est l’interaction entre les deux qui produit cequ’on observe dans une économie : le niveau des prix payé par les consommateurs et reçu par les producteurs et la quantité achetée etvendue par les deux types d’acteurs. Considérons le marché des galettes. Quel est le niveau du prix des galettes? Cela dépend desconditions de marché. Si par exemple aucun consommateur n’avait un goût pour les galettes, il est évident que le prix serait très bas.Si par contre les consommateurs se ruent sur une quantité limitée de galettes, celles-ci pourraient se vendre bien cher. En d’autrestermes, ce sont les conditions de l’offre et de la demande qui détermineront le prix des galettes.

4.1 L’équilibre

Portons sur le même graphique les courbes d’offre et de demande de galettes. On obtient une figure comme 2.8. L’intersection desdeux courbes détermine le prix payé par les acheteurs et perçu par les vendeurs. Dans le cas du marché des galettes, ce prix est de 10F.On attribue le nom ‘Prix d’équilibre’ à ce niveau de prix. A ce prix, les acheteurs achètent 1000 galettes. C’est la quantité d’équilibre.

21

Qo Q1

Fig. 2.7. Mouvement le long de la courbe d’offre et déplacement de la courbe d’offre. La partie A du graphique montre un mouvement le long de la courbe d’offre tandis que la partie B illustre un déplacement de la courbe d’offre. Dans les deux cas, il en résulte une augmentation de la quantité offerte, de Qo à Q1. Mais la différence réside dans le niveau des prix. Dans la partie A, la quantité Q1 est obtenue au prix élevé p1. Dans la partie B, la quantité Q1 peut être obtenue sans que le prix ne change.

A B

Q1Q0

P1

P0

P0

PrixPrix

QuantitéQuantité

Offre Offre

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Pour comprendre le concept d’équilibre, regardons ce qui se passe si le prix devait s’établir à un autre niveau. Si le prix est plus basque le prix d’équilibre, les acheteurs voudront acheter une quantité de galettes qui n’existe pas sur le marché. Dans ce cas, ils repartentinsatisfaits et plutôt que de le faire, certains seraient prêts à payer plus pour obtenir quelques galettes. De même, si le prix étaitsupérieur au prix d’équilibre, les vendeuses voudraient vendre des quantités que personne ne serait prêt à acheter. Des vendeusesrepartiront donc avec des galettes sous la main, qu’elles seront obligées de donner en cadeaux à des parents ou amis. Plutôt que de lefaire, certaines seront prêtes à vendre les galettes à un prix plus bas. En fait, le seul point qui satisfait simultanément les vendeuses etles acheteurs est le point d’équilibre, E. En ce point, la quantité que les vendeuses désirent vendre et celle que les acheteurs désirentacheter sont égales. L’équilibre est le lieu où les forces en présence annulent leurs effets, selon la définition du dictionnaire. C’est cequi se passe exactement sur le marché des galettes.

4.2 La stabilité de l’équilibre

Le point d’équilibre est le point ‘naturel’ du marché. En effet, lorsque pour une raison on s’écarte du point d’équilibre, les forces dumarché assurent qu’on est ramené à ce point. Supposons que par suite d’une décision des vendeuses le prix s’établit à 15 F la galette.A ce prix, les vendeuses mettent la quantité donnée par le point B sur le marché alors que les acheteurs sont prêts à acheter la quantitédonnée par le point A. Il en résulte un excès d’offre représenté par la distance AB. Dans une telle situation, certaines vendeuses vontcommencer à céder leurs galettes à des prix plus bas. Le mouvement se généralisera jusqu’à ce qu’on atteigne le point E et le prix de10 F. Peut-on aller en dessous du point E ? Supposons que l’on se retrouve dans la situation donnée par les points C et D, avec le prixdes galettes s’établissant à 5 F. Dans ce cas, les acheteurs sont prêts à acheter la quantité correspondant au point D et les vendeusesprêtes à vendre la quantité indiquée par le point C. Une situation d’excès de demande s’établit, représenté par la distance CD. Danscette situation, ce sont les consommateurs qui vont agir de manière à ramener le système au point E. Certains consommateurs degalettes vont se décider à payer au dessus de 5 F pour amener certaines vendeuses à leur vendre des galettes. Le mouvement segénéralise, le prix monte jusqu’au niveau de 10 F. En ce point E, il n’y a plus d’incitation à changer et le système se stabilise.

Ainsi, les actions de multitudes d’acheteurs et de vendeurs poussent le prix vers le prix d’équilibre. Une fois ce prix d’équilibre atteint,tous les acteurs sont satisfaits et le prix ne subit plus aucune pression.

22

Demande

Offre

E

Fig. 2.8 Equilibre entre offre et demande. L’intersection de la courbe de demande et de la courbe d’offre définit le point d’équilibre, E. Quand le prix est au-dessus de 10 F, l’offre excède la demande et le marché de galettes est en déséquilibre. De même pour tout prix inférieur à 10 F, la demande excède l’offre et le marché est encore en déséquilibre.

10

Quantité d’équilibre

1000 Quantité de galettes

Prix des galettes en FCFA

15

5

BA

C D

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Le mécanisme d’équilibrage entre l’offre et la demande donne lieu à une loi : la loi de l’offre et de la demande, qui énonce que le prixd’un bien s’ajuste de manière à assurer l’égalité entre l’offre et la demande.

La rapidité avec laquelle le prix s’ajuste dépend de la nature du marché. Sur certains marchés, le déséquilibre ne peut persisterlongtemps. Sur d’autres, une situation de déséquilibre peut persister plus longtemps.

4.3 Analyse des modifications de l’équilibre

Comme nous l’avons vu plus haut, les courbes de demande et d’offre peuvent se déplacer. De même, il peut y avoir des mouvementsle long de ces courbes. Ces deux types de changements sont provoqués par des forces (économiques ou non) que nous avons analyséesdans les sections concernées.

L’équilibre se modifie sous l’action des forces modifiant la demande ou l’offre. Considérons le marché des galettes de mil. Dans unpremier temps, supposer que par suite d’un enchérissement des pièces détachées des moulins, le prix de la farine de mil augmente.Maintenant, à chaque niveau des prix, la quantité de galettes que les vendeuses sont prêtes à mettre sur le marché baisse (il s’agit del’effet de l’augmentation du prix d’un facteur de production essentiel). La courbe d’offre de galettes se déplace vers la gauche.L’équilibre se déplace de E0 à E1 où le prix payé par galette est plus élevé et la quantité achetée et vendue de galettes plus faible (voirfigure 2.9). On peut énoncer la règle générale suivante:

23

Règle : Effet du déplacement de la courbe d’offreUn déplacement de la courbe d’offre vers la gauche augmente le prix d’équilibre et réduit la quantité d’équilibre, la courbe de demande étant donnée.Un déplacement de la courbe d’offre vers la droite réduit le prix d’équilibre et augmente la quantité d’équilibre, la courbe de demande étant donnée.

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Maintenant, supposer que par suite d’une campagne médicale, les consommateurs de galettes se rendent à l’évidence que les huilesutilisées dans la préparation des galettes ont un effet néfaste sur la santé. Cette prise de conscience aura pour effet de déplacer lacourbe de demande de galettes vers la gauche: A tout niveau de prix, les consommateurs achètent désormais moins de galettes. Lepoint d’équilibre passe de E0 à E1, où le prix payé est plus bas et la quantité d’équilibre plus faible. A partir de cette analyse, on peuténoncer la règle suivante:

On voit ainsi qu’une modification de prix est due soit à un déplacement de la courbe de demande soit à un déplacement de la courbed’offre. Evidemment, il arrive que les pouvoirs publics manipulent les prix à la baisse ou à la hausse, sans tenir compte des forces dumarché. Ces changements autonomes de prix se traduisent par des glissements le long de la courbe d’offre ou de la courbe dedemande.

4.2 L’utilisation des courbes de demande et d’offre

24

Courbe d’offre

Courbe d’offre

Courbe de demandeE0

E1

Q1 Q0

P0

P1 E0

E1

Courbe de demande

P0

P1

P0P1

Prix des galettes

Prix des galettes

Qté de galettes

A B

Fig. 2.9. Effets des déplacements des courbes d’offre et de demande sur les niveaux du prix et de la quantité.Dans le panel A, la courbe d’offre de galettes se déplace vers la gauche suite à l’augmentation du prix de la farine de mil. Le point d’équilibre passe de E0 à E1. Il en résulte un prix d’équilibre plus élevé, P1 et une quantité d’équilibre plus faible, Q1. Dans le panel B, la courbe de demande de galettes se déplace vers le bas (la gauche) par suite du changement de goût des consommateurs. Le point d’équilibre passe de E0 à E1. Il en résulte un prix d’équilibre plus bas, P1 et une quantité d’équilibre plus faible, Q1.

Qté de galettes

Règle : Effet du déplacement de la courbe de demandeUn déplacement de la courbe de demande vers la gauche réduit le prix d’équilibre et réduit la quantité d’équilibre, la courbe d’offre étant donnée.Un déplacement de la courbe de demande vers la droite augmente le prix d’équilibre et augmente la quantité d’équilibre, la courbe d’offre étant donnée.

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Les déplacements des courbes donnent à l’économiste un outil puissant de compréhension de phénomènes économiques. Comme vuplus haut, ces déplacements de courbes sont à l’origine de la modification des prix que vous payez pour la plupart des biens. Unmodèle simple permet d’illustrer l’action simultanée de l’offre et de la demande (voir l’encadré 2.2).

25

Questions de révision

1. Comment définit-on le prix d’équilibre d’un bien ?2. Pour quelle rangée de prix y a-t-il excédent sur le marché ?3. Pour quelle rangée de prix y a-t-il déficit sur le marché ?4. En cas de surplus, comment le prix réagit-il ?5. En cas de déficit, comment le prix réagit-il ?

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V. Prix, valeur et coût

Le prix est défini en économie comme la somme donnée en échange d’un bien ou d’un service. Dans ce sens, le prix est déterminé parles forces de l’offre et de la demande. Quelle relation y a-t-il entre valeur et prix ? Le premier économiste, Adam Smith, faisait ladistinction entre la valeur d’échange, qui est l’équivalent du concept de prix, et la valeur d’usage. La valeur d’usage est l’utilité ou la

26

Encadré 2.2UN MODÈLE ÉCONOMIQUE :

COMPRENDRE LA FORMATION DES PRIX SUR LE MARCHÉ DES FRUITS A OUAGADOUGOU

Il est arrivé à chacun de vous de vous demander pourquoi les fruits coûtent si cher à Ouagadougou alors qu’à Orodara, quelque 400 Km plus loin, ces fruits coûtent très peu de chose. A l’aide des outils simples des courbes d’offre, de demande et du concept d’équilibre, l’économiste est à même d’expliquer le niveau des prix. Pour cela, il construit un modèle simple d’offre et de demande. Un modèle est toujours constitué de trois types de relation : des identités, des relations de comportement et des conditions d’équilibre.

La demande de marché (ou demande totale ou encore demande agrégée) de fruits est la somme des demandes des différents consommateurs. Une telle relation est une identité. De même l’offre totale de fruits est la somme des quantités offertes des différents vendeurs. C’est aussi une identité.

La courbe de demande décrit la relation entre le prix et la quantité demandée. Lorsque le prix augmente, on s’attend à ce que la quantité demandée baisse, et vice versa. Cette relation est une relation de comportement (elle décrit la manière dont sont censés agir les consommateurs). La courbe d’offre, qui établit aussi le lien entre prix et quantité offerte, est une relation de comportement.

Le point de satisfaction mutuelle des vendeurs et acheteurs sur un marché est le point d’équilibre. L’équilibre exige que la quantité demandée soit égale à la quantité offerte. Ceci se produit à l’intersection entre la courbe d’offre et la courbe de demande.

En représentant mathématiquement ces idées, l’économiste est capable de dire ce qui cause le niveau des prix ou leur variation. Pour la représentation mathématique, l’économiste utilise des fonctions. En désignant par Qd, Qs et P respectivement les quantités demandée, offerte et le prix, par R le revenu des consommateurs et par T la qualité du transport entre le lieu de consommation et de production des fruits, l’économiste établira des équations du type suivant :

(1) Qd = a – bP + cR(2) Qs = d + eP + fT(3) Qd = Qs

Les relations 1 et 2 sont des relations de comportement expliquant comment la demande Qd et l’offre Qs répondent aux prix et aux variables revenu et transport. La relation 3 est une condition d’équilibre indiquant qu’au repos du système, l’offre et la demande s’égalisent. Lorsque l’économiste dispose des valeurs des constantes a, b, c, d, e et f, elle peut tirer des conclusions sur les modifications du prix P par suite d’une modification du revenu ou des conditions de transport. A partir du niveau des prix, l’économiste pourra dire quelle quantité de fruits sera vendue et achetée.

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satisfaction (qui peut être objective, morale ou subjective) qu’un consommateur tire de la consommation d’un bien ou d’un service.Adam Smith utilise ces deux concepts pour illustrer le paradoxe entre le diamant et l’eau. L’eau a une valeur d’usage très élevée et unevaleur d’échange (prix) très bas. Par contre, le diamant a une valeur d’usage fort limitée (beaucoup de gens peuvent s’en passer) maisune valeur d’échange (prix) très élevée. Pour l’économiste, ce sont les conditions de l’offre et de la demande qui expliquent lesdifférences de prix entre le diamant et l’eau. Dans la plupart des conditions, l’eau existe en abondance et c’est cette ampleur de l’offrequi impose le niveau bas du prix. Ce n’est pas le cas du diamant qui est une pierre rare.

Il faut aussi faire la distinction entre prix et coût. Le coût d’un bien est ce qu’on dépense pour le fabriquer, alors que le prix est cequ’on dépense pour l’acquérir. En général le coût de production déterminera le prix auquel les entreprises sont enclines à vendre lebien. Si le coût de production augmente, le prix du bien augmentera normalement.

Pour terminer, considérer le rôle des prix dans l’allocation des ressources. Prenons l’exemple de l’allocation des parcelles sises àl’intérieur ou aux alentours de la Zone du Bois à Ouagadougou. Ces parcelles coûtent extrêmement plus cher, par exemple, que desparcelles situées dans une zone comme Kossodo. Qui habitera ou construira à la Zone du Bois ? Ceux qui sont prêts à payer le prixqu’il faut. Le prix montera jusqu’à ce que l’offre et la demande s’équilibrent. Vous comprenez par là que le niveau du prix permettrad’éliminer certains demandeurs et ne garder que ceux qui sont capables de payer. Le prix égalise l’offre et la demande par exclusion,le principe d’une économie de marché.

Questions

1. Qu’est-ce qu’un marché concurrentiel ?2. Pourquoi la courbe de demande individuelle est-elle normalement décroissante ? Pourquoi en est-il de même de la courbe dedemande de marché ?

3. Pourquoi la courbe d’offre d’une entreprise est-elle normalement croissante ? Pourquoi en est-il de même de la courbe d’offre demarché ?

4. Quel est l’intérêt du point d’intersection entre la courbe d’offre et la courbe de demande ?

PROBLÈMES

1. Expliquer chacune des affirmations suivantes à l’aide de courbes d’offre et de demande.

a. Quand une sécheresse frappe le sud-ouest du Burkina, le prix de la farine de maïs usinée monte dans tous les magasins des villes duBurkina.b. Quand un problème frontalier fait baisser les importations de ciment, le prix du ciment augmente alors que celui du maçon baisse.

2. Soit les barèmes de l’offre et de la demande de Benga :Prix (Fcfa par plat) Quantité demandée Quantité offerte

(centaine de plats par jour)20304050607080

1801601401201008060

6080100120140160180

a. Tracer les courbes d’offre et de demande et indiquer le point d’équilibre.b. Supposer que le prix s’établit à 70. Décrire la situation du marché de Benga et expliquer le processus par lequel le marché vas’ajuster.c. Supposer que le prix du bois utilisé dans la préparation de Benga monte. Laquelle des courbes se déplace ? De quel côté ? Pourquoil’autre courbe ne se déplace-t-elle pas ?d. Supposer que le revenu moyen des consommateurs de Benga augmente de 15%. Laquelle des courbes se déplace ? De quel côté ?Pourquoi l’autre courbe ne se déplace-t-elle pas ?

3. Depuis la construction des barrages de Kompienga et de Bagré, beaucoup de burkinabè sont devenus de grands mangeurs depoisson au détriment de la viande de bœuf. Dire quels sont les effets de ce changement d’habitude alimentaire sur les prix et les

27

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quantités d’équilibre sur les marchés du bœuf, du poulet et des restaurants servant des plats de viande de bœuf ? Utiliser des courbesd’offre et de demande pour justifier vos réponses.

La mesure de la sensibilité de l’offre et de la demande

L’élasticité est un concept essentiel dans l’analyse économique. Des énoncés qui prendraient une tournure compliquée deviennentsimples lorsque l’on utilise ce concept. Par exemple, il peut être important pour une vendeuse de galettes de savoir l’impact quepourrait avoir une augmentation du prix des galettes sur le bénéfice qu’elle réaliserait. Une augmentation de prix pourrait par exempleprovenir d’un déplacement de la courbe d’offre de galettes vers la gauche. Ce déplacement à son tour peut être dû au retrait denombreuses vendeuses du marché par suite de l’apparition de nouvelles activités. La vendeuse voudrait aussi savoir l’impact d’uneaugmentation des revenus des consommateurs sur la consommation de galettes. Une telle information pourrait par exemple êtreutilisée pour le choix de la localisation du lieu de vente entre les différents quartiers de la ville. L’élasticité prix ou l’élasticité revenului permettront de facilement percevoir les effets de ces deux évènements.

Un conseil pour l’étudiant qui entreprend de comprendre et utiliser l’élasticité. Le concept est élusif en ce sens qu’il semble à premièrevue abstrait. Somme toute, c’est un concept pratique, l’abstraction tenant seulement au caractère général du concept. Toute votre vied’économiste, vous aurez à utiliser ce concept. Autant le maîtriser dès les premiers instants d’initiation à l’économie.

II. L’élasticité-prix de la demande

2.1 Concept d’élasticité

Selon la loi de la demande, lorsque le prix d’un bien augmente, la quantité demandée de ce bien diminue. La loi de la demande donneainsi le sens de la variation de la quantité par suite d’une variation du prix. Mais cette loi ne donne pas l’amplitude de la baisse de laquantité demandée par suite de l’augmentation du prix. Cette ampleur dépendra de la capacité de réaction de la demande à unchangement de prix.

Considérer par exemple le marché du maïs. Supposer qu’une faible pluviosité provoque un déplacement de la courbe d’offre de maïsvers la gauche. Il en résultera une augmentation du prix. L’impact sur la quantité demandée et vendue (quantité d’équilibre) dépendrade la forme de la courbe de demande. Considérer les deux cas de la figure 3.1. Dans le cas A, la courbe de demande est moins plateque dans le cas B. L’aplatissement de la courbe de demande joue sur l’effet de l’augmentation du prix provenant d’une baisse del’offre. Dans le panel A de la figure 3.1, lorsque le prix augmente de 75 F à 125 F (soit une augmentation de 66 %), la quantitéd’équilibre baisse de 100 T à 80 T (soit une baisse de 20 %). Par contre, dans le panel B, un passage du prix de 75 F à 100 F (uneaugmentation de 33 %), s’accompagne d’un passage de la quantité de 100 T à 60 T (une diminution de 40 %). La quantité répond plusamplement à une variation du prix dans le cas B que dans le cas A. On dira que la demande est plus élastique dans le cas B que dansle cas A.

28

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2.2 Définition et calcul

L’élasticité-prix de la demande, notée souvent par e, est définie comme la variation en pourcentage de la quantité demandée diviséepar la variation en pourcentage du prix:

variation en pourcentagede la quantité demandée

variation en pourcentage du prix

e

En utilisant l’exemple ayant servi d’illustration, on obtient les résultats suivants :

Panel A : 20% 20

0,3066% 66

e

Panel B : 40% 40

1,2133% 33

e

Dans le premier cas, on dira qu’une variation du prix de 1 % s’est accompagnée d’une variation de la quantité demandée de 0,3 %.Dans le deuxième cas, une variation du prix de 1 % a entraîné une variation de la quantité demandée de 1,2 %.

29

S0S1

S0S1

DADB

100 80 100 60

75

125

75

100

Qté de maïs (Tonnes)

Qté de maïs (Tonnes)

Prix du

maïs

(CFA

/Kg)

Prix du

maïs

(CFA

/Kg)

BA

Fig. 3.1. Effet d’un déplacement de la courbe d’offre sur le niveau du prix et de la quantité d’équilibre. Par suite d’une baisse de la production de maïs, la courbe d’offre se déplace de S0 à S1. L’impact sur le prix et la quantité dépend de l’aplatissement de la courbe de demande. Lorsque la courbe de demande est presque verticale (panel A), la diminution de l’offre entraîne une forte augmentation du prix (de 75 F à 125 F). Lorsque la courbe de demande est plate (panel B), la diminution de l’offre entraîne une augmentation du prix moins importante, de 75 F à 100 F. La quantité demandée réagit plus fortement au prix dans le panel B que dans le panel A.

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En mathématique, la variation en % de la variable x s’écrit :

variation en % de xx

x

, où l’opérateur indique la différence entre deux valeurs de x :

1 0x x x , où x1 et x0 sont deux valeurs données de x. En utilisant l’opérateur, la formule de l’élasticité est :

q qe

p p

, où q représente la quantité demandée et p le prix d’un bien. Noter qu’en réalité q et p sont de signes opposés (loi de la

demande) et l’élasticité ainsi définie est négative. On considère la valeur absolue de e, même si dans l’interprétation on tient comptedu signe négatif.

Pour appliquer cette formule, supposons par exemple qu’à un temps t on a les données suivantes sur la demande de bissap : Prix=200F/litre, quantité demandée=25 litres. Par suite d’une augmentation de l’offre, le prix passe à 150 F/litre et la quantité demandée à 35litres. Quelle est l’élasticité-prix de la demande de bissap? En appliquant la formule :

(35 25) 25 10 25 2 5

1,6(150 200) 200 50 200 1 4

q qe

p p

;

En prenant la valeur absolue, on obtient e=1,6. Une baisse du prix du bissap de 1% entraîne une augmentation de la quantité demandéede 1,6%. La demande de bissap est élastique au prix.

30

ENCADRE 3.1Note d’éclaircissement !

En réalité, l’élasticité - prix est un nombre négatif. Lorsque le prix augmente, la quantité demandée diminue. A strictement parler les valeurs de l’élasticité calculées dans le texte sont respectivement -0,30 et -1,21. Par convention, on se contente de représenter l’élasticité par sa valeur absolue, sachant (en tête) que ce nombre est négatif. La considération de la valeur positive facilite les comparaisons entre élasticités. Mais dans les interprétations, on ne doit pas oublier ce fait que quantité demandée et prix varient en sens inverse l’un de l’autre.

Ainsi, dans le texte, l’élasticité du panel A s’interprète rigoureusement comme suit : Une augmentation du prix de 1 % s’accompagne d’une diminution de la quantité demandée de 0,3 %. Dans le cas du panel B, on dira qu’une augmentation du prix de 1 % entraîne une baisse de la quantité demandée de 1,2 %.

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2.3 Classification des biens selon l’élasticité

La valeur 1 est utilisée comme point de rupture pour la comparaison des biens selon l’élasticité Ainsi :- Les biens dont l’élasticité dépasse 1 sont des biens élastiques. Une augmentation du prix dans ce cas entraîne une baisse de la

quantité demandée relativement plus ample que l’augmentation du prix. De même une diminution du prix entraîne uneaugmentation relativement plus ample de la quantité demandée. Dans une telle situation, la manipulation des prix a un effetsaisissable sur la demande.

- Si l’élasticité est inférieure à 1, on dit que la demande est inélastique. Dans ce cas, une augmentation du prix entraîne unediminution relativement moins ample de la quantité demandée. Inversement, une diminution du prix entraîne uneaugmentation relativement moins ample de la quantité demandée. La manipulation des prix dans ce cas a peu d’impact sur lesquantités demandées. Dans l’encadré 3.1, vous avez des exemples de biens élastiques et non élastiques.

Il existe deux cas extrêmes. Dans le premier, une variation du prix entraîne une variation illimitée de la quantité. On dit que lademande est infiniment (parfaitement) élastique. En particulier, la moindre hausse du prix se traduit par la baisse de la quantité à zéro,

31

ENCADRÉ 3.2Élasticités - prix dans l’économie burkinabè

Zahonogo et al. ont mené une étude sur la consommation en milieu urbain au Burkina à partir de données d’enquêtes sur les ménages dans huit villages de quatre provinces du pays (Soum, Passoré, Bâlé et Comoé). Ils ont utilisé un modèle qui permet de trouver la relation mathématique entre la consommation d’un groupe de biens et des variables comme les prix de ces biens et les caractéristiques démographiques des ménages. Leurs résultats sur les élasticités-prix de 7 groupes de biens sont présentés dans le tableau ci-après. Ici, nous avons regroupé les biens en demandes élastiques (élasticité supérieure à 1) et en demandes inélastiques (élasticité inférieure à 1). Ainsi, on constate que la demande des céréales traditionnelles (mil et sorgho) a une élasticité de 1,191 : Une augmentation de leur prix de 1 % entraîne une diminution de leur quantité demandée de 1,191 %. Une politique de prix peut donc avoir des effets sur la consommation de ces céréales. Pour encourager par exemple leur consommation, il faut diminuer leur prix. Par contre, les céréales intermédiaires (maïs et riz) ont une élasticité de 0,272 : une diminution de leur prix de 1 % augmente leur consommation de 0,272 %. Cette augmentation moins que proportionnelle de la quantité indique que ce groupe de céréales est inélastique. La politique de prix aura peu d’incidence sur leur consommation.

BiensElasticités - prixDemandes élastiques Céréales traditionnelles (mil, sorgho)1,191 Aliments industriels1,122

Boissons et excitants1,029Demandes inélastiques Légumineuses et oléagineux0,261 Céréales intermediaries (maïs, riz)0,272

Aliments gras0,807 Biens d'équipement0,999Source : P. Zahonogo, K. Savadogo, C. McCracken et T. Sakurai, 2003 :

«Pauvreté et arbitrage entre consommation alimentaire et non alimentaire en milieu rural du Burkina». Université de

Ouagadougou.

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alors que la moindre baisse du prix se traduit par une hausse infinie de la quantité. Dans le deuxième cas, une variation du prix laissela quantité inchangée. On dit que la demande est parfaitement inélastique ou encore d’élasticité nulle.

Les valeurs des élasticités sont intimement liées à la forme de la courbe de demande, comme le montre la figure 3.2.

2.4 Elasticité-prix et recettes

Une entreprise sera toujours intéressée par l’effet d’une variation des prix sur ses recettes (ventes en argent). Les recettes d’uneentreprise sont la quantité vendue multipliée par le prix :

R=pQ

Si le prix augmente de 1%, les recettes diminueront si la quantité diminue de plus de 1 %. Les recettes augmentent si la quantitédiminue de moins de 1%. On peut utiliser l’élasticité pour exprimer ce résultat.

-Si l’élasticité est supérieure à 1 (demande élastique), les recettes baissent par suite d’une augmentation des prix.-Si l’élasticité est inférieure à 1 (demande inélastique), les recettes augmentent quand le prix augmente.-Si l’élasticité est exactement égale à 1, l’augmentation du prix est exactement compensée par la diminution de la quantité et lesrecettes restent constantes.

Ce résultat est tout à fait logique. Lorsque la demande est inélastique, le consommateur est « prisonnier » de ses goûts : il ne peut pasréagir face à des changements. Par conséquent, l’augmentation ou la diminution du prix laisse ses quantités achetées presqueinvariables. Par contre, quand la demande est élastique, le consommateur est à même de s’ajuster. Une augmentation du prix le fera« fuir » le produit. Un exemple de bien à demande inélastique est l’alimentation prise en tant que groupe. Tout consommateur estobligé de se nourrir et l’augmentation ou la diminution du prix aura peu d’impact pour beaucoup de gens.

32

P P P

Q Q Q

18

100

18

15

18

15

18

15

15

PP

QQ

D D

D

D

D

100 90 100 80

100 50

Qté achetée=

Qté achetée=0

(a)(b)

(d)

(c)

(e)

Figure 3.2 Formes des courbes de demande et élasticité.(a) Demande parfaitement inélastique. Le passage du prix de 15 à 18 laisse la quantité inchangée.(b) Demande inélastique. Le passage du prix de 15 à 18 (+20%) entraîne le passage de la quantité de 100 à 90 (-10%).(c) Demande unitairement élastique. Le passage du prix de 15 à 18 (+20%) entraîne le passage de la quantité de 100 à 80 (-20%).(d) Demande élastique. Le passage du prix de 15 à 18 (+20%) entraîne le passage de la quantité de 100 à 50 (-50%).(e) Demande infiniment élastique. Toute augmentation du prix au-dessus de 15 annule la demande. Toute diminution du prix en dessous de 15 conduit à une demande infinie.

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Les entreprises doivent se préoccuper du niveau de l’élasticité-prix de la demande pour leurs décisions. Supposer par exemple qu’àBobo-Dioulasso, un seul artisan produit un certain type de briques en pierre. Etant seul, il peut librement fixer son prix. Mais, sesventes dépendent de la réaction des consommateurs. Supposons qu’une étude révèle que la demande des briques a une élasticité de 2.Alors, une augmentation du prix de 1 % s’accompagne d’une baisse de la quantité demandée de 2 %. Dans ce cas, une augmentationdu prix entraînera une chute des recettes. Prenons un exemple. Supposer que lorsque le prix est de 500 F la brique, le fabricant vend1000 briques, soit des recettes de 500.000 F. Maintenant supposer qu’il augmente son prix de 20% pour l’établir à 600 F. Comme leniveau de l’élasticité est de 2, l’augmentation du prix entraînera une baisse des quantités vendues de 40%. Le nombre de briquesvendues s’établit à 600, et le chiffre d’affaires au nouveau prix est 360.000, une baisse de 140.000 F !

Si au contraire notre vendeur de briques baisse son prix de 20%, la quantité vendue augmente de 40%, et 1400 briques sont maintenantvendues. Au nouveau prix de 400 F, les recettes s’établissent à 1400 x 400, soit 560.000 F. Il encaisse 60.000 F de recettessupplémentaires.

Cet exemple montre que la fixation du prix pour une entreprise en situation de monopole est une affaire sérieuse car le niveau du prixa un impact important sur les recettes.

2.5 Elasticité et pente de la courbe

Comme vu plus haut, le niveau de l’élasticité dépend de la forme de la courbe de demande. Lorsque la courbe de demande est unedroite, cette forme dépend entièrement de la pente de la courbe. Considérer la courbe de demande de canaris ci-dessous (Fig. 3.3).Cette courbe de demande est représentée par une équation de la forme :

Q a bp , (1)

avec p le prix et Q la quantité. Les valeurs de a et de b définissent entièrement ladroite. Si par exemple a=150 et b=0,50 alors une valeur de p de 200 impliqueune valeur de 50 pour Q. Une valeur de 250 pour p implique une valeur de 25pour Q.

On peut « inverser » l’équation de la courbe pour obtenir le prix à partir d’unequantité de canaris. L’équation est :

a Qp

b b (2)

Par exemple, avec les valeurs de a et b, si le nombre de canaris est 50, le prix

payé est (150 0,5) (50 0,5) 300 100 200 .F Avec le prix en ordonnée, la pente de la droite correspond à celle de l’équation(2). La pente de cette équation est définie comme suit :

variation du prix 1pente=

variation de la quantité

p

Q b

.

En reprenant la formule mathématique de l’élasticité :1

. .Q Q Q p p

ep p p Q p Q Q

.

D’où la relation entre l’élasticité et la pente :1

. .pente

p pe b

Q Q

La pente donnée par 1/b est constante le long de la droite. Mais l’élasticité dépend du rapport p/Q : elle est forte pour les petitesvaleurs de la demande et faible pour les grandes valeurs de la demande. Noter que pour deux courbes données, si le rapport p/Q est lemême (ce qui est le cas quand les deux courbes se croisent), la courbe ayant la plus forte élasticité est celle ayant la plus faible pente(1/b) : Si 1/b est faible, alors b est élevé, conduisant à une plus forte valeur de e étant donné p/Q.Pour appliquer la formule, prenons le point où p=200 et Q=50. La valeur de l’élasticité est .( / ) 0,5.(200 / 50) 2.e b p Q Ence point, une diminution du prix du canari de 1% entraîne une augmentation de la quantité demandée de 2 %. La demande estélastique en ce point. Prenons maintenant le point (p=250, Q=25). En ce point (vous pouvez vérifier), la valeur de l’élasticité est égaleà 5. La réponse de la demande à une variation du prix est encore plus ample en ce point.

33

Prix desCanaries (FCFA)

Quantité deCanaris

200

250

25 50

Fig. 3.3 Courbe de demande linéaire. La pente est constante. L’équation qui la représente est de la forme p= - Q. L’élasticité varie le long de cette courbe même si la pente est constante.

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2.6 Déterminants de l’élasticité de la demande

La valeur de l’élasticité de la demande varie fortement entre produits. Dans l’exemple de l’étude de la consommation rurale (encadré3.1), on a constaté que la plus forte élasticité s’établissait à 1,19 tandis que la plus faible n’atteignait que 0,26. On peut se demanderquels facteurs expliquent ces différences de niveaux. On peut énumérer deux grandes catégories de déterminants.

L’existence de biens substituables. Lorsque le bien analysé admet des substituts rapprochés, les consommateurs ont plus deflexibilité dans leur choix. Toute augmentation significative du prix du bien va pousser les consommateurs vers le produitsubstitut. Un exemple : la farine de maïs et la farine de sorgho. Si le prix de la farine de sorgho augmente de façon importante, lesconsommateurs vont se replier sur la farine de maïs et la demande de la farine de sorgho baissera de façon substantielle. Il y adeux facteurs qui déterminent la possibilité de recours à des substituts : le prix relatif et l’horizon temporel.

o Prix relatif. Lorsque le prix d’un bien donné est faible relativement à d’autres, il existe en général plusieurs utilisationspossibles de ce bien, constituant autant de sources de demande. Considérer par exemple la demande d’un produit commele ciment. Quand le prix est très bas, les consommateurs peuvent l’utiliser pour construire toutes sortes de structures(allant du poulailler au building élaboré. Si le prix augmente à partir de ce niveau bas, certains consommateurs vontrecourir à d’autres types de matériaux (banco, briques de pierre). Si ces matériaux existent (ce qui est le cas au début duprocessus), la demande de ciment va baisser fortement. Lorsque le ciment est par contre vendu à un prix très élevé, lesutilisateurs deviennent surtout ceux qui l’utilisent pour la construction de structures qui ont vraiment besoin de ciment(immeubles par exemple). A ce point, une hausse du prix du ciment ne produit pas d’effet car il n’y a pas de substitutsadéquats. Il faudrait une hausse extraordinaire du ciment pour que la demande baisse (i.e. les acteurs cessent deconstruire). La figure 3.4 décrit cette situation, la courbe de demande étant presque horizontale aux niveaux faibles duprix et presque verticale aux niveaux élevés.

o Horizon temporel. Toutes choses égales par ailleurs, le consommateur est d’autant plus à même de trouver des substitutsà un bien donné que le temps pour ce faire s’allonge. A court terme (c’est-à-dire un temps au cours duquel certainsajustements sont impossibles), l’élasticité de la demande aura tendance à être faible alors qu’à long terme (tempssuffisamment long pour permettre la plupart des ajustements) l’élasticité sera généralement plus forte. En termes decourbes de demande, la courbe est plus aplatie dans le long terme que dans le court terme (Figure 3.5).

La nature du bien : bien essentiel ou bien de luxe. Les biens essentiels ont en général une demande rigide, en ce sens que mêmesi le prix augmente le consommateur ne peut s’en passer. Ceci suppose l’inexistence de substitut pour ces biens essentiels. Parexemple, en considérant l’ensemble des denrées agricoles de base comme un « bien alimentaire», l’augmentation du prix de cebien alimentaire pénalise les gens pauvres qui sont obligés d’en acheter au prix plus fort. Quant à un bien de luxe, l’augmentationdu prix conduit le consommateur à s’en éloigner, et la demande d’un tel bien est élastique. Par exemple, le riz en milieu rural peutêtre considéré comme un bien de luxe dont l’augmentation du prix conduira les résidents ruraux à s’en éloigner.

34

A

B

Prix du ciment

Quantité de ciment

Figure 3.4 Variation de l’élasticité le long de lacourbe de demandeAutour du point B, les prix sont bas, il existe de nombreux substituts, la demande est élastique. Autour du point A, les prix sont élevés, les substituts sont peu nombreux, la demande est rigide.

Demande à long terme

Demande à court terme

Quantité

PrixFigure 3.5 Elasticité et horizon temporelDans le long terme la courbe de demande estplus aplatie, la demande est plus élastique. Dans le court terme la courbe de demande a une pente plus raide, la demande est moins élastique.

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3. L’élasticité-prix de l’offre

3.1 Définition

Pour formuler un jugement quantitatif sur la modification de la quantité offerte par suite d’une modification du prix, on utilise leconcept d’élasticité-prix de l’offre. Il s’agit du même concept que l’élasticité-prix de la demande. Par simplicité, on utiliseral’expression élasticité de l’offre. L’élasticité de l’offre est définie comme suit :

variation en pourcentagede la quantité offerte

élasticité de l'offrevariation en pourcentage

du prix

En écriture symbolique, l’élasticité de l’offre se définit comme suit :

f f

f

Q Qe

P P

,

35

ENCADRÉ 3.3Autres élasticités

L’élasticité de la demande telle que définie peut s’appliquer à tout facteur autre que le prix du bien. Par exemple, on peut parler d’élasticité-revenu ou d’élasticité-prix croisée.

L’élasticité-revenu décrit la sensibilité de la quantité demandée au revenu. Comme nous l’avons vu dans l’étude des déterminants de la demande, une hausse de revenu entraîne l’accroissement de la quantité demandée, toutes choses égales par ailleurs. L’élasticité-revenu permet de mesurer l’ampleurde cet accroissement de la demande. La définition est similaire à celle de l’élasticité-prix.

variation en pourcentagede la quantité demandée

variation en pourcentage du revenu

Re =Q Q

R R

, où R est le revenu et Q la quantité demandée. On

peut classer les biens selon la valeur de l’élasticité-revenu : Si eR est positive, le bien est dit normal. C’est le cas de la plupart des biens. Parmi les biens

normaux, on distingue deux sous-groupes :o Biens supérieures : eR > 1. Il s’agit de biens comme les voitures, les ordinateurs,

les JC, les P50.o Biens normaux ordinaires : eR < 1 Il s’agit de biens comme les galettes, le

samsa, les bics et les vêtements de tous les jours. Si eR est négative, le bien est dit inférieur. Le kouro-kouro est probablement un bien inférieur

(il faut une étude empirique pour le confirmer).

L’élasticitié-prix croisée indique la réaction de la demande lorsque le prix d’un bien substitut ou complément varie. Par exemple, pour une vendeuse de galettes, il peut être intéressant de savoir comment réagissent les consommateurs de galettes lorsque le prix d’un bien voisin, le pain, augmente. L’élasticité-prix croisée est définie comme suit :

variation en pourcentagede la quantité demandée du bien

variation en pourcentage du prix d'un autre bien

ce =X X

Q Q

P P

, où PX est le prix d’un autre bien et Q la

quantité demandée du bien analysé. On peut classer les biens selon le signe de l’élasticité croisée. Si eC est positive, les deux biens sont dits substituables : l’augmentation du prix du bien X

entraîne l’augmentation de la quantité demandée du bien analysé. C’est le cas de la farine de sorgho (bien X) et de la farine de maïs (bien analysé).

Si eC est négative, les deux biens sont dits complémentaires : l’augmentation du prix du bien X esntraîne la diminution de la quantité demandée du bien analysé. C’est le cas de l’huile (bien X)et du benga (bien analysé).

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où P est le prix du bien et Qf la quantité fournie (ou offerte) et ef est l’élasticité-prix de l’offre.

Exemple. Supposons qu’au prix de 10 F la galette, le marché offre 10000 galettes. Au prix de 15 F la galette, le marché offre 20000galettes. L’élasticité de l’offre résultant de ce changement est :

1 0 0

1 0 0

( ) (20000 10000) 10000 12

( ) (15 10) 10 0,5

f f ff f

f

Q Q QQ Qe

P P P P P

.

Cette valeur de 2 signifie que lorsque le prix des galettes augmente de 1%, la quantité offerte sur le marché augmente de 2%. On ditque l’offre de galettes est élastique.

En général on peut qualifier la réponse de l’offre selon la valeur de l’élasticité. Si l’élasticité est supérieure à 1, on dit que l’offre est élastitique. Si l’élasticité est inférieure à 1, on dit que l’offre est inélastique. Si l’élasticité est égale à 1, on dit que l’offre est d’élasticité unitaire.

La nature de l’offre joue un rôle important dans les politiques nationales. Cette nature dépend des biens et de l’échelle de production.

Considérons la production de jus de mangue par la Savana. Cette usine dispose de machines qui peuvent être entièrement ou sousemployées. L’élasticité de l’offre dépend du niveau de production dans une telle unité de production manufacturière, comme illustrépar la figure 3.6.

3.2 Elasticité et pente de la courbe

En réécrivant la formule de l’élasticité de l’offre, on peut la mettre en relation avec la pente de la courbe d’offre, tout comme dans lecas de la demande.

1. .

f f f

f f f f

Q Q Q p pe

p p p Q p Q Q

.

Mais p/Qf représente la pente de la courbe d’offre (il faut se rappeler que le prix est en ordonnée et la quantité en abscisse). D’où laformule de l’élasticité en fonction de la pente :

36

Figure 3.6. Variation de l’élasticité le long de la courbe d’offre.Entre les prix P0 et P1, il y a sous-utiisation de capacité, certaines machines « chôment ». A ce niveau, une petite augmentation de prix entraîne une forte augmentation de la quantité offerte. L’offre est élastique. Entre les prix P2 et P3, les machines sont pleinement utilisées. Une augmentation de prix ne modifie pas la quantité offerte. L’offre est inélastique.Ce n’est qu’à long terme que la quantité offerte pourra réagir.P0

P1

P2

P3

Quantité de jus de mangue

Prix du jus

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1.

pentef f

pe

Q

Si par exemple la courbe d’offre est linéaire de la forme P=c+dQf, alors la formule de l’élasticité est :

1.f f

pe

d Q

Plus la pente est faible, plus l’offre est élastique. On peut représenter les différentes formes possibles d’une courbe d’offre linéaire eten déduire la nature de l’élasticité de l’offre (Fig. 3.7).

3.3 Elasticité de l’offre dans le court terme et dans le long terme

37

Quantité

Quantité

Quantité

Quantité

Quantité

Prix Prix

Prix Prix

Prix

10

1010

1010

15

1515

15

100100

100100 150 200

110a. Offre parfaitement inélastique. Le prix augmente, la quantité reste la même.

b. Offre inélastique. Ici, le prix augmente de 50%, la quantité augmente de 10%.

c. Offre unitairemrnt élastique. Ici, le prix augmente de 50%, la quantité augmente de 50%.

d. Offre élastique. Ici, le prix augmente de 50%, la quantité augmente de 100%.

e. Offre parfaitement élastique. Touteaugmentation du prix cause une augmentation infinie de la quantité.

Figure 3.7. La valeur de l’élasticité dépend de l’inclinaison de la courbe d’offre.

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Les capacitiés d’ajustement des producteurs dépendent du temps qui leur est accordé. Suite à une variation de prix, l’offre réagiradifféremment selon que l’on se trouve dans la longue ou la courte période. Tout comme dans le cas de la demande, la valeur del’élasticité de l’offre dépend de la période d’analyse. L’élasticité de long terme est supérieure, en général, à celle de court terme. Lacourbe d’offre de court terme est obtenue quand la capacité de production (bâtiments, usines, pour une industrie manufacturière ;superficies cultivables, animaux et outils de traction, pour une ferme agricole) est donnée. La courbe d’offre de long terme suppose lapossibilité de changer cette capacité. Par exemple, à long terme un agriculteur peut acquérir plus d’outils et d’animaux de traction etaccroître ses surfaces cultivables.

Un exemple type d’offre inélastique est donné par la production agricole. Considérer par exemple la culture de coton. Une fois lessemences faites en mai-juin, les paysans ne peuvent plus augmenter leur production même si on leur annonce un doublement des prix.L’offre de coton à court terme est donc inélastique, la courbe d’offre a une pente forte (Figure 3.8). Si au contraire on annonce uneforte augmentation du prix avant le début de la saison, les paysans vont s’adapter en accroissant les superficies cultivées, les quantitésd’engrais, le recours aux outils aratoires. La production peut augmenter fortement par suite de l’augmentation du prix. L’offre de longterme (quand les ajustements sont permis) est élastique (Figure 3.8).

4. Applications des élasticités de l’offre et de la demande

4.1 Elasticité et ampleur des effets des déplacements des courbes

Nous avons vu dans le chapitre 2 que lorsque les courbes de demande et d’offre se déplacent, il en résulte des variations de la quantitéet du prix d’équilibre. Par exemple, si la courbe de demande urbaine de kouro-kouro se déplace vers la gauche, par suite, par exemple,d’un changement de goût des consommateurs, et si la courbe d’offre demeure inchangée, il en résulte une diminution de la quantitéd’équilibre ainsi qu’une baisse du prix d’équilibre. Si la courbe d’offre de maïs se déplace vers la droite, par suite d’une innovationtechnologique par exemple, il en résulte une augmentation de la quantité d’équilibre et une baisse du prix d’équilibre, la courbe dedemande étant supposée immobile. Dans chacun de ces cas, il peut être utile de savoir quelle est l’ampleur des modifications. Cetteampleur dépend des valeurs des élasticités de l’offre et de la demande.

Considérons dans un premier remps les conséquences d’un déplacement de la courbe de la demande. La Figure 3.9 donne deux cas defigure, celui d’une forte élasticité de l’offre et celui d’une faible valeur de cette élasticité. Lorsque la courbe d’offre est fortementélastique, un déplacement de la courbe de la demande (vers la gauche ou vers la droite) induit une variation de la quantité relativementplus imprtante que la variation du prix qui en résulte. Par exemple, si la courbe de demande se déplace vers la droite (la demandeaugmente), il en résulte, comme nous le savons, une augmentation à la fois du prix et de la quantité d’équilibre. Le résultat présentnous dit que la quantité augmentera relativement plus fortement que le prix (partie a de la figure). Si par contre la courbe d’offre estinélastique (partie b de la figure), un déplacement de la courbe de demande vers la droite induit une augmentation du prix relativementplus forte que l’augmentation de la quantité d’équilibre.

38

Figure 3.8. Offre de coton graine à court et à long termes.Dans le court terme, la courbe d’offre est presque verticale. L’offre est inélastique. Dans le long terme, la courbe d’offre est plus aplatie. L’offre est élastique.

Offre de coton graine de long terme

Offre de coton graine de court terme

Prix du coton graine

Quantité de cotongraine

Courbe d’offre fortement élastique

Courbes de demande

Prix Prix Courbes de demande

Courbe d’offre relativement

inélastique

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Considérons maintenant les conséquences d’un déplacement de la courbe de l’offre. La Figure 3.10 donne deux cas de figure, celuid’une forte élasticité de la demande et celui d’une faible valeur de cette élasticité. Lorsque la courbe de demande est fortementélastique, un déplacement de la courbe de l’offre (vers la gauche ou vers la droite) induit une variation de la quantité relativement plusimprtante que la variation du prix qui en résulte. Par exemple, si la courbe d’offre se déplace vers la droite (l’offre augmente), il enrésulte, comme nous le savons, une baisse du prix et une augmentation de la quantité d’équilibre. Le résultat présent nous dit que laquantité augmentera relativement plus fortement que la diminution du prix (partie a de la figure). Si par contre la courbe de demandeest inélastique (partie b de la figure), un déplacement de la courbe d’offre vers la droite induit une baisse du prix relativement plusforte que l’augmentation de la quantité d’équilibre.

On peut aussi considérer les cas extrêmes où la courbe d’offre ou la courbe de demande est parfaitement inélastique. Dans ces cas, lesdéplacements de courbes se traduisent uniquement par un effet sur le prix d’équilibre, la quantité d’équilibre restant inchangée. Enréférence à la Figure 3.9b, lorsque la courbe d’offre est parfaitement inélastique (une droite verticale), le déplacement de la courbe dedemande par exemple vers la droite (une augmentation de la demande), se traduit par une hausse du prix. Si par contre c’est la courbede demande qui est parfaitement inélastique, on note qu’un effet d’un déplcement de la courbe d’offre vers la droite (une augmentationde l’offre) se traduit par une baisse du prix (voir Figure 3.10b). Si à l’opposé la courbe d’offre ou la courbe de demande sont

39

QuantitéQuantité

Figure 3.9. Elasticités de la courbe d’offre et effet d’un déplacement de la courbe de demande.Dans le panel a, la courbe d’offre est très élastique. Lorsque la courbe de demande se déplace vers la gauche ou vers la droite, il en résulte une baisse ou une hausse de la quantité relativement plus ample que la baisse ou la hausse correspondante du prix. Dans le panel b, la courbe d’offre est relativement inélastique. Lorsque la courbede demande se déplace vers la gauche ou vers la droite, il en résulte une baisse ou une hausse de la quantité relativement moins ample que la baisse ou la hausse correspondante du prix.

(b)(a)

Courbe de demanderelativement inélastique

Courbes d’offre

Courbe de demandefortement élastique

Courbes d’offre

Prix

QuantitéQuantité

Prix

Figure 3.10. Elasticités de la courbe de demande et effet d’un déplacement de la courbe d’offre.Dans le panel a, la courbe de demande est très élastique. Lorsque la courbe d’offre se déplace vers la droite, ilen résulte une augmentation de la quantité relativement plus ample que la baisse correspondante du prix. Dans le panel b, la courbe de demande est relativement inélastique. Lorsque la courbe d’offre se déplace vers la droite, il en résulte une hausse de la quantité relativement moins ample que la baisse correspondante du prix. Le cas d’un déplacement vers la gauche de la courbe d’offre s’analyse en changeant ce qui doit être changé.

(a) (b)

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parfaitement élastiques, les déplacements de courbes se traduisent uniquement par un effet quantité, le prix restant inchangé (essayerde le montrer sur un graphique).

4.2 Analyse de l’effet d’une taxe et rôle de l’élasticité

La loi de l’offre et de la demande permet d’évaluer l’impact des politiques publiques. Supposer par exemple que l’état impose unetaxe de 100 F par unité sur les produits en cuir fabriqués par une industrie nationale et sur chaque sac de 100 Kg de petit mil vendu. Lataxe est directement prélevée auprès des producteurs et chaque producteur tente de répercuter ce coût supplémentaire sur leconsommateur. Quels seront les effets de cette taxe unitaire de 100 F ?

Mettons-nous du côté de l’industrie. Supposer qu’avant la taxe, le prix d’équilibre de l’industrie soit P0. Pour chaque niveau dequantité de produits vendue, le prix unitaire passe de P0 à P0+100 après la taxe. Tout se passe comme si la courbe d’offre se déplaçaitvers le haut : la courbe de demande étant donnée, tout coûte plus cher à chaque niveau de la production (Figure 3.11). L’effet de lataxe (donc du déplacement de la courbe d’offre) dépend, comme vu plus haut, de l’élasticité de la demande. Supposons que lademande de produits de cuirs est élastique. La partie a de la figure 3.11 montre les effets de la taxe de 100 F. La taxe cause une haussedu prix payé par les consommateurs. Comme la courbe de demande est élastique, les consommateurs se protègent en baissant lesquantités achetées. Au nouveau point d’équilibre, les producteurs finissent par subir la taxe plus que les consommateurs : ils sontcontraints à accepter le prix Pf, supportant la portion P0-Pf sous forme de taxe. Les consommateurs paient le prix Pc, et leur part dela taxe de 100 F est donnée par Pc-Pf.

Considérons la taxation du petit mil. Supposons que la demande de ce produit soit relativement inélastique (le petit mil est utilisé pourdes préparations dans lesquelles on ne peut utiliser ni le maïs, ni le sorgho). Les effets de la taxe de 100 F par sac de 100Kg sontillustrés dans le panel b de la Figure 3.11. Ici, la majorité de la taxe est supportée par les consommateurs, dont la capacité d’ajustementest limitée. Les consommateurs paient Pc, supportant la portion Pc-P0 de la taxe. Les producteurs reçoivent Pf, absorbant la portionP0-Pf de la taxe. Dans tous les deux cas, l’État perçoit la somme 100*Q1 sous forme de recettes fiscales. Cette somme dépend de Q1qui, comme on le voit dépend de la réaction de la demande. On se rend compte ainsi que l’Etat ne récolte pas nécessairementbeaucoup de recettes en taxant certaines activités.

40

Prix

100 F

P0=Prix avant taxe

Pc=Prix payé par lesconsommateurs

Pf=Prix reçu par lesproducteurs

Q0Q1

Quantité

Courbe de demande

Courbe d’offre avant taxe

Courbe d’offre après taxe

100 F

Pf=Prix reçu par lesproducteurs

P0=Prix avant taxe

Pc=Prix payé par lesconsommateurs

Courbe d’offre avant taxe

Courbe d’offre après taxe

Prix

a. Taxe sur le marché des produits de cuir

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Le mécanisme de l’offre et de la demande permet ainsi de montrer que le côté du marché (producteur ou consommateur) qui supporteune taxe imposée par les autorités dépend, en définitive, de l’élasticité. Bien que les producteurs paient la taxe, ils en récupèrent unepartie en répercutant la taxe sur le consommateur. Le consommateur supportera la taxe d’autant plus que sa demande est inélastique.En fait, si la courbe de demande est parfaitement inélastique, c’est le consommateur qui supporte toute la taxe.

5. Les interventions publiques sur le marché

Un autre type d’application des courbes d’offre et de demande concerne l’effet de l’intervention des pouvoirs publics sur le marché demanière à créer des interférences avec la loi de l’offre et de la demande. L’état peut intervenir sur le marché des céréales de grandeconsommation par exemple, avec comme objectif la protection des consommateurs. Les pouvoirs publics établissent, dans ce cas, unprix plafond. Dans un autre sens, l’objectif peut être de protéger les vendeurs ou producteurs et dans ce cas on établit un prix plancher.Avant la libéralisation de l’économie Burkinabè à partir de 1991, il existait au Burkina un organisme appelé OFNACER (OfficeNational des Céréales). Le rôle de cet organisme était le contrôle (l’administration) des prix des céréales aussi bien au niveau duproducteur (institution de prix plancher) que du consommateur (institution de prix plafond). L’administration des prix constitue uneentrave au fonctionnement libre des marchés et peut créer une situation de pénurie ou d’excédent sur les marchés.

5.1 Prix plafonds

Un prix plafond est une barre maximale à ne pas dépasser. On institue les prix plafonds en général pour protéger le consommateur. Sipar exemple le prix plafond du sucre produit par une industrie nationale est fixé à 550 F le Kg, aucun commerçant n’est autorisé àvendre son stock à plus de 550 F le Kg. Autrement dit, le prix payé par les consommateurs se situe au niveau ou en dessous du prixplafond. L’institution d’un prix plafond vise la protection d’un groupe social donné. Dans le cas du sucre, la protection vise surtout lesconsommateurs urbains, notamment les travailleurs des secteurs publics et privés. L’imposition du prix plafond (Figure 3.12a) créeune pénurie sur le marché, le prix se situant en dessous du prix d’équilibre. La demande, au prix institué, excède l’offre. Les individusveulent acheter une quantité que les vendeurs ne veulent pas vendre, car ils n’y sont pas incités.

5.2 Prix planchers

Un prix plancher, au contraire du prix plafond, est généralement institué pour protéger (inciter) le producteur. Si le prix plancher dumaïs est fixé à 55 F le Kg, alors aucun commerçant n’est autorisé à acheter du maïs à moins de 55 F le Kg. Le prix d’achat auproducteur se situe donc au niveau ou au-dessus de 55 F le Kg. L’institution du prix plancher cause un excédent, en ce sens que ce prixse situe au dessus du prix d’équilibre qui prévaudrait si les forces du marché jouaient. Les vendeurs sont incités à mettre sur le marchéune quantité que les consommateurs ne sont pas prêts à payer. Pour que le prix plancher soit réalisable, il faudrait que les pouvoirspublics puissent se débarrasser du surplus (excédent) créé par la régulation. Dans les pays avancés (Etats-Unis, pays de l’UnionEuropéenne), l’état garantit le prix plancher, quitte à racheter lui-même les surplus. Ces surplus, accumulés aux Etats-Unis par suite decette politique, ont été à la base de l’institution de l’aide alimentaire (sous l’administration Kennedy au début des années 1960, parsuite de la Loi désormais connue, PL 480). Dans le cas de maints pays africains, l’institution du prix plancher a été seulementnominale, l’état ayant peu de capacité à en assurer le fonctionnement.

41

Courbe de demande

Q0 Q1 Quantité

Figure 3.11. Effet d’une taxe sur la production.Une taxe sur la production agit de manière à déplacer la courbe d’offre vers le haut. L’effet sur les consommateurs, les producteurs et les recettes de l’État dépend de l’élasticité de la courbe de demande. Dans le panel a, la courbe de demande de produits de cuir est très élastique. Dans ce cas, la majeure partie de la taxe est supportée par les producteurs (les consommateurs s’ajustent à la hausse du prix). L’État encaisse, sous forme de recettes fiscales, la somme 100*Q1. Dans le panel b, la courbe de demande de petit mil est relativement inélastique. La majeure partie de la taxe est supportée par les consommateurs (qui ont de la peine à ajuster leur demande). Ici aussi, l’État perçoitla somme 100*Q1 sous forme de recettes fiscales.

a. Taxe sur le marché des produits de cuir

Prix du sucrePrix du maïs

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f

5.3 Salaire minimum et effet sur l’emploi

Au Burkina, il est institué ce qu’on appelle salaire minimum garanti ou SMIG. Le SMIG est le taux horaire ou journalier minimumqu’un employeur peut verser à son employé. Au Burkina, ce salaire minimum équivaut à environ 30.000 F par mois. Lorsquel’employé est déclaré à la Caisse de sécurité sociale, son salaire doit se situer au moins au niveau du SMIG. L’institution du SMIGvise à protéger le travailleur mais introduit une distorsion sur le marché du travail. Cette distorsion est illustrée par la figure 3.13.L’imposition du salaire minimum au niveau w* crée une situation de chômage additionnel, l’offre de travail étant supérieure à lademande. Le niveau de chômage est donné par la différence Lf-Ld.

42

P é n u r i e

P*=Prix plancher

P*=Prix plafond

E x c é d e n t

µp µp

fQ dQ dQ fQ

Figure 3.12 Effets de prix plafond et prix plancher

Dans le panel a, un prix plafond p* est imposé sur le marché de sucre. Sans la mesure d’intervention, le prix d’équilibre se situerait en ^p. Au prix plafond p*, les consommateurs sont prêts à acheter Qd alors que les vendeurs ne veulent vendre que Qf. Il se produit une situation de pénurie représentée par la différence Qd-Qf. Dans le panel b, un prix plancher est imposé sur le marché du maïs. Le prix d’équilibre sans intervention est ^p. Au prix plancher p*, les vendeurs sont prêts à offrir Qf alors que les acheteurs ne veulent acheter que Qd. Il se produit une situation d’excédent d’offre donné par la différence Qf-Qd.

(a) (b)

Quantitéde sucre

Quantitéde maïs

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Exercices

1. Qu’entend-on par élasticité de la demande et élasticité de l’offre ? Donnez des exemples d’utilisation de ces concepts par leséconomistes.

2. Une courbe de demande parfaitement élastique est-elle horizontale ou verticale ? Expliquer.

3. Si l’élasticité de la demande de bissap est égale à 1, comment varient les recettes quand le prix augmente de 10%? Qu’en serait-il sila demande était inélastique? Si elle était très élastique ?

4. Dans quel cas un déplacement de la courbe de demande se traduira-t-il surtout par une variation de la quantité ? Par une variationdu prix ?

5. Dans quel cas un déplacement de la courbe d’offre se traduira-t-il surtout par une variation de la quantité ? Par une variation duprix ?

6. Comment définit-on un bien inférieur ? Un bien normal ? Un bien de luxe ?

7. Qu’appelle-t-on deux biens complémentaires ? Deux biens substituts ?

8. L’élasticité prix de l’offre est-elle généralement plus forte dans le court terme ou dans le long terme ? Expliquer.

9. Si le gouvernement impose un salaire minimum, quels sont les effets sur la quantité offerte de travail ? Sur la quantité demandée ?Sur le niveau du chômage ?

10. Quelle différence y a-t-il entre un prix plancher et un prix plafond ? Lequel privilégie le consommateur ? Lequel privilégie leproducteur ?

11. Quels effets les prix plancher et plafond ont-ils sur l’équilibre de marché ? Illustrer par des graphiques.

43

w*

w0

L0 Lf Ld Quantité de travail

Salaire

Demande de travail

Offre de travail

Figure 13. Imposition d’un salaire minimum sur le marché du travail.Sans intervention, le salaire d’équilibre est w0 et à ce niveau la quantité de travail offerte et demandée est L0. Si l’Etat intervient et impose le salaire minimum w*, il se crée une situation de déséquilibre, l’offre de travail Lf excédant la demande Ld. Cet excédent représente du chômage additionnel.

Chômage

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12. Si on impose une taxe sur le marché des mobylettes, qui, des consommateurs ou des vendeurs, supportera cette taxe ? Expliquerpar des graphiques.

Problèmes

1. Supposer que l’élasticité prix de la demande de galettes soit égale à 0,3 à court terme et 0,9 à long terme. Quel est l’effet d’uneaugmentation du prix des galettes de 50% sur la demande de galettes a) à court terme ? b) à long terme ?

2. Supposer que l’élasticité de l’offre de maïs soit de 0,5 à court terme et de 1,5 à long terme. Par suite d’une innovationtechnologique, le prix du maïs baisse de 30%. -a) Quels seront les effets à court et à long terme sur les quantités offertes? –b) Que sepasse-t-elle si la baisse de prix n’est que de 20%? –c) Quels sont les effets respectifs de ces deux baisses de prix sur les revenus desproducteurs de maïs?

3. Initialement, le marché du travail est en équilibre, le taux de salaire étant w*. Représenter cette situation sur un graphique. Supposerque le salaire sur le marché du travail soit rigide, c’est-à-dire qu’il ne se modifie pas à cour terme et que de nouveaux travailleurs seprésentent comme offreurs sur le marché. -a) Le marché sera-t-il en équilibre à court terme? Justifier votre réponse. -b) Expliquercomment la rigidité du salaire sur le marché du travail affecte le chômage.

4. Sur le marché du maïs, l’équilibre se situe au prix de 35 F par Kg. Supposer que le gouvernement décide d’encourager la productionde maïs en imposant un prix plancher de 55 F par Kg. –a) Représenter cette situation graphiquement. –b) Quel est l’effet du prixplancher sur l’équilibre? -c) Y a-t-il excédent ou pénurie sur le marché ? –d) Quelle quantité de maïs le gouvernement doit-il achetersur le marché s’il veut que le prix plancher s’impose ? –e) Quelle somme doit-il dépenser ? –f) Dire pourquoi ce genre de politique estappliqué de façon effective dans les pays industrialisés (comme les Etats-Unis) et a de la peine à être appliqué dans les pays endéveloppement (comme le Burkina).

5. Considérer les politiques publiques de lutte contre le tabac. Les études statistiques montrent que l’élasticité de la demande decigarettes est de 0,4. –a) Si un paquet de cigarettes coûte 500 F, et si le gouvernement veut réduire la consommation de 20%, decombien doit-il augmenter le prix du paquet ? –b) Si le gouvernement augmente régulièrement le prix du paquet, quand est-ce quel’impact de cette politique sera le plus important : dans un an ou dans cinq ans ?

6. Expliquer comment la proposition suivante peut être vraie : une sécheresse à l’échelle du Burkina augmente les revenus del’ensemble des producteurs de céréales, alors qu’une sécheresse dans la seule province du Gourma réduit les revenus des producteursde céréales de cette province.

7. Une étude montre que les plans d’offre et de demande de chapeaux en paille sont comme suit :

a. Quels sont les prix et quantité d’équilibre sur ce marché ?b. Les fabricants de chapeau persuadent le gouvernement que les chapeaux aident à lutter contrela chaleur et accroissent la productivité des éleveurs de moutons. Le gouvernement impose unprix plancher de 1000 F sur le marché. –i) Quelle est la quantité vendue de chapeaux à ce prix? –ii) Caractériser le déséquilibre sur le marché de chapeaux par un graphique et expliquer.

c. Quelques années plus tard, le gouvernement se rend compte que la production de moutons n’apas bougé. Il impose un prix plafond de 700 F sur le marché. –iii) Quelle est la quantité dechapeaux vendus ? –iv) Caractériser le déséquilibre sur le marché par un graphique et expliquer.

44

Prix (FCfa)

Quantité demandée

Quantité offerte

11001000900800700600

1 millier246810

15 milliers129631

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8. Supposer que la demande de galettes de mil, un produit prisé en milieu urbain burkinabè, s’exprime comme suit : Qd=29 – 2P, Qdétant la quantité demandée (en millions) et P le prix payé. L’offre de galettes s’exprime comme suit : Qf = P – 1, Qf étant la quantitéofferte (en millions). –a) Déterminer la quantité et le prix d’équilibre sur ce marché. Le gouvernement, pour se faire des recettesbudgétaires, décide d’imposer une taxe de 3 F CFA par galette. –b) Quel est le prix payé par les consommateurs de galettes ? –c) Quelest le prix reçu par les productrices de galettes ? –d) Quelle est la quantité vendue de galettes ? –e) Quelle est la recette encaissée parl’état ? (Indication : vous pouvez considérer la taxe comme déplaçant la courbe d’offre vers le haut, de 3 F à chaque niveau dequantité).

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CHAPITRE 3. LES FONDEMENTS DES COMPORTEMENTS DES ACTEURS

3.1 LE COMPORTEMENT DU CONSOMMATEUR

3.1.1 INTRODUCTION

Dans les chapitres qui précèdent, nous avons utilisé le concept de demande sans nous préoccuper de son origine. Nous avons supposéque le consommateur possédait toujours une courbe de demande. Nous avons ensuite attribué des propriétés ‘normales’ à cette courbe,à partir desquelles des prédictions suite aux variations des varaibles d’analyse comme le prix ont été dérivées. Dans le présentchapitre, nous abordons la recherche des fondements de la demande. Ce chapitre montre que la demande peut être dérivée en analysantle comportement microéconomique du consommateur. Le problème central du consommateur est celui du choix des produits àconsommer. La courbe de demande résulte des mécanismes de ce choix.

3.1.2 LE PROBLEME DU CHOIX DU CONSOMMATEUR

L’un des principes fondamentaux de l’économie que nous avons passés en revue dans le chapitre 1 porte sur le choix. Etant donné unensemble de combinaisons de consommation accessibles, le principe du choix dit que le consommateur choisira la meilleurecombinaison de produits et services à consommer. Deux concepts sont importants dans ce principe :

- Les combinaisons accessibles se refèrent aux moyens dont dispose le consommateur. Il est inutile par exemple de désirerune voiture de luxe quand son revenu est loin d’en permettre l’acquisition.

- La meilleure combinaison se refère à celle qui procure la plus grande satisfaction au consommateur.

Nous passons en revue ces deux concepts.

Les options possibles du consommateur : La contrainte budgétaire

Panier. L’analyse du problème du consommateur peut se comprendre plus aisément en supposant que l’univers du consommateur serésume à deux biens, le riz-gras-sans-viande et la viande. Le consommateur consomme une combinaison de ces deux biens. Dans cequi suit, soit x1 le riz-gras-sans-viande et x2 la viande. On appellera panier de biens toute paire (x1, x2) spécifiant une quantitédonnée de chacun des deux biens. Le mot panier peut se comprendre plus naturellement si vous considérez deux biens comme lestomates et les oignons que vous achetez dans le petit marché du secteur.

Prix. Chacun des deux biens est accessible à un prix, soit p1 pour le bien 1 et p2 pour le bien 2. En achetant la quantité x1 du bien 1, le consommateur paie ainsi p1*x1.

Dépense totale. L’acquisition des deux biens coûte au consommateur la somme p1x1+p2x2. C’est la dépense totale du consommateur.

Revenu du consommateur. On supposera que le consommateur dispose d’un revenu limité, noté R. On suppose que le consommateurne peut dépenser plus que son revenu.

Equation de budget et droite de budget. Le consommateur ne peut dépenser plus que son revenu. De même on supposera que le consommateur n’a aucune raison de dépenser moins que son revenu. Autrement dit, on suppose l’absence d’épargne. On obtient ainsi l’égalité entre la dépense totale et le revenu disponible, donnée par l’équation du budget :

1 1 2 2p x p x R

Cette équation peut se représenter dans un repère avec x1 en abscisse et x2 en ordonnée. En tirant la valeur de x2 en fonction des autres symboles, on obtient l’équation suivante:

12 1

2 2

R px x

p p

Supposons que la viande (x2) coûte 200 F par plat et que le riz-gras-sans-viande (x1) coûte 150 F par plat. Le consommateur dispose d’une somme de 600 F. S’il consacre la totalité de ce revenu au bien 1, il peut en acheter 4 unités (4 plats). Si par contre il consacre la totalité de son revenu au bien 2, il pourra s’en procurer 3 unités. Ces deux points (4, 0) et (0, 3) permettent de tracer la droite de

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budget qui représente l’ensemble des combinaisons de riz-gras-sans-viande et de viande accessibles à un consommateur disposant d’un revenu de 600 F. La figure 4.1 représente cette droite.

Fig. 4.1 Droite de budget

0

0.5

1

1.5

2

2.5

3

3.5

0 1 2 3 4 5

x1 (riz-gras-sans-viande)

x2 (

vian

de

)

Espace budgétaire. Il est intéressant d’analyser les diffrérentes combinaisons de viande et riz-gras-sans-viande que peut acquérir le consommateur. On appellera espace budgétaire l’ensemble des combinaisons accessibles étant donné les prix et le revenu. Cet espace est donné par la surface triangulaire OAB dans la figure 4.1.

Pente de la droite de budget. La pente de la droite de budget permet d’illustrer le concept de coût d’opportunité. Supposer que le consommateur veuille augmenter sa ration de viande de la quantité x2. De quelle quantité doit diminuer sa ration de riz-gras-sans-viande? Soit x1 cette variation. Considérer l’équation de budget :

1 1 2 2 =R (1)p x p x

Le revenu restant inchangé, et x1 et x2 variant, on devra maintenir l’égalité suivante :

1 1 1 2 2 2( ) ( )p x x p x x R

ce qui implique

1 1 2 2 1 1 2 2( ) ( ) (2)p x p x p x p x R

Par soustraction membre à membre des deux équations (2) – (1), on obtient :

1 1 2 2 0 (3)p x p x

La pente de la droite de budget est donnée par

2 1

1 2

(4)x p

x p

En valeur absolue, cette pente est tout juste le rapport des prix des deux biens. La pente représente la quantité additionnelle de bien 2obtenue par renonciation à une quantité donnée de bien 1. Le rapport p1/p2 représente la quantité de bien 2 qu’on peut obtenir enéchange d’une unité de bien 1. Dans notre exemple, p1 = 150, p2 = 200 et p1/p2 = 0,75. En abandonnant un plat de riz-gras-sans-viande, on peut obtenir trois-quarts de plat de viande. Le coût d’opportunité de la consommation de riz-gras-sans-viande est de 0,75plat de viande.

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Déplacements de la droite de budget. La droite de budget dépend de deux types de paramètres: les prix et le revenu. Lorsque cesparamètres changent, la droite de budget se déplace.

Effet de variation de revenu. Soit une augmentation du revenu de R à R’. Si les prix restent inchangés, le consommateur disposemaintenant de plus d’argent pour acheter les deux biens. En consacrant tout son nouvel avoir à l’achat du bien 1, le consommateurpeut se procurer la quantité R’/p1>R/p1. De même, en consacrant tout son nouvel avoir à l’achat du bien 2, le consommateur peut seprocurer la quantité R’/p2>R/p2. Tout se passe comme si la droite de budget se déplaçait vers la droite et le haut.

Une hausse du revenu élargit l’espace des choix du consommateur, tandis qu’une baisse de revenu réduit cet espace. Une hausse derevenu permet au consommateur d’augmenter simultanément la consommation des deux biens. Mais dans la réalité, l’augmentationn’est pas identique pour les différents biens. L’effet sur un bien particulier dépendra de l’élasticité revenu de la demande.L’augmentation du revenu profitera plus aux biens à élasticité revenu forte, alors que la baisse du revenu pénalisera davantage cesmêmes biens à élasticité revenu forte.

Effet de variation de prix. Supposons que le prix du bien 2 baisse, le prix du bien 1 ainsi que le revenu demeurant inchangés. La droitede budget va pivoter autour du point d’intersection sur l’axe du bien 1, comme l’illustre le graphique 4.2a. Le consommateur pourra seprocurer plus de bien 2 au nouveau prix s’il consacrait entièrement son revenu à l’achat de ce bien. Si le prix du bien 1 augmente(Figure 4.2b), la droite de budget pivote autour du point d’intersection sur l’axe du bien 2. Avec le même revenu, le consommateurpourra désormais se procurer moins du bien 1 s’il consacrait entièrement son revenu à ce bien.

Lorsque le prix d’un bien baisse, le consommateur peut acquérir plus de chaque bien, son niveau de revenu et le prix du second bienétant donnés. Tout se passe comme si le pouvoir d’achat du consommateur avait augmenté. Dans le cas d’une hausse de prix, leconsommateur

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R/p2

R/p1 R’/p1 R/p1R’/p1

R’/p2

R’/p2

R/p2

x2

x1 x1

x2

Figure 4.1b. Effet d’une baisse du revenu.Lorsque le revenu baisse de R à R’, la droite de budget se déplace vers la gauche et le bas.

Figure 4.1a. Effet d’une hausse du revenu.Lorsque le revenu augmente de R à R’, la droite de budget se déplace vers la droite et le haut.

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subit une détérioration de son pouvoir d’achat. Dans le monde réel, l’effet constaté sur la demande des différents biens suite à lavariation d’un prix dépend de l’élasticité prix. Si un bien est élastique, la hausse de son prix entraîne une baisse importante de saconsommation. Les biens qui bénéficient de cette augmentation de prix sont ceux qui sont substituables au premier avec une forteélasticité croisée.

Le désir du consommateur : Les préférences

Etant donné la contrainte budgétaire, qui est somme toute objective, il s’agit de savoir en quel point de la droite de budget leconsommateur se placera. Par exemple, Nong-nemdo préférera des points situés le plus proche du point A, alors que Muy-rita seplacerait avec joie le plus proche du point B (Figure 4.3). Ce sont les préférences, subjectives, des consommateurs qui vont déterminerle choix du point sur la droite de budget.

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x2

A

A’A

B’B Bx1 x1

x2

Figure 4.2. Effet d’une variation de prix sur la droite de budget. Dans le panel (a), le prix de la viande (bien 2) baisse. La droite de budget pivote autour du point B, de BA à BA’. Au nouveau point A’, le consommateur peut acquérir plus de viande qu’en A, avec le niveau de revenu donné. Dans le panel (b), le prix du riz (bien 1) augmente. La droite de budget pivote autour du point A, de AB à AB’. Au nouveau point B’, le consommateur peut acquérir moins de riz qu’en B, avec le niveau de revenu donné.

(b)

(a)

Viande

Muy-rita préfère ce point proche de B.

Nong-nemdo préfère ce point proche de A

B

A

Viande

Riz-gras-sans-viande

Viande

Figure 4.3. L’emplacement sur la droite de budget dépend des préférences du consommateur.

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Les préférences. Etant donné deux paniers x et y de biens, l’analyse des préférences du consommateur permet de comparer cespaniers et de conclure lequel des deux paniers est préféré par le consommateur. Soient x=(x1, x2) et y=(y1, y2). On peut définir lesrelations suivantes sur x et y.-Préférence stricte. Le consommateur préfère strictement x à y si le consommateur choisit toujours x quand on lui présente x et y. Onnotera :

x yf qui se lit « x est préféré strictement à y ».

-Indifférence. Le consommateur est indifférent entre x et y s’il ne préfère pas strictement x à y et non plus y à x. Dans ce cas onnotera :

x y: qui se lit « le consommateur est indifférent entre x et y ». En abrégé, nous dirons simplement « x et y sontindifférents ».

-Préférence faible (ou au sens large). Le consommateur préfère faiblement x à y si le consommateur préfère x à y ou est indifférententre x et y. On notera :

x � y qui se lit « le consommateur préfère x à y ou est indifférent entre les deux».

Propriétés de la relation de préférence faible. Nous travaillerons avec la relation de préférence faible ( � ). Cette relation possède lespropriétés suivantes :

- Totalité (complétude). Etant donné deux paniers x et y, on exigera que le consommateur puisse toujours classer les deux et dire s’ilpréfère x à y ou y à x. La relation de préférences est totale s’il est vrai que :

x � y ou y � x, x et y étant deux paniers. Si les deux relations tiennent simultanément, alors x et y sont indifférents.

Réflexivité. On pourra toujours comparer un panier à lui-même (ou un panier à un autre qui lui est identique). On dira que la relationde préférence est réflexive si :

x � x, c’est-à-dire que le consommateur est indifférent entre deux paniers de même contenu. Noter que toutes les relations imaginablesne sont pas réflexives. Tel est le cas de la relation «x est ami de y ».

Transitivité. La transitivité dit que le consommateur ne se contredit pas dans ses choix. C’est la transitivité qui assure la cohérence deschoix et qui traduit mathématiquement l’hypothèse de rationalité du consommateur. Etant donné trois paniers x, y et z, la relation depréférences est transitive si :

x � y et y � z entraîne nécessairement x � z.

Autrement dit si, étant donné x et y le consommateur choisit x et choisit y quand on lui présente y et z, alors il doit choisir x si on luiprésente x et z. L’admission de consommateurs ayant des préférences intransitives dans la théorie du consommateur introduirait dessituations de comportement imprédictibles, toutes les aberrations étant rendues possibles. L’hypothèse de transitivité sera considéréecomme centrale à la théorie du consommateur.

Absence de satiété. Etant donné deux paniers x et y, le consommateur préférera celui qui contient le plus de chaque bien. Ainsi, soitx=(x1, x2) et y=(y1, y2). Si on a les relations suivantes : x1>y1 et x2>y2, alors x � y. De même si ( 1 1 et 2 2x y x y ) ou (

1 1 et 2 2x y x y ), le résultat est le même : x � y. Lorsque cette propriété est satisfaite, on dit que le consommateur est insatiable :il (elle) préfère toujours plus à moins. Dans le cas de la viande et du riz, le panier x*=(2 plats de riz, 1,5 plats de viande) est préféré aupanier x0=(1 plat de riz, 1 plat de viande).

3.1.3 APPROFONDISSEMENT DES OUTILS D’ANALYSE

Dans cette section nous passons en revue un ensemble d’outils et de concepts qui permettent de résoudre progressivement le problèmedu choix du consommateur.

Les courbes d’indifférence

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Considérer un panier de biens x*=(x1*, x2*). La relation de préférence permet de classer tout autre panier x=(x1, x2) au panier x*.Certains de ces paniers seront préférés à x*, d’autres lui seront inférieurs, d’autres enfin lui seront équivalents. Considérer l’ensembledes paniers indifférents à x*. Le lieu de tels points indifférents à x* constitue une courbe d’indifférence. Considérer un consommateurconsommant du riz et de la viande. Ce consommateur peut être indifférent entre acheter le vecteur x=(1 plat de riz, ¾ de plats deviande) et le vecteur x’=(1,5 plat de riz, ½ plat de viande). Une courbe d’indifférence passera dans ce cas par ces deux points x et x’ del’espace euclidien à deux dimensions.

A partir des propriétés des préférences (dont certaines ne sont pas mentionnées ci-dessus), les courbes d’indifférence sont des courbesconvexes vers l’origine comme illustré dans la figure 4.4. Notons la courbe d’indifférence par la lettre I. Deux points x et yappartiennent à I si et seulement si x y: . La courbe d’indifférence I divise l’espace en trois sous-ensembles : I lui-même, P et NP.Un point donné x appartient à P si et seulement si x � x*. P est l’ensemble des points préférés à x*. Un point y appartient à NP si etseulement si x* � y. NP est donc l’ensemble des points non préférés ou dominés par x*.

A partir de la propriété de non satiété, le consommateur préférera se situer sur les courbes d’indifférence les plus éloignées del’origine. Plus la courbe est éloignée de l’origine, plus les quantités de biens contenues dans les paniers sont importantes. En traçant unensemble de courbes d’indifférence dans l’espace, on obtient une carte d’indifférence, comme illustré dans le graphique 4.5. Sur cettefigure, la flèche indique le sens d’accroissement de la satisfaction du consommateur.

Quelques préférences particulières. Lorsque les biens présentent certaines caractéristiques particulières, les courbes d’indifférencepeuvent prendre des formes différentes de la forme « normale » illustrée jusqu’ici.

Biens parfaitement substituables. De tels biens sont rares. Un exemple est donné par les crayons à mine noire mais de couleurextérieure différente. Considérer de tels crayons en couleur jaune et verte. Soit le panier x = (x1, x2), avec x1 le nombre de crayonsjaunes et x2 le nombre de crayons verts. Ce qui importe au consommateur, c’est le nombre total de crayons contenu dans le panier, i.e.x1 + x2. Soit le panier x* = (5, 5). Tous les paniers contenant au total 10 crayons seront indifférents à x*. Ainsi y = (10, 0), z = (0,10), w = (4, 6) sont tous équivalents à x* et entre eux. Les courbes d’indifférences dans un tel cas sont des droites comme cellesreprésentées dans le panel a de la figure 4.6.

51

I

P

NP

x2

x1

Figure 4.4. Une courbe d’indifférenceLa courbe d’indifférence I est le lieu des points indifférents au point x*. Le sous-ensemble P au dessus de I constitue l’ensemble des points préférés à x*. Le sous-ensemble NP au-dessous de I constitue l’ensemble de points auxquels x* est préféré.

x* x*

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Biens complémentaires. Si x1 et x2 sont des biens parfaitement complémentaires, le consommateur devra les acheter en quantitéségales. C’est le cas des chaussures droites et gauches. Toute inégalité dans le nombre impliquerait le gaspillage de l’un des biens. Lescourbes d’indifférence de deux biens complémentaires ont la forme d’un L comme illustrées dans le panel b du graphique 4.6. A partirdu point représenté par le coin de la courbe (sommet de l’angle droit), une augmentation du nombre de chaussures droites sansmodification du nombre de chaussures gauches (et vice versa) ne modifie pas l’utilité du consommateur. L’utilité ne peut augmenterque suite à une augmentation simultanée des deux biens.

Biens indésirables. Si l’un des biens est indésirables, l’augmentation de sa quantité nécessitera la compensation du consommateur parune augmentation de la quantité du second bien pour maintenir le consommateur sur la même courbe d’indifférence. Considérerl’exemple où le bien 1 représente le logement (défini par le confort) et le bien 2 représente les mauvaises odeurs dans un quartier. Enreprésentant le bien 2 en ordonnée et le bien 1 en abscisse, les courbes d’indifférence sont croissantes de la gauche vers la droitecomme l’illustre le panel c de la figure 4.6. Pour une même ‘quantité’ de logement, l’utilité est supérieure quand la quantité d’odeurest plus faible, d’où la flèche indiquant le sens d’accroissement des courbes d’indifférence.

Biens neutres. Lorsque l’un des biens est neutre, l’augmentation de sa quantité n’a pas d’effet sur le niveau de la courbed’indifférence. La variation de la quantité d’un bien neutre n’affecte pas le niveau de satisfaction d’un consommateur. Considérer lecas où le bien 2 représente la quantité de nourriture dans un restaurant de luxe et le bien 1 la quantité de Benga dans les gargottes. Pourun consommateur ordinaire, le bien 2 n’est pas disponible et en conséquence ce bien n’a pas d’effet sur son utilité. Les courbesd’indifférences sont verticales quand le bien 2 est en ordonnée (panel d de la figure 4.6). A tous les niveaux du bien 2, pour atteindreune courbe d’indifférence supérieure on doit augmenter la quantité de bien 1, d’où le sens de la flèche indiquant la direction del’accroissement des courbes d’indifférence.

Préférences normales. Lorsque tous les biens sont désirables (i.e. aucun des biens n’est neutre ou indésirable) et ne sont niparfaitement complémentaires ni parfaitement substituables, les préférences sont normales. Les courbes d’indifférence sont convexesvers l’origine comme l’indique la figure 4.5. Les courbes varient positivement dans le sens de la flèche.

52

Figure 4.5. Carte d’indifférence.Les courbes d’indifférences les plus éloignées de l’origine sont préférées. Ainsi I’’ > I’ > I. La flèche indique le sens d’accroissement des courbes d’indifférence.

I’’

I’I

x2

x1

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La fonction d’utilité

Définition. Supposons que pour un consommateur donné, on puisse classer une série de paniers x, y et z de manière que x � y� z, c’est-à-dire que le consommateur préfère x à y et ce dernier à z. Dans ce cas, au lieu de la relation de préférence, on peut tout aussi bienattribuer à chaque panier un indice qui indique ‘l’intensité’ de la préférence du consommateur pour ce panier. Si on veut respecterl’ordre de préférence indiqué, ces indices doivent être tel qu’on ait l’ordre suivant : indice de x > indice de y > indice de z. Si ondéfinit les valeurs de ces indices, on dit qu’on a associé une fonction d’utilité aux paniers de consommation. Cette fonction d’utilitéreprésente les préférences du consommateur. On notera cette fonction par le symbole U de telle façon que :

U(x) = indice de xU(y) = indice de yU(z) = indice de z.

On peut arbitrairement choisir des nombres pour ces trois indices pourvu que l’ordre supposé soit respecté. Supposer que les deuxbiens analysés soient les galettes de mil pour le bien 1 et les beignets de niébé (samsa) pour le bien 2. On peut par exemple avoir letableau suivant qui définit les paniers x, y, z et les indices d’utilité associés. La colonne (3) du tableau indique les indices définisinitialement, de manière que l’ordre de préférence x � y� z soit respecté. Le tableau admet aussi les colonnes supplémentaires (4) et (5)de représentations alternatives des préférences. Vous remarquez bien que les chiffres dans ces colonnes respectent l’ordreU(x)>U(y)>U(z).

Tableau 4.1. Indices d’utilité associés à des paniers classés par ordre de préférence

53

Figure 4.6. Différents types de préférences.Le panel (a) représente le cas de substituts parfaits. Les courbes d’indifférence sont des lignes droites à pente négative.Le panel (b) représente le cas de compléments parfaits. Les courbes d’indifférence présentent un angle droit.Le panel (c) présente le cas d’un bien indésirable dans la paire de biens. Les courbes d’indifférence sont des droites croissantes de gauche à droite.Le panel (d) représente le cas d’un bien neutre. Les courbes d’indifférence sont des droites verticales quand le bien neutre est placé en ordonnée.

x1

x2

x1

x2

x1

x1

(d)

(b)

(c)

(a)

x2 x2

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Figure 4.7 Niveaux d’utilité et courbes d’indifférence.Trois courbes d’indifférence sont tracées, correspondant aux niveaux d’utilité associés aux paniers x, y et z. Les indices donnés par l’alternative 1 du tableau 4.1 sont utilisés.

galettes

500

y

z 900

480

samsa

x

Panier Quantité de bien 1 (galettes demil, en nombre d’unités)

Quantité de bien 2 (samsa,nombre d’unités)

Indice associé à l’ordrede préférence

x� y� z

Indicealternatif 1

Indicealternatif 2

(1) (2) (3) (4) (5)x 15 8 1800 900 7.49y 10 10 1000 500 6.91z 8 15 960 480 6.87

Une telle représentation dans laquelle ce qui importe est la conservation de l’ordre des préférences est appelée représentation ordinale.Le concept d’utilité associé est connu sous le nom d’utilité ordinale. L’utilité ordinale s’oppose à l’utilité cardinale qui était laconception originale de l’utilité au 19è siècle (voir Encadré 4.1). Dans ce cours, nous n’adoptons que le principe ordinal de l’utilité. Leconcept cardinal n’est présenté dans l’encadré que pour un objectif de complétude de la présentation.

On peut associer les indices d’utilité aux courbes d’indifférence introduites ci-dessus. Chaque niveau d’utilité représente une courbed’indifférence distincte dans l’espace des deux biens. La figure 4.7 traduit cette idée, avec la représentation des courbes d’indifférencecorrespondant aux indices U(x), U(y) et U(z) donnés en exemples ci-dessus.

La fonction d’utilité a pour arguments les quantités des deuxbiens qui composent le panier. Ainsi, pour le panier x, on aU(x)=U(x1, x2). Il en est de même des paniers y et z. Lesindices d’utilité présentés dans le tableau 4.1 sont dérivés d’unefonction particulière U.

Exemples de fonctions d’utilité. Toute fonction mathématiquecontinue, variant dans le même sens que x1 et x2 est une formepossible de fonction d’utilité. La fonction d’utilité doit varierdans le même sens que x1 et x2 par suite de la propriété de nonsatiété. En augmentant x1 ou x2, on ne doit pas diminuerl’utilité du consommateur. Les exemples suivants sont desfonctions d’utilité valides :

1 2 1 2

1 2 1 2

1 2 1 21 2 1 2

21 2 1 2

( , )

( , )

( , )

( , )

U x x x x

U x x x x

U x x x x

U x x x x

La dernière forme est celle qui a été utilisée pour obtenir lesindices de la colonne 3 du tableau 4.1. Etant donné que tout

système d’indices qui préserve l’ordre des préférences (x � y� z) est acceptable, on peut obtenir des représentations alternatives à partir

de la représentation initiale par simple transformation. Ainsi, les indices de la colonne 4 sont obtenus en considérant 21 2

1

2x x , et ceux

de la colonne 5 en considérant Ln( 21 2x x ). Ces transformations simples qui préservent les préférences constituent une des

caractéristiques principales de l’utilité ordinale.

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Fonction d’utilité et courbes d’indifférence

On peut établir la relation formelle entre la fonction d’utilité et les courbes d’indifférence. Soit un panier x=(x1, x2). La courbed’indifférence est le lieu des points dans l’espace (x1, x2) entre lesquels le consommateur est indifférent. Autrement, si U(x1, x2) estl’indice d’utilité associé au panier (x1, x2), une courbe d’indifférence est le lieu des combinaisons (x1, x2) qui procurent un certainniveau d’utilité u0. Mathématiquement, la courbe d’indifférence est déduite de la relation :

01 2( , )U x x u

Par exemple, si u0=1, la courbe d’indifférence se déduit de la relation 1 2( , ) 1U x x . Étant donné l’expression de la fonction

d’utilité, on peut tirer la valeur de x2 en fonction de x1 de manière à respecter l’équation de l’utilité. C’est la relation d’indifférenceentre x1 et x2.

Considérons la fonction 1 2 1 2( , )U x x x x . En posant u0=1, la relation implicite entre x1 et x2 est donnée par 1 21 x x . On en déduit

la relation d’indifférence:

21

1x

x

qui est l’équation d’une hyperbole équilatère. La forme de la courbe est donnée dans la figure 4.8.

A partir de cette courbe, plusieurs autres peuvent se déduire, pour des niveauxd’utilité différents. Par exemple, en prenant les valeurs successives 2, 5 et 10 pouru0, on obtient une carte d’indifférence représentant les fonctions suivantes:

02 1

02 1

02 1

02 1

1 pour 1

2 pour 2

5 pour 5

10 pour 10

x x u

x x u

x x u

x x u

55

Encadré 4.1Concept cardinal ou ordinal de l’utilité

Le concept d’utilité a été introduit dans l’analyse économique au 19è siècle par des auteurs comme Jeremy Bentham (1748-1832) et Stanley Jevons (1835-1882). Bentham a été le premier à utiliser le concept d’utilité pour expliquer et prédire les choix humains. Jevons a été l’un des contributeurs au nouveau concept d’utilité marginale.

La conception initiale de l’utilité était celle d’une mesure de la satisfaction qu’un individu tire de la consommation d’un bien. La fonction d’utilité pouvait permettre de mesurer le bonheur des hommes. Dans une telle conception, les consommateurs essaient de trouver les quantités qui maximisent leur bonheur. Dans cette conception, tout comme le poids d’un objet pouvait être évalué en Kg, le bonheur d’un individu pouvait être évalué en utiles. Cette conception cardinale de l’utilité (i.e. objective, mesurable) a été abandonnée dans l’analyse moderne au profit d’une approche ordinale. Désormais, il suffit de pouvoir établir un classement de l’ensemble des paniers de biens dans un ordre de préférence. Leconcept d’utilité attaché à un tel classement est une représentation qui ne se réclame plus objective.

Figure 4.8 Courbe d'indifférence issue de U(x1,x2)=x1.x2=1

0

2

4

6

8

10

12

0 2 4 6 8

x1

x2

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La fonction d’utilité Cobb-Douglas. Une fonction particulière est celle ayant la forme suivante:

1 2 1 2( , ) ,a bU x x x x

où a et b sont des constantes (a et b sont appelés paramètres). Par exemple si a=b=1/2, on obtient la fonction 1 2 1 21 2 1 2( , )U x x x x qui

a été déjà donnée en exemple ci-dessus. La forme générale de la fonction est connue sous le nom de fonction d’utilité de Cobb-Douglas d’après les noms de ceux qui l’ont introduite pour la première fois (dans une étude sur la production, cependant). Une formesouvent utilisée de la fonction générale est obtenue en faisant l’hypothèse que a+b=1. Dans ce cas, b=1-a et on obtient la fonction

11 2 1 2( , ) a aU x x x x . Vous rencontrerez la fonction Cobb-Douglas dans votre vie d’économiste, surtout dans l’étude de la production

des entreprises.

L’utilité marginale

Comme nous l’avons vu dans le chapitre introductif, l’économiste s’intéresse aux changements à la marge et non aux quantitésglobales dans ses calculs. Le concept d’utilité marginale relève de ces considérations.

Définition. Supposons que la quantité du bien 1 augmente d’une certaine valeur x1. Si la quantité du bien 2 ne change pas, leprincipe de non satiété nous dit que le consommateur verra son utilité augmenter dans la nouvelle situation. L’utilité marginale du bien1 est l’utilité supplémentaire provenant de l’augmentation de la quantité du bien 1, la quantité de bien 2 restant invariante. Ensymboles, cette utilité additionnelle, notée Um1, est donnée par:

1 1 2 1 2

1 1

( , ) ( , )1

U x x x U x xUUm

x x

.

Dans cette formule, le numérateur représente l’augmentation totale de l’utilité par suite de l’augmentation de x1. Rapporté audénominateur, on obtient l’augmentation d’utilité par unité additionnelle de x1.

La définition est identique pour le bien 2 :

1 2 2 1 2

2 2

( , ) ( , )2

U x x x U x xUUm

x x

Noter bien que la valeur de l’utilité marginale n’a pas de signification précise, tout comme la valeur de l’utilité totale n’en a pas (nousavons vu que tout système d’indice qui préserve les préférences est une représentation satisfaisante). Si on multiplie l’utilité totale par2, l’utilité marginale est aussi multipliée par 2. Comme multiplier l’utilité totale par 2 ne change pas l’ordre des préférences, on voitque l’utilité marginale n’a aucun contenu en termes de comportement. Il faut bien noter cela car dans le concept cardinal, on parlait deloi des utilités marginales décroissantes. (Selon ce principe, la première calebasse d’eau à un voyageur assoiffé procure une forteutilité, la deuxième calebasse une utilité moins grande, l’utilité de chaque calebasse additionnelle déclinant jusqu’à s’annuler ou mêmedevenir négative—dans ce dernier la consommation excessive d’eau peut conduire à l’asphyxie.) Dans le contexte de l’utilité ordinale,une telle loi est sans objet.

A partir de la formule de l’utilité marginale, on note que la variation de l’utilité totale par suite d’une variation de x1 est:

11U Um x

La variation de l’utilité totale par suite d’une variation isolée du bien 2 est:

22U Um x

Utilité marginale et dérivées. En pratique, on considère l’effet d’une variation faible de x1 (ou de x2) sur la valeur de l’utilité. On peututiliser la dérivée mathématique pour représenter un tel concept. L’utilité marginale devient la limite de l’expression qui la définit:

1

1 1 2 1 2 1 2

01 1

( , ) ( , ) ( , )1 lim

x

U x x x U x x U x xUm

x x

56

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x1

x2

x2

x1

Figure 4.9 Le taux marginal de substitution.Le TMS est le rapport de la valeur absolue x2 sur la valeur absolue x1. C’est la pente de la courbe d’indifférence en un point.

1

0,5 1,5

2

5

L’utilité marginale du bien 1 est donc la dérivée partielle de la fonction d’utilité. De même, l’utilité marginale du bien 2 est définiecomme suit :

2

1 2 2 1 2 1 2

02 2

( , ) ( , ) ( , )2 lim

x

U x x x U x x U x xUm

x x

Le taux marginal de substitution (TMS)

Le concept de taux marginal de substitution (TMS) est utilisé pour mesurer le taux auquel le consommateur est prêt à échanger un bienpour un autre de manière à conserver le même niveau d’utilité que précédemment. Considérer par exemple le comportement d’unconsommateur face à deux biens, le riz et la viande. Commençons par une situation où le consommateur dispose de 5 plats de riz(vous pouvez penser que cinq clients dans un maquis ont chacun dit à la vendeuse ‘donnez un plat de riz au consommateur assis aufond’). Il serait heureux d’échanger trois plats de riz contre un demi plat de viande. Si à partir de ce point on lui offrait un autre plat deviande, il serait prêt à se départir d’un plat de riz. Mais pour qu’il se sépare du dernier plat de riz, il faudrait lui donner deux plats deviande. Dans cet exemple, on voit qu’au fur et à mesure que la quantité de riz diminue, le consommateur exige plus de viande par platde riz échangé. Les différents taux d’échange constituent différents taux marginaux de substitution entre le riz et la viande. Ce tauxdans cet exemple a évolué de 6 pour 1 à 1 pour 1 pour enfin s’établir à 1 pour deux. Le riz devient de plus en plus cher en termes deviande.

Le TMS sert ainsi à évaluer la valeur d’un bien pour le consommateur en termes d’un autre bien. C’est ainsi un concept central aucalcul du consommateur. Graphiquement, le TMS correspond à la pente de la courbe d’indifférence en un point. Comme la pented’une courbe d’indifférence normale est négative, on considère la valeur absolue de cette pente (voir graphique 4.9).

On peu définir le TMS en symboles :

2

1

xTMS

x

en valeur absolue.

Dans cette écriture symbolique, le TMSs’interprète comme suit : Si on veutaugmenter la quantité du bien 1 de x1,il faut diminuer la quantité du bien 2 dex2. Le rapport indique le nombred’unités du bien 2 que le consommateurdoit céder par unité de bien 1 acquise.C’est le taux d’échange du bien 2 pourle bien 1.

Remarque : On peut bien inverser ladéfinition et parler de taux d’échangedu bien 1 pour le bien 2. Il suffitd’inverser le rapport. Dansl’interprétation, il suffit de prendre laréférence suivante : On considère unevariation (une augmentation ou unediminution) de la variable au

dénominateur et on constate le résultat de la variable au numérateur.

Loi du taux marginal de substitution décroissant. L’introduction du concept de TMS incorpore l’hypothèse de la baisse du tauxmarginal de substitution d’un bien pour un deuxième au fur et à mesure que le consommateur acquiert plus du deuxième bien. Ceprincipe est incorporé dans la forme de la courbe d’indifférence. Le fait que la courbe présente un arc vers l’origine garantit la loi.Considérer la courbe 4.9. Cette courbe illustre l’exemple du riz et de la viande présenté ci-dessus. C’est le fait que la courbe estconvexe vers l’origine qui garantit que le passage de 5 plats à 2 plats de riz (un débarras de 3 plats) nécessite seulement 0,5 plats deviande, alors que le passage subséquent de 2 plats de riz à 1 plat (un débarras de 1 plat) nécessite 1 plat de viande.

TMS de préférences particulières. Lorsque deux biens sont parfaitement substituables, le TMS entre ces biens est constant et égal à 1.Quand deux biens sont des compléments parfaits, le TMS prend deux valeurs, la valeur à l’angle et la valeur 0 ailleurs. Pour lesbiens neutres, le TMS est égal à l’infini.

57

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TMS et utilité marginale. Soient deux biens x1 et x2. Il existe une relation entre le TMS et les utilités marginales des deux biens. On serappelle que le TMS représente le taux auquel le consommateur est prêt à substituer une petite quantité de x2 pour x1. En utilisantcette définition, on dérivera la relation entre utilités marginales et TMS.

Supposer que chaque bien varie d’une petite quantité, respectivement x1 et x2 de manière que l’utilité totale soit préservée (cecicorrespond à un déplacement le long de la courbe d’indifférence). Mathématiquement, la constance de l’utilité se traduit par U=0. Enutilisant la formule de la variation de l’utilité totale (voir la définition de l’utilité marginale) on a :

1 21 2 0U Um x Um x ,

et à partir de cette équation on déduit :

2

1

1

2

x Um

x Um

,

ce qui établit la relation : le TMS (qui est la valeur absolue du rapport x2/x1) est égal au rapport des utilités marginales des deuxbiens.

3.1.3 LA DEMANDE DU CONSOMMATEUR

L’hypothèse de la maximisation de l’utilité

Le consommateur fait face à une contrainte budgétaire et à ses préférences représentées par une fonction d’utilité ou des courbesd’indifférence. Le problème pratique qui se pose au consommateur est le suivant : Quelles quantités de deux biens x1 et x2 doit-ilacheter ? L’analyse de la contrainte budgétaire a montré que le consommateur ne peut pas se permettre n’importe quelle combinaisonde x1 et x2, certaines combinaisons n’étant pas accessibles à cause du coût. L’analyse de l’utilité et des préférences montre quecertaines combinaisons de biens procurent plus d’utilité au consommateur. Il est tout à fait logique de supposer que le consommateurrecherchera les combinaisons de biens qui lui procurent la plus grande satisfaction, tout en tenant compte de ses ressources limitées.Les économistes désignent ce comportement par l’expression «maximisation de l’utilité». La solution qui se dégagera de cecomportement est la paire de quantités x1* et x2* qui permettent au consommateur d’atteindre la satisfaction la plus élevée étantdonné sa contrainte budgétaire. Pour trouver ces quantités x1* et x2*, on peut utiliser soit la méthode graphique soit la méthodealgébrique.

La solution graphique du problème du consommateur

Représentons dans le même repère une carte de courbes d’indifférence et la droite de budget. La droite de budget est donnée une foisque les prix des deux biens et le revenu du consommateur sont fixés [on se rappelle que l’équation de la droite de budget est

2 1 2 1 1( )x R p p p x ]. Par contre, l’emplacement des courbes d’indifférence est donné par le niveau d’utilité atteint. Supposons

que les préférences sont normales. On obtient la représentation donnée par la figure 4.10. Dans l’espace des deux biens, l’hypothèse dela maximisation de l’utilité se traduit par le fait que le consommateur essaie de se situer sur une courbe d’indifférence la plus éloignéede l’origine possible. Il ne doit bien sûr pas ignorer que ses ressources ne lui permettent pas un choix libre. Le point sur lequel leconsommateur finira par se situer doit donc se trouver sur sa droite de budget. On se rappelle que tous les points situés au-dessus de ladroite de budget sont inaccessibles à cause du revenu limité. Pour respecter ses préférences et sa contrainte de ressourcesimultanément, le consommateur doit se situer en un point qui soit commun à la droite et à la courbe.

Considérer par exemple le niveau d’utilité donné par la courbe d’indifférence I0 dans le graphique 4.10. Cette courbe coupe la droitede budget aux points A et B. En se plaçant sur tout point entre A et B (à l’exception de A et B), le consommateur peut atteindre unecourbe d’indifférence supérieure à I0 comme on peut le voir par inspection visuelle. La courbe d’indifférence qui représente la plusgrande utilité compatible avec le budget est la courbe I*. Sur cette courbe, le consommateur se placera au point E où I* et la droite de

budget sont tangentes. Au point E, le consommateur achète le panier (x1*, x2*) et dépense tout son revenu : * *1 1 2 2 .p x p x R

Au point de tangence E, la pente de la courbe d’indifférence est ainsi égale à la pente de la droite du budget. Or nous savons qu’envaleur absolue, la pente de la droite du budget est le rapport des prix, p1/p2. De même, la pente de la courbe d’indifférence, qui est leTMS, est donnée par le rapport des utilités marginales, Um1/Um2. La solution graphique implique donc la relation suivante:

58

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1

2

1

2

pUm

Um p

Interprétation de cette condition. Le rapport p1/p2 donne le prix du bien 1 en termes du bien 2. Si le consommateur renonce à uneunité du bien 1 (i.e. il économise p1 FCFA), le rapport p1/p2 donne le nombre d’unités du bien 2 qu’il peut s’octroyer sur le marché.Le rapport Um1/Um2 donne aussi une sorte de prix du bien 1 en termes du bien 2. Si le consommateur renonce à une unité du bien 1,il perd l’utilité Um1. Pour rester sur la même courbe d’indifférence, il doit être compensé en recevant l’utilité additionnelle Um2procurée par une quantité additionnelle du bien 2. Le rapport Um1/Um2 donne le nombre d’unités du bien 2 nécessaire pourcompenser une perte d’une unité du bien 1. L’équilibre a donc lieu quand le nombre d’unités de x2 que le consommateur est prêt àaccepter pour une unité de x1 de façon à rester indifférent est égal au nombre d’unités de x2 qu’il peut effectivement obtenir sur lemarché en renonçant à une unité de x1.

Une autre interprétation, intuitive, de cette relation est intéressante. Le membre de gauche, qui est le TMS, donne le taux d’échangeentre les biens 1 et 2 qui préserve le niveau de l’utilité. C’est le taux d’échange subjectif (ou interne) entre les deux biens. Le membrede droite donne le taux d’échange objectif (ou externe ou encore de marché) entre les deux biens. A l’équilibre, le consommateurchoisit donc les quantités x1* et x2* de manière à égaliser son taux d’échange interne au taux d’échange externe entre les deux biens.Comme le taux d’échange externe est donné (les prix des biens ne dépendent pas du consommateur), c’est le taux d’échange internequi doit s’ajuster pour assurer l’égalité.

La condition de tangence entre la droite de budget et la courbe d’indifférence est nécessaire pour le choix optimal du consommateur.Si la courbe d’indifférence n’est pas tangente à la droite de budget, elle coupe nécessairement cette dernière et dans ce cas il existe despoints sur la droite du budget par lesquels passent des courbes d’indifférence de niveau supérieur. Par exemple, dans la figure 4.10,tous les points situés entre A et B sur la droite de budget procurent une utilité supérieure à I0.

La solution algébrique du problème du consommateur

La recherche de la courbe d’indifférence la plus élevée et qui est compatible avec la droite de budget est équivalente à rechercher leniveau d’utilité maximum étant donné la contrainte budgétaire. En effet, il faut se rappeler que la contrainte budgétaire, comme son

59

I*

x2

x1

A

B

I1

I0

x1*

x2*

R/x1

R/x2

Figure 4.10. Solution graphique du problème du consommateur.Cette figure illustre la condition de tangence. Au point E, le consommateur atteint la courbe d’indifférence la plus élevée compatible avec son budget. La courbe d’indifférence est plus élevée mais n’est pas accessible étant donné le niveau des prix et le revenu.

E

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nom l’indique, est fixée et ce sont les préférences du consommateur qui doivent s’adapter. On dit que le consommateur cherche àmaximiser son niveau d’utilité sous la contrainte de son budget.

Soit U(x1, x2) la fonction d’utilité et 1 1 2 2p x p x R la contrainte budgétaire. En termes algébriques, le consommateur cherche à

résoudre le problème suivant :

Choisir x1 et x2 de manière à maximiser U(x1, x2) étant donné que 1 1 2 2p x p x R .

On peut transformer ce problème en celui d’une maximisation sans contrainte. On exprime x2 en fonction de x1 dans la contrainte debudget, soit

12 1

2 2

pRx x

p p

Substituer cette expression de x2 (qui est l’équation du budget) dans la fonction d’utilité U(x1,x2). On obtient la fonction à unevariable

11 1

2 2

,pR

U x xp p

qu’on doit maximiser en choisissant la valeur de x1. Pour qu’une fonction à une variable atteigne son

maximum, il faut que sa dérivée première s’annule. Il faut donc dériver la fonction par rapport à x1, en notant que x1 intervient commeargument deux fois. On utilise la règle de la dérivation en chaîne et on doit avoir:

2

1 2 1

0dxU U

x x dx

.

Mais la valeur de dx2/dx1 peut être tirée de la droite de budget :

2 1

1 2

dx p

dx p

La condition d’un maximum implique donc :

1

1 2 2

0pU U

x x p

.

Or

1 2

1 et 2U U

Um Umx x

.

Il en résulte

1 1

2 2

11 2 0

2

p pUmUm Um

p Um p .

A l’équilibre, on doit donc avoir l’égalité entre le rapport des utilités marginales (TMS) et le rapport des prix. C’est (évidemment) lamême condition que celle obtenue par la solution géométrique.

L’interprétation de cette condition d’équilibre est la même que précédemment.

L’optimum du consommateur.

60

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On peut déterminer les quantités d’équilibre (on dit encore quantités optimales ou optimum du consommateur) x1* et x2* définies surle graphique 4.10. Ces valeurs sont contenues dans la condition d’équilibre. Le rapport des utilités marginales, Um1/Um2, est fonctiondes deux variables x1 et x2. Mais à partir de l’équation de budget, on peut exprimer x2 en fonction de x1. C’est ce qui a été fait pourrésoudre le problème de la maximisation. Posons donc x2=g(x1) à partir de la droite de budget. La condition d’équilibre prend laforme :

1 1 1

1 1 2

1( , ( ))

2( , ( ))

Um x g x p

Um x g x p

qui est une équation avec la seule inconnue x1, étant donné les prix p1 et p2 et le revenu R. On peut tirer la valeur de x1 en fonction dep1, p2 et R :

*1 1 2( , , )x f p p R .

Cette valeur de x1 est la quantité demandée du bien 1 par le consommateur. C’est ce que nous appelons demande du consommateur.Comme on le voit, la demande du consommateur dépend des prix des deux biens et du revenu.

On peut aussi calculer la demande du bien 2 par le consommateur. Il suffit de substituer la valeur de x1 dans l’expression de x2 enfonction de x1 donnée par x2=g(x1). On obtient aussi une relation entre x2 et les paramètres p1, p2 et R :

*2 1 2( , , )x g p p R .

Tout comme pour le bien 1, la demande du bien 2 dépend aussi des prix des deux biens et du revenu du consommateur.

EFFETS D’UNE VARIATION DU REVENU

Comme la demande du consommateur pour chacun des deux biens est fonction des prix et du revenu, on peut considérer ce qui sepasse quand le revenu varie, les prix restant inchangés.

Courbe de consommation-revenu. Une variation du revenu lorsque les prix restent constants se traduit par un déplacement de la droitede budget parallèlement à elle-même, comme nous l’avons vu dans l’analyse de la droite de budget. Considérons des augmentationssuccessives du revenu, de R à R’ puis à R’’. La droite de budget se déplace de la position AB à la position A’B’ puis à A’’B’’ (figure4.11). Considérer les points d’équilibre successifs E, E’ et E’’ correspondant aux différentes positions de la droite de budget. Cespoints décrivent une ligne. Cette ligne est ce qu’on appelle courbe de consommation revenu. Lorsqu’on transfère les pointsd’équilibre dans un repère ayant le revenu en ordonnée et la quantité de benga en abscisse, on obtient une courbe appelée courbed’Engel, du nom de l’auteur allemand qui a analysé la consommation des ménages belges au 19è siècle. La courbe d’Engel décrit larelation entre le revenu et les quantités choisies par le consommateur.

61

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EFFETS D’UNE VARIATION DU PRIX

Effet revenu et effet substitution

Considérer la variation (la baisse) du prix d’un bien, par exemple le benga, un des biens consommés par un consommateur dans unmaquis. Nous savons que le consommateur de benga étant rationnel, va pouvoir augmenter sa consommation du bien. Les économistesexpliquent le comportement du consommateur suite à une baisse de prix (il en est de même suite à une hausse) par les concepts d’effetrevenu et d’effet de substitution.

Effet revenu. Quand le prix du benga baisse, c’est tout comme si le pouvoir d’achat du consommateur augmente. Avec 300 F en poche,la baisse du prix du benga de 150 F à 100 F permet de consommer 3 plats au lieu de 2 plats du bien. Le consommateur de benga,aimant aussi le bissap, se dit que la baisse du prix du benga lui permettra de consommer davantage de benga et de bissap. Saconsommation des deux biens peut augmenter suite à la baisse du prix d’un des biens. Ceci est l’effet revenu résultant de la baisse duprix. (Pour une hausse de prix, le pouvoir d’achat du consommateur baisse. Il doit diminuer sa consommmation de chaque bien.)

Effet substitution. En réfléchissant, le consommateur de benga se rend compte que la baisse du prix du benga rend le bissaprelativement plus cher par rapport à la situation initiale. Supposons que le prix du bissap est de 50 F. Avant la baisse du prix, enrenonçant à un plat de bissap, le consommateur pouvait s’offrir 1/3 de plat de benga. Après la baisse du prix, renoncer à un plat debissap lui procure désormais ½ plat de benga. Le consommateur s’éloignera du bien dont le prix relatif augmente. Il achètera moins debissap. C’est l’effet substitution.

Ainsi, deux forces contraires vont intervenir pour déterminer le point d’équilibre auquel aboutira le consommateur suite à unevariation de prix.

En admettant que le benga et le bissap sont deux biens normaux, la baisse d’un prix contribuera à augmenter la quantité demandée dechacun de ces biens. Pour le benga (dont le prix baisse), aussi bien l’effet revenu que l’effet substitution jouent dans le sens de

62

E

A’’

E’B

E’’

B’’

B’

A A’

I

I’

I’’

Benga

Bissap

Figure 4.11 Effet d’une augmentation du revenu.

La droite de budget se déplace progressivement de AB à A’B’ puis à A’’B’’. Le consommateur peut atteindre des courbes d’indifférence croissantes, de I à I’’. Les points d’équilibre successifs, E, E’ et E’’ décrivent une courbe : c’est la courbe de consommation revenu.

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l’augmentation de la quantité optimale. Pour le bissap, les deux effets jouent en sens opposé, mais c’est l’effet revenu qui peutprédominer, ce qui peut augmenter la consommation de bissap. Les effets décrits sont représentés sur la figure 4.12.

Courbe de demande

Supposons que le prix du bien 2 ainsi que le revenu du consommateur soient donnés. Faisons alors varier le prix du bien 1. Dans lapremière section, nous avons vu que la variation du prix d’un bien déplace la droite de budget. La variation de la droite de budget et lacondition d’équilibre du consommateur (tangence entre droite de budget et courbe d’indifférence) vont affecter les quantitésdemandées des deux biens.

Considérons deux biens, le benga-avec-huile et le bissap. Portons le benga-avec-huile en ordonnée et le bissap en abscisse commedans la figure 4.13, panel a. Supposons que le prix du benga-avec-huile baisse de 150 FCFA/plat à 100 FCFA/plat. La droite debudget bascule vers l’extérieur. Le point d’équilibre passe de A à B, où la quantité demandée de benga-avec-huile augmente, de mêmeque la quantité demandée de bissap. Considérons maintenant une autre figure, (panel b de la figure 4.13) où nous portons le prix dubenga-avec-huile en ordonnée et les quantités choisies de benga-avec-huile en abscisse. Au prix de 150, on obtient le point A. Au prixde 100, le point B. Faisons passer une droite par les points A et B. La droite ainsi obtenue est la courbe de demande de benga-avec-huile par le consommateur. La courbe de demande représente le lieu des points choisis par le consommateur quand le prix de bengavarie. Noter que les différents choix maximisent la satisfaction du consommateur, car ils sont issus de la condition de tangence entrecourbe d’indifférence et droite du budget.

63

C

E’’

E

E’

BissapA

I

I’B

B’

B’’

Figure 4.12 Effet revenu et effet substitution.

Le prix du benga-avec-huile baisse, entraînant un pivotement de la droite de budget autour du point A, de AB à AB’. Le point d’équilibre, initialement en E, se déplace en E’ où le consommateur augmente sa consommation de benga-avec-huile et diminue celle de bissap. La variation du point d’équilibre peut se décomposer en deux mouvements. Suite à la baisse du prix du benga-avec-huile, l’effet substitution s’obtient en forçant le consommateur à rester sur la courbe d’indifférence initiale, I. Pour respecter le nouveau rapport des prix donné par la droite AB’, le consommateur se situerait au point E’’ où passe une droite de budget imaginaire CB’’ parallèle à AB’ (reflétant donc le même rapport de prix). Le passage (imaginaire) de E à E’’ est l’effet substitution : le consommateur augmente sa consommation de benga-avec-huile mais diminue sa consommation de bissap. La contrainte budgétaire n’est cependant pas CB’’, mais AB’. La courbe d’indifférence I’ tangente à AB’ en E’ détermine l’effet final. L’effet revenu est représenté par le passage de la droite de budget CB’’ à AB’, ou le mouvement de E’’ à E’.

Benga-avec-huile

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La théorie du choix du consommateur permet ainsi de dériver la courbe de demande du consommateur. Même sans cette théorie,cependant, on peut bien expliquer que les consommateurs réagissent aux changements de prix. La théorie est cependant utile car ellepermet de mieux prédire les comportements des consommateurs.

Variation du surplus du consommateur

Qu’est-ce que le surplus du consommateur ? Supposons que le consommateur de benga-avec-huile entre dans un maquis et s’apprête àdépenser 200 F pour un plat. Il apprend que le prix du plat n’est plus que de 150 F (pensez qu’une concurrence acerbe entre lesvendeuses a provoqué cette chute de prix). La différence entre ce que le consommateur paie et ce qu’il s’apprêtait à payer est lesurplus du consommateur.

On peut obtenir le surplus du consommateur à partir de la courbe de demande. Considérer le graphe 4.14. Lorsque le prix du benga-avec-huile est de 400 F le plat, le consommateur n’achète aucun plat. Quand le prix descend à 350 F le plat, il en achète un. Quand leprix descend à 300, le consommateur achète un plat supplémentaire. Finalement, au prix de marché de 150, le consommateur achète10 plats. La surface comprise entre la courbe de demande, l’axe vertical et la ligne horizontale passant par 150 est le surplus duconsommateur de benga-avec-huile.

64

Benga-avec-huile

Qté debenga-avec-huile

Prix de benga-avec-huile(FCFA)

Bissap

A

B

A

B I

25

10I’

150

100

10 25(a) (b)

Figure 4.13 Dérivation de la courbe de demande d’un bien Le panel a représente la variation du point d’équilibre suite à la baisse du prix du benga de 150 F à 100 F. La droite de budget bascule autour du point d’intersection sur l’axe des abscisses. Le point d’équilibre passe de A à B. En B, le consommateur consomme une quantité accrue des deux produits. La quantité de benga-avec-huile augmente de 10 à 25 plats. Dans le panel b, la quantité de benga est présentée en abscisse, son prix en ordonnée. On reporte les points A et B correspondant aux prix respectifs de 150 F et 100 F et aux quantités respectives de 10 plats et 25 plats. La droite passant par A et B est la courbe de demande de benga-avec-huile. Cette courbe est décroissante de gauche à droite.

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Questions

1. Pour quelle raison des individus ayant des goûts totalement différents peuvent-ils avoir des contraintes budgétaires identiques ?

2. Un consommateur se présente dans un maquis. Le riz-sauce coûte 125 F et le jus de gingembre 50 F. Il dispose de 250 F dans lapoche. Tracer sa droite de budget (on mettra le riz-sauce en ordonnée). Quelle est la pente de la droite de budget ?

3. Dessiner les courbes d’indifférence du consommateur pour le riz-sauce et le jus de gingembre. Quelles sont les propriétés descourbes que vous avez tracées ?

4. Prenez un point sur la courbe d’indifférence que vous venez de tracer. Faites passer la droite de budget en ce point. Définissez letaux marginal de substitution en ce point. Indiquer la combinaison optimale des deux biens.

5. Supposer que la vendeuse augmente le prix de riz-sauce de 125 F à 150 F. On suppose que le prix de jus de gingembre et le revenurestent constants. Tracer la nouvelle droite de budget. Comment évolue la combinaison optimale ? Séparer l’effet total en effet revenuet effet substitution.

6. Supposer que le revenu du consommateur passe de 250 F à 500 F. On suppose que les prix de jus de gingembre et de riz restentconstants. Tracer la nouvelle droite de budget. Comment évolue la combinaison optimale ?

Problèmes

1. Un étudiant dispose pour ses besoins de 10 000 F par mois. Il peut choisir de consommer du poulet braisé à 1300 FCFA l’unité ouacheter des cacahuètes à 50 F le tas. Supposons que le prix du poulet augmente, passant d’abord à 1500, puis à 1700 et finalement à2000 (l’augmentation du prix est la conséquence d’une peste aviaire qui décime les poulets).

a. En mettant le poulet en ordonnée, tracer les quatre contraintes budgétaires.b. Considérer un point d’équilibre sur la première droite (au prix de 1300 F le poulet). A partir de ce point, choisissez lespoints d’équilibre sur les trois autres droites et expliquer vos choix. Quelle est la nature des deux biens (poulet et cacahuètes)impliquée par vos choix ?

65

400

1

400

350

150

2 10 Qté de benga-avec-huile

Prix de benga-avec-huile (FCFA/plat)

Demande

Figure 4.14. Surplus du consommateur.

Le surplus du consommateur est la surface triangulaire au-dessus de la droite horizontale passant par le prix de marché, 150F. C’est ce que ‘gagne’ le consommateur qui était prêt à payer un prix supérieur à 150 F pour consommer du benga-avec-huile.

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2. Supposer que le budget mensuel de l’étudiant passe à 12 500 F par mois. Le prix du poulet s’établit à 1500, le prix des cacahuètesrestant inchangé.

a. Tracer la droite de budget.b. En choisissant un type de préférences de l’étudiant entre poulet et cacahuètes, trouver un point d’équilibre et le comparerau point d’équilibre initial (prix du poulet=1500, revenu=10 000).

3. Supposons que Fati ne consomme que du kouro-kouro et du jus de tamarin. a. En 2002, Fati a un revenu de 1000 F, le kouro-kouro coûte 10 F et le jus de tamarin 50 F. Tracez la contrainte budgétaire deFati.b. En 2003, les prix des deux biens ainsi que le revenu de Fati augmentent de 25 %. Tracer la nouvelle contrainte budgétairede Fati. Comment évolue sa combinaison optimale des deux biens ?

4. Jean consomme deux produits, le couscous de mil séché (x1) et le lait de chèvre (x2). Initialement, le couscous coûte 200 F le Kg etle lait 500 F le litre. Jean dispose d’un revenu de 5000 F. On suppose que Jean a des préférences représentées par la fonction d’utilité

1 2U x x .

a. Tracer la droite de budget de Jean.b. Tracer une courbe d’indifférence de Jean (au niveau d’utilité égal à 2).c. Quelle est la condition d’équilibre du consommateur ?d. Calculer les quantités optimales de couscous et de lait.e. Représenter graphiquement la solution optimale.

5. Dans le problème 4, supposer que par suite d’une maladie caprine, le prix du lait de chèvre monte à 750 F le litre. Le prix ducouscous et le revenu de Jean demeurent inchangés.

a. Tracer la nouvelle droite de budget de Jean.b. Quelle est la nouvelle combinaison optimale de couscous et de lait ?

6. Considérer les fonctions d’utilité suivantes :1 2

1 2

21 2

1 23

U x x

U x x

U x x

On suppose qu’un consommateur dispose d’un revenu de 500. Le prix de x1 est de 10 et celui de x2 de 20. a. Donner le TMS entre x1 et x2 pour chaque fonction d’utilité. b. Utiliser la relation entre le TMS et la pente de la droite de budget pour trouver la relation entre x1 et x2 pour chaquereprésentation des préférences.c. Pouvez-vous trouver la fonction de demande de x1 et x2 dans chaque cas ? [Utiliser l’équation du budget en plus del’égalité entre TMS et pente de la droite de budget.]

3.2 Le comportement du producteur

I. LE PROBLÈME DE PRODUCTION DANS LA SOCIÉTÉ

1.1 La possibilité de production et la nécessité des choix

Comme nous l’avons vu dans le chapitre introductif à ce cours, l’économie implique la nécessité de faire des choix. Chaque nationdésire en général produire beaucoup de toutes les chose utiles à la vie : biens alimentaires, éducation, santé, distraction, motos,voitures. Les ressources étant limitées, la société (à travers un mécanisme, comme le marché) devra effectuer des choix. Lapossibilité de production reflète ce fait que les sociétés ont des ressources limitées et ne peuvent pas tout faire à la fois.

Pour rendre analysable le concept de possibilités de production, supposons qu’on puisse réduire la multitude de biens en deuxcatégories : les biens et les services. Le tableau 5.1 montre les combinaisons de biens et de services que peut produire la société, enutilisant des ressources comme la terre, le travail, les usines, etc.

66

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Tableau 5.1 Choix de biens et services par la sociétéDans ce tableau, on suppose que tous les biens peuvent être exprimésdans une unité commune. Par exemple, une bouteille de bissapvaudra 4 unités, alors qu’un kg de riz vaudra 10 unités. De même onpeut exprimer les services dans une unité commune, et assigner parexemple 10 unités à une heure d’exercice physique 1 unité à uneséance de cinéma. Dans ce tableau, la société ne peut pas produireplus de 10 milliards d’unités de biens, même en y consacrant toutesses ressources. De même, en consacrant toutes ses ressources à laproduction de services, elle ne pourra pas produire plus de 4milliards d’unités. On remarque que le taux d’échange entre biens etservices se modifie d’une combinaison à l’autre. Ainsi, quand lasociété produit 10 milliards d’unités de biens et veut produire 500

millions d’unités de services, il lui faut abandonner 200 millions d’unités de biens. On dit que le coût d’opportunité de 500 millionsd’unités de services en ce point est de 200 millions d’unités de biens. Par contre, pour passer de 3 milliards d’unités de services à 3,5milliards, soit une augmentation de 500 millions d’unités, la société devra renoncer à 1,4 milliards d’unités de biens. Le coûtd’opportunité des services en termes de biens augmente ainsi. A l’inverse, le coût d’opportunité des biens en termes de servicesaugmente quand on remonte le tableau. Par exemple, passer de 0 à 4,4 milliards d’unités de biens coûte 500 millions d’unités deservices. Le passage subséquent de 8 milliards d’unités de biens à 8,8 milliards (soit une addition de 800 millions d’unités) coûte 500millions d’unités de services. Les biens deviennent plus coûteux en termes de services quand on remonte les lignes du tableau. Onpeut ainsi dégager une loi des coûts d’opportunité.

Loi des coûts d’opportunité marginaux croissants : Dans le processus d’échange de biens contre services, au fur et àmesure que la société renonce à des biens pour des services, le coût d’opportunité d’une unité de biens en termes de servicesaugmente. A l’inverse, au fur et à mesure que la société renonce aux services pour acquérir des biens supplémentaires, lecoût d’opportunité d’une unité de services en termes de biens augmente.

1.2 La courbe des possibilités de production

La courbe de la figure 5.1, construite à partir des données du tableau 5.1, montre le maximum que peut produire la société. La sociétéa intérêt à produire sur la frontière. Les points à l’extérieur de la frontière ne peuvent pas être produits avec les ressources existantes.Les points à l’intérieur de la frontière impliquent un gaspillage (une utilisation inefficace) ou une sous utilisation de ressources. Lasous-utilisation de ressources concerne par exemple le non emploi de certains segments de main d’oeuvre qualifiée, la nonexploitation de terres fertiles. Le gaspillage concerne par exemple une mauvaise combinaison des ressources (par exemple l’épandagede l’engrais dans les exploitations agricoles à des moments inopportuns).

67

Biens(en milliards d’unités)

Services(en milliards d’unités)

109,89,48,88,07,05,84,40

00,511,52,02,53,03,54,0

Figure 5.1 Courbe des possibilités de production

0

0.5

1

1.5

2

2.5

3

3.5

4

4.5

0 5 10 15

Biens (milliards d'unités)

Se

rvic

es

(m

illia

rds

d'u

nit

és)

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1.3 Déplacements de la courbe des possibilités

La courbe de possibilités se définit pour une période donnée, étant donné les ressources disponibles. Lorsque le temps passe, ou sousl’effet d’une modification importante des techniques de production, la courbe des possibilités peut se déplacer, offrant plusd’opportunités à la société. Considérer la figure 5.2 qui illustre la production de deux biens x1 et x2. De 1995 à 2000, la courbe despossibilités s’est déplacée de manière à permettre de produire au point B, inaccessible avec les ressources ou la technologie de 1995.

II. LA FIRME, SES OBJECTIFS ET SES CONTRAINTES

Qu’est-ce que la firme. Une firme est définie comme une entreprise d’affaires comprenant une ou plusieurs personnes, travaillant sousla forme d’une unité de décision engagée dans la production de biens ou de services. La firme est ainsi une institution, qui engage desfacteurs de production (inputs) et organise ces facteurs de manière à produire les biens et services qu’elle vend.

Pourquoi les firmes existent. On peut imaginer un monde sans firme. Supposer par exemple qu’il n’y ait aucune firme de constructiond’immeubles, comprenant des techniciens, des maçons, des manoeuvres. Tout individu désirant construire un immeuble dans cesconditions devrait assembler les matériaux (ciment, briques), aller louer le matériel (brouettes, pèles, échelles), embaucher le maçon,les manœuvres et un superviseur pour réaliser l’opération. Autrement dit, en l’absence de firmes de construction, l’individu devraitpasser par le marché pour réaliser un immeuble. A l’inverse, on peut imaginer un monde dans lequel une commande centrale dirigetoutes les opérations. Une structure hiérarchique interne gouvernerait un tel système. Un tel système peut facilement devenir complexeet inefficace. La firme existe comme un cas intermédiaire entre ces exemples polaires. Les firmes existent pour répondre à unensemble de fonctions :

Elles permettent de réduire les coûts de transaction Elles permettent de réaliser des économies d’échelle Elles permettent de réaliser des économies d’équipe

Coûts de transaction. Ronald Coase, qui a eu le prix Nobel d’économie en 1990, a été le premier à proposer que les firmes existentpour assurer des fonctions que le marché ne peut pas assurer efficacement. Pour Coase, la firme permet de réduire les coûts detransaction. Les coûts de transaction représentent l’ensemble des coûts associés à la recherche de l’information (par exemple avec quientreprendre une affaire), la signature des ententes, le suivi des accords. La firme permet de centraliser les transactions de manière àdiminuer leur nombre. Considérer par exemple les deux manières de construire un immeuble.

Coordination par la firme. Vous contactez une firme de construction, dont l’équipe assure la coordination des différentsintervenants, l’achat des matériaux. Vous payez une facture pour le travail accompli.

68

x2

x1

B

A

Frontière en 2000

Frontière en 1995

Figure 5.2 Déplacement de la frontière de possibilités dans le temps. Sous l’action de la technologie, par exemple, la frontière de production s’est déplacée de 1995 à 2000, permettant de produire au point B qui était inaccessible en 1995.

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Coordination par le marché. Vous embauchez un architecte qui fait le plan du bâtiment. Ensuite vous allez louer tout lematériel de construction. Vous achetez le ciment et les autres matériaux. Vous embauchez un maçon, et les ouvriers. Vous embauchezdes superviseurs de travaux. A la fin des travaux vous devez retourner les outils loués et payer les différents frais.

Votre choix entre les deux systèmes de coordination dépendra du différentiel de coût. Dans la deuxième alternative, vous engagezbeaucoup de votre temps personnel. Dans la première alternative, vous vous contentez de contacter la firme qui fait le reste. Si le coûtd’opportunité du temps est important, la méthode la plus efficiente sera celle de la coordination par la firme.

Economies d’échelle. Lorsque le coût de production d’une unité d’un bien baisse lorsque la quantité produite augmente, on parle de laprésence d’économies d’échelle.

Production d’équipe. Dans un processus de production où les individus se spécialisent dans des tâches qui se complètent, on parle deproduction d’équipe. Le sport est un domaine excellent d’exemples d’activités d’équipe. Dans l’industrie, les chaînes de productionconstituent des exemples de travail d’équipe. Une firme de production de produits de cuir par exemple peut être vue comme un travaild’équipe comprenant des acheteurs de peaux aux artisans fabriquant les produits finaux.

L’objectif de la firme. Que recherche une firme ? Les théories de la firme font l’hypothèse que les firmes agissent de manière àmaximiser le profit, le profit étant défini comme la différence entre les recettes provenant des ventes et les coûts engagés dans laproduction. La firme combine des facteurs de production pour produire. Par exemple, une petite firme de galettes combine de la farinede mil, de l’huile, de la main d’œuvre et du matériel pour produire des galettes offertes aux consommateurs. On peut supposer quel’objectif d’une telle firme n’est certainement pas de perdre de l’argent. Il est plus plausible de supposer que la firme maximise leprofit plutôt que le contraire.

Profits et problèmes de l’agent et du principal. L’hypothèse que la firme maximise le profit se heurte à un problème majeur, celui ducontrôle de l’activité de la firme. Lorsque la firme est petite, comme le cas d’une firme de galettes de mil, le propriétaire et le gérantsont parfois la même personne. Dans ce cas, le profit constitue la rémunération du propriétaire-gérant qui a tout intérêt à le rendremaximum. Dans les grandes firmes par contre, les propriétaires de la firme (actionnaires) ne sont pas ceux qui la gèrent. De même detelles firmes comprennent des travailleurs qui ne sont ni gérants ni propriétaires. Ainsi, les travailleurs travaillent pour les gérantslesquels travaillent pour les propriétaires. Une situation où une personne (appelée agent) mène une activité au profit d’une autre(appelée principal) est connue comme une relation principal-agent.

Le problème est que le principal et l’agent n’ont pas nécessairement les mêmes objectifs. Par exemple, l’agent reçoit un salaire fixe,indépendant de la performance de la firme, alors que le revenu du propriétaire dépend de la performance de la firme. La problématiquedans une relation principal-agent est pour le principal de trouver un mécanisme qui amène l’agent à travailler à l’avantage duprincipal. Une façon pour le principal de promouvoir la coopération de l’agent est de mettre en place des mécanismes d’incitation.Dans le cas des travailleurs, il peut s’agir par exemple de primes de productivité.

En récapitulant, le problème de la firme est complexe en réalité. L’analyse économique dompte la réalité en considérant les élémentsessentiels qui permettent d’extraire de l’information utile à partir d’un ensemble d’hypothèses simplificatrices de l’approche. Onretiendra que la firme est analysée comme une entité qui combine des facteurs pour produire un produit final avec pour objectif detirer le plus grand bénéfice de cette activité.

III. LA FONCTION DE PRODUCTION

3.1 Définition

Etant donné un processus de production, la fonction de production définit la relation physique entre les facteurs utilisés dans laproduction et le produit (output) obtenu. On peut par exemple définir la fonction de production de galettes de mil qui met en relationles galettes à la farine de mil, l’huile, l’appareillage de cuisson utilisés dans le processus. En simplifiant, on peut regrouper les facteursde production en deux catégories : le travail (L) et le capital (K).

La fonction de production, F(K, L) donne le produit (output) maximum, q=F(K, L) obtenu par combinaison de quantités des deuxfacteurs, K et L.

Considérer la société de fabrication de briques solides (SFBS). Cette petite firme est gérée par son propriétaire, Sima Metta, quiemploie en plus de lui-même un opérateur de briques. La firme dispose d’une bétonneuse. En travaillant 60 heures par semainechacun, ils peuvent ensemble fabriquer un certain nombre de briques. Si une commande exceptionnelle survenait et nécessitaitl’accroissement du nombre de briques dans une semaine donnée, la firme ne pourrait agir que sur la quantité de travail, en embauchantpar exemple des travailleurs supplémentaires ; le nombre de bétonneuses quant à lui demeurerait fixe. (On peut penser que laproduction peut être augmentée en faisant travailler certains travailleurs la nuit, le nombre de bétonneuses étant fixe et égal à 1.) Pour

69

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changer la quantité de bétonneuses, la firme a besoin de plus de temps d’ajustement. Dans le long terme, la société peut faire desarrangements pour acquérir des bétonneuses additionnelles (par exemple par emprunt auprès d’amis, par utilisation de fonds propresprovenant des économies). En production, on doit ainsi distinguer le long terme du court terme.

- Le court terme. C’est une période de temps au cours de laquelle certains facteurs de production sont fixes en quantité. Iln’y a aucune possibilité d’ajuster leur quantité.

- Le long terme. C’est une période de temps suffisante pour permettre d’ajuster les quantités de tous les facteurs deproduction.

3.2 Produit total, produit marginal et produit moyen

Pour faire ses calculs de profit, la firme a besoin de connaître trois concepts relatifs à la production.

Produit total. C’est la production totale possible et obtenue. Dans le cas de la SFBS, il s’agit du nombre total de briques qui peuventêtre fabriquées par la firme. Ce nombre est donné par la fonction de production, y=F(K, L), K représentant le nombre de bétonneuseset L le nombre d’unités de travail (une unité de travail étant une semaine de 60 heures de travail). Comme la firme utilise un nombrefixe de bétonneuses (=1), le produit total du travail est obtenu en faisant varier la quantité de travail, soit y=F(3, L)=f(L). Ainsi onpeut définir le concept suivant :

Le produit du travail est défini comme l’output total obtenu en utilisant L unités de travail, les autres facteurs étantmaintenus constants.

Le produit total est utile pour obtenir les recettes totales de la firme. Si chaque brique est vendu au prix p, la recette totale de la firmeest p.f(L).

Produit marginal. Si la firme utilise une unité de travail additionnelle, le nombre de bétonneuses étant fixe, elle peut augmenter saproduction totale de briques. Le produit marginal du travail, noté MPL est l’output additionnel produit par cette unité additionnelle detravail, les autres facteurs étant constants. C’est la variation de l’output divisé par la variation de la quantité de travail:

LMP y L .

Produit moyen. La firme peut calculer aussi sa production de briques par unité de travail. Si par exemple la société utilise 4 semainesde 60 heures pour fabriquer 6 000 briques, le nombre de briques par semaine est 1 500. Le produit moyen du travail est le rapport

entre l’output total (le produit total) et le nombre d’unités de travail : LAP y L . Le produit moyen peut être calculé pour tout

facteur de production mesurable.

Le tableau 5.2 contient un exemple de données sur la production de la société SFBS. Le tableau permet d’illustrer les différentsconcepts de produit. Noter qu’un des facteurs, le nombre de bétonneuses est fixé à 1.

Tableau 5.2 Production de briques par la firme SFBS

La colonne 1 du tableau montre le nombre de semaines de 60-heures detemps de travail. La colonne 2 donne le produit total du travail (nombretotal de briques), qui croît de 0 à 6400, puis décroît de 6400 à 4800. Leproduit moyen du travail (le nombre de briques par semaine), contenu dansla colonne 3, croît dans un premier temps de 0 à un maximum de 1700,puis décroît de 1700 à 800. Quant au produit marginal (l’effet d’unesemaine additionnelle sur le nombre de briques) présenté dans la colonne 4,il croît dans un premier temps de 1000 à 2100, puis décroît à partir dequatre semaines pour devenir négatif quand on passe de 4 à 5 semaines.Noter que dans le tableau, le produit marginal est défini entre deux valeursde l’input L et du produit total y. Par exemple, le produit marginal de 1000correspond au passage de 0 semaine (absence de travail) à 1 semaine. Lespointillés indiquent le recours à ces valeurs intermédiaires. Ces résultatscontenus dans le tableau traduisent un ensemble de relations importantesentre les différents concepts de produit d’un facteur. Ces relations serontétudiées dans une section ultérieure.

70

(1)Quantité de

travail L(Nombre

de semaines)

(2)Produit

totaldu travail

y

(3)Produitmoyen

du travail

LAP

(4)Produit

marginaldu travail

LMP0……………1……………2……………3……………4……………5……………6

0……………1000……………3000……………5100……………6400……………6000……………4800

0……………1000……………1500……………1700……………1600……………1200……………800

--1000

2000

2100

1300

-400

-1200

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3.3 Les différentes régions de la production

Les données de la firme SFBS permettent d’illustrer les différentes régions (ou phases) de la production. On peut distinguer troisrégions définies à partir du comportement conjugué du produit moyen et du produit marginal. Les points de référence pour la divisionen régions sont celui où le produit moyen atteint son maximum et celui où le produit marginal devient négatif. La figure 5.1 permetd’illustrer les trois régions.

Région I. Le produit total et le produit moyen sont tous les deux croissants. Durant cette phase, le produit marginal est supérieur auproduit moyen, ce qui cause la croissance de ce dernier. Dans cette phase, la firme a intérêt à engager le maximum du facteur travail,puisque chaque unité supplémentaire permet de faire monter le produit moyen qui en résulte.

Région II. Le produit moyen est décroissant, le produit marginal est positif. Il en résulte que le produit total croît mais à un rythmeralenti par rapport à la phase I.

Région III. Le produit marginal devient négatif et le produit total décroît. La firme n’a aucun intérêt à se situer dans cette région, cartoute diminution de la quantité de travail dans cette région permet d’augmenter le produit total.

3.4 Rendements décroissants

L’exemple de la firme SFBS montre une particularité du produit marginal : il baisse lorsque le facteur travail atteint des niveauxélevés. Autrement dit, quand un des facteurs est fixe et qu’on le combine avec des quantités croissantes d’un autre facteur, l’impact dece facteur sur le produit commence à diminuer à partir d’un certain point. Ceci donne lieu à une loi.

Loi des rendements marginaux décroissants. Lorsque dans un processus de production on augmente la quantité d’unfacteur alors que d’autres facteurs demeurent fixes, le facteur dont la quantité augmente verra éventuellement son impact surle produit total baisser.

Comment s’explique cette loi ? Considérer l’exemple de la fabrique de briques. Étant donné le nombre de bétonneuses, l’impact de lapremière unité de travail est d’augmenter le produit total. L’impact de la deuxième unité de travail est plus important que la première,parce que à 2 on ne se gène pas, la bétonneuse fournit suffisamment de mortier pour la confection des briques. Les deux travailleurscoordonnant leurs efforts avec une bétonneuse permettent de tirer avantage de la spécialisation, ce qui permet d’accélérer laproduction jusqu’à la troisième semaine. Dans la figure 5.1, ceci correspond à la portion croissante de la courbe du produit marginal.

Quand on continue d’augmenter la quantité du facteur travail, le nombre de bétonneuses étant invariant, les gains provenant de laspécialisation finissent par s’épuiser. C’est le cas à partir de 3 semaines. Les unités de travail additionnel permettent d’augmenterl’output, mais à un rythme lent. Ceci est dû au fait qu’avec un nombre élevé d’unités de travail, les travailleurs additionnels doivent separtager la bétonneuse, se gênant mutuellement et conduisant à une augmentation modeste de la production. Les rendementsdécroissants correspondent à la portion décroissante de la courbe de produit marginal. Le produit marginal peut devenir nul: avec unnombre trop important de travailleurs, certains resteront dans l’oisiveté ; une autre façon de voir le phénomène est de supposer que letravail supplémentaire est peur productif (dans le cas où les mêmes travailleurs sont sur utilisés).

Le comportement du produit marginal est essentiel dans la décision de la firme SFBS, en particulier concernant la quantité de travail àengager étant donné la bétonneuse disponible. Sima Metta sait que dans la phase I de la production, toute unité additionnelle de travailproduit plus que l’unité qui la précède. Par exemple, le passage de 1 à 2 semaines, soit une augmentation de la quantité de travail de100 % s’accompagne d’une augmentation de la production de 1000 à 3000, soit une hausse de 200%. Le passage de 2 à 3 semaines,une augmentation de 50 % du facteur travail, entraîne une augmentation du produit de 3000 à 5100, soit +70%. Il voudra employerautant d’unités de travail qu’il le peut, mais ceci le poussera éventuellement dans la phase II. Dans cette région, l’emploi d’unitéssupplémentaires de travail accroît l’output, mais moins que proportionnellement. Dans la région III, toute quantité supplémentaire detravail entraîne une baisse de l’output. En supposant que le prix du produit est fixe et que le taux de salaire payé aux ouvriers est fixe,Sima Metta aura intérêt à opérer dans la région II du processus de production.

71

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3.5 Production avec deux facteurs variables

A long terme, la SFBS peut augmenter son produit en agissant sur tous les inputs, le travail et la bétonneuse. Nous pouvons utiliser desconcepts similaires à ceux de courbes d’indifférences vus dans la théorie du consommateur. Lorsque le processus de production admetdeux facteurs variables, nous pouvons analyser le mécanisme de la production dans deux types d’espaces. (1) L’espace produit-facteur

72

Phase II

Phase IIIPhase I

Produit marginal

Produit total

Produit moyen

y

MPAP

Travail

Travail

Figure 5.1 Les 3 phases d’une fonction de production. Le produit total augmente quand le produit marginal est positif et baisse quand le produit marginal est négatif. La phase II est la région de production où le produit moyen est en déclin mais le produit marginal demeure positif. C’est la région économique. En phase I, le produit moyen est croissant et la firme a intérêt à engager de plus en plus du facteur travail. Ce processus continuera jusqu’à ce qu’on entre dans la phase II. En phase III, le produit marginal est négatif et le produit total en déclin. La firme n’opérera pas dans cette phase. Si elle s’y retrouve, elle diminuera la quantité du facteur travail ce qui l’amènera finalement en phase II. Savoir en quel point de la phase II relève de la résolution du problème de la firme, la maximisation du profit..

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permet de voir comment le produit total (ou moyen ou marginal) se comporte en relation avec le facteur choisi. (2) L’espace facteur-facteur permet de voir comment les deux facteurs sont combinés pour donner un niveau de produit. Ici, nous nous concentrons surcette dernière analyse.

Les isoquants. Soit un niveau donné de production de briques, par exemple 3000. Sima peut obtenir ce niveau en combinantdifférentes quantités de bétonneuses et de travail. De manière générale, soit une fonction de production y=F(K,L). L’isoquant estl’ensemble des combinaisons (K, L) qui permettent d’obtenir le même niveau d’output, y 0. Mathématiquement, l’isoquant est dérivéde la relation F(K, L)= y0.

En faisant varier le niveau d’output, on obtient une carte d’isoquants représentée dans la figure 5.2. Tout comme dans le cas descourbes d’indifférence du consommateur, plus l’isoquant est éloigné de l’origine dans le sens nord-est, plus le niveau de l’output estélevé. Ainsi le point e implique un niveau de produit plus élevé que le point a. Les points a et c ont le même niveau d’output.

La différence principale entre une carte d’indifférence et une carte d’isoquants est que le niveau assigné à la courbe d’indifférence estarbitraire, l’essentiel étant la préservation des préférences d’un niveau de courbe à un autre. Dans le cas de l’isoquant, le nombreassigné à une courbe indique le niveau réel de production obtenu par combinaisons diverses de facteurs le long de l’isoquant.

Le taux marginal de substitution technique. Supposons que la firme SFBS décide d’utiliser plus de bétonneuses et moins de travail.Si la quantité de bétonneuses augmente de K, la variation nécessaire de la quantité de travail, L pour permettre au produit de resterconstant permet de définir le taux marginal de substitution technique (TMST). Au point A par exemple de la figure 5.3, le TMST est

défini comme la valeur absolue de la pente de l’isoquant, K L .

Tout comme dans le cas du TMS du consommateur, on peut trouver une relation entre le TMST et les contributions marginales desfacteurs K et L. Une diminution de K de K entraîne une diminution de l’output de MPKK, avec MPK le produit marginal du capital.A l’opposé, l’augmentation de L de L pour compenser la baisse de K s’accompagne d’une augmentation de l’output de MPLL, avecMPL le produit marginal du travail. Le gain d’output provenant de la hausse de L est compensé par la perte d’output provenant de labaisse de K. Ces forces sont de signes opposés. On a donc :

K LMP K MP L

73

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.

Il en résulte la relation :

74

y =1000

y =4800

y =3000

L(nombre de semaines de 60-heures de temps de travail)

K(bétonneuse)

a b

d

e

c

Figure 5.2 Isoquants. L’isoquant décrit le lieu des combinaisons de K et L qui produisent le même niveau d’output. La figure montre trois isoquants correspondant à trois niveaux de produit. Les points a et c sont sur le même isoquant, mais alors que c utilise plus de travail, a utilise plus de capital. Les points b et d permettent d’atteindre un niveau de production supérieure. Le point d utilise les mêmes proportions de K et L que le point a. Enfin, le point e se trouve sur un isoquant encore supérieur.

K

TMSTA=K/L

A

L

L

K

Figure 5.3 Le taux marginal de substitution technique (TMST). Le TMST est le taux auquel un input peut se substituer à l’autre sans modifier le niveau de l’output. Le TMST en tout point de l’isoquant est la valeur absolue de la pente de l’isoquant en ce point. Au point, si K unités de capital sont soustraites et L unités de travail ajoutées au processus, le niveau de l’output se conserve, à y

0.

y0

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L

K

MPK

L MP

qui est le taux marginal de substitution technique du travail, L, pour le capital, K et noté TMSTL,K. Le TMST (défini comme la valeurabsolue de la pente de l’isoquant, K/L, qui est la même chose que -K/L) est ainsi égal au rapport des produits marginaux desdeux inputs.

Isoquants particuliers. Tout comme les courbes d’indifférence en consommation, en production les isoquants peuvent revêtir desformes particulières différentes de la forme typique présentée dans la figure 5.3. Lorsque les inputs sont des substituts parfaits, lesisoquants sont des lignes droites comme dans le panel a de la figure 5.4. Un exemple de substituts parfaits est l’essence provenant dedeux stations différentes, Mobil et Shell, utilisée pour effectuer un certain nombre de voyages dans le pays (la quantité de productionest le nombre de voyages). L’essence provenant des deux stations est parfaitement interchangeable.

Lorsque les inputs sont des compléments parfaits, les isoquants épousent la forme de L, comme dans le panel b de la figure 5.4. Unexemple est la combinaison de deux inputs, un ordinateur PC et une dactylographe pour saisir une lettre. Ces deux inputs doivent êtrecombinés dans des proportions fixes, une dactylographe pour un ordinateur. Il ne sert à rien d’avoir deux ordinateurs pour unedactylographe ou deux dactylographes sur une machine.

3.6 Les rendements d’échelle

Une question d’importance pour l’organisation industrielle est de savoir si la production est plus efficace à une échelle basse ou à une échelle élevée. Dépendant de la réponse à cette interrogation, un marché donné sera mieux servi soit par un nombre élevé de petites firmes, soit par quelques firmes de grande taille.

La propriété de la fonction de production qui permet d’analyser ce genre de questions, c’est-à-dire la relation entre taille et efficacitéest le concept de rendements d’échelle. Les rendements d’échelle supposent que tous les inputs sont variables, il s’agit donc d’unconcept essentiellement de long terme. On distingue trois types de rendements d’échelle : rendements croissants, rendementsdécroissants et rendements constants.

Rendements d’échelle croissants. Soit la fonction de production de la SFBS, y=F(K, L). Sima Metta décide d’utiliser plus de chaquefacteur, en achetant ou louant des machines et en embauchant plus d’ouvriers. Supposer que dans le processus, K et L doublent de

75

Figure 5.4 Isoquants pour des inputs substituts parfaits ou compléments parfaits.Le panel (a) représente le cas de substituts parfaits. Les isoquants sont des lignes droites à pente négative. Le même nombre de voyages est obtenu pour une quantité donnée d’essence quelle que soit l’origine de cette essence (Mobil ou Total). Le panel (b) représente le cas de compléments parfaits. Les isoquants présentent un angle droit. Les dactylographes et les PC sont des compléments parfaits dans la saisie de lettres.

Essence de Total

Dactylographes (b) (a)

y=y2 y=y2

y=y1 y= y1

Ordinateurs PC

Essence de Mobil

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C0/w C1/w

C1/r2

C0/r

K

L

Figure 5.5 Lignes d’isocoût. Le coût augmente dans le sens de la flèche.

valeur. On dit que le processus de production de la SFBS comprend des rendements d’échelle croissant si l’output total augmente dansune proportion plus importante que les facteurs. Par exemple, en doublant les quantités des facteurs, la quantité produite triple. Defaçon générale, supposer que chaque input est multiplié par un nombre h>1, de façon que la combinaison devient (hK, hL). Lesrendements croissants existent si le produit est multiplié par un nombre supérieur à h : y*>h.y, avec y* la quantité produite avec lanouvelle combinaison (hK, hL), et y la quantité obtenue de la combinaison (K, L).

Les rendements d’échelle croissants résultent parfois du processus de division du travail conduisant à une spécialisation destravailleurs. C’est ce qu’un auteur comme Adam SMITH avait déjà analysé au 18è siècle dans son livre Richesse des Nations,publié en 1776. Lorsque les rendements sont croissants, il est plus efficace d’avoir de grandes firmes que de petites.

Rendements d’échelle constants. Lorsqu’une augmentation proportionnelle des inputs s’accompagne de l’augmentation de laproduction dans la même proportion, on dit que les rendements d’échelle sont constants. En doublant tous les inputs, la productiondouble. La taille de la firme dans une telle situation ne joue plus de rôle particulier, elle peut être petite ou grande.

Rendements d’échelle décroissants. Lorsque l’augmentation de tous les inputs dans une même proportion conduit à uneaugmentation du produit dans une moindre proportion, on dit que les rendements d’échelle sont décroissants. Ainsi, une taille élevéedevient un handicap. Dans ce cas les firmes auront tendance à être de petite taille.

Prenons des exemples pour illustrer dans quels cas une fonction de production a des rendements d’échelle constants, croissants oudécroissants. Soit la fonction y=2K+3L, i.e. l’output est tout simplement 2 fois la quantité de capital augmenté de 3 fois la quantité detravail. Multiplions K et L par 10, le nouvel output y*=2(10K) + 3(10L)=10(2K + 3L) = 10y. Les rendements sont constants pour cette

fonction. Considérer la fonction Cobb-Douglas .y K L En multipliant K et L par 10, on obtient

* (10 ) (10 ) 10 10 10 10y K L K L K L y . Ainsi, si + = 1, les rendements d’échelle sont constants. Si

+ < 1, les rendements d’échelle sont décroissants alors que + > 1 implique des rendements d’échelle croissants.

IV. FACTEURS DE PRODUCTION ET COMBINAISON OPTIMALE DE FACTEURS

La firme recherche les meilleures combinaisons de facteurs pour produire le maximum d’output (c’est-à-dire opérer sur sa fonction deproduction) au moindre coût.

4.1 Le coût de la firme

Le coût supporté par la firme comprend les coûts avancés pour les inputs variables et fixes.

4.1.1 Equation de coût et ligne d’isocoût

Supposons que la firme utilise deux facteurs K et L. Les deux facteurs sont échangés sur un marché à des prix fixes, r pour K et wpour L. L’équation de coût de la firme est :

C rK wL

C représente le coût total supporté par la firme lorsqu’elle emploie K unités de capital et L unités de travail. Cette équation rappellecelle de la droite du budget du consommateur.

La ligne d’isocoût s’obtient en considérant toutes les combinaisons de K etL qui aboutissent au même coût. Si le coût total s’établit à C0, la droited’isocoût est donnée par l’équation C0=rK + wL. Dans l’espace (L,K), on

obtient K en fonction de L : 0( ) ( )K C r w r L . La figure 5.5 donne

des exemples de droites d’isocoût.

76

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4.1.2 Catégorisation des coûts

Coût économique et coût privé. Il existe une différence entre le concept comptable de coûts et le concept économique. Encomptabilité, on ne compte que les coûts tangibles. Le coût économique comprend le coût d’opportunité, en plus des coûts réellementsupportés.

Du point de vue de la société le coût est la valeur des facteurs utilisés dans la production. En supposant que les facteurs (travail,capital, ressources naturelles) sont pleinement employés (c’est-à-dire qu’il n’y a pas de gaspillage), le coût d’un processus représentela valeur de tous les facteurs qui ont été détournés d’autres usages parce qu’utilisés dans ce processus. Du point de vue social, le coûttraduit ainsi la rareté. L’économiste adopte cette définition du coût au sens de coût d’opportunité.

Du point de vue de la firme, le coût représente la dépense monétaire pour engager les facteurs de production (travailleurs,gestionnaires, terre, machines, usines, intrants matériels). Le coût comptable (ou coût privé) de la firme est ainsi différent du coûtéconomique. Le coût privé est une composante du coût social ou économique. Un exemple de coût social qui n’est pas inclus dans lecoût privé est celui des externalités (par exemple, si une firme produit en polluant l’atmosphère, ce coût n’est pas supporté par la firmemais par d’autres, comme les résidents des environs de l’implantation de la firme).

Coûts implicites et coûts explicites. Certains coûts sont facilement discernables alors que d’autres ne le sont pas. On doit cependantcomptabiliser tous les coûts. Considérer le cas du boutiquier du quartier qui possède sa propre affaire. Les coûts supportéscomprennent le salaire d’un aide (issu de la famille), l’électricité, le loyer de la place : ce sont les coûts explicites. Les coûts implicitescomprennent le temps personnel du propriétaire de la boutique (il passe 14 heures par jour et 7 jours par semaine à vendre etsuperviser) et le capital investi (les étagères et autres aménagements ont coûté 150 000 FCFA). Ces coûts sont souvent ignorés, ce quine devrait pas être le cas. Par exemple, au lieu de travailler dans sa propre boutique le boutiquier pourrait trouver un emploi à 30 000FCFA par mois. De même les 150 000 FCFA d’aménagement auraient pu être déposés dans une banque et produire des intérêts de 4%par an. Le coût implicite du capital est donc de 6 000 FCFA par an et le coût implicite de la main d’œuvre personnel 30 000 FCFA parmois.

Coûts irrécupérables. Les coûts irrécupérables sont des coûts qui ne peuvent pas être modifiés ou évités par la firme dans sesdécisions courantes ou futures. Dans ce sens, les coûts irrécupérables ne doivent pas intervenir dans les calculs de la firme.

Contrairement au coût d’opportunité qui est intangible et doit être pris en compte dans le calcul du coût économique (ou social), lecoût irrécupérable est parfois bien tangible (vous l’avez sorti de votre poche) mais ne doit pas être considéré dans les calculsultérieurs. Supposer par exemple que vous avez le choix d’installer un kiosque fixe en parpaing sur un espace qui vous est offert par lamairie, ou d’acheter une de ces structures métalliques préfabriquées. La préparation du terrain pour le kiosque en parpaing estspécifique à cette structure (i.e. ne peut servir à rien d’autre ni à personne d’autre) et coûte 35 000 F, et la construction de la structure-même 150 000 F. La structure préfabriquée coûte 200 000 FCFA. Vous décidez de construire et vous engagez les fonds de 35 000 Fpour la base de la structure en parpaing. Trois mois plus tard, vous découvrez une offre d’un kiosque métallique préfabriqué à 170 000F. Devrez-vous continuer de construire votre kiosque en parpaing. La réponse est oui. Acheter le préfabriqué vous coûterait 20 000 Fde plus que terminer la construction qui vous coûterait 150 000 F. Les 35 000 F déjà dépensés sont irrécupérables et ne doivent pasêtre inclus dans les calculs. Vous ne pouvez rien changer au fait que ces 35 000 F sont déjà jetés dans un endroit inutilisable pour uneautre alternative.

4.3 Le profit

Le profit d’une entreprise est défini comme la différence entre les recettes et le coût de production. Etant donné la distinction entrecoût comptable et coût social, on distingue aussi le profit comptable du profit économique.

Profit comptable. Le profit comptable est la différence entre les recettes totales et le coût comptable. Le coût comptable ne comprendque les coûts qui sortent de la poche de l’entrepreneur.

Profit économique. Le profit économique est la différence entre recettes totales et le coût social. Le coût social inclut le coûtd’opportunité des facteurs. Soit une firme produisant un seul produit, en quantité y. Si p est le prix unitaire et C le coût total, le profitest py C .

En économie, lorsqu’on parle de profit, on entend le profit économique. Supposer qu’un propriétqaire de cour dans une ville disposed’une pièce indépendante qu’il utilise pour sa petite entreprise de blanchissage. Par mois, soit y = 600 le nombre d’habits blanchis, etsoit p = 50 F le prix moyen par habit. Le propriétaire embauche un parent qu’il paie à 500 F par jour pour 26 jours par mois. La piècepeut être alternativement louée à 20 000 F par mois à une petite entreprise qui veut y établir un télécentre. Le propriétaire de la courdoit-il continuer de tenir sa petite affaire de blanchissage ?

77

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Le profit comptable de l’entreprise est 50*600 500*26 17000py wL FCFA par mois. De ce point de vue,l’entreprise de blanchissage semble rentable. Mais le profit comptable n’est pas le concept à utiliser. L’utilisation de la pièce pour lablanchisserie ne rapporte que 17 000 FCFA par mois, alors que la location rapporterait 20 000 FCFA par mois. La location de la pièceest évidemment la meilleure option.

En utilisant le concept de profit économique, on a :20000 / 50*600 500*26 20000 / 3000py wL mois mois

Ainsi, le profit économique est négatif. Le propriétaire devrait fermer son entreprise de blanchissage et mettre sa maisonnette enlocation. (Si des raisons familiales l’obligent à assurer un revenu à son parent, il pourrait toujours mettre la maisonnette en location,payer 13 000 FCFA gratuitement à son parent et empocher 7 000 F par mois.)

La rente économique. La rente économique a une relation avec le coût d’opportunité. Considérer un individu détenant un diplôme dedoctorat en économie. Cet individu peut travailler dans un cabinet privé et avoir un salaire de 500 000 FCFA par mois, ou travaillerdans une institution publique et gagner un salaire de 200 000 FCFA par mois. Supposer que mis à part la différence de salaire,l’individu se satisferait également de chacun de ces boulots. Le coût d’opportunité de travailler dans le cabinet privé est le revenu quel’individu gagnerait dans la meilleure alternative, soit 200 000 FCFA. La rente économique est le différentiel de revenu nécessairepour que l’individu accepte de travailler dans le cabinet privé. Ici la rente économique est de 300 000 FCFA par mois.

Définition. La rente économique est le surplus payé pour un facteur de production pour pouvoir l’utiliser dans un processusde production donné.

La rente économique est souvent liée à la rareté d’un facteur. Par exemple, les sommes payées aux grands athlètes sportifs sont engrande partie une rente, liée à la spécialisation de ces athlètes. Par exemple, quand Michael Jordan jouait au basket-ball professionnelaux Etats-Unis, la différence énorme de salaire entre lui et le joueur suivant était attribuable au talent spécialement rare de l’athlète.On peut dire que Jordan tirait une rente de son talent.

De même, considérer deux parcelles de terre utilisées dans la production de coton. L’une est naturellement très fertile (parcelle A) etl’autre l’est moins (parcelle B). La parcelle fertile rapporte un rendement de 1500 kg de coton à l’hectare, la terre moins fertile 800Kg. En supposant des coûts de production (à l’exception de la main d’œuvre familiale) identiques de 80 000 FCFA par hectare, et leprix du coton établi à 200 FCFA, la parcelle A rapporte 220 000 FCFA alors que la parcelle B rapporte 80 000 FCFA. La différenceentre les deux marges, soit 140 000 FCFA constitue une rente économique de la parcelle fertile, rente attribuable à sa fertilité. Si onsuppose que 10 personnes par ménage sont engagées dans la production dans chaque parcelle, la parcelle A rapporte à chaquetravailleur 14 000 FCFA contre 8 000 FCFA par personne pour la parcelle B. La rente par unité de main d’œuvre est ainsi égale à 6000 FCFA.

4.4 Combinaisons optimales de facteurs et fonction de coût

La technologie représentée par les isoquants, l’équation de coût et la ligne d’isocoût constituent les éléments de base pour étudier lecomportement de choix des combinaisons de facteurs par la firme. Ce choix permet de trouver le coût réellement supporté parl’entreprise, une étape essentielle à l’évaluation de son profit.

Supposons que la firme se fixe une quantité de produit à atteindre par une combinaison appropriée de facteurs. Quel que soit le niveauy de l’output, on peut supposer que la firme (à travers ses managers) désirera produire cette quantité au moindre coût. Si la firme peutproduire à moindre coût, elle peut accroître ses profits. La maximisation du profit nécessite donc la minimisation du coût.

Minimisation du coût. Représentons dans le même graphique l’isoquant de la firme et sa droite d’isocoût (figure 5.6). Pour une niveaude produit donné, l’isoquant est fixe. Les droites d’isocoût se déplacent selon le niveau du coût total, les droites à coût bas étant le plusproche de l’origine.

78

K

Figure 5.6 Problème de minimisation ducoûtLe niveau de la production est donné par l’isoquant y0. Le point de tangence entre l’isoquant et la droite d’isocoût C*donne le point de combinaison optimaleen A(L*,K*). En ce point le coût total est C*=rK*+wL* qui représente la dépense minimale de l’entreprise pour produire le niveau y0 d’output.

B

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Comment la firme choisit-elle la combinaison qui donne le moindre coût ? L’isoquant étant fixe, la firme doit jouer sur l’emplacementdes droites d’isocoût. Considérer les points A et B. Les combinaisons en ces points permettent de produire le même niveau de produity0, mais à des coûts différents. Le point B coûte plus cher (C1>C*). Tout point autre que A sur l’isoquant y0 comporte un coût plusélevé qu’au point A. Le point A donne la combinaison à coût minimum.

Au point A, la droite d’isocoût est tangente à l’isoquant. En ce point les pentes des deux courbes sont donc égales. On se rappelle quela pente (en valeur absolue) de la droite d’isocoût est le rapport des prix des facteurs, w/r. Quant à l’isoquant, sa pente (en valeurabsolue) est donnée par le rapport des produits marginaux, MPL/MPK, qui est aussi le TMST. Au point optimal, on a donc :

,L

L KK

MP wTMST

MP r

Ceci peut aussi s’écrire sous la forme :

.K L

r w

MP MP

Cette égalité a une interprétation économique intéressante. Supposons que la firme en question est la SFBS et que y (le produit)représente la quantité de briques produite en utilisant le travail et le capital. La quantité MPK représente la quantité de briquesproduite avec une unité additionnelle de capital, qui coûte r Francs CFA. Le rapport r/MPK est donc le coût pour produire une briquesupplémentaire en utilisant du capital à la place de travail. De même le rapport w/ MP L représente le coût pour produire une briqueadditionnelle à partir du travail se substituant au capital. Si les deux rapports étaient différents, les quantités de capital et de travail neseraient pas des quantités d’équilibre, car une petite modification des quantités des deux facteurs pourrait faire baisser le coût. Eneffet, supposer que le rapport r/MPK soit supérieur. Dans ce cas, une brique additionnelle coûte plus cher en utilisant du capital que dutravail et la firme SFBS baisserait son coût en utilisant du travail à la place du capital. Le résultat inverse s’obtient si le rapportw/MPL est supérieur. L’équilibre (compris comme le point où la firme n’a aucune incitation à modifier sa combinaison des deuxfacteurs) exige donc l’égalité entre les deux rapports.

Fonction de coût. La fonction de coût est le coût minimum pour produire tout niveau donné d’output y. La dérivation de la fonction decoût suit la logique suivante. Pour tout niveau de produit y, on détermine la combinaison optimale de K et L qui minimise le coût pourproduire y. Lorsqu’on fait varier y, on obtient les différents coûts minima. Le lieu de tous ces points traduit le sentier d’expansion duproduit (figure 5.7). Pour avoir la fonction de coût, choisir un niveau de produit quelconque sur le sentier d’expansion et déterminer ladroite d’isocoût qui passe par ce point. Ensuite, assigner le coût correspondant au niveau d’output. En repétant ceci pour tous lesniveaux d’output, on obtient la fonction de coût.

La fonction de coût sera notée C(y), qui représente le coût minimum pour tout niveau de produit y.

79

C=C1C=C0 C= C*

y0

L

Point optimal

(L*, K*)A

K

Figure 5.7. Sentier d’expansion de l’output. Lorsque le niveau de l’output varie, le lieu des points de coût minimum est le sentier d’expansion. La fonction de coût peut se déduire à partir du sentier d’expansion.

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V. LES COURBES DE COUTS

5.1 Les différents concepts de coût

Toutes les courbes de coût se dérivent à partir de la courbe de coût total. On distingue les coûts fixes des coûts variables, dont lasomme donne le coût total. Les autres concepts qui se dérivent de ces coûts sont le coût marginal et le coût moyen.

Coûts fixes (CF). Les coûts fixes sont les coûts des facteurs fixes. Les quantités des facteurs fixes ne pouvant varier, le coût fixe estpar définition constant pour tous les niveaux de l’output. A court terme, le coût fixe n’intervient pas dans la décision de la firme. Lescoûts fixes peuvent varier à long terme cependant et deviennent importants dans les décisions de long terme de la firme.

Coûts variables (CV). Les coûts variables sont les coûts des facteurs variables. Les quantités de ces facteurs varient avec le niveau del’output. Les coûts variables étant fonction de l’output, s’expriment comme CV(y).

Dans l’exemple de la firme SFBS, le coût associé à la bétonneuse est le coût fixe. Supposons qu’au lieu d’utiliser sa bétonneuse dansson entreprise, Sima Metta ait l’option de la louer au coût de 100 000 FCFA par an. Ce coût d’opportunité de la bétonneuse est soncoût à considérer dans les calculs. Supposons que le coût variable issu de l’emploi de la main d’œuvre soit CV(y)=25y. Le coût totalest :

100000 25

CT CF CV

y

Si y est la quantité de briques produites dans l’année, CT est le coût total lié au processus de production.

Coût marginal (MC). Le coût marginal est l’incrément du coût total résultant d’un petit accroissement de la quantité produite.Mathématiquement, ( ) /MC y C y . Le coût marginal est ainsi le rythme d’accroissement du coût suite à une augmentation dela production. Le coût marginal est donc la pente de la courbe de coût total.

Coût moyen (AC). Le coût moyen est le coût par unité produite. En symboles, AC(y)=C/y. Le coût moyen sert à juger de laperformance moyenne de la firme en termes de coûts. Quand les coûts unitaires peuvent être réduits, la firme est à même d’accroîtreses profits.

Le coût moyen peut être décomposé en coût variable moyen et en coût fixe moyen :

( )( )

C y CV CF CV CFAC y

y y y y

Coût variable moyen (CVM). Ce coût représente le coût variable par unité de produit : CVM(y)=CV/y.

Coût fixe moyen (CFM). C’est le coût fixe par unité de produit : CFM=CF/y.

Les différents types de coûts sont représentés dans le graphique 5.8. La figure décrit les relations entre les différentes courbes.

80

Sentier d’expansion de l’output

y0

L

y2

y1

C=C2C=C0 C=C1

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81

C(y)

CF

y

CV=C(y)-CF

Coût(FCFA)

y

100

100

AC, MCCVM, CFM (FCFA/unité de produit)

CFMACCVM

MC

(b)

(a)

Figure 5.8 Coût total, coût marginal, coût moyen, coût variable moyen et coûtfixe moyen.Dans le panel (a), C(y) est le coût total de la firme. La courbe de coût fixe CF est horizontale, réflétant son invariance. Le coût variable est la distance verticale entre ces deux courbes. Le coût marginal, MC, est la pente de la courbe de coût total. La courbe MC atteint son minimum dans le panel (b) au point où la pente de la courbe de coût total est minimum. La courbe de coût moyen, AC, décroît tant que le coût marginal se trouve en dessous. AC atteint son minimum au point où MC la coupe. Le coût variable moyen, CVM atteint son minimum quand MC coupe cette courbe.Le coût fixe moyen, CFM, est la distance verticale entre le coût moyen (AC) et le coût variable moyen (CVM). Comme le coût fixe moyen décroît constamment avec le niveau de l’output, la distance verticale entre AC et CVM serétrécit progressivement quand le niveaude l’output augmente.

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5.2 Coûts et période

Coûts de court terme terme. Quand certains facteurs sont fixes, la courbe de coût dérivée par minimisation du coût représente le coûtde court terme de la firme. Dans le court terme, la firme ajuste les facteurs qui sont variables et ignore le reste. Les différents types decoûts sont aussi définis dans le court terme. On a les concepts suivants :

- Coût total de court terme (CTCT)=Coût variable de CT (CVCT) + Coût fixe (CF)- Coût moyen de court terme (ACCT)=CTCT/y- Coût variable moyen de court terme (CVMCT)=CVCT/y- Coût marginal de court terme (MCCT)=CTCT/y = CVCT/y.

Coûts de long terme. Dans le long terme, tous les facteurs deviennent variables et leurs niveaux d’utilisation sont sous le contrôle dumanager de la firme. Par exemple, avant l’installation d’une usine, les différentes combinaisons du capital et du travail sont toutespossibles, aucun facteur n’est fixe et par conséquent il n’y a pas de coût fixe. Noter que le coût de long terme ne s’obtient pas enannulant tout simplement le coût fixe. Il se dérive selon des méthodes appropriées : les facteurs qui étaient fixes deviennent variableset le manager de la firme a la possibilité de déterminer leur utilisation optimale. On a les concepts de long terme suivants:

- Coût total de long terme (CTLT) se confond avec le coût variable de LT (CVCT) car les coûts fixes (CF) sont nuls- Coût moyen de long terme (ACLT)=CTLT/y- Coût marginal de long terme (MCLT)=CTLT/y.

Coûts de long terme et rendements d’échelle. Il existe une relation entre les rendements d’échelle définis à partir de la fonction deproduction et la fonction de coût de long terme. Soit C(y) le coût de production de y unités de produit dans le long terme.

Supposer que la fonction de production soit à rendements constants. Si on multiplie les quantités des facteurs par 2, la quantitéd’output est multipliée par 2. Soit C(1) le coût de production d’une unité de y. Alors, 2C(1) est le coût pour produire 2 unités de y, car2 unités de y nécessite 2 fois autant d’inputs que 1 unité de y. Ceci est vrai pour tout multiple d’output. Le coût unitaire de productionest donc le même pour toute quantité produite : le coût moyen est constant pour un processus de production caractérisé par desrendements d’échelle constants. Le coût moyen est une ligne horizontale.

Si la fonction de production possède des rendements d’échelle croissants, on peut montrer que le coût moyen est décroissant. Lesrendements étant croissants, la multiplication des inputs par 2 entraîne plus qu’un doublement du produit. Supposer que le produit estmultiplié par k>2, de manière que le nouveau produit est y’=ky. Le nouveau coût, C(y’) est simplement 2C(y). Le nouveau coûtmoyen est C(y’)/y’=2C(y)/ky=(2/k)C(y)/y. Comme 2/k<1 (parce que k>2), on a nécessairement C(y’)/y’<C(y)/y.

Il en résulte que lorsque les rendements d’échelle sont croissants, le coût moyen est décroissant.

Si la fonction de production est à rendements décroissants, un raisonnement similaire montre que le coût moyen est croissant : le coûtmoyen croît lorsque les rendements d’échelle sont décroissants.

5.3 Economies d’envergure

Nous terminons cette analyse des coûts par le concept d’économie d’envergure. On dit qu’un processus de production comporte deséconomies d’envergure si la production combinée de deux ou plus de deux produits est moins coûteuse que la production séparée desmêmes produits. Les économies d’envergure naissent lorsque les processus de production combinés partagent les mêmes inputsessentiels, comme le management, les services de marketing ou des infrastructures de production.

Le degré de présence d’économies d’envergure est mesuré en comparant le coût de production dans un processus combiné à la sommedes coûts de production lorsque les processus sont séparés. Soit C(x) le coût de production du bien x et C(y) le coût de production dubien y, et C(x, y) le coût d’une production jointe des deux biens. La réduction de coût résultant de la présence d’économiesd’envergure est :

envergure

[ ( ) ( )]1

( , )

C x C yE

C x y

E est positif si le numérateur du terme entre accolades est supérieur au dénominateur. E donne l’économie de coût [C(x) + C(y) - C(x,y)] en proportion du coût de la production combinée, C(x, y).

Questions

82

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1. Citer trois objectifs autres que la maximization qu’une firme pourrait poursuivre.

2. Donner un exemple de production dans laquelle le court terme dure au moins une année.

3. Pourquoi le manager d’une firme se préoccuperait-il plus du produit marginal que du produit moyen des inputs lorsqu’il s’apprête àengager des facteurs ?

4. En quoi une carte de courbes d’indifférence est-elle similaire à une carte d’isoquants ? Quelles sont les différences les plussaillantes ?

5. Si le coût marginal est négatif, le coût moyen est-il nécessairement négatif ? Est-il décroissant ?

6. Pouvez-vous citer des exemples d’industries au Burkina où les rendements sont probablement (i) constants ? (ii) croissants ? (iii)décroissants ?

7. Quelle différence faites-vous entre rendement décroissant d’un facteur v ariable et rendements d’échelle décroissants ?

Problèmes

1. Une firme a une fonction de production caractérisée par le tableau suivant : Unités de travail

1 2 3 4 5 6K=1K=2K=3K=4K=5K=6

41015202325

101317222426

12.51619232527

151921242628

17.52123252728

202325262728

a. On fixe le capital à 3 unités. Donner le produit marginal du travail.b. On fixe maintenant le capital à 1. Le produit marginal du travail est-il décrossant ?c. Vrai/Faux : Cette fonction de production est à rendements constants pour toutes les valeurs de L et K.

2. Vrai ou faux:a. Si le produit marginal est dans une phase décroissante, alors le produit moyen est aussi en déclin. Expliquer.b. Une usine de production embauche un ouvrier supplémentaire et réalise que le produit moyen de ses travailleurs a augmenté.

On peut alors dire que le produit marginal du nouveau travailleur est inférieur au produit moyen des travailleurs avantl’embauche du dernier.

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CHAPITRE 4. L’EQUILIBRE SUR UN MARCHE CONCURRENTIEL

Dans les chapitres précédents, nous avons développé les éléments qui guident la décision d’achat des consommateurs et avons abordéle produit de la détermination du choix des facteurs de production au niveau de la firme. Dans le présent chapitre, nous mettrons face àface consommateur et producteur sur un marché. Le prix d’équilibre qui en résulte est traité comme donnée dans les décisionsindividuelles desquelles découlent les fonctions de demande des consommateurs et les fonctions d’offre des firmes.

4.1 LES CONDITIONS D’UN MARCHE CONCURRENTIEL

Il y a quelques années, une personne bien informée sur le potentiel des technologies de l’information et de la communication a ouvertun cyber café appelé Netcaf dans la ville Wakadugu. Cette personne y vendait des services appelés navigation, email et autres.Quelques rares habitués y allaient et payaient un prix aussi élevé que 1000 F les 30 minutes pour consulter leur boîte ou naviguer.Cette personne était seule sur ce marché naissant. Elle fixait les prix comme elle l’entendait et offrait autant d’heures de services queles clients le demandaient. Une dizaine d’années plus tard, à tous les coins de rue, des cyber cafés se sont installés. Au fur et à mesureque les concurrents s’installaient, Netcaf se rendait compte qu’elle ne pouvait plus fixer les prix à son gré. Aujourd’hui, les prixs’imposent à l’entreprise et ses préoccupations maintenant sont de réduire les coûts d’exploitation de son cyber et d’offrir autant deservices au prix qui s’impose afin de maximiser son profit.

Cette histoire montre la naissance d’un marché concurrentiel. Les lecteurs qui connaissent bien Ouagadougou ont noté avec quellefulgurance les cyber cafés et autres télécentres se sont développés dans la ville entre le début des années 1990 et aujourd’hui. Unmarché naguère limité, ce marché est devenu florissant et offre des services de plus en plus variés. Ce chapitre étudie le marchéconcurrentiel pour voir comment la firme y maximise son profit et comment l’interaction entre offre et demande produit l’équilibre.Cette section passe d’abord en revue les conditions d’un marché concurrentiel.

4.1.1 Les conditions d’un marché en concurrence parfaite

Homogénéité du produit. Les produits offerts par les vendeurs sur un marché en concurrence parfaite sont des substituts parfaits lesuns pour les autres et les firmes ne se livrent pas à une concurrence à travers la différentiation de leurs produits. L’homogénéité desproduits est plus évidente pour certains produits que pour d’autres. Par exemple, les produits métalliques ou chimiques sont similaires.Les galettes produites par la vendeuse à l’angle de la rue sont mieux appréciées que celles de la vendeuse située au centre du marché.A strictement parler, les galettes ne sont pas des produits homogènes. L’hypothèse d’homogénéité exige cependant simplement que lesproduits paraissent identiques aux yeux du consommateur.

Prendre les prix comme donnés. Individuellement, chacun firme et chaque ménage pense qu’il n’a aucun pouvoir sur les prix. Ilsprennent par conséquent les prix comme donnés, et on dit qu’ils sont preneurs de prix (price takers en anglais). Souvent on justifiel’hypothèse de preneur de prix par l’atomicité du marché (nombre élevé des acheteurs et des vendeurs). Par exemple, si les vendeurssont en nombre élevé, chacun ne produit qu’une faible portion de l’output total et par conséquent ne peut pas influencer le prix. Ainsi,un producteur de tomates dans une région de cultures maraîchères comme le Yatenga ne peut influencer le prix de la tomate enaugmentant ou diminuant sa propre production.

Le nombre d’acteurs n’est cependant ni une condition nécessaire ni une condition suffisante pour que ces acteurs agissent commepreneurs de prix. Même un nombre limité de firmes (5 ou 20) peuvent se comporter en preneurs de prix si la demande est fortementélastique. (Si la demande est élastique, toute augmentation de prix par un vendeur conduit à une très forte baisse de ses ventes.).L’hypothèse exige cependant que les firmes ne puissent pas s’engager dans des actions concertées (collusion ou stratégies communes).

Contestabilité. La contestabilité suppose l’existence de concurrence au sein des acteurs qui opèrent déjà sur le marché et entre cesacteurs et les entrants potentiels. Un marché est contestable si cette double dimension de la concurrence existe. Un marché contestableexige l’absence de barrières à l’entrée et à la sortie. Toute firme en opération peut décider de fermer sans perdre son capital investi (onsuppose donc que les coûts sont récupérables) et toute nouvelle firme peut s’établir sans coût supplémentaire en comparaison auxfirmes existantes.

Prenez le cas de quelqu’un qui veut se lancer dans le métier de photographe ambulant. Il lui suffit d’un appareil photo et de quelquespetits équipements. Il n’y a aucun frais supplémentaire au-delà des coûts supportés par ceux qui sont déjà dans ce genre d’affaire. De

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même, un photographe en activité peut abandonner cette activité, et vendre ses actifs (appareil) sans perte extraordinaire. Le marchéde la photographie ambulante est contestable.

Certains marchés comportent des barrières à l’entrée, établies par la législation ou forcées par les firmes en activité. Si par exempleune nouvelle firme dans l’industrie des chaussures est obligée d’installer des équipements de traitement des ordures alors que lesfirmes existantes ne sont pas astreintes à cette règle, ceci constitue une barrière à l’entrée. De même, si en fermant ses portes une firmede chaussures ne peut pas liquider tous ses actifs (bâtiments, machines) sans grande perte, il existe des barrières à la sorite. Un telmarché est peu contestable.

Quand les marchés sont contestables, le profit économique à long terme est nul. Si le profit était positif, de nouvelles firmes seraientattirées, et ce aussi longtemps que le profit demeure positif. Si le profit était négatif, des firmes fermeraient la porte et ce tant que leprofit demeurerait négatif. L’hypothèse de contestabilité garantit donc la stabilité du marché, à travers la conséquence de la nullité duprofit.

Information parfaite. On suppose que les firmes et les consommateurs disposent d’une information totale pour leur prise de décision.Les consommateurs connaissent la qualité des produits (déjà supposés identiques dans la condition 1) et le prix (supposé commedonné). Les entreprises connaissent les opportunités et les niveaux des profits.

Ces quatre conditions sont nécessaires pour l’existence d’un marché de concurrence parfaite. Si l’une de ces conditions est violée, lemarché n’est plus parfait et l’analyse devra recourir à de la théorie définie sur d’autres structures de marché. On peut résumer lesconditions dans le tableau 6.1.

Tableau 6.1 Conditions de la concurrence parfaiteCondition Conditions sous-jacentes ConséquencesHomogénété du produit

Les biens provenant de firmes différentes sont dessubstituts parfaits les une pour les autres

Les firmes ne se livrent pas à uneconcurrence sur la base d’unedifférentiation des produits

Preneur de prix

Pour une firme donnée, la courbe de demande quis’adresse à elle est une droite horizontale (elle peutvende tout ce qu’elle peut à un prix donné) Les firmes et les ménages ont la

perception qu’ils ne peuvent pasinfluencer individuellement le prix.Ils le traitent comme donné dansleurs décisions

Pour un ménage donné, la courbe d’offre quis’adresse à lui est une droite horizontale (il peutacheter tout ce qu’il désire à un prix donné)Existence d’un grand nombre de vendeurs etd’acheteursAbsence de comportement de collusion ou deconcertation stratégique

ContestabilitéCoûts nuls à l’entrée et à la sortie et absence de coûtsirrécupérables

Absence de domination du marchépar une firme due aux contraintesd’entrée ou de sortieLes coûts économiques sont nuls à long terme

Informationparfaite

Les ménages ont l’information sur le produit, sonprix, sa qualité, ses caractéristiques et sa disponibilité

Les acteurs agissent en touteconnaissance de cause et d’effet

Les firmes sont informées sur les profits éventuels

4.2 LA DÉTERMINATION DU NIVEAU D’OUTPUT DE LA FIRME

Le chapitre précédent a développé les conditions de choix du niveau des facteurs par la firme. La firme choisit les combinaisons defacteurs qui minimisent son coût de production pour un niveau donné de produit. Ce processus aboutit à la fonction de coût de lafirme, C(y). L’hypothèse de maximisation de profit déterminera la quantité de produit que la firme désirera offrir sur le marché.

4.2.1 Maximisation Profit et décision du niveau d’output

Soit p le prix du produit auquel la firme fait face. Pour un niveau donné y d’output, la recette totale de la firme est R(y) = py. Le profitest défini comme :

( ) ( )

( )

R y C y

py C y

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On peut représenter la droite de la recette totale et le coût total de la firme dans un même repère avec le niveau de l’output en abscisse(figure 6.1). La distance entre la droite de la recette et la courbe de coût total donne le niveau de profit, pour chaque niveau du produit.

Cette figure permet de définir la condition d’un profit maximum. Le profit est maximum quand la distance (positive) entre la recettetotale et le coût total est à son maximum. Cette distance maximum est obtenue au point où la tangente à la fonction de coût estparallèle à la droite de recette totale. Mais la tangente à la courbe de coût représente la pente de cette courbe qui n’est autre que le coûtmarginal, CM(y). Quant à la pente de la droite de recette totale, c’est le prix p. Au niveau d’output y* où le profit est maximum, on adonc la relation:

( *)MC y p

La figure 6.2 examine davantage cette condition de maximisation du profit. Le prix du marché est donné par la ligne horizontalepassant par p (la firme est preneur de prix). La courbe de coût marginal coupe cette droite en deux points y0 et y*. Laquelle de cesdeux quantités conduit au profit maximum? En y0, toute augmentation de l’output entraîne une augmentation du profit (toute unitésupplémentaire d’output rapporte p en termes de recette et coûte MC qui est inférieur à p). En y*, un mouvement à droite(augmentation de y) fait baisser le profit car le coût d’une unité additionnelle (MC) est supérieure à ce que cette unité rapporte (p). Unmouvement à gauche (diminution de y) fait baisser aussi le profit car le coût d’une unité perdue est inférieur à ce que cette unité auraitrapporté. La quantité y* qui conduit donc au profit maximum est celle où le coût marginal MC est en phase croissante, et nondécroissante (comme en y0).

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Tangente à C(y) : MC(y) = p

Recette totale (pente = p)

Coût total C(y)

R(y)C(y)(FCFA)

y

CF

y*

Figure 6.1 Le profit comme distance entre les courbes de recette totale et de coût totalLe profit est la distance verticale entre les courbes de recette totale et de coût total. Le profit est maximum au niveau y* de l’output tel que la tangente à la courbe de coût total soit parallèle à la droite de recette totale. A ce niveau y*, le coût marginal MC(y) est égal au prix p du produit.

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La condition p=MC est indépendante de l’existence de coûts fixes et s’applique aussi bien dans le court terme que dans le long terme.Dans le court terme les coûts fixes jouent un rôle important et pour savoir s’il vaut mieux ne rien produire ou produire selon la règlep=MC, il faut prendre en compte la présence de coûts fixes.

4.2.2 Décision de court terme

Si la firme décide de ne rien produire à court terme, ses pertes se réduisent à ses coûts fixes, CF. Partons de l’équation du profit etexprimons le coût C(y) dans ses composantes variables et fixes :

( )

( ) [ ( )] .

py C y

py CV y CF y p CVM y CF

Si dans le court terme le coût variable moyen est supérieur au prix de marché p, les pertes de la firme en produisant y unités dépassentses pertes en fermant ses portes (y=0). A court terme, la firme a intérêt à arrêter sa production si le coût variable moyen dépasse le prixdu marché.

Par contre, si le coût variable moyen est inférieur au prix, la firme réduit ses pertes de la quantité y(p-CVM) en produisant y unités. Etsi cette quantité est suffisamment élevée, elle peut excéder le coût fixe CF et générer des profits positifs. On a donc la règle suivante :

A court terme la firme atteint sa décision de produire ou de ne pas produire en comparant le prix de marché p à son coûtvariable moyen (CVM). Si p<CVM, la firme produit 0 unités. Si p>CVM, la firme produit y* unités, la quantité y* étantobtenue à partir de la condition p=MC(y).

4.2.3 Décision de long terme

A long terme, les coûts fixes sont nuls et le coût de la firme est entièrement variable. L’option de ne rien produire implique toutsimplement un profit nul. La décision de la firme de produire ou de ne pas produire à long terme s’obtient encore à partir de l’équationdu profit :

( ) [ ( )].p py C y y p AC y

La décision découle de cette décomposition du profit de long terme :

A long terme, tant que le prix du marché p est inférieur au coût moyen AC(y), la firme ne produit rien et réalise un profitnul. Si le prix du marché p excède le coût moyen, la firme produit la quantité y* déterminée à partir de l’égalité p=MC (y).

4.3 LA FONCTION D’OFFRE DE LA FIRME ET DE MARCHE

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y

+-

p, MC

y*

p

y0

MCFigure 6.2 Détermination du point de profit maximum Au point y0, MC=p mais le profit est minimum en ce point. On peut augmenter le profit en se déplaçant vers la droite de y0. Au point y* où MC=p aussi, le profit atteint son maximum.

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La fonction d’offre de la firme est déterminée à partir du problème de la maximisation du profit présenté dans la section précédente.La fonction d’offre de la firme s’obtient en considérant la variation du niveau d’output y choisi lorsque le prix p du produit varie.

4.3.1 Fonction d’offre de court terme

Nous savons à partir de l’analyse de la section précédente qu’à court terme, la décision de produire de la firme dépend de la différenceentre le prix du marché p et le coût variable moyen CVM(y), et la détermination de l’output optimal par l’égalité p=MC(y). On peutreprésenter la décision sur la figure 6.3. Décomposons le profit comme avant, [ ( )]y p CVM y CF . Considérer les niveauxde prix p1 et p2 sur la figure. Lorsque le prix est inférieur p1 (égal au minimum de CVM), la firme a intérêt à ne rien produire, car saperte excèderait le coût fixe CF. La courbe d’offre de la firme entre O et p1 est la droite verticale entre O et p1. Pour tout prixsupérieur à p1, p-CVM devient positif et la perte de la firme est inférieure à son coût fixe CF. En fait, à partir de p2, p>CVM et lesprofits deviennent positifs. A partir de p1, la firme produira une quantité déterminée par sa courbe de coût marginal à partir de l’égalitép=MC(y). On a donc le résultat suivant :

La fonction d’offre de court terme de la firme est la portion de la courbe de coût marginal au-dessus du minimum du coûtmoyen variable et l’axe vertical pour tous les prix en dessous du minimum du coût variable moyen.

Le minimum du coût variable moyen est le point de fermeture de la firme: pour tout prix inférieur au minimum du coût variable, lafirme a intérêt à ne rien produire.

4.3.2 Fonction d’offre de long terme

Trouver la courbe d’offre de long terme de la firme est plus facile. A court terme, la firme est obligée d’assumer ses coûts fixes, d’oùsa condamnation à produire même à perte, l’alternative étant de perdre l’équivalent des investissements fixes. A long terme, la firmene fait plus face à des coûts fixes. Dans le long terme la décomposition du profit est [ ( )]p y p AC y . Tant que p est inférieur àAC, la firme ne produit rien. Si p est supérieur à AC, la firme réalise des profits positifs et choisit la quantité produite en se référant àsa courbe de coût marginal, selon l’égalité p=MC(y). La figure 6.4 illustre la situation de long terme. On a le résultat suivant:

La courbe d’offre de long terme de la firme est la portion de la courbe de coût marginal de long terme au-dessus duminimum de la courbe de coût moyen de long terme (CMLT) et l’axe vertical pour tous les prix en dessous du minimum deCMLT.

88

CVM

AC

MC

p, MC,AC, CVM

y

p2

p1

O

Courbe d’offre de court terme

Figure 6.3 Courbe d’offre de court terme de la firmeLa courbe d’offre de court terme est composée de deux parties : la partie de la courbe du coût marginal située au-dessus du minimum du coût variable moyen (CVM) et la partie de l’axe vertical en dessous du minimum de CVM.

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4.3.3 Fonction d’offre du marché

La fonction d’offre du marché ou fonction d’offre de l’industrie (i.e. l’ensemble des firmes qui offrent le même produit) est obtenue àpartir des fonctions d’offre des firmes individuelles. Qu’elle soit de court ou de long terme, l’offre de marché est la somme des offresindividuelles des firmes.

Court terme

La courbe d’offre de marché s’obtient comme la sommation horizontale des courbes d’offre individuelles. Autrement dit, on supposeque pour un prix donné, l’offre de marché est la somme de ce que les firmes sont prêtes à offrir à ce prix. On suppose donc quel’opération de sommation n’affecte pas le prix. Dans le court terme, aucune entrée ou sortie du marché n’est possible et seules lesquantités produites par les firmes déjà en activité sont incluses dans l’opération de sommation.

Long terme.

A long terme il peut y avoir des modifications qui affectent l’offre. D’abord, les firmes déjà en activité peuvent ajuster leurs échellesde production en modifiant les quantités des facteurs. Ensuite, de nouvelles firmes peuvent survenir sur le marché et des firmes enactivité peuvent cesser leurs opérations. La courbe d’offre de long terme diffère selon la nature des coûts de la firme. Comme lanature des coûts ne fait que refléter celle de la technologie, la courbe d’offre de long terme dépend de la forme de la technologie. Onva distinguer les cas des coûts constants, croissants et décroissants.

Courbe d’offre de marché dans une industrie à coûts (moyens) constants . Quand les coûts (moyens) sont constants la courbe d’offrede marché est une ligne horizontale au niveau du prix du marché. Dans une industrie à coûts constants, chaque firme réalise un profitnul, produisant au point du minimum du coût moyen (dont le niveau est le même pour chaque firme). Le prix de marché s’établit doncà ce niveau du coût moyen, et ne peut s’en écarter dans le long terme.

Courbe d’offre de marché dans une industrie à coûts (moyens) croissants. La courbe d’offre de long terme d’une industrie à coûtscroissants est croissante de droite à gauche car l’entrée de nouvelles firmes augmente le coût moyen.

Courbe d’offre de marché dans une industrie à coûts (moyens) décroissants. Dans une industrie à coûts moyens décroissants, lacourbe d’offre de long terme est décroissante de la gauche vers la droite.

6.4 LE SURPLUS DU PRODUCTEUR

Surplus du producteur. C’est la somme profit économique plus coûts fixes. En d’autres termes, la recette totale diminuée des coûtsvariables. Le surplus du consommateur est représenté par la surface entre la courbe d’offre du producteur et le prix du marché.

Variation du surplus. La variation du surplus du producteur résulte de la variation du prix.

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MC de long termep, MCAC

Courbe d’offre de LT

AC de long terme

y

p1

Figure 6.4 Courbe d’offre de long terme de la firmeLa courbe d’offre de long terme est la partie de la courbe de coût marginal au-dessus du minimum du coût moyen et l’axe vertical en dessous du prix p1 égal au minimum du coût moyen.

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4.5 L’EQUILIBRE SUR UN MARCHE CONCURRENTIEL

4.5.1 Conditions de l’équilibre concurrentiel de long terme

La force motrice dans un marché concurrentiel est le profit économique. Le profit est un indicateur de performance pour lesentreprises en activité et constitue l’appât principal pour les firmes potentielles. L’équilibre de marché de concurrence parfaite, ouéquilibre concurrentiel de long terme exige trois conditions:

1. Toutes les firmes maximisent le profit, se situant sur leurs courbes d’offre de court terme.2. La demande est égale à l’offre, la courbe de demande croise la courbe d’offre agrégée de court terme.3. Toutes les firmes ont un profit économique nul (la production se fait au minimum du coût moyen de long terme, ce qui veut

dire que chaque firme se trouve sur sa courbe d’offre de long terme).

6.5.2 Effets des interventions sur l’équilibre

Les interventions publiques, par exemple l’imposition d’une taxe sur une activité, ont des conséquences sur les producteurs et lesconsommateurs. Selon la nature des agents, l’effet de l’intervention peut être partagé différemment. Considérer le cas d’une taxeimposée par l’état dans une activité industrielle pour renflouer ses caisses. Qui du producteur ou du consommateur supportera cettetaxe ? Cela dépendra de la nature de la technologie de production.

Taxe dans une industrie à coûts constants. Quand l’industrie est à coûts constants, la courbe d’offre de long terme est parfaitementhorizontale. Une taxe de 10 % sur le produit imposée au producteur se traduit par une augmentation du coût marginal et du coûtmoyen de 10%. A l’équilibre, le nouveau prix payé par le consommateur est de 10% supérieur. Le consommateur supporte entièrementl’effet de la taxe, même si celle-ci est levée sur les ventes. Ceci se traduit par une réduction du surplus du consommateur.

Taxe dans une industrie à coûts croissants. Lorsque la production se fait à coûts croissants, la courbe d’offre est croissante. Dans cecas, une taxe sur la production est partagée entre les producteurs et les consommateurs. Le partage de la taxe se traduit par desvariations des surplus du consommateur et du producteur.

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