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1 AUTOGRAPHES ET DOCUMENTS HISTORIQUES Direction : Jacques-Henri PINAULT Expert agréé près la Compagnie Nationale des Experts CATALOGUE 362 LIBRAIRIE DE L’ABBAYE 27 rue Bonaparte 75006 PARIS Téléphone : (33) 01.43.54.89.99 Email : [email protected] www.autographes-abbaye-pinault.fr

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1

AUTOGRAPHES

ET

DOCUMENTS HISTORIQUES

Direction : Jacques-Henri PINAULT Expert agréé près la Compagnie Nationale des Experts

CATALOGUE 362

LIBRAIRIE DE L’ABBAYE

27 rue Bonaparte

75006 PARIS

Téléphone : (33) 01.43.54.89.99

Email : [email protected]

www.autographes-abbaye-pinault.fr

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Rares lettres et manuscrits autographes Anouilh, Artaud, Barnave, Baudelaire, Bloy, Bourbon-Condé, Céline, Corisande,

Daudet, Debussy, Flaubert, Grande Mademoiselle (Anne Marie Louise d’Orléans), Max Jacob, Louis XII, Mirabeau : Sophie Monnier, Sand, Sartre, Valéry,

Verlaine...

CATALOGUE 362

1. ALLAIS (Alphonse). 1855-1905. Journaliste et écrivain. Considéré

comme un grand conteur. M.A.S. « Alphonse Allais » et titré « Conte de

Noël, Au poste ». Il est dédié à « GEORGES D’ESPARBÈS CAPORAL-PROPHÈTE AU

46ÈME RGT D’INFANTERIE ». [1889]. 6 pp. in-8.

950 €

Manuscrit complet de ce joli conte de Noël parut dans la Revue du Chat noir

du 23 décembre 1889 : …Noël, Noël, nom d’un chien qu’il fait froid ! […]. Le

pauvre soldat Baju se dirigea mélancoliquement vers la poudrière où

l’appela son tour de faction. […] L’une après l’autre, chaque horloge de la

ville décroche avec des lenteurs à en mourir, les quarts, les demies, les

heures. Les paroisses sonnent leur messe de minuit… Mais la relève tarde à

venir, se lamente Baju, quand surgit …Un pauvre vieux qui ne doit pas en

mener large par ce temps-là. Son grand manteau gris n’a pas l’air cossu, et

ses beaux cheveux d’argent ne valent pas un bon capuchon […]. Baju sent

son cœur inondé de tendresse et de pitié ! […]. Et se dépouillant de son

manteau de guérite, il en couvre le pauvre vieux qui le remercie d’une voix

grave et douce […]. Mon ami, fait le vieux en s’en allant, votre bonne action

vous portera bonheur… Le dédicataire de ce conte, Thomas Auguste Esparbés dit Georges d’Esparbès (1863-1944), était

un écrivain populaire. Il fréquenta le Cabaret du Chat Noir et fit partie du Groupe des Hirsutes.

Pour assurer la promotion du Cabaret du Chat Noir [à Montmartre], ses fondateurs, Rodolphe Salis et Émile Goudeau, créèrent une revue éponyme qui parut de 1882 à mars 1895, incarnant

l'esprit « fin de siècle ». Elle se dota des chansonniers et poètes qui fréquentaient le cabaret,

Caran d'Ache, Willette, etc. Jean Lorrain y publia ses premières chroniques ; à côté des signatures de Verlaine ou Richepin, se trouvait celle d’Alphonse Allais.

2. [ALSACE - REUSS (Rodolphe). 1841-1924.]. ANONYME. M.A.,

S.l.n.d. [vers 1930], 5 pp. grand in-folio.

280 € BROUILLON D’UN VIBRANT DISCOURS PRONONCÉ À L’UNIVERSITÉ DE STRASBOURG, EN

HOMMAGE À L’HISTORIEN ALSACIEN RODOLPHE REUSS.

Après la défaite de 1870 et l’annexion de l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne, Rodolphe

Reuss s’attache à reconstituer une bibliothèque municipale (plusieurs centaines de

milliers de livres avaient disparu dans l’incendie du 24 août 1870), dont il devient le

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conservateur de 1872 à 1896. Contraint par le régime allemand à la démission, il quitte

l’Alsace et s’installe définitivement à Versailles où il meurt en 1924.

...En 1866, Rod. Reuss copiait à la bibliothèque du séminaire protestant le manuscrit

encore inédit de la chronique allemande la plus développée du chanoine de Saint-

Thomas Twinger de Koenigshoffen qui fut publiée plus tard, alors que le manuscrit

avait été anéanti par les obus prussiens ; tout récemment, il nous donnait sa belle

Histoire de Strasbourg. [...] Au lendemain de l’annexion de l’Alsace à l’Allemagne, un

problème angoissant se posa devant la conscience de tout Alsacien. Fallait-il

demeurer au pays et devenir sujet allemand ou bien se rendre au-delà des Vosges

pour échapper à un joug odieux et montrer l’indéfectible fidélité à la mère-patrie ?

Ceux qui partirent firent bien, ceux qui restèrent firent mieux, puisqu’ils conservèrent

l’Alsace aux Alsaciens, c’est-à-dire à la France. Rod[olphe] Reuss fut de ceux-ci. Il

demeura dans son cher Strasbourg [...] il reconstitua la bibliothèque de la ville pour

remplacer celle que le bombardement avait détruite [...]. Et dans son labeur, il fut

soutenu par l’espoir que bientôt l’Alsace serait délivrée... Sa devise « Nulla dies sine

linea » [« nul jour sans ligne, chaque jour une ligne »], empruntée à Pline l’Ancien, montre à

quel point il poussait sa volonté à montrer son attachement à l’Alsace française par

de savantes publications sur la terre qu’il aimait...

3. [ALSACE – HALLAYS (André). 1859-1930]. M.A. signé d’un paraphe. S.l.n.d.

[vers 1930]. 4 pp. 3/4 in-folio, numérotés, sur papier ligné.

290 €

BROUILLON D’ARTICLE CONSACRÉ À L’ÉCRIVAIN ET JOURNALISTE ANDRÉ HALLAYS.

André Hallays fut un grand défenseur de l’Alsace française. Il avait écrit plusieurs

ouvrages sur l’Alsace-Lorraine, dont « L’Alsace aujourd’hui » (1922) et

« Strasbourg » (1929) : ...Pas plus que Bucher [Pierre Bucher, ardent défenseur de l’Alsace

française] Hallays n’avait attendu l’explosion des hostilités pour s’efforcer de renouer

les liens qui attachaient l’Alsace à la France. Pour reprendre un mot dont il aimait à

se servir, il se plaisait à « flâner » du côté des Vosges comme dans Paris et dans les

provinces demeurées françaises. Oui, « flâner » mais avec quelle vivacité

d’intelligence et quelle force de pénétration ! [...]. Sans doute, jusqu’en 1903 il

n’avait fait que traverser l’Alsace pour jeter, en passant, un trop rapide coup d’œil

sur la cathédrale de Strasbourg et sur le musée de Colmar. Comme il l’a écrit lui-

même, une sorte d’appréhension l’avait toujours empêché de s’arrêter ici : les

Allemands ne se lassaient pas d’annoncer que le territoire conquis par leurs amis était

définitivement germanisé [...]. Mais un jour les Oberlé de René Bazin lui avaient

apporté la douce assurance que l’annexion morale n’était pas encore réalisée et il

avait aussitôt formé le projet de connaître à fond, derrière le décor germanique,

l’Alsace et les Alsaciens... [...] Nul n’a mieux parlé que lui, non seulement de

Strasbourg et de ses environs, mais de l’Alsace tout entière. Il a consacré à Mulhouse,

à ses industries, à sa cité ouvrière, des pages enthousiastes. Il nous a promenés à

Issenheim, à Guebwiller, à Murbach et ailleurs. Il a fait de Colmar un tableau

délicieux et a cherché une à une dans le musée de cette ville toutes les reliques de la

vieille Alsace. Il a retrouvé dans la rue des juifs, ainsi qu’à Riquewihr, les traces

toujours fraîches de Voltaire. Il est remonté jusqu’à la Renaissance pour ranimer dans

Sélestat la flamme de l’humanisme. Il s’est désolé devant la reconstruction du Hoh-

Koenigsbourg et a déploré la disparition des vieilles ruines. Il a visité à Ste Odile les

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lieux saints de l’Alsace et y a écouté les voix de la vierge chrétienne, qui enseignait

aux populations captives l’irrésistible puissance des volontés obstinées et des cœurs

indomptables. Et dès 1903, en parcourant ainsi tout le pays d’Alsace, il s’est demandé,

comme Maurice Barrès, si l’émigration annuelle ne devenait pas un danger pour

l’esprit alsacien...

4. ANOUILH (Jean). 1910-1987. Auteur dramatique. L.A.S. « Jean

Anouilh » à Juliette Achard, l’épouse du dramaturge Marcel Achard.

S.l.n.d. [Paris, 1er février 1962]. 2 pp. grand in-4. Enveloppe timbrée.

360 € BELLE LETTRE : Dans les années 50, Juliette Achard devint une des femmes les plus

brillantes de Paris. Tous les vendredis, elle réunissait dans son petit appartement de la

rue de Courty, les célébrités du théâtre et de la chanson (dont Edith Piaf).

Anouilh cherche en vain à joindre son ami Marcel, Juliette monopolisant la

ligne téléphonique... : ...Je crois qu’il est inutile d’insister au téléphone, je me

demande si vous mangez, si vous vous baignez, si vous dormez... J’ai employé

toutes les ruses possibles, j’ai fait numero très vite, pour surprendre, coup sur

coup cinq minutes pour me glisser dans votre ligne si par hasard quelqu’un

raccrochait : rien (j’ai meme fait Elysées 5006 dans un fol espoir et j’ai eu

une dame qui m’a prié de vous dire qu’elle s’appelait Diane qu’elle vous

servait chez Cardin et qu’elle vous priait d’aller voir la collection d’un jeune

« Yorn »)...

Il recommande la pièce de Roncoroni (Le Temps des cerises) qui se joue à

L’œuvre, Marcel ...ne peut pas ne p(a)s l’aimer, et très fort. Une injustice de

silence, de sottise, d’incomprehension se prepare. Je ne peux pratiquement

rien, trop lié avec Ronco que j’ai déjà presenté dans le programme : ce ferait

fils blancs. Mais si Marcel l’aime, l’autre Marcel Pagnol l’a parait-il aimée.

Ils sont deux du bord sentimental de cette piece, ils pourraient à tous deux

faire un petit article dialogué, les deux gamins de l’Academie bavardant à

une recreation du jeudi. Je vous supplie de l’emmener et s’il aime

d’organiser la chose. Vous êtes une des rares personnes qui pouvez organiser

n’importe quoi si vous le voulez à Paris et que ça reussisse... Je suis un

fantôme, mais un fantôme vigilant qui sait depuis toujours où se trouvent la

gentillesse et l’amitié...

Il compte donc ...sur le géneral Marcel toujours sur la brèche pour les

batailles de Paix...

5. ARTAUD (Antonin). 1896-1948. Écrivain, poète et essayiste français.

Inventeur du concept du « théâtre de la cruauté » (Manifeste, 1932).

L.A.S. « Antonin Artaud » à RAYMOND ET JANINE QUENEAU. S.l.n.d.

[Paris, 22 mai 1937]. 1 p. in-8 sur papier à carreaux.

4 800 €

…Le secret que je vous ai demandé concerne l’épée d’une part ; ma future

femme de l’autre. Tout le reste peut être dit en dissimulant simplement

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l’existence de cette épée. Je

pense comme vous.

NATURELLEMENT qu’il n’y

a pas de hasard et j’ai été

d’autant plus heureux de vous

avoir rencontrés

aujourd’hui…

Artaud fait sans doute allusion, en

évoquant « l’épée » (sa symbolique),

à ses deux derniers textes parus « Héliogabale » et « Les Nouvelles

révélations de l’être ». Au moment

même où se formait une première galaxie traditionnelle autour de la

revue Le Voile d’Isis, ou bien autour

des instigateurs du Grand Jeu (René Daumal, Roger Gilbert-Lecomte), la

tradition devenait le porte-drapeau

d’une révolte avant tout « existentielle » à laquelle

participèrent entre autres, Raymond

Queneau, mais surtout Antonin Artaud, grand ami de Daumal, sous

l’influence discrète du philosophe

René Guénon (avec lequel Artaud entretiendra une correspondance).

L’œuvre ésotérique guénonienne nourrit les cheminements éclectiques d’écrivains en quête

d’absolu comme furent Antonin Artaud, Raymond Queneau, André Breton...

6. AUBER (Daniel François Esprit). 1782-1871. Compositeur. L. en

partie imprimée Signée, à Seligmann. Paris, 21 juillet 1862. 1 p. in-8.

Adresse. Cachet du conservatoire. EN-TÊTE DU CONSERVATOIRE IMPÉRIAL DE

MUSIQUE.

50 €

Demande sa coopération ...pour les concours de violoncelle et de violon (qui)

auront lieu les vendredi 25 juillet...

7. BARNAVE (Antoine). 1761-guillotiné en 1793. Homme politique,

avocat au Parlement de Grenoble. LE PLUS GRAND ORATEUR DES ÉTATS-

GÉNÉRAUX AVEC MIRABEAU. M.A. « Des Révolutions politiques ». S.l.n.d.

2 pp. 1/2 in-4 (rousseurs).

2 800 €

RÉFLEXIONS SUR LES PRINCIPES DES RÉVOLUTIONS : …Il y a des révolutions qui se

font par le palais, par le centre des pouvoirs et qui entrainent ensuite tout

l’empire, il y en a qui se font par l’empire contre le palais et où le centre du

pouvoir est ordinairement le dernier point qui résiste. Rien n’est plus rapide

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qu’une révolution par le palais. Rien n’est ordinairement plus lent qu’une

révolution qui commence par les parties contre le centre. Plus le peuple est

esclave et accoutumé à l’obéissance, plus le succès d’une révolution par le

palais est rapide et sûr. C’est dans les histoires des gouvernements d’Orient

qu’il faut étudier ces révolutions où l’usurpateur, une fois qu’il est parvenu à

assassiner son maître, est sûr de l’obéissance de tout l’empire. Un trône, une

cérémonie, la reconnaissance de la garde et l’acclamation du peuple de la

capitale décident de tout. Il faut une grande énergie dans la nation ou une

faiblesse extraordinaire dans le pouvoir pour qu’une révolution qui procède

par les extrémités contre le centre puisse réussir… Prenant pour exemple la

rébellion du suédois Gustave Vasa contre l’envahisseur danois Christian II :

…La révolution de Gustave Vasa s’effectua par une nation libre et guerrière

indignée des atrocités de cristierne [le roi Christian] et du gouvernement le

plus odieux qui ait jamais existé […]. La plupart des tyrans se sont perdus

par une méfiance qui les a rendus tout à la fois timides, sans motifs et cruels

sans nécessité. Ils ont été détruits par ce qu’ils ont paru craindre... Retiré dans son Dauphiné natal, après avoir été à l’avant-garde de la Révolution entre 1789 et

1790, Barnave profite de sa retraite pour entamer la rédaction de L’Introduction à la Révolution

française dans laquelle il offrira une des plus brillantes analyses sur les causes des révolutions. Jaurès, admiratif de l’historien, vit dans la synthèse que Barnave fit de son expérience

révolutionnaire, une anticipation de la théorie marxiste de l’histoire.

8. BAUDELAIRE (Charles). 1821-1867. Poète. L.A.S. « C. B. » à

ÉDOUARD LAUMONIER, son copiste. S.l.n.d. [octobre 1863]. 3/4 de page in-

8.

8 200 €

Baudelaire a laissé un mot chez lui pour prier

Laumonier de l’attendre ...Je croyais pouvoir

rapporter à la maison Lévy un compte d’argent

que j’ai besoin de faire recopier (3 ou 4 copies).

La maison Lévy [l’éditeur Michel Lévy] n’a pas

encore fait le compte. Elle me le fait espérer pour

demain... Confus, il s’excuse de l’avoir dérangé

inutilement ...mais ce n’est pas ma faute... Le « Carnet », tenu par Baudelaire de juillet 1861 à novembre

1863 contient plusieurs mentions à LAUMONIER. C’est durant

cette période que Baudelaire lui demande de copier ou de faire

copier des poèmes en prose, des parties de son attaque contre

Villemain, le secrétaire perpétuel de l’Académie française que

Baudelaire railla dans la Revue anecdotique (suite à son désir de devenir un « immortel »), mais c’est surtout pour copier les

traductions de Poe que Baudelaire sollicite son copiste, tout en

l’interrogeant sur des termes anglais ou américains. Trois recueils de traductions de Poe par Baudelaire furent

publiés à Paris par Michel Lévy.

7

Bibliographie : le Figaro littéraire, Numéro du 18 au 24 novembre 1968, « Ving-cinq petits textes en prose de Charles Baudelaire

» par Ph. Auserve. – «Edouard Laumonier, le « copiste » de Charles Baudelaire » par Claude Pichois, in Bulletin baudelairien,

décembre 1992, N° 27, pp. 58 à 62.

9. BELGIQUE (Charles de). 1903-1983. Comte de Flandres, second fils

du roi Albert 1er. Régent du Royaume de Belgique de septembre 1944 à

juillet 1950. L.A.S. « Comte de Flandres » au peintre surréaliste Félix

Labisse. Domaine royal de Raversyde [en-tête], 4 octobre 1967. 1 p. in-4.

Enveloppe affranchie.

290 €

Le Prince, entravé par les procès qui l’accablent, décline la proposition de

Labisse de succéder au siège de sa mère, la Reine Élisabeth, à l’Académie des

Beaux-Arts …C’est avec une joie très sincère que j’aurais accepté de

succéder à ma Mère, la Reine Elisabeth. Mais actuellement, ayant engagé

une importante action judiciaire, je tiens à me conformer à la tradition en la

matière et donc m’abstenir de toute manifestation publique d’activité…

10. BENOIT (Pierre). 1886-1962. Romancier. L.A.S. « Pierre Benoît » à

Gabriel d’Aubarède. Ciboure, 1er février 1958. 1 p. 1/4 sur japon à son

adresse.

130 €

...J’aime bien charger les tiers, surtout quand

ils sont sympathiques, de mes commissions.

C’est pourquoi je demande à Madame Gabriel

d’Aubarède quel souvenir je garde de la

journée du 5 août. Sans compter ce qui en est

résulté pour moi dans les Nouvelles littéraires

est une des choses qui m’ont plu davantage...

11. BERTHIER (Alexandre). 1753-1815. Maréchal d’Empire. Ministre

de la Guerre sous le Consulat. Prince de Neuchâtel et Valangin, prince de

Wagram. Document, en partie imprimé, Signé « Al. Berthier ». Paris, 25

janvier 1803. 1 p. in-folio. Vignette gravée révolutionnaire.

450 €

8

Nomination d’Etienne Perreau, ex-sapeur du 3e Bataillon, à l’emploi de

Garde ...du Génie de quatrième classe dans la Direction de Port Liberté

[Port-Louis, Bretagne]...

12. BLANCHE (Esprit). 1796-1852. Médecin aliéniste. Il fonda à Passy,

une « Maison de Santé » dans laquelle il soigna des personnalités de

renom, dont Gérard de Nerval. L.A.S. « Blanche » au Baron de

Calvierre. Montmartre [Paris], 7 août 1843. 1 p. in-8 sur papier à en-tête

« Maison de Santé du Docteur Blanche ». Suscription, cachets postaux.

330 €

Bulletin de santé d’une patiente. Le docteur Blanche indique qu’elle a été

prise ...il y a cinq jours d’une hématémèse (un vomissement de sang) qui m’a

donné un peu d’inquiétude. Cependant il a suffi d’une légère saignée au bras

pour la faire cesser. Néanmoins c’est un avertissement qui mérite attention.

Elle est bien maintenant, sauf une crise d’agitation qui est survenue mais

avec moins de violence qu’à l’ordinaire... Il préviendra en cas de rechute.

13. BLANCHE (Émile). 1820-1893. Médecin aliéniste. Il prit la succession

de son père, Esprit Blanche, à la direction de la Maison de Santé de

Passy. Il y accueillit notamment Guy de Maupassant. L.A.S. « E.

Blanche ». Passy, 1er avril 1872. 1 p. in-8.

100 €

...Je m’étais procuré l’acte de décès de Monsieur Alfred Capdeville et j’allais

vous l’expédier lorsque mon secrétaire l’a égaré... Une autre copie a été

demandée et il la lui adressera dès que possible.

14. BLANCHE (Jacques-Émile). 1861-1942. Peintre, graveur et écrivain.

Fils d’Émile Blanche. Célèbre portraitiste mondain (Proust, Gide, Louÿs,

etc.). L.A.S. « J.E. Blanche » à « Ma chère Cousine ». [Paris], 6 novembre

1915. 1 p. 1/2 in-8 sur papier à son adresse « 19 rue du Docteur Blanche

XVI° ».

80 €

Il souhaite que sa secrétaire puisse utiliser la machine à écrire de sa cousine :

...la mienne est hors de service [...] et, rentré hier, j’ai une dixaine de pages à

donner immédiatement à la Revue...

15. BLOY (Léon). 1846-1917. Écrivain. L.A.S. « Léon Bloy » à un ami.

Dimanche 4 (mai), s.d. 1 p. in-8 sur papier à carreaux.

270 €

Léon Bloy demande un délai pour rendre sa copie ...Une circonstance

extraordinaire me force de vous demander ce délai. Cela vous sera expliqué.

J’ai un joli sujet d’article. Ne craignez rien. Je vous écris en hâte extrême,

étant accablé de courses & préoccupations...

9

16. BONAPARTE (Maria Laetizia, née Ramolino, dite MADAME MÈRE).

1750-1836. Mère de Napoléon 1er. Lettre Signée « Bonaparte Mère » au

« Citoyen Decrès Ministre de la Marine ». Paris, 23 brumaire an 10 (14

novembre 1801). 1/2 p. in-4. Petit trou par brûlure d’encre.

1 900 €

LETTRE SIGNÉE DE LA MÈRE DE NAPOLÉON 1er : …Je vous recommande la

reclamation que vous adresse le Cen Vincent Bastelica d’Ajaccio enseigne de

vaisseau… Bien que depuis longtemps au service de l’État, il n’a pas été

intégré …dans la nouvelle organisation de la marine. Il demande d’obtenir la

reforme avec le traitement affecté à son grade… Elle termine en demandant à

être tenue au courant de la décision prise.

17. BONET DE TREYCHES (Joseph). 1757-1828. Avocat,

administrateur de Haute-Loire pendant la Révolution. Il vota la mort de

Louis XVI. L.A.S. « Bonet ». Paris, 14 mai 1809. 1 p. in-4.

140 €

À un ami qui brigue une préfecture, Bonet assure que l’affaire est en bonne

voie, cependant, ...Sa Majesté [Napoléon] a disposé des deux dernières

préfectures sans consulter, pour le moment il n’y a rien à faire. Nos affaires

vont bien en Allemagne et en Espagne, nous avons fait dans les derniers

royaumes pres de Lisbonne dix mille prisonniers anglais, cette nouvelle ne

sera publique qu’au retour d’un coursier de la Grande Armée...

18. BOSSUET (Bénigne, seigneur d’Azu et de la Cosne). 1592-1667.

Conseiller au Parlement de Metz. Père de JACQUES-BÉNIGNE

BOSSUET, le célèbre prédicateur. P.S. « B. Bossuet ». Toul, 31 juillet

1648. 1/2 page in-4.

270 €

Quittance …pour la somme de sept livres

tournois que nous, sousignéz, conseiller en la

cour, sindicq du présent semestre, confessons

avoir receu de l’huissier Mathis, commis a la

recepte des amandes de ladite cour, par nous

payée et advancée pour les affaires de la

compagnie laquelle sera allouée audit Mathis

en la despense de ses comptes Faict a

Toul...… Bénigne Bossuet fut successivement avocat au Parlement

de Dijon, conseiller au Parlement de Metz, puis installé à Toul jusqu’en 1658.

10

19. BOURBON-CONDÉ (Louis V Joseph de Bourbon-Condé, 8e prince

de Condé, prince du sang). 1736-1818. Général en chef de l’émigration. 2

L.A.S. des initiales « L.J.B. » AU BARON D’ORB [officier d’État-major de

l’Armée de Condé, détaché auprès du général autrichien Frœlich].

Weingarten (Allemagne), 26 Juillet 1796, à midi. 2 pp. 1/2 in-4. – id, ibid,

« Le soir même », 1 p. in-4.

560 € Le prince de Condé, cousin du roi Louis XVI, organisa en Allemagne une armée

contre-révolutionnaire à partir de 1791. Passée sous commandement autrichien afin de

contrer les républicains emmenés par les généraux Moreau, Hoche et Pichegru, le

prince eut de surcroît maille à partir avec le général autrichien Frœlich qui accusa le

Corps de Condé d’arrogance et de pillages vis-à-vis de la population locale.

...Le volume de papiers que M. de Froelich m’a envoyé, loin de me faire de la

peine, me procure la plus grande jouissance ; je ne crois pas qu’il puisse

exister de plus grandes preuves, de la noirceur Jacobine qui nous precede

partout, que ce que nous eprouvons ; partout, on est prevenu contre nous, et

dès que nous sommes arrivés, partout on nous rend justice, on nous demande

pardon de la prevention qu’on a eu contre nous, on en reconnoit l’absurdité,

on nous fournit tout ce qu’on peut, on nous previent, on cherche a nous faire

oublier par les meilleurs procedes, la 1re opinion a laquelle on s’est laissée

aller, par la suite et la persecution de la calomnie [...], partout, notre

presence dissipe toutes les noirceurs qui nous ont precedé, et cela sera

toujours de même ; peut être cela persuadera-t-il enfin aux Autrichiens, que

des calomnies et des atrocités des Jacobins contre nous, sont fort loin d’être

des faits a notre charge, puisqu’au contraire, je reçois partout en partant, de

nombreux remerciements de toutes les precautions efficaces que je prends

pour le maintien du bon ordre ; si les Gaux (généraux) autrichiens vouloient

bien un peu repousser, plutôt qu’ecouter toutes ces faussetés, ils n’en seroient

point etourdis, et ils nous rendroient justice [...]. Je ne demande qu’a sauver

de concert avec M. de Frœlich, les Etats de S.M.I., a faire repentir les

Patriotes de leur audace, de leurs succès acquis par des moyens criminels et

a soutenir la reputation meritée que le Corps s’est faite, auprès de tous les

honnêtes gens, m’embarrassant fort peu de l’opinion de ceux qui ne le sont

pas... Il ajoute en p.s. : ...Ce det [détachement] que M. de Frœlich prend pour

des malades, est au contraire composé d’hommes et de chevaux très bien

gueris [aguerris], qui reviennent des equipages joindre l’armée et la

renforcer... qu’il lise cette lettre à M. de Frœlich, et à l’Archiduc si

nécessaire...

Seconde lettre, le soir même : Ayant appris que M. de Frœlich devait marcher de

Waldsé à la position de Memmingen et de Letkirke ...nous avons beaucoup plus

court... s’empresse-t-il de dire ...pour aller d’ici tout droit a Letkirke que de passer

par Valsée, [...]. J’attends ici de nouveaux ordres, que je demande sur le champ, et

11

que je suis très a portée d’executer dans la journée de demain, puisque je n’ai pas 2

lieues a faire... Louis Joseph de Bourbon fut élevé avec le marquis de Sade (jusqu’à l’âge de 8 ans), ce dernier était né aussi à

l'hôtel de Condé (la mère de Sade était parente et dame d'honneur de la princesse de Bourbon). Maître de

France à la mort de son père en 1740, puis lieutenant général des armées du roi en 1758, Louis Joseph de

Bourbon, descendant du Grand Condé, participa à la guerre de Sept Ans. Émigré à la Révolution française, il

organisa une armée sur les bords du Rhin (Armée de Condé), avant que celle-ci ne soit dissoute en 1800. Condé

ne revint en France qu'en 1814 avec Louis XVIII où il retrouva sa place de Grand Maître de France jusqu'à sa

mort à Chantilly en 1818.

20. BRANLY (Édouard). 1844-1940. Physicien, natif d’Amiens. L.A.S.

« Édouard Branly » à Jules VIOLLE. S.l. [Paris], 4 décembre [1870]. 1 p.

1/2 in-8 sur papier pelure (envoi par ballon-monté), suscription oblitérée

avec timbre et cachet.

450 €

En pleine guerre franco-prussienne, pendant le siège de Paris, Branly cherche

à joindre son confrère physicien Jules Violle pour lui annoncer un

remboursement de la somme de 140 frs ...représentant le montant afférant au

grade de docteur es sciences... Je vous invite à faire savoir immédiatement à

M. le Doyen de ladite faculté en quel lieu du territoire français vous désirez

toucher cette somme [...]. Je ne doute pas qu’après la guerre on vous

rembourse cette somme [...]. On reçoit ici à Paris beaucoup de dépêches de

provinces. Je ne sais pas dans quelle position vous pouvez-vous trouver [...].

Je ne vous donne pas de détails sur la guerre dans la crainte que ce ne soit un

empêchement pour l’arrivée de ma lettre...

21. BRASILLACH (Robert). 1909-fusillé en 1945. Écrivain et journaliste.

20 L.A.S. « Robert Brasillach » à « Cher ami ». Du 2 octobre 1939 au 11

juin 1944 [avec une interruption pendant sa captivité en Allemagne]. Au

total 22 pp. in-8, 9 pp. 1/2 in-4 et 1 p. in-folio.

22 000 € INTÉRESSANTE CORRESPONDANCE AVEC UN AMI LYONNAIS dans laquelle Brasillach

évoque notamment ses relations avec le journal Je Suis Partout (dont il sera le

rédacteur en chef jusqu’en 1943).

La première lettre, qui inaugure cette correspondance, est datée du 2 octobre 1939, au

tout début de sa mobilisation sur le front de l’Est : il donne son adresse « lieutenant

Brasillach, Etat-Major, Secteur postal 230 » en précisant : ...Lieu calme. Canon à

l’horizon. Rabbin tout proche. Sentiments inchangés [...]. « Je Suis Partout »

continue, grâce à Charles Lesca et Alain Lautreaux. C’est un journal admirable, le

seul digne, le seul qui ne donne pas dans le bourrage de crânes, et que je lis avec un

véritable réconfort. Tous les autres journaux [...] sont ignobles et ont atteint sans

effort à la sottise la plus monstrueuse... - lui fait part de la parution de « La Guerre

d’Espagne », relate son échec au Prix Goncourt (pour les « Sept couleurs »). Dans

sa lettre du 31 décembre 39, il évoque l’homme politique roumain CORNELIU

CODREANU, dont le mouvement fut ...magnifique et d’une ampleur inouïe... Puis la

revue belge fondée par Léon Degrelle, « Rex » - le remercie pour ses cours sur La Nuit

de Tolède [un chapitre du roman Comme le Temps passe, Plon, 1936]. Le 24 mai 1940, il

12

annonce qu’il a quitté l’Alsace pour la Lorraine et vit sous terre depuis le 10 mai ...Me

voici tout à fait dans le béton... Il en appelle à Pétain et Weygand... – de retour de

captivité : tente de régler ...les drames intérieurs du journal... – Août 43 : ...La France

fasciste dans une Europe fasciste. Beau rêve ! Puisqu’il n’y a plus d’Europe fasciste...

Au journal J.S.P., on l’accuse d’être « mou », comme G. BLOND et REBATET ...Qui est

plein de raisons. Les autres sont plutôt du genre matamore... Lesca est un gangster

qui s’est très mal conduit... Déplore l’attitude de Pac [Pierre-Antoine Cousteau] et de

Rebatet qui ont cédé au pouvoir de l’argent... Le journal J.S.P., sous la plume de Pac,

...qui n’a pas de cervelle [...], a hélas ! déjà publié quelques conneries, comme je le

prévoyais. J’aurai préféré m’en tenir à ma position qui était : maintenir des principes,

mais surtout pas de prophétie... - ...Je suis contre le capitalisme, non pas en paroles,

mais en actes, et je n’aime pas qu’on m’embête – mars 44 : annonce un début de

roman à paraître dans « Révolution nationale » - S. d. : Samedi [1943-44] : il pense

qu’il pourrait lui fournir des faux papiers d’identité ...Si par hasard cela vous était

possible dites-le-moi. Je m’appellerai comme vous voudrez. Je serai né où vous

voudrez et quand vous voudrez entre 1908 et 1910. Mon signalement est 1m74,

cheveux noirs, yeux marrons, nez (dos : rect... base : norm. dimension : petite) forme

générale du visage : rond, teint mat. Et je vous envoie une photo maison ! Vous me

trouverez imprudent de vous écrire cela noir sur blanc, mais on n’ouvre pas tant de

courrier qu’on croit. Et puis après ?... Signé d’un masque (un loup) dessiné à la

plume... - avril 44 : ...La vie continue, même la mort... sous les bombardements qui

éclairent les nuits de leurs ...fusées comme des lampes de l’Apocalypse [...]. Tout ça

est de plus en plus sadique... Il termine un roman et prépare une anthologie de la

poésie grecque, tout en continuant à écrire des articles politiques quoi qu’en disent les

nationaux-socialistes de JSP. – 11 juin 1944 : Jour J + 5, écrit-il ...Quoi de plus

historiques que les jours que nous vivons... à Sens chez sa mère avec sa sœur et son

beau-frère MAURICE BARDÈCHE, continue ses recherches sur JEAN GIRAUDOUX et son

anthologie de la poésie grecque...

22. CAYLA (Zoé Talon, comtesse de Baschi du). 1785-1852. Favorite et

confidente du roi Louis XVIII. L.A.S. « T. Ctesse du Cayla » à un marquis.

S.l., 16 mai 1845. 1 p. in-8.

90 €

Curieux billet : ...Je vous prie en grace [...] d’aller dans un petit coin

dimanche prochain à St Laurent [...] à sept heures du soir, toute affaire

cessante et de me dire : oui ou non. [...] La, où Mr l’archevêque voit une

grosse caisse, pour mieux appeller (sic) à la prière, vous y verrez autre chose

encore. Déchirez ce billet après y avoir trouvé [...] ma requête, mon

ordonnance...

23. CÉLINE (Louis Ferdinand Destouches, dit). 1894-1961. Écrivain.

Manuscrit Autographe. 1 p. in-4. Ratures et corrections.

1 200 €

Fragment de manuscrit autographe D’un château l’autre. Publié en 1957 aux

éditions Gallimard, Céline y fait le récit de son séjour à Sigmaringen en

Allemagne, pendant la déroute allemande.

13

...Des vieux chapeaux de feutres à ficelles... mes femmes enceintes, ficelles

aussi, mais en sacs de jute, bourrés de paille... J’ai vu plus tard en Silésie des

personnes qui s’arrangeaient avec des pneus... Au Cameroun j’ai vu un peu

partout dans le monde des gens se passer tres bien de chaussures... après la

bombe H.V.Z ; vous verrez un peu ces nouvelles !...

24. CHAM (Amédée de Noé, dit). 1818-1879. Illustrateur, caricaturiste et

dramaturge. L.A.S. « Cham ». Paris [Batignolles], s.d., « Ce 2 décembre –

Quelle date ! ». 1 p. 1/2 in-12. Papier de deuil.

Joint : 12 croquis satiriques à la plume (l’un à la mine de plomb), la

plupart avec légendes.

220 €

...Je me risque à commettre une grosse

indiscrétion : Y aurait-il possibilité d’avoir deux

billets pour assister à une séance de la

Chambre ? [...]. De ma folle tentative, rendez-

moi, cher Monsieur, l’assurance de mes très

dévoués et meilleurs sentiments...

25. CHARCOT (Jean-Baptiste). 1867-mort en mer en 1936. Un des trois

grands explorateurs polaires français avec Dumont d’Urville et

Blosseville. L.A.S. « JB Charcot » à son collaborateur Louis Gain.

[Neuilly], 2 juin 1934. 1 p. in-4 sur papier gravé à son adresse.

250 €

Il écrit ...en hâte pour ne pas rater la dernière levée. On me téléphone de

l’Air : la place de Directeur adjoint n’existant qu’à l’O.N.M., il faut la créer

et pour cela un décret – ce qui demande du temps. Mr L.G. va donc être

nommé incessamment Sous Directeur. D’ici 15 jours ou 3 semaines l’Air

procèdera au remaniement complet de l’O.N.M. ; à ce moment la place [...]

sera créée...

14

26. CHATEAUBRIAND (François-René de). 1768-1848. Écrivain et

homme politique. L.A.S. « Chateaubriand » à « Monsieur le marquis ».

Paris, 31 mars 1822. 2 pp. 1/2 grand in-4.

2 600 € FERVENT PLAIDOYER DE

CHATEAUBRIAND EN FAVEUR

DE SON BEAU-FRÈRE HERVÉ

DU PLESSIX DE PARSCAU ;

défenseur acharné de la

cause royaliste, le comte

du Plessix était de retour

en France après plus de

vingt-ans d’exil. La chute

de Napoléon, à la suite des

Cent-jours, redonna

espoir, à ce fils d’un

officier des Vaisseaux du

roi, de réintégrer la

Navale ; nommé à Brest, il

sollicite le grade de

contre-amiral avec l’appui

de Chateaubriand : ...je

laisse mon beau-frère dans

l’attente de vos bontés, et

il les mérite à tous égards.

Si vous voulez bien vous

faire remettre sous les

yeux la pétition, vous

verrez qu’il sollicite moins

une faveur qu’une justice et qu’il peut obtenir par un article de la fatale

ordonnance ce qu’un autre article semble lui refuser, un commandant des

élèves de la Marine à Brest est obligé à une certaine représentation. Et que

peut-on faire avec cinq mille francs d’appointements. Mon malheureux beau-

frère a achevé sa ruine à ce métier, et il va être obligé de vendre son dernier

sillon. Le grade de contre-amiral, le ferait vivre et serait une faible

récompense de ses longs et fidèles services. Le Roi connaît M. du Plessis-

Parscau et l’aime ; je ne crains pas le Roi pour lui, mais vos bureaux où ont

été fabriquées les ordonnances à la St Cyr, et qui sont remplis des ennemis

des officiers de l’ancienne Marine. Je laisse mon Beau-frère, monsieur le

marquis, sous la protection de votre bienveillance et de votre justice. Dans les Mémoires d’Outre-tombe, (Livre I, Appendice, p. 547 de l’édition Biré, 1828), il est écrit : « Hervé-Louis-Joseph-Marie, comte du Plessix de Parscau, né à Landerneau le 31 mars

1762, était le fils de Louis-Guillaume, lieutenant des vaisseaux du Roi (...). En 1799, il fut envoyé par le comte d’Artois aux îles Saint-Marcouff, avec mission de recevoir, d’armer et d’équiper les

15

royalistes qui voulaient passer en Normandie pour s’aller joindre aux troupes commandées par

Frotté et le chevalier de Bruslart. De 1803 à 1807, le comte du Plesssix de Parscau se fixe à

Jersey où il continue de travailler pour la cause royale (...). La chute de Napoléon lui rouvre les portes de la France. Il y rentre après vingt-trois ans d’absence. Surviennent les Cent-Jours ;

menacé d’être arrêté, il s’exile de nouveau, conduit sa famille à Lymington et se rend à Gand, où

il présente au roi Louis XVIII deux de ses fils (...), et où il retrouve son frère, le chevalier du Plexis de Parscau, et Chateaubriand, son beau-frère. Le second retour du Roi met fin à son exil.

Nommé en 1816 capitaine de vaisseau, il reçoit le commandement des élèves de la marine à

Brest. Chevalier de Saint-Louis depuis l’émigration, il est fait commandeur de Saint-Louis en 1823, grâce sans doute à l’appui de Chateaubriand, alors ministre. Les deux beaux-frères

restèrent jusqu’à la fin dans les meilleurs termes. Le comte du Plessis Parscau fut promu en 1827

au grade de contre-amiral (...). Il est mort au château de Kergyon le 11 octobre 1831, à l’âge de soixante-neuf ans ».

27. CHÂTELET (François-Bernardin du, comte de Clermont). 1688-

1754. Gouverneur du Château de Vincennes. B.A.S. « du Chastelet » à

M. Herbeault, marchand au Palais. Vincennes, 4 mars 1739. 1 p. in-16.

Adresse. Cachet de cire rouge.

100 €

Il prie de remettre au portier ...la petite épingle d’or que j’ai demandé si l’étui

était fait il me l’enverrait et me marquerait ce qu’il faut que je suis de tout

mon cœur a lui...

28. CHEVALIER (Maurice). 1888-1972. Artiste de music-hall. L.A.S.

doublement « Maurice » et « M » à Albert Willemetz. [Londres] 3

décembre 1952. En-tête de l’Hôtel Savoy. Enveloppe affranchie.

250 €

Il sera le 16 à Marnes-la-Coquette et « sautera » l’embrasser ...Jack Hylton -

devenu un des plus importants producteurs de Londres voudrait monter une

opérette viennoise moderne. Fred Freed lui a parlé de son « Rendez-vous à

Vienne ». Ça lui a beaucoup plu et plus encore quand il a appris que je

travaillerais au texte. [...]. Si nous réussissions, je suis certain que Varna y

serait intéressé à Paris - de même que New-York – Berlin - Vienne y viendrait

par la suite. Ça peut devenir une très grosse affaire...

29. COCTEAU (Jean). 1889-1963. Écrivain, dramaturge et cinéaste.

Membre de l’Académie française. L.A.S. « Jean Cocteau » à Michaël de

Guyenro. St Jean Cap Ferrat, 17 septembre 1952. 1 p. in-folio. Enveloppe

jointe.

750 €

BELLE LETTRE : ...Hélas, votre lettre est une des nombreuses preuves d’une

société qui superpose des morales toutes faites à [un] fameux ordre de la

nature qui n’est qu’un sage désordre par lequel elle assure son économie.

Avez-vous lu Parteneau [de Max-René Hesse] un livre allemand sur le thème

qui vous hante ? L’officier est acculé au suicide par un milieu absurde. Je

suis ici avec du travail par-dessus la tête, mais je n’ai jamais refusé de tendre

16

la main à personne. Le seul obstacle à mon aide est que, pour d’autres motifs

que les vôtres (tohu bohu des n[ouve]lles) j’habite fort loin des centres actifs

et m’en éloigne chaque jour d’avantage. Gide ne vous apportera rien de

fameux. Il n’a aucune idée des forces qui se conjugent. Il fait joujou,

s’accuse de petites « fautes » et décoche le prix Nobel (Prix de vertu) pour

sa franchise. Refléchissez bien avant de mêler l’héroïsme conventionnel et

l’autre. Bien que l’impudeur des artistes s’exerce chez les aveugles...

30. COLBERT (Jean-Baptiste). 1619-1683. Homme d’État, l’un des

principaux ministres de Louis XIV. L.A.S. « Colbert » à Monsieur de

Besemeaux. S.l., 9 juin 1662. 1 p. in-8. 2 cachets de collection.

2 300 €

Se faisant le messager du Roi, Colbert demande à de Besemeaux, gouverneur

de la Bastille, de donner ...La liberté à Monsieur Jeannin de Castille de se

promener une fois le jour sur la terrasse de la Bastille et quil l’acompagne ou

le fasse acompagner par son lieutenant, comme aussy quil luy dise que sa

Majesté luy permet de parler a l’un de ses commis de ses affaires

domestiques en presence düne personne que sa Majesté nommera...

Beau-frère de Fouquet, Nicolas Jeannin de Castille fut arrêté et exilé en même

temps que lui.

31. COLETTE (Sidonie-Gabrielle). 1873-1954. Romancière. Membre de

l’Académie Goncourt. L.A.S. « Colette » à une voisine. S.l.n.d. [Paris]. 1 p.

in-8 sur papier orné d’une dentelle dorée entremêlée de roses.

600 €

Charmant billet ornementé : ...Bonne

Pâques, chère voisine-amie ! Vos

amis-voisins vous embrassent de tout

cœur...

32. COLETTE (Sidonie-Gabrielle).

1873-1954. Romancière. Membre de

l’Académie Goncourt. L.A.S.

« Votre vieille amie, Colette » [à

Jeanne Pouquet]. Paris, 33 avenue

des Champs-Elysées, s.d. 1 p. 3/4 in-

4 sur bleu. Enveloppe jointe.

680 €

CHARMANTE LETTRE À JEANNE POUQUET,

la veuve d’Armand de Caillavet, (tous

deux furent de grands amis de Marcel

Proust).

Au sujet de « Divine », le film de Max

Ophüls d’après un scénario de Colette.

17

La romancière se sent vivement embarrassée ...Non seulement j’ai mon boulot

habituel, mais en ce moment les constructeurs de Divine m’appellent très

souvent au studio de Billancourt « Venez cinq minutes... Vous ne resterez

qu’une demi-heure... Votre présence est absolument nécessaire... ». J’y vais,

de mauvaise grâce – et la journée est fichue. Dans quelques jours, ils vont

aller tourner les extérieurs du côté de Gambais et, je serai moins harcelée,

voulez-vous que nous attendions jusque-là ? Ce n’est pas l’envie de vous voir,

tous, qui me manque. [...] Pas trouvé Volterra au bout du fil... [il s’agit de Léon

Volterra, un impresario parisien].

33. COPEAU (Jacques). 1879-1949. Écrivain et acteur. L.A.S. « Jacques

Copeau » à un ami. Pernand-Vergelesses, Côte d’Or, 31 décembre 1928. 1

p. 1/2 in-8.

250 €

...Faut-il confesser de si noirs sentiments ? Quand j’ai appris que votre

galantissime ( ?) était allé retrouver l’ombre de Darius, je m’en suis réjoui

pour vous. Et je vois que je n’avais pas tort... Que ces bonnes nouvelles me

font plaisir... Jacques Copeau le remercie ensuite ...pour ses vœux... lui

souhaite à son tour une bonne année. Il achève sa lettre en lui annonçant

...Suzanne Bing vient d’être opérée. Elle se remet bien. Heureusement. Je

serai à Paris en février je pense. On se verra...

34. COURTELINE (Georges Moinaux, dit Georges). 1858-1929.

Romancier et dramaturge, élu à l’académie Goncourt en 1926. L.A.S.

« G. Courteline » à « Mon cher ami ». S.l.n.d. 2 pp. petit in-8.

350 €

…L’invitation de Mme Charpentier ne m’est pas parvenue ; sans quoi tu

penses bien que j’y aurais déjà répondu. Le pis est que j’ignore l’adresse de

Charpentier, en sorte que je ne suis même pas en mesure de réparer mon

impolitesse involontaire… Il compte donc sur son ami pour présenter des

excuses en son nom : …ne sachant rien, j’ai moi-même invité quelques

camarades à venir diner à Montmartre, à telle enseigne que j’ai décliné le

dîner du Prix de Rhum [jeu de mot sur « Prix de Rome »]...

35. COUSIN (Victor). 1792-1867. Philosophe et homme politique. L.A.S.

« V. Cousin » à Jean Philibert Damiron, son élève en philosophie. S.l.n.d.

3/4 p. in-12. Suscription.

100 €

...Je suis arrivé ce soir, pour te consulter sur un article que je n’ose

aventurer. Viens me voir demain matin je te prie d’aussi bonne heure que tu

voudras ou pourras. Si tu l’aimes mieux, j’irai chez toi. Dis moi ton heure...

18

36. CURNONSKY (Maurice Saillant, dit). 1872-1946. Écrivain,

surnommé « le Prince des Gastronomes ». L.A.S. « Curnonsky » [à Henri

Gonse]. S.l., 17 février 1924. 1 p. in-8.

490 €

CHARMANTE LETTRE AU DIPLOMATE HENRI GONSE : …Je ne vous ai point oublié,

croyez-le, non plus que cette belle soirée, magnifiée par le souffle des

Grandes Orgues [...]. J’ai en effet beaucoup connu et beaucoup aimé ce

délicieux Jean de Tinan, qui eût été le meilleur chroniqueur de notre époque.

Ce me sera une grande joie de vous revoir et de causer avec vous, autour de

son souvenir. Mais je suis malheureusement contraint à de continuels

déplacements par ce Guide de la France gastronomique, commencé il y a

deux ans et qui n’est encore qu’à moitié fait…

37. D’ANNUNZIO (Gabriele). 1863-1938. Écrivain italien. TÉLÉGRAMME

ADRESSÉ À ROBERT DE FLERS, au « Figaro, Rond-Point des Champs-

Élysées ». Gardonne Riviera [au bord du Lac de Garde], 24 mai 1927. 2

pp. in-8. Cachets postaux. (publicité Peugeot).

290 € TRÈS BEAU TEXTE ADRESSÉ PAR TÉLÉGRAMME au comte ROBERT DE

FLERS (un grand ami de Marcel Proust). D’Annunzio, en francophile militant,

engagé avec force dans l’action pendant la Première Guerre mondiale, célèbre

par cette missive à Robert de Flers, journaliste au Figaro, son engagement et

celui de l’Italie aux côtés des Alliés : ...A la parole généreuse que vous

m’avez adressée de Rome, il me plaît de répondre en ce douzième

anniversaire d’un grand jour qui vit prévaloir contre tant de forces obscures

mon clair amour de la France. Mes vœux de combattant et d’écrivain sont

toujours les mêmes. Je fus en 1914 le premier à écrire ces trois mots, le

miracle français. Je suis en grande attente du nouveau miracle... Le rôle de Gabriele d’Annunzio dans l'intervention de l'Italie aux côtés des Alliés est trop connu pour qu'il soit besoin d'y revenir, sinon pour rappeler, sur le plan littéraire, qu'il a inspiré, en

français, l'Ode pour la résurrection latine et, en italien, les pages admirables de l'Envoi à la

France (1916) – qui sert de postface à La Léda sans cygne et évoque la France meurtrie et ses champs de bataille au cours des deux premières années de la guerre...

38. DAUDET (Léon). 1868-1942. Écrivain, journaliste et homme

politique. M.A.S. « Léon Daudet » intitulé « Une Dame du monde ». S.d.,

8 pp. in-folio

550 €

Portrait au vitriol d’une femme du monde : ...Madame Poussin Lebirbé était

une demoiselle Vorellet, de la fameuse distillerie Vorellet qui a plus

empoisonné de Français jeunes et vieux que n’en empoisonnèrent depuis

trente ans les harangues des sombres crétins de la politique. Sa fortune lui

permit à l’âge de vingt-cinq ans d’épouser Poussin Lebirbé qui en avait

quarante, battait la dèche comme on bat un tapis... Dans le royaume des

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apparences et de la vanité ...On marchait en clabaudant et c’étai la maussade

compagnie de quelques oisifs fameux, capables de parler sur tout sans être

renseigné sur quoi que ce soit...

39. DAVID D’ANGERS (Pierre Jean David, dit). 1788-1856. Sculpteur et

graveur-médailleur. L.A.S. « David d’Angers » au « citoyen Vidal

représentant du Peuple ». Paris, 17 mars 1850. 1 p. petit in-4.

290 €

…Mon ami Depotter me charge de vous remettre de sa part une brochure

qu’il vient de faire paraître sur le Socialisme et qu’il vous adresse comme à

l’un des plus éminents de nos publicistes… commence David d’Angers qui

saisit l’occasion pour dire à son correspondant …la satisfaction qu’éprouvent

tous les Républicains de voir appeler à défendre les droits du Peuple et la

République…

40. DEBUSSY (Claude). 1862-1918. Compositeur. L.A.S. « Claude

Debussy » au compositeur suisse ERNEST BLOCH. Paris, 26 avril 1907. 1

p. 1/4 grand in-8. Enveloppe affranchie.

4 900 €

Debussy avait fait la connaissance de son homologue suisse Ernest Bloch en

1903. Le compositeur presse Bloch de lui accorder un rendez-vous …Si cela

ne devait vous paraître par trop chimérique, je vous dirais que, de mon côté,

j’ai « énormément » besoin de vous voir ? J’ai laissé, par mon attitude, tant

de doutes s’accumulé (sic), qu’il n’y a qu’une bonne causerie avec vous qui

pourra éclaircir une situation à laquelle nous avons tous les droits de ne rien

comprendre… Il l’invite pour le lendemain samedi …à 4 h ou préférez-vous

Dimanche à la même heure. Je vous attendrai ces deux jours là… Debussy semble avoir à cœur de régler au plus vite un différend. S’agit-il de ce qui l’opposa un

temps à leur ami commun Godet (également musicien suisse) qui, lors de la séparation de Debussy d’avec sa première épouse Lilly, prit son parti contre celui de Debussy ?

Le compositeur, violoniste, et chef d'orchestre ERNEST BLOCH [1880-1959] est un musicien

suisse naturalisé américain. Il étudia à Genève, à Bruxelles avec Eugène Ysaÿe, à Francfort et Munich. De passage à Paris en 1903, il fit la connaissance de Claude Debussy. Émigré en 1916

aux États-Unis, il y fit une belle carrière de pédagogue avant de devenir directeur du conservatoire de San Francisco. À la fin de sa vie, il fut promu à la prestigieuse Université de

Berkeley en Californie.

41. DEKOBRA (Ernest-Maurice Tessier, dit Maurice). 1885-1973. Grand

reporter, romancier, auteur dramatique, poète, et traducteur. Manuscrit

Autographe Signé « Maurice Dekobra » et titré « Voyager ». S.l.n.d. 2 pp.

1/4 in-4.

290 €

Pensées et anecdotes sur le voyage : …Voyager est-il un art, comme la

musique, la peinture, le bridge et la rumba ? Certes. […] Aujourd’hui c’est la

rhapsodie enfiévrée des locomotives, la sonate des tri-moteurs et la berceuse

20

des grands paquebots type Normandie. – Voyager seul, c’est le rêve. Voyager

à deux, c’est un risque. Voyager en groupe, c’est une calamité. Il y a deux

choses qu’on risque de perdre en voyageant ; les clefs de ses malles et ses

bonnes habitudes […]. Un jour à bord d’un paquebot des Messageries

Mauliner, entre Singapour et Hong-Kong, on me raconta l’aventure du

Commodore Hickson, naufragé dans un ilôt (sic) du Pacifique, de l’archipel

des Marquises… C’était l’île Bobo. Pendant près d’un an, le Commodore

vécut solitaire sur son île. Un matin, il eut la curiosité d’aller visiter en

pirogue une petit île voisine et fut stupéfait de constater qu’elle était habitée

par une ravissante Anglaise, naufragée comme lui… Grand voyageur et romancier cosmopolite, Dekobra obtint un succès d’estime avec ses romans

Madone des sleepings, ou encore Macao, l'enfer du jeu, porté à l'écran par Jean Delannoy.

42. DELARUE-MARDRUS (Lucie). 1880-1945. Poétesse. Amante de

Nathalie Clifford-Barney. Poème A.S. « Lucie Delarue-Mardrus »

intitulé « Calendrier ». S.l.n.d. [1940]. 3/4 p. in-folio.

220 €

Ce poème, réflexion sur les jours à venir, est composé d’octo et décasyllabes :

...Calendrier, article de bazar / Qu’on achète avec d’autres choses, /

Saugrenue image sans art [...] / Que laissera dans notre souvenir, / A travers

temps chaud et gelée, / Cette bobine encore roulée / Qu’attends l’écran de

l’avenir ? / Fatalité, date de cette terre, / Minutes, jours, semaines, mois, /

1940, Ô mystère, / Que tu pèses peu dans les doigts !...

43. DESCHANEL (Paul). 1855-1922. Homme d’État. L.A.S. « Paul

Deschanel ». 2 pp. in-12. En-tête de la Chambre des Députés.

50 €

...Je trouve votre lettre en rentrant de Paris. Je n’attache moi-même, croyez-

le bien, aucune importance à cette histoire ( ?). Mais j’ai cru utile de vous

signaler un écart qui, vous le reconnaîtrez avec moi, passe les limites

permises !...

44. DORGELÈS (Roland Lecavelé, dit Roland). 1885-1973. Journaliste et

écrivain. Membre de l’Académie Goncourt. Dédicace A.S. « Roland

Dorgelès » adressée « à Eugène Petit » SUR UN MENU DE L’HÔTEL DE LA

COURONNE À ROUEN. [Rouen], 11 novembre 1938. 1 p. in-4 oblong.

130 €

À l’occasion de la célébration du XXème anniversaire de l’Armistice de la

Première Guerre mondiale, Dorgelès adresse ces quelques mots : ...vingt ans

après le retour – derrière une cuisine roulante que le régiment n’avait pas...

45. ÉLISABETH DE ROUMANIE (Élisabeth de WIED, de son nom de

plume CARMEN SYLVA). 1843-1916. REINE DE ROUMANIE DE 1881 À 1914.

21

Photographie en noir et blanc, signée « Elisabeth » en bas à droite.

Contrecollée sur carton. Des studios FRANZ MANDY, [Franz Mandy

(1848-1910) était photographe de la Maison Royale à Bucarest].

Dimensions : 273 mm x 208 mm.

110 €

La Reine est représentée assise dans sa bibliothèque, en train de lire, vêtue

d’une robe de velours brodé de dentelles. La reine Élisabeth, sous le

pseudonyme de Carmen Sylva, écrivit des poèmes, contes et contribua au

travail important de collecte de légendes populaires roumaines.

46. FLAUBERT (Gustave). 1821-1880. Écrivain. L.A.S. « G. Flaubert » à

« Mon cher ami » [Émile Augier ou Paul de Saint-Victor ?]. S.l.n.d.

[1855-69]. 1 p. in-8 sur papier bleu. Annoté en pied (d’une autre main) :

« 42 Bd du Temple ». LETTRE INÉDITE.

4 400 €

...Voulez-vous que nous

allions ensemble chez Me

[Mme] de Grigneuseville,

Samedi prochain à 8h 1/2

du soir. J’irais vous

chercher au theatre. Si vous

ne pouviez Samedi, ce serait

pour Dimanche. Mais je

prefère samedi. Et si vous

me promettez serez-vous

exact ?... En 1855, Flaubert s’installait au 42 bd du Temple, adresse qu’il quittera

en 1869, devenue trop onéreuse,

pour le N° 4 rue Murillo. On ne connaît que fort peu sur Madame

Augusta Rampal, comtesse de Grigneuseville, près de Rouen.

Gustave Flaubert lui envoya une

cinquantaine de lettres. Jean Bruneau, remarque à son sujet,

dans la Correspondance de Flaubert

(Pléiade, vol. II, note 1 page 1233),

en appendice d’une lettre de Louise

Colet à Flaubert du 6 janvier 1854 :

« Le comte de Toulouse-Lautrec prépare un ouvrage sur cette figure

de femme très curieuse et très

attachante... »...

22

47. FRESNAY (Pierre Laudenbach, dit Pierre). 1897-1975. Acteur.

L.A.S. « Pierre Fresnay » à Albert Dubeux. Neuilly, 2 novembre 1953. 3

pp. in-12 carré.

180 €

Toujours débordé, Fresnay cherche ...au milieu d’un plan de travail

extrêmement serré pour ce film sombre et exténuant [...], une journée à vous

consacrer... À son travail et à ses obligations s’ajoutent ...les soucis qu’un

stupide accident m’a causé pour la santé d’Yvonne Printemps. Une griffe de

chat, très superficielle, s’est envenimée et aurait pu avoir des conséquences

sérieuses sans une vigoureuse intervention aux antibiotiques... Ce qui

explique qu’Yvonne Printemps n’ait pu le remercier de sa collaboration à

L’Impromptu de Neuilly.

48. GAGNE (Etienne-Paulin). 1808-1876. Avocat, poète et écrivain.

L.A.S. « Gagne, avocat, Citoyen du peuple universel » à « Monsieur Jules

Simon, député » de la part du COMITÉ SAUVEUR DE LA PAIX. Paris, 18

juin 1870. 2 pp. 1/2 in-8.

350 €

...J’ai plus que tout autre le droit et le devoir de faire tonner la voix du sens

commun, puisque je suis fou, dit-on !... Vous avez justement condamné la

guerre avant qu’elle ne fût déclarée ; il y a cent fois plus de motifs pour la

condamner et la flétrir aujourd’hui, puisqu’il est prouvé que nous n’étions

pas prêts et que la France risque de tout perdre !... Cependant, quand il

faudrait soudain forcer l’Empereur à demander la paix, c’est vous et tous les

députés de la gauche qui poussez le plus à la guerre !!!!!! Permettez-moi de

vous dire respectueusement, qu’en agissant ainsi vous faites un acte

d’héroïque démence inconcevable : vous soutenez la dynastie que vous voulez

renverser !! Vous encouragez la barbarie de l’infernale guerre !!! Vous êtes

traitre à la patrie et à l’humanité !!! vous vous montrez lâche envers la

France en pleurs [...]. J’ose dire que vous êtes un père parricide !!!... Il

appelle son correspondant à se racheter une bonne conscience : ...formez le

Comité Sauveur de la paix ! osez avoir le courage sacré de l’humanité toute

entière !!! prenez garde si vous ne demandez pas la paix, le peuple Souverain

déclarera demain, que vous êtes plus coupable que ceux qui ont déclaré la

guerre !!... La carrière d’Etienne Gagne oscilla entre le Barreau et l’écriture qui le mena à la direction de

journaux (le Journal de Montélimar, L’Espérance). Son œuvre en prose et en vers s’orienta vers un spiritisme qui donna à ses publications un ton souvent excentrique (Le Congrès sauveur des

peuples et des rois, 1864 ; La Grévéide, 1865, etc.). Dans le même temps, il se fit remarquer par

des proclamations électorales au ton vif et acerbe, souvent fantaisistes, où il se prétendait « candidat perpétuel recommandé par Dieu » ou encore « avocat des fous ». Il fit le bonheur des

caricaturistes de l’époque, Cham, Gill, Bertall.

23

49. GANCE (Abel). 1889-1981. Cinéaste. Photographie en noir et blanc

représentant le cinéaste, avec un texte autographe signé « Abel Gance ».

dim. : 23,5 cm x 17,5 cm.

300 €

Belle dédicace à Jean Ledrut : ...Paraphrasant Beethoven parlant à Napoléon,

Jean Ledrut peut dire avec humour : « Quel dommage qu’Abel Gance ne fasse pas de

musique : je le battrais ». Et c’est sans doute pourquoi nous avons mis en commun nos

armes réciproques : moi, mes images et mes dialogues. Lui sa chaude musique,

colorée et puissante pour essayer de gagner ensemble la bataille d’Austerlitz... Jean Ledrut (1902-1982) fut le compositeur de la musique du film d’Abel Gance Austerlitz (1960).

50. GAULLE (Charles de). 1890-1970. Général. Président de la

République française de 1959 à 1969. Lettre dactylographiée Signée « Ch.

de Gaulle » à Madame Robert Marty de Charpal. S.l., 16 avril 1953. 1 p.

in-4 gravé à son nom.

750 €

Le Général de Gaulle lui adresse ses compliments ...à l’occasion des

fiançailles de votre fils André-Georges... Il s’emploiera à lui apporter une aide

nécessaire et mande son ...Cabinet de voir ce qui peut être fait pour l’aider

dans ses recherches...

51. GOUNOD (Charles). 1818-1893. Compositeur. L.A.S. « Ch. Gounod »

à « Mon cher Hartmann » [l’éditeur de musique Georges Hartmann].

[Paris], 27 mars 1888. 2 pp. 1/2 in-12.

480 €

…Le Cardinal Archevêque de Reims s’inquiète vivement au sujet des études

de la Messe, et commence à concevoir des craintes sérieuses sur l’exécution,

par suite du retard énorme apporté à l’envoi des parties vocales […].

Songez-y mon cher, vous compromettez l’avenir de cette Messe : les études

seront insuffisantes et l’exécution mauvaise. Je vous le répète, songez-y. C’est

grave !... En juillet 1887, Gounod avait dirigé sa Messe à la mémoire de Jeanne d’Arc précédée d’un

prélude avec fanfare dans la cathédrale de Reims.

52. GRANDE MADEMOISELLE. ANNE MARIE LOUISE

D’ORLÉANS, PRINCESSE DE MONTPENSIER, dite La). Née au

Louvre. 1627-1693. Petite-fille d’Henri IV, fille du frère de Louis XIII,

Gaston de France et de Marie de Bourbon, COUSINE GERMAINE DE LOUIS

XIV. L.A.S. « Anne Marie Louise Dorleans » AU CARDINAL MAZARIN.

Paris, 11 juin 1658. 4 pp. in-4.

3 400 €

RARE ET BELLE LETTRE AU CARDINAL MAZARIN, dans laquelle « La Grande

Mademoiselle » l’assure de son amitié et rend compte des derniers

événements de sa vie : ...Rien ne peut donner plus de joie que la prospérité

24

des armes du Roy et je supplie très humblement V.E. de croire que celle que

je sais qu’elle en visait (?) m’est sensible au dernier point et que la plus

grande satisfaction que je puisse avoir est de voir succéder les choses que

votre Excellence entreprend aussi heureusement qu’elles font. Je pense

qu’elle est bien persuadée de cette vérité et qu’elle me fait bien la justice de

me croire son amie par reconnaissance et par inclination...

Elle souhaiterait se rendre à Forges-les-Eaux, station thermale à la mode, pour

ses eaux ferrugineuses, ...J’attends le beau temps avec la dernière impatience

pour m’en aller à Forges, en ayant beaucoup d’aller après la Cour, mais le

temps n’a pas de complaisance pour moi. Le séjour que Monsieur [son père]

a fait à Orléans a été si court et si incertain que je n’ai pu l’aller voir. Je ne

sais encore ce qu’il plaira à Mlle de Guise de faire quoique je la fasse sans

cesse solliciter de s’accommoder... Voilà, dit-elle, le ...rendu compte en peu

de mots à V.E. de tout ce qui passe ici à mon égard. Il m’est un grand

avantage qu’elle me fasse l’honneur de trouver bon que j’en use ainsi... Marie Louise d’Orléans, duchesse de Montpensier, tire son nom de « Grande Mademoiselle » de

son père Gaston de France, frère

du roi Louis XIII et à ce titre, «

Grand Monsieur ». Pendant la Fronde,

mécontentement populaire qui

débute en 1648, elle choisit de rejoindre son père qui lutte

contre la monarchie absolue. Le

2 juillet 1652, la frondeuse fait tirer sur les troupes royales

depuis la forteresse de La

Bastille. Grâce à son action, le prince de Condé, est sauvé.

Déclenchant la colère du Roi, la

Grande Mademoiselle est envoyée sur ses terres de Saint-

Fargeau, dans l’Yonne, jusqu’en

1657, date à laquelle elle réintègre la Cour.

Elle rédigea ses Mémoires, restés un précieux témoignage sur la

vie royale pour les historiens,

inspirés des Mémoires de Marguerite de Valois, qu’elle

admirait. Grande amie de Mme

de Sévigné et de Mme de La Fayette, dans sa jeunesse elle

avait fréquenté, comme celles-ci, l’Hôtel de Rambouillet.

53. GROULT (Benoîte). 1920-2016. Journaliste, romancière et militante

féministe. L.A.S. « Benoîte » à Roger Pillaudin. S.l., 8 août, s.d. 1 p. 1/2

in-8.

25

80 €

À la veille de partir en Irlande, elle le prie de faire suivre une lettre ...à votre

cameraman Bernard X, que je voulais remercier pour ses images. J’avais

téléphoné à votre mère pour donner l’accord de Minkowski mais vous ne

m’avez pas rappelée pour me dire qui seraient mes adversaires !...

54. GUILBERT (Yvette). 1865-1944. Chanteuse de café-concert. Célèbre

par les portraits que Toulouse-Lautrec fit d’elle. L.A.S. « Yvette

Guilbert » à Mme Le Canu, chef du service des émissions de variétés à la

Radiodiffusion française (S.l., 27 octobre 1939, 2 pp. in-4) et réponse de

Mme Le Canu (L. dactylographiée S., Paris, 14 novembre 1939 ; 1 p. in-4

sur papier à en-tête).

380 €

La lettre accompagne l’envoi de deux textes dactylographiés et annotés

[joints] : ...Voila mes textes, choisis pour toutes les sortes de rates ! et

pensivement rassemblés pour pénétrer chez plusieurs sortes de gens [...]. Il

me faudra dès le reçu du Oui de la censure [la France est en guerre depuis le 3

septembre 1939] 15 à 20 jours de travail musical pour les saynetes chantées

(celle du nez et de la bouche surtout). Donc si vous aviez une date possible...

faites une risette à vos censeurs pour qu’ils lisent vite mes papiers que j’en

commence la muse en « notes » ?...

La réponse de Mme Le Canu, sèche et administrative, lui oppose un

refus : ...on me demande maintenant des Emissions gaies. Je vous prie donc

de bien vouloir m’envoyer des projets dans ce sens... Les deux textes dactylographiés sont chacun signés en tête. Il s’agit de saynètes

chantées de Desaugiers : La bouche et le nez et Les voisines du village de Chaillot.

55. GUILLAUME IV (William Henri). 1765-1837. Roi de Grande-

Bretagne, d'Irlande et de Hanovre du 26 juin 1830 jusqu'à sa mort.

Lettre Signée «Your Majesty’s Good brother William R.», en anglais, à

la REINE DE FRANCE MARIE-AMÉLIE DE BOURBON, épouse du

roi Louis-Philippe 1er. Saint-James [Londres], 5 décembre 1834. 1 p. in-4.

Papier de deuil, adresse avec 2 cachets armoriés de cire noire (intacts)

sur lacs de soie noire au verso.

250 €

Le roi William IV d’Angleterre informe la reine Marie-Amélie du décès du

duc de Gloucester, son beau-frère et cousin : ...L'intérêt que votre Majesté

prend constamment dans chaque événement affectant mon bonheur et celui de

ma famille royale, me donne la pleine assurance de votre sympathie...

On joint une L.A.S. de son épouse, Adélaïde de Saxe-Meiningen, adressée à

la princesse de Lieven. St James [Londres], sans date ; 2 pp. 1/2 in-12, en

français. Elle regrette que la princesse, souffrante, ne puisse assister à un bal

et ajoute : ...je trouve Londres bien chaud et insupportable après le bel air de

26

campagne et je me sens comme un oiseau dans sa cage entre les murs de cet

ancien Palais...

56. HENNER (Jean-Jacques). 1829-1905. Peintre. Grand prix de Rome

(1858). Membre de l’Académie des Beaux-Arts. L.A.S. « JJ Henner » à

« Chère Princesse ». S.l.n.d. 3 pp. in-12.

100 €

Henner tient à la rassurer ...Je vais mieux et reviens à mon atelier. Le

catalogue est bien [...] mais la biographie est trop bien c’est un petit bijou

mais tellement au dessus de ma petite personne qu’on va se moquer de moi.

Une chose cependant que je veux vous prier d’effacer c’est que je sois si riche

le plus riche des peintres. [...] Je n’ai fait qu’effleurer la notice et en

rougissant...

57. [HENRI IV]. CORISANDE (Diane d’ANDOINS, comtesse de Guiche,

dite La Belle Corisande). 1554-1621. Maîtresse d’Henri IV. L.S.

« Corisande d’Andoyns ». Paris, 7 février 1605. 2 pp. in-folio.

1 600 €

Diane d’Andoins donne pouvoir à maître Gaillard Dulong son procureur dans

le pays de Béarn et la baronnie de Hagetmau, pour bailler à ferme, au plus

offrant et dernier enchérisseur, le revenu des seigneuries de La Hitte,

Aurignac, Gaiges et du moulin d’Erdizais...

...haute et puissante dame, dame Corisande d’Andouins, comtesse de Guisses,

baronne de Hagetmau,

dame de La Hitte, Aurignac

et Gaiges, et autres places,

estans de present en ceste

ville de Paris ; laquelle a

faict et constitué son

procureur general et

special maitre Gaillard

Dulong, son procureur au

pais de Bearn [...] auquel

ladicte dame a donné et

donne pouvoir et puissance

de se transporter au pais

de conté de Bigorre, et la,

faire proclamer es esgases

parechialles que le revenu

desdictes baronnie et

seigneuries de La Hitte,

Aurignac et Gaiges et

moulin d’Erdizais leurs

27

apartenences [...] soit a bailler a ferme au plus offrans et dernier

encherisseur... Faict et passé en la maison en laquelle ladicte dame est de

present demeurans size a Paris, rue Saint-Denis pres l’eglise Saint-Jacques

de l’hospital... Femme réputée d’une grande beauté et d’une vaste culture (elle est en relation avec Montaigne qui lui dédicace dans ses Essais 29 sonnets de la Boétie), Diane d’Andoins adoptera le surnom de

Corisande, en souvenir de l’héroïne d’Amadis de Gaule. Elle inspira à Henri IV un amour qui

s’exprima d’une manière épistolaire jusqu’en 1592. Henri l’associa à ses affaires militaires et politiques. Il lui écrivit « avec son sang » la promesse de l’épouser, anecdote rapportée par

Agrippa d’Aubigné.

58. HOOD (Samuel, 1er vicomte). 1724-1816. Amiral anglais. L.A.S.

«Hood», en anglais, adressée à Perkins Magra, consul d’Angleterre à

Tunis. « Victory Road of Toulon », 8 septembre 1793. 4 pp. in-folio.

3 800 €

PRÉCIEUX DOCUMENT HISTORIQUE.

Longue lettre, annotée en haut et, à gauche de la 1ère page, …secret et

confidential…

L’Amiral Hood, qui commande la flotte anglaise dans la rade de Toulon,

rédige, à bord du Victory, un rapport pour le Consul d’Angleterre ... cette

lettre vous sera remise par le capitaine d’un navire que le Commodore Linzee

a, sur mon ordre, dépêché de la baie de Tunis [...]. Il me vient à l’esprit que

vous pourriez donner quelque argent au Bey pour l’inciter à oublier la

neutralité de son port, ou même de déclarer la guerre à la France,

maintenant que ce pays est dans un état lamentable, complètement affaibli

et sans aucune sorte de gouvernement...

Il fait part des dispositions qu’il a prises pour ...garder les ports de Toulon et

Marseille si efficacement que les habitants meurent de faim... et suggère

ensuite à son correspondant ...pour tenter le Bey, d’autoriser le Commodore

Linzee à capturer tous les bateaux français, s’il ne déclare pas la guerre à

la France. Je sais que vous ferez tout ce que vous pourrez, et si vous deviez

offrir au Bey, deux des Corvettes ou une frégate et une corvette, je pense

qu’il pourrait être enclin à manifester son amitié aux Anglais... Ainsi ne

pourrait-il pas se rendre maître d’un bon nombre de Français pour ... en

tirer une bonne somme la paix revenue, événement que j’espère proche...

L’amiral ne doute pas de son succès, ...Les Toulonnais ayant proclamé Louis

XVII leur Roi légitime et lui ayant fait allégeance, j’ai pénétré dans le port le

29 août avec la flotte de S.M. sous mon commandement et suivi par la flotte

espagnole...

On sait ce qui advint finalement du siège : Bonaparte prit le commandement

de l’artillerie et entra dans Toulon le 19 décembre 1793 à 7 heures du matin.

59. HUGO (Victor). 1802-1885. Écrivain, poète et dramaturge. L.A.S.

« Victor Hugo ». S.l., 21 septembre [1848]. 1 p. in-8.

28

3 200 €

...Hélas, Monsieur, quoiqu’en dise votre charmante et touchante lettre, je ne

suis rien, pas même président de cette commission,

pas même membre ! MM. Les républicains de la

veille et du lendemain m’en ont soigneusement

écarté. La commission qui siège au ministère de

l’Instruction publique et qu’il ne faut pas confondre

avec celle du ministère de l’Intérieur [...] a pour

président un homme d’ailleurs bien distingué et qui

vous accueillera à bras ouverts, M. le duc de Luynes,

écrivez-lui... [...] ; à nous trois nous réussirons

peut-être... Honoré d’Albert, duc de Luynes, présida plusieurs

commissions dans les mois qui suivirent la révolution de

1848.

60. [HUGO]. FOUCHER (Julie). 1822-1905. La

plus jeune sœur d’Adèle, l’épouse de Victor Hugo.

L.A.S. « Julie » à sa sœur Adèle Hugo ? S.l.n.d. 4

pp. in-8.

150 €

Très rare lettre de la jeune sœur d’Adèle Hugo : c’est avec impatience qu’elle

attendait des nouvelles ...de notre petit prisonnier. Quel courage ! Quelle

patience ! Pauvre Charles !...

Son oncle a pris toutes les dispositions pour faciliter son prochain voyage, et

elle en profitera pour les saluer en passant par Paris... Son concours ...s’est

passé merveilleusement bien [...]. Victor (son frère, né en 1802) est absent

depuis assez longtemps, j’espère le voir dimanche. Mélanie l’a remplacé en

venant me voir. La belle C. est partie déjà depuis quelque temps pour la

Suisse, elle passe sa vie en congé... Mlle Dechorties ( ?) est bien fâchée de ne

pas te voir d’ici les vacances. Elle te dit les choses les plus aimables ainsi

qu’à Adèle... En p.s. elle ajoute : ...J’ai reçu une charmante lettre du Général

Hugo... Julie FOUCHER (1822-1905), est la plus jeune sœur de madame Adèle Hugo. Elle est élevée à la Maison de la Légion d’Honneur, où elle devient ensuite elle-même éducatrice pendant de

nombreuses années. Elle épouse sur le tard le graveur Paul Chenay. Installée à Guernesey en

1860, elle tient le rôle de gouvernante de Hauteville House, aidant aussi à la copie des manuscrits

de Victor Hugo, notamment des Misérables.

61. HUMBOLDT (Alexandre de). 1769-1859. Astronome, naturaliste,

géographe et explorateur allemand. Par la qualité des relevés effectués

lors de ses expéditions, il a fondé les bases des explorations scientifiques.

L.A.S. « Al Humboldt » à ACHILLE VALENCIENNES, PROFESSEUR AU

MUSEUM D’HISTOIRE NATURELLE. S.l.n.d. (septembre 1842 ?) 1 p. 1/3 in-

8. Joint : portrait de Humboldt.

29

700 €

Humboldt adresse à son ami Achille Valenciennes, zoologiste au Museum,

les questions à transmettre à Pierre-Médard Diard (naturaliste et explorateur).

Il souhaite savoir ...1° si dans toute la double serie (?) des volcans ou Hautes

cimes de Java il n’y a aucune cime qui conserve la neige pendant tout l’été et

quelle est la hauteur de la cime la plus élevée... À Java, la ...limite des neiges

perpétuelles devrait être à 2460 toises et sans doute aucun de ses sommets

n’atteint cette hauteur ; 2° S’il est vrai qu’a Sumatra le Gunong Pasam [sic

pour Gunung Pasaman], [...] 13842 piés anglais ou 2155 toises est couvert de

neige pendant l’été. Je suis bien pressé pour une réponse à cause de mes

épreuves...

62. JACOB (Max). 1876-1944 [mort au Camp de Drancy]. Poète,

romancier, peintre. MANUSCRIT AUTOGRAPHE intitulé Le Paradis. 2 pp.

in-4.

1 400 €

Superbe méditation « écrite lisiblement pour Paul AUDOYER », évoquant sa

vision du Christ : …Par une lumineuse matinée du Midi de la France, ou de

l’Italie, hantée par des anges voltigeant au dessus d’arbres en fleurs, nous

sommes arrivés hors du Temps. Insondables vallées qui ne cachent que des

paysages toujours plus beaux ! De fabuleux oiseaux pleins d’intelligence y

chantent la gloire de Dieu [...]. Lors de mon apparition de 1909 –

enchantement qui me déshabilla de la chair et de la bêtise – j’ai vu un jeune

homme qui ressemblait à N.S.J.C. [Notre Seigneur Jésus Christ] dans un

vaste paysage que j’avais moi-même peint jadis […]. Si la parole de Dieu

est une certitude – et elle l’est car il ne peut ni se tromper, ni nous tromper – les habitants de la lumière ont une omniscience ou presque et à des degrés

différents […]. « Il y a plusieurs demeures dans le royaume de Mon Père »

dit le Seigneur. Ce mot signifie qu’il y a plusieurs manières de jouir de la

grâce et du bonheur céleste. Certains élus, immobiles dans une volupté

céleste contemplent Dieu attachés à son Regard, possédés par une

jouissance béatifique. D’autres continuent leur vie terrestre en y réalisant

un idéal entrevu ici bas. D’autres méditent sans fatigue. D’autres se

promènent et se reposent, affidés à une définitive connaissance. Que faut-il

faire pour s’éployer à de tels délices ? Aimer Dieu et son prochain ! Non par

de vains élans trompeurs mais par de continuels sacrifices. Se priver de ce

qui déplait à Dieu comme les impudicités, les mangeailles, les mensonges, les

médisances, etc. Rechercher les occasions d’être utile, bienfaisant ;

s’instruire de la manière de le servir, pratiquer la méditation, l’oraison,

examiner sa conscience, rougir de ses fautes... Un événement important allait bouleverser la vie du poète, devenu célèbre depuis la publication

du Cornet à dés : le 7 octobre 1909, il vit sur l’un des murs de sa chambre, au cours d’une apparition dont il raconta ensuite l’histoire dans La Défense de Tartufe le corps du Christ. Dès ce

moment, il scella par le baptême son union définitive au catholicisme.

30

63. JOURDAN (Jean-Baptiste, comte de). 1762-1833. Militaire, il

participa avec La Fayette à la guerre d'indépendance des États-Unis

d'Amérique et devint l'un des plus brillants généraux de la Révolution et

de l'Empire. Maréchal d'Empire. Billet A.S. « Le Mal Jourdan » à M.

Brière [libraire à Paris]. Paris, 14 avril 1826. 1/4 de page, grand in-8.

Suscription.

160 €

Le Maréchal Jourdan prie M. Brière de lui procurer …l’histoire de la

Révolution d’Angleterre par Mr Guizot, et de me faire passer la note de ce

que je vous dois… Trouver et maintenir le juste équilibre entre l'ordre et la liberté fut la grande affaire de la vie intellectuelle et politique de François Guizot (1787-1874). Cette question n’est nulle part traitée

de façon plus saisissante et lumineuse que dans l’Histoire de la Révolution d’Angleterre.

64. LAMARTINE (Alphonse de). 1790-1869. Poète, écrivain et homme

politique. L.A. à sa nièce VALENTINE DE CESSIAT. « Jour de Pâques » [11

avril] 1852. 4 pp. in-8.

980 €

BELLE LETTRE : ...Le jour de l’An et le jour de Pâques, je suspens le travail et

j’écris à mes affections les plus chères [...]. Donc après Dieu et Marraine, je

pense à toi... En quête de solutions afin d’honorer ses engagements financiers,

il se dit terriblement tourmenté par ses affaires et notamment par celle du

Civilisateur qui …ne veut ni se décider à vivre ni se décider à mourir. Elle me

tient dans une anxiété qui me fait un mal affreux aux nerfs. [...], je péris de

Bourse et de corps. Je ne suis plus que l’ombre de moi-même. J’ai vieilli de

cinquante ans en trois mois. Oh que j’envierais les morts si vous n’étiez pas

encore pour longtemps de ce pays de tristesse…

On vient de lui refuser un prêt, mais la vente de Monceau et des maisons de

Mâcon semble pouvoir aboutir, ce qui lui permettrait de conserver …St Point,

Milly et la rue de Richelieu n°102 qui vaut plus que trois Monceau comme

revenus… Néanmoins, …nous sommes la maison des larmes [...] Mon loyer

n’est même pas payé et je sors honteux dans les rues mais aimé, salué,

poursuivi et acclamé partout où je suis reconnu… Trop pauvre pour s’exiler comme Victor Hugo, trop persuadé de la nocivité du régime impérial

pour s’y rallier, Lamartine se condamna aux « travaux forcés littéraires » publiant des ouvrages historiques, des romans sociaux et des confidences autobiographiques. Sa nièce Valentine de

Cessiat viendra le rejoindre et sera pour le poète un vrai rayon de soleil, « elle désassombrit

tout », écrira Lamartine.

65. LARBAUD (Valery). 1881-1957. Écrivain. L.A.S. « Valery Larbaud »

à « Mon cher ami ». Paris, 26 février 1931. 1 p. 1/3 in-8, papier toilé deuil,

adresse gravée en tête.

290 €

31

...J’étais alité quand votre lettre est arrivée. [...] Ma santé n’est pas bonne et

je ne veux pas engager l’avenir ; c’est pourquoi j’ai décidé de verser dès

maintenant la somme entière de ma souscription aux trois volumes de Paul

Fort…

66. LECONTE DE LISLE (Charles). 1818-1894. Poète, chef du

mouvement parnassien. L.A.S. « Leconte de Lisle » à « Mon cher

Confrère » [le poète Léon Laurent-Pichat]. Paris, 19 mai 1868. 1 p. in-8.

880 €

BELLE LETTRE À LAURENT-PICHAT dont le recueil de poésies « Avant le jour »

venait de paraître : ...J’ai lu et relu attentivement Avant le jour, et c’est pour

cela que j’ai un peu tardé à vous remercier de l’envoi que vous m’avez fait.

Nos théories esthétiques diffèrent, mais nos convictions politiques sont les

mêmes [tous deux étaient de farouches républicains], et j’applaudis de tout cœur aux

sentiments virils, élevés et généreux que vous exprimez avec énergie et

chaleur. Certes, l’action vaut mieux que les anathèmes et les regrets ; [...]

mais si les 500 volumes de vers qui paraissent tous les ans ressemblaient au

vôtre, nous pourrions affirmer que l’âme civique de la France est encore

vivante. Malheureusement, elle est morte...

67. LEFEBVRE (François-Joseph). 1755-1820. Maréchal de France. Duc

de Dantzig. L.A.S. « Lefebvre duc de Dantzik » à un maréchal. S.l., 3 juin

1813. 1 p. in-4

690 €

...Grâce soy rendue au dieu des armées de vous avoir préservé du malheur

qui est arrivé aux deux braves qui se promenoit (sic) avec vous [...], votre

perte me seroit bien sensible sous plusieurs rapports...

68. LOTI (Pierre). 1850-1923. Officier de Marine. Écrivain voyageur.

L.A.S. « Pierre Loti ». S.l.n.d. 2 pp. in-8.

130 €

...J’espère que vous ne m’en voudrez pas ; je viens de passer trois jours à

Paris où je comptais en passer huit. Rappelé par dépêche pour un conseil de

guerre, je suis parti en toute hâte sans avoir pu aller jusqu’à vous...

69. LOUIS XII. Né au Château de Blois. 1462-1515. Roi de France,

surnommé le « Père du peuple ». P.S. « Loys », contresignée. « Meleun »,

25 août 1500. Parchemin in-folio oblong.

3 900 €

Lettre concernant la tenue des grands jours dans la Sénéchaussée de

Toulouse : ...pour refformer et corriger les faultes et abus qui se font et

pevent faire par plusieurs personnes en divers lieux dont punicion n’a peu

estre faicte le temps passé, Nous par l’advis de plusieurs seigneurs de nostre

32

sang et gens de nostre conseil ayons deliberé de faire tenir les grans jours en

aucune contrées de nostre Royaume ; Et soit ainsi que puisnagueres nous ait

esté remonstré qu’il est grant besoing et necessité de les faire tenir en noz

seneschaucées de Thoulouze, Carcassonne, Beaucaire, Rouergue, Quercy et

Armaignac qui sont du ressort de nostre dite court de parlement de

Thoulouze pour ce que entre nosdits subgectz y a plusieurs plaiz et proces

tant d’appel que autrement lesquelz de long temps ne prandroient fin se par

le moyen diceulx grans jours ilz n’estoient abreges...

70. LOUIS PHILIPPE D’ORLÉANS. 1773-1850. Roi des Français de

1830 à 1848. L.A.S. « L P » à Monsieur Pascalis (son intendant). S.l.n.d.

[ce vendredi soir]. 1 p. in-8. Reste de cachet de cire rouge à ses armes.

Petit manque de papier dû à l’ouverture du cachet.

230 €

Il charge White d’expliquer ...qu’il est convenu avec Camille de dire à

l’homme en question que ma femme ayant voulu me donner les gouaches vous

avait chargé de les lui acheter, & que c’est ce qui a fait le barbouillage...

71. LURÇAT (Jean). 1892-1966. Peintre, illustrateur, créateur de

tapisseries. L.A.S. « Jean » à « Mon cher petit » [Marthe Hennebert, son

épouse]. New-York, s.d. (1928). 2 pp. in-8 sur papier à en-tête de l’hôtel

« The Plaza – New-York » agrémentées d’un croquis. BELLE LETTRE

ILLUSTRÉE.

1 900 €

Lettre écrite de New-York, lors du tout premier séjour de Jean Lurçat aux

États-Unis (il expose à la Valentine Gallery de New-York en 1928).

…Je suis trop secoué pour pouvoir écrire encore. Tu ne peux t’imaginer le

choc que donne un tel pays. Je

regarde froidement sans trop

causer ni pouvoir causer (et tu

comprends pourquoi). Aussi

suis-je spectateur plus

qu’acteur. La Puissance mise

en action ici, la grandeur

froide et matérielle, l’étendue,

le courage sont infinis. Hier

avec Chester Dale, pendant 15

heures nous avons tous les

trois, avec lui couru […], visité

des monstres d’acier à 4 étages

sous terre contenant l’or

(c’était satanique), sauté de là

au 40è étage, vécu 20 minutes

33

en pleine Bourse à un endroit où seuls quelques rares peuvent entrer… non je

ne peux rien te dire. – Plus tard…

Le peintre enchaîne en donnant des nouvelles de son exposition …Pour la

peinture tout va bien. Bignou vend les siens à des prix astronomiques. Mon

exposition marche – ouverte – à des prix raisonnables. L’accueil a été

parfait. J’ai un rendez-vous que m’a demandé le rédacteur en chef du New-

York Times, le plus grand journal d’Amérique où on publiera ma photo et un

tableau… Ce passage est illustré dans la marge de droite d’un petit croquis à

la mine de plomb et crayons de couleurs (bleu et vert) représentant un gratte-

ciel, …Je devais faire ce voyage... conclut-il, ...Je connais ainsi l’échelle du

monde, du nouveau monde à venir. Bignou est atterré, humilié et je le

remonte chaque heure. Car je ne suis pas médusé, je te le répète. Je constate

et réfléchis… Lurçat fait allusion au marchand d’art Etienne Bignou avec qui il était en relation commerciale à

Paris. Celui-ci avait ouvert dans les années 20 une galerie à Londres, puis à New York.

72. LYAUTEY (Hubert). 1854-1937. Ministre de la Guerre lors de la

Première Guerre mondiale. Résident Général du Protectorat marocain

de 1912 à 1925. Maréchal de France (1921). Grand-croix de la Légion

d’honneur. Membre de l’Académie française. L.A.S. « Hubert Lyautey »

à « Mon cher cousin ». S.l.n.d. 2 pp. in-8.

100 €

Il lui envoie une lettre de Freyslätter qui ...en somme, ne nous éclaire pas

beaucoup. Dites-moi ce que vous voulez que je fasse, je suis à vos ordres... En

second, il adresse une lettre comme Président de l’association Stanislas

...C’est Antoine de Metz qui a voulu m’embarquer là dedans je n’avais

pourtant jamais envisagé cet excès d’honneur...

73. MAC ORLAN (Pierre Dumarchez, dit). Écrivain. 1882-1970. L.A.S.

« Pierre Mac Orlan » à Philippe Kah. Saint-Cyr-Sur-Morin, 29 octobre

1947. 1 p. in-4, à ses nom et adresse. Enveloppe jointe.

80 €

Heureux de recevoir des nouvelles ...par cet article si affectueux. Vous savez

combien je suis sensible à tout ce qui m’arrive d’heureux venant du nord... Il

lui tarde de retourner à Lille ...Mais quand ? Isolé dans mon village de

Champagne, j’estime avec appréhension tous les moyens de transport qui me

sont offerts...

74. MALRAUX (André). 1901-1976. Écrivain et homme politique.

Intellectuel engagé. Ministre de la Culture. L.A.S. « André Malraux » à

l’essayiste EMMANUEL BERL. S.l.n.d. [1949-50]. 1 p. 3/4 in-8 à son

adresse [19bis avenue Victor Hugo. Boulogne S/Seine].

1 200 €

34

Belle lettre à un intime, l’essayiste et historien Emmanuel Berl (1892-

1976), qui avait dédié à Malraux son premier livre (Mort de la pensée

bourgeoise en 1929).

Malraux se sent malade et ...bien délabré... Il ne me semble pas que l’univers

soit parti à nous laisser finir nos petits ouvrages (car dans ce lit, j’arrange

tout de même l’édition en un seul volume de la Psycho mis en ordre, ce qui

n’est pas un petit travail) [il s’agit de La Psychologie de l’Art, publiés de 1947 à 49 chez

Skira], mais en définitive on ne sait jamais quant à « se dépêcher », c’est une

plaisanterie. Ça consiste surtout à être obligé de se dépêcher de

recommencer...

Il lui a envoyé rue Montpensier, La Monnaie de l’Absolu [troisième volume de La

Psychologie de l’Art, Skira, 1950] et le Goya [Saturne, essai sur Goya, NRF, 1950]...

Poursuivant dans un style télégraphique : ...secrétaire ou bonne dactylo :

néant. Vacances... puis, sur l’amitié en politique : ...À propos de votre théorie

de l’amitié politique : la camaraderie de combat, oui ; mais politique, je ne

sais pas. Il y a aussi la camaraderie, l’accord constructif de ceux qui

précisément refusent tout parti, quand c’est pour des raisons qui en sont. Je

crois plutôt que votre tempérament s’accorde mieux à l’action chaleureuse

d’un groupe qu’à une communauté passive de points de vue [...] ...sur ces

bonnes paroles... En 1928 Emmanuel Berl fait la connaissance de Malraux et lui dédie Mort de la pensée bourgeoise (Grasset,

1929), un pamphlet dans lequel il dénonce l’atonie de la pensée intellectuelle et politique de ses contemporains,

excepté le Malraux des « Conquérants » dont il fait l’éloge. En 1932, il lance l’hebdomadaire Marianne, puis

Pavés de Paris qu’il dirige jusqu’en 1940. Intime de Malraux, les deux écrivains nouèrent des liens d’une

amitié pérenne. Berl dans les entretiens qu’il accorda à Patrick Modiano à la fin de sa vie lui confiait les raisons

de la longévité de sa grande amitié avec Malraux, toute intellectualisée : « Je crois qu’il y a un lien entre sa

métaphysique et la mienne, sans cela, on n’aurait pas pu se supporter aussi longtemps, tant d’années, tant

d’heures. Il y a une obsession du divin ressenti en tant qu’absence, auquel il faut penser toujours sans en

parler jamais... ».

75. MAURIAC (François). 1885-1970. Écrivain, membre de l’Académie

française. Prix Nobel de Littérature en 1952. L.A.S. « F. Mauriac » à

« cher Jacques » [Jacques LAVAL]. S.l.n.d. [Mardi]. 1 p. 1/2 in-8.

450 €

Mauriac se dit ...consterné... de ce que le père Laval lui apprend. Il ...espère

de tout cœur qu’il ne s’agit que d’une alerte.... et le prie de le tenir au courant

...ne serait-ce que par un mot... en lui déconseillant d’écrire ...à ce garçon qui

a en horreur (c’est sa maladie) tout ce qui attente, selon lui, à son intégrité,

et qui a commencé d’être malade, à cause de cela, chez les jésuites de la Rue

Franklin qu’il déteste [...]. La plus grande charité à son égard, c’est

d’attendre pour l’instant. Et puis j’écrirai à son père. Que Dieu vous seconde

dans ce mauvais tournant...

76. MAURRAS (Charles). 1868-1952. Écrivain et homme politique.

L.A.S. « Charles Maurras » à Félix Jeantet [directeur de La Revue

hebdomadaire]. S.l.n.d. [23 décembre 1893]. 1 p. in-8, papier à carreaux.

35

130 €

...Masnier me fait la surprise, agréable en somme, de publier mon Thureau-

Dangin, plus de huit jours après la réception académique. Je vous renvoie

cette actualité... il ajoute un p.s. : ...Je relis la chronique de Talmeyr. Elle est

superbe. Que Déjardins (qui traite aujourd’hui le même sujet) est pâle et plat

auprès !... En 1888, Charles Maurras publiait dans La Controverse et le Contemporain, une longue critique

de l’Histoire de la monarchie de Juillet de PAUL THUREAU-DANGIN. Maurras se montre très

élogieux pour l’auteur, et cette admiration ne faillira pas dans les années qui suivront. MARIE-JUSTIN-MAURICE COSTE, dit Maurice Talmeyr est un romancier, essayiste et journaliste.

77. MENDÈS-FRANCE (Pierre). 1907-1982. Homme d’État. 3 L.S.

« Mendes France » à Roger Pillaudin. Paris, 13 novembre 1973 – 14 et 21

janvier 1974. 2 ½ in-4. Papier à lettres.

290 €

Au sujet du débat télévisé entre Mendès-France et Sicco Mansholt : (13

novembre) : ...Je vous confirme que je suis d’accord avec le principe de votre

émission... Mais ne peut encore proposer une date pour le 1er trimestre

1974... (14 janvier) : ...En ce qui concerne le sujet de la discussion envisagée,

je n’aime pas beaucoup la mention de la « Société future »... Il aimerait en

reparler avec lui... Mais il est ...extrêmement pris par toute une série

d’obligations dont je ne peux me libérer en ce moment avant de quitter

Paris... pour Bâle... (21 janvier) : ...Je confirme mon accord pour une

discussion avec M. Sicco MANSHOLT... Reste à fixer le ...titre exact du

débat... SICCO LEENDERT MANSHOLT, est un homme politique néerlandais, commissaire européen chargé

de l'agriculture, puis président de la Commission européenne, il fut l'un des principaux artisans de la Politique agricole commune.

78. MÉRIMÉE (Prosper). 1803-1870. Écrivain. Inspecteur des

monuments historiques, il fut assisté par Viollet-le-Duc et voyagea avec

lui à travers la France. L.A.S. « Pr. Mérimée » à M. de Contencin,

directeur général des Cultes. S.l., 11 juillet 1853. 1 p. in-8.

280 €

...Permettez moi de vous présenter mon ami Mr. Segretain architecte à Niort

qui aurait à vous entretenir de ses travaux et des notres en ce pays. Nous lui

devons la belle restauration de St Hilaire de Melle, et c’est particulièrement

au sujet de ce monument qu’il aurait à solliciter votre concours...

79. [MIRABEAU]. MONNIER (Marie-Thérèse-Sophie de Ruffey,

marquise de Monnier, dite Sophie). 1754-1789. L.A.S. « Sophie-

Gabrielle » à son amant Honoré-Gabriel Riquetti de Mirabeau (1749-

1791). S.l.n.d. [Gien, avril, début mai 1780]. 2 pp. 1/2 d’une écriture fine et

serrée. Suscription, sous couvert de « Madame Bernard Menk chez

36

Madame Gérard la Mère platrière à Vincennes par et près de Paris ».

Reste de cachet de cire rouge.

4 800 € Une des magnifiques lettres que s’échangèrent les deux amants de 1777 à 1780,

malgré leur enfermement : Sophie Monnier au couvent des Saintes-Claires de Gien, et

Mirabeau, au Fort de Vincennes : …Je ne veux pas te dire que je crois que si mercredy

dernier, j’avois reçu de toy une jolie lettre très tandre, au lieu d’un billet sec où tu me

dit être fâché contre moy, je ne serois pas malade, mais je te dirai seulement qu’il ne

tient qu’à toy de me guérir. Je suis bien inquiette aussi de ta santé, ô mon ange, tu me

dis que tu te portes moins mal, mais tu ne me fais aucun détail ; cela ne me rassure

point : Mimi, ne sois donc plus fâché, et parle moy de ta santé dont tu ne m’as pas dit

autre [grand] chose… Elle l’entretient longuement des problèmes inhérents à leur

enfermement réciproque (on sait que toutes les lettres de Sophie étaient décachetées et

lues avant d’être remises à Mirabeau) …Je ne crois pas que l’on puisse décacheter des

lettres où l’on a mis du pain [de la cire], je l’ai essayé avant qu’il y eut de la cire avec

de la vapeur d’eau chaude, je n’ay jamais pu, et sûrement de la cire dessus les rend

inouvrables… Deux lettres s’étant égarées, Sophie lui envoie à nouveau copie d’une

lettre à sa mère, celle-ci devant intervenir auprès du lieutenant de police Lenoir, afin

de la faire transférer dans un couvent parisien, …je vous prie mon cher M de ne pas

vous entretenir d’idées sinistres telles que soient allé que pourroit vous donner la

crainte que vous pourrez avoir qui ce méditat une nouvelle fuite, se seroit vous affliger

bien mal à propos, des projests pour l’avenir sont au contraire très paisibles, si je puis

recouvrée la tranquilité, j’éviterai tout ce qui pourroit l’altérer, [...], nous avons

beaucoup sacrifié à l’amour, et nous avons des devoirs nouveaux qu’il faut songer à

remplir, c’est mon seul désir, soyez donc tranquille la dessus […], ne troublé pas

votre repos et votre santé pour des choses qui ne peuvent avoir de réalité ; j’ai voulu

d’abord vous rassurer la dessus je répondrai au reste de votre lettre lorsque je pourai

vous rendre ce qu’aura dit Mr le Noir […]. Adieu Fanfan d’ange après m’avoir

grondé de ne pas asséz écrire et me grondoit d’écrire trop étant malade […]. Je n’ai

plus ce feu comme hier qui me brûlait les entrailles, en rendant ma médecine il

sembloit que je rendisse du feu. L’écriture de ton dernier billet est moins tremblante

que celle du premier quoi qu’il ne soit pas encore comme à l’ordinaire. […] Je me

souviens Mamie tendre que tu m’as demandé de l’argent dans le commencemnt de

mai, [...] je t’enverrai cent louis par le premier carrosse, celui qui part le 6 mai :

adieu ange, bonheur, dit moy bien vitte que tu as guéri et que tu n’es plus faché si tu

veux que je le sois aussi, mais si dans les lettres que j’attent tantot tu me gronde

encore ou que je te vois triste ôh je suis perdue ! Adieu Minou d’amour, je te caresse

comme je t’adore… En post-scriptum elle fait part d’une nouvelle concernant le

…comte de Rochambeau [Jean Baptiste Donatien de Vimeur, comte de Rochambeau, 1725-

1807]… qui a gagné …Brest le 22 mars pour en partir, tu vois donc bien qu’il part

[pour l’Amérique, afin d’appuyer les troupes de Washington contre les Anglais] mais cela nous

est égal, car il ne peut plus être question d’Amérique pour toy…

37

D'une grande beauté, mariée très jeune à un vieillard, président à la Chambre des Comptes de

Dôle (Jura), la marquise de Monnier rencontre Honoré-Gabriel de Riquetti, comte de Mirabeau,

le 11 juin 1775 à Pontarlier lors de la solennisation du sacre de Louis

XVI. Sous l’effet d’une violente

passion réciproque, la marquise de Monnier et Mirabeau s’enfuient

dans les Provinces-Unies (Pays-

Bas). Reconduits de force en France, Mirabeau est emprisonné à

Vincennes, tandis que Sophie

Monnier se retrouvait cloîtrée au couvent des Saintes-Claires à

Gien. S’ensuit un échange épistolier d’une rare intensité

amoureuse, qui durera tout le

temps de leur enfermement, de 1777 à 1781 et qui fait de cette

correspondance inégalée, l’une des

plus belles qui nous soit parvenue entre deux amants privés de

liberté. Sophie Monnier se donna

la mort en 1789.

80. MONNIER (Henri). 1799-1877. Caricaturiste, illustrateur,

dramaturge et acteur. Créateur du type de « Joseph Prudhomme ».

L.A.S. « Henri Monnier » à son ami Guyet. Montpellier, 19 juillet [18]50.

6 pp. in-4.

160 €

Curieuse lettre, presqu’entièrement rédigée en vers : ...Je voulais essayer /

D’écrire pour vous égayer, / Des impressions de voyage, / Mais craignant de

faire bailler / Ceux dont je brigue les suffrages, / J’ai renoncé... [...]. Et

pourtant mon récit était plus gai que triste, / Car votre ami, joyeux artiste, /

A, vous le savez bien, toujours fait son métier / Plus en observateur qu’en

archéologiste. / Comme à Marly-le-Roi – Pardon ! Le Président, / (j’allais

violer, imprudent, / La Constitution cette auguste pucelle !) / Comme à

Marly-le-Président / Vous n’avez plus de demoiselle, / Je m’étais quelquefois

permis / de mêler, ô mes chers amis, / à mes études artistiques / des

observations... plastiques... etc.

38

81. MONTESQUIOU-FEZENSAC (Pierre de). 1764-1834. Militaire et

homme politique. Comte d’Empire (1809). L.S. « Cte de Montesquiou » à

« Monsieur le Comte ». Paris, le 23 septembre 1813. 1 p. in-8.

80 €

Montesquiou-Fezensac informe qu’il envoie à ...votre Excellence la note

qu’elle m’a permis de lui présenter relativement à la Dotation qui, ayant

appartenu à mon fils aîné, repose maintenant sur la tête de mon petit fils... Il

ajoute ...Je désirerais fort que vous voulussiez bien faire payer à sa mère une

seconde provision de 6000 fr à valoir sur les deux années de revenus qui ont

été versées dans la caisse du Domaine...

82. MONTFORT (Sylvia, née Favre-Bertin). 1923-1991. Actrice,

directrice de théâtre. L.A.S. « Silvia Montfort ». Paris, 6 novembre

[19]73. 1 p. 1/2 in-folio. Bel en-tête du « Carré Thorigny » (centre

culturel du Marais, Paris).

80 €

...Je vous remercie de m’avoir permis de lire votre pièce « Qui triche avec le

diable ? ». Le sujet en est intéressant et m’a surtout captivé lors de sa

confession où il parle de son enfance. Je ne pense pas pouvoir la programmer

prochainement...

83. MONTHERLANT (Henri de). 1895-1972. Écrivain. L.

dactylographiée Signée « Montherlant » à Robert de Saint Jean. Paris, 7

mai 1963. 1 p. in-4.

70 €

Faisant suite à leur conversation du 6 mai, il indique : ...Ma secrétaire a

retrouvé l’exemplaire de « España Sagrada », mais il est couvert de notes de

travail et d’autre part, je n’en ai qu’un exemplaire unique ; il m’est donc

impossible de le mettre en circulation...

84. MORGAN (Simone Roussel, dite Michèle). 1920-2016. Photographie

en noir et blanc avec une dédicace signée « Michèle Morgan » à Louis

Hamon. S.d., dimensions : 25 cm x 20,5 cm.

140 €

La comédienne est représentée dans la cabine de pilotage d’un bateau,

gouvernail en mains.

85. NOËL (Marie Rouget, dite Marie). 1883-1967. Poétesse. Grand Prix

de poésie de l’Académie française en 1962. L.A.S. « Marie Noël ».

Auxerre, 3 janvier 1936. 2 pp. in-4. BELLE LETTRE.

290 €

Heureuse des vœux de son correspondant …la plus belle surprise du premier

jour de l’an..., elle lui répond instamment : …La paix est toujours dans la

39

maison, la pluie dessus, le bruit autour. Quant à la poésie je crois bien

qu’elle est partie m’attendre dans l’autre monde, lasse de m’être disputée par

ses lourdes et encombrantes nécessités qui ne laissent jamais de place aux

autres... Elle s’est rendue deux jours à Dijon pour voir son ami Estaunié qui

souffre …d’affreux bourdonnements… faire une visite à …Monsieur

Moissenet et [...] l’entendre commenter comme un vieil Ange le début de

l’Evangile de St Jean… À Auxerre, elle a retrouvé sa …vieille maman qui se

tient encore loin, avec ses quatre-vingt trois ans… résolument optimiste

malgré une vue défaillante, passant ses journées …derrière la fenêtre d’où

elle donne du grain aux pigeons et des sous aux chanteurs des rues... Autre

sujet de contentement, le recueil de vers francs-bourguignons que son père

vient de faire paraître et qu’elle se permet de lui envoyer…

86. PASTEUR (Louis). 1822-1895. Chimiste. Physicien de formation, il

mit au point le vaccin contre la rage. Billet Autographe. S.l.n.d. 1/3 p. sur

papier vert.

780 €

...Monsieur Pasteur aura le vif regret de ne pouvoir assister à la soirée de

S.E. [Son Excellence] Mr le Ministre des affaires étrangères le 3 août 1889...

87. PAULHAN (Jean). 1884-1968. Écrivain. Membre de l’Académie

française. Billet A.S. « Jean Paulhan ». S.l.n.d. [6 octobre 1951 ?]. 1 p. in-

12.

110 €

...Est-ce que le déjeuner de Jeudi vous conviendrait ? Gaston [Gallimard]

semble enchanté à la pensée de vous revoir, et d’enfin connaître L-F [Louis

Ferdinand Céline]. J’étudie le Crocodile... Il ajoute en P.S. : ...Je suis encore

ravi de ce samedi. Et quel type épatant que L. F. !... De retour de son exil au Danemark, Céline sera entièrement réédité par Gallimard (à l’exception

des pamphlets). Paulhan s’était fermement battu pour qu’on jugeât Céline sur sa seule qualité littéraire et fut, avant de se brouiller avec lui, un des rares à le soutenir.

88. PELLETAN (Camille). 1846-1915. Journaliste à la Tribune, puis

rédacteur en chef de La Justice (fondé par Clemenceau). Député, puis

sénateur des Bouches-du-Rhône. Ministre de la Marine dans le

gouvernement Combes (1902-1905). M.A.S. « C. Pelletan », intitulé

« Après le vote ». S.l.n.d. [juillet 1909]. 2 pp. in-folio.

390 € Pelletan rend compte du combat à la Chambre qui vit s’affronter Clemenceau et

Briand. Mis en minorité, par son propre camp, Clemenceau fut contraint à la

démission ; le Président Fallières fit appel à Briand pour lui succéder en juillet 1909,

…Au cours de ce triste débat, nous avons eu un moment d’espoir : Clémenceau, le

vieux Clémenceau des anciens jours, semblait s’être retrouvé. On a eu pendant

l’heure qu’il a parlé à la tribune, l’impression qu’il s’était chargé lui-même, de faire

40

la réponse qu’appelait l’incroyable discours de M. Briand […]. La politique de M.

Briand qui l’emporte. Quelle est-elle ? Il ne l’a pas caché. Assurément, il n’avait pas

grande répugnance à en dissimuler quelque chose ; s’il n’avait tenu à dire tout, pour

se concilier les sympathies de ses nouveaux amis. Plus de bloc [alliance des gauches

réalisée par Jaurès], les ennemis sont à gauche. Dans un mot qui résume tout son

discours, il a parlé de l « imprévoyance de la politique républicaine depuis dix (six)

ans ». Ce qu’il condamne, ce n’est pas seulement la politique du cabinet Combes :

c’est celle de Waldeck-Rousseau. Tout ce qu’on a fait pour l’union de toutes les forces

mises à la démocratie, a été une longue erreur. Cette erreur, M. Briand a reçu de la

Providence la mission de la réparer. Telle est l’impression du centre : telle paraît

l’impression d’une grande partie des radicaux ; je dirais : de presque tous, si les votes

étaient conformes aux convictions… Car …Je n’ai pas besoin de dire pourquoi une

telle politique est la mort des réformes, la mort du programme radical socialiste, la

mort du vieux parti républicain […]. Nul ne peut lui croire une conviction quelconque

[…] Qu’il plaise aux radicaux du parlement de faire de cet « idiot dégrisé »

l’instrument de la rupture du bloc, le gouvernant chargé d’incommoder les socialistes

dont il était hier un des plus violents, - tant pis pour les Chambres, et pour l’honneur

du régime parlementaire ! - Il y a encore dans les maux profonds du peuple, un

sentiment de moralité que détruit hélas ! trop vite au palais Bourbon le microbe des

couloirs […] Jamais je n’ai éprouvé un si profond sentiment de déchéance morale,

qu’en entendant certains de mes amis applaudir M. Briand…

89. PONIATOWSKI (Prince André). Diplomate et industriel. 1864-1954.

L.A.S. « Poniatowski » à la cantatrice polonaise Marya FREUND. Les

Bories Pelacoy (Lot), 5 décembre 1949. 2 pp. in-8. Papier à lettres.

90 €

Le Prince désirerait obtenir ...une des petites photos que vous avez prises de

Marie Blanche et de moi sur le perron de la Bastide du Roy cet été ! [...]. Si

vous aviez la bonté de m’envoyer ici le film je le ferai développer par mon

photographe qui est excellent, et vous renverrai le tout ne gardant pour moi

qu’une épreuve... Marya FREUND (1876-1966) est une cantatrice d’origine polonaise. D’origine juive, elle sera

arrêtée en 1944 et libérée du camp de Drancy grâce à l’intervention du pianiste Alfred Cortot.

90. POUCHET (Georges). 1833-1894. Naturaliste et anatomiste. Guy de

Maupassant lui dédia sa nouvelle La mère sauvage en 1884. 4 L.A.S.

« Georges Pouchet » et « G. Pouchet » à « Monsieur le Président » et à un

ami, Monsieur Noël, directeur de la Bibliothèque municipale de Rouen.

Paris, 15 mars 1892 [en-tête du Muséum d’histoire naturelle de Paris] et

s.l, 27 février 1889, et s.d. 1 page 1/3 in-4 et 7 pp. in-12.

130 € 15 mars 1892 : Pouchet prie le Président de lui ...servir d’interprète pour remercier la

société normande de géographie de l’honneur qu’elle veut bien me faire en me

nommant membre honoraire...

Les trois autres courriers sont relatifs aux études de Pouchet sur les truites. Le temps

est favorable aux essais, il charge M. Noël d’une course : ...Je vous en rappelle le

41

principal : une douzaine de truites petites et moyennes à ma disposition. Aucune ne

sera détruite (Dieux ! Un calembour !) Dans un ruisseau quelconque je ferai établir

pour trois ou quatre jours une sorte d’auge forte de trois planches mal jointes où l’eau

circulera. L’auge sera tenue en place par une corde ou des pierres sans qu’il soit

besoin d’enfoncer aucune pièce. [...] Et j’irai voir les bêtes trois ou quatre heures par

jour pendant trois ou quatre jours voilà tout... ; Pouchet informe son ami de la

parution prochaine de son travail sur les truites. Il ajoute ...Oui les cours du museum

sont publiés et j’espère bien qu’à votre prochain voyage vous viendrez voir mon

laboratoire qui est superbe... ; Pouchet demande l’adresse d’un pisciculteur.

91. [RÉVOLUTION FRANÇAISE] Comité de Surveillance Révolutionnaire

de la Commune d’Arles. Pièce en partie imprimée A. S. « Bruno », « B.

Bigot », « Richaud » et « Vedel » ( ?), adressée aux administrateurs du

district d’Arles. Arles, 5 vendémiaire an 3 (26 sept 1794). Vignette

révolutionnaire gravée avec en-tête « MORT AUX TYRANS ET AUX TRAITRES ».

180 €

...En réponse à votre lettre [...] nous renvoyons cy joint la pétition de Jean

Antoine Carles avec notre dénonciation au bas...

92. SAINT-POL ROUX (Pierre Roux, dit). 1861-1940. Poète symboliste.

L.A.S. « Saint Pol Roux ». Manoir de Coecilian, 20 mai 1920. 2 pp. grand

in-8.

480 €

…Merci, tout d’abord, pour l’élan spontané de ton âme, de ton cœur et de ton

corps tout entier… commence St Pol Roux avant d’annoncer à son

correspondant l’envoi de colis de livres de luxe avec la liste des prix maxima

qu’il en désire ...Vu mes difficultés momentanées […] tu seras bien gentil,

chaque fois que tu auras réalisé une somme d’au moins cent francs, de me

l’adresser télégraphiquement […]. Quant aux meubles Louis XVI si tu

pouvais les placer, tu aurais travaillé à notre libération absolue, car la vente

des livres ne peut que ramener le sourire parti tout à côté, mais non la

liberté, laquelle a fichu le camp au loin [...]…Si tu viens, et tu viendras – ti

faraï uno bouillabaisso – je te montrerai d’autres occasions intéressantes, s’il

y a lieu de les utiliser sagement...

93. SAINT-SAËNS (Camille). 1835-1921. Compositeur. Grand-Croix de

la Légion d’Honneur. Carte A. S. « Saint-Saëns ». S.l., [Paris], dimanche

(9 décembre 1914). 2 pp. in-12 à son adresse.

190 €

Carte de remerciements : ...Moi aussi, je suis allé pour vous voir et je n’ai

trouvé personne ! Je voulais vous remercier de la délicieuse corbeille. Ne

venez pas demain matin, je serai sorti...

94. SALACROU (Armand). 1899-1989. Auteur dramatique. Élu à

l’Académie Goncourt en 1949. Carte postale A. S. « Armand Salacrou » à

42

André Reybaz. Le Havre, [15 octobre 1979]. 1 p. in-8. Enveloppe timbrée.

Marques postales.

80 €

...Que devenez-vous ? Etes-vous toujours à Rennes ? Travaillez-vous ? Avez-

vous des projets ? Un petit mot nous ferait plaisir à tous les deux... Premier auteur joué à la Comédie-Française de son vivant après Molière.

André Reybaz est un acteur et metteur en scène de théâtre. Il a notamment joué dans Un chant

d'amour, de Jean Genet. Avec sa compagne Catherine Toth, il fonda la Compagnie du Myrmidon.

95. SAND (Aurore Dupin, baronne Dudevant, dite George). 1804-1876.

Romancière. L.A.S. « G. Sand » à « Cher pasteur » [Félix Guy, à

Rochefort-sur-Mer]. Nohant, 23 juin [1870]. 2 pp. grand in-8. Enveloppe

portant cachets postaux.

1 200 €

George Sand lui adresse ...l’exemplaire que je viens de recevoir des romans

champêtres. Je vous ai envoyé il y a deux ou trois jours un billet de 100 f par

la poste, et la poste a de telles fantaisies que je vous prie de m’en accuser

réception. J’ai reçu de mon côté, la caisse contenant les Nos de la revue que

vous avez eu la bonté de nous procurer... Elle le remercie encore vivement et

lui présente ...toutes les amitiés d’une famille dont vous êtes...

Depuis 1863, l’hostilité de G. Sand au catholicisme romain n’avait cessé de croître.

Elle se mit à dénoncer de multiples façons le « joug du pape et des Jésuites ». Pour le

baptême de ses petites-filles, elle laissa toute liberté à son fils Maurice qui choisit le

pasteur Félix GUY. Elle confiait à l’avocat Henry Harrisse dans une lettre « un

aimable pasteur nous a parlé élégamment du péché originel, auquel nous ne croyons

pas davantage... » (Corr. XXI, 264).

Félix Guy abandonna son sacerdoce et devint par la suite journaliste au journal de

Rochefort L’Intérêt public, d’obédience républicaine.

96. SARTRE (Jean-Paul). 1905-1980. Agrégé de philosophie. Écrivain,

dramaturge, philosophe. Personnalité majeure de la vie intellectuelle

française dans les années 1960. L.A.S. « J.P. Sartre » à Marie Ville ?

Paris, 12 septembre 1937. 10 pp. grand in-4 sur papier à en-tête de la

brasserie du « Dôme » à Montparnasse.

9 800 €

SUPERBE LETTRE, dans laquelle Jean-Paul Sartre fait le récit de son voyage en

Grèce en compagnie de Simone de Beauvoir (le Castor), parsemée

d’anecdotes cocasses.

Extraits : ...Je voudrais seulement savoir si vous m’avez aussi de temps en

temps profondément haï parce que je traînais sur les routes de Grèce pendant

que vous étiez au fond de votre puits. Je reprends le récit du voyage. Je le

finirai dans cette lettre ou dans la prochaine (je ne suis pas encore rentré

chez mes parents, je fais le fier à Montparnasse, tout fier d’être si brun parmi

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des navets, je vois Zuorro, j’envoie partout des coups de téléphone pour

tâcher de réunir l’argent du voyage du Castor et de Hazackewer en Alsace…

…Vous savez donc que, vers le 25 août nous traînions à Athènes, puis que

nous avons pris un bateau pour Salonique et que nous y sommes arrivés le 27

au matin. Nous avons eu une drôle de surprise en arrivant car de loin

Salonique n’a pas du tout l’air d’une ville couchée, comme les autres villes

grecques, elle fait « ville debout », vous savez comme dit Céline en parlant de

New-York, avec un quai tout bordé de gratte-ciel élancés. Entendez moi : des

gratte-ciel à sept étages. Mais vous n’imaginez pas ce que ça peut faire après

quarante jour de Pelopponèse (sic) et dans les Iles de voir ainsi, au bord de

l’eau, des sept étages l’un sur l’autre…

...Nous avons débarqué dans cette ville qui faisait cruellement luxueuse pour

deux sans le sous et je me suis installé à la terrasse d’un café pendant que le

Castor cherchait un hôtel. Vous savez la combinaison : nous attendions de

l’argent pour le premier septembre. Il s’agissait donc de prendre la pension

dans un hôtel luxueux et de nous faire tout servir à l’hôtel qu’on ne paierait

qu’à la fin du séjour. Mais le bon Castor ne revenait pas et au bout d’une

heure j’étais sérieusement inquiet...

...Nous sommes descendus à Volo(s), ville sinistre. Il pleuvait, nous avons

appris à la gare qu’il fallait sept heures pour arriver aux Météores. C’était

trop long, nous aurions manqué le bateau du lendemain et n’aurions pu

rentrer à Athènes que le cinq au matin. Nous sommes revenus sous la pluie,

un peu désespérés dans le plus grec des cafés, un hall sinistre ou quelques

grecs aux yeux vides avaient l’air d’attendre indéfiniment (un train ou une

audience) le visage morose, jetés n’importe comment sur des chaises de

cuisine mais restant dans les positions les plus incommodes par paresse de

faire un mouvement et trouvant le moyen au fond de leur néant de garder une

mine d’importance. Cette pluie, les visages taillés à coup de serpe et barrés

de dures moustaches, cette grande salle d’attente, notre indécision : nous

nous sommes sentis tout d’un coup au fond de la Grèce, avec des épaisseurs

et des épaisseurs de Grèce par dessus la tête...

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45

97. SARTRE (Jean-Paul). 1905-1980. Philosophe, écrivain et dramaturge.

M.A. S.l.n.d. [1953]. 1 p. in-4 sur papier à carreaux.

850 €

Quelques lignes de réflexions sur la guerre d’Indochine et l’affaire Henri

Martin : ...la guerre d’Indochine à travers Martin. [...] À remarquer il n’a

rien fait pour eux : il a distribué des tracts. Il n’a pas saboté. Et supposons

qu’il l’ait fait ça ne les aurait pas avantagés. […] Ce qu’il y a de troublant,

c’est qu’ils donnent leur admiration, leur amour à un soldat ennemi. Croyez-

vous que nous eussions fait de même en 14-18 ou 39 à un soldat allemand.

Non : pas de vraie haine. Si nous avions voulu la fraternité nous pouvions

l’avoir… Jeune militant communiste, engagé volontaire dans la marine, Henri Martin fut envoyé en

Indochine en 1945, dont il revint persuadé que l’objectif n’était pas la lutte contre l’occupant

japonais mais contre les Indochinois qui souhaitaient s’affranchir de la présence française. Revenu à Toulon, il distribua des tracts qui appelaient à la cessation des hostilités. D’abord

accusé de sabotage, injustement, il fut finalement condamné à 5 années de réclusion pour

démoralisation de l’armée. Sartre publia, fin 1953, un ouvrage intitulé L’affaire Henri Martin.

98. SCHWEITZER (Albert). 1875-1965. Théologien et philosophe

alsacien. Médecin, il vécut longtemps au Gabon. PRIX NOBEL DE LA

PAIX EN 1952. L.A. à la Doctoresse MARGRIETA VAN DER KREEK.

Allemagne, « Auf Autobahn Frankfurt-Kassel » [sur l’autoroute reliant

Frankfort à Cassel], 24 septembre 1959. 2 pp. grand in-4, au crayon

(papier pelure).

En allemand.

780 € BELLE LETTRE à une consœur de l’Hôpital de Lambaréné au Gabon (dont il a été le

cofondateur avec son épouse dans les années 1920) : Il lui adresse des vœux

d’anniversaire, dans la voiture d’Erika, qui file à plus de 100 km heure... et songe au

bonheur qu’il aurait à Lambaréné en prononçant un discours en son honneur et

participer à une petite fête tranquille. Heureux qu’elle ait trouvé la voie de la piété et

de l’introspection, à laquelle il a participé. Dans trois jours, il doit recevoir à

Copenhague un prix de l’Université. Il veut se rendre ensuite à Malmö pour revoir

BERG ANDREAS, ainsi que d’autres amis suédois, à Münster (Westphalie) où le

professeur MAI devrait le présenter à la faculté, à Dortmund et au sud pour visiter des

universités, dont celle de Tübingen, où se trouve un parent théologien. Il poursuit le

détail de son itinéraire : vers le 12 octobre, il se trouvera à Gunsbach et Strasbourg, en

novembre, puis Paris et Bruxelles... Il raconte des souvenirs plus intimes : du temps où

il faisait des allers-et-retours Strasbourg-Paris, il prit l’habitude d’écrire dans les

trains, et maintenant, il tâche de faire de même en voiture [dans sa jeunesse Schweitzer

étudia la théologie à Strasbourg et l’orgue à Paris, chez Charles-Marie Widor]...

99. SIMON (François-Jules Suisse, dit Jules). 1814-1896. Agrégé de

philosophie (1836). Il suppléa Victor Cousin dans sa chaire à la Sorbonne.

L.A.S. « Jules Simon » à un de ses maîtres en philosophie J.-Ph. Damiron.

S.l.n.d, 21 juillet [1847]. 3 pp. 1/2 in-4.

46

390 € BELLE ET LONGUE LETTRE SUR LA CRÉATION DE LA REVUE LA LIBERTÉ DE PENSER (en

collaboration avec ÉMILE SAISSET et AMÉDÉE JACQUES, deux anciens condisciples de

Simon à l’École normale) : ....Nous ne sommes déjà plus à l’état de projet [...]. Pour

moi, je donne mon argent, mon tems, et ce que j’estime beaucoup plus, mon nom. Je

ne prends pas cela, je vous assure, pour le nom d’un grand talent, mais c’est le nom

d’un homme qui ne trempera jamais dans une entreprise si elle n’est pas honorable

dans tous les sens. J’ai un ferme espoir du succès. Si nous échouons, il faudra

désespérer de l’Université [...]. Quand nous allons parler, nous serons sur le champ

une puissance, à force de conviction et de franchise. Je compte sur cela pour rallier

les faibles. Je fais en ce moment la même entreprise qu’il y a huit mois, quand je suis

allé dans une ville que je n’avais jamais vue, où je ne connaissais même assez peu,

que deux jeunes gens de vingt-sept ans, et où j’ai ramassé cent soixante-dix amis

dévoués, tout simplement en disant ce que je pensais. Je ne dis pas cela pour me

vanter, et il n’y a pas de quoi, je le dis pour établir que j’ai quelques raisons

personnelles de croire à la puissance de l’extrême sincérité et de l’extrême droiture...

Jacques est décidément, [...], le directeur de la revue. Saisset, Merruau et moi, nous

en serons les rédacteurs les plus actifs. Nous avons pris un titre un peu long, mais

significatif, et bon par conséquence : La liberté de penser, revue philosophique et

littéraire...

Il dresse la liste des articles à venir : ...Une histoire du Journal Le Globe, par Jacques.

Les querelles intestines des philosophes catholiques par Saisset [...]. Le dernier

pamphlet de Cormenin [Louis-Marie de Lahaye de Cormenin] (l’éducation et

l’enseignement)... Il donne des nouvelles de Victor Cousin, son professeur à l’École

normale, ...il a voulu assister à l’inauguration du chemin de fer du centre, en sorte que

je ne l’ai pas vu depuis fort longtemps. [...]. Vous avez sans doute vu les quelques

pages de Saisset dans la revue des deux-mondes. Il y avait hier mardi un article sur

votre livre dans le National...

100. TAZIEFF (Haroun). 1914-1998. Volcanologue. L. dactylographiée S.

« Haroun Tazieff » à Roger Pillaudin. Paris, 15 novembre 1977. 1 p. in-4,

à ses nom et adresse.

80 €

Haroun Tazieff revient, avec une certaine virulence, sur des problèmes

rencontrés avec la chaine de télévision TF1 ...Je suis désolé que les directeurs

de chaines de télévision, notamment Mr. Cazeneuve, ne brillent pas par leur

courage. J’avais écrit au mois de Septembre une lettre à Mr. Guillaud,

Directeur Général de TF1 pour lui signaler l’attitude scandaleuse d’une

équipe de cameramen en Iran au cours du tournage d’un film dans le désert.

À ce jour, aucune réponse ne m’a été faite... Haroun Tazieff ajoute de sa

main ...(Ce n’est qu’un exemple récent)...

101. VALÉRY (Paul). 1871-1945. Poète, essayiste. Membre de

l’Académie française. L.A. (à son amie Mme Révelin ?). S.l.n.d., vendredi.

1 p. in-8 sur papier vélin, en tête de la NRF.

490 €

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Il s’étonne ...Hier pas de 44 à P.S. !! Que devenez-vous ?? Je suis remonté à

pied, collé par un jeune interwiewer (sic) qui m’épie à la sortie. D’ailleurs

joli garçon et fort bien élevé. Ce matin, j’ai froid. J’espère que vous trempez

encore dans la mare océane. Mon dernier bain remonte à 10 jours déjà !

J’étais couleur assez cuir, et maintenant le pâle Paris me peint.... Il a dîné

chez ...Mme de G-L avec D... Lundi causé longtemps et surtout blagué avec

M-Zie. Voilà. Amitiés nouvelles ?...

102. VALÉRY (Paul). 1871-1945. Poète, essayiste. Membre de

l’Académie française. Document signé « Paul Valéry » à la plume adressé

à Albert Mockel [poète symboliste belge]. S.l.n.d. [12 novembre 1937]. 1 p.

in 12.

550 €

DOCUMENT INSOLITE: Il s’agit d’un chèque émis par Albert Mockel

payable à Paul Valéry au dos duquel Valéry a dactylographié son refus de

l’accepter sous la forme d’une poésie rimée : ...Ne vous tourmentez point,

reprenez vos esprits, Et de ces vains papiers retenez tout le prix : Qu’ils

enflent de Bérès [le libraire Pierre Bérès] l’âpre bibliothèque... Que serait un

ami qui ne vous eût compris ? Voici ma main, voici le chèque...

Au recto, Valéry a ajouté (dactylographié) « Turlututu Turlututu C’est

300.000.000.000.000.... de dollars qu’il me fallait »…

103. VERLAINE (Paul). 1844-1896. Poète. L.A.S. « P. Verlaine » au

directeur de la Revue indépendante. Paris (Hôpital Broussais), 23

septembre 1887. 1 p. 1/2 in-8, au

crayon. Ratures et corrections.

3 900 €

Verlaine autorise le directeur de la

Revue à prier Léon Vanier (son

principal éditeur) ...de vous laisser

choisir, parmi les pièces composant

le volume Amour qui doit paraître

incessamment, telles ou telles pièces

pour paraître être insérées dans

votre prochaine Revue

Indépendante... Il ajoute : ...Si

quelque rémunération est attribuée à

cette ou ces choses ainsi qu’aux vers

miens précédemment parus dans la

Revue. Je vous serai, tout à fait

reconnaissant de m’en faire parvenir

le nouveau montant par mandat le

plus tôt possible, ici : M. Verlaine,

48

Salle Follin, n° 22, hôpital Broussais, rue Didot, Paris... Il lui recommande

de donner cette même adresse à Vanier, puis, évoquant sa mauvaise santé ...Je

vais toujours tout doucement et j’espère qu’on va me soigner cette fois d’une

façon des plus serrées [...]. Envoyez-moi des épreuves s’il vous plaît, sans

oublier le mandat (s’il y a lieu)... Alors que sa célébrité s'accroît, en cette année 1887, Verlaine plonge dans la misère la plus noire.

Il partage son temps entre le café et l'hôpital. Le 13 mars, il sort de Broussais. Réduit à l’état de

clochard, il est de nouveau hospitalisé début avril et passe cinq mois entre Cochin, l’asile de Vincennes, Tenon, puis de nouveau Cochin. Le 9 septembre, il est à nouveau à l’hôtel de la

Harpe, secouru financièrement par Léon Vanier, son principal éditeur, et le poète François

Coppée. Le 20 septembre, il retourne à l’hôpital Broussais pour six mois. Ses séjours à l'hôpital seront alors de plus en plus nombreux et de plus en plus longs.

Il n’en sortira que le 20 mars 1888, le jour même de la publication de son recueil Amour chez

Vanier. Les Amies publié par Poulet-Malassis en 1867 furent, semble-t-il, la première collaboration de

Verlaine à la Revue indépendante, en octobre 1884.

Une première série de la Revue indépendante, politique, littéraire et artistique avait paru de mai 1884 à avril 1885 avec Félix Fénéon pour rédacteur en chef. La Revue, sous cette première

forme, compta comme collaborateurs Huysmans, Céard, etc. et Verlaine.

Une troisième série devait débuter plus tard, sous la direction d’Edouard Dujardin. Son premier numéro, en novembre 1886 proposait de nombreux écrits du milieu symboliste, Mallarmé,

Villiers de l’Isle-Adam, Laforgue, Moréas, Barrès, George Moore, etc. Teodor de Wyzewa en fut

le grand théoricien.

104. [VERLAINE]. KRANTZ (Eugénie). L. signée « eugénie Krantz » et

située « 13 rue Valette » [Paris, 5ème arrondissement]. 1 p. in-12 sur papier à

carreaux. Enveloppe jointe à l’adresse de : « Monsieur Jules Rais – la

lorraine-artiste – 13 rue du Montparnasse – Paris ». Cachets postaux

(Janvier 97 ?, rue de Poissy).

400 €

Tombée dans la misère, après la mort de Verlaine dont elle fut la dernière

compagne : ...Se trouvant très malade, je vous envoie cette dame qui veut bien

m’obliger car je suis très souffrante et je n’ai absolument rien à mon service

– je suis bien dans le besoin veuillez avoir l’obligeance de vouloir bien lui

donner la réponse de la carte postale... Verlaine s’était éteint au 39 rue Descartes, dans le domicile d’Eugénie Krantz, le 7 janvier 1896. Eugénie Krantz comme Philomène Boudin, et alternativement avec elle, avait été la compagne du

poète dans ses dernières années. Elle avait rencontré Verlaine en mai 1891. « Nini Mouton », tel

était son surnom, originaire des Ardennes, avait eu quelque succès au Bal Bullier, avait coudoyé dans les cafés Vallès et Gambetta et prétendait avoir été la maîtresse de Benjamin Constant.

***

Catalogue établi par Mme Marie-Pierre Coumes, diplômée de l’École du Louvre, sous la

direction de M. Jacques-Henri PINAULT et de Mme Régine BERNARD, experts C.N.E

01 43 54 89 99

www.autographes-abbaye-pinault.fr