Du territoire au paysage page 2

Antonella Tufano

Promenade page 4

Mathilde Baggio, Céline Lhuilier, Adeline Moutenet

Sacré,Profane page 8

Joachim Cormeau,Émilie Goubert

Carte du regard page 12

Nadine Branellec, Jean-Baptiste Guyader

Stratification page 16

Kathy Denise, Cédric Gruais

Contemplation page 20

Bénédicte Ruiz

La colline de Nois page 24

Roseline Crawley, Bénédicte Di Franco, Pauline Lisowski, Lætitia Perrier

Lectures page 28

Du territoire au paysageAntonella Tufano

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L’Atelier de Recherche et Création Chartæ Graphia : du territoire au paysage s’inscrit dans les actions pédagogiques transversales

accueillies par la plateforme ARTEM. Organisé par l’École nationale

supérieure d’art de Nancy avec l’INPL-École des Mines de Nancy, cet

atelier propose aux étudiants d’identifier les éléments marquants

du site de la Colline de Sion qui lui ont permis de devenir et rester

dans l’imaginaire des Lorrains un haut lieu, tant sacré que laïque.

Le thème du paysage - nécessairement pluridisciplinaire - a joué

un rôle fédérateur pour appréhender l’espace dans sa dimension

matérielle (le territoire, ses composantes géophysiques…) et

immatérielle (les aspects culturels, l’imaginaire et l’imagerie

du lieu). Cette approche nous a encouragé à poursuivre une

pédagogie fondée sur l’échange art-science afin de réaliser des

cartes sensibles.

Cet exercice cartographique a été l’instrument pour favoriser

l’échange entre savoirs et méthodes d’étude différentes dont

les résultats sont un premier pas vers une démarche globale

permettant de définir des lignes stratégiques à suivre pour des

actions ponctuelles ou des projets à plus long terme

La fréquentation assidue du lieu, rendue possible par l’accueil du

Conseil Général, a permis de dégager une problématique autour de

la relation entre l’histoire de la colline et l’évolution des pratiques,

un pont à jeter entre passé et futur, entre les savoirs et les actions,

afin de modifier la colline, de la valoriser sans la dénaturer.

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PromenadeMathilde Baggio, Adeline Moutenet, Céline Lhuilier

4

Dans la forêt, une geôle d’arbres épars, en cercle mobile, en vous accompagnant,

vous égare donc ; un même disque de dunes ou de rocs, en vous suivant, vous

enferme dans l’agoraphobie désertique ou le labyrinthe de la belle baie ; en

ville, une couronne d’hommes vous enchante, vous étouffe et vous lie : voilà

quatre paysages homogènes et austères, sans fissure par où voir dehors, où

l’environnement, peu varié, répète ses éléments inertes, botaniques ou sociaux.

De ces multiplicités toutes lisses vient une épouvante spéciale qui égare parce

que le même, inépuisable, fait trembler de peur.

Au contraire de ces exemples trop simples, votre paysage d’existence,

exceptionnel ou quotidien, compose et mélange sa sphère de troncs et de buissons

inextricables, de roches et de dunes hautes, de tas de sable bas, d’hommes et de

femmes divers, d’atomes, d’étoiles, de chemins, de ronds-points dont l’entrelacs

mêlé tisse autour de vous ce qui se déplace avec vous par variations puissantes,

mais sans changer notablement, au centre de quoi, mobile, allègre, ou bien en

prison, égaré, perdu et enfermé dans ce paysage ordinaire que votre destin roule

à mesure que vous avancez […].

Serres, Michel. Éloge de la philosophie en langue française. Paris : Fayard, 1995. p. 97.

Paysage d’existence

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Sacré, ProfaneJoachim Cormeau, Émilie Goubert

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Comment cartographier l’inexplicable?

La religion a, depuis près de 4000 ans, rythmé la vie de la colline

de Sion et contribué à sa réputation de lieu hautement symbolique

où le mystère prédomine. C’est à la fin du Moyen-Âge que l’on

commence à rapporter les témoignages – plus ou moins vérifiables-

de personnes ayant guéri de façon inexpliquée. Le plus souvent

issus de rumeurs, ces témoignages tendent à se multiplier avec

les années, de manière, selon certains, à promouvoir la colline de

Sion.

Cependant, un homme a consacré un ouvrage à ces récits multiples

dont la crédibilité reste encore à définir, le Révérend Père Vincent,

tiercelin à Sion, qui, au 17ème siècle, décide de mener une grande

enquête à ce propos. Il en résulte une collecte de récits et histoires

dont une soixantaine seraient apparentées à de véritables miracles

tels que les décrit l’Église.

La cartographie réalisée se base sur un livre intitulé Sion, une colline

d’Histoire. Dans cet ouvrage qui consacre un chapitre à la religion

et la place de l’imaginaire et des croyances liées à la colline de

Sion, nous avons récupéré toutes les informations concernant

les différents miracles répertoriés au 17ème siècle, afin d’en tirer

des statistiques et révéler ainsi par l’image une succession de

phénomènes inexpliqués, mystérieux et improbables, une manière

non pas de prouver mais légitimer leur existence.

Sion, terre de croyances

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Carte du regardNadine Branellec, Jean-Baptiste Guyader

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Contrairement à ce que nous pensons ingénuement, l’espace n’est pas une

donnée primitive qui serait là de toute éternité, avec les propriétés que nous lui

connaissons dans notre monde occidental, attendant que nous en disposions

selon notre bon vouloir.

Cauquelin, Anne , Le site et le paysage. Paris :PUF, 2002. p.194.

Il y a de nombreuses manières d’appréhender l’espace du paysage :

il y en a certaines familières, d’autres auxquelles nous sommes peu

habitués. Ces différentes manières de comprendre le paysage sont

souvent fondées sur une opposition entre plusieurs façons de le

voir.

Les tentatives de représentation géométrique générales qui

permettent de définir des positions, de localiser, de découper des

terrains en morceaux bien ordonnés, se confrontent à des tentations

plus complexes données par une impression sensible du lieu qui

mêle tout à la fois : temps, espace, horizontalité et verticalité.

L’espace géométrique est découpable selon un plan calculé en

secteurs, parcelles ou zones. La carte représente ses limites, ses

frontières, voire même y définit volontairement des zones plus ou

moins floues.

Mais on peut s’intéresser d’une autre manière à l’espace : se soucier

davantage de ressemblance que de cohérence dans les positions, se

préoccuper davantage du lieu et de l’impression sensible qu’il nous

transmet que de son organisation spatiale.

Paysage étendu

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Espaces boisés, denses, vert foncé

Champs clairs parsemés de bois

Champs très clairs (tons beige / marron)

Champs verts

Constructions humaines: bâtiments, routes, chemins (couleurs claires et chaudes)

Bois en repousse

Zones neutres

Sur la colline

Autour de la colline

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StratificationKathy Denise, Cédric Gruais

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N’avez-vous jamais imaginé ce qu’il y avait sous vos pieds il y a des

millions d’années ? N’avez-vous jamais imaginé quelles civilisations

pouvaient avoir vécu là où vous êtes maintenant ? N’avez-vous

jamais imaginé une flore et une faune ayant peuplé le sol sur lequel

vous marchez ?

Ces bâtisses, ces vaches et moutons sont des vestiges des temps

anciens, des témoins de l’évolution sous toutes ses formes.

Aujourd’hui, l’Homme vit en harmonie avec ces animaux et ces

maisons, mais il a aussi sculpté, formé, le paysage au gré des siècles

selon ses besoins.

Nous nous sommes interrogés à ce sujet et avons entrepris un

travail de recherche portant sur l’évolution animale, végétale et

architecturale. Notre carte sensible témoigne de ces changements

dans le temps au travers d’une représentation graphique, par

stratification. Chers flâneurs, laissez place à votre imagination...

Avis aux promeneurs, aux rêveurs

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ContemplationBénédicte Ruiz, Mathilde Baggio

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Ma place est là où est mon corps. Mais se placer et se déplacer sont des

activités primordiales qui font de la place quelque chose à chercher. Il serait

effrayant de n’en point trouver. Nous serions nous même dévastés. (...). À

vrai dire, il est toujours possible, souvent urgent, de se déplacer, au risque d’être

ce passager, ce randonneur, ce flâneur, ce vagabond, cet errant que la culture

contemporaine éclatée à la fois met en mouvement et paralyse.

Ricœur, Paul. La mémoire, l’histoire, l’oubli. Paris : Seuil, 2000, p. 185

Certains lieux appellent à la pause.Tous ou presque se situent sur le

chemin des Douaniers qui encercle le village.

Une page, un arrêt... une page, un arrêt... et toujours du temps qui

passe, car laisser derrière soi les bancs, les points de vue qui ont plu

est loin d’être immédiat.

L’heure est à la rêverie alors que justement les heures passent et

font tourner avec elles les ombres qui s’intercalent entre les pages.

Observer, contempler

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La colline de NoisRoseline Crawley, Bénédicte Di Franco, Pauline Lisowski, Lætitia Perrier

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Tout le monde connait la colline de Sion. Pour les Lorrains c’est une

bouffée d’air et une sortie en famille. Pour les pèlerins, c’est un lieu

de recueuillement, de ressourcement. Notre-Dame de Sion veille sur

eux et les protège. Pour les étrangers, c’est une colline comme une

autre, une petite irrégularité dans le paysage Lorrain, un point élevé

qui offre une vue remarquable. Mais qui connaît la colline de Nois?

Cette colline, Lorraine aussi, a les mêmes atouts que sa jumelle plus

connue et a même un avantage considérable: depuis Nois, on voit

la colline de Sion. Quand le temps est clair on peut même deviner

la silhouette de Notre-Dame de Sion embrassant la pleine.

Pourtant, la colline de Nois mérite d’être plus connue car elle

abrite un million de petits trésors qui font son intérêt. La colline

de Nois et sa sœur ne se quittent jamais du regard. Elles ont placé

leur panorama remarquable de telle manière que les passants qui

s’attardent pour regarder le paysage ne peuvent pas manquer de

voir, de l’autre côté de la plaine qui les sépare, au loin, une autre

colline...

Ce qui n’est pas apparent pour un promeneur sur la colline mais qui

s’observe depuis le ciel, est la forme de ces collines : un boomerang

et une étoile à cinq branches. Il faut avoir une carte ou une photo

aérienne sous la main pour les remarquer. Les forêts qui tapissent

le flanc des collines dessinent ces formes qu’il n’est pas permis aux

yeux du promeneurs de savourer. Cette colline s’est formée dans

notre imagination à l’image de Sion, elle apparaît pour poser des

questions sur sa jumelle, peut-être pour y répondre.

La jumelle de Sion

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4226

Statue de Rosemertha

Chateau de Nois Halle couverte Auberge Slow food

Maisons traditionnelles à Montaval

Le puit de la miraculée Champ Slow food Source de l’Espérance

Vers Battigny (église)

Vers Vézelise (halle fin du XVIe)

Vers Gaviller (espace d’art contemporain)

Vers la colline de Sion - Vaudémont

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Lectures

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Baridon, Michel. Naissance et renaissance du paysage.Arles : Actes Sud, 2006. 412 p.

Béguin, François. Le paysage : un exposé pour comprendre, un essai pour refléchir. Paris : Éditions Flammarion / Dominos, 1995. 126 p.

Berque, Augustin. Les raisons du paysage. De la Chine Antique aux environnements de synthèse.Paris : Éditions Hazan, 1995. 192 p.

Bertand, Georges et Claude. Une géographie traversière : l’environnement à travers territoires et temporalités.Paris : Arguments, 2002. 311 p.

Jackson , John B. À la découverte du paysage vernaculaire. Arles : Éditions Actes Sud, 2003. 278 p.

Centre Georges Pompidou. Cartes et figures de la terre.Paris : Centre Georges Pompidou, 1980. 479 p.

Claveron, Yves et Dieterle, Bernard. La mémoire des villes.Saint-Étienne : Publication de l’Université de Saint-Étienne, 2003. 421 p.

Clément, Gilles et Eveno, Claude. Le jardin planétaire. Paris : Éditions de l’Aube / Collection monde en cours, 1997. 126 p.

Corbin, Alain. L’Homme dans le paysage.Paris : Éditions Textuel, 2001. 190 p.

Dagognet, François. Mort du paysage ? Philosophie et esthétique du paysage Seyssel : Éditions Champs Vallon/ Collection Milieu, 1982. 238 p.

Donadieu, Pierre et Mazas, Elisabeth. Des mots de paysage et de jardin.Dijon : Éditions Éducagri, 2002. 316 p.

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Donadieu, Pierre. La société paysagiste.Arles / Versailles : Éditions Actes Sud, 2002. 149 p.

Harmon, Katherine. You are here, personnal geographies and other maps of the imagination.New York : Princeton Architectural Press, 2004. 192 p.

Kessler, Mathieu. Le paysage et son ombre.Paris : PUF, 1999. 87 p.

Pons, Gilbert. Le paysage: sauvegarde et création.Seyssel : Éditions Champs Vallon / Collection Pays - Paysage dirigée par Alain Roger, 1999. 172 p.

Ritter, Joachim. Paysage: fonction de l’esthétique dans la société moderne. Besançon : Les éditions de l’imprimeur / Collection jardins et paysages, 1997. 109 p.

Roger, Alain. La théorie du paysage en France.Seyssel : Éditions Champs Vallon/ Collection Pays-paysage, 1995. 463 p.

Roger, Alain. Court traité du paysage.Paris : Gallimard, 1997. 199 p.

Sansot, Pierre. La France sensible. Seyssel : Éditions Champs Vallon / Collection Milieu, 1985. 255 p.

Simon, Jacques. Petit grain.Paris : Passage Piéton, 2007. 36 p.

Spens, Michl. Paysage contemporains. Paris : Éditions Phaidon, 2005. 239 p.

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Édition, photos et cartographies réalisées dans le cadre de l’Atelier de Recherche

et Création CHARTÆGRAPHIA : du territoire au paysage – proposé par l’Ensa de

Nancy avec l’INPL - Ecole des Mines de Nancy.

Encadrement pédagogique : Yves Gueniffey, Andrea Keen, Bernard Laumonier,

Véronique Merrien-Soukatchoff, Alain Potoski, Antonella Tufano.

Les étudiants : Mathilde Baggio, Nadine Branellec, Joachim Cormeau, Roseline

Crawley, Kathy Denise, Benedicte Di Franco, Emilie Goubert, Cedric Gruais, Jean

Baptiste Guyader, Céline Lhuiller, Pauline Lisowski, Adeline Moutenet, Lætitia

Perrier, Bénédicte Ruiz, Carolina Socha Leon.

Remerciements

Philippe Bonneval, Claire Fournet et toutes les personnes du conseil général de

Meurthe et Moselle qui ont soutenu et facilité notre travail.

Le conseil régional de Lorraine qui a soutenu cette action dans le cadre des

Formations innovantes.

L’association ARTEM pour son aide à la production de l’exposition.

Coordinateur du projet : Antonella Tufano

Conception graphique :Émilie Goubert

Conseils édition et exposition : Béatrice Selleron

©photographies et reproductions des cartes tous droits réservés.

©visuel de couverture : Mathilde Baggio

Achevé d’imprimer par l’atelier PAO de L’Ensa de Nancy.

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