cameroun barrage de memve’ele : ça y est

6
58 AFRIK’ ACTUELLE • Nº19 AVRIL - MAI 2017 C ette visite sur le site du projet avait pour objectif de mesurer l’état d’avancement du barrage. A l’occasion, les ingénieurs du projet ont annoncé aux autorités un taux d’avancement global des travaux à 95%, prenant à témoin une bonne poignée de journalistes de la presse camerounaise et étrangère ainsi que les autorités politico-administratives présentes sur le site. Avec ces 95% du taux de réalisation, le barrage de Memve’ele peut déjà produire, à ce jour, 100 MW avec deux turbines déjà complètement installées. L’usine est prête mais… En rappel, ce projet structurant comporte un barrage, un évacuateur de crues, des ouvrages de prise d’eau, un canal d’amenée, un réservoir tampon, une conduite forcée, une centrale hydroélectrique semi-souterraine de 62.5 m de haut et d’une puissance installée de 211 MW; deux tunnels et d’un ouvrage de restitution, un poste de disjonction, une voie d’accès Phase II, un ouvrage d’évacuation d’énergie entre autres. Dans le souci de faire le point sur l’état d’avancement de ces travaux, la direc- tion du projet – Memve’ele dirigé par le géophysicien et universitaire came- rounais Dieudonné Bisso résume cet avancement en ces termes : « en résu- mé, et de manière globale, les travaux de la digue principale, de l’évacuateur de crues principales et secondaires, la prise d’eau du canal d’amenée, le canal d’amenée, le réservoir tampon et la prise d’eau usinière sont entièrement achevés. Ce qui a permis la mise d’eau technique phase 1, pour le remplissage du réservoir principal d’une capacité maximale d’en- viron 83.000.000 m 3 d’eau, et la phase 2, pour l’ouverture des vannes de la prise d’eau du canal d’amenée pour le rem- plissage du réservoir tampon d’une ca- pacité maximale de 3.700.000 m3 d’eau». C’est l’ensemble de ces travaux et bien d’autres qui sont portés à un taux d’exécution de 95% avec une capacité de production d’énergie de 100 MW déjà disponible. En principe, l’usine est prête mais ne peut pas ravitailler les ménages faute de la ligne de transport de l’énergie. Pourtant ce projet structu- rant cher aux autorités camerounaises vise la résorption du déficit d’électricité que le pays connait. « Nous avons déjà 100 MW à Memve’ele mais comme nous ne pouvons pas envoyer dans le réseau pour alimenter la population, c’est un pa- radoxe. Donc la signature d’aujourd’hui le 28 février, signature d’un accord de prêt pour le financement de la construc- tion de la ligne de transport] revêt d’une importance capitale pour nous. Avec les Chinois, nous allons mettre les bouchées doubles pour qu’en fin, cette énergie soit distribuée à qui de droit » a déclaré Dieu- donné Bisso à la sortie de la cérémonie de signature de la convention de prêt entre le gouvernement du Cameroun et la Chine à travers Eximbank-Chine d’une enveloppe globale de 97.8 mil- liards de FCFA. Pour le ministre came- rounais de l’économie qui représentait le gouvernement à cette cérémonie, « en effectuant la visite des travaux, nous avons constaté avec satisfaction que le barrage est quasiment fonctionnel. L’énergie produite demande seulement à être transportée et distribuée dans nos ménages ». Les autorités camerounaises et chinoises ont visité le barrage hydroélectrique de Memve’ele le 28 février dernier à Nyabizan, une localité de la région du Sud-Cameroun. C’était en marge de la signature d’une convention de prêt pour la construction des ouvrages d’évacuation d’énergie électrique de ce barrage entre le Cameroun et Eximbank-China. Par Hervé TIWA ... Nous avons déjà 100 MW à Memve’ele mais comme nous ne pouvons pas envoyer dans le réseau pour alimenter la population, c’est un paradoxe Barrage de Mem ça y est Economie/Performances Cameroun DR

Upload: others

Post on 07-Nov-2021

2 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Cameroun Barrage de Memve’ele : ça y est

58 AFRIK’ ACTUELLE • Nº19 AVRIL - MAI 2017

Cette visite sur le site du projet avait pour objectif de mesurer l’état d’avancement du barrage.

A l’occasion, les ingénieurs du projet ont annoncé aux autorités un taux d’avancement global des travaux à 95%, prenant à témoin une bonne poignée de journalistes de la presse camerounaise et étrangère ainsi que les autorités politico-administratives présentes sur le site. Avec ces 95% du taux de réalisation, le barrage de Memve’ele peut déjà produire, à ce jour, 100 MW avec deux turbines déjà complètement installées.

L’usine est prête mais…En rappel, ce projet structurant comporte un barrage, un évacuateur de crues, des ouvrages de prise d’eau, un canal d’amenée, un réservoir tampon, une conduite forcée, une centrale hydroélectrique semi-souterraine de 62.5 m de haut et d’une puissance installée de 211 MW; deux tunnels et d’un ouvrage de restitution, un poste de disjonction, une voie d’accès Phase II, un ouvrage d’évacuation d’énergie entre autres.

Dans le souci de faire le point sur l’état d’avancement de ces travaux, la direc-tion du projet – Memve’ele dirigé par

le géophysicien et universitaire came-rounais Dieudonné Bisso résume cet avancement en ces termes  : « en résu-mé, et de manière globale, les travaux de la digue principale, de l’évacuateur de crues principales et secondaires, la prise d’eau du canal d’amenée, le canal d’amenée, le réservoir tampon et la prise d’eau usinière sont entièrement achevés. Ce qui a permis la mise d’eau technique phase 1, pour le remplissage du réservoir principal d’une capacité maximale d’en-viron 83.000.000 m3 d’eau, et la phase 2, pour l’ouverture des vannes de la prise d’eau du canal d’amenée pour le rem-plissage du réservoir tampon d’une ca-pacité maximale de 3.700.000 m3 d’eau». C’est l’ensemble de ces travaux et bien d’autres qui sont portés à un taux d’exécution de 95% avec une capacité de production d’énergie de 100 MW déjà disponible. En principe, l’usine est

prête mais ne peut pas ravitailler les ménages faute de la ligne de transport de l’énergie. Pourtant ce projet structu-rant cher aux autorités camerounaises vise la résorption du déficit d’électricité que le pays connait. «  Nous avons déjà 100 MW à Memve’ele mais comme nous ne pouvons pas envoyer dans le réseau pour alimenter la population, c’est un pa-radoxe. Donc la signature d’aujourd’hui le 28 février, signature d’un accord de prêt pour le financement de la construc-tion de la ligne de transport] revêt d’une importance capitale pour nous. Avec les Chinois, nous allons mettre les bouchées doubles pour qu’en fin, cette énergie soit distribuée à qui de droit » a déclaré Dieu-donné Bisso à la sortie de la cérémonie de signature de la convention de prêt entre le gouvernement du Cameroun et la Chine à travers Eximbank-Chine d’une enveloppe globale de 97.8 mil-liards de FCFA. Pour le ministre came-rounais de l’économie qui représentait le gouvernement à cette cérémonie, « en effectuant la visite des travaux, nous avons constaté avec satisfaction que le barrage est quasiment fonctionnel. L’énergie produite demande seulement à être transportée et distribuée dans nos ménages ».

Les autorités camerounaises et chinoises ont visité le barrage hydroélectrique de Memve’ele le 28 février dernier à Nyabizan, une localité de la région du Sud-Cameroun. C’était en marge de la signature d’une convention de prêt pour la construction des ouvrages d’évacuation d’énergie électrique de ce barrage entre le Cameroun et Eximbank-China. Par Hervé TIWA

... Nous avons déjà 100 MW à Memve’ele mais comme nous ne pouvons pas

envoyer dans le réseau pour alimenter la population, c’est un paradoxe

Barrage de Memve’ele : ça y est !!!

Economie/Performances

Cameroun

DR

Page 2: Cameroun Barrage de Memve’ele : ça y est

59AFRIK’ ACTUELLE • Nº19 AVRIL - MAI 2017

Economie/Performances

L’accord qui fait pousser un ouf de soulagementLa signature de la convention sus-évoquée était fortement attendue au niveau de l’unité opérationnelle en charge de la matérialisation de ce projet puisque les constructeurs formulaient un ensemble d’inquiétudes. Les responsables de cette structure en charge du projet ainsi que l’entreprise chinoise qui construit le barrage craignaient de voir l’énergie produite et disponible inexploitée faute de la ligne de transport d’électricité. Ils s’inquiétaient aussi de la plombée des travaux engagés alors que l’avance de démarrage n’était pas totalement payée. La signature de l’accord de prêt du 28 février dernier est donc venue lever toutes ces inquiétudes en oxygénant les responsables.

Désormais, les travaux d’ouverture du corridor sur deux fronts, notamment à Nyabizan en allant vers Ebolowa, et à Ebolowa en allant vers Nyabizan peuvent se dérouler sans anicroches. Ce tronçon Nyabizan-Ebolowa se verra

alors dresser 294 pylônes et un poste de transformateur d’une puissance de 225/90 KV. Globalement, il en faudra trois postes de la même puissance pour la ligne de transport d’électricité allant de Nyabizan à Ahala (Yaoundé), long de 278 km. Avec cette ligne, le Réseau Inter-connecté Sud sera renforcé.

L’impact sur la populationLes acteurs de terrain ne doutent pas un seul instant que la réception prochaine de l’ensemble de l’ouvrage coïncidera avec la fin du déficit en énergie élec-trique au Cameroun. Il contribuera, se-lon Dieudonné Bisso, à l’augmentation de l’offre énergétique du Cameroun en améliorant ainsi le niveau de vie des po-pulations et en boostant l’activité éco-nomique du pays. Dans son numéro de septembre 2016, Afrik’Actuelle a rappelé les propos du chef de l’Etat camerounais tenus le 15 juin 2012 lors de la cérémo-nie de pose de la première pierre de ce barrage. Paul Biya déclarait en effet que «  l’énergie se situe au cœur de tout processus de développement  ». En 2016, sur le même site lors de la cérémonie de mise en eau partielle, le ministre came-rounais de l’Eau et de l’énergie renché-rissait: «  le secteur de l’énergie constitue aujourd’hui un secteur stratégique pour

notre pays, tant pour la consommation des ménages que pour l’industrie et l’éco-nomie en général  ». La mise en service totale de ce barrage va donc répondre à la demande croissante des industries et des ménages, tout en maintenant le prix de l’électricité à un niveau suffisamment bas pour permettre un développement durable.

Ajoutons que les populations environ-nantes vont se réjouir du développe-ment socio-économique de la localité à travers le bitumage du tronçon Meyo-centre – Ma’an – Nyabizan. Ce tron-çon sert de voie d’accès au barrage de Memve’ele. Evidemment que cette voie permettra aussi de faciliter les activi-tés économiques notamment l’aisance d’exportation des produits agricoles vers les centres de consommation. L’on ne saurait oublier le Programme d’ac-compagnement socio-économique de Memve’ele (Pasem), créer pour résoudre les problèmes sociaux des riverains et est devenu aujourd’hui un pourvoyeur d’emploi à ces riverains. Il le restera même après la construction du barrage. En réalité si ce barrage est une chance pour les camerounais, il l’est beaucoup plus pour la population riveraine, béné-ficiaire directe.

Le projet en brefLe projet d’aménagement hydroélectrique de Memve’ele se situe sur le

fleuve Ntem près du village Nyabizan et couvre les arrondissements de Ma’an et Campo dans les départements de la vallée du Ntem et de l’océan

respectivement, région du Sud du Cameroun.

Le promoteur du projet est le gouvernement du Cameroun représenté par le ministre de l’eau et de l’énergie, avec pour organe d’exécution, l’unité opérationnelle de la cellule d’Appui à la maitrise d’ouvrage du projet d’aménagement hydroélectrique de Memve’ele, et le partenaire technique est Sinohydro Corporation Limited avec qui le groupement du Cameroun a signé un contrat de service le 25 septembre 2009 et un contrat d’exécution des travaux le 12 avril 2012.

L’aménagement hydroélectrique de Memve’ele permet d’exploiter les 55 m dénivelée. C’est un barrage en remblai homogène d’une hauteur de 20m et d’une longueur de crête de 1850 m qui servira de pont pour la circulation et le passage d’une rive à l’autre. La cote de retenue normale est calée à l’altitude 392. La puissance installée est de 211 MW avec un productible de 1187 Gwh.

Cet aménagement est également constitué par plusieurs ouvrages  : une digue principale avec deux évacuateurs de crues, une digue secondaire, un canal d’amenée trapézoïdale, une usine de production d’électricité. Les autres composantes de l’aménagement sont constituées  de : la voie d’accès, les ouvrages d’évacuation d’énergie avec le poste d’interconnexion d’Ebolowa, la cité du Maître d’ouvrage.

Les turbines

Barrage de Memve’ele : ça y est !!!

Page 3: Cameroun Barrage de Memve’ele : ça y est

60 AFRIK’ ACTUELLE • Nº19 AVRIL - MAI 2017

Economie/Performances

Le Cameroun était représenté à cette cérémonie par Louis Paul Motaze, ministre camerounais de

l’économie, accompagné de son ho-mologue des marchés publics Abba Sadou. La délégation chinoise d’Exim-bank était, quant - à - elle, conduite par M. Bai Huafeng, directeur général ad-joint de cette banque. Cette cérémo-nie forte courue a vu défiler l’élite po-litique, administrative et traditionnelle de la région et une bonne poignée de journalistes nationaux et interna-tionaux qui ont voulu être les témoins privilégiés de ce moment d’exaltation de la coopération entre le Cameroun et la Chine.

Le prêt contracté par la partie camerou-naise est destiné au financement de la construction des ouvrages d’évacua-tion d’énergie électrique du barrage hydroélectrique de Memve’ele dans la région du Sud du pays. Ces ouvrages vont coûter globalement 98.5 milliards de Franc CFA avec un taux de finance-ment chinois à hauteur de 85% du coût total du projet soit environ 83 milliards de FCFA. Cet apport d’Eximbank-Chine sera complété par la contrepartie ca-merounaise estimée à 14.5 milliards FCFA représentant 15% du coût du projet. Il est important de rappeler que cette signature matérialisait un décret présidentiel signé du 11 janvier 2017 habilitant le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire à entériner la procédure. Selon Louis Paul Motaze, ministre ca-merounais de l’économie, les travaux pour l’évacuation de l’énergie produite consisteront à  : « construire des lignes

de 225 KV de transport d’électrici-té  ; construire et installer trois postes de transformateur d’une capacité de 225/90 KV dans les localités d’Ebo-lowa, Nkoumou et Ahala  ; acquérir les pièces de rechange pour les lignes et les postes afin d’assurer la maintenance en temps réel. »

La construction de ces ouvrages d’éva-cuation d’énergie est une composante du projet de construction et d’aména-gement du barrage hydroélectrique de Memve’ele sur le fleuve Ntem, qui vise le transport de 211 MW d’énergie élec-trique produite par ce barrage allant du site jusqu’à la capitale camerou-naise. Ce qui permettra d’ici quelques mois d’établir «  l’équilibre entre l’offre et la demande d’énergie électrique dans le Réseau Interconnecté Sud, de rééqui-librer le mix énergétique et de faire face, à moindre coût, à l’évolution croissance de la consommation nationale » sou-tiennent les autorités camerounaises.  

Les difficultés dissipées par l’ac-cordLa disponibilité de cet argent vient dis-siper plusieurs difficultés auxquelles la direction du Projet était confrontée. En effet, selon le Dr. Dieudonné Bisso, directeur du projet, la plus grande dif-ficulté était jusque-là l’incapacité de transport d’énergie du barrage vers les

ménages. Il a d’ailleurs profité de l’oc-casion pour annoncer la disponibilité de 100 MW et un état d’avancement global des travaux à 95%. Les autori-tés camerounaises et chinoises s’en sont réjouies. « C’est un paradoxe que l’énergie soit disponible et que nous ne soyons pas capable de le transporter sur le Réseau Interconnecté Sud afin que la population puisse en bénéficier. Avec cet accord paraphé ce jour, nous allons résoudre ce problème» a affirmé M. Bisso qui arborait un large sourire pour la circonstance.

Les autres problèmes que l’accord de prêt vient résoudre sont  les retards dus au non-remboursement des travaux exécutés sur préfinancement par l’entreprise chinoise Sinohydro, constructeur du barrage. Dans la même perspective, le Français René Goti du groupement français Coyne & Bellier, maitre d’œuvre de ce projet, estime qu’il y avait des  difficultés de libération de l’emprise du projet à cause des problèmes d’indemnisations des populations impactées par ce projet, ce qui explique la faible mobilisation de l’entreprise sur le terrain. La disponibilité des ressources financières devraient permettre de rattraper le retard et de livrer ces travaux effectivement dans un délai d’un an. D’ailleurs, l’entreprise Sinohydro est tenue de respecter les délais  :  «  je voudrais exhorter l’entreprise Sinohydro à respecter les délais contractuels de la livraison des travaux afin de dire définitivement au revoir à notre sempiternel problème de délestage, et amorcer ainsi un développement durable de notre pays  » a martelé Louis Paul Motaze. L’aboutissement de ce chantier va marquer selon les autorités du pays, le début d’une nouvelle ère dans la

Barrage de Memve’ele

Un nouvel accord de prêt d'un montant de 83 milliards de francs CFA a été conclu entre le Cameroun et Eximbank-

Chine. La cérémonie de signature de cet accord a eu lieu le 28 Février 2017 à Nyabizan, sur le site du barrage de Memve’ele.

Par Hervé TIWA

Il s’agira en fait, de marquer un pas vers l’émergence du pays fixé en 2035 selon

le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi.

97.8 Milliards de F CFA pour la ligne d’évacuation de l’énergie électrique

DR

Page 4: Cameroun Barrage de Memve’ele : ça y est

61AFRIK’ ACTUELLE • Nº19 AVRIL - MAI 2017

Economie/Performances

réalisation des projets structurants, intégrateur et générateur de croissance et de richesse. Il s’agira en fait, de marquer un pas vers l’émergence du pays fixé en 2035 selon le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi.

Sur le terrainSur le terrain cependant, les travaux de

construction des ouvrages d’évacuation étaient au 28 février à un taux de réalisation de 50% sur le tronçon Nyabizan-Ebolowa  avec 294 pylônes déjà construits sur les 800 devant couvrir les 278 km de ligne d’évacuation d’énergie de Nyabizan à Ahala (Yaoundé). L’accent est donc mis ici sur ce premier tronçon déjà doté d’un poste

de transformateur d’une puissance de 225/90KV. En outre, la zone du poste 225/90KV d’Ebolowa est déjà mise à la disposition de l’entreprise et les travaux de décapage du sol ont commencé. Il est à noter avant tout que le ministère camerounais du cadastre et des affaires foncières avait pris deux arrêtés déclarant ces travaux de construction des ouvrages d’évacuation d’énergie entre Nyabizan et Yaoundé, d’utilité publique. La direction du projet a rassuré que les cinq commissions préfectorales de constat et d’évaluation des biens mis en cause sont à pied œuvre.

Tout est donc mis en œuvre pour que cette ligne de transport soit opération-nelle dans les délais contractuels. Si les manœuvres de déstabilisation ne viennent pas porter un coup au projet de Memve’ele, les populations camerou-naises et surtout la population riveraine vont bientôt oublier le drame du déficit énergétique que le pays connait.

Dans son discours lors de la cérémonie de pose de la première pierre, Paul Biya avait promis aux populations riveraines qu’elles pouvaient également

attendre du barrage de Memve’ele, «  les retombées en matière d’emploi, d’infrastructure de communications comme par exemple le bitumage de la route jusqu’à Nyabizan et de développement de l’économie locale. »

En dépit du décret portant règlement des indemnisations de la voie d’accès au barrage pour la libération complète de l’emprise du tronçon Meyo-Centre-Ma’an-Nyabizan qui reste attendu, les travaux avancent sur le terrain. Le bitumage de la route qui débouche sur le site du barrage est en bonne voie. En effet, la première phase qui consistait en l’actualisation des études de cet ouvrage et la validation des phases d’exécution est terminée. La seconde phase, qui a pour finalité le bitumage proprement dit de la route, a commencé en juin 2016 par la production des agrégats et la mise en forme de la chaussée. Les terrassements sont donc en cours sur le terrain afin de garantir le bon nivellement de la chaussée. Apprend-on de la Direction du Projet pour qui la mise en place des graves concassés 0 31.5 suivie de l’imprégnation sablée au 4/10, soit le Pk 86 + 500 en partant de la fin du linéaire est en cours. La chaussée sablée avec du 4/10 pour la protection de la couche de base après imprégnation avec le bitume cut back 0/1 donne à penser que le travail effectué est satisfaisant. Au soir du 28 février, le renforcement de la couche de fondation en grave latéritique était au Pk 74 + 000 dans le sens inverse du linéaire.

Nos reporters sur le terrain ont constaté un niveau

d’avancement des travaux assez satisfaisant. Une dynamique de travail assidu qui se lit sur les visages des ouvriers qui s’affairent sur le terrain. Tout le monde a le cœur à l’œuvre : les ouvriers se démarquent des visiteurs curieux par le port des chasubles et casquettes. Le vrombissement des engins et autres véhicules font des aller-et-retours sur le chantier. D’autres engins lourds sont mis à contribution pour damer le macadam. On remarque donc que les remblais sont faits. Un point important à noter est inéluctablement les matières premières qui sont produites et transformées sur place. Pour ce qui est du bitume, les travaux de terrassement ont atteint, Ma’an, le chef-lieu de l’arrondissement du même nom, à la fin du mois de mars. Les opérations de rechargement en couche de base en concasses 031.5, suivie de l’imprégnation au cut back 0/1 sont, elles, à 5km de Ma’an. Tous ces travaux d’hercule montrent bien l’ambition de Dieudonné Bisso, directeur du Projet qui voudrait ainsi livrer l’ensemble des composantes du barrage à temps. Pour le moment, l’une des difficultés majeures de cette voie reste le problème des indemnisations des riverains. Ce qui constitue un véritable blocage pour la bonne exécution des travaux.

A terme, cette voie va impacter sur le vécu quotidien des populations sur le plan économiques. Elle sera d’un très grand apport pour l’exportation des produits alimentaires vers les marchés régionaux. Les prix des denrées prendront, à coup sûr, un coup. Si l’on s’en tient à la maxime selon laquelle « là où la route passe, le développement suit », il y a à parier que les localités de Meyo-centre – Ma’an – Nyabizan seront, d’ici quelques années, un véritable pôle d’attraction socio-économique de la région du Sud-Cameroun.

Voie d’accès Nyabizan-Meyo Centre :Bientôt la fin du calvaire

Signature de l’accord

Page 5: Cameroun Barrage de Memve’ele : ça y est

62 AFRIK’ ACTUELLE • Nº19 AVRIL - MAI 2017

Economie/Performances

Quel sens donnez-vous au bitumage de l’axe routier allant de Nyabizan à Meyo-centre ?Dieudonné Bisso : Il faut de facto dire qu’il s’agit en fait d’une promesse du chef de l’Etat faite aux populations rive-raines lors de la cérémonie de pose de la première pierre du barrage d’aména-gement hydroélectrique de Memve’ele. C’était le 15 juin 2012. Ce jour, il a pro-mis que la route Nyabizan-Meyo centre sera goudronnée. Nous mettons tout simplement en marche ces hautes ins-tructions du chef de l’Etat. Vous remar-querez que cette voie est bien en train d’être bitumée. Mais nous pouvons rappeler que la voie d’accès comme le Programme d’accompagnement so-cio-économique de Memve’ele (Pasem)

sont des offres additionnelles. Le chef de l’Etat a donc décidé d’adjoindre au projet Memve’ele des programmes socio-économiques pour les riverains. C’est peut-être le lieu ici de le remercier pour ce clin d’œil à la population de Nyabizan et les environs.

Quel est le niveau actuel de réalisa-tion de cette voie d’accès et à quels termes celle-ci sera achevée ?Comme dans tous les contrats, un chro-nogramme a un délai. Dans le cas de la voie d’accès Nyabizan-Meyo centre, le travail consiste exclusivement à mettre les couches de graves concassés 031.5, la production des agrégats, la mise en forme de la chaussée et l’enrobement. On ne travaille plus sur l’ouvrage d’af-franchissement. Les délais seront tenus. D’ici l’année prochaine, tout ce sera fini.

Vous affirmez avec force que le bar-rage est réalisé à 95%  à ce jour. Quels

... Nous avons maintenant l’assurance que les populations vont bientôt bénéficier de l’énergie produite à Memve’ele...

Dr Dieudonné BISSO - Directeur du Projet Memve’ele

En marge de la cérémonie de signature de l’accord de prêt pour le financement de l’ouvrage d’évacuation de l’énergie du barrage de Memve’ele le 28 février 2017 sur le site des travaux, notre reporter a rencontré le directeur du projet qui exprime ici toute sa satisfaction par rapport à cet accord qui vient mettre fin à toutes les spéculations.

Propos recueillis par Simon MOUSSIEnvoyé spécial à Nyabizan

... Je l’ai dit et je le répète : nous sommes en capacité

de produire 100 MW d’électricité mais nous ne serons pas capables de les évacuer...

DR

Page 6: Cameroun Barrage de Memve’ele : ça y est

63AFRIK’ ACTUELLE • Nº19 AVRIL - MAI 2017

Economie/Performances

sont les éléments qui soutiennent cette affirmation ?Les travaux sont effectivement à 95%. Actuellement, nous avons deux tur-bines complètement terminées. Nous sommes sur la troisième et quatrième. Les délais contractuels sont fixés pour juin 2017. Mais on ne pourra pas récep-tionner cet ouvrage. Tant qu’on n’a pas pris l’électricité en charge, on ne peut pas réceptionner l’ouvrage. Ce qui re-vient à dire que la cérémonie de ce jour revêt une importance capitale pour nous. Nous sommes en capacité de pro-duire aujourd’hui 100Mw à Memve’ele. Mais faute de pouvoir les envoyer dans le réseau, nous sommes obligés d’at-tendre. Et pourtant les Camerounais ont besoin de l’énergie. C’est un para-doxe, me diriez-vous. Avec la signature de ce jour, nous allons travailler avec les Chinois pour mettre les bouchées doubles pour que cette énergie soit en-fin destinée à qui de droit notamment aux ménages et aux industries pour le bien-être de tous les Camerounais. La cérémonie d’aujourd’hui est la bienve-nue. Toutefois, il faut dire que l’entre-prise Sinohydro avait déjà commencé les travaux sur fonds propres. Tout l’équipement électromécanique, les transformateurs, les pylônes, les câbles ont été préfinancés.

Vous venez de le dire, l’entreprise chinoise avait déjà financé une partie des travaux de la ligne. A quel niveau êtes-vous exactement maintenant et qu’est ce qui reste ?Nous avons déjà une centaine de py-lônes sur le terrain. On a d’ailleurs com-mencé le déroulage des câbles. Comme vous pouvez le constater sur l’axe Nya-bizan-Ebolowa. Nous allons atteindre Ebolowa bientôt et notre souhait est qu’avec EDC, on puisse connecter cette ville et envoyer l’énergie à Yaoundé après. C’est l’idéal. Je l’ai dit et je le ré-pète : nous sommes en capacité de pro-duire 100 MW d’électricité mais nous ne serons pas capables de les évacuer. Nous avons demandé aux Chinois de mobiliser tous les efforts pour que la ligne atteigne le réseau interconnecté Sud. Au jour d’aujourd’hui, nous avons une turbine de 58 MW qui a déjà l’éner-gie. Mais nous ne pouvons pas l’en-voyer à Ebolowa. Il faut savoir que les besoins de cette ville en termes d’éner-

gie sont estimés à 5 MW. Qui veut dire qu’avec une seule turbine, nous avons suffisamment d’énergie pour toute la région du Sud par exemple. Mais il faut encore attendre.Si on ne peut réceptionner le barrage en juin 2017 comme cela était prévue, jusqu’à quand faudra-t-il attendre ?Nous avons demandé à la partie chinoise de mettre un personnel mini-mum en stand by. Bientôt, on va com-mercer la maintenance et attendre la fin des travaux de la ligne pour qu’on réceptionne officiellement le barrage. On ne peut le faire que lorsque l’en-semble des composantes est prêt. Donc, il y aura une période transitoire. Tant qu’il n’y a pas la ligne de transport, il n’y aura pas de réception du barrage.

Les populations riveraines se posent la question de savoir si elles peuvent être sûres que dans un bref délai, elles pourraient bénéficier de ce courant électrique qui sera distribué dans tout le Cameroun ?Nous travaillons en synergie avec les riverains. Nous leur avons dit qu’en at-tendant, il y aura un transformateur à eux dédié. Ce transformateur de 30 KV est déjà installé. Avec le concours du Pasem, nous allons aider la population locale à se raccorder à ce réseau local. Toutefois nous avons, par la même occasion, sensibilisé ces populations. Elles savent que le courant ne sera pas gratuit. Nous ne serons pas les gérants

de ce service. Encore moins le distribu-teur. Notre mission est de construire le barrage. Mais signalons qu’une autre ligne de 90 KV sera envoyée au niveau des frontières du Gabon et de la Gui-née-Equatoriale.

Comment se sent le Directeur du Pro-jet après une cérémonie comme celle-ci ?Nous sommes tous soulagés parce que nous n’étions pas très sereins. Comme nous l’avons susmentionné c’est frus-trant de savoir que nous ayons déjà 100 MW à Nyabizan alors que les po-pulations camerounaises continuent de souffrir du problème d’énergie. L’ac-cord de prêt de ce jour est un soulage-ment pour tout le monde. Nous remer-cions le gouvernement et le chef de l’Etat pour les efforts consentis. Nous avons maintenant l’assurance que les populations vont bientôt bénéficier de l’énergie de Memve’ele.

... Bientôt, on va commercer la maintenance et attendre la fin

des travaux de la ligne pour qu’on réceptionne officiellement le barrage.

Les travaux de la voie d’accès avancent bien