c2 l ex1 transcriptions

Upload: sushant-patil

Post on 10-Apr-2018

252 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

  • 8/8/2019 C2 L Ex1 Transcriptions

    1/3

    NB : Lenregistrement sur cassette comporte lensemble des consignes ainsi que les temps de pause

    entre les coutes. Le surveillant ne doit donc pas intervenir sur le magntophone avant la fin de lpreuve.

    Transcription des documents audio

    Page 1 sur 3

    D O C U M E N T R S E R V A U X S U R V E I L L A N T S

    DALF C2 - Sciences / Lettres et sciences humaines

    [Mise en route du magntophone]

    DALF C2 preuve orale collective

    Vous allez entendre deux fois un enregistrement sonore de 15 minutes environ.

    Vous couterez une premire fois lenregistrement. Concentrez-vous sur le document.Vous tes invit(e)s prendre des notes.

    Vous aurez ensuite 3 minutes de pause.Vous couterez une deuxime fois lenregistrement.

    Vous aurez alors 1 h 00 pour prparer votre intervention. Cette intervention se fera en 3 parties :

    prsentation du contenu du document sonore dveloppement personnel partir de la problmatique expose dans la consigne

    dbat avec le jury.

    Premire coute

    La journaliste :Faut-il encore enseigner le grec, le latin ou dune manire plus gnrale des langues classiquesdites mortes lcole ? Voil le thme de notre dossier cette semaine. Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,bienvenue dans lcole buissonnire , votre magazine ducatif hebdomadaire. Avec nous aujourdhui, le pro-fesseur Pierre Chanville, directeur lInstitut universitaire de formation des matres, Sophie Blanche, agrgede lettres classiques, et Paul Lebrand, spcialiste de lenseignement des langues trangres. Alors, MadameBlanche, commenons par vous si vous le voulez bien, faut-il encore enseigner le latin et le grec lcole ?

    Sophie Blanche :Oui. Bien sr. Lenseignement du grec et du latin me parat tout fait indispensable en Franceaujourdhui. En France et dans bon nombre dautres pays dailleurs. Ces langues sont le berceau de la ntre. Lefranais est n du latin, du bas latin, qui lui-mme stait lourdement enrichi de lhritage hellnique. Connatrele latin, connatre le grec, cest revenir aux sources du franais, et vous savez, connatre son pass, cestsouvent mieux comprendre son prsent.

    La journaliste :Vous avez raison, tout le monde a bien conscience de limportance pour des philologues et deslinguistes de se pencher sur ces langues mortes, mais enfin, croyez-vous sincrement que cela soit ncessairepour un jeune adolescent de la banlieue parisienne ?

    SB :Vous dites plusieurs choses qui me troublent, pour ne pas dire plus. Tout dabord ces langues ne sont pas

    plus mortes que loccitan ou le breton. Elles sont crites, largement diffuses, encore relativement bien publies,et leur survie ne dpend finalement que du nombre de locuteurs quelles ont. Tant que nous serons quelquescentaines parler ou lire le latin, ce ne sera pas une langue morte. Et puis

    Journaliste :Mais vous le dites vous-mmes, il ne sagit que de quelques centaines drudits et

    SB :Laissez-moi continuer. Quelques centaines, quelques milliers, peu importe. Essayez de comprendre ce quereprsentent ces langues en Italie ou en Grce. Elles y ont un statut tout fait exceptionnel

    Journaliste :Mais nous sommes en France.

    SB :Et bien justement, je ne vois pas pourquoi ces langues devraient mourir en France et rester bien vivantesailleurs. Mais je voudrais ajouter autre chose. Vous me demandez si un jeune banlieusard a intrt apprendre

    le grec ou le latin. Mais pourquoi un jeune banlieusard ny aurait-il pas droit ? Vous rendez-vous compte du niveaude sgrgation dans lequel vous vous immergez ?

  • 8/8/2019 C2 L Ex1 Transcriptions

    2/3

    Page 2 sur 3

    D O C U M E N T R S E R V A U X S U R V E I L L A N T S

    DALF C2 - Sciences / Lettres et sciences humaines

    Pierre Chanville :Je rejoins tout fait ce que dit Madame Blanche.

    Journaliste :Le professeur Chanville, responsable dun IUFM, institut charg de la formation des matres.

    PC :Oui. Je suis daccord avec Madame Blanche quand elle dit que nous ne pouvons pas faire une discrimi-nation entre les jeunes, quils viennent de la banlieue parisienne ou dailleurs. Cependant, il faut reconnatre que

    lenseignement du grec et du latin, des langues dites classiques, a aussi servi de filtre slectif dans notre sys-tme ducatif.

    Journaliste :Que voulez-vous dire ?

    PC :Ces langues ont t utilises pour crer des groupes de bons lves ; les chefs dtablissement, nayantpas le droit de constituer des classes de niveau, ont utilis ce prtexte pour crer des classes dlite ; il y avaitles bons, qui faisaient du grec ou du latin, et les autres.

    Paul Lebrand :Cette attitude a dailleurs contribu renforcer le caractre complexe de ces langues, qui ontt rejetes par beaucoup dlves.

    PC :Tout fait, et cest dommage car il est vrai que leur apprentissage peut favoriser le dveloppement sco-laire des tudiants.

    SB :A commencer par lorthographe ! La rforme des f en ph lorsquils sont dorigine grecque, cest quandmme plus facile comprendre quand on a fait du grec. Pharmacie, Photographe.

    Journaliste : Orthographe !

    SB :Orthographe, oui tout fait. Mes enfants qui ont fait du grec ne font plus de fautes sur ces mots, ni dailleurssur les accents circonflexes.

    Journaliste :Ah ! rappelez-nous la rgle ?

    SB :Eh bien, cest trs simple. Lorsquen latin le S suivait un T, en franais le S a disparu mais on la remplac

    par un accent circonflexe. Dans htel et hpital par exemple.

    Paul Lebrand :Oui, enfin, cest quand mme un peu difficile pour un jeune qui a des difficults en orthographede penser revenir au latin ou au grec pour savoir comment scrivent tel ou tel mot.

    SB :Mais pourquoi pas, et si a marche ?

    PL :Oui, bien sr pourquoi pas. On peut aussi essayer de se rappeler de ses cours de physique sur les vitessesou les centres de gravit pour prendre un virage en voiture.

    SB :Vous exagrez !

    Journaliste :alors, Paul Lebrand, spcialiste de lenseignement des langues trangres et auteur dun ouvrage

    qui vient de sortir les langues, passeport du monde . Que pensez-vous du grec et du latin ?PL :Oh, je nai rien contre le grec ou le latin, bien au contraire. Mais ce qui me gne, cest que nous sommesdans un pays o lenseignement des langues trangres nest gure performant, alors je me demande sil estbien ncessaire dalourdir les programmes avec une autre langue, voire deux, alors que nous ne sommes pascapables de bien enseigner langlais, lallemand ou lespagnol.

    Journaliste :a samliore quand mme.

    PL :Oui, a samliore, cest vrai. Mais nous avons des cours de langues trangres encore trop classiques,trop bass sur lenseignement de la grammaire ou de lorthographe justement. Nos enfants savent conjuguerdes verbes, ils connaissent des tas de listes de vocabulaire mais ils sont incapables de communiquer avec depetits Anglais.

    Sophie Blanche :Ce nest tout de mme pas la faute du latin si les enseignements en anglais ne sont pas bons !

  • 8/8/2019 C2 L Ex1 Transcriptions

    3/3

    Page 3 sur 3

    D O C U M E N T R S E R V A U X S U R V E I L L A N T S

    DALF C2 - Sciences / Lettres et sciences humaines

    PL :Oui et non. La culture des lettres classiques a nui mon avis lefficacit de lenseignement des languestrangres, justement parce que lon a oubli quune langue est avant tout un outil de communication, et passimplement un exercice intellectuel.

    Journaliste :Donc vous prnez un dveloppement de lenseignement des langues vivantes aux dpens des langues

    mortes ?PL :Tout fait. Il faut revenir un enseignement fait pour construire un monde citoyen o chacun dentre nouspourra parler plusieurs langues.

    Journaliste :Vous voulez dire quen enlevant des heures de latin et de grec on pourrait mettre davantage dheuresde langues ?

    SB :Si lenseignement des langues trangres nest pas bon, comme le dit lui-mme M. Lebrand, je ne vois paspourquoi il faudrait mettre davantage dheures ! Commencez donc par bien faire votre travail !

    PL :Les enseignants ont volu, Monsieur Chanville le confirmera sans doute. Mais le systme doit aussi sadap-ter. Le ministre de lEducation fait actuellement de gros efforts : il a intgr les normes de rfrence du Conseil

    de lEurope, il a mis en place des groupes effectifs rduits en terminale, il revoit sa politique de certificationset dvaluation. Tout ceci va contribuer dvelopper les langues trangres, mais nos programmes sont encoretrop lourds.

    P. Chanville :Cest vrai que de gros efforts ont t accomplis, et je suis sr que lon rcoltera bientt les fruitsde ce travail. Je pense pour ma part, et pour rpondre votre question, que lenseignement des langues tran-gres nest pas opposer celui des langues classiques ; je crois que nous devons abandonner les schmasclassiques o tous les enfants faisaient de tout. Aujourdhui le latin et le grec sont sans doute encore des languesutiles pour beaucoup dlves, et ceci indpendamment de leurs origines gographiques ou sociales, mais jene crois pas quil faille les imposer. Il est temps que lcole souvre un enseignement diffrenci, o chaquelve pourra construire son parcours en fonction de ses centres dintrt

    PL :Ou de ses lacunes !

    SB :Oui, ses lacunes en orthographe par exemple ! Pour celui-l, le grec sera sans doute bien utile.

    Journaliste : Et bien voil nos spcialistes rconcilis autour de ce thme Faut-il enseigner les languesclassiques lcole . Mesdames, Messieurs, je vous remercie pour votre participation et je dis la semaineprochaine nos auditeurs avec un thme tout fait dactualit : Faut-il plus dautorit lcole ?

    Deuxime coute.

    Vous avez maintenant une heure pour prparer lexpos et le dbat.

    [Arrter le magntophone]