capitalisme, syndicats et socialisme · le socialisme est le contraire du gouvernementalisme. nous...

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CAPITALISME , SYNDICATS ET SOCIALISME Capitaux et actions. 1 Document 1A: 1. Quel est le nom de la société qui a émis cette action? __________________________________________ __________________________________________ 2. A combien se monte le capital de cette société? __________________________________________ 3. Que représente cette somme? __________________________________________ __________________________________________ __________________________________________ 4. En combien d'actions ce capital est-il divisé? __________________________________________ 5. Quelle est la valeur d'une action? __________________________________________ 6. Comment appelle-t-on une personne qui possède une ac- tion? ___________________ ou ____________________ 7. Que signifie la mention « au porteur »? __________________________________________ __________________________________________ __________________________________________ 8. A quoi servent les coupons détachables qui figurent en bas de l'action? __________________________________________ __________________________________________ Document 1B: 1. Quel est le nom de la société évoquée dans ce texte? __________________________________________ __________________________________________ 2. Comment a-t-elle été fondée? __________________________________________ __________________________________________ __________________________________________ 3. Comment appelle-t-on ce type de regroupement? __________________________________________ 4. Quel est le montant exact, en francs, du capital de cette société? __________________________________________ 5. Quelle est, en pourcentage, la part de capital que pos- sède Monsieur Desrumaux? __________________________________________ A. B. La fortune des Grégoire, quarante mille francs de rentes environ, était tout entière dans une action des mines de Montsou. Ils en racontaient avec complaisance l'origine, qui partait de la création même de la Compagnie. Vers le commencement du siècle dernier [ au 18e siècle ], un coup de folie s'était déclaré, de Lille à Valenciennes, pour la recherche de la houille. Dans chaque commune, on sondait le sol; et les sociétés se créaient, et les concessions poussaient en une nuit. Parmi les entê- tés de l'époque, le baron Desrumaux venait de fonder la société Desrumaux, Fauquenoix et Cie, pour exploiter la concession de Montsou, et les fosses commençaient à donner de fai- bles bénéfices, lorsque deux concessions voisines, celle de Cougny, appartenant au comte de Cougny, et celle de Joiselle, appartenant à la société Cornille et Jenard, avaient failli l'écraser sous le terrible assaut de leur concurrence. Heureusement, le 25 août 1760, un traité intervenait entre les trois concessions et les réunissait en une seule. La Compagnie des mines de Montsou était créée. Pour la répartition, on avait divisé, d'après l'étalon de la monnaie du temps, la propriété totale en 24 sous, dont chacun se subdivisait en 12 deniers, ce qui faisait 288 deniers, et comme le denier était de 10 000 francs, le capital représentait une somme de près de trois millions. Desrumaux, agonisant mais vainqueur, avait eu, dans le partage, six sous et trois deniers. Il avait à son service, comme régisseur, Honoré Grégoire, qui cachait dans un bas une cin- quantaine de mille francs d'économies. Celui-ci céda en tremblant à la foi inébranlable de son maître. Il sortit 10 000 livres de beaux écus, il prit un denier. Son fils Eugène toucha des dividendes fort minces et vécut assez chichement. Mais les intérêts du denier montaient peu à peu, la fortune commença avec Félicien. Cependant, les années qui suivirent furent mauvaises, il fallut attendre le dénouement des catastrophes révolutionnaires, puis la chute sanglante de Napoléon. Et ce fut Léon Grégoire qui bénéficia, dans une progression stupé- fiante, du placement timide et inquiet de son bisaïeul. Ces pauvres dix mille francs grossis- saient avec la prospérité de la Compagnie. Dès 1820, ils rapportaient cent pour cent, dix mille francs. En 1844, ils en produisaient vingt mille; en 1850, quarante. Il y avait deux ans enfin, le dividende était monté au chiffre prodigieux de cinquante mille francs: la valeur du denier, coté à la Bourse de Lille un million, avait centuplé en un siècle. M. Grégoire, auquel on conseillait de vendre, s'y était refusé. Six mois plus tard, une crise industrielle éclatait, le denier retombait à 600 000 francs. Mais il ne regrettait rien, car les Grégoire avaient mainte- nant une foi obstinée en leur mine: ça remontrait, Dieu n'était pas si solide. Puis, à cette croyance religieuse, se mêlait une profonde gratitude pour une valeur qui, depuis un siècle, nourrissait la famille à ne rien faire. Emile ZOLA. Germinal. 1885.

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Page 1: CAPITALISME, SYNDICATS ET SOCIALISME · Le socialisme est le contraire du gouvernementalisme. Nous voulons que les mines, les canaux, les chemins de fer soient remis à des associations

CAPITALISME , SYNDICATS ET SOCIALISMEC a p i t a u x e t a c t i o n s .1

✍ Document 1A:1. Quel est le nom de la société qui a émis cette action?

__________________________________________

__________________________________________2. A combien se monte le capital de cette société?

__________________________________________3. Que représente cette somme?

__________________________________________

__________________________________________

__________________________________________4. En combien d'actions ce capital est-il divisé?

__________________________________________5. Quelle est la valeur d'une action?

__________________________________________6. Comment appelle-t-on une personne qui possède une ac-tion?

___________________ ou ____________________7. Que signifie la mention « au porteur »?

__________________________________________

__________________________________________

__________________________________________8. A quoi servent les coupons détachables qui figurent enbas de l'action?

__________________________________________

__________________________________________✍ Document 1B:1. Quel est le nom de la société évoquée dans ce texte?

__________________________________________

__________________________________________2. Comment a-t-elle été fondée?

__________________________________________

__________________________________________

__________________________________________3. Comment appelle-t-on ce type de regroupement?

__________________________________________4. Quel est le montant exact, en francs, du capital de cettesociété?

__________________________________________5. Quelle est, en pourcentage, la part de capital que pos-sède Monsieur Desrumaux?

__________________________________________

A.

B.La fortune des Grégoire, quarante mille francs de rentes environ, était tout entière dans uneaction des mines de Montsou. Ils en racontaient avec complaisance l'origine, qui partait dela création même de la Compagnie.Vers le commencement du siècle dernier [ au 18e siècle ], un coup de folie s'était déclaré,de Lille à Valenciennes, pour la recherche de la houille. Dans chaque commune, on sondaitle sol; et les sociétés se créaient, et les concessions poussaient en une nuit. Parmi les entê-tés de l'époque, le baron Desrumaux venait de fonder la société Desrumaux, Fauquenoix etCie, pour exploiter la concession de Montsou, et les fosses commençaient à donner de fai-bles bénéfices, lorsque deux concessions voisines, celle de Cougny, appartenant au comtede Cougny, et celle de Joiselle, appartenant à la société Cornille et Jenard, avaient faillil'écraser sous le terrible assaut de leur concurrence. Heureusement, le 25 août 1760, untraité intervenait entre les trois concessions et les réunissait en une seule. La Compagniedes mines de Montsou était créée. Pour la répartition, on avait divisé, d'après l'étalon de lamonnaie du temps, la propriété totale en 24 sous, dont chacun se subdivisait en 12 deniers,ce qui faisait 288 deniers, et comme le denier était de 10 000 francs, le capital représentaitune somme de près de trois millions. Desrumaux, agonisant mais vainqueur, avait eu, dansle partage, six sous et trois deniers.Il avait à son service, comme régisseur, Honoré Grégoire, qui cachait dans un bas une cin-quantaine de mille francs d'économies. Celui-ci céda en tremblant à la foi inébranlable deson maître. Il sortit 10 000 livres de beaux écus, il prit un denier. Son fils Eugène toucha desdividendes fort minces et vécut assez chichement. Mais les intérêts du denier montaientpeu à peu, la fortune commença avec Félicien. Cependant, les années qui suivirent furentmauvaises, il fallut attendre le dénouement des catastrophes révolutionnaires, puis la chutesanglante de Napoléon. Et ce fut Léon Grégoire qui bénéficia, dans une progression stupé-fiante, du placement timide et inquiet de son bisaïeul. Ces pauvres dix mille francs grossis-saient avec la prospérité de la Compagnie. Dès 1820, ils rapportaient cent pour cent, dixmille francs. En 1844, ils en produisaient vingt mille; en 1850, quarante. Il y avait deux ansenfin, le dividende était monté au chiffre prodigieux de cinquante mille francs: la valeur dudenier, coté à la Bourse de Lille un million, avait centuplé en un siècle. M. Grégoire, auquelon conseillait de vendre, s'y était refusé. Six mois plus tard, une crise industrielle éclatait, ledenier retombait à 600 000 francs. Mais il ne regrettait rien, car les Grégoire avaient mainte-nant une foi obstinée en leur mine: ça remontrait, Dieu n'était pas si solide. Puis, à cettecroyance religieuse, se mêlait une profonde gratitude pour une valeur qui, depuis un siècle,nourrissait la famille à ne rien faire.

Emile ZOLA. Germinal. 1885.

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AA NN OO TT EE RR

VOCABULAIRE:

• monnaie métallique,fiduciaire, scripturale

• banque de dépôt• capital• action• investissement• dividende• bourse• capitalisme

L e c a p i t a l i s m e a u 1 9 e s i è c l e .26. Combien Honoré Grégoire a-t-il investi dans cette société?

_______________________________________________7. Qu'est-ce que le « dividende »?

_______________________________________________

_______________________________________________8. A combien se monte le dividende au moment où est écrit letexte? Quel en fut le montant maximum?

_______________________________________________9. Combien M. Grégoire pourrait-il revendre son action? A quelprix maximum aurait-il pu la revendre?

_______________________________________________10. Où s'effectue la « cotation » de son action?

_______________________________________________✍ Document 2:1. Sur quel principe repose le système capitaliste?

_______________________________________________2. A quel système, développé sous l'Ancien Régime, Adam Smith faisait-il allusion dans la 2e phrase?

_______________________________________________3. Quel fut le rôle de l'Etat dans le système capitaliste au 19e s.?

_______________________________________________

_______________________________________________4. Comment évolue les prix et les salaires, quand:

- la situation économique est bonne: ____________________

- la situation économique est mauvaise: __________________

A. Le capitalisme.

Commercer est un acte social. En conséquence, on regardait autrefoiscomme du devoir des gouvernements, dans tous les cas de quelque im-portance, de fixer les prix, et de régler les procédés de manufactures.Mais on reconnaît maintenant, quoique seulement après une longue lutte,qu'on assure plus efficacement le bon marché et la bonne qualité desdenrées en laissant les producteurs et les vendeurs parfaitement libres,sans autre frein que l'égale liberté pour les acheteurs de se fournirailleurs. Telle est la doctrine du libre-échange.

Adam SMITH. De la liberté. 1859.

B. Le rôle de l'Etat, dans un système capitaliste.

L'autorité ne doit jamais s'immiscer dans les questions de salaire. Le prixde la main d'œuvre hausse dans les temps où l'industrie est active, parcequ'il y a une grande demande de bras; il baisse quand l'industrie se ralen-tit, parce que le travail est plus offert que demandé.. Faites comprendreaux ouvriers ces vérités. Si des désordres éclatent, votre premier devoir sera de les réprimer.

Directive du ministre de l'Intérieur aux préfets. 1849.

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AA NN OO TT EE RR

VOCABULAIRE:

• mutuelle• syndicat• C.G.T.

DATES IMPORTANTES:

• 1864: droit de grève reconnuen France.• 1884: droit syndical reconnuen France.• 1895: création de la C.G.T.

L e s s y n d i c a t s e t l e u r r ô l e .3

A. Affiche pour le 1er Mai 1906.

B. Le rôle de la C.G.T.

La C. G. T. groupe en dehors de toute école politique tous les travailleurs conscients de la lutte

à mener pour la disparition du salariat et du patronat. Cette déclaration est une reconnais-

sance de la lutte des classes qui oppose sur le terrain économique les travailleurs en révolte

contre toutes les formes d'exploitation mises en œuvre par la classe capitaliste contre la classe

ouvrière.Dans l'œuvre revendicatrice quotidienne, le syndicalisme poursuit l'accroissement du mieux-

être des travailleurs par la réalisation d'améliorations immédiates, telles que la diminution des

heures de travail, l'augmentation des salaires, etc. Le syndicalisme prépare l'émancipation intégrale qui ne peut se réaliser que par l'expropriation

capitaliste; il préconise comme moyen d'action la grève générale.Le Congrès affirme l'entière liberté, pour le syndiqué, de participer en dehors du groupement, à

telles formes de lutte correspondant à sa conception politique, les organisations confédérées

n'ayant pas, en tant que groupements syndicaux, à se préoccuper des partis qui, à côté, peu-

vent poursuivre en toute liberté la transformation sociale.

Charte d'Amiens. 16 octobre 1906.

✍ Document 4A:1. Quelles sont les revendications des syndicats?

_________________________________________

_________________________________________2. Quelles étaient les buts de ces revendications?

_________________________________________

_________________________________________

_________________________________________✍ Document 4B:1. Que signifie le sigle C.G.T.?

_________________________________________

_________________________________________2. Relever 2 expressions qui montrent que la C.G.T. est un syndicat « révolutionnaire »?

_________________________________________

_________________________________________3. Quelle forme d'action privilégie la C.G.T.?

_________________________________________4. D'après la Charte d'Amiens, quel lien doit exister entre syndicats et partis politiques?

_________________________________________

_________________________________________

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L e s t h é o r i e s s o c i a l i s t e s .4

✍ Document 1A:1. Selon Karl Marx, que se passe-t-il depuis toujours ( § 1 )?

__________________________________________________2. Qu'observait Karl Marx, au milieu du 19e siècle ( § 2 )?

__________________________________________________

__________________________________________________3. Que critiquait-il dans le système capitaliste ( § 3 )?

__________________________________________________

__________________________________________________4. Que proposait concrètement Karl Marx ( § 4 )?

__________________________________________________

__________________________________________________

__________________________________________________

__________________________________________________

__________________________________________________5. Relever les 2 caractéristiques de la révolution communiste ( § 5 ):

__________________________________________________

__________________________________________________6. Que Marx fonda-t-il en 1864?

__________________________________________________✍ Document 1B:1. Que signifie le mot « anarchie »?

__________________________________________________2. En quoi l'anarchisme est-il différent du marxisme?

__________________________________________________

__________________________________________________3. Que proposait Proudhon?

__________________________________________________

__________________________________________________✍ Document 1C:1. Comment Jean Jaurès comptait-il instaurer le socialisme?

__________________________________________________2. Que proposait-il concrètement pour transformer la société?

__________________________________________________

__________________________________________________

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__________________________________________________

__________________________________________________

A. Le marxisme.L'histoire de toute société jusqu'à nos jours

est l'histoire de luttes de classes. Homme libre

et esclave, patricien et plébéien, baron et serf,

maître et compagnon, bref oppresseurs et op-

primés ont mené une lutte ininterrompue, qui

finissait toujours soit par une transformation

révolutionnaire de la société tout entière, soit

par la disparition des deux classes en lutte..

Le caractère distinctif de notre époque, de l'é-

poque de la bourgeoisie, est d'avoir simplifié

les antagonismes [ oppositions ] de classes.

La société entière se scinde de plus en plus en deux vastes camps ennemis

qui s'affrontent directement: la bourgeoisie et le prolétariat..

A mesure que grandit la bourgeoisie, c'est-à-dire le capital, se développe aussi

le prolétariat, la classe des ouvriers modernes contraints de se vendre au jour

le jour. Le développement du machinisme et la division du travail, en faisant

perdre au travail de l'ouvrier tout caractère d'autonomie, lui ont fait perdre tout

attrait. L'ouvrier devient un simple accessoire de la machine. Par conséquent,

plus le travail devient répugnant, plus les salaires baissent..

Le premier pas dans la révolution ouvrière est la constitution du prolétariat en

classe dominante, la conquête de la démocratie. Le prolétariat se servira de sa

suprématie politique pour arracher peu à peu à la bourgeoisie tout capital, pour

centraliser tous les instruments de production entre les mains de l'Etat, c'est-à-

dire du prolétariat organisé en classe dominante, et pour augmenter au plus

vite la masse des forces productives..

Les communistes proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être at-

teints que par le renversement violent de tout l'ordre social passé. Que les

classes dirigeantes tremblent devant une révolution communiste! Les prolé-

taires n'ont rien à y perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner. PRO-

LETAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS!

Karl MARX et Friedrich ENGELS. Manifeste du Parti communiste. 1848.

B. L'anarchisme.Nous, producteurs associés, n'avons pas be-

soin de l'Etat. Le socialisme est le contraire du

gouvernementalisme. Nous voulons que les

mines, les canaux, les chemins de fer soient

remis à des associations ouvrières, travaillant

sous leur propre responsabilité. Il y a mutuali-

té quand les travailleurs, au lieu de travailler

pour un entrepreneur qui les paie et garde

leurs produits, travaillent les uns pour les

autres et concourent ainsi à un produit com-

mun dont ils partagent les bénéfices.

Pierre-Joseph PROUDHON. Manifeste électoral du peuple. 1848.

C. Le réformisme.L'humanité n'existe pas encore. A l'intérieur

de chaque nation, elle est brisée par l'antago-

nisme des classes. Seul le socialisme, en ab-

sorbant toutes les classes dans la propriété

commune des moyens de travail, résoudra cet

antagonisme. Que le suffrage universel s'af-

firme, qu'une vigoureuse éducation laïque

ouvre les esprits aux idées nouvelles et déve-

loppe l'habitude de la réflexion, que le proléta-

riat s'organise et se groupe, et la grande

transformation sociale qui doit libérer les hom-

mes s'accomplira sans les violences qui, il y a 110 ans, ensanglantèrent la Ré-

volution démocratique et bourgeoise.

Jean JAURES. Numéro 1 du journal l'Humanité. 18 avril 1904.