ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la...

35
Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture urbaine et périurbaine dans cinq villes: 150 000 tonnes de légumes par an Des produits frais et nourrissants à 11,5 millions de citadins Des moyens d’existence durables à 16 000 petits exploitants maraîchers Des revenus à 60 000 personnes participant à la chaîne de valeur horticole

Upload: others

Post on 20-Sep-2020

0 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture urbaine et périurbaine dans cinq villes:� 150 000 tonnes de légumes par an � Des produits frais et nourrissants à 11,5 millions de citadins � Des moyens d’existence durables à 16 000 petits exploitants maraîchers � Des revenus à 60 000personnes participant à la chaîne de valeur horticole

Page 2: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

Les appellations employées dans ce produit d’information et la présentation des données qui y figurent n’impliquentde la part de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) aucune prise de positionquant au statut juridique ou au stade de développement des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités,ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. La mention de sociétés déterminées ou de produits de fabricants,qu'ils soient ou non brevetés, n'entraîne, de la part de la FAO, aucune approbation ou recommandation desditsproduits de préférence à d'autres de nature analogue qui ne sont pas cités.

Tous droits réservés. La FAO encourage la reproduction et la diffusion des informations figurant dans ce produitd’information. Les utilisations à des fins non commerciales seront autorisées à titre gracieux sur demande.La reproduction pour la revente ou d’autres fins commerciales, y compris pour fins didactiques, pourrait engendrerdes frais. Les demandes d’autorisation de reproduction ou de diffusion de matériel dont les droits d’auteursont détenus par la FAO et toute autre requête concernant les droits et les licences sont à adresser par courrielà l’adresse [email protected] ou au Chef de la Sous-Division des politiques et de l’appui en matière de publications,Bureau de l’échange des connaissances, de la recherche et de la vulgarisation, FAO, Viale delle Terme di Caracalla,00153 Rome (Italie).

© FAO 2010

Page 3: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE2010

2 Avant-propos, introduction3 Historique, le projet, le pays4 Première phase, 2000-2004

Les semailles6 Lubumbashi plus verte8 Naviundu: Un périmètre «historique»

résiste à l’avance de la ville12 Katuba: Progrès au cœur de la ville14 Deuxième phase, 2004-2007

Période de croissance16 Kilobelobe: Le «potager» de la ville assure

des légumes frais et des emplois18 Kamilombe: Les terrains verts attirent

les opérateurs22 Marché de Pande: Un commerce actif

de légumes locaux24 Troisième phase, 2008-2012

Les moissons26 Tshamalale: L’irrigation au goutte-à-goutte

permet d’intensifier la production30 Kashamata: «C’est toute ma vie qui est ici»32 Crédits

Page 4: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

2 DÉVELOPPER DES VILLES PLUS VERTES EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

AVANT-PROPOSS

Produire des alimentsdans des villes plus vertes

L’accroissement de la population urbainedans le monde en développement équi-vaut à l’apparition d’une nouvelle ville de

la taille de Lagos tous les deux mois. À mesureque l’urbanisation s’accélérera dans les décen-nies à venir, les pays à faible revenu seront nom-breux à affronter le risque de voir s’étendre desbidonvilles comptant de nombreux habitantsjeunes et vulnérables.

C’est maintenant qu’il faut agir pour orienterle développement urbain vers des villes vertesqui apportent sécurité alimentaire, emplois décents, environnement plus propre et bonnegouvernance pour tous. Pousuivant cet objec-tif, la FAO encourage le développement del’horticulture urbaine et périurbaine produc-tive et durable.

Le maraîchage dans les agglomérations et lesvilles et dans leurs environs est un apport à lasécurité alimentaire et à la nutrition urbaines,car il permet d’accroître l’offre de produits frais,riches en vitamines et en minéraux essentiels.Du fait que les coûts de démarrage sont faibleset la valeur des produits élevée, l’horticultureurbaine et périurbaine (HUP) assure desmoyens d’existence aux citadins pauvres, enparticulier à ceux qui viennent d’arriver de lacampagne. Elle crée d’autres emplois dans l’ap-provisionnement en intrants et de la valeurajoutée du producteur au consommateur.

De plus, le recyclage des déchets organiquesmunicipaux sous forme de compost pour lespotagers contribue à accroître la production alimentaire tout en rendant plus propres lesrues de la ville. L’HUP fait qu’on a moins besoinde transporter les légumes depuis des zones ru-rales éloignées, ce qui économise du carburantet réduit la pollution atmosphérique. Les «cein-tures vertes» d’exploitations maraîchères protè-gent les terres écologiquement fragiles de l’expansion urbaine sauvage.

En mettant en place un secteur viable d’HUP,on se dote d’un laboratoire de bonne gouver-nance, car on encourage une collaboration plusétroite entre pouvoirs publics et départementsmunicipaux. Enfin, et ce n’est pas le moins im-portant, l’HUP contribue à la santé des commu-nautés – les exploitations maraîchères assurentaux groupes vulnérables et aux exclus des vivres, un revenu et une entreprise commune, offrant un utile exutoire à l’énergie des jeunes.

Le rapport qui suit, consacré à un projet bé-néficiant d’une aide de la FAO en Républiquedémocratique du Congo, illustre les avantages à tirer du développement de l’HUP et soulignel’apport important qu’elle représente pour desvilles plus vertes.

Shivaji Pandey Directeur, Division de la productionvégétale et de la protection des plantes l’Organisation des Nations Uniespour l’alimentation et l’agriculture

500

400

300

200

100

02000 2010 2020 2030 2040 2050

Pays les moins avancésAutres pays en développement

50

60

40

30

20

10

02000 20102005 2015 2020 2025 2030

Population rurale

Population urbaine

Accroissement de la populationurbaine dans le monde endéveloppement (en pourcentage)

Accroissement de la populationurbaine et rurale en Républiquedémocratique du Congo(en millions d’habitants)

Croissance de Kinshasa (en rouge)2000-2006

Source: ONU

Source: ONU

Source: FAO

INTRODUCTIONS

«Un modèle de réussite»

La République démocratique du Congo est un des géants de l’Afrique. De la taille de l’Europe occidentale, elle dispose de vastes

richesses naturelles – eau, terres arables, miné-raux, et surtout, population ingénieuse. Après desannées de douloureuse instabilité politique, elle aretrouvé désormais le chemin du développementsocioéconomique, déterminée à prendre la placequi lui revient dans la région et dans la commu-nauté internationale.

Dans les années à venir, le pays aura un nouveaudéfi à relever. L’accroissement de la population ydépasse les 2,6 pour cent annuels, de sorte qu’elleest passée de 50 millions d’habitants en 2000 à 68 millions d’habitants à peine dix ans plus tard.La majeure partie de cet accroissement est dans les agglomérations et les villes, du fait de l’accrois-sement naturel et de la migration depuis les cam-pagnes. La croissance urbaine rapide, comme dansnombre d’autres pays à faible revenu, s’accom-pagne de taux élevés de pauvreté, de chômage et de sous-alimentation.

Toutefois la République démocratique du Congoest bien mieux préparée que la plupart des autres àfaire face aux conséquences d’une urbanisationmassive et rapide. Ces 10 dernières années, la FAOa collaboré avec les autorités nationales, provin-ciales et municipales du pays à un projet de déve-loppement de l’horticulture urbaine et péri-urbaine, à Kinshasa et dans quatre autres villes.

Les activités du projet ont touché plus de 16 000petits maraîchers et amélioré l’irrigation et le drai-nage sur près de la moitié de la superficie totaledes terres horticoles. Par le biais d’écoles auchamp, le projet a introduit de meilleures mé-thodes de culture, qui ont permis une forte crois-sance de la production de légumes et des revenusdes maraîchers. L’horticulture dans cinq villes etdans leurs environs, qui produit désormaisquelque 150 000 tonnes de légumes par an, a créé dans la chaîne de valeur, selon les estima-tions, des emplois pour 60 000 personnes.

Ce projet est véritablement «un modèle de réussite». Elle donne l’exemple d’un développe-ment efficace de l’horticulture urbaine et péri-urbaine, qui pourra servir à d’autres villes et agglomérations de la République démocratique du Congo et de bien d’autres pays d’Afrique.

Ndiaga GueyeReprésentant de la FAO en République démocratique du Congo

Page 5: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

DÉVELOPPER DES VILLES PLUS VERTES EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO 3

CAMEROON

KinshasaMbanza-Ngungu

RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

OUGAND

ABU

RUND

IRW

ANDA

TANZ

ANIE

ZAMBIEANGOLA

LE CONGO

SOUD

AN

Yaoundé

Libreville Kisangani

LikasiLubumbashi

1

2

3

4

5

HISTORIQUES

Une stratégieséculaire de survie

En 2000, la République démocratique du Congosortait de cinq années de

conflit dans l’est du pays, qui avaitcausé des morts innombrables et un exode massif de ruraux versles agglomérations et les villes. De 1995 à 2000, la population de

Kinshasa, la capitale, avait aug-menté de plus d’un million d’habitants. Avec sa populationappauvrie et l’approvisionnementalimentaire désorganisé, Kinshasaconnaissait de graves pénuries devivres, avec un taux de malnutri-tion infantile en hausse.

Face à l’adversité, les Kinois ingénieux ont remis à l’honneurune stratégie séculaire de survie.Partout dans la ville, les résidentsse sont mis à cultiver des légumes

et des plantes-racines autour deleurs logements, dans les terrainsvagues et le long des rues et descours d’eau. La superficie servantau maraîchage, en ville et auxalentours, a augmenté rapide-ment. Les nouveaux maraîchersétaient souvent des ruraux dé-placés qui s’étaient installés auxabords de la ville.

Pour le gouvernement et pourla FAO, ce développement spon-tané de l’horticulture urbaine et

périurbaine (HUP) présentait uneoccasion de voir plus loin que lesbesoins immédiats d’aide d’urgence du pays et de semer desgraines de l’espoir.

Ils ont lancé ensemble un projetdont le but était un secteur actifd’HUP, qui aiderait à améliorer lasécurité alimentaire, la nutritionet, à terme, assurerait des moyensd’existence durables.

Le projet en République démocratiquedu Congo est exécuté par le Ministère dudéveloppement rural, avec une aide del’Organisation des Nations Unies pourl’alimentation et l’agriculture (FAO). Lancé en juin 2000, il a été prorogé d’unedeuxième phase démarrée en octobre 2004, puis d’une troisième phase de quatre ans àcompter de janvier 2008. La Belgique a fourni un financement d’un montant de 10,4 millions d’USD.

Le projet est réalisé dans cinq villes:Kinshasa (8,7 millions d’habitants). Située

sur la rive méridionale du Congo, Kinshasa est lacapitale du pays et la deuxième ville d’Afriquesubsaharienne par le nombre d’habitants

Lubumbashi (1,5 million d’habitants).Située à 1 200 m d’altitude, Lubumbashi est ladeuxième ville du pays et la capitale de laprovince du Katanga, dotée d’importantesrichesses minérales

Kisangani (810 000 habitants). Située àquelque 2 000 km de l’embouchure du Congo,Kisangani est la troisième ville du pays

Likasi (370 000 habitants). Centre miniersur la Likasi, dans la province du Katanga, à 140km au nord-ouest de Lubumbashi

Mbanza-Ngungu (100 000 habitants).Agglomération située dans les collines à 120 kmau sud-ouest de Kinshasa

1

2

3

4

5

LE PROJETS

Appui au développement de l’horticulture urbaine et périurbaineLE PAYSS

République démocratique du Congo

Superficie: 2 344 860 km²Population: 67,8 millions d’habitants Taux d’accroissement de la population: 2,6 pour cent par anPopulation urbaine: 23,9 millions d’habitants (35,2%) Taux d’accroissementde la population urbaine: 4,5 pour cent par anPIB par habitant et par an: 298 USD Espérance de vie à la naissance: 47,6 ansTaux d’alphabétisation: 67,2 pour centNombre de sous-alimentés: 51 millions (76%)Taux de mortalité infantile: 205/1000 naissances vivantes L’indice de développement humain: 176/182Sources: FAO, PNUD, ONU

Congolais déplacés par les combats dans les provinces de l’est du pays

Une mission d’examen du projet de la FAO visite un terrain maraîcher à Lubumbashi

Page 6: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

4 DÉVELOPPER DES VILLES PLUS VERTES EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

La première phase du projeta visé Kinshasa et Lubum-bashi. Elle avait pour butd’élargir et de diversifier laconsommation de produitsde l’horticulture, tout en

créant des emplois et en assurant desrevenus aux petits maraîchers urbainset périurbains.

Lorsque le projet a démarré en juin2000, l’horticulture urbaine et péri-urbaine produisait selon les estimations30 000 tonnes de légumes par an à Kinshasa et 2 250 tonnes à Lubumbashi.Certains de ces légumes étaient cultivésdans des potagers familiaux pourconsommation propre et d’autres dansquelques grandes exploitations, mais lagrande majorité de la production provenait des 5 000 petites exploitationsmaraîchères d’une superficie totale

de 1 000 ha à Kinshasa et de moins de100 ha à Lubumbashi.

Les producteurs de Kinshasa et desalentours cultivaient des terrains d’unesuperficie qui ne dépassait parfois pas300 m², la culture et la vente des lé-gumes étant leur unique source de reve-nus. Certains avaient été organisés enassociations comptant de 10 à 20 mem-bres par des programmes du gouverne-ment précédent. Un tiers environ de cesproducteurs étaient des productrices.

La consommation de fruits et de lé-gumes dans les deux villes était infé-rieure à la moitié du minimum recom-mandé par la FAO et l’OMS, qui est de400 g par personne et par jour. Mais ilexistait de bonnes possibilités d’accroî-tre la production: l’une et l’autre villesoffraient des travailleurs en abondance(en particulier des ruraux arrivés ré-cemment, qui savaient cultiver la terre)et, surtout aux alentours de Lubum-bashi, des terrains fertiles de bonnetaille convenant à l’horticulture.

En 2000, les périmètresmaraîchers de Kinshasaproduisaient surtoutdes légumes traditionnelstels que l’amarante

À Lubumbashi, des maraîchers préparent une pépinière de jeunes plants

Prem

ière

pha

se: 2

000-

2004Les semailles

Page 7: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

DÉVELOPPER DES VILLES PLUS VERTES EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO 5

Un secteur désorganisé. Un état des lieuxdu secteur de l’horticulture urbaine et périurbaine, réalisé antérieurementpar la FAO, y avait mis en évidence différents obstacles au développementdurable:� Absence de politiques et de stratégies

claires des pouvoirs publics à l’appuidu secteur. Il n’y avait quasiment pasde réglementation de l’horticultureurbaine et périurbaine. Bien qu’unService national d’appui audéveloppement de l’horticultureurbaine et périurbaine (SENAHUP)ait été mis en place par legouvernement en 1996, les troublescivils et la prolifération urbainesauvage avaient laissé le secteurcomplètement désorganisé.

� Absence de statut d’occupation sûrdes terres servant à la production delégumes. Les petits maraîcherscultivaient pour la plupart desterrains vagues, sans permis ni titresfonciers accordés par les autoritésmunicipales. À Kinshasa, même lescoopératives maraîchères n’avaientlégalement aucun droit sur les terresqu’elles cultivaient. Sans statutd’occupation sûr, les exploitantsn’avaient que des moyens d’existenceprécaires et n’étaient guère motivéspour investir dans leur production.

� Accès limité à l’eau et insuffisances del’irrigation et du drainage. Desinondations ont paralysé laproduction en pleine saison despluies (octobre à mai), tandis quefaute d’irrigation, les superficiescultivables se trouvaient réduitespendant la saison sèche (juin àseptembre). Les femmes allaientchercher de l’eau à des sources

éloignées parfois de 500 m de leurterrain et certains maraîchersutilisaient des eaux usées nontraitées.

� Production faible et nombre limitéd’espèces et de variétés. Lestechniques de production étaientrudimentaires et les rendements trèsbas. Les engrais minéraux n’étaientgénéralement pas disponibles et lessemences améliorées coûteuses, avecun approvisionnement irrégulier. Lerendement moyen pour la tomaterestait inférieur à 8 tonnes àLubumbashi, alors que la moyennemondiale est d’environ 30 tonnes.

� Maraîchers mal organisés et absencede services d’appui. Les associationsde maraîchers n’avaient guère decontacts avec les agents devulgarisation. Même lorsque desintrants étaient disponibles, l’offreétait souvent décalée dans le tempspar rapport au calendrier deproduction. Les petits maraîchersn’ayant pas accès aux prêts bancaires,la seule autre possibilité était derecourir aux prêteurs, qui pratiquentdes taux d’intérêt élevés. Faute

200

250

150

100

50

0 Janv. Févr. Avr.Mars Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

Pluviométrie moyenne à Kinshasa (en mm)

UN DISPOSITIFINSTITUTIONNELD’APPUI AUX ACTIVITÉSDU PROJET

Ministère du Déve-loppement Rural. Le Service nationald’appui au développe-ment de l’horticultureurbaine et périurbaine(SENAHUP), qui relèvedu Ministère, assurel’encadrement d’ensemble par uncoordonnateur basé à Kinshasa.

Bureaux municipauxde l’horticulture duSENAHUP. Dotés d’unconseiller d’HUP et despécialistes d’économieagricole, de génie agri-cole et de vulgarisationhorticole, ils gèrentdans chaque ville les in-terventions du projet.

Comités municipauxde concertation. Présidés par le maire de chaque ville, ils faci-litent l’intégration del’HUP dans la planifica-tion d’urbanisme. Ils comprennent les responsables munici-paux chargés de l’agriculture, de l’urba-nisme et des affairesfoncières, ainsi que desreprésentants des associations de maraî-chers et des ONG.

Bureau de pays de la FAO à Kinshasa.Il gère l’aide de la FAOpar l’intermédiaire d’unConseiller techniqueprincipal.

Siège de la FAO àRome. Il assure l’appuitechnique, contrôle lesprogrès du projet et tireles enseignements voulus pour optimiserles politiques, les dispo-sitifs institutionnels et les services de soutien de l’HUP dansd’autres pays en développement.

Mbanza-Ngungu. Bruno Kitiaka (à gauche), conseillerpour l’HUP, délibère avec les membres du comité municipal de concertation sur les demandes de bail déposées par les maraîchers pour les terrains

Source: FAO

Page 8: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

d’installations après récolte et detraitement, les exploitants étaientcontraints de vendre directementdepuis les champs, ce qui engorgeaitles marchés et faisait baisser les prix.

Pour éliminer ces obstacles, plusieursinterventions prévues dans le projet onteu pour objet de renforcer la base deproduction du secteur à Kinshasa et Lubumbashi. Pour soutenir ces activi-tés, le projet a comporté la mise enplace d’un dispositif institutionnel qui a mis en relation toutes les parties pre-nantes: la FAO, le Ministère du dévelop-pement rural, les autorités municipales,les services d’appui à l’horticulture et les maraîchers.

Droits fonciers. Face à une situation où laplupart des exploitants travaillent sanspermis, le projet a aidé à constituer uncomité municipal de concertation danschacune des deux villes. Les comités ontgéré le métrage et la démarcation deszones existantes de maraîchage, ainsique l’obtention de permis pour les ex-ploitants ou les groupes d’exploitantsqui s’en servaient.

Lubumbashi plus verteLa ville animée de Lubumbashi est un grand centrecommercial et industriel, centre nerveux desexportations de cuivre et de cobalt venus de laprovince du Katanga. Depuis 2000, la population aconnu un accroissement de plus de 50 pour cent,atteignant selon des estimations prudentes 1,5 million d’habitants. Progressant au mêmerythme, le projet a permis de créer un secteurflorissant d’horticulture urbaine et périurbaine. La superficie utilisée pour le maraîchage, qui étaitinférieure à 100 ha, atteint presque 725 ha.

La ciboulette pousse dans la valléede Kimwenza, périmètre maraîcher

de 60 ha situé à la périphérie sud de la capitale

Bien souvent, la «régularisation» acommencé par l’enregistrement entant qu’associations de groupes infor-mels de maraîchers. Une fois identifiésles terrains et leurs utilisateurs, les comités ont traité les demandes depermis des associations, généralementdéposées auprès des services fonciersmunicipaux. Au cours de la premièrephase, les comités ont fait obtenir desbaux pour 600 ha de terrains à Kinshasa et 150 ha à Lubumbashi.Dans certains cas, ils ont facilité des

6 GROWING GREENER CITIES IN THE DEMOCRATIC REPUBLIC OF THE CONGO

Page 9: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

Les terrains maraîchers qui ceinturent maintenant laville – certains situés à quelques kilomètres à peinedu centre ville – produisent plus de 60 000 tonnes delégumes frais par an. Les pages de cette publicationnous montrent de plus près le secteur d’HUP de Lubumbashi avec ses 7 800 petits maraîchers.

Le maire de la ville, Marie-Grégoire Tambila Sambwe,dit que l’horticulture est un élément essentiel de sesplans pour une «Lubumbashi plus verte» 5 km

Terrains de maraîchage

République Démocratique du CongoLubumbashi

Page 10: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

Un périmètre «historique»résiste à l’avance de la villeNaviundu est l’un des plus vieux périmètresmaraîchers de Lubumbashi. Lorsque lespremiers exploitants ont commencé à ycultiver l’amarante en 1996, le quartier étaitpeu habité. À l’heure actuelle, ses 8,5 ha de terrains sont entourés de nouveauxlogements. Mais les droits fonciers desmaraîchers sont protégés de l’avance de la ville par des permis obtenus parl’intermédiaire du comité municipal deconcertation. L’association de maraîchersSource Naviundu, qui compte 85 membres,cultive maintenant l’amarante, le chou deChine et le gombo, avec des pratiquesaméliorées introduites grâce au projet. La production annuelle de légumes estestimée à près de 1 000 tonnes.

NaviunduLubumbashi

5 km

Page 11: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

Cécile Nsoni cultive un terrain de 400 m². Le revenu régulier qu’elle tirede la vente de légumes frais lui a permis de payer les frais de scolarité de sonenfant et de «construire une maison de brique avec un toit en tôle»

Les maraîchers de Naviundu emploient plus de 400 ouvriers pendantla campagne agricole (mars à juillet). Le salaire moyen estd’environ 3 USD par jour

En 2004 a été construit grâce au projet un petit bassin de captage servantà détourner l’eau d’un petit cours d’eau vers les terrains maraîchers. On obtient ainsi de l’eau pour les potagers et eau potablepour les ménages voisins

Choux de Chine fraîchement coupés.Plus de la moitié des maraîchers sont des femmes

Page 12: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

accords entre les maraîchers et les dé-tenteurs privés ou coutumiers des droitsde propriété.

Au total, ce sont quelques 3 500 ex-ploitants de 43 périmètres de maraî-chage de Kinshasa et de Lubumbashiqui ont été retenus pour un soutien duprojet. Une série d’interventions y a étélancée pour améliorer la gestion de l’eauet encourager à intensifier la productionet à diversifier les cultures de légumespratiquées.

À Kinshasa, des travaux d’irrigation,de drainage et de lutte contre les inon-dations ont aidé les exploitants à accroî-tre la superficie cultivée de 250 hectaresselon les estimations. Le périmètre demaraîchage de Kimbanseke, par exem-ple, s’est développé pour passer de 11 haà près de 100 ha, le nombre de cultiva-teurs passant de 115 à 900. Dans l’unecomme l’autre villes, des travaux d’irri-gation ont permis d’améliorer la qualitéde l’eau servant aux cultures et d’avoirde l’eau pendant une période pluslongue de l’année.

Parallèlement, le service nationald’appui à l’HUP (le SENAHUP) a ouvertdes bureaux à Lubumbashi et dans 24municipalités de Kinshasa, afin d’assu-rer un appui technique aux associationsde maraîchers. Le projet a recouru à laméthode de la FAO dite de l’école auxchamps, système d’éducation informelledes adultes articulé autour de réunionspériodiques de groupes avec des agentsde vulgarisation agricole. Au cours de lapremière phase, le SENAHUP a orga-nisé 60 écoles aux champs, qui ontformé quelques 720 cultivateurs deKinshasa et 600 de Lubumbashi à demeilleures pratiques et techniques deculture.

Le projet a également fait appel à plu-sieurs ONG de développement recon-nues, nationales et internationales, pourfaire accorder des microcrédits aux as-sociations de maraîchers. Ces ONG onttraité les demandes de prêt et formé lescultivateurs à la gestion financière. Lesprêts ont donné aux associations la pos-sibilité d’acheter les intrants – essentiel-lement des semences améliorées – dontelles avaient besoin pour développer laproduction.

Aux traditionnelles cultures de légumes à feuilles (amarante, patate

10 DÉVELOPPER DES VILLES PLUS VERTES EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Un montant de 1,03 million d’USD a été investi grâceau projet dans la construction ou l’amélioration d’ouvrages d’irrigation et de lutte contre les inonda-tions dans les périmètres maraîchers des cinq villes.Les associations de maraîchers fournissent la main-d’œuvre et reçoivent une formation à la gestion et àl’entretien des ouvrages achevés. Il y avait déjà enplace en 2010 plus de 50 ouvrages assurant irrigationet drainage pour 1 500 ha de terrains maraîchers. La maîtrise de l’eau étant plus efficace, les exploitantsont pu élargir les superficies cultivables et étendre lacampagne agricole à la saison sèche. Avantage induit,les communautés voisines ont de l’eau potable.

INTERVENTIONS VISANT À AMÉLIORERLA GESTION DE L’EAU

Lubumbashi. Un bassin de captage (en haut) àKalulako, au nord de la ville, fournit l’eau d’irriga-tion toute l’année. Ci-dessus, un ouvrage demaîtrise de l’eau presque achevé à Kilobelobe

Kinshasa. Ce canal concourt à l’irrigation de 30 hade terrains utilisés par 1 250 exploitants dans le périmètremaraîcher de Kimpoko

Kisangani. Les résidents du quartier se servent des fontainescomme source d’eau pour l’usage domestique

Page 13: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

douce, oseille et épinard), les maraî-chers ont ajouté des cultures plus profi-tables, telles qu’oignons de printemps,céleri, aubergine, chou et tomate. Unedes grandes innovations a été laconstruction de pépinières sous abri quiont permis d’obtenir de jeunes plantspendant la saison des pluies et, à Lubumbashi, de les protéger du froidpendant la saison sèche.

Production et profit accrus. Une évaluationdu projet en 2003 a établi qu’il avait sti-mulé la production horticole, l’emploi etles revenus des cultivateurs, essentielle-ment grâce à l’expansion des surfaces irriguées, à l’intensification de la pro-duction et à la diversification en faveurde légumes plus profitables. Tant àKinshasa qu’à Lubumbashi, le revenuannuel moyen des maraîchers partici-pant au projet était passé d’environ 160 à 600 USD.

L’évaluation a établi que les autoritésmunicipales avaient apporté une parti-cipation utile au projet, en définissantdes périmètres pour l’horticulture et enencourageant la concertation entre lesassociations de maraîchers et les presta-taires d’intrants et de services par lebiais des comités municipaux deconcertation. Le projet avait par ailleursrenforcé le SENAHUP, qui jouait unrôle plus important de planification etde contrôle.

L’évaluation avait abouti à la recom-mandation de prolonger le projet parune deuxième phase à Kinshasa et à Lubumbashi et d’en élargir les activités àd’autres villes. La poursuite de l’appui aété approuvée lors d’une réunion àKinshasa groupant organismes des Nations Unies, donateurs et ONG internationales. Dans un rapport sur lasituation de la sécurité alimentaire dansle pays, il était dit que si globalement laproduction de vivres continuait à bais-ser, il y avait eu aussi des évolutions fa-vorables, indiquant que la plus impor-tante était l’apparition d’une agricultureurbaine et périurbaine et que le projetd’horticulture soutenu par la FAO avaiteu une forte incidence sur ces activités.

DÉVELOPPER DES VILLES PLUS VERTES EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO 11

Les écoles aux champs prennent le terrain des maraîchers comme site de formationet de démonstration pour évoquer les problèmes et tester des techniquessusceptibles d’être utiles. Au cours des 10 dernières années, le projet a organisé 500 écoles aux champs à l’intention de plus de 9 000 cultivateurs, sur des sujets trèsvariés – depuis la préparation des planches et l’espacement à respecter entre lesplantes jusqu’à la gestion de l’irrigation et l’usage des engrais organiques. Souvent, les participants sont des animateurs, c’est-à-dire des représentants desassociations de maraîchers, qui peuvent ensuite partager les connaissances acquisesavec les autres membres de l’association.

Kinshasa. Les maraîchers apprennent l’avantage qu’il y a à semer en ligne sur des planches plus étroites (à droite)

Mbanza-Ngungu. Un animateurd’école aux champs discute des résultatsd’une analyse d’agro-écosystèmeavec les membres de l’associationde maraîchers d’Aproman

Lubumbashi. À une école aux champs, les maraîchers transportent de jeunes plants de tomatesdans des blocs de tourbe

ÉDUCATION DES ADULTESSUR LE TERRAIN MÊMEDES EXPLOITANTS

Page 14: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

Progrès au cœur de la villeLors d’une grave récession économique aumilieu des années 1990, les femmes deKatuba, quartier central de Lubumbashi, ont commencé à cultiver des légumes pourleur famille sur un terrain de trois hectaresappartenant à une église du quartier. Elles ont par la suite formé une association,Maendeleo («progrès» en swahili), quicompte maintenant 250 membres et produitselon les estimations 360 tonnes de légumespar an, vendus en majeure partie sur lesmarchés locaux. Maendeleo est l’une desassociations les plus actives de la ville – des animateurs formés grâce au projetorganisent régulièrement pour leurscollègues maraîchers des cours sur lapréparation des planches, le compostage et l’utilisation de variétés améliorées.

KatubaLubumbashi

Des légumes tout frais sont mis en sacpour le transport au marché

La culture des légumes à Katuba est une activité communautaire. Au plus fort de la campagne agricole, des centaines d’exploitantstravaillent sur leurs terrains

5 km

Page 15: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

Angèle Nsompo tire environ 100 USDpar mois de la vente des légumes

Les maraîchers de Katuba disent que le revenu tiré de l’horticulture les a aidésà faire des travaux dans leur logement,payer les frais de scolarité et nourrir leur famille

L’arrosage un samedi après-midi

Page 16: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

Au moment où démarraitla deuxième phase duprojet, en octobre 2004,la République démocra-tique du Congo était fer-mement engagée sur la

voie de la réconciliation et de la recons-truction. La paix et les accords de par-tage du pouvoir avaient mis fin auconflit civil dans la majeure partie dupays et le PIB enregistrait une crois-sance annuelle de 6,4 pour cent.

La situation de la sécurité s’amélio-rant progressivement, le projet a eupour but de consolider ses acquis àKinshasa et Lubumbashi et d’élargir sesactivités à trois autres villes: Kisangani,Likasi et Mbanza-Ngungu. Kisangani aété choisie du fait que le gouvernementcherchait à stimuler la reprise écono-mique dans la Province Orientale,Mbanza-Ngungu et Likasi parce qu’ellessont situées à proximité des servicesd’appui technique et des marchés deKinshasa et de Lubumbashi.

Les enseignements tirés des quatrepremières années ont porté à baser lesinterventions de la deuxième phase surce qu’on a appelé par la suite la méthodedes 3S, qui est désormais au centre de la

stratégie globale de développement del’HUP poursuivie par la FAO: � Sécurisation de l’accès aux ressources

(terre et eau de qualité) pourl’horticulture, grâce à larégularisation des titres fonciers etaux travaux d’irrigation et dedrainage;

� Sécurisation d’une productionhorticole durable de qualité, grâce àl’intensification et à la diversificationdes cultures, aux démonstrations surle terrain, à la formation à la luttecontre les ravageurs et à l’accèsamélioré aux semences de qualité;

� Sécurisation de l’appropriation del’HUP par les parties prenantes dusecteur, l’horticulture s’étant imposéecomme moyen d’existence profitableet durable, l’accès des cultivateurs aucrédit ayant été améliorée et lesservices d’appui renforcés.On a appliqué la méthode des 3S au

niveau national en intégrant étroite-ment le projet au programme du SENA-HUP. Douze mois après le lancement dela deuxième phase, des bureaux munici-paux d’horticulture et des comités mu-nicipaux de concertation fonctionnaientà Kisangani, Likasi et Mbanza-Ngungu.

14 DÉVELOPPER DES VILLES PLUS VERTES EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Deux

ièm

e ph

ase:

2004-

2007

Périodede croissance

Champ d’oignons dans la vallée de Mpiangu à Mbanza-Ngungu

Page 17: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

Dans les trois «nouvelles» villes, lesactivités du projet ont consisté d’abord àdéterminer les périmètres de maraî-chage à cibler. Les petits maraîchersétaient déjà organisés en groupes, maisla plupart de ces groupes n’avaient pasd’existence légale et n’avaient pas de ti-tres fonciers pour leurs terrains.

À Likasi, le comité municipal deconcertation a obtenu des baux pour lesdeux tiers des terrains maraîchers exis-tants de la ville, au bénéfice de 38 asso-ciations représentant 1 500 maraîchers.À Mbanza-Ngungu, les levées ont per-mis de mettre en évidence 200 ha deterrains maraîchers et 1 500 cultiva-teurs, dont plus de la moitié étaient descultivatrices. Des accords conclus entrele Comité municipal de concertation dela ville et les associations de maraîchersont doté ces derniers de titres sûrs pour18 périmètres, d’une superficie totale de112 hectares. À Kisangani, les neuf péri-mètres de maraîchage de la ville ont faitl’objet de baux d’une durée allant jusqu’à10 ans.

À Kinshasa et Lubumbashi, parallèle-ment, le projet a aidé des associations àobtenir des titres sûrs pour 10 des 23 sites du projet et élargi son aide à11 800 maraîchers cultivant des légumes. En 2008, les cultivateurs parti-cipant au projet à Lubumbashi avaientobtenu un accès sûr aux deux tiers desterrains occupés par des exploitationsmaraîchères. Les exploitants qui y culti-vaient des légumes étaient organisés en130 associations et deux coopérativespour l’achat des intrants et le crédit.

Au cours de la deuxième phase, leprojet a accordé dans les cinq villes desfinancements atteignant près de 750 000USD pour des travaux d’irrigation, dedrainage et de lutte contre les inonda-tions. À Kinshasa, la construction de 10 petits réseaux d’irrigation a permisde ramener de neuf à quatre heures parjour la durée des arrosages et de dimi-nuer presque de moitié la distancemoyenne entre les points d’eau et lesterrains cultivés (de 50 m à 30 m).

À Likasi, le projet a introduit des réseaux d’irrigation au goutte-à-goutte,tandis que les interventions à Mbanza-Ngungu ont consisté notamment àconstruire deux petits barrages. À Kisangani, où l’horticulture n’était

DÉVELOPPER DES VILLES PLUS VERTES EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO 15

Pour garantir des légumes sans risque, le projet a introduit laméthode de Production et protection intégrée (PPI) de la FAO, qui permet de réduire le besoin de pesticides. Après avoir étudié les problèmes courants – flétrissement bactérien, aphidiens,acariens rouges – les maraîchers ont testé des biopesticides dérivésde la feuille de papaye, du tabac, de l’ail, de la tephrosia et du nardindien. Les maraîchers enregistrent leurs constatations sur descartes PPI – une carte indiquant une pratique de culture et les ravageurs et les maladies associées, et une autre indiquantune «pratique préférable» selon les principes PPI. Le projet a donnélieu jusqu’à présent à plus de 200 paires de cartes PPI.

Avant et après: les cartes PPIrecommandentde tuteurer lesplants pour éviterla maladie fongiquede la tomate

LUTTER CONTRE LES RAVAGEURS,SANS PESTICIDES TOXIQUES

Mbanza-Ngungu. Un maraîch-er (en haut) essaie un bio-pesticide, dérivé de feuillesde tephrosia, contre le thripsde l’oignon. Ci-dessus, unmélange de piment préparécomme biopesticide par lescultivateurs du périmètremaraîcher de Zamba

Likasi. Les cultivateurs récoltent l’oignon sur un terrain d’essai où ils ont testé la protection intégrée

Page 18: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

Bernard Mwelwa cultive le piment, le chou et la tomate. Il en tireenviron 200 USD par mois – moins qu’un mineur des mines de cuivre,dit-il, «mais le travail est plus agréable»

Début d’un canal de 6 km de long, l’une des premières interventions du projet à Kilobelobe

La récolte faite, un maraîcher et sa famille préparent des bottesd’oignons pour les vendre

Un maraîcher arrosant son champ de choux

Page 19: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

KilobelobeLe «potager» de la ville assure des légumes frais et des emploisÀ 20 km à l’est de Lubumbashi, le périmètremaraîcher de Kilobelobe est celui de la villequi produit le plus de légumes à feuillescomme les bettes, les choux, les feuilles depatate douce et les épinards. La productiontotale de légumes est estimée à près de 15 000 tonnes par an. Le secret du succès de Kilobelobe est la bonne qualité de la terreet l’abondance d’eau – l’une des premièresinterventions du projet a consisté à construireun petit ouvrage de régulation de l’eau, quialimente un canal fournissant de l’eau àl’ensemble des 55 ha cultivés. Il y a quelque720 maraîchers qui cultivent à Kilobelobe etassurent un emploi à un effectif d’ouvrierspouvant aller jusqu’à 4 000 personnes.

Lubumbashi

5 km

Page 20: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

5 km

KamilombeLes terrains verts attirent les opérateurs Le périmètre maraîcher de Kamilombe, d’environ70 ha et presque parfaitement plat, suit le courssinueux de la Kafubu à 2 km environ, au sud deKilobelobe. Les 300 maraîchers de Kamilombe ycultivent pratiquement toute l’année le chou, le céleri,le piment, l’oignon et le poireau. Les opérateurs yviennent de la ville pour faire la récolte et la confieraux transporteurs, qui l’emportent à vélo au marchéde Pande, situé à 12 km de là. La production annuellede légumes à Kamilombe est estimée à 14 500 tonnes.

Lubumbashi

Les cultivateurs qui partent au travail passent devant un champ de choux en pleine croissance

L’eau est acheminée par des canaux d’irrigation, mais l’arrosage se faittoujours à la main à Kamilombe

Page 21: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

Katanga Musonda fait deux fois par jour le trajet de Kamilombe pour prendre les légumes et les transporter au marché de Pande

Elizabeth Kaulu avec sa fille Alpha, la benjamine de ses huit enfants.Elle cultive toute l’année un terrain de 80 m sur 90 m

Page 22: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

pratiquée que pendant les mois de dé-cembre à février, période où il y a relati-vement peu d’inondations, de nouveauxbassins permettent de lutter contre lesinondations et d’allonger la campagnehorticole.

Pouvoirs accrus des associations de maraîchers.Un des grands objectifs de la deuxièmephase était d’améliorer les capacités etles compétences techniques de gestiond’entreprise des cultivateurs et de don-ner un rôle plus actif à leurs associa-tions pour l’organisation de la formationet des services de base. Le projet a aidéles cultivateurs à implanter des terrainsde démonstration où ils ont testé denouvelles cultures et techniques horti-coles et a fait appel à des «cultivateurspilotes» pour la multiplication de se-mences et plants améliorés et la produc-tion de jeunes plants.

Le programme d’écoles aux champs aété développé, d’une part formant desmoniteurs choisis parmi les cultiva-teurs, et de l’autre couvrant toute unegamme d’aspects de la production telsque la gestion des pépinières, la cultureflorale et la fertilisation des sols. Le pro-jet a permis d’organiser au total dans lescinq villes plus de 200 écoles auxchamps, auxquelles ont participé envi-ron 3 500 cultivateurs.

À Kinshasa, le SENAHUP a organiséune formation à la gestion pour 200 res-ponsables d’associations de maraîcherset 50 écoles aux champs auxquelles ontparticipé 1 500 cultivateurs. Un examendu secteur de l’HUP de Kinshasa réaliséen 2007 a débouché sur une excellenteappréciation de l’appui technique ap-porté par le projet, qui avait dépêchédes spécialistes pour aider les cultiva-teurs 12 jours par mois. Il avait été notéaussi que l’offre de semences et d’engraiss’était développée.

20 DÉVELOPPER DES VILLES PLUS VERTES EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Le projet fournit des semences devariétés améliorées à essayer auxassociations de maraîchers, les en-courageant à faire connaître lesrésultats par le biais d’Hortivar(www.fao.org/hortivar), la basede données géoréférencée enligne de la FAO concernant les ré-sultats des cultivars et les pra-tiques de culture appropriées. À Lubumbashi, le personnel duprojet a ajouté plus de 800 articlesà Hortivar à partir des résultatsdes essais. Les maraîchers, pourleur part, consultent régulière-ment Hortivar pour trouver des va-riétés prometteuses et améliorerleurs pratiques de culture. Grâceau projet, la République démocra-tique du Congo est un des grandscontributeurs d’Hortivar, plus de1 700 articles ayant été ajoutésjusqu’en novembre 2010.

LES TERRAINS DEDÉMONSTRATION, LIEU D’EXPÉRIENCESSUR LES TECHNIQUESNOUVELLES

Likasi. Dans le périmètre maraîcher de Panda, essais d’une variété hybridede chou pomme à haut rendement

Lubumbashi. Production de semence d’amarante Kinshasa. Les maraîchers testent des variétés amélioréesde betterave, de ciboulette, de chou et d’oignon

Animateurs d’écoles auxchamps à Likasi à la fin

d’un stage de formationde 16 semaines

Page 23: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

À Mbanza-Ngungu, le bureau municipal de l’horticulture a organisé47 écoles aux champs, formé 60 anima-teurs et, répondant à la demande descultivateurs, dispensé une formationspécialisée sur le compostage, les bio-pesticides et la comptabilité. Le bureaude Kisangani a organisé 32 écoles auxchamps, auxquelles ont participé 480cultivateurs, pour moitié des femmes. À Likasi, 520 cultivateurs ont participéà des écoles aux champs consacrées à l’utilisation des biopesticides et desengrais organiques.

Par ailleurs, l’utilisation faite du mi-crocrédit dans le projet a été revue etaméliorée. Faute d’une «culture du rem-boursement» parmi les exploitants quicultivent les légumes – exposés pendantune longue période à l’aide d’urgence –le taux de défaillances a été élevé pourles prêts. Pendant la deuxième phase,on a donc fixé des critères d’évaluationde la solvabilité des associations, tandisque les ONG partenaires du projet ontassuré une formation pratique à la tenuede livres, à la comptabilité, à la planifi-cation financière et à l’importance del’épargne.

À Kinshasa, les prêts ont été consa-crés à la culture de légumes de plusforte valeur et aux microentreprises,notamment à la construction d’entre-pôts pour les intrants et d’unités decompostage. Une association a consacrédes investissements à de petits élevagesporcins, qui présentaient un avantagesupplémentaire du fait que les porcsfournissaient aussi de l’engrais orga-nique pour les potagers. À Lubumbashi,selon ce qui était dit dans un rapportd’évaluation, «80 pour cent des femmespossèdent désormais des instrumentsaratoires grâce au microcrédit».

Le projet a pris en outre une orienta-tion nouvelle, en encourageant les

écoles à planter leur propre potager. Il a fourni des outils, des semences etdes conseils pratiques pour aider à dé-marrer des potagers dans 40 écoles deKinshasa, Lubumbashi, Kisangani, Likasi et Mbanza-Ngungu.

Loyers plus bas, revenus plus élevés. Au mo-ment où la deuxième phase approchaitde sa fin en 2007, le projet assurait uneaide à quelque 17 350 petits maraîcherssur une superficie totale de 1 900 ha.Une mission d’évaluation a constaté quele projet avait aidé les cultivateurs à ob-tenir des droits sûrs pour 1 120 hectaresde terrain, avec des baux allant d’un oudeux ans à Lubumbashi à 10 ans dansun quartier de Kinshasa. La sécurisationdu mode d’occupation des cultivateursavait eu entre autres effets celui de fairebaisser les loyers des terrains.

Dans l’ensemble des cinq villes, lesexploitants avaient élargi les superficiescultivées et allongé la période de pro-duction jusque dans la saison des pluies.Grâce à l’amélioration des rendements,les revenus des maraîchers avaientconnu une augmentation notable. À Kisangani, où ils étaient nombreux àadopter de nouvelles cultures profita-bles (haricots verts, choux, carottes etlaitues), le revenu mensuel moyen d’unmaraîcher était passé de 18 à 60 USD.De mars 2005 à mars 2007, le revenumensuel moyen des maraîchers étaitpassé de 70 à 160 USD à Likasi et de 50 à 142 à Kinshasa.

À l’issue de l’évaluation, il a été re-commandé de réaliser une troisièmephase du projet, visant à en élargir lesméthodes à une initiative d’ampleur na-tionale de développement de l’HUP. Àl’appui de la nouvelle phase, la missionrecommandait de rationaliser les forma-lités d’obtention des permis fonciers.Elle recommandait également de pro-mouvoir les potagers scolaires, d’amé-liorer la gestion et le traitement aprèsrécolte et d’accroître la consommationde fruits et légumes.

DÉVELOPPER DES VILLES PLUS VERTES EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO 21

Les maraîchers à Kisanganiont triplé leur revenu moyenen passant à des cultures plusprofitables, le haricotpar exemple

DONNER AUXMARAÎCHERSLA POSSIBILITÉD’ACHETER LESINTRANTSNÉCESSAIRES

Lubumbashi. Le président d’une associationde maraîchers (à droite) signe un accord de prêt

Likasi. Un cours de gestion du microcréditpour les responsables de 72 associationsde maraîchers

Kinshasa. Une association de maraîchersa eu recours au crédit pour lancer uneentreprise profitable de fabricationpar vermicompostage d’un engrais richeen éléments nutritifs

De 2000 à 2010, le projet a décaissé àdes maraîchers des prêts d’une valeurde 1,08 million de dollars à investirdans la production et d’autres activitéslucratives. La majeure partie de ces cré-dits a été fournie par l’intermédiaire demicrocaisses gérées par des ONG de dé-veloppement et par des associations demaraîchers. Chaque microcaisse dessertde 50 à 75 exploitants et chaque exploi-tant bénéficiaire investit en plus, de sapoche, un montant équivalent à 20pour cent du prêt. Les prêts, d’un mon-tant moyen de 60 dollars par exploi-tant, servent surtout à acheter des in-trants et des instruments aratoires.

Page 24: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

Un commerce actif de légumes locauxUn pavillon construit en 2003, avec l’appui du projet,au marché de Pande de Lubumbashi est maintenantle centre nerveux de la commercialisation desproduits maraîchers cultivés à Kilobelobe etKamilombe. Il abrite 30 commerçants, des femmespour la plupart, qui disent gagner jusqu’à 50 USD parjour. Grâce au projet, disent les commerçants, leslégumes locaux ont remplacé ceux qui, jusqu’à unedate récente, étaient importés de la Zambie voisine.Les affaires marchent si fort que les commerçants ontdemandé au moins trois fois plus d’espace pourrépondre à la demande des consommateurs.

Kally Nyembo (à droite) achèteles légumes directement aux

maraîchers de Kilobelobe pourles vendre sur le marché

Un flot ininterrompu de transporteurs qui livrent des légumes frais poussésdans les périmètres de maraîchage périurbains

Scènes d’une journée comme une autre sur le marché de Pande

Le pavillon, qui vient d’être construit

5 km

Page 25: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

Marché de PandeLubumbashi

GROWING GREENER CITIES IN THE DEMOCRATIC REPUBLIC OF THE CONGO 23

Page 26: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

En 2008, la République dé-mocratique du Congo étaitfinalement parvenue à lastabilité dont elle avait be-soin pour un développe-ment socioéconomique du-

rable. Des élections pluripartis tenuesen 2006 – les premières depuis 1960 –avaient doté le pays d’un gouvernementde large coalition déterminé à améliorerde façon spectaculaire en une généra-tion les conditions de vie du peuplecongolais.

Dans le secteur agricole, le gouverne-ment préparait un plan-cadre pourl’agriculture où serait pleinement reconnu le rôle joué par l’horticultureurbaine et périurbaine pour la sécuritéalimentaire et nutritionnelle et la luttecontre la pauvreté urbaine. Il avait

engagé aussi des réformes constitution-nelles qui décentraliseraient la planifica-tion et la prise de décisions concernantl’agriculture, la confiant aux autoritésprovinciales.

La troisième phase du projet, démar-rée en janvier 2008, concourt au relève-ment du pays en jetant les bases de pro-grammes de développement de l’HUPaux niveaux national et provincial.

Le projet aide à instituer des comitésmunicipaux de concertation dans toutesles capitales provinciales et parraine desateliers où se définit pour chaque pro-vince un plan de développement del’horticulture. Le SENAHUP a parallèle-ment ouvert de nouveaux bureaux danshuit villes.

La méthode des Cinq S. À partir de la straté-gie déjà appliquée avec succès durant ladeuxième phase – sécurisation de l’accès aux ressources, d’une productionhorticole de qualité et de la profession-nalisation des cultivateurs – le projet adonné lieu à la définition d’une méthodedes Cinq S, deux objectifs nouveauxayant été ajoutés aux trois premiers.

La consommation de légumes restantinférieure aux niveaux recommandés

24 DÉVELOPPER DES VILLES PLUS VERTES EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Troi

sièm

e ph

ase:

200

8-20

12Les moissons

Journée de l’horticultureà Lubumbashi. Pour quela production augmente,il faut stimuler la demande

Les opérateurs récoltent les légumesdirectement dans les champsde maraîchage

Page 27: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

par la FAO et l’OMS, la FAO estime quel’accroissement de la production passesurtout par des interventions visant àfaire monter la demande. L’un des nou-veaux objectifs consiste donc en la sécu-risation d’une consommation accrue defruits et de légumes, en offrant auxconsommateurs une gamme plus largede fruits et légumes sans risque et debonne qualité, en encourageant les po-tagers scolaires et en créant une chaîned’approvisionnement horticole plus per-formante.

Le projet parraine des campagnesd’information, finance la constructionou la réfection de marchés de quartieret encourage l’étiquetage des fruits et légumes pour donner confiance auconsommateur.

Le deuxième objectif nouveau duprojet consiste en la sécurisation dumeilleur usage des méthodes et destechniques mises au point dans les 10dernières années, en vue de transférerles méthodes appliquées à d’autres villesde la République démocratique duCongo et à d’autres pays d’Afrique. Le projet réunit en concertations pério-diques tous les conseillers d’HUP desmunicipalités et fait établir des manuelsdu formateur et des dossiers d’informa-tion à l’intention des décideurs.

Il a parrainé la concertation régionalesur l’HUP avec les pays voisins, dont leBurundi, le Rwanda et la Zambie) et établi des liens avec le programme Dimitra, initiative financée par la Belgique qui répand les idées et les pratiques optimales de développementpartout en Afrique.

Le bilan. En juillet 2010, la FAO a fait lebilan des réalisations du projet depuis2000. Il a été constaté que le projet ap-porte maintenant une aide directe àquelque 16 100 maraîchers qui exploi-tent 2 000 ha à Kinshasa, Lubumbashi,Kisangani, Likasi et Mbanza-Ngungu etaux alentours de ces villes.

Les sites du projet représentent plusde la moitié de la superficie totaleconsacrée au maraîchage dans les cinqvilles. Des baux, des permis et des règlesde zonage obtenus par l’entremise duprojet ont permis de garantir des droitsfonciers sûrs concernant 1 225 ha.

Des ouvrages de maîtrise de l’eau,

DÉVELOPPER DES VILLES PLUS VERTES EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO 25

Le projet a aidé 74 écoles primaires et lycées à se doter de potagers. Les potagers scolaires sont unmoyen très efficace d’améliorer la nutrition des enfants: ils leur donnent des rudimentsd’horticulture, fournissent des vivres frais pour des repas scolaires sains et aident les enseignants à préparer les cours de diététique. Repris à la maison, ces savoirs améliorent la nutrition familiale.Plus de 18 700 élèves participaient en 2010 au programme de potagers scolaires du projet. L’un des objectifs de la troisième phase est de faire lancer un programme national en collaborationavec les ministères de la santé et de l’éducation et avec l’OMS.

OUTILS, SEMENCES ET CONSEILSPRATIQUES POUR LES ÉCOLIERSCULTIVATEURS

Lubumbashi. À l’école de Maadini, les enfantsdébroussaillent, préparent les planches pour les semis et s’occupent de leur pépinière de choux

Mbanza-Ngungu. Les élèves de l’école primaire de Kola travaillent dans leur potager scolaire

Page 28: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

L’irrigation au goutte-à-goutte permetd’intensifier la productionTshamalale représente l’avenir du secteur de l’horticultureurbaine et périurbaine de Lubumbashi. Sur 6 ha de terrainsitués dans la périphérie ouest de la ville, trois associationsde maraîchers ont creusé cinq puits de 5m de profondeurpour exploiter les abondantes ressources d’eauxsouterraines du quartier. Puis ils ont acheté grâce à un prêtdu projet un système d’irrigation au goutte-à-goutte àfaible pression pour leurs champs de tomates, de choux,de haricots verts, d’oignons et de courgettes. Ce périmètreproduit maintenant toute l’année quelque 2,5 tonnes delégumes par semaine, qui sont surtout vendus auxsupermarchés de la ville. On se sert de Tshamalale dans lecadre du projet pour former d’autres maraîchers àl’intensification durable de la production.

TshamalaleLubumbashi

Cinq puits de 5 mde profondeur fournissentl’eau pour les champsde Tshamalale

Les eaux souterraines des puits parviennent dans les champs de chouxpar un système d’irrigation au goutte-à-goutte à faible pression

5 km

Page 29: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

Un champ de tomates à maturité à Tshamalale

La pépinière d’oignons

Un canal de drainage creusé dans les marais a permis d’augmenterla superficie cultivable, passée de 4 à 6 ha

Page 30: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

nouvellement construits ou perfection-nés, fournissent désormais de l’eautoute l’année aux périmètres maraîchersde Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani etLikasi; à Mbanza-Ngungu, l’eau est dés-ormais disponible non plus quatre maishuit mois de l’année.

Par le moyen des écoles aux champs,auxquelles ont participé 350 associa-tions de maraîchers, le projet a introduitet diffusé de nouvelles techniques deproduction et de traitement et permisde doubler (portant à 50) le nombre devariétés de légumes cultivés. Les engraisorganiques et les biopesticides rempla-cent de plus en plus les engrais chi-miques et pesticides de synthèse pluscoûteux. Plus de 75 pour cent des ex-ploitants utilisent des semences amélio-rées et ont adopté d’autres bonnes pra-tiques – préparation des sols, diversifi-cation des cultures, gestion amélioréedes pépinières et rotation des cultures.

Essentiellement grâce au projet, laproduction de légumes à Kinshasa estpassée des 30 000 tonnes qu’elle repré-sentait selon les estimations en 2000 àenviron 80 000 tonnes en 2009. Les ex-ploitations maraîchères de la ville lui as-surent désormais 65 pour cent de l’ap-provisionnement en légumes. À Lubumbashi, la superficie consacrée aumaraîchage, qui n’atteignait pas 100 haen 2000, est désormais de 720 ha, laproduction étant passée de 2 250 tonnesà 60 000 tonnes selon les estimations.Les femmes y constituent plus de 70 pour cent des exploitants bénéficiantdes activités du projet.

Parallèlement, les cultivateurs deMbanza-Ngungu passent à la culturehautement profitable de la pomme deterre, obtenant des rendements qui vontjusqu’à 30 tonnes à l’hectare, et la villefournit désormais des plants de pommede terre aux cultivateurs de Kinshasa. À Likasi, les revenus mensuels moyensdes maraîchers atteignent presque 300 USD, alors qu’ils étaient inférieurs à 70 USD cinq ans auparavant.

Dans toutes les villes du projet, leprojet a permis de promouvoir des tech-niques après récolte simples pour les lé-gumes les plus cultivés – la pâte de poi-vre rouge est maintenant vendue dansles supermarchés locaux, par exemple.Des points de collecte et de vente ont

28 DÉVELOPPER DES VILLES PLUS VERTES EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Il y a plus de 16 000 maraîchers qui participent à la troisièmephase du projet – dont près de 10 000 femmes. À Lubumbashi,plus de 6 000 femmes ont souscrit des microcrédits au coursdes 10 dernières années, s’en servant pour acheter des intrantset des instruments aratoires. Grâce à la formation dispenséedans les écoles aux champs, elles cultivent désormais 16 typesde légumes à feuilles, contre quatre seulement au démarragedu projet. Certaines d’entre elles ont également investi pour selancer dans le petit élevage, la couture et la garde d’enfants.Un revenu plus élevé, c’est une nutrition améliorée pour les en-fants – une étude a constaté que les enfants des maraîchèresmangeaient en moyenne 3,3 repas par jour, contre «moins dedeux» au démarrage du projet.

INVESTIR DANS LES FEMMES ET DANS LA GÉNÉRATION MONTANTE

Likasi. Les membres de l’association des mères de Hodari, qui cultivent des légumes dans le quartier de Nguya,à 18 km du centre ville

Mbanza-Ngungu. Une abondante récolte de choux sur les terrainsmaraîchers de Kinzau

Lubumbashi. Grâce au microcrédit,les femmes sont nombreuses à pouvoirse doter de pompes à pédale

Page 31: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

été construits ou améliorés dans 15 quartiers afin de mettre en relation cultivateurs et consommateurs.

Du fait qu’ils cultivent des superficiesplus importantes et pratiquent des cul-tures plus profitables, les maraîchersont des marges bénéficiaires plus éle-vées et sont mieux à même de couvrirles coûts de la santé et des soins aux en-fants. En 2000, moins de 30 pour centdes cultivateurs de Kinshasa et moins de20 pour cent de ceux de Lubumbashi disaient avoir de l’argent en réserve.Cette proportion est actuellement de 80 pour cent à Kinshasa et de presque100 pour cent à Lubumbashi. L’épargneest investie dans l’éducation des enfantset la réfection des logements et les culti-vateurs sont nombreux à ouvrir descomptes dans des banques mutuelles ou commerciales.

La FAO a conclu que la méthode desCinq S avait vraiment été fructueusepour le développement de l’HUP. En sé-curisant l’accès des cultivateurs aux res-sources (terre et eau) et en enregistrantleurs associations comme organisationsofficielles, le projet a stabilisé le secteuret jeté les bases de son développementdurable. Les conseils techniques et lerenforcement des capacités assurés parle biais des écoles aux champs ont mon-tré leur efficacité, avec une améliorationde la quantité, de la qualité et de la sé-curité des produits de l’horticulture.

Enfin, dix années de collaboration en-tre la FAO, le SENAHUP et les autoritésmunicipales ont construit un fonde-ment solide pour des programmes na-tionaux et provinciaux de développe-ment de l’HUP. La FAO estime que leprojet réalisé en République démocra-tique du Congo sera une plate-forme dediffusion de l’horticulture urbaine et périurbaine durable dans la sous-régiondes Grands Lacs d’Afrique et au-delà.

DÉVELOPPER DES VILLES PLUS VERTES EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO 29

INDICATEURS D’IMPACT

4000

3500

3000

2500

500

1000

2000

1500

0Kinshasa Lubumbashi LikasiKisangani Mbanza-

Ngungu

20042010

Revenu annuel moyen des maraîchers(en USD)

1200

1000

200

400

800

600

0Kinshasa Lubumbashi LikasiKisangani Mbanza-

Ngungu

Superficie faisant l’objet de droits fonciers sûrsSuperficie totale

Périmètres maraîchers visés par desactivités du projet, 2010 (en hectares)

3000

4000

2000

2500

3500

500

1000

1500

0 Kinshasa Lubumbashi LikasiKisangani Mbanza-Ngungu

Nombre de maraîchers formés dans une école au champ, 2000-2010

300

350

250

200

100

50

150

0 Kinshasa Lubumbashi LikasiKisangani Mbanza-Ngungu

Prêts décaissés aux maraîchers, 2000-2010 (en milliers d’USD)

6000

5000

1000

2000

4000

3000

0Kinshasa Lubumbashi LikasiKisangani Mbanza-

Ngungu

Femmes

Hommes

Nombre de maraîchers participant au projet, 2010

6000

7000

5000

4000

2000

1000

3000

0 Kinshasa Lubumbashi LikasiKisangani Mbanza-Ngungu

Nombre d’élèves participant auprogramme de potagers scolaires, 2010

Source: FAO/SENAHUP

Page 32: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

«C’est toute ma vie qui est ici»En 2004, Irène Kalenga s’est jointe à d’autres maraîchers dupérimètre de culture de Kashamata pour creuser un canalde 3 km de long destiné à acheminer l’eau de la Kafubu vers leurschamps. Il leur a fallu trois mois de travail à la machette, à lapioche et à la pelle, sur un tracé réalisé par le projet. Leur durlabeur leur assure maintenant de l’eau toute l’année, de sortequ’ils ont pu étendre la superficie cultivée à 9 ha, contre 3,5 haprécédemment. «C’est toute ma vie qui est ici», dit IrèneKalenga, qui tire en moyenne un revenu mensuel d’environ375 USD de la vente des choux, des oignons, des tomateset des aubergines.

KashamataLubumbashi

Charles Michel (au centre), le ministre belge de la Coopérationau développement, est venu en visite au canal de Kashamata en 2009

Deux associations de maraîchers groupant 71 membres cultiventdes légumes à Kashamata

Le canal achemine de l’eau vers 9 ha de terrains maraîchers

Tracé du canal

Page 33: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

Irène Kalengadevant ses champsà Kashamata

5 km

Page 34: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

Partenaires pour l’horticultureurbaine et périurbaine

Ministère du développement ruralde la République démocratique du Congo Boulevard du 30 juin, Commune de la Gombe, Kinshasa

Le Ministère encouragel’HUP par le biais de sonService national d’appui

au développement de l’horticultureurbaine et périurbaine (SENAHUP), qui a des bureaux municipaux del’horticulture dans 13 villes.

Organisation des Nations Uniespour l’alimentation et l’agricultureViale delle Terme di Caracalla, 00153 Rome (Italie)

Le programme de la FAOpour l’horticulture urbaineet périurbaine aide les

gouvernements et les autoritésmunicipales à optimiser les politiques,les dispositifs institutionnels et lesservices d’appui à l’HUP, àperfectionner les systèmes deproduction et de commercialisation et àaméliorer la chaîne de valeur horticole.

Coopération belge au développementRue des Petits Carmes, 15B-1000 Bruxelles (Belgique)

La Belgique a assuré un financement de 15 millions d’USD pour

appuyer les projets de développementde l’HUP bénéficiant d’un soutien de laFAO en Bolivie, au Burundi, enRépublique démocratique du Congo, enCôte d’Ivoire et en Namibie, ainsi quepour une initiative mondiale en coursservant à diffuser les enseignementstirés de ces projets.

Personnel du projet

Coordonnateur nationalIsraël Nyamugwabiza (SENAHUP)Conseiller technique principal (FAO) Bruno Telemans (2000-2008)Michel Gerard (2008- )Cadre associé (FAO)Judicaël Azehoun PazouConsultant nationalNseya Lessime

Bureaux municipauxde l’horticulture

KinshasaLumenga Nasakamur (Conseiller)Friti MubialaLidjongo Ngombe ColetteOlomba EugenieMatindi Batakuau Guylaine

Lubumbashi Mushail Mutomb Kangaji (Conseiller)Beby Kayombo KarumbuNgity MboneMunga EnzyaMuthunda Muyeketa

Kisangani Sandja Bilambo (Conseiller)Mwarabu Esinga LilaPaluku Nzibake

LikasiKindola Wa Ngabo Joseph (Conseiller)Mandale KipandeKitambo MulimbiBenda Kambale Roger

Mbanza-NgunguKitiaka Mfum’Andem (Conseiller)Bananga BaboLusilabo KimbongilaLuamba Di Mvuezolo

PhotographiesCouverture: G.Thomas/FAOp.2: FAO/SENAHUPp.3: UNPhoto/M.Perretp.4 (en partant du haut): Grégoire Mutshail, FAO/SENAHUPp.5-7: FAO/SENAHUPp.8-9: G.Napolitano/FAOp.9 (en partant du haut):G.Napolitano/FAO (1,4), FAO/SENAHUPp.10-12: FAO/SENAHUPp.13 (en partant du haut):G.Napolitano/FAO (1,2), FAO/SENAHUPp.14: Bruno Kitiakap.15: FAO/SENAHUPp.16 (en partant du haut):FAO/SENAHUP (1,3,4),G.Napolitano/FAOp.18: G.Napolitano/FAOp.19 (en partant de la gauche):FAO/SENAHUP, G.Napolitano/FAOp.20-21: FAO/SENAHUPp.22: G.Napolitano/FAOp.24 (en partant du haut):G.Napolitano/FAO, FAO/SENAHUPp.25-32: FAO/SENAHUP

Imagerie satellitaireDigitalGlobe

Texte et conceptionGraeme Thomas et Giulio Sansonetti Recherche: Diana Gutiérrez

Avec des remerciements spéciaux aux habitants de Lubumbashi,République démocratique du Congo

Le bureau FAO/SENAHUP du projet à Lubumbashi

Le personnel du projet à Lubumbashi

Page 35: Ce qu’a apporté un projet de développement d’horticulture ...deuxième ville du pays et la capitale de la province du Katanga, dotée d’importantes richesses minérales Kisangani

Programme de la FAOpour l’horticulture urbaineet périurbaineDivision de la production végétaleet de la protection des plantesOrganisation des Nations Uniespour l’alimentation et l’agricultureViale delle Terme di Caracalla00153 Rome, Italie

[email protected]/ag/agp/greenercities/

Élaboré avecla contributionde la Coopérationbelge audéveloppement