ce que la jec m'a apporté

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Témoignages d'anciens jécistes

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Page 1: Ce que la JEC m'a apporté

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Avant Propos

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En 1999, à Yaoundé, nous avions retenu l’idée de rassembler nos témoignages sur le sujet suivant :

« Qu’est-ce que la JEC m’a apporté et qui me fait vivre aujourd’hui ? »

Lors de la rencontre de Lomé (août 2001), il a été décidé de commencer à publier les premiers témoignages.

Voici donc le premier tome d’une série !

Trois pays seulement sont représentés ici : le Togo, le Cameroun et le Gabon. Nul doute que la prochaine fois, d’autres témoignages, venant d’autres pays, compléteront ce premier lot.

Les études terminées, la vie active commence. L’engagement pour la construction d’un monde où tout homme devrait pouvoir vivre debout continue. Nous sommes toujours attachés à celui qui disait : « Je suis venu pour que les hommes aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance » (Jean 10,10).

Le comité d’animation du RAJA

Témoignage de Guy Roger Bidias Menik

J’ai découvert la JEC en octobre 1969 à Bafia quand j’entrai en sixième. Avec plusieurs jeunes gens de mon âge, nous étions encadrés alors par des aînés de 4 e et 3e. Une journée d’amitié avait été organisée, j’ai découvert l’animation par des chants, les jeux divers, le partage d’évangile, la prière, les discussions en carrefour. Pendant plus de sept ans, j’ai été militant convaincu et assidu à pratiquement toutes les rencontres et manifestations organisées par la JEC à Bafia et au pays : journées de récollection, camps de vacances pour réflexion, spiritualité et travail manuel.

Arrivé à l’université en 1977, j’entre à la JECU. Après deux ans seulement, mes confrères décidèrent de me confier la responsabilités du groupe que j’ai assumée pendant deux ans avant de quitter l’enseignement supérieur en 1982.

Durant les treize ans de militantisme JEC, j’ai été marqué par plusieurs choses que je vais m’efforcer d’énumérer :

1. La méthodologie du mouvement ; Voir-Juger-Agir, Réflexion-Action-Réflexion. Cette méthodologie a façonné, je dirai moulé la manière de voir les choses et le comportement social des anciens militants.

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2. Le brassage de la jeunesse de tous horizons, peuples, langues, races, tribus et nations. En effet, la JEC est le milieu où toutes les tribus du Cameroun, soit au moins 290 se côtoient sans que cela ne gène qui que ce soit. A la JEC, on ne connaît ni Bamiléké, ni Ewondo, ni Sawa, ni Bafia, Bafut…Tout le monde est jéciste avec une mission commune, vivre à la lumière du Christ les Saintes Ecritures et éclairer par nos actes le milieu étudiant en vue de sa transformation. Par ailleurs, les camps internationaux, organisés au Cameroun, nous ont permis de partager avec des jécistes des autres pays du monde, canadiens, français, tchadiens, congolais, et autres africains se sont côtoyés lors des camps paysans de Mbandjock ou de Yoko, au Cameroun. Tous ces jeunes venus d’horizons divers étaient galvanisés par l’option pour les pauvres.

3. L’amitié : le mouvement JEC est très favorable aux relations humaines sans discriminations aucunes. Je peux affirmer sans risque de me tromper que les amis les plus sûrs de ma vie restent les anciens jécistes. Certains m’ont marqué par leur attachement, leur disponibilité et leur charité. Je citerai Didy Mezolo et Sodon Sodon Serge de regrettée mémoire, sans oublier les vivants : j’ai nommé Félix Abanda, Georges Mbohou et Dikosso Seme Fritz. Leur attachement à ma personne m’ont toujours marqué et je rends grâce à Dieu de les avoir connus.

4. Beaucoup de petites choses apprises à la JEC : la prise de note, le partage, l’esprit de synthèse, la rigueur dans le raisonnement, dans les comportements sociaux influencent aujourd’hui toute ma vie. Grâce à la JEC, j’exerce mon métier d’Administrateur de Prisons, Gestionnaires des hommes et des biens publics avec suffisamment de recul et de sérieux. Je rends grâce au Seigneur pour ce don qu’il m’a fait de connaître la JEC.

5. La crainte de Dieu : il est vrai que par la doctrine et la catéchèse, j’ai appris que le Seigneur Dieu, est l’unique et qu’il a envoyé son Fils unique dans le monde pour nous sauver de l’emprise du péché, mais c’est la JEC, avec l’étude approfondie et permanente du Nouveau Testament et les partages d’évangile faits pendant les récollections, camps de vacances et les réunions diverses, qui a contribué à renforcer en moi la crainte du Seigneur que j’essaie aujourd’hui d’insuffler à mes enfants.

En résumé, je pourrai écrire des milliers de pages sur les immenses richesses que j’ai puisé à la source de la JEC. Je peux simplement dire que je suis un cadre respecté dans mon administration, une personne de référence morale dans ma famille, ma tribu, dans mon village et tous les milieux sociaux professionnels, grâce à la JEC.

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Merci une fois de plus Seigneur d’avoir fait de moi un catholique et un militant de la JEC.

J’espère et je souhaite que beaucoup de jeunes dans le monde découvrent comme moi les richesses de ce mouvement d’Action Catholique.

Guy Roger Bidias MenikB.P. 335 Sangmelima, Cameroun

Témoignage de Joséphine Angèle Ntsama

La JEC, mouvement d’Action Catholique spécialisé en milieu étudiant a été une véritable autre école en marge des études secondaires et universitaires. Il me souvient que tant que je n’avais pas achevé de préparer un exposé, un point de formation, ou un ordre du jour d’une réunion JEC, il était impossible pour moi de faire un devoir d’école.

Ce mouvement m’a beaucoup apporté, surtout il m’a permis de comprendre qu’il n’existe pas de succès sans travail, de gain sans effort. Je rends grâce à Dieu de m’avoir permis d’adhérer à ce mouvement qui a consolidé ma foi, qui m’a armé efficacement pour le combat ô si dur de la vie d’adulte. Vous savez que tant qu’on est enfant, jeune, on est sous la responsabilité des parents qui se chargent de vous montrer le chemin à suivre, aller à l’église chaque dimanche, adhérer à un mouvement d’Action Catholique, vous procurer des repas, payer vos études, vous soigner quand vous êtes malades, subvenir en tout cas à tous vos besoins.

Mais, devenu adulte quand il faut se prendre en charge soi même, cela devient comme un combat qu’on livre avec l’invisible, les échecs aux examens, les conflits familiaux et amicaux, les déceptions amoureuses, le chômage, les décès d’enfants, toutes ces épreuves, je les ai supportées sans murmurer à cause de la solide foi, consolidée à la JEC, à travers la formation que m’avaient donnée mes aumôniers, mes encadreurs.

J’ai ensuite fait partie de plusieurs autres groupes à savoir, groupe liturgique, groupe Notre Dame de Montligeon priant pour les âmes du purgatoire, en tout cas j’approfondis au jour le jour l’étude biblique, la lecture des livres d’enseignements religieux. J’ai une solide expérience dans la chose religieuse, je sais que je dois nourrir mon esprit à travers la prière quotidienne, la participation aux messes de semaine, des dimanches, l’inscription des messes pour action de grâces et pour les défunts, l’adaptation aux temps liturgiques, la pratique des neuvaines de prières à l’approche de certaines grandes fêtes de l’Eglise, l’invocation de tel ou tel saint en tel ou tel mois, ou

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circonstance, la visite des cimetières parce que là bas je me sens en sécurité, je sais qu’en entrant j’ai beaucoup d’amis défunts, je cause avec eux, je prie avec eux je suis convaincue qu’ils m’écoutent.

Je n’oublie pas, surtout en période difficile de remercier mon Dieu qui m’a élevé à un haut niveau de la connaissance de sa parole où je ne doute plus de lui, malgré ce qui m’arrive, où je ne murmure plus, ou je ne me plains plus, j’ai perdu l’habitude de me confier aux hommes, mon plus grand confident étant Jésus-Christ mon frère et ami à qui je rends souvent visite au tabernacle, sur qui je décharge tous mes fardeaux. Je puis vous dire que chaque fois que je sors de l’adoration du Saint Sacrement je me sens légère, j’ai un tel soulagement que je ne peux souvent prévoir, je souris même, parce que là bas c’est une confession générale que je fais souvent, c’est un étalage des hauts et des bas de ma vie terrestre. Cette union intime avec mon Dieu m’a permis de ne pas m’occuper de tout ce qui concerne le monde invisible, les sectes, les marabouts, les charlatans, le mensonge, la cupidité, la haine…

Je dis souvent à mon Dieu merci de m’avoir choisie comme ton enfant, de m’attirer toujours même dans les moments les plus tristes de ma vie à ne venir que vers toi. Quel gâchis je ferai après toutes ces années de complicité d’aller consulter un voyant parce que je suis en difficultés alors que mon Seigneur est présent !

Je dis souvent à qui veut bien l’entendre qu’il y a deux voies bien distinctes, la voie de Dieu et la voie du Diable : à chacun de faire son choix, unique, parce qu’on ne peut mélanger les deux. Les tentations existent certes mais on peut arriver à les vaincre, surtout quand on accepte que la volonté de Dieu soit faite.

Il faut aussi apprendre à lire les signes des temps et rendre grâce à Dieu en toute chose, qu’elle soit bonne ou mauvaise, parce que quand nous croyons qu’elle est mauvaise, que Dieu nous a abandonné, ou qu’il nous a oublié, moi je pense plutôt qu’il nous a épargné d’un plus grand mal. Comme je lis beaucoup tout ce qui passe à mes yeux comme livres d'Eglise, ceux des temps anciens comme ceux du temps présent, je me rends compte que Dieu nous envoie des épreuves parce qu’il nous aime et je pense que ces épreuves sont comme un thermomètre que Dieu utilise pour connaître le niveau de notre foi.

Il faut tenir bon, et quand il ne nous les envoie même pas, les lui demander afin qu’elles ne nous surprennent pas quand tout semble très bien aller. J’ai retenu une bonne leçon c’est que quand on suit la seule voie de Dieu on est très éprouvé ; on rencontre des déceptions à tout bout de chemin causées par des personnes chargées de guider les autres. Même à ce niveau, je ne me décourage pas, je sais que Dieu me connaît par mon nom en tant que sa fille et qu’il a un plan de vie d’amour de paix, …sur ma petite personne.

Ce témoignage est vrai, mais le meilleur est au tabernacle parce que je ne peux pas arriver à mieux exprimer ici ce que la JEC m’a apporté, j’ai gardé l’exclusivité dans le cadre de la complicité avec mon Dieu qui sait tout, qui donne tout, de qui il ne faut jamais douter et dont le Fils demeure éternellement le chemin, la vérité et la vie.

Joséphine Angèle NtsamaPrésidente du RAJEC

Cercle de Vie de Yaoundé

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B.P. 11257 Yaounde, Cameroun

Témoignage d’Anastasie Nnanga

« Née généralement timide, la JEC m’a rendu gaie et ouverte aux autres, consciencieuse et solidaire en développant en moi le sens de la responsabilité. »

AnastasieRAJEC – Yaounde

Témoignage de Marie Cécile Meka

Grâce à sa devise, Voir-Juger-Agir, et à son assimilation, j’ai développé une personnalité totale lors de mon séjour à la JEC car avec cette méthode d’apprentissage, mon esprit d’observation et ma pensée ont été développés moi qui avait un caractère primaire (impulsive) au départ, je me suis retrouvée au bout d’un certain temps transformée. La méthode du Voir-Juger-Agir, une fois appliquée, inhibe en nous les effets dévastateurs que sont les émotions, l’agressivité et la colère.

Spirituellement j’ai beaucoup appris des saintes écritures et cette formation continue jusqu’à ce jour. J’ai eu à approfondir ma religiosité à travers les rencontres comme les journées de récollection, des sessions de formation pédagogique, les camps nationaux et paysans. Les enseignements reçus m’ont permis d’appréhender ce que représentait l’amour de Dieu et l’amour du prochain. C’est à la JEC que j’ai eu à faire mes premiers pas dans la réalisation d’une prière. Et c’est dans ce mouvement que j’ai appris ce qu’était la vie en communauté.

A travers les camps paysans, nous touchions du doigt les réalités de la pauvreté dans nos zones rurales à travers les actions menées telles que les constructions des

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points d’eau potables et ponts, j’ai ainsi commencé à pratiquer la mission de service et la prise en charge effective de certains problèmes de la communauté : ceci a d’ailleurs facilité mon intégration dans le cadre de ma profession car elle est la continuité de ce processus.

Cette formation a changé en moi la vision du monde. Avant ma militance, mon « MOI » était au dessus de tout. Dés mon intégration dans le mouvement j’ai appris à travers les enseignements que mon « MOI » ne représentait rien, que c’est la volonté du Seigneur qui s’accomplissait en moi et que je n’étais qu’un simple instrument qu’il utilisait afin que sa volonté soit faite. Dès lors ma réflexion et ma façon de faire ont subi de profondes modifications.

La JEC m’a inculqué une éthique et c’est cette éthique que je continuerai de défendre jusqu’à mes derniers jours.

Tout ce que ce mouvement m’a apporté s’inscrit en bien dans le processus normal de ma pensée. Cependant la pratique quotidienne de cet héritage dans nos milieux de vie aujourd’hui pose toujours des problèmes.

Bref mon sens de la responsabilité, l’engagement chrétien, la personnalité totale et le dynamisme que je possède aujourd’hui, sont un héritage laissé par la JEC.

Je ne saurais terminer ce témoignage sans remercier sincèrement le Seigneur pour la grâce spéciale qu’il m’a accordée quand je découvre toutes ces merveilles. AMEN

Marie Cécile MekaCercle de vie de Yaoundé

RAJEC Cameroun

Témoignage de Lambert Gbone 

Ce n'est pas dans mes habitudes de faire des témoignages par la parole ou par écrit ; je préfère témoigner par mes actes. Autrement dit, je préfère que mes actes témoignent à ma place. Cependant, si ces quelques lignes peuvent apporter quelque chose à nos cadets c'est avec plaisir que je prends le risque de le faire.

 1. Période de militantisme actif

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J'ai milité activement dans la JEC de novembre 1966 à décembre 1978. A partir de janvier 1979, je suis rentré dans ma vie professionnelle et  « mon militantisme » a changé de forme et c'est par le soutien moral que je continue d'apporter ne serait-ce qu'un petit quelque chose à ce mouvement qui d'une manière ou d'une autre a contribué à faire de moi ce que je suis actuellement.

 2. Quelques témoignages.Il convient de signaler que ce n'est pas du tout facile de dire en quelques lignes ce

qu'un mouvement d'Action Catholique a apporté à un militant engagé qui avait eu à assumer plusieurs responsabilités. En ce qui me concerne j'ai eu à assumer les responsabilités suivantes : Responsable de Section, Responsable de Secteurs, Responsable Fédéral, Responsable National. Et j’ai eu à travailler avec plusieurs aumôniers et sœurs conseillères qui ont contribué à notre formation.

Mention spéciale au regretté Evêque Hounake Victor qui a apporté beaucoup à la JEC du Togo et à Sœur Christine Frank pour ses excellents conseils.

Voici, quelques exemples des apports que je dois à la JEC :- L'esprit critique, grâce à sa méthode d'analyse des situations et des faits V. J. A.- La maîtrise de soi devant certaines situations (les camps de formation JEC ont

été pour moi un haut lieu d'apprentissage de la maîtrise de soi) - La solidarité agissante dans le milieu social.

Toutes ces valeurs peuvent faire l'objet de développement mais je ne sais à quoi cela va servir car les écrits ne manquent pas.

 Je termine en réaffirmant pour ma part que le témoignage par les actes parle

mieux tout. »Lambert Gbone

  Membre ACRAL - Lomé

Témoignage de Sabin Sonhaye

Nous étions encore écoliers quand nos frères déjà jécistes de la Fédération de Sokodé, au centre du Togo, animaient des équipes et des sessions à la Mission Catholique (cathédrale) de Sokodé. Pour nous qui avions côtoyé les couloirs de cette mission pour le catéchisme et autres organisations de kermesse et de jeux, nous n’avions pas eu d’autres choix d’engagement post-primaire que la JEC, un mouvement qui vit et qui bouge, correspondant bien à notre jeune âge !

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Au collège, à partir de 1983, c’étaient toujours les sessions de Noël et les éventuels camps et colonies de vacances : la JEC n’était rien d’autre que ces moments d’échange et des journées fort animées et intéressantes !

Au lycée, en 1987, le cadre n’était plus le même, le militantisme changeait de lieu, c’était le lycée moderne de Sokodé. Il s’y trouvait une équipe moins active que sa rivale du Foyer Kisito, petite entente de jeunes séminaristes internes et d’élèves du lycée Sainte Marie, le seul lycée catholique de la ville, à ce moment. C’étaient les deux plus grandes équipes de la section de Sokodé, autour du Père Jean Pionteck, l’aumônier fédéral.

La JEC au lycée n’était que l’ombre d’elle-même, avec pour activité principale, l’animation de la messe de 18h.30, le dimanche, à la cathédrale, et l’organisation du pèlerinage des jeunes à Alédjo, un Foyer de Charité à environ 23 km de Sokodé. Dans toutes ces activités, mon engagement n’était que médiocre.

En 1991, c’était la JEC universitaire. Il fallait partager son temps entre l’angoisse de la « hache » (échec) des premières années sur le campus et l’engagement JEC. J’étais en sciences économiques et gestion.. Je ne me suis véritablement impliqué qu’avec ma désignation surprise comme représentant de la JEC U au Bureau National, en 1994.

Formé à l’ombre de mes aînés, j’ai travaillé pendant quatre années au Bureau National et préparé deux Conseils Nationaux. Responsable de projets, à la JEC U, au même moment, j’ai animé l’équipe de rédaction de « L’agenda scolaire et universitaire JEC Togo ».

J’ai pu, grâce à la JEC, intégrer facilement et même diriger clubs, associations, communautés universitaires, comme par e+xemple : L’Aumônerie Catholique, le Club UNESCO, l’Association internationale des étudiants en sciences économiques et commerciales, et le groupe des jeunes pionniers du lancement de Radio Maria Togo (radio catholique du Togo).

La JEC m’a donné des capacités d’ouverture sur le monde avec de nombreux voyages de représentation, de travail et d’étude. Nos agendas sont remplis grâce à de nombreux contacts personnels JEC, etc.

Mais ce qui a été essentiel pour moi, c’est l’éveil beaucoup plus actif de ma foi chrétienne, mon attachement au Christ comme ami personnel, avec beaucoup plus de discernement et beaucoup moins de formalisme, l’arme Voir, Juger, Agir étant la cause.

La JEC m’a rassuré sur mes choix chrétiens, donné des arguments de protection et de défense de ma foi, ceci dans la clairvoyance reconnue aux jécistes « casseurs de la routine », craints par les autorités, la hiérarchie de l’Eglise, les sectes et autres.

Membre du Corps du Christ, celui qui bouscule, dérange, agit, chrétien en perpétuelle conversion, citoyen du monde, je ne finirai pas de nous définir et je crois que c’est cela qui nous fait vivre tous les jours que Dieu nous donne. Je suis fier

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d’appartenir à cette dynamique et grande famille des jécistes du monde vivant et lumineux !

Sabin Sonhaye 7 rue A. de Neuville

75017 [email protected]

Témoignage de l’Abbé Jean Claude Kombele

Pour moi, la JEC rappelle des figures assez marquantes à découvrir. Je cite : Aziaka Honoré et Apaloo Kokou Charles. Daigne le Seigneur leur accorder le repos éternel. Je cite aussi Messan Michel, frère visiteur des FEC (Frère des Ecoles Chrétiennes) au Togo – Lomé. C’est le Frère Michel qui m’a invité à la JEC.

Nous étions alors au Lycée du 2 février, dans les années 80 ; Pascal Dahouin, inspirateur incontournable d’ACRAL Lomé. Au Lycée du 2 février, je faisais la série A. Cela voulait dire que j’étais faible en mathématiques. Pascal prenait de son temps pour me soutenir avec des exercices de maths, à la sortie des classes, après 17 h.

Pour moi, la JEC est cette mère qui m’a aidé à m’accepter tel que j’étais pour pouvoir entrer efficacement dans le jeu difficile de l’altérité. Entre autre, je peux avouer avec fierté aujourd’hui que la JEC m’a aidé à dépasser la timidité.

Enfin, pour tout dire, la JEC a entretenu les premiers pas de ma vocation au sacerdoce. Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait à travers la JEC ? J’élèverai la coupe du salut et j’invoquerai le nom du Seigneur.

Abbé Jean Claude KombedeSanctuaire Marial de Togoville

B.P. 75 Aneho

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Témoignage de Pascal Dahoui

Ce que je suis actuellement est la conséquence de plusieurs facteurs dont entre autres mon baptême à 12 ans, mon militantisme dans la JEC de 1973 à 1993 et ma vie avec les Abbés Gbikpi (actuellement dans la maison du Père) et Anton Klug.

Néanmoins, j’ai la conviction que je serai un autre chrétien si je n’avais pas milité dans la JEC, ni connu des jécistes comme Lambert Gbone, Bénédicta Kougbeadjo, Louis Kpadet et Michel Messan, ou des aumôniers de la JEC comme les Abbés Bénoît Penoukou et Victor Kounake (actuellement dans la maison du Père).

Afin de comprendre la suite de l’exposé, nous allons d’abord écrire sur quelques faits qui m’ont profondément marqué dans mon cheminement dans la JEC. En deuxième partie, j’expliquerai comment ces faits ont favorisé des décisions et engagements apostoliques.

1. Les faits marquants dans la JEC

Un jour du mois de septembre ou octobre 1973, mon grand frère consanguin André m’invite à une rencontre chrétienne encadrée par le Révérend Frère Sala (Frère des Ecoles Chrétiennes). J’arrive et je trouve des camarades du Collège St Augustin de Togoville tous dégourdis (parlant chantant et dansant), ce que moi je ne pouvais ni ne savais faire. J’ai pris l’engagement de rester dans ce groupe pour apprendre à être dégourdi.

Au cours de la même année scolaire et des autres années qui ont suivi, la JEC Togoville recevait périodiquement la visite de Lambert et Bénédicta les samedis. Leurs témoignages, leurs engagements pour notre bonheur (et donc le mien et pas les leurs) m’ont plus d’une fois surpris. Je voulais être comme eux.

En septembre 1977, je poursuis mes études secondaires au Lycée du 2 février (un Lycée d’Etat). Je me retrouve dans le même lycée avec Bénédicta que j’admire depuis des années. J’étais en début d’année scolaire pratiquement le seul outillé à la pédagogie JEC à côté d’elle. J’ai senti un appel d’engagement à annoncer le Christ aux autres lycéens.

Mes premiers camps de formation passés successivement à Woamé (Préfecture de Kloto), Kpalimé et Tsévié m’ont fait voir d’autres facettes de la vie (vie conjugale, vie professionnelle, vie politique, vie publique). Je me rappelle particulièrement de quelques faits à ces camps de formation.

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- Je n’aimais pas du tout consommer la sauce du gombo (légume). Ma mère se donnait la peine de me préparer une sauce sans gombo chaque fois que la sauce familiale était celle que je n’aimais pas. A un de mes premiers camps à Kpalimé, le gombo était bon marché et sa sauce était plusieurs fois proposée. Un jour du camp, je pris la décision de manger la pâte du maïs avec la sauce du gombo qui était proposée. Depuis ce jour, je n’ai plus arrêté de la consommer.

- Aux camps de formation, il y avait des ateliers de révision de vie (Voir, Juger, Agir). Je faisais souvent partie des groupes d’animation de ces ateliers.

- L’organisation des journées (réveil, éducation physique, toilette, réunions, travaux ménagers, repas, sieste, etc.) m’ont appris à m’organiser et à faire ce que je n’aimais pas faire chez les parents.

- Le contact avec des gens d’origine diverses, des niveaux scolaires élevés ou bas m’ont appris à respecter les plus petits que moi, à ne pas avoir peur de discuter avec les personnes de niveaux scolaires plus élevés que moi.

La participation au Conseil Panafricain de Dakar, en Août 1990 qui avait pour thème : « La participation des étudiants chrétiens au développement pour tous », a été pour moi une occasion de toucher du doigt les souffrances des couches défavorisées en m’imprégnant des réalités du développement du secteur informel. J’ai vu comment les fabriquants de mallettes à base des boîtes de tomates vides récupérées, les maraîchers, les menuisiers, les mamans pileuses, les lavandières et les ’’ teinturières’’ de tissus luttent pour leur survie. Ce conseil m’a transformé et a orienté mes engagements apostoliques.

2. Mon engagement apostolique

Acteur chrétien partout où je me trouve Au cours de l’année universitaire 1981-82, j’ai constaté que certains livres usuels de la bibliothèque de l’Ecole Supérieure des Techniques Economiques et de Gestion (ESTEG) étaient prêtés à certains étudiants et refusés à d’autres. Avec d’autres jécistes, nous avons dénoncé cette injustice en rencontrant le Directeur de le bibliothèque universitaire et en lui proposant des modalités d’accès aux livres usuels à tous les étudiants sans exception. Cette initiative a porté son fruit. J’ai lutté contre d’autres injustices dans les milieux professionnels que je ne voudrais pas nommer ici.

Solidarité agissanteEn vue de témoigner efficacement de notre foi chrétienne dans les milieux professionnels, je me suis associé avec d’autres anciens jécistes pour créer l’ACRAL. Solidairement, nous analysons les difficultés que nous rencontrons dans les entreprises où nous travaillons, les conseils des uns et des autres nous aident à discerner et à opérer des choix chrétiens, à défendre les intérêts communs et à aider certains à sortir des situations pénibles. A titre d’exemple, informé d’une lettre de licenciement d’un collègue, j’ai contacté mon chef hiérarchique et argumenter en la faveur du collègue et le chef a finalement repris ce collègue.

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Vie chasteLes enseignements et le témoignage des aumôniers et du Père Gbikpi m’ont encouragé à vivre la chasteté jusqu’au mariage et actuellement dans ma vie de marié. Celle qui est mon actuelle épouse a partagé une vie d’amitié et de chasteté sept années durant avant le mariage en décembre 1987. Actuellement, nous n’utilisons ni de préservatif ni de pilules.

Vocation au développement endogèneC’était en 1988, au cours d’une étude sur l’approvisionnement en engrais en République du Bénin. Je constate qu’à Cotonou, (capitale du pays), les marchés sont remplis de riz et de pain de blé, importés depuis des milliers de km alors qu’à Bohicon (un peu plus d’une centaine de km seulement de Cotonou) les paysans ont du maïs sur les bras et cherchent vainement des preneurs. Dans ces conditions, doit-on chercher à faire la promotion des engrais chimiques importés ou celle des produits agricoles locaux ?

Depuis cette année, je fais la promotion des produits locaux. C’est ainsi que depuis 1993, j’encourage ma femme et d’autres bonnes volontés à produire et à vendre le pain de maïs appelé ablo (en langue éwé) au sein d’une coopérative. Aujourd’hui cette coopérative consomme plus de 2 millions de F CFA de maïs chaque année emploie huit (8) personnes, produit et distribue aux loméens, un ablo de qualité.

Pascal DahouiACRAL Togo

Témoignage de Pascal Benga Tonangoye

A Yaoundé, et en août 1999, les anciens militants de la Jeunesse Etudiante Chrétienne (JEC), lors du pré-colloque organisé par le RAJA, ont convenu de dire chacun en ce qui le concerne, ce qu’il a reçu de la JEC et comment cela lui est encore nécessaire aujourd’hui.

C’est dans ce cadre que je vous livre le témoignage qui suit et qui va s’articuler en deux points :

- La JEC comme espace formateur de l’homme- La JEC source d’ennuis pour celui qui l’aime.

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Mais avant, je vais vous donner un aperçu de l’homme que je suis.Je suis Benga Tonangoye Pascal, né le 10 décembre 1965 à Bambérabiyoko,

par Lastourville, au Gabon.C’est pendant l’année scolaire 1983-1984, alors que je rentrais en classe de

seconde au Collège Notre Dame de Quaben de Libreville que j’ai fait connaissance de la JEC et depuis lors, c’est devenu une réelle « histoire d’amour », car la JEC a réussi à faire de moi une nouvelle personne.

1. La JEC m’a forméLa Révision de vie avec le VOIR, JUGER, AGIR ont fait de moi un homme

sur tous les plans. Après un bref point d’histoire sur mon premier comité de base, je relèverai quelques points saillants qui montrent bien que la JEC m’a formé et qu’elle m’a même transformé.

1.1 Petit point d’histoireMon premier comité JEC dénommé « Comité Quaben », du nom de notre

collège, tenait ses réunions tous les jeudis à 12h.30, c’est à dire immédiatement après les classes. Ce rappel vaut son pesant d’or car à cette heure de la journée, ne pouvaient rester à participer à la réunion que des vrais fous, entendez « fou » ici dans le sens noble du terme, des vrais amoureux de la JEC et du Christ - qu’est-ce qu’il est tortueux le chemin qui mène au Royaume des Cieux - , et des amoureux de la JEC, j’en ai trouvé au Comité Quaben : Georgette Ngabolo, Félicien Mintsa, Geneviève Nzouga, le Père Gérard Warenghem, voilà les aînés qui nous ont motivés et qui nous ont plongés dans leur aventure avec le Christ qui lui ne regarde pas chacun de nous avec les yeux humains, mais qui, chaque fois qu’il pose un regard sur nous , nous change et nous transforme.

1.2 La JEC et les jécistes, le regard du Christ lui-même.Ceux des anciens qui m’ont vu à Bengerville et à Yaoundé savent que je

suis handicapé physique (à la suite d’une attaque polio, j’ai perdu à l’âge de deux ans, d’après mes parents, l’usage de mes membres inférieurs) et vous savez comment dans nos milieux africains est traitée la catégorie des personnes à laquelle j’appartiens.

En entrant à la JEC, je n’ai à aucun moment senti peser sur moi les regards des jécistes. Au contraire, leur façon à eux de me regarder a fait de moi un homme neuf. Ca n’a pas été le type de regard de tous les jours dans les rues des grandes villes africaines, regard te reprochant souvent de t’approcher des autres dits valides, te jugeant parfois sans jamais t’avoir vu à l’œuvre, t’écrasant de trop de pitié. La JEC ne regarde pas la force de la personne mais le fond de cette dernière.

1.3 La JEC, un espace transformateurAvec le recul aujourd’hui, j’affirme que je suis une action transformatrice

vivante du Comité JEC Quaben et de la JEC gabonaise en général. Souvent, il nous arrivait de chercher en vain quelle action transformatrice nous présenterions au Conseil

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National. Avec le temps, j’affirme sans risque de me tromper que je suis et j’aurais pu être souvent présenté comme une réelle action transformatrice de mon comité JEC Quaben.

Comme évoqué plus haute, dans les grandes villes africaines et même dans les villages, la personne à mobilité réduite est souvent prisonnière de l’exclusion, de la marginalisation et à son propre niveau de complexe d’infériorité, complexe lié à ce qu’elle est différente des autres.

J’étais moi aussi pris dans cet engrenage quand un thème de Campagne d’Année est venu créer une onde de choc en moi. « La réussite dans la vie est-elle synonyme de réussite scolaire ? ». J’ai tiré de ce thème, un thème personnel : « La réussite dans la vie est-elle synonyme de « être valide ? » Voilà ce qui guide aujourd’hui mon action, à côté du VOIR, JUGER, AGIR.

Avec ce leitmotiv, j’ai pris conscience de ce que hormis le non usage de mes membres inférieurs, mes autres facultés étaient encore toutes intactes et que je pouvais les mettre au service de ma communauté, au service de mon pays et au service de toute l’humanité.

Cette prise de conscience a fait de moi un élève studieux et animé d’une réelle volonté de réussir. Elle m’a également permis de me rendre utile aux autres non seulement à travers l’enseignement de la catéchèse mais aussi à travers les différents cours de soutien donnés aux plus jeunes de notre mouvement.

Tout complexe vaincu, je me suis même essayé en amour, cela m’a permis d’avoir la joie d’accueillir le petit Benga Junior, mais de ce côté, il n’y a toujours pas l’attention et le regard transformateur des jécistes, ce qui signifie que la dernière expérience en date, avec une fille que les anciens de la JEC du Gabon ont connu et aimé, n’est pas allée comme je le souhaitais, jusqu’au bout, alors même que tout semblait marcher. Il y a lieu peut-être de hâter l’avènement d’une société totalement jéciste, celle-là même qui juge les hommes non pas par rapport aux apparences mais par rapport à leur valeur intrinsèque.

Présenté ainsi, on peut penser que la JEC ne m’a apporté que joie et bonheur. Mais comme dans tous les couples du monde, il y a aussi des hauts et des bas. C’est cette dernière partie que je vais vous présenter maintenant.

2. La JEC source d’ennuis pour celui qui l’aime.

Le « oui » souvent prononcé par un couple pour marquer leur accord de vivre ensemble, est également le point de départ du long chemin plein d’espoir et de désespoir, de bonheur et de malheur, les autres ont dit le chemin du meilleur et du pire. On ne peut pas avoir connu la JEC sans avoir vécu aussi avec elle, des moments de douleur. Le cheminement, mieux, le chemin que nous faisons avec la JEC est comme celui des mariés sur un chemin du meilleur et du pire.

Ma rencontre avec la JEC m’a fait dire avec Saint Paul : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile du Christ » et cette prise de position s’est souvent soldée par des problèmes causés par nos interlocuteurs.

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Quelques exemples :- un secrétaire général de l’Université de Libreville, ancien jéciste lui-même,

nous convoque un jour, et nous demande de lui expliquer le VOIR, JUGER, AGIR. « Que voyez vous ? que jugez vous ? et où agissez vous ? » nous a-t-il demandé à brûle pourpoint ? Comme si cela ne suffisait pas, il est même allé voir le Curé de la cathédrale pour lui demander de nous orienter vers la prière et non vers des actions de revendication.

- un des directeurs du Centre National des Œuvres Universitaires lui, ne comprenait pas pourquoi les jécistes que nous étions lui demandaient de tout mettre en œuvre pour que l’environnement universitaire présente un meilleur visage. Il aurait certainement mieux compris que notre action se limite à faire dire la messe au campus, et rien d’autre.

- le 22 décembre 1989, votre humble serviteur avec un groupe d’amis a été à l’origine de la réflexion qui a abouti à ce qu’il est désormais convenu d’appeler les événements du 17 janvier 1990 qui eux mêmes ont amené à l’ouverture démocratique du pays.

Ces quelques exemples conjugués avec beaucoup d’autres faits ont été pour beaucoup dans les problèmes de redoublements successifs que j’ai connu avec certains de mes frères à l’Université. Je vais citer avec moi Serge André Mouiri, Côme Clément Bibang. Ces problèmes nous ont poursuivis même jusqu’en année terminale lorsqu’il s’est agi de présenter nos mémoires.

Mais lorsque Dieu est avec nous, qui peut être contre nous ? Contre vents et marées, le VOIR, JUGER, AGIR a triomphé et il est devenu aujourd’hui ma vie toute entière. Il (le VOIR, JUGER, AGIR) ne nous a pas marqué seulement lorsque nous étions étudiants, il nous guide encore aujourd’hui dans notre action, tant à l’Eglise que dans nos milieux professionnels. Mais là aussi, nous n’avons pas que des amis, nous avons également des frottements avec ceux qui nous entourent.

A l’Eglise par exemple, en 1992 Serge André Mouiri et moi avions pris part à une Conférence Episcopale qui avait consacré le gros de ses travaux à « la démocratie naissante dans notre pays ». Nos analyses à l’époque n’avaient pas toujours un écho favorable auprès de nos épiscopes !

Le secrétariat de cette Conférence Episcopale incombait à nous deux, mais à la fin des travaux – qui ont été assez houleux – il nous a été retiré même nos brouillons. Et l’année suivante, non seulement nous n’avons pas été averti de la date des travaux mais il nous a été même refusé la possibilité de nous inscrire. Dieu merci, nous continuons à militer dans notre Eglise où nous avons notre place.

Dans le milieu professionnel, la situation n’est pas rose non plus. Et si la dynamique de la JEC ne nous habitait pas, beaucoup d’entre nous ne seraient plus aujourd’hui présents sur leur lieu de travail. Je vous donne ici quelques détails me concernant.

Après la faculté de Droit et de Sciences économiques, j’ai participé à un concours d’entrée à l’Ecole nationale de magistrature. A l’issue des épreuves, j’ai été non seulement déclaré admis mais également classé premier.

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Pendant ma scolarité et quelques jours avant mon intégration et ma nomination aux fonctions de juge, j’ai vécu comme un calvaire, car beaucoup de mes compatriotes n’avaient jusque là pas compris qu’une personne à mobilité réduite pouvait elle aussi accéder aux prestigieuses fonctions de juge, à la noble profession de magistrat.

Le Directeur général de l’Ecole m’appelle un jour à son bureau et me présente une lettre provenant de la Présidence de la République où le rédacteur s’étonnait de ce que lui, le DG ait accepté dans son Ecole une personne à mobilité réduite comme s’il manquait des valides. Heureusement pour moi, il y a encore des gens comme lui qui pensent que la valeur d’un individu n’est pas dans la puissance de ses pieds. Il m’a donc fortement conseillé de me mettre au travail.

Je croyais être au bout de mes peines à l’issue des deux années qui se sont soldées par un franc succès. C’était ne pas compter avec une frange de magistrats qui a refusé que j’intègre la Cour des comptes. Heureusement que le bon sens a triomphé. Mais cela n’empêche pas certains hauts magistrats de penser que ma présence à la Cour des comptes ternit l’image de cette prestigieuse institution supérieure de contrôle des finances publiques.

Voyez vous, toutes ces épreuves, j’ai pu les traverser avec hauteur, j’allais dire avec la dignité des enfants de Dieu, sans haine et sans rancune, toujours avec le sourire. Et je pense que pour beaucoup de ceux qui m’ont cherché des poux dans les plumes, je suis devenu pour eux, aujourd’hui, comme un point d’interrogation ambulant et permanent.

Chacun a cherché à m’atteindre dans mon être, mais je puis vous assurer que c’est grâce au VOIR, JUGER, AGIR que j’ai surmonté la difficulté. Et Dieu merci, cette dynamique est encore vivante en moi, car elle permet jusqu’à ce jour d’aborder allégrement mon train-train quotidien. Je participe aujourd’hui, avec certains collègues, à redonner un nouveau visage à la jurisprudence de l’institution.

« Je suis venu pour que le monde ait la vie et qu’il l’ait en abondance » Jean 10,10. Merci à mon Dieu de me donner cette vie en abondance. Merci à la JEC de m’avoir permis de comprendre cette vérité. Et merci à vous mes frères d’avoir fait de moi le désormais juge Benga Tonangoye Pascal. Dieu vous le revaudra et je le prie pour qu’il donne plus de vigueur à la JEC.

Ne laissons jamais quelqu’un nous dire que nos rêves sont fous. L’essentiel, c’est d’avoir un rêve et de s’employer à le réaliser. Le mien s’est réalisé avec mon entrée à la JEC et vous, vous avez été là pour aider à sa réalisation. Je vous suis reconnaissant. Que Dieu bénisse votre action.

Pascal Benga Tonangoye.B.P. Libreville - Gabon

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Témoignage de Gérard Warenghem

Avec quelques hésitations, à cause de sa longueur, je vous livre tout de même mon témoignage. Il est long. Pour deux raisons.La première, c’est que je suis avec des jécistes depuis 1971. Il y a de quoi raconter…La deuxième raison, c’est que je viens de bénéficier d’une année sabbatique. J’ai donc eu tout le temps d’écrire. Tout un livre1 , s’il se trouve un jour un éditeur intéressé… ! Je vous livre donc ici le premier chapitre de ce livre, en espérant que vous aurez la patience d’aller jusqu’au bout ! (le chapitre 2, c’est : « Quelque part en Afrique Centrale, prêtre au service de la communauté », et le chapitre 3 : « Si c’était à refaire ».

Chapitre 1 : Ce que la JEC m’a apporté

Solange et Marcel sont camerounais. Ils se sont mariés dans les années 80, à Yaoundé. Solange a été membre de la Jeunesse Etudiante Chrétienne camerounaise durant ses années d’études secondaires et universitaires. Elle a été dans l’équipe nationale de la JEC camerounaise de1983 à 1989.

Nous avons fait connaissance au Conseil Mondial de Louvain (Belgique), en 1986. La délégation du Gabon dont je faisais partie en tant qu’aumônier, et celle du Cameroun avaient sympathisé. En 1997, nous nous sommes retrouvés à Abidjan pour la première Assemblée Générale du Réseau des Anciens Jécistes d’Afrique (RAJA) et en 1999, j’ai encore retrouvé, à Yaoundé, Solange et Marcel, à l’occasion de la deuxième Assemblée Générale du RAJA. J’ai même eu la joie de passer huit jours chez eux, avant l’ouverture de l’Assemblée.

Durant ces huit jours, j’ai accompagné plusieurs fois Solange dans les différentes démarches qu’elle avait entreprises pour le bon déroulement de l’Assemblée Générale. Aux uns et aux autres, je l’ai entendue expliquer : « La JEC nous a tellement apporté, nous voulons, maintenant que nous sommes entrés dans la vie active, apporter ce que nous pouvons, aux jécistes d’aujourd’hui et nous ne voulons pas perdre notre idéal... »

« La JEC nous a tellement apporté ». Nous nous sommes promis, lors de l’Assemblée de Yaoundé, de mettre, chacun,

par écrit, quelques lignes sur ce sujet. L’âge moyen des membres du RAJA se situe entre trente et quarante ans. Je suis un des plus âgés puisque je viens de vivre quelques trente ans, comme aumônier, avec des jécistes, au Gabon de 1971 à 1991 et en France de 1991 à aujourd’hui (2001). Qu’est-ce que la JEC m’a apporté ? Je voudrais essayer de répondre ici à cette question. On la posait un jour devant moi, à brûle pourpoint, à un jeune ancien jéciste. Il répondit : « La JEC m’a appris à parler en public ! ».

Personnellement, elle m’a apporté quelques autres petites choses... Mais avant de les préciser, il est peut-être bon que je vous fasse part de mes premiers pas dans la vie chrétienne et de vous dire rapidement quelques mots sur ma vie d’apprenti - prêtre.

1 Le titre prévu : «Quelle communauté ? Avec quel prêtre ? – Une expérience africaine - »

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En réalité, il n’est pas facile de délimiter précisément ce que la JEC apporte. Nous ne sommes pas fabriqués comme des armoires à tiroir ! Il ne suffit pas d’ouvrir le tiroir JEC et de recopier. Pour saisir comment la JEC façonne une personnalité, il faut fouiller un peu dans le passé et il faut prendre le temps de voir comment plusieurs rencontres, plusieurs éléments se sont imbriqués, comment plusieurs influences se sont combinées. C’est au fil des années que petit à petit le « VOIR - JUGER - AGIR » devient, non plus seulement une méthode, une pédagogie, mais plutôt une seconde nature !

Les premiers pas

Un petit retour en arrière ! C’est en terminale à Haffreingue-Chanlaire, collège catholique à Boulogne sur mer que j’ai découvert la JEC. C’était en 1960. Dans le cadre du collège, l’abbé Cornet avait rassemblé une dizaine d’intéressés. J’en étais. C’est avec lui que j’ai fait mes premiers pas dans la JEC. A vrai dire, quelques 40 ans après, je dois avouer que mes souvenirs sont très vagues ! J’étais un peu timide et je ne devais pas m’exprimer beaucoup dans ce petit groupe. Je ne dirais pas que la JEC m’a appris à parler en public. Ce fut d’ailleurs un passage trop bref. En d’autres circonstances, plus tard, il a bien fallu que je prenne la parole en public... Mais je comprends, en me souvenant de cette brève initiation, la difficulté que certains peuvent avoir à parler, même en petit comité.

Je ne peux passer sous silence d’autres éléments qui m’ont influencé à l’époque.Le scoutisme d’abord : de la quatrième à la terminale, j’ai vécu le scoutisme

d’alors qui a eu le mérite de nous donner le sens de l’effort, de la débrouillardise au sens où l’on a appris à se servir de ses mains, et le sens de la vie en équipe. Il était alors question non pas d’équipe, mais de « patrouille ». Durant ces années, j’ai connu l’Eglise surtout à travers l’organisation d’une troupe scoute, où l’aumônier avait un rôle à jouer tout comme le chef de troupe et les chefs de patrouille. L’aumônier était avec tout le monde. Je ne me souviens pas qu’il était « au dessus » de qui que ce soit.

A Haffreingue-Chanlaire, en terminale, c’est l’abbé Noyer qui nous a initié à la philosophie. Avec une très grande ouverture d’esprit qu’il n’a perdue ni en vieillissant, ni en devenant évêque d’Amiens ! Un jour, en salle d’étude, il m’a surpris en train de lire « France-Observateur ». Je croyais que j’allais entendre tout un sermon... Il m’a simplement demandé de ranger cet hebdomadaire (subversif à l’époque  !).

Avec Jacques Brel, on chantait « Quand on a que l’amour », avec Brassens, on chantait « Le gorille » ou « La complainte des filles de joie ». Nous avions alors cette chance d’avoir des chanteurs qui nous faisaient comprendre l’évangile de façon plus vivante que bien des leçons de catéchisme !

Après les études secondaires, changement de décor. J’entre chez les Spiritains : une année de noviciat, deux années de philosophie et quatre années de théologie, sans oublier le service militaire, transformé en temps de « coopération » à Libreville.

Les trois premières années chez les Spiritains furent plutôt pénibles. Formation à l’ancienne, avec des énormités qu’il serait déplacé de rapporter ici ! Juste une petite parenthèse bénéfique qui mérite d’être signalée : au premier congé, après l’année de

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noviciat et la première année de philo, nous pouvions passer quelques semaines en famille. J’en ai profité pour faire un saut à Lille où le P. Delattre, spiritain, organisait chaque année, une courte session sur le thème : « Action Catholique et Mission ». Je me souviens de deux interventions, celle de l’abbé Decourtray, futur évêque de Lyon, et celle de Faustin Togolo, jociste du Togo. Cette session fut un bol d’air frais entre deux années de philosophie thomiste.

De 1966 à 1970, ce fut la théologie à Chevilly Larue. La vie y était à peu près normale. Naturellement, les études étaient plutôt théoriques mais cette formation intellectuelle était complétée par des temps passés en paroisse. Et si au début, je devais me contenter des deux heures de catéchisme aux enfants, le mercredi matin, les deux dernières années, en fin d’après midi, je partais en mobylette et je me retrouvais à Villejuif, dans les Lozaits, rue Karl Marx, rue Saint Exupéry, rue Jean Mermoz.... J’ai eu cette très grande chance de passer quatre années sur la paroisse Sainte Colombe de Villejuif. Le Père Claude Dubuc m’a formé à l’enseignement du catéchisme, à l’Action Catholique de l’Enfance (ACE), à la préparation des parents au baptême de leurs enfants... Et le Père Christian, un saint, m’a influencé autant que Brassens  !

Ce que je retiens de ces quatre années passées à Villejuif, c’est, entre autres, la philosophie du MIDADE (Mouvement International D’Apostolat Des Enfants) et donc de l’ACE, affiliée au MIDADE : les enfants ne sont pas l’Eglise de demain. A leur niveau, ils sont eux aussi, l’Eglise d’aujourd’hui. Ils transforment le monde et en font le Royaume de Dieu, tout comme les jeunes et les adultes. Difficile de dissocier ce que la JEC m’apporté de ce que l’ACE m’a apporté !

En deux ans, dans les tours et les immeubles des Lozaits et des alentours, nous avons créé une douzaine d’équipes de J2. C’était à l’époque l’appellation des équipes d’Action Catholique des Enfants. Au Gabon, on est resté à l’appellation Cœurs Vaillants – Ames Vaillantes. Au Cameroun, il est question de « Cop’monde », à Madagascar d’Ibalita, etc. Peu importe l’étiquette, variable d’un pays à un autre, l’idéal est toujours le même : à tout âge, on peut, on devrait vivre au quotidien en harmonie avec l’évangile. A tout âge, on peut, on devrait arriver à dire comme Saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Galates 2,20).

De ces quatre années à Sainte Colombe, j’ai retenu un art de vivre : le Père Claude et le Père Christian m’ont donné tous deux, chacun selon son tempérament, le témoignage peu banal d’une foi vécue.

Je vois encore aujourd’hui, le P. Claude expliquant à des parents qu’il n’était pas tout à fait déraisonnable de baptiser leur bébé, comme ils le demandaient..., à condition toutefois qu’ils sachent ensuite lui expliquer, le temps venu, la portée du geste. Il imaginait le bébé devenu enfant et il imitait à merveille cet enfant en train de féliciter ses parents : « Ah comme j’ai de la chance d’avoir de tels parents qui n’ont pas perdu de temps, qui m’ont baptisé au plus vite, qui m’ont mis dès le départ entre les mains de Celui qui nous fait vivre.... »

Je vois aussi le P. Christian, en vélo sur la route, expliquant qu’en vélo, on a le temps de dire bonjour... Il m’a emmené aux halles de Rungis, à quatre heures du matin. Pas facile pour un séminariste qui ne manie que le bic, de boire à cette heure là un verre de vin blanc avec une saucisse-frites !

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Le P. Claude a quitté Villejuif. Je l’ai retrouvé 30 ans plus tard à Vitry. Le P. Christian a quitté cette terre. « Les pauvres à la porte », ce livre du P. Christian fait partie des quelques livres que j’ai toujours à portée de la main. A Villejuif, j’ai encore des « amis de trente ans », et même de plus de trente ans... Chaque équipe d’enfants (J2) était accompagnée par un adulte. Etre avec les enfants nous avait alors rapprochés, et nous nous retrouvons encore aujourd’hui. Bernard, Monique, Simone, Françoise et ses parents habitent toujours à Villejuif. C’est fort de ces exemples, de cette formation que j’ai quitté cette localité. Après une mémorable paella, au 8 de la tour Karl Marx, les amis m’avaient accompagné jusqu’à l’aéroport du Bourget. J’y ai pris l’avion et je me suis retrouvé dans un tout autre cadre : à Mouila, une petite bourgade dans le sud Gabon.

J’y ai passé une année, en stage, officiellement pour apprendre une langue : le punu. Je suis arrivé là - bas avec ma valise : 20 kgs. Le reste des bagages est arrivé bien plus tard. J’avais un cahier, un bic, un petit magnétophone et un peu de bonne volonté. Un peu seulement : j’ai plutôt appris à boire le vin local, le moussoungou, vin de canne à sucre, en allant à pied (encore mieux qu’en vélo !), chaque matin, saluer, chez eux, les uns et les autres avec celui qui m’apprenait la langue, De Mbaïo.

Comme vous pouvez l’imaginer, les petits tours à pied n’étaient pas la seule leçon que j’avais retenue de Sainte Colombe. Je me suis empressé de répartir en petites équipes, la centaine de Coeurs Vaillants et d’Ames Vaillantes qui se retrouvaient ensemble, une fois par semaine, en fin d’après midi, dans la cour de l’école.

La répartition en équipe s’est faite par quartier. Pour souder l’équipe, rien de tel qu’un travail fait ensemble. Certains habitants de Mouila avaient un jardin dans leur concession. Et pourquoi chaque équipe de CV-AV ne se trouverait-elle pas un terrain ? Pourquoi chaque équipe n’aurait-elle pas son jardin ? La proposition fut adoptée. Les difficultés ne manquèrent pas et je compris par la suite que ce n’était pas forcément une bonne idée. Mais les difficultés ont renforcé les liens entre les membres de chaque équipe, et même entre les équipes. De plus, chaque samedi soir, à tour de rôle, une équipe organisait dans son quartier, un feu de camp. Danses et saynètes, même déjà vues vingt fois nous réjouissaient toujours.

Sans être plus long, quittons l’ACE, quittons les équipes de Mouila et arrivons à Libreville. Nous sommes en 1971.

A pied d’œuvre !

Octobre 1971 : après les études secondaires, après dix ans de philosophie, de théologie et de stages divers, jeune prêtre, ordonné en 1969, j’arrive enfin, aux Rois Mages, une paroisse qui recouvre un vaste quartier de Libreville : Akébé. Environ 40 000 habitants. On parle volontiers des Etats Unis d’Akébé !

C’est alors une paroisse toute nouvelle, encore peu organisée. Le responsable, le Père Fernand Legagneur vient de passer beaucoup de temps et de consacrer beaucoup d’énergie au sauvetage des enfants victimes de la guerre au Biafra. Beaucoup sont évacués sur un hôpital construit pour eux dans la banlieue de Libreville. Quantité d’enfants y sont arrivés entre la vie et la mort.

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Aux Rois Mages, tout ou presque est à créer. Mais comme par hasard, il existe un comité JEC, et Fernand me demande d’en être l’aumônier. Pas de problème ! C’est pour moi, le début d’une histoire qui n’est pas encore terminée, aujourd’hui, en l’an 2000 !

Je fais donc connaissance avec ce comité. Chaque semaine, une quinzaine de jeunes gens et de jeunes filles, de 18-20 ans, se retrouvent sur la terrasse de notre maison d’habitation, terrasse qui sert aussi de lieu de réunion. Les trois premiers mois, je les regarde, je les écoute, cherchant à comprendre ce qui les anime. J’avoue que je ne comprends pas très bien... Ils récitent une prière au début, une prière à la fin, mais entre les deux, je ne vois pas ce qu’ils font : certains passent le temps à lire des bandes dessinées, d’autres bavardent de tout et de rien...

Petit à petit, remarquant que le responsable est un garçon de bonne volonté, je lui propose : « Et si nous préparions ensemble ces réunions  ? ». Et nous voila embarqués dans la révision de vie : « Voir, Juger, Agir » devient le leitmotiv. Je ne résiste pas au plaisir de vous partager ici le premier résultat de cette nouvelle façon de faire.

Les jeunes de ce comité étudiaient presque tous au Lycée d’Etat voisin. Je vous résume donc une des toutes premières révision de vie.

Voir : durant la récréation, des lycéens se sont rués sur la cuvette de gâteaux qu’une femme vendait à l’entrée du lycée. Cela arrive souvent. Les femmes qui vendent les beignets ne peuvent rien faire face à une dizaine de jeunes...

Juger : l’incorrection de ces jeunes pénalise ces femmes qui n’ont que cette seule ressource pour vivre... Facile de voir ce que le Christ en pense...

Agir : on va voir le proviseur et lui demander de construire une barrière à l’entrée du lycée. Cette barrière, fermée durant la récréation protégera les commerçantes. Le proviseur est d’accord. La barrière est construite.

Voila comment une révision de vie débouche sur une action transformatrice. Tout le monde y gagne : les femmes qui vendent leurs beignets en toute tranquillité et les lycéens qui peuvent se rassasier.

Je vous disais qu’Akébé est un vaste quartier. Il faut dire aussi que la jeunesse gabonaise est très nombreuse. Le seul lycée technique de Libreville comptait 6000 élèves dans les années 80. En 1991, quand j’ai quitté Akébé, j’y ai laissé onze comités JEC. Entre 1971 et 1991, nous sommes donc passés de 1 à 11 comités, ce qui n’est pas beaucoup en vingt ans, compte tenu de la foule des lycéens et collégiens, sans oublier les universitaires. Mais onze comités, avec douze jécistes par comité, en moyenne, c’est beaucoup pour un seul aumônier... Au cours des premières années, je pouvais être membre à part entière d’un comité. Je participais à la révision de vie et à toute la réunion. Mais par la suite, la semaine n’ayant que sept jours, plusieurs comités ont du se passer de la présence active d’un aumônier. J’essayais de passer, de faire un tour !

Plus ou moins présent dans les comités de base de ma paroisse, je me suis retrouvé, de plus, aumônier national de la JEC gabonaise de 1975 à 1991. Durant toutes ces années, le mercredi soir, j’ai participé à la réunion du Bureau National qui anime toute la JEC du Gabon : il existe des comités à travers tout le pays, dans le secondaire et à l’université. Chaque année, le Bureau National prévoit une Campagne d’Année : thème de réflexion et d’action proposé à tout le mouvement. Un Conseil National se tient tous les deux ans : les délégués des différents comités font le point, se donnent des orientations, élisent un responsable national.

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La JEC existe dans une quarantaine de pays en Afrique, et dans une centaine de pays à travers le monde. Avec les responsables nationaux de la JEC Gabonaise, j’ai eu la chance de participer à des rencontres panafricaines (Yaoundé 1978 ; Nairobi 1984 ; Namur 1986) et à des rencontres mondiales (Valladolid 1978 ; Montréal 1982 ; Bruxelles 1986). La chance, car se retrouver durant un mois avec quelques 300 personnes venues du monde entier, c’est passionnant. Pendant que le Québécois et le Catalan se montrent préoccupés par des problèmes politiques…, le jeune venu de l’Inde est attentif au dialogue intereligieux, tandis que le jeune brésilien et le jeune paraguayen ont peur de rentrer au pays où la répression sévit…

1991 : retour en France

J’étais revenu pour six mois, mais j’y suis encore ! J’y ai tout de suite retrouvé une dizaine de jécistes, gabonais évidemment, mais aussi sénégalais, ivoiriens, camerounais, centrafricains, ougandais. Parmi eux, Georgette Ngabolo, étudiante en psychologie à Nice. C’est elle qui a eu l’idée, en 1991, de créer une amicale des anciens jécistes. Cette idée a finalement donné naissance à deux réalités : l’Association des Jécistes Africains en France (AJAF) et le Réseau des Anciens Jécistes d’Afrique (RAJA).

L’AJAF : des anciens jécistes venus continuer leurs études en France, se sont aperçus un jour qu’ils n’étaient pas des « anciens » jécistes, mais qu’ils étaient plutôt des jécistes africains en France. Je suis avec eux, comme aumônier, depuis 1991.

Le RAJA : tandis que certains étudiants se proposaient de poursuivre leurs engagements de jécistes, en France, d’autres, en Afrique, entrés dans la vie active, approuvent l’idée de Georgette. Avec Lazare Animako, lui aussi, en France, non pas pour des études, mais comme Secrétaire Général de la JEC Internationale, avec tous ceux qui, à travers une dizaine de pays en Afrique, ont manifesté le désir de garder leur idéal après avoir quitté les bancs de l’université, nous avons donc mis sur pied un réseau des anciens jécistes d’Afrique. En 1997, à Bengerville, près d’Abidjan, nous avons tenu la première Assemblée Générale de ce Réseau. Une deuxième Assemblée Générale s’est tenue à Yaoundé en 1999, et la prochaine devrait avoir lieu en 2001.

Voila donc, le plus rapidement possible et à gros traits, mon parcours. Je voudrais maintenant tenter de vous dire ce que la JEC m’a apporté.

Evidemment, la JEC n’offre pas quelque chose de tout cuit sur un plateau. C’est plutôt un idéal que l’on s’efforce d’atteindre. Mais le fait de se retrouver chaque semaine pour « faire révision de vie » peut aider à avancer sur la route choisie.

Au cours de mes premières années à Akébé, disons tant qu’il n’y avait que quatre ou cinq comités, je faisais réellement partie de ces comités. Je pouvais participer à leur vie. En France, avec un seul groupe, l’AJAF, depuis dix ans, il m’est possible également de prendre part à la vie du groupe, même si en France, nous rencontrons un autre inconvénient. Les membres de l’Association résident un peu partout à travers le pays. Il n’est pas question de se retrouver chaque semaine : les déplacements sont

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longs et coûtent cher ! Alors, dans la mesure où j’ai pu participer réellement à la vie de tel ou tel comité, je dirais que la JEC m’a appris à avancer sur quatre points :

1. Vivre ensemble, toujours mieux...2. Faire l’unité en soi même3. Un Royaume à construire4. Une organisation possible, dans l’Eglise

Avril 2012 : le Livre a été imprimé ! Je l’ai mis sur un blog : http://joie-en-communaute.over-blog.com/Vous pouvez donc y lire la suite.

Gérard Warenghem

30 rue Lhomond75005 Paris

Témoignage de Pamphile Owono

« Tu sais, cela semble peut-être banal, mais le Voir, Juger, Agir, c’est fortement efficace : DU BETON !Car face à un problème, si l’on pense bien à ces trois mots, qui sont à mon avis émoustillants, on s’en sort légèrement émoussé… »

Pamphile OwonoSaint Etienne – France

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Ceux qui n’ont pas encore écrit sont déjà devant leur ordinateur…

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La suite, au prochain numéro !

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