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SCARABÉE Bulletin de liaison du réseau des experts de l’énergie décentralisée 11 - juin 2003 Fondation Énergies pour le Monde Spécial Maroc Temasol Ce numéro est livré avec l’ouvrage “L’Électricité solaire au service du développement rural” 1. Situation énergétique du Maroc 4. Le programme pilote d’électrification rurale décentralisée (PPER) 10. Le programme national d’électrification rurale : le PERG 16. Les énergies renouvelables dans le PERG 20. Les Maisons énergie, un service de proximité 24. 16 000 foyers ruraux électrifiés par le soleil 26. Énergies renouvelables et eau potable 29. Le parc éolien de Koudia Al Baïda 30. Noria-Développement 31. Brèves

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SCARABÉEBulletin de l iaison du réseau des exper ts de l ’énergie décentral isée

N ° 1 1 - j u i n 2 0 0 3

FondationÉnergies pour le Monde

Spécial MarocTemasol

Ce numéro est livré avec l’ouvrage “L’Électricitésolaire au service du développement rural”

1. Situation énergétique du Maroc

4. Le programme piloted’électrification ruraledécentralisée (PPER)

10. Le programme nationald’électrification rurale : le PERG

16. Les énergiesrenouvelables dans le PERG

20. Les Maisons énergie,un service de proximité

24. 16 000 foyers rurauxélectrifiés par le soleil

26. Énergies renouvelableset eau potable

29. Le parc éoliende Koudia Al Baïda

30. Noria-Développement

31. Brèves

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Dès le début des années 1980, le Maroc faisait le constatde l’énorme potentiel formé par la disponibilité des éner-gies renouvelables sur son sol. En 1995, Driss Benhima,alors directeur général de l’Office National de l’Électrici-té, pouvait annoncer, lors du séminaire sur l’électrifi-cation rurale décentralisée de Marrakech, qu’au sein deprogramme d’électrification rurale global, près de 15 %de la production serait décentralisée et près de 10 %serait d’origine renouvelable.

Vingt ans plus tard, force est de constater que cettevision est devenue réalité. Il aura fallu donner du tempsau temps pour mettre en place toutes les bases d’uneaction d’envergure, qu’elles soient institutionnelles,financières, organisationnelles ou techniques.

Aujourd’hui, le Maroc est devenu un leader reconnu dansle secteur de l’électrification rurale décentralisée et del’utilisation des énergies renouvelables.

À son actif, on peut citer :> les programmes d’expérimentation qui ont permis aux

acteurs marocains de comprendre la complexité dudomaine, tout en impliquant fortement le tissu rural ;

> les vastes programmes d’équipement de kits photovol-taïques visant l’équipement de près de 30 000 foyers ;

> le programme Promasol, visant l’installation de plus de100 000 m2 de capteurs solaires thermiques d’ici 2007 ;

> les investissements passés et futurs dans des fermeséoliennes connectées au réseau ;

> l’utilisation, malgré les aléas climatiques, des res-sources hydrauliques.

L’équipe de Scarabée souhaite que ce témoignage maro-cain puisse inspirer d’autres pays et d’autres experts del’ERD pour lancer, à leur tour, des dynamiques similaires.

Yves Maigne,directeur de la Fondation Énergies pour le Monde

É d i t o r i a l

Impression : Impr imer ies de Champagne - Dépôt légal : 2 e t r imestre 2003 - I S S N : en cours

L ’O BS E R VA T EU R DES ÉNERGIES RENOUVELA BLES146, rue de l’Université - 75007 Paris - www.energies-renouvelables.org

Éditeur Tél. : 33 (0) 1 44 18 00 80 – Fax : 33 (0) 1 44 18 00 36 E.mail : [email protected] de la publication : Alain Liébard Rédacteur en chef : Yves-Bruno Civel

Le Maroc, un exemple à suivre

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A vec près de 30 millions d’ha-bitants dont 44 % vivant enmilieu rural, les ressources

énergétiques du Maroc ne sont passuffisantes. Le pays ne dispose, à cejour, d’aucune réserve pétrolièreimportante (les importations de pétro-le ont atteint en 2000 près de 15 mil-liards de dirhams), et les réservesconnues de charbon se limitentexclusivement à la mine de Jerradadont la fermeture est imminente. Saproduction, en 2000, ne dépassaitpas les 16 000 tep (tonnes équivalentpétrole), contre 350 000 tep en 1993.Concernant la part des énergiesrenouvelables, l’énergie hydrauliqueest utilisée autant que possible etactuellement 13 centrales hydroélec-triques sont en fonctionnement. Leurproduction ne représente cependantpas plus de 10 % de la productionélectrique globale en raison des sécheresses des dernières années. Le gisement éolien est excellentgrâce aux 3 000 kilomètres de côteset une vitesse moyenne des vents de 6 à 11 m/s. La ferme éolienne de Koudia Al Baïda de 50 MW miseen service en août 2000 (voirpage 29), produit déjà 220 GWh/an.L’énergie solaire est abondante et l’ensoleillement dépasse les 3 000 heures par an, avec une valeurmoyenne de 5,5 kWh/m2.jour sur unetrès grande majorité du pays.

La consommationd’énergie primaire

En 2000, la consommation d’énergieprimaire du Maroc était chiffrée à 9,5 millions de tep, soit environ 0,3 tep par habitant et par an (horsbois de feu), un chiffre très inférieurà celui de pays comparables (envi-ron 0,9 tep). La biomasse, noncomptabilisée dans ce calcul, repré-sente cependant environ 30 % dubilan énergétique global. Depuis 10 ans, la moyenne annuelle d’ac-

croissement de la consommation est de 4,8 %, ce qui, compte tenud’un accroissement de populationde 1,7 % par an, représente uneamélioration nette par habitant de3,1 %. La consommation d’électricitéa, pour sa part, progressé durant lamême période, à un rythme de 4,6 %par an, rythme d’accroissement quidevrait se poursuivre dans lesannées à venir.Les produits pétroliers représentent66 %, le charbon 25 % et l’électricitéimportée près de 7 %, l’éolien repré-

sentant 0,2 % (voir tableau n° 1). Si le secteur des transports est le prin-cipal secteur consommateur d’éner-gie avec 31,6 % devant l’industrie(31,2 %), les autres secteurs serépartissent comme suit : domes-tique 16,5 %, agriculture 10,9 %, ter-tiaire 6,1 %. Enfin, si la consom-mation résidentielle est encorerelativement modeste, le recoursaux énergies traditionnelles (bois,charbon de bois, bougies) ne peutpas être négligé compte tenu de sonimpact sur l’environnement.

Quelle puis-sance électriqueinstallée ?

En 2002, la puissan-ce électrique instal-lée s’élève à4 400 MW : 72 % estd ’ o r i g i n ethermique et 27 %d’origine hydrauli-que. La productiond’électricité indépen-dante, centrale deJorf Lasfar (1 320 MW)transférée au consor-tium américain ABB/

Secteur énergétique

Bulletin du réseau Scarabée, juin 2003

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Situation énergétique du MarocLa structure de la production électrique du Maroc est largement dominée par les énergies fossiles, complétée par les énergies renouvelables : hydraulique, éolienet solaire. Le point sur la situation.

Consommation d’énergie primaire en 2000.

Total 100,0 %Produits pétroliers 65,7 %dont : Gasoil 45,0 %

Fuel 24,0 %Essences 6,5 %GPL 1,1 %Autres 6,5 %

Charbon 24,2 %Électricité importée 6,5 %Hydraulique 1,9 %Gaz naturel 0,4 %Éolien 0,2 %

Millions de tep %Tableau 1

Transports : 31,6 %

Industrie : 31,2 %

Domestique : 16,5 %

Tertiaire : 6,1 %Tertiaire : 6,1 %

Agriculture : 10,9 %

Les secteurs consommateurs d’énergie.

Divers : 3,7 %

Source : ministère de l’Énergie et des Mines

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CMS et centrale éolienne de KoudiaAl Baïda de 50 MW gérée par leconsortium EDF-Germa-BNP Paribas,représente plus de 50 % de la pro-duction électrique totale en 2000. Deplus, une centrale à cycle combinéde 385 MW, devant être construite àTahaddart dans les provinces du

Nord, compléterale dispositif de pro-duction électrique.En 2002, la produc-tion globale d’élec-tricité, affectée parla sécheresse, a étéproche de 14 GWh.La baisse de la pro-duction hydrauli-que a été partielle-ment compenséepar l’importation

d’électricité en provenanced’Espagne et d’Algérie, dont le volu-me a triplé de 1998 à 2000. Le réseaude transport, interconnecté avec lesréseaux algérien et es-pagnol, qui relie lesmoyens de productionaux centres de con-sommation, est d’envi-ron 13 000 km. Quantaux réseaux de distri-bution, leurs longueurssont de 15 000 km en moyenne ten-sion et de 22 000 km en basse ten-sion. 50 % des villages ruraux étaientraccordés au réseau électrique à fin2002 suite au programme d’électrifi-cation rurale global (PERG) en coursqui vise un taux d’électrification de 100 % àl’horizon 2007.

La politique énergétiquemarocaine

Créé en 1963, l’Office national del’électricité (ONE) est un établisse-

ment public à caractère industriel etcommercial, placé sous la tutelle duministère de l’Énergie et des Mines.Il est chargé de répondre auxbesoins du pays en électricité, d’as-surer un service public au moindrecoût, de gérer et développer leréseau de transport. Il est aussi lapierre angulaire de la politiqued’électrification rurale marocaineavec l’appui du CDER (centre dedéveloppement des énergies renou-velables) lorsqu’il s’agit d’électrifi-cation rurale par énergie renouve-lable. La libéralisation du secteurélectrique, déjà entamée avec ledéveloppement des projets de pro-

duction en conces-sion, devrait se pour-suivre en plusieursétapes à partir de2003. Cette libéralisa-tion se fera principale-ment grâce à uneréduction de la fisca-

lité sur l’énergie (baisse de la taxeintérieure à la consommation). Unebaisse des tarifs moyens de l’électri-cité industrielle de 17 % est interve-nue en octobre 2000, accompagnéed’une diminution moyenne de 14 %du tarif vert appliqué aux agricul-teurs. De plus, l’objectif du ministè-re de l’Énergie et des Mines est de parvenir, malgré les aléas de la ressource, à une productionmoyenne annuelle d’énergie hydro-électrique de 17 % de la productiontotale. Enfin, le renforcement deslignes transversales, l’améliorationdes rendements des sources de

Secteur énergétique

Bulletin du réseau Scarabée, juin 2003

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La puissance électrique installée en 2002.

Total des puissances

installées 4 400 MW 100,0 %

Centrales

thermiques 3 168 MW 72 %

Centrales

hydrauliques 1 183,6 MW 26,9 %

Parc éolien 48,4 MW 1,1 %

MW %Tableau 2

Source : CDER

Les communes sur dotations : 20 %

Office national de l’électricité : 20 %

Les consommateurs :25 %

Répartition des sources de revenus pour le programme d’électrificationrurale global (PERG).

Prélevés sur la consommationnationale : 35 %

50 % des villagesruraux étaient rac-cordés au réseauélectrique fin 2002suite au PERG.

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production actuelles et l’optimisa-tion de la distribution sont des axescomplémentaires de développement.

Le développement de l’électrification rurale

Le programme d’électrification rura-le global (PERG) vise l’accès à l’élec-tricité de toute la population ruraledu Maroc d’ici à 2007, soit près de1,5 million de foyers. Il doit faireappel à toutes les technologies dis-ponibles et à celles les plus adap-tées aux contextes locaux (raccor-dement au réseau, création demini-réseaux alimentés par desgroupes électrogènes ou électrifica-tion décentralisée photovoltaïqueou éolienne). Une part importantede ce programme privilégie cepen-dant l’énergie photovoltaïque (10 %des investissements) pour électrifier

les villages les plus éloignés duréseau national d’électricité. Par ceprogramme, le Maroc comblera undes points faibles de son électrifica-tion qui a déjà permis d’électrifierprès de 4 500 douars depuis 1998.Le taux d’électrification rurale adépassé les 50 % en 2002, alorsqu’il n’était que de 17 % en 1994.Pour mener à bien ce projet, lescontributions au budget annuelnécessaire sont réparties entre diffé-rents acteurs et donateurs : 20 %par les communes sur dotations,20 % à la charge de l’Office national del’électricité, 25 % par les consom-mateurs et les 35 % restants sont prélevés sur la consommationnationale. Pour répondre au mieuxaux attentes des consommateurs,des travaux de recherches sontmenés pour élargir le champ des

sources d’énergie : la prospectionpétrolière en zone offshore au largedes côtes atlantiques, le recours augaz naturel par la construction d’in-frastructures de transport, d’impor-tation et de stockage et par la réa-lisation d’unités de productionélectriques associées, l’exploitationdes gisements de schistes bitumi-neux dans le sud du pays pour laproduction d’énergie thermique, laconstruction de plusieurs fermeséoliennes d’environ 3 MW unitairesentre Essaouira et Dakhla et de plusde 150 MW au nord, dans la région de Tanger ainsi qu’un projet deconstruction d’une centrale thermo-dynamique solaire-gaz de 50 MWdans le Nord-Est.

Sources :

Ministère de l’Énergie et des Mines ;

Centre de développement des énergies

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Le programme d’électrification rurale global (PERG) fait appel

à toutes les technologies pour électrifier 100 % des ruraux d’ici

à 2007.

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À l’automne 1987, période derécolte des dattes au Maroc,a été organisée la première

mission de terrain d’une équipemarocco-française pour le montagedu programme pilote d’électrifica-tion rurale décentralisée (PPER).L’originalité de ce programme rési-dait alors en trois points :> la prise en compte de la demande

des usagers conjuguée avec laprise en compte de leurs réellespossibilités de finan-cement ;

> il ne s’agissait pasd’un nième program-me de démonstra-tion des énergiesrenouvelables maisd’un véritable pro-gramme multi-éner-gies. Le choix de l’énergie utiliséeétait fonction de la configurationdes villages (habitat regroupé oudispersé) et du gisement locald’énergie disponible (solaire,hydroélectricité, groupe diesel) ;

> une réelle préoccupation quant auvolet organisationnel et au voletinstitutionnel.

À l’initiative de l’Ademe, le program-me a été mis en place dans le cadred’un protocole franco-marocain etd’un accord quadripartite : directiongénérale des collectivités locales(DGCL) et ministère de l’Énergiepour la partie marocaine, ministèredes Affaires étrangères (MAE) assis-té de l’Agence Française de Déve-loppement (AFD) et de l’Agence de

l’Environnement et de la Maîtrise del’Énergie (Ademe) pour la partiefrançaise. La mise en œuvre a étéréalisée par un ensemblier marocain“Sygmatech” et un ensemblier fran-çais “Enersystem”, et l’assistancetechnique a été effectuée par lecentre de développement des éner-gies renouvelables du Maroc (CDER)avec le soutien de l’Ademe.L’objectif fixé initialement était de120 villages et les 30 premiers vil-

lages de la phase 1 duprogramme ont étéréalisés entre 1993et 1994 (enquêtes,études, installations).En 1995, lors du sémi-naire de Marrakechsur le changementd’échelle de l’électrifi-

cation rurale décentralisée (ERD), lePPER était opérationnel et a servid’exemple aux participants venantde tous horizons (plus de 20 pays)pour échanger leurs expériences surl’ERD et préparer des recommanda-tions qui ont été présentées par leMaroc à la Commission du Déve-loppement Durable des Nationsunies.

Un programmeexpérimental

Il faut insister sur le côté expérimen-tal du PPER qui a été un véritableprogramme d’apprentissage permet-tant de valider ou d’écarter des

options techniques, socio-écono-miques et organisationnelles. Ladiversité des solutions techniques(photovoltaïque, hydroélectricité ougroupe électrogène avec mini-réseau) a permis pour la premièrefois de montrer l’intérêt des solu-tions multi-énergies permettant uneadéquation entre l’offre techno-logique, la demande des villageois et leurs possibilités financières. Le PPER s’est inscrit dans la durée et même si des échecs ont été ren-

Évaluation

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Le programme piloted’électrification ruraledécentralisée (PPER)La post-évaluation du programme pilote d’électrifica-tion rurale (PPER), 5 ans après la mise sous tensiondes derniers équipements, permet de mieux appréhen-der les modalités organisationnelles appropriées et lescapacités du secteur privé à offrir les garanties néces-saires pour satisfaire massivement la demande d’élec-tricité. Le point par Michel Courillon, Ademe.

La diversité des solutions techniques a permis de montrer l’intérêtdes solutions multi-énergies.

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L’électrification décentralisée s’accompagne

de mesures liées à la maîtrise de l’énergie.

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contrés, ils ont été plein d’enseigne-ments. Le changement d’échelle del’ERD, prôné au séminaire deMarrakech de 1995, est devenu uneréalité au Maroc avec le programmed’électrification rurale globale(PERG) mis en œuvre par l’Officenational de l’électricité et c’est enpartie une des suites du PPER. LePERG est aujourd’hui le cadre quifixe les règles de l’ERD dans le payset les matériels des 90 villages de la phase 2 du PPER ont d’ailleurs été installés dans ce cadre.Afin de tirer tous lesenseignements de laphase 1 du PPER, la di-rection générale descollectivités locales duMaroc et l’Ademe ontsouhaité que soit ef-fectué un bilan objectifdu programme. Uneéquipe pluridiscipli-naire encadrée par la société BUR-GEAP a donc réalisé pendant 5 moisdes enquêtes de terrain dont uneétude socio-économique sur “Lesmécanismes d’organisation localepour la gestion durable de l’ERD”.Instructives sur les précautions àprendre pour tout opération d’élec-trification rurale décentra-lisée, les conclusions de cetravail sont présentées ci-après.

Historique du programmepilote d’ERD

En 1989, au lancement desétudes préliminaires duPPER, il n’y avait pour ainsidire pas au Maroc de ges-tion associative d’équipe-ments publics. La création mêmed’association de développementétait une inconnue en milieu rural.Depuis, l’association villageoise estdevenue un outil de l’État marocaindans les grands programmes d’équi-pement rural comme le PAGER pourl’alimentation en eau potable. L’asso-ciation villageoise PPER a été undéterminant de la réussite de laphase d’équipement (1994-1995) etde lancement de l’exploitation. Nousavons pu vérifier que l’exploitation

quotidienne était une réalité quifonctionnait. Mais le temps (suivi1999/2000) a permis de révéler que lapérennité à long terme, malgré l’as-sistance technique initiale lourde,était loin d’être acquise.Lancé en 1989 et réalisé en 1994 parla direction générale des collectivi-tés locales sur trois provinces repré-sentatives du Maroc – diversité géo-graphique et problématique dudéveloppement rural –, le PPER amis en œuvre une stratégie d’inter-vention fondée sur une forte impli-

cation des acteurs lo-caux. Il a introduit auMaroc un nouveauconcept fondé surl’offre d’un service global d’élec-trification rurale dé-centralisée (ERD), parla promotion de solu-tions à grande échelle,

avec le concours d’opérateurs privéspour la fourniture, l’installation et lemaintien des équi-pements, et laparticipation des usagers aux financements et à la ges-tion directe des services. En 2000,1 200 foyers (2/3 ERD-PV, 1/3 mini-réseau) de 29 villages bénéficient

depuis 6 ans du service d’électricité.L’Office national de l’électricité(ONE), opérateur public de l’ERD auMaroc, a testé plusieurs stratégiesd’intervention (directe, prestation deservice…), dans l’objectif de déve-lopper l’ERD, par photovoltaïquenotamment. Les premiers résultats dé-montrent l’importance de la positionde l’ONE pour insuffler une vitesseinitiale suffisante à la massificationde l’ERD. En revanche, il ne sauraitgérer en direct ces actions d’ERD. Il

est apparu dès lors nécessaire detrouver une meilleure articulationentre les différents acteurs de l’ERD,et d’engager une démarche de struc-turation et d’implication des acteurslocaux. Des principes novateurs dontla mise en œuvre effective, pour êtreaisée, peut s’appuyer sur l’expériencePPER.

L’association des usagersde l’ERD, interlocuteur local

En l’absence de structures organisa-tionnelles d’accueil adaptées àl’ERD au niveau local1 au momentde la mise en place du programme,le PPER s’est attelé entre 1990 et1992 à susciter leur création. Cela apermis ainsi de doter la majoritédes villages d’un interlocuteur localjuridiquement établi, et avec lequelil est possible de négocier, decontractualiser et d’agir : AUERD,l’association des usagers de l’ERD.Le concept de l’association consti-tue une véritable innovation organi-sationnelle parce que porteur demodernité ; et bien introduit dansles villages parce qu’inspiré desmodes de gestion anciens et infor-

mels, autour de l’eau d’irrigation etdes ressources naturelles.Le programme a enregistré undegré d’acceptabilité initial trèssatisfaisant, avec un taux d’adhé-sion de plus de 70 % et une trèsforte mobilisation financière des vil-lageois (versements acomptes etmensualités). La mise en place desbureaux locaux s’est fondée sur desrapports de type traditionnel, danslesquels les élites locales jouent unrôle déterminant. Cette situation a

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La gestion associa-tive villageoise estdevenue un outil del’État marocain dansles grands program-mes d’équipementrural.

L’ONE souhaite développer l’électrification rurale décentralisée par l’énergie photovoltaïque.

Total Énergie

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permis de stabiliser les bu-reaux, mais elle a néanmoinsconstitué pour la moitié desgroupements associatifs, unfrein à une modernisationplus efficace. Le fonctionne-ment du service d’électricitéest donc passé par une pé-riode d’adaptation au coursde laquelle les outils de ges-tion préconisés sont adoptésou rejetés. Cette transitionsocio-institutionnelle estfondamentale pour une ap-propriation réelle du pro-gramme, pour l’émergenced’un interlocuteur localviable, et pour l’avènementd’un contexte local sûr etfavorable aux investisse-ments. Cependant, elle negarantit pas la pérennité surle moyen terme avec le re-nouvellement périodiquedes équipements.

Diversité de fonctionnement des associations

Les travaux de suivi mon-trent une diversité de typede gestion de l’électrifica-tion, suivant les villages etles structures socio-poli-tiques en présence. Très sou-vent, les outils socio-juri-diques et de gestionpréconisés ont fait l’objetd’une auto-adaptation auxaptitudes et compétences des ges-tionnaires locaux. Dans la provincede Safi où les communautés étaient,au moment de la mise en place duprogramme, déstructurées à la baseet peu favorables à un système degestion collective, la gestion du ser-vice d’électricité est, dans la majori-té des cas, monopolisée par les“notables” qui ont collaboré avec leprogramme au démarrage. Dans lesprovinces d’Azilal et d’Errachidia, lescommunautés villageoises sontmieux organisées. L’existence dedomaines de gestion collective cris-tallise les mécanismes de solidaritéet de cohésion sociale. Les principeset outils de gestion préconisés parle programme étaient dans un stade

d’apprentissage plutôt favorables àleur appropriation effective. Malgréla nouveauté du type d’organisationproposé aux villages, le fonctionne-ment associatif a pu atteindre unstade avancé, avec des signesremarquables d’ap-propriation des règlesde gestion proposéessur certains aspectsessentiels tels quel’utilisation du comptebancaire et la collectedes mensualités, lacontestation desbureaux en vue d’une administra-tion transparente et efficace desassociations. Ce qui témoigne d’uneréelle capacité d’organisation au

niveau local. Des travaux d’évalua-tion réalisés en 1999, depuis la finde la garantie, montrent que lesconditions d’un fonctionnementautonome des associations d’UERDsont vérifiées. Sur le plan technique,

les associations (13groupements sur 18)sont longtemps res-tées trop dépendantesdu projet. Depuis la finde la garantie et laréduction des activitésde la cellule projet, ona pu constater la

“débrouillardise” de certains grou-pements. Plus de 5 associations sur 18 ont pu organi-ser l’achat direct d’équipements

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L’existence dedomaines de gestioncollective cristalliseles mécanismes de solidarité et de cohésion sociale.

Les études préliminaires sont indispensables pour localiser précisément les villages par

rapport au réseau électrique.To

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(renouvellement des batteries no-tamment). Sur le plan financier, lesoutils comptables sont mal maîtri-sés. Les retards de paiement desmensualités sont nombreux. L’équi-libre financier est loin d’être atteintpour la majorité des associations(15 groupements sur 18). Toutefois,8 associations (40 %) présententune situation financière maîtrisable.Les notions d’équilibre financier etde provisions pour renouvellementne sont pas suffisamment intégréespar les gestionnaires locaux. Dansdes villages pauvres où la massed’argent en circulation est trèsfaible, le niveau d’épargne réalisé(entre 40 000 à 150 000 Dhs parassociation) introduit un biais dansla perception des usagers. Pour 15groupements sur 18, la nouvelletarification des services (mise enœuvre par les associations) ne per-mettra qu’un renouvellement partieldes équipements.

Des évolutionsorganisationnelles non contrôlables

Sur le plan organisationnel, dans 10 groupements sur 18, les prin-cipes associatifs ont cédé la place àune gestion plus personnalisée etclientéliste par un “groupe diri-geant”, avec ainsi des comporte-ments inéquitables vis-à-vis de cer-tains membres. Dans certains cas (6 groupements sur 18), il est mêmepossible de constater un abandondes outils socio-juridiques. Lebureau est de plus en plus réduit àun organe de collecte des mensuali-tés. Le recours systématique auxautorités locales constitue la seuleforme d’arbitrage efficace.Trois coordinateurs ont assuré unencadrement aussi constant quepossible auprès des associations,durant la phase pilote. Cependantleur effort a porté principalementsur le volet technique au détrimentdes aspects organisationnels. En-viron 53 % des missions des coordi-nateurs ont consisté à résoudre desproblèmes techniques, 27 % desaspects financiers et seulement20 % des aspects socio-organisa-tionnels. Leurs interventions ont

même contribué, dans certains cas(7 groupements sur 18), à renforcer lepoids socio-politique des exploi-tants et conduit à des structures degestion monopolistiques. Aprèsplus de 5 ans, les usagers conti-nuent à adresser leurs revendica-tions à un acteur du programmedevenu officiellementinexistant. D’où lanécessité d’un nouvelinterlocuteur de proxi-mité… La difficulté defond des coordina-teurs réside dans l’in-compatibilité entre lesobjectifs multiples du programme etcette domination technicienne deleur profil de formation initiale. Lafonction de coordinateur régionalaurait nécessité des bases en mana-

gement et une expérience avérée ensociologie du développement rural.Le coût de cette prestation, justifiédans un programme pilote estcependant difficile à faire assumerpar le secteur électrique dans uncontexte de généralisation, saufdans le cadre de projets de dé-veloppement intégré.

Des relations d’un type nouveau

Au delà des dysfonctionnementsobservés sur la gestion locale del’électrification2, il faut relever l’im-pact du programme sur le jeu desacteurs locaux vis-à-vis des services

d’électricité ou même sur d’autresdomaines de gestion. L’électrifi-cation décentralisée a fait émergerune réelle dynamique de dévelop-pement local. Dans les villages équi-pés en solutions solaires, le passagemassif des abonnés de la rechargecentralisée de batteries aux kits

photovoltaïques indi-viduels a été entière-ment piloté par lesbureaux locaux degestion : démontagedes générateurs pho-tovoltaïques de laMaison d’électricité,

achat des matériels complémentaires(batteries, structures supports, régu-lateurs, câbles, etc.), collecte desredevances… Il est important denoter qu’à chaque fois, l’autorité

l o c a l ea été simplement informée dudéroulement des opérations, et a étégarante des contrats associations-usagers.De plus, des synergies ont pu êtretrouvées et développées par lesassociations (7 sur 18 groupements)entre l’électrification et d’autresvolets concernant le développementsocio-économique des villages. Àtitre d’exemple, le village Idoukalena financé, à partir des fonds issus duservice d’électrification un “taureauvillageois” pour améliorer les sail-lies des vaches laitières du village. Ila aussi procédé à la constructiond’une citerne d’eau potable, à lamise en place d’un réseau de distri-

Évaluation

Bulletin du réseau Scarabée, juin 2003

7

L’électrificationdécentralisée a faitémerger une réelledynamique de déve-loppement local.

Certaines associations, malgré la fin du soutien du projet, ont pu organiser l’achat

direct d’équipements.

B. Monvert

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bution et faciliter le branchementdes foyers. L’association a financéles installations en amont (citerne,réseau, etc.), les usagers prennenten charge le branchement indivi-duel. Le rôle de l’ex-ploitant s’est révélédéterminant dans lefonctionnement duprogramme. Quel quesoit le schéma social,l’intérêt bien comprisque chaque foyer tiredu service d’électricitéde la Maison d’électricité conduit àla construction d’une articulationentre les différents acteurs locaux(foyers, groupes sociaux, membresdes bureaux, autorités locales, etc.),fondamentale à la conti-nuité de l’ERD. Dans lecas du programme,cette structuration anécessité du temps.Mais les exploitants desmaisons d’électricité ontacquis une compétencetechnique suffisantepour offrir aux foyersusagers un serviced’entretien et de chan-gement des consom-mables. Ils ont de faittissé un système re-lationnel susceptibled’assurer aux usagers(abonné ou non) unmaintien de leur électri-fication. Leur insertionsociale3 constitue unatout majeur pour l’in-tensification de l’ERD(gestion de l’interfaceprogramme-usagerspour la collecte desredevances, pour lesuivi des opérationsservice après-vente,etc.). De plus, l’organi-sation4 de leurs presta-tions requiert de petitsfonds mobilisables auprès de l’asso-ciation ou d’un tiers. Il est égalementpossible de les insérer dans unestructure technique plus viable etcapable d’apporter une solution du-rable au problème du service après-vente et de son financement (opéra-teur régional). Le service demaintenance, pris en charge par un

opérateur privé, devait assurer uneliaison directe avec les relais locauxet satisfaire les appels en maintenan-ce des villages desservis. Ce serviceest demeuré factice après la période

de garantie financée.Pourtant, il a été présenté commeun gage de pérennité de l’élec-trification. L’absence de relais locaux effi-caces constitue un han-dicap aux efforts four-

nis pour promouvoir l’autonomie desbureaux des associations. Après lagarantie, le manque d’un serviceaprès-vente efficace s’est lourde-ment répercuté sur le déroulement

du service. Cela a conduit les usa-gers à se tourner directement versle marché privé pour tous les acces-soires (tubes, batteries, eau distillée,etc.). Cette évolution exerce unepression forte sur la demande enproduits et services développés parle programme, mais du fait du coûtde certains de ces équipements

(lampes et tubes notamment, régu-lateurs, en raison des taux de doua-ne) tend à exclure la partie pauvreet majoritaire des foyers abonnésquand ces équipements sont dispo-nibles.

Les conditions de changement d’échelle et de pérennité

> L’intérêt majeur du PPER est d’avoirtesté et démontré la faisabilitéd’outils techniques, financiers etorganisationnels qui, moyennantdes adaptations, peuvent être utilisés pour la généralisation deprojets l’électrification rurale. Le

fonctionnement de l’élec-trification au niveau locala nécessité une interven-tion massive de la part duprogramme : sensibilisa-tion, formation, garantie,entretien-maintenance,etc., à un coût élevé pourun résultat non pérenne.L’interface entre le niveaunational (programme) et leniveau local (associationvillageoise des usagers) aété mal assurée. Pour lePPER, la fin de la périodede garantie et le départdes structures du projetont révélé le manque decet échelon intermédiaireà même d’assurer l’en-cadrement du serviceaprès vente et surtout lespremiers renouvelle-ments d’équipement. Ilfaut donc organiser l’in-tervention d’une structureintermédiaire publique ouprivée entre le niveau na-t i o n a let le niveau local pourassurer la maintenancedes équipements et inter-

venir en interface entre le fournis-seur et l’usager final. > Le problème majeur auquel leprogramme s’est heurté est celui“des relais locaux”. La difficulté dedéployer les actions d’entretien-maintenance pendant et surtoutaprès la période de garantie, l’in-capacité du programme à faire

Évaluation

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8

Les exploitants des maisons de l’électricité ont acquis une compé-

tence technique.

B. M

onv

ert

L’absence de relaislocaux est un handicap pourpromouvoir l’auto-nomie des bureaux des associations.

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émerger un environnement tech-nique fiable sont des freins à unchangement d’échelle.

Entre le niveau villageois où desassociations d’usagers constituentune demande potentielle et structu-rée en électrification décentralisée(nouvelles demandes,besoins en serviceaprès-vente, etc.), et leniveau national où lav o l o n t éd’électrifier le monderural est concrétisée àtravers le PERG qui réserve un bud-get important pour l’électri-ficationdécentralisée, il faut repenser l’éche-lon intermédiaire, compte tenu de la non généralisation de programmede développement rural intégré.

> Dans le cas du PPER, qui a confiéla fourniture, l’installation et leservice après-vente à un opérateurprivé, le point d’achoppement arésidé dans l’incapacité du parte-naire local à faire assurer la main-tenance en dehors de la période

de garantie. Autantcette faiblesse tenaitde contraintes objec-tives (innovationstechnologiques, tailleinsuffisante du mar-ché, etc.), autant la

gestion interne du sous-traitantn’a pu être adaptée aux réalités duterrain.

L’intervention d’un opérateur intermé-diaire autonome et responsable et solide, public ouprivé, constitue une alternative inté-

ressante à la problématique de lamaintenance et du service après-vente indispensables aux servicesd’électricité décentralisée. Il peut enplus s’appuyer sur les outils organi-sationnels au niveau local (exploi-tants, associations des usagers, etc.)pour optimiser ses interventions.

Un programme riche d’enseignement

Six ans après sa mise en service, le PPER permet des retours d’ex-périence qui peuvent servir de réfé-rence. Grâce à eux, l’ONE a été enmesure d’élaborer un schéma orga-nisationnel et contractuel adapté àla banalisation de l’électrificationrurale décentralisée. L’expériencePPER fournit les éléments d’infor-mation nécessaires pour confirmerla qualification des équipements etsystèmes d’électricité décentralisée,et d’envisager l’ERD à grande échel-le sur des bases techniques avérées.Elle offre également de réelles pers-pectives en terme de pérennisationdu service d’électricité en milieurural et de modalités de contractua-lisation. À un moment où le déve-loppement de l’ERD au Maroc passepar une stratégie de très forte res-ponsabilisation des fournisseurs –systémiers et prestataires de serviced’électricité photovoltaïque –, le pro-gramme pilote d’électrification rura-le décentralisée a permis unemeilleure visibilité, et a permis d’as-seoir les marchés de fourniture à la fois sur une garantie industrielleet une garantie de performance.

Michel Courillon, Ademe – DAI/DPT

1. La Commune Rurale représente une vingtainede villages, et en 1989 il n’existait aucune asso-ciation de développement local en milieu rural.

2. L’électrification décentralisée reste une réalitéforte dans les villages équipés. Environ 1 500 foyers continuent à exploiterleurs équipements.

3. Accès facile au service, payable de manièreflexible, présence et proximité.

4. Local, petit outillage, constitution d’un petitstock, etc.

Évaluation

Bulletin du réseau Scarabée, juin 2003

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Il faut une structureintermédiaire entrele niveau local et le niveau national.

L’appropriation des systèmes photovoltaïques par les usagers est un gage de péren-

nité de l’installation.

Tota

l Én

erg

ie

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PERG

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L ’ électrification rurale duMaroc a été marquée par troisétapes importantes au cours

des 40 dernières années. De 1963 à1981, l’Office nationalde l’électricité (ONE)procède, sur ses fondspropres, à l’extensiondes réseaux de trans-port et de distribution(y compris en milieurural). De 1982 à 1986,il réalise le Programmenational de l’électrifica-tion rurale 1 (PNER 1)pris en charge à 50 %par les collectivités locales et à 50 % par l’État. Le PNER1 a permisl’électrification de 287 villages soit80 000 foyers environ. De 1991 à2000, l’ONE lance son troisième pro-gramme, PNER II, pris en charge à100 % par les collectivités locales.

Avec l’électrification de 232 villages àfin 1995 et de 508 villages entre 1996et 2000, soit 79 000 foyers, l’ONE a électrifié un total de 740 villages

sur la période.Cependant, ces pro-grammes ont rapi-dement montré leurs limites. Ils se basaientsur des projets qui ne pouvaient pas as-surer l’électrificationtotale du pays à brève échéance et permettreainsi de résorber leretard accumulé. Ils

étaient, de plus, réservés aux électri-fications par réseau qui ne peuventen aucun cas répondre aux besoinsde l’ensemble des foyers ruraux tropéloignés du réseau national. Comptetenu des limites de ces programmeset conscient de l’importance de

l’électricité en tant que vecteur dedéveloppement, et vu le faible tauxd’électrification rurale du pays (18 %en 1995), l’ONE a élaboré et mis enplace le Programme d’électrificationrurale global (PERG) approuvé par le conseil de gouvernement enaoût 1995. Ce programme visait ini-tialement la généralisation de l’accèsà l’électricité à l’horizon 2010 pourl’ensemble des foyers ruraux avecun budget d’investissement annuelde 1 milliard de dirhams et un rythmede réalisation de 100 000 foyers enmoyenne par an. La globalité duPERG se situe à trois niveaux :1) globalité territoriale : il vise l’élec-

trification globale des foyersruraux du pays ;

2) globalité technique : il intègrel’ensemble des techniques d’élec-trification (extension du réseau,micro-centrales hydrauliques,générateurs éoliens – groupesélectrogènes, systèmes solairesindividuels) ;

3) globalité financière : il intègrel’ensemble des ressources finan-cières pouvant être déployéespour l’électrification rurale.

Pour le financement du PERG, l’ONEa mis en place un mécanisme quiconsiste à faire participer les troispartenaires principaux : les collecti-vités locales, les foyers bénéficiaireset l’ONE. Les modalités de finance-ment de chaque partenaire se répar-tissent comme suit :> les collectivités locales participent

à hauteur de 2 085 Dh par foyer àrégler en un seul versement ou500 Dh par foyer par an sur unedurée de cinq ans ;

> les foyers bénéficiaires versent2 500 Dh à régler en un seul verse-ment à l’abonnement ou 40 Dh parmois sur une durée de sept ans ;

Programme national d’électrification rurale : le PERGL’Office national de l’électricité a mis plusieurs années à trouver le moyen d’électri-fier à grande échelle le Maroc. Depuis 1995, il a lancé une opération d’envergurenommée Programme d’électrification rurale global (PERG) qui a permis, en sept ans,de fournir de l’électricité à plus de 832 000 foyers. Présentation.

Le programmed’électrificationrurale global visel’électrification de l’ensemble desfoyers ruraux d’ici à 2010, soit 100 000foyers par an.

Total Énergie

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PERG

Bulletin du réseau Scarabée, juin 2003

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> l’ONE participe par le reliquat.Il est entendu que dans le cadre de la globalité du PERG, la participa-tion d’autres partenaires (agencepour la promotion et le dévelop-pement économique et social desprovinces et préfectures du nord,ONG, assemblée provinciale ourégionale, associations, etc.) estencouragée par l’ONE.

Mesuresd’accompagnement

L’ONE a mis en place plusieursactions pour l’accompagnement duPERG :> la création de la direction de l’élec-

trification rurale pour l’élaborationet la gestion du programme ;

> la création d’une commission pourla réduction des coûts des ou-vrages en vue d’optimiser lesinvestissements et de faire bénéfi-cier le maximum de la populationrurale ;

> l’élaboration du schéma directeurde l’électrification rurale basé surle moindre coût pour le foyer,l’équilibre régional et le taux derentabilité interne.

Pour l’élaboration du schéma direc-teur, l’ONE a procédé à une large

campagne de prospection de tous lesvillages qui a permis le recensementdes données techniques et socio-éco-nomiques relatives à 39 000 villages.Le coût de cette opération est del’ordre de 40 millions de Dh. Pour lagestion d’un nombre important dedonnées, l’ONE s’est dotée d’un sys-tème d’information géographique(SIG).

Financièrement, le PERG a été conçusur la base du coût par foyer moyende 10 000 Dh à financer à hauteur de 20 % par les collectivités locales,25 % par les bénéficiaires et 55 % parl’ONE. Compte tenu de ce principe,la planification a décliné le program-me en tranches à coût par foyercroissant ( voir tableau ci-dessous) :Le bilan de programmation parréseau fin 2002 a concerné :> 9 500 villages dont le coût par

foyer est de 10 000 Dh pour lesdeux premières tranches du PERGregroupant 5 200 000 habitants ;

> 5 181 villages pour la troisièmetranche PERG totalisant 2 100 000habitants et dont le coût par foyerest inférieur à 14 000 Dh.

Électrification parsystèmes solairesindividuels

L’électrification par le solaire con-cerne les villages éloignés du réseauou à habitat trop dispersé et dont lecoût de raccordement au réseaudépasse 27 000 Dh. Pour développerl’usage de ce mode d’électrification,dont la faisabilité technique a étélargement prouvée, l’ONE a mis enplace plusieurs formules pour per-mettre aux foyers dispersés d’accé-

der à un service électrique de quali-té, et ce à travers la prise en charged’une part importante des coûts deces projets et un large appel au sec-teur privé pour assurer l’entretien etle service après-vente des équipe-ments installés chez les bénéfi-ciaires. Le plan mis au point parl’ONE vise à créer une véritable dy-namique en matière d’électrificationpar kits photovoltaïques individuels.Ainsi, depuis 1997, date de lance-ment de ce mode d’électrification,trois approches ont été successive-ment mises en œuvre à travers unprocessus d’amélioration continue,pour mieux répondre aux attentes etbesoins des citoyens concernés.Elles ont porté sur l’électrification deprès de 5 000 foyers et se présententen trois actions différentes : directe,semi-directe et en partenariat.

> action directe :Les premières opérations ont été

Graphique 1

Nombre de villages

et foyers électrifiés

par la connexion

au réseau

de 1996 à 2002.

Tranche

PERG 1 et 2

PERG 3

PERG 4 (1re phase)

PERG 4 (2e phase)

Solaire

Seuil limite en Dh par foyer

10 000

14 000

20 000

27 000

> 27 000

Années de réalisation

1996-2002

2002-2004

2004-2006

2006-2007

2002-2007

Tableau 1

Source : ONE

Source : ONE

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lancées en action directe, c’est-à-direentièrement exécutées par les équi-pes de l’ONE. Les premiers foyersainsi alimentés sont des clients del’ONE, qui approvisionne, installe etassure la maintenance des kits.L’électricien national s’occupe éga-lement du recouvrement des men-sualités. Le montage financier aconsisté en :• une participation du foyer béné-ficiaire de 1 440 Dh comme avance,et 60 Dh de mensualités pendant 7 ans ;

• une participation de l’ONE quiprend en charge le reliquat du coûtde l’équipement.

Ces premières opérations pilotes ontservi de test pour les unités opéra-tionnelles de l’ONE et égalementpour la promotion de ce modeauprès des élus et des foyers.

> action semi-directe :Cette approche est une variante de

l’action directe dans laquelle lemontage, le service après-ven-te et le recouvrement des men-sualités sont assurés par uneentreprise privée sélectionnéepar appel à la concurrence etqui est payée par l’ONE pourses prestations. Pour cetteapproche, le nombre de foyersélectrifiés a dépassé les 1 500.

> action en partenariat :L’Office national de l’électrici-té fournit des panneaux pho-tovoltaïques et des batteries àdes entreprises. Ces dernières se chargent de les installer et s ’engagent à compléter à leur frais l’équipement et à assurer l’ins-tallation, l’entretien et le serviceaprès-vente. Elles sont rémunéréesdirectement par leurs clients, lesfoyers bénéficiaires. Le panneau etla batterie installés chez le clientbénéficiaire restent propriété de

l’ONE jusqu’au rè-glement par le clientde l’ensemble de seséchéances.Toujours dans lesouci d’améliorer le service offert à saclientèle, une nou-velle approche vientd’être introduite parl’ONE, basée sur leconcept “fee for ser-vice”, de fournitured’un service completau client. Les presta-

tions, confiées à un opérateur privé,couvrent, en plus de la fourniture etl’ installation des kits photovol-taïques, la réalisation de l’installa-tion électrique intérieure des foyersavec fourniture des lampes et acces-soires ainsi qu’un service d’entre-tien incluant le renouvellement dumatériel pendant une durée de 10 ans. L’ONE a passé son premiercontrat “fee for service” après appeld’offres international avec un grou-pement de sociétés internationalespour l’électrification par kits photo-voltaïques de 16 000 foyers, soitprès de 100 000 habitants dans larégion centre du pays. La participa-tion de l’ONE pour chaque foyer àéquiper s’élève à 5 400 Dh TTC. Leconsortium pré-finance le complé-ment qui est à la charge des usa-gers. Ainsi, la participation desfoyers bénéficiaires, pour un kit de50 Watts, est répartie en une avancede 700 DhTTC, et une mensualité de

PERG

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Graphique 2

Raccordement au réseau :

évolution du nombre

de villages électrifiés

entre 1996 et 2002 (en %).

Nombre de villages et foyers électrifiés par connexion

au réseau de 1996 à 2002.

Tableau 2

Tota

l Én

erg

ie

Foyers72 133

108 293

107 973

153 985

152 559

112 538

119 462

826 943

Villages557

1 044

1 130

1 650

1 715

1 730

1 950

9 776

Année1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Total

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65 Dh TTC pendant 10 ans. Deskits d’une puissance respectivede 75 et 100 Watts sont égale-ment disponibles pour lesclients qui le désirent. Unedeuxième opération, financéeexclusivement par l’ONE, est encours de lancement dans larégion atlantique (El Jadida,Safi, Essaouira et Chichaoua) etconcerne 16 000 foyers. Elleoffre la possibilité aux bénéfi-ciaires d’accéder à l’éclairage,l’audiovisuel mais aussi à laréfrigération.

Bilan des réalisations fin 2002

Concernant le raccordement auréseau, dès le lancement duPERG, l’ONE a électrifié 557 vil-lages en 1996, contre 50 villagespar an en moyenne avant cettedate pour dépasser l’objectif fixéinitialement. Suite au succèsqu’a connu le PERG et pour répondre à la forte demande de la population, l’ONE a procé-dé à une double accélération du PERG en 1999 et 2002 en vuede la généralisation de l’élec-tricité au monde rural à l’horizon2007 au lieu de 2010, fixé initiale-ment. Fin 2002, 9 776 villagesregroupant 826 943 foyers ontété électrifiés par connexion auréseau national (voir détail danstableau n° 2 et graphique n° 1).Le taux d’électrification qui nedépassait guère 18 % en 1995 aplus que doublé en 1999 pouratteindre 55 % en 2002 (voir gra-phique n° 2). Ces réalisations ont né-

cessité 13 077 km de réseau moyennetension et 32 816 km de réseau bassetension et 6 346 postes de trans-

formation moyenne tension (MT)/ basse tension (BT) (voir ta-bleau 3).Pour l’électrificationpar système pho-tovoltaïque indivi-duel, l’ONE a élec-trifié 5 392 foyers, 34 postes frontaliers,45 points lumineuxd’éclairage public et16 écoles (voir p.16).

M. Baakil, ONE-DER

PERG

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Année

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Total

Tableau 3

Évolution du réseau entre 1996 et 2002 (en km).

Tota

l Én

erg

ie

Poste MT/BT

72 133

108 293

107 973

153 985

152 559

112 538

119 462

826 943

BT en km

72 133

108 293

107 973

153 985

152 559

112 538

119 462

826 943

MT en km

557

1 044

1 130

1 650

1 715

1 730

1 950

9 776

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Coopération

Bulletin du réseau Scarabée, juin 2003

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D epuis 1995, l’Office nationalde l’électricité (ONE) s’estengagé dans un programme

ambitieux : le programme d’électrifi-cation rurale global (PERG). Il visel’électrification de tous les villagessusceptibles de recevoir de l’électri-cité conventionnelle ou décentrali-sée. Dans ce cadre, l’expérience et lerôle de l’université Hassan II (IAV)dans le domaine du développementrural, ainsi que sa renommée en tantque centre d’expertise multidiscipli-naire au service du développementdurable, sont mis à la disposition de l’ONE. Une convention cadresignée en avril 2001 tisse les rela-tions de coopération et de partena-riat pour l’accompagnement del’ONE dans sa stratégie de dévelop-pement du PERG. Les objectifs de laconvention cadre qui lie les deuxorganismes visent à :> établir des liens de coopération et

de partenariat en matière d’exper-tise, de conseil, d’accompagne-ment et d’études ;

> aider à la définition des stratégiesdu développement et de la promo-tion de l’électrification rurale ;

> renforcer les compétences desagents de l’ONE en matière desocio-économie du développe-ment du monde rural ;

> permettre aux étudiants de l’uni-versité d’effectuer des stages decourte durée et des recherchesacadémiques à portée pratique eten relation avec l’électrificationrurale, dont bénéficieraient lesdeux parties.

Une convention particulière définitles travaux et prestations à réaliser

par l’IAV. Ils s’articulent autour dequatre axes, détaillés ci-après.

Assurer un accompagnement de l’ONE

Cet axe consiste en la mise à disposi-tion, comme consultants de l’ONE, dedeux enseignants-chercheurs de l’IAVqui assureront, pendant la durée dela convention, l’accompagnement del’ONE dans le domaine de l’électrifi-cation rurale. Ces consultants sontappelés à aider l’ONE dans diffé-rentes prestations :> la préparation des orientations

méthodologiques sur les études etenquêtes programmées par l’ONE ;

> l’accompagnement dans la réalisa-tion des actions et dans le suivi deleurs impacts ;

> la mise en évidence des facteursd’ordre sociologique et écono-mique ainsi que l’interprétation desrésultats en vue d’aboutir à desconclusions et recommandationspour améliorer le taux d’abonne-ment ;

> la prise en compte de l’aspectsociologique et économique dansles actions de promotion de l’élec-trification rurale ;

> l’organisation et l’animation de col-loques ou autres manifestationsrelatives à l’électrification ruraledont plusieurs thèmes ont déjà étédéfini :

• évaluation de l’action de proximitéde l’ONE dans les villages program-més ;

• identification et analyse des freins et

obstacles au développement de laforce motrice agricole et/ou indus-trielle dans certains villages ;

•examen des possibilités d’utiliser les services des commerçants oujeunes promoteurs comme vendeursde supports de crédit dans le cadredes compteurs à pré-paiement ;

• identification et analyse des causesde résiliation des abonnementsdans les villages PERG ;

• analyse de l’évolution de la con-sommation d’un ménage et d’unclient “force motrice agricole”PERG ;

• évaluation de la convention de par-tenariat ONE / Crédit Agricole ;

• implication du tissu associatif dansl’électrification et dans l’abon-nement des foyers ruraux ;

• analyse de l’implication des électri-ciens installateurs en tant que relaisentre l’ONE et la population rurale ;

• impact de la saisonnalité sur lesrevenus des foyers.

Étude de la dynamique du taux d’abonnement

À la demande de l’ONE, l’IAV a réali-sé des enquêtes sur le terrain pourcerner la problématique des abonne-ments dans le milieu rural. Celles-ciconsistent à :> identifier les freins à l’abonnement

en tenant compte des conditionssociales et économiques de larégion étudiée ;

> cerner le profil de la tranche depopulation ayant de fortes con-traintes à l’abonnement ;

> enrichir, par une approche sociolo-

Électrification rurale : partenariat entre l’ONE et l’université Hassan IIL’électrification de villages isolés est devenue, depuis 1995, la priorité de l’Officenational de l’électricité du Maroc (ONE), acteur majeur du développement du sec-teur électrique. Pour cela, il s’est entouré des compétences du département dessciences humaines de l’Université Hassan II en signant, en avril 2001, une conven-tion de partenariat.

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Coopération

gique et économique, et à partir de ces conclusions, les actions me-nées par l’ONE en vue de lever cesfreins.

À partir des résultats des enquêtesréalisées, l’IAV élaborera un pland’action marketing. Ce plan aurapour but de rechercher les solutionsles mieux adaptées pour lever lesfreins et les contraintes à l’abon-nement. Ce plan sera décliné enopérations concrètes à mener sur le terrain.

Études des sourcesd’énergies utilisées

L’université doit aussi actualiserl’étude sur les sources d’énergie parune étude comparative technico-économique et sociale.Actuellement, en mi-lieu rural non électri-fié, la population uti-lise des énergiestraditionnelles poursatisfaire ses besoinsde base en éclairageet audiovisuel. Cetype d’énergie secompose généralement de bougie,pétrole lampant, petite bouteille degaz, pile jetable, batterie, etc. Il s’agitde comparer le coût de l’énergieobtenue à partir de ces moyens tra-ditionnels par rapport à l’énergieélectrique, selon différents niveauxd’équipement, par foyer (selon lenombre d’individus), par région etpar revenu.Les principaux objectifs de l’étudevisent à cerner :> les besoins en électrici-

té dans le milieu rural ;> les utilisations moyen-

nes par type de con-sommable énergétiquetraditionnel selon lesdifférentes périodeshoraires ;

> le budget moyen allouéà ces consommables etle coût horaire pourl’éclairage et l’audiovi-suel ;

> les dépenses totales,par niveau d’équipe-ment, par foyer et parindividu et par an ;

> l’importance des dépenses énergé-tiques par rapport aux dépensesglobales.

Développer un pland’action

Pour obtenir une adhésion en pro-fondeur des bénéficiaires potentielset de leurs élus à l’électrificationphotovoltaïque, l’IAV développe unplan d’action.Pour répondre de manière rationnel-le à la forte demande en matièred’électrification, l’électrification rura-le décentralisée (ERD) constitue unesolution adaptée aux douars disper-sés et loin du réseau. Actuellement,le retour d’expérience fait apparaîtreque le mode de participation desfoyers bénéficiaires et les limites

liées à la puissance deséquipements installésainsi que leur mainte-nance, constituent sou-vent un handicap pourl’adhésion d’une caté-gorie de foyers.Compte tenu du nombreimportant de foyers

potentiels adaptés à ce type d’élec-trification, et afin de répondre parfai-tement aux besoins et aux contraintesdes foyers ruraux concernés, uneenquête auprès de ces derniers s’im-pose. Elle aura pour objectifs de :> cerner l’image des programmes

ERD de l’ONE auprès de différentsinterlocuteurs ;

> identifier chez les foyers les pointsforts et les points faibles perçus

et déduire les principaux obsta-cles ;

> mesurer le degré de satisfactiondes abonnés sur une série de cri-tères, ainsi que leurs attentes ettester de nouveaux concepts :puissance variée à des prix variés,modalités de paiement plussouples ;

> analyser les attentes des différentstypes d’acteurs (parlementaires,élus locaux, responsables locauxde l’administration, entrepreneurset prestataires de services et popu-lations) ;

> construire un plan de communica-tion pour faire connaître et accep-ter les solutions envisagées par lesdifférents acteurs en assurant leurcohérence d’ensemble ;

> formuler des recommandationsopérationnelles et arguments prio-ritaires à valoriser.

Par ailleurs, deux étudiants dudépartement des sciences humainesde l’IAV travaillent sur des théma-tiques en relation avec l’électrifi-cation rurale :> le marché de l’électrification

décentralisée : ce mémoire a étésoutenu en juillet 2002 et sonauteur travaille aujourd’hui à ladirection de l’électrification ruralede l’ONE ;

> l’électricité et le développement du système productif régional : cemémoire sera soutenu en sep-tembre 2003.

Farou Aliolia, coordinateur université

Hassan II

L’électrification rurale décentralisée peut s’effectuer par des

installations collectives ou individuelles.

Fondation Énergies pour le Monde

L’électrificationdécentralisée consti-tue une réponseadaptée aux besoinsdes douars disperséset loin du réseau.

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Énergies renouvelables

Bulletin du réseau Scarabée, juin 2003

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I l est aujourd’huiadmis que la réduc-tion de la pauvreté ne

peut être poursuiviecomme objectif attei-gnable à moyen et longterme sans la disponibili-té des moyens de pro-duction (dont l’électricité)qui peuvent induire ledéveloppement écono-mique local et l’améliora-tion de la qualité de la viedes populations rurales.C’est dans cette pers-pective que l’électrifica-tion rurale a constitué,depuis le milieu desannées 1980, l’une desprincipales actions dugouvernement du Maroc.L’électrification ruale dé-centralisée entre doncdans le cadre du déve-loppement du monderural en vue d’atténuer les disparitésentre communes urbaines et ruralesen matière d’équipements économi-ques, sociaux et culturels.

Approche de l’électrification ruraledécentralisée

• UNE APPROCHE GLOBALE

L’électrification rurale décentraliséeadopte une approche globale quiconsidère l’ensemble des solutionstechniques hors réseau interconnec-té. Elle présuppose une méthodolo-gie intégrée partant des usagers etde la demande, en vue de la mise en place des configurations tech-

niques, financières et organisation-nelles appropriées avec leurs struc-tures opérationnelles d’accueil et degestion.

• UN SERVICE FIABLE ET CONTINU

L’électrification rurale décentraliséedoit assurer un service d’électricitéde qualité avec une continuité, unedisponibilité et une facilité d’accèsaux équipements. La réussite desprojets ERD reste intimement liée à la mise en place d’un service de maintenance de proximité et d’un service après-vente pour lerenouvellement ou l’extension desinstallations. La rapidité d’action et la disponibilité sont les critères de réussite.

• DES ÉLÉMENTS ORGANISATIONNELS

À METTRE EN PLACE

Les équipements d’électrification,une fois mis en place dans un village,peuvent être gérés, ou bien par lesbénéficiaires eux-mêmes, ou bien parune société privée de service d’élec-tricité. Dans le premier cas, les béné-ficiaires sont organisés sous formed’associations d’usagers ou de coo-pératives suivant le choix techniqueretenu. Des réseaux locaux pour lesservices connexes (distributiond’équipements, entretien et mainte-nance, service après-vente…) sontdéveloppés à partir des activités deservice et de commerce déjà établiesdans la zone concernée (voir articlesur les Maisons de l’Énergie).

Les énergies renouvelables dans le programme d’électrification rurale globalPour répondre à la forte demande en matière d’électrification et permettre la mise àdisposition rapide d’un service électrique adapté, l’électrification rurale décentralisée(ERD) à partir des sources renouvelables constitue une solution appropriée au milieurural à habitat dispersé.

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L’électrification rurale décentralisée améliore la qualité de la vie des populations.

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• L’ERD PAR CONCESSION PRIVÉE

Dans le cas précédent (équipementsentièrement financés par l’État et gestion villageoise), le rythme de l’électrification se trouve freiné par les capacités de financement du budget de l’État.Mais, l’ampleur desbesoins étant gigan-tesque, l’ouverture surle financement privés’avère nécessaire sil’on vise des vitessesd’électrification acce-ptables. C’est dans ce cadre ques’est développée l’implication dusecteur privé au Maroc.

Historique de l’électrificationdécentralisée au Maroc

Depuis sa création, le centre dedéveloppement des énergies renou-velables (CDER) a axé ses efforts sur le développement du milieurural marocain, notamment dans le domaine de l’électrification parénergies renouvelables (EnR). Eneffet, les techniques des EnR présen-tent des atouts considérables, adap-tés au contexte rural, et ce, comptetenu de ses spécificités à savoir :> des régions souvent enclavées

caractérisées par un habitat dis-persé ;

> des besoins énergétiques faibles,limités à l’éclairage domestique etl’audiovisuel ;

> des moyens traditionnels utilisés à

faible efficacité énergétique avecdes coûts de revient importants.

Ainsi, plusieurs projets d’électri-fication à base EnR ont été initiés,depuis le début des années 1980.

Actuellement, environ60 000 foyers bénéfi-cient de cette optiond’électrification (solaire,micro-hydraul ique ,éolien). Mais une choseest certaine : si la miseen place de projets a

été décisive dans la confirmation dela vision de l’électrificationpar les EnR, le lancement etl’acceptation se sont faits lar-gement grâce à l’initiative dusecteur privé. Les projets lesplus importants dans la miseen place de l’électrificationpar EnR au Maroc sont passésen revue ci-après :

• LE PROJET “VILLAGE POWER”Ce projet avait pour objectif deconfirmer les schémas definancement basés sur la subventiondes équipements de production. Il aété réalisé dans le cadre de la coo-pération marocco-espagnole et aconcerné l’équipement d’une dizainede villages dans les provinces dunord (2 500 foyers) (Chefchaouen,Taounate). L’approche adoptée estclassique : les équipements ont étéfournis sous forme de dons, les usa-gers prennent en charge les fraisd’installation, d’entretien et de main-tenance.

• LE SCHÉMA D’APPROVISIONNEMENT

ÉNERGÉTIQUE RURAL (SAER) :Réalisé en collaboration avec la GTZ(agence de coopération techniqueallemande), dans le cadre du Pro-gramme Spécial Énergie/Maroc, leSAER a été initié dans la province de Kénitra. Il a été le détonateurd’une demande en kits solaires photovoltaïques (PV) pour l’éclairageet l’audiovisuel en milieu rural.L’originalité de la démarche a permisl’équipement de plus de 400 foyerset la création d’associations de béné-ficiaires de projets. Cette démarche

consistait en la proposition de sys-tèmes de crédit et de rembourse-ment souples qui permettent auxgestionnaires de dégager un fluxfinancier leur permettant d’équiperd’autres bénéficiaires : le fonds d’in-vestissement rotatif ou “revolving”était ainsi appliqué pour la premièrefois à l’électrification PV au Maroc.

• Le PPERLe programme pilote de pré-électri-fication rurale (PPER) fut en réalité lapremière tentative de faire supplan-ter une logique de programme à la vision des projets dans ledomaine de l’électrification ruralehors réseau. Réalisé sur un finance-ment marocco-français, le PPER a été réalisé conjointement par le ministère de l’Énergie et desMines (Direction de l’Énergie), leministère de l’Intérieur (DirectionGénérale des Collectivités Locales)et le CDER (voir p. 4).Le PPER prévoyait l’équipement,hors du réseau interconnecté, de 120 villages répartis sur trois pro-vinces : Azilal, Errachidia et Safi. La spécificité de chacune des pro-vinces concernées fait de cette réali-sation un projet représentatif

Énergies renouvelables

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Exemple du FFS entièrement financé par le secteurprivé : le projet de Sunlight Power Maroc

La première expérience développée dans ce cadre a été mise en œuvredès 1998, par la société privée Sunlight Power Maroc. Cette sociétégarantit, en plus de la fourniture et de l’installation des kits photovol-taïques, la réalisation de l’installation électrique intérieure des foyersavec fourniture des lampes et accessoires, ainsi qu’un service d’entretienincluant le renouvellement du matériel. Cette approche a concerné leszones de Taza, Taounate, Sefrou et Khemisset. Le nombre de foyers élec-trifiés dans cette configuration est de l’ordre de 3 500 foyers. Les puis-sances crêtes des systèmes solaires photovoltaïques installés dans lecadre de ce projet sont de 25 Wc, 36 Wc, 40 Wc, 50 Wc et 75 Wc. Des kitsde puissances supérieures (110 Wc et plus) sont également disponibles.Les résultats du projet sur le plan technique, organisationnel et servicerendu sont très satisfaisants.

Pour accélérer le rythme d’électri-fication, l’ouverturesur le financementprivé est nécessaire.

Total Énergie

Électrification de site isolé.

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du contexte rural marocain. Ce programme s’est voulu donc pilote en vue d’une généralisation, à gran-de échelle, à l’ensemble des 32 000 lo-calités non électrifiées à l’époque.La première phase de ce program-me, a été achevée en 1995, a con-cerné l’équipement de 30 villages(= 1 500 foyers) dans ces 3 provin-ces et ce par le recours à des solu-tions décentralisées :> le solaire individuel (kits) ;> le solaire collectif (recharges de

batteries) ;

> le mini réseau (groupes électro-gènes et micro-centrales hydro-électriques).

Il est à noter que la solution solaire a représenté environ 70 % de ce programme. Les enseignementstirés de la première phase de ce programme ont été exploités dans la mise en place, dès 1995, du nouveau cadre institutionnel del’électrification rurale au Maroc : lePERG, qui a intégré la 2e phase duPPER (90 villages).

• LA COMPOSANTE DÉCENTRALISÉE DU

PERGLa composante photovoltaïque duPERG peut être considérée comme la

première phase de l’aboutissement àune logique de programme dans lamise en œuvre del’électrification parEnR. L’intégration desEnR dans le PERG estégalement le préludeau développement,d’une manière pro-grammée de l’électrifi-cation rurale décentra-lisée devant aboutir, à terme, à lamise en œuvre de toutes les solu-tions techniques renouvelables, à sa-

voir en plus du photovoltaïque, l’éo-lien, les micro centrales et lessystèmes hybrides en mini réseauxlocaux.

Les approches de développement de l’ERD

Les différentes expériences et ana-lyses conduites dans le cadre duPERG au Maroc ont été caractériséespar un partenariat entre tous lesopérateurs concernés :> le secteur privé, représenté par

Amisole, association regroupantles principaux opérateurs dans le domaine du solaire et de l’éo-

lien : distributeurs de matériel, fa-bricants, ensembliers, bureaux

d’études et presta-taires de service ;> les associations d’usa-

gers ou les fédéra-tions d’associationsayant pour but l’enca-drement et l’appuiaux foyers ruraux ;

> les communes et au-torités locales ;

> les opérateurs étatiques : minis-tères, offices…

Par ailleurs, tout en se basant sur lesrésultats enregistrés dans les projetsmenés dans le cadre de l’approchedirecte mise en œuvre lors de laphase de démonstration pilotée par leCDER entre 1982 et 1992, le PERG aconsidéré la mise en œuvre de plu-sieurs configurations depuis 1996.D’autres initiatives entièrement pri-vées ont également vu le jour. Ces ini-tiatives et ces configurations ont per-mis d’affiner les concepts et lesméthodes de mise en œuvre de l’ERDau Maroc et ont conduit à la mise aupoint d’une formule adaptée de “Feefor Service”. Cette expérience marocai-ne pourra servir de guide pourd’autres pays. Ces approches sontprésentées dans les sections sui-vantes :

• LA FRANCHISE :Cette approche a été initiée dans le cadre du projet Dar Chamsia étudiéen 1996 (Projet Maison Énergie et En-vironnement actuellement, voirarticle correspondant p. 20). Le fran-chiseur est chargé de mettre en placeun réseau de maisons de recharge debatteries à l’usage des foyers rurauxn’ayant pas la possibilité d’acquérirun kit individuel. Le franchiseur s’en-gage à fournir gratuitement unensemble d’équipements (unités decharge des batteries) par maisonéquipée. Cette contribution constituel’apport du projet et s’engage à four-nir l’appui logistique, le savoir-faire etla formation des jeunes promoteurschoisis constituant le réseau de fran-chise.

• LA PRESTATION DE SERVICES :Cette approche a été mise en œuvredans le cadre du PERG/ERD avec

Énergies renouvelables

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Le solaire a été l’option la plus souvent retenue dans le PPER.

Temasol

La réussite de projets ERD est liée à la mise en placed’un service de maintenance de proximité.

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l’appui du CDER. L’ONE acquiertl’équipement complet et choisit, parvoie de concurrence, une sociétédite “prestataire de service” quiassure l’installation, le service après-vente et le recouvrement des éché-ances auprès des bénéficiaires pourle compte de l’ONE. Le prestatairede service est rémunéré par l’ONEqui lui fait obligationd’assurer à la clientè-le, en plus des presta-tions pré-citées, unequalité de service dontles performances sontfixées par contrat.C’est en somme, laconcrétisation de l’obligation de ré-sultat dans un domaine spécifique.Dans ce cadre on peut citer le projet de Boujaad, réalisé par la sociétémarocaine Phototherm, où plus de1 500 foyers ont été équipés.

• L’ACTION EN PARTENARIAT :Cette action a été mise en œuvreégalement dans le cadre du PERG/ERD. Elle consiste en la fournitureaux entreprises d’une partie deséquipements (panneaux PV, batte-ries). En général, ces entreprisess’engagent à installer ces panneauxdans des villages répondant aux critères du PERG. Elles complètent àleurs frais l’équipement PV, en assu-rent l’installation par leurs propresmoyens et s’engagent à garantir unequalité de service analogue à cellecitée dans la formule précédente.Dans cette formule, les entreprisessont rémunérées directement par lesfoyers bénéficiaires, la participationde l’ONE se limitant à la fournituredes équipements de production(module et batterie). Pour garantiraux entreprises choisies un marchésûr, elles disposent de l’exclusivitéde la participation PERG dans unezone prédéfinie, généralement uneprovince entière. Cette formule a étéadoptée au courant du mois denovembre 1998 au niveau de la pro-vince de Taroudant (société Noor-web) où 4 000 foyers sont actuelle-ment équipés.

• L’ACTION “FEE FOR SERVICE” :Dans ce cas, la totalité de l’investis-sement est apportée par une entre-prise qui se fait payer le service

d’électricité directement par les usagers. L’entreprise est tenue d’as-surer une disponibilité d’un serviceélectrique de qualité pendant une période minimale (10 ans) à par-tir de la date d’installation du kit(entretien, renouvellement d’équipe-ments…). Cette approche peut êtreappliquée avec ou sans subvention

de l’État et avec ousans concession terri-toriale. Il est évidentque dans le cas oùl’entreprise est sub-ventionnée par l’État,les redevances men-suelles payées par les

usagers sont plus faibles. Typique-ment, les usagers payent des men-

sualités qui varient entre 6 €/mois et20 €/mois, selon la configurationd’équipement choisie et selon quel’entreprise est subventionnée oupas. Au Maroc, cette approche estutilisée dans ses deux formes, nonsubventionnée et subventionnée,mais la subvention (environ500 €/foyer) est subordonnée à unterritoire : une ou plusieurs pro-vinces. La notion de concession ter-ritoriale n’est pas retenue, maisl’avantage (subvention) que possèdel’entreprise retenue pour la subven-tion dans un territoire donné finirapar imposer une concession territo-riale de fait.

Abdelhanine Benallou, directeur général

Développement propre

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Le franchiseur estchargé de mettre enplace un réseau demaison de rechargede batteries.

Pour les foyers n’ayant pas la possibilité d’acquérir un kit individuel, il est possible de

mettre en place une installation collective.

Pompe solaire dans la région de Ouarzazate.

Fondation Énergies pour le Monde

Fondation Énergies pour le Monde

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L e milieu rural au Maroc, quiregroupe 43 % de la popula-tion et les 2/3 des catégories

démunies recensées, reste caracté-risé par un déficit important entermes d’aménagement, d’infra-structures et de services sociaux debase. Afin de pallier le retard accu-mulé en matière de développementhumain et les inégalités socialesimportantes entre le milieu urbain etle milieu rural, les pouvoirs publicsont initié, durant cette dernièredécennie, un véritable chantier deprogrammes de développement sec-toriels pour la mise à niveau dumonde rural, dont le programmed’électrification global et les initia-

tives d’amélioration de l’approvi-sionnement énergétique aux fins dechauffage et de cuisson, et de réduc-tion de la forte pression exercée surla forêt. C’est dans le cadre de la mi-se en œuvre de cettestratégie de générali-sation de l’accès àl’énergie en milieurural que s’inscrit leconcept de “Maisonénergie” (MEE), déve-loppé conjointementpar le département de l’Énergie, lecentre de développement des éner-gies renouvelables (CDER) et le pro-gramme des Nations unies pour ledéveloppement (PNUD). Les diffé-

rents programmes énergétiquesmentionnés ont en effet une ap-proche commune de développementde l’accès à un service de qualitésuivant des financements appro-

priés et nécessitentt o u sle déploiement d’uneoffre d’équipements etde prestations (con-seil, installation, entre-tien et maintenance)de proximité.

Il en est ainsi, de la généralisation del’électrification rurale qui devra êtreatteinte à l’horizon 2007, à traversl’effort consi-dérable de raccorde-ment au réseau électrique national

Maisons énergie

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Des micro entreprises pour un service énergétique de proximité Le PERG, programme national visant à développer et à généraliser l’accès à l’énergie,dans le milieu rural, a fait émerger le concept de “Maison énergie”. Ces micro-entre-prises proposent aux populations un service énergétique de proximité.

Projet d’économie de bois de feu pour les hammams

Le ministère de l’Énergie et des Mines et le CDER, en coopération avec le Fonds Français pour l’EnvironnementMondial (FFEM) développent un programme de diffusion de technologies améliorées d’économie de bois de feudans les hammams (bains publics traditionnels). Ce programme, d’un coût global de 4 millions d’euros auquel leFFEM contribue à hauteur de 1,59 million d’euros, vise à intervenir sur le secteur de la demande de bois de feupour en optimiser la consommation.Il s’agit à travers ce projet de promouvoir la chaudière améliorée développée par le CDER au niveau d’actionspilotes (100) notamment avec l’appui de la GTZ (agence de coopération technique allemande) et le hammamsolaire dont 4 prototypes sont en développement avec l’appui du PNUD.La chaudière améliorée permet d’économiser plus de 60 % de bois de feu avec un rendement énergétique allantjusqu’à 70 %. Les améliorations apportées concernent essentiellement, l’isolation totale de la cuve, l’augmen-tation de l’épaisseur des parois métalliques, l’intégration du foyer à l’intérieur de la citerne pour minimiser lespertes par conduction vers l’extérieur, le réglage du système d’aération (air primaire et secondaire).Le programme comporte un volet urbain principalement localisé à Casablanca et un volet rural, ciblé sur 3 zonespilotes (Taroudant, Khénifra et Chefchaouen). Le volet urbain porte sur la diffusion d’une centaine de chaudièresaméliorées au niveau des hammams à Casablanca et d’une quarantaine dans d’autres villes du Maroc, en s’ap-puyant sur les associations des propriétaires et exploitants de hammams groupées en Fédération Nationale.Ce volet vise à dynamiser l’offre et la demande par la réalisation de diagnostics énergétiques dans les ham-mams sélectionnés, la formation et l’agrément de chaudronniers, la mise en place d’une procédure d’accompa-gnement et d’incitations financières à l’équipement et le suivi & développement technologique.En milieu rural, le projet consiste à appuyer des initiatives prises par des associations locales ayant montré leurcapacité d’intervention pour la diffusion d’une trentaine de chaudières améliorées dans les hammams et la réali-sation de cinq fours-boulangeries.

La généralisation de l’électrificationrurale devra êtreatteinte à l’horizon2007.

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Maisons énergie

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de plus de 1 500 villages par an etd’équipement de près de 150 000foyers éloignés du réseau, essentielle-ment en systèmes solaires photovol-taïques individuels, mais égalementen micro-centrales hydroélectriquesou en petits aérogénérateurs. L’utilisation rationnelle du bois defeu, qui représente environ 30 % dela consommation énergétique natio-nale et engendre une déforestationde 30 000 hectares par an,est aussi encouragée. Dif-férents moyens sont doncmis en place : la diffusion detechnologies plus efficaces(fours à pain, foyers de cuis-son, chaudières de ham-mams, bains publics tradi-tionnels) et l’introductiond’énergies de substitution(gaz butane, solaires...), unprogramme de promotiondes applications solairesthermiques pour le chauf-fage d’eau sanitaire (Proma-sol en coopération avec leGEF : Fonds pour l’environ-nement mondial), et un pro-gramme de diffusion de tech-nologies amélioréesd’économie de bois de feudans les hammams en coo-

pération avec le Fonds Français pourl’Environnement Mondial (FFEM).

La Maison énergie :une expertise de proximitépour un service durable

La Maison énergie est une micro entreprise conçue pour offrir auxpopulations rurales des services

énergétiques de proximité ainsi quele conseil et l’assistance techniquerelatifs à ces services. Durant cettepremière phase d’expérimentation,ses activités concernent essentiel-lement la commercialisation deséquipements énergétiques et leursaccessoires aux fins d’éclairage, de pompage d’eau, de cuisson et de chauffage, l’installation, l’entre-tien et la maintenance de ces équi-

pements, et la distribution du gaz butane.La mise en œuvre du pro-gramme “Maison énergie”s’articule autour d’un proces-sus et de critères bien définisqui incluent une étape de pré-sélection des jeunes promo-teurs issus du milieu rural, laréalisation d’une étude de fai-sabilité pour leur implan-tation et l’implication des partenaires locaux pour unencadrement de proximité.

Des formations au service des jeunespromoteurs

Le projet de coopérationentrepris avec le PNUD ap-porte un appui aux jeunespromoteurs à travers unensemble d’actions de forma-tion, d’encadrement tech-nique et de suivi au niveaudu montage et de la réalisa-tion de leur plan d’affaires.Des formations sur les tech-niques de création et de ges-tion des micro entreprisessont ainsi dispensées en par-tenariat avec la FondationBanque Populaire pour laCréation d’Entreprise et uncycle de formation techniquesur les énergies rurales estentrepris avec l’appui ducentre de formation du CDER.Les jeunes promoteurs béné-ficient également d’actionsd’encadrement et de suivipour l’accomplissement deformalités administratives, larecherche de financements etle montage de partenariatscommerciaux avec les pro-fessionnels du secteur.

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Installation, entretien et maintenance des équipements solaires par les “Maisons énergie”

dans les zones rurales.

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D’une manière générale, le projetassure le suivi du fonctionnementdes maisons énergie, et apporte leconseil et l’information nécessairesaux jeunes promoteurs pour ledéveloppement de leurs activités. Compte tenu du nombre grandissantde partenaires, une action de miseen réseau des jeunes promoteursest actuellement en cours de prépa-ration pour faciliter les contacts, les échanges et le développement departenariats entre les jeunes promo-teurs et les différents intervenantsdans le domaine de l’énergie rurale(partenaires institutionnels, opéra-teurs privés, ONG). Parmi les outils retenus dans ce cadre figurent le développement d’un siteWeb “MEE”, la publication d’unelettre d’information ainsi que l’ins-tauration d’un système de ren-contres périodiques et de visites deterrain.Les modalités de financement adop-tées au niveau de la phase pilotepour la création de la “Maison éner-gie” se déclinent selon le montagesuivant, pour un investissementmoyen de 100 000 Dirhams : > le projet apporte un appui logisti-

que sous forme de mise à disposi-tion d’équipements et outillages

pour un montant de 50 000 Di-rhams ;

> la collectivité locale est sollicitéepour la mise à la disposition dujeune promoteur d’un local quiabritera la micro entreprise ;

> le promoteur participe par un ap-port personnel d’environ 30 000 Di-rhams.

La Maison énergie,bilan et perspectives

À l’issue de cette phase pilote demise en œuvre du projet de partena-riat avec le PNUD, qui a porté sur lamise en place de 100 maisons éner-gie, le concept des MEE apparaîtaujourd’hui comme un instrumentnovateur pour promouvoir l’accès àl’énergie en milieu rural et démontrer son impact au niveaude chaque composante prioritairedu développement (éducation,santé, emploi, genre, protection desressources naturelles…). Il constitueà cet égard un vecteur puissant pourl’intégration de la préoccu-pationenvironnementale et la promotionde l’énergie comme instrument dudéveloppement durable et de luttecontre la pauvreté. Depuis son lan-cement, une centaine de jeunes pro-moteurs ont bénéficié de l’appui du projet pour la créationde leur micro entreprise énergé-tique. Près de 90 jeunes promoteurssont aujourd’hui opérationnels et 120 emplois sont créés notam-ment dans des activités liées ausolaire photovoltaïque (80 % de l’ensemble des MEE), au pro-gramme d’extension du réseau élec-trique (37 % des MEE) et à la pro-motion d’équipements d’économiedu bois de feu (28 % des MEE). Le

Maisons énergie

Une centaine de jeunes promoteurs ont pu créer leur entreprise énergétique.To

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profil du jeune promoteur, ses capa-cités d’entrepreneur et de négocia-tion de partenariats commerciaux,d’adaptation aux exigences du mar-ché local sont autant de critères desélection des candidats.Les Maisons énergie désormaisbaptisées Maisons de l’énergie et de l’environnement sont appelées à jouer un rôle moteur dans le dé-veloppement de leurs communau-tés dans la mesure où elles répon-dent à une demande réelle, tant auniveau des services énergétiquesqu’au niveau de l’appui en serviceset conseils touchant tous les sec-teurs du développement rural. Fortde leur potentiel d’agent de déve-loppement, les promoteurs des MEEpourraient, à terme, devenir desrelais et interfaces importants, aussibien pour les partenaires institution-nels de développement que pour les partenaires privées. À traversleur point d’ancrage “énergiedurable”, ils peuvent offrir, pour lespremiers, une interface avec lespopulations locales pour le lance-ment de projets de développementet, pour les seconds, un circuit idéalpour la commercialisation de leursproduits.

500 Maisons de l’énergie et de l’environnement en projet

Suite à cette première phase de lan-cement qui a davantage porté sur ledéveloppement du concept “Maisonsde l’énergie et de l’environnement”et la mise en place d’une approcheméthodologique de mise en œuvre,le département de l’Énergie, le CDERet le PNUD prévoient d’entrepren-dre, en association avec un ensem-ble de partenaires publics et privés,un deuxième programme de coo-pération pour l’implantation de 500 Maisons de l’énergie et de l’envi-ronnement sur une période de troisans. Le concept sera égalementtransféré en milieu urbain pour lapromotion de prestations de ser-vices et de conseils liées à l’amélio-ration de la gestion de la demandeénergétique dans les foyers et dansles PME/PMI, à travers la promotiondes chauffe-eau solaires ou encore

la distribution du gaz butane. AuMaroc, le programme de coopéra-tion initié avec le programme desNations unies pour le développe-ment dans le domaine de l’énergievise à appuyer l’effort national dedéveloppement à grande échelle desénergies renouvelables et alterna-tives dans une perspective d’amélio-ration de l’accès des populationsrurales à des services énergétiquesdurables, et d’atténuation des im-pacts néfastes du secteur énergé-tique sur l’environnement.

M.Khadija Belfakir, PNUD-Rabat

et M. Mohamed Berdai, CDER

Maisons énergie

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Promasol, pour l’essor du marché des chauffe-eau solaires au Maroc

Un programme national de développement du marché des chauffe-eausolaires a été mis en place par le ministère de l’Énergie et des Mines et le Centre de développement des Énergies Renouvelables (Agenced’Exécution) en association avec l’office national de l’électricité. Ce pro-gramme dont le montant global s’élève à près de 40 millions de dollarsbénéficie d’un apport financier du GEF (Fonds pour l’environnementmondial) (3 millions de dollars US) et du PNUD.La transformation de marché recherchée devra porter ce dernier à près de40 000 m2 annuels au lieu de 8 000 m2 actuellement. Sur les quatreannées à venir, il est prévu l’implantation de 100 000 m2 de capteurssolaires thermiques, tant au niveau des applications individuelles, qu’auniveau des applications collectives.Le programme intitulé “Promasol” s’articule autour de trois axes d’intervention principaux :> faciliter l’accès au chauffe-eau solaire par la mobilisation et l’adaptation

de financement au profit des consommateurs, la mise en place d’assu-rances-risque au profit des opérateurs privés et des investisseurspotentiels, et un réaménagement fiscal pour réduire la TVA sur ce typede produit ;

> améliorer la qualité des équipements par un suivi de l’application des normes marocaines aujourd’hui en vigueur, la mise en œuvre de la garantie de résultats solaires, la certification des équipements sur lemarché, la formation d’opérateurs techniques (installateurs, bureauxd’études...) ;

> sensibiliser et promouvoir en renforçant le partenariat institutionnel(habitat, secteur hôtelier, éducation nationale...) et en développant une stratégie de communication globale d’accompagnement du pro-gramme.

Après la réalisation des études de conception et de préparation des diffé-rents outils d’intervention et d’appui et la réalisation d’actions de démonstration, de communication, de formation et de renforcementde partenariats, le Promasol va faire l’objet d’un lancement officiel dansle cadre d’une vaste campagne de communication. Les enjeux du programme en termes d’économie d’énergie (100 00 tep), d’investis-sement (40 millions de dollars US), de création d’emplois (1 000) et de préservation de l’environnement (diminution annuelle des émissions de CO2 de 1,3 million de tonnes) sont hautement significatifs.

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Temasol

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A u Maroc, 100 000 habitantsdes provinces de Khemisset,Khouribga, Settat, et Kheni-

fra, non raccordés au réseau del’ONE (Office national de l’électricité),vont bientôt accéder à l’électricitégrâce à l’énergie solaire. En effet, leconsortium Temasol (groupementTotal Énergie/Total/EDF) réalise, pourle compte de l’ONE dans le cadre du PERG – Solaire, sur contrat signéle 21 mai 2002, l’électrification deszones rurales à habitat dispersé deces 4 provinces par énergie solaire.Ce programme est cofinancé par la république Fédérale d’Allemagneà travers la KFW (Kreditanstalt fürWiederaufbau). Il s’agit d’un marchéde l’ONE réalisé par Temasol, filiale

marocaine de Total Énergie (leaderdu programme), Total Maroc (pré-sent au Maroc depuis 70 ans) et EDF(Électricité de France).

Un service garanti 10 ans

Le projet est fondé sur une véritableprestation de service.La société Temasolinstalle chez chaqueclient un générateursolaire (comprenantun panneau, une bat-terie, et un régula-teur), des lampes (basse consomma-tion), une prise 12 V (pour télévision,radio, chargeur de téléphone…) ainsi

que tous les câblages, interrupteurs,etc. Ensuite, Temasol se charge del’entretien de l’installation pendantune durée de 10 ans. Le renouvelle-ment du panneau (si nécessaire), dela batterie et du régulateur est égale-ment pris en charge par Temasol.Ainsi, chaque client bénéficie d’unegarantie de bon fonctionnement de

son installation pen-dant 10 ans. Les équi-pements proposésrépondent aux besoinsprincipaux des habita-tions en milieu rural :l’éclairage (4 à 8 lam-

pes) et une prise pour alimenter unetélévision, une radio, un chargeur detéléphone mobile. Trois niveaux de

En 2002,Temasol a lancé une grande campagne d’informations dans 4 provinces marocaines.

Le programme mené par Temasol fait partie intégrante de la politique d’électrifi-cation rurale (PERG – Solaire) de l’Office national de l’électricité du Maroc, en ren-forçant l’électrification des zones à habitat dispersé. Il contribue à la lutte contre lapauvreté des populations rurales en apportant l’électricité au plus grand nombre.

16 000 foyers rurauxélectrifiés par le soleil

Le projet est fondésur une véritableprestation de service.

Tem

aso

l

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service sont proposés (voir tableau).Les prix payés par les clients sont enfait inférieurs au coût réel du servicereçu. En effet, en complément de ceque paient les clients, grâce à un donde 5 millions d’euros de la banqueallemande KFW, l’ONE apporte unesubvention de 5 400 Dh TTC par ins-

tallation, verséedirectement auConsortium venantainsi en déduction de son propre inves-tissement. Temasol aaussi reçu un appuidu FFEM (Fonds Fran-çais pour l’Environ-nement Mondial).

Pointd’avancement du programme

Après une grandecampagne d’information menée au 2e

semestre 2002 sur les 4 provincesconcernées, plus de 14 000 famillesse sont portées candidates et près de3 400 ont déjà signé leur intention desouscrire à l’un des services. Les 140premiers clients bénéficient du servi-ce depuis janvier 2003. Après cette

première phase de démarrage, lamontée en puissance devrait condui-re à équiper environ 3 000 familles en2003 (plus de 1 000 clients fin juin2002). Les 24 employés de la sociétésont chargés de la réalisation des ins-tallations (en faisant aussi appel àdes sous-traitants), de leur entretien-maintenance et de la gestion com-merciale des clients. À ce jour, le tauxde recouvrement des redevancess’établit à 100 %. Temasol a son siègecentral à Rabat et, afin de se rappro-cher de ses clients, elle a ouvert sapremière agence sur la province deKhouribga à Oulad Boughadi.Temasol prend toutes les dispositionspour mener à bien ce programmetout à la fois innovant sur un planéconomique, social, technique et res-pectueux de l’environnement dansune démarche de développementdurable.

Consortium Temasol.

Temasol

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Niveau

Installation : lampes prises 12 V

Kit PV (Wc)

Avance initiale (Dirham TTC)

Redevance mensuelle (Dirham TTC)

3

81

100

3 100

129

2

61

75

1 800

96

1

41

50

700

65

Note : 10 Dirhams = environ 1 euro.

Ces prix comprennent une TVA de 20 %. Celle-ci pourrait passer

à 7 % (taux appliqué à l’électricité réseau), les prix seront alors revus

à la baisse.

Tem

aso

l

Settat

KhenifraKhouribga

Khemisset

Casablanca •

Rabat •

Provinces concernées par le programme Temasol “16 000 kits pour 16 000 foyers”.

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D epuis 2001, l’Office Nationalde l’Eau Potable a élargi sonpérimètre d’action pour la

généralisation de l’accès à l’eaupotable dans les milieux ruraux etl’assainissement de l’eau. Tous lessystèmes d’alimentation en eaupotable sont envisagés pour desser-vir 5,6 millions d’habitants d’ici à2007.L’Office National de l’Eau Potable(ONEP) est le maître d’œuvre du sec-teur de l’eau potable et de l’assainis-sement au Maroc. Créée en 1972,cette entreprise publique joue undouble rôle :> celui de planificateur de l’en-

semble du secteur. À ce titre, leplan général élaboré par l’ONEPdécoulant du bilan besoins/res-sources permet d’avoir une visibili-té sur une période de 30 ans. Ceplan est générateur, par ailleurs,de toute la banque de projets défi-nie par métier (alimentation eneau potable (AEP) urbaine, AEPrurale et assainissement) ;

> celui d’opérateur puisque l’ONEPest, d’une part, le principal produc-teur à l’échelle nationale (80 % depart de marché) et, d’autre part, leprincipal distributeur puisqu’il des-sert 795 000 clients présents dans300 centres répartis à travers lepays.

Fort de ces prérogatives, l’ONEPs’est déployé à partir de 2001 sur leplan stratégique du fait qu’il a élargison champs d’intervention d’unemanière volontariste en prenant encharge deux nouvelles missions : lagénéralisation de l’accès à l’eaupotable en milieu rural, et l’interven-tion active dans le domaine de l’as-sainissement.Il faut rappeler, dans ce contexte,qu’en matière d’intervention en

milieu rural, l’ONEP a réussi, tout enétant dans le passé beaucoup plus “spécialisé” dans l’alimentation eneau potable urbaine, à desservir, àfin 2002, d’une manière pérenne,une population rurale de 2 millionsd’habitants répartis sur 1 900 douars(1)

et 252 petits centres ruraux. Cetteintervention s’est articulée autour dedeux axes principaux :> la prise en charge du

service de l’eau po-table dans les petitscentres et les chefslieux de communesrurales, pôles de dé-veloppement local,pour en assurer led é v e l o p p e m e n tsocio-économique eten faire des rem-parts contre l’exode rural ;

> la desserte des douars limitrophesaux installations de l’Office.

Fin 2002, accélération du programme “accès à l’eau potable”

Cependant, et suite à la décision du gouvernement, intervenue ennovembre 2002, d’accélérer le pro-gramme d’accès à l’eau potable enmilieu rural en vue d’atteindre unobjectif d’accès de plus de 90 % enfin 2007, une nouvelle démarche a étéadoptée par l’ONEP basée autour desaxes suivants :> la planification harmonieuse par la

réalisation des études de schémasdirecteurs provinciaux ;

> la recherche et la mise en place dessolutions techniques adaptées aucontexte local ;

> l’identification et la mise en placede nouveaux modes de gestion

garantissant la pérennité et la sécu-rité de l’AEP rurale ;

> la mise en place d’un système derecouvrement des coûts basé sur leprincipe de solidarité nationale(urbain/rural).

Ainsi, un programme de généralisa-tion a été identifié et entrepris. Laréalisation de ce programme permet-

tra de desservir unepopulation addition-nelle d’environ 5,6 mil-lions d’habitants répar-tis sur 11 000 douars(localités) et 200 petitscentres. L’investisse-ment est de 6,5 mil-liards de Dirhams(2)

pour la période 2003-2007.D’après les premiers

résultats des études engagées, ilrésulte que la solution techniqueenvisageable pour desservir 60 % dela population concernée par le pro-gramme de la généralisation est lerecours aux solutions d’adductionsrégionales ou des systèmes groupés.Pour le reste des localités, les sys-tèmes d’alimentation en eau potabledécentralisés restent la solutionunique. En effet, la majorité de ceslocalités se situent dans des zonesrurales enclavées, dispersées et loin-taines du réseau national d’électricité(rural profond), et auxquels le pro-blème d’alimentation en énergieélectrique est posé aussi pour la réa-lisation d’un projet d’alimentation eneau potable. A priori, les solutionsd’alimentation en énergie électriquedes équipements d’eau potable des-tinés à ces agglomérations sont : lesystème diesel, l’énergie solaire oul’énergie éolienne. Le choix technico-économique de l’une des formes deces trois sources d’énergie est tribu-

Eau potable

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Énergies renouvelables et eau potableDepuis 2001, l’Office National de l’Eau Potable a élargi son périmètre d’action pourla généralisation de l’accès à l’eau potable dans les milieux ruraux et l’assainisse-ment de l’eau. Tous les systèmes d’alimentation en eau potable sont envisagéspour desservir 5,6 millions d’habitants d’ici à 2007. Explications.

Pour 40 % des loca-lités concernées par le programmeeau potable, les sys-tèmes d’alimenta-tion décentralisésrestent la solutionunique.

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taire de plusieurs facteurs dontnotamment, la puissance électriquerequise pour l’installation d’eaupotable projetée, le coût d’investisse-ment, les contraintes d’accès au sitedu projet et les modes de gestion etd’exploitation envisagée.

Coopération ONEP et CDER

Étant conscient de l’intérêt que pour-raient offrir les énergies renouvela-bles pour pallier ces problèmes d’ali-mentation électrique des installationsd’eau potable en milieu rural, l’ONEPa établi, en 2002, une convention decoopération avec le Centre de Déve-loppement des Énergies Renouve-lables (CDER). Dans le cadre de cetteconvention, des opérations pilotespour l’utilisation des énergies renou-velables ont été identifiées, dont uneopération relative à l’utilisation del’énergie photovoltaïque pour lepompage d’eau en cours de réalisa-tion. Il s’agit d’un système de pompa-ge d’eau potable sur puits pour ladesserte d’un village de 320 habitantsdans la région de Marrakech. La puis-

sance nécessaire pour cette instal-lation est de 1 500 Wc pour un débitjournalier de 12 m3/jour. Le choix a été porté sur l’énergie photovoltaï-que compte tenu de coût du mètrecube d’eau pompée est de l’ordre de 2,5 DH/m3 contre4,3 DH/m3 pour l’éner-gie offerte par groupeélectrogène.L’objectif de ce piloteest de se familiariseravec cette nouvelletechnologie et de dé-gager les modes degestion adéquats per-mettant, d’une part, lapérennisation et la sécurisation dufonctionnement du système et,d’autre part, la mise en place d’unsystème de tarification permettant lerecouvrement des frais d’exploitationet ceux de renouvellement tout enrestant dans une gamme de prix com-patible avec les faibles revenus despopulations rurales.Par ailleurs, un guide de prise dedécision pour le choix du type d’éner-gie à utiliser est en cours d’élabo-ration. Il doit amener le décideur à se poser un certain nombre de

questions décisives dans le choix du mode de desserte, dont l’évalua-tion de la ressource à équiper (HMT(3),débit, qualité), l’évaluation des be-soins de la population (à court,moyen et long terme), proximité

des adductions ou pro-jets d’adduction à courtterme, proximité deligne électrique ou pro-jet de ligne à courtterme, offre de mainte-nance.La capitalisation de cesexpériences est trèsbénéfique pour l’ONEPpuisqu’elle lui permet

de se préparer à une généralisation à l’échelle nationale de ce type desystème auto-nome pour les zonesdispersées et isolées (rural profond).

M. Fassi Firhi,

ONEP

1. Douars : villagesou localités rurales

2. 1 DH = 0,09 euro3. HMT : HauteurManométriqueTotale

Eau potable

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27

La réalisation du programme permettra de des-servir une popula-tion additionnelled’environ 5,6 mil-lions d’habitants.

Tota

l Én

erg

ie

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Amisole

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L ’ association Amisole est ou-verte aux industriels des éner-gies renouvelables et aux

professionnels dont l’activité princi-pale est liée aux énergies renouve-lables. Elle regroupe aujourd’hui unequarantaine de sociétés rassemblantplusieurs centaines d’employés :> Photovoltaïque : Accus National,

Afrique Câbles, Afrisol, Afrisun,Amine Electromeca, Apex BPSolar, AstroPower Maroc, CleanÉnergie, Electrocontact, Enercorp,Ets ElMalali, Energetica, EnergiesContinues, Getradis, Ines, Istichar,NRJ International, NoorWeb, Pho-toterm, Sicotel, Smadia, Smcim,Solicap, Solon, Space Radio,Spolyten, Sunlight Power Maroc,Techna, Total Énergie ;

>Thermique : Afriquia, Afrisol,Capsolair, Ets Mlahfi, Getradis,Giordano Maroc, Kefal, NoorWeb,Phototerm, Sococharbo, Solicap,Sunlight Power Maroc, Toutelec,Total Énergie, Tropical Power,

> Éolien : Enercorp ;> Bureaux d’études : Citech Ingénierie.

Plusieurs raisons ont incité ces diffé-rentes sociétés à développer unepolitique volontaire dans le domainedes énergies renouvelables. Lecontexte international est aujourd’huifavorable au développement d’éner-gies propres car les impacts envi-ronnementaux sont très faibles. Legisement national marocain est im-portant et son exploitation favorisela réduction de la dépendance et de

la facture énergétique tout en aug-mentant la diversité de l’offre. Enfin,le secteur des énergies renouvelablespeut faire appel à des mécanismes età des financements avantageux(Mécanismes de DéveloppementPropre, Fonds Carbone, Coopérationinternationale…) et il possède unegrande flexibilité sociale et techno-logique et un important potentiel decréation d’emploi.

Village entièrement électrifié par le photovoltaïque.

B. M

onv

ert

Énergies renouvelables :un secteur privé organisé

Bureau de l’Amisole depuis le 16 juillet 2001

• Président…………………………………………………M. Saïd Mouline

• Vice-Président…………………………………….. M. Amine Bennouna• Secrétaire Général…………………………… M. Mohamed

Andaloussi• Secrétaire Général Adjoint…………. M. Philippe Ballet• Trésorier Général………………………………. M. Ahmed Squalli• Trésorier Général Adjoint…………….. M.Vincent Butin• Assesseurs……………………………………………. M. Lahcen Zazai, M. Lahcen Boudad,

Mme Hasnae Timoumi, M. Marc Balandras,M. Ahmed Jahid

Bilan des énergiesrenouvelables au Maroc

• Éolien : 53,5 MW Tetouan (en opé-ration), 60 MW Essaouira (en pro-jet)

• Thermo-solaire : projet de 180 MW(dont 18 MW solaires)

• Solaire thermique : 50 000 m2 decapteurs installés

• Photovoltaïque : 7 MWc électrifi-cation rurale, télécom, pompage15 MW : électrification rurale PERGONE (en projet)

• Biogaz : biogaz à partir de déchetsménagers (en projet), 20 petits di-gesteurs existants

Créé en 1987, l’Association Marocaine des Industries Solaires et Éoliennes (Amisole)promeut les intérêts des industriels et des professionnels marocains œuvrant dans le secteur des énergies renouvelables.

M. Saïd Mouline

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A u mois de mai 2000, le roidu Maroc, Mohammed VI,inaugurait le parc éolien de

Koudia Al Baïda ! Un événement à lamesure du projet. Situé au nord duMaroc dans la province de Tétouan, àproximité du détroit de Gibraltar, leparc éolien est le premier de cetteenvergure au Maroc. D’une puissan-ce totale de 50,4 MW, il regroupe 84 éoliennes de 600 kW chacuneréparties sur 8 km de crête. Elles sontimplantées à une altitude moyennede 500 mètres, là où les vents souf-flent, en moyenne, à 10,6 m/s ! Laqualité exceptionnelle du potentieléolien du site, l’un des meilleurs du pays, permet de produire plus de 200 000 MWh d’électricité par an, soit 2 % de la consommationannuelle du Maroc. Un chiffre qui cor-respond à la consommation d’environ400 000 habitants.Suite à l’appel d’offresinternational lancé parl’Office national del’électricité du Maroc(ONE), la réalisationdes aérogénérateurs aété confiée au cons-tructeur danois Vestas.Il était chargé de la fabrication, dutransport, du montage sur site et dela mise en service. La CompagnieÉolienne du Détroit (CDE), détenuepar EDF, Paribas et le cabinet françaisd’ingénieurs-conseils Germa, a quantà elle été choisie pour réaliser etexploiter le parc. Les trois action-naires de la CDE ont apporté, enfonds propres, 31 % du coût total de l’investissement qui s’élève à 50,3 M€. Les 69 % restants ont étéfinancés par des prêts bancaires. Ils’agit donc d’un projet entièrementprivé, réalisé sans aucune subven-

tion. Les différents partenaires du pro-jet ont tenu à réaliser une étude d’im-pact sur l’environnement et cela avantmême qu’une réglementation maro-caine ne l’impose. L’étude a donc étéfaite selon les critères européens enprenant en compte les effets du parcéolien et du chantier sur le milieu, l’in-sertion dans le paysage des 84éoliennes, le bruit des installationspour les populations riveraines et les

conséquences pour lesoiseaux migrateurs. Laconception du parc aété étudiée dans cesens et de larges cou-loirs de quelques cen-taines de mètres ontété aménagés sur lescimes entre les aérogé-

nérateurs pour permettre le passagedes oiseaux migrateurs. Des étudesstatistiques ont prouvé que l’impactde ce projet sur l’écosystème localrestait négligeable. Par contre, la pro-duction d’électricité verte du parcévite chaque année le rejet dansl’atmosphère de 230 000 tonnes degaz carbonique. De même, elle réduitde 700 tonnes par an la productiondes agents responsables des pluiesacides. Après deux années d’exploita-tion, le bilan de fonctionnement appa-raît comme satisfaisant. Un poste decontrôle centralisé permet aux 6 tech-

niciens et au directeur de la CDE degérer le fonctionnement des éoliennes.Les kWh électriques produits sontévacués par un réseau électriquemoyenne tension enterré sous lespistes d’accès aux éoliennes et re-vendus intégralement à l’ONE. Unegrande attention est apportée à unebonne maintenance préventive (50 %contre 30 % de maintenance correcti-ve), pour assurer de bonnes perfor-mances d’exploitation en disponibilité.

200 MW éoliens en projet

Quelques difficultés initiales ont unpeu perturbé le fonctionnement de lapremière année d’exploitation (no-tamment des petits problèmes élec-triques, et des vibrations). Elles ontété progressivement résolues, et aumois de décembre 2001 une produc-tion record de 20 630 MWh a été ob-tenue, grâce à un vent élevé et à unedisponibilité des éoliennes supérieu-re à 98 %. Devant le succès économi-que, technique et humain du parc, etgrâce au formidable potentiel en ventdu Maroc (6 000 MW de puissance to-tale équipable), il est prévu à l’éché-ance 2005 un programme de 200 MWde puissance éolienne pour le pays :140 MW sur deux sites dans la régionde Tanger et 60 MW à Tarfaya.

Éolien

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Une réalisation d’envergure :le parc de Koudia Al BaïdaDepuis 1994, le gouvernement marocain fait appel à des investisseurs privés pourfinancer les nouveaux moyens de production d’électricité. C’est dans ce contextequ’EDF, Paribas et le cabinet Germa ont réalisé le parc éolien de Koudia Al Baïdamis en service au mois d’août 2000. Une réalisation d’envergure qui a donné nais-sance à plusieurs projets.

Le parc de Koudia al Badia au Maroc (50 MW) est en service depuis le mois

de septembre 2000.

Ger

ma

Le parc éolien de Koudia Al Badiaproduit 2 % de la consommationélectrique annuelledu Maroc.

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Fondation Énergies pour le Monde

Bulletin du réseau Scarabée, juin 2003

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NORIA, un pas de plus pour l’ERDLa Fondation Énergies pour le Monde met en place un outil méthodologique, Noria-Développement, pour définir les zones de faisabilité et les modalités techniques,financières et organisationnelles d’un programme d’électrification rurale décentrali-sée d’envergure à partir d’énergies renouvelables. Explications.

L a première recommandationdu séminaire de Marrakech surl’électrification rurale décentra-

lisée (ERD), tenu en novembre 1995,mentionne qu’“un changementmajeur et immédiat de rythme estrecommandé dans la mise en œuvrede l’électrification rurale décentrali-sée, instrument qui doit participer àl’élimination de la pauvreté, la créa-tion d’emplois, la protection de l’envi-ronnement, l’amélioration de la situa-tion des femmes dans les zonesrurales”. Plus récemment, au Sommetde la Terre de Johannesburg, les éner-gies renouvelables ont été reconnuespar les plus hautes instances interna-tionales comme une solution énergé-tique incontournable pour le dévelop-pement durable, notamment dans lespays du Sud. Cette reconnaissance aété concrétisée par l’initiative de l’Union européenne“Énergie pour l’éradication de la pau-vreté et le développement durable”dans les pays en développement.Pourtant, aucune action d’enverguren’a, à ce jour, été élaborée ni mise enœuvre dans les Pays les MoinsAvancés (PMA). Seules quelques opé-rations ont été lancées dans des pays

intermédiaires (Maroc, Afrique duSud, Mexique). Face à ce constat, etforte de son expertise développée aucours de 12 ans de mise en place deprogrammes d’ERD dans 450 villagesde 28 pays, la Fondation Énergiespour le Monde met en œuvre un sys-tème expert d’aide au montage deprogrammes : Noria-Développement (pour “Nou-velle Orientation pour la Réalisationd’Investissements Adaptés dans lespays en développement”). Noria viseà élaborer une méthodologie pourappréhender la faisabilité d’un pro-gramme d’ERD à base d’énergiesrenouvelables suivant les caractéris-tiques des contextes national et local.

Les conditions de réussited’un programmed’envergure

Ainsi est-il important de prendre encompte au niveau national, entreautres éléments, la volonté politiquede développer l’ERD, l’existence destructures, d’outils, de mécanismesfavorisant la mise en place de pro-grammes d’envergure, la capacité dupays à accueillir des entreprises ouinvestissements étrangers, et d’analy-ser les cadres juridique et fiscal. Auniveau local, les programmes ne peu-vent pleinement fonctionner sans uneconnaissance approfondie de la pro-portion de la population désirant par-ticiper au programme, de sa capacitéde paiement, de son attitude face à lanouveauté technologique, de l’organi-sation sociale des villages pour lamise en place des modalités de ges-tion appropriées.Le système expert Noria se concrétisesous la forme d’un Systèmed’Information Géographique (SIG)

qui, en croisant l’ensemble des cri-tères de viabilité d’un programme,permet de distinguer les zones de fai-sabilité de programme d’ERD d’en-vergure, et de définir les modalitéstechniques, financières et organisa-tionnelles correspondant au mieuxaux besoins et au contexte. En prenant en compte l’ensemble descritères déterminant la réussite d’unprogramme d’ERD, Noria-Développe-ment permet ainsi de : > limiter les risques à l’investisse-

ment pour les maîtres d’ouvrage etles financeurs ;

> multiplier ces programmes d’ERDafin d’atteindre des économiesd’échelle ;

> développer le secteur des énergiesrenouvelables dans les pays endéveloppement en orientant le capi-tal disponible au Nord vers des pro-grammes dont la pérennité et larentabilité seront plus sûres ;

> améliorer l’efficacité des program-mes de coopération dans le domai-ne énergétique ;

> contribuer à l’amélioration de la pla-nification énergétique rurale et àl’optimisation de la synergie entreles politiques énergétiques et dedéveloppement rural.

Noria-Développement constitue ainsiun outil méthodologique de change-ment d’échelle dans l’électrificationrurale, basée sur les énergies renou-velables, des pays en développe-ment. Un tel outil permettra derépondre à la volonté croissante desopérateurs, des responsables despays en développement et desbailleurs internationaux de dévelop-per l’ERD à grande échelle.

Virginie Bineau,

Fondation Énergies pour le Monde

Fondation Énergies pour le Monde

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En bref

Bulletin du réseau Scarabée, juin 2003

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Énergies pour le Monde au Maroc

Depuis 1993, la Fondation Énergies pour le Monde installedes systèmes de production électrique décentralisés auMaroc pour l'électrification de sites isolés.

n 1993-1994 : le village de Igoudar Jebel a pu bénéficier del’installation d’un générateur photovoltaïque d’une puis-sance de 960 Wc pour la recharge des batteries. Ce projeta concerné 1 000 habitants.

n 1993-1997 : Dans le cadre du programme ÉnergieSolidarité Maroc, la Fondation Énergies pour le Monde afourni à quinze villages un générateur solaire de 960 Wc(soit un total de 14 400 Wc installés) de vingt modulesqui permettent de recharger quatre à huit batteries parjour. Une batterie fournit à un foyer cinq à sept joursd’électricité pour l’éclairage, l’audiovisuel et éventuelle-ment un petit réfrigérateur. Elle a apporté un réel confortdans le domaine de l’éducation, de la santé et des loisirspour un meilleur développement familial. Ce program-me a été effectué en collaboration avec les Houillères duBassin de Lorraine, dans le cadre du retour au pays destravailleurs marocains.

n 1995-1996 : Sollicités par un des participants du mara-thon des sables qui a lieu tous les ans dans le Sud maro-cain, la Fondation Énergies pour le Monde et l’ensem-blier Total Énergie ont installé une pompe solaire.Alimentée par un générateur de 720 Wc, la pompe deforage débite 25 m3/jour et permet d'alimenter en eaupotable plus de 1 000 habitants.

n 1999-2001 : À quelques kilomètres au nord d’Essaouira,une éolienne Vergnet de 15 kW et un groupe diesel de 25 kVA alimentent le village de Moulay Bouzerktoune. Le

projet associant la Fondation, la province d’Essaouira,l’ONE et le CDER, permet d’électrifier pour les besoinsdomestiques 250 personnes (voir le 4 pages inséré enpage 16).

n 2002 : L’accès à l’eau, et surtout à l’eau potable, demeureune priorité dans plusieurs pays méditerranéens, en par-ticulier les pays du Maghreb. En 1997, plusieurs villagesdu Sud marocain, dans la région de Ouarzazate, avaientété équipés de pompes solaires et de systèmes de purifi-cation de l’eau, à l’initiative de l’Instituto de EnergiaSolar (IES) basé à Madrid. Il n’est pas inutile de rappelerque, dans les pays en développement, si l’eau est pré-cieuse, son état sanitaire l’est tout autant : dans cesrégions, quatre maladies sur cinq trouvent leur originedans une eau de mauvaise qualité. Aujourd’hui, ce pro-gramme peut servir d’exemple : les pompes fonction-nent, la maintenance est bien assurée et les contribu-tions des bénéficiaires suffisantes pour permettred’envisager un avenir à long terme. C’est à partir de cemodèle qu’a été élaboré un nouveau programme, lancédébut 2002, et qui associe cette fois l’IES, la FondationÉnergies pour le Monde et un partenaire dans chacundes trois pays du Maghreb. Au Maroc, la Fondation tra-vaille avec l’association Tichka et en relation avec l’ONEP,le CDER et le ministère de l’Équipement. L’objectifconsiste à installer, dans une centaine de villages dessystèmes de pompage et de purification de l’eau en utili-sant l’énergie solaire. Un an après le démarrage du pro-gramme, la première phase, comprenant l’identificationdes villages et la sensibilisation des futurs usagers, esten cours.

Publications > La production d’électricité d'origine renouvelable dans le

monde (4e inventaire)Cet ouvrage dresse l’inventaire, pays par pays, de l’élec-tricité produite à partir de l’éolien, du solaire, de la bio-masse et de la géothermie. Le Maroc est présenté àdeux reprises : une dans le cadre général de la produc-tion d’électricité dans le monde, l’autre dans celui del’électrification rurale décentralisée.

Observ’ER – EDF, 304 pages couleurs, bilingue français/anglais, prix : 79 euros

> Le guide de l’électrification rurale décentraliséeDestiné aux acteurs des pays du Sud, aux institutionnelsqui pilotent ces programmes, aux compagnies d'électrici-té soucieuses de répondre à la demande croissante desruraux en énergie, aux bureaux d'études et aux instancesde coopération, cet ouvrage s'adresse à tous ceux qui,dans la sphère économique, approchent la réalité dudéveloppement durable. Il existe en version française eten version anglaise et contient un chapitre sur le Maroc.

Ademe – IEPF – Cired – Fondation Énergies pour le MondeÉdité par Systèmes Solaires, 364 pages, prix : 50 euros(version française), 52 euros (version anglaise).

Alain Liébard, président de la Fondation Énergies pour le Monde,

avec les habitants d’un village équipé en énergie solaire.

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Agenda

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Développement durableAu lendemain du sommet de la Terre deJohannesbourg, Dominique Bidoupublie aux éditions Ibis Press (France)un plaidoyer pour le développementdurable. Armé de quelques idéessimples, l’auteur nous propose de nouslancer dans le feu du développementdurable. Dominique Bidou est membredu conseil général des Ponts etChaussées, après avoir été notamment directeur au minis-tère de l’Environnement français, puis directeur de l’AreneÎle-de-France jusqu’en 1999. 168 pages – 14 x 22 cm – 14 euros – novembre 2002Édition ibis PressTél. : + 33 (0)1 43 41 28 87 – [email protected]

Génération solaireL’association Greenpeace et l’association européenne de l’industrie photovoltaïque (Epia) ont rédigé au moisd’octobre 2001 une étude de faisabilité sur les perspec-tives de développement de l’électricité solaire. D’ici à2020, les auteurs prévoient l’électrifi-cation par l’énergie solaire d’un mil-liard de personne et la création de2 millions d’emplois. En 2003, l’étu-de a été mise à jour et traduite enlangue française par l’associationHespul.Hespul,114, bd du 11 novembreF-69100 Villeurbannewww.hespul.org

Conférence européenne photovoltaïqueÀ noter dès à présent dans vos agendas, la 19e conférenceeuropéenne de l’énergie solaire photovoltaïque qui se tien-dra à Paris en France du 7 au 11 juin 2004. Les organisateurslancent déjà un appel à contribution sur les sujetssuivants : les cellules solaires en silicium cristallin, cellulesamorphes, les modules et systèmes photovoltaïques, les

systèmes photovoltaïques reliés au réseau, le marché duphotovoltaïque dans le monde. Une session sera dédiéeaux pays en développement et aux coopérations nord/sud.

WIP, Mme Christine Flingelli – Sylvensteinstr. 2D-81369 Munich – AllemagneTél. : +49- (0) [email protected]

Manifestation

Bulletin du réseau Scarabée, juin 2003

Urgent : ONG en république démocratiquedu Congo cherche un stagiaire pour un projet photovoltaïque

L’ASRAMES (Association Régionale d’Approvisionnementsen Médicaments Essentiels) cherche un stagiaire pour sonService BIOSOL (service solaire), basé à Goma, enRépublique Démocratique du Congo. Cette ONG, crééepar Médecins Sans Frontières-Hollande et six autresONGs, est une centrale d’achat et de distributions demédicaments, et de produits photovoltaïques dans le sec-teur de la Santé (hôpitaux, centres de santé, etc.).ASRAMES comprend un expatrie (le directeur) et 50 mem-bres du personnel, dont 2 à 3 pour le service BIOSOL. Le stagiaire recevra un appui du bureau d’études “AllianceSoleil”, France, dirigé par Jean-Paul Louineau.> Mission : Appui à la mise à jour des procédures organi-

sationnelles et procédures techniques de dimensionne-ment, de devis, d’installation, de maintenance ; forma-tion du personnel en place ; appui aux activités demarketing du service solaire.

> Dates et durée : à partir de l’été 2003, pour 2 à 4 mois.> Profil du candidat : 2e année de DUT/BTS ou 4e année

d’école ingénieur (secteur Génie électrique – Génie éner-gétique) ou bien formation ENR/“Développementdurable” + connaissances techniques en photovoltaïque+ capacités rédactionnelles et maîtrise de base de l’infor-matique (Word et Excel) + bonnes capacités relation-nelles et d’adaptation culturelle. Excellente capacité pourle travail en équipe.

> Conditions/candidature : poste basé à Goma, capitalede l’Est de la république démocratique du Congo.

ASRAMES assurera tout au long du séjour, un logementde bonne qualité (y compris frais de repas), ainsi que lestransports locaux depuis Kigali, et autour de Goma.Envoyer lettre de motivation avec CV à :

Jean-Paul Louineau / Alliance Soleil sarl,7, passage de la Providence, F-85270 Saint-Hilaire-de-RiezTél. : + 33 (0)2 51 54 19 06 - Fax : + 33 (0)2 51 54 98 [email protected]

Formations de l’AdemeSur la période septembre-octobre 2003, l’Ademe organisetrois sessions de formation :> “Éole 2003”, (8-12 septembre), pour la mise en œuvre des

systèmes éoliens pour l’électrification de sites isolés.> “Photon”, (22-26 septembre) pour former des profession-

nels à la mise en œuvre de systèmes de productiond’électricité photovoltaïque ;

> “Grand Éolien”, (13-17 octobre) formera les profession-nels désireux d’acquérir ou parfaire une connaissanceméthodologique et pratique du montage de grands pro-jets éoliens.

Ademe,Thérèse Giordano / Service formation externe et emploi27, rue Louis-Vicat - F-75015 ParisTél. : + 33 (0)1 47 65 22 15 - [email protected]

Formation/Emploi

À lire

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www.energies-renouvelables.org

Découvrez le site de la Fondation Énergies pour le Monde

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INSTITUT DE L’ÉNERGIEET DE L’ENVIRONNEMENT

DE LA FRANCOPHONIE (IEPF)

Ce bulletin est édité dans le cadre de l’initiative Scarabée, menée par la Fondation Énergies pour le Monde

Président : Alain LiébardDirecteur : Yves Maigne

146, rue de l’Université 75007 Paris - France

Tél. : 33 (0) 1 44 18 00 80 Fax : 33 (0) 1 44 18 00 36

E. mail : [email protected]

Internet : www.energies-renouvelables.org

P a r t e n a i r e s f i n a n c i e r s d e S c a r a b é e