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Champ disciplinaire (s)
Niveau (x)
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Le sacrePrésentation
La cérémonie du sacre, le dimanche 27 février 1594, à Chartres, permet à Henri IV
de se faire pleinement reconnaître par ses sujets.
HISTOIRE
MUSIQUE
HISTOIRE DES ARTS
PRIMAIRE
SECONDAIRE
Cérémonie du sacre et couronnement d’Henri IV, par Desmaretz, fin XVIe s. (lavis et plume sur papier, 580 x
430 mm)
BnF
Qb1 1594
Document
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Roi depuis la mort d’Henri III, le 2 août 1589, Henri IV n’est sacré que le 27 février
1594. À cette date, le roi ne tient ni Paris ni Reims, qui sont des villes ligueuses. Le
sacre est rendu possible par la conversion d’Henri IV au catholicisme, le 25 juillet
1593, dans l’abbatiale de Saint-Denis – épisode évoqué à l’arrière-plan, à gauche,
dans le dessin de Desmaretz.
Le rituel, fixé par l’ordo de Saint Louis en 1220-1230, doit être respecté. Or, la sainte
ampoule nécessaire se trouve à Reims, et une partie des insignes royaux ont été
détruits ou transportés à Paris, durant les troubles. On fait donc venir de l’abbaye
de Marmoutier de Tours une sainte ampoule, qui passe pour être plus ancienne que
celle de Reims, et le roi fait fabriquer de nouvelles regalia.
Le jour du sacre, le roi traverse la nef de la cathédrale de Chartres et prend place
dans le chœur, sous un dais. Le premier rite est celui de l’acclamation par les pairs
du royaume : c’est le vestige de l’élection des premiers rois de France. Suivent
un serment de fidélité au peuple et à l’Église sur l’Évangile, l’adoubement avec les
éperons et l’épée, et l’onction avec l’huile contenue dans la Sainte Ampoule. Le roi,
revêtu du manteau royal, se voit alors remettre les regalia : le sceptre, la main de
justice, la couronne et l’anneau, symbole du mariage avec ses sujets.
Le dessin de Desmaretz montre l’évêque de Chartres, Nicolas de Thou, entouré
des pairs ecclésiastiques, qui vient de couronner le roi, agenouillé. Au tout premier
plan, se tiennent, assis, les pairs laïcs. On distingue, à l’arrière plan au centre, la
reine Marguerite de Valois, épouse Henri IV. Au niveau intermédiaire, à gauche,
on aperçoit dans le sillage du cortège « les trompettes qui accompagnoient les
acclamations du peuple et les chœurs de musique ». Ce groupe discret matérialise
ainsi la présence de la Musique du roi.
Composée de trois grands « corps » ou départements mis en place sous François
Ier, la Musique du roi rehaussait le lustre des grands événements liés à la monarchie
française, concourrant ainsi à son prestige, mais aussi rythmait la vie quotidienne de
la cour :
– la Musique de la Chapelle, constituée de chantres et enfants de chœur (ou
pages) placés sous la direction d’un sous-maître, chantait à la messe quotidienne et
à toutes les manifestations religieuses de la cour ;
– la Musique de la Chambre du roi, composée d’une dizaine de chantres, de
deux enfants, de « Joueurs d’instruments » (flûtes, violes et luths) ainsi que de
la bande des « Violons du Roy » (22 membres à la fin du règne d’Henri IV), était
réservée pour les musiques de société et les divertissements ;
– la Musique de l’Écurie, enfin, regroupait les « hauts-instruments », brillants
et sonores tels que trompettes, cornets et sacqueboutes, « grands hautbois »,
cromornes, fifres et tambours, etc., tous destinés principalement à faire résonner, le
plus souvent en plein air, les musiques militaires ou les « sonneries » protocolaires.
Commentaire
3
Selon les circonstances, les trois « corps de Musique » pouvaient se réunir pour
souligner l’éclat d’une cérémonie, comme ce fut certainement le cas pour le sacre de
1594.
Il faut croire que, très tôt, Henri IV porta une attention particulière à sa Musique. En
novembre 1590, le chroniqueur Pierre de L’Estoile rapportait dans son Journal que
ce fut « à la Cour du Roy de Navarre » que « la musique de la Chapelle fut rétablie…
pour, à la suite de la Cour, dire tous les jours la Messe du Roy, et faire des prières
continuelles pour sa conservation et sa conversion ». Par une ordonnance donnée
à Chartres en mars 1594, au lendemain de son couronnement, Henri IV confirme
l’organisation des institutions musicales de la cour, notamment celle de sa Chapelle.
Ainsi, tout en confortant les membres de sa Musique dans leurs anciens bénéfices
et privilèges, le roi « très-chrétien » – récemment converti – montre aux yeux du
clergé son attachement à la célébration du culte catholique, garantie nécessaire à
l’affirmation de sa légitimité.
Comme pour tous les événements d’importances, les relations de l’époque ne
mentionnent pas quelles musiques furent chantées lors du sacre d’Henri IV. Tout au
plus est-il possible, à partir des quelques renseignements conservés, de formuler
quelques hypothèses permettant de rattacher, sinon à l’événement lui-même du
moins à la circonstance, telle ou telle pièce musicale parvenue jusqu’à nous. C’est
le cas d’une œuvre du compositeur Claude Le Jeune dont le texte, dû aux poètes
Agrippa d’Aubigné ou Odet de La Noue, s’accorde parfaitement à la circonstance.
Publiée l’année même du sacre, cette courte pièce à 6 voix en vers français pourrait
même correspondre au « Vive le Roy » qui fut chanté « en musique » à Chartres
le 27 février 1594, durant la cérémonie du sacre, après l’Offrande. Quelle que soit
cette hypothèse, la date de parution de cette pièce ainsi que son texte – qui, tout
en chantant les vertus d’un prince pacificateur et protecteur des arts, espère en la
naissance d’un héritier –, confirment un lien évident avec l’avènement d’Henri IV :
« Muze honorons de ta chanson,
L’illustre et grand Henry soulas de nos maus,
C’est luy qui seul nou’ donne en la saizon,
Le dous loyer de nos travaus.
Sans le guerdon* l’art perit,
Muze chante celuy que tes labeurs cherit.
Chante afin qu’apres mil ans acomplis,
Son nom soit celebré, cogneu jusqu’au bout.
Comme d’un Prince qui par tout
Se fait voir le suport et secours plus exquis,
Des ouvriers mieux vétus
Des sciences et vertus.
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Vive l’illustre Henry,
Long temps soit il parmy nous tous
Puisse de luy quelque heritier
Ainsi brave estre nourry
Laissant de tels jetons apres nous
Pleins d’heurs et de grandeurs
Recompense de leurs valeurs. »
* = récompense
Dans la partie inférieure de la page est représentée une procession faite après
le couronnement du roi, celle du saint sacrement. La cérémonie du sacre atteint
pleinement son objectif. Nul ne peut plus contester que le roi a été oint. Le 22 mars
1594, Paris ouvre ses portes à Henri IV.
Sur l’œuvre de Desmaretz, les élèves repèrent les instruments liturgiques (Sainte
Ampoule, évangile, croix), les regalia et la fleur de lys, symbole de la royauté
française. Les noms des objets sont reportés dans un tableau, face à leurs
définitions. En se référant aux trois scènes représentées (abjuration, couronnement
et procession du saint sacrement), les élèves rédigent quelques lignes montrant
l’importance du sacre pour l’affirmation de la monarchie, en France.
La musique, qui n’a rien d’anecdotique, doit être envisagée comme faisant partie
intégrante du dispositif symbolique. C’est le seul outil évoqué ici qui permette de
désigner aux yeux de tous les sujets le pouvoir légitime, du symbole spirituel à
l’autorité politique.
Suggestion d’activités avec les élèves