cannes journal de bord jour 9 / juste la fin du monde

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69e Festival de Cannes COMPETITION JOURNAL DE BORD Retrouvez-nous chaque jour à Cannes avec un film à l’honneur dans notre journal de bord. JOUR 9 JUSTE LA FIN DU MONDE/DOLAN Xavier Dolan s’est fait connaître du grand public grâce à MOMMY, récompensé en 2014 par le prix du jury. Si cette montée en puissance fait de lui aujourd’hui l’un des incontournables de la sélection officielle, la critique, souvent plus adepte de ses premiers films, l’attendait au tournant…

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« Adapté de la pièce de théâtre éponyme de Jean-Luc Lagarce, le film raconte l’après-midi en famille d’un jeune auteur qui, après 12 ans d’absence, retourne dans son village natal afin d’annoncer aux siens sa mort prochaine ».

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Page 1: Cannes Journal de bord JOUR 9 / Juste la fin du monde

69e Festival de Cannes

COMPETITIONJOURNAL DE BORD Retrouvez-nous chaque jour à Cannes avec un film à l’honneur dans notre journal de bord.

JOUR 9

JUSTE LA FIN DU MONDE/DOLAN Xavier Dolan s’est fait connaître du grand public grâce à MOMMY, récompensé en 2014 par le prix du jury. Si cette montée en puissance fait de lui aujourd’hui l’un des incontournables de la sélection officielle, la critique, souvent plus adepte de ses premiers films, l’attendait au tournant…

Page 2: Cannes Journal de bord JOUR 9 / Juste la fin du monde

DRAGOSTEA DIN TEI « Adapté de la pièce de théâtre éponyme de Jean-Luc Lagarce, le film raconte l’après-midi en famille d’un jeune auteur qui, après 12 ans d’absence, retourne dans son village natal afin d’annoncer aux siens sa mort prochaine ».

Xavier Dolan avait prouvé avec TOM A LA FERME, pet i te parenthèse dans sa filmographie déviant quelque peu de son univers habituel, qu’il était capable de faire autre chose, autrement, de prendre des risques et de dépasser sa zone de confort. MOMMY fut son premier succès grand public (et non une révélation) et si J’AI TUE MA MERE reste à ce jour son film le plus abouti, l’attente était toutefois énorme ; que fallait-il attendre du nouveau film de Dolan ? Un changement radical, d’autres propositions filmiques ou une réelle continuité ?

Tout le maniérisme habituel et les petits rituels qui ont fait son empreinte sont bien là. Des chansons pop ringardes remises au goût du jour aux transitions «  clipesque  » pour invoquer la grâce (dont on commence tout de même à se lasser), nous ne sommes pas laissés dans le brouillard et tout semble étrangement balisé.

JUSTE LA FIN DU MONDE est un condensé de non-dits dont résulte une hausse de

tension progressive. C’est aussi la découver te d ’une fami l le qui prend conscience collectivement qu’elle ne se connait pas. Tout cela est merveilleusement bien orchestré, avec patience et parcimonie, la pièce originale étant déjà un texte particulièrement bien écrit, le regard de Dolan, dont l’adaptation libre n’est pas un mal, parvient parfaitement à se mêler au texte de Lagarce.

L’impétuosité habituelle si elle plus contenue, plus «  insidieuse », rencontre tout de même des personnages quelque peu caricaturaux, Cassel emphatique et passant toutes ses répliques en force, Léa Seydoux parfois un peu fébrile et hors de propos pour ce rôle, Marion Cotillard, extrêmement touchante, mais s’engluant dans la répétition et un bafouillage stagnant, Nathalie Baye tirant son épingle du jeu malgré ce portrait de mère redondant et Gaspard Ulliel, contemplant tout cela avec flegme et mélancolie. Peut-être est-ce pour cela que ce dernier reste finalement le plus fascinant à l’écran.

Malgré toutes ses aspérités et ce manque de renouvellement, le film emporte l’adhésion par sa verve et sa théâtralité, par ses défauts et donc son humanité. Il parvient à prendre une certaine envergure, à colmater les brèches et s’il n’y a rien de neuf chez Dolan, il n’y a pas grand-chose non plus à laisser.

Jordan More-ChevalierPublié le 19/05/16

Photo couverture : Clément Guégan