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CARRIERES DE NGOUDIANE DIACK La malédiction du basalte

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Les cahiers du

CARRIERES DE NGOUDIANE DIACKLa malédiction du basalte

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La gestion des carrières pose souvent d’énormes prob-lèmes environnementaux et sociaux. Plusieurs événements marquants attestent ce fait.

Il y’a de cela quelques années, la décision a été prise au sommet de l’Etat d’arrêter l’exploitation des carrières industrielles de Thiès ; ce qui d’ailleurs avait suscité un tollé monstre surtout chez les exploitants. Il y’a aussi quelques années, un atelier s’est tenu à Thiès sur la sécurité dans les mines et carrières : réglementations sur l’utilisation des substances explosives. Plus récemment le conseil rural de Ngoundiane s’est insurgé contre le non paiement de taxes

à la communauté rurale par les exploitants de carrières dans la localité. Une récente mission de partenaires au développement a été outrée par le drame environnemental et sanitaire que cause l’exploitation des carrières aux populations environnantes. Pour bien appréhender la situation des carrières notamment dans la région de Thiès et mener le plaidoyer pour leur gestion naturelle une trentaine de journalistes, d’experts de l’environnement s’est rendue dans les carrières de Ngoundiane, Diack et Taiba dans la région de Thiès.

La réalité sur le terrain d’un point de vue environnemental comme en témoignent les re-portages, montre, si besoin en était, que derrière la richesse et les milliards que brassent les exploitants, se jouent un véritable drame social et écologique. Il n’est pas dans nos prétentions ou souhaits de faire arrêter l’exploitation des carrières, loin de là. Dans un pays en construction, comme le nôtre, nous avons besoin de latérite, de calcaires, de ba-saltes, de sables et d’autres matériaux. Mais nous avons besoin d’un mode d’exploitation qui respecte l’environnement et le social pour rester en phase avec le modèle de dével-oppement durable prôné par les décideurs. Ce qui se joue dans les carrières n’est rien d’autre qu’un problème d’application des textes sur le terrain. En effet, le code minier qui réglemente l’exploitation et la gestion des carrières fait obligation aux exploitants de « tenir compte des dispositions législatives et réglementaires et particulières régis-sant la préservation de l’environnement, les obligations relatives à l’urbanisme, les établissements classés dangereux, insalubres ou incommodes et la protection du patrimoine forestier ». Dans le code de l’environnement, les carrières sont citées parmi les activités qui peuvent présenter soit des dangers pour la santé, la sécurité, la salubrité publique, l’agriculture, la nature et l’environnement. Le code a tout prévu pour que de telles activités ne nuisent pas à l’environnement. Dans le cas des carrières, le ministère de l’Environnement doit donner son quitus avant la mise en service des carrières. Ainsi, la gestion des carrières étant prise en charge par plusieurs textes, dont le code minier et celui de l’environnement, montre encore une fois la préoccupation du législateur d’une prise en charge de la dimension environnementale dans les projets de développement conformément au principe 4 de l’agenda 21 qui stipule : « Pour parvenir à un dévelop-pement durable, la protection de l’environnement doit faire partie intégrante du proces-sus de développement et ne peut être considéré isolément ».

Au delà de l’environnement, la réalité sur le terrain des carrières nous renseigne sur le drame social avec les nombreuses maladies dont souffrent les populations, l’insécurité, l’absence de politique sociale à l’endroit des travailleurs, la disparition du patrimoine culturel dans les localités au point qu’à Ngoundiane une association mène le combat pour le respect des textes.

Si les textes sont alors clairs et nets pourquoi ne sont ils pas appliqués sur le terrain pour qu’enfin les carrières soient gérées de manière adéquate, c’est-à-dire favorisant le développement économique tout en respectant l’environnement et le social. C’est l’interrogation majeure dont tous les acteurs (gouvernement, exploitants, élus locaux, populations locales) doivent trouver la réponse. Mais toute solution durable passera par la concertation et le dialogue. C’est notre conviction..•

Pape Samba Diouf, Coordonnateur régional

du WWF WAMER et Membre du GREP

Pour une exploitation

durable des carrières

EDITORIALCoordination :

Mandiaye THIOBANEComité de rédactionMame Oury THIOUBOU,

Ramatoulaye DIALLO, Bakary COULIBALY, Ahmed DIAME, Mandiaye THIOBANE, Pape Samba DIOUF, Birima FALL,

Mouhamed GUEYE.PHOTOS

Baboucar Mbaye Baldé et Armelle Nyobé

EDITIONAbdoulaye FAYE

BUREAU DU GREPPrésident : Abdoulaye BARRY

(RTS/TV)1er Vice-président chargé

du partenariat, du lobbying et de la coopération : Babacar Sène (AGROPASTEUR)

2ème Vice-président chargé du Fundraising et du plaidoyer : Elizabeth Tylaure (WADR)

3ème Vice Président chargé de la formation et du renforcement de

capacité :Mandiaye Thiobane

(Nouvel Horizon) Secrétaire général, chargé de

l’organisation :Babacar Mbaye Baldé

(ONG Espoir pour la Santé) Secrétaire adjoint chargé de la communication et porte parole :

Mohamed Guèye (LE QUOTIDIEN)

Trésorier : Moussa Thiam (Présidence de la République)

Trésorier adjoint : Bakary Coulibaly (PANAPRESS)

La réalisation de ce premier numéro du magazine les

“Cahiers du GREP” qui est un spécial dont l’objectif est de faire un plaidoyer pour le Parc National du Niokolo Koba a été rendu

possible grâce à l’appui de l’Ambassade des Pays-Bas à Dakar, de la Direction des

Parcs Nationaux, du min-istère de l’Environnement

et du WWF Wamer.

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Ils sont plus de 8000 âmes à vivre à Diack et dans la demi douzaine des villages et autres hameaux dans le département de Thiénaba (région de Thiès), Nioniol, Mbayène, Kamba, Diack, les deux Mbodokhanes, où sont installées plusieurs entreprises privées qui exploitent le basalte et les au-tres roches marneuses et calcaires fournissant la matière de base aux cimenteries et le secteur du BTP du pays et d’ailleurs. Pour les habitants des villages de ce terroir aux noms si chargés de leur symbolisme d’abondance et de quiétude que polarise Ngoundiane, le problème de l’implantation des carrières, c’est une kyrielle de dégâts dont les populations n’arrêtent pas de se plaindre. Des dégâts qui sont la source de doléances nombreuses dont certaines ont été manifestées, ces derni-ers temps de façon récurrente. Souvent bruyamment. Et parfois un peu violemment. Le point nodal de ces revendications restant ancré sur la question cruciale de la perte du patrimoine foncier et des conséquences écologiques multiples qu’entraînent ces exploitations de carrières.

L’objet de cette complainte collective, c’est tout d’abord les ravages physiques sur l’écosystème adjacent qui a pu être affecté par la contamination de l’eau par les métaux, l’extinction de la végétation et l’érosion des sols. Mais aussi de tous ces impacts connus ou inconnus qui peuvent être à l’origine de maladies nombreuses comme, les dermatoses, les maladies diarrhéiques et au-tres maladies hydriques comme la bilharziose sous ses diverses formes favorisées par la présence de nombreuses poches d’eau stagnantes souvent contaminées au départ par la pollution chimique en provenance des carrières. Sans compter les infections respiratoires aigues dont la tuberculose qui, de l’avis de nombreux observateurs avertis, connaît une recrudescence, pour beaucoup, liée aux émanations de poussières vomies par les machines à concasser la pierre.

A ces impacts négatifs visibles et vécus dans leur chair par les populations locales, il faut ajouter d’autres. Moins tangibles ceux-là…Lesquels sont d’autant plus pernicieux qu’il s’agit de dom-mages insidieux qui sapent les valeurs socles des cultures du terroir. Et entament dangereusement le tissu social qui doit désormais compter avec tous les travers, qu’au plan des mœurs, induisent, de façon brutale, les bouleversements démographiques et culturels consécutifs aux implantations industrielles et minières. Les mêmes maux qui, dans d’autres contextes sociaux plus permissifs de point de vue des interdits moraux, prennent la forme de phénomènes comme l’accroissement de l’alcoolisme, de la violence et de la prostitution. En somme, une intrication complexe de facteurs dont nous tentons de dénouer l’enchevêtrement en donnant la parole aux acteurs sur le terrain et rendant compte de ce que, de visu, notre reporter sur les lieux a pu glaner. Enquête…

CARRIERES DE NGOUDIANE DIACK

La malédiction du basalte

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« C’est à cause de la pluie qui est tombée cette nuit et ces derniers jours que la poussière s’est tassée. En période de sa-ison sèche et les jours où il ne pleut pas, c’est des nuages de poussière blanchâtre qui envahissent l’espace. Ce qui nous empêchent même de voir au-delà de cinq mètres même sous la lumière écarlate du jour » tenait à tout prix nous pré-ciser Modou Diouf.

Notre interlocuteur qui prolonge son propos d’un geste am-ple des bras finit par pointer du doigt un de ces monticules de roche blanchâtre concassée qui servaient de clôture à ces immensités de terres retournées sur lesquelles étaient plantées des tableaux métalliques portant enseignes dont le message est sèchement succinct : « Explosifs : danger » et que commençaient à coloniser quelques pousses de « paf-tan » du nom local donné à l’espèce végétale dénommée Calotropis procera,. Une plante qui, de l’avis expert du biolo-giste et ancien spécialiste en foresterie rurale qui travaille à l’Ambassade des Pays-Bas à Dakar « est un indicateur de sol pauvre ou appauvri ». Tout le contraire du « kadd ». De son nom scientifique de Faidherbia albida ou encore Aca-cia albida les spécimens de cette essence, reconnaissables à leur feuillage dégarni et à leur cime totalement émondée en cette période d’hivernage où la mode dans la nature est à la verte luxuriance continuent encore à pousser sur le site. Mais dans les strictes limites des périmètres non encore happées par les grosses et dévoreuses canines d’acier des engins des exploitations de basalte de gré et d’attapulgite. Minerais usités dans l’industrie du BTP dont la présence dans cette région remonterait à l’ère tertiaire de l’avis de MM. P. Elouard et P. Michel. Ces auteurs du chapitre de l’Atlas du Sénégal qui traitent de la « Géologie et gîtes des minerais » pour qui la présence dans cette zone de Ngoundiane-Diack de

« pointements de basalte du Horst de Ndiass et de la ré-gion de Thiès qui sont contemporains » seraient le résultat « d’activités volcaniques qui se sont produites au Sénégal occidental surtout à l’extrémité de la Presqu’île du Cap vert »

N’existerait-il, plus désormais dans cette zone de Ngoundi-ane-Diack qu’à l’état de relique, « Kadd » ? Tout porte à le croire ! Au regard du sort que l’ouverture des carrières a réservé à la biodiversité, on a comme l’impression que Kadd, l’arbre tutélaire, a été tout bonnement sacrifié à l’autel de la vomissure du volcan qui, dans cette zone de Diack a pris la forme de ces immenses blocs de pierre noire et de cette fria-ble roche blanchâtre dont sont si gourmandes les cimenter-ies et autres industries de BTP qui font la civilisation du bé-ton. Et oublié alors tout ce qui depuis la nuit des temps, Kadd a apporté aux hommes et à l’équilibre des écosystèmes en tant qu’élément essentiel d’un dispositif agro-sylvo-pasto-ral. Avec la jachère et le mode efficace d’assolement triennal qui lui sont associés et qui ont fait la preuve de leur efficac-ité écologique. Signe elle-même d’une alliance qui remonte aux temps immémoriaux entre le Sérère (l’autochtone de ce terroir) et cet arbre nourricier dans une sorte de « complicité paradoxale » à propos de laquelle Paul Pélissier disait qu’elle est l’expression « d’une enseigne ethnique » et l’empreinte séculaire d’une organisation sociale.

Kadd, l’arbre nourricier qui disparaît préfigurerait-il la fin de cette « contiguïté active avec l’univers qui entoure » qui fonde la conviction longtemps nourrie par le Révérend Père Henry Gravran, ecclésiaste et anthropologue, auteur de deux célébrissimes ouvrages « Cosaan » et « Pangol » qui, dans ses traités sur l’imaginaire et le sentiment du sacré dans cette culture millénaire affirmait que : « L’homme Sérère rencon-tre DIEU dans son univers humain, à travers les objets pris dans son environnement et des paroles de vie tirées de son langage » ?

En plus d’être le signe irréversible d’une mort program-mée de Kadd, la meurtrissure opérée sur sa biodiversité hier très riche et sur cet espace, du fait des déboisements intempestifs opérés sur cette nature pour déblayer les aires d’exploitation des carrières est la marque indélébile (on oserait même dire débile) d’un développement qui a fini par tuer, comme le disait Amad Faye, le culte de l’arbre. Et irrémédiablement réduit « le face à face mystique entre l’homme et la nature en un jour désincarné, en une altérité presque inerte ».

Car ici, à Ngallèle comme partout ailleurs à Ngoudiane Dior, Peye, à Samel ou encore à Diack, noms de lieux chargés de la référence symbolique de l’abondance qui caractérisait les lieux avant la fatale intrusion des carrières, « la terre sup-pliciée a perdu son charme » et la plastique de son corps terni ne flatte plus assez l’imagination.•

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IMPACTS SUR LA BIODIVERSITE

Requiem pour Kadd, l’arbre nourricier

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Pour trouver Ngalèlle, il faut scruter pendant longtemps l’horizon bouché des hauteurs des dunes marneuses qui surplombent le site. Ngalèlle, hameau, situé en bas de l’exploitation vit encore de façon de plus tragique les émanations de poussière que crachent les broyeuses de l’attapulgite, nous a expliqué Modou Diouf qui reprend à son compte ce que nous confiait déjà l’Imam de Ngallèle et qu’à l’unisson, les populations de ce village révéleront : « Il nous arrive maintes fois de voir le village envahi, pendant l’hivernage par cette eau sale et quand il ne pleut pas par la poussière blanche provenant de la roche concassée de la carrière. Les femmes qui préparent le couscous qui est notre repas quotidien vous le confirmeront. Cette poussière, non seulement souille la nourriture que l’on ne peut consommer que camouflé dans des moustiquaires à fortune, mais elle nous cause toutes sortes de maladies de poitrine dont nous sommes très nombreux à souffrir. »

Sur le registre des maladies dont souffrent les gens de Ngalèlle, il y a aussi « cette diarrhée bizarre » dont parlait le vieux Mandiaye Ndiaye, un habitant du même village qui, visiblement a dû beaucoup bourlinguer avant de revenir dans son fief où il compte parmi les leaders bien écoutés.

Pour lui, cette diarrhée sanguinolente qui était apparue « il y a deux ans et avait fait des ravages ». Causant, selon nom-

bre de congères de Mandiaye des morts nombreux chez les femmes et chez les enfants.

Les autres maladies, Ngalèlle les partage avec tous les au-tres villages et hameaux qu’enchâssent ces carrières à ciel ouvert. Elles ont été égrenées à l’infini au cours du forum qu’au terme de la visite mouvementée sur les sites, les mêmes acteurs auxquels se sont jointes l’infirmière chef de poste de santé de Mbourouniaye, Madame Dramé Anta Boye et le responsable au niveau du département du serv-ice des eaux et forêts ont organisé dans l’enceinte du centre polyvalent de Ngoudiane , en présence du président de la Communauté rurale du même nom, M. Mbaye Dione.

Pour l’infirmière chef de poste de Diack, les affections les plus fréquentes qui font l’objet de consultation sont les der-matoses, les maladies diarrhéiques et les autres maladies hy-driques comme la bilharziose urinaire mais aussi la bilharzi-oze intestinale. Lesquelles ont été favorisées par la présence de nombreuses poches d’eau stagnantes souvent contam-inées au départ par la pollution chimique en provenance des carrières et les infections respiratoires aigues. Parmi ces affections figure en tête la tuberculose qui, de l’avis de nombreux observateurs avertis connaît une recrudescence qu’occasionnent les émanations de poussières. Ce qui vaut à l’axe Sewekhaye-Diack de battre ce triste record de taux

FOCUS SUR…

Ngalèlle ou la complainte d’un hameau oublié

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le plus élevé, mais dont les spécialistes lésinent à expliquer la prévalence par la présence directe de carrières. Comme le montre l’enquête que notre confère Babacar Diop avait publié il y a une dizaine d’années déjà dans les colonnes du journal « Le Soleil » . Et à qui Pape Niama Konaté, l’infirmier chef de poste médical de Ngoundiane entre 1986 et l’an 2000 confiait : « La tuberculose est très répandue ici. Les infections respiratoires aiguës en général, mais surtout la tuberculose constituent un casse-tête. Elle règne dans les villages à prox-imité de la route. Et dans nos consultations, ces maladies viennent en deuxième position après le paludisme. Ces vil-lages, exposés à la poussière, souffrent trop de maladies res-piratoires. Les enfants constituent la couche la plus touchée, particulièrement les enfants de 0 à 5ans. Et effectivement, il y en a qui sont morts. Mais on ne connaît pas le nombre. Nous l’apprenons longtemps après. Ou bien on nous dit qu’un tel est décédé alors qu’il suivait un traitement ici. D’autres ne vi-ennent même pas, ou c’est une fois »

Il se pose un véritable problème de santé publique dans ces deux villages. « C’est un problème très sérieux » expliquait l’infirmier de Ngoundiane de l’époque. Avant que ne l’ait conforté dans son propos le Dr Siaka Coulibaly, alors chef du centre de santé de Khombole où sont suivis les malades et M. Codé Ndiaye, infirmier major chargé, à l’époque , du traite-ment grâce au programme national de lutte contre la tuber-culose pour qui : « le plus grand nombre de tuberculeux nous vient de la communauté rurale de Ngoundiane. Des tubercu-leux, il y en a trop là-bas. Il y a d’autres infections respiratoires mais elle sont marginales par rapport à la tuberculeuse qui y est très développée »

Ces deux hommes de l’art pour qui « il ne fait aucun doute

que cette situation est favorisée par les carrières dont la mat-ière extraite est transportée à partir d’une route en mauvais état » se fondant sur des données statistiques rapportées par le journaliste qui faisaient l’état des lieux sur cette période là et selon lesquelles :

« Sur un total 2134 consultations entre Juin 1999 et Juin 2000, 848 sont constituées de maladies respiratoires. Soit 16.22%. Le reste est à affecter à l’accès palustre, aux vers intestinaux, aux diarrhées, aux pansements de plaies, aux infections uri-naires, aux douleurs abdominales… »

Le lien était à l’époque déjà établie entre la poussière soulevée et les maladies. Même si comme l’indiquait le Dr Konaté, il faut reconnaître cependant que la poussière n’est pas la seule cause de la tuberculose….

Les émanations de poussière sont immanquablement à l’origine de la propagation phénomène car la voie de trans-mission est aérienne expliquait Babacar Diop à qui le Dr Coulibaly confiait que « la poussière a servi de véhicule au germe qui se développe. Car plus il y a de poussière, plus il y a d’infections. Ce qui rend les risques de contagion sont grands c’est que l’environnement est encore favorable à la multipli-cation des germes ».

Ceci pour signifier la permanence du phénomène qui a sans doute dû prendre des proportions nouvelles, compte tenu de l’accroissement du nombre des carrières et des exploitations qui ont crée ces problèmes propres à l’écologie bousculée d’un système social qui appelle à d’autres solutions que ne saurait régler à elle seule, la question des redevances à verser à ces populations qui endurent dans leur chair la présence dans leur localité de ces mines.•

TAXES, INDEMNISATIONS OU REDEVANCES ?

La tellurique équation de ces compensations qui divisentAux dires des uns et des autres, la question des redevances et des taxes qui continuent de diviser population, élus lo-caux et administration. Comme l’illustrent ces propos con-tradictoires échangés lors du forum au centre polyvalent de Ngoundiane entre M. Modou Ngom, chargé de la com-munication de l’Association des jeunes de Diack (Ajed) qui plaide comme tous les membres de son association pour « qu’au delà des taxes et patentes versées sans retom-bées significatives à l’Etat et aux collectivités locales l’on paie directement des redevances aux populations vic-times désignées des impacts négatifs sur l’environnement qui tombent malades de ce fait, qui vivent les affres de l’enclavement et dont les enfants deviennent sourds du fait des mines qui explosent s’ils ne se noient dans les bas submergés des cratères non surveillés fonds ».

Tout un chapelet de revendications en passe de devenir sempiternels sur fond d’une analyse de la situation que Mbaye Dione, le président de la Communauté rurale de Ngoudiane dit entièrement partager sauf sur sa conclu-sion. « Moi je suis un républicain et un légaliste, la question

des redevances telle que formulée par mon ami et frère Modou Ngom de l’Ajed n’est inscrite nulle part dans les textes qui régissent la décentralisation. De plus, les conces-sions qui sont faites dépassent les prérogatives de la Com-munauté rurale. Elles relèvent des prérogatives régaliennes de l’Etat. Moi je parle des taxes qu’il nous faut recouvrer et que seules trois parmi ces exploitations (Cogeca, Socecar et Gécamines) ont consenti à payer. Nous avons pour ce-tte année, avec ces trois entreprises recouvré 76 millions. Si toutes les entreprises implantées ici s’acquittent de leurs droits vis à vis de la communauté rurale, Ngoudiane pourra disposer de plus de 200 millions de francs. C’est largement suffisant pour prendre à bras le corps la question des in-frastructures sociales dans notre communauté » explique M.Mbaye Dione qui se réjouit que sous son mandat, cer-taines directions des entreprises qui exploitent les car-rières aient accepté volontairement d’appuyer Ngoudiane dans des projets à fort impact économique et social com-me les pistes rurales qui sont entrain d’être faites ou qui le sont déjà.•

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LES COUTS SOCIAUX EXPLOITATIONS

Les rentiers de la vomissure du volcan

Nous sommes à l’entrée des exploitations.

Excès de zèle des préposés à la sécurité ou simple frivolité patronale, cette attitude de refus de laisser voir ce qui se passe dans cette mine ? Tout porte à le croire, aux dires de l’activiste écologiste Julie Cissé qui dirige l’Ong Gips/War qui plaidait tantôt au briefing pour une appropriation par l’ensemble des citoyens de ce pays « de cette prob-lématique nationale de la question des carrière à ciel ouvert de Ngoudiane ». Et pour qui « il y a pourtant dans l’exploitation de Layousse et sur le site de la Cimenterie du Sahel, des exemples probants de ce qu’une conces-sion du genre peut faire dans le domaine de la relation/régénération de l’écosystème avec sa pépinière pilote ou sa boiserie ».

Non loin de la concession , on continue à tergiverser encore sur les étendues réelles et sur l’identité des pro-priétaires.

Selon Mbaye Dione , Président de la Communauté rurale de Ngoudiane dont la venue tardive va faciliter notre ac-

cès dans ce qui restait des exploitations à visiter, ils serai-ent huit au total à être implantés parmi lesquelles les ma-rabouts, des étrangers et des hommes d’affaire du Sénégal, parmi eux Bara Tall cité à côté d’autres entreprises comme celle de Mapathé Diouck .

L’immobilisme des machines à chenilles et les plantes ram-pantes qui colonisent certains engins que commencent à gagner la rouille qui règnent à l’intérieur de l’exploitation de carrière associéeau nom de ce dernier, semblent don-ner raison à l’informateur qui expliquait quelques minutes auparavant que l’exploitation est restée longtemps sans activité.

Sa jachère obligée s’étant prolongée, comme l’a confirmé Makhtar Sarr du service régional des mines de Thiès pen-dant tout le temps qu’un contentieux qui reste à être dé-finitivement vidé devant les tribunaux du pays a opposé le patron de cette exploitation à un autre du nom de Bathie Diop. Contentieux qui concernait un litige foncier sur le site d’exploitation des deux carrières.

Un soleil de plomb sur son chemin du zénith darde ses rayons incandescents sur un sol jonché de débris de toutes sortes et de pneus usagers. Sur le site

que bordent sont délimitées petites étendues qui ressemblent encore à des champs où poussent quelques fébriles épis de maïs à côté d’herbes sauvages

et d’autres plantes rampantes s’agglutinant aux haies d’épines servant de palissade.

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A l’entrée de l’exploitation qui venait d’être dépassée, sans qui on ait pu accéder à l’intérieur deux enseignes sur des tableaux portant des écritures sur un fond dont le blanc d’origine semble avoir subi les agressions des aléas, don-nent une idée sur l’identité de l’exploitation l’identité tenues apparemment par 2 sociétés. La première enseigne porte la mention : « Concasserie de basalte de Thiologne à Diack ». Sur l’autre, on peut lire : « Nouvelle société de Concassage de Basalte à Lamane. Rue 12 x 13 Villa 25 Bopp ». L’ambiance plutôt artisanale dans ces exploitations à Diack rompt avec celle de Gecamines-Diack à l’autre bout de la route.

Le matériel à l’intérieur de l’usine ressemble par la con-figuration du dispositif technique mis en place à celui des grandes exploitations minières modernes. D’énormes en-gins sur roues s’enchevêtrent dans un indescriptible fatras métallique autour duquel s’activent des ouvriers en plus grand nombre et dont certains (chose spécifique à cette im-plantation), portent des masques et d’autres, des casques de protection. Sans cependant que l’usage de cette obligation sécuritaire minimale n’ait été de rigueur.

Une forte odeur de Gasoil exhale des pompes manuelles at-tenant au bâtiment en dur comprenant plusieurs comparti-mentations au fronton desquelles il est indiqué l’usage spéci-fique dédié aux divers espaces à la devanture desquels une petite mosquée et comprenant divers lieux qui dans cette exploitation font tantôt office de bureau, tantôt d’infirmerie.

La voix du technicien, chef de la production soumis au feu roulant des questions des confrères est étouffée par le vrombissement des moteurs que surplombe une grande grue. Parmi les questions qui fusent, une qui porte sur les réponses envisagées dans les cahiers de charges concern-ant l’après exploitation et une autre sur la cohabitation entre les exploitations et les terres de cultures et une autre, et une autre encore qui se succèdent sans que l’interlocuteur resté impassible à cet assaut n’ait eu chaque fois le temps de don-ner des réponses claires et audibles.

Un homme, visiblement un leader paysan, prend la ques-

tion à la volée et répond du tac au tac. Comme s’il s’attendait à ce qu’elle soit enfin posée. « Ils sont injustement venus oc-cuper nos terres. Ce qui nous a été donné comme dédom-magement c’est des miettes. Pas plus de 200.000F par famille pour nous prendre la terre de nos ancêtres et nous priver de nos champs. C’est cela la réalité tragique des habitants de notre terroir ». Propos en parfaite osmose de vue avec celui, formulé il y a quelques années par Mor Gningue, un autre fils du terroir qui était Directeur de l’école de Diack au moment où il se confiait au journaliste du Soleil : « Les carrières posent trop de problèmes aux populations. L’environnement im-médiat du gisement présente un danger pour les habitants, les bergers et des cultivateurs des champs proches des lieux. Même chose pour le cheptel auquel on a ôté ses zones de prédilection. Nos enfants sont souvent fauchés par les cami-ons. Les petits bergers se noient dans les marigots artificiels. Nos constructions se fissurent du fait des explosifs. Et surtout, ola santé se dégrade. Ces dernières années, la tuberculose a fait des ravages à cause de la pollution. Sans aucune retom-bée fiscale au niveau de la communauté rurale ».

Le matériel de l’exploitation en face paraît beaucoup plus rudimentaire et le décor qui l’environne de loin plus rustique comparé au dispositif en place à l’intérieur du site qu’exploite Gécamines, la mine moderne où dans le hangar à l’entrée de laquelle des dizaines de jeunes venus probablement des villages environnants s’activent. Autour d’une foultitude de prises électriques multiples ils travaillaient à charger des bat-teries de téléphones portables.

Signes patents que les concessions dans ces anciennes exploitations ont été faites à leurs propriétaires depuis longtemps, le degré de vétusté des engins et des installa-tions où grouille pourtant encore un monde indéfinissable de manœuvres dont la plupart sont originaires des hameaux alentours. Des agriculteurs depuis la nuit des temps qui ont dû, la mort dans l’âme et moyennant de (modiques ?) som-mes payées en compensation, quitter la terre de leurs ancê-tres pour ces de précaires dans ces corons d’un type nou-veau..•

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Située à une trentaine de kilomètres de Thiès, la Com-

munauté rurale de Ngoundi-ane cristallise toutes les

problématiques sanitaires et environnementales liées à l’exploitation des mines à

ciel ouvert. Dans cette partie du Sénégal où le basalte et

le calcaire constituent des richesses inestimables, une

dizaine de carrières y sont implantées non sans grince-

ment de dents. Les impacts sanitaires et environnemen-taux liés à la mise en valeur de ces richesses ont pris des

proportions inquiétantes.

Après plusieurs minutes de route, le village de Ngallène apparait au bout d’une piste cahoteuse. Bordant le chemin, des panneaux rappellent la perma-nence d’un danger avec les inscriptions : «Attention explosion !». Dans ce bled perdu au cœur de la région de Thiès, l’hivernage s’est confortablement installé. Quelques champs de mil et d’arachides tentent de fleurir, avec des fortunes di-verses, au milieu du décor chaotique des carrières de basalte. Assis sous l’arbre à palabre du village, le vieux Abdou Tine ne cache pas son désarroi face aux effets dévastateurs de l’exploitation des carrières. «Nos champs et nos puits sont, en permanence, envahis par les eaux polluées, pompées des carrières en-vironnantes. En période de saison sèche, nous mangeons et dormons, impuis-sants, dans la poussière», lance l’imam amer. Résultat des courses, dans cette zone minière, les infections respiratoires aiguës (IRA) crèvent le plafond.

Au-delà de leurs apports économiques, les carrières constituent de sérieuses menaces pour l’environnement et la santé de ces populations riveraines. Ces menaces sont d’autant plus grandes que les règles d’une exploitation harmo-nieuse sont souvent reléguées au second plan au profit d’une recherche de gains plus faciles.

Assise au milieu de l’assistance, Anthia Boye, l’infirmière chef de poste de Mbourouaye, un petit village jouxtant les carrières, explique : «Les infections respiratoires aiguës constituent l’une des principales causes des consulta-tions médicales ». Et d’ajouter : « cette situation résulte principalement de l’inhalation, par les populations locales, de poussières.» Des poussières que dégagent, en longueur de journée, les mines mais aussi les centaines de cami-ons remorques dont le ballet incessant rythme le quotidien de ces villageois. A

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IMPACTS SANITAIRES ET ENVIRONNEMENTAUX DES CARRIERES

L’enfer des populationsde Ngoundiane

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côté de ces infections respiratoires, le paludisme et la bilhar-ziose constituent deux autres problèmes de santé publique à Ngoundiane. Ces pathologies, bien que présentes en temps normal dans la localité, ont vu leur nombre de cas explosé à cause des carrières. «Il y a quelques années, une étude menée dans la zone par l’organisation PLAN Sénégal concluait que la majorité des enfants des villages avoisinant les carrières avait été atteinte de bilharziose», renseigne l’infirmière chef de poste. Il s’agit d’une maladie dont l’agent pathogène vit dans des mollusques gastéropodes présents dans les eaux douces. « Cette situation découle principalement du fait que certaines carrières sont devenues des gîtes larvaires pour de nombreux vecteurs de maladies», informe l’infirmière. «Désaffectées avec aucune forme de remise en état, ces lieux offrent les conditions optimales au développement de para-sites», martèle Julie Cissé présidente de Gips/War, une ONG locale qui se bat pour la préservation de l’environnement dans les zones de carrières et pour la protection des intérêts des populations autochtones.

La biodiversité en prend un sacré coup ! Pis, les trous béants laissés sans gardes fous par les machines constituent de véritables pièges mortels pour les hommes et les animaux. «Les cas de noyades et d’accidents mortels sont monnaie courante dans ces pièges à ciel ouvert», lâche Modou Ngom, chargé de la communication de l’Association des jeunes Diack (AJD).

En poste à la brigade forestière de Thiénaba, Abdou Khadre Dieng connaît bien les impacts de l’activité minière sur l’environnement. Depuis qu’il parcourt ces zones, il assiste, impuissant, à la déforestation du milieu. Dans leur extension, les mines ne laissent rien derrière elles. La biodiversité en prend un sacré coup ! «La semaine dernière, j’ai dû verbal-iser GICA Mines pour avoir abattu deux Kadd (Acacia albida) en dehors de leur périmètre d’exploitation», renseigne-t-il. La végétation, jadis touffue, a cédé la place à des terres nues incultes. Une déforestation qui n’épargne pas non plus les forêts classées qui, de plus en plus, deviennent les cibles des compagnies minières malgré les textes de lois. «La dispari-tion du couvert végétal à laquelle s’ajoutent les bruits as-sourdissants des explosifs a occasionné la fuite des animaux

sauvages vers des cieux plus cléments», se désole le forestier.

La loi royalement ignorée Pour Mbaye Dione, le président de la Communauté rurale de Ngoundiane, force doit rester à la loi. En effet, «la loi stipule que l’autorisation d’une exploitation minière est condition-née par la présentation, de la part du promoteur, d’un plan de gestion environnemental et social qui doit être soumis à une audience publique», précise t-il. Et d’ajouter que : «la majorité des mines qui opèrent dans la communauté rurale Ngoundiane ne l’ont pas fait ; pis, certaines ne respectent même pas la distance réglementaire entre les carrières et les habitations.» Une situation que le nouvel édile compte bien changer pour une meilleure prise en compte des aspects environnementaux et sociaux par les exploitants des mines. Cette situation qui prévaut dans les carrières est d’ailleurs une préoccupation majeure pour les autorités publiques locales. «Certaines mines ont démarré leurs activités avant même la réalisation d’une étude d’impact. Désormais, cette étude sera systématique pour les nouvelles exploitations tandis que pour les anciennes on procédera à un audit pour mesurer leurs impacts», précise Babacar Diouf, de la direction des mines et de la géologie. Pour lui, les dispositions relatives à l’exploitation minière doivent être respectées. C’est le cas notamment de la gestion des anciens sites de carrières. «Bien qu’il soit impossible de remblayer totalement ces anciens sites, il est nécessaire de les sécuriser par des gardes fous. Ce qui n’est pas toujours le cas, constituant ainsi un grand dan-ger pour les populations», reconnaît l’ingénieur.

Pour l’heure, les efforts des mines pour prendre en compte ces préoccupations, restent timides. «Certaines d’entre elles, bien que minoritaires, commencent à prendre conscience de leur responsabilité et s’orientent vers des procédés moins polluants. C’est le cas notamment de LAYOUSS qui vient d’installer un dispositif de réduction de ces émissions de poussières», indique Julie Cissé. Un coup d’épée dans l’eau certes, mais qui montre la voie à suivre.

En attendant que ces initiatives fassent tache d’huile et que les exploitants des carrières se prêtent au respect des dis-positions de la loi, l’enfer continue pour les populations de Ngoundiane. Jusqu’à quand ? •

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Les exploitants industri-els se frottent les mains

devant l’importance de la demande de leur produit.

Cela attise la convoitise du Conseil rural, qui veut

sa part des retombées. Pour le moment, les popu-

lations seules semblent marginalisées.

EXPLOITATION DU BASALTE

Tout le monde veut sa part de l’or noir

Les populations de la Communauté rurale de Ngoundiane surnomment le ba-salte, l’or noir. On peut croire que pour les gens qui l’exploitent et en vivent, le basalte rapporte autant que le pétrole. Hélas, la ressemblance avec cet autre or noir ne s’arrête pas là. Comme le pétrole aussi, le basalte contribue forte-ment à la dégradation de l’environnement et affecte la santé des populations environnantes. Pourtant, depuis quelques années en particulier, cette matière rapporte beaucoup d’argent.

L’évolution des prix de cette matière première, ainsi que d’autres minerais du sous-sol, a crû de façon impressionnante. Les toutes dernières données de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) montrent que les prix du basalte et d’autres pierres qui, l’année dernière, avaient connus une certaine baisse ou avaient stagné, ont repris depuis le début de cette année, tout au moins, depuis mars 2010, de manière notable leur ascension.

Cependant, si les prix sont à la hausse, c’est aussi sans doute parce que, quelque part, l’extractive n’a pas beaucoup augmenté, selon toujours les mêmes sourc-

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es. Comme on est dans un monde où seul le calcul financier prime sur tout, on peut imaginer que c’est soit parce que les industriels ont voulu forcer une remontée des prix qu’ils ont bloqué la production. Ou peut-être aussi, parce qu’ils ont at-teint leurs limites techniques d’exploitation.

Cette dernière se fait d’ailleurs dans des conditions limites de travail, avec beaucoup de bruit provoqué par les lourds engins qui sont utilisés, et les explosifs qui servent à cas-ser la pierre. A cela, il faut ajouter les nuages de poussière provoqués par le concassage des pierres. Ces pierres con-cassées sont particulièrement recherchées par les grandes entreprises de travaux publics, engagées dans la construc-tion des routes, et dans d’autres travaux d’infrastructure. Et il faut croire que la volonté des dirigeants du pays d’ouvrir plusieurs chantiers de construction et de création de routes, a bien profité à ces exploitants qui se sont établis dans la ré-gion de Thiès, et plus particulièrement dans la Communauté rurale de Ngoundiane. La carrière de la Gecamines, qui ap-partient au groupe Vicat, propriétaire de la Sococim, date de 5 années à peine. Mais en un laps de temps assez réduit, elle a pu se hisser à la seconde position, par son importance, der-rière les carrières de Layousse, propriétaire des Ciments du Sahel, dans la même zone.

800.000 tonnes produites en 2009Ibrahima Sow, l’ingénieur-mécanicien, responsable de la maintenance, adjoint au chef d’exploitation sur la carrière de la Gecamines, indique que le site emploie 170 personnes. Ces dernières travaillent tous les jours, 24 sur 24, par rotation de trois équipes. Car le travail n’est pas facile. «Le basalte est tiré jusqu’à 80 mètres et il faut du matériel performant pour le chercher».

Le basalte au Séné-gal, n’a été décou-vert que dans la zone de Diack, et il entre dans la fabri-cation des routes. La production de l’année dernière a été de 800.000 tonnes de basalte dans la carrière de la Gecamines. Les mines voisines ont fait une production un tout petit peu moins importante. Sans doute par manque de matéri-el, ou parce que leur filon n’était pas aussi riche. M. Sow indique que toute cette importante production n’a pas suffit pour satisfaire tous les besoins : «Il nous est arrivé de rejeter certaines

demandes ces dernières années, parce qu’on n’avait pas as-sez de produits. Et parmi nos plus gros clients, vous trouvez la Cse et Eiffage (entreprises de construction de routes. Ndlr). Et pourtant, la Cse par exemple, exploite elle-même sa propre carrière dans la région. Mais cela ne lui suffit pas, pour vous donner une idée des besoins.» Néanmoins, ce technicien s’est déclaré incapable d’indiquer ce que peuvent rapporter les produits tirés de la terre de Diack et des villages environ-nants. De même qu’il ne pouvait estimer l’investissement nécessaire pour lancer une exploitation comme celle de la Gecamines. Ce qu’il sait, c’est que la société a consacré l’année dernière, un peu plus de 800 millions à la main-tenance de l’outil de travail. Et il sait aussi que ses patrons négocient pour obtenir une extension de leurs carrières sur une zone encore plus large.

Et les populations ?Si donc les entreprises se frottent les mains face à l’importante demande de leurs produits, il est normal aussi que le Conseil rural s’attende à des retombées encore plus importantes que celles qu’il obtient actuellement. Notamment en termes de taxes et autres patentes, comme l’avouait le président du Conseil rural, sans complexe, à la presse.

Il semble aussi normal de voir les populations, notamment les jeunes de Diack, insister pour que les exploitants des carrières tiennent compte des besoins des populations lo-cales. Et parmi ces besoins, les plus importants sont d’abord l’emploi. Modou Ngom, le porte-parole de l’Association des jeunes de Diack, s’emporte contre le fait que les entreprises préfèrent aller embaucher ailleurs, et laisser en plan les je-unes du terroir. «Ou si ces derniers trouvent du travail, c’est le plus souvent, comme des journaliers, ce qui n’est pas mieux.»

L’or noir de Ngoundiane a, comme son cousin de pétrole, déjà fait tourner les têtes. •

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L’exploitation d’une dizaine de carrières de basalte dans la communauté rurale pose de sérieux problèmes de représentation. En milieu rural, on tient beaucoup à cer-

taines valeurs comme l’attachement vis-céral au respect du couvert végétal ou de

l’architecture originelle des habitations. Ce que la présence des carrières ne semble pas

conserver à sa juste valeur.

CARRIERES DE BASALTE

Ngoundiane, un terroir conservateur qui se sent spolié

En 1979, lorsque les premiers exploitants de carrière(les promoteurs de l’entreprise Colas en l’occurrence) débarquaient à Ngoundiane, ils étai-ent à mille lieux de savoir que trente et une an-nées après, ce terroir sérère serait méconnaissable en plusieurs endroits. Quelque part, la chefferie lo-cale ne se sent pas associée à cette gigantesque entreprise d’exploitation tous azimuts de l’ or noir sénégalais que l’on ne retrouve en réalité qu’à Ngoundiane.Or avec la ruée vers le basalte, or-chestrée par des mastodontes industriels comme Gecamine,CSE,Cogeca,Entreprise Mapathé Ndiouck ,Société Bathie Diop ou les Chinois de Watif,les vil-lages environnants comme Diak,Ngallène,Samène ou Mbourwaye se trouvent maintenant à moins de 500 mètres des carrières. Question. Entre les villages et les carrières, qui s’est rapproché de l’autre ? Ce sont les villages informe Oumar Seck le gérant de la carrière de Bathie Diop.Faux rétorque le Président de la communauté rurale de Ngoundiane Mbaye Dione, un fils du terroir qui porte le combat de la représentation au même titre que les imams, chefs de villages ou autres leaders sociaux de la con-trée .Ce rapprochement n’est pas sans difficultés. Le couvert végétal est agressé. Les eaux de ruis-sellement déversées des carrières envahissement les exploitations agricoles portant un rude coup à l’économie locale essentiellement basée sur la culture de l’arachide, du maïs ,du mil et d’autres spéculations. L’association des jeunes du village de Diak se mêle elle aussi à ce concert de sourde protestation. C’est son Président Modou Ngom qui embouche la trompette de la dénonciation. « Diak était jadis une forêt classée et les animaux sauvag-es faisaient partie du décor.Aujourdhui toutes les bêtes ont fui à cause de l’exploitation non maitrisée des carrières » analyse t-il. Même cas de figure avec le chef de village de Samène qui informe que la plupart du temps, le plat de riz qu’on lui sert est recouvert de poussière, une fois ouvert. En tous les cas il ya problème. Il y’a surtout urgence à davan-tage huiler les rapports entre les exploitants de car-rières qui brasseraient des milliards de francs CFA et la chefferie locale. Car la complainte des habitants de Ngoundiane traduit une chose : elles se sentent spoliées et un tantinet impuissantes par rapport à la toute puissance de certains exploitants de carrière qui n’hésitent même pas à se « barricader » pour échapper à la vigilance de l’équipe du conseil rural. Celle-ci tente difficilement de recouvrer les taxes et la patente que doivent verser les exploitants de l’or noir. La seule éclaircie a trait au cas de certains jeunes de Ngoundiane engagés dans les carrières comme chauffeurs ou mécaniciens. Une goutte d’eau sur un océan de lamentations. •

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La privatisation des aires protégées, en particulier les parcs animaliers, est dans l’air du temps. Pour le Parc national du Niokolo Koba (PNNK),

elle est presque inévitable. Pourquoi ? Parce que le Pnnk se retrouve aujourd’hui dans une situation de dégradation telle que Les relations entre les populations de la communauté rurale de Ngoundiane et les exploitants

des concessions de carrières de la zone sont très heurtées. Le constat est fait le 17 septembre dernier lors de la visite de presse de soixante-douze heu-

res effectuée par le Groupe de Recherche, Environnement et Presse (Grep), en collaboration avec le Wwf, l’ambassade des Pays-Bas au Sénégal, et

le Groupe d’initiatives et de progrès social (Gips/War). la dotation de l’Etat, un budget annuel qui tourne autour de 120 millions F CFA ne suffit plus pour

assurer son bon fonctionnement.

EXPLOITATION DES CARRIERES DE NGOUNDIANE

Ce qui fâche les populations locales

Le plus grand parc d’Afrique de l’Ouest, avec ses quelque Victimes de la pollution atmosphérique issue de cette exploitation, mais aussi de la dégradation de leur environnement immédiat et de leurs ressources agricoles, les populations de Ngoundiane, Mbourou-waye, Diack, Ngalène, entre autres, pointent du doigt les concessionnaires comme étant les principaux au-teurs de leurs souffrances.

Après le village de Ngoundiane, la verdure liée à l’hivernage contraste avec la poussière et la fumée qui se dégagent des nombreux sites de concassage de ba-saltes qui poussent comme des champignons dans la zone. Un peu avant la nouvelle société de concassage de basalte de Lamane, se trouve un gros cratère béant qui recueille beaucoup d’eau. La « blessure » dans les entrailles de la terre est tellement profonde qu’on ne peut même pas imaginer qu’elle se refermera un jour.

Elle existe depuis vingt ans déjà sans être remblayée, à en croire un ouvrier dans la carrière. La main destruc-trice de l’homme est passée par là assénant beaucoup de coups qui ont entrainé autant de frustrations, et rendant une cohabitation obligée presque impossible. C’est parce qu’elles se sentent laissées en rade dans les retombées des exploitations des concessions de carrières situées dans leur localité que les populations de Ngoundiane, Mbourouwaye, Diack et Ngalène sont très remontées contre les propriétaires des parcelles d’exploitation.

C’est la raison pour laquelle elles entretiennent d’ailleurs des relations très heurtées avec ceux-ci. En plus, ces populations riveraines des carrières d’exploitation du basalte sont victimes d’une pollution atmosphérique indescriptible, d’une dégradation de leur environne-

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ment et de leurs espaces agricoles.

Pis encore, ces populations locales sont soumises aux ris-ques et catastrophes causés par les potentiels pollueurs qui ne leur fournissent aucun service en contrepartie. Dans cet environnement complètement pollué règne une atmosphère de suspicion où les différents acteurs se regardent en chiens de faïences. Selon les populations locales, les carrières sont dans une large mesure respon-sables de la quasi-totalité des maux dont elles souf-frent. La pollution scandaleuse sur place semble être à la source de la recrudescence des affections respiratoires observées dans la zone.

Mbaye Dione, Président de la Communauté rurale (Pcr) de Ngoundiane, a bien défendu cette thèse samedi 18 septembre 2010 à l’occasion de la visite de presse effec-tuée sur les lieux par le Groupe de Recherche, Environne-ment et Presse (Grep). « Le taux de tuberculose dans la lo-calité comprise entre Sewe Khaye et Ngoundiane est l’un des plus élevés au Sénégal selon les résultats des études effectuées par l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) », a-t-il souligné. Pour sa part, Abdou Tine, Imam de Ngalène, village le plus vraisemblablement touché, a soutenu que durant la période de la saison sèche, il lui est pratiquement impossible de distinguer ce qu’il mange durant ses repas à cause de la poussière qui les assiège.

Mbaye Sène, âgé de 40 ans, regrette quand à lui le fait

que contrairement aux zones où sont exploitées les mines, et où il y a généralement un certain niveau de développement qui est décelé dans la mesure où les re-tombées profitent aux autochtones, les populations de Ngoundiane souffrent. Et pour corroborer les propos de l’Imam et du Pcr, il a révélé que de nombreuses patholo-gies comme la tuberculose, la toux aigue, le glaucome sont relevés au sein des populations. Ce qui du reste a fait engager les jeunes de Diack dans un bras de fer con-tre les concessionnaires pour lutter contre le phénomène d’exploitation des carrières. Cette vie empoussiérée et endangée a entrainé une situation conflictuelle perma-nente au niveau de la zone entre les villageois et les pro-priétaires des carrières.

Mbaye Sène relate avec regret le sort du bétail qui meurt dans les cratères béants et leurs terres cultivables qu’ils ne sont plus en mesure de récupérer. « Le bétail tombe et meurt dans les grands trous creusés dans les carrières et qui ne sont pas remblayés. Et ces gens ne prennent jamais l’engagement de rembourser les bêtes perdus. En plus, ils nous prennent toutes nos terres cultivables sans rien en contrepartie. Quand ils vous recrutent en tant que propriétaire terrien, ils cherchent et trouvent toujo-urs un moyen de se débarrasser de vous pour amener leurs neveux et relations », révèle-t-il.

Outre ces griefs, les populations de la communauté rurale de Ngoundiane ont relevé aussi la pollution sonore née des explosions effectuées pour perforer les blocs de rocs et le vacarme des engins. Plusieurs murs sont fissurés par les détonations. Il y a aussi que l’eau encombrante retirée du fond des mines est déversée vers le village de Kou-noune où existait une marre qui servait d’abreuvoir pour le bétail. « Il n’est plus possible aujourd’hui d’y abreuver le bétail car elle est contaminée par le poison contenu dans la poudre utilisée pour le minage des carrières », renseigne Issa Dione, ressortissant de Mbourouwaye.

« Ils ne s’occupent pas de nos affaires. Si tu as un décès, tu es obligé de venir travailler ou tu perds ta journée. Ils ne gèrent que leurs propres intérêts. Des gens ont été tués par des mines il y a de cela plusieurs années, mais ils n’ont jamais été dédommagés. Mamadou Sène du village de Sessène Diack a été retrouvé mort trois après être tombé dans un cratère dans les carrières. Il avait été aveuglé par les lumières des carrières de Layousse près de Kounoune et de Ngalène alors qu’il revenait de Dakar. Les respon-sables de la carrière n’ont même pas daigné présenter leurs condoléances à la famille éplorée », gronde Modou Sène de Kounoune. A cela s’ajoutent les cinq noyades enregistrées dans les cavernes où s’activent des ouvri-ers qui ont la seule ambition de remplir autant de godets vendus à 600 FCFA pour l’équivalent d’une brouette.

En définitive, voilà la nature des relations qui existent entre les populations autochtones de la communauté rurale de Ngoundiane et les exploitants des concessions de carrières qui ne respectent pas pour la plupart leurs engagements compilés dans leurs cahiers de charge. C’est ce qui est à la source même des relations heurtées qui existent entre eux et ces populations. La visite du Grep en collaboration de ses partenaires aura certaine-ment contribué avec le plaidoyer mené à apporter des solutions à cette source de tension sociale.•

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